Il y a autant de mauvais que de bons conseillers. Et ensemble, ils sont dépassés par le nombre de conseillers médiocres qui seront jugés plus souvent par les opportunités

Lorsqu’au chant 27 de l’Inferno, Virgile et Dante croisent la flamme qui s’élève et s’entretient avec le second de la cause de sa damnation, il se présente comme étant Guido de Montefeltre qui fut un combattant

Le mauvais conseiller peut être un incompétent, un homme qui ne saisit pas exactement les enjeux de la situation, un stratège doué de malchance. Le conseiller frauduleux est un conseiller dont les intentions sont vicieuses dans tous les sens du terme. Dans le cas de Guido, il dresse un guet-apens contre la famille Colonna qui, normalement, aurait dû être ses alliés «naturels» (des Gibelins), mais en plus, il subvertit l’honneur pontifical en lui servant un conseil que Satan ou Lucifer auraient tout aussi bien pu lui donner. Avouons que, pour un Saint-Père, c’est pas très chrétien. N’empêche. La fin justifie les moyens et c’est ce que Guido de Montefeltro souffle à l'oreille de Boniface, qui se retrouvera bientôt en Enfer avec son conseiller maudit.
On retrouve toutes sortes de conseillers frauduleux dont le caractère balance entre la trahison la plus basse et la veulerie la plus abjecte. L’une de ces âmes damnées restera toujours le

C’est alors que, cité neutre dans le conflit, Argos, voit sa trêve avec Sparte arriver à échéance. Les démocrates athéniens et les oligarques spartiates tournent leur regard vers la cité pour voir si elle prendra parti. Pour Nikias, la paix n’est pas discutable et il faudra s’entendre avec Sparte sur le sort réservé à Argos. C’est au cours des négociations que le jeune Alcibiade allait faire ses premières armes de conseiller perfide. Thucydide nous raconte un récit qui rappelle le crime de Guido de Montefeltro tel que décrit par Dante. (Livre V, ch. III, 45) «Les ambassadeurs lacédémoniens [Sparte] exposèrent devant le Conseil [athénien]

Malgré ce succès, les années qui suivent ne sont pas véritablement des années triomphales pour Alcibiade. Dans le combat, il ne sera stratège que durant deux ans, mais l’expédition de Sicile ramène à l’avant plan les deux conseillers dans l’affaire d’Argos. Nikias, aussi fin stratège que prudent, conseille ne pas s’embarquer dans cette expédition lointaine en Grande Grèce. Thucydide expose longuement les arguments des deux hommes (Livre VI, ch. II, 8-18, in ibid. pp. 142 à 145). Ces discours, visiblement inventés par Thucydide, ont pour but de montrer la structure argumentaire des deux partis. Jacqueline de Romilly résume, en les commentant, les démarches des deux tribuns.
«Les oppositions d’homme à homme, d’ailleurs, ne manquent pas. Nicias attaque Alcibiade pour sa jeunesse et ses ambitions. Il ne mâche pas ses mots. “Si, enfin, quelqu’un, tout joyeux d’avoir été choisi pour commander, vous conseille de faire l’expédition - en ne considérant que son seul avantage, d’autant qu’il est trop jeune encore pour exercer le commandement : ce qu’il veut, c’est étonner par le luxe de son écurie et trouver dans l’exercice de sa charge de quoi l’aider à couvrir ses énormes dépenses - à celui-là non plus, n’allez pas fournir l’occasion de se donner du lustre en son privé au péril de la cité, mais dites-vous que les gens de cette sorte font tort à l’intérêt de l’État et ruinent leur situation personnelle, qu’au surplus l’affaire est grave et n’admet pas que des jeunes décident d’elle en la conduisant hâtivement» (J. de Romilly. Alcibiade, Paris, Éditions de Fallois, réed. Livre de poche, # 14196, 1995, p. 88)Il est clair que Alcibiade confond sa vanité personnelle avec l’impérialisme athénien, et c’est la carte qu’il entend jouer devant l’Assemblée athénienne:
«Naturellement, Nicias s’était placé du point de vue des chances de succès et des risques d’échec. Alcibiade connaît son dossier et le plaide avec précision. Ainsi se dessine devant le lecteur, comme jadis devant l’Assemblée, une claire image de l’ensemble.
Les risques, d’abord : Nicias les souligne avec force. La paix est mal assurée; le traité comporte des points litigieux et tous les alliés de Sparte ne l’ont pas ratifié; Sparte elle-même a été humiliée et saisirait toute occasion de redresser sa situation. Il est donc absurde de laisser en Grèce propre tant d’ennemis et d’aller en chercher d’autres dont même une victoire ne permettra pas de se rendre vraiment maîtres. Que Syracuse règne en Sicile n’est point un danger pour Athènes : celle-ci ferait mieux de consolider son empire, là où il demeure fragile et de réparer ses forces, éprouvées par la guerre et l’épidémie. Et il rappelle la belle maxime de la prudence : “Rien ne réussit plus rarement que la passion et plus souvent que la prévoyance” (13, 1).
Nicias expose des difficultés et parle en homme d’expérience : Alcibiade va répondre avec allant et défendre la confiance.
Même dans l’analyse des faits, il a ses raisons. Il rappelle que, grâce à l’alliance argienne et malgré leur victoire à Mantinée, Athènes n’a guère à craindre les Lacédémoniens; ilsl’ont prouvé : “Ils n’ont pas encore, aujourd'-
hui même, une confiance assurée (16, 6). Quant aux villes de Sicile, elles sont faites de masses hétérogènes et instables, qui ne sauraient aboutir à une réelle union; en plus, on peut compter sur les barbares de là-bas. Reprenant même, à propos de Sparte, la théorie chère à Périclès, il précise que les Lacédémoniens pourraient, au pire, envahir l’Attique, “mais leur flotte, en tout cas, ne saurait nous nuire : il nous en reste une qui vaut bien la leur (17, 8). Bref, il discute, et de près. Mais surtout il explique - et c’est tout l’intérêt du discours - que cette expédition, si elle est possible, s’inscrit dans la grande tradition athénienne. Voilà donc Alcibiade qui plaide, haut et fort, pour l’impérialisme. Et, pour lui, l’impérialisme est progrès, action, marche en avant.
Si l’expédition est possible, pourquoi renâcler quand un peuple allié appelle à l’aide “L’empire, enfin, nous ne l’avons pas acquis autrement, nous et les autres qui l’ontjamais exercé, qu’en nous rangeant avec empres-sement aux côtés de qui, barbares ou Grecs, faisait successivement appel à nous” (18, 2). C’est la tradition des débuts - celle qui inspire les pièces patriotiques des premières années de la guerre, comme les Héraclides d’Euripide, et inspirera plus tard les éloges d’Athènes. Comme eux, Alcibiade parle de “nos pères”; et, se réclamant de ce passé, il fait honte aux hésitants, rappelant que les Athéniens d’alors avaient à compter non seulement avec l’hostilité de Sparte, mais avec celle de la Perse; or, cela ne les a pas empêchés d’agir, d’aller porter leur aide là où on la demandait.
À évoquer ces traditions, Alcibiade s’enflamme et devait enflammer ses auditeurs. Mais il dépasse bientôt cette tradition pour une analyse plus originale et plus audacieuse.
Il déclare, en effet, qu’Athènes n’a pas le choix! Reprenant, en la modifiant quelque peu, la formule de Périclès, il affirme que l’existence même de l’empire l’oblige à multiplier ses interventions : “J’ajoute qu’il nous est impossible de régler, comme on fait d’un domaine, l’extension de notre empire, mais qu’au point où nous nous sommes mis, force nous est, ici, d’ourdir des menaces, là, de ne pas céder, car le risque est pour nous de tomber, le cas échéant, sous l’empire d’autrui, si nous n’en exercions pas nous-mêmes un sur d’autres” (18, 3)».Bref, «Athènes ne peut pas… renoncer à conquérir» (J. de Romilly. ibid. pp. 90-91). Alcibiade savourait sa victoire tandis qu’«à leur banc, Nicias et ses amis assistaient à son triomphe, sceptiques, résignés comme la Sagesse. Démostratos maintenant escaladait la tribune. Il interpella le vieux stratège et le somma de cesser sa campagne contre la guerre. Le peuple s’était prononcé. C’est des chiffres qu’on voulait maintenant. Quelles étaient au juste les ressources des Athéniens? Alors le rapporteur montra ses comptes : Athènes disposait de cent vaisseaux de guerre, pour le moins - dans ce nombre ne figuraient pas les transports - et de cinq mille

Et Alcibiade?. Il semble tout à fait naturel, sinon du moins logique, que des conseils pervers il se soit acheminé vers des actes subversifs dont la trahison pure et simple en passant dans le camp ennemi. Après l’affaire des Hermès, menacé d’ostracisme, Alcibiade vit la situation comme un affront impardonnable de la part des Athéniens. Fuyant, il se réfugie à Sparte et décide désormais de jeter son venin dans l’oreille de l’Assemblée lacédémonienne. «Cette patrie-là n’était pas digne qu’on la vénérât, ou plutôt, ce n’était que l’illusion d’une patrie. Il fallait l'abattre et la fouler aux pieds par tous les moyens, pour reconquérir la véritable, la patrie d’Alcibiade. Le rebelle s’enferra avec une impitoyable logique dans ce sophisme que son maître [Socrate] n’eût pas approuvé. Si l’on s’en rapporte à Thucydide, c’est en ces termes qu’il exposa ses vues singulières à l’Assemblée de Sparte : “La réussite d’une partie de ce plan dépend de vous, ô Lacédémoniens! si vous y mettez de la promptitude et plus de zèle, car j’ai pleine confiance en la possibilité de son exécution, et je ne crois

Une telle défection, en temps de guerre, aurait dû conduire Athènes à vouer à jamais Alcibiade aux gémonies. Mais le fait es

La conclusion de ceci nous l’emprunterons à V. D. Hampson, auteur d'une étude récente sur la guerre du Péloponnèse :
«La fin d’Alcibiade résume bien ce que fut pour Athènes cette atroce guerre de trenteans. Pendant les deux dernières années du conflit, de 406 à 404, il vécut en exil dans une de ces forteresses du côté de la Thrace, en rêvant probablement d’un troisième retour. Par une étrange ironie de l’histoire, la bataille qui mit fin à ce rêve, Aigos-Potamos, se déroula non loin de sa résidence provisoire. Une fois encore, dans les heures qui précédèrent l’attaque de Lysandre, il donna de précieux conseils aux généraux athéniens, que ceux-ci refusèrent d’écouter : ils furent plus sensibles à la jalousie et à la méfiance qu’ils éprouvaient à l’égard d’Alcibiade qu’à la pertinence de sa pensée militaire.
Alcibiade leur conseilla de rétablir la discipline parmi leurs équipages et d’occuper une position plus facile à défendre. Ils refusèrent de l’écouter, et perdirent ainsi non seulementla bataille d’Aigos-Potamos, mais aussi leur flotte et la guerre elle-même. Alcibiade fut assassiné en Phrygie peu de temps après la reddition. Par qui fut-il tué? Fut-il victime d’agents des Trente, ces oligarques qui avaient pris le pouvoir en 404, qui redoutaient sa popularité parmi les Athéniens? D’hommes de main envoyés par le satrape Pharnabaze, qui craignait de voir Alcibiade révéler ses propres intrigues contre le roi? D’envoyés de Lysandre qui voulaient châtier l’homme qui avait trahi Sparte? Ou d’un homme désireux de venger l’honneur d’une sœur séduite par Alcibiade. Aucun autre Athénien ne s’était autant que lui montré capable de sauver mais aussi de trahir Athènes : nul n’avait des amis aussi puissants que lui et des ennemis aussi redoutables. La vie d’Alcibiade fut, à l’image de la guerre, un gigantesque gâchis. La cité et son citoyen le plus brillant et le plus doué connurent le même destin : d’immenses possibilités gâchées au lieu de porter leurs fruits» (V. D. Hanson. La guerre du Péloponnèse, Paris, Flammarion, Col. Champs histoire #973, 2010, pp. 437-438).

L’ambition personnelle d’Alcibiade a été exacerbée par la situation contextuelle de la guerre du Péloponnèse. Les conseillers perfides profitent essentiellement des situations de crises au sein de la société. Ainsi, la période de troubles qui commence avec «la révolution romaine» au Ier siècle avant Jésus-Christ et qui va conduire à l’Empire verra se succéder une suite de mauvais conseillers qui, n’étant que des favoris des empereurs, contribueront à aggraver la situation du déclin de la civilisation hellénique. Prenons-en un parmi d’autres : Séjan (20 av. à 31 apr. J.-C.), l’homme le plus puissant sous le règne de l’empereur Tibère, successeur d’Octave Auguste. Chez Thucydide, Alcibiade est un contemporain du reporter. Il analyse aussi bien en tant que critique politique qu’en tant qu’historien les différentes phases du rôle de Alcibiade dans la guerre du Péloponnèse. Tacite écrit un siècle après les événements qu’il décrit. Il prend donc une certaine

Alcibiade était une volonté indépendante, son attachement à sa patrie était limitée par son narcissisme propre. Il n’avait pas lui-même le goût du pouvoir qui en aurait fait un tyran ou un dictateur d’une quelconque

À la fin de la République beaucoup des grandes familles patriciennes avaient un corps d’élite militaire indépendant de l’armée. Octave Auguste avait la sienne, mais il l’utilisait comme garnison dans les colonies. Cependant, comme chef de l’État, il crut bon de constituer «un corps permanent de cohortes prétoriennes singularisées par rapport à celles des légions de l’armée romaine. La création d’un tel corps distinct des légions étant une nouveauté pour les Romains qui y voyaient une atteinte à


Séjan avait acquis auprès de Tibère une puissance mentale et morale extraordinaire. Le premier exil volontaire de l’empereur se passa en Campanie, où il n’était accompagné que d’une suite de courtisans. Déjà des signes superstitieux commençaient à inquiéter l’empereur sur son sort. «Et, par hasard, raconte Tacite, vers ce temps-là, un accident qui mit sa vie en danger accrédita ces frivoles

Séjan ne cessait de comploter contre Agrippine Ière et son fils Néron, non pas le futur empereur mais le fils de Germanicus. Ils sont les seuls obstacles qui s’opposent à l’accession de Séjan à la succession de Tibère. Pendant que le conseiller perfide organisait son ascension, des complots, des dénonciateurs discutaient des ambitions du préfet et leurs voix se firent entendre jusqu’à Capri où Tibère, entre deux sénilités, retrouvait sa lucidité de diplomate :
«L’omnipotent préfet était parvenu si haut, semble-t-il, qu’il ne pouvait plus attendre, d’autant plus que Tibère accordait soudainses faveurs à Caligula […]. Il semble que Séjan ait alors projeté de renverser le Princeps. Mais celui-ci était devenu méfiant. D’ailleurs, sa belle-sœur Antonia lui avait révélé, par l’intermédiaire d’un esclave, les machinations de Séjan, ainsi que l’un des amis de Séjan, Satrius Secondus, qui trahit ses derniers plans. Malgré tout, la puissance du favori était si grande qu’on ne pouvait pas se servir de l’auctoritas du souverain pour le renverser; seul un coup de main préparé avec ruse pouvait aboutir au succès. Le Princeps profita du manque de popularité de Séjan auprès de sa troupe, la garde, et gagna à sa cause un officier d’état-major, Naevius Sertorius Macro, ainsi que Graccinius Laco, préfet des “Vigiles” (qui représentaient le corps des pompiers et des veilleurs de nuit de Rome). Le 1er octobre, Memmius Regulus, un homme dévoué au Princeps fut nommé consul suffect (consul suffectus).
Macron fut dépêché à Capri et reçut secrètement, en même temps qu’une lettre pour le sénat, le commandement de la garde et d’autres ordres encore. […] Le lendemain matin - c’était le 18 octobre - Macron se rendit au Palatin car le sénat avait été convoqué dans le temple d’Apollon pour la remise d’une lettre du Princeps. Malheureusement, en entrant dans le temple, il rencontra Séjan qui fut surpris de ne recevoir aucun message de Tibère. Mais Macron le rassura en lui confiant seul à seul qu’il lui apportait la puissance tribunicienne. Puis il renvoya les gardes prétoriennes et fit entourer le temple par les “vigiles” de Lacon dès que le tout-puissant eut disparu à l’intérieur.
Il entra dans la salle de séance et remit la communication du Princeps au consul Memmius qui présidait l’assemblée. Puis il se rendit aussitôt au camp des prétoriens pour prévenir les troubles éventuels et leur annoncer au moment opportun que, désormais, c’était lui leur chef.
Memmius donna lecture de la missive. Elle était fort longue et ne venait pas immédiatement au fait. S’attardant d’abord à des détails inintéressants, le Princeps faisait d’abord de légers reproches à Séjan, puis réclamait la punition de deux sénateurs qui comptaient parmi les amis du préfet; il priait l’un des deux consuls de protéger sa personne au cours de son voyage à Rome et ordonnait, pour finir, l’arrestation immédiate du plus puissant des Romains.
Lorsque le premier des sénateurs appelé eut voté contre Séjan, le consul ne fit pas poursuivre le vote. Il chargea aussitôt Lacon qui était entré dans la salle, de procéder àl’arres-
tation et d’em-
mener Séjan à la prison d’État. Ce même jour, le sénat tint une seconde assemblée dans le temple de la Concorde situé à proximité de la prison. Entre temps, l’opinion populaire s’était totalement retournée contre Séjan; la mission de Macron auprès du camp des prétoriens avait, par ailleurs, remporté un succès complet. César avait promis mille deniers par tête. Le sénat prononça alors l’arrêt de mort contre cet homme coupable de haute trahison. Le jugement fut exécuté sur le champ. Le peuple injuria pendant trois jours son cadavre exposé aux Gémonies (scalæ Gemoniæ) et c’est seulement après qu’il fut jeté dans le Tibre. Tous ses enfants furent également exécutés de la main du bourreau, les uns sur le champ, les autres un peu plus tard» (E. Kornemann. Tibère, Paris, Payot, Col. Bibliothèque historique, 1962, pp. 183 à 185).
Il est vrai que Séjan se trouvait en face d’un maître lui-même despotique, comme plus tard Tigellin, qui joua un rôle semblable à celui de Séjan sous l’empereur Néron, mais fut épargné - un temps - par le suicide de l’empereur en fuite devant les légions qui revenaient vers Rome. Mais il arrive parfois que c’est l’incompétence du chef de l’État qui appelle à ses côtés la présence de conseillers frauduleux. La
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Mais Grant possédait un esprit assez simple. Sans doute avait-il des talents militaires notables, mais sans l’activité du général Sherman et d’autres officiers tout aussi doués, il n’aurait pas eu le succès qu’il a connu à la campagne présidentielle. Grant n’était pas un homme politique et il acceptait auprès de lui des individus aux intérêts douteux seulement sur des appréciations superficielles et parfois irrationnelles. La problématique

Dans cette situation, l’agiotage, la multiplication des cas de fraudes au dépend de l’État, les copinages de toutes sortes, marquèrent une espèce nouvelle dans l’histoire des États-Unis, celle des criminels à cravate, qui n’ont pas cessé de compétitionner avec les voyous et les bandits de grands chemins. Ainsi, les conseillers présidentiels, dans n’importe quelle république, trouvent l’oreille attentive en jouant sur des affects de proximité et de dépendance inouïs. Qu’est-ce que cela donne dans les faits? Écoutons André Maurois :
«Le président étant incompétent, le choix du secrétaire d’État prenait une importance particulière. Hamilton Fish obtint le poste et s’en acquitta bien, encore que le président lui donnât du tourment. Grant négocia, sans consulter le cabinet, un traité d’annexion de la République de Saint-Domingue. Le colonel Babcock, secrétaire du président, avaittraité l’affaire pour un million et demi de dollars, avec un gouvernement révolutionnaire dont les pouvoirs étaient douteux. Quand Grant annonça fièrement cette nouvelle au cabinet stupéfait, Hamilton Fish offrit sa démission. Grant le supplia de rester, à sa désarmante manière : “J’ai besoin de vous, et Mrs Grant a besoin de votre femme”. Car Mrs Hamilton Fish, femme du monde expérimentée, servait de chef du protocole à Mrs Grant. Le traité fut repoussé par le Sénat, mais l’épisode montra que Grant pouvait sous l’influence d’hommes adroits et intéressés, prendre des positions dangereuses. Dans le parti républicain, beaucoup de bons citoyens s’inquiétaient à la fois de la corruption latente et du tour brutal que prenait la politique de reconstruction. […]
Le second terme de Grant fut, comme le premier, terni par des scandales. Les crises économiques devenaient périodiques. Il semblait impossible d’ajuster pouvoir d’achat et production. À la vérité, personne ne l’essayait. Dès que les affaires marchaient bien, lesentreprises se multipliaient; les prix et les salaires montaient; les crédits s’enf-
laient. Un moment venait où les crédits dépas-saient les valeurs réelles et où le marché, en équilibre instable, était à la merci du moindre choc. Ce fut ce qui arriva en 1873. L’Europe cessa d’acheter les valeurs américaines. La banque Jay Cooke, célèbre pour avoir financé la guerre civile dans le Nord, suspendit ses paiements. L’événement bouleversa le monde des affaires. Le public croyait Jay Cooke aussi solide que la Banque d’Angleterre. Le lendemain de cette faillite, en quelques heures, le marché s’effondra. Bientôt, les usines s’arrêtèrent. On vit dans les grandes cités, des pitoyables queues de chômeurs qui attendaient un morceau de pain. Il y eut 6 000 faillites en 1874; 8 000 en 1875; 9 000 en 1876. Tout le pays, non sans raison, exigeait des réformes. C’en était fini des élections faciles, faites contre le Sud en agitant “la chemise sanglante”» (A. Maurois. Histoire des États-Unis, Paris, Hachette, 1968, pp. 203-204).Il serait bien sûr malhonnête de rejeter la responsabilité totale d’une crise économique qui commença à Vienne sur l’inaptitude de Grant à assumer la présidence de son pays. Mais les crises endémiques reflètent assez bien la faiblesse du pouvoir politique devant les jaillissements des flux financiers. L’incompétence politique, de circonstance atténuante, devient l’un des facteurs essentiels dans la circulations des rumeurs, à travers les campagnes d’intoxication (de désinformation) économiques et administratives, jusque dans les conseils qui, de mauvais, deviennent carrément des fraudes planifiées. Ces dernières atteignent chacun à la fois parce que le même, petit épargnant tenté par les coups de bourse comme l'électeur enchanté par le chant des sirènes de la démagogie. L'État démagogique s’engage ainsi dans la voie d'une société totalement corrompue où, là encore comme sous les césars, le bien commun se confond avec les intérêts privés. La crise de 2008 et celle qui se prépare présentement bénéficient hautement de l’incompétence politique des gouvernants.
Outre les ambitions personnelles qui animent les assoiffés de pouvoir et les fripons qui, dévorés par l’avidité,

Grigori Efimovitch Raspoutine (1869-1916) est connu pour ses débauches avec les courtisanes de Saint-Pétersbourg aussi bien que comme

Le 29 juin 1914, Raspoutine, qui avait défrayé un temps la chronique à sca


Raspoutine est le favori de la tsarine Alexandra, d’origine allemande. Au moment où la guerre est déclarée par le jeu des alliances, Raspoutine conseille fermement au Tsar de ne pas s’engager dans la

L’effet est connu. Comme pour Alcibiade, comme pour Séjan, les ennemis se multiplient qui dénoncent, parmi les politiques, parmi les militaires, parmi le clergé orthodoxe scandalisé par l’inconduite du starets autrefois bien-aimé, l’attitude intransigeante de la tsarine et sa tendance à ne plus écouter que l’opinion anti-militariste de Raspoutine, le tout saisi comme faisant le jeu de l’ennemi dans la démoralisation des armées. C’est ce qui va le conduire à la soirée fatidique où une conjuration de nobles finit par l’assassiner dans la nuit du 16 au 17 décembre 1916, alors qu'il est l'invité du prince Félix Ioussoupov, époux de la

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Même hypothétiquement investi d'un pouvoir surnaturel, Raspoutine n’obtint jamais une influence comparable à Alcibiade sur l’Assemblée athénienne ou Séjan auprès de Tibère.

Andronikov, une créature du staretz, transmetait directement à la tsarine la liste des candidats aux postes dirigeants de l’Église. «Le 7 septembre [1915], Alix écrivit à Nikki : “Mon ami, voici la liste (très courte, hélas) des individus susceptibles d’être candidats au poste de Samarine… J’ai reçu une liste d’Andronikov”. La tsarine recherchait des gens loyaux. Et elle craignait que Nikki ne se trompe dans ses choix. Ce qu’il avait fait bien des fois, comme avec Stolypine, Kokovtsev, Djounkovski et tant d’autres… Mais comment être sûr? C’était très simple. Il suffisait de suivre cette règle si

Quoi qu’il en soit, de la tsarine ou du starets, les conseils douteux ne cessent de pleuvoir sur le faible

Le plus étonnant est qu’Alix elle-même est obligée de constater l’incurie de ses nominations :
«Au ministère de l’Intérieur, alors que la Russie entre dans une période troublée, les choses ne vont pas mieux. Tout d’abord, en 1915, l’impératrice, s’étant entichée d’Alexis Khvostov, l’y a fait nommer. Puis, le voyant incapable - qui ne l’eût été? - d’enrayer la campagne de rumeurs contre Raspoutine, elle a écrit au souverain à la fin février 1916 : “Je suis si malheureuse que, par Grigori, nous t’ayons recommandé Kvostov. Tu étaiscontre cette nomination…” Remercié, Khvostov est d’abord remplacé par Stürmer lui-même, puis par Alexandre Protopopov, jusqu’alors vice-président de la Douma. La nomination de ce sexagénaire de bonne allure, fils d’un grand propriétaire terrien et industriel du textile à Simbirsk, membre du Parti octobriste, doué d’un certain charme et estimé à la Douma, notamment de Rodzianko, n’est pas une très heureuse idée. L’homme est en très mauvaise santé, peu équilibré, ce qui l’incite à recourir à des guérisseurs proches de Raspoutine. Soutenu par ce dernier, il a inspiré cette phrase à l’impératrice : “S’il vous plaît, prenez Protopopov comme ministre de l’Intérieur. Il vient de la Douma, il saura les faire taire!” Sa nomination comme bras droit de Stürmer provoque de ce fait un véritable scandale à l’Assemblée où le nouveau ministre entend garder son siège en dépit des réserves de ses collègues. Cette désignation se révèle désastreuse : l’homme ne fait pas que manquer d’équilibre; sa vanité naturelle le conduit à s’identifier aux souverains, à l’autocratie, alors que, jusque-là, il passait plutôt pour libéral. Ce choix s’inscrit dans la longue série des suggestions détestables de l’impératrice. Il contribue à dégrader les rapports du gouvernement avec la Douma et la réputation déjà déplorable d’Alexandra dans le pays.
Cette politique aberrante de nominations et de renvois qui achève de désorganiser le gouvernement n’est pas limitée aux seuls postes ministériels; toute l’administration connaît le même sort. Pratiquement, toutes les provinces changent de gouverneurs en 1915-1916, ce qui bloque ou brise de nombreux rouages et introduit un désordre permanent dans la vie provinciale.
Non contente de proposer et défaire ministres et gouverneurs, l’impératrice s’immisce aussi dans la conduite des opérations militaires : “Je vois que ma culotte noire serait nécessaire au grand quartier” (12 août 1915). “Notre Ami te prie que nos troupes aillent vers Riga.” (novembre 1915). Et encore, pendant la grande offensive de l’été 1916 : “Notre Ami espère que les troupes ne vont pas se lancer à l’assaut des Carpathes.” (8 août 1916)» (H. Carrère d’Encause. ibid. pp. 361-362)Toutes ces fantaisies dommageables ne le sont pas seulement envers le sort de l’armée sur le front austro-allemand, mais également pour la révolution qui sourd dans les villes et les campagnes.
Malgré le déluge de réclamations provenant de Saint-Pétersbourg, Nicolas II a tout fait pour se dégager des liens étouffants de sa femme et de son Ami qui avaient fait preuve d’incompétence totale concernant les choix de ministres et des décisions administratives. L’annonce de l’assassinat de Raspoutine, qu’il reçoit au Grand Quartier-Général est rapportée de façons différentes mais non contradictoires entre les différents historiens consultés. Pour Hélène Carrère d’Encausse, «si la souveraine en est mortellement atteinte, avide de venge

Il n’y a pas jusqu’à ce qu’un des biographes les plus érudits de Raspoutine nous avoue, à propos de l’influence attribuée de l’Ami sur le Tsar :
«Dans son ouvrage Le Règne de l’empereur Nicolas II, l’historien S. Oldenburg a consciencieusement établi le nombre de fois que le tsar avait agi en opposition à Raspoutine. Ce fut au mépris de l’avis de Grigori qu’en 1915 le tsar se rendit en Galicie., qu’il convoqua la Douma en avril et ne la convoqua pas en novembre; qu’en 1916 il ne mit pas fin à l’offensive en direction de Kovel et refusa de nommer Tatichtchev ministre des Finances, Valouev ministre des Transports et le général Ivanov ministre de la Guerre. Lors de son interrogatoire le juge de la Commission demanda à Lokhtina d’essayer de se rappeler les cas où, à Tsarskoïé Sélo, l’avis du père Grigori n’avait pas été suivi.
Le Dossier. Déposition de Lokhtina : “La dernière fois, je n’ai pas pu me rappeler à quelle occasion l’avis du père Grigori n’avait pas été suivi à Tsarskoïé Sélo… mais maintenant ça me revient. On n’a pas écouté le père Grigori à propos du comte Ignatiev [le ministre de l’Éducation], qu’on a écarté en dépit des indications du père Grigori”. Voilà en tout et pour tout ce dont elle avait pu se souvenir.
Dans un très grand nombre de cas, le tsar devait agir conformément aux prédications de Raspoutine ou plutôt à ses “instructions” comme disait la tsarine. À ceci près que, dans la plupart des cas, il s’agissait des instructions de la tsarine et non de celles du starets. Et cela, le tsar le savait parfaitement. Ce qui ne veut pas dire qu’elle simulait. Non, elle croyait vraiment que Raspoutine était en relation avec le ciel. Et c’est pourquoi, répétons-le, elle était tellement heureuse que ses désirs correspondent aux prescriptions du père Grigori. Même si, pour le bien de la cause, il lui arrivait parfois de signifier au tsar ses volontés personnelles en les attribuant abusivement à Notre Ami» (E. Radzinsky. op. cit. p. 430).Si des conseillers frauduleux parviennent à tenir un temps l’oreille du Prince, cet enchantement ne dure pas. C’est la constante que nous trouvons dans les exemples rapportés ci-dessus. Si Grant n’était qu’un produit

Personnalité complexe, dure à saisir que celle du conseiller frauduleux? Pourtant, un dramaturge a tenté de la saisir, William Shakespeare, à travers son personnage de Iago, dans Othello, le Maure de Venise (1604). On retrouve des éléments déjà rencontrés de la personnalité du mauvais conseiller. Ambition, envie, jalousie, mais surtout la haine. Dès les premières répliques, Shakespeare nous le présente aussi franc que le Tartufe de Molière :
Cette réplique pose un étrange triangle où la haine que Iago ressent à l’égard d’Othello semble liée à la jalousie portée vers Cassio à qui il a été préféré et qui est décrit comme un homme-femme, d’où la tendance homosexuelle que certains pensent dégager du personnage maudit.Roderigo
Tu m’as dit que tu l’avais en haine.
Iago
…
Je connais ma valeur; je ne mérite pas un poste moindre.
Mais lui, en homme affectionnant son orgueil et ses points de vue,
Les éluda avec des circonlocutions ampoulées
Horriblement farcies d’épithètes guerrières;
Et, en conclusion,
Déboute mes médiateurs : “car c’est sûr, dit-il,
j’ai choisi déjà mon officier!”
Et qu’était-il?
Ma foi, un grand arithméticien,
Un certain Michel Cassio, un Florentin,
Un gaillard presque maudit sous forme de jolie femme,
Qui jamais ne rangea en bataille un escadron
Et ne connaît pas les manœuvres tactiques
Mieux qu’une damoiselle, mise à part la théorie livresque
Où les consuls en toge peuvent disserter
Aussi magistralement que lui : pur verbiage sans pratique
Est tout mon métier de soldat. Mais lui, monsieur, on l’a préféré;
Et moi, qu’il a de ses yeux vu à l’œuvre
À Rhodes, à Chypre et en d’autres contrées
Païennes et chrétiennes, il faut que je sois mis en panne et au calme
Par Sire Doit et Avoir; ce comptable-calculateur,
Celui-là, en temps voulu, sera forcément son lieutenant
Et moi - Dieu bénisse cette distinction - le vétéran de
Sa Mauresque Seigneurie! (Acte I, sc. 1)
Comme tout psychotique, Iago est dans le déni de son désir qui le conduit à ruminer une vengeance terrible contre tous : Othello, Desdémone, Cassio, Émilia. Tous ses gestes sont l’expression immodérée de sa haine. Aussitôt, il enchaîne:
Oh! monsieur, rassurez-vous.Aveux terribles du serviteur qui se refuse à servir quiconque qui n’est pas lui. Derrière la dévotion à Athènes, le service à Tibère, la diffusion de la lumière divine, nos conseillers frauduleux ont montré qu’ils ne servaient qu’un maître : eux-mêmes. L’esprit du mauvais conseiller, contrairement à celui du bon, est fermé au monde.
Je le sers afin de lui servir un de mes tours.
Nous ne pouvons tous être des maîtres et tous les maîtres
Ne peuvent être servis avec loyauté. Vous en remarquerez beaucoup
De ces faquins soumis, aux genoux courbés,
Qui, s’éprenant de leur obséquieux esclavage,
Usent leurs jours, tout comme l’âne de leur maître,
Pour leur seule pitance; quand ils sont vieux, on les congédie.
Fouettez-moi ces honnêtes coquins. Il en est d’autres
Qui, parés des formes et des visages du dévouement,
Gardent leurs cœurs attentifs à eux-mêmes
Et, ne jetant à leur seigneur que des semblants de service.
Prospèrent sur son dos; une fois bien doublée leur jaquette.
Ils se rendent hommage à eux-mêmes. Ces gaillards-là ont quelque esprit
Et je fais profession d’être des leurs.
Car, monsieur,
Aussi sûr que vous êtes Roderigo,
Si j’étais le More je ne serais pas Iago,
Le servant, je ne sers que moi-même;
Le Ciel en est mon juge, je ne le sers ni par amour ni par devoir,
Mais, avec ces semblants, pour ma fin particulière;
Le jour où mes actes extérieurs montreront
l’Acte et la figure intérieure de mon cœur
En guise de visible offrande, il ne se passera pas longtemps
Avant que je porte mon cœur sur ma manche
Pour que les corneilles les becquettent. Je ne suis pas ce que je suis. (Acte I, sc. 1)
Et là commence le stratagème qui conduira à la perte du maître : «Je l’ai souvent dit et je te le redis, te le
La force de Iago repose dans sa rhétorique verbeuse mais soignée. Othello écoute le chant de la sirène et se laisse prendre par le jeu de la séduction du conseiller frauduleux : «Ce garçon est d’une honnêteté extrême [dit de lui Othello] Et connaît, d’un esprit averti, toutes les motivations Des actions humaines» (Acte III, sc. 3). Othello n'est donc pas dupe de l'influence qu'exerce sur lui Iago. Il en pressent inconsciemment les dangers. Mais c'est plus fort que lui. Son oreille est déjà toute prête à recevoir le venin. Comme une formule lentement racontée, Shakespeare montre toute la ruse diabolique avec laquelle Iago cultive le doute dans l’esprit d’Othello, et cela d’une façon quasi innocente :
Je n’aime pas cet office;On ne saurait plus subtilement suggéré l’inavouable au principal intéressé.
Mais puisque je suis entré si avant dans cette cause,
Poussé par une folle honnêteté et par l’amitié,
Je vais continuer. Dernièrement, j’étais couché avec Cassio
Et, tourmenté d’une rage de dents,
Je ne pouvais dormir
Il est une espèce d’hommes dont l’âme est si relâchée
Qu’en leur sommeil ils marmonnent leurs affaires;
De cette sorte est Cassio.
En son sommeil je l’ouïs dire : “Douce Desdémone!
Soyons prudents, cachons nos amours!”
Et alors, seigneur, il me prenait et m’étreignait la main,
S’écriait : “Douce créature!”, puis m’embrassait avec force
Comme pour m’arracher par leurs racines les baisers
Échos sur mes lèvres; puis il posait sa jambe
Sur ma cuisse, soupirait, m’embrassait et à ce moment
Cria : “Maudit destin qui te donna au More!” (Acte III, Sc. 3)
Tout au long de la pièce, Iago chauffe le doute d’Othello. Sa machination, il la maîtrise avec un soin qui rappelle le discours d’Alcibiade à l’Assemblée athénienne :
Opère encore,Comment un guerrier aussi vaillant peut-il se laisser prendre à ce jeu si terrible qu’est la ruse d’un conseiller frustré, malicieux et haineux? Sans doute, le mal était-il dans Othello avant qu’Iago aille le dénicher. Les doutes du Maure sur la fidélité de Desdémone rongeant déjà l'esprit de l'amoureux, le conseiller frauduleux n’a eu qu’à cultiver le jardin de son poison.
Mon poison, opère! Ainsi sont pris les niais crédules;
Et mainte digne et chaste dame ainsi de même,
Bien qu’irréprochable, trouve le blâme. Holà, ho, monseigneur?
Monseigneur, je vous appelle! Othello! (Acte IV, Sc. 1)
On connaît la fin de la tragédie, lorsque la ruse de Iago atteint son acmé avec le meurtre de Roderigo,

17 novembre 2013
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