tag:blogger.com,1999:blog-89428591353760146202024-03-13T14:56:09.313-04:00Le Grand-DucLorsque la philosophie peint sa grisaille dans la grisaille, une manifestation de la vie achève de vieillir. On ne peut pas la rajeunir avec du gris sur du gris, mais seulement la connaître. Ce n'est qu'au début du crépuscule que la chouette de Minerve prend son envol.
HegelCoupalhttp://www.blogger.com/profile/14839226309394850656noreply@blogger.comBlogger45125tag:blogger.com,1999:blog-8942859135376014620.post-79479640146659607752023-05-30T19:46:00.000-04:002023-05-30T19:46:06.902-04:00La putain, le croisé et le poète<p style="text-align: center;"></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjl9Kdc7P_C1c4QMC7eX__leS2QGlOjWALcTumJ3R6qSehKG_A1wc2SYqjkEZkRzE-LNh_NpUvbeRmJAnlww97vbvnHYC71iMgp9t1brjuNL56EmAYVbXKjuVtzUBbbYy83J6Qw9MUu7QRIGR0zjBw55I3SEhlGmZRgHr9FZ5mlJk1G9ByUs7jMMzvYIg/s585/lpdp_60600-8.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="585" data-original-width="463" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjl9Kdc7P_C1c4QMC7eX__leS2QGlOjWALcTumJ3R6qSehKG_A1wc2SYqjkEZkRzE-LNh_NpUvbeRmJAnlww97vbvnHYC71iMgp9t1brjuNL56EmAYVbXKjuVtzUBbbYy83J6Qw9MUu7QRIGR0zjBw55I3SEhlGmZRgHr9FZ5mlJk1G9ByUs7jMMzvYIg/w316-h400/lpdp_60600-8.jpg" width="316" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-size: x-small;">Victor Hugo, <i>Miseria</i>, 1862</span><br /></td></tr></tbody></table><p></p><p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><b><span style="font-size: small;"> LA PUTAIN, LE CROISÉ ET LE POÈTE</span></b></p><p style="margin-bottom: 0cm; text-align: right;"><b><span style="font-size: small;"> </span></b><span style="font-size: small;"><span><i>Je vous le dis en vérité, les publicains et</i> <i>les prostituées</i></span></span></p><div style="margin-bottom: 0cm; text-align: right;"><span style="font-size: small;"><span><i> vous devanceront dans le royaume de Dieu</i></span></span><span style="font-size: small;"><b><span>.</span></b></span></div><div style="margin-bottom: 0cm; text-align: right;"><span style="font-size: x-small;">Matthieu, 21<b>: </b>31</span><span style="font-size: x-small;"><b><span> </span></b></span>
</div>
<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;">
</p><div style="text-align: justify;"><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">Lorsque j'étais enfant, mes parents m'enseignaient que si j'étais bon envers les autres, eh bien, les autres seraient bons envers moi. Je me suis rendu compte assez vite que ce n'était pas si simple que ça. Alors, pendant des années, j'ai été un enfant méchant. Jusqu'à ce que je réalise que je n'étais pas foncièrement méchant, ou plutôt, que pour être efficacement méchant, il aurait fallu que je sois particulièrement bête. Or, cette compétence là, je ne l'avais pas. Aussi, n'étais-je, comme tout un chacun, partagé entre la bonté et la méchanceté. Devenir bon, ça s'apprend tout au long d'une vie et il y a vraiment peu de maître en la matière de qui suivre les enseignements.</p></div><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"></p><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">Parlant d'enseignement, c'était aussi l'époque où l'on m'apprenait l'histoire sainte et où, il faut le dire, les modèles de bonté se faisaient plutôt rares. Même la vedette, Yahweh, était un modèle de méchanceté particulièrement réussi. On y apprenait que les Hébreux - ou les Israélites, au choix - ont marché quarante ans dans le désert avant d'aborder la
Terre promise où étaient censé couler le lait et le miel. Ils n'y trouvèrent qu'un fleuve assez banal, le Jourdain, contre lequel se dressait une dernière forteresse pour leur barrer le chemin : Jéricho :</p><p style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjwf8s9mc2vl0lUgIjazkL0txopNHWB6jC2SG5n3ejDcyM_ZoyrSb2pKrGapa8nY68w1kvZY3yzIpQNtsEeOWjFpMlvpdto_w8si11hmVKUJLOj_Axyo7Vve7epnca9_1_SH7kFQ9HxvaqmyIWbqvW6_y0Q1DRqv-rg1zTaE29_CC2YwpbVeuw6qJu65w/s750/FEp6TAr14PCrLyIPWnmEp1qFN-na93nKok2EzL9_MGI.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="482" data-original-width="750" height="258" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjwf8s9mc2vl0lUgIjazkL0txopNHWB6jC2SG5n3ejDcyM_ZoyrSb2pKrGapa8nY68w1kvZY3yzIpQNtsEeOWjFpMlvpdto_w8si11hmVKUJLOj_Axyo7Vve7epnca9_1_SH7kFQ9HxvaqmyIWbqvW6_y0Q1DRqv-rg1zTaE29_CC2YwpbVeuw6qJu65w/w400-h258/FEp6TAr14PCrLyIPWnmEp1qFN-na93nKok2EzL9_MGI.jpg" width="400" /></a> <br /></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">«<i>Josué, fils de Nûn,
envoya secrètement de Shittim deux espions avec cette consigne :
"Allez, examinez le pays de Jéricho." Ils y allèrent et
se rendirent à la maison d'une prostituée nommée Rahab, et ils y
couchèrent. On le fit savoir au roi de Jéricho en ces termes :
"Voici que des hommes, de chez les Israélites, sont venus ici
cette nuit en vue de reconnaître le pays". Alors le roi de
Jéricho envoya dire à Rahab : "Fais </i><i>sortir les hommes venus de
chez toi, - qui sont descendus dans ta maison, - car c'est pour
reconnaître tout le pays qu'ils sont venus". Mais la femme prit
les deux hommes et les cacha. "C'est vrai, répondit-elle, ces
hommes sont venus chez moi, </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhIXumTT8nrqHMs7lZt4ucufNYiC9zGUzyc4DVcu4FEAHGvV6PHoUvr9PTLxJBUZrIVicRo61bW7XBP_bwJaywyDu5z5MZMTCbiLSnQqtOZ6aXsDtDygjuHL5iinauUwfcyQh55Gg97-wnE1u1vY9wRBSOcKCyJT6X2ST9T2_kSWPFZ-IDxD2TMMkAxrg/s255/Pickersgill_Rahab.JPG" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="255" data-original-width="210" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhIXumTT8nrqHMs7lZt4ucufNYiC9zGUzyc4DVcu4FEAHGvV6PHoUvr9PTLxJBUZrIVicRo61bW7XBP_bwJaywyDu5z5MZMTCbiLSnQqtOZ6aXsDtDygjuHL5iinauUwfcyQh55Gg97-wnE1u1vY9wRBSOcKCyJT6X2ST9T2_kSWPFZ-IDxD2TMMkAxrg/w263-h320/Pickersgill_Rahab.JPG" width="263" /></a><i>mais je ne savais pas d'où ils étaient.
Lorsque à la nuit tombante on allait fermer la porte de la ville,
ils sont sortis et je ne sais pas où ils sont allés. Mettez-vous
vite à leur poursuite, car vous pouvez encore les atteindre".</i></p></blockquote><p></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><i>Or elle les avait <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjDnIyBbh6ZteBkiaGUDR4zy2xZyLQXI8C58D8QOkmMt475CCGGyRPHcbJ9oGLe3hoQupEInW3qDBiNPusqg3blp5GupXNNPq9dDlihDLdEpHpQ2Ta1N3n1HXDAgCv7e5QlYou-O0-iKsJe/h120/Pickersgill_Rahab.JPG">fait monter</a> sur la terrasse et les avait cachés sous des tiges de lin
qu'elle y avait entassées. Les gens du roi les poursuivirent dans la
direction du Jourdain vers les gués, et l'on ferma la porte dès que
furent sortis ceux qui étaient à leur poursuite</i><span style="font-style: normal;">»
(Jos. 2. 1-7).</span></p></blockquote>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">Ce récit
appelle à demander les raisons pour lesquelles Rahab accepte, au risque de sa
vie et de celle des siens, de protéger les émissaires de Josué. La
suite le dit :</p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">«<i>Quant à eux, ils
n'étaient pas encore couchés que Rahab monta vers eux sur la
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhZhbLWl4LPj4JtlaxbsIs8xZx_-CXYuv_BKrYBV-e6Gpm6tIIn6IFVgL1mr9NXmy52dGTcKXckZeIcmKGdSThjhdu39GUZPD6V2dhIBExLiYfFdWeUbJQ2VC9mUsUXqTPcXdpIgbZM_kPN/h120/66233-rahab-in-the-bible.1200w.tn.webp">terrasse</a>. Elle leur dit : "Je sais que Yahvé vous a donné ce
pays, que vous faites notre terreur et que tous les habitants de
cette région ont été pris de panique à votre approche : car nous
avons appris comment Yahvé avait mis à sec devant vous </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg9IA7glQLuc_ibEWABVJoo1MgGLXh9lJMPAkkQLy0kd1wOF_oxvL8dF5H1NUK3MMQ0EBg6kg7sJu8JXWh7T9uAcvR7Wy9p8bz9Wol3I0x8GUF-sCIgeyYjXy47JchgCTfFbS6IeLHDHbKIo0zp1WYTo7sc5Ufq0c1nUhFEnVuiFhUsq5sf3qeUL0uRYg/s950/66233-rahab-in-the-bible.1200w.tn.webp" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="499" data-original-width="950" height="168" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg9IA7glQLuc_ibEWABVJoo1MgGLXh9lJMPAkkQLy0kd1wOF_oxvL8dF5H1NUK3MMQ0EBg6kg7sJu8JXWh7T9uAcvR7Wy9p8bz9Wol3I0x8GUF-sCIgeyYjXy47JchgCTfFbS6IeLHDHbKIo0zp1WYTo7sc5Ufq0c1nUhFEnVuiFhUsq5sf3qeUL0uRYg/w320-h168/66233-rahab-in-the-bible.1200w.tn.webp" width="320" /></a><i>les eaux de
la mer des Roseaux à votre sortie d'Égypte, et ce que vous avez
fait aux deux rois amorites de l'autre côté du Jourdain, à Sihôn
et à Og que vous avez voués à l'anathème. En l'apprenant, le cœur
nous a manqué et l'on ne trouve plus chez personne le courage de
vous tenir tête, parce que Yahvé, votre Dieu, est Dieu aussi bien
là-haut dans les cieux que sur la terre ici-bas. Jurez-moi donc
maintenant par Yahvé, puisque je vous ai traités avec bonté, qu'à
votre tour vous traiterez avec bonté la maison de mon père et m'en
donnerez un signe certain; que vous laisserez la vie sauve à mon
père et à ma mère, à mes frères et à mes sœurs, à tous ceux
qui leur appartiennent, et que vous nous préserverez de la mort".
Alors les hommes lui répondirent : "Autrement, ce serait à
nous-mêmes de mourir à votre place, à moins que vous ne divulguiez
notre convention! Quant Yahvé nous aura livré le pays, nous agirons
envers toi avec bonté et loyauté". Rahab les fit descendre par
la fenêtre au moyen d'une corde, car sa maison était contre le mur
d'enceinte et elle-même logeait dans le rempart.</i></p></blockquote><p></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><i>C'est vers la
montagne, leur dit-elle, qu'il vous faut aller pour échapper à ceux
qui vous poursuivent. Cachez-vous là-haut pendant trois jours
jusqu'au retour de cette </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgr4I0SsWGIDLW-kgCWWBWeb6m5ZXJ_8p68JbgURn2X8wndgDz2iWuz7GhhVq3RocgQz6TtuaffjSA_EcWKzEvCvMBNpXGpcdkPdzC96YsoBjgrNTN1ZnlEA1NB9aqaVcXUlYz_-ZViC81a4HlK4qPrynsUGmjeaqOHtwko1WEmW6uuHs33-KfcI3lEOQ/s480/170px-Elias_van_Nijmegen_-_Verspieders_ontsnappen_uit_Jericho_-_11102_-_Museum_Rotterdam.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="480" data-original-width="170" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgr4I0SsWGIDLW-kgCWWBWeb6m5ZXJ_8p68JbgURn2X8wndgDz2iWuz7GhhVq3RocgQz6TtuaffjSA_EcWKzEvCvMBNpXGpcdkPdzC96YsoBjgrNTN1ZnlEA1NB9aqaVcXUlYz_-ZViC81a4HlK4qPrynsUGmjeaqOHtwko1WEmW6uuHs33-KfcI3lEOQ/w141-h400/170px-Elias_van_Nijmegen_-_Verspieders_ontsnappen_uit_Jericho_-_11102_-_Museum_Rotterdam.jpg" width="141" /></a><i>patrouille, et puis, allez votre chemin".
Les hommes répliquèrent : "nous autres, nous serons quittes du
serment que tu nous as fait prêter, à ces conditions : Voici, à
notre arrivée dans le pays, tu useras de ce signe : tu attacheras ce
cordon de fil écarlate à la fenêtre par laquelle tu nous as fait
descendre, et tu rassembleras auprès de toi dans la maison ton père,
ta mère, tes frères et toute ta famille. Quiconque franchira les
portes de ta maison pour sortir, son sang retombera sur sa tête et
nous en serons innocents; mais le sang de quiconque restera avec toi
dans la maison retombera sur nos têtes si l'on porte la main sur
lui. S'il t'arrive de révéler notre présent entretien, nous serons
dégagés du serment que tu nous as fait prêter". Elle répondit
: "Qu'il en soit ainsi!" Elle les fit partir, et ils
s'éloignèrent. Alors elle attacha le cordon écarlate à la
fenêtre</i><span style="font-style: normal;">» (Jos. 2. 8-21).</span></p></blockquote>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-style: normal;">Les
émissaires suivent les conseils de Rahab et «</span><i>dirent à
Josué : "Yahvé a livré tout ce pays entre nos mains et déjà
tous ses habitants tremblent devant nous". </i><span style="font-style: normal;"><span style="font-family: inherit;">Les
Isr</span>aélites se mettent donc </span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhSix5DzhOaP6Y5u-4QoH6QmX_cJuF20BQmun6SYYzO_o6g0ZCletbEA6N9O3NM5TSLh-QklF44scVr3MamSTpZ5hpg1EVRk-6KbSK7cz9AwIci-tKdrN47L0de3Zqe6-gBMbt_kGd7XRIT8M9r0FBd-gRrixFNhiASi0XOqEwPdijPRzdCmFy5K6p_sg/s2725/6204e6c050ea619047699c66_Bataille%20de%20J%C3%A9richo%20Bible.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1612" data-original-width="2725" height="236" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhSix5DzhOaP6Y5u-4QoH6QmX_cJuF20BQmun6SYYzO_o6g0ZCletbEA6N9O3NM5TSLh-QklF44scVr3MamSTpZ5hpg1EVRk-6KbSK7cz9AwIci-tKdrN47L0de3Zqe6-gBMbt_kGd7XRIT8M9r0FBd-gRrixFNhiASi0XOqEwPdijPRzdCmFy5K6p_sg/w400-h236/6204e6c050ea619047699c66_Bataille%20de%20J%C3%A9richo%20Bible.jpg" width="400" /></a><span style="font-style: normal;">en marche, l'<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj2x-YVxkYVLdrDi31vzyGL7ZB6-zfPI20ELiuoPv_3_WOAB4xiqXSmMFISCgyw_fJPbgW9NeoMxQBFmE0KrD4WEZfe0DAj5j1Px-Z6ViZ4fa2MUsJSkROYe5siGEgiyQnGXGd9kSrSz56N/h120/6204e6c050ea619047699c66_Bataille+de+J%25C3%25A9richo+Bible.jpg">Arche d'alliance</a> en tête, et
traver-sent le Jourdain. Yahvé leur demande de choisir douze
individus, un par tribu, qui prendront chacun une pierre afin de
dresser un </span><i>mémorial</i><span style="font-style: normal;">
au milieu du fleuve. Suit une série de rites d'appropriation du
territoire, de circoncision, de célébration de la Pâque.
Enfin, un ange, </span><i>chef de l'armée de Yahvé, </i><span style="font-style: normal;">se
dresse devant Josué et prononce la sainteté de la terre où Josué
pose les pieds. Après ces palabres seulement, vient le récit, bref et concis, de la
prise de Jéricho :</span></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">«<i>Jéricho s'était
soigneusement barricadée contre les Israélites : personne n'en
sortait, personne n'y entrait. Yahvé dit alors à Josué : "Vois,
je livre en tes mains </i><i>Jéricho et son roi. Vous tous les com-battants,
vaillants guerriers, vous con-</i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgaaBz5hdrIZoE2QdjpQHx9jxrSMfbg6zZkxzVlB-5myB_QHavhcuSeyJ2Q1_l1YJMSIwfpuCYCS8yQMROMCe1nZ9FzYWbU_3cfxYN0j4LdnWcoV-4lihnihSgmHNLlXLITppKkYAAxzYuutYUIGggZ6nheKF5F9vSSO9AC5vXznJLwdpsuOwj2ml_zbA/s869/AKG135710.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="728" data-original-width="869" height="269" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgaaBz5hdrIZoE2QdjpQHx9jxrSMfbg6zZkxzVlB-5myB_QHavhcuSeyJ2Q1_l1YJMSIwfpuCYCS8yQMROMCe1nZ9FzYWbU_3cfxYN0j4LdnWcoV-4lihnihSgmHNLlXLITppKkYAAxzYuutYUIGggZ6nheKF5F9vSSO9AC5vXznJLwdpsuOwj2ml_zbA/w320-h269/AKG135710.jpg" width="320" /></a><i>tournerez la ville pour en faire une
fois le tour, et pendant six jours tu feras de même. (Mais sept
prêtres porteront sept <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgIIuuoIT8f0os1BKkK0mlxJc4EcKLHdpAz0ySprUXWchx5DX0MaZjLfp8vGdBikgEa3UfUY7kljTjsBxod1oEu3HmgB2TUWEWgr9gVlvaqcucrdF6s_zb4Q24ffi5C5g0QkI9o7s1hA9Rr/h120/AKG135710.jpg">trompes</a> en avant de l'arche.) Le septième
jour, vous ferez sept fois le tour de la ville (et les prêtres
sonneront de la trompe). Lorsque la corne de bélier retentira (quand
vous entendrez le son de la trompe), tout le peuple poussera un
formidable cri de guerre et le mur de la ville s'effondrera sur place
: alors le peuple montera à l'assaut, chacun droit devant soi"</i>
» (Jos. 6. 1-6).</p></blockquote>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">Josué suit les ordres de
son Dieu à la lettre. Le récit tiré du <i>Livre de Josué</i> ne cesse de
répéter d'ailleurs combien les prêtres et les porteurs de l'Arche ont respecté la parole divine :</p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">«<i>La ville sera
dévouée par <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhKleMVIFsXCAtYBp5ylWXulRtn4DxLm1NMar7icbzjQ_iP0W9Ro21zbHlYR1GSjNINOx14nVB8ht3VxXq3GF4ZVJtad4aF6ej2HdVJNWVkF3bJTAayscdXxaNr326mxM_MGDsuLxOuqLDo/h120/julius-schnorr-von-carolsfeld_battle-of-jericho1.webp">anathème</a> à Yahvé avec tout ce qui s'y trouve; seule,
Rahab la prostituée aura la vie sauve ainsi que tous ceux qui sont
avec elle dans sa </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj6T_scFOzuqz2N9xwUv1hxdys3varRShCNSYH1h0R-HypmzjxKnJjbwKODEyU5hk5TTp1WeOaRApzLm93CwDi3wjxjzXp6uJyuWXGJQ9b1LymW21WmUE0_tfS4jQBDNH9HHG2GdW-LPKrk4jwOCv3lyoigtPzEcOtrZpvE8yK__b6pmdBHqvUQtNvh-A/s300/julius-schnorr-von-carolsfeld_battle-of-jericho1.webp" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="218" data-original-width="300" height="218" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj6T_scFOzuqz2N9xwUv1hxdys3varRShCNSYH1h0R-HypmzjxKnJjbwKODEyU5hk5TTp1WeOaRApzLm93CwDi3wjxjzXp6uJyuWXGJQ9b1LymW21WmUE0_tfS4jQBDNH9HHG2GdW-LPKrk4jwOCv3lyoigtPzEcOtrZpvE8yK__b6pmdBHqvUQtNvh-A/s1600/julius-schnorr-von-carolsfeld_battle-of-jericho1.webp" width="300" /></a><i>maison, parce qu'elle a caché les émissaires que
nous avions envoyés. Mais vous, </i><i>prenez bien garde à l'ana-thème :
n'allez pas, poussés par la convoi-tise, dérober quelque chose de ce
qui est anathème, car ce serait exposer à l'anathème tout le camp
d'Israël et lui porter malheur. Tout l'argent et tout l'or, tous les
objets de bronze et de fer étant consacrés à Yahvé, ils entreront
dans son trésor.</i></p></blockquote><p></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><i>Le peuple cria et l'on
fit retentir les trompes. Quand il entendit le son de la trompe, le
peuple poussa un cri de guerre formidable et le rempart s'écroula
sur lui-même. Aussitôt le peuple monta dans la ville, chacun devant
soi, et ils s'en emparèrent. Ils appliquèrent l'anathème à tout
ce qui se trouvait dans la ville, hommes et femmes, jeunes et vieux,
jusqu'aux bœufs, aux brebis et aux ânes, les passant au fil de
l'épée</i><span style="font-style: normal;">» (Jos. 6 17-21).</span></p></blockquote>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-style: normal;">Josué
avait ordonné de ne pas s'emparer des biens de Jéricho car la ville
était vouée à la destruction complète.
L'anathème, explique les exégètes, signifiait le </span><i>renoncement
à tout butin, </i><span style="font-style: normal;">ce qui
distinguait une </span><i>guerre sainte </i><span style="font-style: normal;">de
tout autre type de guerres. Tout manquement des vainqueurs devenait un sacrilège et
le châtiment leur retombait sur la tête. On y
tue donc toute vie, y compris celle des bêtes. On ne pourrait
imaginer meilleur génocide si le mot avait pu signifier quelque chose dans
l'esprit des hommes de l'Antiquité.</span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-style: normal;">Il
est à noter toutefois que le premier extrait (Jos. 6. 1-6) et le
second (Jos. 6. 17-21) marquent des temps différents. Le premier se
situe avant la prise de Jéricho. Il contient une prescription
(«</span><i>...vous contournerez la ville...</i><span style="font-style: normal;">»). Le second s'énonce nettement après la chute de la cité («</span><i>Le
peuple cria...</i><span style="font-style: normal;">»). On y parle de
Rahab et des deux espions envoyés par Josué :</span></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-style: normal;">«</span><i>Josué
dit aux deux hommes qui avaient reconnu le pays : "Entrez dans
la maison de la prostituée et faites-en sortir cette femme avec tous
ceux qui lui appartiennent, </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhg4zlpGJc6FSrCtHLsTnfqEmKwTy1DbyRK_U2Nbkg70VB1P74eYHSdkhaVPHn33xSffFd0t1lwGkMxj3CAA_1-xuOiziO6KAgvQ99Sc0j3hxRXJ61-piXjkyeoP1xbgJoNaaiCtZdf56R-xhVBL13nFEDSnDULL7rjKD1gBiRyCNuuc9PUnyGfN5CPSA/s697/canvas.png" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="555" data-original-width="697" height="255" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhg4zlpGJc6FSrCtHLsTnfqEmKwTy1DbyRK_U2Nbkg70VB1P74eYHSdkhaVPHn33xSffFd0t1lwGkMxj3CAA_1-xuOiziO6KAgvQ99Sc0j3hxRXJ61-piXjkyeoP1xbgJoNaaiCtZdf56R-xhVBL13nFEDSnDULL7rjKD1gBiRyCNuuc9PUnyGfN5CPSA/s320/canvas.png" width="320" /></a><i>ainsi que vous lui avez juré". Ces
jeunes gens, les espions, s'y rendirent et en firent sortir <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhg4zlpGJc6FSrCtHLsTnfqEmKwTy1DbyRK_U2Nbkg70VB1P74eYHSdkhaVPHn33xSffFd0t1lwGkMxj3CAA_1-xuOiziO6KAgvQ99Sc0j3hxRXJ61-piXjkyeoP1xbgJoNaaiCtZdf56R-xhVBL13nFEDSnDULL7rjKD1gBiRyCNuuc9PUnyGfN5CPSA/s697/canvas.png">Rahab</a>,
son père, sa mère, ses frères et tous ceux qui lui appartenaient.
Ils en firent sortir aussi tous ceux de son clan et les mirent en
lieu sûr hors du camp d'Israël.</i></p></blockquote><p></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><i>On brûla la ville et
tout ce qu'elle contenait, sauf l'argent, l'or et tous les objets de
bronze et de fer, qu'on livra au trésor de la maison de Yahvé. Mais
Rahab, la prostituée, ainsi que la maison de son père et tous ceux
qui lui appartenaient, Josué les épargna. Elle est demeurée au
milieu d'Israël jusqu'aujourd'hui; pour avoir caché les émissaires
que Josué avait envoyé reconnaître Jéricho</i><span style="font-style: normal;">»
(Jos. 6 22-25).</span></p></blockquote>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">Ce récit est bref et
aurait pu être rédigé par un de nos actuels correspondants de guerre. Il appelle des explications. Aussi rajouta-t-on un récit plus élaboré que l'on plaça au tout début du <i>Livre de Josué </i>(Jos. 2 1-7). Car, qu'avaient tant à reconnaître les espions puisque <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjhSc_1Zn6TnbeoSNrJw1rIMUFr12Fjw2cHLvTVfPuFEnO3pEd9c8DU6eAVwU8MzK2A9uDNwP7YWiK_T76Bru_31QqPhDX7mTR_Ks6AZbbgryk-in7bFKZVdIhtVNAC7vBN4g8goRckY3jh6X-IAqRlAzxM_T-L1OF72ds23S3K1R3c35w-qaCPRikj-w/s600/Marc-Chagall-Rahab-et-les-Espions-de-Jericho-432x600.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="600" data-original-width="432" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjhSc_1Zn6TnbeoSNrJw1rIMUFr12Fjw2cHLvTVfPuFEnO3pEd9c8DU6eAVwU8MzK2A9uDNwP7YWiK_T76Bru_31QqPhDX7mTR_Ks6AZbbgryk-in7bFKZVdIhtVNAC7vBN4g8goRckY3jh6X-IAqRlAzxM_T-L1OF72ds23S3K1R3c35w-qaCPRikj-w/w288-h400/Marc-Chagall-Rahab-et-les-Espions-de-Jericho-432x600.jpg" width="288" /></a>Yahvé, déjà, avait promis Jéricho aux Israélites? <span style="font-style: normal;">Les espions, dit-on, avaient charge d'</span><i>examiner le pays de
Jéricho</i>.<i> </i>Mais <span style="font-style: normal;">Josué, contrairement à un véritable général d'armée, ne dit pas précisément ce qu'ils devaient examiner.
Toutefois, à leur compte-rendu au retour de mission, on s'aperçoit qu'ils témoignent de l'état psychologique des habitants
de la ville. À un sentiment d'entraînement fatal de la population, les espions
peuvent dire qu'</span><i>Yahvé a</i><i> livré tout ce pays entre nos
mains et déjà tous ses habitants tremblent devant nous. </i>Il est permi<i>s </i>de<i> </i>comprendre que Josué en tira une tactique de guerre psychologique, utilisant <span style="font-style: normal;">la marche quotidienne des prêtres autour de la cité au son des trompes afin de terrifier encore plus une population déjà terrorisée. Cette <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXN5r6DcMWvBqs_RTUe7TZhuig4vsjwucBR0FVRuVMj0mqm2zg2-W1dG72EJ8g-0LaBZ0I-8cGFI_UNXaOMgdk80U9QBYyxn1XdsfZtYPLnuu9hzIlUvlD1Efkl9uD24P3tEWO1jZX0NKp/h120/Marc-Chagall-Rahab-et-les-Espions-de-Jericho-432x600.jpg">démoralisation psychologique</a> n''était-elle pas d'ailleurs la raison qui avait poussé Rahab à trahir sa cité? </span>Or
Josué sait que Rahab est toute acquise à la cause
des Israélites. Qui le lui a dit? Les espions avaient finalement peu
à craindre dans Jéricho, où il semble qu'ils n'aient pas beaucoup
vadrouiller, assurés de la bienveillance
de la prostituée. Là est tout le mystère. </p><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">Qu'en racontent les
historiens? <span style="font-style: normal;">Daniel-Rops,
d'abord. Le croyant essaie ici de se faire l'</span><i>avocat du
diable</i><span style="font-style: normal;"> en évoquant de possibles
causes naturelles à la chute des murailles de Jéricho :</span></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-style: normal;">«</span><i>Jéricho,
sa porte close, confiante dans ses murailles, attendait que la faim
obligeât les nomades à partir. Josué mène l'attaque; cela pouvait
paraître folie. Mais un nouveau miracle se produit. Suivant l'ordre
de Dieu, les prêtres portent l'Arche autour de la ville, sonnant de
la trompette. Sept jours de suite, la procession se </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiolEcm12D9KIH2BNqnCB8hBSXBwE5hmQcY9jWZoDd_b4wDsG-_lIDkoqGOY05xl-1ADS-dSbiuUouvgc6DnSYCJZLKHJVrkH2p0yRLecl-4Gs7cdbKASNPCkr3X_69N8zYQFBsAE2LX7uI4BrzF42igWf03hJ9VaySb0q-6MoF8Yk9e2PExxlOElbQsQ/s600/513px-Jean_Fouquet_001.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="600" data-original-width="513" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiolEcm12D9KIH2BNqnCB8hBSXBwE5hmQcY9jWZoDd_b4wDsG-_lIDkoqGOY05xl-1ADS-dSbiuUouvgc6DnSYCJZLKHJVrkH2p0yRLecl-4Gs7cdbKASNPCkr3X_69N8zYQFBsAE2LX7uI4BrzF42igWf03hJ9VaySb0q-6MoF8Yk9e2PExxlOElbQsQ/s320/513px-Jean_Fouquet_001.jpg" width="274" /></a><i>répète, comme
on le voit sur la miniature de notre <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhhDPS-Gr0W4mFGbVBFdB9L0qfI6r4lqILC7WI8R4hEMHBUvVYlPYQjaAE4x1OGZOlVtrIBnzCmbML4F7I6DrsKMBYgaTyxXWf3ssfC8rARWVl4l2O9Yypu0261Mld5ErgHAXpAFqVftR_c/h120/513px-Jean_Fouquet_001.jpg">Fouquet</a>, pleine de foi, tout le
peuple suivant, dans un religieux silence. Au septième jour, à un
signal, les quarante mille poitrines des assaillants jettent un cri
immense. La muraille s'abat, la ville est prise. On s'est demandé si
les sonneries de trompettes n'auraient pas été un moyen de
dissimuler un creusement de mines. Les travaux terminés, un autre
appel aurait averti les sapeurs d'avoir à sortir des galeries, en
mettant le feu au boisage, pour faire écrouler la muraille; mais
l'armée israélite n'était-elle pas bien primitive pour être
capable de ces travaux de sape? D'autres évoquent une secousse
sismique miraculeuse, qui eût traduit la volonté même de Dieu.
[Certains archéologues ont cru pouvoir relever la preuve d'un
glissement de terrain].</i></p></blockquote><p></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><i>Le terrible </i><span style="font-style: normal;">hérem,
</span><i>l'anathème religieux, s'appesantit sur la malheureuse
cité. Seule Rahab fut épargnée, paiement de sa trahison. Un
Israélite qui avait violé la défense sacrée et détourné du
butin fut lapidé avec sa famille et ses troupeaux. La peur gagna
tout le pays...</i><span style="font-style: normal;">(etc.)»
(Daniel-Rops. </span><i>Le peuple de Dieu, </i><span style="font-style: normal;">Paris,
Arthème Fayard, rééd. Livre de poche Col. historique, 1943, p.
180).</span></p></blockquote>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-style: normal;">Que pouvaient
être ces émissaires sinon des <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgLa37Fw1s1ig_oHGagpsfAFcSsvXkwom6juTM4NLn9vjDBwS9jCL00zVX-ECmwXEGDP-TcTW3HjnEktPWU-CYdQ-88QZN2bwo2mm8oqe2lxSs3jXMTfy-7P5eI0fprLiVxwr6ujCv5WQyv/h120/220px-Tranch%25C3%25A9e_dynamite.jpg">sapeurs</a> venus placer des
mines sous </span><span style="font-style: normal;">les </span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi06o25x8Cp2Cps8IMEjyCUIzQpc-GgvMcSqO9O5q-B59bMNFwll65stJmcIg8Vap0ktha1EiV8kdapNdCXSVIgI6XQGJKMbjQWAk-rknRgbHK_bdwHfdgVEfmbTkuAw_vbeHCZE2Hxei7k-rjN_j14ycqtQbo6R8eLBxm2D_Gv56OumhSDosH0wA-Vxw/s293/220px-Tranch%C3%A9e_dynamite.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="293" data-original-width="220" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi06o25x8Cp2Cps8IMEjyCUIzQpc-GgvMcSqO9O5q-B59bMNFwll65stJmcIg8Vap0ktha1EiV8kdapNdCXSVIgI6XQGJKMbjQWAk-rknRgbHK_bdwHfdgVEfmbTkuAw_vbeHCZE2Hxei7k-rjN_j14ycqtQbo6R8eLBxm2D_Gv56OumhSDosH0wA-Vxw/w300-h400/220px-Tranch%C3%A9e_dynamite.jpg" width="300" /></a><span style="font-style: normal;">murs de Jéricho ou, plus simplement, des agents
chargés d'attiser la peur parmi la population? Ayant connu la guerre de 14-18, Daniel-Rops
pouvait projeter sur la guerre antique les méthodes de la guerre
moderne. Par contre, parler de </span><i>trahison </i><span style="font-style: normal;">à
propos de Rahab, c'est lui attribuer beaucoup. Il n'est pas dit
qu'elle ait livré aucun secret aux émissaires de Josué, sinon les
conforter dans leur certitude que le moral de la population était au plus bas. Elle était loin d'être une Mata-Hari de l'Antiquité.
Aussi, Yahvé, dans sa toute-puissance, n'avait nul besoin de
l'intervention de cette prostituée dans cette affaire de guerre
sainte.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">Bien plus tard, on parlera
d'ultra-sons pour expliquer l'effondrement des murailles de Jéricho
par le son des trompettes et la clameur des Israélites. Toute cette
eau coule comme sur les plumes d'un canard. En effet, comme le
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEha57E59j__EJJ22IjBF4_0asaX6lMtJm-d82mFbepU3Uo32acVkiDWqaple8WGUUqmXOltdv8PRykSI-NHQEcRATE42ZyDwgcal_oqXvPBcwNlcHQqfjCPboaY0-91vN_DDBgCpue4BO2KyLunpUP2g4Mv4Gibbjlp7ladouJ-KfHr-XR5OKhyBXIzCQ/s480/marc-chagall-josue-devant-l-ange-a-l-epe-Q08ZM-570.webp" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="480" data-original-width="339" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEha57E59j__EJJ22IjBF4_0asaX6lMtJm-d82mFbepU3Uo32acVkiDWqaple8WGUUqmXOltdv8PRykSI-NHQEcRATE42ZyDwgcal_oqXvPBcwNlcHQqfjCPboaY0-91vN_DDBgCpue4BO2KyLunpUP2g4Mv4Gibbjlp7ladouJ-KfHr-XR5OKhyBXIzCQ/w283-h400/marc-chagall-josue-devant-l-ange-a-l-epe-Q08ZM-570.webp" width="283" /></a>souligne le <i>Dictionnaire de la Bible </i><span style="font-style: normal;">d'André-Marie
Gerard : «</span><i>Que les circonstances retenues par les auteurs
sacrés répètent celles qui entraînent la ruine de la précédente
Jéricho ne fait qu'intégrer l'événement de haute signification
spirituelle dans les réalités bien concrètes : les séismes sont
de tous temps, mais si l'on suppose, non sans raison logique, qu'un
phénomène de cette nature a pu de nouveau priver la ville de ses
murailles, il servait cette fois à point nommé les desseins de
l'<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjtdX5xtm8GkmOUWQ8Rj873cA97bbFfPDTUVhrbhyPdiB2CRicg_W-_H1L9YwGuPqn2cRMqNMV3ZJpBHVETqWw3mMvWrR6td91m_H8qsxtVoAL5fg0zXaue1AkrVPUedt-vI2kSTvs9UcSE/h120/marc-chagall-josue-devant-l-ange-a-l-epe-Q08ZM-570.webp">Éternel</a>; et si la totale destruction de la cité conquise est une
fois de plus aussi accomplie selon des mœurs guerrières alors fort
répandues, elle devient ici un rite de louange, où l'offrande est
entièrement sacrifiée au Dieu dont les fidèles entendent ce
faisant célébrer la gloire et reconnaître spectaculairement la
totale souveraineté sur les vies et les biens</i><span style="font-style: normal;">»
(A.-M. Gerard. </span><i>Dictionnaire de la Bible, </i><span style="font-style: normal;">Paris,
Robert Laffont, Col. Bouquin, 1989, p. 621).</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhHrT2l2C_mM_LOlby4Ft8_Y_0wVIDsMt54mwi0_sNDpMhCCBnFZTwE0AbomuID9hOIPL7w4YiCl7pEo3SByShceOWpxkloAl0hnxKf9i3l7PrMJVb1gX2FKY6S5cr5R1DJtzt3a-Bt9zwrF4XDK3i9x8qxVwxVWZ2sPWUbIyB1E3ctcfsPKvvMPhp7Ww/s1024/William_Brassey_Hole_-_The_Destruction_of_Jericho_-_Bible_-_(MeisterDrucke-650113).jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1024" data-original-width="711" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhHrT2l2C_mM_LOlby4Ft8_Y_0wVIDsMt54mwi0_sNDpMhCCBnFZTwE0AbomuID9hOIPL7w4YiCl7pEo3SByShceOWpxkloAl0hnxKf9i3l7PrMJVb1gX2FKY6S5cr5R1DJtzt3a-Bt9zwrF4XDK3i9x8qxVwxVWZ2sPWUbIyB1E3ctcfsPKvvMPhp7Ww/w278-h400/William_Brassey_Hole_-_The_Destruction_of_Jericho_-_Bible_-_(MeisterDrucke-650113).jpg" width="278" /></a><span style="font-style: normal;">En
fait, le minage auquel fait allusion Daniel-Rops ou le tremblement
de terre évoqué par Gerard ne servent à rien puisque le but des
</span><i>auteurs sacrés </i><span style="font-style: normal;">visait
à montrer comment «</span><i>le récit épique de la première
"conquête" en Terre promise va, mieux que tout autre,
mettre en valeur "le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiPgpPJ8wYrtiTTdPFeCpGERhCObLCPxgbqkuOB_H5giR7CIosQN81rwyt_3ozRQXOdZyrCPT0059dUwhacpUu3B8TefUT7IY7zxkZ2florYCMSekUaxgPiGZ-3P-XvUeAR34cp1c9vypW_/h120/William_Brassey_Hole_-_The_Destruction_of_Jericho_-_Bible_-_%2528MeisterDrucke-650113%2529.jpg">don</a>" de Dieu, et non les hauts faits
des terrestres gens d'armes campés devant Jéricho. Si ces derniers
ont quelque mérite en l'affaire, ils l'acquièrent par la qualité
de leur foi dans la puissance divine</i><span style="font-style: normal;">»</span><i>
</i><span style="font-style: normal;">(A.-M. Gerard. ibid. p. 621).
L'épisode de Rahab est du même eau, sa foi étant le produit moins
d'une conversion que d'un abandon psychologique face au peu de résistance des murs de Jéricho devant les envahisseurs.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgN5HIpZ9ifdBTyWhqlUfbkr9AaIJyH8YR5BH776LdX0i6VjZg_Vl7GOazVW5GIO-IszqNDQtnR1ZQP8mwBx2bZfM-l54oPv0A21VF3Myay-Q8BgxmULTXs1lpot_qdsf1GxSri6YG4Eq641HS7DluGIcC9TWkWLuPkXCFkAx9i0EWuvM5OSIG_o7iHWA/s1817/Gustave_moreau-the_angels_of_sodom.Jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1817" data-original-width="1169" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgN5HIpZ9ifdBTyWhqlUfbkr9AaIJyH8YR5BH776LdX0i6VjZg_Vl7GOazVW5GIO-IszqNDQtnR1ZQP8mwBx2bZfM-l54oPv0A21VF3Myay-Q8BgxmULTXs1lpot_qdsf1GxSri6YG4Eq641HS7DluGIcC9TWkWLuPkXCFkAx9i0EWuvM5OSIG_o7iHWA/w258-h400/Gustave_moreau-the_angels_of_sodom.Jpg" width="258" /></a>Ce qui m'incline à
penser que le premier récit – le plus élaboré – de la mission
des espions dans Jéricho et leur rencontre avec Rahab est postérieur
au «compte-rendu de guerre» de la chute et de la destruction de
Jéricho qui vient plus loin dans le texte. Ce premier récit apparaît avant tout comme un <i>doublet </i><span style="font-style: normal;">littéraire,
on pourrait dire un </span><i>hypotexte </i><span style="font-style: normal;">:
celui du récit de Sodome et Gomorrhe dans la Genèse. En effet. Le modèle est
reconnaissable. Dans une ville </span><span style="font-style: normal;">condamnée par la vindicte de Yahvé,
deux <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiiEuR6JzkG0B5QSMued9BA_cSdzFCkY1ukLz2uhN5YBlZxMYa9PLqVpf7p2MUTD2zSftuhuubGy8JJfsKC113qqC1Jqa_Ywhd-ucYxXdCF4Gueb_DbtIXUgs8h6I0N8N1AlL1a8SVVGXw_/h120/Gustave_moreau-the_angels_of_sodom.Jpg">anges</a> à Sodome – deux espions à Jéricho – sont envoyés
pour reconnaître les lieux. Dans les deux villes, les Sodomites ou le roi, demandent, là à Lot, ici à Rahab, de leur livrer les
émissaires. Dans les deux cas, Lot et Rahab refusent. Enfin, au
moment de la destruction annoncée se produit, Dieu avertit Lot et
Rahab de fuir. Dans le cas de Sodome, il est ordonné de ne pas se
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEithvgEay3o3G35rK76yfxhIHiwmBzb33ptVYKUgrdz1QenfJhYP3gYqAHJ3_gyZXkeSQIolMieJ_L1e-83FSHgW5Qijba3-X7OV8m8GFwpKifH-9lp_WEkarQ26JPqe9omz4Uh5btG48Co/h120/0000397498_OG.JPG">détourner</a> au moment où Yahvé foudroie la ville; dans le cas de
</span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjrJeVZD-euTAz6itbAM23XJVm9DwTCaJfK_IJB6ACQByVgcaRnkfYFWB1xf3mQYINKSR0x8bjzdb_IfaGh9xXrdR1QZt575VkMVEPaBMjEOsZvJyBX4U645KI6fyRk1jqo2-ZZ_u_k1ek77la8EKDRkIokAk0QbL-DKTRnplnRokXeM_APs9zg7xNQBQ/s915/0000397498_OG.JPG" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="572" data-original-width="915" height="250" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjrJeVZD-euTAz6itbAM23XJVm9DwTCaJfK_IJB6ACQByVgcaRnkfYFWB1xf3mQYINKSR0x8bjzdb_IfaGh9xXrdR1QZt575VkMVEPaBMjEOsZvJyBX4U645KI6fyRk1jqo2-ZZ_u_k1ek77la8EKDRkIokAk0QbL-DKTRnplnRokXeM_APs9zg7xNQBQ/w400-h250/0000397498_OG.JPG" width="400" /></a><span style="font-style: normal;">Jéricho, il est convenu avec Rahab qu'elle et toute sa famille ne
doivent pas quitter la maison tant que les espions ne viendront pas
les chercher, mais aussi aux Israélites de ne pas piller. À Sodome, la femme de Lot désobéi et est transformée
en statue de sel; à Jéricho, Rahab et sa famille suivent à la
lettre la convention passée avec les espions, mais un Israélite est lapidé après avoir pillé les ruines fumantes de Jéricho. Les rapprochements sont trop évidents pour être
un hasard. La
récompense dévolue à Rahab sera de vivre pour toujours «</span><i>au
milieu d'Israël</i><span style="font-style: normal;">». Les textes
chrétiens récupéreront cet épisode isolé de l'histoire d'Israël pour l'appliquer à la généalogie du Christ : </span></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-style: normal;">«</span><i>L'épître
aux Hébreux donne Rahab en exemple pour sa foi, et l'épître de
Jacques la loue pour ses œuvres. Les écrits rabbiniques font d'elle
l'épouse de Josué. </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiQJph7Xphg9A9c7lUJsAvX2aj5gNAKEq6D5Dm1st3M3l1VCC1SxOm8lZkO8zJ7Km3beqin1vpFNfeX5BqeiOvyC-98HCbBxyKWP6AmNU_Z5buIovMBky2Z7mL3dbVDiqAj7Z6GCepzvOFqRKCSmdxonnBAUU2rkAt_wi0r1ejMz7SOJHqohQpxdYUVwA/s750/migration_20220516.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="425" data-original-width="750" height="181" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiQJph7Xphg9A9c7lUJsAvX2aj5gNAKEq6D5Dm1st3M3l1VCC1SxOm8lZkO8zJ7Km3beqin1vpFNfeX5BqeiOvyC-98HCbBxyKWP6AmNU_Z5buIovMBky2Z7mL3dbVDiqAj7Z6GCepzvOFqRKCSmdxonnBAUU2rkAt_wi0r1ejMz7SOJHqohQpxdYUVwA/w320-h181/migration_20220516.jpg" width="320" /></a><i>L'évangéliste Matthieu la place dans la
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhK9TiGll8_YDF2Rv-_UjUudKg_MNWv4-UZ4ZIrxpSDR0S2Sd7cy659lFlE7kjtDjfu7D7_4eBUHpT-j75RCpN2NT1jUTc-j08bmIBdxSQcZPj_dKXehobqpufz0m3UM7cEATW2qVRoMVdc/h120/migration_20220516.jpg">généa-logie du Christ</a> en tant que mère de Booz et donc aïeule de
David. Dans cette généalogie, Matthieu cite trois autres femmes :
"La femme d'Urie" le Hittite, c'est-à-dire Bethsabée,
Tamar, qui était une Cananéenne, et Ruth la Moabite. L'histoire de
Rahab contribue à prouver que le Salut n'est pas réservée au fils
d'Israël, mais à tous ceux qui reconnaissent en Yahvé "le
Dieu dans le ciel en haut et sur la terre en bas". </i><span style="font-style: normal;">(A.-M.
Gerard. ibid. p. 1172).</span></p></blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">Plus prosaïque, Genovefa Étienne et Claude Moniquet, historiens de l'espionnage mondial relèvent toutefois que...<br /></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-style: normal;">«<i>L'</i></span><i>anecdote
est ... des plus intéressantes car elle nous laisse deviner, entre
les lignes l'affrontement des espions hébreux avec les
"contre-espions" du roi de Jéricho et elle nous fait
percevoir des méthodes de travail qui, plus de 2 500 ans plus tard,
restent d'actualité pour tout homme du renseignement</i><span style="font-style: normal;">.</span></p></blockquote><p></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><i>Les deux agents
partent donc et trouvent à se loger chez une prostituée du nom de
Rahab. Mais déjà l'ennemi est sur leurs traces : "On dit au
Roi de Jéricho : voici des </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjQD2mk_7xtwZBGc5DXE4Kr2tu6d0mJpdmJMrYdXsXkJYIgOnbF1oLUx_SEJ2PHyfP2RsV2wDfcDzf_qZlYtFxLDhvhrha7asOOTrUrZFfe2SN3lPI4u6pMHlXHepEkThz1NwlN7nqp9TrRJiLqn758GDtkpPbpFNyaQFnXkauXbKY1vlfml9IjJV6sag/s1200/1102016040_univ_lsr_lg.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="600" data-original-width="1200" height="160" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjQD2mk_7xtwZBGc5DXE4Kr2tu6d0mJpdmJMrYdXsXkJYIgOnbF1oLUx_SEJ2PHyfP2RsV2wDfcDzf_qZlYtFxLDhvhrha7asOOTrUrZFfe2SN3lPI4u6pMHlXHepEkThz1NwlN7nqp9TrRJiLqn758GDtkpPbpFNyaQFnXkauXbKY1vlfml9IjJV6sag/s320/1102016040_univ_lsr_lg.jpg" width="320" /></a><i>hommes d'entre les enfants d'Israël sont
arrivés ici cette nuit pour explorer le pays". Qui est ce "on"?
Mystère. Il doit s'agir, selon toute vraisemblance, d'un officier de
la garde royale ou d'un "<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjQD2mk_7xtwZBGc5DXE4Kr2tu6d0mJpdmJMrYdXsXkJYIgOnbF1oLUx_SEJ2PHyfP2RsV2wDfcDzf_qZlYtFxLDhvhrha7asOOTrUrZFfe2SN3lPI4u6pMHlXHepEkThz1NwlN7nqp9TrRJiLqn758GDtkpPbpFNyaQFnXkauXbKY1vlfml9IjJV6sag/s1200/1102016040_univ_lsr_lg.jpg">informateur</a>" de celle-ci. Le filet
se resserre donc autour des deux envoyés de Josué, mais ils seront
sauvés par Rahab qui les cache sous son toit et affirme à la
patrouille venue pour les arrêter qu'elle ignorait à qui elle avait
affaire et que les deux hommes l'ont, de toute façon, déjà
quittée</i><span style="font-style: normal;">». (G. Étienne &
C. Moniquet. </span><i>Histoire de l'espionnage mondial, t. 1 : Les
services secrets de l'Antiquité à la Seconde Guerre mondiale,
</i><span style="font-style: normal;">Bruxelles/Paris, Kiron/Éditions
du Félin, 2000, p. 33).</span></p></blockquote><p></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">Malgré un soupçon de
<i>suspens</i>, nous sommes quand même loin d'Ian Fleming!
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">Si Dante reconnaît Rahab
dans la sphère céleste de Vénus, c'est moins pour ces aventures
d'espionnage que pour ce qui ressort du dialogue des premiers
versets – ceux rajoutés <i>a posteriori </i><span style="font-style: normal;">disons-nous
– entre Rahab et les émissaires : </span><i>Puisque je vous ai
traités </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEitD7ace-ae5roCQWqQSOkDsC9VY784bFJ1D4TgaaQ-wH5Dt86VIF4UlPJ1mTNLO-QH4QvIX8v_11KToMOsOYHZFoQ9fiJDI0hkd7jutwwCu7J5HEV7vCJaLTwMdQdlbfvwA6HBJoGKyAI8BRhijLmBGpCzx8Ljdr88DXzboodAZ8pJ6rOWqD9jo41LXg/s350/Rahab_of_Jericho.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="350" data-original-width="200" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEitD7ace-ae5roCQWqQSOkDsC9VY784bFJ1D4TgaaQ-wH5Dt86VIF4UlPJ1mTNLO-QH4QvIX8v_11KToMOsOYHZFoQ9fiJDI0hkd7jutwwCu7J5HEV7vCJaLTwMdQdlbfvwA6HBJoGKyAI8BRhijLmBGpCzx8Ljdr88DXzboodAZ8pJ6rOWqD9jo41LXg/w229-h400/Rahab_of_Jericho.jpg" width="229" /></a><i>avec bonté, qu'à votre tour vous traiterez avec bonté la
maison de mon père... </i><span style="font-style: normal;">et les
émissaires de jurer : </span><i>Quant Yahvé nous aura livré le
pays, nous agirons envers toi avec bonté et loyauté</i>»...<i> - </i><span style="font-style: normal;">«</span><i>Tu veux apprendre quelle est cette âme qui étincelle
près de moi, comme un rayon du soleil dans une onde pure. Cette âme
qui goûte une douce paix est celle de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjWLPxUpRABgUah2f8yH_7CE7b1JwTCR2IRpYXyT6y2xrk3kFG6KYedmznpIbet_3L1xaU4Eaea25Jay2El1xEefy55ebXeDFg6SHlEabt8KVzkqaouDbqUpZ7Po_f2NeA7U6mVcxlgsq1Z/h120/Rahab_of_Jericho.jpg">Raab</a>, qui, jointe à notre
chœur, y occupe le premier rang. Le triomphe de Jésus-Christ l'a
fait monter la première à ce ciel, où finit l'ombre de votre
monde. Il était bien convenable que Dieu la laissât dans cette
sphère, en signe de la haute victoire que son fils a remportée,
lorsqu'il a laissé lier ses deux mains. N'est-ce pas cette femme qui
a favorisé les premiers succès de Josué, sur cette terre dont le
pape se souvient si peu?</i><span style="font-style: normal;">»
(traduction Chevalier Artaud de Montor, Verviers, Gérard & Cie,
Col. Bibliothèque Marabout, # G1, s.d., p. 346). Se traiter avec
bonté, n'est-ce pas un privilège si rare sur cette terre, qu'on
peut l'espérer au moins dans l'au-delà?</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-style: normal;">Mais une fois passée les récriminations répétées de Dante à l'égard du pape
Boniface VIII, il y a la rencontre, avec Béatrice, du noble
héritier </span><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj7b6yuEbmcA4LqpT4rgOZxlklFNzQbEv0yLwTqR8ed6Q8pPd4jUqQT-VG_zBt6TtJGi0UDrCP6IXX4fjijSTH6zZ6tTUw1GwwsQ_mW8cd1qngmBSlunskRcmruxWmMdHUa5TqOj_j2oQjb002VtafeAH3DmgTOohshIcazk5Bb7Hqxp8xaJWxaur31KA/s503/Charles_Martel_Anjou.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="503" data-original-width="220" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj7b6yuEbmcA4LqpT4rgOZxlklFNzQbEv0yLwTqR8ed6Q8pPd4jUqQT-VG_zBt6TtJGi0UDrCP6IXX4fjijSTH6zZ6tTUw1GwwsQ_mW8cd1qngmBSlunskRcmruxWmMdHUa5TqOj_j2oQjb002VtafeAH3DmgTOohshIcazk5Bb7Hqxp8xaJWxaur31KA/w175-h400/Charles_Martel_Anjou.jpg" width="175" /></a></span><span style="font-style: normal;">de la maison d'Anjou qu'il avait reçu, jadis, en mars
1294 à Florence. Ce fils aîné de Charles le Boiteux, qui portait
nom de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgYiXyhUP_SusaOVnYBOzAdX82DUapgkkZ9Lp7RT3Jvk7r7TEDKY7qEizd1VEl45psrgSAKnCNfCJa0JQ6gHZymwXVS5fD1-DDyzqtVh7FmzTAswsnGrjE9TAA6lk3DVsgKv5fU4KTuaFq1/h120/Charles_Martel_Anjou.jpg">Charles Martel</a> (ou Martell). Nous ignorons si Dante se
trouvait parmi les chevaliers florentins envoyés à sa rencontre à
Sienne pour lui rendre hommage, toutefois, «</span><i>il est certain
qu'il se trouvait parmi ceux qui fêtèrent le séjour de Charles à
Florence où il fut reçu "avec grand honneur" nous dit
Vilani. De cette rencontre entre le Prince et le Poète devait naître
cette correspondance d'esprits affectueux qui se fit encore plus
intime et plus solide après d'autres rencontres ultérieures. Dante
nous laisse un souvenir doux et mélancolique de cette communion
d'âme dans le VIIIe chant du </i><span style="font-style: normal;">Paradis
</span><i> où l'esprit de Charles se révèle à lui en des termes
chaleureux...</i><span style="font-style: normal;">» (G. L.
Passerini. </span><i>Dante et son temps, </i><span style="font-style: normal;">Paris,
Payot, Col. Bibliothèque historique, 1953, p. 67) :<br /></span></p><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-style: normal;">«</span><i>Ce
jeune prince angevin que Dante avait chéri</i><span style="font-style: normal;">»
(Louis Gillet. </span><i>Dante, </i><span style="font-style: normal;">Paris/Montréal,
Flammarion/Americ=Edit. 1941, p. 323) avait vécu peu, ce qu'il
n'omet pas de rappeler au poète :</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><i></i></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><i>.....................Ce bas monde
m'a connu</i></p>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><i>Peu de temps : et si
j'y étais demeuré davantage</i></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><i>Bien des maux auraient
pu être évités.</i></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><i>La béatitude
éternelle me cache à tes yeux,</i></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><i>M'enveloppant de son
rayonnement</i></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><i>Comme le ver à soie
qu'entoure le cocon. </i>
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><i>Tu m'as beaucoup aimé,
et à juste titre</i></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><i>Car si j'étais
demeuré ici-bas, je t'aurais montré</i></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><i>De l'amour que j'avais
pour toi plus que les simples promesses. </i><span style="font-style: normal;">(Cité
in G. L. Passerini. op. cit. p. 67).</span></div></blockquote><div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-style: normal;"></span></div><div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-style: normal;"> </span></div><div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-style: normal;">En effet, aux dires de Dante, sa relation avec le jeune prince se déroula entièrement sous le signe de l'amour </span>:</div><blockquote><div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">«<i>En
mars de cette année-là </i><span style="font-style: normal;">[1294],
</span><i>Charles d'Anjou, dit <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhlbgm3pQ4-LFbMAODpstVj8POl8o59B4LsnNTm7bAC1XRIalrwjnE9B3f9eouwbh8fy3EmIr7_YDcrBafCOgdPFGwD_o0jt8gdRvVI7Hay9yMB0Bsrs9MxuH2O66yubqVb6-Sb-Zc2Htgv/h120/Martell_k%25C3%25A1roly.jpg">Charles Martel </a>ou Charles </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhr6phvc5V9WtTOC2aHXKl5hRFS4XT9gWdQBYumtBW0TJA0DZLG5WJem1vuezgpZU2QmyyYUthbUhmCgijQ9gGcERR4mw1Q_tQc4dXGEPrw03uwBAXUF0ygCaw60LuUcHOgqmV8BSrfL9okp8ME28Cv4zsosEQa0hpbxNHHub2GinYexjLb8me_GowU9Q/s281/Martell_k%C3%A1roly.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="281" data-original-width="220" height="281" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhr6phvc5V9WtTOC2aHXKl5hRFS4XT9gWdQBYumtBW0TJA0DZLG5WJem1vuezgpZU2QmyyYUthbUhmCgijQ9gGcERR4mw1Q_tQc4dXGEPrw03uwBAXUF0ygCaw60LuUcHOgqmV8BSrfL9okp8ME28Cv4zsosEQa0hpbxNHHub2GinYexjLb8me_GowU9Q/s1600/Martell_k%C3%A1roly.jpg" width="220" /></a><i>le Jeune,
fils du roi de Naples et prétendant au trône de Hongrie, séjourna
à Florence durant quelques semaines, accueilli par la commune guelfe
avec de somptueuses festivités. À cette occasion, il rencontra
Dante, qui avait six ans de plus que lui et devait faire partie de
l'une des délégations désignées par la commune pour lui faire
honneur. Entre eux deux naquit une sympathie immédiate, qui n'eut
pas de suite car l'Angevin mourut brusquement l'année suivante. Tout
cela se déduit du chant VIII du </i><span style="font-style: normal;">Paradis,
</span><i>où Charles Martel va à la rencontre de Dante avec joie,
et, lui révélant son identité – car son aura lumineuse empêche
Dante de le reconnaître...</i><span style="font-style: normal;">»
(A. Barbero. </span><i>Dante, </i><span style="font-style: normal;">Flammarion,
2021, p. 157).</span></div></blockquote><p>Témoignage de cet amour que le jeune prince vouait au poète : <br /></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<blockquote><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">«<i>Juste
avant de dire son nom, Charles Martel cite le premier vers d'une
chanson de Dante, </i>Vous dont l'esprit meut le troisième ciel, <i>ce
qui a fait spéculer sur l'engouement éventuel du jeune prince pour
la poésie, qui allait trouver avec Dante un territoire commun
suffisant à combler la distance sociale qui devait être respectée
entre eux. Mais on ne peut exclure non plus une rencontre dans un
tout autre milieu et en une tout autre occasion, c'est-à-dire quand
le lecteur du </i>Studium <i>dominicain de Santa Maria Novella, le
célèbre prédicateur Remigio del Chiaro Girolami, prononça un
sermon en l'honneur de Charles, en commentant le verset </i>Deus
indicium tuum regi da et iustitam tuam filio regis» (A. Barbero.
ibid. pp. 157-158).</p></blockquote>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">Comme
si souvent dans la vie de Dante et dans ses actions
politiques, nous naviguons surtout sur des spéculations. Les
exégètes, par exemple, se disputent sur la formulation de
l'interpellation de Dante devant l'ombre de Charles qu'il n'a pas
encore <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiw5-qd2VFzGo2nZwoPCuO1V8eZn58nFmO-fZ50BZIA5Dv-pweql4Q1kzgWHpCLPKyTN_Is7dYyFFhxYzfL7XgJsmIysbjajVk0q09Ul1Teg7iGOrZY4bwScbJMvT3BFQPA2mp3vFTG7vD56aJr6s8CCg13Kg54PKRSq_-dLIj8Uj5sM68cRvSYQd4VDA/s600/francesca-da-rimini-and-paolo-malatesta-1819.jpg!Large.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="600" data-original-width="473" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiw5-qd2VFzGo2nZwoPCuO1V8eZn58nFmO-fZ50BZIA5Dv-pweql4Q1kzgWHpCLPKyTN_Is7dYyFFhxYzfL7XgJsmIysbjajVk0q09Ul1Teg7iGOrZY4bwScbJMvT3BFQPA2mp3vFTG7vD56aJr6s8CCg13Kg54PKRSq_-dLIj8Uj5sM68cRvSYQd4VDA/w315-h400/francesca-da-rimini-and-paolo-malatesta-1819.jpg!Large.jpg" width="315" /></a>reconnu : <i>Deh, chi siete? - Pour Dieu, qui êtes-vous?.
</i>Certains ont voulu rectifier le vers en le mettant au singulier :
<i>Di', </i>mais le pluriel s'explique si l'on en croit A. Vallone.
P. Pézard «<i>soupçonne dans le pluriel une intention délicate
: Dante s'adresse à Charles Martel, certes, mais du même coup, et
comme d'instinct, à une autre âme toute proche, et comme
inséparable du premier bienheureux, encore que Charles ait fait un
pas de plus vers Dante. Cette seconde âme qui ne parle pas et laisse
parler Charles "seul" pourrait être la "belle
Clémence", son épouse tendrement aimée. L'affectueux appel du
chant IX, vers 1, se justifierait ainsi par une vue immédiate qui
n'a pas besoin d'être décrite davantage. Le saint couple uni par la
Vénus céleste ferait ainsi pendant au couple indissoluble, mais
coupable de "fol amour", qu'entraîne la tourmente de
l'enfer : là aussi, l'un des deux amants se taisait, </i>Inf. V
139-140...» Dante. <i>Œuvres complètes, </i>Paris, Gallimard, Col.
Bibliothèque de la Pléiade, # 182, 1965, p. 1421, n. 44). Pézard
rappelle ici l'épisode de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh6IiXkOHl6mo4MU7WmIvCmkQl_GUqp1fSM2l6FcYO5zS2C0_jTSAqmoUid-HRM6dW6fyQX3BxsAnLFB49xlfHua9q2uFxWC9cFGXx0c1kZGog6qzSGwmb_xj61uEcwVV8Obsmu1T0JOG-7/h120/francesca-da-rimini-and-paolo-malatesta-1819.jpg%2521Large.jpg">Francesca da Rimini</a>, accompagné de son
amant, Paolo Malatesta son beau-frère (lui silencieux), tous
deux tués de l'épée de Gianciotto Malatesta et qui paient leur adultère pour l'éternité en Enfer! Le respect de la
morale nuptiale mène les amants au Paradis là où l'adultère les
menait en Enfer.</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">Les
premiers vers du Chant IX confirmerait l'hypothèse de Pézard
: <i>Ô belle Clémence, ton Charles éclaircit ainsi mes doutes, et
me prédit ensuite les tromperies que devait </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEihWHq2H6CU6Heq_YaQvLVBINLNR0cirppFnMyZ0g6iztDeK3Be9U6X30vAknVbMkJd-PLbL1XnjnZaUobt_fVmh6kEK7TCfKwqbLgDS03ZLdhmBIFlfj3s2xh6iy8COLez3H8-4prLzdVvABBycFiqfspLtDvgYwfVwPwD0gmbBeVglVQtGBqajbJtsg/s313/Clementia_of_Habsburg.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="313" data-original-width="250" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEihWHq2H6CU6Heq_YaQvLVBINLNR0cirppFnMyZ0g6iztDeK3Be9U6X30vAknVbMkJd-PLbL1XnjnZaUobt_fVmh6kEK7TCfKwqbLgDS03ZLdhmBIFlfj3s2xh6iy8COLez3H8-4prLzdVvABBycFiqfspLtDvgYwfVwPwD0gmbBeVglVQtGBqajbJtsg/w319-h400/Clementia_of_Habsburg.jpg" width="319" /></a><i>subir sa race. Mais il
ajouta : "Sois discret et laisse voler les années". Je
dois donc me borner à dire que vos malheurs exciteront de justes
regrets. bientôt cette sainte lumière retourna vers Dieu qui la
remplit, comme vers le souverain bien qui suffit à toutes les
créatures. Âmes ingrates, que vous vous abusez! Que vous êtes
impies, lorsque vous dirigez vos pensées vers la vanité en
renonçant à une félicité si parfaite! </i>(traduction modifiée
de Chevalier Artaud de Montor. op. cit. p. 341). L'erreur résiderait ici dans une note de Lamennais qui associe Clémence à
la fille de Charles, cette Clémence de Hongrie appelée à épouser
Louis X le Hutin, roi de France. En
fait, il s'agirait bien de l'épouse de Charles, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEihWHq2H6CU6Heq_YaQvLVBINLNR0cirppFnMyZ0g6iztDeK3Be9U6X30vAknVbMkJd-PLbL1XnjnZaUobt_fVmh6kEK7TCfKwqbLgDS03ZLdhmBIFlfj3s2xh6iy8COLez3H8-4prLzdVvABBycFiqfspLtDvgYwfVwPwD0gmbBeVglVQtGBqajbJtsg/s313/Clementia_of_Habsburg.jpg">Clémence de Habsbourg</a>. Le jeune couple, connu pour l'amour sincère qui les
unissait, moururent de la peste à Naples, à quelques mois de
distante, Charles le 12 août avait suivi sa femme, morte depuis le 7
février au moins. Il n'était âgé que de 24 ans. Charles
Martel avait été couronné roi de Hongrie en 1290, quatre ans avant
son passage à Florence. À la couronne de Hongrie s'ajoutait celle
de roi de Naples et comte de Provence, ce qui explique pourquoi le
couple trouva la mort à Naples.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgKqIM5MpOvTeM2JVBW61xPNSeCqWKzJPhSoDkDSYIGT1TxT6NkHEz1ACyuDDxvkYJ6jzikPmRrWh6OiU55xhND0oMvzLYwtU0sGRt5Tr7rlq8-UfNW6BHK_EwHQj88RqYuUPrrFCLHFE0N6LiCbirjvVnaDSrJVCmdsGaITEktxqpiHvXFOeeI-TNgYQ/s447/Federico_Faruffini_-_Sordello_e_Cunizza.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="447" data-original-width="260" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgKqIM5MpOvTeM2JVBW61xPNSeCqWKzJPhSoDkDSYIGT1TxT6NkHEz1ACyuDDxvkYJ6jzikPmRrWh6OiU55xhND0oMvzLYwtU0sGRt5Tr7rlq8-UfNW6BHK_EwHQj88RqYuUPrrFCLHFE0N6LiCbirjvVnaDSrJVCmdsGaITEktxqpiHvXFOeeI-TNgYQ/w233-h400/Federico_Faruffini_-_Sordello_e_Cunizza.jpg" width="233" /></a>Après Charles et
Clémence, Béatrice et Dante voient venir vers eux «<i>une autre
de ces splendeurs</i><span style="font-style: normal;">». Il s'agit
ici de Cunizza da Romano, née en 1198, fille d'Azzelino et sœur du
fameux tyran Azzolino III que Dante et Virgile avaient rencontré en
Enfer. Elle serait morte, très âgée dit-on, en 1279, soit du
vivant de Dante. «</span><i>Douée d'une nature violente, </i><span style="font-style: normal;">précise
Pézard, </span><i>elle eut trois maris et plusieurs amants, entre
autre le troubadour <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh7v02e7DjDcwuwJCq67O4DoNLowRZ2rjNEhnmp16UVgNtobPvlnuYrYYNNErMHMo4gywDdrzQ17hH9N_BujuJBU3KaJDT9hyztFq-8eU9LmzyWzHuhYXBi2YZIS_zgiBi-0seFHT8F3Rc_/h120/Federico_Faruffini_-_Sordello_e_Cunizza.jpg">Sordel</a></i><span style="font-style: normal;">»,
rencontré, lui, au Purgatoire. Si Dante la monta au Paradis, ce
serait à cause de sa conversion, même tardive, mais surtout pour la
pure charité par laquelle elle affranchit les serfs et mainmortables de
son père et de ses frères (1265).</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhcFsZYdJcDH9UVu2-YdGt4PkUCbqcA4vOMHtAK5pRw71QIWBSnXh9UEgbn3aSbIgNR2mHa_jsnS0-pl4rJFWLyySKn60yzq8GPveGEE5U2DddJ2ViOttR6nZoHg3RrGho9-LUvm65GfLMlSHZWgaCa04yH16G_E8OOD-lPZIku-OkRS-ltymC_OUt6aQ/s319/260px-EzzIII.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="319" data-original-width="260" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhcFsZYdJcDH9UVu2-YdGt4PkUCbqcA4vOMHtAK5pRw71QIWBSnXh9UEgbn3aSbIgNR2mHa_jsnS0-pl4rJFWLyySKn60yzq8GPveGEE5U2DddJ2ViOttR6nZoHg3RrGho9-LUvm65GfLMlSHZWgaCa04yH16G_E8OOD-lPZIku-OkRS-ltymC_OUt6aQ/w261-h320/260px-EzzIII.jpg" width="261" /></a>Cunizza
appartenait à l'une de ces familles qui, dans la Florence d'avant les Médicis, était reconnue pour ses tyrannies et ses outrages.
Ainsi, la mère enceinte d'<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjgRzVCFaafHcj-2M7BWU4PGDSzBSLQhz3oK5VWFX9wnvyNAjAyh1_Zds4inkpsDfRounINM8qLbTYoQzryDoUvGwzMzIoF6t7Smj3mKyDFdTBk44uMNCoShue4-dJu5PRzLRlelc6jTy1l/h120/260px-EzzIII.jpg">Azzolino III</a>, le frère de Cunizza,
avait-elle rêvé qu'elle accouchait d'une torche ardente qui
mettrait le feu à toute la Marche Trévisane :</p><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><i></i></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><i>j'eux nom Cunice et ici resplendis</i></p><div align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><i>m'étant brûlée aux feux de cette étoile; </i></div></blockquote><div align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><i></i> </div>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><i></i></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><i></i></p><blockquote></blockquote><div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><i></i></div></blockquote><div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><i></i></div>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">Pézard
rappelle ici que la référence à Vénus vise moins la planète
elle-même que l'expression, <i>les feux de Vénus, </i>qu'il faut
entendre au sens physiologique du terme :</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><i></i></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><i></i></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><i>bel et gaîment je
pardonne à moi-même</i></p>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><i>ces causes de mon
sort, et ne m'en fâche :</i></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><i>vulgaire gent s'en
pourrait ébahir.</i></div></blockquote><div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><i></i></div></blockquote><div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><i></i></div>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">L'intervention de la
galante Cunizza, qui avait été si folle de son corps avant de finir
dans les bonnes œuvres, semble n'avoir sa raison d'être au Paradis
que pour introduire une autre âme : <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiS4QNkDVb6E54FyMhq3JP4vcBdnr379gS52nYA3OLO3iUXE9s5gMlmeKjVWAqnnCJLJqpeVOolZAf6V0wkilhi4pBAJH0vOzEyudeKU0Ih3UUETYif6dMqnPixOFRIBuYwP6QngqhYROui/h120/1K002578_Divine_Comedy_Giovanni_di_paolo.jpg">Folquet de Marseille</a>, évêque
et troubadour de la seconde moitié du XIIe siècle (<span style="font-family: Times New Roman, serif;">±</span><span>1155-1231)</span> qui, lui aussi, avait
tant aimé les femmes «<i>jusqu'à l'âge des cheveux gris</i><span style="font-style: normal;">». Et,
d'ajouter Gillet : «</span><i>il n'en marque du reste aucune
trace de repentir, car la tristesse et le repentir n'entrent pas dans
le Paradis</i><span style="font-style: normal;">» (L. Gillet. op.
cit. p. 323).</span></p><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"></p>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh-v11ZlqOxg77nf5Q5B94yckyayekjktGe21XjXh6tK0ISWh7joz2SIW_laofy9O7gPss2ANHmZWRImB8KFFSESf6OA--7gFuGOQCvcZb-g8fJqWrCc0KhwrfG4NTfVieFTA054hOa3QlRlhxippEIXdu9qqbKmrCDDHVE9RBtypT222Pi9irK16nb2g/s800/1K002578_Divine_Comedy_Giovanni_di_paolo.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="386" data-original-width="800" height="193" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh-v11ZlqOxg77nf5Q5B94yckyayekjktGe21XjXh6tK0ISWh7joz2SIW_laofy9O7gPss2ANHmZWRImB8KFFSESf6OA--7gFuGOQCvcZb-g8fJqWrCc0KhwrfG4NTfVieFTA054hOa3QlRlhxippEIXdu9qqbKmrCDDHVE9RBtypT222Pi9irK16nb2g/w400-h193/1K002578_Divine_Comedy_Giovanni_di_paolo.jpg" width="400" /></a></div><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">Un texte médiéval sur les troubadours nous informe que Folquet de Marseille... <br /></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">«<i>était fils d'un marchand de Gênes qui
avait nom Alphonse. Et quand le père </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh8M4fENVvKCkpF9GrJicHJV1RjdmQyDlm8pjdSFjpCyLr3TuxoIAkf8pxgQ0NfqUj0u-Abd2dTqyQEUVz-9cKtL3Yqo8mMbdkHVDK6tDGkT0vGEXy7cgUhCWLG6leSBE2p5gmOSMtvfMatf_AvReEPdihw0nxkB3_l3LM96NrlwHw_yQgQ2RInn8339w/s321/220px-Folquet_de_Marseilla.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="321" data-original-width="220" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh8M4fENVvKCkpF9GrJicHJV1RjdmQyDlm8pjdSFjpCyLr3TuxoIAkf8pxgQ0NfqUj0u-Abd2dTqyQEUVz-9cKtL3Yqo8mMbdkHVDK6tDGkT0vGEXy7cgUhCWLG6leSBE2p5gmOSMtvfMatf_AvReEPdihw0nxkB3_l3LM96NrlwHw_yQgQ2RInn8339w/s320/220px-Folquet_de_Marseilla.jpg" width="219" /></a><i>mourut, il laissa <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEihhF-t1ybXPM4Kb91Mq7WXKqohCC2c3lgbyYq-0Jyd40EVj45b1PY5UP1E4wM8xUWcKB9oKQQMQ4t_aObbrQ4htoQT-sIryXcy-XcZgzxQ7soZ01q3eFDMDinnm7vedgoNNHTq_0vlL_0f/h120/220px-Folquet_de_Marseilla.jpg">Folquet</a> très
riche. Celui-ci s'entendait bien en courtoisie et en vaillance, et il
se mit au service des barons et des hommes de valeur, rivalisant avec
eux de largesse, de générosité, d'allées et de venues. Il fut
bien accueilli et honoré par le roi Richard </i>[Cœur de Lion]<i>, par le comte Raimon de
Toulouse et par Baral, son seigneur de Marseille.</i></p></blockquote><p></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><i>C'était un très bon
poète et il était très gracieux de sa personne. Il aima la femme
de son seigneur Baral. Il la sollicitait et faisait ses chansons sur
elle. Mais ni par prière ni par chansons il ne sut trouver grâce
auprès d'elle, car elle ne lui accorda nul bien d'amour. C'est
pourquoi il se plaint toujours d'Amour dans ses chansons.</i></p></blockquote><p></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiZUxwKS_SvV4FCaGeW-FwOnlMVDx3gr6QGD5K0zHUDiZOmfohBUXq_zpruz4R5nshu8K1Bw_98Lm8OZQhXsomK6G-mDBBdLhV8OTeu-QlXRvMOSWGEWoPmvMTk_FWx_HvTTblSEkOHDoy8eO4A49cgGWMWOKHpDPnWQj1YMLxBXaeQ4lcZ-6SGci2MdQ/s424/large.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="424" data-original-width="300" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiZUxwKS_SvV4FCaGeW-FwOnlMVDx3gr6QGD5K0zHUDiZOmfohBUXq_zpruz4R5nshu8K1Bw_98Lm8OZQhXsomK6G-mDBBdLhV8OTeu-QlXRvMOSWGEWoPmvMTk_FWx_HvTTblSEkOHDoy8eO4A49cgGWMWOKHpDPnWQj1YMLxBXaeQ4lcZ-6SGci2MdQ/w226-h320/large.jpg" width="226" /></a><i>La dame mourut; <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgEDlDaja6I7jU4ph5sQvF_kEkORwFqEIse_KzLmQ6Ku6Dw8TfGKJ1CXik8ptNy4PNYLLrfHHje1Z3UH-8FK-QGNEWdCj41-lwGyuGGRbRYZRu-yXLtOeQe7RfkXnCecybiWcUWQH_0jdSK/h120/large.jpg">Baral</a>,
mari de la dame, le seigneur qui lui faisait tant d'honneur, et le
bon roi Richard et le bon comte Raimon de Toulouse et le roi Alphonse
d'Aragon – tous moururent aussi. Folquet, à cause de la tristesse
qu'il eut de la mort de sa dame et des princes que je viens de vous
nommer, abandonna le monde. Il entra dans l'ordre de Cîteaux avec sa
femme et ses deux fils. Il fut fait abbé d'une riche abbaye qui se
trouve en Provence et qui a nom Toronet. Puis on le fît évêque de
Toulouse; et c'est là qu'il mourut</i><span style="font-style: normal;">»
(M. Egan (éd.) </span><i>Les vies des Troubadours, </i><span style="font-style: normal;">Paris,
U.G.É. Col. 10/18, # 1663, 1985, pp. 79 et 81; cité in H.-I.
Marrou. </span><i>Les troubadours, </i><span style="font-style: normal;">Paris,
Seuil, Col. Points-Histoire, # H5, 1971, pp. 34-35).</span></p></blockquote>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">Folquet – ou Fouquet
comme on l'appelle en français d'oil – était un clerc accompli. Sa
connaissance des classiques se reflète dans ses citations de poètes
latins, comme Ovide <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEicV1TVhG8jlt55OCZlcuby8Vb3coedKCjrOYENsZQY3grIntmKimV5alUet7JvCJ-eYKPF_S2MRLbqi2__zB7oX_Qw0EloAj4sBgIE3-zTGg80D7hsIaLG7LfG2iP3PTodgUAHadhV6jl8UTwxFT2iYOWd6sCVQ5fH3_0wBs93fvxz15MbJ_ZTyWkntQ/s599/Friedrich_von_Hausen.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="599" data-original-width="414" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEicV1TVhG8jlt55OCZlcuby8Vb3coedKCjrOYENsZQY3grIntmKimV5alUet7JvCJ-eYKPF_S2MRLbqi2__zB7oX_Qw0EloAj4sBgIE3-zTGg80D7hsIaLG7LfG2iP3PTodgUAHadhV6jl8UTwxFT2iYOWd6sCVQ5fH3_0wBs93fvxz15MbJ_ZTyWkntQ/w276-h400/Friedrich_von_Hausen.jpg" width="276" /></a>(une quinzaine), et ses vers sont suffisamment
diffusés pour être réutilisés par les Minnesänger <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgl0UDY4fbftl1opdlqUCN-Ss_FY1Bs2OitBuHmEW6pGppLnDvP2n1ze6rbgw0J7m1K8nBnSfCitBRGEvTWlqYkApa_-0XaoSZYfrAzIkIiGqCB02NTyU3PKUh_C1Uem36jhG0ij9XAzSxL/h120/Friedrich_von_Hausen.jpg">Friedrich von Hausen</a> et Rudolf von Fenis-Neuchâtel (H.-I. Marrou. ibid. p. 80). Ce
n'est donc point le moindre des troubadours occitans de la seconde
moitié du XIIe siècle, ce qui explique qu'on le retrouve dans <i>la
Divine Comédie </i><span style="font-style: normal;">qui «</span><i>consacre
quatre épisodes aux troubadours Bertrand de Born </i><span style="font-style: normal;">(</span><i>Enfer
</i><span style="font-style: normal;">xxviii)</span><i>, Sordel et
Arnaud Daniel</i><span style="font-style: normal;"> (</span><i>Purgatoire
</i><span style="font-style: normal;">vi-ix et xxvi),</span><i>
Fouquet de Marseille</i><span style="font-style: normal;"> (</span><i>Paradis
</i><span style="font-style: normal;">ix</span><i>)</i><span style="font-style: normal;">»
(H.-I. Marrou. ibid. p. 180). La question demeure pourquoi, alors que
Bertrand de Born se trouve dans l'Enfer et Arnaud Daniel et Sordel au
Purgatoire, ce qu'a bien pu faire Folquet de Marseille pour se mériter le Paradis?</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-style: normal;">Rien au départ
ne le distingue des autres troubadours et
trobairitz du temps : «</span><i>Bel esprit fameux et en outre bel
homme, il aima et </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhre8RpN7yqsN8WUx5XjjoBr1hcg_04ONmzwLVDCrr43CTR5-CGLi2t2gsq1lAH6YETDhD_t7FprJSYhv3rvfsMUtaSXAzy_CiayhkVkiCuGgNtDszCUyP3RsbjBAiGWSkd3pXZyhLrpduKLZ9dmF1i3EYA-pn3EqbB2fj_K5XlxBMM8IgiMVcNSilrOw/s264/250px-Azala%C3%AFs_de_Porcairagues_-_BN_MS12473_1.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="264" data-original-width="250" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhre8RpN7yqsN8WUx5XjjoBr1hcg_04ONmzwLVDCrr43CTR5-CGLi2t2gsq1lAH6YETDhD_t7FprJSYhv3rvfsMUtaSXAzy_CiayhkVkiCuGgNtDszCUyP3RsbjBAiGWSkd3pXZyhLrpduKLZ9dmF1i3EYA-pn3EqbB2fj_K5XlxBMM8IgiMVcNSilrOw/w379-h400/250px-Azala%C3%AFs_de_Porcairagues_-_BN_MS12473_1.jpg" width="379" /></a><i>chanta bien des dames, et en particulier <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgRYQNT4m-_5Oo6NwyNjkpzuTUxOUXidYC8g_j8FipRy_ztfjNjv_986ZZ6hHvToDIWjk9VAjtM5i_M0AIt2rKxZYrwdOEJUvOd_Ls8hniI-Hkklmb9lFjr0DWphSlcS63lFaux7_bxt2A_/h120/250px-Azala%25C3%25AFs_de_Porcairagues_-_BN_MS12473_1.jpg">Azalaïs des Baux</a>, la femme de Barral, mais de celle-ci, dit-on, il ne reçut
pas les dernières faveurs. Après qu'elle fut morte, puis Barral à
son tour, et enfin le roi Alphonse d'Aragon, Folquet abandonna le
monde et entra dans l'ordre cistercien</i><span style="font-style: normal;">».
Aurions-nous là une explication? Comme Cunizza, qui rachète sa vie de
débauche en faisant des bonnes œuvres, serait-ce en étant entré avec
toute sa famille dans l'ordre des cisterciens que Folquet mériterait
d'être propulsé dans la sphère de Vénus? Son éducation et ses vastes
compétences lui auraient-elles mérité d'être élu abbé du Thoronet,
enfin évêque de Toulouse (1205) où il chauffa la guerre contre les
Albigeois? Dans sa </span><i>Chanson de la croisade, </i><span style="font-style: normal;">le
comte de Foix prétend que Folquet fit mourir cinq cent mille hommes
et l'appelle Antéchrist. «</span><i>Enfin, </i><span style="font-style: normal;">conclut
Pézard, </span><i>il favorisa la fondation de l'ordre des frères
prêcheurs </i><span style="font-style: normal;">[Dominicains]
</span><i>(1215-1216) et c'est sans doute pourquoi Dante lui fait au
ciel une si belle place. Il mourut en 1231. Dante cite un poème de
Folquet, dans le </i><span style="font-style: normal;">De vulgari
eloquentia II vi 6...) (P. Pézard. op. cit. pp. 1433-1434, n. 82).</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">On peut douter du tableau
de chasse des 500 000 Albigeois, l'attribution provenant d'un supporteur de la secte des hérétiques, mais il est vrai qu'il leva une
armée pour appuyer <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiWaW0q6XapOSFrCgElzJb1N-JTJcNcFz09NXcchyGivTkKoBop7fQnpUHTX5ewh1DseH-XmP9PQMNsSXOiE1XaoK4eNlCFmpbgPJFM8QkZoSIuzsb2eXCpZL519hKTuOn0gP8PYkWRok0_r11pripx-gBvaazgh2Y57lz7y1sxI40B0inl_79Y-i3dvw/s612/Folquet_Marseille_Bnf.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="612" data-original-width="478" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiWaW0q6XapOSFrCgElzJb1N-JTJcNcFz09NXcchyGivTkKoBop7fQnpUHTX5ewh1DseH-XmP9PQMNsSXOiE1XaoK4eNlCFmpbgPJFM8QkZoSIuzsb2eXCpZL519hKTuOn0gP8PYkWRok0_r11pripx-gBvaazgh2Y57lz7y1sxI40B0inl_79Y-i3dvw/w313-h400/Folquet_Marseille_Bnf.jpg" width="313" /></a>Simon de Montfort dans sa conquête du comté de
Toulouse. Il semble même être le seul troubadour à avoir troqué le
chant d'amour pour les cris de haine et d'hallali des hérétiques. L'Église
n'a pas été moindre dans les honneurs puisqu'elle l'a <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjV8iycJqd5c9u8dA_iyp-hfq3SiVWe1t7-NqccfC1B1vmI5H_Gf7R3xWfCymPwC12HGDcErHhjZz_54pqM2tQsU9jPRYNIV2FsaQaFQBLdkJ1DvuBQV1kSRmNLcnkT9BOp0iD92HsSh59Q/h120/Folquet_Marseille_Bnf.jpg">béatifié</a>. Ce qui amène à
poser une question. Peut-on avoir commis des actes aussi atroces et
se montrer capable de gestes de bonté? La complexité de l'âme
humaine est telle que bien des attitudes ou des comportements aussi
antithétiques peuvent parfois se côtoyer chez la même personne.
Dans le cas de Folquet, il est vrai, le fait de se faire cistercien
n'est synonyme en rien d'un acte de bonté! Être désigné pour
devenir évêque de Toulouse non plus, même si en arrivant, Folquet
y trouva une situation plutôt anarchique :</p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">«<i>Toute grande cité
avait son évêque, lequel était un puissant seigneur, souvent
co-suzerain de la ville, parfois suzerain unique. Béziers, Toulouse,
prêtaient hommage à la fois au comte (ou au vicomte) et à l'évêque
</i><span style="font-style: normal;">[...]. </span><i>Même dans le
cas – comme à Toulouse avant l'avènement de Foulques – où
l'autorité de l'évêque était pratiquement inexistante, l'évêché
disposait d'un vaste appareil administratif, judiciaire, fiscal, qui
employait un grand nombre de personnes, des clercs pour la </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEix4gpftiV63zErkYsFclhJL-DrfRWYgjYGrGtaI_qPHJNBBs-_eHpAwP9y_xQsj0f9Ei0WoqNvDE8lZ6l28-8bl0961IAX-tbqAH3tQKiov7MFsk_KZVUcWA6mRhC-kXxVCXHVWu-R97LmT00sxB3rwt4fj1C63wKBbauUetUhwvbzZvYObFNOoSYF8A/s1400/abbaye-fontfroide.webp" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="787" data-original-width="1400" height="180" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEix4gpftiV63zErkYsFclhJL-DrfRWYgjYGrGtaI_qPHJNBBs-_eHpAwP9y_xQsj0f9Ei0WoqNvDE8lZ6l28-8bl0961IAX-tbqAH3tQKiov7MFsk_KZVUcWA6mRhC-kXxVCXHVWu-R97LmT00sxB3rwt4fj1C63wKBbauUetUhwvbzZvYObFNOoSYF8A/w320-h180/abbaye-fontfroide.webp" width="320" /></a><i>plupart,
qui tra-vaillaient pour lui et en vivaient. Avant la croisade, à
l'époque où l'Église était affaiblie et déconsidérée, le
Languedoc comptait beaucoup d'abbayes puissantes et prospères; la
réforme cistercienne avait créé un renouveau de foi catholique, et
le troubadour Foulques de Marseille, loin de se faire cathare,
s'était fait moine à <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgPHjybafBuVM7cIZFK_LfkIk_U7v9ECwhOgo3BSaX66flG5r2fmjlpeRGCghKv_XtvoJj84d5B2W0Qwc8VknM1xH2gL65xXwc-vFdso8wH7ufeDYSVyyuxiYPfzKS5IhZ3gXPqPKl4ZDTz/h120/abbaye-fontfroide.webp">Fontfroide</a>. Les couvents n'étaient pas tous
pourris ou désertés en masse, les abbayes comme celles de
Grandselve ou de Fontfroide étaient des centres d'une intense vie
religieuse et les moines qui y vivaient dans le jeûne et la prière
pouvaient rivaliser d'austérité avec les parfaits </i><span style="font-style: normal;">[les
cathares]. </span><i>Le nombre et la grande richesse de ces abbayes
montrent que, malgré les lamentations des papes et des évêques,
l'Église dans le Languedoc était loin d'être réduite à néant;
la haine même qu'elle suscitait témoigne de sa relative puissance,
et quand elle n'aurait eu d'autres partisans que les clercs
eux-mêmes, ces clercs constituaient déjà, au sein du pays, une
minorité numériquement assez faible, mais non négligeable.</i></p></blockquote><p></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><i>Le seul fait qu'ils
menaient une vie plutôt aisée et étaient, en tout cas, presque
</i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg2JGIyYQtrXiCrQ8VhPemEBBomhm9DCuv30z1NTaCmffpi-lZnn4RpJn8YWupZn0oDY6_OgtC_vYSH95LWReZdcGgqoEy940g2Id055LLlaXjPeNytoGoWY9x646JG1GGF_QBndctQf8hi29bL2rzHLeImXwD3j1_8ClSATYyAYMEI_X-rm3v3R6LmEA/s300/universite_medievale_ballade_poesie_etude_science_moyen_age_tardif_eustache_deschamps-300x242.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="242" data-original-width="300" height="258" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg2JGIyYQtrXiCrQ8VhPemEBBomhm9DCuv30z1NTaCmffpi-lZnn4RpJn8YWupZn0oDY6_OgtC_vYSH95LWReZdcGgqoEy940g2Id055LLlaXjPeNytoGoWY9x646JG1GGF_QBndctQf8hi29bL2rzHLeImXwD3j1_8ClSATYyAYMEI_X-rm3v3R6LmEA/w320-h258/universite_medievale_ballade_poesie_etude_science_moyen_age_tardif_eustache_deschamps-300x242.jpg" width="320" /></a><i>toujours à l'abri du besoin, leur conférait déjà une sorte de
supério-rité. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhEX_x1QhL_coLfU89bB7zJYasgE90YP-hz82dHz4nOPynIusFMZftkkKN48Lva8CbYBmXJn4byss2cZuY9V6iTTiFKlOROTcdRva7apb2IppT7WRgAb7xQbro-3_LzS3d6kIpjtC7uhtBt/h120/universite_medievale_ballade_poesie_etude_science_moyen_age_tardif_eustache_deschamps-300x242.jpg">Lettrés</a>, ils étaient des auxiliaires souvent
indispen-sables dans la plupart des actes de la vie civile.
Secrétaires, comptables, traducteurs, notaires, parfois savants,
ingénieurs, architectes, économistes, juristes, etc., ils formaient
même en un pays qui se sécularisait à vue d'œil, une élite
intellectuelle dont on ne pouvait se passer</i><span style="font-style: normal;">»
(Z. Oldenbourg. </span><i>Le Bûcher de Montségur, </i><span style="font-style: normal;">Paris,
Gallimard, Col. Trente journées qui ont fait la France, # 6, 1959,
pp. 232-233).</span></p></blockquote>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">Ainsi, être évêque à Toulouse n'était pas moins qu'être pape à Rome : </p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">«<i>...tout comme les
grandes villes italiennes de l'époque, Toulouse était sans cesse en
proie à des luttes intestines, sans gravité réelle du reste, mais
où les clans rivaux </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhHZ9AW63dSImJmFqV-7bT7KFzULmLzZXylSEdZ8S_lgHpK-w65RqKb8A4-k6a8YB_5-BtRM6t0sAqXSCNRnQalEyRflRaBhYmtaY7qyf_YTc9m3CSCm7X4gCOy-bVZ8_DrktUNsqJqOEg4zaTqI7kNiTIBhkIs3aqU9inv__ZlrI9_wGnhYROBD5dn4A/s1711/FRAC31555_BB0273_09_r_1440.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1711" data-original-width="1200" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhHZ9AW63dSImJmFqV-7bT7KFzULmLzZXylSEdZ8S_lgHpK-w65RqKb8A4-k6a8YB_5-BtRM6t0sAqXSCNRnQalEyRflRaBhYmtaY7qyf_YTc9m3CSCm7X4gCOy-bVZ8_DrktUNsqJqOEg4zaTqI7kNiTIBhkIs3aqU9inv__ZlrI9_wGnhYROBD5dn4A/w280-h400/FRAC31555_BB0273_09_r_1440.jpg" width="280" /></a><i>s'affrontaient et se défiaient, les uns prenant
parti pour le comte, les autres pour les consuls, les autres pour
l'évêque, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEivFNN_2VCWSeH-HO7neCjM3SVQFnnR7_vRUaTj-dNu92j78xqh3bYi_cB-E1PjibZXsOyKO0kTpHcLp2lm19dDdMBbebD_Ok-tibts-8MSYsFWRrn5SzXHC4KQ-0ED1vWHdh-mH9o5iupJ/h120/FRAC31555_BB0273_09_r_1440.jpg">Toulouse</a> jouait dans la vie de son pays le rôle que
Paris devait jouer dans la vie de la France quelques siècles plus
tard; plus qu'une ville, un monde, un symbole, un centre de
rayonnement, la tête et le cœur de la province. Toutes les
tendances, tous les mouvements y étaient représentés, tous y
jouissaient du droit de cité dans une liberté souvent orageuse mais
réelle. Foulques de Marseille, le jour où il y faut nommé évêque,
eut quelque mal à se faire accepter de ses nouveaux paroissiens.
Mais, homme éloquent et énergique, il eut vite fait de grouper
autour de lui la population catholique de la cité et cinq ans après
sa nomination, il était dans Toulouse, une véritable puissance, non
en vertu de son mandat d'évêque mais par son influence personnelle</i>»
(Z. Oldenbourg. ibid.<span style="font-style: normal;"> p. 157)</span>.</p></blockquote>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">La richesse du clergé
n'avait d'égal que celle des Cathares, d'où naquirent de grandes jalousies des uns et des autres. Dominée par un protecteur des
hérétiques, le comte <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiv-US_tEqs-3AK7nvYfx0EA2yq14ff9JNRQrZTo3U7n43Tp26xllu1Yr_At_ekUem3Djp47JmtXNj0WFEw02H-a2794HqkoI9WDOae8iUF0SaDTEZDT4h_Yogy7uawzfMuWkVOUuCO2kxK/h120/Raimond6Toulouse.jpg">Raymond VI</a>, Toulouse vivait <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhmLXoIufF1lBFQoTSMmhglGD3fm0FP9vvztrcO3DK0y7-9Q0R8ITP9GuUoh7ulUjQbouBLv47S8W1ZH2cuAhEtO5PweHxWQdyRtVxss6yoMK20XBm-HmuECmWk56jk6h_Kjvgi0LCY42pXSqKsRScBBfs-qGZNg5McWd4F6QVDJqulX5snXzPimWLwow/s286/Raimond6Toulouse.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="286" data-original-width="260" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhmLXoIufF1lBFQoTSMmhglGD3fm0FP9vvztrcO3DK0y7-9Q0R8ITP9GuUoh7ulUjQbouBLv47S8W1ZH2cuAhEtO5PweHxWQdyRtVxss6yoMK20XBm-HmuECmWk56jk6h_Kjvgi0LCY42pXSqKsRScBBfs-qGZNg5McWd4F6QVDJqulX5snXzPimWLwow/w364-h400/Raimond6Toulouse.jpg" width="364" /></a>quasi dans
l'anarchie au moment où Folquet en fut nommé évêque. Son
prédécesseur, «<i>l'évêque de Toulouse, Raymond de Rabastens,
issu d'un milieu hérétique, passe sa vie à guerroyer contre ses
vassaux, et pour se procurer des ressources met en gage les terres du
domaine épiscopal. Lorsqu'en 1206 il est enfin déposé pour
simonie, Foulque de Marseille, abbé de Thoronet, son successeur, ne
trouve dans la caisse de l'évêché que quatre-vingt-seize sous
toulousains, et n'a même pas d'escorte pour mener ses mules à
l'abreuvoir (l'autorité de l'évêque est si peu respectée qu'il
n'ose pas envoyer ses mules à l'abreuvoir communal sans escorte
armée). Il est littéralement traqué par les créanciers de son
prédécesseurs qui viennent le déranger jusque dans le chapitre.
L'évêché de Toulouse, dit Guillaume de Puylaurens, "était
mort"</i><span style="font-style: normal;">» (Z. Oldenbourg.
ibid. p. 58). Mais l'énergique troubadour devenu évêque déploya
une énergie admirable pour redresser la situation du diocèse :</span></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">«<i>Arrivé en 1206 dans
un évêché ruiné et pour ainsi dire inexistant, Foulques
parviendra non seulement à payer les dettes, à rétablir l'ordre
dans les affaires (il </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj5TrVE97v-tJlhHHeLEykOgRt6_pdX7_ruLzTsTYU7Mad7m9TYjwixGhQTVYoz7OYQOaIGYGADRK2hxoLhZ-NG2KlgaFexwtb4jFzgnx5D80NUFdnuroMihy0j-aorwI7MxFUxbvSLblL8XQLaVQC-G8o114lvInNG2DT6yuJMJ7gWTzMlC2sxOCdK5Q/s303/CV%20Puylaurens%20EPS-filtered.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="303" data-original-width="192" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj5TrVE97v-tJlhHHeLEykOgRt6_pdX7_ruLzTsTYU7Mad7m9TYjwixGhQTVYoz7OYQOaIGYGADRK2hxoLhZ-NG2KlgaFexwtb4jFzgnx5D80NUFdnuroMihy0j-aorwI7MxFUxbvSLblL8XQLaVQC-G8o114lvInNG2DT6yuJMJ7gWTzMlC2sxOCdK5Q/w203-h320/CV%20Puylaurens%20EPS-filtered.jpg" width="203" /></a><i>n'était pas pour rien issu d'une famille de
marchands), il réussira à s'acquérir dans sa ville, une réelle
popularité personnelle, du moins parmi les catholiques. L'historien
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh762w4FA8TqRRtjcOizq2IbRMnjJ0Ds7pUl7a6mhvSd5P51XDYkJpNgEEEUmtFXuIJyQJeBDbC0CKe3C90O8WggkWYuCPxoyDNMsHLXDZzM_qrikMRl9tdp2AuxRPlMKmSHNcEvNUkTib6/h120/CV+Puylaurens+EPS-filtered.jpg">Guillaume de Puylaurens</a>, qui fut notaire à l'évêché de Toulouse
dès 1241, et fut de 1242 à 1247 chapelain des comtes de Toulouse,
parle de l'évêque, mort depuis quarante ans au moins à l'époque
où il rédige sa chronique, avec une vénération admirative :
Foulques avait dû laisser un bon souvenir dans les milieux
ecclésiastiques du Toulousain (Il n'est que juste de rappeler cela,
car ceux à qui il laissait un mauvais souvenir devaient être
légion.)</i>» (Z. Oldenbourg. ibid. p. 103).</p></blockquote>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">Il est évident que
Folquet ne misait pas sur la réconciliation et l'unification entre
catholiques et hérétiques. Les Cathares
véhiculaient une hérésie issue des Bogomiles bulgares totalement
imbue de manichéisme, dotant Dieu et le Diable d'une puissance égale et non hiérarchisées. Pour
Folquet, il ne pouvait y avoir de triomphe que celui de la cause
catholique qu'il s'employa à défendre et à organiser de multiples
façons : «<i>"L'évêque Foulques (dit Guillaume de
Puylaurens) qui avait grandement à cœur d'empêcher que tous les
</i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEivGyy2JL24oRn13wRV2gZiNh_flh-wxNfEIQ6jtijgzBQZOHWyrU4_bhQPOzROcS0t6giBjnvsIXQv4WnttpidpQEL-NDC6SXww1df6QL2jT3JvjWTLNaD9SGkiw_65rzrIlWUkIokbwpgUn6df8oHtPWSWLjiinfxIWTdaHyPzEixh_9fHzNZGFidTA/s1200/FRAC31555_BB0273_07_r_1434_recad.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="587" data-original-width="1200" height="196" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEivGyy2JL24oRn13wRV2gZiNh_flh-wxNfEIQ6jtijgzBQZOHWyrU4_bhQPOzROcS0t6giBjnvsIXQv4WnttpidpQEL-NDC6SXww1df6QL2jT3JvjWTLNaD9SGkiw_65rzrIlWUkIokbwpgUn6df8oHtPWSWLjiinfxIWTdaHyPzEixh_9fHzNZGFidTA/w400-h196/FRAC31555_BB0273_07_r_1434_recad.jpg" width="400" /></a><i>habitants de Toulouse fussent exclus de toute partici-pation aux
indulgen-ces accor-dées aux étrangers (c'est-à-dire aux croisés),
résolut de les attacher à la cause de l'Église par une pieuse
institution..." Cette pieuse institution n'est autre chose
qu'une confrérie de catholiques militants chargés d'une activité
ouvertement <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj3NoCCeYZdyTgwJEYXlygdTs2R4uZAm5DBZ0ZS8yJF9L0kv3kFJUBSE_T9-mdG5OdIJARPJbu1g0XO0O4qsRtVuV2V5-v0rMQnnkf2KDmer0ZfDs1f0HaXnDoZKUNhS7yw02NYosEIEHCc/h120/FRAC31555_BB0273_07_r_1434_recad.jpg">terroriste</a> : les membres de cette confrérie, surnommée
la Confrérie blanche (ils portaient une croix blanche sur leur
poitrine), sévissaient contre les usuriers (les Juifs) et les
hérétiques de la ville et détruisaient leurs maisons "après
les avoir pillées". Les victimes de ces attentats se
défendirent et "crénelèrent leurs demeures", et dès
lors, dit l'historien, "la division régna dans la ville".
Il se forma une autre confrérie, destinée à lutter contre la
Confrérie blanche et qui s'appela de ce fait Confrérie noire.
"Chaque jour, on se rencontrait les armes à la main, bannières
déployées, et même avec de la cavalerie. Par le moyen de l'évêque,
son serviteur, le Seigneur était venu pour mettre entre eux, non une
mauvaise paix, mais un bon glaive"</i><span style="font-style: normal;">»
(Z. Oldenbourg. ibid. pp. 157-158).</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-style: normal;">Nous
possédons un portrait plus juste de Folquet : «</span><i>En fait,
l'inquiétante figure de l'évêque-troubadour qui parvenu à l'âge
de quatre-vingts ans, mourra en écrivant un cantique sur la venue de
l'aurore céleste, inspire plus d'étonnement que de respect. Nous le
verrons agir avec une énergie qui est plutôt celle d'un chef de
parti extrémiste que celle d'un évêque. Guillaume de Puylaurens le
loue d'apporter aux citoyens de Toulouse "non une mauvaise paix
mais une </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhl6EMqvP2shcLKTBeHLGdGgXyMcNeJCXW7U4c6f7qT-NvU5LOkM8IUEKp1Vpp8A6E-pUz2usgJijuLLX60HJrOXxLmSt_jXBqLWStX1lk37qjjbDu6Uy-kAeDFCSrlLMeDEVlsW9haMSRxn3cWtiPWwT6r2wtVqtPA_vbX_kJhB41YRt1WYQV4rLYi5A/s768/Londres-British-Library-Royal-MS-16-G-VI-f.-374v-1-768x397.png" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="397" data-original-width="768" height="206" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhl6EMqvP2shcLKTBeHLGdGgXyMcNeJCXW7U4c6f7qT-NvU5LOkM8IUEKp1Vpp8A6E-pUz2usgJijuLLX60HJrOXxLmSt_jXBqLWStX1lk37qjjbDu6Uy-kAeDFCSrlLMeDEVlsW9haMSRxn3cWtiPWwT6r2wtVqtPA_vbX_kJhB41YRt1WYQV4rLYi5A/w400-h206/Londres-British-Library-Royal-MS-16-G-VI-f.-374v-1-768x397.png" width="400" /></a><i>bonne guerre". Son éloquence de tribun incitait à une
action réelle et concrète, et c'est à Foulques que revient le
douteux honneur d'avoir été un des seuls à réussir dans la
tentative de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh0Dr3-_i9l7CHcuYway6E6GsvNA3Exd9MuliSXTDiNONq4q20oCEspzLhhJY1OSfiBUWKkwUt4NwlwfyrZdrqU7W3LtNqxL5BXgmIjTPAT87FrVxLqHreGLJejPCh71gGtYvuyFxAdjjLz/h120/Londres-British-Library-Royal-MS-16-G-VI-f.-374v-1-768x397.png">soulever</a> les populations catholiques contre leurs frères
hérétiques. Encore ne s'agit-il là que d'un assez petit nombre de
militants fanatisés, et pour le peuple Foulques restera, comme le
diront un jour les bourgeois de la Bessède, "l'évêque des
diables"</i><span style="font-style: normal;">» (Z. Oldenbourg.
ibid. pp. 103-104). </span></p><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-style: normal;">Ce n'était pas en tant que catholique ou évêque
que Folquet se représentait sa mission à Toulouse, mais bien en
chef de guerre, en chef de parti : «</span><i>La croisade possède
un allié </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiv9S2yFHXq5oq_YeHPRhO5ppQTAbAzjsG--pxMTiqzChzMcPlSoEQzYHz2I6Qq2XZzjjAEgA4RV8eOy122MqmEQSK481MKppVkyeYYoeBpQe6Mj1getvKyemuk9RQ5TCFGTVthG09tyxOtYbkdtGBjX7MJIKS0GN1ONbljE-JSbx39oPJcjLvtz8L9nw/s556/croisade-albigeois.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="486" data-original-width="556" height="350" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiv9S2yFHXq5oq_YeHPRhO5ppQTAbAzjsG--pxMTiqzChzMcPlSoEQzYHz2I6Qq2XZzjjAEgA4RV8eOy122MqmEQSK481MKppVkyeYYoeBpQe6Mj1getvKyemuk9RQ5TCFGTVthG09tyxOtYbkdtGBjX7MJIKS0GN1ONbljE-JSbx39oPJcjLvtz8L9nw/w400-h350/croisade-albigeois.jpg" width="400" /></a><i>terrible dans la place. L'évêque Foulques est non
seulement un partisan farouche des mesures les plus radicales; c'est
un ambitieux qui cherche à occuper dans la ville et dans tout
l'évêché cette première place dont le comte excommunié s'est
rendu indigne. Durant toute la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgAizHxgobansFcQ5mTj6uv-uCyn5xm4_UW1vDSo1aJ8WiggoHLNVg5Ml4oO4teDNZuvDwVn_2EPAh20dyu5OfyKLxFj_b7oRiUzR_WsQ4UdC6wylhk3iAqRV8EO2H0Ifn4b-rnfHjHrOSx/h120/croisade-albigeois.jpg">croisade</a>, on le verra agir comme si
Toulouse lui appartenait en propre et comme s'il se considérait
comme le maître des corps aussi bien que des âmes des Toulousains.
Son fanatisme est notoire; il a, du reste, hautement encouragé la
mission de saint Dominique, et déjà, depuis 1209, il a créé dans
son diocèse un foyer de prédication catholique et s'est signalé
par son zèle pour la recherche et le châtiment des hérétiques</i><span style="font-style: normal;">»
(Z. Oldenbourg. ibid. pp. 156-157).</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">Devait-il à ses talents
de troubadour, si séduisants pour attirer les femmes et mobiliser
les esprits, que Folquet, en tant qu'évêque, put se permettre de se
faire un parti et d'envoyer <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgUCRounOfRlaiiCIg9_vqHVx6X9nhtX42_hzpPGNUpRDdstUfMWqRaI0avij8cZDf7ZWjyWo51l32veRqg4kojxXGkdVvCpY3uD8y6NuLnZmyCh05PXbESUEPt366KMrikZYKh77l7gpMLkEjt3fGUyg45hFQf6kqA3gtho7Zwfra-9JYHuuVCur6zzQ/s228/cathares-bons-hommes.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="228" data-original-width="221" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgUCRounOfRlaiiCIg9_vqHVx6X9nhtX42_hzpPGNUpRDdstUfMWqRaI0avij8cZDf7ZWjyWo51l32veRqg4kojxXGkdVvCpY3uD8y6NuLnZmyCh05PXbESUEPt366KMrikZYKh77l7gpMLkEjt3fGUyg45hFQf6kqA3gtho7Zwfra-9JYHuuVCur6zzQ/w388-h400/cathares-bons-hommes.jpg" width="388" /></a>des hommes à la guerre?
Incontes-tablement, Folquet dégageait un rayon-nement charisma-tique
sans lequel il n'aurait pu être si puissant : «<i>Cet évêque, qui
avait déjà réussi à lever, parmi les membres de sa Confrérie,
une milice de cinq cents Toulousains qu'il avait envoyés se battre
avec les croisés devant Lavaur malgré l'opposition formelle du
comte, était, à sa façon, populaire. Ses hommes allaient au combat
en chantant de pieux "sirventès" composés par lui pour
l'occasion. Sa Confrérie de fanatiques créait dans la capitale un
véritable climat de guerre civile. Or, l'évêque était, dès le
début, un ennemi déclaré du comte dont il réprouvait la tolérance
pour les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhQTEfbZt1rqvvk7ypaoXzKD_EURw6MIEgYG17qNraVk57abMQPblxh19xGdFZ2KBcEV0a15-JIF8i2qJtiS6vgdlQE3tl7Z2YBmB_bQoRz-1qhE0uwPvF3WpL4pGChjxXUWhQ7jFbI-bJe/h120/cathares-bons-hommes.jpg">hérétiques</a>. Depuis que le comte était de nouveau
excommunié, il poussait ouvertement les citadins à la révolte
contre leur seigneur. De toute évidence, l'évêque se considérait,
en droit, maître de la ville</i><span style="font-style: normal;">»
(Z. Oldenbourg. ibid. p. 158).</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">Il fallait plus que du
culot pour oser défier le seigneur et maître de la ville et du Toulousain. Alors que les armées de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhZhyphenhyphenMw-B4U4WOhRp81kp_0waDWDtwb3ukIWPS6jE-iNdXLIZuu-6RfnKAAVVt0tZbYjgKHUHvnQTcX5rbDwXJ_Qp3VRIJciRTHqEFclsmORZslNEeTHSY6oAV5xtk0l3T6UDscWG91MC59/h120/Simon_Leicester.jpg">Simon de Montfort</a>, soutenues par le roi de France, menaient une <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEizlc3pKTq7THdN00m3-TeW7nTH5YFjDdfCRNxdiJaxPdAZocT1pR-2xmobvYs6sw3jxEP_vSoM3rU3ZHSwrYDKanp9EJwwEUuehtuq4CyfyxPC0f9DIzAWeUU4W_ZVtNAl90eyZgBD5oL_1wkT7VbBZ-QqJA8WfhcluIgj2pNy0PWTwsHH80RVPVSWKA/s269/Simon_Leicester.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="269" data-original-width="220" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEizlc3pKTq7THdN00m3-TeW7nTH5YFjDdfCRNxdiJaxPdAZocT1pR-2xmobvYs6sw3jxEP_vSoM3rU3ZHSwrYDKanp9EJwwEUuehtuq4CyfyxPC0f9DIzAWeUU4W_ZVtNAl90eyZgBD5oL_1wkT7VbBZ-QqJA8WfhcluIgj2pNy0PWTwsHH80RVPVSWKA/w328-h400/Simon_Leicester.jpg" width="328" /></a>véritable
croisade comparable à celles qui avaient déferlé sur l'Orient
depuis deux siècles, «<i>le comte, attaqué sur ses terres, menacé
d'un siège, n'a nul besoin de cet ennemi dans la place. Le jour où
Foulques poussera l'insolence jusqu'à l'inviter à faire une
promenade hors de Toulouse parce que la présence d'un excommunié
dans la ville l'empêche de procéder à des ordinations, le comte
fera dire à son évêque "de vider au plus vite Toulouse et
tout le territoire de sa domination". Foulques commence par
faire parade de son intrépidité : "Ce n'est pas, dit-il, le
comte de Toulouse qui m'a fait évêque, ni est-ce par lui que j'ai
été colloqué en cette ville, ni pour lui; l'humilité
ecclésiastique m'a élu et je n'y suis venu par la violence d'un
prince; je n'en sortirai donc à cause de lui. Qu'il vienne, s'il ose
: je suis prêt à recevoir le couteau pour gagner la majesté
bienheureuse par le calice de la passion. Oui, vienne le tyran avec
ses soldats et ses armes, il me trouvera seul et désarmé :
j'attends le prix et je ne crains point ce que l'homme peut me faire"
</i><span style="font-style: normal;">(Z. Oldenbourg. ibid. p. 158).
Parlant ainsi, Folquet élevait ses prérogatives au-dessus de celles du prince, comme le voulait le césaro-papisme de l'époque, époque où le pape n'était nul autre qu'Innocent III.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-style: normal;">Mais
ne nous laissons pas abuser par la haute rhétorique : «</span><i>Le
chef de la Confrérie blanche </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgECVTcj2OOjfqN7C7Ss2GjxIPcteyyIe8Gru8CaYUMgGGhQ5p-efljkFWjMw8_H7svdBc_AZvax6nsDHyHSFIuc-PACja7FgA6lSauls-pSDTQaEfkq6sLdEERK_UuBT-vkg_ypmf6x27AMVPGLhzPLrtJwA8c7gHc3bZocHhrc6s9gdeypneazfCGsg/s1365/1510r6labatut.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1365" data-original-width="1134" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgECVTcj2OOjfqN7C7Ss2GjxIPcteyyIe8Gru8CaYUMgGGhQ5p-efljkFWjMw8_H7svdBc_AZvax6nsDHyHSFIuc-PACja7FgA6lSauls-pSDTQaEfkq6sLdEERK_UuBT-vkg_ypmf6x27AMVPGLhzPLrtJwA8c7gHc3bZocHhrc6s9gdeypneazfCGsg/w333-h400/1510r6labatut.jpg" width="333" /></a><i>n'était à coup sûr ni seul ni
désarmé; et <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh_hl4yVUGUaZMmZXQoLWIln84f7hnWyDVHHZPz8x40WHM-TfRfpeUelvYDAJFDlQon3yOEgEHuwQZjVHA1EubuZxBOSIJIVrEs2EjoRjk48C26aDMTc3riAxCgnKyD3MS0gCaSyWS3OwMs/h120/1510r6labatut.jpg">Raymond VI</a> ne se souciait nullement de prendre à son
compte le meurtre d'un évêque. Le discours de Foulques était donc
une bravade gratuite et l'homme avait le sens de l'attitude
théâtrale. Au bout de quelques jours, lassé d'attendre un martyre
ou du moins une provocation qui ne venait pas sentant probablement
que sa popularité ne pouvait contrebalancer celle du comte, il
quitta la ville et se rendit au camp des croisés" </i><span style="font-style: normal;">«Z.
Oldenbourg. ibid. pp. 158-159). Car l'armée des croisés avançait
et les habitants de Toulouse avaient de quoi s'inquiéter. «</span><i>La
guerre contre Toulouse avait bien commencé</i><span style="font-style: normal;">». </span></p><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-style: normal;">Les places fortes d'hérétiques tombaient les unes après les autres : «</span><i>Or,
Toulouse, comme nous l'avons vu, n'était pas une ville hérétique;
les catholiques y étaient nombreux et influents. </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj-FNWNpp8oNYULcObf_RoVhRkq3n3ZriKvgbEKzAVTCYWOD4WBXogGVJrh9yEAXWzhjWt9lqRNn6_PzFjN3JVT0KCI3mzcPuPlr77w9gPYHLsqsfM-_ruoy6xh-m0wNmMPwQp6pgsrgV5tcYzpjh70K0H17do2NsOMU2m1OLtERC0_LmMDajNrPfhpyg/s800/800px-Capitole_Toulouse_-_Grand_escalier_-_Raimond_VI_comte_de_Toulouse,_l'excommuni%C3%A9_1156-1222_-_Ren%C3%A9-Henri_Ravaut.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="708" data-original-width="800" height="354" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj-FNWNpp8oNYULcObf_RoVhRkq3n3ZriKvgbEKzAVTCYWOD4WBXogGVJrh9yEAXWzhjWt9lqRNn6_PzFjN3JVT0KCI3mzcPuPlr77w9gPYHLsqsfM-_ruoy6xh-m0wNmMPwQp6pgsrgV5tcYzpjh70K0H17do2NsOMU2m1OLtERC0_LmMDajNrPfhpyg/w400-h354/800px-Capitole_Toulouse_-_Grand_escalier_-_Raimond_VI_comte_de_Toulouse,_l'excommuni%C3%A9_1156-1222_-_Ren%C3%A9-Henri_Ravaut.jpg" width="400" /></a><i>L'année
précé-dente, les consuls avaient accompa-gné le comte à Rome pour
obtenir du pape la levée de l'interdit jeté sur leur ville. Les
Tou-lousains tiennent à faire la paix avec leur évêque; Foulques
leur répond par un ultimatum : qu'ils refusent obéissance à leur
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjAseigXzMQi1D2Vbw_VhVB9BYuAqugynJeY66bRrbRrmSE6QBelv60lGeHrNyBby0b7oyJpYgtdphhO-ZbZGVwx89_IxUmr9pkSOKKIk7YoPZPJe6rfODXcfI8JkeOzFxteymlJmk_6WFQ/h120/800px-Capitole_Toulouse_-_Grand_escalier_-_Raimond_VI_comte_de_Toulouse%252C_l%2527excommuni%25C3%25A9_1156-1222_-_Ren%25C3%25A9-Henri_Ravaut.jpg">seigneur excommunié</a> et le chassent de la ville, sinon Toulouse est
mise au ban de l'Église. Cette proposition est repoussée avec
indignation et Foulques ordonne au clergé de quitter la ville, pieds
nus, emportant le Saint Sacrement. L'interdit est jeté à nouveau
sur la capitale et Toulouse devient la cité hérétique promise au
glaive des croisés</i><span style="font-style: normal;">» (Z.
Oldenbourg. ibid. p. 159). </span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjpUuqrMY_jYYRM_oPHRmv7JZUz57ZdKwA3Ki0mGmvAp6l6-Dz9x8HAPORNSAEi07nJa_buILcOCYZfrrt5KI1FitlU6gbsPrkbGt_rfv0M66482ojQuTazlnOhAy18hCPaz3LpaJ1cT4_jGofD9XPLmnC1N7NRQPR764FmiKC3GQUNRCMDLOcEAnSKNg/s498/220px-Ramond_VI_1213_-_jeanlouis.11170.png" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="498" data-original-width="220" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjpUuqrMY_jYYRM_oPHRmv7JZUz57ZdKwA3Ki0mGmvAp6l6-Dz9x8HAPORNSAEi07nJa_buILcOCYZfrrt5KI1FitlU6gbsPrkbGt_rfv0M66482ojQuTazlnOhAy18hCPaz3LpaJ1cT4_jGofD9XPLmnC1N7NRQPR764FmiKC3GQUNRCMDLOcEAnSKNg/w176-h400/220px-Ramond_VI_1213_-_jeanlouis.11170.png" width="176" /></a>Bref,
Toulouse apparaissait une nouvelle Jéricho et les croisés y étaient les nouveaux Israélites - revêtus de la chape des catholiques - venus afin de faire tomber ses murs. À l'instar de Rahab,
Folquet avait quitté la ville assiégée pour rejoindre son véritable
maître.</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-style: normal;">Les
tentatives de pourparlers échouèrent sans surprise, et Simon attaqua les forces
coalisées autour de Raymond. Le roi d'Aragon, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEih2QXSxFCkKXlaIV3fF0WSRtIsYD6RMCqkUZ6fSEbqGXcMFKPIF1xi_mD6XkbK0gIkzzSkw46k3VkiPKgcRzj_rZeWp0JpwdH0pBpJGET2gHzvJj2QaqqseqrSgW2ReyZfC_oEZteJVOtW/h120/220px-Ramond_VI_1213_-_jeanlouis.11170.png">Pierre II</a>, est tué.
La débandade s'empare alors des coalisés : les Espagnols franchissent les
Pyrénées et s'en retournent chez eux; les autres princes regagnent
leurs comtés. C'est la victoire de Muret qui livre à Simon et à
l'Église «</span><i>un pays non pas encore vaincu, mais démoralisé
par l'effondrement trop brutal d'un grand espoir».</i></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-style: normal;">«</span><i>Tout
comptes faits, c'est la ville de Toulouse qui aura, dans cette
affaire payé le plus lourd tribut en vies humaines – et de loin.
L'attaque forcenée de la chevalerie française contre l'infanterie
toulousaine a été une tuerie plutôt qu'une bataille et, si les
Français avaient à venger deux des leurs (Pierre de </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjUhEfqAwEixJ5BVbovBZ2312o7eWu83UawEMU6FRapwLnXHUVMSQIJ6PE1sxPCyYH-QuStrxnlZ3kpn5q8vt9K7HA66Gbp_TI9XbvslY5gWM2bxdlhjAiXsULzB7oLD-OlFvFvbL-MUV5dJzt7GWeNPxszp4QwxkmP1lZh5JH3hK9_hq5Ji3agDbsCjg/s600/Img035a.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="359" data-original-width="600" height="191" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjUhEfqAwEixJ5BVbovBZ2312o7eWu83UawEMU6FRapwLnXHUVMSQIJ6PE1sxPCyYH-QuStrxnlZ3kpn5q8vt9K7HA66Gbp_TI9XbvslY5gWM2bxdlhjAiXsULzB7oLD-OlFvFvbL-MUV5dJzt7GWeNPxszp4QwxkmP1lZh5JH3hK9_hq5Ji3agDbsCjg/s320/Img035a.jpg" width="320" /></a><i>Sissey et Roger
des Essarts, vieux compa-gnons de Montfort, amenés prison-niers à
Toulouse et cruellement torturés avant d'être achevés), Toulouse,
"où il n'y a guère de maison qui ne pleurât quelqu'un",
n'oubliera pas les massacrés et les noyés de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjUhEfqAwEixJ5BVbovBZ2312o7eWu83UawEMU6FRapwLnXHUVMSQIJ6PE1sxPCyYH-QuStrxnlZ3kpn5q8vt9K7HA66Gbp_TI9XbvslY5gWM2bxdlhjAiXsULzB7oLD-OlFvFvbL-MUV5dJzt7GWeNPxszp4QwxkmP1lZh5JH3hK9_hq5Ji3agDbsCjg/s600/Img035a.jpg">Muret</a>. Au lendemain de
sa victoire, Simon ne marchera pas sur la capitale. Il semble bien
que la ville immense, même désolée, désemparée, abandonnée par
ses défenseurs, représente pour le vainqueur sinon un danger, du
moins une source d'ennuis qu'il ne se sent pas encore de taille à
affronter</i><span style="font-style: normal;">» (Z. Oldenbourg.
ibid. p. 173).</span></p></blockquote>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-style: normal;">Et
Folquet de tirer tout le prestige de l'affaire : «</span><i>Les évêques
y entreront, Foulques en tête; ils essaient de négocier la
soumission de la ville; les consuls font traîner les pourparlers en
longueur, discutent sur le nombre des otages et finissent par refuser
de se soumettre. Montfort, cependant, passe le Rhône, poursuivant la
conquête et la soumission méthodique des domaines du comte et
attendant que, les autres provinces domptées, Toulouse lui tombe
entre les mains comme un fruit mûr</i><span style="font-style: normal;">»
(Z. Oldenbourg. ibid. pp. 173-174). Comme
pour tant d'autres situations, l'inconstance fit que la victoire de
Muret ne signifiât pas la fin de la croisade albigeoise. Toulouse ne
pardonnait pas à son évêque le pitoyable rôle qu'il avait joué
dans la croisade et il n'osa reparaître dans la cité. Même les
citoyens <span style="font-family: inherit;">catholiques</span>, aidés en cela par les troubadours, ne
reculaient pas devant la haine de </span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEizI-2VYFt5o2xh-HIzk1Y-dSvDX-yFvFx5BKmgT5OK1OHV-bYiNBSWZtVqrkIwwvchu9eRlVNxawBjsRGyF4LOxJodJWtORqX6qFbLg8bDnF4Ny2oczdP0Bzp9PYtvFYVzYIGFeg71k8dh-Eh5Q3yzs6DgVX_DDGWv0OLcRG-fjIpEI7tsEeH_NVbJCA/s220/220px-Sceau_Raymond_Roger.png" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="115" data-original-width="220" height="209" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEizI-2VYFt5o2xh-HIzk1Y-dSvDX-yFvFx5BKmgT5OK1OHV-bYiNBSWZtVqrkIwwvchu9eRlVNxawBjsRGyF4LOxJodJWtORqX6qFbLg8bDnF4Ny2oczdP0Bzp9PYtvFYVzYIGFeg71k8dh-Eh5Q3yzs6DgVX_DDGWv0OLcRG-fjIpEI7tsEeH_NVbJCA/w400-h209/220px-Sceau_Raymond_Roger.png" width="400" /></a><span style="font-style: normal;">l'Église : «</span><i>L'Église,
pour ceux-là mêmes qui invo-quaient les saints et véné-raient les<span style="font-size: small;"> </span>reliques, était l'ennemi par définition</i><span style="font-style: normal;">»
(Z. Oldenbourg. ibid. p. 232). </span><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;">Le
Languedoc se vidait de ses richesses, jusqu'à ce que, comme disait
le Folquet de Dante : «</span></span><span style="font-family: inherit;"><i>les
bergers fussent transformés en loups</i></span><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;">».
Le pape Innocent III convoqua à Rome, pour novembre 1215, le quatrième concile de Latran, avec les
</span></span><span style="font-family: inherit;"><i>grandes assises
</i></span><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;">en
vue de résoudre les différents problèmes de la Chrétienté, plus
spécifiquement les hérésies. Le 14 novembre, les différents
comtes et barons accusés d'hérésie s'y trouvaient défendus par
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi6jtba4542S6CoUHd6v_65V0jPgaQzplpRXsIW7I6MTXtHF5M6qqRkKNd4R007VCCp-LaUPVp5mi4nlbXpMd1XRxvx8Sl0ul4alDjdgXvE6cZErzucyxKBfrKkvSnOqBJazJ9unr6F6K70/h120/220px-Sceau_Raymond_Roger.png">Raymond-Roger, comte de Foix</a>. </span></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;">Ce
dernier ne cesse de plaider l'orthodoxie catholique des princes
languedociens. Il les </span></span><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;">présente comme des victimes de la furie de
Simon de Montfort. Il omet le fait que sa propre sœur et sa femme
s'étaient faites parfaites dans des couvents cathares, ce que
</span></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiXY7Ddf5zflg1WbCdbHVBbRxTZ4arrGN1L0hbu8MHHImdrdbV9yrGIy0oViQAKdtVg-ueUCY2h3kQTGh5rHIarTX4dPtyp2Kr_-fCDRfc-9jmXdnOoqcl-VPVD6qo0AFuaVlLCIGNsFGoLaeLnLZ4O7crYBxoKNhIF-Ln_xVDJEngMlRHhJFYxgc7NbA/s601/CIMETIERE-MONTGEY-02W.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="544" data-original-width="601" height="290" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiXY7Ddf5zflg1WbCdbHVBbRxTZ4arrGN1L0hbu8MHHImdrdbV9yrGIy0oViQAKdtVg-ueUCY2h3kQTGh5rHIarTX4dPtyp2Kr_-fCDRfc-9jmXdnOoqcl-VPVD6qo0AFuaVlLCIGNsFGoLaeLnLZ4O7crYBxoKNhIF-Ln_xVDJEngMlRHhJFYxgc7NbA/s320/CIMETIERE-MONTGEY-02W.jpg" width="320" /></a><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;">Folquet ne tarde pas à lui rappeler : «</span></span><span style="font-family: inherit;"><i>Foulques,
pour provoquer l'indignation de l'assistance, parlera des
"...pèlerins dont le comte a tué et mis en pièces un si grand
nombre que le champ de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEilJjyLPhPD4tT4yOmy9ywzLJ3kFxcM9MiAytq5I6uKcDqjRhlp4gThaRo2ysN_ZfQ1dzC3lz2wXeu3hi7NsYLwFPJ-bkkHOCoxWkpiBjx4_bhDsJ4sSBxOzK3bjSvBdhGyLzWTCwYhQpTo/h120/CIMETIERE-MONTGEY-02W.jpg">Montgey</a> en est encore couvert, que la France
les pleure encore et que tu (le comte?) en restes déshonoré! Là
dehors, devant la porte, tels sont les plaintes et les cris des
aveugles, des proscrits, des mutilés, qui ne peuvent plus marcher
sans qu'on les guide, que celui qui les a tués, estropiés, mutilés,
ne mérite plus de tenir terre!" (Foulques fait allusion au
massacre, par le comte de Foix, d'un contingent de croisés
allemands, près de Montgey.)</i></span><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;">»
(Z. Oldenbourg. ibid. pp. 185-186).</span></span></p><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhK0tpw5KnCWqjpSV59QACf3Gfr39Q81pGnkoYRiUvCJ_tMSpGnfnzi6YYvQhB35hRftbQkwmhfQfSgsCMkk-hyvqop_cdVRVtY_ips23J44sXKT_pVYZgmqatpofnKnw3_gjkFSE8fx37YVG2PgRmA_Pvy_CvrdmX6Q-NCJoq2Kpa0ET8WtdZWgKU_LQ/s500/tumblr_inline_nyh6x2VRm61r9b0c9_500.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="215" data-original-width="500" height="173" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhK0tpw5KnCWqjpSV59QACf3Gfr39Q81pGnkoYRiUvCJ_tMSpGnfnzi6YYvQhB35hRftbQkwmhfQfSgsCMkk-hyvqop_cdVRVtY_ips23J44sXKT_pVYZgmqatpofnKnw3_gjkFSE8fx37YVG2PgRmA_Pvy_CvrdmX6Q-NCJoq2Kpa0ET8WtdZWgKU_LQ/w400-h173/tumblr_inline_nyh6x2VRm61r9b0c9_500.jpg" width="400" /></a><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;">Le
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEirg307x_G0cqRI4NzB4QlWOvLUJL5TiXD__SLBhhGvOn8ltlPvOlQj4ZzR1jOTctm5CQurLm5Y-fYa1HPDLb11A2VNtPHTlBe_gi05sTw_GHBBbaXmlQJmSXrNnWGY1-XGnOHLlRiGGnfX/h120/tumblr_inline_nyh6x2VRm61r9b0c9_500.jpg">comte de Foix</a> s'emballe. Il met en doute la légitimité de la croisade.
Il se scandalise qu'on lui donne des actes de cruautés et
«</span></span><span style="font-family: inherit;"><i>contre-attaque
vigoureusement, et c'est l'évêque de Toulouse lui-même qu'il prend
à partie, l'accusant d'être le principal responsable de tout le mal
qui a été fait dans le Languedoc : "Quant à l'évêque qui
montre tant de véhémence, je vous dis qu'en sa personne, Dieu et
nous sommes trahis... Quand il a été élu évêque de Toulouse, un
tel incendie embrasa toute la terre que jamais il n'y aura assez
d'eau pour l'éteindre. À plus de cinq cent mille, grands et petits,
il y a fait perdre la vie, le corps et l'âme. Par la foi que je vous
dois, à ses actes, à ses paroles, à son maintien, il semble être
plutôt l'Antéchrist qu'un légat de Rome!"</i></span><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;">»
(Z. Oldenbourg. ibid. p. 186). C'est ici que nous retrouvons les 500
000 victimes attribué à Folquet.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: inherit;">À
l'issue des <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgCONqNwvWIDobFIa-EyVvhVe96jG0-9uxAiBOOLk5jyZQ9jj13IXUtxxlQOUREtJYp-vAt4Z7IWeKM4PancnJTaQgz3YobEvy-tDGRxfcSHbupHutgyPBLwtfm6DJZV5QIqqaD8Op1to_4/h120/Latran_-_panoramio.jpg">assises</a>, c'est à la dépossession même de leurs droits, de
leurs terres et de leurs biens que pense le comte de Foix, aussi,
essaie-t-il de présenter la croisade comme </span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgxHd-BungI9Yb3JHOiI5r-PWgfFq-YXD09mUoR3SRrnhZylvqqKo4iQo7SLYOY6QKgjYit8jMseHhPHjRke3UoqhuZOsU_KQpkOOyGVlXKZv0uteO5Du1zm7Gt_5VYBYnlm3-iaMtg1gcGxkF1IvDQYoNFI6Fx2EsZ3CNbMpYogNenOpEaJyAkQfePug/s200/Latran_-_panoramio.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="150" data-original-width="200" height="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgxHd-BungI9Yb3JHOiI5r-PWgfFq-YXD09mUoR3SRrnhZylvqqKo4iQo7SLYOY6QKgjYit8jMseHhPHjRke3UoqhuZOsU_KQpkOOyGVlXKZv0uteO5Du1zm7Gt_5VYBYnlm3-iaMtg1gcGxkF1IvDQYoNFI6Fx2EsZ3CNbMpYogNenOpEaJyAkQfePug/w400-h300/Latran_-_panoramio.jpg" width="400" /></a><span style="font-family: inherit;">une vile entreprise de
banditisme, essayant toutefois d'en écarter la personne du pape. Ce qui
n'empê-chera pas ce dernier de remettre les posses-sions du comte de
Toulouse à son vainqueur, Simon de Montfort, et ce conformément à la règle des croisades : le vainqueur empoche le tout. Tout le comté sera
désormais entre les mains des croisés, poussant à l'exil les
détenteurs officiels des terres et des biens. Du même coup,
Folquet, Simon, Arnaud-Amaury (l'homme de Béziers!) se voyaient
lavés de leurs crimes tout en se partageant les biens des princes excommuniés.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;">Malgré
la condamnation et l'exil, le vieux comte de Toulouse était reçu
avec les hommages dus à son rang lors de son passage à Marseille. Les assises
n'avaient pas mis fin à la croisade et les </span></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgEp667uxOPEpVTxnZ_qu32Ecq8XIyS5xb5hNbG7apr2ySb5k7YDv8XGkFFqjIP2ZEnzbLurKsYd7VgDZvh71qImD3f_vbWctmu_xj5QqWEqrdmcC_wOmp9Ei45TY3BTdshEU5bGxGpz8bmBmOoYdkbVX3SBH2ZlA-w1HWknBLspWkItWlMokbo4yOXVA/s800/6940af63d40ea9ed34ab2cda5d67cb30.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="570" data-original-width="800" height="285" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgEp667uxOPEpVTxnZ_qu32Ecq8XIyS5xb5hNbG7apr2ySb5k7YDv8XGkFFqjIP2ZEnzbLurKsYd7VgDZvh71qImD3f_vbWctmu_xj5QqWEqrdmcC_wOmp9Ei45TY3BTdshEU5bGxGpz8bmBmOoYdkbVX3SBH2ZlA-w1HWknBLspWkItWlMokbo4yOXVA/w400-h285/6940af63d40ea9ed34ab2cda5d67cb30.jpg" width="400" /></a><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;">hérétiques
continuaient à tenir tête aux croisés. Toulouse ne voulait pas se
rendre. Elle ne cessait de conso-lider ses <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEisyF6OaZx3hP6QXId6i5JW5FFS4KhFQw_c6HwkrJ1AEA7RLW4gbGohgnwtq2jxOt4hcId8qI8pNr-c40TsArLnIwXq6cIZlOdSspJ_f_CPbM2m85C1DUFAIt7GrUydfbmyyy5uwE1HZb-D/h120/6940af63d40ea9ed34ab2cda5d67cb30.jpg">fortifi-cations</a>. En juin 1218,
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgmk0akXmlibVZhwLWpz53Z_Geq3VCeic26jn63OUC8VPXmNU4EL-5ppQ4DREQLb6SlYhFw6iX1He8vLSY7151matUARAtXg2Ehrbb2Z6dDzeQqJ-qsXiZPlezaHN0kIdOMnmd4xejGdvE5/h120/DeathMontfort.jpg">Simon de Montfort est tué</a> en menant l'assaut de la ville. Son fils
et héritier, Amaury de Montfort, à peine âgé de 20 ans, ne pourra
conserver les terres si mal acquises et Raymond VII de Toulouse, le
fils du comte dépossédé aux assises de Rome, récupérera son bien
patrimonial. Folquet termina sa vie à poursuivre les hérétiques du
Languedoc, t</span></span><span style="font-family: inherit; font-style: normal;">raînant
avec lui un jeune prêcheur espagnol, Dominique de Guzm</span><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;">á</span></span><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;">n,
qui travaillait à instituer les tribunaux de l'Inquisition. Il
mourut le 25 décembre 1231 dans sa ville de Toulouse où il avait
entretenu plus de vingt années de guerres meurtrières. </span></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhIcc_ytqCs4v3Jtb-ne47s-TP5J_eKwsWFW9A3jljboU-ItkIEJgWqqQgMYClMCavJPymx2Zeqcta4ErPkj9dC3irUA2v86qU-jMCG3kCoXD-cLRJEURrUsWd-4uYf-NKQXFljxCUGqmgjaZiJPRrEhDGI4zCcje8NZtlmQ42yRpiKvLoLbE7t_iN2qw/s320/DeathMontfort.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="320" data-original-width="220" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhIcc_ytqCs4v3Jtb-ne47s-TP5J_eKwsWFW9A3jljboU-ItkIEJgWqqQgMYClMCavJPymx2Zeqcta4ErPkj9dC3irUA2v86qU-jMCG3kCoXD-cLRJEURrUsWd-4uYf-NKQXFljxCUGqmgjaZiJPRrEhDGI4zCcje8NZtlmQ42yRpiKvLoLbE7t_iN2qw/w275-h400/DeathMontfort.jpg" width="275" /></a><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;">Il
est évident que Dante n'a pas voulu voir la carrière épiscopale de
Folquet. Seul le troubadour dévoré par la passion
d'amour évoquait en lui les raisons pour lesquelles il le plaçait
dans la sphère de Vénus; autrement, Folquet aurait dû se retrouver
dans la sphère de Mars en tant qu'évêque militaire. Il est vrai que pour un Guelfe, la présence
des hérétiques représentait
une menace pour l'intégrité de la Chrétienté. Le fait de ne pas
</span></span><span style="font-family: inherit;"><i>vouloir </i></span><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;">voir
les horreurs commises par Folquet à Toulouse provient d'une censure
morale et toute personnelle puisqu'il n'hésitait pas à placer
d'autres troubadours, au passé moins lourd, au Purgatoire ou même
en Enfer. Mais peut-on séparer les âmes au point d'ignorer la cruauté d'un individu en honorant ses ballades amoureuses? La douceur des chants du troubadour suffire à faire
oublier le sang et la souffrance des victimes, aussi bien parmi les
croisés que parmi les parfaits?</span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhCQQpfYlXMZ-cW5xvYQffI6Cbe46w3uDBmMK4yAn6GnuqovWyt1UkPWk1WOw0xIjeKbiezO5UwM2evM8z4UEqVQKKI9OPGUNZYkr-hJ_3t4-PaDWVZh9cQs_Cy0bOlEwzenuP9O057zmIdOUCnT5GOGicALnLdk8pB_LedR07wQ8vl1SpljcMNnQ6krg/s249/Sans%20titre.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="249" data-original-width="203" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhCQQpfYlXMZ-cW5xvYQffI6Cbe46w3uDBmMK4yAn6GnuqovWyt1UkPWk1WOw0xIjeKbiezO5UwM2evM8z4UEqVQKKI9OPGUNZYkr-hJ_3t4-PaDWVZh9cQs_Cy0bOlEwzenuP9O057zmIdOUCnT5GOGicALnLdk8pB_LedR07wQ8vl1SpljcMNnQ6krg/w326-h400/Sans%20titre.jpg" width="326" /></a><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;">À
l'inverse, ne doit-on retenir que la souffrance infligée aux
Amérindiens par les couvertures infestées de variole à eux
distribuées par le général anglais Jeffrey Amherst au point d'obnubiler tout geste de bonté de sa part? Dans le contexte du </span></span><span style="font-family: inherit;"><i>wokisme,
</i></span><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;">il
est impensable d'oublier ce génocide qui inaugurait la première guerre
bactériologique moderne de l'histoire. Le contentieux entre les autochtones et le nouveau
gouvernement anglais de transition reposait sur un mépris de la
règle diplomatique instituée du temps de la Nouvelle-France entre
les peuples autochtones et le gouvernement colonial. </span></span><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;">Cette méprise
força les autochtones vers la rébellion et</span></span><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;"> les troupes anglaises durent
répondre aux attaques des tribus commandées par <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgY-aA_uVOVNV0xlex5OBrymB3x1yHgTGZQC-T6aw3TnuSrPh9_i70FGXqbn_37a9ns8-Ks2NyV2-osQgzxPQA8ehp8LZEhiPlwWapqCmyIwZH3qp1GolCne8gWlDcLn3QQbTJ58qBqzreN/h120/Sans+titre.jpg">Pontiac</a> en
1763-1766</span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif;">.</span></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;">«</span></span><span style="font-family: inherit;"><i>Le
commandant en chef britannique <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiFg0xyMXQkZ3bmt148yZgw4YoiWOjvmOfemmC1OESmUhE31l7cjAWJAHGagOKBThKXu9r5KTKArhQfxKwc5IUiC-yAs_9eGBICucHS5KhLgWagtGgCKfEEH7j-xk4f778TkZMrAZ9hCg-7/h120/240px-Jeffrey_Amherst%252C_1st_Baron_Amherst.jpg">Jeffrey Amherst</a> (1717-1797) met sans
tarder en place un programme d'économies après la chute de
Montréal. Les distributions de "cadeaux" sont parmi les premiers
éléments du budget coupés, maintenant que </i></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgy4q8oj-QTj0e6C7sH1AUSrAQuyHMlEXp84lEb0chVXbHHX1RR7BLxP7kU7B8oKEkvAlWq8uLiRjKAGlqrKNh8udfsuXQtSzKwXdZZ8kQS0kyeEC30r4vDWVDOb95Az9DDYAOIN1F3-sc8j09Uz_W-UIqqvUbSG-KOrmhgHzGAAj8kJcTWEhM97Hfl3g/s297/240px-Jeffrey_Amherst,_1st_Baron_Amherst.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="297" data-original-width="240" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgy4q8oj-QTj0e6C7sH1AUSrAQuyHMlEXp84lEb0chVXbHHX1RR7BLxP7kU7B8oKEkvAlWq8uLiRjKAGlqrKNh8udfsuXQtSzKwXdZZ8kQS0kyeEC30r4vDWVDOb95Az9DDYAOIN1F3-sc8j09Uz_W-UIqqvUbSG-KOrmhgHzGAAj8kJcTWEhM97Hfl3g/w259-h320/240px-Jeffrey_Amherst,_1st_Baron_Amherst.jpg" width="259" /></a><span style="font-family: inherit;"><i>les Français ont quitté
les lieux, les Britanniques ne voient aucunement le </i></span><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;">[sic!]</span></span><span style="font-family: inherit;"><i>
nécessité de maintenir une coutume qui leur semble avoir presque
tout de la corruption. Pour sa part, Amherst est résolu à combattre
"l'achat de la bonne conduite, soit des Indiens, soit de
quiconque". Pourtant, aux yeux des Amérindiens, les cérémonies
annuelles de remise de présents ne symbolisaient pas uniquement le
renouvellement des alliances anglo-amérindiennes, elles
représentaient aussi le prix dont avaient convenu les Indiens pour
laisser les Anglais occuper leurs terres. Pour compliquer encore la
situation, les Amérindiens avaient fini par compter sur des articles
comme les fusils et les munitions. Sir William Johnson
(Warraghiyagey, "Celui qui fait beaucoup d'affaires"),
surintendant du département des Affaires des Indiens du Nord de 1755
à 1774, a déconseillé fortement à Amherst ces économies, en
faisant valoir que "les Indiens sont de plus en plus convaincus
que nous jouons avec eux et que nous n'avons pas l'intention de
réglementer le commerce ou d'empêcher un seul des abus dont ils se
plaignent tous les jours". Amherst n'a pas tenu compte de son
avis</i></span><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;">»
(O. P. Dickason. </span></span><span style="font-family: inherit;"><i>Les
Premières Nations du Canada, </i></span><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;">Sillery,
Septentrion, 1996, pp. 175 à 177).</span></span></p></blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;"></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;">La
conquête du Canada avait été une grande victoire pour les
Britanniques, mais elle leur avait coûté cher. Alors qu'il y avait
tant à reconstruire, Amherst décida de se montrer chiche devant les
autochtones : «</span></span><span style="font-family: inherit;"><i>Alors
que l'agent auprès des Indiens, George Croghan, et le </i></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgSpF8-K11BmOIniuDNNd6qoOzHPAKHQYNBAKmGkTtL1I8B2HyvzM6rN1woPxQ-ik__IiIOPL5OIAAO4fbTmjmL260a6UiJOaiQtUigwDG1hgLwmSE-VFYoJg-fZfJRDVH_MhIGmxec-x3lm0ZFwjiL-4WnhCGzAowNB8PpmaltK_c2Je-LYVNUihJLJA/s347/Sir_William_Johnson.png" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="347" data-original-width="220" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgSpF8-K11BmOIniuDNNd6qoOzHPAKHQYNBAKmGkTtL1I8B2HyvzM6rN1woPxQ-ik__IiIOPL5OIAAO4fbTmjmL260a6UiJOaiQtUigwDG1hgLwmSE-VFYoJg-fZfJRDVH_MhIGmxec-x3lm0ZFwjiL-4WnhCGzAowNB8PpmaltK_c2Je-LYVNUihJLJA/w254-h400/Sir_William_Johnson.png" width="254" /></a><span style="font-family: inherit;"><i>superintendant
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhzxmmjVWIN0CN1UxVGm4xltn4TGmfcuXfcA9df1hSawywIU4Gv-3bso01VtXRj16huE1t4eihQBB-tlHRac6wnXQYXbfp9_Exr1eOJKIbCiCiwHCa6n9AiRVLlQtAl3nSwO-oqUAW3Uiwh/h120/Sir_William_Johnson.png">William Johnson</a> prônent une attitude généreuse et conciliante à
l'égard des tribus, le général Amherst, commandant en chef des
forces armées, est déterminé à détruire "cette vermine
pernicieuse" contre laquelle "il faudrait lâcher les
chiens". De son côté, le gouvernement britannique, aux prises
avec de graves difficultés financières, renonce à donner aux
Indiens, comme Johnson l'avait recommandé, des indemnités
équivalentes à celles qu'ils recevaient auparavant des Français.
Les tribus se trouvent désemparées, privées de ce qui leur était
devenu nécessaire : armes, vêtements, ustensiles de métal, rhum.
Un prophète delaware se mit à prêcher le retour aux vieilles
coutumes et l'abandon des habitudes acquises qui rendaient les
Indiens dépendants des Blancs...</i></span><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;">»
(É. Marienstras. </span></span><span style="font-family: inherit;"><i>Nous,
le peuple, </i></span><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;">Paris,
Gallimard, Col. Bibliothèque des histoires, 1988, p. 137). Par ses mesures mesquines, Amherst
prenait le risque d'une nouvelle guerre dans la région des Grands
Lacs. Si la puissante armée britannique avait disposé des armées
françaises le long du Saint-Laurent, il était persuadé qu'elle saurait venir à bout
rapidement de </span></span><span style="font-family: inherit;"><i>cette
vermine pernicieuse</i></span><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;">!</span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;">Ce
en quoi les événements devaient bientôt lui donner tort : «</span></span><span style="font-family: inherit;"><i>Les
forts anglais tombèrent les </i></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi8MqT_0FQNhHbePCNmlmI3BqJWqfc6PJ_IizVqbD5DmROa87bdznZ0dljAB011JQnEiFK7mLXP15pa4EpJr5M7SdPhElKK0tTs2lckxkPz4dfCFiSE_dAl96hNe2FrANVWgcQDPnkXVu05mjsmJFGAgj357ouiBxf5QqqWm86ZW-1ShpGluzR3NehlQA/s260/260px-Siege_of_Fort_Detroit.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="164" data-original-width="260" height="252" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi8MqT_0FQNhHbePCNmlmI3BqJWqfc6PJ_IizVqbD5DmROa87bdznZ0dljAB011JQnEiFK7mLXP15pa4EpJr5M7SdPhElKK0tTs2lckxkPz4dfCFiSE_dAl96hNe2FrANVWgcQDPnkXVu05mjsmJFGAgj357ouiBxf5QqqWm86ZW-1ShpGluzR3NehlQA/w400-h252/260px-Siege_of_Fort_Detroit.jpg" width="400" /></a><span style="font-family: inherit;"><i>uns après les autres, sauf <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjwVxwe3c7Z-1ttoPOY4cxG7D90mP_1hncxV9JPCq4cmqGNpzsDaCV3SvBK9EHFf8xJKw48XskrZcAHs-SsCM9bJctM_HlgwqR3LgNZqEsVMIxzaVMTKRMulWGqEC-LtnMwgfHevn6dIEC5/h120/260px-Siege_of_Fort_Detroit.jpg">Détroit</a> qui
dut subir un siège de huit mois. La situation se retourna à la fin
de l'été lorsque, sur le conseil de son adjoint, le colonel Henry
Bouquet, Lord Amherst souffrit qu'on fit parvenir des couvertures
infectées du microbe de la variole aux Delawares en guerre, de sorte
que l'épidémie ravagea les rangs des guerriers indiens</i></span><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;">»
(É. Marienstras. </span></span><span style="font-family: inherit;"><i>La
résistance indienne aux États-Unis, </i></span><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;">Paris,
Gallimard/Julliard, Col. Archives, # 81, 1980, p. 75). La réduction
du soulèvement de Pontiac devait servir de leçon à l'ensemble de
tout l'Amérique du Nord.</span></span></p><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;">Que l'affaire soit contemporaine des découvertes médicales de Jenner sur l'inoculation n'est pas sans importance. Les maladies infectieuses avaient décimé les peuples autochtones d'Amérique depuis trois siècles, mais jamais la volonté génocidaire n'avait précédé la contamination ni ne s'exprima avec autant de machiavélisme que dans la missive de sir Jeffrey Amherst. Elle soulève d'indignation le grand humaniste espagnol Salvador de Madariaga plus d'un demi-siècle avant nos <i>wokes</i> : </span></span></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;">«<i>Sir
Jeffrey Amherst - de qui le Collège Amherst a pris le nom - avait un
plan pour exterminer les Indiens. Il était Commandant en chef des forces
britanniques en Amérique en 1760 alors que se poursuivait la guerre
entre Français et Anglais. Avec tout le respect dû à la perspective
historique, le point de vue de l'époque et autres </i></span></span><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh1LDtHdK-i5iXR_XGIrbJMlqVodacG_4ZQ0sKQ1BBm-F6XLrhTEf8o0bv68_y7BVMbiuXdO_gWpKvL73nHiY6ndF1vPpj9o6pJB9WTyIWkx_sySB781nEFbghWa9O7EU0d6EH66_6gcgT_KuCHnlsm6J4ZgjRSuKL11KQmkGJftFmoVw1jVLyqsHw-CQ/s252/Sans%20titre%202.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="200" data-original-width="252" height="254" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh1LDtHdK-i5iXR_XGIrbJMlqVodacG_4ZQ0sKQ1BBm-F6XLrhTEf8o0bv68_y7BVMbiuXdO_gWpKvL73nHiY6ndF1vPpj9o6pJB9WTyIWkx_sySB781nEFbghWa9O7EU0d6EH66_6gcgT_KuCHnlsm6J4ZgjRSuKL11KQmkGJftFmoVw1jVLyqsHw-CQ/w320-h254/Sans%20titre%202.jpg" width="320" /></a></span></span><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;"><i>considérations, son
plan vous rend plus ou moins honteux de la race humaine. Son rôle
consistait à tuer les Indiens en répandant parmi eux la petite vérole
et, pour ce faire, il proposait de leur donner des <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhM2p6_Iy0HSMdrifidoHlqVZ3rICaP0DS6lGSbCMDG6qX_vQykGm2K4o1EmE6szTHR4mbofWaEMgriO5MbOkaEnQbdpSa5gs8P6GhRg8SAX5hxeu985DEWE2xPgZnywyhNb-G7s8CTEgpb/h120/Sans+titre+2.jpg">couvertures infectées</a>
par ce mal. On devait offrir ces couvertures comme cadeaux en les
accompagnant de sourires et d'expressions de bonne volonté. Il écrivait à
un subordonné du Fort Pitt en 1763 : "Vous ferez bien de tenter
d'inoculer aux Indiens au moyen de couvertures, et aussi d'essayer toute
autre méthode qui peut servir à extirper cette race exécrable. Je
serais très heureux de voir réussir votre plan consistant à les chasser
avec des chiens". En réponse - apparemment - à cette suggestion, le
colonel Bouquet écrivait à Amherst en juillet 1763 : "Je vais essayer
d'inoculer la... au moyen de quelques couvertures qui pourront tomber
entre leurs mains; j'aimerais employer la méthode espagnole consistant à
les chasser avec des chiens"</i>» (S. de Madariaga. <i>L'essor de l'Empire espagnol d'Amérique, </i>Paris, Albin Michel, 1953, p. 458, n. 13).</span></span></p></blockquote><blockquote><p></p></blockquote><p style="text-align: justify;">Toute cette histoire perçue à travers une correspondance a trouvé confirmation à travers des découvertes récentes : «<i>On connaît depuis longtemps la lettre qu'avait écrite de </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh9E2QTbEBQSk3b-rrkCWgQnBNlP4DNYlsSvEByQ4lHg8lVC6zw-m2b9SI6g6VHldvAGKEdUtXqAcfPnIvQYY344RwgE6bTI2pRhlAv5TPIyciwbdeqZfjxdZu-uV5uxHWdtPedTXAkPQexoV3n4d2JZI-830zJwr-Qf9AGjrOfCjcwVQq-zBeabV7nUg/s351/Henry_Bouquet.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="351" data-original-width="260" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh9E2QTbEBQSk3b-rrkCWgQnBNlP4DNYlsSvEByQ4lHg8lVC6zw-m2b9SI6g6VHldvAGKEdUtXqAcfPnIvQYY344RwgE6bTI2pRhlAv5TPIyciwbdeqZfjxdZu-uV5uxHWdtPedTXAkPQexoV3n4d2JZI-830zJwr-Qf9AGjrOfCjcwVQq-zBeabV7nUg/w296-h400/Henry_Bouquet.jpg" width="296" /></a><i>Philadelphie le général Jeffrey Amherst au <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiahBbNTllArrUILuL3Pyho_eyCzYPgaGiU0zjHbkWu5nLTbMIekt3lKBGCFAXbi3nOL-nPNXvkkvS8l6Es0MptSW9qRjPqM-cAO1HYJY8mKkatUXvUbRCHRpc-UwGF2UVCIs_kD9em8vYu/h120/Henry_Bouquet.jpg">colonel Bouquet</a>, lui conseillant d'envoyer, aux Indiens qui encerclaient Fort Pitt, des couvertures infectées par le virus de la variole. On sait aujourd'hui, par le journal d'un commerçant qui se trouvait dans le fort assiégé, que ce n'est pas cette lettre qui a causé la mort par variole de milliers d'Indiens confédérés, mais la décision prise de son propre chef par le capitaine Simeon Ecuyer, de donner à deux chefs delaware venus pour parlementer un viatique de quelques vivres auxquelles il ajouta le virus de la variole : "En signe d'estime pour eux, écrit alors le commerçant William Trent dans son journal, nous leur avons donné deux couvertures et un foulard en soie pris dans l'hôpital de la variole. J'espère que cela fera l'effet désiré". Ce don est attesté par les registres comptables du fort, et ses effets (Stannard dit, sans preuves, qu'il mourut 100 000 Indiens) furent sans conteste la propagation rapide de l'<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh3NiT_dtSJKFWO5SelZ57ZmPUmqcwM2IwWqAT4-bccb6mRwrpBLPij3B-6vp6MQSB8KnIJdpW6fQq9prVq9MEp0-Swdkgh8LyqrIoO4E8DiOyshGDo6Y6nQBtGKogt-gD1JazfzA8nohSd/h120/indianer-liefern-englische-geiseln-an-oberst-bouquet-im-november-1764.webp">épidémie</a> dans les campements et les villages mingo, delaware, shawnee, et autres nations indiennes de la région, grâce à quoi les Amérindiens durent capituler</i>» (É. Marienstras, in D. El Kenz (éd.) <i>Le massacre, objet d'histoire, </i>Paris, Gallimard, Col. Folio Histoire, # 138, 2005, p. 289). Il importe peu, au final, que ce soit Amherst ou Ecuyer qui fut à l'origine de la première <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgNEKdancikeNKhnuxKuU2PEYT-yc1IBAYQsg0IkldLgyk1qEVlOL7a6xfbfEsYB4uircgA_lLMON3cHCxA4Lt58PLeH7Nzlf4EQ9vWxiYWb7Jk3C7GJk6nCkprZMi-v8_TUXPMyLMpuGFEW5go6XawbxApwQt3Ao0PjXy9sYkwpRrBcrCu3-jKAWYHUw/s880/indianer-liefern-englische-geiseln-an-oberst-bouquet-im-november-1764.webp" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="587" data-original-width="880" height="266" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgNEKdancikeNKhnuxKuU2PEYT-yc1IBAYQsg0IkldLgyk1qEVlOL7a6xfbfEsYB4uircgA_lLMON3cHCxA4Lt58PLeH7Nzlf4EQ9vWxiYWb7Jk3C7GJk6nCkprZMi-v8_TUXPMyLMpuGFEW5go6XawbxApwQt3Ao0PjXy9sYkwpRrBcrCu3-jKAWYHUw/w400-h266/indianer-liefern-englische-geiseln-an-oberst-bouquet-im-november-1764.webp" width="400" /></a>guerre bactériologique des temps mo-dernes. (Durant l'Antiquité et le Moyen Âge, on catapul-tait des cadavres morts de la peste à l'intérieur des forte-resses assiégées. Amherst, Bouquet et Ecuyer ne firent qu'adapter la même tactique à la guerre américaine.) Le système immunitaire des Indigènes d'Amérique n'était pas préparé à recevoir la contamination européenne au XVIe siècle, les indigènes mourant sans autre volonté que l'action naturelle prise pour volonté divine de nettoyer les terres devant les Pèlerins qui débarquaient des navires anglais ou hollandais. Mais, à la fin du XVIIIe siècle, il en allait tout autrement et la volonté de tuer en usant des microbes et des virus comme armement seule permet de justifier le terme de génocide attribué à l'action des officiers britanniques.<br /></p><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;"></span></span></p><p></p><p></p><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; orphans: 2; widows: 2;"></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: inherit;">De
mes souvenirs d'enfance toutefois, je garde une autre image de Amherst. Elle
découlait d'une anecdote mettant en scène la fondatrice des
Hospitalières, Mère Marguerite d'Youville : </span></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: inherit;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEje3U1-yEoxr3wCbk695Qhvlq0bw_NcSzw6A--zZSne-LHMIXox4Ai3o3lHRFmTuj45SbwbqTv_urpAqIWtsYy8isrEi1kIdbahkNHPFw9wacW5JCwbquFNf1KTNa9ipOSxtOkkzTaK5T0PlbCYChxS_waUfZsQtrqsomoXUAm9jRfRoAsFe8AH5c8SOw/s327/275px-James_Duncan_Marguerite_d_Youville.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="327" data-original-width="275" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEje3U1-yEoxr3wCbk695Qhvlq0bw_NcSzw6A--zZSne-LHMIXox4Ai3o3lHRFmTuj45SbwbqTv_urpAqIWtsYy8isrEi1kIdbahkNHPFw9wacW5JCwbquFNf1KTNa9ipOSxtOkkzTaK5T0PlbCYChxS_waUfZsQtrqsomoXUAm9jRfRoAsFe8AH5c8SOw/s320/275px-James_Duncan_Marguerite_d_Youville.jpg" width="269" /></a></span><span style="font-family: inherit;">«<i>Mme d'Youville, avec une toute chrétienne impartialité, cachait les fugitifs anglais ou français dans les caveaux de l'église et les nourrissait à la dérobée jusqu'au moment propice de leur évasion. Un jour qu'elle était à coudre une tente dans la </i></span><span style="font-family: inherit;"><i>salle de communauté, un soldat anglais fait irruption dans la pièce, et à son air égaré, elle comprend qu'il est poursuivi. Soulevant l'immense et lourd matériel, elle lui fait signe de s'y blottir; à peine les plis se sont-ils reposés sur lui qu'un Sauvage brandissant le tomahawk apparaît. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEguipLvPXTqcI1iI_v2JLlwdmBH22eznjS97nmzLr7aVpjdmNqPaP1Odofvdzub36-ugwC2Gw3RJxjsSbjnWxeinGgybYsy0AE-V8QEqZu5SdKGUzPqyKHC0RyNAHdG41QwC2CP9EGbrSa9/h120/275px-James_Duncan_Marguerite_d_Youville.jpg">Mme d'Youville</a>, toute calme, lui montre du doigt une porte entr'ouverte à l'autre bout de la pièce. L'Indien, croyant poursuivre sa victime, s'engagea dans le couloir qui menait à la sortie. Sans s'en douter, Mme d'Youville venait de sauver sa maison, car lors du siège de Montréal en 1760, ce soldat nommé Southworth, prévint la destruction de l'hôpital. Le général anglais, apercevant cette <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgxmqn4TLSqILswObYFKZb7FN9ZyY8vysQ33DSP8_oecXOoBOIUzUlDIJu1RA7bTog2sKZeRvJLJtcYkHTqCvzixrsM70Nlf5ZdJ70ke8G6a2pPbsIx-aKrLB-r_-5DJ-Ed5ARtXrtwt3q9avuU-8ejBkqvQPV4rwUxaN0LQZUDBXy1goh94JMaQvNjxQ/s1656/image.webp">haute bâtisse</a> hors les murs de la ville, craignit une ruse </i></span><span style="font-family: inherit;"><i>des Français et donna ordre aux artilleurs de la canonner : c'est alors que le rescapé de Mme d'Youville vint raconter son aventure au commandant, qui députa </i></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgxmqn4TLSqILswObYFKZb7FN9ZyY8vysQ33DSP8_oecXOoBOIUzUlDIJu1RA7bTog2sKZeRvJLJtcYkHTqCvzixrsM70Nlf5ZdJ70ke8G6a2pPbsIx-aKrLB-r_-5DJ-Ed5ARtXrtwt3q9avuU-8ejBkqvQPV4rwUxaN0LQZUDBXy1goh94JMaQvNjxQ/s1656/image.webp" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1060" data-original-width="1656" height="205" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgxmqn4TLSqILswObYFKZb7FN9ZyY8vysQ33DSP8_oecXOoBOIUzUlDIJu1RA7bTog2sKZeRvJLJtcYkHTqCvzixrsM70Nlf5ZdJ70ke8G6a2pPbsIx-aKrLB-r_-5DJ-Ed5ARtXrtwt3q9avuU-8ejBkqvQPV4rwUxaN0LQZUDBXy1goh94JMaQvNjxQ/s320/image.webp" width="320" /></a><span style="font-family: inherit;"><i>des officiers en recon-naissance. Mme d'Youville, dont la politesse native s'était affinée aux enseignements de l'Église : "Rendez... l'honneur à qui vous devez l'honneur", reçut les inquisiteurs avec tant de civilité qu'ils ne doutèrent point de la neutralité de cette oasis de charité</i>» (A. Ferland-Angers. <i>Mère d'Youville, </i>Montréal, Beauchemin, 1945, p. 146). </span></p></blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhy_jKKRs90sQtaJVQBkVNN6ToGGTeE9UsAb4QA1v6kdV1obxgLPDi4eX-kUFgbUiiDhMCT1L3ghrrq3qLINnvZJ3KJAX_2OITlM6jg1RJaQ5WZjypsuVx9R-I3KD5XPBp0p8z6X4GDXKt5ncJTK1c1-5MCtGRNtKX0mq_U0AT_476bxzMfqXp-hJM1Hg/s330/Amherst.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="330" data-original-width="264" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhy_jKKRs90sQtaJVQBkVNN6ToGGTeE9UsAb4QA1v6kdV1obxgLPDi4eX-kUFgbUiiDhMCT1L3ghrrq3qLINnvZJ3KJAX_2OITlM6jg1RJaQ5WZjypsuVx9R-I3KD5XPBp0p8z6X4GDXKt5ncJTK1c1-5MCtGRNtKX0mq_U0AT_476bxzMfqXp-hJM1Hg/w320-h400/Amherst.jpg" width="320" /></a><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;">Le
général anglais, c'était bien sûr sir <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhflwI1-YWOTVlEWUnna4Ydu9m1k56BVIXMh3UKRnHXWOFTgICiaB1A1QYmpMhVz7_0uRdaXEwEbjKJec2mwohCSvkwvA1He7YfvOA_ReaEjgT1GIgijBfuhbEzC-NBhe_yv14dT34YqZWN/h120/Amherst.jpg">Jeffrey Amherst</a> : «</span></span><span style="font-family: inherit;"><i>Non
seulement Amherst s'empresse de retirer son ordre barbare, mais il
dépêche six officiers pour vérifier l'exactitude de l'assertion.
Sœur d'Youville les reçoit avec politesse, leur sert des
rafraîchissements, leur ouvre les salles des pauvres et surtout
celle des prisonniers anglais. Touchés d'un aussi cordial accueil,
les messagers s'éloignent, emportant de la fondatrice et de sa
communauté le plus réconfortant souvenir</i></span><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;">»
(G. Laviolette. </span></span><span style="font-family: inherit;"><i>Marguerite
d'Youville, </i></span><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;">Québec,
s.é., Col. Gloires nationales, 1944, p. 21).</span></span></p><p></p><div style="text-align: justify;"><blockquote><p>«<i>Reçu dignement par la révérende Mère Catherine Martel, dont l'esprit et la vertu égalaient le courage, l'imposant général se montra fort bienveillant. Il parla aux religieuses avec douceur, rapportent nos manuscrits; il les complimenta sur leur charité et sur la générosité avec laquelle elles avaient peut-être renoncé à de grandes prétentions dans le monde pour se sacrifier au soulagement des malades.</i></p></blockquote><blockquote><p><i>Les relations paraissent avoir été effectivement cordiales, puisque nous voyons le sirop d'érable canadien avoir l'honneur de servir à des fins diplomatiques. Quelques bouteilles de l'onctueuse liqueur, accompagnées des plus beaux fruits du jardin des moniales et d'un billet de circonstance, eurent l'heur de plaire au général victorieux. Celui-ci ne demeura pas en reste de courtoisie. Il répondit par l'envoi de la lettre suivante :</i></p></blockquote><blockquote><p><i>Montréal, ce 25e sep're 1760.</i></p></blockquote><blockquote><p><i>Ma Sœur.</i></p></blockquote><blockquote><p><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhImc45Xkfk4xpR0VuW-dXebwFbJOqUG4eoWwcKPGxl7TBL1yMnXeDrYlSd8Llu3yEzfrk4MU9c5-r3MLZ3IjGD2zUE2x_K94MD0pugBK1IwxRQK0Crx64mBXAD1f_UxWsWxwEnafyTe6CCI-QwrQGNF-wWVGIuEAKjD5oJ76RUlfMxJuHfTEhc2HlR6w/s1070/Hotel-Dieu-Montreal--1642.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1070" data-original-width="634" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhImc45Xkfk4xpR0VuW-dXebwFbJOqUG4eoWwcKPGxl7TBL1yMnXeDrYlSd8Llu3yEzfrk4MU9c5-r3MLZ3IjGD2zUE2x_K94MD0pugBK1IwxRQK0Crx64mBXAD1f_UxWsWxwEnafyTe6CCI-QwrQGNF-wWVGIuEAKjD5oJ76RUlfMxJuHfTEhc2HlR6w/w238-h400/Hotel-Dieu-Montreal--1642.jpg" width="238" /></a><i>J'ai trop lieu de me loüer des soins dont je me suis apperçu ce matin, que vous avés de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjrL5EvEDR8BT5fbKTncxaeNDYZxXzBTfobFKjJBAtSbBbQUZGPWQ4329ibe1LwtdC0I900zrvfw01zaAYmdpRPHhv_atmhOLyrxftTsOVsEXpNMZ1MR-s92jQ_ZcGe2OU0exN1H2oCuZMh/h120/Hotel-Dieu-Montreal--1642.jpg">nos malades</a>, pourque je ne vous en temoigne pas ma plus vive </i><i>reconnaissance; cet Echantillon m'est un sur garand que, sans vous en demander la continuation, vous ne relacherai point de Charité et dégard envers Eux. J'ose vous prier de vouloir me permettre de ce présenter à la Communauté une Couple de Cent de Gros Ecus avec deux Douzaines de Vin de Madeire; Ce ne sont que des Erres du bien que je veut à une Société aussi respectable que celle du Monastère de St-Joseph de l'Hôtel-Dieu de Montreal, qui peuvent compter de la part de la Nation Britannique sur la même protection dont Elle a Joüie sous la domination française.<br /></i></p></blockquote><blockquote><p><i>Daignés agréer mes très humbles remercimens du beau fruit et du sirop qui viennent de m'etre remis de votre part; et souffrés que Je Vous assure du profond Respect avec lequel Je suis</i></p></blockquote><blockquote><p><i>Ma Sœur</i></p></blockquote><blockquote><div><i>Votre très humble et très</i></div></blockquote><blockquote><div><i>Obéissant Serviteur</i></div></blockquote><blockquote><p><i>Jeffrey Amherst</i>» (M. Mondoux. <i>L'Hôtel-Dieu, premier hôpital de Montréal, </i>Montréal, Thérien Frères, 1942). <br /></p></blockquote><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: inherit;">Ces
deux cents écus contrastent avec la dette de cent mille francs que
le gouvernement français devait à l'Hôpital Général pour la
pension des prisonniers de guerre et les différents travaux qu'il
lui avait demandés. Malgré des appels répétés pour le
remboursement de cette dette, on ne daigna même pas lui répondre et
ce n'est que 60 ans plus tard, après la mort de la fondatrice, qu'un
acte de justice répara le tort.</span></p></div>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: inherit;">Mais
les préventions courtoises d'<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiBsQ3N2VHPFwm5HhlKR3tRnR4_b16TteOiJEPKjutTOxqHOKxT7-PtGEkoJ5I7JIg6uAM6PYkkfNnrn_YLj1V03hAQQBeZ2WCfSTzVTwyAIl-pR8a-FyMSLJJRUu3EzxH6izxBIxeHh57z/h120/original.9535.jpg">Amherst</a> ne s'arrêtèrent pas aux
religieuses de l'Hôpital Général, comme le montre le fameux placart
qu'il fit appliquer publiquement après la prise de la ville. Ici,
pas question de pillages ou d'abus : </span></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiHPTGX0pk3wZ_9-0NIhEXC_OLB_u-e29kPY_X4uwxCP0W90RKvAL4iKrFs1wZgBAKqw1QTf6Vk8-tnphmenMK3Tz6XeI1fCZK0idCEHWshEz_vC-ZMC2y9WaFg2P22YBgECZOQYPqpZCxyae2sOnepgyOZdAqizFnt5iYmoJd9osTTZW4OZViNqn1HGg/s500/original.9535.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="307" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiHPTGX0pk3wZ_9-0NIhEXC_OLB_u-e29kPY_X4uwxCP0W90RKvAL4iKrFs1wZgBAKqw1QTf6Vk8-tnphmenMK3Tz6XeI1fCZK0idCEHWshEz_vC-ZMC2y9WaFg2P22YBgECZOQYPqpZCxyae2sOnepgyOZdAqizFnt5iYmoJd9osTTZW4OZViNqn1HGg/w245-h400/original.9535.jpg" width="245" /></a><span style="font-family: inherit;">«</span><span style="font-family: inherit;"><i>Que
le peu de secours que le Canada a reçu de la france depuis deux
années, </i></span><span style="font-family: inherit;"><i>l'ayant épuisé de Bien de rafraichissement et de
nécessaire. Nous avons pour le bien commun des troupes et de
l'habitant recommandé par nos lettres aux différens gouverneurs des
Colonies anglaises les plus proximes du Canada d'afficher et publier
des avis à leurs Colons pour se transporter icy avec toutes sortes
de denrées et de rafraichissements, et nous nous flattons qu'on ne
tardera pas de voir remplir ce Projet; et, lorsqu'il Le sera, un
chacun en sera instruit pour qu'il puisse y participer au prix
courant et sans impots</i>» (cité in <i>Le Boréal Express, t. 1 :
1524-1760, </i>Trois-Rivières, Le Boréal Express éd. s.d. p. 239).</span></p></blockquote>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: inherit;">Certes,
Amherst et Murray avaient besoin d'amadouer les colons français
maintenant que la guerre tirait à sa fin. Ce n'était peut-être pas
nécessaire mais c'était préférable. Comme les Hospitalières
n'étaient pas tenues de traiter pareillement les soldats blessés
français et anglais, le gouvernement militaire n'était pas tenu,
non plus, de traiter avec égard la population canadienne au point de
songer à l'approvisionner de denrées et de <i>rafraichissements.
</i>Dans bien d'autres situations analogues, les garnisons vaincues
ne reçurent pas autant d'égards de la part du vainqueur, autant en tous cas qui leur
permettaient de conserver leurs capitaines de milice armés et le droit
de disposer d'armes. Comme on le sait, ce ne fut pas la manière dont les vainqueurs anglais traitèrent les Acadiens en 1715.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: inherit;">Amherst
était raciste, ceci est incontestable. Et comme tous les
Britanniques d'Amérique du Nord en cette fin de XVIIIe siècle. Il
traita les Indiens séditieux menés par Pontiac avec une </span><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg3LzotPQG3zat5rqA1o8BuuKpfHOjlCC1KXnUBcZuB1tH5hCg0oR8T6qnIdaW1dePYUcSt8uLVFvd3Hlc9NTdhlxeIY6f5Xxzb_Tda_YxlWpzTWUhUnn2mbe12uydebUs2N7rYS7q0CFWFyWr8inuU98iCItVg-YqCNVFBeMiSGjyanyLTMcnGHatNWA/s512/einstieg_amerstatateteken_23_10-formatkey-jpg-w983.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="419" data-original-width="512" height="262" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg3LzotPQG3zat5rqA1o8BuuKpfHOjlCC1KXnUBcZuB1tH5hCg0oR8T6qnIdaW1dePYUcSt8uLVFvd3Hlc9NTdhlxeIY6f5Xxzb_Tda_YxlWpzTWUhUnn2mbe12uydebUs2N7rYS7q0CFWFyWr8inuU98iCItVg-YqCNVFBeMiSGjyanyLTMcnGHatNWA/w320-h262/einstieg_amerstatateteken_23_10-formatkey-jpg-w983.jpg" width="320" /></a></span></span><span style="font-family: inherit;">cruauté, égal à la bonté qu'il fît preuve pour les filles de
Mère d'Youville et pour les vaincus de Montréal et des
Trois-Rivières. C'est de bonne casuistique que de reconnaître que même les pires salauds peuvent faire acte(s) de bonté. Cela ne justifie pas toutefois d'honorer leur nom en désignant une <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjAVIKKKGADCX-YpJsFMvzN6EwGv7nXoI-1obZN2l_LXWUwnRT1RhYWdO_4keleulo1-NA8nBorSio4kNjqhei7_joSeQYVxGBhccT-L3TPaR6H1rJRZQsX5CPDyHbC8saawXK9s2zHQ-K_/h120/einstieg_amerstatateteken_23_10-formatkey-jpg-w983.jpg">rue</a>! Seule la cruauté dont firent preuve Winslow et Lawrence à <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhWx1P7jIoMQ5izWVCK9ceOtX0lXZrnzJMgjpqzUDJK_52MCqskh9G57vLvKH_UdgBX0uJDs7Vad113fTKt4VuEPScgjZPU13JvOgBqaP05tucEYzagaIDREz7ArNXzWmoTo7F5M6ZDoaE_/h120/DEPORT2.GIF">Grand Pré</a> en Acadie en 1755 appartient à cette même ligne de sauvageries génocidaires. On y retrouve le même paradoxe que dans la noble culture japonaise. Comme les Japonais savent se montrer si raffinés
dans l'art de l'ornementation, ils transportent ces raffinements dans
l'art de supplicier leurs ennemis.</span></p><p style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhnpPwEtuTHAmt8H-XVQOzS9pEnahysmzFWjCN4LgjXxM12QnDFqXF06_0BhRmdFSCRYG__CYgRm3Huqsc8NsdXit30z4Lb1pZ-Bi3xxQOop-REFdn_gN24S-XocNM7pM5DpteHaQpr6qtmsV9x_EPI5ffYrmumAA_33Uev3kFeLbY5W41bhNmF57vM7Q/s400/DEPORT2.GIF" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="400" data-original-width="357" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhnpPwEtuTHAmt8H-XVQOzS9pEnahysmzFWjCN4LgjXxM12QnDFqXF06_0BhRmdFSCRYG__CYgRm3Huqsc8NsdXit30z4Lb1pZ-Bi3xxQOop-REFdn_gN24S-XocNM7pM5DpteHaQpr6qtmsV9x_EPI5ffYrmumAA_33Uev3kFeLbY5W41bhNmF57vM7Q/w358-h400/DEPORT2.GIF" width="358" /></a></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;">Si
Folquet de Marseille et le général Amherst ne sont peut-être pas dignes de figurer dans la sphère de Vénus, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi3HbnOjLg7I8lueGkCShEVyUKywLlNl7IMUBy3rmZ-FXAuIDshiB_emnJmZHh_Zr1kGlD-GbBj1z5tBVPzS5ykkIsZ89ZTwD3ChczP2e17lDjY6UlHSWYnQJUM-xa-fAXLDpbgW4XB78UW/h120/gettyimages-89861094.jpg">Victor Hugo</a>, par
contre, mérite le privilège incontestable d'y résider, lui, </span></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgO1GMgTYmvfCV9RTeF5j0ULl4PGnIhUH-qywk6l2HefxS6_wqIb8oMk5lgZSSVBdzarHrSZS_MNVe1cDVMeI9jBoPd29ESGUNc9ZilJ1ktXLn6DVBOxhiL1HbhK54klLGQxIwMBR4rcQgg2IDn3pr825-azGMz1x3xxn2zkiVr_dgx3sOkHF8Hqkxl_w/s500/gettyimages-89861094.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="500" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgO1GMgTYmvfCV9RTeF5j0ULl4PGnIhUH-qywk6l2HefxS6_wqIb8oMk5lgZSSVBdzarHrSZS_MNVe1cDVMeI9jBoPd29ESGUNc9ZilJ1ktXLn6DVBOxhiL1HbhK54klLGQxIwMBR4rcQgg2IDn3pr825-azGMz1x3xxn2zkiVr_dgx3sOkHF8Hqkxl_w/w320-h320/gettyimages-89861094.jpg" width="320" /></a><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;">le poète qui a écrit
qu'«</span></span><span style="font-family: inherit;"><i>il n'y a
sous le ciel qu'une chose devant laquelle on doive s'incliner : le
génie, et qu'une chose devant laquelle on doive s'agenouiller : la
bonté</i></span><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;">»
(V. Hugo. </span></span><span style="font-family: inherit;"><i>Choses
vues, </i></span><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;">Paris,
Gallimard, Col. Quarto, 2002, p. 843 (26 mars 1854). Les auteurs
romantiques du XIXe siècle, par leur goût du mélodrame,
s'exerçaient à créer des caractères solides, courageux,
déterminés et imbus de bonté. Balzac avec <i>le Père Goriot</i> et Dumas avec le <i>comte de Monte-Cristo</i> pouvaient combiner une gamme de sentiments
qui tournaient autour des comportements les plus délicats, remplis
de mansuétude et surtout d'abnégation de soi. Goriot s'est ruiné
pour ses deux filles qu'il adore mais qui font preuve de négligence
et de rejet; Edmond Dantès découvre, après quatorze années détenu
au château d'If, que sa promise, Mercédès, a épousé l'un des
hommes qu'il croyait son ami et l'a dénoncé, entraînant ainsi son incarcération. Au cœur des intrigues, les
romanciers tentaient d'accéder à la plus haute élévation du
caractère humain.</span></span></p><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"></p><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: inherit;"></span></p><p></p><p></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;">Dans
ce genre, Victor Hugo demeure indépassable par son génie à développer, au fil du déroulement des intrigues, des âmes plus
grandes que nature : Gwynplaine, </span></span><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;">le héros de </span></span><span style="font-family: inherit;"><i>L'homme
qui rit, </i></span>a été enlevé par des <i>Comprachicos, </i>des <i>achète-petits</i>, qui font du commerce d'enfants qu'ils achètent puis revendent après les avoir mutilés. S'enfuyant sur <i>la Matutina, </i>une hourque qui doit les emmener loin de l'Angleterre (nous sommes au tournant du XVIIIe siècle), celle-ci fait naufrage en laissant Gwynplaine sur la berge. Il est alors âgé de dix ans et comme les Bohémiens lui ont fendu la bouche des deux côtés <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhAfRYjjpFS8eU9py9ZKjIMjB0ZE8F0DoBJ0qpzGRHiPFHt8BblVtuNkvRCWryML06i3VSeQVwxqe1LRfZQKkr9e01O1vxtXnfMEDNVYji0UdgYvz_brERIrz-zLhXnE_4uXbSenktdC_ISQcMQT8GorILNI9eJW76O0ds4go0mzskzMVIrWZ08dqa7Xg/s467/L'Homme_qui_rit_-_Gwynplaine_et_la_petite_Dea.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="467" data-original-width="320" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhAfRYjjpFS8eU9py9ZKjIMjB0ZE8F0DoBJ0qpzGRHiPFHt8BblVtuNkvRCWryML06i3VSeQVwxqe1LRfZQKkr9e01O1vxtXnfMEDNVYji0UdgYvz_brERIrz-zLhXnE_4uXbSenktdC_ISQcMQT8GorILNI9eJW76O0ds4go0mzskzMVIrWZ08dqa7Xg/w274-h400/L'Homme_qui_rit_-_Gwynplaine_et_la_petite_Dea.jpg" width="274" /></a>jusqu'aux oreilles, il prend l'aspect monstrueux d'un visage qui grimace tout le temps. Appelé à survivre contre la nuit, la neige et la mort, il cherche à retourner vers la ville. Dans son périple, il passe devant un gibet où gît le cadavre d'un condamné et découvre, à quelques pas, le corps d'une femme sur le sein de laquelle est resté accroché un bébé encore vivant. Bon garçon, il se charge de ce <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhdfHc08AvDRJg3x5NvKtuzcW-WknDyb-T6k-usT23WO1LGNlcVHIvLF1qFNNAn4DD8dzjQhrLyZi8Bj2p2rdCaka6Zw_u-xdDPyBqHL7dPVzvQMTvWwIFNTvdV9Gb7cjdpb9rv743-WwLB/h120/L%2527Homme_qui_rit_-_Gwynplaine_et_la_petite_Dea.jpg">fardeau</a> tout en reprenant son chemin. Il croise alors le roulotte d'Ursus, vagabond qui s'habille avec une peau d'ours et accompagné d'un loup. Ursus recueillera Gwynplaine et Dea, le bébé, une fillette qu'ils découvrent aveugle. Avec les années, Dea, qui ne peut être rebuté par l'apparence de Gwynplaine, deviendra l'amour du jeune homme, jusqu'au jour où, reconnu pour un lord baron d'Angleterre, il se retrouve à plaider un discours social enflammé, modèle du genre répété à travers toute l'œuvre de Hugo; en poésie, en romans et en essais. Devant la Chambre des Lords, «<span style="font-family: inherit;"><i>il
stigmatise, sous les ricanements de ses pairs, l'injustice social</i></span><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;"><i>e</i>»
(P. Ven Tieghem. </span></span><span style="font-family: inherit;"><i>Dictionnaire
de Victor Hugo, </i></span><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;">Paris,
Larousse, Col. Dictionnaires de l'homme du XXe siècle, # D35,1970,
p. 107).</span></span></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">«<i>Dans
l'obscur et vertigineux débat de sa conscience, que s'était-il dit?
ceci : - Le peuple est un silence. Je serai l'<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjq0elo4FVElj61UuVsYExhtaH486-YIxhmDoEjXioDHgcqhFTY1P145jxjpmdB_0lFH0Ln0IWDe4SZPBlLa1n5qMiPCvsvkuZK_zNvWaKuE_pC-CJWVRHvMpHhEiUx58TNezxWumUt6gn1/h120/L%2527Homme_qui_rit_-_Gwynplaine_%25C3%25A0_la_Chambre_des_lords%252C_par_Rochegrosse.jpg">immense avocat</a> de ce
silence. Je parlerai pour les muets. Je parlerai des petits aux grands
et des faibles aux puissants. C'est là le but </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiL_efOgfV0sTrfrke47vTU0l5laSihNPve_l5ugd-Hm8IQw6mXzS4JTVzKwow8BFnucxwPMVryLwn4dTUGXrHD1IGK7_OzvwLBYSruE_gquEk_PcGOK1qHIHF0Athdz3TcjXdiMYNDcUdJHKqVzGYZ42C-GPVG5o3B4UOhhOFPb-3AZ7GeRGWCK6hufQ/s337/L'Homme_qui_rit_-_Gwynplaine_%C3%A0_la_Chambre_des_lords,_par_Rochegrosse.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="337" data-original-width="220" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiL_efOgfV0sTrfrke47vTU0l5laSihNPve_l5ugd-Hm8IQw6mXzS4JTVzKwow8BFnucxwPMVryLwn4dTUGXrHD1IGK7_OzvwLBYSruE_gquEk_PcGOK1qHIHF0Athdz3TcjXdiMYNDcUdJHKqVzGYZ42C-GPVG5o3B4UOhhOFPb-3AZ7GeRGWCK6hufQ/s320/L'Homme_qui_rit_-_Gwynplaine_%C3%A0_la_Chambre_des_lords,_par_Rochegrosse.jpg" width="209" /></a><i>de mon sort. Dieu veut ce
qu'il veut, et il le fait. </i>[...] <i>Je serai le lord des pauvres. Je
parlerai pour tous les taciturnes désespérés. Je traduirai les
bégaiements. Je traduirai les grondements, les hurlements, les murmures,
la rumeur des foules, les plaintes mal prononcées, les voix
inintelligibles, et tous ces cris de bêtes qu'à force d'ignorance et de
souffrance on fait pousser aux hommes. Le bruit des hommes est
inarticulé comme le bruit du vent; ils crient; mais on ne les comprend
pas, crier ainsi équivaut à se taire, et se taire est leur désarmement.
Désarmement forcé qui réclame le secours. Moi, je serai le secours. Moi,
je serai la dénonciation. Je serai le Verbe du Peuple. Grâce à moi, on
comprendra. Je serai la bouche sanglante dont le bâillon est arraché. Je
dirai tout. Ce sera grand. -</i>» (V. Hugo. <i>L'homme qui rit, </i>in <i>Romans, t. 3, </i>Paris, Seuil, 1963, p. 402).<br /></p></blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjB9bMODWuYUUw5KY057ArjRTxWEIGxnTKpYRKZplekxwdZByhJwaPRBrwMpEDgOrMiwI6oEk3gGVmr3DSlERmNAKjgdoZkZ-_1awzHK-Ch6sMeOG9i5bIndv2JIUhdNPChLEFJFgkE04PByLuTpvs4wKu_85KbCtcUvuu8OuqmZEowK8oecVznGYlhrQ/s1025/Gwynplaine_character_from_the_Victor_Hugo_book_The_Man_Who_Laughs_or_L_Homme_Qui_Rit_as_imagined_by_anartist.png" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1025" data-original-width="800" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjB9bMODWuYUUw5KY057ArjRTxWEIGxnTKpYRKZplekxwdZByhJwaPRBrwMpEDgOrMiwI6oEk3gGVmr3DSlERmNAKjgdoZkZ-_1awzHK-Ch6sMeOG9i5bIndv2JIUhdNPChLEFJFgkE04PByLuTpvs4wKu_85KbCtcUvuu8OuqmZEowK8oecVznGYlhrQ/w313-h400/Gwynplaine_character_from_the_Victor_Hugo_book_The_Man_Who_Laughs_or_L_Homme_Qui_Rit_as_imagined_by_anartist.png" width="313" /></a></span></span><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;">Amoureux
de Dea, </span></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjHxylSk30YJ8wsHVZf6xL8X8MbFpv-Nq7jWLYY2O2RHbxfeLCoEapxLVMYKaHE12pyAQwpNxyl6_Z7oQPxTW_-ksh8PLmd4yDXzPGu0Mp2PEnN1Sn7uq1P6Hu3EdZ_MvvvyuBhKoEQgA_-/h120/Gwynplaine_character_from_the_Victor_Hugo_book_The_Man_Who_Laughs_or_L_Homme_Qui_Rit_as_imagined_by_anartist.png">Gwynplaine</a> renonce à la pairie pour retourner vivre auprès d'Ursus et de Dea. Ceux-ci ont été enjoint de quitter l'Angleterre le lendemain sous peine d'être emprisonnés. Gwynplaine les rejoint pour voir mourir Dea dans ses bras. Gwynplaine décide de la rejoindre dans la mort en se jetant à l'eau. Cette finale sera reprise, de manière encore plus pathétique, à la fin des <i>Travailleurs de la mer, </i>roman que Hugo dédit «<i>au noble petit peuple de la mer</i>».</p><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">Gillliatt, le héros des <i>Travailleurs de la mer, </i>est aussi noble d'âme qu<span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;">'il est laid, voire
monstrueux. Solitaire, on ne sait pas d'où il vient. Il tombe
amoureux de Déruchette, la </span></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiihdE3cB2KJfS3rcJtLN0nZXvg2z8RcCGE4b0Iegnh476nM_mGxv0tVp_a0BtpsXYbzYAk6D-xZ3SLTALoDx0PRKJ1eH8Txm3R-HDsKtwLhALJIU5-xBeLzuJilie_6lsiGEYCST7MHr62agsS6PCb5gkJFlcVxSASBSy-HxSeXhbI0ZY1gmOyPhruaQ/s600/hugo_durande.jpeg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="454" data-original-width="600" height="303" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiihdE3cB2KJfS3rcJtLN0nZXvg2z8RcCGE4b0Iegnh476nM_mGxv0tVp_a0BtpsXYbzYAk6D-xZ3SLTALoDx0PRKJ1eH8Txm3R-HDsKtwLhALJIU5-xBeLzuJilie_6lsiGEYCST7MHr62agsS6PCb5gkJFlcVxSASBSy-HxSeXhbI0ZY1gmOyPhruaQ/w400-h303/hugo_durande.jpeg" width="400" /></a><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;">nièce de Mess Lethierry, propriétaire
du vapeur </span></span><span style="font-family: inherit;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiihdE3cB2KJfS3rcJtLN0nZXvg2z8RcCGE4b0Iegnh476nM_mGxv0tVp_a0BtpsXYbzYAk6D-xZ3SLTALoDx0PRKJ1eH8Txm3R-HDsKtwLhALJIU5-xBeLzuJilie_6lsiGEYCST7MHr62agsS6PCb5gkJFlcVxSASBSy-HxSeXhbI0ZY1gmOyPhruaQ/s600/hugo_durande.jpeg">La
Durande</a>. </i></span><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;">Ce
dernier promet la main de sa nièce à qui récu-pérera la machine de
l'épave coincée entre deux rochers au large de Guernesey. Gilliatt
accepte de relever le défi, ce qui le conduit à maintes péripéties
dont un combat avec un véritable kraken, une <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiFkrfTdP09g9N5FohvBgj7m01QEHw4dNUIpKg0Mx0JlHzJpbVV3uUgko-ot67EccdUsJcwJ66uouI0WJOnjSKKN3HF69ZqTBtctq2cKoyHbfkYp4sYe_5BuN2JBQBnwwKmV3zcmbOYM6uJ/h120/victor_hugo-octopus.webp">pieuvre</a> qui n'est pas
sans ressembler à Moby Dick par son aspect symbolique. Gilliat
réussit à ramener la machine, mais au retour, il découvre que
Déruchette est amoureuse d'un jeune pasteur, Ebenezer, qui l'aime en
retour. Gilliatt commettra le suprême sacrifice en aidant les jeunes
gens à se marier en cachette et à les faire embarquer dans un
sloop, le </span></span><span style="font-family: inherit;"><i>Cashmere</i></span><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;">.
Il s'assoit alors dans un rocher au bord de la mer, au moment où
commence le flot de la marée montante :</span></span></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">«<i>L'œil de Gilliatt, attaché au loin sur le sloop, restait fixe.</i></p></blockquote><div style="text-align: justify;"><blockquote><p><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjvNkW1PZD2brI4fCnps6jQpHTRrM5NUmv5XjjJE76mPS65obbDbmFQwtIbj_Z_FNGOaybhUWBvD0Gd23Eyxx-2tnOdQVm02L896yUm_F102S62gM3cKVH2Xz75_wTJvLnexRxWPgPT_QAcgzUMXv8dyEY6YwrfdNFnnhJTKsXTs7dnjdla-yoXuI1yqA/s576/victor_hugo-octopus.webp" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="576" data-original-width="403" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjvNkW1PZD2brI4fCnps6jQpHTRrM5NUmv5XjjJE76mPS65obbDbmFQwtIbj_Z_FNGOaybhUWBvD0Gd23Eyxx-2tnOdQVm02L896yUm_F102S62gM3cKVH2Xz75_wTJvLnexRxWPgPT_QAcgzUMXv8dyEY6YwrfdNFnnhJTKsXTs7dnjdla-yoXuI1yqA/w280-h400/victor_hugo-octopus.webp" width="280" /></a><i>Cet
œil fixe ne ressemblait à rien de ce qu'on peut voir sur la terre. Dans
cette prunelle tragique et calme il y avait de l'inexprimable. Ce
regard contenait toute la quantité d'apaisement que laisse le rêve non
réalisé, c'était l'acceptation lugubre d'un autre accomplissement. Une
fuite d'étoile doit être suivie par des regards pareils. De moment en
moment, l'obscurité céleste se faisait sous ce sourcil dont le rayon
visuel demeurait fixé à un point de l'espace. En même temps que l'eau
infinie autour du rocher Gild-Holm-'Ur, l'immense tranquillité de
l'ombre montait dans l'œil profond de Gilliatt.</i></p></blockquote><blockquote><p><i>Le </i>Cashmere, <i>devenu imperceptible, était maintenant une tache mêlée à la brume. Il fallait pour le distinguer savoir où il était.</i></p></blockquote><blockquote><p><i>Peu à peu, cette tache, qui n'était plus une forme, pâlit.</i></p></blockquote><blockquote><p><i>Puis elle s'amoindrit.</i></p></blockquote><blockquote><p><i>Puis elle se dissipa.</i></p></blockquote><blockquote><p><i>À l'instant où le navire s'effaça à l'horizon, la tête disparut sous l'eau.</i></p></blockquote><blockquote><p><i>Il n'y eut plus rien que la mer</i>» (V. Hugo. <i>Les Travailleurs de la mer, </i>in ibid. p. 172). <br /></p></blockquote></div>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: inherit;"></span></p><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;">On
ne peut omettre une autre incarnation de l'archétype hugolien :
Quasimodo, le bossu de </span></span><span style="font-family: inherit;"><i>Notre-Dame
de Paris </i></span><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;">: </span></span></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;">«</span><span style="font-family: inherit;"><i>Sonneur de
cloches à la cathédrale, c'est une sorte de monstre au point de vue
physique : il est sourd et contrefait. Recueilli et élevé par le
prêtre Claude Frollo, il </i></span></span><span style="font-family: inherit;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg-2tnbg_5wxwq53MCvlhMs3ifVPTSBPOHAY1N-MkjC_TAHFZewRmhZWwziuwsSWcugDvsCaTJ9e44Bvpp6qFHefOVbqfMUjjSJVRVj7L_xuXynsIA3edJhrMAdC3Cm3Lm0AwV-RGafcEYHfx2pZ2ukII_TYcXoU1gpuY1aluPFKBVrtd-qQ0MiK86jVQ/s375/250px-Luc-Olivier_Merson_-_Quasimodo.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="375" data-original-width="250" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg-2tnbg_5wxwq53MCvlhMs3ifVPTSBPOHAY1N-MkjC_TAHFZewRmhZWwziuwsSWcugDvsCaTJ9e44Bvpp6qFHefOVbqfMUjjSJVRVj7L_xuXynsIA3edJhrMAdC3Cm3Lm0AwV-RGafcEYHfx2pZ2ukII_TYcXoU1gpuY1aluPFKBVrtd-qQ0MiK86jVQ/w266-h400/250px-Luc-Olivier_Merson_-_Quasimodo.jpg" width="266" /></a></span><span style="font-family: inherit;"><span style="font-family: inherit;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg-2tnbg_5wxwq53MCvlhMs3ifVPTSBPOHAY1N-MkjC_TAHFZewRmhZWwziuwsSWcugDvsCaTJ9e44Bvpp6qFHefOVbqfMUjjSJVRVj7L_xuXynsIA3edJhrMAdC3Cm3Lm0AwV-RGafcEYHfx2pZ2ukII_TYcXoU1gpuY1aluPFKBVrtd-qQ0MiK86jVQ/s375/250px-Luc-Olivier_Merson_-_Quasimodo.jpg">vit dans la cathédrale</a> et ne connaît
qu'elle. Sa hideur le fait élire pape des fous lors d'un concours de
grimaces; mais son ancien protecteur lui arrache ses insignes
ecclésiastiques déshonorés par la cérémonie populaire qui fête
son élection, et Quasimodo le suit, en chien obéissant. La
psychologie du personnage est remarquablement neuve; pour la première
fois dans un roman, le narrateur établit avec précision, dans le
cas de Quasimodo, les rapports étroits entre les données physiques
d'un individu et ses données psychologiques, entre le cadre où il
vit, son occupation essentielle, et son monde moral. Son métier a
causé sa surdité, celle-ci son isolement intellectuel. Dévoué à
Claude Frollo, il a aidé celui-ci dans sa tentative d'enlèvement de
la Esmeralda. Arrêté, il subit une parodie de justice et est
condamné au pilori. Seule la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiJ8H_FzCqc2MEkaPSyhAyK7Gg4YOy-qDZDfL_mkiOqTzjPURF-zrcKc5OofTXPlyIgGuNgWf6vY9pi9-WY-ltDCcZv02cqDapRu-Fz3OmLX-5KZ7yuxm4yv7dyWVBqzcLqvLuc5hhL6hDi/h120/Quasimodo-e1409046545252-732x380.jpg">Esmeralda</a> a pitié de lui et lui donne
à boire. Aussi, quand celle-ci est condamnée pour un crime dont
elle est innocente, il l'enlève, et, la portant à l'intérieur de
la cathédrale, lieu d'asile, il l'arrache aux mains de la justice et
de la police. Un autre Quasimodo se révèle alors : sous le masque
affreux, dans </i></span></span><span style="font-family: inherit;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjRW35vAh5HdK_cpAld2Qg5k2SMUNMFpTmoufsTvh5JKceu9d4IuusP9N1UVaNrICqu_oSJtp5mbEtpocSsUaJU4ANfBYYkGC401NhaenvzhzbXcHFHTQshwGsgErkN7fWtPyh5p_wkSS69w1G0f8B9bfOcqUFHB0eNMqCTvtrLzX0zPATPDVBaejWVxg/s732/Quasimodo-e1409046545252-732x380.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="380" data-original-width="732" height="166" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjRW35vAh5HdK_cpAld2Qg5k2SMUNMFpTmoufsTvh5JKceu9d4IuusP9N1UVaNrICqu_oSJtp5mbEtpocSsUaJU4ANfBYYkGC401NhaenvzhzbXcHFHTQshwGsgErkN7fWtPyh5p_wkSS69w1G0f8B9bfOcqUFHB0eNMqCTvtrLzX0zPATPDVBaejWVxg/s320/Quasimodo-e1409046545252-732x380.jpg" width="320" /></a></span><span style="font-family: inherit;"><span style="font-family: inherit;"><i>le corps grotesque, se cache un cœur re-connais-sant,
une âme rayon-nante de lumière. Les truands assaillent la cathédrale
pour sauver la Esmeralda, mais Quasimodo croit qu'on vient la
chercher pour la livrer à la justice; il défend sa forteresse avec
une indomptable énergie. Cependant Claude Frollo enlève la jeune
fille et la livre à la justice. Quand elle est pendue à Montfaucon,
Quasimodo qui, du haut de la cathédrale, a suivi l'exécution,
devinant que son ancien protecteur est la cause de sa mort, le
précipite du haut d'une tour et s'en va mourir lui-même en tenant
embrassé le cadavre de celle qu'il avait voulu sauver</i></span><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;">»
(P. Van Tieghem. op. cit. p. 176). </span></span></span></p></blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: inherit;"></span></p><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: inherit;">On le constatera, ce n'est pas là une comédie musicale, mais bien une tragédie humaine :</span></p><p></p><div style="text-align: justify;"><blockquote><p>«<i>Quasimodo s'était
arrêté sous le grand portail. Ses larges pieds semblaient aussi solides
sur le pavé de l'église que les lourds piliers romans. Sa grosse tête
chevelue s'enfonçait dans ses épaules comme celle des lions qui eux
aussi ont une crinière et </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj7Zq4LmgvtdLOaI0f5OMHkf-lSC42AnkCWMt_oXGE2wnhRAfLcZU9AB02QJ0bv443H14UME4pgt94nwcgIwf1-adNvIS7o6Vwl1nJeIDg_Wv-oVMhvXKW2Fi7K4GkpkG_JalJI1roaeA1Wl29FJ568yQeiWuPi4F_t7bj055dldZ9hbW_1bX8l9UXHtQ/s612/gettyimages-505915079-612x612.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="612" data-original-width="481" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj7Zq4LmgvtdLOaI0f5OMHkf-lSC42AnkCWMt_oXGE2wnhRAfLcZU9AB02QJ0bv443H14UME4pgt94nwcgIwf1-adNvIS7o6Vwl1nJeIDg_Wv-oVMhvXKW2Fi7K4GkpkG_JalJI1roaeA1Wl29FJ568yQeiWuPi4F_t7bj055dldZ9hbW_1bX8l9UXHtQ/w315-h400/gettyimages-505915079-612x612.jpg" width="315" /></a><i>pas de cou. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhYFxYQ_tBmKDkVm-ImtR29IWArQV1kZZNdArtv8G_qivPrnrVPo7vN28SXDNG3H6DT2zEX2ttdH0MxvibPX6lw373aZ8Lefmo79PXpUmHDen6JPn5aWzg0z3_kOMKpPHiKsMof3FFwilp2/h120/gettyimages-505915079-612x612.jpg">Il tenait la jeune fille</a> toute
palpitante suspendue à ses mains calleuses comme une draperie blanche;
mais il la portait avec tant de précaution qu'il paraissait craindre de
la briser ou de la faner. On eût dit qu'il sentait que c'était une chose
délicate, exquise et précieuse, faite pour d'autres mains que les
siennes. Par moments, il avait l'air de n'oser la toucher, même du
souffle. Puis, tout à coup, il la serrait avec étreinte dans ses bras,
sur sa poitrine anguleuse, comme son bien, comme son trésor, comme eût
fait la mère de cette enfant; son œil de gnome, abaissé sur elle,
l'inondait de tendresse, de douleur et de pitié, et se relevait
subitement sur elle, l'inondait de tendresse, de douleur et de pitié, et
se relevait subitement plein d'éclairs. Alors les femmes riaient et
pleuraient, la foule trépignait d'enthousiasme, car en ce moment-là
Quasimodo avait vraiment sa beauté. Il était beau, lui, cet orphelin,
cet enfant trouvé, ce rebut, il se sentait auguste et fort, il regardait
en face cette société dont il était banni, et dans laquelle il
intervenait si <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhOmZ87QMipah_aYGUciFD5cgWU-IuHyZW6Er2O416-hZYCajA-S_LOdinGYAJfY1XGHZ-qPNKZwYMviM8OQYXjpP4OQSc3ij3RzElz4PEHwSJn4tgfFBcozY4R8ZwiGaOSQdxnHJBLBRUU/h120/9780140443530-jacket-large.jpg">puissamment</a>, cette injustice humaine à laquelle il avait
arraché sa proie tous ces tigres forcés de mâcher à vide, ces sbires,
ces juges, ces bourreaux, toute cette force du roi qu'il venait de
briser, lui infirme, avec la force de Dieu. </i></p></blockquote><p></p><blockquote><p><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjIEOUmWF2Aw3zCCRbbvDM-w47KF4RmIah8X0GhUCH7cC6bLkuBBl2-haPZJD5R8XoP2qm1TMPvr_TW7y9e8EA4VK_PH9lsBuX1azHHsVFVR3W4D76r1uv3TIwOB7MS5XSxDeAs35aNMjhVRQEzkMLOJnG8ZxO39X4W-FfZgt_TKzz3zE7RCgaujKGf5g/s340/9780140443530-jacket-large.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="340" data-original-width="287" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjIEOUmWF2Aw3zCCRbbvDM-w47KF4RmIah8X0GhUCH7cC6bLkuBBl2-haPZJD5R8XoP2qm1TMPvr_TW7y9e8EA4VK_PH9lsBuX1azHHsVFVR3W4D76r1uv3TIwOB7MS5XSxDeAs35aNMjhVRQEzkMLOJnG8ZxO39X4W-FfZgt_TKzz3zE7RCgaujKGf5g/s320/9780140443530-jacket-large.jpg" width="270" /></a><i>Et
puis c'était une chose touchante que cette protection tombée d'un être
si difforme sur un être si malheureux, qu'une condamnée à mort sauvée
par Quasimodo. C'étaient les deux misères extrêmes de la nature et de la
société qui se touchaient et qui s'entr'aidaient</i>» (V. Hugo. <i>Notre-Dame de Paris, </i>in <i>Romans, t. 1, </i>Paris, Seuil, 1963, p. 361). <br /></p></blockquote></div><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;">Mais,
évidemment, le modèle achevé de la bonté se retrouve dans le long
roman, </span></span><span style="font-family: inherit;"><i>Les
Misérables. </i></span><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;">Toute
l'intrigue pleine de </span></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi4dZUyM888KsSIc2dizdmnnXtUT7LpUn46Zap7vg1K11le9Pfg9XiFHg53cH_QTm8PZEBKQc5DWttLxgch8GxtwUbE8H_LjIG74op737H3rx6Y507Yb385VCU-drVdQgANaStIuPvxpt9WoLUkHD3YUAQCEc2jrbkeqHRbo6PB9HuvPsq7PiPXl7bhnQ/s560/560x315_jean_valjeanpf.webp" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="315" data-original-width="560" height="225" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi4dZUyM888KsSIc2dizdmnnXtUT7LpUn46Zap7vg1K11le9Pfg9XiFHg53cH_QTm8PZEBKQc5DWttLxgch8GxtwUbE8H_LjIG74op737H3rx6Y507Yb385VCU-drVdQgANaStIuPvxpt9WoLUkHD3YUAQCEc2jrbkeqHRbo6PB9HuvPsq7PiPXl7bhnQ/w400-h225/560x315_jean_valjeanpf.webp" width="400" /></a><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;">rebondissements tient à une rencontre du forçat Jean
Valjean au début du roman : «</span></span><span style="font-family: inherit;"><i>Sorti
du bagne de Toulon, il voit toutes les portes se fermer devant lui;
un évêque tout de bonté et d'humanité candide l'accueille. Mais
la psychologie du personnage se complique; le bagne a laissé en lui
la marque du mal; il vole son <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjPY4K80JT3EGEHTh3FtIkKIwmhPpjdF9b_jgmbweDkIwITuILIAT9iUnQfEKKfxwYhLhI2SM-_SpQf-rAV2f5_NnZJhYO0FtPaECluAarqaHsrTEdDdbpnFvhRPRlI_l_G6QCbLMs0M5uG/h120/560x315_jean_valjeanpf.webp">bienfaiteur</a>, et ne retrouve son sens
moral qu'après une nouvelle preuve de la perfection morale de
l'évêque, et encore la volonté du bien ne naît-elle en lui
qu'après un autre vol</i></span><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;">»
(P. Van Tieghem. op. cit. p. 199).</span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;">Monsieur
Myriel devenu évêque de Digne, Mgr Bienvenu, vit avec sa sœur
et sa domestique. Un soir, on frappe à la porte :</span></span></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;">«</span></span><span style="font-family: inherit;"><i>La
porte s'ouvrit.</i></span></p></blockquote><p></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: inherit;"><i>Elle
s'ouvrit vivement, toute grande, comme si quelqu'un la poussait avec
énergie et résolution.</i></span></p></blockquote><p></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjP8BT2M5VJf8Oi8bVl3QEZbEgvIkhhIif5WtbgOQIlpRvjPE5GtsSvA85UxS7lL-Ig0DCfJ63bi36OvhVuLSw1PQp06LUItba8K6UM5cB_x6ZSfjfII7B6M8-gedIhjYwqc0O2_oberaEqksli0-9rwpF-j336-ZX5jaSLlueMdJQz6fXmYJCuTVa49A/s500/lpdp_38138-2.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="323" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjP8BT2M5VJf8Oi8bVl3QEZbEgvIkhhIif5WtbgOQIlpRvjPE5GtsSvA85UxS7lL-Ig0DCfJ63bi36OvhVuLSw1PQp06LUItba8K6UM5cB_x6ZSfjfII7B6M8-gedIhjYwqc0O2_oberaEqksli0-9rwpF-j336-ZX5jaSLlueMdJQz6fXmYJCuTVa49A/w259-h400/lpdp_38138-2.jpg" width="259" /></a><span style="font-family: inherit;"><i>Un
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjoXxMFb53Ee_9EyS1NpYmtc-5L7XFEGYNIRiCz1RtfVuTm3bb-HIRjfo0Rm0Wo9VjSgp6W-AGvpudnqzZKRFnmwc83hT5RqTRhbdgGIiiH-GAPap2fuRc6fUZkmOuvYYcyDXFtqAgHW0gI/h120/lpdp_38138-2.jpg">homme</a> entra.</i></span></p></blockquote><p></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: inherit;"><i>Cet
homme, nous le connaissons déjà. C'est le voyageur que nous avons
vu tout à l'heure errer cherchant un gîte.</i></span></p></blockquote><p></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: inherit;"><i>Il
entra, fit un pas et s'arrêta, laissant la porte ouverte derrière
lui. Il avait son sac sur l'épaule, son bâton à la main, une
expression rude, hardie, fatiguée et violente dans les yeux. Le feu
de la cheminée l'éclairait. Il était hideux. C'était une sinistre
apparition.</i></span></p></blockquote><p></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: inherit;"><i>Madame
Magloire n'eut même pas la force de jeter un cri. Elle tressaillit,
et resta béante.</i></span></p></blockquote><p></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: inherit;"><i>Mademoiselle
Baptistine se retourna, aperçut l'homme qui entrait et se dressa à
demi d'effarement, puis, ramenant peu à peu sa tête vers la
cheminée, elle se mit à regarder son frère et son visage redevint
profondément calme et serein.</i></span></p></blockquote><p></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi_fOt_xjQhAq4fwxl9F5lfiQliAYiMP6vteinvNo8FKWMFRL9v4pu_jWkvSIBuJErRcqTqrU7p1sxfx3FG5fVZ5IvJCdfm4t7jJN65udj4u0-Wo06RIyYevDJmFIK7TuFziPSHuUk9Ay3JmrEtlzblrVL9bnDsSh7-fJcC0TcO27dknqXGY6fNk5y5rg/s415/250px-Mgr_Bienvenu_par_Gustave_Brion.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="415" data-original-width="250" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi_fOt_xjQhAq4fwxl9F5lfiQliAYiMP6vteinvNo8FKWMFRL9v4pu_jWkvSIBuJErRcqTqrU7p1sxfx3FG5fVZ5IvJCdfm4t7jJN65udj4u0-Wo06RIyYevDJmFIK7TuFziPSHuUk9Ay3JmrEtlzblrVL9bnDsSh7-fJcC0TcO27dknqXGY6fNk5y5rg/w241-h400/250px-Mgr_Bienvenu_par_Gustave_Brion.jpg" width="241" /></a><span style="font-family: inherit;"><i>L'<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhHHisjilIIKiXpJPUdm-aSybVuNlACICdwX-KzKs_-PHqgjKs1qazlvWvnezFSwbzs9OrV3kSjmYy-SUBZhzF_6K3Swa3IVmgM3u03Wz-bteTmI3JrBbZOgvsUIqaG8O5CtNugcVouEEa_/h120/250px-Mgr_Bienvenu_par_Gustave_Brion.jpg">évêque</a>
fixait sur l'homme un œil tranquille.</i></span></p></blockquote><p></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: inherit;"><i>Comme
il ouvrait la bouche, sans doute pour demander au nouveau venu ce
qu'il désirait, l'homme appuya ses deux mains à la fois sur son
bâton, promena ses yeux tour à tour sur le vieillard et les femmes,
et, sans attendre que l'évêque parlât, dit d'une voix haute :</i></span></p></blockquote><p></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: inherit;"><i>-
Voici. Je m'appelle Jean Valjean. Je suis un galérien. J'ai passé
dix-neuf ans au bagne. Je suis libéré depuis quatre jours et en
route pour Pontarlier qui est ma destination. Quatre jours que je
marche depuis Toulon. Aujourd'hui, j'ai fait douze lieues à pied. Ce
soir, en arrivant dans ce pays, j'ai été dans une auberge, on m'a
renvoyé à cause de mon passeport jaune que j'avais montré à la
mairie. Il avait fallu. J'ai été à une autre auberge. On m'a dit :
Va-t'en! Chez l'un, chez l'autre. Personne n'a voulu de moi. J'ai été
à la prison, le guichetier n'a pas ouvert. J'ai été dans la niche
d'un chien. Ce chien m'a mordu et m'a chassé, comme s'il avait été
un homme. On aurait dit qu'il savait qui j'étais. Je m'en suis allé
dans les champs pour coucher à la belle étoile. Il n'y avait pas
d'étoile. J'ai pensé qu'il pleuvrait, et qu'il n'y avait pas de bon
Dieu pour empêcher de pleuvoir, et je suis rentré dans la ville
pour y trouver le renfoncement d'une porte. Là, dans la place,
j'allais me coucher sur une pierre. Une bonne femme m'a montré votre
</i></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg9hqupVx8bbnnePaBAc08dMFg4OmD8f5AKoWF511MK9crBRzjHCAN3RDh8Elk9rOQRaPNyFz7EaW1VJBd_ny9pHRpM6MnGBHAhaH8CMh3kM0H6ktHJ92M2zgiJe9QpQrz2pazAVtSwQQAsqn5eo5N8y7JZ1Xci_yxD8SvCNHW7oVaY9eQNkcKpaeWiRA/s1189/DFD5E9A6-B35F-42F2-88C0-B9806586238C.webp" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1189" data-original-width="768" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg9hqupVx8bbnnePaBAc08dMFg4OmD8f5AKoWF511MK9crBRzjHCAN3RDh8Elk9rOQRaPNyFz7EaW1VJBd_ny9pHRpM6MnGBHAhaH8CMh3kM0H6ktHJ92M2zgiJe9QpQrz2pazAVtSwQQAsqn5eo5N8y7JZ1Xci_yxD8SvCNHW7oVaY9eQNkcKpaeWiRA/w259-h400/DFD5E9A6-B35F-42F2-88C0-B9806586238C.webp" width="259" /></a><span style="font-family: inherit;"><i>maison et m'a dit : Frappe là. J'ai frappé. Qu'est-ce que c'est
ici? êtes-vous une auberge? J'ai de l'argent. Ma masse. Cent neuf
francs quinze sous que j'ai gagnés au bagne par mon travail en
dix-neuf ans. Je payerai. Qu'est-ce que cela me fait? j'ai de
l'argent. Je suis très fatigué, douze lieues à pied, j'ai bien
faim. Voulez-vous que je reste?</i></span></p></blockquote><p></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: inherit;"><i>-
Madame Magloire, dit l'évêque, vous <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhsWjKX7MA6LxVJq7HFvUDUHU-RoeRAJbjMqmHZauf5jqr3DRnAWSrp36lt9U4W18bNnYj2mPzIeZUr2ToVHsjb-4ZiiLQgbmvR8l7rXaMJIxC7LqMT1gfOBsvRhaYsqiVtorAE6JkxaPUv/h120/DFD5E9A6-B35F-42F2-88C0-B9806586238C.webp">mettrez un couvert</a> de plus.</i></span></p></blockquote><p></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: inherit;"><i>L'homme
fit trois pas et s'approcha de la lampe qui était sur la table. -
Tenez, reprit-il, comme s'il n'avait pas bien compris, ce n'est pas
ça. Avez-vous entendu? Je suis un galérien. Un forçat. Je viens
des galères. - Il tira de sa poche une grande feuille de papier
jaune qu'il déplia. - Voilà mon passeport. Jaune, comme vous voyez.
Cela sert à me faire chasser de partout où je vais. Voulez-vous
lire? Je sais lire, moi. J'ai appris au bagne. Il y a une école pour
ceux qui veulent. Tenez, voilà ce qu'on a mis sur le passeport :
"Jean Valjean, forçat libéré, natif de... - cela vous est
égal...</i></span></p></blockquote><p></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: inherit;"><i>-
Et resté dix-neuf ans au bagne. Cinq ans pour vol avec effraction.
Quatorze ans pour avoir tenté de s'évader quatre fois. Cet homme
est très dangereux".</i></span></p></blockquote><p></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: inherit;"><i>-
Voilà! Tout le monde m'a jeté dehors. Voulez-vous me recevoir,
vous? Est-ce une auberge? Voulez-vous me donner à manger et à
coucher? avez-vous une écurie?</i></span></p></blockquote><p></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: inherit;"><i>-
Madame Magloire, dit l'évêque, vous mettrez des draps blancs au lit
de l'alcôve.</i></span></p></blockquote><p></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: inherit;"><i>Nous
avons déjà expliqué de quelle nature était l'obéissance des deux
femmes.</i></span></p></blockquote><p></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: inherit;"><i>Madame
Magloire sortit pour exécuter ces ordres.</i></span></p></blockquote><p></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: inherit;"><i>L'évêque
se tourna vers l'homme.</i></span></p></blockquote><p></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhPfj5Yg4UDWRYopuT8WJwG5mtWEkkWxgTn6H2HwkMRDy1B5iSfKnOlPVLK1NcWZ9yBS8IeBQsJNApSXiKl07ebJvzfS0zpFd-C0VLdkuJoBb7xCG07oSnjyg032Vo_-xOd2_oBpoE1lj_eZNDHIj4dOaFgmhjud1cqBbDPSwHTW1KXf25sfjL7w3zhmQ/s460/460px-Hugo_-_Les_Mis%C3%A9rables_Tome_I_(1890)_-_I_LE_SOIR_D'UN_JOUR_DE_FRANCE.png" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="276" data-original-width="460" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhPfj5Yg4UDWRYopuT8WJwG5mtWEkkWxgTn6H2HwkMRDy1B5iSfKnOlPVLK1NcWZ9yBS8IeBQsJNApSXiKl07ebJvzfS0zpFd-C0VLdkuJoBb7xCG07oSnjyg032Vo_-xOd2_oBpoE1lj_eZNDHIj4dOaFgmhjud1cqBbDPSwHTW1KXf25sfjL7w3zhmQ/w400-h240/460px-Hugo_-_Les_Mis%C3%A9rables_Tome_I_(1890)_-_I_LE_SOIR_D'UN_JOUR_DE_FRANCE.png" width="400" /></a><span style="font-family: inherit;"><i>-
Monsieur, asseyez-vous et <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjtNXKxDDD8xFdithZ725ritHHVJQc7HjMhfikuLuxn-uLdWKDOw7mK2bp0EYmtMqWSmXGtg5Y7O9gCp0qbqwWxlYgXWOKzOprfebXcE0B4qM90C06sngNaZ73UM7pSPIw3P8ga2PphlsTc/h120/460px-Hugo_-_Les_Mis%25C3%25A9rables_Tome_I_%25281890%2529_-_I_LE_SOIR_D%2527UN_JOUR_DE_FRANCE.png">chauffez-vous</a>. Nous allons souper dans un
instant, et l'on fera votre lit pendant que vous souperez.</i></span></p></blockquote><p></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: inherit;"><i>Ici
l'homme comprit tout à fait. L'expression de son visage,
jusqu'alors sombre et dure, s'empreignit de stupéfaction, de doute,
de joie, et devint extraordinaire. Il se mit à balbutier comme un
homme fou :</i></span></p></blockquote><p></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: inherit;"><i>-
Vrai? quoi? vous me gardez? vous ne me chassez pas? un forçat! Vous
m'appelez </i><span style="font-style: normal;">monsieur</span><i>!
vous ne me tutoyez pas! Va-t'en, chien! qu'on me dit toujours. Je
croyais bien que vous me chasseriez. Aussi j'avais dit tout de suite
qui je suis. Oh! la brave femme qui m'a enseigné ici! Je vais
souper! un lit! Un lit avec des matelas et des draps! comme tout le
monde! il y a dix-neuf ans que je n'ai couché dans un lit! Vous
voulez bien que je n'en aille pas! Vous êtes de dignes gens!...</i><span style="font-style: normal;">»
(V. Hugo. </span><i>Les Misérables, </i><span style="font-style: normal;">in
</span><i>Romans, t. 2, </i><span style="font-style: normal;">Paris,
Seuil, 1963, pp. 38-39).</span></span></p></blockquote>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;">Chez Hugo, la méchanceté des uns fait jaillir la bonté des autres car,
en elle-même, la bonté n'est pas un sentiment qui fait lever les
cœurs, contrairement à l'amour ou à la colère. On est même
plutôt cynique face aux gestes débonnaires que l'on prête trop
souvent aux gens qui finissent par en être les dupes. La bonté serait le propre d'une </span></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj8UDIartDLQF-x3TIiAj0cusuC1h5Wu7UCgMwfK9eF9zL3PFKG_HKlHqLiHKdbHNZe4S8S8mbbc0RZhg98yyorNH-brS2ZStnXvRqOIVXAEQfeV1LHxocu5YPSK86ClOIcsTKoycWFMK4skO1B10esdTp27O8dj-KqdzMrUFmOKYEXv6WpaUX_-9lW-g/s614/couv19494148.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="614" data-original-width="411" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj8UDIartDLQF-x3TIiAj0cusuC1h5Wu7UCgMwfK9eF9zL3PFKG_HKlHqLiHKdbHNZe4S8S8mbbc0RZhg98yyorNH-brS2ZStnXvRqOIVXAEQfeV1LHxocu5YPSK86ClOIcsTKoycWFMK4skO1B10esdTp27O8dj-KqdzMrUFmOKYEXv6WpaUX_-9lW-g/w268-h400/couv19494148.jpg" width="268" /></a><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;">humanité trop candide. Jean Valjean ne cesse de rappeler qu'il est tenu pour une mauvaise personne. Il s'obstine, insiste, s'acharne à répéter à ses hôtes qu'il est un repris de justice, un bagnard, un criminel : un être dangereux. Mais le calme et la sérénité de Mgr Bienvenu ne s'en trouvent nullement ébranlés. Par contre, la laideur d'un
Jean Frollo, le prêtre pervers de </span><i>Notre-Dame-de-Paris,</i><span style="font-style: normal;">
celle des Thénardier face au Père Fauchelevent (Jean Valjean) ou encore l'opiniâtreté bête au service de l'ordre que représente le fonctionnaire <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhmKIv8wjsUysODAn23ed_XOsd5ublSDv13sfYn2eXBr_h9vcEd6_l4bNcOpvPX6Idh3QfUuvYww8RQ93tvTyW9YqOl2UJDPsQxnDbSoDZyI3vwM4xI_Yh2VF2mnjRqV___jJ6FumnIjg3N/h120/couv19494148.jpg">Javert</a> dans
</span><i>Les Misérables, </i><span style="font-style: normal;">contribuent
à donner à la bonté cette dignité qui échappe à tant d'autres
qualités humaines. Aux yeux de Hugo, cette bonté est contagieuse et
tout le long du roman consiste à voir comment l'action de Mgr
Bienvenu Myriel continuera d'agir tout au long de la vie de Jean Valjean;
jusqu'à la tombe : </span></span>
</p><div style="text-align: justify;"><blockquote><blockquote><p>«<i>On y lit aucun nom.</i></p></blockquote></blockquote></div><p></p><div style="text-align: justify;"><blockquote><blockquote><p><i>Seulement,
voilà de cela bien des années déjà, une main y a écrit au crayon ces
quatre vers qui sont devenus peu à peu illisibles sous la pluie </i><i>et la
poussière, et qui probablement sont aujourd'hui effacés : </i></p></blockquote></blockquote></div><p></p><div style="text-align: justify;"><blockquote><blockquote><div><p><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjApEHKcn7P-QBo8_wvsUpF50No1gMJY3XowS3wmK_LN75YLTm0D6p3IbR2jgxYhEVJJC3uvvyha7dgaynR-MlP1wudCAsjGBlI3VASwM_AeC1VeYor0Xk4zGoRrVoNAYMrQd-Qw7snxebp7L_ZbRHvm8CLMh7d9cSNvFkUgzG70CwP8YJZw6J5hO32bA/s1024/Alphonse%20Marie%20de%20Neuville%20-%20Mort%20de%20Jean%20Valjean%20entre%20Cosette%20et%20Marius%20-%20illustration%20-%20(MeisterDrucke-268319).jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1024" data-original-width="691" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjApEHKcn7P-QBo8_wvsUpF50No1gMJY3XowS3wmK_LN75YLTm0D6p3IbR2jgxYhEVJJC3uvvyha7dgaynR-MlP1wudCAsjGBlI3VASwM_AeC1VeYor0Xk4zGoRrVoNAYMrQd-Qw7snxebp7L_ZbRHvm8CLMh7d9cSNvFkUgzG70CwP8YJZw6J5hO32bA/w216-h320/Alphonse%20Marie%20de%20Neuville%20-%20Mort%20de%20Jean%20Valjean%20entre%20Cosette%20et%20Marius%20-%20illustration%20-%20(MeisterDrucke-268319).jpg" width="216" /></a><i>Il dort. Quoique le sort fût pour lui bien étrange.</i></p></div></blockquote></blockquote></div><blockquote><blockquote><div><p></p></div></blockquote></blockquote><p></p><div style="text-align: justify;"><blockquote><blockquote><div><p><i>Il vivait. Il mourut quand il n'eut plus son ange; </i></p></div></blockquote></blockquote></div><div style="text-align: justify;"><blockquote><blockquote><div><p><i>La chose simplement d'elle-même arriva, </i></p></div></blockquote></blockquote></div><p></p><div style="text-align: justify;"><blockquote><blockquote><div><p><i>Comme la nuit se fait lorsque le jour s'en va</i>» (V. Hugo. ibid. p. 557)<span style="font-size: medium;">⏳</span></p></div></blockquote></blockquote></div><div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"> </span></span></div><div style="margin-bottom: 0cm; text-align: right;"><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;"> </span></span></div><div style="margin-bottom: 0cm; text-align: right;"><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;"> </span></span></div><div style="margin-bottom: 0cm; text-align: right;"><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;">Jean-Paul Coupal,</span></span></div><div style="margin-bottom: 0cm; text-align: right;"><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;">Sherbrooke,</span></span></div><div style="margin-bottom: 0cm; text-align: right;"><span style="font-family: inherit;"><span style="font-style: normal;">27 mai 2023. <br /></span></span></div>
Coupalhttp://www.blogger.com/profile/14839226309394850656noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8942859135376014620.post-47431374097498713622023-05-20T13:09:00.000-04:002023-05-20T13:09:25.075-04:00Justinien<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhPPRBk_rCXtGFKBog3x_F0ae_C8lRDcw6s7bzzJiqxkbN1DnhPQ-b5SKZmgUgx5UsX-W1hoASUAhrjNdmYYQJ5s_Cf9Hb-f8x0uoA2VKCLRJDocPcnkWb1Kd1IHpLpwcBvygduSjHLun9khQEnFe1r8baW-ChnmO21TVjzxMITd6vyr5povSiB_NDFjA/s800/The_mosaic_of_Emperor_Justinian_and_his_retinue.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="545" data-original-width="800" height="272" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhPPRBk_rCXtGFKBog3x_F0ae_C8lRDcw6s7bzzJiqxkbN1DnhPQ-b5SKZmgUgx5UsX-W1hoASUAhrjNdmYYQJ5s_Cf9Hb-f8x0uoA2VKCLRJDocPcnkWb1Kd1IHpLpwcBvygduSjHLun9khQEnFe1r8baW-ChnmO21TVjzxMITd6vyr5povSiB_NDFjA/w400-h272/The_mosaic_of_Emperor_Justinian_and_his_retinue.jpg" width="400" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-size: x-small;">L'Empereur Justinien et sa cour. Saint-Vital de Ravenne</span></td></tr></tbody></table><p style="text-align: center;">
</p><p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;"><b>JUSTINIEN</b></p>
<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">La sphère céleste de
Mercure apparaît occupée par un seul individu, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgPQylQChf-O_4jlbsfjxt64g6KOdg3I700B9PXc0X_jqhU_fqx8x2zVs0Lq-88iLjZ8FL1KuHJT8sZYDBECXVL6I1Upm7C_YqWeB-ziBC7s69nnmtNYpcUNuPxLpeuITGtetmcQX6V-GxNuO0_EHzZ3sDNMeGSu4sYddH0Z8-am3T1NW0MTB-j2rHkGg/s1024/monarchia-1758-incipit.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1024" data-original-width="662" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgPQylQChf-O_4jlbsfjxt64g6KOdg3I700B9PXc0X_jqhU_fqx8x2zVs0Lq-88iLjZ8FL1KuHJT8sZYDBECXVL6I1Upm7C_YqWeB-ziBC7s69nnmtNYpcUNuPxLpeuITGtetmcQX6V-GxNuO0_EHzZ3sDNMeGSu4sYddH0Z8-am3T1NW0MTB-j2rHkGg/w259-h400/monarchia-1758-incipit.jpg" width="259" /></a>l'empereur <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhPPRBk_rCXtGFKBog3x_F0ae_C8lRDcw6s7bzzJiqxkbN1DnhPQ-b5SKZmgUgx5UsX-W1hoASUAhrjNdmYYQJ5s_Cf9Hb-f8x0uoA2VKCLRJDocPcnkWb1Kd1IHpLpwcBvygduSjHLun9khQEnFe1r8baW-ChnmO21TVjzxMITd6vyr5povSiB_NDFjA/s800/The_mosaic_of_Emperor_Justinian_and_his_retinue.jpg">Justinien</a>. Les chants V à VII du Paradis nous le montre
se présentant à ses visiteurs, Dante et Béatrice. Le poète se sert de Justinien afin d'exposer sa pensée
politique, pensée déjà formulée et développée dans
son traité <i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjgNzUwqzTV6lrAqWPgBZyGgBmXotsDHI-3wZbuprnUPYpLY7GxIuBsNjrMO6FMtPwogbemxjgdjIPsYxog7AzXbczW_xYwjbwrwYWWZtxc5RSU0nMR59EOfS2PFzwem_yX2emKgVgb9DHh/h120/monarchia-1758-incipit.jpg">De Monarchia</a> </i><span style="font-style: normal;">(1310-1313),
ouvrage qui, contrairement à </span><i>La Divine Comédie, </i><span style="font-style: normal;">était
entièrement rédigé en latin, comme tous les traités de
l'époque médiévale. Il avait été rédigé au milieu des tourmentes politiques qui déchiraient sa ville, Florence, tout comme les autres communes de la péninsule italienne. Par cet ouvrage, Dante témoignait de son implication volontaire dans
l'avenir de sa Florence natale, implication qui devenait finir par lui coûter l'exil hors de sa cité bien-aimée.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">En 1313 décédait le
souverain du Saint-Empire romain germanique, Henri VII de Luxembourg, après seulement un an de règne. Sur ce court laps de temps, les rivalités entre Gibelins, partisans de la suprématie du pouvoir impérial, et <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjDFCrGVUbJgB5L4Tm2ALDBZJSnDTLrncpyWlFYITsNC1H_MCbakVxtmA4OIzsdSsN4_FcVlE0RpNJWseVkAzdxU7tBgZhwA6TWL7NQhN1puME9X499y3Puf-Oc6yWTv23EV1pE5lrkzXs4BJg4o0BJWPGgCqXQqdqmOCMGOoOzdMFKk6_ywYnwwYbamw/s636/Screenshot%202023-05-18%20at%2012-58-28%20Guelfes%20et%20Gibelins%20-%20Autour%20des%20romans.png">Guelfes</a> - parti <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgMfOQW2fuxlD_ooFMRQ2W0YUDXHcOPtwfI9D5KQ_b3Bq67RkKGTg6WWVt6liDhTKQ_a7vJYB8aztMDG5F8GNYDgEHl_QS8qw8bj8Ati2mL8N7HUFqCaJ2hHUHZz5XuJ7SommjVerukofn7Ap6hEOJmuCGMcxMurqwGwPtQEaexwKXetOyfDlRk4z4nGQ/s600/cover_1_m.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="600" data-original-width="372" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgMfOQW2fuxlD_ooFMRQ2W0YUDXHcOPtwfI9D5KQ_b3Bq67RkKGTg6WWVt6liDhTKQ_a7vJYB8aztMDG5F8GNYDgEHl_QS8qw8bj8Ati2mL8N7HUFqCaJ2hHUHZz5XuJ7SommjVerukofn7Ap6hEOJmuCGMcxMurqwGwPtQEaexwKXetOyfDlRk4z4nGQ/w248-h400/cover_1_m.jpg" width="248" /></a>auquel appartenait Dante -, dévoués plutôt du Pape, s'étaient ranimées. Cela signifiait la reprise de conflits civils au sein de Florence. L'argument principal des Guelfes reposait sur la soumission du glaive temporel au glaive spirituel qui tiendrait, seul, son pouvoir des mains de Dieu. Aux yeux du Dante, toutefois, à l'instar de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi6aHe-U4T1WYrTMit3xj-VF6116PL5yASW0BnIjNXzq5_SJeZcily7sGtpfVHir2xvZ-tIYYSMvr5ExV83R8MSUlsaE476-I1dIOVnuaUzJT31tB2-X1uRp-KEvai76Vrb_K_j_JkKwdct/h120/cover_1_m.jpg">Jean de Paris</a>,
le droit divin des rois était incontestable. Inspiré de l'aristotélisme diffusé par les écrits de
Thomas d'Aquin, s'il concédait au Pape la suprématie spirituelle et politique sur l'Église, il ne lui reconnaissait pas pareille suprématie sur les affaires publiques. Si l'autorité
impériale découle de Dieu, celle-ci doit se soumettre spirituellement à la primauté du Siège romain, mais conserver toute son <i>auctoritas </i>sur les affaires séculières. En ce sens, même si Dante militait du côté des Guelfes - et même plutôt des Guelfes blancs, modérés, opposés aux Guelfes noirs, fanatisés par la politique de Boniface VIII -, sa pensée politique était éminemment gibeline, comme le montre <i>De Monarchia.</i></p><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjDFCrGVUbJgB5L4Tm2ALDBZJSnDTLrncpyWlFYITsNC1H_MCbakVxtmA4OIzsdSsN4_FcVlE0RpNJWseVkAzdxU7tBgZhwA6TWL7NQhN1puME9X499y3Puf-Oc6yWTv23EV1pE5lrkzXs4BJg4o0BJWPGgCqXQqdqmOCMGOoOzdMFKk6_ywYnwwYbamw/s636/Screenshot%202023-05-18%20at%2012-58-28%20Guelfes%20et%20Gibelins%20-%20Autour%20des%20romans.png" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="216" data-original-width="636" height="136" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjDFCrGVUbJgB5L4Tm2ALDBZJSnDTLrncpyWlFYITsNC1H_MCbakVxtmA4OIzsdSsN4_FcVlE0RpNJWseVkAzdxU7tBgZhwA6TWL7NQhN1puME9X499y3Puf-Oc6yWTv23EV1pE5lrkzXs4BJg4o0BJWPGgCqXQqdqmOCMGOoOzdMFKk6_ywYnwwYbamw/w400-h136/Screenshot%202023-05-18%20at%2012-58-28%20Guelfes%20et%20Gibelins%20-%20Autour%20des%20romans.png" width="400" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-size: x-small;">Guelfes, à gauche et Gibelins, à droite. Les couleurs des fanions sont inversées<br /></span></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td></tr></tbody></table><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">L'importance de l'œuvre
politique du Dante s'inscrit dans les conséquences de la
célèbre <i>Querelle des Investitures</i> qui s'était étirée de 1075 à
1122, et avait opposé le pontife <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgetZMduF4kZBMkRmBKjWOzKxXO7P9cyOcF0-ffojyFmnPZttDsl4mMpS179dJ5ophl7HSlnAhrCqDuCtwEcDcR1dyZ67oC7j7TZLQi75Jmq0Dm16Gah-kd19JP3Y6WKPq-QI-EU2PLYCNTmOCK_1U0frJs8Dz6Vxevq3h93y7eZGdb6HeBh2rPvQD6qQ/s243/GregoireVII.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="243" data-original-width="181" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgetZMduF4kZBMkRmBKjWOzKxXO7P9cyOcF0-ffojyFmnPZttDsl4mMpS179dJ5ophl7HSlnAhrCqDuCtwEcDcR1dyZ67oC7j7TZLQi75Jmq0Dm16Gah-kd19JP3Y6WKPq-QI-EU2PLYCNTmOCK_1U0frJs8Dz6Vxevq3h93y7eZGdb6HeBh2rPvQD6qQ/w298-h400/GregoireVII.jpg" width="298" /></a><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiJbRNgK2NXeqfOk1KrAND85SqAuBKyeZPmRVKb2A8nsp024N6awm3hdxPSiYMZSUIfQPV_2Qa-BI-KLvrAWAy3re0XESaWVtU1C1-OFiOgiLUGGC0_Ux6XOjFvP9Yvh1LPhyMNhRCUUOre/h120/GregoireVII.jpg">Grégoire VII</a> à
l'empereur du Saint-Empire, Henri IV de la dynastie salienne. À l'époque, l'Empereur
s'était arrogé le droit de nommer les évêques, décision qui
allait à l'encontre de l'autorité pontificale. Grégoire VII - moine opiniâtre issu de la tendance monastique de Cluny, véritable
organisation multinationale bénédictine répandue sur tout le territoire
européen -, Hildebrand (c'était son nom), entendait
réformer l'Église, la purgeant des mœurs corrompues scandaleuses
qui depuis deux siècles en discréditaient la réputation; en particulier les péchés de simonie (trafic des objets sacerdotaux) et de nicolaïsme (l'entretien de femmes par des clercs).<br /></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">Henri IV menait une partie de
bras de fer avec le pape lorsque celui-ci décida d'excommunier
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhFGfJz82FQjdCqm_EC845f2drLX_Su-RBpHL3MS8FKQ79MbrXD6rwYi6rViJFk2uDsU91PDhb3Cx9LBTPvg2YQTWwwwwr0kr0dqN210Y4HTzTrUZfHNx75deq477by4Vpa16svwI8AwZhL8pydb7D-YRruqOGjovLnzKQhaDnRWVVCE7u1tgNymkNw_g/s181/Hugo-v-cluny_heinrich-iv_mathilde-v-tuszien_cod-vat-lat-4922_1115ad.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="181" data-original-width="150" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhFGfJz82FQjdCqm_EC845f2drLX_Su-RBpHL3MS8FKQ79MbrXD6rwYi6rViJFk2uDsU91PDhb3Cx9LBTPvg2YQTWwwwwr0kr0dqN210Y4HTzTrUZfHNx75deq477by4Vpa16svwI8AwZhL8pydb7D-YRruqOGjovLnzKQhaDnRWVVCE7u1tgNymkNw_g/w331-h400/Hugo-v-cluny_heinrich-iv_mathilde-v-tuszien_cod-vat-lat-4922_1115ad.jpg" width="331" /></a>l'empereur, ce qui signifiait que chez tous ses vassaux étaient levées
leurs obligations assermentées tenues à leur suzerain. Ainsi vit-on les
princes se révolter en octobre 1076 et menacer de déposer Henri si
l'excommunication n'était pas levée avant le 2 février 1077. Ce
jour-là, l'empereur et le pape étaient priés de se rendre à
Augsbourg, à la diète générale d'Empire présidée par le pape et
où l'on aurait entendu les deux partis. Mais Henri voulut <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEijfBoC4k7q8vxi2w62q3H5sNABXHU3iMbnfNEAlwly9htsWXD2xpkBh2ejZXzUvGX-G8Soxu2ePk_QGL2cOWGN-kvmDJuDHDDAlhNLl5xf2d-J3Zwr-O8IIFWi70PnNHShuSEvWQnNjpsY/h120/Hugo-v-cluny_heinrich-iv_mathilde-v-tuszien_cod-vat-lat-4922_1115ad.jpg">rencontrer</a>
Grégoire avant qu'il n'arrivât à Augsbourg, aussi se rendit-il chez
la comtesse Mathilde de Toscane, à Canossa, où résidait le pape en
villégiature.</p><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">Au plus fort de l'hiver,
Grégoire traversa les Alpes au col du Mont-Cenis, chemin des plus
difficiles que plus aucun prince ne pratiquait depuis des siècles.
Accompagné d'une troupe mal équipée et inexpérimentée, victimes
des aléas du trajet, Henri parvint malgré tout au pied de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgiY1bbDtc0YKshGkOEssFX8yFYo5c_TlyhilZS6p0tK63MRV3pqBc9BIgpTW0tWP8GCyVRmERfymd8F6ohun8j4pmyRkRB1lLHl9Y6mSdgNipLre0lJVmdVmew0Aal4q7j9ZSYtNQEhaZl/h120/Humillaci%25C3%25B3n-de-Canossa.webp">Canossa</a>, le 25 janvier 1077, où les portes de la ville avaient été
fermées <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh04BNXHl52KRrkpIzIfJ-deDP45dYFbNVzEB-4Y4rArdctGwoiONTwQTHA6hMzhcD9TtRJiCL08aNFJBxqAGqoHrEm-DfcUnbGsDKOwBmfq-RwwuG6EBTUV1mdHGGdnX604mOuIOYOutQZWg79SKV3xr0gfmadR_CGKJP-1L6D1AYroBuaqKrlG62p5Q/s768/Humillaci%C3%B3n-de-Canossa.webp" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="599" data-original-width="768" height="313" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh04BNXHl52KRrkpIzIfJ-deDP45dYFbNVzEB-4Y4rArdctGwoiONTwQTHA6hMzhcD9TtRJiCL08aNFJBxqAGqoHrEm-DfcUnbGsDKOwBmfq-RwwuG6EBTUV1mdHGGdnX604mOuIOYOutQZWg79SKV3xr0gfmadR_CGKJP-1L6D1AYroBuaqKrlG62p5Q/w400-h313/Humillaci%C3%B3n-de-Canossa.webp" width="400" /></a>sur ordre du pape. Là se place le fameux <i>mythis-toire</i>
où l'empe-reur, son épouse et ses enfants, en chemise de bure,
auraient attendu, les pieds nus dans la neige, que Grégoire daignât bien
les faire entrer au château de la reine Mathilde. Ce n'est que le 28 janvier que le
pape aurait cédé et fait entrer la famille, officialisant la
soumission de l'empereur par la levée de l'excommunication. Ce
n'était qu'une trêve. Après avoir triomphé des seigneurs féodaux
soulevés, l'empereur rompit de nouveau avec Grégoire VII et, afin
de prévenir que ne se répétât le chantage de l'excommunication, fit
entrer ses troupes à Rome et déposer le pape. En complément de l'outrage, Henri procéda à l'élection d'un
antipape, Clément III (Guibert de Ravenne) (1080). Toutefois,
l'autorité de ce fantoche ne fut respectée qu'à l'intérieur du Saint-Empire (Allemagne et Italie), Grégoire VII demeurant le pape légitime pour le reste de l'Europe.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">À
travers cet épisode épique, la querelle opposant le
glaive temporel au glaive spirituel s'enrichit de débats théoriques, les plus importants sans doute au niveau politique de tout le Moyen Âge. Aux prétentions d'Henri IV,
Grégoire VII avait opposé un décret, les </span></span><i><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjk7VCINkEfXKv9PGM4H0UyxwV2Zgy0kdlV629HvYzbxI62ChX5Q0sSAHkNCM5CY4_s9EJwTMIkJdYERw6nWmCzaE5gVFrOPXf-wxjcxW2oE0d1OrOHEtZpdVstHxZeZF95f3tyqJGII4wM/h120/220px-Dictatus_Papae_complete.jpg">Dictatus
</a></span></i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhwCK9wE7uZS7zmxnXHMsFygaxpAm8BP40ZY8eKwx3PlET3_K89UH9rkqjPFeETT-lnkpzp_FIYyMGOxvfI2M8UEEZI5NbxtIQ-9EVP3tpRIn0SqkNe8kOryzwmXpKF3SPMPqaRynm6tb0ywKIxQACFo9xccPBhG29X4SZmZt9qVk6jrjcLEJykZphfow/s373/220px-Dictatus_Papae_complete.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="373" data-original-width="220" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhwCK9wE7uZS7zmxnXHMsFygaxpAm8BP40ZY8eKwx3PlET3_K89UH9rkqjPFeETT-lnkpzp_FIYyMGOxvfI2M8UEEZI5NbxtIQ-9EVP3tpRIn0SqkNe8kOryzwmXpKF3SPMPqaRynm6tb0ywKIxQACFo9xccPBhG29X4SZmZt9qVk6jrjcLEJykZphfow/w236-h400/220px-Dictatus_Papae_complete.jpg" width="236" /></a><i><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjk7VCINkEfXKv9PGM4H0UyxwV2Zgy0kdlV629HvYzbxI62ChX5Q0sSAHkNCM5CY4_s9EJwTMIkJdYERw6nWmCzaE5gVFrOPXf-wxjcxW2oE0d1OrOHEtZpdVstHxZeZF95f3tyqJGII4wM/h120/220px-Dictatus_Papae_complete.jpg">papæ</a> </span></i><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">(1075),
un document de 27 propositions interdisant les investitures cléricales par des
laïcs sous peine d'excommunication. Même si le document ne fut
jamais promulgué de manière officielle, il affirmait que tout pouvoir appartenait à l'ordre
sacerdotal, et que l'ordre laïque devait se limiter à exécuter ses
commandements. Étant héritier du Christ, le Pape, selon le décret
de Grégoire VII, était le seul à posséder un pouvoir universel,
supérieur à celui de tous souverains qu'il pouvait déposer d'autorité en tant
que seul maître de l'Église chrétienne. Contre les prétentions de
l'Empereur, le Pape, s'estimant héritier de l'Empire romain, se
désignait même comme </span></span><i><span style="font-weight: normal;">l'empereur
suprême. </span></i><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">En
conséquence, tous les princes laïques lui devaient soumission et
obéissance. Du coup, l'Empereur perdait l'aura de sacralité qu'il
revendiquait pour être traité à l'égal du Souverain
Pontife. Même si, dans les faits, les décrets ne furent pas
appliqués d'une manière opératoire, le </span></span><i><span style="font-weight: normal;">Dictatus
papæ </span></i><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">était
un document de science et de Droit canonique définissant la puissance papale
comme une monarchie centralisée. Il supplantait même les décrets
des conciles, ce qui faisait du Pape un véritable despote absolu. On a
qualifié cette situation qui ressemblait, par certains aspects, au
Basileus byzantin, de </span></span><i><span style="font-weight: normal;">césaropapisme.</span></i></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><i>De
Monarchia </i><span style="font-style: normal;">apparait comme une
réponse au </span><i>Dictatus papæ. </i><span style="font-style: normal;">La
confusion des deux glaives établie par Grégoire VII était rejetée. Les affaires séculières
se devaient d'être </span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgk71ANsIDJ67nVpBWP7LRjQ-dXNgfcjECCLdZUTB3mK4XmQohVMAVsUNsPErsyu7EhDxKSgN8LmcGASNPjBDng3KWnOIZoO6MiE7oiRp896yOyWA9jYvKXJ3PU3HAFbmJBepbNbxtQZA_xKAJ9y_-0XXzqAz3bRMkHak_ZKd6Be_I4UNWGsbEsdo3vEw/s600/1_49.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="600" data-original-width="419" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgk71ANsIDJ67nVpBWP7LRjQ-dXNgfcjECCLdZUTB3mK4XmQohVMAVsUNsPErsyu7EhDxKSgN8LmcGASNPjBDng3KWnOIZoO6MiE7oiRp896yOyWA9jYvKXJ3PU3HAFbmJBepbNbxtQZA_xKAJ9y_-0XXzqAz3bRMkHak_ZKd6Be_I4UNWGsbEsdo3vEw/w279-h400/1_49.jpg" width="279" /></a><span style="font-style: normal;">menées indépendamment de la
vie spirituelle. Plutôt que la confusion, la nette séparation des deux glaives était la meilleure garantie contre la corruption de la spiritualité chrétienne, les deux glaives poursuivant des objectifs
différents. Le glaive temporel avait, selon Dante, l'objectif d'apporter un
bonheur raisonnable dans le cadre politique de la cité, alors que le
glaive spirituel cherchait davantage à atteindre la béatitude de la
contemplation divine et la vie éternelle. Il fallait maintenir à l'esprit la nette séparation augustinienne entre la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjKAu1Mb54F8utqxHZ5B57WCckqiAmLsk8JT_yM4iENbfpq55KZY9cbdh7HUqC824op4B14PetdnooMJSkjmsUWKFWzVDQnHbURuCFLe2T5jPvUCk8mDSZhrhLktHj5xoXZJz2GR3LgMBMq/h120/1_49.jpg">Cité terrestre et la Cité de Dieu</a>. La clarté des
propositions de Dante équivalait à celle du </span><i>Dictatus papæ,
</i><span style="font-style: normal;">et peut-être est-ce pour cela
que les deux documents ne trouvèrent aucune application <i>stricto sensu</i>. incompatibles qu'ils étaient avec ces royaumes
si indépendants, si jaloux de leurs prérogatives? Le débat était condamné à rester à un niveau purement théorique, ce
que reconnaît Étienne Gilson : </span></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-style: normal;">«</span><i>Son
remarquable traité sur </i><span style="font-style: normal;">La
Monarchie, </span><i>auquel peu d'œuvres de philosophie politique
peuvent se comparer au moyen âge, tant pour la netteté de la thèse
soutenue que pour la vigueur des démonstrations, est une expérience
mentale aussi décisive qu'on peut le souhaiter à cet égard.
Entièrement d'accord avec <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgVICdb91X8B3-psE0gMcNZ4VIAY5SuAwVTr3RApy47gbca6-_rUW9hqyEIjweWN-X1_WRRS-LeIGZ1P680hY3podIOsLSI3tIXy0uPN3i-KEO_ZByed9ZuoOtBmtUiSCgAKbp93qeXBTmeAjfu2cXqDVsSYzVKMdX-yEBU9VJSQK29ohTnFBRTqVE8xA/s499/51fGyGIBl3L._SX328_BO1,204,203,200_.jpg">Bathélemy </a></i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgVICdb91X8B3-psE0gMcNZ4VIAY5SuAwVTr3RApy47gbca6-_rUW9hqyEIjweWN-X1_WRRS-LeIGZ1P680hY3podIOsLSI3tIXy0uPN3i-KEO_ZByed9ZuoOtBmtUiSCgAKbp93qeXBTmeAjfu2cXqDVsSYzVKMdX-yEBU9VJSQK29ohTnFBRTqVE8xA/s499/51fGyGIBl3L._SX328_BO1,204,203,200_.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="499" data-original-width="330" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgVICdb91X8B3-psE0gMcNZ4VIAY5SuAwVTr3RApy47gbca6-_rUW9hqyEIjweWN-X1_WRRS-LeIGZ1P680hY3podIOsLSI3tIXy0uPN3i-KEO_ZByed9ZuoOtBmtUiSCgAKbp93qeXBTmeAjfu2cXqDVsSYzVKMdX-yEBU9VJSQK29ohTnFBRTqVE8xA/w213-h320/51fGyGIBl3L._SX328_BO1,204,203,200_.jpg" width="213" /></a><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgVICdb91X8B3-psE0gMcNZ4VIAY5SuAwVTr3RApy47gbca6-_rUW9hqyEIjweWN-X1_WRRS-LeIGZ1P680hY3podIOsLSI3tIXy0uPN3i-KEO_ZByed9ZuoOtBmtUiSCgAKbp93qeXBTmeAjfu2cXqDVsSYzVKMdX-yEBU9VJSQK29ohTnFBRTqVE8xA/s499/51fGyGIBl3L._SX328_BO1,204,203,200_.jpg">(Tolomeï) de Lucques</a> sur la nécessité
d'un chef unique dont l'autorité vienne de Dieu, Dante aboutit
pourtant à des conclusions tout opposées, parce qu'il distingue
deux fins dernières de l'homme, c'est-à-dire deux fins dont chacune
soit dernière dans son ordre propre. Cette dualité de fins
s'explique par la dualité inhérente à la nature humaine : "De
même qu'entre tous les êtres, l'homme seul participe de
l'incorruptibilité, de même seul entre tous les êtres, il est
ordonné à deux fins dernières, dont l'une est sa fin en tant qu'il
est corruptible, l'autre, au contraire, en tant qu'il est
incorruptible". En tant que corruptible, l'homme tend, comme
vers sa fin dernière, au bonheur accessible par la vie active dans
le cadre politique de la cité; en tant qu'incorruptible,
c'est-à-dire immortel, il tend, comme vers sa fin dernière, à la
béatitude contemplative de la vie éternelle. Pour atteindre ces
deux fins essentiellement distinctes, l'homme dispose de deux moyens
essentiellement distincts : "À ces deux béatitudes, comme à
des conclusions diverses, il faut aller par des moyens divers. Nous
allons à la première par les enseignements de la philosophie si
nous la suivons en réglant nos actes selon les vertus morales et
intellectuelles; quant à la seconde, nous y allons par les
enseignements spirituels qui transcendent la raison humaine, si nous
les suivons en réglant nos actes selon les vertus théologiques,
c'est-à-dire la foi, l'espérance et la charité". Ainsi, d'une
part, le bonheur en cette vie, tel qu'on peut l'obtenir au moyen de
la raison naturelle, qui s'est totalement découverte à nous dans
l'œuvre des philosophes </i><span style="font-style: normal;">(quae
per philosophos toa nobis apparuit)</span><i>; d'autre part, le
bonheur de la vie future, tel qu'on peut l'obtenir en suivant les
enseignements de Jésus-Christ. Pour le conduire à ces deux fins
distinctes par ces deux moyens distincts, l'homme a enfin besoin de
deux maîtres distincts, savoir : "le </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiXmBW8TIveW-rl4Tag4CySfk5qCQCSNkIfZjnDAPqGCjMEaMZsyWmTq_BtxbSG2XDbkMUVK0Xe_l0fhExnXZsBFjM4PrFtJllr20s9WRu3wpClyNm5Fh_KPQl-oosdRL-B1BVwdpYyAjXhpgKMw51ivwitadZS74z9zjL9jrqhbpYOJtCD9O7BCVUOpg/s248/im-St-Sylvestre-1.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="248" data-original-width="220" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiXmBW8TIveW-rl4Tag4CySfk5qCQCSNkIfZjnDAPqGCjMEaMZsyWmTq_BtxbSG2XDbkMUVK0Xe_l0fhExnXZsBFjM4PrFtJllr20s9WRu3wpClyNm5Fh_KPQl-oosdRL-B1BVwdpYyAjXhpgKMw51ivwitadZS74z9zjL9jrqhbpYOJtCD9O7BCVUOpg/w284-h320/im-St-Sylvestre-1.jpg" width="284" /></a><i>Souverain Pontife, pour
conduire le genre humain à la vie éternelle à l'aide de la
révélation, et l'Empereur, pour diriger le genre humain vers la
félicité temporelle selon les enseignements de la philosophie".
De même donc que ces deux fins et ces deux moyens sont ultimes
chacun en son ordre, ces deux pouvoirs sont ultimes et suprêmes
chacun dans le sien. Au-dessus de l'un et de l'autre, il n'y a que
Dieu, qui seul choisit l'Empereur, seul le confirme, et peut seul le
juger. Il est vrai que le Pape est le père spirituel de tous les
fidèles, y compris l'Empereur. Celui-ci doit donc au Pape le respect
qu'un fils doit à son père, mais c'est bien de Dieu, non du Pape,
que l'Empereur tient directement son autorité. La </i>Monarchie <i>de
Dante annonçait donc un univers régi au temporel par un Empereur
unique, et au spirituel par un Pape unique, c'est-à-dire l'accord,
sous l'autorité suprême de Dieu, de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiXmBW8TIveW-rl4Tag4CySfk5qCQCSNkIfZjnDAPqGCjMEaMZsyWmTq_BtxbSG2XDbkMUVK0Xe_l0fhExnXZsBFjM4PrFtJllr20s9WRu3wpClyNm5Fh_KPQl-oosdRL-B1BVwdpYyAjXhpgKMw51ivwitadZS74z9zjL9jrqhbpYOJtCD9O7BCVUOpg/s248/im-St-Sylvestre-1.jpg">deux universalismes juxtaposés</a></i><span style="font-style: normal;">»
(É. Gilson. </span><i>La philosophie au Moyen Âge, </i><span style="font-style: normal;">Paris,
Payot, Col. Bibliothèque historique, 1944, pp. 578-579).</span></p></blockquote>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgvaVF8w_G7wItavN-2RG76cX23McLZPuv97muhiFNNuj7NEY290wJOWNQz54PdXo37KCQpopmYk6cpwNdwj2pvgDvbIQL55IAN-ykG3VH6Y40GnzbPfFF-IcTYBhHSC8HRRzMjlHpZq5WHjbvc6rDX9IMeTM-aJn2sTWvMlAuAJWSagNwp91-oOGi8-g/s283/Etienne_Gilson_%C3%A2g%C3%A9.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="283" data-original-width="260" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgvaVF8w_G7wItavN-2RG76cX23McLZPuv97muhiFNNuj7NEY290wJOWNQz54PdXo37KCQpopmYk6cpwNdwj2pvgDvbIQL55IAN-ykG3VH6Y40GnzbPfFF-IcTYBhHSC8HRRzMjlHpZq5WHjbvc6rDX9IMeTM-aJn2sTWvMlAuAJWSagNwp91-oOGi8-g/w367-h400/Etienne_Gilson_%C3%A2g%C3%A9.jpg" width="367" /></a><span style="font-style: normal;">Entre </span><i>le
philosophe placé derrière le Prince </i><span style="font-style: normal;">de
Platon et le </span><i>despotisme éclairé</i><span style="font-style: normal;">
promu par les philosophes du Siècle des Lumières, </span><i>La
Monarchia </i><span style="font-style: normal;">de Dante s'avère un
pont </span><span style="font-style: normal;">dans l'histoire des idées politiques. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgvaVF8w_G7wItavN-2RG76cX23McLZPuv97muhiFNNuj7NEY290wJOWNQz54PdXo37KCQpopmYk6cpwNdwj2pvgDvbIQL55IAN-ykG3VH6Y40GnzbPfFF-IcTYBhHSC8HRRzMjlHpZq5WHjbvc6rDX9IMeTM-aJn2sTWvMlAuAJWSagNwp91-oOGi8-g/s283/Etienne_Gilson_%C3%A2g%C3%A9.jpg">Gilson</a>
soulève toutefois que, «</span><i>comme toutes celles qui se sont
opposées sur ce problème, la thèse de Dante pouvait se retourner.
Car il établissait deux points distincts : que le monde doit être
politiquement soumis à un seul empereur, et que cet empereur est
politiquement indépendant du pape. On pouvait conserver le premier
point et </i><i>renverser les termes du second. Pourquoi ne pas avoir un
empereur unique et le soumettre au pape? C'est la thèse que
suggérait implicitement Engelbert, élu abbé d'Admont en 1297, dans
son </i><span style="font-style: normal;">De ortu et fine Romani
imperii. </span><i>Pour lui, comme pour Dante, "tous les
royaumes et tous les rois doivent être soumis à un seul empire et à
un seul empereur chrétien"</i><span style="font-style: normal;">;
</span><i>seulement, la base de cet empire </i><i>universel est "l'unité
du corps de l'Église et de toute la république chrétienne".
Les deux </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhc0EUPHQIzj2xkNJZQMmY9yiWNZ2f7nTMNcVJpqdYxcG9uH_ZYvJe5WrRkIfkQ3llTmD1TKL-8Hx9TJICdItwycNs0qiMhI9Bp1hRgP0ZrH_MrT7jo1gtRkfHOXSPFW9Q6RsKeFolmKh1qw11KJjAVRA9czWyinUo7VRg7UmCKvXcf3wwSJyQKAnIGIg/s800/ColonnaSlappingBoniface.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="800" data-original-width="543" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhc0EUPHQIzj2xkNJZQMmY9yiWNZ2f7nTMNcVJpqdYxcG9uH_ZYvJe5WrRkIfkQ3llTmD1TKL-8Hx9TJICdItwycNs0qiMhI9Bp1hRgP0ZrH_MrT7jo1gtRkfHOXSPFW9Q6RsKeFolmKh1qw11KJjAVRA9czWyinUo7VRg7UmCKvXcf3wwSJyQKAnIGIg/w271-h400/ColonnaSlappingBoniface.jpg" width="271" /></a><span style="font-style: normal;">felicitates </span><i>de
l'homme ne peuvent donc plus rester simplement juxtaposées, elles
retrouvent leur subordination hiérarchique, et cela dans l'intérêt
de l'Empire, ou plutôt comme condition de sa possibilité même.</i><span style="font-style: normal;">.. «É.Gilson. ibid. p. 579). Ce sont les conditions socio-politiques
du XIIIe siècle qui rendaient l'approche de Dante irrecevable par
les différentes autorités du temps. Philippe le Bel mettra fin au
débat lors de l'épisode de la gifle d'Anagni (septembre 1303) en
plaçant le pape Boniface VIII en état d'arrestation, puis sa
destitution, enfin, par le déménagement de la papauté à Avignon, créant ainsi les prémisses du grand schisme d'Occident (1378-1417),
dépouillant le Pape de ses prérogatives et faisant de la
papauté, pour le reste du siècle, une vassale du roi de France.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">Dante
avait déjà rappelé sa philosophie politique au chant XVI du
Purgatoire :</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-style: normal;"></span></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-style: normal;">«</span><i>Rome
jadis, qui le bon monde fit,</i></p>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><i>eut deux soleils, de
quoi s'enluminaient</i></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><i>les deux grands voies,
de la terre et du ciel.</i></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><i>Mais l'un a éteint
l'autre, et à la crosse</i></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><i>ore est jointe l'épée;
à fine force,</i></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><i>mauvais ménage font
les deux ensembles</i></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><i>car accouplées, l'une
l'autre ne craint...</i><span style="font-style: normal;">» (Cité in
J. Quillet. </span><i>Les clefs du pouvoir au moyen âge, </i><span style="font-style: normal;">Paris,
Flammarion, Col. Questions d'histoire, # 30, 1972, p. 136).</span></div>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"></p></blockquote><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-style: normal;">Dans
cette optique, en effet, la ferveur guelfe de Dante apparaît plutôt falote. Ne s'agit-il </span><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjtR5B60k8ks8SuBO-LjcK7F2MWb_XUxCxus1OthwXaiUw5AKnBFRoDUJ5og9M4ZGjEjsyrUxXaxA3Rpzn1tvbLtoaB_q6484bdAEksmj5yHdvBNZU37tRbBvvnoxEtLRhB7SNeMwkX11uhub1SooDfn40PKz5zXBvlFJLUWF5_EMrvc1UgH2ZJSE4U6g/s556/les-deux-glaives.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="313" data-original-width="556" height="225" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjtR5B60k8ks8SuBO-LjcK7F2MWb_XUxCxus1OthwXaiUw5AKnBFRoDUJ5og9M4ZGjEjsyrUxXaxA3Rpzn1tvbLtoaB_q6484bdAEksmj5yHdvBNZU37tRbBvvnoxEtLRhB7SNeMwkX11uhub1SooDfn40PKz5zXBvlFJLUWF5_EMrvc1UgH2ZJSE4U6g/w400-h225/les-deux-glaives.jpg" width="400" /></a></span><span style="font-style: normal;">pas d'un reproche adressé à la crosse maintenant doublée de l'épée qui n'est pas l'un de ses attributs? Le reproche est clair et s'adresse à une hiérarchisation qui a été substituée à une <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjtR5B60k8ks8SuBO-LjcK7F2MWb_XUxCxus1OthwXaiUw5AKnBFRoDUJ5og9M4ZGjEjsyrUxXaxA3Rpzn1tvbLtoaB_q6484bdAEksmj5yHdvBNZU37tRbBvvnoxEtLRhB7SNeMwkX11uhub1SooDfn40PKz5zXBvlFJLUWF5_EMrvc1UgH2ZJSE4U6g/s556/les-deux-glaives.jpg">juxtaposition</a>. Aussi, Dante fait-il surgir de la sphère céleste de Mercure l'empereur Justinien qui parlera en son nom.<br /></span></p><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-style: normal;">Lorsque
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhaufDjx9Fdxi1ojw9Z-_3wNbOWZtTc5V93HzkRUIOeG8K_UvCfOEKmqC27uBILlz4W727lKqV4v4MZssxEw2bQlUyJaqZ8OeNe1blI1fNquMIH7qgRpo5dPbVa8HD-JeI5wOaLhmhI9-MaVQx0DcJAFQfa5EFomVT70cevVfu_m0cQ8Pgofislv-LDOw/s1067/Rome-Capitole-StatueConstantin.jpg">Constantin</a> autorisa au sein de l'Empire romain la libre pratique de la religion chrétienne et
la remise par les païens des biens saisis aux chrétiens, ce </span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhaufDjx9Fdxi1ojw9Z-_3wNbOWZtTc5V93HzkRUIOeG8K_UvCfOEKmqC27uBILlz4W727lKqV4v4MZssxEw2bQlUyJaqZ8OeNe1blI1fNquMIH7qgRpo5dPbVa8HD-JeI5wOaLhmhI9-MaVQx0DcJAFQfa5EFomVT70cevVfu_m0cQ8Pgofislv-LDOw/s1067/Rome-Capitole-StatueConstantin.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1067" data-original-width="800" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhaufDjx9Fdxi1ojw9Z-_3wNbOWZtTc5V93HzkRUIOeG8K_UvCfOEKmqC27uBILlz4W727lKqV4v4MZssxEw2bQlUyJaqZ8OeNe1blI1fNquMIH7qgRpo5dPbVa8HD-JeI5wOaLhmhI9-MaVQx0DcJAFQfa5EFomVT70cevVfu_m0cQ8Pgofislv-LDOw/w300-h400/Rome-Capitole-StatueConstantin.jpg" width="300" /></a><span style="font-style: normal;">n'était là qu'une première étape dans la <i>juxtaposition</i></span><i> </i><span style="font-style: normal;">des
deux glaives. Constantin voulut bien se convertir, mais sur son lit
de mort (337), il se fit arien, une hérésie qui rejetait la
consubstantialité du Père et du Fils. L'impair fut résolu par
Théodose lorsque celui-ci authentifia le dogme établit au concile
de Nicée des trois personnes en Dieu, déclarant définitivement
hérétique les sectaires d'Arien. À partir de l'édit de
Thessalonique du 28 février 380, le christianisme romain devenait la
religion officielle de l'État. Entre temps, Constantin avait déménagé la
capitale impériale à Constantinople, anciennement Byzance (324), et
c'est Théodose dont on peut dire qu'il fut le dernier empereur de ce
qu'avait été le grand Empire romain unifié. Désormais, de deux
empires romains, l'Occident et l'Orient, allaient naître deux
Églises chrétiennes, l'Église romaine et l'Église orthodoxe
(grecque). Cette dernière reconnut la sainteté de l'Empereur, ce
que jamais ne consentit son équivalent romain.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhpox-Jby44rrb4ToUslqRaOtOAD9D8myzc_yTtTZ4ppvT36KGmVDSYoV2UFemML1HmBvRAcaLZBVseC3BYARXjOB1i_rvyipDnN0ICN9GQefPOuQ-55cHMxcnboyiwzC_iuxYEmuTBNjppM-23FD1qvjsh9LVXW0iTVkyQiJpwg6sAjlc1w6wNRzBCOg/s226/Henry_Lux.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="226" data-original-width="220" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhpox-Jby44rrb4ToUslqRaOtOAD9D8myzc_yTtTZ4ppvT36KGmVDSYoV2UFemML1HmBvRAcaLZBVseC3BYARXjOB1i_rvyipDnN0ICN9GQefPOuQ-55cHMxcnboyiwzC_iuxYEmuTBNjppM-23FD1qvjsh9LVXW0iTVkyQiJpwg6sAjlc1w6wNRzBCOg/w312-h320/Henry_Lux.jpg" width="312" /></a>Mais
l'œuvre n'était pas achevée. C'est à Justinien (482-565),
empereur à partir de 527, que Dante attribue le parachèvement du
passage de l'Empire romain antique à l'Empire romain moderne –
médiéval – avec Charlemagne, Othon Ier et ses héritiers du
Saint-Empire romain germanique. C'est de cette tradition, qui
semblait s'achever avec <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhpox-Jby44rrb4ToUslqRaOtOAD9D8myzc_yTtTZ4ppvT36KGmVDSYoV2UFemML1HmBvRAcaLZBVseC3BYARXjOB1i_rvyipDnN0ICN9GQefPOuQ-55cHMxcnboyiwzC_iuxYEmuTBNjppM-23FD1qvjsh9LVXW0iTVkyQiJpwg6sAjlc1w6wNRzBCOg/s226/Henry_Lux.jpg">Henri VII de Luxembourg</a>, que Dante se
réclamait.</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">Le
règne de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgF1A9LrDu6yaAO48spGPgYqPv_mGCdN-PH0T8H0uk7V6_VQJfHI8DRSnUAK2nijqrn5_iwfMQmIDyhB_qBTJHqxmKPyohzvt8XB7S0eV04DRoG62DDXxZSNtneGLd2dht8tjQ78BYw_kp2dMZGn7Smegcr2QMQxcH3jYF3lJML-eqcEqiQSNQROyPV-g/s700/30086267113_269e421576_b-700x374.jpg">Justinien</a> marque le siècle des institutions et de la
civilisation byzantine. Toutefois, les premières années du règne sont troublées par une sédition qui manque de renverser le jeune empereur. L'affaire commence à
l'Hippodrome de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgF1A9LrDu6yaAO48spGPgYqPv_mGCdN-PH0T8H0uk7V6_VQJfHI8DRSnUAK2nijqrn5_iwfMQmIDyhB_qBTJHqxmKPyohzvt8XB7S0eV04DRoG62DDXxZSNtneGLd2dht8tjQ78BYw_kp2dMZGn7Smegcr2QMQxcH3jYF3lJML-eqcEqiQSNQROyPV-g/s700/30086267113_269e421576_b-700x374.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="374" data-original-width="700" height="214" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgF1A9LrDu6yaAO48spGPgYqPv_mGCdN-PH0T8H0uk7V6_VQJfHI8DRSnUAK2nijqrn5_iwfMQmIDyhB_qBTJHqxmKPyohzvt8XB7S0eV04DRoG62DDXxZSNtneGLd2dht8tjQ78BYw_kp2dMZGn7Smegcr2QMQxcH3jYF3lJML-eqcEqiQSNQROyPV-g/w400-h214/30086267113_269e421576_b-700x374.jpg" width="400" /></a>Constantinople, lieu où les amateurs de courses de chevaux se dou-blaient de factions politiques : les Verts et les Bleus. Chacune cherchait depuis
toujours le soutien de l'empereur. Les Bleus avaient dominé sous
Anastase; Justinien, lui, donnait son soutien aux Verts : </p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">«<i>Le
10 janvier 532, un premier incident oppose les Bleus et les Verts à
propos de la nomination d'un fonctionnaire; sept personnes sont
</i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhShoD5AUH4AZKsY-utMKt733Z71MgmnBpwK_vczdXYbnqDCFNUxDdWx_bGzN3KKWR2vFX0iqs74txBLIanchkt0PpEVP6lzJnViwP5F46sujLo7n9ykyyeMRkTl_qRzI2G3mfVB4CnSnS_zjr5Lfg964OxsIcJtSI9ccD4aur2b1IU0nw66zCIlesu5Q/s577/220px-Fran%C3%A7oise_Foliot_-_Ouverture_des_Jeux_du_cirque_%C3%A0_Constantinople_en_506_(cropped).jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="577" data-original-width="220" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhShoD5AUH4AZKsY-utMKt733Z71MgmnBpwK_vczdXYbnqDCFNUxDdWx_bGzN3KKWR2vFX0iqs74txBLIanchkt0PpEVP6lzJnViwP5F46sujLo7n9ykyyeMRkTl_qRzI2G3mfVB4CnSnS_zjr5Lfg964OxsIcJtSI9ccD4aur2b1IU0nw66zCIlesu5Q/w153-h400/220px-Fran%C3%A7oise_Foliot_-_Ouverture_des_Jeux_du_cirque_%C3%A0_Constantinople_en_506_(cropped).jpg" width="153" /></a><i>condamnées à mort, mais, pendant l'exécution publique, deux en
réchappent, un Bleu et un Vert, et trouvent refuge dans un
monastère. Les deux factions s'unissent pour réclamer leur grâce
durant trois jours de courses organisées pour calmer la foule (11-13
janvier). Se produit alors ce qu'il faut à tout prix éviter : les
deux factions font cause commune et sortent de l'Hippodrome,
menaçantes, lançant à l'unisson le cri ordinaire réservé à la
faction victorieuse de la course : "</i>Nika<i>", "sois
vainqueur". La foule incendie plusieurs bâtiments publics
voisins : la cathédrale, Sainte-Sophie, part en fumée. Le mercredi
14, lors de nouvelles courses, la foule exige la destitution des
principaux fonctionnaires, le préfet de la Ville Eudaimôn, le
préfet du prétoire Jean de Cappadoce et le questeur du Palais sacré
Tribonien; <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhShoD5AUH4AZKsY-utMKt733Z71MgmnBpwK_vczdXYbnqDCFNUxDdWx_bGzN3KKWR2vFX0iqs74txBLIanchkt0PpEVP6lzJnViwP5F46sujLo7n9ykyyeMRkTl_qRzI2G3mfVB4CnSnS_zjr5Lfg964OxsIcJtSI9ccD4aur2b1IU0nw66zCIlesu5Q/s577/220px-Fran%C3%A7oise_Foliot_-_Ouverture_des_Jeux_du_cirque_%C3%A0_Constantinople_en_506_(cropped).jpg">Justinien</a> leur donne satisfaction sans les calmer. C'est
un signe de faiblesse qu'il va regretter. </i></p></blockquote><p></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><i>La
véritable opposition politique se dévoile alors, tentant de
promouvoir des membres de la famille d'Anastase, qui sont confinés
dans le Palais. Les trois jours suivants voient les incendies se
multiplier. Le dimanche 18, Justinien apparaît dans sa loge à
l'Hippodrome, puis se retire; le bruit commence à courir qu'il s'est
enfui. La foule acclame Empereur l'un des parents d'Anastase,
Hypatios, elle le revêt de la pourpre et l'installe dans la loge
impériale de l'Hippodrome. Tandis que ses généraux, notamment
Bélisaire et l'eunuque Narsès, tentent de jauger la fidélité de
leurs troupes et que la foule assiège le Palais, Justinien semble
sur le point de fuir. Procope de Césarée prête alors une
intervention décisive à Théodora, l'Impératrice, qui aurait
repris les paroles du tyran Denys de Sicile (IVe siècle av. J.-C.) :
"Pour moi, cette parole ancienne me plaît qui dit que la
royauté est un beau linceul".</i></p></blockquote><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhUYKA16ZxKz411me_5LEAM0TUup-GVmy8K-KjQDUdBjVLWF0g1Plzqnv3dQK-PhuuFWagjMCQEuJkr_Sd03zuH2ZpyJF2L0v6DaMqMQvm7J-2TWwF8BCXXSnE8U21JzhO-Erp9juPc8aVtWdMDatHaQP7BZFGUdJrdDwCw8UxKQ5h1AJrwFQNIInJDSg/s448/Constantinoplehippodrome.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="254" data-original-width="448" height="226" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhUYKA16ZxKz411me_5LEAM0TUup-GVmy8K-KjQDUdBjVLWF0g1Plzqnv3dQK-PhuuFWagjMCQEuJkr_Sd03zuH2ZpyJF2L0v6DaMqMQvm7J-2TWwF8BCXXSnE8U21JzhO-Erp9juPc8aVtWdMDatHaQP7BZFGUdJrdDwCw8UxKQ5h1AJrwFQNIInJDSg/w400-h226/Constantinoplehippodrome.jpg" width="400" /></a></div><p></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><i>Quoi
qu'il en soit de l'influence de l'Impératrice, Justinien décide de
résister : tandis que des provocateurs infiltrés jettent le trouble
en criant des "Longue vie à </i><i>Justinien", les soldats de
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgQ3Dox16kVJifziyMADV_ejdQ29hIMy2FmW3uh996Mm8LdPlWcu6O_KWFRFJPeLRWHHrYtxP-oL4_phnSNIPs0VP45gEhcGAnGOUwhCqWWnEu6gG5NhUZ1FlzUGvgOH5O6_AVstpj6nmczqeuETuGiGPET_4bo_v_dRSc9X7QGlkmtVcvZ_qrQK6ZPzA/s347/Belisarius_mosaic.jpg">Bélisaire</a> pénètrent dans l'<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhUYKA16ZxKz411me_5LEAM0TUup-GVmy8K-KjQDUdBjVLWF0g1Plzqnv3dQK-PhuuFWagjMCQEuJkr_Sd03zuH2ZpyJF2L0v6DaMqMQvm7J-2TWwF8BCXXSnE8U21JzhO-Erp9juPc8aVtWdMDatHaQP7BZFGUdJrdDwCw8UxKQ5h1AJrwFQNIInJDSg/s448/Constantinoplehippodrome.jpg">Hippodrome</a> et commencent à </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgQ3Dox16kVJifziyMADV_ejdQ29hIMy2FmW3uh996Mm8LdPlWcu6O_KWFRFJPeLRWHHrYtxP-oL4_phnSNIPs0VP45gEhcGAnGOUwhCqWWnEu6gG5NhUZ1FlzUGvgOH5O6_AVstpj6nmczqeuETuGiGPET_4bo_v_dRSc9X7QGlkmtVcvZ_qrQK6ZPzA/s347/Belisarius_mosaic.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="347" data-original-width="280" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgQ3Dox16kVJifziyMADV_ejdQ29hIMy2FmW3uh996Mm8LdPlWcu6O_KWFRFJPeLRWHHrYtxP-oL4_phnSNIPs0VP45gEhcGAnGOUwhCqWWnEu6gG5NhUZ1FlzUGvgOH5O6_AVstpj6nmczqeuETuGiGPET_4bo_v_dRSc9X7QGlkmtVcvZ_qrQK6ZPzA/s320/Belisarius_mosaic.jpg" width="258" /></a><i>massacrer
indistinctement partisans et adversaires de l'Empereur; les hommes de
Narsès interceptent ceux qui tentent de sortir et leur font subir le
même sort; Hypatios et son frère Pompée sont exécutés, les
sénateurs qui les avaient soutenus subissent exil et confiscation.
Mais la situation est définitivement rétablie : les courses ne
reprendront que cinq ans plus tard, le temps de reconstruire, et l'on
n'entend plus parler des factions durant plus de quinze ans.
Justinien n'aura plus à craindre pour son trône. En revanche, il
devra reconstruire une capitale recouverte de cendre et où persiste
l'odeur de brûlé; les travaux de la nouvelle Sainte-Sophie auraient
commencé dès le 23 février. Au moins, Justinien sait alors sur
quels généraux il peut compter</i>» (M. Kaplan. <i>Pourquoi
Byzance?</i>, Paris, Gallimard, Col. Folio Histoire, # 252, 2016, pp.
101 à 103).</p></blockquote>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">Une fois la sédition réprimée, la civilisation chrétienne-orthodoxe connut ses plus beaux moments sous la tutelle greco-byzantine.
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiRq_-FXWHQPvkw8yLDca-zm0pcCBzW95HkIKaXUrZtfBcH_hSMyrCxTIgQQcUADyQViC2W1as6PXSxM-snvpkdSkc8ukRqodbnxhQjdWqxTEBboupkM-JkdNQXKA_cL8L_2Ij9YzdF9Ivw6TP3gikjltvXzyLdD7k6HpPr6Pl_ToLeFxADRZ-Pd3nLGA/s729/Ledifice-estsurveillance-grace-capteurs-sismiques-installes-1991_0.webp">Sainte-Sophie</a> devient la plus belle cathédrale <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiRq_-FXWHQPvkw8yLDca-zm0pcCBzW95HkIKaXUrZtfBcH_hSMyrCxTIgQQcUADyQViC2W1as6PXSxM-snvpkdSkc8ukRqodbnxhQjdWqxTEBboupkM-JkdNQXKA_cL8L_2Ij9YzdF9Ivw6TP3gikjltvXzyLdD7k6HpPr6Pl_ToLeFxADRZ-Pd3nLGA/s729/Ledifice-estsurveillance-grace-capteurs-sismiques-installes-1991_0.webp" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="572" data-original-width="729" height="314" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiRq_-FXWHQPvkw8yLDca-zm0pcCBzW95HkIKaXUrZtfBcH_hSMyrCxTIgQQcUADyQViC2W1as6PXSxM-snvpkdSkc8ukRqodbnxhQjdWqxTEBboupkM-JkdNQXKA_cL8L_2Ij9YzdF9Ivw6TP3gikjltvXzyLdD7k6HpPr6Pl_ToLeFxADRZ-Pd3nLGA/w400-h314/Ledifice-estsurveillance-grace-capteurs-sismiques-installes-1991_0.webp" width="400" /></a>chrétienne du monde;
Bélisaire, qui avait démontré sa loyauté, va se faire le gardien
des frontières de l'Empire, refoulant les invasions goths en
Occident et perses en Orient. L'art de la mosaïque va donner ses
plus beaux monuments, à Ravenne comme à Constantinople. Enfin, la
promulgation en 529 du <i>Code Justinien </i>(complété en 534), va
témoigner de l'œuvre principale de l'empereur, la réforme et
l'aboutissement du droit romain interrompu depuis Hadrien (117-138).
Tour à tour, Justinien promulgue en novembre 533 les <i>Institutes,
</i>un manuel en quatre livres pour les étudiants en Droit, puis, en
décembre, les <i>Digestes, </i>recueil de jurisprudence réparti en
50 livres, constitués d'extraits des principaux jurisconsultes de la
Rome républicaine et du Principat. Et comme si ce n'était pas
assez, Justinien continue de légiférer plus qu'aucun de ses
prédécesseurs sous formes de Novelles et d'édits. La grande
nouveauté? L'utilisation du grec, sauf pour les lois destinées à
des provinces latinophones. Désormais, l'Empire romain d'Orient sera
un empire grec.</p><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">Les
efforts de Justinien visent à asseoir un État romain dans les
formes de la culture orientale, jugées plus raffinées que celles d'Occident, marquées par plus de deux siècles d'invasions
germaniques. C'était avant que le monde arabe se mette en marche,
guidé par l'enseignement du Prophète, Mahomet. Rien ne semblait
devoir l'empêcher de réaliser les vieux rêves d'Alexandre le Grand
et de Jules César, d'unifier le monde. Aussi, le nom de Justinien
reste-t-il rattaché à la grandeur retrouvée de l'État romain.
Mais c'est un mal <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjMoPX7cFgGypWhpT4kwrLzq9RZYJeChN9yzphbxCIVndA-_4tJxTJ2-P_nxJgzDI9YjsfQAXlZ3OB6AYDpqyxibYhjzLV8wN_TYp8iVSkaO1AOi27RKGYSfbOCQpZDU7ER2NGCDQl39QDQLUSt9IWwB00Cxo0i3j6lJYmdZy8-vBXaATey6ZD6NnotDA/s976/0611407534539-web-tete.webp" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="549" data-original-width="976" height="225" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjMoPX7cFgGypWhpT4kwrLzq9RZYJeChN9yzphbxCIVndA-_4tJxTJ2-P_nxJgzDI9YjsfQAXlZ3OB6AYDpqyxibYhjzLV8wN_TYp8iVSkaO1AOi27RKGYSfbOCQpZDU7ER2NGCDQl39QDQLUSt9IWwB00Cxo0i3j6lJYmdZy8-vBXaATey6ZD6NnotDA/w400-h225/0611407534539-web-tete.webp" width="400" /></a>de nature différente qui devait venir d'Orient et ternir les
dernières années du règne. En 541-542, une formi-dable <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjMoPX7cFgGypWhpT4kwrLzq9RZYJeChN9yzphbxCIVndA-_4tJxTJ2-P_nxJgzDI9YjsfQAXlZ3OB6AYDpqyxibYhjzLV8wN_TYp8iVSkaO1AOi27RKGYSfbOCQpZDU7ER2NGCDQl39QDQLUSt9IWwB00Cxo0i3j6lJYmdZy8-vBXaATey6ZD6NnotDA/s976/0611407534539-web-tete.webp">peste</a>
emporta plus de 300 000 citoyens de la capitale, Constantinople. Comme
toujours, la famine et la déroute financière suivent. L'Empire
s'est étendu territorialement, mais les caisses, pleines en 518 au
moment de l'arrivée de Justinien au pouvoir, sont maintenant vides en 565.
Lorsque l'empereur meurt, dans la nuit du 14 au 15 novembre 563, à
l'âge vénérable de 83 ans, il n'a pas de fils pour lui succéder,
mais le passage du pouvoir à son neveu Justin, membre du
gouvernement avec le grade de curopalate – chef de la garde
palatine -, lui succède sans difficulté, poursuivant la
politique de son oncle.</p><p>
</p><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">L'opinion des
historiens est partagée au sujet du règne de Justinien. Déjà, à la
fin du XVIIIe <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEik7A7CL_FBWF9RoX_1SzATJkE5GBjkf4DSKVYwSlOk5bQd4BJyu7v48yPGeSjAJFYFWOkBZ3hBchX6bJ0w1nN4IHRFhaff9zjc__I1l6dTyNaaTNaQwFR8vdT1YNvs68aLdu0dZdovv0yt72SiTCxjPeLDbptQ3ttPF40G_Ra1BVu59vrWegLvPmlHeQ/s200/Theodora_mosaic_-_Basilica_San_Vitale_(Ravenna).jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="190" data-original-width="200" height="380" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEik7A7CL_FBWF9RoX_1SzATJkE5GBjkf4DSKVYwSlOk5bQd4BJyu7v48yPGeSjAJFYFWOkBZ3hBchX6bJ0w1nN4IHRFhaff9zjc__I1l6dTyNaaTNaQwFR8vdT1YNvs68aLdu0dZdovv0yt72SiTCxjPeLDbptQ3ttPF40G_Ra1BVu59vrWegLvPmlHeQ/w400-h380/Theodora_mosaic_-_Basilica_San_Vitale_(Ravenna).jpg" width="400" /></a>siècle, le Britannique Edward Gibbon écrivait de
Justinien : «<i>Il
fut moins sage ou moins heureux dans le gouverne-ment de l'empire :
son règne fut remar-quable par des calamités; le peuple fut opprimé
et mécon-tent; <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjMoPX7cFgGypWhpT4kwrLzq9RZYJeChN9yzphbxCIVndA-_4tJxTJ2-P_nxJgzDI9YjsfQAXlZ3OB6AYDpqyxibYhjzLV8wN_TYp8iVSkaO1AOi27RKGYSfbOCQpZDU7ER2NGCDQl39QDQLUSt9IWwB00Cxo0i3j6lJYmdZy8-vBXaATey6ZD6NnotDA/s976/0611407534539-web-tete.webp">Théodora</a> abusa de son pouvoir; une suite de mauvais
ministres fit tort au discernement de Justinien, qui ne fut ni aimé
durant sa vie ni regretté après sa mort. Réellement épris de la
gloire, il eut cependant la misérable ambition des titres, des
honneurs et des éloges de ses contemporains; et en s'efforçant de
fixer l'admiration des Romains, il perdit leur affection et leur
estime</i>» (E. Gibbon.<i> Histoire du déclin et de la chute de
l'Empire romain, t. 2 : Byzance (de 455 à 1500), </i>Paris, Robert
Laffont, Col. Bouquins, 1983, p. 192).</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">Gibbon reprenait la raison pour laquelle Dante situe Justinien dans l'orbite de
Mercure : <i>Ceux qui firent le bien par souci de réputation et
d'honneur</i>, ce qui est le cas naturel des Princes. D'autre part,
Gibbon contribua à noircir la réputation de Théodora qui, de fille
de dompteur d'ours, était haïe de la foule byzantine comme une véritable prostituée!
D'autre part, il insista sur les signes à l'origine des
superstitions qui nourrirent le préjugé de l'avenir sombre de
Byzance. Outre la peste, Gibbon rappelle
le passage d'une comète, puis un tremblement de terre désastreux
qui frappa l'Empire. Plus près de nous – mais encore assez loin -,
un historien soviétique, M. V. Levtchenko décrit avec un peu plus
de profondeur les maux réels qui devaient déchirer la robe de
Byzance :</p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">«<i>Parallèlement
au mécontentement et à l'irritation des masses croissait la
décomposition des classes dirigeantes. La prolifération d'une
aristocratie féodalisante, s'arrogeant les prérogatives de l'État
et, en la personne de certains de ses représentants, entrant en
lutte ouverte contre le pouvoir central, conditionnait
l'impossibilité dans laquelle se trouvaient les classes dirigeantes
de conserver intacte leur suprématie.</i></p></blockquote><p></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><i>Justinien
a laissé à ses successeurs un héritage redoutable. Rien de
surprenant que son successeur direct, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhWpcrRmLNqs_QeaBkWK4JpN-OiigELXt4aXa0p5zJigrLvlvqWfCjJny75CwdlIFYLMKon0YesJrze-lPrarXGMa4CbduPPsyRh_e67_i3o8e0HqZZKb2hdQUs1kN97T7k6s6Y0uUC8_lPtG05F5HAGHGN9YvuEIdnleENhxu4270C_1c5yFKUhISk6g/s220/Solidus_of_Justin_II_(obverse).jpg">Justin II</a>, ait perdu la raison,
n'ayant pu supporter le fardeau </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhWpcrRmLNqs_QeaBkWK4JpN-OiigELXt4aXa0p5zJigrLvlvqWfCjJny75CwdlIFYLMKon0YesJrze-lPrarXGMa4CbduPPsyRh_e67_i3o8e0HqZZKb2hdQUs1kN97T7k6s6Y0uUC8_lPtG05F5HAGHGN9YvuEIdnleENhxu4270C_1c5yFKUhISk6g/s220/Solidus_of_Justin_II_(obverse).jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="219" data-original-width="220" height="318" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhWpcrRmLNqs_QeaBkWK4JpN-OiigELXt4aXa0p5zJigrLvlvqWfCjJny75CwdlIFYLMKon0YesJrze-lPrarXGMa4CbduPPsyRh_e67_i3o8e0HqZZKb2hdQUs1kN97T7k6s6Y0uUC8_lPtG05F5HAGHGN9YvuEIdnleENhxu4270C_1c5yFKUhISk6g/w320-h318/Solidus_of_Justin_II_(obverse).jpg" width="320" /></a><i>de la tâche qui lui était échue.
Le "brillant" règne de Justinien prépara une for-midable
explosion de la lutte des classes, la crise terrible que l'Empire eut
à subir dans la première moitié du VIIe siècle. Certains
historiens (Bury, Stein) expliquent d'une manière plutôt simpliste
les raisons de cette crise, qui faillit être fatal à l'Empire
romain d'Orient. D'après Bury, il faut y voir la faiblesse de
Byzance, en liaison avec la politique de toute-puissance de
Justinien. Stein est du même avis. L'un et l'autre taisent le rôle
et la signification de la lutte de classes acharnée et des révoltes
de la plèbe de l'Empire d'Orient au début du VIIe siècle, qui se
présentent, en réalité, comme le développement et le prolongement
directs des révoltes d'esclaves qui avaient eu raison de l'Empire
romain d'Occident</i>» (M. V. Levtchenko. <i>Byzance des origines à
1453, </i>Paris, Payot, Col. Bibliothèque historique, 1949, pp.
98-99).</p></blockquote>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh5tkvKnPbow9sGcoCtHWIDtX0xc5mmmWZZyoHc3zDsZZLWwht1Gys3P4pKmk3ZseYbZ1m-tac1ywo85oied0dqnQyFzYFOvGOEmfZFF7ssn4axJ5FDGse4aivRCbMeyAlVkQUe0h0P9e0jmcjZ9yO114x0-ZlrbhhykIsau-OmdNvKaTjGI3x3qI-Ceg/s700/128358754_o.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="700" data-original-width="579" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh5tkvKnPbow9sGcoCtHWIDtX0xc5mmmWZZyoHc3zDsZZLWwht1Gys3P4pKmk3ZseYbZ1m-tac1ywo85oied0dqnQyFzYFOvGOEmfZFF7ssn4axJ5FDGse4aivRCbMeyAlVkQUe0h0P9e0jmcjZ9yO114x0-ZlrbhhykIsau-OmdNvKaTjGI3x3qI-Ceg/w331-h400/128358754_o.jpg" width="331" /></a>Malgré
l'aspect caricatural de l'explication soviétique, elle n'est pas
loin d'être rejointe par celle de John Julius Norwich, qui affirme en
conclusion : «<i>Une époque se terminait. Justinien était le
dernier véritable empereur romain à occuper le trône de Byzance.
L'essentiel n'était pas que, à en croire <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh5tkvKnPbow9sGcoCtHWIDtX0xc5mmmWZZyoHc3zDsZZLWwht1Gys3P4pKmk3ZseYbZ1m-tac1ywo85oied0dqnQyFzYFOvGOEmfZFF7ssn4axJ5FDGse4aivRCbMeyAlVkQUe0h0P9e0jmcjZ9yO114x0-ZlrbhhykIsau-OmdNvKaTjGI3x3qI-Ceg/s700/128358754_o.jpg">Procope</a>, il écorchât le
grec toute sa vie : son esprit sortait d'un moule romain, il pensait
en termes d'Empire romain antique. Jamais il ne comprit que cet
empire-là était devenu un anachronisme. L'époque où un seul homme
pouvait revendiquer une autorité universelle incontestée était
révolue, et jamais elle ne reviendrait</i>». J. J. Norwich.
<i>Histoire de Byzance, </i>Paris, Perrin, Col. Tempus, # 14, 2002,
p. 104).</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">Louis
Bréhier a noté comment, après avoir militairement vaincu les
Goths en Italie et <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjUWt9Rn8umb7Hs5KtHkF43aeATli68lwZA2-sKH8pbhXfwJ01lstqQI4q_LwNMI8i0a1Z1UWjlSE8hMskc72dqVpdYWUKmvVuZgQXqV9kFhWx34Gv9QXN47sCNZfpwqfi9e-faaxSkJJtJYjmu8vd4IFNbZ3evCsq_SinstMK1hqM8yTvVAVyfENGt-w/s305/Mosaic_of_Justinianus_I_-_Basilica_San_Vitale_(Ravenna).jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="305" data-original-width="220" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjUWt9Rn8umb7Hs5KtHkF43aeATli68lwZA2-sKH8pbhXfwJ01lstqQI4q_LwNMI8i0a1Z1UWjlSE8hMskc72dqVpdYWUKmvVuZgQXqV9kFhWx34Gv9QXN47sCNZfpwqfi9e-faaxSkJJtJYjmu8vd4IFNbZ3evCsq_SinstMK1hqM8yTvVAVyfENGt-w/w289-h400/Mosaic_of_Justinianus_I_-_Basilica_San_Vitale_(Ravenna).jpg" width="289" /></a>les Perses en Orient, «<i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjUWt9Rn8umb7Hs5KtHkF43aeATli68lwZA2-sKH8pbhXfwJ01lstqQI4q_LwNMI8i0a1Z1UWjlSE8hMskc72dqVpdYWUKmvVuZgQXqV9kFhWx34Gv9QXN47sCNZfpwqfi9e-faaxSkJJtJYjmu8vd4IFNbZ3evCsq_SinstMK1hqM8yTvVAVyfENGt-w/s305/Mosaic_of_Justinianus_I_-_Basilica_San_Vitale_(Ravenna).jpg">Justinien</a> crut le
moment venu d'accomplir son grand dessein : reconquérir l'Occident,
restaurer l'Empire romain dans son intégralité</i>» (L. Bréhier.
<i>Vie et mort de Byzance, </i>Paris, Albin Michel, Col. L'évolution
de l'humanité, # 13, 1969, p. 34). C'était le début d'une volonté obstinée, mais souvent velléitaire de restaurer l'ancien Empire des césars. Justinien
anticipait ainsi les volontés répétées de Charlemagne, d'Othon et de la
dynastie des Staufen, mais aussi des papes. Mû par une
volonté de prestige qui n'était rien de moins que restaurer
l'autorité absolue des césars, Justinien se voulait un prince absolu, un tyran dans la définition grecque antique du mot : </p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">«<i>Et
pourtant, avec tout le monde sauf sa femme, Justinien était un
autocrate pur et dur. Son énergie stupéfia tous ceux qui le
connurent, et sa capacité de travail était apparemment sans
limites. Personne mieux que lui ne comprit l'importance de se montrer
à son peuple, de le fasciner par une magnificence qui reflétât la
gloire de bâtir. Justinien transforma <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiL1u7C60QFeVIpBUvRScIFecAAiCIF9J8kFR9lycDVVMn4-3V2zZ65Z26HYQ8JjWqnPsEuCYU1Rjh5c6c9Vw0Vd9mFnBtng7mFzMi0k9oV-45ikoEhCEWkfEKMMc8SY_BhsoZZaQqrVRMjhXC4BAjk4oxfGUsMJ-2FIw-uGh61k2WNZ8K9Q3b404u8oA/s600/constantinople-600x400.jpg">Constantinople</a> et, bien que
nombre de ses monuments aient disparu depuis longtemps, les grandes
églises de Sainte-Sophie et Sainte-Irène, et le petit miracle que
constitue Saint-Serge-et-Bacchus, coupent encore le souffle</i>» (J.
J. Norwich. op. cit. p. 104).</p></blockquote>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiL1u7C60QFeVIpBUvRScIFecAAiCIF9J8kFR9lycDVVMn4-3V2zZ65Z26HYQ8JjWqnPsEuCYU1Rjh5c6c9Vw0Vd9mFnBtng7mFzMi0k9oV-45ikoEhCEWkfEKMMc8SY_BhsoZZaQqrVRMjhXC4BAjk4oxfGUsMJ-2FIw-uGh61k2WNZ8K9Q3b404u8oA/s600/constantinople-600x400.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="400" data-original-width="600" height="266" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiL1u7C60QFeVIpBUvRScIFecAAiCIF9J8kFR9lycDVVMn4-3V2zZ65Z26HYQ8JjWqnPsEuCYU1Rjh5c6c9Vw0Vd9mFnBtng7mFzMi0k9oV-45ikoEhCEWkfEKMMc8SY_BhsoZZaQqrVRMjhXC4BAjk4oxfGUsMJ-2FIw-uGh61k2WNZ8K9Q3b404u8oA/w400-h266/constantinople-600x400.jpg" width="400" /></a></div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">Il
apparaît donc impossible de commenter le bilan du règne de
Justinien en ciblant les défauts de la culasse. Le moteur qui
mobilisa les efforts des Byzantins résidait dans le dynamisme de
l'empereur et la poursuite de ses rêves auliques visant à inscrire sa réputation dans la foulée de celle des grands bâtisseurs de Rome :</p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">«<i>Le
règne de Justinien offre des côtés brillants. La reconquête des
provinces d'Occident fut une grande entreprise, dont les résultats
immédiats réalisaient le </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjSwRlPxABX8ueQ73ghaeG2oJHuPdyDUKjt4zUTV9wBy02tNVvqf3RW7-GcWy-moG1RGaaLZeffwSb0uV7aGDu5vJsWx1wV7r86K1Ti9wMrcs1eVQ0PGuSwKAMObqLDOJHMJM-jH-i3IjuMe3TA83S__5rHmWCI3OcZj9HJHh_zBVo6ggXurj0OKg-h0A/s311/Codicis_Iustiniani_(1592).jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="311" data-original-width="220" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjSwRlPxABX8ueQ73ghaeG2oJHuPdyDUKjt4zUTV9wBy02tNVvqf3RW7-GcWy-moG1RGaaLZeffwSb0uV7aGDu5vJsWx1wV7r86K1Ti9wMrcs1eVQ0PGuSwKAMObqLDOJHMJM-jH-i3IjuMe3TA83S__5rHmWCI3OcZj9HJHh_zBVo6ggXurj0OKg-h0A/w226-h320/Codicis_Iustiniani_(1592).jpg" width="226" /></a><i>vieux rêve d'une </i>renovatio imperii.
<i>La <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiQKd3Yi8JwM4mpWdA__No_oa52CMNBKkulFdXCYv-Lx4fTWcUkmAEYE3QlzU4_AFgH48XSE2CNfcsoeZ3mL1fJfyg5Kc5TZEx7zQdxxQEMJDSG45LE40etZf4LzQY3Svneb7O1doxFrFxf/h120/Codicis_Iustiniani_%25281592%2529.jpg">codification juridique</a> faite sur l'ordre de l'empereur mit un
point final à l'évolution du droit romain et légua à la postérité
un monument qui a fait beaucoup pour sa gloire posthume. Beaucoup de
réformes entreprises méritent l'admiration. Le relevé des dépenses
publiques laisse apparaître la richesse de l'empire, encore très
considérable. Dans l'ancienne capitale impériale, Sainte-Sophie
témoigne encore de nos jours de la splendeur des innombrables
constructions dues à l'initiative de l'empereur – même si l'on ne
peut le considérer comme l'inspirateur d'une renaissance artistique
-, et nombreuses sont les réalisations de l'art byzantin qui nous
sont parvenues de "l'âge de Justinien", pour reprendre un
titre d'André Grabar. S'il est sans doute excessif de qualifier
cette époque d'"âge d'or de la littérature byzantine",
</i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhYIktzgatg1nM7hXIEa4ZjnRXss6XDX4LjE-dbxD9QcZ3PwIh33EYRNJwZd_lY736kuu-e8shVcFrM4z5KA8lXI0DshZtac1L6vf0EAuoeKEKuti61ZOvPpD0ceKVXchYp9YyVqmYGuGGo0lWht0SYdAYYaQ-yhkA3hy1xAJL2KvulgZ2700A0SqJ8bA/s406/200px-Severus.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="406" data-original-width="200" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhYIktzgatg1nM7hXIEa4ZjnRXss6XDX4LjE-dbxD9QcZ3PwIh33EYRNJwZd_lY736kuu-e8shVcFrM4z5KA8lXI0DshZtac1L6vf0EAuoeKEKuti61ZOvPpD0ceKVXchYp9YyVqmYGuGGo0lWht0SYdAYYaQ-yhkA3hy1xAJL2KvulgZ2700A0SqJ8bA/w198-h400/200px-Severus.jpg" width="198" /></a><i>comme le fait Ernest Stein, et, ici encore, de voir en Justinien une
sorte de patron de la culture, on peut y relever les noms d'auteurs
dignes de ce nom, ceux d'historiens – Procope de Césarée,
Agathias de Myrina, Évagre le Scolastique -, de poètes – Romanos
le Mélode, le plus grand hymnographe chrétien de langue grecque -,
d'hagiographes – Cyrille de Scythopolis, dont les biographies de
moines palestiniens sont une source historique du plus grand intérêt
-, de théologiens – le plus remarquable étant <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiovg_Pl-OS4V2mfoLvM75NY7LraL25IxB9bw51fbRxXeP4kTtRRn2m3WpyZubdCcZWfevFxUD622_xqf37sphRSA64JQi1sGqHoR4tJQHhDc-Nl9YBnp5RNP8jZxOYh8Gta1-7_iLEQaSR/h120/200px-Severus.jpg">Sévère
d'Antioche</a>, dont l'œuvre ne nous est parvenue qu'en syriaque. Tout
cela certes n'est pas à mettre au crédit de Justinien, mais
témoigne de la vitalité d'une société que l'on ne peut taxer
d'immobilisme ni de décadence</i>» (P. Maraval. <i>L'empereur
Justinien, </i>Paris, CNRS éditions, Col. Biblis # 28, 2012, pp.
179-180).</p></blockquote>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">Quoi
qu'il en fût de la splendeur de Byzance, à la mort de Justinien, bien des problèmes structurels restaient en suspens tant au niveau de la société que de l'État, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgZL7CgkrbsuAs7Ks2W-ejdJPARspEvt1Z497WzMJ04j79H-Vv9b87_0tedzFJpz6FZvc6rEiNclDhrAowC05V07OzXiaJjBCgqFfelzzw5wtUtscDRsgvwY8IJgQQrzGi-6wat8_xK9k-YFs0oCHY5r2CyVw4lBa77xgyDrp2pZXClTohaJUKwcRismQ/s395/260px-Eutychius_of_Constantinople.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="395" data-original-width="260" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgZL7CgkrbsuAs7Ks2W-ejdJPARspEvt1Z497WzMJ04j79H-Vv9b87_0tedzFJpz6FZvc6rEiNclDhrAowC05V07OzXiaJjBCgqFfelzzw5wtUtscDRsgvwY8IJgQQrzGi-6wat8_xK9k-YFs0oCHY5r2CyVw4lBa77xgyDrp2pZXClTohaJUKwcRismQ/w264-h400/260px-Eutychius_of_Constantinople.jpg" width="264" /></a>mais surtout des
liens avec l'Église. Bien qu'il ait voulu
maintenir l'unité de l'Église en essayant de contenir les hérésies,
en particulier le monophysisme, il a fini par se laisser lui-même entraîné à l'hérésie : «<i>La faillite de la politique religieuse
de Justinien était complète, et à force de raffiner sur les
dogmes, il finit par tomber lui-même dans l'hérésie de ceux qu'il
voulait ramener à la vraie foi. Il se laissa gagner par la doctrine
égyptienne d'après laquelle le corps de Jésus sur la croix était
resté incorruptible (</i>aphtartodocétisme<i>), exila le patriarche
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEigp6QLkZcwiggr1WvGVzIrzdzRwb3syW8CKEC_MlraLovyfBgLc6CIBiEUh4TcIOb3AuQU6zIAOyOvA73mklDVoZhNj2_Oj4gqG_B2ab2gH19eecpHOU61z1j4ef10v_LcrChTIQfdOQqP/h120/260px-Eutychius_of_Constantinople.jpg">Eutychios</a> qui refusait de l'approuver (22 janvier 565), et se
préparait à publier un édit imposant sa croyance à tout l'Empire
lorsqu'il mourut</i>» (L. Bréhier. op. cit. pp. 41-42). Cette
conversion à une forme radicale de monophysisme rapprochait le
destin de Justinien de celui de Constantin. Si Justinien voulut
restaurer et unifier l'Empire, il devait, par contre, être celui qui amorça le
schisme de l'Église chrétienne universelle : </p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">«<i>Ses
autres entreprises ne furent pas toutes aussi réussies. Dans son
désir d'unité religieuse, il n'était parvenu qu'à approfondir le
fossé entre <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjBH99nPqKlQ10IjjRjBMnRiFdW_RQxQQvof_q71cjDxoe3AG6HQTg7_nqCFHLAM-H2CRsubZrukixgVHprt0UbLnQSHFCDRN0xnHulmHC5g8zXpewvzBka8UUwemfSXFB2SwJugx-qeBv6/h120/3000h51c2.png">l'Orient et l'Occident</a>. Ses efforts immenses pour
réformer l'administration et la purger de toute corruption avaient
été sabotés à maintes reprises par ses propres extravagances.
Même ses conquêtes furent décevantes. Mais il y eut aussi des
succès. Constantinople était déjà le principal centre de commerce
entre l'Europe et l'Asie. L'Occident étant à présent tristement
appauvri, c'était vers le Cathay et les Indes que les Byzantins se
tournaient pour assurer leur prospérité commerciale et se fournir
en soieries, épices et pierres précieuses </i>(J. J. Norwich. op.
cit. pp. 104-105).</p></blockquote>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj2XfeCkaR6zYOPQnAQw8v-SnmWZ9bYU4cx6FydS_zduEJDjNPwNYp58Ty34sUK3_4mHOihrd4exIin_5ni8BeXjLZwEOOFEf-Zcn1RKCcaGVMlOjSAtt35-HwmOU5mAwHI3MStMWK86Q7uIFeZq-BUr_UCwI9TdfCLDBuGIU3j9PCxRAHXndzChW127A/s1200/3000h51c2.png" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="883" data-original-width="1200" height="294" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj2XfeCkaR6zYOPQnAQw8v-SnmWZ9bYU4cx6FydS_zduEJDjNPwNYp58Ty34sUK3_4mHOihrd4exIin_5ni8BeXjLZwEOOFEf-Zcn1RKCcaGVMlOjSAtt35-HwmOU5mAwHI3MStMWK86Q7uIFeZq-BUr_UCwI9TdfCLDBuGIU3j9PCxRAHXndzChW127A/w400-h294/3000h51c2.png" width="400" /></a></div><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhNX1kOnQiaeJUFqpwqfcI_Yr1CxL4ELUN6TTBR0zBOJDYnacEj9jFJfBIoQBBZ8jqPOacAckYPpBV0pd9ZLe7bcZXoUW0K5xkL7-wsmab2RR4z_GTZATtUupcrtHWtzaNae0pLLgGaBCzNs2bS9M4nPLoD_7I9tdwXaRlEuAjZjQF0qeAnTV5cmmQgqA/s1024/Italian_School_-_Dante_and_Beatrice_before_Justinian_(482-565)_from_The_Divine_Comedy_by_Dante_Al_-_(MeisterDrucke-424274).jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1024" data-original-width="805" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhNX1kOnQiaeJUFqpwqfcI_Yr1CxL4ELUN6TTBR0zBOJDYnacEj9jFJfBIoQBBZ8jqPOacAckYPpBV0pd9ZLe7bcZXoUW0K5xkL7-wsmab2RR4z_GTZATtUupcrtHWtzaNae0pLLgGaBCzNs2bS9M4nPLoD_7I9tdwXaRlEuAjZjQF0qeAnTV5cmmQgqA/w315-h400/Italian_School_-_Dante_and_Beatrice_before_Justinian_(482-565)_from_The_Divine_Comedy_by_Dante_Al_-_(MeisterDrucke-424274).jpg" width="315" /></a>Évidemment,
lorsque Dante fait intervenir <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEge9Ep1pDltQ1tFygMVWGGlX5ce5FLUAEqJFM5Ycou7mqoLRcSedSxpFtyqmN_l9taR9IyMaV0bPeA3HQSPzfRCiAZYkI8avlSnwdceE_DJB-8Fflm9v-iOpHFSuKnbJerGjTZkdD4CpdD6/h120/Italian_School_-_Dante_and_Beatrice_before_Justinian_%2528482-565%2529_from_The_Divine_Comedy_by_Dante_Al_-_%2528MeisterDrucke-424274%2529.jpg">Justinien</a> au Paradis, il le fait dans
une perspective éminemment politique et dans l'intérêt de Florence
déchirée entre Guelfes et Gibelins. D'abord, le poète tient à bien identifier qui
parle : «<i>Après que Constantin eut tourné l'Aigle contre le
cours du ciel, qui l'accompagna derrière l'antique héros qui enleva
</i>Lavinie», situe historiquement où se place la voix. Parce qu'il
avait transporté le siège de l'Empire à Byzance, en Orient,
Constantin avait inversé le parcours de l'Aigle qui était venu de
Troie vers Rome (avec Énée) en le ramenant de Rome vers le lieu d'où
il était parti. «<i>César je fus, et je suis Justinien qui, par le
vouloir du premier Amour, dont je jouis, ôtai des lois le trop et
l'inutile</i>». De l'œuvre justinienne, c'est d'abord et avant tout
l'immense travail accompli par l'empereur en matière de Droit qui
l'impose à la pensée du poète.</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">Au Paradis, que dit l'empereur à Béatrice
et à Dante? Justinien
poursuit en rappelant qu'il avait su échapper à l'attraction
hérétique représenté par le courant monophysite soutenu par l'impératrice Théodora. Dante évoque le pape
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjjydExGgZmoaQQwcLvAb3fEvplJK826lrHb056msxL0s6YZ26V9j2K69tu_PM7NUnBmwL-osfts_cWiNsJlAjat9I_oIuaVNgStuc6EweMoQXZSOf-u2laSauq5CJO_YhOPsYGvDC-4hZ-/h120/Agapito_I_papa.png">Agapit</a> (535-536) qui avait dû se rendre à Constantinople déchirée alors par les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgLvGAvrlAjUfzhVOynpNFY3KGeeXlCOfoYh5nHxtiBhnhA1HYUvkAYTkszUmmX1U6gcrZvreNcmQpO1VTnAxF8LzsWjciwwW_NDPMGasZlHCI_d8leYnIAjF0FAq2ueINb5HSmOf9NJDFqvHeQWQ8_V_ndfS3ifDzUKdRHIOJc8TZQyho4lewc2Yu-FA/s200/Agapito_I_papa.png" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="200" data-original-width="200" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgLvGAvrlAjUfzhVOynpNFY3KGeeXlCOfoYh5nHxtiBhnhA1HYUvkAYTkszUmmX1U6gcrZvreNcmQpO1VTnAxF8LzsWjciwwW_NDPMGasZlHCI_d8leYnIAjF0FAq2ueINb5HSmOf9NJDFqvHeQWQ8_V_ndfS3ifDzUKdRHIOJc8TZQyho4lewc2Yu-FA/w320-h320/Agapito_I_papa.png" width="320" /></a>intrigues de Théodora, soutien d'Anthime, élu patriarche et de tendance monophysite. Agapit, sous la pression du clergé fidèle au concile de Chalcédoine qui authentifiait les deux natures du Christ, somma Anthime d'une profession de foi qu'il refusa de rédiger. Agapit le rejeta et l'hérétique alla se réfugier dans les jupes de Théodora. Cette mesure contraria fort Justinien qui y voyait une intrusion dans ses prérogatives. Il alla même jusqu'à menacer Agapit de bannissement. On retient depuis ce «mot historique» qu'Agapit aurait adressé à Justinien : «<i>C'est impatiemment que j'étais venu contempler Justinien, l'empereur Très Chrétien... Et voilà que je trouve à sa place un Dioclétien, dont les menaces, cependant ne me font pas peur</i>». Comme les paroles de Théodora avaient suffit à fouetter l'ardeur de Justinien lors de la sédition Nika, celles d'Agapit le ramenèrent à l'orthodoxie. Il accepta que le pape dépose et suspende Anthime et nomme son successeur (ce qui irrita profondément l'impératrice), d'où les vers de Dante : «<i>Je le crus; et ce
qu'il disait, maintenant je le vois clairement, comme tu vois que
toute contradiction implique le faux et le vrai. Dès qu'avec
l'Église je m'approchai de Dieu, par grâce il lui plut de
m'inspirer le haut travail</i>». </p><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">On aurait pas de misère à
reconnaître l'essentiel exprimé dans <i>La Monarchia </i>dans le texte premier du <i>Code </i>que Justinien fit publier en 529 et consacré aux affaires religieuses. </p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">«<i>Le préambule d'une loi relative aux élections des évêques et des clercs, adressée le 7 avril 535 à l'évêque de Constantinople, permet d'en comprendre la raison : "Dieu, dans sa clémence, a accordé d'en haut deux grands dons : le sacerdoce et la dignité impériale. Le premier sert les choses divines tandis que le second dirige et administre les affaires humaines; toutefois, les deux procèdent de la même origine et rehaussent la vie de l'humanité. Par conséquent les empereurs ne sauraient avoir de responsabilité plus grande que la dignité des prêtres, car c'est pour leur bien-être que les prêtres invoquent Dieu constamment. si donc le sacerdoce est à tous égards irréprochable et préserve son accès à Dieu, et si les empereurs administrent équitablement et judicieusement l'État confié à leur soin, l'harmonie générale en résultera, et ce sera un bienfait pour la race humaine. C'est pourquoi nous avons le plus grand soin des dogmes du vrai Dieu et de la dignité des prêtres" </i>(Novelle VI). <i>Le programme de l'empereur ne pouvait être plus explicite</i>» (Y.-M. Hilaire (éd.) <i>Histoire de la papauté, </i>Paris, Seuil, Col. Point Histoire # H333, 2003, p. 102).<br /></p></blockquote><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">L'Empereur est oint de Dieu <i>avec </i>le prêtre<i>, </i>en collaboration et non
en subordination. </p><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"></p><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">Revenons à la rencontre entre l'empereur et le poète. Justinien spécifie l'aide que lui apporta
Bélisaire en lui évitant de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg18EnYVRM8JjvnzwzitwTp3lPOQH4jdwj1COEP0IbZeL2D78hsNi4wQ8I-g8a8rJ_9Xn5gnm2M0d6DQRxIpcWgvRFya41P8mtg9z1VgxahO5y1mvv6WUgikVZRAzOahvwOe9DzfQM9n9dk/h120/cavalerie-reguliere-byzantine-dara.png">combattre</a> lui-même les ennemis aux frontières, le laissant entièrement à son œuvre <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgBSzdz5yOqIL3u2r0l-bf89NmZHtZBgM8bV6f9KWvJkd1UGnZC7N0WjTG9-LsC9Jd1NC1SKT7ge3WRHtUyNoqbhxu-ronyt_KwjT-C1tn6GURDoP-c8t1UnKJQK5Wm2bSpT9PUiVZ4Y-tUhiZhUS58QsjzXrMl7Yy1C_6z4CHtFsmCu1GS17T-iJkZoQ/s992/cavalerie-reguliere-byzantine-dara.png" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="864" data-original-width="992" height="349" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgBSzdz5yOqIL3u2r0l-bf89NmZHtZBgM8bV6f9KWvJkd1UGnZC7N0WjTG9-LsC9Jd1NC1SKT7ge3WRHtUyNoqbhxu-ronyt_KwjT-C1tn6GURDoP-c8t1UnKJQK5Wm2bSpT9PUiVZ4Y-tUhiZhUS58QsjzXrMl7Yy1C_6z4CHtFsmCu1GS17T-iJkZoQ/w400-h349/cavalerie-reguliere-byzantine-dara.png" width="400" /></a>civilisatrice. Comme pour asseoir son assertion politique, Justinien entre-prend de rappeler le glorieux passer de Rome depuis la
fuite d'Énée de Troie et l'établis-sement dans la péninsule
italique. Il énumère tous les combats par lesquels Rome acquit sa
gloire et sa renommée; la défaite de ses ennemis et ses conquêtes
territoriale; l'extension des frontières de la péninsule jusqu'au pourtour de la Méditerranée,
de la Gaule et de la Germanie, et ce jusqu'à ce que Charlemagne
assure la protection de la Sainte Église! Toute l'histoire de l'Empire romain ne prouve-t-il pas qu'il est l'œuvre de la volonté divine et que tous ces empereurs, qui l'ont précédé ou qui lui ont succédé, travaillent à la même œuvre commune, condamnant d'une seule voix «<i>ceux qui se l'approprient ou à lui s'opposent</i>». Il déplore, finalement, que les Gibelins, porteurs de l'aigle impérial - signe de l'Empire universel - le brandissent comme signe de leurs intérêts propres : </p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">«<i>Maintenant
tu peux juger de ceux que j'ai d'abord accusés, et de leurs fautes,
qui sont la cause de tous vos maux. Au signe public l'un oppose les
lis jaunes, l'autre </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEig8Bos6SF_322L6Tj50Bo2IlZIiDwZ5ZN5gvLLfmCWSciAdVcgPtqDB9xeVAJURcOtw24j57a7I2DBVTvGvQxcvEXFVnYhN_GELZh4COPPmKDvfBThDXcMHMhyc4cdr9n7wXV9em5OiF0g0RhDV6ldlqopcWRfzGG3pv6zqgdCBsyWbRKcIKD2IQnXZA/s204/Charles_2_of_Naples.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="194" data-original-width="204" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEig8Bos6SF_322L6Tj50Bo2IlZIiDwZ5ZN5gvLLfmCWSciAdVcgPtqDB9xeVAJURcOtw24j57a7I2DBVTvGvQxcvEXFVnYhN_GELZh4COPPmKDvfBThDXcMHMhyc4cdr9n7wXV9em5OiF0g0RhDV6ldlqopcWRfzGG3pv6zqgdCBsyWbRKcIKD2IQnXZA/s16000/Charles_2_of_Naples.jpg" /></a><i>l'approprie à son parti, de sorte qu'il est
difficile de voir lequel faillit le plus. Qu'exercent les Gibelins,
qu'ils exercent leurs manœuvres sous un autre signe; mal suit
celui-là toujours qui le sépare de la justice : et que ne l'abatte
point le nouveau Charles avec ses Guelfes, mais qu'il craigne les
serres qui à un plus fort lion ont arraché le poil. Plusieurs fois
déjà les fils ont pleuré pour le péché de leur père; et qu'il
ne croie pas qu'en faveur de ses lys Dieu transportera la puissance</i>»
(<i>La Divine Comédie, </i>traduction de Lamennais).</p></blockquote>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">Ce lys jaune, brandit par les partisans guelfes en hommage aux fleurs de lys d'or des blasons de la
monarchie française et angevine de Naples, désigne <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhlihFWq4r0qD2kRyb9PLNmNH4yumNx0aINQwaaN1WWLAMbZScZU3VUO98d_p0q5cLOIID4bu750zmAuw41vOxKl8zagx9uz8xhAt7i4iQ6xMREW__pfdnovekKWiEFY6lBjA6TBR9X2keP/h120/Charles_2_of_Naples.jpg">Charles II</a> d'Anjou
roi des Pouilles, frère du roi de France, dont l'intervention en Italie répugnait à Dante.<br /></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">Ce
qui vient après est moins clair. Justinien révèle que <i>cette
petite étoile –</i> Mercure était tenue au Moyen Âge pour une
étoile – <i>s'orne des esprits bons qui ont été actifs pour
acquérir </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhtSF4HZ4cNgzCVx7cMN1iTPjWM-DOOGr_SZH051u2EztfXveYhM17A8Nm2yTtJTpM2puNw8NHFM8cXqlNjlM_jWaJxt9n-Yyk2V-s43WvgHJ4CxtG7WrpW6FdwHFeWg0xSSBDvw2awuiTUGd6BY4SEmh0TUVaVPnQMkHN30y67ymXc-5OWEuCwa_eYKQ/s297/220px-Rom%C3%A9e_de_Villeneuve.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="297" data-original-width="220" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhtSF4HZ4cNgzCVx7cMN1iTPjWM-DOOGr_SZH051u2EztfXveYhM17A8Nm2yTtJTpM2puNw8NHFM8cXqlNjlM_jWaJxt9n-Yyk2V-s43WvgHJ4CxtG7WrpW6FdwHFeWg0xSSBDvw2awuiTUGd6BY4SEmh0TUVaVPnQMkHN30y67ymXc-5OWEuCwa_eYKQ/w296-h400/220px-Rom%C3%A9e_de_Villeneuve.jpg" width="296" /></a><i>honneur et renommée. </i>Mais l'honneur et la renommée ne
saurait justifier véritable amour qui est la gloire qui mérite le
ciel. L'œuvre de Justinien n'étant pas désintéressé, cultivant
sa vanité de son autorité, elle coûte une partie de la joie du
mérite. C'est alors qu'apparaît, en contrapposto, la figure de l'authentique mérite
et de la joie pleine et entière; celui qu'il appelle Roméo et qui est <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiJwnAkGQErdgVeRXe-SNT1xkgtwlyyPGy7I0p_NeYwWSJUUrVOpeZZOl6_XlvH-sUqPgrP33k2gAvt7ihny6zX4C8TQ4iq1aaHmQ41qLdIp3CFCjHc0W6_cXhYXp8LGFFKV2yld-cOOaPE/h120/220px-Rom%25C3%25A9e_de_Villeneuve.jpg">Romieu de Villeneuve</a> (<span style="font-family: Times New Roman, serif;">±</span>1170-<span style="font-family: Times New Roman, serif;">1250</span>)<i>
dont l'œuvre grande et belle fut mal récompensée. Mais n'ont pas
ri les Provençaux qui agirent contre lui; car mal chemine celui qui
regarde comme un tort fait à soi, le bien fait à autrui. </i>:<i> Quatre
filles eut Raimond Béranger, et toutes reines : et cela pour lui
fit Roméo, personnage humble et étranger. Puis de louches paroles
le portèrent à demander compte à ce juste, qui lui rendit sept et
cinq pour dix. De là il partit pauvre et vieux; et si le monde
savait quel cœur il eut, mendiant sa vie morceau à morceau, il le
loue beaucoup, mais plus il le louerait</i>» (Traduction de
Lamennais).</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">Nous en savons
aujourd'hui un peu mieux sur cette anecdote morale dont l'humilité
fait contraste avec la vanité de Justinien : </p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">«<i>Romieu de Villeneuve
: né vers 1170, fut ministre, connétable et grand sénéchal de
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg6rzmGhX5YuoP0ssIq5PRqknTJejTMviU9MifNitQ7jcAJsrjzoeCFX7IVbeEh6WdG5uURJM8u633L1EA3FxF3mxeWgBvDQeoSgddpgOF7c3DFwmOAaQBcD01Dc-DYDRn26PUd9DmWRgOd/h120/Statue_Raimond_B%25C3%25A9renger_IV.JPG">Raymond Bérenger IV</a> comte de Provence. Le comte mort (1245), Romieu
continua </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhSsYCNwEUV8_UQVGmwwt1Y5-iSzG38KK8NyXxPF6XgaLAN4icgcAZHikKxQvZD3oUccy5YKHV0L2Ng8IYWY_j5-57bV0EntfB5OL91P9u12odC7nI-lJ0ylPQciJebG_QnuT6E6TxmodFE0rHJHGQ15PgXctWLQC2tcD0s9dmTIXmpEJFlH9LDy0vyQQ/s342/Statue_Raimond_B%C3%A9renger_IV.JPG" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="342" data-original-width="220" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhSsYCNwEUV8_UQVGmwwt1Y5-iSzG38KK8NyXxPF6XgaLAN4icgcAZHikKxQvZD3oUccy5YKHV0L2Ng8IYWY_j5-57bV0EntfB5OL91P9u12odC7nI-lJ0ylPQciJebG_QnuT6E6TxmodFE0rHJHGQ15PgXctWLQC2tcD0s9dmTIXmpEJFlH9LDy0vyQQ/w206-h320/Statue_Raimond_B%C3%A9renger_IV.JPG" width="206" /></a><i>d'administrer la Provence. Tuteur de Béatrice, quatrième
fille de Raymond, il la maria à Charles d'Anjou; puis il mourut en
1250. Tout cela est historique. Mais Dante suit une tradition
légendaire, née en partie du nom de Romieu... Ce personnage serait
un humble pèlerin qui, revenant de Galice, se serait arrêté en
Provence. Bien reçu par Raymond, il gagne vite sa confiance,
rétablit l'ordre dans les affaires du seigneur, et marie ses quatre
filles à quatre rois. Mais la jalousie des courtisans amène Raymond
à exiger des comptes de son ministre. Celui-ci montre qu'il est
aussi pauvre qu'à son arrivée, alors que le patrimoine seigneurial
a crû merveilleusement. Puis il s'en va sans rien entendre, comme un
malheureux réduit à la mendicité</i><span style="font-style: normal;">»
(A. Pézard, note, in D. Alighieri. </span><i>Œuvre complète,
</i><span style="font-style: normal;">Paris, Gallimard, Col.
Bibliothèque de la Pléiade, # 182, 1965, p. 1411, n. 128).</span></p></blockquote>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhhbTOhAZ0AseApxTw-rFAHJLk0sqMWj9qbjSW2mlz8FIyvEsohuFGqJZ77msR0wDT-IZfvapYRn4kamQcEW00qvOPbrLQqskekV1NgEm-9hPzpaJVni_zX-QFFvNWxK31TxdP0MiyXHC37gzklsqwP-lbWHZ2GkE-WHLm1r7c5CmmsnfdAKMvlnNoE9g/s400/Screenshot%202023-05-19%20at%2011-46-11%20Raimond-B%C3%A9renger%20V%20de%20Provence%20%E2%80%94%20Wikip%C3%A9dia.png" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="400" data-original-width="362" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhhbTOhAZ0AseApxTw-rFAHJLk0sqMWj9qbjSW2mlz8FIyvEsohuFGqJZ77msR0wDT-IZfvapYRn4kamQcEW00qvOPbrLQqskekV1NgEm-9hPzpaJVni_zX-QFFvNWxK31TxdP0MiyXHC37gzklsqwP-lbWHZ2GkE-WHLm1r7c5CmmsnfdAKMvlnNoE9g/w363-h400/Screenshot%202023-05-19%20at%2011-46-11%20Raimond-B%C3%A9renger%20V%20de%20Provence%20%E2%80%94%20Wikip%C3%A9dia.png" width="363" /></a></span><span style="font-style: normal;">(Les
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi8KHyIxHwf1BbW2R1bKFFhrddIOkY85zcDdTRGZ5Xx5RiFPHYT-r5h5CT_TISD7xiPGCv9JbwmgkY3MOtv-NMPIlPgZjhGvuv0hs67ypT2yHP7dElaqQVAlP0cJgnCBDC6PM2jrWMDZD3T/h120/Screenshot+2023-05-19+at+11-46-11+Raimond-B%25C3%25A9renger+V+de+Provence+%25E2%2580%2594+Wikip%25C3%25A9dia.png">quatre filles</a> en question étaient Marguerite, mariée en 1234 à
Louis IX (saint Louis), roi de France; Léonore, mariée en 1236 à
Henri III d'Angleterre; Sanche, mariée en 1243 à Richard de
Cornouailles frère d'Henri, et roi de Germanie en 1257, enfin
Béatrice, héritière de Provence, mariée à Charles Ier d'Anjou,
frère de saint Louis, et plus tard roi de Sicile. C'était à
l'époque où les princes d'Aquitaine et de Provence mariaient leurs
filles avec des seigneurs et rois du nord de l'Europe). Maintenant,
revenons à Justinien.</span></p><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: serif;">L'Empereur byzantin se révélait être l'idéal
dans l'optique monarchiste de Dante. Comme le définissait l'article du Code Justinien cité plus haut, il ne suffisait pas de
reconnaître qu'il était l'égal du Pape devant Dieu; il tenait à ce que les deux
hommes agissent de concert pour le bien de la Chrétienté (et
de l'Italie plus précisément dans l'esprit du poète). Sous Justinien, comme le remarque son biographie
Georges Tate : </span></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: serif;">«<i>Aucune révolution politique n'intervient. Le
christianisme et l'Église sont introduits dans l'État avec des
aménagements effectués au coup par coup, sans bouleversement
radical. L'empereur conserve les attributions religieuses qu'il
détenait au temps des cultes païens. Les idées relatives à
l'origine divine de son pouvoir et au caractère sacré de sa
personne continuent d'avoir cours mais elles sont progressivement
christianisées. Une véritable théologie du pouvoir est élaborée
: l'empereur est le représentant de Dieu sur la terre, l'image et
l'agent du Christ. Sans être à proprement parler un saint, il
participe de la sainteté. De tous les évêques contemporains de
Constantin, Eusèbe de Césarée est un de ceux qui célèbrent avec
le plus d'euphorie l'édit de Milan. Il considère Constantin comme
le "vicaire de Dieu", "l'interprète du Verbe",
qui a reçu en son âme les effluves de la grâce divine et participe
déjà du royaume céleste. Depuis qu'il est chrétien, l'empereur a
vocation à gouverner une cité terrestre dont tous les chrétiens
feraient partie tandis que Dieu est le souverain de la cité céleste.
Constantin a une haute </i></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgxIDKg0HzrQQvVUjAI4FmUEoGyqBq8DiCJTB7NTFe3NY1hw6UZ1yaxh5DupNjt1i1A0193GwrcROAnTlcEJR2jk3fTrC6jJ1KQz9BMwGl5hhRznVqajA0bj4gxjxlFBa55s-g9WESCTDhQvQwRniVW8rL-2ywB9EMOrb3UObce4952FqR_6W1NpBh3Kg/s921/Representation-saint-Jean-Chrysostome-349-407-Art-byzantin-fresque-debut-XIIe-siecle-Eglise-Panagia-Asinou-Mont-Troodos-Chypre_0.webp" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="921" data-original-width="729" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgxIDKg0HzrQQvVUjAI4FmUEoGyqBq8DiCJTB7NTFe3NY1hw6UZ1yaxh5DupNjt1i1A0193GwrcROAnTlcEJR2jk3fTrC6jJ1KQz9BMwGl5hhRznVqajA0bj4gxjxlFBa55s-g9WESCTDhQvQwRniVW8rL-2ywB9EMOrb3UObce4952FqR_6W1NpBh3Kg/w253-h320/Representation-saint-Jean-Chrysostome-349-407-Art-byzantin-fresque-debut-XIIe-siecle-Eglise-Panagia-Asinou-Mont-Troodos-Chypre_0.webp" width="253" /></a><span style="font-family: serif;"><i>conscience de sa mission : étendre les
dimensions de la cité terrestre, faire régner la justice et faire
triompher la vraie foi sont ses premiers devoirs. Cette théologie,
toutefois, ne débouche pas sur un fondamentalisme : elle donne du
sens aux actes des empereurs mais elle ne comporte pas d'impératif
d'action. Pour Eusèbe de Césarée, l'empereur est un "ami de
Dieu", "un être divin" et l'Empire est une création
de Dieu, le seul empire voulu par Dieu. Désormais, l'ancienne
conception universaliste de l'empire s'intègre pleinement dans la
cosmologie chrétienne et la sacralisation de la fonction et de la
personne impériale est achevée. Pour la masse de ses sujets, c'est
cette image redoutable d'un empereur sacré qui s'impose. Comme le
proclame <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhWWxgqBeKcrbLxjrDFBODn4x4cVmLx9Yt6cQbjaHl039Gzvv7R8tdJMaXn4OEOJNpCdI0ILrzjpwCvtWP16a3_R5TeXG3qPGIGcSoAivxKq2TmkUlnVs6gHbfFg8dPYULYTYkQn74oekU5/h120/Representation-saint-Jean-Chrysostome-349-407-Art-byzantin-fresque-debut-XIIe-siecle-Eglise-Panagia-Asinou-Mont-Troodos-Chypre_0.webp">Jean Chrysostome</a> : "Le corps de l'empereur est celui
d'un homme mais son pouvoir impérial le rend semblable à Dieu",
tandis qu'Agapet explique qu'il est "le maître de la terre et
de la mer et de tous les cieux" </i>(G. Tate. <i>Justinien,
</i>Paris, Fayard, 2004, p. 137).</span></p></blockquote><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: serif;">Empereur pleinement chrétien, Justinien prenait
ces symboles et ses fonctions très au sérieux. À l'époque, l'évêque
de Rome n'était pas encore le Pape tel que Dante le connût. Les deux pouvoirs - de l'autorité
aulique et de la souveraineté de l'Église romaine -, se sont définis l'un par rapport à l'autre, avec le temps, essayant respectivement de tirer leurs forces, l'une à travers les crises du régime impérial, et l'autre des hérésies :</span></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: serif;">«<i>Les penseurs chrétiens ont été confrontés
au problème des rapports entre l'empereur et les évêques. Pour
définir la position de l'Église par rapport à ce problème, les
chrétiens disposent des références évangéliques et des textes de
saint Paul. Mais la doctrine qui s'en dégage manque de clarté. D'un
côté, le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh7-QgpP9fLv44FCplnbhHamYEEDp8hAz_MMFSv05bFclyuwpg_D3itvVzYMNxw5w15XlJ9ocEuS_BFD2FiiWF4K38Jmitw6c0lI6BA1OVbP2lgEFxmgiJsv8czNoFCjuj90qeEGp6b2R5As6N4N-Zp3Byt3pjgKjTQvRRg6bfcyz3fFXPR81iZKXNzAg/s310/Bartolomeo_Manfredi_-_Il_tributo_a_Cesare_-_Google_Art_Project.jpg">Christ</a> aurait </i></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh7-QgpP9fLv44FCplnbhHamYEEDp8hAz_MMFSv05bFclyuwpg_D3itvVzYMNxw5w15XlJ9ocEuS_BFD2FiiWF4K38Jmitw6c0lI6BA1OVbP2lgEFxmgiJsv8czNoFCjuj90qeEGp6b2R5As6N4N-Zp3Byt3pjgKjTQvRRg6bfcyz3fFXPR81iZKXNzAg/s310/Bartolomeo_Manfredi_-_Il_tributo_a_Cesare_-_Google_Art_Project.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="211" data-original-width="310" height="218" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh7-QgpP9fLv44FCplnbhHamYEEDp8hAz_MMFSv05bFclyuwpg_D3itvVzYMNxw5w15XlJ9ocEuS_BFD2FiiWF4K38Jmitw6c0lI6BA1OVbP2lgEFxmgiJsv8czNoFCjuj90qeEGp6b2R5As6N4N-Zp3Byt3pjgKjTQvRRg6bfcyz3fFXPR81iZKXNzAg/w320-h218/Bartolomeo_Manfredi_-_Il_tributo_a_Cesare_-_Google_Art_Project.jpg" width="320" /></a><span style="font-family: serif;"><i>répondu aux pharisiens : "Rendez à César ce qui est à César", ce qui posait l'existence d'une</i></span><span style="font-family: serif;"><i> double sphère et d'un double pouvoir. D'un autre côté, selon saint
Pierre : "Il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes", ce
qui marque que l'une des deux sphères, un des deux pouvoirs est
supérieur à l'autre. Mais la question demeurait posée de la nature
de cette hiérarchie entre les deux pouvoirs ainsi que celle des
domaines où elle s'exerçait, car, d'un autre côté, saint Paul
avait proclamé, dans l'épître aux Corinthiens : "Que chacun
se soumette aux autorités en charge, car il n'y a point d'autorité
qui ne vienne de Dieu. aussi doit-on se soumettre non seulement par
crainte du châtiment mais aussi par motif de conscience". La
voie était ouverte à des interprétations très variées qui
pouvaient aller de la soumission totale aux autorités politiques, si
excessives que pussent être leurs décisions, à la résistance à
certaines de ces décisions et même à la défense d'un domaine
réservé de l'Église</i>» (G. Tate. ibid. p. 138).</span></p></blockquote><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: serif;">Était planté là l'arbre de discordes qui devait
empoisonner la politique européenne tout au long du Moyen Âge. Sous
les persécutions des empereurs païens, la doctrine intimait aux
chrétiens de souffrir puisque, étant l'instrument de la volonté
divine, il y avait une raison cachée à la persécution et aux martyres
connue de Dieu seul. D'autre part, une </span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhz09oDeKH-0u5jT_EGPFve3X81qRCvPpLZfpORA-srt90pdHTt5mZJIELp1Giws4PHl5WoX_VOny0fH7XWDEgogZ8xs-sggdJk_39X9UIR0d1ozHzaNow9ZcXAAIto2wI4WdIQwgh7bl9xPdiFIFo1ymMVvVDKqVJ2IVvRXvfx-1Rd-3H6T06UmqWpGA/s1024/bda1a2a2d1_112113_1328-3b.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="533" data-original-width="1024" height="209" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhz09oDeKH-0u5jT_EGPFve3X81qRCvPpLZfpORA-srt90pdHTt5mZJIELp1Giws4PHl5WoX_VOny0fH7XWDEgogZ8xs-sggdJk_39X9UIR0d1ozHzaNow9ZcXAAIto2wI4WdIQwgh7bl9xPdiFIFo1ymMVvVDKqVJ2IVvRXvfx-1Rd-3H6T06UmqWpGA/w400-h209/bda1a2a2d1_112113_1328-3b.jpg" width="400" /></a><span style="font-family: serif;">tradition s'était mise en
place dès que Constan-tin eût autorisé la pratique du culte
chrétien. Comment limiter ce pouvoir absolu, sacré, des empereurs
dans le champ de compétences clérical? Comment préserver l'Église
contre les empiètements du pouvoir séculier, dans le champ du dogme
par exemple, et, d'autre part, de remarquer qu'en tant que chrétien,
l'<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiWbyoEntDKr7-2Hnn6Ou9Wq0LNcVQxCmxkMohS760CGfjxLL-anktPLUbyIQ5Rpl2Vh6NOgNAEoyl4dnUlK9KQOYkE3xIeEPf2_P86-6x9FwUPbruTUJQlfcoxBkxpLwnNwWIUxtG0MluC/h120/bda1a2a2d1_112113_1328-3b.jpg">empereur</a> était soumis aux mêmes obligations morales et
spirituelles que les autres fidèles?</span></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">«<i>Sur le premier point, les évêques ne purent faire prévaloir leur point de vue. L'empereur ne renonça jamais à exercer sur l'Église l'autorité qu'il détenait depuis plusieurs siècles sur les cultes païens. En vertu de ce droit, il convoque
les conciles, s'autorise à influencer leurs décisions, nomme et
dépose les patriarches et intervient de mille manières dans la vie
de l'Église. Les principaux responsables de ce contrôle </i><i>impérial
sont d'ailleurs les évêques eux-mêmes : dans les innombrables
conflits de doctrine et de personne qui déchirent l'Église, dans
les affaires générales aussi bien que régionales et locales, ils
sollicitent sans retenue l'arbitrage de l'empereur et de ses agents.
L'empereur a d'ailleurs été qualifié d'"évêque du dehors"
par Eusèbe de Césarée, ce qui est peu explicite mais indique qu'il
participe de la nature épiscopale </i><span style="font-family: serif;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhYSQxl64MxeTP048KKEoBp9bqLjc0LoigA8sY94He-x57VqC8YHlI_S9-nMvnveX9kUjCgXpcXvUWml4TcgHje8AXSgnuQabt7g2WTA8e-_YaCtHUqGcXPspPcvVlyTOShBh1ctPKyWmuLTqCAjFXlE7DOmGVUEZMcRx8UnoPIZjyJW-VNsmsaFwWWtA/s398/70_-_portrait_70_(Mutinensis_-_color).png" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="398" data-original-width="220" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhYSQxl64MxeTP048KKEoBp9bqLjc0LoigA8sY94He-x57VqC8YHlI_S9-nMvnveX9kUjCgXpcXvUWml4TcgHje8AXSgnuQabt7g2WTA8e-_YaCtHUqGcXPspPcvVlyTOShBh1ctPKyWmuLTqCAjFXlE7DOmGVUEZMcRx8UnoPIZjyJW-VNsmsaFwWWtA/w221-h400/70_-_portrait_70_(Mutinensis_-_color).png" width="221" /></a></span><i>et qu'il doit être tenu pour
l'évêque, l'évangélisateur de ceux qui ne sont pas chrétiens
mais sont destinés ou s'apprêtent à le devenir et se trouvent
encore en dehors de l'Église. Un autre de ses titres fait de lui
l'"égal des apôtres", c'est-à-dire le treizième apôtre,
titre également ambigu car, en toute rigueur, le treizième apôtre
est saint Paul. À partir du règne de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhYSQxl64MxeTP048KKEoBp9bqLjc0LoigA8sY94He-x57VqC8YHlI_S9-nMvnveX9kUjCgXpcXvUWml4TcgHje8AXSgnuQabt7g2WTA8e-_YaCtHUqGcXPspPcvVlyTOShBh1ctPKyWmuLTqCAjFXlE7DOmGVUEZMcRx8UnoPIZjyJW-VNsmsaFwWWtA/s398/70_-_portrait_70_(Mutinensis_-_color).png">Marcien</a>, les empereurs sont
couronnés par le patriarche après leur proclamation. Cet épisode
nouveau dans le cérémonial de l'avènement impérial n'indique pas
que l'Église, en la personne du Patriarche, sa plus haute autorité,
a un rôle à jouer dans la désignation de l'empereur : le
couronnement n'est pas un acte institutionnel; il apporte au nouvel
empereur une consécration complémentaire mais celle-ci n'est pas
obligatoire : Dieu fait connaître sa volonté directement par le
Sénat, le peuple ou les armées</i><span style="font-family: serif;">» (G. Tate. ibid. p. 139).</span></p></blockquote><p></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: serif;">Constatons que les germes du césaro-papisme se sont développés d'abord dans le jardin de la sphère politique avant d'être transplantés dans celui
de l'Église :</span></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: serif;">«<i>Ainsi se met en place, dès le règne de
Constantin, ce qu'il est convenu d'appeler un régime de
"<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgD8Iwo-pIJdG3syY9YdTm0TE8MHTl_yGGCxyzrzNOKmFb5gRnJGk_nzVv7J4IsJ4cf7oDFsJJdS5H2O-asqy7gVrSwnQJOWmKChxFxU5dTNyDlOIGHd-X77pFUCLQLICFKF42SCsS_WX4O/h120/1_hgp_13i01z.jpg">césaro-papisme</a>", c'est-à-dire un régime, comme G.
Dagron l'a </i></span><span style="font-family: serif;"><i>montré..., dans lequel les pouvoirs politiques et
religieux, bien que séparés, ne sont </i></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgMYW71NrLt4B6LiTDcqD6Ix90CqFkE1nZCMNfMYfIMQVLybBPK7mMd44VBiRUiydLZLRYPDCP2uWGS_-vvQIzp0DUnL2T7Vt3FTSwyxdSxVpM7MwgqZMtcTNNacjmtOPs2FYxADFDYvO6B4-4VboOjc1Rs0MKHaEgmFhka0knBzhCXbkhhu6bfkEn7xQ/s740/1_hgp_13i01z.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="740" data-original-width="575" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgMYW71NrLt4B6LiTDcqD6Ix90CqFkE1nZCMNfMYfIMQVLybBPK7mMd44VBiRUiydLZLRYPDCP2uWGS_-vvQIzp0DUnL2T7Vt3FTSwyxdSxVpM7MwgqZMtcTNNacjmtOPs2FYxADFDYvO6B4-4VboOjc1Rs0MKHaEgmFhka0knBzhCXbkhhu6bfkEn7xQ/s320/1_hgp_13i01z.jpg" width="249" /></a><span style="font-family: serif;"><i>pas dissociables car le
détenteur du pouvoir politique, qui se prétend désigné par Dieu,
participe de la nature épiscopale et exerce son autorité sur
l'Église. L'Empereur n'abolit pas pour autant le pouvoir propre de
l'Église et n'est pas fondé à déterminer le dogme mais il doit
veiller à son respect en prêtant son bras séculier à l'Église.
Dans la pratique, les empereurs n'ont pas renoncé à aller au-delà
et à peser sur les décisions conciliaires quand il leur paraissait
que cela s'imposât</i>» (G. Tate. ibid. pp. 139-140).</span></p></blockquote>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: serif;">De leur côté, les évêques ont travaillé à dégager
la sphère religieuse d'une emprise toujours menaçante de la sphère politique; à réaffirmer la suprématie du glaive
spirituel sur le temporel, ce qui n'était pas du
goût des différents empereurs, encore peu chrétiens ou penchant
vers l'une ou l'autre des hérésies qui leurs étaient favorables<i> </i>: </span></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: serif;">«<i>Sur le second point, en revanche, la
conception des évêques l'emporte : comme pécheur et comme
chrétien, l'empereur doit se soumettre à la loi de l'Église et
obéir aux évêques. La pénitence publique que saint Ambroise,
évêque de Milan, impose à Théodose Ier, en expiation des
massacres qu'il a ordonnés à Thessalonique, est </i></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiu-QPB30cyqaRiSEX-qV4cXY_Nrjv_cKrGAJKoYjBC7qXleNe8na-WA-rx5w_fBKzSj3kSeyhotrlzDojsMVJfMuRLFNah_CjFw5MFPa_gPxt5Ehq10jxDjXqupdIc68fKEf4lNg80DDOeyRBo-2GlEujNBxHgaJddjcE2XmY66GF-BYD7KGpM6iOyYg/s371/280px-Anthonis_van_Dyck_005.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="371" data-original-width="280" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiu-QPB30cyqaRiSEX-qV4cXY_Nrjv_cKrGAJKoYjBC7qXleNe8na-WA-rx5w_fBKzSj3kSeyhotrlzDojsMVJfMuRLFNah_CjFw5MFPa_gPxt5Ehq10jxDjXqupdIc68fKEf4lNg80DDOeyRBo-2GlEujNBxHgaJddjcE2XmY66GF-BYD7KGpM6iOyYg/w303-h400/280px-Anthonis_van_Dyck_005.jpg" width="303" /></a><span style="font-family: serif;"><i>l'expression claire
de cette doctrine. Comme chrétien, l'empereur n'est pas en dehors de
l'Église mais dans l'Église. Il est soumis à ses lois et à la
juridiction des évêques. Contraire-ment à ce qui a été parfois
soutenu, saint <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiWdZQ9WogWH64DYXNUsmabOqDfnkkoJL_xiWg2PHam6wgPhbIjrZKY77HFCmU-O0tqowpWfTg7fnYDFp4iii3cXCerAgdAkzKOe6PDtxUenrCCyFDgaa-DvsR_2B3gQoWtnO1XIWGRE-KG/h120/280px-Anthonis_van_Dyck_005.jpg">Ambroise</a>, en imposant cette humiliation à l'empereur
ne tentait pas d'imposer aux empereurs la domination des évêques.
Il entendait montrer que, dans son domaine, l'Église était
souveraine et que son autorité s'étendait à la personne de
l'empereur mais sans remettre en cause son indépendance dans son
domaine propre. Il convient toutefois de noter que cet événement ne
se produisit avec cet éclat qu'une fois et que le caractère
solennel de la pénitence imposée à Théodose marquait tout de même
une velléité de suprématie du pouvoir ecclésial car ce n'étaient
pas ses actes privés mais ses actions en tant qu'empereur qui
étaient sanctionnées</i>» (G. Tate. ibid. p. 140).</span></p></blockquote>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: serif;">Ambroise et son disciple Augustin - le premier
évêque de Milan, le second d'Hippone (Carthage) en Afrique du Nord -,
reconnaissaient au rôle de l'empereur celui de gardien de
l'orthodoxie chrétienne contre les différents hérésiarques qui surgissaient d'un peu partout dans la Chrétienté. Ils confinaient donc la suprématie impériale en matière religieuse à la seule fonction du fameux <i>bras séculier </i>- un service de police et de répressions - commandé par l'autorité politique mis au service de la hiérarchie cléricale :</span></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: serif;">«<i>Ce sont les évêques de Rome, dès le
pontificat de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg2Liu8eNPbYFCzY9Y7g6lY94I8JVlrEnSLmfjqxIHulGhm94ibGNCW9BcK3enCtPtsvTM_4h8OJljWAU_mgRgeRrgZZThdez9eGpMt85ClTvC2wjDLItrRJaOS57WnRjXUmib8ZRHxgt_3/h120/150px-Damasus_1580_Cavalieri_engraving.png">Damase</a>, qui mettent en pratique </i></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjFXy36K5071oOI_nWz4tPi5TIkRYMif2PXfQh8jHaQD6EgaDYkEaKRSvSopMXNSUTbLUoXA8gdZV-D-qH2N9IOeYmCYZNalh8uBlkN9EtMh9AlIJZKq_sKK8nROU85PB5x8HyfwnhKyVKuo_CsEnTTrIG-6wNa8R0UEPrXDCsjrzGw7taZopPByK7SFQ/s197/150px-Damasus_1580_Cavalieri_engraving.png" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="197" data-original-width="150" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjFXy36K5071oOI_nWz4tPi5TIkRYMif2PXfQh8jHaQD6EgaDYkEaKRSvSopMXNSUTbLUoXA8gdZV-D-qH2N9IOeYmCYZNalh8uBlkN9EtMh9AlIJZKq_sKK8nROU85PB5x8HyfwnhKyVKuo_CsEnTTrIG-6wNa8R0UEPrXDCsjrzGw7taZopPByK7SFQ/w244-h320/150px-Damasus_1580_Cavalieri_engraving.png" width="244" /></a><span style="font-family: serif;"><i>les principes énoncés
par Ambroise et Augustin. Ils affirment la primauté du Siège
Apostolique comme source de la vraie foi et de la tradition, fondée
sur le droit divin et non pas sur la puissance humaine. Le rôle de
l'empereur est de défendre cette orthodoxie, en décourageant par
son intervention toute tentative des novateurs, assurant ainsi la
paix de l'Église. Telle est la volonté même de Dieu, de qui il
tient son pouvoir. En retour, le prince peut compter sur la
protection divine, la mesure de la fidélité à son devoir étant la
mesure de sa propre sécurité et de la prospérité de l'Empire</i>»
(P. A. McShane. <i>La Romanitas et le pape Léon le Grand,
</i>Paris/Tournai, Desclée et Montréal, Bellarmin, 1979, p. 186).</span></p></blockquote>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: serif;">D'un côté, l'Église exigeait de l'empereur une
autorité institutionnelle liée aux pouvoirs judiciaire, policier et
militaire, mais de l'autre, elle exerçait sur lui une contrainte de </span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjS-3pH66RUK4KDBGDID705_IqQXF7EKdbA2iK-WqXGtHijYJZy00_hujEmcS7QLqUZ6h42m6A4RGrrrWxIP9sE4s2i8qUXGjPr2mTwGYbZeU9P0OKymISwHFfkY5fa3gZM2Zzag27ytPIWbL2ysHskgPTuD-ICgETvNEiPutK15c5YO5GkNRUMQvJFeA/s203/Emblem_of_the_Papacy_SE.svg.webp" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="203" data-original-width="150" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjS-3pH66RUK4KDBGDID705_IqQXF7EKdbA2iK-WqXGtHijYJZy00_hujEmcS7QLqUZ6h42m6A4RGrrrWxIP9sE4s2i8qUXGjPr2mTwGYbZeU9P0OKymISwHFfkY5fa3gZM2Zzag27ytPIWbL2ysHskgPTuD-ICgETvNEiPutK15c5YO5GkNRUMQvJFeA/w296-h400/Emblem_of_the_Papacy_SE.svg.webp" width="296" /></a><span style="font-family: serif;">conscience
morale qui finissait par en faire sa marionnette : «<i>le rôle de l'empereur est de défendre</i>»
l'orthodoxie, mais c'est aux «<i>évêques, et surtout celui de
Rome, de préciser l'orthodoxie, de juger et de condamner les
hérésies; à l'empereur d'assurer l'exécution du </i></span><span style="font-family: serif;"><i>jugement en
mettant sa force au service de l'orthodoxie et de l'ordre dans
l'Église</i>» (P. A. McShane. ibid. p. 187). En Occident, l'émiettement des pouvoirs politiques, depuis que les invasions
germaniques et arabes avaient démantelé l'autorité aulique de
l'empereur, rendait proprement impensable l'unité européenne.</span><span style="font-family: serif;"> C'est
dans ces circonstances que l'autorité des évêques, et en
particulier celui de Rome, se substitua progressivement à l'autorité impériale, au point de ramener sous la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjcV2cYBgbi5iBw1QMW_OY9fcjtdubf1gGFpyjxi0JyrcLVRPhNCP55xW6Sm9V2rT7GjE-9A2Kbf-9eNXieVrBVZOozr2FWS4-y8iEvaO4mqD1OMIQW_RQCQpRDlwSp38MAa9dPYnL_CPcL/h120/Emblem_of_the_Papacy_SE.svg.webp">tiare</a> les anciennes fonctions administratives (diocésaines) et diplomatiques (chancellerie) qui étaient celles jadis dévolues à l'empereur. </span><span style="font-family: serif;"> C'est ainsi qu'émergea ce
qu'on appelât la <i>Romanitas.</i> Cette situation était propice à susciter, mais de la part du pape cette fois, un césaro-papisme qui allait tenter bien des </span><span style="font-family: serif;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgcH3FrgOXe3kKEavkq2ZmlU4AopBbl89Nv3nvL93_sB45QSRy9Ii9jerbaU0C11nuG8RZG0IKnk49tfLBx2_srhzGsnOx7Xd-uX5nnM-b8x5MAPVXQWDwi6KLKWXL0O3VG_T1JMHj8E5uHlCT_s7t1aarIrrc9Jnv7o4k52Gffdyh4hFiL9RL8tZ0zmQ/s269/Byzantine_Palaiologos_Eagle.svg.png" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="269" data-original-width="220" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgcH3FrgOXe3kKEavkq2ZmlU4AopBbl89Nv3nvL93_sB45QSRy9Ii9jerbaU0C11nuG8RZG0IKnk49tfLBx2_srhzGsnOx7Xd-uX5nnM-b8x5MAPVXQWDwi6KLKWXL0O3VG_T1JMHj8E5uHlCT_s7t1aarIrrc9Jnv7o4k52Gffdyh4hFiL9RL8tZ0zmQ/w328-h400/Byzantine_Palaiologos_Eagle.svg.png" width="328" /></a></span><span style="font-family: serif;">successeurs de Pierre. Mais l'action belliqueuse des différentes royautés issues des partages territoriaux du temps des «Grandes Invasions» devait condamner le césaro-papisme en Occident, alors qu'il s'institutionnalisait dans la personne de l'<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj_U6bXvXsYmCDtC0lrCIWs_0Fa3okh4NVPVd6wyDGmdAD1QSfxJhmLDPaXKxCckos7R0gFp5WiMGNWOz3gtwbrhNxH7UTA30lDdC0lH5GOEAzALHNhmqmrF7XIBM85WVw0oUnb0nOX0oWj/h120/Byzantine_Palaiologos_Eagle.svg.png">empereur byzantin</a> dans l'Église d'Orient. </span><span style="font-family: serif;">En Orient, rappelle Tate,
«<i>les empereurs conservent leur prééminence dans tous les
domaines. Même dans les cas où ils sont excommuniés pour des actes
publics ou privés, la légitimité de leur pouvoir en tant
qu'empereurs demeure intacte</i>» (G. Tate. op. cit. p. 140), ce qui
n'était désormais plus le cas en Occident. Tous les princes
terrestres se voyaient menacés d'excommunication dès lors que le Pape
les condamnait moralement (et politiquement), comme le montra la
Querelle des Investitures déclenchée entre le pape Grégoire VII et
l'empereur romain-germanique Henri IV.</span></p><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;"></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgu1gOc2b8l6E8p_M6s6KR846AbyRsdilFE2wLxb9aYeMdFUI2ZVEgF_wYOZm3o0DuLNjgHwa-6y4C8yxZ-qvUd1eSKXrDe10vCS2-nEXwJZC5Xt6mRq8BTe4Y1pOA10M7nDgNb0OgVKg9s4wV91oTBbml-pEHHnBMUBHzPN3vLjwd-fpagj5OIuU_YcA/s392/250px-Herrera_mozo_San_Le%C3%B3n_magno_Lienzo._%C3%93valo._164_x_105_cm._Museo_del_Prado.png" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="392" data-original-width="250" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgu1gOc2b8l6E8p_M6s6KR846AbyRsdilFE2wLxb9aYeMdFUI2ZVEgF_wYOZm3o0DuLNjgHwa-6y4C8yxZ-qvUd1eSKXrDe10vCS2-nEXwJZC5Xt6mRq8BTe4Y1pOA10M7nDgNb0OgVKg9s4wV91oTBbml-pEHHnBMUBHzPN3vLjwd-fpagj5OIuU_YcA/w255-h400/250px-Herrera_mozo_San_Le%C3%B3n_magno_Lienzo._%C3%93valo._164_x_105_cm._Museo_del_Prado.png" width="255" /></a><span style="font-family: serif;">Dans l'Empire byzantin, quatre patriarches
gouvernaient l'Église, avec une prédominance certaine pour le
patriarcat de la capitale. Mais le patriarche de Constantinople, si
puissant fut-il, n'eût jamais un pouvoir comparable à celui du pape
dans la <i>Romanitas</i> occidentale. Il resta toujours sous la
tutelle de l'Empereur. Ou de l'Impératrice, comme devait tristement
le montrer le sort de Jean Chrysostome, archevêque de
Constantinople, qui ayant la malheur de prêcher contre les mœurs
dissolues de l'impératrice Eudoxie, fut arrêté et exilé à deux
reprises. En Occident, le principe d'unification qui échappait à
l'imperium oriental fut repris par la papauté. C'est par saint <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiKtyI52h3BlFtMXQbHvUU-RiIcw6pfvjpXxdq3n-IckMahajLCJnmBX7KbtD34IWzpC-saznCXLxsHOxrUUFuyOoaPVuX_WZKULTFEA0ud_hWisUOhqk8MlC27Wfg5wCxcF_6n1lCaj4gJ/h120/250px-Herrera_mozo_San_Le%25C3%25B3n_magno_Lienzo._%25C3%2593valo._164_x_105_cm._Museo_del_Prado.png">Léon le Grand</a>, en juillet 445, que furent prononcés les premiers
principes du pouvoir pontifical :</span></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: serif;">«<i>Tout de suite on remarque un certain
parallèle avec le rôle assumé par l'empereur romain. Celui-ci,
nous l'avons vu, était le père et le bienfaiteur de son peuple. Sa
mission impériale était, en faisant respecter les traditions et les
institutions de Rome, d'assurer la paix, l'ordre et l'unité dans
l'Empire. Léon, lui aussi..., se voyait dans l'obligation, avec le
devoir de se préoccuper de l'Église entière et, par ses
encouragements et ses corrections, d'en assurer le bien-être avec
une sollicitude constante et désintéressée. Toujours soucieux que
les traditions et les coutumes des Pères soient maintenues et
observées, il voulait par ce moyen faire régner la paix et l'unité
dans l'Église. À la différence de la fonction impériale,
cependant, celle de Léon dans ce nouveau principat fut d'ordre
purement spirituel...</i>» (P. A. McShane. op. cit. p. 190).</span></p></blockquote>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p style="text-align: justify;">
<span style="font-family: serif;">Au regard de Léon, toutefois, la cité terrestre (celle
dominée par l'empereur) se trouvait inscrite dans un rapport éternel avec la cité de Dieu (dont le représentant sur terre restait </span><span style="font-family: serif;">le pape) : sa «<i>"sollicitude à la fois
paternelle et fraternelle", avec laquelle il devait soutenir
tout ce qui était conforme à ses souhaits et, par des censures,
corriger tout ce qui paraissait </i></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgRlDHcoWalHRkrE95cys6ccyc-32hzzhxEDmrej55I1YXrRsi_jLWYhjXc9poqE0ZwmSNbrEA_ck7HnKy-L8R4SaXOihwEK8Iz2zhDAx268ZPnJFONKKlkJJRrW9HFDy-gSGIWuNQvUNcI7KSrOdFIpLgYA8eogIHbSkkki16PNBqOIo4NQrZ2HDXvqA/s471/Sacre-de-Napoleon-Louvre-detail.png" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="418" data-original-width="471" height="355" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgRlDHcoWalHRkrE95cys6ccyc-32hzzhxEDmrej55I1YXrRsi_jLWYhjXc9poqE0ZwmSNbrEA_ck7HnKy-L8R4SaXOihwEK8Iz2zhDAx268ZPnJFONKKlkJJRrW9HFDy-gSGIWuNQvUNcI7KSrOdFIpLgYA8eogIHbSkkki16PNBqOIo4NQrZ2HDXvqA/w400-h355/Sacre-de-Napoleon-Louvre-detail.png" width="400" /></a><span style="font-family: serif;"><i>être détourné</i>» ((P. A.
McShane. ibid. p. 192). </span><span style="font-family: serif;">L'infério-rité de rang de l'Empire était comprise
dans la définition des devoirs du pape : «<i>Léon voit dans
l'Empire romain un instrument de la Providence divine. L'Empire est
appelé au service de l'Évangile, l'Empire non seulement en tant
qu'unité géographique, mais aussi en tant que structure politique
et sociale. Ainsi, cette vocation chrétienne s'applique aussi à la
tête de l'Empire, c'est-à-dire à l'Empereur</i>» (P. A. McShane.
ibid. p. 214). Si, au plan théorique, rappelons-le, le partage des deux
sphères était clair, dans la
pratique il en était tout autrement. Surtout lorsque les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh01Y4TduoB7R3wZ4hmF0XHbI-jfC26JixTHub1YhvdHD7I20SX-LesHaIqoCEV0Nw6a-zrUngwtKtxstnVNp2UcG7TiZUjYcfCP86SguyB7S_TBlHLnJvLOeh78hRGvtg67Cszk7ujSKm1/h120/Sacre-de-Napoleon-Louvre-detail.png">États occidentaux</a> ressuscitèrent sous
l'<i>imperium </i>de Charlemagne. Sous les empereurs Staufen, il ne
l'était plus.</span></p><p style="text-align: justify;">Devant les conditions qui agitaient l'ouest européen, les défis qui confrontaient la papauté étaient forts
différents des avantages dont bénéficiait Byzance. La
réponse forgée par Léon le Grand, réponse purement symbolique et idéologique, consistait à envelopper Rome non plus dans la continuité
orientale où la tenaient les empereurs de Constantinople, mais dans
une <i>refondation</i> de Rome : <br /></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">«<i>Le fondateur de cette Rome renouvelée est <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhlw-RSN9dvGEDQLe3w5wS7GHrwk4ksNvIm9fewxqsUu-XK-t8JoCWVsvF0f5IjdqdzhjVzgSMqbJLzbWp9lxKpsxAtjiVMyDcLbr-nnaTnnlHKGxvTepexkemc8diTiVWXvf6n_e01yVl7/h120/The-Apparition-of-the-Apostle-St-Peter-to-St-Peter-of-Nolasco.jpg">Saint Pierre</a>, député
à cette ville par le Seigneur lui-même. Pour sa part, l'Église
d'Orient n'a jamais nié le fait que Pierre ait </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjNkBQhB5gGM4N1xltpKzNVvad5OiAyxny6BQPUqR-yl7Jh1Tcqvq139Te5wj06X7fGdi6tPtr-uOo0CnDrukbH87Atku3-_3YHZssYeCWtgidzrgiQLP9V1TVU8y2MLojfD51vqyUosOEojL2n7a7TUiDG1kM14ZbWnXm7GjnwsRJCTkZ4D_oDat1-MA/s800/The-Apparition-of-the-Apostle-St-Peter-to-St-Peter-of-Nolasco.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="633" data-original-width="800" height="253" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjNkBQhB5gGM4N1xltpKzNVvad5OiAyxny6BQPUqR-yl7Jh1Tcqvq139Te5wj06X7fGdi6tPtr-uOo0CnDrukbH87Atku3-_3YHZssYeCWtgidzrgiQLP9V1TVU8y2MLojfD51vqyUosOEojL2n7a7TUiDG1kM14ZbWnXm7GjnwsRJCTkZ4D_oDat1-MA/w320-h253/The-Apparition-of-the-Apostle-St-Peter-to-St-Peter-of-Nolasco.jpg" width="320" /></a><i>demeuré à Rome,
qu'il y soit mort martyr et que son corps y reposât. Cet honneur
</i><i>était incontes-tablement réservé à la ville de Rome, et les autres
Églises n'ont jamais disputé à cette ville le prestige qui lui en
revenait. Mais jusqu'au IVe siècle, les évêques de Rome n'avaient
point eu besoin de souligner ce fait. Ils avaient, en effet, un autre
titre qui leur assurait la première place. C'est que leur siège
était en même temps la résidence de l'empereur et surtout la
capitale de l'Empire romain, raison qui était alors acceptée par
tous, car l'Église s'était conformée pour son organisation à la
division politique de l'Empire</i>» (P. A. McShane. ibid. p. 230).</p></blockquote>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
Que le siège impérial fût déplacé vers l'Orient ne
changeait en rien la situation primordiale de la transmission de la
tradition pétrinienne. Comme l'explique McShane, «<i>les papes </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj_q__cr51VcEgftmQIcVfhfAVhDZcvKuPTCebReAgMNATbguijeW9QvyJAiy97cPn7rtdt8ElTieTjNWFM3NOkRYDzqGXRdQy5z_tHJFdGx-OHyqH0fOgNDvnU6tDme4e15pVHEGNgSw-KTw0b0bZuTNuPNBw59TwctDA0aJVbYzsLtF9DEExzBe_NjA/s768/V&A_-_Raphael,_Christ's_Charge_to_Peter_(1515).jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="489" data-original-width="768" height="255" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj_q__cr51VcEgftmQIcVfhfAVhDZcvKuPTCebReAgMNATbguijeW9QvyJAiy97cPn7rtdt8ElTieTjNWFM3NOkRYDzqGXRdQy5z_tHJFdGx-OHyqH0fOgNDvnU6tDme4e15pVHEGNgSw-KTw0b0bZuTNuPNBw59TwctDA0aJVbYzsLtF9DEExzBe_NjA/w400-h255/V&A_-_Raphael,_Christ's_Charge_to_Peter_(1515).jpg" width="400" /></a><i>opposèrent au principe d'adap-tation aux divisions politiques de
l'Empire le principe de l'origine aposto-lique et pétri-nienne d'un
siège. Rome avait la primauté non parce qu'elle avait été la
capitale de l'Empire mais parce que son siège avait été fondé par
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjUm2oycGzp0m-09UUPVD9Xla_2ZizOBblDZaG9DuSPdwDnU8UcL3aRSE0XcCcX3JKTzJtWCNk5pczy5naxtVlZD1nJSl2b31q1FTNfCq7JDBb72vetvqk19AwOz-Uqa26oQB_Z5PHqessE/h120/V%2526A_-_Raphael%252C_Christ%2527s_Charge_to_Peter_%25281515%2529.jpg">Pierre</a>, prince des Apôtres. En Orient, par contre, le caractère
apostolique d'un siège se présentait de toute autre façon. Il y
avait là plusieurs sièges importants qui avaient été fondés par
un Apôtre. C'est la raison pour laquelle le principe de l'origine
apostolique ne put jamais s'enraciner profondément dans
l'organisation ecclésiastique de l'Orient et que le principe
d'accommodement aux divisions </i><i>politiques demeura toujours
prépondérant. C'était d'ailleurs un principe non seulement de
convenance, mais en fait d'ordre religieux : l'Empire romain
n'était-il pas voulu et soutenu par la Providence divine?</i>» (P.
A. McShane. ibid. pp. 230-231). Et l'auteur de conclure : «<i>Le
premier malentendu entre l'Église d'Orient et l'Église d'Occident
eut donc pour cause le heurt de deux principes différents
d'organisation de l'Église : le principe d'adaptation aux divisions
de </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjI3_VMCHbngExSR9LAtPTtbVQuv4UyJrSTbgbDT69M1SihrTkMtF5jWrqFyq47iFS2tK9_zDT5t45NcEJ3x_oQtasDZy1tbaj6MqWuSL9DH9Tw7zYlbpJhcQXrNyXA9WH7lCsQ8uZDuzfg2u-llZUUHNLktl-V1wIFo9ygxIDel2iM-u5OAPkupGtLyQ/s272/Pope_Innocent_III_(Monastery_of_Subiaco).jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="272" data-original-width="220" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjI3_VMCHbngExSR9LAtPTtbVQuv4UyJrSTbgbDT69M1SihrTkMtF5jWrqFyq47iFS2tK9_zDT5t45NcEJ3x_oQtasDZy1tbaj6MqWuSL9DH9Tw7zYlbpJhcQXrNyXA9WH7lCsQ8uZDuzfg2u-llZUUHNLktl-V1wIFo9ygxIDel2iM-u5OAPkupGtLyQ/w324-h400/Pope_Innocent_III_(Monastery_of_Subiaco).jpg" width="324" /></a><i>l'Empire et le principe de l'origine apostolique et pétrinienne
des sièges épiscopaux. Pour les Occidentaux, qui s'appelaient
</i>Romaioi, <i>Rome demeurait la base de l'Empire, l'ancienne
capitale était toujours "cité impériale". Mais en
voulant assimiler la nouvelle capitale à l'ancienne, ils brisaient,
aux yeux des Occidentaux, l'unité de l'Église, ils confondaient, du
moins selon Léon, les "choses séculières" et les
"choses divines"</i>» (P. A. McShane. ibid. p. 231). De là
les raisons pour lesquelles la hiérarchie ecclésiastique
s'appropria les édifices, les meubles, les costumes, les couleurs et les symboles
que le régime impérial avait laissé à Rome alors qu'il émigrait
vers l'Orient. La tiare, la crosse, le blanc du pape et le rouge des
cardinaux, les rites sacerdotaux, l'Église était l'héritière de
l'Empire romain, mieux même que l'Empereur byzantin. Sans doute, mais
à aucun moment Dante n'accepta la confusion des deux glaives
comme la pratiquait des pontifes attirés par le césaro-papisme tels
Grégoire VII, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg5Li_7_0gTyCGvGrMyO6fs4LKhI4sgW8EGD0QNExn2NUqWWsXcNYWJM7ewpoFZDvIfpAfNN4oQnsxBeF2V1zjKQoAK9rBS1EErXuuxvfz1jD5g1ciCLxCUD8ATOn58Hr2_MdvgbKlSAM-h/h120/Pope_Innocent_III_%2528Monastery_of_Subiaco%2529.jpg">Innocent III</a> ou Boniface VIII. Voilà pourquoi, à ses yeux, Justinien demeurait le modèle
impérial, modèle perverti aussi bien par les ambitions privés des
Gibelins que par l'arrogance des Guelfes<span style="font-size: medium;">⏳</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<br />
</p>
<div style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: right;">
Jean-Paul Coupal,</div>
<div style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: right;">
Sherbrooke,</div>
<div style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: right;">
19 mai 2023.</div>
<br />Coupalhttp://www.blogger.com/profile/14839226309394850656noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8942859135376014620.post-24571089570299600092023-05-11T20:30:00.391-04:002023-05-18T13:22:57.754-04:00Les vœux rompus<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhjrCQYMFwLWaU1NU9QDE4g5_icqF-yuh4dw16gz7hUiEDgDjEbtnRr0tPoCdQLihCBI0QdQLzAWHyadmz85Zcj5NVOBIb0pTpxN2SYqmqbsdz1Z-YoyhjCdA15FLRG2aPm7kpBx4zwaM9qInrwgZbh0Kbi5k9HA4KkiX7bBXMCaP6TACsfDOOPtLmFqQ/s2500/4.-Giovanni-Bastianini-Busto-di-Piccarda-Donati-1855.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="2500" data-original-width="1985" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhjrCQYMFwLWaU1NU9QDE4g5_icqF-yuh4dw16gz7hUiEDgDjEbtnRr0tPoCdQLihCBI0QdQLzAWHyadmz85Zcj5NVOBIb0pTpxN2SYqmqbsdz1Z-YoyhjCdA15FLRG2aPm7kpBx4zwaM9qInrwgZbh0Kbi5k9HA4KkiX7bBXMCaP6TACsfDOOPtLmFqQ/w318-h400/4.-Giovanni-Bastianini-Busto-di-Piccarda-Donati-1855.jpg" width="318" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-size: x-small;">Giovanni Bastianini <i>buste de Piccarda Donati</i>, 1855.</span><br /></td></tr></tbody></table><p style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;"> <b>LES VŒUX ROMPUS</b><br /></p><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif">Fin
avril 2023. Scandale dans la grande région urbaine de Québec. Les
élus de la Coalition Avenir Québec annoncent à leurs commettants
que la promesse électorale de créer un </span><span face="Segoe UI, sans-serif">«troisième lien» entre
les deux rives du Saint-Laurent, entre la ville de
Québec et celle de Lévis – promesse phare d'un projet pharaonique
aux coûts exorbitants – était rompue. (Ce qui n'est rien comparé à l'augmentation faramineuse du salaire des députés qui monte </span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhNaAoSO2bfbSa1ZrZ620J4OmE9hM9Vkmi9B9Zt9x0JrfSCZwoP0PsA0hzpLMpovnDeb0t8jBTGAOUctP07g9MYFJLB_PQBDVB3cFqOmlE52ibX_tyb3SH-jdsvuwApZFXt7LfxKePNfbiOaZ6gI_ovUIX8jDfYm3wh-kUMb-s8RQ5H7Yf9i1eGW_S6Vw/s1250/tunnel-troisieme-lien-quebec-levis-bitube.webp" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="703" data-original-width="1250" height="226" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhNaAoSO2bfbSa1ZrZ620J4OmE9hM9Vkmi9B9Zt9x0JrfSCZwoP0PsA0hzpLMpovnDeb0t8jBTGAOUctP07g9MYFJLB_PQBDVB3cFqOmlE52ibX_tyb3SH-jdsvuwApZFXt7LfxKePNfbiOaZ6gI_ovUIX8jDfYm3wh-kUMb-s8RQ5H7Yf9i1eGW_S6Vw/w400-h226/tunnel-troisieme-lien-quebec-levis-bitube.webp" width="400" /></a><span face="Segoe UI, sans-serif">d'un coup à 25%, plus une prime pour le Premier ministre, ce qui, en temps d'inflation est ignoble et scandaleux. À croire que le budget prévu du troisième lien est passé directement dans la poche des députés?) À une population
banlieusarde qui voulait un tunnel autoroutier accompagné d'un
second tunnel pour le transport en commun (un <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhNaAoSO2bfbSa1ZrZ620J4OmE9hM9Vkmi9B9Zt9x0JrfSCZwoP0PsA0hzpLMpovnDeb0t8jBTGAOUctP07g9MYFJLB_PQBDVB3cFqOmlE52ibX_tyb3SH-jdsvuwApZFXt7LfxKePNfbiOaZ6gI_ovUIX8jDfYm3wh-kUMb-s8RQ5H7Yf9i1eGW_S6Vw/s1250/tunnel-troisieme-lien-quebec-levis-bitube.webp">bitube</a>), le projet se limiterait à une voie de transport en commun. Le parti au pouvoir
(89 députés sur 124) avait fait élire 9 candidats dans 11
circonscriptions locales sur cette promesse hallucinante. Le sentiment d'avoir été
floué par les politiciens draina une colère populaire,
colère feutrée propre aux colères petites bourgeoises.</span></p>
<p style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif">S'il
fallait projeter</span><span face="Segoe UI, sans-serif"> dans un cercle du Paradis</span><span face="Segoe UI, sans-serif"> tous les députés et les partis politiques qui ont
rompu leurs promesses électorales depuis que la démocratie existe, il y
aurait foule dans l'<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg8U0kFbS4NS5U7d3iZoEs7zGzgVDfn5I0yOEgNfPrY0rQkmalLjGa7pdyl_q2AzVIG6GjvDn0Z-jDaeg6_sDc3DJeYV6-JRfMrghDiMMuIKi85i7vr24w4ZKmqkIJ35BYaa6Rvef1HBhcf/h120/Chant_28_Paradis_Flaxman-480x383.jpg">orbite lunaire</a>! Faire des promesses à tout venant est déjà
en soi très petits-</span><span face="Segoe UI, sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi-e8z41bG6FUtwk2xZDq8dXDztSpv5gkyIdhJB8RQ5Q8eMfGbwjVKC1Dskdp2BEewobyS4-H8dCxsOEaMMpnf6MEUUv2xtjuU0NN04keczeMVHX-FEYI-MT7z_xgHq1DzFsKWiPN7zCtlzsEKwmBxZ549jjXb8BhpLy9PEIIkqX0NblPBirVps5d7DVQ/s480/Chant_28_Paradis_Flaxman-480x383.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="383" data-original-width="480" height="319" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi-e8z41bG6FUtwk2xZDq8dXDztSpv5gkyIdhJB8RQ5Q8eMfGbwjVKC1Dskdp2BEewobyS4-H8dCxsOEaMMpnf6MEUUv2xtjuU0NN04keczeMVHX-FEYI-MT7z_xgHq1DzFsKWiPN7zCtlzsEKwmBxZ549jjXb8BhpLy9PEIIkqX0NblPBirVps5d7DVQ/w400-h319/Chant_28_Paradis_Flaxman-480x383.jpg" width="400" /></a></span><span face="Segoe UI, sans-serif">bourgeois comme attitude, et s'y laisser prendre, se
plaindre après avoir été les dupes illustrent assez bien
l'immatu-rité politique de nos démocra-ties mo-dernes. Promettre, avec ou
non l'intention de livrer la marchandise, est une dégradation de la
conception chrétienne du <i>vœu</i>. Un vœu est une
promesse faite à Dieu par laquelle le postulant à une vie
religieuse s'engageait à quelque œuvre qu'il croyait Lui être
agréable; une œuvre qui n'était pas un <span style="font-style: normal;">précepte</span>,
c'est-à-dire une prescription, une obligation. Le vœu authentique se caractérise par sa volonté libre et sa gratuité. Les trois vœux cardinaux - la pauvreté, l'obéissance et la chasteté - étaient prononcés au moment de l'ordination des postulants, à quoi les Jésuites en rajoutèrent un quatrième, un vœu les liant à l'obéissance immédiate et sans intermédiaire au Souverain Pontife. </span></p><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif">Dans le Chant V du
Paradis, Dante écrit : «<i>Le plus grand don que Dieu ait accordé, en vous </i></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>créant, le don qu'il apprécie le plus, et qui est le plus conforme à sa bienfaisance, est la liberté de la volonté. Ce bienfait a été accordé seulement à toutes les créatures intelligentes</i>» (<i>Le Paradis, </i>chant V. Dante Alighieri. <i>La Divine Comédie, </i>Verviers, Gérard & Cie, Col. Marabout Géant, # G1, s.d., p. 323). Le vœu répond au don divin de <i>la liberté de la volonté</i>. Dans la mesure où cette volonté se fait gratuite - qu'elle devient à son tour un don -, elle répond à la grâce divine. Le vœu prend cet aspect sacré qui engage l'intégrité et la responsabilité du croyant. En tant que promesse faite à Dieu, bien entendu, mais aussi promesse faite d'abord à soi-même. Une promesse qui est une ferme résolution, un engagement qu'on a pris de faire (ou ne pas faire) une action.</span></p><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif">Les vœux sont donc des promesses, mais des promesses imbues d'une <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjAukAljLs2ydxnRH0Mm8Y0sY8FY7CHGgc3udTY-_Py0O1Z62sCCRD1HRX2ba9fB5SIfvNnBdnPqVlKpArfwelO6Da66Nwc93Ij3cbmbERFI6Qu84dFrLvWOVTxSodf5zHrtM7-dmX4YkOJ/h120/111008-I-44-300x187.jpg">sacralité</a> qui prend Dieu à témoin de la sincérité des intentions et l'accomplissement des résolutions. Depuis longtemps, on ne trouve plus pareilles intentions dans les promesses de nos politiciens. </span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj41oOkIfarAu8fWCqzzPRSeotK9dhKIU-bLHJahPMjQvYubkB1R0RCAZHmRjlP0R-HBb4R6bj4yPVT_FL_yI3YUyVOuz_2OGMLfeR9-79jWJtNZsOI5_6iaAItYYbcRvPNJ9s8JFKvis0xH4H1uk0OK1H4Lc8nZ4p8u_X46ZFL0JaP6gTfpx9TuEO5tw/s300/111008-I-44-300x187.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="187" data-original-width="300" height="249" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj41oOkIfarAu8fWCqzzPRSeotK9dhKIU-bLHJahPMjQvYubkB1R0RCAZHmRjlP0R-HBb4R6bj4yPVT_FL_yI3YUyVOuz_2OGMLfeR9-79jWJtNZsOI5_6iaAItYYbcRvPNJ9s8JFKvis0xH4H1uk0OK1H4Lc8nZ4p8u_X46ZFL0JaP6gTfpx9TuEO5tw/w400-h249/111008-I-44-300x187.jpg" width="400" /></a><span face="Segoe UI, sans-serif">Tout au plus y trouve-t-on la volonté de satisfaire une attente publique. Dans le monde médiéval - dans la chevalerie comme dans le clergé -, les vœux ne se prononçaient pas à la légère et encore moins sur des choses aussi triviales qu'une autoroute routière pour satisfaire des banlieusards! Ainsi, les vœux, contrairement aux promesses modernes, ne se rompaient pas sans avoir des effets lourds de conséquences sur les consciences humaines.</span></p><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif">Dante l'enseignera à ses lecteurs : «<i>Que les mortels ne se fassent pas un jeu de leurs promesses. Soyez fidèles, mais jamais inconsidérés, comme Jephté dans sa première générosité : </i></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiaMLbe0dJPdsyyNOUvRxKLeie7gRxevHzrHFammVnhSOWOvDXTs3tFjHia9QytkPufpza-z7ryvnOoGX9am9N0o5qMuDlLEVBOkoMKuErUM5ODPPKOJe-nn5diA85_FaAXvqznhWlwlFQEN7yz458jXMAxhNiJxksCnE9OwObIIoPA3brqpYtO-fdKdw/s353/250px-Par_05.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="353" data-original-width="250" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiaMLbe0dJPdsyyNOUvRxKLeie7gRxevHzrHFammVnhSOWOvDXTs3tFjHia9QytkPufpza-z7ryvnOoGX9am9N0o5qMuDlLEVBOkoMKuErUM5ODPPKOJe-nn5diA85_FaAXvqznhWlwlFQEN7yz458jXMAxhNiJxksCnE9OwObIIoPA3brqpYtO-fdKdw/w284-h400/250px-Par_05.jpg" width="284" /></a><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>à qui cependant convenait-il plus de dire : J'ai mal fait, et en accomplissant ma promesse, je ferai plus mal? Il ne fut pas moins insensé, le grand chef des Grecs que ne fléchirent pas les larmes répandues sur le beau visage d'Iphigénie, et qui fit pleurer sur le sort de cette princesse les fous et les sages qui entendirent parler d'un vœu si barbare</i>» (<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj0hyphenhyphen5Cd2v2gGDdTzuDXXW_xz2lZXN9zG6AOk0g8yhfbr5AId_g8a5BRcimhyW3Duv2Xv5ypc0M_UbDAA4BEkv2JAIRWLm0UT_fSQmQ5O_d66ej2zNzkHtlNzW1I_e9w8hi0V7wz6zYkb5A/h120/250px-Par_05.jpg">Chant V</a>. ibid. p. 324). Arrêtons-nous sur ces deux cas; Jephté d'abord, Iphigénie ensuite. Des cas mythologiques qui permettent de mesurer la gravité d'un vœu et surtout si ces vœux sont prononcés à la légère, sans réflexion sur leurs réelles conséquences à long terme.</span></p><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif">Jephté était l'un des juges d'Israël à une époque où les cultes de Baal et d'Astarté résistaient à la judaïsation des Hébreux. Comme toujours, parce </span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEirCwx99Fs_A5ND-sfyGLrhaXC82eZOPkEhZzgLTS8BUGm0c6iOMVb16hofWss5Yh3x5KO-Wp6JnF7BT8s0ykSLSmX9hmxjqs4YLhSUmZyFg-Uz25XlYfXfd5cPKl_QiNHh2AoGrSVDAo_XE3jYIV-1ZyTfZx0qnFxWsyGSova2gWr8gFqhryil4M5E7Q/s900/ammon01b.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="675" data-original-width="900" height="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEirCwx99Fs_A5ND-sfyGLrhaXC82eZOPkEhZzgLTS8BUGm0c6iOMVb16hofWss5Yh3x5KO-Wp6JnF7BT8s0ykSLSmX9hmxjqs4YLhSUmZyFg-Uz25XlYfXfd5cPKl_QiNHh2AoGrSVDAo_XE3jYIV-1ZyTfZx0qnFxWsyGSova2gWr8gFqhryil4M5E7Q/w400-h300/ammon01b.jpg" width="400" /></a><span face="Segoe UI, sans-serif">que Dieu aime son peuple élu (!), il décida de le punir en le livrant aux ambitions conqué-rantes des Philistins et des <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiIYhgaiqhZpTBiCaph8YJkkuDvW3ruAny0NFPoNH5B1ieVD2AX3l-bEfpvBsrc3dzFw4BYBk1A4sOEwWxU_T_WEdDZLLiE1gVwgCs0KpYjmm0FXUaJEqw9zA6PsH678vob-r4Q7chKV8Zl/h120/ammon01b.jpg">Ammoni-tes</a>. Jephté était fils adultère de Galaad et d'une prostituée. Ses demi-frères, nés du mariage légitime de leur père, le chassèrent de la maison paternelle et Jephté partit vivre dans le pays de Tob. Mais la guerre déclarée aux Hébreux par les Ammonites le ramène pour conduire les armées d'Israël. Ce retour et ses victoires militaires contre les ennemis de la nation vont faire de lui l'un des grands juges de la tradition biblique.</span></p><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif">Qui étaient ces <i>juges</i>? C'étaient des «<i>personnalités dirigeantes en Israël à l'époque des attributions de territoire et avant la création de la royauté vers 1200-1000 av. J.-</i></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiZiBUkyhUk8yFc5VVLDJoWyfGqzaraQYsm1kI28M5uXxV_LMKOvK-sl5Zo9BCPTp16OS9jLaT68FOtvocxTbpJn8RV3TkceK9HKKWA79WIUDiLtqVllQ7U5dth-9VDzcgE6rhVGQaAxa8iar9fvT2rQQuGPQ4G2G7Oip8JiQzkanHa_lVG60qM0rQJkw/s500/web-schocc88nfeld-johann-heinrich-gecc81decc81on-kunsthistorisches-museum-domaine-public.webp" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="270" data-original-width="500" height="216" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiZiBUkyhUk8yFc5VVLDJoWyfGqzaraQYsm1kI28M5uXxV_LMKOvK-sl5Zo9BCPTp16OS9jLaT68FOtvocxTbpJn8RV3TkceK9HKKWA79WIUDiLtqVllQ7U5dth-9VDzcgE6rhVGQaAxa8iar9fvT2rQQuGPQ4G2G7Oip8JiQzkanHa_lVG60qM0rQJkw/w400-h216/web-schocc88nfeld-johann-heinrich-gecc81decc81on-kunsthistorisches-museum-domaine-public.webp" width="400" /></a><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>C. Les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgzFOyDBeo8q9yQmhOzFhCat1WiuBm2qYPiSS4603FCiM2hlkbBTADOHaM3SVzKEJVsdJHfnm3qyQhDXmER_454I7NaFQ-kWF-SvVyKJc61Bjq4E5Wit7eyWLv3DfoH_J1QYSqBCsHbc5WV/h120/web-schocc88nfeld-johann-heinrich-gecc81decc81on-kunsthistorisches-museum-domaine-public.webp">juges</a> remplirent la fonction de la juridiction au sein des diffé-rentes amphic-tyonies de clans ou groupes de tribus. De plus, ils jouaient le rôle de stratèges militaires dans les combats contre des ennemis extérieurs et veillaient à l'observation des cultes religieux</i>» (Collectif. <i>Dictionnaire illustré de la Bible</i>, Paris, Bordas, 1990, p. 359). Ils se situaient quelque part entre l'établissement en Palestine des Hébreux encore nomades - après Moïse, Aaron et Josué -, et l'élection de Saül à la royauté. C'est donc en tant que stratège militaire que Jephté dut son rappel en Israël.</span></p><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif">Jephté apparaît bien comme l'un de ces Hébreux durant la phase intermédiaire entre la fin des cultes païens et le nouveau monothéisme. En témoigne ce vœu d'offrir en sacrifice à </span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh9LGRXJLwb7ozjb16xFTpMY0e9NxavRHWcyrQE1CpxRvrnTNoSH4mhm5CyyNzH83UMYQb_hbWSMVBOYrzKN_fn8bGEmxIh3Nz3Kee3MSW8zSRVSC3YYFa_Gfjg_ZkAQuXHHrv8yg5qS8HCgnH3W8YHdoWI28_awEOFXnV7TY_hmnWOhusvQQIMcH4a4A/s260/260px-Sacrifice_of_Isaac-Caravaggio_(Uffizi).jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="200" data-original-width="260" height="308" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh9LGRXJLwb7ozjb16xFTpMY0e9NxavRHWcyrQE1CpxRvrnTNoSH4mhm5CyyNzH83UMYQb_hbWSMVBOYrzKN_fn8bGEmxIh3Nz3Kee3MSW8zSRVSC3YYFa_Gfjg_ZkAQuXHHrv8yg5qS8HCgnH3W8YHdoWI28_awEOFXnV7TY_hmnWOhusvQQIMcH4a4A/w400-h308/260px-Sacrifice_of_Isaac-Caravaggio_(Uffizi).jpg" width="400" /></a><span face="Segoe UI, sans-serif">Yahweh - un sacrifice humain - advenant la victoire. Décidé-ment, c'était aller contre la leçon donnée jadis à <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhF7oKGdWsg__yp-vVyTTF-pA7XU-LvgGiEYCjfV-gu3gohPo9LAriulmqqVOtzEYJgAMZOZNQZ_NUgd1et0OxtLIVTRfeCgDXtdRREGitXTTpOuoQkN0pdOjyJKMcLK1yRCj_SwO74pISk/h120/260px-Sacrifice_of_Isaac-Caravaggio_%2528Uffizi%2529.jpg">Abraham</a> à qui l'ange avait retiré le couteau des mains au moment où il allait sacrifier son fils unique, Isaac. À la manière des disciples des Baal et Astarté, Jephté entendait sacrifier en holocauste d'action de grâces «<i>celui qui, de</i> [sa] <i>maison, sortirait à</i> [sa] <i>rencontre</i>». C'était se lier à une divinité qui avait pourtant proscrit les serments faits en son nom et qui le mit en charge d'exaucer ce terrible vœu :</span></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>«Victorieux, il le sera certes, infligeant une écrasante défaite, dans la région de </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj1TdmgHGW9oGaEon7unfPSP_65-Pwc5-F1pleEJtUBBu2y-pTjUAcZfhxILhwVc6xI5Zrpf7ikuDHBDU694lkn4K2fr91mANZcNR2kc2-2a6iWwP0Y6NnGOX2G1ONc_s21Qr-gCVmW1JRB2CU3nSPJJRcir3M8gFt6ox-6mrN1ZsBRBBV3JfFkoECCuw/s993/800px-Giovanni_Antonio_Pellegrini_001.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="993" data-original-width="800" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj1TdmgHGW9oGaEon7unfPSP_65-Pwc5-F1pleEJtUBBu2y-pTjUAcZfhxILhwVc6xI5Zrpf7ikuDHBDU694lkn4K2fr91mANZcNR2kc2-2a6iWwP0Y6NnGOX2G1ONc_s21Qr-gCVmW1JRB2CU3nSPJJRcir3M8gFt6ox-6mrN1ZsBRBBV3JfFkoECCuw/s320/800px-Giovanni_Antonio_Pellegrini_001.jpg" width="258" /></a><i>Rabba ("depuis Aroër et les abords de Minnit"), aux Ammonites qu'il poursuivra vers le sud jusqu'à Abel-Keramin. Mais quand il revient triomphant à Miçpa, c'est sa fille, son unique enfant, qui sort vers lui de sa maison en fête, "dansant au son des tambourins". Convaincu que nul ne se peut dédire d'une promesse faite à Dieu, aussi folle soit-elle, le malheureux père va tenir parole. Consentante, sa fille obtient pourtant un sursis de deux mois, employé par elle à pleurer dans les montagnes avoisinantes, en compagnie de ses amies, sur la vie d'épouse et de mère qu'elle avait espérée et qu'elle ne connaîtra jamais. À son retour, le sacrifice a lieu</i>» (A.-M. Gerard. <i>Dictionnaire de la Bible, </i>Paris, Robert Laffont, Col. Bouquins, 1989, p. 603).</span></p></blockquote><p></p><div style="text-align: justify;">La brutalité du geste de Jephté aura de quoi traumatiser la tradition, brutalité d'autant plus intolérable qu'elle accréditait une pure injustice. Il s'agira d'amoindrir le sort de la malheureuse en la confinant dans une sorte de naziréat, sorte de sanctuaire, forcée de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhYQZ-rikJGNhYaUpnI1q-FueciUxfnLoMKkkFvj6eih2_LnPrVbZHL-Ea34e9ttJlNt2HR5wWByQPILdXI_iPV8T9lnpszWxsX9Pw0cySjd7lPkoUpFcR6aIySkJY3Uumf8VZTymwoSl6m0Hr9isBEobJ4OK9VVc5-IBHff-Myuv2UY-vPa4cm7M3mMg/s436/Beaux-Arts_de_Carcassonne_-_La_fille_de_Jepht%C3%A9_1876_-_Edouard-Bernard_Debat-Ponsan_130x198.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="300" data-original-width="436" height="275" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhYQZ-rikJGNhYaUpnI1q-FueciUxfnLoMKkkFvj6eih2_LnPrVbZHL-Ea34e9ttJlNt2HR5wWByQPILdXI_iPV8T9lnpszWxsX9Pw0cySjd7lPkoUpFcR6aIySkJY3Uumf8VZTymwoSl6m0Hr9isBEobJ4OK9VVc5-IBHff-Myuv2UY-vPa4cm7M3mMg/w400-h275/Beaux-Arts_de_Carcassonne_-_La_fille_de_Jepht%C3%A9_1876_-_Edouard-Bernard_Debat-Ponsan_130x198.jpg" width="400" /></a>garder sa virginité. L'énoncé littéral du texte est pourtant clair : «<i>À la fin des deux mois elle revint chez son père et il accomplit sur elle le vœu qu'il avait prononcé. Or elle n'avait pas connu d'homme et cela devint une coutume en Israël que d'année en année les fils d'Israël aillent célébrer la fille de Jephté le Galaadite, quatre jours par an</i>» (Jg 11, 39-40). Le détail n'est pas sans importance, car il informe que non seulement Jephté eut à mettre à mort sa propre fille, mais qu'en plus, Jephté, fils bâtard de son père, devait <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhlj3VCHqVbp0nkog0Hz8BHED3aR3uaXWLdvvC_gozOIQN1OkejQ2UlMTtCVI3TiGBvLQY7n-QFd_hvtQNahi1_Szn1GtHT-_-zJOwSbM7rrB7NnGzMeNF-GHGU7wuZmKu9XKanFMj7Ab2L/h120/Beaux-Arts_de_Carcassonne_-_La_fille_de_Jepht%25C3%25A9_1876_-_Edouard-Bernard_Debat-Ponsan_130x198.jpg">renoncer</a> à toute postérité, ce qui multipliait à l'infini le châtiment. Jephté figure depuis en tête d'une longue liste de juges dont la faculté de juger n'a jamais été au mieux de leurs compétences.</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">Toutefois, Jephté ne fut pas le seul personnage biblique à ainsi sacrifier son enfant à l'issue d'un vœu sacrificiel, puisqu'«<i>on verra aux IXe, VIIIe et VIIe s. encore un roi de Moab immoler son aîné pour obtenir de ses dieux la levée du siège de sa ville, et même des rois de Juda sacrifier par le feu leurs propres fils aux idoles</i>» (A.-M. Gerard. ibid. p. 604). C'est mesurer là le temps que le monothéisme prit à s'insérer parmi les traditions hébraïques.</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">Le rappel du sort malheureux d'Iphigénie résonne comme un écho aux versets bibliques, sauf qu'ici, la victime du sort n'aura pas de délais pour «pleurer sa virginité». Avec <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjsys85U0DKE6exXf1Cqi4XOkZCaadVJXVeSE0pV-gdmGaPgdXMjTH0XBj3b9k7D_J6XWZ-PH2YBXYvw_dZG2Rkb-Nortns4sh4F9QGsMYzqbAnB-7lDVNxh0PJVR45RFjmz9YhmoRbRiIrYfGfjtWGxXVNQhMmdwr2VsRQlONn5qA8Jn4Ap32jepvksg/s1024/guerre-de-troie-1024x768.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="768" data-original-width="1024" height="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjsys85U0DKE6exXf1Cqi4XOkZCaadVJXVeSE0pV-gdmGaPgdXMjTH0XBj3b9k7D_J6XWZ-PH2YBXYvw_dZG2Rkb-Nortns4sh4F9QGsMYzqbAnB-7lDVNxh0PJVR45RFjmz9YhmoRbRiIrYfGfjtWGxXVNQhMmdwr2VsRQlONn5qA8Jn4Ap32jepvksg/w400-h300/guerre-de-troie-1024x768.jpg" width="400" /></a>Antigone, le sort d'Iphigénie est sans doute l'un des plus émou-vants de la tragédie grecque. Il est bon toutefois de rappeler que le récit du sacrifice d'Iphigé-nie est tardif. Homère, semble-t-il, ne l'a pas connu. Il appartient à la <i>Kypria, </i>l'un des cycles qui se sont développés dans la continuité de l'<i>Iliade</i>. Ainsi, Iphigénie est la fille d'Agamemnon, roi de Mycènes, l'un des princes coalisés partis en <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhIPVgQ1KZLgr7wfwW0EYZAhaVtPGW2nYSqaIiT_BDY8p-QiJFIQXkT8m2BjmH2jNz3RrMhhiNKU6olT6Y1puXpMVWgtNRvKBFMNjWl_spPzQq4llEIZ9kPoiqlBgpFloKUFUs9atwfGVRd/h120/guerre-de-troie-1024x768.jpg">guerre contre Troie</a> afin de ramener Hélène, épouse de son frère Ménélas. Sa mère est Clytemnestre et, par le fait même, elle est la sœur d'Électre et d'Oreste, héros d'un autre cycle dégagé de l'intrigue homérique.</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">Contrairement aux Hébreux, les Grecs ne reculaient pas devant les serments et les vœux. Ils ne reculaient pas non plus devant les sacrifices aux dieux. Dans cette lointaine Grèce <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjSw28HpTOOQbY1su09atfKfwvSdReufPsY5XWEwsc_JIUG3nFUHJNnH8K6jhqmlPQ0weyfa7DvFnnI-RzSQbD4vErf8xwLl6HSybY_lJgwQKRsIZQhjSXc6AbckNdBPQa7_DiaubuGC9NmP-MatG7Zb6zAyrQ-CTV1hebPOiqU8PNmf-cHrmwmKIOoUg/s1000/20210910094527000000_20210205112853000000_fr_301_058v.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="1000" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjSw28HpTOOQbY1su09atfKfwvSdReufPsY5XWEwsc_JIUG3nFUHJNnH8K6jhqmlPQ0weyfa7DvFnnI-RzSQbD4vErf8xwLl6HSybY_lJgwQKRsIZQhjSXc6AbckNdBPQa7_DiaubuGC9NmP-MatG7Zb6zAyrQ-CTV1hebPOiqU8PNmf-cHrmwmKIOoUg/w400-h200/20210910094527000000_20210205112853000000_fr_301_058v.jpg" width="400" /></a>archaïque, la guerre et la royauté étaient des insti-tutions inébranla-bles, struc-turantes des ordres comme de la société civile. Aussi, Ménélas a-t-il contraint tous les rois grecs à honorer le serment de ramener son épouse, Hélène, enlevée par Pâris, le fils du roi de Troie, Priam. Mais lorsque Agamemnon tente de lancer la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEioV4I8IFDU7WhcBHYvi7Fpetkr5jUdTp86WGpwU21OMmhLzTHrcJ_qjhQPrSmI_5OeyWY8zlJllvE0Z79PFXdeUnotgU7HWOmzDlaeAM1YFJ4W_oMoMpQE0VX_V-ZK5rV52_VW34n25nFO/h120/20210910094527000000_20210205112853000000_fr_301_058v.jpg">flotte grecque</a> réunie à Aulis vers les côtes de la Grèce du Levant, les vents se montrent défavorables. Calchas, le devin, révèle qu'une offense commise par Agamemnon contre la déesse Artémis en est la cause :</div><div style="text-align: justify;"></div><blockquote><div style="text-align: justify;">«<i>Calchas prédit qu'elle </i>[la flotte] <i>serait dans l'impossibilité de partir à moins qu'Agamemnon ne sacrifie la plus belle de ses filles à Artémis. La raison pour laquelle Artémis aurait été offensée est controversée; certains disent qu'un jour, ayant tiré un cerf de très loin, Agamemnon se serait écrié orgueilleusement : "Artémis elle-même n'aurait pas pu faire mieux!" Ou bien qu'il avait tué sa chèvre sacrée; ou bien qu'il aurait promis de lui offrir la plus belle créature vivante née cette année-là dans son royaume et que ce fut Iphigénie; ou encore que son père </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjbdYijRVPktw0U6JfbCPhYBeWp8Z3N4FwSj2uXxd3fRAVBcp9PSzHEGup_T_yhX-2rNKyb_vK3cDdXh984DYfMvzD5fCypjIqfzUUlxd0P22bQelQj_UOqy5GMoRAOA5xxcstPBxDFXVDIo-8D3WlDf_YEvOjzGCUlPybRu9eAM23_H7GDmNAtC7YYrA/s264/Wall_painting_-_sacrifice_of_Iphigenia_-_Pompeii_(VI_8_5)_-_Napoli_MAN_9112_-_01.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="264" data-original-width="260" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjbdYijRVPktw0U6JfbCPhYBeWp8Z3N4FwSj2uXxd3fRAVBcp9PSzHEGup_T_yhX-2rNKyb_vK3cDdXh984DYfMvzD5fCypjIqfzUUlxd0P22bQelQj_UOqy5GMoRAOA5xxcstPBxDFXVDIo-8D3WlDf_YEvOjzGCUlPybRu9eAM23_H7GDmNAtC7YYrA/w315-h320/Wall_painting_-_sacrifice_of_Iphigenia_-_Pompeii_(VI_8_5)_-_Napoli_MAN_9112_-_01.jpg" width="315" /></a><i>Atrée avait conservé un agneau d'or qui lui appar-tenait. Toujours est-il qu'Aga-memnon refusa de faire ce qu'on lui demandait, en disant que Clytem-nestre ne laisserait jamais partir Iphigénie. Mais lorsque les Grecs eurent décidé : "Nous allons prêter serment d'allégeance à Palamède, s'il s'obstine à refuser", et lorsque Odysseus, stimulant la colère, se prépara à rentrer dans sa patrie, Ménélas vint en médiateur pour rétablir la paix entre eux. Il suggéra qu'Odysseus et Talthybios aillent chercher <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgQEkdzBSrINTHg8jJD9qyIzsR8Do2I0rie6MPxEtIKaGYonSRYPUzqlRrxXcQHCg94uOvJfjQz_tAOe3UVAKpmTtL8M7WzzSCRQ1uL3YvXB4tLDuBRkeY7Ew-B2bTTIt2w7ei1_PZF7dUT/h120/Wall_painting_-_sacrifice_of_Iphigenia_-_Pompeii_%2528VI_8_5%2529_-_Napoli_MAN_9112_-_01.jpg">Iphigénie</a> et l'amènent à Aulis sous le prétexte de la donner en mariage à Achille en récompense de ses exploits en Mysie. Agamemnon accepta cette ruse, et, bien qu'il ait aussitôt envoyé secrètement un message à Clytemnestre l'avertissant de ne pas croire ce qu'Odysseus lui dirait, Ménélas ayant intercepté le message, elle fut trompée et laissa partir Iphigénie pour Aulis</i>» (R. Graves. <i>Les mythes grecs, t. 2, </i>Paris, Fayard, Col. Pluriel, # 8399, 1967, p. 287).<br /></div></blockquote><div style="text-align: justify;"><blockquote><p><i>Lorsque Achille découvrit qu'on avait usé de son nom pour une mauvaise action, il décida de protéger Iphigénie. Mais la jeune fille consentit noblement à mourir pour </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjBpbzJVlqeJZvafakMVwVe-An6oMvV1cha4pYTPpelE46P80_1qr2I-tVvHHR2nYcABPymEbTVoosspXQV4kVp8wV_c2bT2nrziq3Bf1UwSvmsg7oAbr_LqqS_rde0zHLmG8QBHz9k1q2lkyXYws9megNAT6YffiDnqCp0ogdcUlf6Wyf9aZv05Wqk6w/s800/800px-Tiepolo_Giovanni_Battista_The_Sacrcifice_of_Iphigenia@Kunsthalle_Hamburg.JPG" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="484" data-original-width="800" height="194" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjBpbzJVlqeJZvafakMVwVe-An6oMvV1cha4pYTPpelE46P80_1qr2I-tVvHHR2nYcABPymEbTVoosspXQV4kVp8wV_c2bT2nrziq3Bf1UwSvmsg7oAbr_LqqS_rde0zHLmG8QBHz9k1q2lkyXYws9megNAT6YffiDnqCp0ogdcUlf6Wyf9aZv05Wqk6w/w320-h194/800px-Tiepolo_Giovanni_Battista_The_Sacrcifice_of_Iphigenia@Kunsthalle_Hamburg.JPG" width="320" /></a><i>la gloire de la Grèce et offrit sa nuque à la hache du <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEit9xgl_nhR-wJ1H6XILwnR6hrUR8-RHitkiBsfqKah-bWMPetU5fnKQDi3u5NcYj4v3OnrdW37Xnir2TwrhKV5fh9_F092vSX9SrfKNmjwDYHmD7RmNEtYrRL51wnTj5hu2UIXIW_k0PAk/h120/800px-Tiepolo_Giovanni_Battista_The_Sacrcifice_of_Iphigenia%2540Kunsthalle_Hamburg.JPG">sacrifice</a> sans une plainte. Certains disent qu'Arté-mis l'enleva en un clin d'œil à Chersonnèse, en Tauride, et lui substitua une biche sur l'autel; ou bien une ourse; ou bien une vieille femme. D'autres qu'il y eut un coup de tonnerre et que, sur l'ordre d'Artémis et sur la prière de Clytemnestre, Achille intervint, sauva Iphigénie et l'envoya sur Scythie; ou bien qu'il l'épousa et que c'est elle et non pas Deidamie qui lui donna Néoptolème. Quoi qu'il en soit d'Iphigénie, le fait est que le vent de nord-est cessa de souffler et la flotte se mit en route, enfin</i>» (R. Graves. ibid. pp. 287-288).</p></blockquote><p>On le voit, c'est bien avant l'affaire du cheval de Troie qu'Ulysse (Odysseus) s'était fait une réputation de rusé compagnon. Comme pour les docteurs juifs, toutefois, le sort d'Iphigénie créait <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjIml8rbnp86ye7GWXWQUJm2K8cc67Hux01KeIE3_ygrQDW7E7V6OoV20XYr-xo_JKWx7YZIGMBpqqbCafcYHdP6zfFdgfzygnbhip3ZWZ7f4l7g9X83LFEeyzT-o0zoalV6rV84dMwZ1MFVEu5sTOf4L4l5_L990yk5bvZmQFWJP45Py6Nn_-ArwaUvA/s283/MaskeAgamemnon.JPG" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="283" data-original-width="280" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjIml8rbnp86ye7GWXWQUJm2K8cc67Hux01KeIE3_ygrQDW7E7V6OoV20XYr-xo_JKWx7YZIGMBpqqbCafcYHdP6zfFdgfzygnbhip3ZWZ7f4l7g9X83LFEeyzT-o0zoalV6rV84dMwZ1MFVEu5sTOf4L4l5_L990yk5bvZmQFWJP45Py6Nn_-ArwaUvA/w317-h320/MaskeAgamemnon.JPG" width="317" /></a>un certain malaise parmi les mythographes grecs. Ils tentaient, par tous les moyens que la mythologie et la logique les autorisaient, de trouver une issue moins violente et moins injuste au sort fait à la fille innocente d'Agamemnon. Euripide, le plus fin psychologue des tragédiens athéniens du Ve siècle, dans <i>Iphigénie en Aulide </i>raconte le sacrifice comme volontaire, ce qui contraste avec l'<i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj_nO-g8j8MpBLjp1vyfL6eHonfm4tblnkKcO7BftQfqKho253GYg0NhPMIv-YlVha97F-d0g0HXFtakFzAbUP74DB9aV5TThsru0lHhLeOgnC9U1UAQsST2nOlNJeBhJVpxk8iNRKjEscJ/h120/MaskeAgamemnon.JPG">Agamemnon</a> </i>d'Eschyle, où elle maudit les siens. Enfin, et cela sans sembler causer de contradictions chez Euripide encore, après la substitution par la biche, Artémis aurait fait d'Iphigénie la prêtresse de son temple en Tauride (<i>Artemis Tauropolos</i>) : «<i>Or, Iphigénie avait été sauvée du sacrifice à Aulis par Artémis qui l'avait enveloppée d'un nuage et transportée dans le Chersonnèse de Tauride, où elle fut aussitôt nommée Grande-Prêtresse, et elle était la seule à avoir le droit de toucher à la statue sacrée. À la suite de cela, les Tauriens l'appelèrent Artémis, ou Hécate, ou Orsiloque. Iphigénie avait horreur des sacrifices humains, mais était pieuse, elle obéissait à la déesse</i>» (R. Graves. ibid. p. 71).</p><p>De victime sacrifiée, Artémis fit d'Iphigénie une prêtresse chargée de sacrifier à son tour tous les étrangers qui aborderaient la Tauride. Plusieurs années après, Oreste, son frère <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg-zqdgc-7wSTd-c4pI_8cI5p9cyJaPTVfxPJsL_JApYPEYPZrVvsz0L0OcYckiC-AGsq-bvHIAd9h7Jh7wbKcpJE3IO622JoVh65gGKCltnRIGJRKCRq96j6R1GYJjI070AkJf5ZyxKFU7dZbO782-PvSGWjGAPQc1uF1e0CyMSWHrTd-TWZ5-w7HLjw/s800/Salle_de_Diane_(Louvre)_-_Oreste_et_Iphig%C3%A9nie_enlevant_la_statue_de_Diane_Taurique.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="600" data-original-width="800" height="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg-zqdgc-7wSTd-c4pI_8cI5p9cyJaPTVfxPJsL_JApYPEYPZrVvsz0L0OcYckiC-AGsq-bvHIAd9h7Jh7wbKcpJE3IO622JoVh65gGKCltnRIGJRKCRq96j6R1GYJjI070AkJf5ZyxKFU7dZbO782-PvSGWjGAPQc1uF1e0CyMSWHrTd-TWZ5-w7HLjw/w400-h300/Salle_de_Diane_(Louvre)_-_Oreste_et_Iphig%C3%A9nie_enlevant_la_statue_de_Diane_Taurique.jpg" width="400" /></a>qu'elle crût mort, et son ami Pylade abordè-rent la Tauride, obéissant à l'oracle de Delphes qui leur avait ordonné d'empor-ter la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjIbb_a6E0rLqgtGthdx40edrecWur013OoxAeu4wjuUN8sILbs0rMRCFUvVjPdkvQkc6N6wwM-87hukRhDnI4ktM_bKCTgXtYcCSkJYXrIl3bDsW2ghHmw91CZMtc0iTiWLmD54a5YqkU5/h120/Salle_de_Diane_%2528Louvre%2529_-_Oreste_et_Iphig%25C3%25A9nie_enlevant_la_statue_de_Diane_Taurique.jpg">statue</a> d'Artémis. Iphigénie les reconnut et les aida à s'échapper avec la statue. Poursuivis, ils furent aidés cette fois par la déesse Athéna et finalement purent retourner tous les trois en Grèce. Iphigénie aurait été vénérée dans le sanctuaire d'Artémis au sud-est d'Athènes, où elle y aurait fini ses jours en tant que prêtresse (<i>kleidouchos</i>). Euripide rapporte qu'à sa mort, les vêtements des femmes mortes en couches lui auraient été consacrés.<br />
</p></div><div style="text-align: left;">
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif">Il
est possible de retracer les origines étymologiques primitives
d'Iphigénie (née de la force). Comme Edwin Rhode le suppose : </span></p><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"></p><div style="text-align: justify;"><blockquote><span face="Segoe UI, sans-serif">«<i>Iphigénie était sans doute le surnom d'une déesse lunaire,
mais le poète qui a raconté le rapt de la fille d'Agamemnon n'avait
certainement pas la moindre idée </i></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhLM2dY9ZNyhnz1FJf1cs_Cawxhl8MXyzZaAjf-rzddNxqZ7J_Vnj6Ctdcc73ubFyoHuBGiTTIKi-708VoEAaWqCCfDeMO371rW-tPNP9H1iJdhczcOBvgVkdV3R07gLOAq6ssu_KlpuQcM1JOnlfoQ8j60xMB6nZyOXYKOV8NNTx0PaNFJb7UciVe__A/s477/iphigenie_5.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="336" data-original-width="477" height="225" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhLM2dY9ZNyhnz1FJf1cs_Cawxhl8MXyzZaAjf-rzddNxqZ7J_Vnj6Ctdcc73ubFyoHuBGiTTIKi-708VoEAaWqCCfDeMO371rW-tPNP9H1iJdhczcOBvgVkdV3R07gLOAq6ssu_KlpuQcM1JOnlfoQ8j60xMB6nZyOXYKOV8NNTx0PaNFJb7UciVe__A/w320-h225/iphigenie_5.jpg" width="320" /></a><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>de son identité avec une déesse –
autre-ment, il ne l'aurait évidem-ment pas tenue pour la fille
d'Aga-memnon – et, comme bien l'on peut croire, ce n'est pas pour
avoir rencontré quelque part un culte rendu à la divine Iphigénie
qu'il en est venu à rendre de nouveau immortelle, par quelque </i><span style="font-style: normal;">jus
postliminii, </span><i>son Iphigénie mortelle au moyen de
l'enlèvement. Ce qui était l'important pour lui et pour ses
contemporains, ce qui constituait le centre proprement dit de son
récit – que ce récit ait été librement inventé ou qu'il fût
composé de motifs déjà existants – c'est qu'il racontait
l'<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhfxZqrHxV1ISEH364z8T9w-lWgvgpM1JrkBwjS26y4MBqPjdEDdUTfRbTyal5zgeVlwcCT0RSDEZVTEjoPoGe6CXQhZ5tOWy6bkSP7zzE94TP-BIxYpa-yS6wwpX_TivnHPnKhgljJWq3_/h120/iphigenie_5.jpg">élévation</a> d'une jeune fille mortelle, née de parents mortels, à
la vie immortelle, sans en faire l'objet d'une adoration que l'on
n'aurait pu lui témoigner d'aucune manière, puisqu'elle était
reléguée dans la lointaine Tauride</i><span style="font-style: normal;">»
(E. Rhode. </span><i>Psyché, </i><span style="font-style: normal;">Paris,
Payot, Col Bibliothèque scientifique, 1952, pp. 73-74).</span></span></blockquote></div><p></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">Œuvre
apparemment posthume d'<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjvFB-nvziEwlOmQeq3lqeH449k0QqXaFpbQB7HQGCk61AltjMdVlUuIJJIafFS8xSfno3XCyvB_5amuzgkpLk8tW6jQ7KmjjPcQRX2-Yieaz9K2HsnjOMru5MqlDB8lQOhCjivUl6uyFSMVfK3zRyZOTX1eTwpfgns-7WIZuYXzlNWIicwRfkIMox5bA/s800/3761.jpg.webp">Euripide</a>, </span><i>Iphigénie à Aulis </i><span style="font-style: normal;">pose
un dilemme qui ne semblait pas tourmenter plus qu'il ne fallait Jephté.
L'âme d'Agamemnon est tourmentée là </span></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjvFB-nvziEwlOmQeq3lqeH449k0QqXaFpbQB7HQGCk61AltjMdVlUuIJJIafFS8xSfno3XCyvB_5amuzgkpLk8tW6jQ7KmjjPcQRX2-Yieaz9K2HsnjOMru5MqlDB8lQOhCjivUl6uyFSMVfK3zRyZOTX1eTwpfgns-7WIZuYXzlNWIicwRfkIMox5bA/s800/3761.jpg.webp" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="800" data-original-width="601" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjvFB-nvziEwlOmQeq3lqeH449k0QqXaFpbQB7HQGCk61AltjMdVlUuIJJIafFS8xSfno3XCyvB_5amuzgkpLk8tW6jQ7KmjjPcQRX2-Yieaz9K2HsnjOMru5MqlDB8lQOhCjivUl6uyFSMVfK3zRyZOTX1eTwpfgns-7WIZuYXzlNWIicwRfkIMox5bA/w300-h400/3761.jpg.webp" width="300" /></a><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">où celle de Jephté se montrait résignée : «</span><i>Le vieux serviteur, auquel il confie la
lettre, l'admoneste avec douceur : "Il est inévitable que tu
éprouves tour à tour joie et douleur, car tu es un homme et, que tu
le veuilles ou non, tel est l'arrêt des dieux". Ainsi
réapparaît d'emblée cette vérité première : les choses
d'ici-bas sont marquées d'un indice de néant, soit que la peine
habite au sein de la joie, soit qu'elle lui succède nécessairement</i><span style="font-style: normal;">»
(R. Schaerer. </span><i>L'homme antique et la structure du monde
intérieur, </i><span style="font-style: normal;">Paris, Payot, Col.
Bibliothèque historique, 1958, p. 274). La poésie d'Euripide aurait
été incompréhensible aux oreilles des Grecs de l'époque
archaïque. Ainsi la résistance d'Agamemnon : «</span><i>Une belle
entreprise! Répond le roi, qui a pour prix le meurtre d'un enfant.
Si la Grèce et toi vous l'approuvez, c'est que vous êtes malades
par la volonté des dieux</i><span style="font-style: normal;">» (R.
Schaerer. ibid. p. 274). Ménélas
peut bien se laisser convaincre, mais Agamemnon reste celui qui est
au centre de la colère d'Artémis. Du héros dont on célèbre le
courage, le voici complètement désemparé :</span></span></div><div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;"></span></span></div><blockquote><div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">«<i>Vains efforts, hélas, espoir déçu de l'éloigner de ce qu'elle va voir!</i> <br /></span></span></div><div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><div style="text-align: left;"><i>Pour tromper ce que j'ai de plus cher, </i></div><div style="text-align: left;"><i>je m'ingénie en ruses et chaque fois j'échoue.</i></div><div style="text-align: left;"><i>Cependant, je vais consulter le devin Calchas</i></div><div style="text-align: left;"><i>pour savoir comment satisfaire au vœu de la déesse</i></div><div style="text-align: left;"><i>qui fait tout mon malheur et pèse sur les Grecs.</i></div><div style="text-align: left;"><i>Le sage ne doit mettre en son logis</i></div><div style="text-align: left;"><i>qu'une femme bonne et docile, ou bien n'en point avoir</i>» (Euripide. <i>Tragédies, t. 2, </i>Paris, Gallimard, rééd Livre de poche Col. Classiques, # 2755, 1962, p. 371). <br /></div></div></blockquote><p style="text-align: justify;">«<i>Hélas, le roi ne répond aux pleurs de sa femme et de sa fille que par ces mots : Je ne puis </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgPooOTDoMEE9wRGpxK9L1QrebZKngNo2E2FIv21gYOxEqXp90P-271gsPMpPwsurWPstAuuTo8AiM1SdL_pYpREl_fmgYll9wr2luhuJ5-0ePFcvKEVwnVtPJkvZNAyLNglcBhxbNx8nNi0KT0X8iUYFJmMvn5dmtP3xhh_DQDG96nD-jmkfnfPZ441g/s448/Artemis-huntress-Paris-Louvre.webp" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="448" data-original-width="300" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgPooOTDoMEE9wRGpxK9L1QrebZKngNo2E2FIv21gYOxEqXp90P-271gsPMpPwsurWPstAuuTo8AiM1SdL_pYpREl_fmgYll9wr2luhuJ5-0ePFcvKEVwnVtPJkvZNAyLNglcBhxbNx8nNi0KT0X8iUYFJmMvn5dmtP3xhh_DQDG96nD-jmkfnfPZ441g/w268-h400/Artemis-huntress-Paris-Louvre.webp" width="268" /></a><i>autrement; l'armée se révolterait</i>» (cité in R. Schaerer. ibid. p. 275). Ce à quoi Iphigénie répond : <span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">«</span><i>À quoi bon m'obstiner à tenter l'impossible</i><span style="font-style: normal;">».
On croirait même entendre une chrétienne lorsqu'elle «</span><i>réconcilie
la terre et le ciel, réhabilite les valeurs morales, réalise un
cosmos viable. "Mon sort est heureux, dit-elle, et je sauve la
Grèce"</i><span style="font-style: normal;">» (R. Schaerer.
ibid. p. 276). Seule une intervention surnaturelle peut venir à bout
de tant de dilemmes insolubles. En remplaçant Iphigénie par une
biche, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgX3ke3AuSGte9P3tTMaD598UBQcxqd7IvuttcKN4KBZtpi0RCZT3x3zy-_jUBrq8O-DIOx31tUNXla7zjTN_xMAkn8rWpCMkNNukpNBYvMc_Z2rOPVnwsiH1CCXA08lQ0ra_x9MfI-RfeP/h120/Artemis-huntress-Paris-Louvre.webp">Artémis</a> résout l'impasse où elle avait enfermé les
humains.</span></span></p><blockquote><div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><p style="text-align: justify;"><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;"></span></span></p></div></blockquote>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">On
voit comment la tragédie grecque développe en profondeur ce que le
texte hébraïque tient en surface : la désobéissance de Jephté et son </span></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiwXlgC42sen1cK3Y1NITDkMyTLwLsALUVPIk9_l6NGNZjf361wMwe7u7SzCfC7JL-1Gm6m78JQ1pI7f7mn1XglldJupu4V6qjK4lNFF2LAcqhQMUK7HbMhztaa8MWNLB67iCyP58hYEDSNZhEUkGNzCjXMTyKryrf6_-p3QZSPcW6suL6o8KICoydqFw/s386/image002.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="386" data-original-width="244" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiwXlgC42sen1cK3Y1NITDkMyTLwLsALUVPIk9_l6NGNZjf361wMwe7u7SzCfC7JL-1Gm6m78JQ1pI7f7mn1XglldJupu4V6qjK4lNFF2LAcqhQMUK7HbMhztaa8MWNLB67iCyP58hYEDSNZhEUkGNzCjXMTyKryrf6_-p3QZSPcW6suL6o8KICoydqFw/w253-h400/image002.jpg" width="253" /></a><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">étourderie (le vœu et l'holocauste). Le malheureux
Agamemnon, jouet de la déesse et prisonnier de la coalition
militaire, est forcé à un vœu qui va contre sa volonté. Dans </span><i>Le
livre des Juges, </i><span style="font-style: normal;">Yahweh refuse à
Jephté ce qu'il avait concédé à Abraham. Il devra immoler sa
fille. Dans la tragédie d'Euripide, la déesse soustraira la fille
d'Agamemnon pour en faire sa prêtresse dans la lointaine Tauride.
Entre le XIe siècle avant J.-C. (date de la rédaction du livre de
Jephté) et le Ve siècle av. J.-C. (la Grèce classique d'Euripide),
une évolution marquée de la civilisation conduisait de
l'impitoyable courroux où avait conduit le manque de jugement de
Jephté vers une alternative qui, s'il n'annonce pas le salut
chrétien, permet au moins de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiNNroqcKHn0TzTL2K0RtmiYmxdTUa6aBc-zuLLooPMfEPaT3NFbR5Q1sSWVVv54HWI-CQ1XfdPUsX8JUoPUyu4WWy5FDG7TKqdUGSrQM7Y_TQ0JceL97rGTgXYhbCwu9XmIf2ygNfO-myF/h120/image002.jpg">sauver la vie</a> d'Iphigénie tout en maintenant
l'accomplissement du vœu de son père.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">Avec
le christianisme, rompre un vœu apparaît comme une sorte
d'apostasie. Le geste revêt ainsi une gravité qui était déjà
assez lourdes de conséquences dans le judaïsme. À l'origine, le christianisme se présentait sous deux formes assez distinctes. Une première,
dite </span></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>mystico-ontologique,
</i></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">prévoyait
le Second Avènement du Christ, annoncé dans l'Apocalypse, pour
prochain. Devant l'attente qui apparaissait ne pas devoir se réaliser
prochainement se développa une seconde tradition, dite
</span></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>éthico-pédagogique. </i>La première forme prédomina au cours des deux premiers siècles de l'ère chrétienne, puis la seconde s'imposa au fur et à mesure que les Chrétiens durent composer avec l'État impérial et les mœurs romaines. Ainsi, l</span><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">e
christianisme occidental engageait l'Église dans un développement qui
ne lui avait pas été prévu par la première génération de chrétiens.
Cette distinction serait à l'origine des deux christianismes, celui
d'Orient porté fortement vers le mysticisme, et celui d'Occident inspiré du rationalisme gréco-romain.</span></span></p><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg5zM1A8Bi6jsiIkFJrg3LQJq-5B0FVeNcR2YQLSE9AAUjbS5XlQ9ALvDwYlEC7TnoWPgvM0pIriVPLqntLHA4rOvIykJzarx_yXNU8wjGvCWxiyhRoW2eX_27cR4OZ9ER6zmWOmt73PGmsJNRwRONWFKn3ATvXqxouMaQQ3_XysO_s4Nc1lhGZrT5AwQ/s800/800px-Ignatius_of_Antioch.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="550" data-original-width="800" height="275" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg5zM1A8Bi6jsiIkFJrg3LQJq-5B0FVeNcR2YQLSE9AAUjbS5XlQ9ALvDwYlEC7TnoWPgvM0pIriVPLqntLHA4rOvIykJzarx_yXNU8wjGvCWxiyhRoW2eX_27cR4OZ9ER6zmWOmt73PGmsJNRwRONWFKn3ATvXqxouMaQQ3_XysO_s4Nc1lhGZrT5AwQ/w400-h275/800px-Ignatius_of_Antioch.jpg" width="400" /></a><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">C'est à Antioche, au Proche-Orient, au IIe siècle que se fixe ce choix, lorsque les repré-sentants de la tendance mystico-ontologique - les sectes gnostiques -, se heurtent à l'évêque-martyr <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEipIC0uy2-Ty8n8Woy7RU7oMVgpK-q_jECqHhOixN_2OSHMJPnjJueb6Jj1fSPmHGxVVXR43u7R6OpUPrKD0Uv9xTKeZMUlTDvvkOLmViYWaejhImbgbNZjnL2BXXAUpcbkfno9GQM_2wgB/h120/800px-Ignatius_of_Antioch.jpg">Ignace</a> sur l'attitude à tenir à l'égard des persécutions païennes. Pour ce dernier, «<i>l'unique moyen de déjouer les ruses de Satan qui inspire ces bêtes fauves à face humaine </i>[les persécuteurs], <i>c'est l'obéissance à l'autorité constituée</i>» (A. Bouché-Leclercq. <i>L'intolérance religieuse et la politique</i>, Paris, Flammarion, 1911), qu'importe son attitude envers la communauté des croyants. Cette politique fut reprise plus tard par un autre Ignace, Ignace de Loyola.</span></span></p><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">Malgré les apparences, ce conflit des tendances n'en est pas un d'ordre géographique. Si l'Orient et l'Occident semblent choisir très tôt des voies opposées, c'est à l'intérieur de tout le christianisme que se dessine la rivalité antagonique des deux formes. Là où la brisure se produit, c'est d'abord entre les théologiens chargés de répondre aux poussées gnostiques et l'affirmation de la hiérarchie cléricale :</span></span></p><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif"></span></p><div style="text-align: justify;"><blockquote><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">«<i>Il est remarquable qu'une pareille similitude d'attitudes se rencontre à la même date en Afrique, en Asie, à Rome, à Alexandrie. C'est un même christianisme </i></span><span style="color: black;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjRIOTAHE-JrtSrLauwI0pEZFZWpDUO2tth91qyHcZc7aztW57kOE-aVPum_vz6T05094lguoU3Zf-fj6dfClKOAjzDH_FQG60x0F32fxU3uJK0lXWSwxREWNTK5Wx4Qm99aTvL_kE9fU_5A8UBOC6tmJ7-kjDJHYS9u8lG8UKN1UivGk5Et9-Dv9IGww/s343/Origen3.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="343" data-original-width="220" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjRIOTAHE-JrtSrLauwI0pEZFZWpDUO2tth91qyHcZc7aztW57kOE-aVPum_vz6T05094lguoU3Zf-fj6dfClKOAjzDH_FQG60x0F32fxU3uJK0lXWSwxREWNTK5Wx4Qm99aTvL_kE9fU_5A8UBOC6tmJ7-kjDJHYS9u8lG8UKN1UivGk5Et9-Dv9IGww/w256-h400/Origen3.jpg" width="256" /></a></span><span style="font-style: normal;"><i>eschatologique qui s'exprime. <a href="https://www.blogger.com/#">Origène</a>, Tertullien, Hippolyte ont une même indifférence à l'égard du destin de la cité terrestre. Ce qu'ils en espèrent, c'est le martyre, qui manifestera son incompatibilité avec la cité de Dieu. Avec lui, la cité terrestre leur paraît déjà condamnée. Il est inutile d'assurer sa perpétuité en engendrant des enfants, d'assurer sa défense en s'enrôlant dans l'armée. Tout cela relève d'un monde périmé. La cité chrétienne, déjà présente et qui va être bientôt manifestée, demande la chasteté des sages et l'amour universel. Il faut avant tout ne pas faire de concessions. Ce christianisme n'est pas tout le christianisme du temps. Et en particulier il n'est pas celui des évêques. On rencontre chez ceux-ci un souci plus grand du salut du plus grand nombre, la sollicitude du pasteur pour son peuple, la recherche du christianisme réaliste, le désir d'un accord avec les pouvoirs... Le conflit est le même : celui d'intellectuels épris d'une Église idéale, avec des pasteurs conscients des conditions de l'Église réelle</i>» (J. Daniélou et H.-I. Marrou. <i>Nouvelle histoire de l'Église, t. 1 des origines à Saint Grégoire le Grand</i>, Paris, Seuil, 1963, pp. 172-173).</span></span></blockquote></div><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif">Contre la tendance eschatologique forte au premier siècle de notre ère, les évêques se chargent de guider le peuple de Dieu entre les incertitudes de la cité terrestre et de l'ouvrir à la conscience historique : «<i>A different and much more complex move occurs in Didache 11-13, and it represents that community's eventual preference for residency over itinerancy and for local bishops and deacons over wandering apostles, prophets, and </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgmeuob9pImnxpUyuy6iWubeLeo4mxkB0RPM3ELQ4gvwvtkih2JKqXyUY8gWouOc0sEO0_NsB3-BR5BA2PL8TxFWufHkqUyFGDFylFkUtS6qbjstMH_V1ZwlT59xecm-F303On2wku8N-j0HAu0roSqqQQj8rjf6oOho4dp_3OHAsyDIJ_RCfV2uVW9Xg/s305/CalixtusI.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="305" data-original-width="250" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgmeuob9pImnxpUyuy6iWubeLeo4mxkB0RPM3ELQ4gvwvtkih2JKqXyUY8gWouOc0sEO0_NsB3-BR5BA2PL8TxFWufHkqUyFGDFylFkUtS6qbjstMH_V1ZwlT59xecm-F303On2wku8N-j0HAu0roSqqQQj8rjf6oOho4dp_3OHAsyDIJ_RCfV2uVW9Xg/w328-h400/CalixtusI.jpg" width="328" /></a><i>teachers...</i>» (J. D. Crossan. <i>The historical Jesus, </i>San Francisco, Harper/Collins, 1992). Si les deux courants étaient également persécutés par les autorités romaines, la réconciliation avec l'empereur païen ne ferait que polariser la division à l'intérieur de la communauté chrétienne. C'est autour de la question des <i>lapsi</i>, ces chrétiens qui sous la menace avaient renié leur foi et des <i>traditor</i>, ces évêques «collaborateurs» qui avaient livré les Livres Saints à leurs persécuteurs - la <i>traditio</i> - qu'allaient s'affronter les deux traditions, et cela non sans violence. Doit-on réhabiliter au sein de la communauté africaine les traîtres des mauvais jours? Comme nombre de ces <i>lapsi</i> sont des citoyens aisés et influents, bien établis dans les postes publics de l'Empire, les papes Zéphyrin (martyr en 217) et <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgmeuob9pImnxpUyuy6iWubeLeo4mxkB0RPM3ELQ4gvwvtkih2JKqXyUY8gWouOc0sEO0_NsB3-BR5BA2PL8TxFWufHkqUyFGDFylFkUtS6qbjstMH_V1ZwlT59xecm-F303On2wku8N-j0HAu0roSqqQQj8rjf6oOho4dp_3OHAsyDIJ_RCfV2uVW9Xg/s305/CalixtusI.jpg">Calixte</a> (martyr en 222) préfèrent rester en bons termes avec eux. Et le temps de la «révolution constantinienne» est encore loin, l'État peut toujours revenir à une politique anti-chrétienne comme ce fut le cas sous Septime Sévère, aussi, était-ce là politique de prudence.</span></p><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif"><span face="Segoe UI, sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEixnuYcjjeAAvlihsiQ6zIj76GkpcFN23OyzpftLpCsu0li_k1H4i4UoQF1uyrv-RX2ct6AM6WvBZQj6cyVxIxugJd_Opvdc90R6rhP-MElDPvMT8FGxoFFKlKmA_8THjijy_oQglyE5cHkdbML6fcsPrwWsPHzFGKRnO5EuWg2TuXQWx0PZaVr4l-Ldg/s260/Dieric_Bouts_&_Hugo_van_der_Goes_-_Triptiek_van_de_Heilige_Hippolytus.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="139" data-original-width="260" height="214" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEixnuYcjjeAAvlihsiQ6zIj76GkpcFN23OyzpftLpCsu0li_k1H4i4UoQF1uyrv-RX2ct6AM6WvBZQj6cyVxIxugJd_Opvdc90R6rhP-MElDPvMT8FGxoFFKlKmA_8THjijy_oQglyE5cHkdbML6fcsPrwWsPHzFGKRnO5EuWg2TuXQWx0PZaVr4l-Ldg/w400-h214/Dieric_Bouts_&_Hugo_van_der_Goes_-_Triptiek_van_de_Heilige_Hippolytus.jpg" width="400" /></a></span>Face à eux, saint <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEixnuYcjjeAAvlihsiQ6zIj76GkpcFN23OyzpftLpCsu0li_k1H4i4UoQF1uyrv-RX2ct6AM6WvBZQj6cyVxIxugJd_Opvdc90R6rhP-MElDPvMT8FGxoFFKlKmA_8THjijy_oQglyE5cHkdbML6fcsPrwWsPHzFGKRnO5EuWg2TuXQWx0PZaVr4l-Ldg/s260/Dieric_Bouts_&_Hugo_van_der_Goes_-_Triptiek_van_de_Heilige_Hippolytus.jpg">Hippolyte</a>, lui-même évêque, repré-sentait la tendance opposée, refusant tout com-promis et toute confiance en ceux qui avaient déjà trahis une fois. On voit que le débat est davantage d'ordre politique que religieux. D'ordre politique intérieure surtout, vue que «<i>l'Église de Rome est divisée à ce moment entre deux tendances. Elle est agitée par un courant apocalyptique. Ce courant se rattache à des caractères anciens de l'Église... Et ces tendances traditionnelles sont activées par la propagande montaniste. Par ailleurs il y a un autre courant également traditionnel, que l'on trouve principalement dans la hiérarchie. Il s'inspire d'une attitude de modération, cherche surtout <span face="Segoe UI, sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj4rEzRGMWIRKNQwxC7hfyEFPa91qbrwBZq1_uzAzsZwz00h2-HveS3IQ1jrZITZAlpDb9NLZ7u-ooCJNc2d0XzwPWr1qjDRV9ig2Wc0gT_Hk8eUU9kLIeHa4KHKKe4WVWkywoZNrruyXMm6uw9GXLGuh3TZ7EkIHTVYdJr0H_S3EIoUl_6_p2YGYLp8w/s282/200px-Zephyrinus.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="282" data-original-width="200" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj4rEzRGMWIRKNQwxC7hfyEFPa91qbrwBZq1_uzAzsZwz00h2-HveS3IQ1jrZITZAlpDb9NLZ7u-ooCJNc2d0XzwPWr1qjDRV9ig2Wc0gT_Hk8eUU9kLIeHa4KHKKe4WVWkywoZNrruyXMm6uw9GXLGuh3TZ7EkIHTVYdJr0H_S3EIoUl_6_p2YGYLp8w/w284-h400/200px-Zephyrinus.jpg" width="284" /></a></span>à maintenir les contacts entre les différents groupes de la communauté, est porté à une certaine indulgence, se soucie de bons rapports avec le pouvoir impérial.</i> [...] <i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj4rEzRGMWIRKNQwxC7hfyEFPa91qbrwBZq1_uzAzsZwz00h2-HveS3IQ1jrZITZAlpDb9NLZ7u-ooCJNc2d0XzwPWr1qjDRV9ig2Wc0gT_Hk8eUU9kLIeHa4KHKKe4WVWkywoZNrruyXMm6uw9GXLGuh3TZ7EkIHTVYdJr0H_S3EIoUl_6_p2YGYLp8w/s282/200px-Zephyrinus.jpg">Zéphyrin</a> et Calixte ne sont pas des intellectuels, mais des hommes d'action. Sous leur pontificat l'Église a fait d'énormes progrès. Elle a gagné les sympathies du pouvoir impérial. Elle s'est considérablement étendue numériquement. Ce développement impliquait une adaptation de la discipline à ces circonstances nouvelles. C'est tout cela que refuse Hippolyte. Il rêve d'une Église qui soit une poignée de saints en conflit avec le monde, pauvres, sans biens. Mais les pasteurs, qui ont changé des âmes ne peuvent accepter cette vision. À un peuple chrétien qui grandit, il faut des institutions</i>» (J. Daniélou et H.-I. Marrou. ibid. pp. 181-182). L'Église s'éloignait de son orientation eschatologique pour s'engager dans «<i>le sens de l'histoire</i>». L'apaisement était donc de mise afin de permettre l'institutionnalisation indispensable.</span></p><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif">C'est finalement saint <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj62-hnCA0pmCB6ifGdEIHUuYTwIJCKghBjkEYDNwTTEgeBdBB-buIcbpFCKDCnlJCL3ROO_-dYOhj9HPecX0phaIbYJ1B2353tPVSzjilgX78aEa_fN8mj46NsCr2TGN6uc48y_NB12z1c/h120/Heiliger_Cyprianus.jpg">Cyprien</a> évêque de Carthage qui ramène le débat au niveau de la sphère religieuse en liant subtilement l'angoisse de la souffrance du martyre à la tentation sexuelle : «<i>Cyprien parlait des chrétiens de Carthage et de Rome comme d'un groupe </i></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhgMX00cJ6lgTPylKEnA9ax5f_josGwfwWdJVdWV_1sRz0m5Mno-s7-6vZMua0o8cQC_y-ZjDl7lYrdjukwJw4sKMsRds6atsQmVYUM0MjXTur-4kilLzqUIu2GCES5qzVCyGQ8mDLa785bxaFOANa7O1JFLNLuV5cr0F2mJGhUPBqeiOer7GsJVUU_Nw/s458/Heiliger_Cyprianus.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="458" data-original-width="210" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhgMX00cJ6lgTPylKEnA9ax5f_josGwfwWdJVdWV_1sRz0m5Mno-s7-6vZMua0o8cQC_y-ZjDl7lYrdjukwJw4sKMsRds6atsQmVYUM0MjXTur-4kilLzqUIu2GCES5qzVCyGQ8mDLa785bxaFOANa7O1JFLNLuV5cr0F2mJGhUPBqeiOer7GsJVUU_Nw/w184-h400/Heiliger_Cyprianus.jpg" width="184" /></a><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>confronté au</i> saeculum in acie constituti, "enligne de bataille", <i>au cours de la six millième année de guerre du diable contre l'espèce humaine. Quelque chose comme une "mollesse efféminée affectant la vigueur du propos chrétien" pouvait constituer un désastre pour l'Église. Cette préoccupation majeure détermina la vision du corps que Cyprien légua à Ambroise, Jérôme et Augustin, et dont l'efficacité fut décisive. La "chair" du chrétien était un rempart contre le </i>saeculum<i>. Celle-ci pouvait être "consacrée au Christ", comme dans le cas d'une fille ou d'un garçon demeurés vierges. Il importait infiniment de protéger l'intégrité du corps, mais sans l'isoler dans un état de pureté mystérieuse, où eût été suspendue la faiblesse de la mortelle argile, comme parmi les paisibles ouailles de Méthode d'Olympe. La "chair" marquait, pour Cyprien, un point de perpétuel danger, un avant-poste du moi tendu pour recevoir du monde une pluie de coups. Si le corps était fragile en soi et de soi, et, on ne l'ignorait pas, tristement exposé à la tentation sexuelle, pourtant le plus grand danger n'était pas qu'il fût miné par ce "feu" caché et couvant intérieurement, mais qu'il fût gouverné, de l'extérieur, par la sinistre force d'attraction du monde. Homme de pouvoir, Cyprien ne savait que trop bien, pour l'avoir observé en lui comme chez ses turbulents collègues, ce que signifiait pour un chrétien d'être assiégé non seulement par la sensualité, mais aussi par les appétits "mondains" plus pesants et plus dévastateurs de la colère, de la jalousie et de l'orgueil ecclésiastique</i>» (P. Brown. <i>Le renoncement à la chair</i>, Paris, Gallimard, Col. Bibliothèque des histoires, 1995, pp. 245-246).</span></p><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif">Sur la conduite politique à tenir envers une marge de chrétiens qui ont failli sous la pression de l'angoisse de la mort et la peur de la torture, Cyprien répond par la </span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEia3dS66WQSyg5im3itIy29YaTC4c-7oOKoDnep7fghwsBl3dO4PR0jUX4YfrPgptWNSOLSBDW9wnbtriNLhA-zSJR3izqiO7XbtxA9T0hfqHR3SzF3XAVkZgQ22bxncJNkvyOzfh2tgb6SfJc-aTv11VYfv6ve7G14VaOq2vNRvjfYYdrOuN1ew6sKuA/s952/Martirio_dei_diecimila,_incisione.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="952" data-original-width="702" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEia3dS66WQSyg5im3itIy29YaTC4c-7oOKoDnep7fghwsBl3dO4PR0jUX4YfrPgptWNSOLSBDW9wnbtriNLhA-zSJR3izqiO7XbtxA9T0hfqHR3SzF3XAVkZgQ22bxncJNkvyOzfh2tgb6SfJc-aTv11VYfv6ve7G14VaOq2vNRvjfYYdrOuN1ew6sKuA/w295-h400/Martirio_dei_diecimila,_incisione.jpg" width="295" /></a><span face="Segoe UI, sans-serif">prescription morale dégagée de la conduite du fidèle en matière sexuelle. Sous le <i>Politikè</i> gouvernait l'<i>Érotikè</i> et, en cela, le courant éthico-pédagogique reprend pleinement l'héritage de la tradition hellénique. Le pardon aux <i>lapsi</i> fut rendu possible par une chronique qui, comme le souligne André Latreille à propos des temps troublés de la Révolution française, recueillit avec diligence «<i>les défaillances des faibles et la terne existence des indifférents,</i> [qui] <i>ont moins laissé de traces que les annales des <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi_3sKNMbLVSUJpnr6cqI485wgWXzSEallehMV5D856dSUeoNC1zLCG7os3lv20P2_cvpKEBvwUA2ZDKmEdPkNl-AC1aVzucsE7HUoS4o8RWptFE8-l2Agh5iOBtII1aqNGK-eOuidC99nY/h120/Martirio_dei_diecimila%252C_incisione.jpg">martyrs</a></i>», rappelant, ce qui n'est pas peu utile pour la structure idéologique d'une institution officielle, le cours ordinaire de la vie chrétienne : «<i>Et il est bon sans doute qu'il en soit ainsi pour que l'histoire ne devienne point école de démoralisation</i>» (A. Latreille. <i>L'Église catholique et la Révolution française, t. 1 : 1775-1799</i>, s.v. Les Éditions du Cerf, Col. Foi vivante, # 131, 1970, p. 189.</span></p><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif">Ce rapprochement entre l'engagement de la foi et la morale sexuelle n'est pas qu'une simple métaphore. Ils sont tous les deux dans le prolongement l'un de l'autre. Celui ou </span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiNj6ccxXG-X9LJwwHhbiNMmsIhWrpUaxVmkm6L8xUMJ_ZwIK70AYxyP17EbdpTIddGxSsQ2-Peb19PGW6LZ4SxUwr_IK6m1Ae55XLIKn0xNW_jJHloQrNwE9c6LlpdbuDeXNRIcnraZzWPRIhD7pfJ6cyFwZn6l4rwFfGyROKOcFbFfN4dQtMlgQ3FSw/s800/800px-David_Selinitziotis_H_Porni_O_Filargyros.JPG" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="690" data-original-width="800" height="345" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiNj6ccxXG-X9LJwwHhbiNMmsIhWrpUaxVmkm6L8xUMJ_ZwIK70AYxyP17EbdpTIddGxSsQ2-Peb19PGW6LZ4SxUwr_IK6m1Ae55XLIKn0xNW_jJHloQrNwE9c6LlpdbuDeXNRIcnraZzWPRIhD7pfJ6cyFwZn6l4rwFfGyROKOcFbFfN4dQtMlgQ3FSw/w400-h345/800px-David_Selinitziotis_H_Porni_O_Filargyros.JPG" width="400" /></a><span face="Segoe UI, sans-serif">celle qui rompt ses vœux le fait souvent en raison de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEimAKnRa18ifhVBTitJZjizLlhxto9u7w5qjXwcWHknJSiSfJWnu33-gi8vRZ45GtkKQa4jA-hB_nO4T7Tmpp5R5uyBNHq4hoG3R1ZNfpGuudYJkTjZjVMx9ZzRgeAr2bZ-IycFGXu-m7Y8/h120/800px-David_Selinitziotis_H_Porni_O_Filargyros.JPG">désirs charnels</a> interdits par le vœu de chasteté. Bien que l'apos-tasie ne se fait plus sous la pression de l'angoisse de la mort ou de la torture, il se fait toujours sous les poussées intérieures qui œuvrent aux corruptions du monde. Ce que le croyant attaché à la tradition mystico-ontologique se refusait à pardonner, celui rattaché à la tradition éthico-pédagogique - et Dante était l'un de ceux-là -, préférait se servir de la défaillance pour renforcer la morale intérieure des croyants et assurer à l'avenir une foi capable de résister à l'attente du retour du Christ. De même que résister aux poussées des passions charnelles surgissant de l'intérieur de chaque âme.<br /></span></p><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif">Le
rappel des vœux extravagants de Jephté et d'Agamemnon n'était
qu'une mise en place </span><span face="Segoe UI, sans-serif">pour l'entrée au Paradis. Dans le chant XXIII
du Purgatoire – le cercle des gourmands -, le poète avait
rencontré Forese Donati à qui il avait demandé où se trouvait sa
sœur </span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi2cijklriHxkl1q6Ary4ogfgHAyCFp6B-CJ9BG99sDE3lHBNzGxyAMr_dEQMs8J81cC5L1Z64Z-ud45sBZwo9jRpmKjib7HyK-GWaos53qlj92Zx2vynAaK6NDIxqNlBcbjlyud9Gf5tij9CU0nE8ScNChuwDClm8-egQQC3ttcC8B3anNoXvkAnfzCA/s384/Screenshot%202023-05-10%20at%2020-34-30%20Corso%20Donati%20al%20convento%20by%20RaffaelloSorbi.png" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="291" data-original-width="384" height="304" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi2cijklriHxkl1q6Ary4ogfgHAyCFp6B-CJ9BG99sDE3lHBNzGxyAMr_dEQMs8J81cC5L1Z64Z-ud45sBZwo9jRpmKjib7HyK-GWaos53qlj92Zx2vynAaK6NDIxqNlBcbjlyud9Gf5tij9CU0nE8ScNChuwDClm8-egQQC3ttcC8B3anNoXvkAnfzCA/w400-h304/Screenshot%202023-05-10%20at%2020-34-30%20Corso%20Donati%20al%20convento%20by%20RaffaelloSorbi.png" width="400" /></a><span face="Segoe UI, sans-serif">Piccarda. Donati lui avait répondu qu'elle se trouvait au
Paradis. Aux yeux des deux hommes, Piccarda était un modèle de
vertu et de beauté. Aussi, à peine franchies les portes du Paradis,
Dante va-t-il se trouver face à Piccarda Donati et Constance
d'Hauteville, la mère de l'Empereur Frédéric II, qui aurait
été enlevée d'un couvent pour épouser l'empereur Henri
VI Hohenstaufen. La rencontre a lieu dans le Ciel de la Lune, sphère
la plus basse du Paradis, qui abrite les âmes inconstantes et peu
fermes dans leur vocation. Piccarda aussi avait dû renoncer à ses vœux afin d'acquiescer aux souhaits de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh3MwBdgGKNZ32O4-ihyphenhyphenaL7wE3KoeOQtePCgkMa5DFyQeKpQdA-r369sNWbnNnyNF58Q2n3AvR8hhFhs_aMwY1PVbRr4dH2Y8-CC3jdKAb_8n3J1IagpsD7TLG7h2UrO166O6xT3GQz_tbE/h120/Screenshot+2023-05-10+at+20-34-30+Corso+Donati+al+convento+by+RaffaelloSorbi.png">Corso Donati</a>, son frère, le chef du clan,
grand seigneur de Florence, et se marier.</span></p><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif">Car on ne désobéissait pas au seigneur Donati, dirigeant de la faction guelfe de Florence - partisan du pape contre le pouvoir dominant de l'Empereur, représenté par les Gibelins -, et pour le moment podestat de Bologne. Étant la sœur de Corso et de Forese, il est fort probable que Piccarda et Dante (qui appartenait à la faction des Guelfes) se connaissaient. Comme il arrivait à ces femmes qui t</span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj-pwDhKxG752rpsJFdXEv-4jNQNt2srQP4iCkx1iAi4Fh8N0tR5_3_GRPd2oA95uFhB1x7tBD4nwuqZYQKXO9OZhQKd_81qZuA8-o_2bsY5oPcQfoO0yJBXosVxnPdDjBPclGsCSyxa_csZAwikro1PStWytmnkaW-iDBAHmPKrMlz7Yhj-2w87lkSsg/s260/Raffaello_Sorbi_-_Piccarda_Donati_fatta_rapire_dal_convento_di_Santa_Chiara_dal_fratello_Corso.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="195" data-original-width="260" height="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj-pwDhKxG752rpsJFdXEv-4jNQNt2srQP4iCkx1iAi4Fh8N0tR5_3_GRPd2oA95uFhB1x7tBD4nwuqZYQKXO9OZhQKd_81qZuA8-o_2bsY5oPcQfoO0yJBXosVxnPdDjBPclGsCSyxa_csZAwikro1PStWytmnkaW-iDBAHmPKrMlz7Yhj-2w87lkSsg/w400-h300/Raffaello_Sorbi_-_Piccarda_Donati_fatta_rapire_dal_convento_di_Santa_Chiara_dal_fratello_Corso.jpg" width="400" /></a><span face="Segoe UI, sans-serif">entaient de s'écarter des voies du politique, Piccarda avait fui sa maison pour se faire religieuse et éviter ainsi d'épouser celui que la famille avait désigné pour son époux. Se réfugiant au couvent de Santa Maria di Monticelli, de l'Ordre de sainte Claire - les Clarisses, pendant féminin des franciscains -, proche de Florence, ses vœux durèrent le temps d'une année, jusqu'à ce que les sbires de Corso l'<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgIheaEgF8R6Zz-Y3BhdCUfvm4cxYjVUIQ5YxaLEuA_M0gbcTbCmOvVe-SgxBzfedDFDbAj6_XPxDk5AeqQXQjt5sOWqiG1AwEYFZcaI_f7YM97ttCGZEDM3oAw0dPvUKio9JWuTBOmPn8b/h120/Raffaello_Sorbi_-_Piccarda_Donati_fatta_rapire_dal_convento_di_Santa_Chiara_dal_fratello_Corso.jpg">enlèvent de force</a> du monastère et la traînent devant Rossellino della Tosa afin de célébrer leurs noces. Le but de ce mariage forcé était de renforcer les liens entre les deux familles. Certaines sources - possiblement pieuses - affirment que Piccarda serait morte d'une maladie soudaine ayant les aspects de la lèpre avant même la consommation du mariage! N'insistons pas sur la véracité de ce ouï-dire.</span></p><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif">Le récit de Piccarda affectait sans doute Dante qui l'avait connue, mieux que celui de Constance d'Hauteville, dernière héritière des rois normands de Sicile, épouse de l'empereur Henri VI de Souabe et mère de Frédéric II (1154-1198), future empereur Hohenstaufen. Toute une tradition sombre enveloppe Constance dès sa naissance. On dit que sa mère, Béatrice, qui accoucha d'une enfant orpheline de père, qu'elle «<i>précipiterait son pays au comble de la ruine</i>» : </span></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif">«<i>Sans doute était-ce pour prévenir ces malheurs que <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg8QUedFCSFEXAegeyznXMssv3HX29jpXyA3Sb10kQDKIWZ8wxGhGpDCP4glFCzJ5pDsiwwr6kBWx-D6jWb0jtWVcAekGbR8toG0AoiGg_FOG5vctfcOIq8pZG2LUdDKNMj4_hApYBQKRWk9ect-DsyzLBnC9H9D1TCmN5TerbhWsA-pTRu5x1ROY3Utg/s283/ConstanceHauteville.jpg">Constance</a> avait ensuite été destinée à devenir nonne, comme jadis Ilia, mère et première ancêtre de Rome, avait été vouée à l'état de vestale. Il est vrai que le long séjour de la fille du roi dans différents couvents de Palerme a pu confirmer cette rumeur. On prétendait aussi </i></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg8QUedFCSFEXAegeyznXMssv3HX29jpXyA3Sb10kQDKIWZ8wxGhGpDCP4glFCzJ5pDsiwwr6kBWx-D6jWb0jtWVcAekGbR8toG0AoiGg_FOG5vctfcOIq8pZG2LUdDKNMj4_hApYBQKRWk9ect-DsyzLBnC9H9D1TCmN5TerbhWsA-pTRu5x1ROY3Utg/s283/ConstanceHauteville.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="283" data-original-width="220" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg8QUedFCSFEXAegeyznXMssv3HX29jpXyA3Sb10kQDKIWZ8wxGhGpDCP4glFCzJ5pDsiwwr6kBWx-D6jWb0jtWVcAekGbR8toG0AoiGg_FOG5vctfcOIq8pZG2LUdDKNMj4_hApYBQKRWk9ect-DsyzLBnC9H9D1TCmN5TerbhWsA-pTRu5x1ROY3Utg/w311-h400/ConstanceHauteville.jpg" width="311" /></a><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>que Constance ne s'était décidée au mariage qu'à contre-cœur, et cela contribua à préciser l'image que Dante se faisait d'elle : parce qu'elle avait quitté la "douce cellule" sous la contrainte et non de son plein gré, Dante avait donné à l'impératrice une place au Paradis. Tout le monde croyait que Constance avait pris le voile, et plus tard, par haine de son fils, les Guelfes répandirent intentionnellement cette légende (ne dira-t-on pas ensuite que l'Antéchrist serait enfanté par une nonne?). La première et unique grossesse de l'impératrice, alors quadragénaire, donna cependant lieu à un autre cycle de légendes. On la vieillit sensiblement pour rapprocher plus encore le miracle de cette maternité tardive des modèles bibliques, et la tradition ne la montra plus que sous les traits d'une vieille femme ridée. La rumeur courut que l'enfant qu'elle disait avoir mis au monde était un enfant supposé et l'on prétendit qu'il s'agissait en réalité du fils d'un boucher. On dit que Constance, qui était avisée, aurait su prévenir ces racontars : elle aurait fait dresser une tente en plein marché et, après sa délivrance, aurait fièrement montré à tout le peuple ses seins gonflés de lait</i>» (E. Kantorowicz. <i>L'empereur Frédéric II, </i>Paris, Gallimard, Col. Bibliothèque des histoires, 1987, pp. 18-19).</span></p></blockquote><p style="text-align: justify;">Dans cette atmosphère orientale qui baignait la cour de Sicile à la fin du XIIe siècle, que la fille posthume du roi Roger II fût engagée à épouser le futur Henri VI, fils de Frédéric Barberousse, prêtait à la légende. Il prêtait surtout aux disputes politiques, car en plein <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgWGwGgksu5oOeo-sjQKqTr4zCMKwii_QAzza6SMvLRradjXXcTwbkb6IDTlpdKaD8HaDrfrKdHCIIKW-vFFCDZDaJ8r0jXYvw25b15C-6deeh1iBBVNLU0IWKz4QrFh8D_9wLL_8qSEYDDA0PejKNd7k2BRhiiFuRClXptQzPxfFX1YQ_kPmKKWYYTFw/s229/unknown.jpeg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="229" data-original-width="221" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgWGwGgksu5oOeo-sjQKqTr4zCMKwii_QAzza6SMvLRradjXXcTwbkb6IDTlpdKaD8HaDrfrKdHCIIKW-vFFCDZDaJ8r0jXYvw25b15C-6deeh1iBBVNLU0IWKz4QrFh8D_9wLL_8qSEYDDA0PejKNd7k2BRhiiFuRClXptQzPxfFX1YQ_kPmKKWYYTFw/w309-h320/unknown.jpeg" width="309" /></a>milieu de la crise opposants Guelfes et Gibelins, l'union de la dynastie guelfe des Hauteville à celle, gibeline des Hohenstaufen, la situation était explosive. La trêve de Venise, souscrite en mai-août 1177 par l'ex-empereur Frédéric, négociée à l'insu de la papauté, «<i>qui ne pouvait voir que d'un mauvais œil ce rapprochement diplomatique entre son ennemi et son allié</i>», d'autant plus que <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj9yRB-B6Bm4l5uCV_u5FkKo-eK8i3_IJJ_TlfGy5fhB1APYIntilsEQDvDW4cLaqBIdhHnGEb6SqzzmpKkl8LjSh56mS9QUEhtNgrqMcOoRT82jHIB00ATbzCpMq0kg6NFTfWnjMMjPRmA/h120/unknown.jpeg">Guillaume II</a> demeurait toujours roi de Sicile, du moins jusqu'en 1189. Pendant ce temps, il était toujours possible d'apprécier de manière contradictoire la trêve : «<i>L'archevêque de Palerme, d'origine anglaise, y voit une garantie contre l'anarchie qui ne manquerait pas de se développer en cas de vide du pouvoir. À l'inverse, l'émir Matteo d'Ajello souligne le péril qui menace le royaume de Sicile s'il devient une dépendance de l'Empire germanique</i>» (J.-Y. Frétigné. <i>Histoire de la Sicile, </i>Paris, Fayard, 2009, p. 179). Aussi, est-ce à la mort du roi Guillaume que les accords de la trêve entrent en action :</p><blockquote><p style="text-align: justify;">«<i>Le choix de son successeur revient donc à ses conseillers. Très peu sont favorables à une régence de Constance, car son mari, le futur Henri VI, n'entend pas être le prince consort. De plus, la noblesse franco-sicilienne ne veut pas d'un Allemand. Consciente qu'il lui faut défendre ses privilèges et sans doute déjà porteuse d'une </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEibIqWB4Asr_vi1xmR6Wp3K6a3d-cl_ofRAIsMtlW2DjR495noRd-3RpkF3y3ptKiazwUGRGAWeZ0_WDmPWDpRorWfasa0Vm7u_2XATlbUHxfJz5IbuMk59mvBCecl5BoO1j3nNXu4ycCz8EwZzgEckU5O-2Npfb7KCox8nTqLi4sPcf_PlYZQdQg6k7g/s292/Tancrede%20de%20Lecce.PNG" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="292" data-original-width="180" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEibIqWB4Asr_vi1xmR6Wp3K6a3d-cl_ofRAIsMtlW2DjR495noRd-3RpkF3y3ptKiazwUGRGAWeZ0_WDmPWDpRorWfasa0Vm7u_2XATlbUHxfJz5IbuMk59mvBCecl5BoO1j3nNXu4ycCz8EwZzgEckU5O-2Npfb7KCox8nTqLi4sPcf_PlYZQdQg6k7g/w247-h400/Tancrede%20de%20Lecce.PNG" width="247" /></a><i>identité sicilienne, une partie de la noblesse normande est favorable à Roger, comte d'Andria, tandis qu'une autre faction, qui peut se prévaloir du soutien du chancelier Matteo d'Ajello, choisit <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiOagzVXqCteJpaivwGC-T2Tplfzrf67n3UY67Y802Zth930TIJ1pwL3tAZUBix7hiLq8IaYc-D8XAyM2FqbHQrmhkY2imZDaki7vcXH0DVwh-RPQOtIFeN_RBygzb1zjk0zkveqMJENmhI/h120/Tancrede+de+Lecce.PNG">Tancrède de Lecce</a>. Les deux hommes sont de hauts fonctionnaires d'égale valeur, le premier a été un des négociateurs de la trêve de Venise, le second s'est illustré comme commandant de la flotte sicilienne. Mais Tancrède a pour lui d'appartenir à la lignée des Hauteville puisqu'il est le fils illégitime de Roger, duc des Pouilles, frère de Guillaume Ier, et, à ce titre, cousin germain de Guillaume II. Tancrède bénéficie enfin du soutien de Clément III (1187-1191), un pape énergique qui organise la troisième croisade pour sauver la Terre sainte menacée par les armées de Saladin (1138-1193)</i>» (J.-Y. Frétigné. ibid. p. 179).<br /></p></blockquote><p style="text-align: justify;"></p><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"></p><p style="text-align: justify;">On devine comment Constance pouvait se sentir, écrasée entre ces deux puissants seigneurs, avant que son époux, une fois devenu empereur, se charge de mettre main basse sur la Sicile : </p><p style="text-align: justify;"></p><blockquote><span face="Segoe UI, sans-serif">«<i>Les
quatre années du règne de Tancrède (janvier 1190-février 1194)
sont marquées par de nombreux troubles fomentés par les musulmans
et par les grands féodaux, dont le roi parvient avec peine à venir
à bout. Mais il ne peut résister à </i></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgcFbnp4yj-NVRBOJrg4L_CsqjNLTffXkBhU3yk5Y0mkC8orppWXrM2dGd2l_BVuyNP4Ln72iDO7Rcjar_3QZA1b3iE2FsrUmVkteZgwnKNEGjECudnA1b20REInZec4rHjRcvLR_AVBt0UQ5qcOIH8cBsbVrK6wO4HjoZe9k-Mgt_2M_9yLula5k2DoA/s312/Codex_Manesse_Heinrich_VI._(HRR).jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="312" data-original-width="220" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgcFbnp4yj-NVRBOJrg4L_CsqjNLTffXkBhU3yk5Y0mkC8orppWXrM2dGd2l_BVuyNP4Ln72iDO7Rcjar_3QZA1b3iE2FsrUmVkteZgwnKNEGjECudnA1b20REInZec4rHjRcvLR_AVBt0UQ5qcOIH8cBsbVrK6wO4HjoZe9k-Mgt_2M_9yLula5k2DoA/w226-h320/Codex_Manesse_Heinrich_VI._(HRR).jpg" width="226" /></a><span face="Segoe UI, sans-serif"><i><a href="https://www.blogger.com/#">Henri VI</a> (1165-1197, empereur depuis 1191) qui entreprend en 1193 une vaste campagne contre le roi normand. Salerne est détruite et quasiment toute la Sicile passe sous le contrôle des troupes impériales. Tandis qu'il a déjà perdu son fils aîné, Tancrède meurt</i></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><i> de maladie le 20 février
1194, laissant comme héritier un tout jeune enfant, Guillaume III,
sous la régence de sa mère, la reine Sibylle. Réfugiés un temps
dans la place forte naturelle de Caltabellota, ils ne peuvent
qu'accepter de se rendre. Dans une grande solennité, Henri VI est
couronné roi de Sicile, le jour de Noël 1194, dans la cathédrale
de Palerme, soixante-quatre ans après que l'eut été Roger II. Sa
femme, l'impératrice Constance, n'assiste pas à la cérémonie car
elle est alors à Iesi où elle donne naissance à un fils, le futur
Frédéric II, le lendemain du sacre de son époux</i>» (J.-Y.
Frétigné. ibid. pp. 179-180).</span></blockquote><p></p><p></p><p></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjfgsjTyLkqmGBBLPplKYBtCjATEjtEQS1KU3iKd6UiAAWUnp5er18-bCT8lpx4UjV4ORagk4MlGX12nXLsPXhtvTlXPRswLPWUoJJFT-e7OMaw08oAqK8sZLsXzg2miG3b7c6VppIMuqeAkZjyELJl-Wgz6TE0cK6fVv_O_Ivu3q1vB4aozfi0tSglSQ/s240/Screenshot%202023-05-10%20at%2021-27-15%20Henry%20vi%20palermo%20Banque%20de%20photographies%20et%20d%E2%80%99images%20%C3%A0%20haute%20r%C3%A9solution%20-%20Alamy.png" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="240" data-original-width="175" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjfgsjTyLkqmGBBLPplKYBtCjATEjtEQS1KU3iKd6UiAAWUnp5er18-bCT8lpx4UjV4ORagk4MlGX12nXLsPXhtvTlXPRswLPWUoJJFT-e7OMaw08oAqK8sZLsXzg2miG3b7c6VppIMuqeAkZjyELJl-Wgz6TE0cK6fVv_O_Ivu3q1vB4aozfi0tSglSQ/w292-h400/Screenshot%202023-05-10%20at%2021-27-15%20Henry%20vi%20palermo%20Banque%20de%20photographies%20et%20d%E2%80%99images%20%C3%A0%20haute%20r%C3%A9solution%20-%20Alamy.png" width="292" /></a><span face="Segoe UI, sans-serif">La
suite de ce triomphe fut abominable. Le dimanche de Pâques 1195,
l'empereur Henri fait défiler devant les yeux de Constance et de la
population sicilienne, le long cortège sinistre de 160 chevaux de bât qui
traversent la ville de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgAmGQGHU9JRzZQDaWqAvW0ew3PyPGZqpDfRFb0LbHC7zRRzF8KrBVVVumuoDonrhqlzEzefKjCS0wLL9QFyvxhb_th025OptXj5cgzXKssEGngTMeW0P3h0QbrOrkMegYs93XJT0ppZvIi/h120/Screenshot+2023-05-10+at+21-27-15+Henry+vi+palermo+Banque+de+photographies+et+d%25E2%2580%2599images+%25C3%25A0+haute+r%25C3%25A9solution+-+Alamy.png">Palerme</a> chargés de tout le trésor des
Normands pour se rendre en Allemagne. Font partis du cortège, le
petit roi Guillaume III, châtré et aveuglé, et sa mère la reine
Sibylle. C'était la fin de la Sicile normande.</span></p><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif">Cette
humiliation visait en particulier l'impératrice dont la famille n'appréciait pas les
Allemands. Malgré son mariage à l'empereur du Saint-Empire
romain-germanique, Constance demeurait toujours une guelfe. À la
mort d'Henri, trois ans plus tard, elle réaffirma son pouvoir sur la
Sicile au nom de son fils, le futur Frédéric II :</span></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif">«<i>À
la mort du fils de Frédéric Barberousse en septembre 1197, le jeune
Frédéric n'a que trois ans. Il vit à Forli, confié aux soins de
la femme de Conrad von Urslingen, duc de Spolète et fidèle d'Henri
VI. Il est alors roi d'Allemagne mais son oncle et tuteur, Philippe
de Souabe (1176-1208), cherche à s'emparer du titre impérial. Le
futur maître de l'Occident est donc dans une position </i></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjel-5QggNxlr7qt1zFNifqGOZB4IuhmTLhx3j9-PnOwSSKlh-D8QE4KdtEmhuaWbz-VvK7HrFuSGKoyKKz8b1j-o-6RcrKOCoKt9pLLMBwkWrOmrUZm6HOGTyd4hzDLCyGVoxd9z34BNBOrG84zZPO3rpFu-FpG4WJTG8bGEgDKvWcabohvY6iPQl2Cw/s225/Screenshot%202023-05-10%20at%2021-25-16%20Constance%20sicily%20Banque%20de%20photographies%20et%20d%E2%80%99images%20%C3%A0%20haute%20r%C3%A9solution%20-%20Alamy.png" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="225" data-original-width="113" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjel-5QggNxlr7qt1zFNifqGOZB4IuhmTLhx3j9-PnOwSSKlh-D8QE4KdtEmhuaWbz-VvK7HrFuSGKoyKKz8b1j-o-6RcrKOCoKt9pLLMBwkWrOmrUZm6HOGTyd4hzDLCyGVoxd9z34BNBOrG84zZPO3rpFu-FpG4WJTG8bGEgDKvWcabohvY6iPQl2Cw/w201-h400/Screenshot%202023-05-10%20at%2021-25-16%20Constance%20sicily%20Banque%20de%20photographies%20et%20d%E2%80%99images%20%C3%A0%20haute%20r%C3%A9solution%20-%20Alamy.png" width="201" /></a><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>d'extrême
faiblesse. Sa mère, la reine <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgPyZCpZRmyabGQcIpmG-J62qnx8Q2AMjyfUzAhXkWTvGmImlzAkdfejFuQYfb32bHod9qU6TC8jr3-3inTVSt_a4D9m5L70qlGXg6ncxi7mUGbFVH18o0fk5Y5SLLv8_h6EREHKJZQIsn_/h120/Screenshot+2023-05-10+at+21-25-16+Constance+sicily+Banque+de+photographies+et+d%25E2%2580%2599images+%25C3%25A0+haute+r%25C3%25A9solution+-+Alamy.png">Constance</a>, et l'Église sont alors ses
seuls soutiens, soutien sincère pour la première, plus intéressé
mais bien réel pour la seconde. Devenue en septembre 1197, à la
mort de son époux, reine de Sicile, du duché des Pouilles et de la
principauté de Capoue, Constance s'efforce de chasser les Allemands
dont la présence est devenue odieuse aux yeux des habitants du
royaume et, fidèle à la tradition de ses ancêtres normands, elle
décide de nouer une alliance avec la papauté. Elle fait venir son
fils à ses côtés, à Palerme, et le proclame roi de Sicile, duc
des Pouilles et prince de Capoue, sous le nom de Frédéric Ier.
Cette opération se fait en accord avec la papauté. Par la volonté
testamentaire de la reine, il est même prévu que le pape assure la
régence du royaume et devienne le tuteur du jeune roi en attendant
qu'il atteigne sa majorité. Enfin, Constance s'est engagée
verbalement à ce que le Saint-Siège conclue une sorte de concordat
avec le royaume de Frédéric Ier. Mais la reine décède en novembre
1198, avant de le signer. Aussi n'est-il pas intégré à la
juridiction du royaume. Favorable à l'Église, il reprenait les
clauses souscrites entre Tancrède et Célestin III (pape de 1191 à
1198) alors que le dernier des rois normands en position de grande
faiblesse avait renoncé à la légation apostolique des lieux</i>»
(P.-Y. Frétigné. ibid. pp. 188-189).</span></p></blockquote>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif">Autant
dire que la décision de Constance préparait de jolies luttes entre
son fils, devenu </span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjic1G84rIf-2F7NLMV28pR8UWSd8iF965q2wVl2kaoAEK3614-prNdibpVBXoVWmovRjzRISDTtTlNmtbng4wZ2PJbYOOYrbNB0NCFrxA-UnFZYtRpPdl-2mnW6AGlr0HN3_4Hhm09Mc0QILZlmWiXlngLXPkbgSV7u22o3vkAsIRG63WXXLZXAqMjgw/s600/Henri-IV-et-Constance.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="600" data-original-width="537" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjic1G84rIf-2F7NLMV28pR8UWSd8iF965q2wVl2kaoAEK3614-prNdibpVBXoVWmovRjzRISDTtTlNmtbng4wZ2PJbYOOYrbNB0NCFrxA-UnFZYtRpPdl-2mnW6AGlr0HN3_4Hhm09Mc0QILZlmWiXlngLXPkbgSV7u22o3vkAsIRG63WXXLZXAqMjgw/w358-h400/Henri-IV-et-Constance.jpg" width="358" /></a><span face="Segoe UI, sans-serif">empereur romain-germanique et roi de Sicile
avec la papauté! Dans toute cette habileté diplomatique dont
déploie Constance, d'abord en tant que mère de l'héritier de la
couronne impériale et reine de Sicile, son patrimoine personnel, que reste-t-il des vœux
rompus? Il semble qu'ils se soient envolés avec la pratique du
gouvernement. En fait, la critique les ont fort mis à mal. Daniel-Rops, historien catholique militant et par
le fait même capable d'apprécier la ferveur guelfe de la reine
Constance de Sicile, y va plutôt durement <span style="font-weight: normal;">lorsqu'il
la </span>présente, «<i>au demeurant sorte de nonne rancie, de dix
ans plus âgée que son <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjCs-4wke61ZuepcUVjx-hIb5LDt1VBFPWduSiUKd-qek52BcZZBwpiiuJP-ne57G50RCw0-q_OMfTZ1lpMLXoXYFX0S9f65ze2yvdFn7L1nST78zHLaz0fxhlBhGYqlBZbnciRNl_FuRjc/h120/Henri-IV-et-Constance.jpg">époux</a>, lequel ne devait jamais l'aimer</i>»
(Daniel-Rops. <i>L'Église de la cathédrale et de la croisade,
</i>Paris, Arthème Fayard, Col. Les Grandes Études historiques,
1952, p. 249). Ici aussi, nous sommes très loin du Dante.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiySy0Z-yRylIYa0iqENWiE130R6tCoOtIs6uf64GCcD0vtx2YO3EYLu2iErUPHsXxt6_ZT-Vy5zzcJeq5gT4TkCpgHtjRVQvhfIAtJFzRyupVyjwb5gecRxknV96U-oNcnEaG1OP6B9S-YTn2jab-hawdiv9O3S-Egu0BFHkHxQzFA0S2FeuM7pRbhbQ/s236/170px-Philipp_Veit_004.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="236" data-original-width="170" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiySy0Z-yRylIYa0iqENWiE130R6tCoOtIs6uf64GCcD0vtx2YO3EYLu2iErUPHsXxt6_ZT-Vy5zzcJeq5gT4TkCpgHtjRVQvhfIAtJFzRyupVyjwb5gecRxknV96U-oNcnEaG1OP6B9S-YTn2jab-hawdiv9O3S-Egu0BFHkHxQzFA0S2FeuM7pRbhbQ/w288-h400/170px-Philipp_Veit_004.jpg" width="288" /></a><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">Dans
un cas comme dans l'autre, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhUaJs6sTOnhZ6mYtiyCQVuXCy099gILpIyPtxDUHZbLo63SWn4Hm2fAiKaGjlPKxEPNXqUG9u61c2WwnLvAk5tlXDDb9TaNBgOXFV1c9y7lM2P-qy26HyuKLLochGb1WSkfwrF3w1ni-8I/h120/170px-Philipp_Veit_004.jpg">Piccarda et Clémence</a> apparaissaient, aux yeux du
poète, comme de saintes femmes dont la volonté spirituelle avait été
brimée par les intérêts profanes et politiques. Malgré le fait
qu'il les ait placées dans l'orbite du Paradis le plus loin de Dieu,
Piccarda offre l'exemple de celle qui n'a pas rompu ses vœux par volonté personnelle mais par la force armée des
intérêts dynastiques et politiques. Béatrice, la guide du Dante, explique même que lorsque la force
ou des actions énergiques affectent le corps physique, cela mine la
volonté de la personne. La </span></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>volonté
absolue </i></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">de
Piccarda, c'est-à-dire sa volonté de respecter son vœu,
était si intense qu'elle relevait de la </span></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>volonté
la plus profonde. </i></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">Sa
mort avant même que son mariage ne fût consommé en serait la
confirmation. Piccarda
restait une volonté pure, non une </span></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>volonté
contaminée </i></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">qui
serait celle qui céderait à ses pulsions ou ses penchants
corrupteurs ou encore – comme Constance, mais ça, Dante l'ignorait
-, par des intérêts mondains. Son vœu provenait du cœur et non
seulement de sa tête, et ce vœu consistait à choisir Dieu avant
tout.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif">Malgré
la diffusion du christianisme dans l'ensemble des civilisations
occidentale et grecque-orthodoxe, des crises internes, comme la
Réformation du XVIe-XVIIe siècles, soumirent bien des vocations à
des épreuves comparables à celles vécues par les premiers chrétiens sous l'Empire romain. Si les États
ralliés à la Réformation protestante </span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjXmqApBzFuzCX_aM47rIsD8C0n_MP-GNk9Xm_oAndgd6p3E_tgt6JwygVbj84OO2AFc7qjesLZf_nZAl2exK2i_LY61jb-ngaGQHstGUDnLTtnZzVu4FNSqgkmwmkgJcafO_kktELqg7YsT2tTaSDGyIeyZMK2mm4sIy4aDH-zqTdI9ao_Qm6gtr-FVw/s732/Henri-VIII-barbers-732x380.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="380" data-original-width="732" height="208" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjXmqApBzFuzCX_aM47rIsD8C0n_MP-GNk9Xm_oAndgd6p3E_tgt6JwygVbj84OO2AFc7qjesLZf_nZAl2exK2i_LY61jb-ngaGQHstGUDnLTtnZzVu4FNSqgkmwmkgJcafO_kktELqg7YsT2tTaSDGyIeyZMK2mm4sIy4aDH-zqTdI9ao_Qm6gtr-FVw/w400-h208/Henri-VIII-barbers-732x380.jpg" width="400" /></a><span face="Segoe UI, sans-serif">imposè-rent souvent à
apostasier la papauté et l'Église romaine, elle n'en-gageait pas
les croyants à apostasier la foi chrétienne. Le cas de l'Église
anglicane, qui reproduit tous les symboles et la hiérarchie
catholiques – le roi d'Angleterre substitué au pape -, montre combien le dogme restait ce qu'il était du temps où le pape avait consacré <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgHDkSZealZ201kKs2DoozA36toOfCcylfsjVaX8QG7dLFWeaAGLmgv7hinFwuNTG16YpprQaJO3JG4rURIMVx-xukPb5yUaiqGPes5U-j0P3U4fzacxuoQ3U7wY-cjOOwO97-0gVU9W0O-/h120/Henri-VIII-barbers-732x380.jpg">Henri VIII</a>, <i>défenseur de la foi</i>! Une formule qui résumerait assez bien ce que fût la Réformation, serait de dire qu'elle fut un mouvement de <i>nationalisation de la religion</i>. La véritable épreuve devait venir deux siècles
plus tard, avec la Révolution française. Dans sa
radicalisation, elle alla jusqu'à nier la foi chrétienne, son Église, ses dogmes et ses
pompes, au nom d'un régime républicain et laïque et, avec l'Être suprême,
panthéiste, cosmique, naturel mais impersonnel, opposé à toute divinité anthropomorphique.</span></p><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">On
peut facilement retrouver les traditions éthico-pédagogique et
mystico-ontologique des origines dans ce que vécut le clergé
catholique français au moment où le nouveau régime républicain
décida de dépasser le dernier pas du gallicanisme du temps de la monarchie
d'Ancien Régime. La tradition éthico-pédagogique
trouva à s'incarner dans le clergé </span></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgkLx20vFLYrs4LL_QyHoipJRdqunFxMXVOACsJN5DHtx_XeDj5UmpmtlivS0I0RocBB6MPrMGztz5Xm-j10Lr3j4uwmMpGuj21VR2qPY6NEevxqF0YZNWrlI888Oa-nuWicYA2QnGEMK-qg2JmP7pEMN3AcB4jN9AGSnwIKtfNk0Gz7QKdoxnCpmgJmw/s445/ConstitutioncivileBN.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="249" data-original-width="445" height="224" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgkLx20vFLYrs4LL_QyHoipJRdqunFxMXVOACsJN5DHtx_XeDj5UmpmtlivS0I0RocBB6MPrMGztz5Xm-j10Lr3j4uwmMpGuj21VR2qPY6NEevxqF0YZNWrlI888Oa-nuWicYA2QnGEMK-qg2JmP7pEMN3AcB4jN9AGSnwIKtfNk0Gz7QKdoxnCpmgJmw/w400-h224/ConstitutioncivileBN.jpg" width="400" /></a><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">constitu-tionnel. Votée le 12 juillet 1790
par l'Assem-blée cons-tituante, la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjOYVhiHRYTVCnpcC7ZwDS3e69cZIg5N7P-kLBxwYNv4Estj7UekD-TH8A5Omx1-UsR9Ym7pfci1NwWS1EUu0ypg_7qJB7ByLgcWSGnrR5R23lVaepg-2vmQznsHXvo4AEAwbRIGUketk1f/h120/ConstitutioncivileBN.jpg">Consti-tution civile du clergé</a>
visait à appliquer au clergé catholique les principes partout
généralisés au niveau administratif, judiciaires et financiers du nouveau régime.
Uniformiser, décentraliser et égaliser les conditions conduisaient
à assimiler les diocèses aux départements; à l'élection des
membres du clergé (curés et évêques) par les citoyens </span></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>actifs,
</i></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">même
non-catholiques; la consultation électorale pour l'investiture
des évêques et des curés par les fidèles. Enfin, une rémunération stricte
des membres du clergé ciblant les inégalités antérieures de
traitement. Comme le roi, le pape perdait ses prérogatives. La
Constitution civile du clergé séparait l'ecclésiologie
française de celle de Rome et du reste de la catholicité. Non sans
surprise, le pape Pie VI refusa cet scission fondamentale du dogme et
de l'organisation de l'Église.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif">Bien
des prélats, tel le célèbre abbé Grégoire, se montrèrent
favorables à la Constitution comme conséquente des autres
transformations sociales et politiques, et tout à fait </span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgU_b9wqcEcpAjC4whKDFPOse5xZTXX-Fqd4Zd-4J_MaQDsI7Poxn_9dfLAHnyYrsgBgjPeJhmX5kfBJrWojMFTLr9C07wyXzv9uBGAWV-f4werBagEP1VMcZbzO9hJyXS9jcAu3ZyXhwBsy2jDRaZe22zGzqzb5V_DAVEfUebzyuXf_0xflujjlWVpvw/s1024/French_School_-_French_Revolution_a_patriot_priest_taking_the_civic_oath_in_good_faith_Engraving_-_(MeisterDrucke-1046316).jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1024" data-original-width="799" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgU_b9wqcEcpAjC4whKDFPOse5xZTXX-Fqd4Zd-4J_MaQDsI7Poxn_9dfLAHnyYrsgBgjPeJhmX5kfBJrWojMFTLr9C07wyXzv9uBGAWV-f4werBagEP1VMcZbzO9hJyXS9jcAu3ZyXhwBsy2jDRaZe22zGzqzb5V_DAVEfUebzyuXf_0xflujjlWVpvw/w313-h400/French_School_-_French_Revolution_a_patriot_priest_taking_the_civic_oath_in_good_faith_Engraving_-_(MeisterDrucke-1046316).jpg" width="313" /></a><span face="Segoe UI, sans-serif">cohérente avec le dogme chrétien. En tant que fonctionnaires,
les membres du clergé se virent astreints à <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj6nPwUM2OywsrndmbJNt2dd_RJSBScspP92BibvCXj4-LNSMKal4Rd7ipuLUBBjIOp0CpZ7LjBPUybbZnVBZlHfYxO_T2p2vNvepWrjcuQgVw1gzoxf_CTJlUEpUWLNdFpxtw7pYe0FvVf/h120/French_School_-_French_Revolution_a_patriot_priest_taking_the_civic_oath_in_good_faith_Engraving_-_%2528MeisterDrucke-1046316%2529.jpg">jurer le serment</a> à
«<i>la nation, à la loi, au roi</i>» au moment de leur élection. Cette
Constitution civile adaptait aux conditions du Siècle des Lumières
l'ancienne tradition éthico-pédagogique. Il apparaissait possible aux députés de l'Assemblée de lier les intérêts révolutionnaires avec la foi chrétienne. Lui répondit un fort courant mystico-ontologique qui trouvait sa niche parmi le
clergé réfractaire, c'est-à-dire tous les membres du clergé qui
refusaient de prêter serment et conservaient leur fidélité à Rome.</span></p><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"></p><blockquote><span face="Segoe UI, sans-serif"></span></blockquote><p></p><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"></p><div style="text-align: justify;"><blockquote><span face="Segoe UI, sans-serif">«<i>Dès novembre 1790, se dessine un schisme, révélé statistiquement au moment du serment (janvier-février 1791). Le haut clergé sera massivement "réfractaire", "insermenté" (à l'exception de 7 évêques, dont Talleyrand et Gobel qui en investissant les autres sauveront la Constitution civile). Mais 52% des curés et des vicaires (soit plus de 28 000) prêtent le serment (parfois avec restriction) devenant "constitutionnels", "jureurs", ou "assermentés"</i>» (S. Bianchi, in A. Soboul (éd.) <i>Dictionnaire de la Révolution française,</i> Paris, P.U.F., 1989, pp. 281-282). </span></blockquote></div><p></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif">Le
schisme devait ouvrir à la déchristianisation de la France républicaine. Le clergé </span><span face="Segoe UI, sans-serif">assermenté, fonctionnarisé, devait rapprocher constamment la sphère
religieuse, </span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi7Mx4rXHGDKxxZ8Tik52kR9Xik5F0-QTqopNvNhYgLJ3Ebedb6OSvsalO-8dcapGb_4Zq96WvY699--xwjlJ9cpVKlLjPJWg-PE0lZ2KFUDDMw5ueTRNk2V6KGEZ-AScF-mpOkfEC8wcRjD02Ug1lFO0kCDYIAxYSfgAzUB9vmutpAocWP3WFYsBGb_Q/s599/393px-Le_pr%C3%AAtre_r%C3%A9fractaire.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="599" data-original-width="393" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi7Mx4rXHGDKxxZ8Tik52kR9Xik5F0-QTqopNvNhYgLJ3Ebedb6OSvsalO-8dcapGb_4Zq96WvY699--xwjlJ9cpVKlLjPJWg-PE0lZ2KFUDDMw5ueTRNk2V6KGEZ-AScF-mpOkfEC8wcRjD02Ug1lFO0kCDYIAxYSfgAzUB9vmutpAocWP3WFYsBGb_Q/w263-h400/393px-Le_pr%C3%AAtre_r%C3%A9fractaire.jpg" width="263" /></a><span face="Segoe UI, sans-serif">spirituelle de la sphère publique, politique, administrative et
mondaine, ce qui aboutira à </span><span face="Segoe UI, sans-serif">l'abdication (l'apostasie), le mariage ou
l'arrêt du sacerdoce. Parallèlement, les membres du <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjLiYldag4d0BQGo_o_sR0pBBC-Diu5OMIxXHiXKS75tIMg_CUcvlicWq5sbnml23he51WlpsYewsZXuHsCtAhCQP2aJjzeeTHsUUouMs8yx2GT5He6PxcuWbms5HxSJqCBZDX4c33edAhO/h120/393px-Le_pr%25C3%25AAtre_r%25C3%25A9fractaire.jpg">clergé réfractaire</a> se virent pourchassés par les autorités et la police,
condamnés à l'exil puis, sous la Terreur, à devenir des agents de
la contre-révolution dans des régions comme la Vendée, la Bretagne
ou Lyon. La France retrouvait le climat des persécutions de l'Empire
romain et la faille ouverte au sein du catholicisme français devait
durer jusque sous la Restauration. Un siècle plus tard, avec la loi
de la séparation des Églises et de l'État, la République
poursuivra l'ambition de la Révolution de lier la sphère religieuse
à l'État.</span></p><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">Les
deux clergés se firent une lutte féroce tout le temps que dura la
Révolution et le Premier Empire. Les gouvernements successifs
tentèrent bien de recoudre la robe du Christ, mais dans l'esprit
vindicatif né des persécutions, le retour du clergé romain avec
les Bourbons en 1814-1815 ramena la querelle du temps de Zéphyrin,
Calixte et d'Hippolyte : Devait-on pardonner aux modernes </span></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>lapsis,
</i></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">ceux
qui avaient prêter le serment constitutionnel, ou devait-on les
maintenir au ban de l'Église catholique où ils s'y étaient placés
eux-mêmes en jurant à la Constitution civile?</span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">Le
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjKtXt7xsJqPtcMu1DsRe1Ngtz0pzBvhMi50enZB5iBDfy0mSAQND37PEdiLQGDJ9WXamq_lku4HO09SETgELxlunm5kdFKHOfx1WWVDsG9_M1oHtCi7uZ2YPYIUH09M954-oqqGtPqnPEv/h120/All%25C3%25A9gorie_du_Concordat_de_1801.jpg">Concordat</a> de 1801-1802 avait pour but de réconcilier l'Église de
France mais aussi, par nécessité, de faire reconnaître le fait accompli au pape. Pie VII
avait délégué Mgr Spina</span></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;"> </span></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhukBGI-f7wLEYRJW80b0CoL31R_UFryvzNxJ1mMOoNzu9NKAm_GllONxYPWyNI4gg_P60ZcZzFLk95783dbumqtM-Vmouq0v28RjnmRYlf5QpnWroE08fKnQQi9Q73DspedF2Nl39gGjOK0ZcEUcLoHZ_r6SSPbiinK04jVRgWAZE-jN2PWU4k6EEHig/s800/All%C3%A9gorie_du_Concordat_de_1801.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="603" data-original-width="800" height="301" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhukBGI-f7wLEYRJW80b0CoL31R_UFryvzNxJ1mMOoNzu9NKAm_GllONxYPWyNI4gg_P60ZcZzFLk95783dbumqtM-Vmouq0v28RjnmRYlf5QpnWroE08fKnQQi9Q73DspedF2Nl39gGjOK0ZcEUcLoHZ_r6SSPbiinK04jVRgWAZE-jN2PWU4k6EEHig/w400-h301/All%C3%A9gorie_du_Concordat_de_1801.jpg" width="400" /></a></span></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">pour le représenter dans les
négociations avec les agents de Bona-parte, dont l'ineffable
Talleyrand qui trahissait tous les régimes qui l'avaient
supporté. «</span></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>Le 15
août 1801, il signe le traité et trois brefs destinés à faciliter
son exécution : le premier, le plus important, le bref </i></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">Tam
multa </span></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>qui va
provoquer un petit schisme, exhorte les évêques légitimes à
démissionner; le second rappelle les évêques constitutionnels à
l'unité de l'Église; le troisième autorise l'absolution des
prêtres mariés et la validation de leur mariage sous la condition
d'un sincère repentir; plus de trois mille prêtres et près de
trois cents religieux seront ainsi réhabilités; Talleyrand n'a pas
eu tort de vouloir faire insérer dans le concordat "la clause
de Madame Grand", car le bref ne s'applique pas aux prêtres
revêtus du caractère épiscopal</i></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">»
(A. Dansette. </span></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>Histoire
religieuse de la France contemporaine, </i></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">Paris,
Flammarion, Col. L'Histoire, 1965, p. 139). (On appelle <i>clause de Madame Grand</i> l'article inséré dans le Concordat par Talleyrand qui visait à le débarrasser définitivement des séquelles de son épiscopat et lui permettre d'épouser sa maîtresse Catherine Grand.)<i><br /></i></span></span></p><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif">Un
tel concordat ne pouvait que déplaire à tous les partis qui avaient
vécu les pires heures de la tourmente révolutionnaire. D'un seul
geste, le pape destituait tous les évêques gallicans tandis qu'il devait bientôt conférer l'institution canonique à d'anciens
schismatiques, à des prêtres qui s'étaient séparés du
catholicisme romain. Comme le dit Dansette : «<i>L'hérésie est récompensée, l'orthodoxie punie!</i>» (A. Dansette. ibid. p. 141). Il faut avoir bien à l'esprit que... </span></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif"><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">«</span></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>le
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiKHc0Y5WvWmDUEiGe2UGBf_LNV_TfCrPgVTpHcHqTtx4iANxjuHaMt9hUOtWDzf0cQqIHKnjZbtiQCZP-lhi5b5nbluuCr2b-QSHj7-eRagw02dpURylVZlpsWZni87HxWOLlOA6jk1kBl/h120/1004852-Concordat_1801.jpg">Concordat</a> avait rétabli l'unité, du moins en principe, car en fait,
elle demeura factice. On eut beau ne plus parler du passé, celui-ci
subsistait. Les évêques d'ancien </i></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhm3Vd5T97VNPYjmoJK5KP-llYmhGNTcCrgQtm9mC8k4F3PLpuKDmdYL5DLq_caNPREEoPjXb425ABC_Lgy3FRWWnPh6ME4ZD2xwgeArojXPRH8-eb8a8OZ9N5l_Lv4HwI31_CO56U_Rgtj6otwKCat26B2rPNzIiDCJpIKOCfCEMA_f3gkdEWsHc1DFQ/s400/1004852-Concordat_1801.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="400" data-original-width="277" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhm3Vd5T97VNPYjmoJK5KP-llYmhGNTcCrgQtm9mC8k4F3PLpuKDmdYL5DLq_caNPREEoPjXb425ABC_Lgy3FRWWnPh6ME4ZD2xwgeArojXPRH8-eb8a8OZ9N5l_Lv4HwI31_CO56U_Rgtj6otwKCat26B2rPNzIiDCJpIKOCfCEMA_f3gkdEWsHc1DFQ/s320/1004852-Concordat_1801.jpg" width="222" /></a><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>régime continuèrent à
considérer comme des intrus les anciens prêtres jureurs, élevés à
l'épiscopat, et les fidèles – excités par les réfractaires –
leur témoignèrent une certaine méfiance. De leur côté, les
évêques constitutionnels ne purent oublier qu'autrefois ils avaient
prêté le serment de fidélité à la Constitution civile du clergé.
Ces anciens schismatiques, rentrés dans la légalité, ne voulurent
pas admettre qu'ils s'étaient trompés. Ils continuèrent à
prétendre que leur situation avait toujours été orthodoxe et
légitime, affirmant qu'en prêtant le serment "ils avaient
sauvé l'Église catholique". N'ayant commis aucune faute, ils
ne devaient se plier à aucune rétractation</i></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">»
(H. Verbist. </span></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>Les
Grandes controverses de l'Église contemporaine, </i></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">Lausanne,
Rencontre, 1969, pp. 117-118).</span></span></span></p></blockquote><span face="Segoe UI, sans-serif"><blockquote></blockquote></span><p></p><p></p><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif">Bref,
la tentative de réconciliation imposée par le Concordat était loin
d'avoir résolu les problèmes de fond du catholicisme français. La
question des <i>lapsi </i><span style="font-style: normal;">constitutionnels
</span></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgyBLSVPlWJFN4lNaQ2hHQpWYHjk9VEzKPxuFEXxuqRFdyRdFnZKjgdYZy8Pc3ii2MILk3rBFR05DBVu9V7uo-MhgmPjkkeAxiEXIXSZuFtgZXZxL3h8G1-2OxR66Wup76dbQgOXujTNZ1qX5qoBtcVVh8fheztDDVZ5Eae_0h0sRybxAP2GrHJVxr3yA/s317/G%C3%A9rard_-_Louis_XVIII_of_France_in_Coronation_Robes.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="317" data-original-width="220" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgyBLSVPlWJFN4lNaQ2hHQpWYHjk9VEzKPxuFEXxuqRFdyRdFnZKjgdYZy8Pc3ii2MILk3rBFR05DBVu9V7uo-MhgmPjkkeAxiEXIXSZuFtgZXZxL3h8G1-2OxR66Wup76dbQgOXujTNZ1qX5qoBtcVVh8fheztDDVZ5Eae_0h0sRybxAP2GrHJVxr3yA/w278-h400/G%C3%A9rard_-_Louis_XVIII_of_France_in_Coronation_Robes.jpg" width="278" /></a><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">demeurait. La crise devait s'aggraver par l'esprit revanchard des
revenants de l'émigration </span></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">dont le roi <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhY-Qu94dxEnKC4lsiotLkVchynRBudUAz67FN8vU669_O5J0nzqstnOWCMxbWIfiG2ygPMfiZC2eveW2Z2GntH4dl58xlYDMJfpJg2nMGOpkR5z14rGfcp3a8zKFygmoDWUlhJyfzNQqNh/h120/G%25C3%25A9rard_-_Louis_XVIII_of_France_in_Coronation_Robes.jpg">Louis XVIII</a>. Ce dernier
méditait d'effacer le Concordat signé entre l'</span><i>usurpateur
</i></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">et Pie VII. Son but était de
renouveler le personnel épiscopal et revenir au Concordat de 1516.
Heureusement, Pie VII, même s'il accepta le retour des Jésuites et
autres compromis avec les </span><i>intransigeants </i><span style="font-style: normal;">(</span><i>zelanti</i><span style="font-style: normal;">),
était «</span><i>trop informé pour croire avec eux qu'il soit
possible de revenir au </i><span style="font-style: normal;">statu quo
ante </span><i>comme si rien ne s'était passé depuis un quart de
siècle. Il se propose de reconstituer les Églises des divers pays
européens en négociant des traités sur le type du concordat
français. Quant à ce dernier, il ne veut pas le supprimer, mais
seulement l'améliorer en augmentant le nombre trop réduit de ses
diocèses et en l'allégeant des articles organiques qui en ont
faussé l'esprit</i><span style="font-style: normal;">» (A. Dansette.
op. cit. pp. 193-194).</span></span></p><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">C'était
habile de la part du pape. «</span><i>Il n'est pas sérieusement
question d'obtenir du Pape qu'il </i></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhQOlivhQ5xybva0yK-x7bEc4-YiKnfbbg_cCx3pojmpCOghkRzZooxkQAdikCYxnUTqN4T9_S-KmpjX1OYM55wQTSXIrUFEBPNnE8mcSxiOOwxBPn-EciuK3TlepIK2tPn2EpT1yFEP3_PEMhu7Bo4NtsPU0bMG2xPDIIykYQsnjk32Dlk7L8-GLxWRg/s335/Jacques-Louis_David_018.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="335" data-original-width="280" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhQOlivhQ5xybva0yK-x7bEc4-YiKnfbbg_cCx3pojmpCOghkRzZooxkQAdikCYxnUTqN4T9_S-KmpjX1OYM55wQTSXIrUFEBPNnE8mcSxiOOwxBPn-EciuK3TlepIK2tPn2EpT1yFEP3_PEMhu7Bo4NtsPU0bMG2xPDIIykYQsnjk32Dlk7L8-GLxWRg/w334-h400/Jacques-Louis_David_018.jpg" width="334" /></a><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>relève de leurs fonctions les
évêques en exercice; le sacrifice de l'épiscopat ne se peut
accomplir tous les quinze ans et il serait particulièrement
difficile à Pie VII de démissionner des prêtres nommés en vertu
d'un traité dont il est signataire. C'est au contraire lui qui
obtient une concession sur ces questions de personnes : les évêques
de la Petite Église que le gouvernement royal voudrait réintégrer,
se retireront; quant aux prélats constitutionnels qu'il voudrait
tous chasser, ceux-là seuls qui ont retombés dans leurs erreurs
seront astreints à une amende honorable (la plupart des uns et des
autres se soumettront, et les récalcitrants s'en iront</i><span style="font-style: normal;">»
(A. Dansette. ibid. p. 194). Bref, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhQOlivhQ5xybva0yK-x7bEc4-YiKnfbbg_cCx3pojmpCOghkRzZooxkQAdikCYxnUTqN4T9_S-KmpjX1OYM55wQTSXIrUFEBPNnE8mcSxiOOwxBPn-EciuK3TlepIK2tPn2EpT1yFEP3_PEMhu7Bo4NtsPU0bMG2xPDIIykYQsnjk32Dlk7L8-GLxWRg/s335/Jacques-Louis_David_018.jpg">Pie VII</a> reprenait la position
occupée jadis par Zéphyrin, Calixte et Cyprien alors que Louis XVIII se rangeait du
côté d'Origène, de Tertullien et d'Hippolyte.</span></span></p><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">Si
l'on reprend l'observation du Dante sur </span><i>la liberté de
volonté</i><span style="font-style: normal;"> et l'opposition entre la </span><i>volonté
pure </i><span style="font-style: normal;">et </span></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiOqsPV3t2nPASfbsq1Ui4YZgAZ6QAKNZdBm_yS8UDDb5Yl8CRJA4qhYS6Et1DH8lAMVjT5LK9n0nitHYLCc7yZvss0vtmzf1RdKgWigrISrOFb3v0pxOS-uItsLJRUSgih8TwRRKUVksz5TrnazheVcVOUuzwF2MrCk438Ih5qcDYbEBCMrkH60ly0qQ/s391/260px-Jean-Baptiste_Gobel_(1727-1794).jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="391" data-original-width="260" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiOqsPV3t2nPASfbsq1Ui4YZgAZ6QAKNZdBm_yS8UDDb5Yl8CRJA4qhYS6Et1DH8lAMVjT5LK9n0nitHYLCc7yZvss0vtmzf1RdKgWigrISrOFb3v0pxOS-uItsLJRUSgih8TwRRKUVksz5TrnazheVcVOUuzwF2MrCk438Ih5qcDYbEBCMrkH60ly0qQ/w266-h400/260px-Jean-Baptiste_Gobel_(1727-1794).jpg" width="266" /></a><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">la </span><i>volonté
contaminée, </i><span style="font-style: normal;">arrêtons-nous à quelques cas représentatifs. Si Talleyrand, évêque
athée dont les ruptures de vœux ne se comptent plus tant
l'opportunisme et la cupidité le menaient, il en est tout
autrement de l'évêque jureur de Paris, Mgr Gobel. Jean-Baptiste Joseph <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh2fSPQF99WEsd2_sPKOYSIhAyUnsVBDeDCoCWD9GW1hPb1xTI9l-Fx3uavfabKLjmcueR96OgoJ2-rUTO6kwlxQozTfNhDjX8F_8XJ7Cgw3dxNR2K5Cnc9dTXC5__X5IuCXmYSznNMaotb/h120/260px-Jean-Baptiste_Gobel_%25281727-1794%2529.jpg">Gobel</a> (1727-1794) n'avait pas
un esprit retors comme son collègue d'Autun. Comme tant de prélats
jureurs, Gobel avait voulu sauver la chèvre et le choux, ses
interventions concernant d'avantage des mesures morales que
d'authentiques manquement au dogme. Malgré toutes ses
compromissions, Gobel ne put empêcher la Convention de fermer les
églises. L'étape finale se produit lorsque...</span></span></p><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif"></span></p><div style="text-align: justify;"><blockquote><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">«</span><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>Hébert,
Chaumette et quelques acolytes se présentent chez l'archevêque de
Paris Gobel et le somment d'abjurer le catholicisme. Pauvre Gobel!
C'est un bel homme d'allure majestueuse, de noble visage et de moins
noble caractère : sa foi, qui n'est pas douteuse, cède toujours à
la peur; jamais les scrupules de ce malheureux dont la capitulation
semble la raison d'être, ne résistent à sa lâcheté. Évêque </i><span style="font-style: normal;">in
partibus, </span><i>il a prêté serment malgré le trouble de sa
conscience; archevêque de Paris, il a obéi à toutes les
injonctions du pouvoir jusqu'à introniser un prêtre marié. On le
somme de dépouiller la robe? Jamais! il se tiendra, répond-il,
"collé" à sa religion. Mais les délégués alternant les
prières avec les menaces, lui demandent seulement d'abdiquer ses
fonctions épiscopales. Ce n'est donc que cela! </i></span></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjrb7M8hq3Hqjxwe99w2RS60R5BcKY27PWVMtqpZiGLBWDCe9a7KlBA6Ia4Qz6jNBpu7aJp5Cd4jps7ILMJkxCFrm7zrWbKOWIq2n2xXrIZ-N--Y6N9d13xAD0MSTnpXPpCXcIUuvZjga0iMtPvm28TGeljvNZIwK6-hkicATYbjr6GBO96-CvGrUoFRg/s300/81EiVvfciSL.__AC_SY300_SX300_QL70_ML2_.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="230" data-original-width="300" height="245" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjrb7M8hq3Hqjxwe99w2RS60R5BcKY27PWVMtqpZiGLBWDCe9a7KlBA6Ia4Qz6jNBpu7aJp5Cd4jps7ILMJkxCFrm7zrWbKOWIq2n2xXrIZ-N--Y6N9d13xAD0MSTnpXPpCXcIUuvZjga0iMtPvm28TGeljvNZIwK6-hkicATYbjr6GBO96-CvGrUoFRg/w320-h245/81EiVvfciSL.__AC_SY300_SX300_QL70_ML2_.jpg" width="320" /></a><span face="Segoe UI, sans-serif"><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>"En ce cas,
répond Gobel, j'adhère volon-tiers. Le peuple me renvoie. C'est le
sort du domesti-que aux ordres du maître". Le lendemain, escorté
de ses vicaires épiscopaux, suivi de jeunes gens accoutrés de
surplis et de chasubles, l'archevêque se rend aux Tuileries et parle
à l'Assemblée : "...Aujourd'hui que la liberté marche à
grands pas, que tous les sentiments se trouvent réunis; aujourd'hui
qu'il ne doit y avoir d'autre culte national que celui de la liberté
et de l'égalité, je renonce à mes fonctions de ministre du culte
catholique". Les vicaires font la même déclaration : "Nous
déposons sur votre bureau nos lettres de prêtrise. Puisse cet
exemple consolider le règne de la liberté et de l'égalité. Vive
la République". </i><span style="font-style: normal;">(Ces cris
sont répétés unanimement par les membres de l'Assemblée et les
spectateurs au milieu des plus vifs applaudissements). </span><i>Avec
ses lettres de prêtrise, Gobel <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgPWRCl4zX9LOF4fFYSj2GRdkNxAAyvusp5v4qa3QDHGqF29EgpmvZ2nBq0SNQbpalOF8DVmKuZ-TKxtWM-5HRU3vTkkDEQueD9zf1invglPIXyxDJjSNPIacqq7VgYwbYA6mZ6DWc53W68/h120/81EiVvfciSL.__AC_SY300_SX300_QL70_ML2_.jpg">remet sa croix</a> pectorale et son
anneau. "Citoyens, répond le président, qui venez de sacrifier
sur l'autel de la patrie les hochets gothiques de la superstition,
vous êtes dignes de la République. Citoyens qui venez d'abjurer
l'erreur, vous ne voudrez prêcher désormais que la pratique des
vertus sociales et morales : c'est le culte de l'Être suprême
trouvé agréable; vous êtes dignes de lui" </i><span style="font-style: normal;">(Vifs
applaudissements). </span><i>On présente le bonnet rouge à Gobel;
il se le met sur la tête. </i><span style="font-style: normal;">(Les
applaudissements recommencent et se prolongent). </span><i>Un grand
nombre de membres : "L'accolade à l'évêque de Paris". Le
président : "Depuis l'abjuration qui vient d'être faite,
l'évêque de Paris est un être de raison; mais je vais embrasser
Gobel".</i><span style="font-style: normal;"> (On l'applaudit)»
(A. Dansette. ibid. p. 97).</span></span></span></blockquote></div><p></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">C'était
du grand théâtre, indubitablement. À l'instar du baiser
Lamourette (lui, le premier évêque constitutionnel et député), lorsque la
Convention s'était donnée en représentation </span></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjrqGf09w1jt78fYL6FopkmvxslGrLkKzVSZNFQlAr--otHZ_921RnU74pmznhRFWId_f53eDJboOHa6PoOvxwg99KyY6BWozxDkoOI1rkoCSoQAwsRMcNPxHwrM_okgQOrEEyh1KEprxP3s3YHcU7jZiJ-umoyxFX2dsZd6SmtSkwARfJnIsMVyNl5uQ/s349/260px-Henri_Gregoire.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="349" data-original-width="260" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjrqGf09w1jt78fYL6FopkmvxslGrLkKzVSZNFQlAr--otHZ_921RnU74pmznhRFWId_f53eDJboOHa6PoOvxwg99KyY6BWozxDkoOI1rkoCSoQAwsRMcNPxHwrM_okgQOrEEyh1KEprxP3s3YHcU7jZiJ-umoyxFX2dsZd6SmtSkwARfJnIsMVyNl5uQ/w298-h400/260px-Henri_Gregoire.jpg" width="298" /></a><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">fraternelle avant de se déchirer à belles dents. L'abjuration
pathétique de Gobel fait contraste à l'opiniâtreté de l'<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjwnFGJsELdfO4R0_8DcX6DzhUlWEjphQlrXtYEc59k6je-BUSc0AL3giTzXQ4zZEDJeMWZUXXH8t8D0n_hqYKjg_hNw72LKnV2LCMcndNFrHwEIMr3iOy4QkKj2vrpDeXrqxgOhYA7zVkk/h120/260px-Henri_Gregoire.jpg">abbé Grégoire</a> qui sut résister aussi bien aux menaces de ses adversaires
qu'à la hantise de la mort sur l'échafaud, et dont ce fut l'honneur de ne jamais s'abaisser à
un tel spectacle déshonorant, et pour l'Église et pour la
Convention : «</span><i>L'abjuration de Gobel précipite la
déchristianisation. La Commune ferme toutes les églises de Paris au
culte constitutionnel (24 novembre 1793). À la Convention, les
scènes grotesques se succèdent; les chapes, les dalmatiques, les
chandeliers, les goupillons, ramassés dans les églises s'entassent
aux pieds des représentants, et le président de l'Assemblée de
s'exclamer devant les voyous porteurs de trophées et affublés
d'ornements religieux : "Votre philosophie vient de faire un
sacrifice digne d'elle. En un instant, vous venez de faire rentrer
dans le néant dix-huit siècles d'erreurs"</i><span style="font-style: normal;">»
(A. Dansette. </span></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">ibid. p. 98). La morale de l'histoire, du moins celle
de Dansette, est de rappeler que «</span><i>la lâcheté n'a pas
toujours reçu la récompense espérée; alors que Grégoire qui a la
chance d'être </i></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjuPQy0915N7wrn6yfsByo_H-YbYFJNRnLpezmT6x6FbwYt31189xLvATBiPcVSMJ_-DlOwnT-_JC_aljYEFRxDTYImEuIo45yCN2Xg23s0bptk9tUKZbe_cp63jcuC1tTktOc3nLv8EqUZIqU6alLznGXD1dcLOCYOavj0OqPyjJvJfIEDdF56TGw6Hg/s694/supplice.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="306" data-original-width="694" height="176" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjuPQy0915N7wrn6yfsByo_H-YbYFJNRnLpezmT6x6FbwYt31189xLvATBiPcVSMJ_-DlOwnT-_JC_aljYEFRxDTYImEuIo45yCN2Xg23s0bptk9tUKZbe_cp63jcuC1tTktOc3nLv8EqUZIqU6alLznGXD1dcLOCYOavj0OqPyjJvJfIEDdF56TGw6Hg/w400-h176/supplice.jpg" width="400" /></a><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>absent lors du procès de Louis XVI, sortira de la
Révo-lution respecté par ses adver-saires eux-mêmes, Gobel, impliqué
dans le procès de Chaumette et compris, lui, ancien prélat de
l'Église gallicane, ex-archevêque de l'Église constitutionnelle,
dans la même accusation d'impiété et d'athéisme, finit sous le
couperet de la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjWunSyk4FX2XQuKF90xcm3Zt6au0Gqzae7uzV8I9X9j1NzdfarjPQKAXtIjzFaW6EE6MvcbPNOh7JMzXaaDL1gGDD0O0QUYL_buBHMpOcr7sBMRoo93fnlRi87bnsozQ1Nq4QUWUPqo-5N/h120/supplice.jpg">guillotine</a> après avoir abjuré l'erreur schismatique
dans sa prison</i><span style="font-style: normal;">» (A. Dansette.
ibid. pp. 99-100). </span></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">Les
historiens catholiques ont été guère magnanimes envers Gobel. Daniel-Rops, qui peut parfois savoir se montrer ignoble,
n'hésita pas à rapporter les bobards les plus scandaleux concernant
le vieil évêque : «</span><i>Il faut ajouter que l'équitable
guillotine ne discerna </i></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjUnx0R4GYCp9XramAksAcbOPKYk5HVBtSv7hgpNkx99P8xthJtD-QCrgRcNjnFjJmDSWlOoPY920XSScF2shBPfhNfXKiL4UPVxLTHwRxuC4soTMZgESDQQRVX8IJzgPxvX1qkmcSQKuJ4Y-ZtYSHKx17qbsYdPka5cOpfM6T5qPfFCGIWqrxHLvtbUQ/s360/lothringergobel.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="360" data-original-width="333" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjUnx0R4GYCp9XramAksAcbOPKYk5HVBtSv7hgpNkx99P8xthJtD-QCrgRcNjnFjJmDSWlOoPY920XSScF2shBPfhNfXKiL4UPVxLTHwRxuC4soTMZgESDQQRVX8IJzgPxvX1qkmcSQKuJ4Y-ZtYSHKx17qbsYdPka5cOpfM6T5qPfFCGIWqrxHLvtbUQ/w296-h320/lothringergobel.jpg" width="296" /></a><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>pas toujours entre ceux qui avaient résisté
et ceux qui avaient cédé. Nombre d'apostats gravirent le fatal
escalier. Le plus célèbre fut Gobel lui-même. Arrêté le 15 mars
1794, traduit devant le Tribunal révolutionnaire, il fut accusé...
d'avoir poussé le peuple vers l'athéisme, et en outre de s'être
livré à des orgies. En fait, Robespierre le soupçonnait d'avoir
partie liée avec Chaumette et les Hébertistes. Il fut exécuté le
13 avril. Il avait pu écrire à son vicaire, l'abbé <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEijG7pqpwlIJjGVu5JRrqQdZysz409pOvVMhxG-iiKGXbsVw3VNhFFUTdDOwPuc37ET7yBb0tBPBnLrLqRmgeLXGbT9519dWbhEqdtXzUk0QTzOLQI76HjdXGvhxZlZcYAf0iJfvgZU4iyD/h120/lothringergobel.jpg">Lothringer</a>,
demeuré prêtre, qui avait accompagné la Reine à l'échafaud, une
lettre très noble où il offrait sa vie en expiation de "ses
crimes et scandales" et lui demandait de lui donner l'absolution
sur le passage de la charrette. On sait qu'à l'échafaud même, il
se montra digne de l'Église qui lui avait pardonné</i><span style="font-style: normal;">»
(Daniel-Rops. </span><i>L'Église des Révolutions, t. 1 : En face de
nouveaux destins, </i><span style="font-style: normal;">Paris, Arthème
Fayard, 1960, p. 68, n. 52).</span></span></p><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">Amalgamé
avec d'autres prisonniers accusés d'avoir fomenté le </span><i>complot
des prisons, </i><span style="font-style: normal;">il fut, en effet, monté dans
la même <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh2Km1RQ0LNHjCFaOhYWpTWQMIZ9U3hn3EqFaH0lTnyfVTzm52gDSG1tUOmVWcBgVFCSWun72d6Z2OnICJ13eUyn_mINogttT7i5Gp7liSQF3i-NS3TZYCPPWp-2DsWKKYU7-ieAXsbcXOu/h120/aze_carg030134_001.jpg">charrette</a> que Chaumette et Lucile Desmoulins (25 germinal an
II – 13 avril 1794). «</span><i>Même aux dires de ses pires
détracteurs, l'ancien évêque eut une conduite très </i></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjX-_sUoJQQ0XsRwKYAMUV0lkTQ1dr-WGddM7_79IdQ2-HPikoUuaPHtZY5u6Vq4MZr0Klko2iJFcRiMVS8QFfU9aGpuMVQ87tPsyeyDxn2QgZqNNCm6ndg3wX8rUEhUCSt9anVjaqrsKnEah22-ybejfl0V1XZE0ANQwMZa5WCGnv_6oRfv_j-Lvy0Yg/s585/aze_carg030134_001.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="433" data-original-width="585" height="296" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjX-_sUoJQQ0XsRwKYAMUV0lkTQ1dr-WGddM7_79IdQ2-HPikoUuaPHtZY5u6Vq4MZr0Klko2iJFcRiMVS8QFfU9aGpuMVQ87tPsyeyDxn2QgZqNNCm6ndg3wX8rUEhUCSt9anVjaqrsKnEah22-ybejfl0V1XZE0ANQwMZa5WCGnv_6oRfv_j-Lvy0Yg/w400-h296/aze_carg030134_001.jpg" width="400" /></a><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>digne, se
repentit de ses fautes et envoya une con-fession écrite à un de ses
vicaires. Après sa mort, on s'aperçut qu'il était complè-tement
ruiné. La République qui, selon la loi, était son héritière,
pour ne pas être obligée de payer ses créanciers, dut déclarer la
faillite</i><span style="font-style: normal;">», rappelle Serge
Bianchi (in op. cit. p. 508). Moins moraliste que Dansette, il
conclut : «</span><i>Jean-Baptiste Joseph Gobel incarna jusque dans
la mort les contradictions du sacerdoce et de l'engagement des
prêtres dans la Révolution sans que l'on puisse, pourtant, le
qualifier d'"évêque rouge"</i><span style="font-style: normal;">»
(S. Bianchi. ibid. p. 508). Il avait risqué le pari de la
tradition éthico-pédagogique en jouant la carte de l'assermentation.
Il avait gagné son pari, du moins tant que la radicalisation de la Révolution
ne le conduisît pas, forcé, jusqu'à rompre ses vœux. Une fois le pas
franchi par son abjuration même, dont il essayait d'en diminuer la
portée symbolique, plus rien ne retenait le christianisme français,
sinon que la ferveur des simples croyants qui continuaient clandestinement, à pratiquer le culte interdit. Après avoir abusé de sa </span><i>liberté de volonté
</i><span style="font-style: normal;">en la contaminant de la
compromission avec les intérêts du monde, au seuil de la mort, dans
son cachot de la Conciergerie, il renouait avec sa </span><i>volonté
pure.</i></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif">Mais
face au modèle du prêtre constitutionnel fourvoyé par sa <i>volonté
contaminée, </i>il y en avait d'autres qui témoignaient d'une <i>volonté pure</i>. Je pense ici aux Carmélites de Compiègne exécutées à
Paris le 17 juillet 1794, dix jours avant la chute de
Robespierre. Ici, en effet, nous sommes pleinement dans la <i>volonté pur</i>e;<i> </i>dans<i>,
</i>l'exercice </span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgvJdyU3B7EiKLZJL6upDKr2Gmz147l4n4UzAKAb6gxHyuyIGO9gTKGQ3poKY1GunSYbEYiLAoLlROqOLUC1w2_T955HzkRr4_yQQZh2x-VOYOEj8t8OWNdInzal9TYRTeIWSI4gbfl-FshLWEKN1gCxoZ5nIGtJroUEs7AAbgEmaBpsScI3w1Bm2fJvg/s933/fouqui10.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="933" data-original-width="700" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgvJdyU3B7EiKLZJL6upDKr2Gmz147l4n4UzAKAb6gxHyuyIGO9gTKGQ3poKY1GunSYbEYiLAoLlROqOLUC1w2_T955HzkRr4_yQQZh2x-VOYOEj8t8OWNdInzal9TYRTeIWSI4gbfl-FshLWEKN1gCxoZ5nIGtJroUEs7AAbgEmaBpsScI3w1Bm2fJvg/w300-h400/fouqui10.jpg" width="300" /></a><span face="Segoe UI, sans-serif">d'une authentique <i>liberté de volonté. </i>Cette
journée-là, seize religieuses carmélites du couvent de Compiègne
furent guillotinées :
«<i>Arrêtées pour être demeurées groupées après la suppression
de leur monastère, traduite devant le Tribunal révolutionnaire,
l'une d'elles à ce qu'on rapporta, eut la présence d'esprit de
demander à <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg7vaFGAA_WB30XASHQOQJx8o_H1AzVrd3AT6ymCMiYv7GtbPrzS0tHt3Vmdtxi0eaL5AsyqLNxfz8JtKAHhwQcACjWsUrHgR0qeVPFvGeStEPopAMxJ2AD6-g04R1zyZzy73a5lB7FGIES/h120/fouqui10.jpg">Fouquier-Tinville</a> </i>[l'accusateur public, le D.P.C.P.
de l'époque] <i>ce qu'il entendait par le terme de "fanatiques"
dont il les gratifiait, et sur sa réponse : "Votre fanatisme,
c'est votre sot attachement à vos stupides pratiques religieuses",
elle s'écria : "Oh, mes sœurs, vous avez entendu : nous sommes
condamnées pour notre religion... Quel bonheur de mourir pour notre
Dieu!" Exactement, l'accusateur venait par là de faire des
martyres. Au pied de l'échafaud, elles renouvelèrent leurs vœux et
entonnèrent le </i>Veni Creator <i>qui ne s'éteignit qu'avec la
dernière...</i>» (Daniel-Rops. op. cit. 1960, p. 77). Guillotinées
sur la Place du Trône, elles furent enterrées au cimetière de
Picpus avec les autres victimes du jour. Pie X devait les béatifier
en 1906. Plus tard, le drame de Georges Bernanos mis en opéra par
Francis Poulenc, <i>Les Dialogues des Carmélites, </i>devait
actualiser le martyre de 1794.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjCnEiwbEPnx9vKXlEv520hV72OA5uIVHyUXyq2ycRVO1WpGzt4X2kNjAPweK9ikPnPphXHx0HMsfIWJE-2HtwPWswFQqaGsuvuC0x7WV3TUA2eV_uZZWxbfMsMTdP-OOyGAS2Tkit39h5fxEPTC262hB2yEw8TbNAxg3ZRmLRhYdD3vCOgpux_f4vJoA/s350/350px-Constitution_civile_du_clerg%C3%A9_caricature_1790.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="233" data-original-width="350" height="266" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjCnEiwbEPnx9vKXlEv520hV72OA5uIVHyUXyq2ycRVO1WpGzt4X2kNjAPweK9ikPnPphXHx0HMsfIWJE-2HtwPWswFQqaGsuvuC0x7WV3TUA2eV_uZZWxbfMsMTdP-OOyGAS2Tkit39h5fxEPTC262hB2yEw8TbNAxg3ZRmLRhYdD3vCOgpux_f4vJoA/w400-h266/350px-Constitution_civile_du_clerg%C3%A9_caricature_1790.jpg" width="400" /></a><span face="Segoe UI, sans-serif">Les
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjCX_m832Ic6Cadm_Fhddxec9rAuKzFfxGaLEoqdiyx69lcD7c_7WhbhFu_VUV_psflOjgrUaGqE8iWFmN5hP7PyOpDuAZwis5h31f1ZZpWCe81MQK9ew_SUOEkYc3Nmisg5Javu3sq2GId/h120/350px-Constitution_civile_du_clerg%25C3%25A9_caricature_1790.jpg">révo-lutionnai-res</a> étaient entrés au Carmel de Compiè-gne au début
de la Révolu-tion, pensant offrir aux cloîtrées la liberté et les
rendre au monde. Ces <i>fanatiques outrées </i>préférèrent
toutefois rester dans leur communauté. Mais au bout de deux ans, la
garde armée finit par les disperser, les religieuses rendues à la
vie civile continuant d'entretenir leurs rites en secret. Dénoncées,
elles sont conduites à Paris :</span></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif">«<i>Avant
de se séparer, la prieure a proposé à ses filles de s'offrir en
victimes pour que l'Église et la France retrouvent la paix. Un "oui"
général fut la réponse. Le 13 </i></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjGgs95oW3NonOfuAsrJj8iCoCQoFwbln-Wbis5psGR_FO4PCiZ9vtkzl2n0wiPjoyxPWLtPFTuQrJqRtsIsnpxJNDDpATaRVAaLZ_DvkGt7kdB1-Jdx_bmtaho89TAa8AtsY13nXWnZtOmAg0urXBKYk89S_B0O3gq9xsNIsJPCS69TrWDegbC-fXXtA/s960/25510-190313085915137-0-960x640.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="640" data-original-width="960" height="213" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjGgs95oW3NonOfuAsrJj8iCoCQoFwbln-Wbis5psGR_FO4PCiZ9vtkzl2n0wiPjoyxPWLtPFTuQrJqRtsIsnpxJNDDpATaRVAaLZ_DvkGt7kdB1-Jdx_bmtaho89TAa8AtsY13nXWnZtOmAg0urXBKYk89S_B0O3gq9xsNIsJPCS69TrWDegbC-fXXtA/w320-h213/25510-190313085915137-0-960x640.jpg" width="320" /></a><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>juillet, entassées dans des
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjAaMC590QzHrFpVP3FbZDC2KpDsYByYSXNQu45COPAI93xuy9u4g03VvI6AYSnN3ZfQ6gEmL3YlTASb1ZMLD_pD7qNwgAYYDW3HB6s1BbMrM6RuDUuJ32E1QPFN54h-gnrtL5nBoTshGWi/h120/25510-190313085915137-0-960x640.jpg">charret-tes</a>, sans nourriture pendant trois jours, les mains liées
derrière le dos, les treize </i>[sic!]<i> Carmélites de Compiègne
sont conduites à la Conciergerie, à Paris. Une religieuse âgée,
Marie-Anne Piecourt, qui a quatre-vingts ans, est jetée à terre. On
la relève ensanglantée. "Merci de ne pas m'avoir tuée,
dit-elle, vous m'auriez fait manquer le martyre". Elles sont,
toutes les treize, de conditions sociales, d'âges, de caractères,
bien différentes. Il y en a qui ont peur du supplice et de la mort,
telles Anne-Marie Thouret, et Rose Chrétien de Neuville, entrée au
Carmel après son veuvage. Marie-Anne Brideau est joyeuse,
Marie-Françoise de Croissy exprime en un poème son désir de mourir
pour le Christ. Il y a les deux jeunes servantes, Catherine et
Thérèse qui ont supplié la prieure, l'admirable madame Lidoine, de
leur permettre de mourir avec elle! En prison, la prieure a composé
un chant : "L'élan joyeux de l'âme qui monte vers son Dieu",
non pas sur l'air douceâtre d'un cantique, mais aux accents de </i>la
</span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhzYl2kEztD3xHBFGEK5ocFVcgcAtVAuaaQ3JwnMIyAdq5O-mAePnWJJ9_oXv_GoAqu5q01XLNljFKUh8MXved5Upfmx8kAt0-Kh3AL5d_KpIbRI4hlP2fuppolfiPCH5ZSa9AZo7SBkkKjWzh-ECxfcpbnywEaCr4BYL9BOut0KEijX2bZhqIQB5rLAQ/s300/images.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="168" data-original-width="300" height="179" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhzYl2kEztD3xHBFGEK5ocFVcgcAtVAuaaQ3JwnMIyAdq5O-mAePnWJJ9_oXv_GoAqu5q01XLNljFKUh8MXved5Upfmx8kAt0-Kh3AL5d_KpIbRI4hlP2fuppolfiPCH5ZSa9AZo7SBkkKjWzh-ECxfcpbnywEaCr4BYL9BOut0KEijX2bZhqIQB5rLAQ/w320-h179/images.jpg" width="320" /></a><span face="Segoe UI, sans-serif">Marseillaise<i>! car c'est un chant de victoire qu'elles veulent
entonner. Le 13 juillet, jour de leur arrivée à la Conciergerie, on
leur annonce qu'elles <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgJ_u_4nrS7UCWImS6xme5GBxRJeugfDrzGSuUxx4hL_gl0cYbauWGY_eMZV9YOxN3RPdmiNL5mpyTHcfs3A5DMnRMgPk1xBEz76cKf4Xa1FE1xNGbMsg0AR-wsFqpH_5U8ewZUEC55R6VZ/h120/images.jpg">comparaîtront</a> le lendemain devant le tribunal
révolutionnaire. Le 14, en effet, elles entendront le verdict : "La
mort pour toutes". Elles l'accueillent d'un visage rayonnant.
Sur leur passage un homme ne peut s'empêcher de pleurer. "Mais
ne touchons-nous pas au terme de nos maux? dit l'une d'elles. Priez
plutôt le bon Dieu et la Sainte Vierge pour qu'ils daignent nous
assister dans ces derniers instants. Ce soir nous serons au ciel, et
nous prierons pour vous". Rentrées dans leur cachot, les
Carmélites récitent pour </i></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>elles-mêmes les prières des agonisants.
Des grincements de roues : ce sont les charrettes de la mort. Les
religieuses, debout, les mains liées derrière le dos, chantent le
Salve Regina et le Te Deum. Au détour de la rue Saint-Antoine, un
homme portant la carmagnole leur donne une ultime absolution : un
prêtre se cache sous ce déguisement. Voilà la place du Trône. Les
Carmélites descendent, elles entourent leur prieure. Chacune, à son
tour, renouvelle ses vœux de religion. Elles </i></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjxOtrGYtlaZfP7ZAEM87sNo0pDnKDDESvQKaatz8LSosWY-bV2pXA4o3-ol1153KVQepiIWHddXydLTXhKsNNAz9WPC9YyMIlTbvOoBqf60SwVEjPISZHgwL5RYWrIw_mKohkz2hDUIwM1NCGSbi8OY1ehsETLxXJX0qNmD-Zl9dl7rDAAaNM3wI1WWg/s620/2682299693.png" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="350" data-original-width="620" height="181" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjxOtrGYtlaZfP7ZAEM87sNo0pDnKDDESvQKaatz8LSosWY-bV2pXA4o3-ol1153KVQepiIWHddXydLTXhKsNNAz9WPC9YyMIlTbvOoBqf60SwVEjPISZHgwL5RYWrIw_mKohkz2hDUIwM1NCGSbi8OY1ehsETLxXJX0qNmD-Zl9dl7rDAAaNM3wI1WWg/s320/2682299693.png" width="320" /></a><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>entonnent le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgG4KvzrH-tbXRaXwHNybzuDgSJu9f2FhoewgXEyDFhtkd7xOj5GwgX3KdYpD3hXPkXt8Yo_QPMQw2B4W4r2LiuzcVd5y7SXNb_0YyWFUrga_Ek7W9NyoVJrcDTZqLx7dlGOgDxWBP7j_15/h120/2682299693.png">Veni Creator</a>. La plus jeune, age-nouillée demande à sa prieure la
permis-sion de mourir, puis monte les marches. Une à une, elles vont
la suivre et c'est le bruit du couperet et le choc de la tête qui
roule. "Madame Lidoine" offrira la dernière son cou au
bourreau</i>» (Marteau de Langle de Cary et G. Taburet-Missoffe.
<i>Dictionnaire des Saints, </i>Paris, L.G.F., col. Livre de poche
chrétien, # A28/A29, 1963, pp. 70-71).</span></p></blockquote><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif">Les
Carmélites de Compiègne ne furent certes pas les seules religieuses
à périr sous le <i>rasoir national. </i>Daniel-Rops rappelle,
pieusement, «<i>les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh_BYaGYCvhp7s3cIVb2dtypCJdl1shr5R7MfNaEHm2srqZYsNEmdKdyiTugVFHQc9w8Ume_NJDhD8_T7vnkyhibpbtuNqogODi8bnVW0hfgSifzzAtjjDNHcDb_bu7LVmOdo_Vdh3X29ne/h120/77a9b344895e6f35e8aaae124a4b1b.jpg">Sacramentines de Bollène</a> qui, avant </i></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjSmPtnlJNIfZnq0-oO6BClOky6FWm2hFtvlrHn9tQmUnRVs707MsY9aCk91CeAdVr6ZeOeMbYGkkfhynKtgk1BiYT-hbwck_n-fQ3YNpDmp26xs7b_rw0y-8McB0x_v0qazHvAJ4GVCknjtvjP4sVbxXNMusCz4J2KYD7WD-UsXnvqRhEV3kjd-g0gRw/s350/77a9b344895e6f35e8aaae124a4b1b.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="200" data-original-width="350" height="229" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjSmPtnlJNIfZnq0-oO6BClOky6FWm2hFtvlrHn9tQmUnRVs707MsY9aCk91CeAdVr6ZeOeMbYGkkfhynKtgk1BiYT-hbwck_n-fQ3YNpDmp26xs7b_rw0y-8McB0x_v0qazHvAJ4GVCknjtvjP4sVbxXNMusCz4J2KYD7WD-UsXnvqRhEV3kjd-g0gRw/w400-h229/77a9b344895e6f35e8aaae124a4b1b.jpg" width="400" /></a><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>de mourir,
remerciaient leurs juges et leurs bourreaux et dont l'une baisa
l'échafaud avant d'y monter. </i>[Et]<i> les Ursulines de
Valen-ciennes, qui chantèrent le </i>Te Deum <i>et prièrent pour
leurs bourreaux, ou les Filles de la Charité d'Arras, qui arrivèrent
à la guillotine ceintes du Rosaire...</i>» (Daniel-Rops. op. cit.
1960, p. 77). Sans oublier les membres des congrégations masculines.
Les persécutions religieuses des révolutionnaires français, comme
au temps des persécutions sous l'Empire romain, avaient renouveler
le sens de ce que signifiait prononcer des vœux.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjf632BhfT0-dbPXBphQYuA1xKKu0LJ5h8FK7XOpieIIvy4FP_nuWvJOuA5Un62yDV_QgYhOcHA-Ll_41_7n9LDGeMD5ZwwMwgoxik2NdnKc4WYg9piXeSl01HXBwNfMvAThKHL-b_fn4eZIOeNAPBvc8bvwKxxXcCgOJYxVb907NS9H_5LcDns-uOPxw/s314/LeFort.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="314" data-original-width="218" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjf632BhfT0-dbPXBphQYuA1xKKu0LJ5h8FK7XOpieIIvy4FP_nuWvJOuA5Un62yDV_QgYhOcHA-Ll_41_7n9LDGeMD5ZwwMwgoxik2NdnKc4WYg9piXeSl01HXBwNfMvAThKHL-b_fn4eZIOeNAPBvc8bvwKxxXcCgOJYxVb907NS9H_5LcDns-uOPxw/w278-h400/LeFort.jpg" width="278" /></a><span face="Segoe UI, sans-serif">Les
<i>Dialogues des Carmélites </i>(1949) est une œuvre tardive dans
l'ensemble des écrits de Georges Bernanos. En fait, c'est la dernière
<i>aventure littéraire </i>du romancier déjà atteint d'un cancer
du foie. En 1937, une autrice allemande, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgre8WgtMg8t7OOeBmBKXrh9Fb2wHmU9aqei5fB8OuQ4ijYqazdVMsMmih-bJOoG6gnCqRQsdGVthWk4lmpDygBnNiLIyp_VnWRZMaEZjpe-U1AfLIThvZ8k1lYTYyByCYEYsluVpGjmNSu/h120/LeFort.jpg">Gertrud von Le Fort</a>,
septuagénaire d'origine huguenote, fille d'un officier prussien,
luthérienne convertie au catholicisme et diplômée en théologie,
avait publié une nouvelle, <i>La Dernière à l'échafaud (Die
Letzte am Schafott), </i>inspirée de <i>La Relation du martyre des
seize Carmélites de Compiègne, </i>rédigée par la seule rescapée,
sœur Marie de l'Incarnation (Françoise-Geneviève Philippe,
1761-1836). La romancière s'était projetée dans la nouvelle en
donnant son propre patronyme – Blanche de La Force – à
l'héroïne, Blanche de l'Agonie du Christ. Un ami de Bernanos, le
R.P. Bruckberger, féru de cinéma, proposa à Bernanos
d'en tirer un scénario.</span></p><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif">Le dominicain Bruckberger
avait d'abord pensé à Albert Camus, mais
ce dernier, ne se considéra «<i>pas capable de
pouvoir assurer un tel travail. </i></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhX-eYVQFiwM_JOfGiRVQXQSy7tVewOdi688FBTraOk9N635-A6TIiirRGMP-hp1DftwW3-4n9qqHvne_Ze7Pv9k3G-l8WawSeOpwq6BGUEK5tAUZzzAumckDfa-QqY9TQuEfNQoyK025H-PozUoGDta5twVET3AMnri6P4MhnGKljLyGTKggkZ3D78yg/s1200/GEORGES%20BERNANOS%20(ann%C3%A9es%2040%20-%20Br%C3%A9sil)%20bis.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1008" data-original-width="1200" height="269" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhX-eYVQFiwM_JOfGiRVQXQSy7tVewOdi688FBTraOk9N635-A6TIiirRGMP-hp1DftwW3-4n9qqHvne_Ze7Pv9k3G-l8WawSeOpwq6BGUEK5tAUZzzAumckDfa-QqY9TQuEfNQoyK025H-PozUoGDta5twVET3AMnri6P4MhnGKljLyGTKggkZ3D78yg/w320-h269/GEORGES%20BERNANOS%20(ann%C3%A9es%2040%20-%20Br%C3%A9sil)%20bis.jpg" width="320" /></a><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>Prétextant ne pas avoir la foi, il
se désiste et suggère Bernanos pour le remplacer. Le père
Bruckberger ne fut pas déçu d'avoir suivi son conseil. "[Bernanos]
était entré à l'intérieur du personnage de Blanche de La Force.
[...] Il en ressentait toute l'angoisse et la peur de la mort
inéluctable qui approchait à grands pas pour elle comme pour lui</i>»
(P. Dufay. <i>Bernanos, </i>Paris, Perrin, 2013, p. 227). Albert
Béguin et Marcelle Tassencourt l'adaptèrent pour le théâtre avec
un bref prologue et cinq tableaux. Le canevas s'éloignait des
personnages historiques sans pour autant rien négliger de l'esprit
de leur expérience ultime : </span></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif">«<i>Sujette
à la peur et à l'angoisse, Blanche de La Force décide d'entrer au
Carmel pour recouvrer l'honneur et choisit comme nom de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhQRGxjdLgAD24d_ZnzXgBuexcv3_thmDjscxOA_QdtycoKERBccdCCw3r3WnbxJ1LakzzsDvFYwxMRnDvQYSVMpOoB4rX_goF-1cZq9_Md9al6JzxI8JdXyGlfdfPZ0nfLOgBmWsxmRv2t/h120/dialogue01.jpg">Carmélite</a>
celui de Sœur Blanche </i></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiwOsrkOFu1R_46yTeHFJKIT2UhSrRxj1XX2rwiUVMg__p7gOFZfqTfGDKH0I0M0MuwDvJu-HxhM6jZoetJhBQkoXA6nllm80iJ1qLWzCPUgB5HArlOebU-gUxSxFzEbTvfBjE9svBbjh_8ur0hgi3Do1d5dWxO96bht-I5o9rBQNEijQbuyfcXAXH_WA/s354/dialogue01.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="220" data-original-width="354" height="199" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiwOsrkOFu1R_46yTeHFJKIT2UhSrRxj1XX2rwiUVMg__p7gOFZfqTfGDKH0I0M0MuwDvJu-HxhM6jZoetJhBQkoXA6nllm80iJ1qLWzCPUgB5HArlOebU-gUxSxFzEbTvfBjE9svBbjh_8ur0hgi3Do1d5dWxO96bht-I5o9rBQNEijQbuyfcXAXH_WA/w320-h199/dialogue01.jpg" width="320" /></a></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>de l'Agonie du Christ. La Prieure, Mme de
Croissy, offre sa mort pour elle. Survient </i></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>la Révo-lution : le
Chevalier de La Force se rend au Carmel et tente en vain de
convaincre Blanche de partir avec lui afin d'être plus en sûreté.
À l'instigation de Mère Marie de l'Incarnation, les Carmélites
acceptent de prononcer le vœu du martyre : aussitôt après, Blanche
s'enfuit du couvent et se cache à Paris. Expulsées de leur couvent,
les Carmélites sont ensuite arrêtées et condamnées à mort.
Réfugiée à l'hôtel de La Force, Blanche, réduite à l'état de
servante, trouvera la force nécessaire pour rejoindre ses compagnes
au pied de l'échafaud, tandis que Mère Marie acceptera, au
contraire, pour aider Blanche – comme sœur Constance – à
surmonter sa peur, de renoncer au martyre</i>» (M. Estève.
<i>Bernanos, </i>Paris, Gallimard, Col. La Bibliothèque idéale,
1965, p. 185).</span></p></blockquote>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif">Bernanos
s'engagea dans la rédaction des <i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEggn5_4ERa424N2K11El7bDtT5sUQH8slTpKOERFhuiYS_e7Zf6h-jupTI1k3HSBTmgPorqG3kvCQl6bUlmOR9CrR81RMd5AG8L-G92CJ_nU7NVwfXWQsuhFdQC386UbTch3ZmNyOiVLmk0rbkAdv0hBpOqSdFHjlL_o0dtiB1cHFQYlYhnuKLJ8QBINg/s369/le_dialogue_des_carmelites01.jpg">Dialogues</a> </i>avec la fièvre de
l'œuvre </span><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEggn5_4ERa424N2K11El7bDtT5sUQH8slTpKOERFhuiYS_e7Zf6h-jupTI1k3HSBTmgPorqG3kvCQl6bUlmOR9CrR81RMd5AG8L-G92CJ_nU7NVwfXWQsuhFdQC386UbTch3ZmNyOiVLmk0rbkAdv0hBpOqSdFHjlL_o0dtiB1cHFQYlYhnuKLJ8QBINg/s369/le_dialogue_des_carmelites01.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="369" data-original-width="296" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEggn5_4ERa424N2K11El7bDtT5sUQH8slTpKOERFhuiYS_e7Zf6h-jupTI1k3HSBTmgPorqG3kvCQl6bUlmOR9CrR81RMd5AG8L-G92CJ_nU7NVwfXWQsuhFdQC386UbTch3ZmNyOiVLmk0rbkAdv0hBpOqSdFHjlL_o0dtiB1cHFQYlYhnuKLJ8QBINg/w321-h400/le_dialogue_des_carmelites01.jpg" width="321" /></a></span></span><span face="Segoe UI, sans-serif">testamentaire. «<i>Épuisé, l'écrivain s'investit dans
ses personnages au point de faire dire à sœur Constance, jeune
novice, évoquant la prieure du Carmel, mère Henriette de Jésus,
agonisante : "À cinquante-neuf ans, n'est-il pas grand temps de
mourir?</i>» (M. Estève. ibid. p. 228). À sa façon, la rédaction
des <i>Dialogues </i><span style="font-style: normal;">lui permettait,
à lui aussi, de renouveler son vœu de catholique intégral. Après
avoir défendu la tradition éthico-pédagogique à la suite de
l'épreuve de l'occupation, ayant prêché le pardon et
la réconciliation avec les Collaborateurs et les Allemands qui
avaient persécuté les siens, il renouait avec la tradition
mystico-ontologique en s'associant à l'agonie de ces religieuses. Après tout, ces religieuses ne venaient-elles pas de
Compiègne, le lieu de naissance de la sainte favorite de l'auteur,
Jeanne d'Arc? Tout cela ne faisait qu'un dans l'esprit de Bernanos.</span></span></p><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"></p><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif">La
charrette conduisant les Carmélites de Compiègne suivait de quelques
jours à peine celle qui avait mené Gobel à l'échafaud. Les religieuses
réfractaires rejoignaient ainsi l'évêque </span><span face="Segoe UI, sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiqwdfuls-NSPuXPDzbNqlQplaglxx149jL5bNPQGTae9I5kiwwlPoRrwAnCurU2zs5SvgpTCnvnc1G2JQwZo2jjoWvT9N-Nr6T4kLYUGK36BkNXL85zCTs0u7L4i0SiMkp3bFgMZN2DdMOD7apI_yGgkjxkIrQyTxXK7P9XfF3vbt-WHAdu2AHiRRIZg/s1280/875358_backdrop_scale_1280xauto.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="720" data-original-width="1280" height="225" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiqwdfuls-NSPuXPDzbNqlQplaglxx149jL5bNPQGTae9I5kiwwlPoRrwAnCurU2zs5SvgpTCnvnc1G2JQwZo2jjoWvT9N-Nr6T4kLYUGK36BkNXL85zCTs0u7L4i0SiMkp3bFgMZN2DdMOD7apI_yGgkjxkIrQyTxXK7P9XfF3vbt-WHAdu2AHiRRIZg/w400-h225/875358_backdrop_scale_1280xauto.jpg" width="400" /></a></span><span face="Segoe UI, sans-serif">apostat dans un même
destin tragique. L'évêque avait abjuré mais les reli-gieuses étaient
restées fidèles à leurs vœux au prix de la clandestinité. Puis l'évêque s'était rétracté, mais les
religieuses avaient renouvelé leurs <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjeM00KAVZ9K2jrdbK72wXtFjuX7ujevZ-IhYYhl6Cq1njjYpjCe86DGjft6SEwvcb93okPWt86uoLpjfKArqRDvl9D1AY1q7ZeIqHJe9BYgKmm3XiVUQMcWHAZjSpbiK7zNMiYc4t6srrY/h120/875358_backdrop_scale_1280xauto.jpg">vœux</a>. Les terribles conditions dans
lesquelles les catholiques français vécurent la Révolution nous
font apparaître nos actuelles promesses de politiciens et
d'idéologues sans consistances puisqu'il n'y a plus aucun enjeu vital autour d'engagements, généralement opportunistes. </span><span face="Segoe UI, sans-serif">Aussi, le
sacrifice de l'un et des autres nous apparaît aujourd'hui quelque
chose de franchement incompréhensible.</span></p><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"></p><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif">Aussi incompréhensible d'ailleurs, mais dans un autre sens, que l'intrigue du film de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhjYVTpMMqS4lhMMEd91JRxTKw4484L-FSTdpW4aGRIisWV-TgklaZU8PwjTbARQqpi56ffoyTmebqRZmuUemjIqlF7fx_ou7tyHncaClA_CiUvXChIoSS5BQ8PjbTit7z0dbJSXEf4Fg2G/h120/GettyImages-622342830.webp">Steven </a></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhjYVTpMMqS4lhMMEd91JRxTKw4484L-FSTdpW4aGRIisWV-TgklaZU8PwjTbARQqpi56ffoyTmebqRZmuUemjIqlF7fx_ou7tyHncaClA_CiUvXChIoSS5BQ8PjbTit7z0dbJSXEf4Fg2G/h120/GettyImages-622342830.webp"><span face="Segoe UI, sans-serif"></span></a><span face="Segoe UI, sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhSdHU24GWCia16hTXdGymeL-MTh7uI6j4ITQRJ5XgqHUL5HsCDmTKabIaSX4xn8DmRNAo0FEHchGr55oxVkCbMf7sjdsEm7Wv71SqlXSYECWrZH0h0E6ebp8Tkv7Id7WNaNeCN9Si9htr9yHRS3c0CECjqbhuHXAevuEr0fzGzjZsAWvV2Z1NLn4KX1w/s960/GettyImages-622342830.webp" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="640" data-original-width="960" height="266" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhSdHU24GWCia16hTXdGymeL-MTh7uI6j4ITQRJ5XgqHUL5HsCDmTKabIaSX4xn8DmRNAo0FEHchGr55oxVkCbMf7sjdsEm7Wv71SqlXSYECWrZH0h0E6ebp8Tkv7Id7WNaNeCN9Si9htr9yHRS3c0CECjqbhuHXAevuEr0fzGzjZsAWvV2Z1NLn4KX1w/w400-h266/GettyImages-622342830.webp" width="400" /></a></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhjYVTpMMqS4lhMMEd91JRxTKw4484L-FSTdpW4aGRIisWV-TgklaZU8PwjTbARQqpi56ffoyTmebqRZmuUemjIqlF7fx_ou7tyHncaClA_CiUvXChIoSS5BQ8PjbTit7z0dbJSXEf4Fg2G/h120/GettyImages-622342830.webp">Spielberg</a>, <i>Saving private Ryan</i> (<i>Il faut sauver le soldat Ryan</i>) (1998). Ce film, qui a décroché l'honneur de plusieurs Oscars et fut un succès au <i>box-office, </i>a même été inscrit en 2014 au </span><span face="Segoe UI, sans-serif">National Film Registry pour être conservé à la Bibliothèque du Congrès comme étant «<i>culturellement, historiquement et esthétiquement important</i>». Il faut dire que Spielberg, dans la veine des œuvres de Sam Peckinpah et de Brian de Palma, est un virtuose de l'<i>esthétique du sang</i>. Il en donne la preuve dès l'ouverture du film avec une terrible scène de violence guerrière située lors du débarquement à Omaha Beach, en Normandie, le 6 juin 1944 : «<i>Cette fois, la séquence de bataille qui démarre le film est d'une <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjokouU-fMl74BbJtVWOXRiAHUqnibRcj68Vyk4N8Nq2icoEVxbDUxXdX-rz2waDFx28mUZ8iegTUsYg7nr5s60PXm8QGf_9Tmuhf6_TbBnssBZ9r-fCSjs_N4zqcMqQz7Qwok-627mWQkj/h120/saving_private_ryan_il_faut_sauver_soldat_ryan_medecins-1.jpg">violence</a> et d'un acharnement </i></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj-sN10K56O3t_jpMF52_WT-wF0_rr6n9zbWHtX7zTXz0D0uRp0kmbcyfgGMsRiRqzMVwDUCwAVekFgBlkkSkuN3DKcfJMfaf83lOmbXS3nvqSeZp6WKgDx1_XSBj1BjVtmFS6ZAhjjAM5_otM_putYnx5hniz4qDByhVA2oUtAkNbKcY05JanbV20AyQ/s789/saving_private_ryan_il_faut_sauver_soldat_ryan_medecins-1.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="455" data-original-width="789" height="231" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj-sN10K56O3t_jpMF52_WT-wF0_rr6n9zbWHtX7zTXz0D0uRp0kmbcyfgGMsRiRqzMVwDUCwAVekFgBlkkSkuN3DKcfJMfaf83lOmbXS3nvqSeZp6WKgDx1_XSBj1BjVtmFS6ZAhjjAM5_otM_putYnx5hniz4qDByhVA2oUtAkNbKcY05JanbV20AyQ/w400-h231/saving_private_ryan_il_faut_sauver_soldat_ryan_medecins-1.jpg" width="400" /></a><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>absolus. Les barges améri-caines n'ont pas sitôt accosté sur les plages de Norman-die que les flots de jeunes soldats qu'elles y déversent sont irrémédiablement fauchés par des tirs incessants de mitrailleuses, les balles traversant leurs casques inutiles avec des "cling" insupportables. Des hommes sont réduits en bouillie. Des morceaux de corps giclent dans les airs et jonchent le sol. La mer se colore d'un rouge qui donne la nausée. La caméra elle-même titube et la pellicule vire au pourpre. Le "nouveau" Spielberg ne fait pas de prisonnier</i>» (S. J. Schneider. <i>1001 films à voir et revoir</i>, Montréal, HMH, 2004, p. 886).</span></p><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"></p><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif">Mais le <i>nouveau</i> Spielberg n'éclipse pas l'ancien pour autant, et très vite il retombe sur ses </span><span face="Segoe UI, sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj-wfgi0HQp1PtDlrYTILdiB_hYc3Q-bt7dsVInbOuF0Yw85Fyn5M3zdyZU8yX3AyyBc1ggaZsfJZHMwOazRGiuvVphg1WwI6c1j_xojBKcoEULWrzpRZUqDFYmAEg5YhNIkTXpwu-VYNRcYqZWoEsD4bxLhHmrPpcXQeot4XDw3gg6wTd8YSJy2Z8Xcw/s330/american-flag1.webp" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="184" data-original-width="330" height="223" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj-wfgi0HQp1PtDlrYTILdiB_hYc3Q-bt7dsVInbOuF0Yw85Fyn5M3zdyZU8yX3AyyBc1ggaZsfJZHMwOazRGiuvVphg1WwI6c1j_xojBKcoEULWrzpRZUqDFYmAEg5YhNIkTXpwu-VYNRcYqZWoEsD4bxLhHmrPpcXQeot4XDw3gg6wTd8YSJy2Z8Xcw/w400-h223/american-flag1.webp" width="400" /></a></span><span face="Segoe UI, sans-serif">deux béquilles, la sentimentalité romanesque et le mani-chéisme, travers dans lesquels un Peckinpah s'avisait de ne jamais sombrer! Au-delà de l'intérêt historique du débarquement de Normandie, c'est la corde sensible <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjsd9wjBq0eyg5cBUimHAGiwz74MgWjK0cajg3uitDtOCRy730xAbXGzikQg2QoRGahxy9VrWsWytEGjo_BGF5uB0UBqW0usE98el4JLc1F2z00GPZhpdWDoD4V07pnx2eRaMrYqxoFUi6_/h120/american-flag1.webp">patriotique</a> américaine qu'entend faire vibrer le réalisateur, et là n'est pas la moindre importance :</span></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif">«<i>L'intrigue de </i>Il faut sauver le soldat Ryan<i> se structure autour de la mission d'un <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgG7tdXukWk5cfiVlBm1zBmECDrpGAufGozdkGQgn7y-W9_cinwjv9EeX50Ct4vUJxq0PPj8meqikTCywR4FhXtfLZp_RwhhtszUnF-9ix9p5_m1v1R6HkxgT-Cb-FMw_OvXOSLmvzHyUqj/h120/161802.webp">commando</a> spécial de huit soldats d'élite envoyés en Normandie, en juin 1944, derrière les lignes allemandes, pour retrouver un soldat inconnu et le renvoyer chez </i></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiuh7HltDpNDpp-FcOEvcsY7-Gwx_Ax4voxtHRkHkuFeq5o8vU1gLG1XuV5fulKgFly2Ei4sEraYzZvR6dkZuWT1PDU5suaL6fWvIAFPM9_IX6NC8l6_z177LIjmgKNDsQ7RMpC-pFpjjaALzlOPVa3xyygmJ-sb0aIaQY3tJKLpRwwaYl1E1XMwJ1k6g/s540/161802.webp" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="540" data-original-width="405" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiuh7HltDpNDpp-FcOEvcsY7-Gwx_Ax4voxtHRkHkuFeq5o8vU1gLG1XuV5fulKgFly2Ei4sEraYzZvR6dkZuWT1PDU5suaL6fWvIAFPM9_IX6NC8l6_z177LIjmgKNDsQ7RMpC-pFpjjaALzlOPVa3xyygmJ-sb0aIaQY3tJKLpRwwaYl1E1XMwJ1k6g/w240-h320/161802.webp" width="240" /></a><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>lui. Le soldat Ryan n'a pas demandé à être relevé de ses fonctions. Il est prêt à risquer sa vie au front, estime de son devoir d'y rester. Mais l'ordre vient du général Marshall lui-même : l'institution s'est aperçue que la mère de Ryan venait de perdre sur le front, la même semaine, ses trois autres fils. Elle non plus n'a rien demandé, mais pour l'armée américaine, cela devient une question de principe : si l'on est en guerre contre le nazisme au service des valeurs humanistes, on ne prend pas à une mère tous ses fils pour la défense de la patrie. Il faut qu'il reste de la vie, une part de cette vie doit rester privée, intouchable : l'État démocratique ne peut ni l'exiger, ni l'accepter en sacrifice pour le bien de tous, sous peine de devenir un monstre»</i> (F. Leichter-Flack.<i> Le laboratoire des cas de conscience, </i>Paris, Flammarion, Col. Champs essais, 2023, p. 100).</span></p></blockquote><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif">Rassurons-nous d'abord : la Seconde Guerre mondiale ne compte pas parmi ses causes l'humanisme, et l'alliance avec la Russie soviétique montre que la démocratie, non plus, n'était pas un facteur déterminant. Le sentiment de frustration née de l'attaque surprise japonaise sur Pearl Harbor a été beaucoup plus décisive dans le choix de l'État américain de s'engager dans la guerre que des thèmes idéalistes. Aussi, tenant compte de ce fait, la suite du film est carrément improbable, ou du moins surréaliste.</span></p><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">Le scénario, écrit par Robert Rodat pour Steven Spielberg, en effet et c'est le moindre que l'on puisse dire, repose sur un ensemble de postulats peu probables. Ce n'est pas qu'il n'y <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhaOibJCMeo-B5pa6M3iyIswsHJy9O1Uwr6UgTgFh7lTguMf_dmlocFHD7FcSm65g33TpPQ6N7LXsgnErh6Qonr0l62RYdV_eLqLz6RGuxi6IaDsK_pEtO1m04BQ4SyZGpnu4ZzoFcZcmiQxvYHxEGdvZfhO4T3E3XcOXtdVwOQe-PpZFQW_C46roSlqw/s480/MjAxNDA2OWI3YzY4NDRiYjEzYmRlZWZkZWJlY2IzM2QyNzBiYjI.webp" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="270" data-original-width="480" height="225" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhaOibJCMeo-B5pa6M3iyIswsHJy9O1Uwr6UgTgFh7lTguMf_dmlocFHD7FcSm65g33TpPQ6N7LXsgnErh6Qonr0l62RYdV_eLqLz6RGuxi6IaDsK_pEtO1m04BQ4SyZGpnu4ZzoFcZcmiQxvYHxEGdvZfhO4T3E3XcOXtdVwOQe-PpZFQW_C46roSlqw/w400-h225/MjAxNDA2OWI3YzY4NDRiYjEzYmRlZWZkZWJlY2IzM2QyNzBiYjI.webp" width="400" /></a>ait pas eu de fratries décimées. De fait,
l’histoire vraie derrière le scénario du Soldat Ryan, c’est celle des
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiW5pGmjofu1SxKWKqEmKckL0ftOzM6Kb-TuEOlRn6rkBoPMorQBIj_2A3RxGsw72ksCdBSh_OgFoT_5pcxdZYrYL0RnQzdLYiYJOVt6QaUu6Tmw2t5Dzc0M14qmG-_lTa2I2HvfpATcFCA/h120/MjAxNDA2OWI3YzY4NDRiYjEzYmRlZWZkZWJlY2IzM2QyNzBiYjI.webp">frères Niland</a>. <span face="Segoe UI, sans-serif">Sur les quatre, deux survécurent au conflit, mais on pensa pendant un temps qu'un seul, Frederick Niland, avait survécu. Il fut alors retiré du front de Normandie, mais non à la suite de la rescousse d'un commando mais par une initiative administrative. De fait, l'autre frère survivant, détenu en Birmanie par les Japonais, ne devait être retourné aux siens qu'à la fin de la guerre.</span></p><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif">Informé de la mort des trois frères Ryan la même semaine par les télégrammes envoyés à la mère des disparus, le général George C. Marshall - le même que le célèbre Plan Marshall d'aide américaine à la reconstruction de l'Europe -, alors chef d'état-major de l'Armée américaine, décide de monter une <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg59xwkUmPxxDYpHtMvqY_384mDPwQwQtRSvFtdrhPjSsuBVC1dLixsFZq6ZsA1nQ7n4lDg5OIPdrkJBK0przL4M5a8Nu_tW2AlQireUixSYFyCR3j_OjnVepWVivfn-XW47BgX1x2cdprF/h120/il-faut-sauver-le-soldat-ryan-1.jpg">expédition de sauvetage</a> qui est confiée au </span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi2o0yHiYNdjbpe2bWgHr64fGVXjGLzV33K7gFYFb962lAIJyiIW74vc77mOu4WFcOEWr6QogzPATChYkDIZ4XSawfg_hQ1oQhED6bPLoneNyiesXPaBe3tQBUR82hQW-Pqg5U8tyU-mQDnV0d8TtjmduYf48srZtc1O7B90vIyBdg3ORwmzRvLzLgpqw/s660/il-faut-sauver-le-soldat-ryan-1.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="371" data-original-width="660" height="225" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi2o0yHiYNdjbpe2bWgHr64fGVXjGLzV33K7gFYFb962lAIJyiIW74vc77mOu4WFcOEWr6QogzPATChYkDIZ4XSawfg_hQ1oQhED6bPLoneNyiesXPaBe3tQBUR82hQW-Pqg5U8tyU-mQDnV0d8TtjmduYf48srZtc1O7B90vIyBdg3ORwmzRvLzLgpqw/w400-h225/il-faut-sauver-le-soldat-ryan-1.jpg" width="400" /></a><span face="Segoe UI, sans-serif">capitaine Miller. À la tête d'une escouade de sept hommes, il doit retrouver le dernier Ryan encore en vie, combattant quelque part dans le bocage de Cottentin, en plein milieu des combats pour la conquête de la Normandie. L'ordre est de le ramener sain et sauf en Amérique. Évidemment, le petit corps expéditionnaire se retrouve au milieu des échanges de tirs entre Allemands et Alliés. Plusieurs des soldats sont tués et le reste des hommes de Miller plongent dans une mélancolie amère et désillusionnée. Pour la première fois, ils se demandent si la vie du seul soldat Ryan vaut la peine de risquer la vie de huit officiers d'élite?</span></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif">«<i>La priorité absolue accordée au sauvetage de Ryan ne va pas de soi à l'épreuve du terrain; elle est constamment questionnée tout au long du film. Les adjoints du général Marshall se risquaient déjà à douter du bien-fondé d'une telle mission : on ne sait même pas si Ryan est encore vivant, faut-il vraiment risquer la vie de plusieurs hommes d'élite pour un gain si aléatoire? Ce sont surtout les hommes du commando missionné qui s'interrogent sur cette étrange allocation des ressources militaires, qui ordonne à huit hommes de risquer leur vie - et, bientôt, de la perdre - pour sauver celle d'un anonyme</i>» (F. Leichter-Flack. ibid. pp. 100-101).<br /></span></p></blockquote><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif">Véritable cas de casuistique comme Frédérique Leichter-Flack pose le dilemme, on voit mal la rationalité militaire derrière la mission ordonnée par Marshall : «<i>À l'objection présente depuis le début dans l'esprit des soldats du commando - la vie de Ryan ne vaut pas plus que celle </i></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi9c1j94UORj9s42lb-IL75WMyi6JlyNhTPu7WnhITW5jGxIY2IibOurLWPYje3wBr_sZheFhwrI1uDPxjtLnC-LcbneSsIGg_pL9zEE6e-TtM1o2Nlb1HRKMGHnUe-ENnXKY5KsZNz8LdulnX9yWOUV_4uXMFCOfPEgCOs8_i3x0h2QYnKbKRtwQuByw/s660/il-faut-sauver-le-soldat-ryan-3.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="370" data-original-width="660" height="224" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi9c1j94UORj9s42lb-IL75WMyi6JlyNhTPu7WnhITW5jGxIY2IibOurLWPYje3wBr_sZheFhwrI1uDPxjtLnC-LcbneSsIGg_pL9zEE6e-TtM1o2Nlb1HRKMGHnUe-ENnXKY5KsZNz8LdulnX9yWOUV_4uXMFCOfPEgCOs8_i3x0h2QYnKbKRtwQuByw/w400-h224/il-faut-sauver-le-soldat-ryan-3.jpg" width="400" /></a></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>de ses camara-des, il n'a rien fait pour mériter d'être ainsi privilégié - s'ajoute celle qui surgit quand <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgsCs4Wm3DkShg_RHmfHnkkZ0IPc_XHV9l_LuQXwuod6EAjiYv-nyq5JEIL6LxB14oTaFmeuC8R7eAyvYsW8pGsz91dHFcQtlOetRmXbfZReonNQfykelpUWPT9VdB8KOiB2S5_kKVAOlvQ/h120/il-faut-sauver-le-soldat-ryan-3.jpg">Ryan</a> lui-même, enfin localisé, refuse d'abandonner son poste : pourquoi l'obliger à se sauver malgré lui? Il suffit en réalité au chef du commando d'exprimer ces deux objections à haute voix pour sentir combien elles sont inadéquates. Préserver la vie, l'émotion humaine, le sens d'un combat "pour la vie", cela n'a, en réalité, plus grand-chose à voir avec la personne de Ryan. L'enjeu le dépasse largement. Tout cela n'a, assurément, rien à voir avec son mérite propre</i>» (</span><span face="Segoe UI, sans-serif">F. Leichter-Flack. ibid. p. 101). Alors, avec quoi tout cela rime-t-il? </span></p><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif">L'opiniâtreté du<i> private Ryan</i> finit par débaucher les officiers de la mission qui se joignent à lui pour l'aider à défendre le pont contre un coup de force ennemi. Comme dans les meilleurs westerns du genre, la cavalerie arrive à temps pour sauver Ryan, bien que les officiers d'élite soient morts au combat, y compris Miller, le chef de la mission. La mort </span><span face="Segoe UI, sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjI1hTefkVXfrzT2UKuLD1cZWrf2lHkXOq3IXGH9E44wVLlKxgVc8YCp39RQK3NzcZmolbqQnPr_WuuQjzBlk6EVibzHcxRWHEJ83sKY6xGQt-hfTyV07R9bMixhRxQADuZqfHB1uyFa0cxRnEKWQWbmFC4zfZaR88hf0Uiy2rjq4j98T4VQworcVLhpw/s915/ob_d1d1dc_earn-it.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="490" data-original-width="915" height="214" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjI1hTefkVXfrzT2UKuLD1cZWrf2lHkXOq3IXGH9E44wVLlKxgVc8YCp39RQK3NzcZmolbqQnPr_WuuQjzBlk6EVibzHcxRWHEJ83sKY6xGQt-hfTyV07R9bMixhRxQADuZqfHB1uyFa0cxRnEKWQWbmFC4zfZaR88hf0Uiy2rjq4j98T4VQworcVLhpw/w400-h214/ob_d1d1dc_earn-it.jpg" width="400" /></a></span><span face="Segoe UI, sans-serif">de Miller est d'ailleurs filmée comme l'une de ces scènes de Greuze, au XVIIIe siècle, où le père mourant justifie la mission au dernier Ryan : «<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEghe8cyXmm6tYbx8K_NcZXiXwlO-7M-LxlMP5hRPQtePNW-ZwFjU6ojSu87SDvsSgePmPj7ki-vD4eo5bGNZCWtOYfz2mlvK1J8FeWuDx8-qFEuKa8NhyHndkxhto9l8TmdfGzhLGCFxydt/h120/ob_d1d1dc_earn-it.jpg"><i>James... mérite-ça. Mérite-le</i></a>» : «<i>Le conscrit de Spielberg aussi devra comprendre, et admettre, qu'il doit être sauvé, non pour lui-même, mais pour ce qu'il représente</i>» (</span><span face="Segoe UI, sans-serif">F. Leichter-Flack. ibid. p. 102). Les années passent. Revenu au cimetière de Colleville-sur-Mer, James Ryan demande alors à sa femme s'il a été digne d'un tel sacrifice, s'il a été «<i>un homme bien</i>». Elle lui répond - et que pouvait-elle répondre d'autres devant ce vieillard avec qui elle avait passé toute sa vie? - qu'il l'est. Ryan salue ensuite la tombe de Miller. La dernière séquence - reprenant la première - montre le drapeau américain flottant fièrement dans le ciel.</span></p><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"></p><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif">Ces clichés, monnaies courantes dans l'histoire du cinéma américain, expliquent le succès phénoménal du film de Spielberg qui ne mérite pas, lui, les hommages reçus. Wikipédia a </span><span face="Segoe UI, sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiSh5MxqjM8xYGVDQGcEv0A7zWq5RkL4Ok4JNeOd4GEjciPb5iSH6sSVfyTLcS5yTODslD0ApZizwoHgHjAjBeX3-9niipTgZGk3xVOb_3FVwr_6tJNtOJynfZI762WE600qjZQ_rmmxQDN9B7V3BiMWi0-I-_fkZqHodQwTfW5QcWbgN45vTxIgQ59Iw/s916/ob_3c6674_aoutch.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="448" data-original-width="916" height="196" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiSh5MxqjM8xYGVDQGcEv0A7zWq5RkL4Ok4JNeOd4GEjciPb5iSH6sSVfyTLcS5yTODslD0ApZizwoHgHjAjBeX3-9niipTgZGk3xVOb_3FVwr_6tJNtOJynfZI762WE600qjZQ_rmmxQDN9B7V3BiMWi0-I-_fkZqHodQwTfW5QcWbgN45vTxIgQ59Iw/w400-h196/ob_3c6674_aoutch.jpg" width="400" /></a></span><span face="Segoe UI, sans-serif">recensé tous les anachronismes, toutes les erreurs militaires et histo-riques du film - faut-il que tout le budget de reconsti-tution historique ait été dévoré par celui des effets spéciaux <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjXGJyvjG6bhnP6E0eQ5dYT1j-yclryF2HWLu_E0aNwTdC0Pcmdt7k7A2loxfrAIijFW9PsA_STmjjVqzuHd-lcLZ3h-yBJrhVU-oC0KAQ33dOX75cnLwXdhqU2fEHF80sINQi_LrQ5f1yS/h120/ob_3c6674_aoutch.jpg">sanglants</a> du carnage du début du film? Bref, tout le contraire d'un film de guerre de Peckinpah, <i>Cross of Iron </i>(1977), remarquable par l'authenticité du matériel de guerre utilisé et les toutes aussi violentes scènes de combats.<i> C</i>e n'est donc pas pour son respect de la vérité historique que le Congrès s'est engagé à protéger le film! Nonobstant, bien qu'on puisse apprécier la réalisation vigoureuse et le jeu des acteurs, l'essentiel n'est pas là. </span></p><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif">Ce film raconte la nécessité de rester fidèle à son vœu. Le Père de la nation, ici le général Marshall, fait le vœu national de sauver le fils survivant de la Mère. Comme le dit Leichter-Flack, il n'est pas nécessaire que tous les fils meurent à la guerre. Ce vœu n'est pas </span><span face="Segoe UI, sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjADrR1lt9CoTz--t0VClxZ-KUB4idJ3m7Evpbozzc3aK_oqKiSu4t7DBP0SICApqqHAWvpl4TqlmjBhN2c4tdteSY86lP0hyCwbn4x2y1A5-p0Dlt-DXUWchucvl8dO0bxG5ZY4YVuCQY7SL_ranxQ8o5KOZJk-Pw7YES_PhbsSJtIYgPRKtiTp39-aw/s500/guerre_golfe.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="373" data-original-width="500" height="299" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjADrR1lt9CoTz--t0VClxZ-KUB4idJ3m7Evpbozzc3aK_oqKiSu4t7DBP0SICApqqHAWvpl4TqlmjBhN2c4tdteSY86lP0hyCwbn4x2y1A5-p0Dlt-DXUWchucvl8dO0bxG5ZY4YVuCQY7SL_ranxQ8o5KOZJk-Pw7YES_PhbsSJtIYgPRKtiTp39-aw/w400-h299/guerre_golfe.jpg" width="400" /></a></span><span face="Segoe UI, sans-serif">contraire au patrio-tisme qui impose une logique militaire ration-nelle et impec-cable. Il s'inscrit d'ailleurs dans le patriotis-me de la fratrie Ryan, éduquée par la Mère. Les fils sont morts au combat, faisant honneur à l'Amérique. L'Amérique se doit de sauver le dernier fils Ryan, car il est l'espérance que le patriotisme ne s'éteindra jamais. Il est la graine de semence capable d'assurer la pérennité du patriotisme américain. Depuis la première <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjet5fr9BajqCO1et4uENu4LhnpEV8-5nAcqYB2eLsWAe9YcIC8esKItxHU0-xbmkJraosl5u8WUxpJSd2jJAShT0dWPiKevfz-GeYJ68IxIS_0Ioro0CsE-CP7hIE0VE71OZcTlzvEBTd1/h120/guerre_golfe.jpg">guerre du Golfe</a> au début des années 1990, celui-ci montrait des signes de lassitude. C'est alors que Spielberg tourna le film. Mais malgré le succès du film, il faudra les attaques du 11 septembre 2001 pour le réveiller. </span></p><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"></p><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif">Pour peu, nous serions dans l'une de ces légendes celtiques [le film, en partie tournée en Irlande, présente un américain au nom de consonance irlandaise], arthuriennes ou médiévales où le roi-suzerain se doit à ses chevaliers et vassaux, tous engagés par un </span><span face="Segoe UI, sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgExLRybQ7dpvbTPIYTkSWRHw_KgmchYqHTTfc7oBPPTlKJHZtXYGS7GJ2GEOMYhPhFlR62-AamZuBqWpo8SYAYGuM4wyc_lZEDoJptF2o0PWTHVnYnxr2hybIJaZ7DhfYVhfw-NmEFBF9YAnJFBj69-h8SAgesJkLuWyw5iFxLCpr50woCf2rw1De6pw/s600/qui_sont_les_chevaliers_de_la_table_ronde_13612_600.webp" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="322" data-original-width="600" height="215" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgExLRybQ7dpvbTPIYTkSWRHw_KgmchYqHTTfc7oBPPTlKJHZtXYGS7GJ2GEOMYhPhFlR62-AamZuBqWpo8SYAYGuM4wyc_lZEDoJptF2o0PWTHVnYnxr2hybIJaZ7DhfYVhfw-NmEFBF9YAnJFBj69-h8SAgesJkLuWyw5iFxLCpr50woCf2rw1De6pw/w400-h215/qui_sont_les_chevaliers_de_la_table_ronde_13612_600.webp" width="400" /></a></span><span face="Segoe UI, sans-serif">serment, l'adoubement (la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiKV317iL6YCE5lrdP_E0Yddxs_G0oMT71o3M1X1ZN5pcJD_paCuALM4UwUVAYkKPRQqicIEIcEQvYlWDAd_f4sOabQduPgdOp9zrHLyoQYNhMkeTUWZOdTRWYbdcccxtlG2s9LTNyy7P-S/h120/qui_sont_les_chevaliers_de_la_table_ronde_13612_600.webp">Table Ronde</a> autour du roi Arthur). La rhéto-rique de l'huma-nisme et de la démocratie ne fait que masquer ces préoccupations mystiques qui appartiennent à un autre âge. Les dragons ne sont plus des dragons mais des tanks, des bombardiers, des obus... L'emprise du Mal s'appelle Hitler et il règne sur le monde comme le Ty-rex des <i>Parcs Jurassiques</i>. La notion de mérite n'est-elle pas, elle-même, d'origine médiévale? Dieu est miséricordieux pour ses enfants, l'État américain ne peut faire moins. Par le cinéma, Spielberg fait renaître la forme mystico-ontologique qui défie la réalité historique.<br /></span></p><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif">Et la honte de tourmenter, <i>a posteriori,</i> James Francis Ryan lui demande des comptes sur son mérite; s'il est à la hauteur de Miller (substitut du Père) et de l'attente de sa mère (substitut de l'Amérique). Bref, en lui sauvant la vie, Miller et ses hommes la lui ont retirée : </span></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif">«<i>Et il n'est pas si facile à Ryan d'admettre que sa vie ne lui appartient plus, qu'il n'est plus libre d'en disposer selon ses engagements, qu'il est désormais tenu de la </i></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi47bnc3UOeThlfJhQ4xISYKAl-ArojDk4s5lmGgbAKJ-RucgndmT_Jk4vdarvmMQ8fumQS0teyDaQsKZOP9DRUYO99L3fkTe9WIU_DvBZilQo5GXty_7kYue2EW8T30fWTh5vu_eS_z_Rj861cgYZj8XSRNPcMF2rvkV3gbiojK7SjRAPlu9kbjSBHMA/s300/saving-private-ryan-opening-sequence-aged-ryan.webp" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="225" data-original-width="300" height="225" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi47bnc3UOeThlfJhQ4xISYKAl-ArojDk4s5lmGgbAKJ-RucgndmT_Jk4vdarvmMQ8fumQS0teyDaQsKZOP9DRUYO99L3fkTe9WIU_DvBZilQo5GXty_7kYue2EW8T30fWTh5vu_eS_z_Rj861cgYZj8XSRNPcMF2rvkV3gbiojK7SjRAPlu9kbjSBHMA/s1600/saving-private-ryan-opening-sequence-aged-ryan.webp" width="300" /></a><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>préserver. La <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh2b4Sx1tHQoHsXiMgnRBAOrAbiBixI8UjHz8Gztx_uUkqsGRoz85Ms83yZeSdz4fPkF2tfrqoiIsdBqRM0S95GBeZNajfarr53zo_SDsYS0YHgUxLQMh0Q2Sa4VsiEHoUvpYenETAckRNb/h120/saving-private-ryan-opening-sequence-aged-ryan.webp">honte</a>, aussi, l'assaille. Car pour l'obliger à accepter de quitter le front, on lui a expliqué, durement, que d'autres soldats sont morts pour lui, qu'il ne peut plus refuser de partir : leur mort perdrait tout son sens. Le voilà pris au piège : la vie dont on lui offre le privilège, et dont huit morts ont été le prix, il faudra qu'il en fasse bon usage, qu'il prouve rétrospectivement qu'il la méritait</i>» (</span><span face="Segoe UI, sans-serif">F. Leichter-Flack. ibid. p. 102).</span> <br /></p></blockquote><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif">Et c'est par ce revers honteux que le vœu du Général Marshall se transforme en dette insolvable pour Ryan. La méritocratie, qui n'a jamais été une qualité de Ryan autrement qu'en tant que combattant patriote, devient une médiocratie dans le système des relations sociales qui vivent davantage de symboles que de réalités : </span></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif">«<i>"Earn this" lui souffle, en mourant, le dernier homme du commando venu le sauver. Avec cette responsabilité qui pèse sur les épaules de Ryan..., la question du <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEidAiM9bIeUwwEUoZNHONzWcoGCwZ35fNLLY7twTXaG9H6WcubX6fGQQzW9sMkEpy5GA595FaNBhjmtE6xJzvv1L2Y73ek0YPGYDqcGiBW3E4z0971Usj7hWqVk3ZMaIq5x-Z80VfF3WC6y/h120/Legionnaire_of_the_Legion_of_Merit.jpg">mérite</a>, pourtant écartée, se réinvite dans le jeu. Méritez cette vie! Faites quelque chose de votre vie, prouvez que l'on a bien fait de vous sauver, confortez-nous dans notre parti de vous préférer, vous, vivant, à n'importe quel autre : avec la dette vient la reconnaissance de dette, que toute une vie ultérieure tentera de rembourser sans jamais y parvenir vraiment, car comment calculer le solde? L'exemplarité - celle on se satisfera comme preuve que l'on a fait le bon choix - revient par la petite porte, elle qui n'avait jamais été sollicitée dans la délibération sur la valeur d'une vie, mais dont on comprend, après coup, que l'on ne peut pas tout à fait s'en passer. Car là encore, il y a un risque d'image - celui de voir l'injustice polluer le marché éthique</i>» (</span><span face="Segoe UI, sans-serif">F. Leichter-Flack. ibid. pp. 102-103).</span></p></blockquote><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif">Le mérite dissimule alors non plus le patriotisme - il passe en second, comme implicite -, mais le bon vieil <i>utilitarisme </i>capitaliste. À défaut de l'avoir sauvé de la mort sur le champ </span><span face="Segoe UI, sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi_hAeBIBoLsdr5UR8KuHvooaKE09J-lbz8L9b-jWbJ6nhKuB28LWTcSFuMyhTR0j6WNYZ0NLEI61RNTxkNP4_TT6Ddng3HpFhZZgytxxHO59alj6s7fXOnvvQKJgkGZMbiJ4qDhGf3wNd4LBZQxpksjncvOb2COILCL9ys8LrzfjhRwa7ik28Vc6brtg/s1280/il-faut-sauver-le-soldat-ryan-offshore-festival.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="720" data-original-width="1280" height="225" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi_hAeBIBoLsdr5UR8KuHvooaKE09J-lbz8L9b-jWbJ6nhKuB28LWTcSFuMyhTR0j6WNYZ0NLEI61RNTxkNP4_TT6Ddng3HpFhZZgytxxHO59alj6s7fXOnvvQKJgkGZMbiJ4qDhGf3wNd4LBZQxpksjncvOb2COILCL9ys8LrzfjhRwa7ik28Vc6brtg/w400-h225/il-faut-sauver-le-soldat-ryan-offshore-festival.jpg" width="400" /></a></span><span face="Segoe UI, sans-serif">de bataille, Ryan doit désormais se montrer bon pro-ducteur et excellent consom-mateur s'il veut mériter des honneurs du sacrifice de ses <i>pals</i> : «<i>Tu ne mérites pas d'être sauvé au détriment des autres, mais puisque tu l'es, mérite-le! Le message adressé à Ryan par les camarades qui meurent pour lui repose sur ce paradoxe</i>» (</span><span face="Segoe UI, sans-serif">F. Leichter-Flack. ibid. p. 103). On comprend ici les raisons inconscientes qui motivaient Ryan à ne pas quitter son poste en Normandie. Là il était toujours maître de son destin. Il <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgFxJ3ExFXtUCqRAqnB1wK0ek36po-HeKjOckVw4eWW8Z9H_MMBDLejMkhmzkkYlcPrHIce-Nfdjx0hNAwemTklTOXVnzzEGP6AjxkIslTLznXEQQ0Wkwaftji-U8p8_JbW1fcJbuaqavev/h120/il-faut-sauver-le-soldat-ryan-offshore-festival.jpg">accomplissait son vœu</a> personenel, de la même façon que ses frères. Là, il n'était pas moins patriote qu'eux ou Miller. Maintenant, il était l'obligé de l'État américain et des considérations morales et sociales de sa famille, de ses amis et de son milieu, considérations qui l'enchaîneront et le poursuivront jusqu'à la cérémonie du Souvenir qui inaugure et clôt le film. Chacun savait le prix qu'il avait coûté sur le champ de bataille, et il devait se montrer à la hauteur de cette dette contractée par le vœu d'un général émotionné. Méfions-nous donc lorsque l'État fait des vœux en notre nom. Ou bien, il ne tiendra pas ses promesses, ou bien il vous en fera porter le fardeau.<br /></span></p><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"></p><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif">Le mauvais tour que Spielberg fait jouer au vœu de l'un en le transformant en dette de </span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjYn5F5Bx-PcCSbHuQpuThUIsoszV0nGwzUq98zJmjFPE7LuiuYD_UJuj0zMwUvrQ-Oueh8cA6rimUUEn6zgbah2Xuj20P9O9F0CpKkGLAoPOnVzM6AovngdmmRoSCzDGPlOfLTAHUBPAcLO2p3yokHNtmOY8kD_hEisF76HyYkn6p3lWRkZ0l2ycYMpQ/s392/Legionnaire_of_the_Legion_of_Merit.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="392" data-original-width="280" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjYn5F5Bx-PcCSbHuQpuThUIsoszV0nGwzUq98zJmjFPE7LuiuYD_UJuj0zMwUvrQ-Oueh8cA6rimUUEn6zgbah2Xuj20P9O9F0CpKkGLAoPOnVzM6AovngdmmRoSCzDGPlOfLTAHUBPAcLO2p3yokHNtmOY8kD_hEisF76HyYkn6p3lWRkZ0l2ycYMpQ/w286-h400/Legionnaire_of_the_Legion_of_Merit.jpg" width="286" /></a><span face="Segoe UI, sans-serif">l'autre (l'<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjYn5F5Bx-PcCSbHuQpuThUIsoszV0nGwzUq98zJmjFPE7LuiuYD_UJuj0zMwUvrQ-Oueh8cA6rimUUEn6zgbah2Xuj20P9O9F0CpKkGLAoPOnVzM6AovngdmmRoSCzDGPlOfLTAHUBPAcLO2p3yokHNtmOY8kD_hEisF76HyYkn6p3lWRkZ0l2ycYMpQ/s392/Legionnaire_of_the_Legion_of_Merit.jpg">Ordre du mérite</a>) est une perversion de l'idéal chevaleresque médiéval mais aussi de la forme mystico-ontologique. Peut-être devrions-nous plutôt le reprocher à cette culture de donjon/dragon qui passionne la jeunesse occidentale? Les vœux rompus appellent à la miséricorde du Dieu sauveur. En acceptant de rompre son vœu de combattant pour complaire - pour sauver? - au vœu du général Marshall et ne pas le rompre de force, le <i>private Ryan</i> n'ira pas plus loin au Paradis que la sphère lunaire où se retrouvent Piccarda, Clémence de Hauteville, Gobel et les Carmélites de Compiègne. Ce qui est déjà beau, reconnaissons-le. Pour rester dans cet héritage mal avoué qui baigne le film de Spielberg, il ne reste que ce poème gaélique de Lady Gregory (traduction de Marion Peter) récité lors de la veillée du réveillon du film posthume de John Huston, <i>The Dead</i> (1987) : «<i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg8Lfw83q70RG4tWjYb8N2EQoCaI6Ea82JXBktKGtYETrVoyB5nfxHMsSddO-pMfzVKdg-vKK9Di-g4UirRAHlw7B7u9SeCANvd7ibh1wypR62zcMcsqaVIq1WlySLDWfXZjoUkKgBfXxWP/h120/critique-gens-de-dublin-huston3.jpg">Vœux rompus</a></i>» : </span></p><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgrYIE1YA5HBdY6ks7neNtb2ZhH60fmrufwrM_TsTzbfBfpQtds_5Lw3HWbFxiVcT7YoRH6BptpgGZlTTjXKx_TCdXrNJqS4NqXxKv0OJOVWaSBGVCRGhu3qDWOE-Qj2LQElpM2opQHpqMCVzXmpOfqSdOvpZtMbh9k8YfTLCFj56wysPjp4CJaKNBJWQ/s368/critique-gens-de-dublin-huston3.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="200" data-original-width="368" height="217" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgrYIE1YA5HBdY6ks7neNtb2ZhH60fmrufwrM_TsTzbfBfpQtds_5Lw3HWbFxiVcT7YoRH6BptpgGZlTTjXKx_TCdXrNJqS4NqXxKv0OJOVWaSBGVCRGhu3qDWOE-Qj2LQElpM2opQHpqMCVzXmpOfqSdOvpZtMbh9k8YfTLCFj56wysPjp4CJaKNBJWQ/w400-h217/critique-gens-de-dublin-huston3.jpg" width="400" /></a></div><p></p><blockquote><div style="margin-bottom: 0cm; text-align: left;"><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-weight: normal;"><i>«Tard hier soir,</i></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: left;"><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-weight: normal;"><i>Le
chien parlait de toi.</i></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: left;"><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-weight: normal;"><i>La
bécasse parlait de toi au cœur du marais.</i></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: left;"><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-weight: normal;"><i>Car
tu es l’oiseau solitaire à travers bois.</i></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: left;"><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-weight: normal;"><i>Et
puisses tu demeurer sans compagnon...</i></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: left;"><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-weight: normal;"><i>Jusqu’à
ce que tu m’aies trouvé.</i></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: left;"><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-weight: normal;"><i>Tu
m’as promis,</i></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: left;"><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>Et
tu m’as menti.</i></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: left;"><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>Tu
as dit que tu m’apparaîtrais, quand s’assemblerait le troupeau
de moutons. J’ai sifflé, j’ai crié trois cent fois vers toi.</i></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: left;"><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>Et
je n’ai rien trouvé... Qu’un agneau bêlant.</i></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: left;"><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>Tu
m’as promis une chose qui était difficile à trouver.</i></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: left;"><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>Une
nef d’or sous un mât d’argent.</i></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: left;"><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>Douze
villes, avec chacune un marché.</i></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: left;"><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>Et
un beau palais blanc sur le rivage de la mer.</i></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: left;"><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>Tu
m’as promis une chose qui n’était pas possible.</i></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: left;"><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>Que
tu me donnerais des gants faits de la peau d’un poisson.</i></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: left;"><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>Que
tu me donnerais des souliers de peau d’oiseaux.</i></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: left;"><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>Et
un habit de la plus coûteuse soie d’Irlande.</i></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: left;"><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>Ma
mère m’a dit de ne pas te parler.</i></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: left;"><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>Aujourd’hui,
ni demain, ni dimanche.</i></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: left;"><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>Elle
a mal choisi son moment pour me le dire.</i></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: left;"><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>C’était
fermer sa porte, après le cambriolage.</i></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: left;"><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>Tu
m’as pris l’Est.</i></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: left;"><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>Tu
m’as pris l’Ouest.</i></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: left;"><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>Tu
m’as pris ce qui était devant moi, et ce qui était derrière moi.</i></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: left;"><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>Tu
m’as pris la lune.</i></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: left;"><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>Tu
m’as pris le soleil.</i></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: left;"><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>Et
j’ai grand'peur, que tu ne m’aies pris DIEU!»</i></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;"></span></span><span style="font-size: medium;">⏳</span></div>
<p style="margin-bottom: 0cm;"></p></blockquote><p style="margin-bottom: 0cm;"><br /></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"></p><div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: right;"><span face="Segoe UI, sans-serif">Jean-Paul
Coupal</span></div><div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: right;"><span face="Segoe UI, sans-serif">Sherbrooke</span></div><div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: right;"><span face="Segoe UI, sans-serif">11 mai 2023 <br /></span></div><br /></div>Coupalhttp://www.blogger.com/profile/14839226309394850656noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8942859135376014620.post-24040661515816484042023-05-03T21:57:00.017-04:002023-05-03T22:17:30.053-04:00Les enfants du Paradis<p></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEilnl5m7Q_xBm12sDb1J4OKgbr_1uO7VoGpr3578eqlRAb25TfHGKC1AaskU70h55O3k7b_ds5r7fTBPbJFQ35glw2eLwwAMZsCGl1R6u7Sy0WeME-fxAr5BRqxxhFK0DBfiu51a6IqTELwC5zki1rIWlrK0Lg-GDW7mfJBmgznmsuIz7-4uqOfBx1_tw/s666/massacre-saints-innocents.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="666" data-original-width="665" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEilnl5m7Q_xBm12sDb1J4OKgbr_1uO7VoGpr3578eqlRAb25TfHGKC1AaskU70h55O3k7b_ds5r7fTBPbJFQ35glw2eLwwAMZsCGl1R6u7Sy0WeME-fxAr5BRqxxhFK0DBfiu51a6IqTELwC5zki1rIWlrK0Lg-GDW7mfJBmgznmsuIz7-4uqOfBx1_tw/w400-h400/massacre-saints-innocents.jpg" width="400" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: Arial; font-size: x-small;">Matteo di Giovanni di Bartolo. <i>Le massacre des Innocents, </i>XVe siècle.</span><br /></td></tr></tbody></table><p></p><p align="CENTER" lang="fr-CA" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;"><b>LES ENFANTS DU PARADIS</b></p><p lang="fr-CA" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">Tout au long des millénaires, les peuples se sont montrés bien peu amènes envers leur<b> </b>progéniture. Il y a plus d'un demi-siècle, Philippe Ariès nous a révélé que ce ne fut que lors de la transition du XVIIe au XVIIIe siècle qu'une certaine sensibilité à l'enfant (et à l'enfance) <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjIUV_XU-fKTHellFFzgfMLW1KIQuVsKmlAgcvrP9pman3xLAmk4ovlmiJhi2mAP1JwMeWu-v8j_6DVRgGJOp2kFOS1c1909DqAsyFMQY9ySPM5R6OyZR3o8MZJp0XbeL9250NI2chP6YgWro0Y6hfWexph9Vv7cUz-ZRuiyAjYC_UeuTMCJRb5gN62sg/s525/vt-vierge-mage-11.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="525" data-original-width="456" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjIUV_XU-fKTHellFFzgfMLW1KIQuVsKmlAgcvrP9pman3xLAmk4ovlmiJhi2mAP1JwMeWu-v8j_6DVRgGJOp2kFOS1c1909DqAsyFMQY9ySPM5R6OyZR3o8MZJp0XbeL9250NI2chP6YgWro0Y6hfWexph9Vv7cUz-ZRuiyAjYC_UeuTMCJRb5gN62sg/s320/vt-vierge-mage-11.jpg" width="278" /></a>commença à préoccuper les consciences occidentales. On le note à travers les documents notariés aussi bien qu'à travers les œuvres d'art et les projets pédagogiques. Ces derniers d'ailleurs tiennent peu compte du bonheur de l'enfant. Non que les parents des siècles antérieurs aient été indifférents, mais le sentiment tragique de la vie, la dureté exigée par les travaux quotidiens et le poids des exploitations de diverses natures ne prédisposaient pas à laisser rêver les enfants sur un avenir meilleur. Il en était ainsi de la figure de la Vierge Marie et de l'enfant Jésus dans la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiiz2k1XhF2CEQYiOu5QF1OOfnQjfzCeGQDiNzqQ4t4itOFrC3ZqN7ih0Z8X5MuKCTIX7ru4iav96uU22Ux8xrFh2DMZyObII6AD91W2_sfriJOePpbkCOxBLV_85IgzxPpwR8Yzic-GgBK/h120/vt-vierge-mage-11.jpg">statuaire romane</a>, exhibant une Vierge au visage froid et austère tenant un enfant Jésus qui sait déjà ordonner au monde sa volonté. Ce ne fut qu'à la Renaissance qu'on commence à dénoter une sensibilité parentale qui rapproche Joseph et Marie de l'enfant dans la crèche.</p><p lang="fr-CA" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"></p><div lang="fr-CA" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">Prenons justement cette représentation de l'enfant Jésus. On a tant vu de Vierge Marie sourire béatement à Jésus qu'on a l'impression que cette représentation est sortie tout <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiODkBvNSGAnTtQxCtpPC5mgvOBLj7EP5iDNEA7E0Cehne-iCfQ-gQO8pnbqPVp6iM8urTJCD80tgpttFDBghBi0SasVLCVxYr_enW8hWBtz9aahePmVYxtYHTv71Ck5vUrO4XFUsE-iAzs0eK7a6lVoU3HhuD3WZOoi-3l1bJAFTLHWMYxsZ03UPwtlg/s406/Guido_Reni_-_Massacre_of_the_Innocents.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="406" data-original-width="260" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiODkBvNSGAnTtQxCtpPC5mgvOBLj7EP5iDNEA7E0Cehne-iCfQ-gQO8pnbqPVp6iM8urTJCD80tgpttFDBghBi0SasVLCVxYr_enW8hWBtz9aahePmVYxtYHTv71Ck5vUrO4XFUsE-iAzs0eK7a6lVoU3HhuD3WZOoi-3l1bJAFTLHWMYxsZ03UPwtlg/w256-h400/Guido_Reni_-_Massacre_of_the_Innocents.jpg" width="256" /></a>droit des Évangiles. Nous avons bien en tête les différentes reproductions de la nativité, Jésus dans la crèche, prié par Marie et Joseph et chauffé par l'âne et le bœuf. L'enfant Jésus est privilégié par rapport aux autres enfants parce qu'il a été conçu sans que n'ait été déchirée l'hymen de sa mère. Il a donc échappé au sexe qui est la grande obsession des peuples anciens qui y voient les sources de la corruption de l'âme. Le récit de la nativité le rappelle. Aussitôt révélée la naissance de Jésus par ces trois bavards qu'étaient les rois mages auprès du roi <a href="https://www.blogger.com/#">Hérode</a>, «<i>farouche tyran que servile vassal de la puissance romaine</i>» (A.-M. Gerard. <i>Dictionnaire de la Bible, </i>Paris, Robert Laffont, Col. Bouquins, 1989, p. 515) : «<i>Alors Hérode voyant qu'il avait été joué par les mages, fut pris d'une violente fureur et envoya tuer, dans Bethléem et tout son territoire, tous les enfants de moins de deux ans, d'après la date qu'il s'était fait préciser par les mages. Alors s'accomplit l'oracle du prophète Jérémie :</i></div><div lang="fr-CA" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: center;"><i>Dans Roma s'est fait entendre une voix,</i></div><div lang="fr-CA" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: center;"><i>qui sanglote et moult se lamente :</i></div><div lang="fr-CA" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: center;"><i>c'est Rachel pleurant ses enfants;</i></div><div lang="fr-CA" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: center;"><i>et ne veut pas qu'on la console</i></div><div lang="fr-CA" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: center;"><i>car ils ne sont plus</i>» (Matt. 2 16-18)<span style="color: black;"><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-size: small;"> </span></span></span><br /></div><p lang="fr-CA" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">Bien entendu, le fait que Jésus fût Dieu - le <i>Christos</i>, le Messie - l'épargne du sort qui affecte les autres enfants. Jésus échappera au carnage car Joseph, saisi par un songe, éloignera Marie et l'enfant de la Judée pour le porter en Égypte pendant que les sicaires de Hérode parcourent le pays. Or, il n'est pas précisé que Hérode envoya tuer les enfants. Si tant fait, le fut-ce par ses propres sicaires juifs ou envoya-t-il les soldats de l'armée d'occupation romaine accomplir le carnage? Quoi qu'il en fût, «<i>L'Église a porté sur ses autels "les saints Innocents" ainsi <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi07pd9CsBtJZBIqx9d_MGDwPIoYPoascIiulQA6RjL5l9DIUEOgnMiIkwVoTBbIZd_ZRiQ-zi_UDNk_zPnfLrmuMmkV8ikc4H_TJaNNpuBH9PIxNVxacLdDepHXXLfWEseYibhOfVDBesQ/h120/Guido_Reni_-_Massacre_of_the_Innocents.jpg">sacrifiés</a>, considérant qu'ils furent "mis à mort pour le Christ", et que cette mort lui rend témoignage</i>» (ce qui est la définition du martyre) (A.-M. Gerard. ibid. p. 888). Fête liturgique célébrée dans le calendrier religieux de l'Église catholique le 28 décembre.</p><p lang="fr-CA" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi6bhjTfEzwQk2U_V7v-5fPMOKZJ2hffNhEbtta7BWTIshxUvvzIwLrwYd28QT9Yoju2VxkdYPsah6y25RODN57h7In83J1exp5cuZebVjyaLinqnifdrmlLz4n72Pf8PJXDIrnoFTmercxcMn3lTfSBFOeeduYnrAxZSk6T3dAu-hdgRuJILwGkOpgvQ/s1024/Pieter_Bruegel_le_jeune_Bethlehem.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="710" data-original-width="1024" height="222" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi6bhjTfEzwQk2U_V7v-5fPMOKZJ2hffNhEbtta7BWTIshxUvvzIwLrwYd28QT9Yoju2VxkdYPsah6y25RODN57h7In83J1exp5cuZebVjyaLinqnifdrmlLz4n72Pf8PJXDIrnoFTmercxcMn3lTfSBFOeeduYnrAxZSk6T3dAu-hdgRuJILwGkOpgvQ/s320/Pieter_Bruegel_le_jeune_Bethlehem.jpg" width="320" /></a>Que vaut l'historicité de ce que rapporte l'évangéliste Matthieu? L'utilité de ce récit ne viserait-il pas essentiellement à renvoyer la naissance de Jésus aux prophéties vétéro-testamentaires? Les tableaux de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg3oTPSCGULjuBMeq8iq8wFNxhedXLGfb4JvK7Q6f4knFyfiDrC1ulk4wlqZxCIYN6f8e9Xjw_zdW146JRq_t6Wb9JOYY0U78mxCkZC6M0ICxffbvCO3yfCXBc0yish-V_ptQlFsh5DGcmN/h120/Pieter_Bruegel_le_jeune_Bethlehem.jpg">Breughel le Jeune</a>, de Rubens et de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhZ1mwymAhyphenhyphenzXbkExlITAo5QsYBCcc24Ua0MUnSKPaQibtP9PS9suiJfZCi0X-XXlCHzYuZUgz_0iMdNQTWDDXn9YowyMB17X2jYvn9xdc3B7g9_ZD8ykNTilZ7FQb7mRFSnof2B4NShoCJ/h120/Massacre_des_innocents_Poussin_P_Palais_2014.jpg">Nicolas Poussin</a> sont inscrits dans notre imaginaire pour révéler l'effroyable horreur qu'une telle décision pût engendrer. Pourtant, André-Marie Gerard s'efforce de nous rassurer :</p><blockquote><p lang="fr-CA" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">«<i>On est loin des femmes de Bethléem auxquelles on arrache leurs enfants. Certains exégètes ont pris prétexte du caractère artificiel de ce rapprochement </i>[avec Jérémie] <i>pour dénier toute vérité historique au massacre des Innocents. Il est vrai que l'histoire profane, en particulier Flavius Josèphe, n'en fait pas état. Mais Josèphe est souvent favorable aux Romains, et Hérode est le représentant de Rome. On a aussi avancé que ce récit n'était qu'un écho de l'histoire de Moïse qui échappa, lui aussi, à un massacre d'enfants ordonné par le princ</i>e<br /></p></blockquote><div style="text-align: justify;"><blockquote><p><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjsMwR1lVuaTzDyEcl9LEyPYSTxNYE1uSExhuWZN0lAtMP5WWQoAgLnLbOvzUNB2yUloXCkR89V6T7u2CPUCzCU_X8zpjLITyalHfhpPzmcGOraTzY-F-peb3o2RLPiapz7lOnfBKiwr7gAo7GeYNMCwpjnnWX16lttblJAXw8D6vlD12AFL6_mkIemOQ/s800/Massacre_des_innocents_Poussin_P_Palais_2014.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="587" data-original-width="800" height="235" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjsMwR1lVuaTzDyEcl9LEyPYSTxNYE1uSExhuWZN0lAtMP5WWQoAgLnLbOvzUNB2yUloXCkR89V6T7u2CPUCzCU_X8zpjLITyalHfhpPzmcGOraTzY-F-peb3o2RLPiapz7lOnfBKiwr7gAo7GeYNMCwpjnnWX16lttblJAXw8D6vlD12AFL6_mkIemOQ/s320/Massacre_des_innocents_Poussin_P_Palais_2014.jpg" width="320" /></a><i>Mais ce que l'on sait de cet Hérode le Grand, barbare et sangui-naire, rend tout à fait plausible cet atroce forfait. Au demeurant, il n'a guère pu faire à Bethléem et dans ses entours que quelques dizaines de victimes; ce qui expliquerait qu'un tel événement, pour tragique qu'il fût, ait échappé aux historiens</i>» (A.-M. Gerard. ibid. p. 888).<br /></p></blockquote></div><p align="JUSTIFY" lang="fr-CA" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;"></p><p style="text-align: justify;">Deux choses à noter. D'abord, par «<i>une étrange erreur de dates, l'histoire a relié la naissance de Jésus à la mort d'Hérode, quoique un espace de quatre ans ait très probablement séparé les deux événements</i>» [...] </p><blockquote><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right; margin-left: 1em; text-align: right;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjmZTJ4J5x2wC3glqzXVmocKnccwpNPGZOomfUK9Rx0Q1nJfp01HzVl5mQ6VNN15bd3fBlsbRdAiY_t0xCXj5CClwFQwh-oSEWf5Tchw2wQGLW-0S97hV1vVoUAsPHmf_rHGuf4WET6EdqfPxSeYJRMgAlEr1tuio9RO7iOxYluNHdKflXarbh7eUac-g/s960/5fae85d5368af185538e7f70_Capture%20d%E2%80%99e%CC%81cran%202020-11-13%20a%CC%80%2014.05.37.png" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="960" data-original-width="688" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjmZTJ4J5x2wC3glqzXVmocKnccwpNPGZOomfUK9Rx0Q1nJfp01HzVl5mQ6VNN15bd3fBlsbRdAiY_t0xCXj5CClwFQwh-oSEWf5Tchw2wQGLW-0S97hV1vVoUAsPHmf_rHGuf4WET6EdqfPxSeYJRMgAlEr1tuio9RO7iOxYluNHdKflXarbh7eUac-g/w286-h400/5fae85d5368af185538e7f70_Capture%20d%E2%80%99e%CC%81cran%202020-11-13%20a%CC%80%2014.05.37.png" width="286" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-size: x-small;">Hérode, par Arcimboldo</span><br /></td></tr></tbody></table><p style="text-align: justify;">«<i>Maintenant, malgré l'erreur chronologique - car Jésus n'était pas né lorsque mourut Hérode à Jéricho - l'histoire trouva des croyants par millions, pénétra dans le Nouveau Testament, les spectacles liturgiques du Moyen Âge, les Contes de Canterbury où Chaucer fit du surnom de "tueur d'enfants" celui d'un des plus noirs scélérats de l'histoire. Comme si la liste de ses nombreux crimes n'était pas suffisamment longue sans l'adjonction de contes apocryphes, son nom est resté l'expression de ce que le monde considère comme l'outrage le plus flétrissant et le plus anormal. Et ce nom convient si bien à tout ce que l'on rapporte du roi <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjAeVBAizxYQfpM-M1nk2E7iz2TjpOOkULXaUO9DJVLKrbs9q_gO00I04CU5Yp6ivbOJx48SjugzwtwKuwlyNaJRxqPDlm8tV57F6VYKQQTJXyxAKfl_gPD12Y4Gt2M_VSmxaY991yN-MOo/h120/5fae85d5368af185538e7f70_Capture+d%25E2%2580%2599e%25CC%2581cran+2020-11-13+a%25CC%2580+14.05.37.png">Hérode</a> que, même s'il n'a pas tué l'enfant Jésus et les enfants de Bethléem, il eût été capable de le faire : qu'importaient quelques enfants dans un insignifiant village de Judée, sous le règne d'un homme dont les mains étaient souillées de tant de sang?</i>» (J. S. Minkin. <i>Hérode, </i>Paris, Payot, Col. Bibliothèque historique, 1937, p. 226). Ce n'est que quatorze siècles plus tard qu'un autre criminel aux <i>mains souillées de sang </i>d'enfants, Gilles de Rais, maréchal de France, ex-compagnon de la Pucelle, Jeanne d'Arc, érigeant une <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiwaI9IYdIyna8iS3ofPIGTTH3FwFPxwlyHRb2U9ryfgIJNkbc5yc6EWgc6TbgpPKvbXQdWxuFxtbw6e6rCDHPSBZmIYRAqRyiEBKdZCnifNaCnqmLNuFoPt1SL7ztoM98GXNQKsXJLeIks/h120/129770948.jpg">chapelle</a> dédiée aux Saints-Innocents, crut pouvoir se laver de ses fautes sadiques et meurtrières.</p></blockquote><div><div style="text-align: justify;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj33fdnZGz_lnfTl3ROXGP-R0RUmaSdyfNa3zmSToQ45G3YkVKR1Lcm_5On1sE2uXY5z-zgvWWsv24CwqWyhob0qa_gj7SFSaZ0M4oU2SnWNfSIsOsgowAmxk5vMr2APGukyR8_JajFkYs5p9Kl7lOyMihAiJbDQN1kUXYZrV_SYKfEQ2i6Cxh8pXbiHg/s367/129770948.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="367" data-original-width="302" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj33fdnZGz_lnfTl3ROXGP-R0RUmaSdyfNa3zmSToQ45G3YkVKR1Lcm_5On1sE2uXY5z-zgvWWsv24CwqWyhob0qa_gj7SFSaZ0M4oU2SnWNfSIsOsgowAmxk5vMr2APGukyR8_JajFkYs5p9Kl7lOyMihAiJbDQN1kUXYZrV_SYKfEQ2i6Cxh8pXbiHg/w329-h400/129770948.jpg" width="329" /></a>La deuxième chose à souligner, c'est la divinité même de Jésus qui appelle à la canonisation des enfants ainsi martyrisés. Histo-rique ou non, le massacre est une mise à l'épreuve de la foi dans la nature divine de cet enfant exceptionnel que fût Jésus. Autrement, ces enfants auraient été tenus comme tant d'autres non-baptisés, pour passer l'éternité dans les <i>limbes, </i>cet antichambre surnaturel; ces «<i>limbes des enfants morts sans baptême, à la fois indolores car ils n'ont pas pécher, et sans espoir car ils n'ont pas été rachetés...</i>» (M. Vovelle. <i>Les âmes du purgatoire, </i>Paris, Gallimard, Col. Le temps des images, 1996, p. 38).</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">Dante place les limbes au début de la <i>Divine Comédie, </i>dans le chant IV de l'Enfer. En le situant ainsi, le poète accentue l'effet dramatique effroyable de qui meure en dehors du salut baptismal. Devant le trouble du Dante, non encore habitué aux spectacles qu'il s'apprête à voir en Enfer, Virgile le prévient :</div><blockquote><div style="text-align: justify;">«<i>"Les angoisses cruelles de tant de malheureux plongés dans cette enceinte de larmes impriment sur mon visage une compassion que tu prends pour de la crainte. Allons, la longueur du chemin ne nous permet pas de différer davantage". Alors il entra et me fit entrer avec lui dans le premier cercle qui environne l'abîme. Là, autant que je pus m'en convaincre, en prêtant attentivement l'oreille, on n'entendait pas de plaintes; mais des soupirs agitaient l'air de la prison éternelle, parce qu'une foule d'hommes, de femmes et d'enfants y éprouvaient une douleur de l'âme sans tourment. "Eh bien! me dit mon généreux maître, tu ne demandes pas quels sont ces esprits que tu vois; apprends, avant d'avancer encore, que ces ombres n'ont pas péché. Mais il ne suffit pas qu'elles aient eu des mérites, puisqu'elles n'ont pas reçu le baptême, porte de la foi dans laquelle tu as été élevé. Si parmi ces esprits, il en est qui vécurent avant la venue de Jésus-Christ, ils sont ici, parce qu'ils n'adorèrent pas Dieu d'une manière convenable. Je suis au nombre de ces derniers. C'est pour cette raison, et non pour aucun crime, que nous sommes relégués dans ce lieu, et notre infortune se borne à vivre encore dans le désir, sans conserver l'espérance"</i>» (traduction Chevalier Artaud de Montor, Verviers, Gérard & Cie, s.d., pp. 26-27).<i><br /></i></div></blockquote><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right; margin-left: 1em; text-align: right;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhbTMVXiUleSdcvdL0IGNpBz7Rqa7I4Y19p_KvW3bZtHn-Ho7N5L5PFqfyZQTYsA-tzmOzdPiImycNug5nkq_c9YzcqnB-IVtazduBFdoaMbS4p2bYjDwuyOCdrScx4XSmADMC3uPgY1KnEZynHWUBAFG22HF0K9vC4MGaj2sSWlA8YV0khjqGoo0E36Q/s2473/Le-Christ-dans-les-Limbes.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="2473" data-original-width="1576" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhbTMVXiUleSdcvdL0IGNpBz7Rqa7I4Y19p_KvW3bZtHn-Ho7N5L5PFqfyZQTYsA-tzmOzdPiImycNug5nkq_c9YzcqnB-IVtazduBFdoaMbS4p2bYjDwuyOCdrScx4XSmADMC3uPgY1KnEZynHWUBAFG22HF0K9vC4MGaj2sSWlA8YV0khjqGoo0E36Q/w255-h400/Le-Christ-dans-les-Limbes.jpg" width="255" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-size: x-small;"><span style="color: black;"><i>Descente du Christ dans les Limbes</i> (1530-1535), <i>par Domenico Beccafumi</i></span></span></td></tr></tbody></table><p style="text-align: justify;">Les limbes n'étaient donc pas un lieu spécifique pour les enfants morts avant le baptême où ces avortons que les groupes pro-vie actuels aspergent du goupillon à travers des sacs de déchets en plastique. Les <i>limbes</i> comprenaient tous ceux qui étaient mort sans avoir connu l'enseignement du Christ et par le fait même, ayant précédé sa naissance ou nés ailleurs, dans des civilisations ou des cultures ignorantes du christianisme. Entre autres tous les patriarches de l'Ancien Testament, les rois, les prophètes, les sages, mais aussi les philosophes grecs, dont la théologie chrétienne devait s'abreuver comme autorités morales. C'est en vue de sauver ces âmes qu'il est dit dans le <i>Credo </i>que Jésus descendit aux enfers après sa mort sur la croix.<br /></p><div style="text-align: justify;">Dans le poème du Dante, à défaut du Paradis, le poète place ceux qui se sont livrés à une vie illustre dans une forêt parcourue par une foule d'ombres; comment sont-ils séparés des âmes pécheresses de l'Enfer :</div><blockquote><div style="text-align: justify;">«<i>Je dis alors : "Ô toi qui honores les sciences et les arts, apprends-moi quels sont ceux qui, par leur vie illustre, ont mérité d'obtenir ce séjour privilégié où ils sont </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEihhZArL_98I7ilP-AJNYDYeOiOzBF7u-zvSqoFXyZQlW24xKjllI97LkK2Kg8XLnBLhTW47-cVEZz3UQ7sAMIjkyzOluU5Z1wFzU-6ENVObivx0l1D7HsqwKYiwAQpgJP2F5efu0eA8sAxDU_HEXbN_d7avY1e5l-ZWXzAvOq2jrNo-pR8xooRUWoAvQ/s400/inferno-4.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="300" data-original-width="400" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEihhZArL_98I7ilP-AJNYDYeOiOzBF7u-zvSqoFXyZQlW24xKjllI97LkK2Kg8XLnBLhTW47-cVEZz3UQ7sAMIjkyzOluU5Z1wFzU-6ENVObivx0l1D7HsqwKYiwAQpgJP2F5efu0eA8sAxDU_HEXbN_d7avY1e5l-ZWXzAvOq2jrNo-pR8xooRUWoAvQ/w320-h240/inferno-4.jpg" width="320" /></a><i>séparés des autres âmes". Mon guide répondit : "La haute renom-mée qu'ils ont laissée sur la terre que tu habites les rend dignes de cette récompense du ciel". J'entendis alors une voix qui s'écriait : "Honorez le sublime poète qui nous avait quittés, et dont l'ombre revient parmi nous". La voix se tut, et je vis venir quatre personnages majestueux. Leur visage n'annonçait ni joie ni tristesse. "Vois, me dit mon maître, celui qui, un glaive à la main, précède les autres comme leur roi; c'est Homère, le prince des poètes. Après lui vient Horace le satirique. Ovide est le troisième. Le dernier est Lucain. Chacun d'eux mérite, comme moi, le nom qu'une seule voix vient de faire entendre. Ils s'avancent pour me rendre les honneurs dont je suis digne"</i>» (traduction Chevalier Artaud de Montor. ibid. p. 28).
</div></blockquote><p style="text-align: justify;">Les enfants morts sans baptême n'intéressaient visiblement pas Dante et les pieux chrétiens fidèles n'avaient cure de savoir qui étaient Homère, Horace, Ovide et Lucain. La foi du charbonnier l'emportant sur les élaborations théologiques, raison pour laquelle le cardinal Joseph <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgh0DTT_ph-S5E5wl-cKe5FjYDsbH0o6IhRTEA4Twp9JHzzeW0yKpQD3ZNni1OIGReUGQxRh0eh89UEA1yk4rWO34Aziqtmo1iA07OqDMEmNMGVvCU0pR5kUNuzHT1QH3HV3jIlhTwbziLV/h120/Pope-Benedict-XVI-001.webp">Ratzinger</a> (futur Benoît XVI), dans son <i>Entretien sur la foi, </i>en est <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjj_KRGkooie680jXoLAJ4Qbm1dU8Eo5jt7KD0wLblFCnXC8ISZDMTcQ_r7Ve-JpsxQgU6x4feBs-hef-R8QhI703HAMUq4zOn9dIA-6VzYgYcOysfMr6a4EpHp4HdxsxQ6lixA70nkR1nGYOF2FNEeiRTQTfwmrIm1nva_o1dQee0d_s0TbawnRUA_wg/s460/Pope-Benedict-XVI-001.webp" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="276" data-original-width="460" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjj_KRGkooie680jXoLAJ4Qbm1dU8Eo5jt7KD0wLblFCnXC8ISZDMTcQ_r7Ve-JpsxQgU6x4feBs-hef-R8QhI703HAMUq4zOn9dIA-6VzYgYcOysfMr6a4EpHp4HdxsxQ6lixA70nkR1nGYOF2FNEeiRTQTfwmrIm1nva_o1dQee0d_s0TbawnRUA_wg/w400-h240/Pope-Benedict-XVI-001.webp" width="400" /></a>venu à considé-rer ce qu'on pourrait appeler vulgaire-ment, son <i>insigni-fiance </i>: «<i>Les limbes n'ont jamais été une vérité de foi définie. Personnellement </i>[...]<i>, je laisserais tomber ce qui n'a jamais été qu'une hypothèse théologique. Il s'agissait d'une thèse secondaire, au service d'une vérité qui est absolument première pour la foi : l'importance du baptême</i>» (Cité in G. Cuchet. <i>Le crépuscule du purgatoire, </i>Paris, Seuil, Col. Points-Histoire, # H567, 2020, p. 417). Par cette dédramatisation de l'idée des limbes, il apparaît plus judicieux de les déplacer des portes de l'Enfer vers le Paradis. Après tout, qui est cette Béatrice Portinari qui y accueille le Dante et qu'il rencontra alors qu'il n'avait que dix ans et elle huit ou neuf, sinon que deux enfants que seul séparait le baptême de ceux qui en avaient été privés par une mort prématurée?</p><p style="text-align: justify;">Les enfants, comme les animaux, ont une histoire. Mais leurs faits et gestes se font en dehors de l'activité historique. Ce ne sont pas des agents volontaires, mais des <i>in-fans, </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi_EEJfAOIqD97xM5BKSA6pZNEZYosIbHfO1GmLc5TWsuuvM0U1Q-Tzxm57V-kpVwkW27yaBH15tNRt5aeXVvJJAHgztCHuSD9VW9TYrM7KT1AAKzbSj0VCBHfGSSlpE9Z-jKKPRbVaxOE1jhpPNZL7lAoJoV3erQZ39y3nMeNU5nMlZh6M0lEJlqD3yw/s2904/Avec%20petit%20chien.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="2904" data-original-width="1992" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi_EEJfAOIqD97xM5BKSA6pZNEZYosIbHfO1GmLc5TWsuuvM0U1Q-Tzxm57V-kpVwkW27yaBH15tNRt5aeXVvJJAHgztCHuSD9VW9TYrM7KT1AAKzbSj0VCBHfGSSlpE9Z-jKKPRbVaxOE1jhpPNZL7lAoJoV3erQZ39y3nMeNU5nMlZh6M0lEJlqD3yw/w275-h400/Avec%20petit%20chien.jpg" width="275" /></a>ceux privés de la parole, et peut-être y trouvons-nous là la raison commune de ne pas insister sur leur présence dans la grande histoire. Si les femmes clament à tue-tête qu'elles ont une histoire autant que les hommes, les enfants n'ont pas encore accédé à ce privilège également refusé - du moins jusqu'à une époque toute récente, pour les uns comme pour les autres - aux <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhzXLfeR6ikseqxfdUgjvah1hDtT11UQ-VgWMfhglbJ_V_BQdu9w1Ni2wvisCzIaSpNIoCk4mGRLkzo-KZzC92hKU-xE5PuAkLS9LI4iNvMyGpvhEqZm7wiKF-i-bx3ogjW-6URSF8Tjjzg/h120/Avec+petit+chien.jpg">animaux</a>. Aussi est-ce aux adultes que reviennent les soins de composer les récits célébrant certains des actes notables commis par les uns et par les autres. Peut-on sortir l'histoire des enfants des limbes où jusqu'à une époque encore toute récente, académies et universités les y maintenaient confinés?</p><p style="text-align: justify;">Le Paradis, pour Dante, est le lieu des femmes. Elles arrivent en cortège de nymphes précédées <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjFY-bAyS5YOz4cqeTWwjQyZiZmFlWLobds3O8Z_99ZzkT6T2jtXMFX2856TuGLHKt7OQpuj9QYnSNmc5OnIC-N1wr8nWd5xB8Dc_ubGQHkh46yg9geRvjWTkfLHG3FZPrbUB8m8vARBTdotB0u9d7lJytxTj-RNiRe5IVJPmUqjwMj_R7nWMu8FpotRQ/s540/bec4tp.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="540" data-original-width="419" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjFY-bAyS5YOz4cqeTWwjQyZiZmFlWLobds3O8Z_99ZzkT6T2jtXMFX2856TuGLHKt7OQpuj9QYnSNmc5OnIC-N1wr8nWd5xB8Dc_ubGQHkh46yg9geRvjWTkfLHG3FZPrbUB8m8vARBTdotB0u9d7lJytxTj-RNiRe5IVJPmUqjwMj_R7nWMu8FpotRQ/w310-h400/bec4tp.jpg" width="310" /></a>de la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhGt2kX-HpWQrTe9q2kInV8LeqKGz3lsevel9SRvAxsImlY4Yaogw1bubpSC7CZvPFL330JzONTnnvI9pdp8CNQ34eqkkmJul4j1TB6Tc57IklbNrFHRmk_QWrVg9KsdU0dvqlwynxSJJUg/h120/bec4tp.jpg">Vierge</a>, rien de moins. C'est elle qui chante «<i>avec l'accent d'une femme enflammée d'amour, ces saintes paroles : "Heureux ceux dont les péchés sont remis". </i>C'est la contre-partie exacte du placard affiché à l'ouverture de l'Enfer : «<i>Vous qui entrez ici, abandonnés toute espérance</i>». Au bout du triomphe - comme en organisaient les cités-États italiennes médiévales pour célébrer leur prince - paraît Béatrice : «<i>Dans l'autre monde tu ne seras pas longtemps un étranger; tu seras éternellement avec moi citoyen de cette Rome dont le Christ est Romain. Cependant, pour l'utilité de ceux qui vivent dans l'erreur, fixe tes yeux sur le char, et reporte là-bas ce que tu auras vu"</i>».<i> </i>Béatrice au Paradis, c'est le Christ de Dante : «<i>...mais quand les femmes eurent cessé de chanter, elle se leva et, animée comme la flamme, elle dit : "Sœurs chéries, encore un peu de temps et vous ne me verrez plus; encore un peu de temps et vous me verrez"</i>». Et le Dante ira <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjaL81J3ie4I6UczkGTG1StTZqHB5ngAeetpVT6HMxG-h2vZdJOD5Htu2ZuMrEFOA1t1zJhX7aTbIvRzzn5diEQpCI6E6x1BorEG2hd6sHwCyH9Dgrq9zZTf8GLFlgvs9RpQvYtZzIJt8qB/h120/Dante-canto-de-Il-Paradiso.jpeg">aux côtés de Béatrice</a> dans les cercles du Paradis comme il avait été aux côtés de son maître Virgile dans les cercles précédents.<br /></p></div><div><p align="JUSTIFY" lang="fr-CA" style="break-before: auto; font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: 0.05cm; margin-right: 0.03cm; page-break-before: auto;"></p>
<p align="JUSTIFY" lang="fr-CA" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: 0.05cm; margin-right: 0.03cm;">
</p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjsqWigwSsy3CfmYTROjz5GIDRjMaA4lxJARih63HAfhuhEojp9i9tvsd_hweIyl-8A-AxB_mfFBQM8ouSWc75DXt0ReE84_Ux3yt2Ibu2E7Pcbk2u4TKevQ0RLIakTrVYu2OEoFuchMdHZ3iel9-TNFdwpnPu1_Frrww9xJ6wlZYs-EswjpbXIuA_j-A/s450/Dante-canto-de-Il-Paradiso.jpeg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="331" data-original-width="450" height="294" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjsqWigwSsy3CfmYTROjz5GIDRjMaA4lxJARih63HAfhuhEojp9i9tvsd_hweIyl-8A-AxB_mfFBQM8ouSWc75DXt0ReE84_Ux3yt2Ibu2E7Pcbk2u4TKevQ0RLIakTrVYu2OEoFuchMdHZ3iel9-TNFdwpnPu1_Frrww9xJ6wlZYs-EswjpbXIuA_j-A/w400-h294/Dante-canto-de-Il-Paradiso.jpeg" width="400" /></a></div><br /><p align="JUSTIFY" lang="fr-CA" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p><div style="text-align: justify;">
Dans les guerres que se livrèrent les dynasties d'empereurs et de rois au cours des temps, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiDdM9r1OgjU39QgW8S2xmoCgUblpnSS7-4T75NXzk36hEBi4cHf_TM4g95oDB4bhbQmQKxP6Git9lyAteAOrxbsCNcdlwTGBgVJXg9TPEhYfgKn1KLgQoaSMV4Oljr9zqrMg7Kdb-8mt-s9qPcX7uDeWYvGpwKFeDxnUTjr0KcoAkiQnxXcrdNiQFGLg/s550/Francois-Charles.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="550" data-original-width="450" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiDdM9r1OgjU39QgW8S2xmoCgUblpnSS7-4T75NXzk36hEBi4cHf_TM4g95oDB4bhbQmQKxP6Git9lyAteAOrxbsCNcdlwTGBgVJXg9TPEhYfgKn1KLgQoaSMV4Oljr9zqrMg7Kdb-8mt-s9qPcX7uDeWYvGpwKFeDxnUTjr0KcoAkiQnxXcrdNiQFGLg/w328-h400/Francois-Charles.jpg" width="328" /></a>les enfants servirent régulièrement d'otages d'un parti pour affaiblir son rival. On aura facilement à l'esprit l'entente entre <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiLzdVh9NShu8NjbWyRzNC71kLk-dhRAGWpP3ejL9ZoNdkmSt-bQKpyHgM6E7eNW_FMmsF2GV_i5TGFlJB8tAIgWE3aDXJYt2-JAXTrKjoYBxX56CvEvytZEI1ZHMtwZQhgzgbnFm6jiHmt/h120/Francois-Charles.jpg">Charles Quint et François Ier</a> après la défaite de Pavie (1525) où, à l'issue du traité de Madrid, le roi de France dut envoyer deux de ses fils en otage auprès de l'Empereur. Évidemment, ces deux otages (dont le futur Henri II) furent traités avec la meilleure grâce qui soit entre gens de pouvoir. Ce ne fut toutefois pas toujours le cas. L'une de ces anecdotes d'enfants-otages est celle concernant les rois fainéants, les Mérovingiens : les <i>Énervés de Jumièges. </i>Cette légende est postérieure (XIIe-XIIIe siècles) aux événements placés au milieu du VIIe siècle, au temps du roi Clovis II.</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">L'intrigue n'est pas originale en ce qu'elle a trait à une querelle interne dynastique. Durant son pèlerinage en Terre sainte (660), Clovis II avait confié le gouvernement à son fils aîné, mais sous la régence de sa mère, Bathilde, ce qui dégénéra rapidement en bisbille. Le fils <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEibAE_ifTQjEA5j6ob_K98xW_ILX6TMigiiyEYysF0v-ef13bWo777tbrKK_7Cy7fZxWwVS7ZzeWNcENPjg_JfbxmjfQN9E3aKFxGhKGoqeXpu3JhRLKN63duo01Q1K0Y7pI5of2--v7bFFx3at01fodWd7uJ5-_6r9B1GigS3gmLs5zgPuDG01iXcdjQ/s252/Sans%20titre.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="200" data-original-width="252" height="317" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEibAE_ifTQjEA5j6ob_K98xW_ILX6TMigiiyEYysF0v-ef13bWo777tbrKK_7Cy7fZxWwVS7ZzeWNcENPjg_JfbxmjfQN9E3aKFxGhKGoqeXpu3JhRLKN63duo01Q1K0Y7pI5of2--v7bFFx3at01fodWd7uJ5-_6r9B1GigS3gmLs5zgPuDG01iXcdjQ/w400-h317/Sans%20titre.jpg" width="400" /></a>aîné est rejoint par son jeune frère afin de comploter à la fois contre Bathilde et contre Clovis. Informé de l'affaire, le roi s'em-presse de revenir en France afin d'affronter l'armée mobilisée par ses fils, armée dont il finit par triompher. L'idée alors - idée qui s'impose dans de telles situations -, serait de faire exécuter les deux traîtres. Mais Bathilde, la grand-mère, propose plutôt de les punir en <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgCIH7AUVOrHbTCN9Ri29pNhSmq81MPNzkbQ8qqKh60KsgPuHwUsBQNMqAaBP1O36g7F7X9LBxPuaX-ORLSMSGdS3PZQJHMw9_kYT4jFWuQJbBlkkreoq89gt_XYza03nEC1bRzS0NjAT26/h120/Sans+titre.jpg">brûlant les nerfs</a> de leurs jambes : «<i>Je juge que doivent être affaiblies la force et la puissance de leur corps, puisqu'ils ont osé les employer contre le roi leur père</i>». De fait, on coupe les nerfs (en fait les tendons) des deux enfants rebelles.</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">Devenus apathiques et handicapés, les deux frères trouvent refuge dans la prière, demandant d'entrer en religion. Ne sachant dans quel monastère les placer, Bathilde, toujours aussi mère-grand affectueuse, décide de les confier au hasard en faisant <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhqGsROhmqWbjNYkq1sYhd19XNpdwEQ3PpcojYzjUM8rzsvhxxQWfS_j4u58mTPEIqGw2pDPOdhUIZIaYdwci1SoUVMvQDX_TsY7WiKHkpHluNOnCnRI2VwjFqmLKPoudO4WKAmF5GnFV9P5YmPzmvDIvQJmSdiPKBeu7hZFB-y8TaE7qTH1gQaQIeoxg/s800/800px-Evariste-Vital_Luminais_-_Seconde_composition_des_%C3%A9nerv%C3%A9s_de_Jumi%C3%A8ges.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="565" data-original-width="800" height="283" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhqGsROhmqWbjNYkq1sYhd19XNpdwEQ3PpcojYzjUM8rzsvhxxQWfS_j4u58mTPEIqGw2pDPOdhUIZIaYdwci1SoUVMvQDX_TsY7WiKHkpHluNOnCnRI2VwjFqmLKPoudO4WKAmF5GnFV9P5YmPzmvDIvQJmSdiPKBeu7hZFB-y8TaE7qTH1gQaQIeoxg/w400-h283/800px-Evariste-Vital_Luminais_-_Seconde_composition_des_%C3%A9nerv%C3%A9s_de_Jumi%C3%A8ges.jpg" width="400" /></a>construire un <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEggyUGGo79BV8G-G1qJVkjQsvKm6wneiijqZOtRn8BIV8sV5eu5k67wUdeuGM3cJU3BIMqsYVrifOEkzBR8PuK-hH8T5ySllWngtq_8yDrZcYxOdBwHQkHLRefPjj4yOqftojpqRVDidSZP/h120/800px-Evariste-Vital_Luminais_-_Seconde_composition_des_%25C3%25A9nerv%25C3%25A9s_de_Jumi%25C3%25A8ges.jpg">radeau</a> et y placer les deux frères abandon-nés au hasard du cours de la Seine. Leur sort est quand même heureux puisqu'ils aboutis-sent à l'abbaye de Jumièges, près de Rouen. Son fondateur, saint Philibert, les reconnait à leurs habits royaux. Il les recueille et les conduit à l'abbaye où ils deviennent moines. Informés, Clovis et Bathilde viennent se réconcilier en faisant généreuse donation au monastère. Ici encore, l'érudition dépare la belle légende. En fait, Clovis II (né en 635) - surnommé le Fainéant - était fils de Dagobert II et son règne compte parmi les plus troublés de la dynastie mérovingienne. Nous savons peu de choses de son règne sinon qu'il mourut âgé d'environ 23 ans, en octobre ou novembre 657, et ses fils n'auraient jamais eu l'âge nécessaire pour se dresser contre lui. De plus, il ne fit jamais le pèlerinage en Terre sainte. «<i>Il laissa une mauvaise réputation; des textes postérieurs il est vrai, l'accusent d'avoir été un glouton, ivrogne, débauché. Il serait mort en état de démence</i>» (F. Lot. <i>Naissance de la France, </i>Paris, Arthème Fayard, Col. Les Grandes Études historiques, 1948, p. 104). Enfin, ses trois fils, Clotaire III (de Neustrie), Childéric II (d'Austrasie) et Theudéric III (qui devait succéder à son frère Clotaire) ont régné tour à tour et aucun ne se fit moine, encore moins fut «énervé».</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">Nous devons au Moyen Âge d'avoir imaginé des plus belles légendes d'enfants meurtris. La mort d'un enfant, sujet toujours aussi sensible auprès des Occidentaux, trouva son acmé dans le récit de la mort du petit Jean Ier, dit le Posthume, fils de roi et roi de France. Le roman de Maurice Druon, <i>Les Rois maudits, </i>a réveillé son souvenir, sujet réservé jusque-là aux médiévistes.</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">La légende part du fameux épisode de la Tour de Nesle, où les brus de Philippe le Bel se seraient adonnées à l'adultère, faisant cocus les trois fils du roi. Derrière cette étrange <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjsdges4MWxplf-c0i4sf8FBH4wywBuge17kprhI0gFBga-cyWjkxpXmdfWlFuJw71ShEnSm4Yl5TgNPpGGinG34IgDibI2d5LToN0eWzM3qzu1FTHkYhdrF-hCpNP73QmkHgK0Oz2vjnNWAEHNm3Ot3GJKAKec1JRgG_M1XCYAnr9QQ3W3y6TUWMkIXA/s306/Philippe_le_Bel_famille.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="208" data-original-width="306" height="272" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjsdges4MWxplf-c0i4sf8FBH4wywBuge17kprhI0gFBga-cyWjkxpXmdfWlFuJw71ShEnSm4Yl5TgNPpGGinG34IgDibI2d5LToN0eWzM3qzu1FTHkYhdrF-hCpNP73QmkHgK0Oz2vjnNWAEHNm3Ot3GJKAKec1JRgG_M1XCYAnr9QQ3W3y6TUWMkIXA/w400-h272/Philippe_le_Bel_famille.jpg" width="400" /></a>affaire, on soupçonne encore-là des querelles dynas-tiques entre les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjyNiAAN6n1Br8t_J3lRrKl9Nh00b0TjaDteADJzI2dzvMyCj7NpkUzSX2E2EuEhdT9PAf8DQ6XCcx4f0KIuNpiBqu6LzHfRNfW487qZz3zxhOHSUMy2ht-QSJzlMjfNDkz3o3ksi7gXsf4/h120/Philippe_le_Bel_famille.jpg">derniers Capétiens</a> directs, la famille de Bourgo-gne et la comtesse d'Artois. Une fois Philippe mort, son aîné, Louis X dit le Hutin, hérite du trône. Marguerite de Bourgogne, son épouse, jugée et condamnée pour adultère, enfermée à Château-Gaillard, refuse le divorce à Louis qui veut une nouvelle épouse en la personne de Clémence de Hongrie. Marguerite meure (du fait de sa détention ou étouffée entre deux matelas?) et le mariage est scellé. Mais de constitution frêle, Louis meure à son tour, laissant la reine Clémence enceinte. Celle-ci donne naissance à un fils, assurant la succession directe. Le nouveau roi naît le 15 novembre 1316 et son oncle, Philippe, devient régent. Puis, c'est le moment fatal du baptême, le 19 novembre :</div><div style="text-align: justify;"></div><blockquote><div style="text-align: justify;">«<i>Le régent prit le petit Jean par le torse, l'éleva au-dessus de sa tête pour que </i><span style="color: black;"><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjO8uY7rppHFHfkIYpsnbo8DW_EhiNHsUkXAF4BbSNAJWf2yYe4VrQapvwpekCqgSKZIHbig0SY69RezosfukpFLLL3sOn_QtHTwIkAuyu0cBwz3CQ_xoVvMpCyVKYkYQUsooKEgXWIFdG8TLHnrDFWWPq88qvSXbN9fTwkNJxAc1105r9890l-aGl1LQ/s386/Screenshot%202023-05-02%20at%2010-55-31%20WwW.Skstream.CoM%20-Les.Rois.Maudits.1972.S01E04.byNosferatu-.png" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="287" data-original-width="386" height="238" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjO8uY7rppHFHfkIYpsnbo8DW_EhiNHsUkXAF4BbSNAJWf2yYe4VrQapvwpekCqgSKZIHbig0SY69RezosfukpFLLL3sOn_QtHTwIkAuyu0cBwz3CQ_xoVvMpCyVKYkYQUsooKEgXWIFdG8TLHnrDFWWPq88qvSXbN9fTwkNJxAc1105r9890l-aGl1LQ/w320-h238/Screenshot%202023-05-02%20at%2010-55-31%20WwW.Skstream.CoM%20-Les.Rois.Maudits.1972.S01E04.byNosferatu-.png" width="320" /></a></span></span></span><i>chacun pût à loisir le contempler. Soudain Philippe sentit couler sur ses mains un liquide gluant et chaud. L'enfant, saisi de hoquets, vomissait le lait qu'il avait sucé la demi-heure d'avant, mais un lait devenu verdâtre et mêlé de bile; son visage se colora de la même manière, puis très vite vira à une teinte foncée, indéfinissable, inquiétante, tandis qu'il tordait le cou en arrière</i>» (M. Druon. <i>Les Rois maudits, </i>cité in É. Le Nabour. <i>Les Rois maudits : l'enquête historique, </i>Paris, Perrin, 2005, p. 222).<br /></div></blockquote><p style="text-align: justify;">Évidemment, pour le romancier, le petit Jean avait été empoisonné, et par sa marraine, la vindicative Mahaut d'Artois. La réalité est moins romanesque. Le jeune enfant arrivait tard dans une dynastie épuisée; les Capétiens s'acheminaient vers leur fin, ouvrant la porte à la dynastie cousine des Valois. Ni Philippe V, ni son frère Charles n'eurent d'héritiers mâles <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgMxENXJks4qHT3n78q0Rd3mKhRb4__JJIjSpec3KOpNdMLhOscnW1vHa2l1OkxlERKbSfYxi2Wwc9YGtW3p85pF5Ma_hFXVNDgOkAZLStkqGMDIpweTUogsLU0c5bJ84mQLxSt8cMfjGYw4CSg0gYjpbUvIYr2veh9UmE49WT1lolmsK80HJf9XCW9wQ/s580/Jean-I-Gisant.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="386" data-original-width="580" height="266" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgMxENXJks4qHT3n78q0Rd3mKhRb4__JJIjSpec3KOpNdMLhOscnW1vHa2l1OkxlERKbSfYxi2Wwc9YGtW3p85pF5Ma_hFXVNDgOkAZLStkqGMDIpweTUogsLU0c5bJ84mQLxSt8cMfjGYw4CSg0gYjpbUvIYr2veh9UmE49WT1lolmsK80HJf9XCW9wQ/w400-h266/Jean-I-Gisant.jpg" width="400" /></a>pour prendre la succes-sion, ce qui, pour l'époque était un signe certain de la fin d'une dynastie. Le retrait des femmes de la succession écarta de même les cinq filles de Philippe V le Long. Quoi qu'il en soit, comme le raconte Alain Decaux : «<i>À ce petit cadavre de quatre jours, on édifia un tombeau dont l'historien Jacques Descheemaeker nous dit qu'il était "un des plus touchant que l'on puisse voir". Il représentait "l'<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgMxENXJks4qHT3n78q0Rd3mKhRb4__JJIjSpec3KOpNdMLhOscnW1vHa2l1OkxlERKbSfYxi2Wwc9YGtW3p85pF5Ma_hFXVNDgOkAZLStkqGMDIpweTUogsLU0c5bJ84mQLxSt8cMfjGYw4CSg0gYjpbUvIYr2veh9UmE49WT1lolmsK80HJf9XCW9wQ/s580/Jean-I-Gisant.jpg">enfant Roi</a>, avec une couronne et, à ses pieds, un lion, symbole de l'autorité royale. Son corps était à côté de celui de son père dans une auge de pierre revêtue de plomb" </i>(A. Decaux. <i>Les Grands Mystères du passé, </i>Trévise, Éditions de Trévise, 1964, pp. 101-102). Ce formidable assemblage fut vandalisé lors de la Révolution et les restes des rois de France tirés hors de l'abbaye de Saint-Denis et jetés dans une fosse commune.</p><p style="text-align: justify;">Dans le cas de Jean le Posthume toutefois, le scénario de l'otage se renversa en celui du prétendant. La longue guerre de Cent Ans qui suivit l'extinction des Capétiens directs et la lutte entre les Valois, les Bourguignons et le prétendant anglais amena l'apparition d'un soi-disant roi Jean le premier, roi de France. Après la défaite crève-cœur de Poitiers, en 1356, fut annoncé par Fra Barthélémi de Sienne que le Posthume n'était en fait pas <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj7hJvsLCALBGwoa9fe_dIbhzEGaN-K1qwH81g-fAoLF3k23LibhTOd4ZUA0p2xyrfUV31l33JhjY7t9NxPKCUS9Vqg5a7_0rl0e5nwMOW4EbH8UZCUKB1Fcaw_TijWsEzaGGkwYQvESQxOrvotPDKrFSwl5afG-oDjy0aPNV8TnCMd6rGV-nvOvkyWrA/s1067/cola-di-rienzo-1067x800.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="800" data-original-width="1067" height="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj7hJvsLCALBGwoa9fe_dIbhzEGaN-K1qwH81g-fAoLF3k23LibhTOd4ZUA0p2xyrfUV31l33JhjY7t9NxPKCUS9Vqg5a7_0rl0e5nwMOW4EbH8UZCUKB1Fcaw_TijWsEzaGGkwYQvESQxOrvotPDKrFSwl5afG-oDjy0aPNV8TnCMd6rGV-nvOvkyWrA/w400-h300/cola-di-rienzo-1067x800.jpg" width="400" /></a>mort. Qu'il était même à Sienne. Ce pré-tendant attirait les foules, tenait les ima-ginations fertiles et tentait les opportu-nistes politiques, à Rome comme en France. Nommé Giannino Baglioni, ce roi Jean affirmait avoir passé sa première enfance en Normandie, auprès d'une famille noble. Un Italien nommé Giuccio (on voit la richesse de l'information de Druon!) se prétendant son père, l'amena à Sienne. C'est lui d'ailleurs qui le persuada qu'il était bien le fils authentique du Hutin! Le 4 octobre, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi7pPB3535LI-DP0oxTyFhEJ2ufnS3Tbs8YwdywS6nrRsEVDPxSwguyeiOcGT3toKRYB5bG9A1hfhQvTZRpXf0-q1SGzqhFNEsn9xnnNu810CPRETd9M5TBu4cLe4E_EcL8uwK9ClwZFIDA/h120/cola-di-rienzo-1067x800.jpg">Cola de Rienzo</a>, sénateur et dictateur romain, par une charte consignant les déclarations de Giannino, le reconnut officiellement pour le «roi Jean». Pas de chance. Rienzo était renversé quatre jours plus tard par ses adversaires personnels qui le massacrèrent et le pendirent par les pieds, annonçant le sort d'un autre futur dictateur italien.</p><p style="text-align: justify;">Lui restait toutefois l'appui de l'Évêque de Sienne et du Conseil de la République qui rendit un décret «<i>spécifiant que le soi-disant fils de Giuccio serait désormais reconnu comme le véritable roi de France. "On lui fit donner une garde, dit Henry de Servignat, allouer une pension, adjoindre un Conseil et on l'assura de l'assistance officielle de l'État de Sienne</i>» (A. Decaux. ibid. p. 104). Un parfait inconnu se retrouvait, du jour au lendemain, aspirant à la couronne de France! De telles choses ne pouvaient se passer que durant le Moyen Âge. Mais tout cela n'était que purement fantasmatique, ne reposait sur aucune force réelle. Les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgJ-mwKE6xwJv7-uQCZdzXtOABKGDY43JBJa3tlV4EydqMPLGv1UPdorql5257XbNn8Jj-zF3jgpI9OvxStfF6K1s-cFRdpp3n6q9D_nu1YInMcKMAREzD3fsNUppVc9pwqmxs5Oh_EL1Gu_5kdSWT7b0CMI7lWEnfkD-d_CwzRlKh1eTNFRcHGcNCPAA/s800/Lorenzetti,_Ambrogio._Effeti_del_buon_governo_in_citt%C3%A0.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="346" data-original-width="800" height="173" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgJ-mwKE6xwJv7-uQCZdzXtOABKGDY43JBJa3tlV4EydqMPLGv1UPdorql5257XbNn8Jj-zF3jgpI9OvxStfF6K1s-cFRdpp3n6q9D_nu1YInMcKMAREzD3fsNUppVc9pwqmxs5Oh_EL1Gu_5kdSWT7b0CMI7lWEnfkD-d_CwzRlKh1eTNFRcHGcNCPAA/w400-h173/Lorenzetti,_Ambrogio._Effeti_del_buon_governo_in_citt%C3%A0.jpg" width="400" /></a>diplo-mates français virent la chose d'un mauvais œil et firent pression sur les marchands de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg2r6ZpPyJV6N9vSK836caY5z7WQY4WnZiJ9AQB5FshSx6my1OfzOhiL7o22b_gdUAg1HD5xOg2uoytocdVIs8BJs0BFbhspFIE6R3eGgLK2dABp3W0xkEZn8isUR28Y4nYBDIz2aIfj1zN/h120/Lorenzetti%252C_Ambrogio._Effeti_del_buon_governo_in_citt%25C3%25A0.jpg">Sienne</a> dont ils étaient les principaux clients, pour chasser Giannino de son trône de rêve. Ce dernier s'attacha un groupe de financiers israélites à Venise, recevant selon certaines promesses, une somme considérable pour lever une armée. Il se rendit en Hongrie où le fils présumé de la reine Clémence assiégea son oncle, Louis Ier roi de Hongrie, pour se faire reconnaître une fois de plus roi de France légitime.</p><p style="text-align: justify;">Les forces militaires de Giannino furent suffisantes pour oser entrer en France. Giannino se rendit jusqu'à Aix-en-Provence et s'avisa en vue de prendre Avignon et se faire reconnaître par le pape. Mais un tel projet n'entrait pas dans l'optique d'Innocent VI <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiYYfOA46Z6_friAvsJWiXANhNT5PlkrJ7sJbgdVL218BaAXrLMHCQhal47FJrLWaMwRDf8vF_6d96KjwpqoZNBq3ul0vNyZRHJpLqY8NHdpTvu1l23XOUrRXh0qQGrCmWBnIxt2gXFdrtc8ayT3C1RT3M133iZs9vil7UdtEO0P-ZF6wKCLRjyUHmenQ/s300/Jean_Ier_le_Posthume1316-e1604227727123-300x281.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="281" data-original-width="300" height="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiYYfOA46Z6_friAvsJWiXANhNT5PlkrJ7sJbgdVL218BaAXrLMHCQhal47FJrLWaMwRDf8vF_6d96KjwpqoZNBq3ul0vNyZRHJpLqY8NHdpTvu1l23XOUrRXh0qQGrCmWBnIxt2gXFdrtc8ayT3C1RT3M133iZs9vil7UdtEO0P-ZF6wKCLRjyUHmenQ/w320-h300/Jean_Ier_le_Posthume1316-e1604227727123-300x281.jpg" width="320" /></a>qui s'empressa de dénoncer l'imposteur. Le tout s'acheva à travers une série de poursuites, capture, évasion, enfin détention permanente à Naples. Détention relativement douce puisque Giannino reçut quantité de visiteurs jusqu'à sa mort en 1363. Il est peu important pour notre propos que Giannino fut ou pas le roi <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiC31Z7m5fvM4LQktTGu5y10HrFjHTDBpXjTXuLRVFCKefEBEbkdVPg9fZa0XzLAceC399h4WKMcMFe9UMKCsCBoGZUkG8doC53z5xQTAceutTZglVuXpIQAAueAc1a99eckINBlmWWe7eT/h120/Jean_Ier_le_Posthume1316-e1604227727123-300x281.jpg">Jean Ier</a>. D'un côté, un enfant naissant avait été, peut-être, la victime d'intrigues de cour à une époque où le pouvoir royal s'effilochait sous la pression des rivalités dynastiques; de l'autre, un autre jeune inconnu, un aventurier sans doute, fut à son tour le jouet d'intérêts divergents dans les conflits liés au schisme de la papauté et aux rivalités entre Bourguignons, Valois et la couronne d'Angleterre qui cherchait à s'étendre sur le territoire français.</p><p style="text-align: justify;">Le sort du petit Jean le Posthume n'inspira aucun poète ou romancier français avant le XXe siècle, par contre celui des neveux de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhgQowB3GHTLGx1Gwi-3WOAtYqLIEJkrlKfgmQiiQ1-peep6ypnSeeZwQ4VYzkw7PkjZM5RuLcbq34IyeeiMowAMd6WCYUou5s2kFXEaNSsh-iylSQOoYGJliIlj6uA2nENm1-4s9gwrKsk/h120/220px-Richard_III_earliest_surviving_portrait.jpg">Richard III</a>, les deux fils d'Édouard IV, roi <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEijhPJVE9_10Usa9R4BT04KW5J0YhTlQ39jML4zkFWgAU1eTuX03hw_ePA8dWU1Sc8Rcc3XKONZcXDeqr7p8r0OfUAhJTIaeTf4SuVC-RFdX4JgNBJxBUkZndrMYx2_OdhYmPnM2ZEaNJqY34PGO9TwniDzQUwLW6HFhWcN0DcDLRWZqn-Tz4zGJsWR3g/s296/220px-Richard_III_earliest_surviving_portrait.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="296" data-original-width="220" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEijhPJVE9_10Usa9R4BT04KW5J0YhTlQ39jML4zkFWgAU1eTuX03hw_ePA8dWU1Sc8Rcc3XKONZcXDeqr7p8r0OfUAhJTIaeTf4SuVC-RFdX4JgNBJxBUkZndrMYx2_OdhYmPnM2ZEaNJqY34PGO9TwniDzQUwLW6HFhWcN0DcDLRWZqn-Tz4zGJsWR3g/w297-h400/220px-Richard_III_earliest_surviving_portrait.jpg" width="297" /></a>d'Angleterre et victimes des ambitions de leur oncle fait partie d'une scène des plus violentes de la tragédie de Shakespeare : celui où l'assassin va accomplir le forfait terrible commandé par le tyran. Si la mort - accidentelle ou non - de Jean Ier précéda un temps de troubles équivoques dans l'histoire de France, celle des neveux de Richard se situe en plein cœur de la guerre des Deux-Roses, opposant deux des plus puissantes familles féodales d'Angleterre, les York (rose blanche) et les Lancaster (rose rouge). Dans la mêlée, les trois enfants du roi Édouard IV - Édouard, futur Édouard V, Richard de Shrewsbury et Élisabeth d'York - sont dans l'ordre de succession lorsque leur père mourut soudainement. Le jeune Édouard hérite du trône à peine âgé de douze ans, le 9 avril 1483. Son oncle, Richard de Gloucester, frère du défunt roi, est alors désigné Lord Protecteur jusqu'au couronnement du jeune homme prévu pour le 4 mai.</p><p style="text-align: justify;">Le prince de Galles et ses frangins sont alors dans une position périlleuse. Placés sous la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi1rBYhqI9TzIl4ub7XAMYSSr_6CqHIZqj-Ko4i6y3PjiTw1G6smGE0ppUMpNi5E8kNra0btmxqaiq-CFb94_iFx-eHlV3O7t2E97eaqhEWpUqNH4Xr6YeiHa5yLbfZXv2tDuI1X0nNw16iuyHEXyCKCDkRlrlCFCeRVJAvAqs9JrVEuJYXZM-qtudQMg/s282/220px-King_Edward_V_from_NPG.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="282" data-original-width="220" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi1rBYhqI9TzIl4ub7XAMYSSr_6CqHIZqj-Ko4i6y3PjiTw1G6smGE0ppUMpNi5E8kNra0btmxqaiq-CFb94_iFx-eHlV3O7t2E97eaqhEWpUqNH4Xr6YeiHa5yLbfZXv2tDuI1X0nNw16iuyHEXyCKCDkRlrlCFCeRVJAvAqs9JrVEuJYXZM-qtudQMg/w312-h400/220px-King_Edward_V_from_NPG.jpg" width="312" /></a>garde de leur oncle maternel, ils deviennent les enjeux des deux familles rivales. Aussi, Gloucester fait-il procéder à l'arrestation d'Anthony Woodville, frère de la reine-mère, et de son demi-frère, Richard Grey et du chambellan Thomas Vaughan, tous trois du parti de Lancaster chargé d'accompagner le jeune prince à Londres. C'est donc désormais Richard d'York qui prend sous sa tutelle le jeune roi en attente de couronnement, cérémonie reportée. Le frère puîné, Richard de Shrewsbury et sa sœur demeurent toujours avec leur mère réfugiés à Westminster. Par sécurité, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiQ8nT9FGsHpnVN1ohDIZOEfUhrIij6nQW01oOvKO0RVAzUZHWAFXKYkAACLsGXsSLXHBOe-KYWiXHYbOeZO61dNNezhzAG9piXTnCeNdnm7dcUVNYn7ZOINCa6rrlfOwXwl5Hp3eW1CDNS/h120/220px-King_Edward_V_from_NPG.jpg">Édouard</a> est placé à la Tour de Londres, le 19 mai, là où son jeune frère vient bientôt le rejoindre. La reine Élisabeth Woodville et le Lord Protecteur entrent en délibérations, tandis que la date du couronnement est repoussée une deuxième fois. Finalement, Richard abat ses cartes et les deux enfants se voient déchus de leur légitimité.</p><p style="text-align: justify;">Ce qui suit est beaucoup plus nébuleux. D'abord, le soupçon du crime odieux relève de l'assassinat de l'un des supporteurs les plus indéfectibles de la cause du jeune Édouard V, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj-RW7mJF6JcBIeItx1QAcyU9gB_kwXyTDNd8hI-elOixSRaxwp0onCYUkm_0NQOLwSF4Co3gzeIecn9-OckFzZ3tb1CAdMUk5U3gBrjozT2EOXi70AHLueECD2wSwcoVJQr1p5MFX0ms48g9GqfrFp8EVV0D7OrH42PHJU1vRmWgqz3wz-hPqiM5nzAw/s242/243px-William_Hastings,_1st_Baron_Hastings.jpeg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="210" data-original-width="242" height="347" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj-RW7mJF6JcBIeItx1QAcyU9gB_kwXyTDNd8hI-elOixSRaxwp0onCYUkm_0NQOLwSF4Co3gzeIecn9-OckFzZ3tb1CAdMUk5U3gBrjozT2EOXi70AHLueECD2wSwcoVJQr1p5MFX0ms48g9GqfrFp8EVV0D7OrH42PHJU1vRmWgqz3wz-hPqiM5nzAw/w400-h347/243px-William_Hastings,_1st_Baron_Hastings.jpeg" width="400" /></a><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjv5ySfFEkYwCMfqC33nJgcIzytJVlx0mnfN1ez6ZWkc-s-yL5Iz2VsVesHYYMB0nywJLL9vVxaDRc_qEGPSedZctRn_kMBBJrZMXSCK5FGkMWUH3NxupNOpMNhrAEHpLS8Q3FaQVdpx0tv/h120/243px-William_Hastings%252C_1st_Baron_Hastings.jpeg">William Hastings</a>. Richard use d'une première ruse en convo-quant Hastings et d'autres fidèles à la Tour de Londres. Là, Richard les fait désarmer, accuse Hastings de trahison et l'envoie immédiatement à l'échafaud. Enfermés dans les appartements les plus reculés de la Tour, les deux enfants disparaissent de la vue du service ordinaire. L'élimination des deux enfants n'était plus qu'une affaire de jours, car ils disparurent corps et biens sans laisser de traces après ce coup de force. Aussi se mit-on à supputer que leur oncle Richard, maintenant officiellement couronné roi d'Angleterre, avait fait commettre le pire crime.</p><p style="text-align: justify;">Plus tard, on obtint sous tortures les aveux d'un des hommes de main de Richard, James Tyrrel, qu'il avait lui-même étouffé les princes sous des matelas. Mais on sait ce que valent <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjTZqvaU894XixNdhYsY8URTV4ULghhhHSBCiZBzDG9uQPqzl5MgkKqF6GHz8zlolz520pBw8lrTnQHBtm4Q_Sj7TAtksswI0FeP1o1JOnYYL7CIsr6jizQXHTpBK9znB5bUqTWrz4iXqw7ruspNxAgkIGj4ZXNHvcE4kEIffaOuMfkK-EY0fb9HSrX7w/s264/220px-Perkin_Warbeck.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="264" data-original-width="220" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjTZqvaU894XixNdhYsY8URTV4ULghhhHSBCiZBzDG9uQPqzl5MgkKqF6GHz8zlolz520pBw8lrTnQHBtm4Q_Sj7TAtksswI0FeP1o1JOnYYL7CIsr6jizQXHTpBK9znB5bUqTWrz4iXqw7ruspNxAgkIGj4ZXNHvcE4kEIffaOuMfkK-EY0fb9HSrX7w/w333-h400/220px-Perkin_Warbeck.jpg" width="333" /></a>des aveux obtenus sous la torture! D'autre part, il n'existe aucune preuve que les deux frères aient survécu après l'épisode de leur emprisonnement. Plus tard, après que Richard eût été tué à la bataille de Bosworth et que la couronne fût revenue entre les mains de Henri VII Tudor (qui avait épousé Élisabeth d'York, sœur des deux petits princes emprisonnés), parut un nouveau Giannino en la personne de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhcBzMu6MyswDK2dr02Ceb47sAGpb8lpgtf6YrZaI0w_ZNbpAq6LpAiMsgUomoZ070Dx3hoBUw_NVF1BOXkTPic4RJxrFJcnZndql2NsfS4xnqihCpO_D2lyHPbYRhhmHzbrW9H9dLfYUSu/h120/220px-Perkin_Warbeck.jpg">Perkin Warbeck</a> prétendant être le prince Richard de Shrewsbury. Comme Giannino, Warbeck - de son vrai nom Perrequin de Werbecque, né en France - n'était qu'un aventurier qui, au moment où le siège de Henri n'était pas encore assuré, faisait rêver les York d'une restauration de la dynastie. À travers ses affirmations et ses rétractations, Warbeck fut jugé et condamné pour haute trahison, puis pendu à Tyburn le 23 novembre 1499.</p><p style="text-align: justify;">L'énigme des neveux de Richard aurait pu s'arrêter là, avec la pendaison de l'imposteur, l'instauration de la nouvelle dynastie des <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhFNnqtX6wd_Q6ehlGbF1rjgurHj3NBOKNCJwtAHJjNy8FnUy6aJ3ztbIgo0nCHPN3EWIccxU1p49pS6L8KD9Flejwxw8iByTpB_X_Lz69y5oHfA0fQ0CvHGNVh2-1WL3AneD_nvSYkVNkN/h120/The+Tudors.jpg">Tudors</a> terminant la guerre des Deux-Roses, mais en 1674, au temps de Charles II Stuart, des ouvriers <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjclWI3wd8dEPCoS9WNX8wLW2ea6IgY0975H-euXd6QlJxze8Cxl8j9FuQ3pJNDUAndgXY75YQ4KQ_xYlVj0d7bgUX74g2MioqXP2WFyQTW4rpb9bCUyYC-VWbeQQ_fLX2apDSNG7HMbUHkc-Gnw9Catgj_ew-hTzytkNA9HQrjvB_dysSBQPMJTO905Q/s1440/The%20Tudors.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="816" data-original-width="1440" height="226" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjclWI3wd8dEPCoS9WNX8wLW2ea6IgY0975H-euXd6QlJxze8Cxl8j9FuQ3pJNDUAndgXY75YQ4KQ_xYlVj0d7bgUX74g2MioqXP2WFyQTW4rpb9bCUyYC-VWbeQQ_fLX2apDSNG7HMbUHkc-Gnw9Catgj_ew-hTzytkNA9HQrjvB_dysSBQPMJTO905Q/w400-h226/The%20Tudors.jpg" width="400" /></a>trouvè-rent à la Tour de Londres une boîte contenant deux petits squelettes humains. Après les avoir jetés aux ordures, on s'avisa de les récupérer dans une urne que l'on enterra à Westminster. Un examen médical opéré en 1933 n'arriva à aucune conclusion et l'Église d'Angleterre refuse aujourd'hui de soumettre les os à des analyses ADN. Le reste revient donc au grand théâtre shakespearien, dont l'effet de voir un sbire pénétrer dans la chambre et étrangler les deux enfants assurait la légitimité de la dynastie des Tudors. Mais Richard, dont les restes ont été retrouvés lors de travaux de pavage en 2015, doit-il être tenu pour ce double meurtre? Bernard Cottret en doute et avance quelques points qui méritent réflexion :</p><blockquote><p style="text-align: justify;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjiW6a2qj8ZKjfhOmjVRy9Wib_FkfhO_VP0GZ-cWMzM46hvRBkdAEmICiHCitRWY5Ufhl5Fu9Z3H_YhMIdK3LIfr1Ks-d5yqBn33SNqhlabj_ntE9Cex_i6P462RitZ72XQ7J86OKquarD0GtuZdeIYJrD4fZfz5lX-2cgG9xFpeCyCmHF8QBzVkNJ8YQ/s295/ElizabethWoodville.JPG" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="295" data-original-width="220" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjiW6a2qj8ZKjfhOmjVRy9Wib_FkfhO_VP0GZ-cWMzM46hvRBkdAEmICiHCitRWY5Ufhl5Fu9Z3H_YhMIdK3LIfr1Ks-d5yqBn33SNqhlabj_ntE9Cex_i6P462RitZ72XQ7J86OKquarD0GtuZdeIYJrD4fZfz5lX-2cgG9xFpeCyCmHF8QBzVkNJ8YQ/w298-h400/ElizabethWoodville.JPG" width="298" /></a>«<i>On ajoutera que les deux enfants mâles, tout comme leur sœur la future reine Élisabeth, épouse d'Henri VII, furent officiellement présentés comme bâtards, ce qui ruinait leur légitimité et rendait donc leur disparition inutile. (Le père des deux enfants, Édouard IV, aurait contracté un premier engagement avec Eleanor Butler , ce qui invalidait son mariage avec <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgBzjJC2c0N65slmggJ0GeBuI2qfERBHh7ONKmzkAXvSCq3qDLR23VcKZYpfBdbQQcbh1qN8lnH8yR4H5jsMp7T1H7hZu4eAW9ovw-LYXoiHTMPmaWSQH47Gstu-95_7tlbHVJsx3kLeObF/h120/ElizabethWoodville.JPG">Élisabeth Woodville</a>). Cet acte du Parlement en date du 23 janvier 1483, connu sous le nom de </i>Titulus regius, <i>"le titre royal", fut évidemment invalidé immédiatement par le premier Parlement d'Henri VII</i>» (B. Cottret. <i>Les Tudors, </i>Paris, Perrin, Col. Tempus, # 888, 2022, p. 597).<br /></p></blockquote><p style="text-align: justify;">Cet argumentaire rappelle que tout <i>mythistoire, </i>même ceux aux effets les plus dramatiques, sont passibles de la critique de sources et qu'au-delà de la scène shakespearienne, la mort des enfants d'Édouard IV relève de ce que Eric Hobsbawm appelle des <i>traditions inventées. </i>En effet, au début du XXe siècle, lorsque deux historiens britanniques, F. York Powell et T. F. Tout abordent le sort des deux enfants, nous sommes loin des certitudes affichées par leurs successeurs :</p><blockquote><p style="text-align: justify;">«<i>Après le couronnement de Richard </i>[III]<i>, on n'entendit plus parler des petits princes; en réalité, leur sort ne fut jamais clairement connu. La nouvelle se répandit bientôt qu'ils étaient tous les deux morts, assassinés dans la Tour par ordre de leur oncle, et </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEia93Agdr04mErs2sf1uZ0iTnmHIX9kpqGD8wSRo1yvK3BU_ippP_BBuK6KuCTEOWEfe610Sb9NTQVQ7r9QvSMKjwKQW0fzGvFWtfzrMZKEn284ymeDrmycHiZFlvJQZRJao5m-e4kPEIaFsuieK75L-7HgYn1_92rjoXNHSMJCKulfN7b4FVgPKcG9AA/s800/A_Chronicle_of_England_-_Page_453_-_Richard_III_at_Bosworth.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="601" data-original-width="800" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEia93Agdr04mErs2sf1uZ0iTnmHIX9kpqGD8wSRo1yvK3BU_ippP_BBuK6KuCTEOWEfe610Sb9NTQVQ7r9QvSMKjwKQW0fzGvFWtfzrMZKEn284ymeDrmycHiZFlvJQZRJao5m-e4kPEIaFsuieK75L-7HgYn1_92rjoXNHSMJCKulfN7b4FVgPKcG9AA/w320-h240/A_Chronicle_of_England_-_Page_453_-_Richard_III_at_Bosworth.jpg" width="320" /></a><i>la plupart l'ont cru depuis. Il est possible que la pitié ressentie devant leur mort prématu-rée et la haine qu'elle provoqua contre celui qu'on regarda comme leur impitoyable bourreau furent parmi les causes principales de la chute et de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiqBW0hfgnxFk8b94V7QiC78tZASxIhJbETlU4Lm2hWG52YnY0cZ7MkAjhsExMIfhtB4ZqIHdEgOiR3BMWWWYD5Yn_c4GcvFIjrrUkJlgZfHDrBjPcEgyQpIxNKe60o-gJGszTfLo1SWv1a/h120/A_Chronicle_of_England_-_Page_453_-_Richard_III_at_Bosworth.jpg">la mort de Richard</a>. Cependant, les parents des princes et les grands seigneurs de l'époque ne crurent pas, semble-t-il, que Richard eût tué ses neveux, et, longtemps après..., nombreux furent ceux qui pensèrent qu'ils s'étaient échappés de la Tour et qu'ils étaient cachés en lieu sûr</i>» (F. York Powell et T. F. Tout. <i>Histoire d'Angleterre, </i>Paris, Payot, Col. Bibliothèque historique, 1932, pp. 398-399).<br /></p></blockquote><p style="text-align: justify;">C'est après que surgit la <i>tradition inventée</i> à travers différentes vulgarisations historiques. D'abord avec André Maurois dont la valeur de son <i>Angleterre </i>est partout respectée : </p><blockquote><p style="text-align: justify;">«<i>Édouard IV laissait deux jeunes fils, dont l'aîné aurait dû lui succéder, mais son </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhmWOZ-WhTwCmt3dkcJhNosKEmgFtNKKMJASlYnJqchToGceLyxlDOnFxoDMdv73ZRFNALxvOlPuM4Cz2DtcMK-_LmRibExh7RRy8S-sLIlKMMdyf392k5INU3e9x95_Meoivkdkw3ysF6dQzV9X41AEaTyrcYYzimSdiG8KUG4XqAcRGNc7Ekn97nACA/s260/L'Assassinat_des_enfants_d'Edouard_-_Theodor_Hildebrandt_-_MBA_Lyon_2014.JPG" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="225" data-original-width="260" height="277" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhmWOZ-WhTwCmt3dkcJhNosKEmgFtNKKMJASlYnJqchToGceLyxlDOnFxoDMdv73ZRFNALxvOlPuM4Cz2DtcMK-_LmRibExh7RRy8S-sLIlKMMdyf392k5INU3e9x95_Meoivkdkw3ysF6dQzV9X41AEaTyrcYYzimSdiG8KUG4XqAcRGNc7Ekn97nACA/w320-h277/L'Assassinat_des_enfants_d'Edouard_-_Theodor_Hildebrandt_-_MBA_Lyon_2014.JPG" width="320" /></a><i>frère Richard, duc de Gloucester, fit assassiner ses neveux après les avoir em-prisonnés dans la Tour de Londres, et devint roi sous le nom de Richard III (1483). Shakespeare a peint le portrait monstrueux de ce <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjzkLV_p20uPWfrhztc_01f3xbQvrz_-4Qi5bFKyGsiRe3zXJpI1qrztrRPxmz0OVJbMD9F98ZWol9d6pPJilqg3ysBFEXxFUQ4u0gSDcWTpym0_tfORIcuXlycIp6mmfowaaT_1lWePRXy/h120/L%2527Assassinat_des_enfants_d%2527Edouard_-_Theodor_Hildebrandt_-_MBA_Lyon_2014.JPG">bossu cruel</a>, courageux et brillant, bien que certains historiens aient essayé de réhabiliter Richard III. Il semble qu'il faille croire Shakespeare. Lorsque le peuple connut le double meurtre de la Tour, le sentiment de révolte qui, depuis longtemps, fermentait dans l'esprit des Anglais fatigués de guerres civiles et d'usurpations, prit une forme plus précise</i>» (A. Maurois. <i>Histoire d'Angleterre, </i>Paris, Arthème Fayard, rééd Livre de poche, Col. Historique, # 455/456, 1937, p. 177).<br /></p></blockquote><p style="text-align: justify;">Ici, contrairement à la dubitation de York Powell et Tout, Maurois préfère s'en remettre à Shakespeare comme s'il s'agissait d'une source fiable, ce qui rattache l'argumentaire non à la critique historique mais à la dramaturgie. Même chose chez J. Thorn, R. Lockyer et D. Smith : </p><blockquote><p style="text-align: justify;">«<i>Le duc de Gloucester est resté dans les mémoires comme un des plus sinistres personnages de l'histoire d'Angleterre; monstre difforme qui, avide de pouvoir, trahit </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiqanWfQDGrbX5aJEsCG7C2Z-WTNOo1E_i91HAxkW7ZjcAogpWfzPQzt-yyHpvUvyD7acncLmNQ2YOSnDsX7INu_JoOxM8CUPOUE8si1lis0dlQRu2vbJFG_6IeUeG-Z0mUt3MTZ-MyD-8q8Esby48_IIecRhzAB5SBeX29RiBI40vK4glELd5YJj9p4Q/s702/the-children-of-edward-1831.jpg!Large.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="600" data-original-width="702" height="274" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiqanWfQDGrbX5aJEsCG7C2Z-WTNOo1E_i91HAxkW7ZjcAogpWfzPQzt-yyHpvUvyD7acncLmNQ2YOSnDsX7INu_JoOxM8CUPOUE8si1lis0dlQRu2vbJFG_6IeUeG-Z0mUt3MTZ-MyD-8q8Esby48_IIecRhzAB5SBeX29RiBI40vK4glELd5YJj9p4Q/w320-h274/the-children-of-edward-1831.jpg!Large.jpg" width="320" /></a><i>ceux qu'on lui avait confiés, usurpa le trône et assassina Edouard V et son frère (les touchants </i>Enfants d'Edouard <i>du tableau de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhDZg9suDX2Bv8V4xKwhQO5cmvCwRyUrXFpAexj6dL6_O5qHXkkoI4Z5xpUYD9gO5sC0OWYRFa8no9ljDN82dqG8z4clcPLGaoYFp7RQ4XrGJ7ftE_SsNAJRhxGO6KyxGS_d6fCsHkb4KCI/h120/the-children-of-edward-1831.jpg%2521Large.jpg">Delaroche</a> au Musée du Louvre). </i>[...] <i>À-t-il d'ailleurs fait assassiner ses neveux? De toute façon, le petit Edouard V avait peu de chances de survivre : être de sang royal, à cette époque, équivalait presque à un arrêt de mort. "Malheur au peuple dont le prince est un enfant", dit un des citoyens de Londres, dans le </i>Richard III <i>de Shakespeare, une phrase qui pourrait servir d'épitaphe au bref règne d'Edouard V</i>» (J. Thorn, R. Lockyer et D. Smith. <i>Histoire de l'Angleterre, t. 1 : de la conquête romaine à la République de Cromwell, </i>Verviers, Gérard & Cie. Col. Marabout Université, # 148, 1968, p. 208).<br /></p></blockquote><p style="text-align: justify;">Et comme presque pour justifier Richard III, les auteurs ajoutent que «<i>la dernière fois qu'un </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgJ0e9Lqle5hFB2kjKxXKGh-Ne3_X4nYEJbU1WhsJW8ManKeoT7hpgVtBeNzWBaRtZ-jFEfQsN18BbWYa3U_fTz6AzjwxZMftKUVPVKj07XhHlLMOVjF9t3ER3R8TIthayhFlkfVr6ZZRfCf56jFLHGmPWWi-njLB_aqXy-lc1KRVESg_TkpHAf8ObmBQ/s322/220px-HenryVIofEngland.JPG" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="322" data-original-width="220" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgJ0e9Lqle5hFB2kjKxXKGh-Ne3_X4nYEJbU1WhsJW8ManKeoT7hpgVtBeNzWBaRtZ-jFEfQsN18BbWYa3U_fTz6AzjwxZMftKUVPVKj07XhHlLMOVjF9t3ER3R8TIthayhFlkfVr6ZZRfCf56jFLHGmPWWi-njLB_aqXy-lc1KRVESg_TkpHAf8ObmBQ/w274-h400/220px-HenryVIofEngland.JPG" width="274" /></a><i>enfant-roi - <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiLxNKiBjTXU_bqOd9hSlmOwxeewY0wcIEG5X9-UVDBcW0MBinKccgx52coWhNFFEYfZ321uRe8a57dz4BB4wyiiTkWhzpHM401qxpjoyi3V7Pa3xAZhDh6oeIAtH14SWRenaxdFtCm61tp/h120/220px-HenryVIofEngland.JPG">Henri VI</a> - était monté sur le trône, l'autorité royale avait disparu dans les remous de la guerre civile et le Régent, lui aussi duc de Gloucester, avait payé de sa vie et de son déshonneur sa loyauté - toute relative - à son souverain</i>» (Thorn, Lockyer et Smith. ibid. p. 209). On comprend qu'informé par l'histoire, Richard se serait empressé d'agir, éliminant ses neveux. Élaborant sur des supputations, les trois auteurs, non seulement en appellent à la dramaturgie shakespearienne, mais la renforcent du tableau romantique de Delaroche. Plus le <i>mythistoire </i>s'affermit des apports littéraires et plastiques, plus il acquiert de la véracité historique.</p><p style="text-align: justify;">Heureusement que l'approche critique ne disparaît jamais complètement. Elle s'enrichit parfois de l'intelligence politique des historiens, comme c'est le cas chez Jean Allary, qui offre une explication du geste tragique de Richard en remontant à la confiance que le défunt roi, Édouard IV, avait pour son frère :</p><blockquote><p style="text-align: justify;">«[Édouard] <i>avait, pendant les dernières années de son règne, laissé son frère Gloucester, prendre à ses côtés une importance grandissante. Ce Gloucester, nabot difforme que la chronique charge de toutes les turpitudes, s'empressa de se faire reconnaître tuteur du jeune héritier du trône, encore mineur. Il avait pour lui la </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgiC7avi7B4zYfntJK4AItTW_B3GY5KEhVVPqF6KBPEfb7cwo1JeJKjfPDTBW7Rx6jOSYwYQKwo1hKf7u8OuZ2CefpPkx_0ETDQXvAiqfQ-QPIFQG4kZdnru_F73AzcBxqodXzCAiRNtQr1zHnILsQ1yUpQXrSEmu3QoKWyNnRZlGEAnkaVP4SBTWmYfg/s283/King_Edward_IV.png" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="283" data-original-width="220" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgiC7avi7B4zYfntJK4AItTW_B3GY5KEhVVPqF6KBPEfb7cwo1JeJKjfPDTBW7Rx6jOSYwYQKwo1hKf7u8OuZ2CefpPkx_0ETDQXvAiqfQ-QPIFQG4kZdnru_F73AzcBxqodXzCAiRNtQr1zHnILsQ1yUpQXrSEmu3QoKWyNnRZlGEAnkaVP4SBTWmYfg/w311-h400/King_Edward_IV.png" width="311" /></a><i>vieille noblesse, celle qui s'était indignée du mariage d'<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiUbH-44FifLsb5Sq6aODbdPsgcJjvbcrEBxHZzFUVC6_saB0XuDeuc29xEzGlp4sd-Cb3AmnDayou-BD5K4uzNQ_wv-8-tcrjGk1yDBan2fTOMKXI5jwWggpF4mjaWbou_tHuvEA1UCM2R/h120/King_Edward_IV.png">Édouard IV</a> et de l'obscure Élisabeth Woodville, et contre lui, natu-rellement, les parvenus qui cons-tituaient le parti de la reine. Le régent, homme de décision sinon de droiture, fit arrêter leurs chefs et enfermer son pupille, le petit roi, à la Tour de Londres, pendant que la reine-mère trouvait droit d'asile à Westminster pour elle et pour son second fils. Il savait ce dont une autre mère, Marguerite d'Anjou </i>[épouse d'Henri VI, elle assurait la régence durant les périodes de déséquilibre mental du roi]<i>, avait été capable pour assurer l'avenir de son enfant et, décidé à exterminer jusqu'au dernier ses partisans, l'accusant elle-même en conseil privé de sorcellerie et de complot contre sa vie, il fit jeter en prison ou décapiter sans jugement ceux qu'il soupçonnait encore de la défendre, puis, contestant la légalité de l'union contractée par Édouard IV, chargeant son aumônier et son ami Buckingham de défendre l'un à Saint-Paul, l'autre au Guildhall cette thèse insensée, il se fit offrir la couronne par une députation des Communes et des Lords tandis que le parlement, tremblant devant la foule de mercenaires dont la ville était pleine, acceptait en silence ce nouveau coup d'État. Le second fils d'Édouard IV avait rejoint son frère dans sa cellule de la Tour de Londres. Deux siècles plus tard, au cours de travaux, leurs corps furent retrouvés sous un escalier</i>» (J. Allary. <i>Nouvelle histoire d'Angleterre, </i>Paris, Hachette, Col. L'histoire racontée à tous, 1948, pp. 88-89).<br /></p></blockquote><p style="text-align: justify;">Rappelant le crise sociale entre la vieille noblesse féodale représentée par Richard et la nouvelle noblesse, plus encline à s'associer aux hautes classes sociales bourgeoises (les <i>parvenus</i>), il importe peu aux yeux d'Allary la véracité du double assassinat de la Tour de Londres; ce qui lui importe, c'est le contexte dans lequel bien d'autres praticiens de la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgdj2fKM5q1hZyVbY5QLd7VaFX1PdHQB2xpKZL4KbeMkdJimzDrLcDcFAzwi-WjodRTPkmdeBc5F7Z63JE38e1lk-G0Qij4WDD5swRtKDi-OPUHaosyioZixQ7OeNDTpDw2GnwmaZdjNwekOHSzO65YlTxzNWtpMD2zbSAabOiO0m92Aq6uqxdvokv-kA/s1200/1065525-main-63c56e31ead04.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="887" data-original-width="1200" height="296" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgdj2fKM5q1hZyVbY5QLd7VaFX1PdHQB2xpKZL4KbeMkdJimzDrLcDcFAzwi-WjodRTPkmdeBc5F7Z63JE38e1lk-G0Qij4WDD5swRtKDi-OPUHaosyioZixQ7OeNDTpDw2GnwmaZdjNwekOHSzO65YlTxzNWtpMD2zbSAabOiO0m92Aq6uqxdvokv-kA/w400-h296/1065525-main-63c56e31ead04.jpg" width="400" /></a><i>raison d'État</i>, dans les mêmes circons-tances<i> </i>auraient ou avaient agi de la même façon que le fît Richard. Pour Allary, la décou-verte des deux squelettes au temps de Charles II suffit pour confirmer le sort des enfants sans avoir à spécifier si leur mort fut l'effet de la détention ou de l'action meurtrière de leur oncle. N'en demeure que même parmi les historiens les plus récents (voire des mieux cotés), le <i>mythistoire </i>l'emporte encore : «<i>Édouard V avait douze ans : pour la troisième fois en moins d'un siècle, un jeune enfant montait sur le trône. Richard de Gloucester, son oncle paternel, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjS1qJJxgdH6oL8KGrlQVeRiu_2t9ys9wgw_lMTTCxv0SuR2js-SHHGH6WoDQtECeGmhvfhZDaN_RKbLdNQhjMBPfc4VWDutvf-KQE8BHrrDU_cESZfTZtpGlUs7nCzAatD4vQZCg8Yk2tv/h120/1065525-main-63c56e31ead04.jpg">le fit étrangler</a> ainsi que son frère dans la Tour de Londres et se proclama roi sous le nom de Richard III...</i>» (P. Chassaigne. <i>Histoire de l'Angleterre, </i>Paris, Flammarion, Col. Champs, # 833, 2008, p. 54). Voilà où certains affirment péremptoirement là, d'autres hésitent et laissent le mystère ouvert.</p><p style="text-align: justify;">Comme Jean le Posthume, les enfants d'Édouard n'avaient été que des pièces au sein d'un tournoi dynastique. Mais il fut octroyé à Caterina Sforza (1463-1509) d'afficher ce mépris <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhbQEH6vRVlRGa4L7BlKkuXmG2K_j9vJhShqcIyCXSouiDhA_5xltrqUlkdILJ6A5WmLPphLgiY7NvrPhMt3WW1ySKqenQNwTNI8X0hkLmX6Jr9v0IICgtsanB6_uXOky7JcU_RtktuYU0Gd9G55ct7zqGHSHC9QD134pc_weW2xwEWAFfPUmjfak1-Pw/s198/Girolamo_Riario.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="198" data-original-width="140" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhbQEH6vRVlRGa4L7BlKkuXmG2K_j9vJhShqcIyCXSouiDhA_5xltrqUlkdILJ6A5WmLPphLgiY7NvrPhMt3WW1ySKqenQNwTNI8X0hkLmX6Jr9v0IICgtsanB6_uXOky7JcU_RtktuYU0Gd9G55ct7zqGHSHC9QD134pc_weW2xwEWAFfPUmjfak1-Pw/w284-h400/Girolamo_Riario.jpg" width="284" /></a>de l'enfant lors d'un épisode célèbre des crises italiennes de la Renaissance. Épouse de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg1lmW5aC7b7HAgBiMHCb0UxMLDelwItaciaoZzpuBR7M6iGmdytTF7ngxEbiZied3G5v93SzWMC4yi0KUKyX7Dr23zBIlFCU2hvIZkb3Q3sp9hL_v4Bti-aI3a6j5YjHHOWXLsAhwaacGA/h120/Girolamo_Riario.jpg">Girolamo Riario</a>, seigneur de Forli, ce dernier est assassiné lors d'une émeute en avril 1488, menée par le clan de Francesco d'Orso. Caterina et ses six enfants sont alors jetés au milieu des outrages dans les prisons de San Pietro, mais laissant toute attente ses enfants à ses ennemis, elle s'évade pour se réfugier dans la citadelle de Forli, dont le commandant lui est demeuré fidèle. On la menace d'égorger ses enfants; elle répond en se frappant le ventre qu'elle possède toujours le moule pour en faire d'autres. Une telle crânerie, pour autant qu'elle est insolente, reste un geste lourd de conséquences considérant l'importance de la succession héréditaire. </p><p style="text-align: justify;">Voilà pour le <i>mythistoire </i>: au départ, la situation est effectivement critique. Caterina ne peut compter que sur Tomaso Feo, le châtelain de la Rocca :</p><blockquote><p style="text-align: justify;">«<i>Par l'intermédiaire d'un fidèle serviteur, elle put communiquer avec Feo. Celui-ci fit dire à Savelli </i>[l'Évêque de Forli qui agissait comme médiateur] <i>qu'il voulait bien livrer le château mais que, n'ayant jamais agi en traître, il lui fallait d'abord un ordre écrit de la Comtesse </i>[<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh2qobPdCEsU9AJUALVNQ5-ySlAhwwzS0GuxfqK6hAlzgbdipYCCkHyVy2DKea_f0BFHprjFjBNoNrQrnFtJ5Pjp-MQl_vM3k9ReNFtYvCv3DGjMRHn67UYdp7vc96gTlrtZDyDkW1ZZhV4mK7DpRwbQk7urdSKgV-9C4OayuAwCNOIIEc55iXlDFUk1g/s302/Caterina_Sforza.jpg">Caterina</a>]. <i>Savelli consentit, encore que les Orsi, qui la connaissaient bien, protestassent énergiquement. Ils durent céder. Une fois de plus, </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh2qobPdCEsU9AJUALVNQ5-ySlAhwwzS0GuxfqK6hAlzgbdipYCCkHyVy2DKea_f0BFHprjFjBNoNrQrnFtJ5Pjp-MQl_vM3k9ReNFtYvCv3DGjMRHn67UYdp7vc96gTlrtZDyDkW1ZZhV4mK7DpRwbQk7urdSKgV-9C4OayuAwCNOIIEc55iXlDFUk1g/s302/Caterina_Sforza.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="302" data-original-width="260" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh2qobPdCEsU9AJUALVNQ5-ySlAhwwzS0GuxfqK6hAlzgbdipYCCkHyVy2DKea_f0BFHprjFjBNoNrQrnFtJ5Pjp-MQl_vM3k9ReNFtYvCv3DGjMRHn67UYdp7vc96gTlrtZDyDkW1ZZhV4mK7DpRwbQk7urdSKgV-9C4OayuAwCNOIIEc55iXlDFUk1g/w275-h320/Caterina_Sforza.jpg" width="275" /></a><i>elle fut amenée devant la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgaTfYBjgnAvO2mQYAzHEM3QRIqB98yLrr_2Ngau4sl9taBjlwNYVims_EwyN09dtQFp_4FS4vShSpIxnGTNf5uO1y9MjQQAicdjmxypoLUxWFbDBoBLHnsKtgaAaE75cFRJ2TVVacfEoUL/h120/Rocca_di_Ravaldino_Photo-3-768x423.webp">Rocca</a>. Feo refusa de se rendre mais promit de la laisser entrer si elle venait seule. Les Orsi protestèrent encore, mais son ami Ercolani, "uomo da bene ed assai sagace e malizioso", leur fit remarquer que tous les enfants de Catherine étaient entre leurs mains et Monseigneur Savelli n'admit aucune objection. Quand elle fut de l'autre côté du pont-levis, elle se rit d'eux tous et ordonna de braquer les canons sur la ville au cas où l'on ferait du mal à ses enfants. Comme elle attendait un enfant et était absolument épuisée, Feo l'obligea à se reposer. Elle dormait quand les trois heures de trêve furent terminées, et les Orsi furieux, sinon surpris apprirent qu'elle n'avait pas l'intention de revenir. Alors suivit la fameuse scène où les enfants furent amenés devant le château, suppliant leur mère de se rendre, sinon ils seraient tués. D'après l'histoire, elle souleva sa robe, s'écriant : "Ne voyez-vous donc pas, sots, que je suis déjà en train d'en faire d'autres?" La version la plus probable, rapportée par le chroniqueur Bernardi qui était à Forli, est que la </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjEMJJP730L_rHSR_FPcNQvuAEa1qJ3QU4_8S7V9NyX--BIcRvHUo1zkmWMBCJbXlbbtnccHxoyo-MmcnlXU5hkbRmyfE_4ZWMv7eTnCfEbwQ4TMVgwfGjo-frs8B3cpkXL3ZMiylRTO6Owd2JrYnBM55M_ZrQH4YRPgdNMP9s3UG2g-XfMdI1cn431BA/s768/Rocca_di_Ravaldino_Photo-3-768x423.webp" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="423" data-original-width="768" height="176" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjEMJJP730L_rHSR_FPcNQvuAEa1qJ3QU4_8S7V9NyX--BIcRvHUo1zkmWMBCJbXlbbtnccHxoyo-MmcnlXU5hkbRmyfE_4ZWMv7eTnCfEbwQ4TMVgwfGjo-frs8B3cpkXL3ZMiylRTO6Owd2JrYnBM55M_ZrQH4YRPgdNMP9s3UG2g-XfMdI1cn431BA/w320-h176/Rocca_di_Ravaldino_Photo-3-768x423.webp" width="320" /></a><i>nourrice, sa sœur Stella, son fils aîné Ottaviano furent amenés l'un après l'autre pour la supplier, mais Feo ne voulut pas la réveiller, et quand les cris d'Ottaviano devinrent si forts qu'on put craindre qu'elle les entende, il dit à ses hommes de faire tout le tapage possible et même de tirer quelques coups de fusils afin d'éloigner les Orsi. Catherine, réveillée par le tumulte, arriva vêtue de sa robe de nuit et fut apaisée par Feo qui lui dit que les Orsi étaient partis tranquillement. L'histoire conforme à la vérité ne figure pas non plus dans les bavardages de Cobelli qui était aussi à Forli, mais ces chroniqueurs font d'autres récits qui montrent combien elle était dans son élément parmi ces grossiers et rudes Romagnols d'où descendaient ses ancêtres</i>» (L. Collison-Morley. <i>Histoire des Sforza, </i>Paris, Payot, Col. Bibliothèque historique, 1951, pp. 230-231).<br /></p></blockquote><p style="text-align: justify;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEie6ZiAS2T4wf2ZUmwFBx6ZOwWS3hKQwSHau9lqF5hmxPWhReyVYGJA2mxq4-WZgzKO47OY6VydoRP5ghWikWEnY5bI2Z7QtZIteEmDe_AcoSVnivziihonzEcvHScnR3TqR1VZ0x_jtCTgf_KXdwQdPks3I4FeXBowPw2mNlpBZI7JFkDzhpH8ANqfZA/s230/medium.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="230" data-original-width="214" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEie6ZiAS2T4wf2ZUmwFBx6ZOwWS3hKQwSHau9lqF5hmxPWhReyVYGJA2mxq4-WZgzKO47OY6VydoRP5ghWikWEnY5bI2Z7QtZIteEmDe_AcoSVnivziihonzEcvHScnR3TqR1VZ0x_jtCTgf_KXdwQdPks3I4FeXBowPw2mNlpBZI7JFkDzhpH8ANqfZA/w186-h200/medium.jpg" width="186" /></a>Les conjurés comprennent l'erreur qui devait leur coûter un exil perpétuel lorsque l'oncle de Caterina, le duc <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEglu8gOWOcaHbPyId7AYJoAuU-1fsmp6VUOj0AaMty3j4vYz74lc4-zALC0QVhBVekS9yyJATOq1_QpqEBBEOAlliujcssUkQ945fNQBq263kUZdaQsxYBeXpnacz_uu_XRDm5k6tRNMl2K/h120/medium.jpg">Ludovic Sforza</a> de Milan vint avec ses troupes la libérer. Ici aussi, la version critique de Collison-Morley met à mal le <i>mythistoire. </i>Lorsque les Orsi, cause de tous les malheurs de Caterine, évacuent Forli, la Comtesse refuse de se venger sur la ville qu'elle-même avait prise en otage pour la libération de ses enfants : <br /></p><blockquote><p style="text-align: justify;">«<i>Voyant que leur cause était sans espoir, les Orsi essayèrent de s'emparer des enfants Riario, mais leurs gardiens refusèrent de les livrer. Le chroniqueur attribue leur échec à l'intervention des saints, car si quelque mal leur était arrivé, Catherine aurait, sans aucun doute, fait saccager la ville. Les Orsi s'enfuirent, laissant derrière eux leur vieux père et les femmes. Catherine refusa de laisser mettre à sac la ville. Elle savait bien que, si elle le permettait, elle ne retrouverait jamais les objets pillés; elle devinait aussi quel serait le sort cruel réservé aux femmes et aux enfants. Cette considération pour son propre sexe est un des plus beaux traits de son caractère. Elle avait une profonde et sincère sympathie pour les femmes qui souffraient si cruellement à cette époque, et intervenait continuellement pour les protéger et les secourir. De même elle ne voulut pas permettre qu'aucun mal fût fait aux femmes des Orsi...</i>» (L. Collison-Morley. ibid. p. 231).<br /></p></blockquote><p style="text-align: justify;">Par contre, Caterina se montre impitoyable à l'égard des conjurés qui ont tué son mari et menacé sa vie et celles de ses enfants. À peine remise de ses couches, elle est nommée <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiUTVasunDA-N_pYSZ2peHebkpnYnaWhDyWohOHHvbe1vm80i3RiDkyBdI47_oW3icz7zryM6kfYEVuoi4cUc44PtO16fj-UWSFt7wVK1rk5kfp0okivJrWIjcON9-B0fukPvUE86LxvdZH8QXg_Y4OwhQdWqq3vGWavkyTp1Z2C3V9TwsLB60a83ZF9A/s500/tumblr_feb389fdc7025db5b2e644799d6aafc6_60954edc_500.png" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="279" data-original-width="500" height="224" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiUTVasunDA-N_pYSZ2peHebkpnYnaWhDyWohOHHvbe1vm80i3RiDkyBdI47_oW3icz7zryM6kfYEVuoi4cUc44PtO16fj-UWSFt7wVK1rk5kfp0okivJrWIjcON9-B0fukPvUE86LxvdZH8QXg_Y4OwhQdWqq3vGWavkyTp1Z2C3V9TwsLB60a83ZF9A/w400-h224/tumblr_feb389fdc7025db5b2e644799d6aafc6_60954edc_500.png" width="400" /></a>gardienne de son fils. Elle sort de la Rocca, accompa-gnée des plus puissants seigneurs de Forli et parcourt à cheval les rues où les troupes milanaises de son oncle lui font la haie d'honneur afin d'impressionner la population. La <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg_k6gc_IpHoA1vVQNjviVmuMUbgU-V6IVFIQkrmXYY-qOVuCTGjyfWRu8AzLUHdVPYRN9j0ZKIBEGq-y_BsSgsxk7GtJ3O9HSR_l02nLYQiFqiwtZLBS6qtD_88TgCYw9eF81hi16-hIHZ/h120/tumblr_feb389fdc7025db5b2e644799d6aafc6_60954edc_500.png">brutalité du geste</a> de Caterina que le <i>mythistoire </i>raconte banalisait sans doute le fait des princes de disposer de leurs enfants à leur volonté, mais Caterina visait moins à les déconsidérer qu'à montrer à ses adversaires la sottise de penser qu'en détenant des enfants en otage, on pouvait contraindre un prince absolu. En cela, elle se montra une excellente élève de Machiavel!</p><p style="text-align: justify;">Avec le XVIIIe siècle, l'importance de l'enfant au sein de la famille bourgeoise occidentale faisait tourner la page des mentalités. Les enfants commençaient à occuper le premier plan des peintures, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj4hClU-KNUxetVGqQilHkp00pH7EHLR98yYUQejeG0FJNN9DHYrfbWt075fHZp6Pkphk3D8upeW1XBJalVOWjfxsbEOabeGSEVFEtp5uXheI-I77U9oyw_1jLcqQ3F975Kr6ZqeVEiD5w-LIAwmp6PFQoY-akHCEATDNqL0foARMIuLMG-gSF72wefaQ/s270/Louis_Charles_of_France5.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="270" data-original-width="220" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj4hClU-KNUxetVGqQilHkp00pH7EHLR98yYUQejeG0FJNN9DHYrfbWt075fHZp6Pkphk3D8upeW1XBJalVOWjfxsbEOabeGSEVFEtp5uXheI-I77U9oyw_1jLcqQ3F975Kr6ZqeVEiD5w-LIAwmp6PFQoY-akHCEATDNqL0foARMIuLMG-gSF72wefaQ/w326-h400/Louis_Charles_of_France5.jpg" width="326" /></a>prenant la place occupée un siècle plus tôt par les adultes, par exemple dans la peinture hollandaise. Le délicieux Chardin était maître du genre. Bien sûr, il faut insister, ces considérations concernaient essentiellement les milieux bourgeois et urbains. Dans la vastitude des arrières-pays, la vie rurale continuait à être pénible pour les enfants appelés à reproduire le cycle des générations attachées à la terre. Dans les villes par contre, commençait la sinistre migration des enfants vers les manufactures alors qu'ils étaient omniprésents dans les mines. Mais en ce tournant du XIXe siècle, c'était le sort d'un enfant - un seul -, pour lequel l'opinion se passionnait : le petit Louis Charles duc de Normandie, Dauphin de France, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiMrZxTFkVPh1C04iknCppxQGhaqBhRYBb9GpwKsBtTcyF6fc-F-gjrHw97uJ-sO7DgmTVPntD1cNZMNa1Cjmti5DXLeD49_RoNU4aZDVO2s1hGcjb5Oa5wB0o4nWL3FJeei_JDI6XbgeOA/h120/Louis_Charles_of_France5.jpg">Louis XVII</a> (1785-1795), le fils de Louis XVI et de Marie-Antoinette guillotinés en 1793.</p><p style="text-align: justify;">Louis XVII est disparu de la prison du Temple un peu comme les fils d'Édouard de la Tour de Londres. Le nombre (impressionnant) de prétendants qui devaient surgir au cours du <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg1hFVU11CDi5g96Nn0LJgD9FvVZHfTaO8MS2UZ6Cm0C8Cb1vKsHpeFXFpN0WdK26_qHiPMHuL5MzjJwlattHROcI5ZKcOQ1gF3_PCAQbTLmkbY6wWwyCjauNpDXy2OGGYgkvXY4A0GigAFiGFhKcvSXR_Trv4WgM_ZZwyzfPoKc-LX_RNE5UeeWho0Mw/s300/BnF-1976-x-350-The-Dauphin-Taken.webp" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="221" data-original-width="300" height="295" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg1hFVU11CDi5g96Nn0LJgD9FvVZHfTaO8MS2UZ6Cm0C8Cb1vKsHpeFXFpN0WdK26_qHiPMHuL5MzjJwlattHROcI5ZKcOQ1gF3_PCAQbTLmkbY6wWwyCjauNpDXy2OGGYgkvXY4A0GigAFiGFhKcvSXR_Trv4WgM_ZZwyzfPoKc-LX_RNE5UeeWho0Mw/w400-h295/BnF-1976-x-350-The-Dauphin-Taken.webp" width="400" /></a>siècle suivant - se prétendant ou que l'on prétendait être le Dauphin évadé de sa geôle grâce à l'action d'espions royalistes -, servaient les intérêts des partisans des Bourbons après l'assassinat du duc de Berry, dernier héritier mâle de la branche légitimiste (1820). (C'est à ce moment, en effet, mais est-ce un hasard?, qu'on vit surgir le plus grand nombre de prétendants!) Ce qui restait, une fois toutes les attributions écartées, c'était un enfant dont on ignorait véritablement tout et qui avait survécu quelques mois à la mort de ses parents. C'est à partir du moment de l'exécution de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhDya6FF6TnG3kkUL1EsI7FwBSBWemX6ktbMA9FyT_KGqbwaF6zUooapJPwc5EmNqyG65IZjI1ocNc68zXt3txrtFxXgokVGrSJ1CCYu1raLd7FHpdKspdYYacdzzQk6XXIPxjtEp9bbp4p/h120/BnF-1976-x-350-The-Dauphin-Taken.webp">Marie-Antoinette</a>, le 16 octobre 1793, que le sort de Louis XVII et celui de sa sœur, la duchesse d'Angoulème - Madame Royale - fut d'être <i>otages de la Nation.</i></p><p style="text-align: justify;">Il était plus difficile dans le contexte de la Révolution française que dans celui de la guerre des Deux-Roses de laisser traîner dans une oubliette les deux enfants royaux. D'autre part, avec <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhPdJcK1iObprZ_tqCnC3vDueO-MiP3FQYZabcq0V0tx8jlD1vo0WvOQYpARctmCwbE1K5DhaHVv4DjvQcxCE9faeX2lfmdG3llB0YejeAx_WKzCFYj7-aTqr6K-s3yKPDUmKfKg6uPk01Q/h120/260px-G._Lenotre_%2528cropped%2529.jpg">G. Lenôtre</a>, nous devons considérer qu'«<i>il est bien regrettable que les nombreux </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhxzCwPzEIPqWM7HA7HDnlRhgflhKEfAkP4R1uCGpJsc8Q60Z-x7u6IxvpswuaWCCS47uA6fmaK98OCXYwfk4IXxiIifD7lP38Ezfc7H8BvYcQDaVRGNyGsAfdQujudgm2bIOTKn-sOLJ4GLgz8JXlIV4oaDZsHedMtX1FTrFF34RiwCcFeA-W6KNeyuw/s260/260px-G._Lenotre_(cropped).jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="259" data-original-width="260" height="318" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhxzCwPzEIPqWM7HA7HDnlRhgflhKEfAkP4R1uCGpJsc8Q60Z-x7u6IxvpswuaWCCS47uA6fmaK98OCXYwfk4IXxiIifD7lP38Ezfc7H8BvYcQDaVRGNyGsAfdQujudgm2bIOTKn-sOLJ4GLgz8JXlIV4oaDZsHedMtX1FTrFF34RiwCcFeA-W6KNeyuw/w320-h318/260px-G._Lenotre_(cropped).jpg" width="320" /></a><i>historiens qui ont, depuis plus d'un siècle, étudié la triste vie de Louis XVII, l'aient tous racontée avec un parti pris non dissimulé : ils avaient pour but de "prouver quelque chose", soit l'évasion, soit la mort au Temple, soit la survivance du prince en tel ou tel des "faux-Dauphins" : ils ont choisi, parmi les documents accessibles, les seuls avantageux à leur thèse : c'est ainsi que sont demeurés en très grande partie inutilisables tant de renseignements amassés dans les Archives de la Commune aujourd'hui disparues et où se trouvait, bien probablement, la solution de l'énigme</i>». (G. Lenôtre. <i>Louis XVII et l'énigme du Temple, </i>Tours, Mame, 1921, p. 180). D'autre part, Louis XVII, reconnu roi légitime par tous les partisans de la<i> </i>Contre-Révolution, avait été un enjeu dans les négociations de la République avec les armées coalisées, situation pleine de<i> </i>menaces qui pesaient sur l'avenir de la Révolution,<i> </i>jusqu'au début de l'été 1<i>794. </i>Aussi, ce qui nous préoccupera ici, ce ne sera pas l'éventuelle survie du Dauphin dans l'un de ces quelconques prétendants, mais plutôt ce que Louis Hastier a appelé <i>la double mort de Louis XVII</i>.</p><p style="text-align: justify;">Cette double mort se situe chronologiquement entre l'isolement de l'enfant à l'automne 1793 et l'annonce de sa mort officielle au Temple, le 8 juin 1795. Avec la fin du printemps <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgX9qBGqwV4Rz5TrdT-PhVVURzkCMe2ZYMVr_dus2omKTztvqZL5f9AkhStldq_hY6MmRe_93I-s17CecgdWBpP3zoNzfVnAE_V9PLtuZBGktUKMfmN0wPfm8iksRaXfykmDy4MCYT9ZnOVsbUr7EohzFTuvSb5AwdqniB4QJtkx11N1xPvv6IXkfStlQ/s1023/30311700637_c31c984208_b.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="737" data-original-width="1023" height="289" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgX9qBGqwV4Rz5TrdT-PhVVURzkCMe2ZYMVr_dus2omKTztvqZL5f9AkhStldq_hY6MmRe_93I-s17CecgdWBpP3zoNzfVnAE_V9PLtuZBGktUKMfmN0wPfm8iksRaXfykmDy4MCYT9ZnOVsbUr7EohzFTuvSb5AwdqniB4QJtkx11N1xPvv6IXkfStlQ/w400-h289/30311700637_c31c984208_b.jpg" width="400" /></a>de cette année-là, le jeune prisonnier avait montré des signes débilitants de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg4Hhi5uX5IEqos-hE1TX6hwnd1zqC-8WAg5GftS5-CvTfCpJJlSHpMOKmcIxo0ZHxVYFPZ3jI5srL0KRaxnS-byjwudmW8L8JB3QI3SJGkyp3j9K1ikFLmTU3gMPkKs2dZd5n5LT-y5hlt/h120/30311700637_c31c984208_b.jpg">mauvaise santé</a>. Puis il s'affaiblit au point que les médecins lui pres-crivirent une diète plus soutenante. En tant que prisonnier, on ne se préoccupait guère de son état de santé et bien des <i>enragés, </i>comme Hébert, le <i>Père Duchesne, </i>souhaitait ouvertement sa mort. Par contre, la Convention, elle, était inquiète. Tôt au matin du 8 juin, le rêve de Hébert - qui avait été exécuté un an plus tôt - se réalisait : «<i>...après une heure environ de repos, </i>[Louis] <i>fut repris de suffocations : il fit signe à son gardien qu'un besoin le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiMZhZiXWkQPR6WAqPvouTep8D6dUNifgAQmFzIO9tSmPHvL2tTFpnIvP_yGXFnn-Fq_tP1To9X-rcbQYll_YLSevCAliV8sVzxvhoPK6FfDy-Vaq61mtQ_dcjwBEkoBarDXDi5BUO0o0S-/h120/DXI7JTUT4GVS5L2EPVV5KEHN5E.jpg">tourmentait</a>". Lasne </i>[le geôlier] <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh8iHD6XNYjZsWf2H794ZYq1tsmFkQ-_tDp6L9D7Lnu7ZIh2Axi3j9sMSTvI889g_pOh-DFcNeVxdyTlPs3k6SduEeqrSt6Seu3t39XIv129enwtBWi1TSDcBtIP-CvbnUbQundl9pYrtR9uuPwTibo60rEocbEAkQsXivL9GZZA5ZxnDY1UV6_uw7vLg/s932/DXI7JTUT4GVS5L2EPVV5KEHN5E.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="582" data-original-width="932" height="250" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh8iHD6XNYjZsWf2H794ZYq1tsmFkQ-_tDp6L9D7Lnu7ZIh2Axi3j9sMSTvI889g_pOh-DFcNeVxdyTlPs3k6SduEeqrSt6Seu3t39XIv129enwtBWi1TSDcBtIP-CvbnUbQundl9pYrtR9uuPwTibo60rEocbEAkQsXivL9GZZA5ZxnDY1UV6_uw7vLg/w400-h250/DXI7JTUT4GVS5L2EPVV5KEHN5E.jpg" width="400" /></a><i>le souleva dans son lit; le mourant lui passa les bras autour du cou; un grand soupir sortit de sa poitrine et "il passa"... Il était trois heures moins quelques minutes</i>» (G. Lenôtre. ibid. p. 266). Appelé, le médecin du prisonnier établit un acte de décès en bonne et due forme. La chose est même annoncée officiellement par la Convention et diffusée dans l'ensemble des chancelleries européennes. Dans la mesure où la situation militaire s'améliorait pour la République aussi bien aux frontières qu'à l'intérieur, ce que signifiait cette déclaration; c'était que la valeur d'<i>otage de la Nation </i>n'avait plus cours. Il est bien clair que ce 8 juin, un enfant était mort dans la tour du Temple et qu'il ne s'était pas évadé, mais était-ce bien le fils de Louis XVI et de Marie-Antoinette?</p><p style="text-align: justify;">C'est alors qu'il faut se demander si cet enfant n'aurait pas été un remplaçant? Le Dauphin pouvait-il être mort ou évadé à une date antérieure au 8 juin 1795? Toute la question qui <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjHK6x1D3i5CUpk7wAoxfkOqSSU8UY5k_yMNo5PxW7pXsBXdmb3n1qyPXqlb1vldUDiX_DPzxs5jW0jRZPzqqI9CgydDFwR3QaMZWAGMl1KQ1uTSUV-PRK-GtpCL7sN7U11F2zq9KtuYFpKNh1hdbIYQd_oqeV2GorUbAn8ypjI9isD7AvBIEZ4hw2meA/s500/mascre_louis-17622-be0dd.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="414" data-original-width="500" height="331" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjHK6x1D3i5CUpk7wAoxfkOqSSU8UY5k_yMNo5PxW7pXsBXdmb3n1qyPXqlb1vldUDiX_DPzxs5jW0jRZPzqqI9CgydDFwR3QaMZWAGMl1KQ1uTSUV-PRK-GtpCL7sN7U11F2zq9KtuYFpKNh1hdbIYQd_oqeV2GorUbAn8ypjI9isD7AvBIEZ4hw2meA/w400-h331/mascre_louis-17622-be0dd.jpg" width="400" /></a>fait de cette mort une énigme repose dans cette éventua-lité. Avant de recon-naître un préten-dant ou un autre, il faut se demander dans quelles mesures la chose était possible considérant les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhLl-Kmy8hz6X2ffpm71VVxd0e5HwjXC9MjQfV3oQUBfh1mzOS6S_-RmbM3rVvfzITg_vQQCRxzul9jka3dn5evRFkgFRxMeRL3nAMaMJjFbcWoUMc3odSSbhdZHEZfEqAmTK1SaVusYYE-/h120/mascre_louis-17622-be0dd.jpg">mesures étroites</a> prises par la Commune parisienne pour bien tenir en main les <i>otages de la Nation. </i>Un constat découle d'une supposée substitution : il y aurait eu deux enfants prisonniers au Temple entre 1792, date de l'internement de la famille royale, et le jour de la mort de l'enfant au 8 juin. Lenôtre a écrit des paragraphes touchants; «<i>car de toute certitude, il y a un enfant dans la tour sombre, au delà des corps de garde, des murs d'enceinte, des guichets, des portes de fer; un enfant de neuf ans, tout le jour solitaire, silencieux, désœuvré, concentré dans son abandon et dans ses pensées</i>...</p><blockquote><p style="text-align: justify;">«<i>Si c'est le Dauphin, transformé par l'isolement au point d'être méconnaissable, si c'est le fils de Marie-Antoinette, le garçonnet espiègle et volontaire qu'on a vu tenant tête aux conventionnels, aux Municipaux et aux officiers de la garde du Temple, si c'est lui, quelle déchéance! </i>[...] <i>Si c'est un autre que le petit Roi, un enfant </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhQVV7Ncmr8ndvkTrN-7lELrdI8eQYoWjL6gh9fGEMGfvEZGdxmj6fkY7_dO5R7bsKLrx7SEptBjKkcs2k0YqFAAb6L9IWCOLI4CCC0A95zxKkFbKhK-r_hBTGWl4j42LJQf09JBgzFCda7DMhpWCQlwnEcKTnpAAT6gOhJXco9-D3Z5QZi58eOJ3TmvA/s599/Louis_XVII_au_Temple.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="599" data-original-width="463" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhQVV7Ncmr8ndvkTrN-7lELrdI8eQYoWjL6gh9fGEMGfvEZGdxmj6fkY7_dO5R7bsKLrx7SEptBjKkcs2k0YqFAAb6L9IWCOLI4CCC0A95zxKkFbKhK-r_hBTGWl4j42LJQf09JBgzFCda7DMhpWCQlwnEcKTnpAAT6gOhJXco9-D3Z5QZi58eOJ3TmvA/w309-h400/Louis_XVII_au_Temple.jpg" width="309" /></a><i>du peuple qu'on lui a substitué, victime de la Raison d'État, quel cauchemar continu plus angoissant peut-être? Quelle est cette maison si triste où on le tient enfermé, et quels sont ces hommes, jamais les mêmes, dont il entend les voix à travers les barreaux de sa cage? Au dehors Paris vibre; les gens circulent dans les rues; il y a des marchands, des gamins qui courent, des voitures, des soldats, des femmes jacassant autour des fontaines, de la joie, des rires, du bruit... Mais tout meurt aux alentours du vieux donjon; si, du fond de la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEinOSNGp6lMTHRYxI6hATB3Q_B70A3UHXYSX7fL15xwU68aKnCpZFY56bkjzm2g1M4SvYj_ng7rfxvSXq9_P34er0leHhEwHdmMgChyMO2ELjz381K_PAqaE-XeiPEF5JgRtR7DD1U4bkqY/h120/Louis_XVII_au_Temple.jpg">chambre sans clarté</a>, on perçoit quelque bruit, c'est celui d'une porte qui retombe ou les commandements brefs des officiers de la garde montante. Imagine-t-on ce que ces choses ont d'effrayant pour un enfant qui ne sait pas où il est, qui ignore comment on l'a transporté là, à qui, sans doute on interdit, sous peine des pires châtiments, de proférer une plainte, de prononcer un mot, de poser une question et qui, tout le jour, guette, essaie de deviner, s'inquiète, se morfond dans l'attente de quelqu'un qui viendra lui rouvrir les portes de la vie. Dans l'un et l'autre cas, quel drame! À peine croyable </i>(G. Lenôtre. ibid. pp. 193-194 et 194-195).<br /></p></blockquote><p style="text-align: justify;">Cet enfant, c'est celui que les derniers témoins du drame ont reconnu au cours de la dernière année de son existence. La confirmation de la substitution tient donc à quel moment elle aurait eu lieu dans ce bref espace de temps au cœur des mois les plus chauds de la Révolution, entre octobre 1793 et juin 1795.</p><p style="text-align: justify;">Il est un fait que les factions du jour ont toujours tenu à vérifier la présence physique du prisonnier du Temple. Tour à tour Hébert, Chaumette, Robespierre et Barras se sont rendus à la prison s'assurer de la santé de l'<i>otage de la Nation. </i>Plus tard, on dira que <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhFwqvNhs9lYHvMPntbGEMWAB5LQ3YOjMGKwjJ60P2oYK_TKvvALY0AmR04kr-taf1sqc7ZX03GSHxthgFiQVD3B8LTuynJSnZ7oA0aAq3mggP0RMOLRAheIVSK96spoV-n-9vq5YWW_YpM2gNbUhu6lU1zBs6tIwqnCuF3G38lHZSVPwR-c_XDYA9Mkg/s708/Simon_le_cordonnier_et_Louis_XVII_au_Temple.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="599" data-original-width="708" height="339" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhFwqvNhs9lYHvMPntbGEMWAB5LQ3YOjMGKwjJ60P2oYK_TKvvALY0AmR04kr-taf1sqc7ZX03GSHxthgFiQVD3B8LTuynJSnZ7oA0aAq3mggP0RMOLRAheIVSK96spoV-n-9vq5YWW_YpM2gNbUhu6lU1zBs6tIwqnCuF3G38lHZSVPwR-c_XDYA9Mkg/w400-h339/Simon_le_cordonnier_et_Louis_XVII_au_Temple.jpg" width="400" /></a>chacun aurait été en mesure de procéder à la subs-titution à des fins politiques person-nelles. Véritable enquê-teur, l'érudit Louis Hastier semble avoir découvert le moment de la substitution en dressant le relevé du linge à blanchir provenant de l'enfant détenu au Temple. Dans un fonds des Archives nationales, il a retrouvé ces mémoires, permettant de connaître, décade par décade (la décade est la semaine de dix jours dans le calendrier révolutionnaire), du 9 octobre 1792 au 11 février 1794, puis pendant les quatre premiers mois de 1795, le détail du linge à laver provenant du jeune prisonnier. La régularité du linge à blanchir se maintient sans interruption jusqu'en janvier 1794. Encore le 4 janvier, la citoyenne Cloüet, en charge de la blanchisserie, «<i>a emporté de la Tour autant de linge que précédemment. Elle l'a rapporté blanchi, l'avant-veille du jour où prirent fin les fonctions de Simon</i>» (Il s'agit ici de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhFwqvNhs9lYHvMPntbGEMWAB5LQ3YOjMGKwjJ60P2oYK_TKvvALY0AmR04kr-taf1sqc7ZX03GSHxthgFiQVD3B8LTuynJSnZ7oA0aAq3mggP0RMOLRAheIVSK96spoV-n-9vq5YWW_YpM2gNbUhu6lU1zBs6tIwqnCuF3G38lHZSVPwR-c_XDYA9Mkg/s708/Simon_le_cordonnier_et_Louis_XVII_au_Temple.jpg">Simon le cordonnier</a>, chargé de veiller à la garde, aux soins et à l'éducation du petit prisonnier).</p><p style="text-align: justify;">Hastier suppose qu'ensuite, le 17 janvier, elle serait venue au Temple, «<i>sans doute en compagnie d'un garçonnet, déguisé en fille et, peut-être même, dissimulé parmi les ballots entassés dans une des voitures servant au transport. Telles sont les inductions que les mesures prises ultérieurement..., à l'égard de la blanchisseuse par le Comité de sûreté générale nous autorisent à faire</i>». Tout se serait donc jouer durant cette décade :</p><blockquote><p style="text-align: justify;">«<i>À sa venue suivante, le 30 janvier, si le linge des autres prisonniers lui fut remis normalement, elle n'en reçut aucun provenant de Louis-Charles. Ce fait exceptionnel, sans précédent, ne peut s'expliquer que par la disparition de Louis XVII. Non pas parce que l'on aurait fait évader du Temple le petit Roi - </i>ce qui eût <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjDiG3R7KWN8jRSF3gu1ESpZxolOhCufkR62JkrLlt5JbDif4Ely5Kqw8RgkXLNJMgaRGsdwbuV3W-asVoAufRGlh0r5FyvzdgRJfRkpsl817qIXaunZZVV-5hddUVSOdmqkBCsvZPT2zsqoeoRnfsQJXgyytXvammB68nx64qS7jlhXXUCp5PkgnNKQQ/s1220/L_Enfant_du_Temple.png" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="877" data-original-width="1220" height="230" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjDiG3R7KWN8jRSF3gu1ESpZxolOhCufkR62JkrLlt5JbDif4Ely5Kqw8RgkXLNJMgaRGsdwbuV3W-asVoAufRGlh0r5FyvzdgRJfRkpsl817qIXaunZZVV-5hddUVSOdmqkBCsvZPT2zsqoeoRnfsQJXgyytXvammB68nx64qS7jlhXXUCp5PkgnNKQQ/w320-h230/L_Enfant_du_Temple.png" width="320" /></a>été impossible au terme d'une longue maladie, au début d'une pénible convales-cence en plein hiver - <i>mais parce que, déjà débile lors de son incarcération, affaibli par dix-sept mois de captivité, et plus encore, victime des manœuvres abominables d'Hébert </i>[On se souviendra que <a href="https://draft.blogger.com/#">Hébert</a> fit témoigner le Dauphin au procès de sa mère, où on lui fit dire que Marie-Antoinette et sa belle-sœur, madame Élisabeth, se seraient adonnées à des jeux incestueux sur sa personne.]<i>, l'enfant se serait éteint dans sa prison le 2 janvier 1794 ou peu après ce jour, autant qu'il est possible de le préciser</i>» (L. Hastier. <i>La double mort de Louis XVII, </i>Paris, Flammarion, Col. J'ai lu l'aventure mystérieuse, # A188, 1951, p. 127).<br /></p></blockquote><p style="text-align: justify;">Ce dérèglement dans la blanchisserie du prisonnier coïncide d'ailleurs avec le changement de personnel entourant le Dauphin, la plupart des gardiens ayant démissionné, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiXm-b4SS6mv1jPS3FpdXlVZ0chTX3nOIsPheIYhLm0YcVymeBsnv9h8K2LLUJ5S5HoxBy_Y3a5m_dJzYhN6i_0RzVQPi9l9sONob1AOxCQRvqeCKN6edJ8D94Z4r2AnpyxB7cN5nqPOOco/h120/408px-Simon_Louis_XVII.jpg">Simon</a> était <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEixq4vx7tYAa5dE5eBBjyTT8zbXA5AxttdKgruxwi6BunQaQMEM9Ht4b1bUCE2RX_DmXZdZOQtwqMyJAG0Skplez59L1a62_mJ7QaZ4gJN-KAPeZj1cUSaDJrhTWa8XiGDj4eGyZLmt4_YHK2eMfBof8TaZqnf-RIt-JiDvlQiWCcEOFaiBcKqg52dj-g/s600/408px-Simon_Louis_XVII.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="600" data-original-width="408" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEixq4vx7tYAa5dE5eBBjyTT8zbXA5AxttdKgruxwi6BunQaQMEM9Ht4b1bUCE2RX_DmXZdZOQtwqMyJAG0Skplez59L1a62_mJ7QaZ4gJN-KAPeZj1cUSaDJrhTWa8XiGDj4eGyZLmt4_YHK2eMfBof8TaZqnf-RIt-JiDvlQiWCcEOFaiBcKqg52dj-g/w273-h400/408px-Simon_Louis_XVII.jpg" width="273" /></a>resté en poste jusqu'au 5 janvier. Il est à noter d'ailleurs que Simon n'a pas été ce bourreau que la propagande royaliste s'acharna à diffuser au cours des siècles ultérieurs. C'était un brave bougre qui aidé de sa femme essayèrent d'aménager au meilleur possible de ce que la Commune l'autorisait, l'éducation du jeune Louis. (Lui-même devait périr dans la fournée des robespierristes au 10 Thermidor!). Car, en janvier 1794, la République avait besoin plus que jamais de son otage face aux aléas incertains de la guerre avec les puissances coalisées. Le 5 septembre 1793, Billaud-Varenne, l'un des douze membres du Comité de salut public, avait invité «<i>les membres de la Convention à montrer le parti qu'on peut tirer des otages de la Nation : "Dites aux puissances coalisées contre vous qu'un seul fil retient le fer suspendu sur la tête du fils du tyran et que, si elles font un seul pas de plus sur votre territoire, il sera la première victime du peuple"</i>» (L. Hastier. ibid. p. 59). Chaumette et Hébert, pour leur part, ne voyaient pas les avantages à détenir le fils du dernier roi de France, ce que Cambacérès fut mandaté d'aller leur expliquer :</p><blockquote><p style="text-align: justify;">«<i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiTzTnqtWAFZG3T-w74C0sC6crERmcLiiBXBoyJJUVfzu4GR1M1sH01RzGcZ4OB4EkaBzPgc3s_JzZdpcjNdPSJ_2RL2CSehc4lHeQNU22HAqfBD37SSANk-53Fe0rbEXeMBsK_Q0A6GKAe/h120/Jean-Jacques-R%25C3%25A9gis_de_Cambac%25C3%25A9r%25C3%25A8s.jpg">Cambacérès</a>, mandaté par le Comité de salut public, entretint ces politiciens à courte vue : "Il n'y a que deux partis à prendre à l'égard des individus dont il s'agit : ou il faut les rejeter tous du territoire de la République, ou il faut les retenir en captivité. En les retenant, vous pouvez craindre qu'ils ne soient au milieu de vous </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhCsYWdozH1iKVFfjb_oRYsyeQTUjhMKpaJyRiz62pxQBct8osti8kzkPnlYFKd3cUFefW2jgP-ZYZMEnQhIaVplSg_sBnvT1PzAjFNpFsi-7ig6yUgE30yyJN7mFqzQ24bR5ISzDzomRAjA7n6uHtzFLSkkqPIsTEKQnnk8NYxgIFV8CPs-yJvGIubCw/s272/Jean-Jacques-R%C3%A9gis_de_Cambac%C3%A9r%C3%A8s.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="272" data-original-width="220" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhCsYWdozH1iKVFfjb_oRYsyeQTUjhMKpaJyRiz62pxQBct8osti8kzkPnlYFKd3cUFefW2jgP-ZYZMEnQhIaVplSg_sBnvT1PzAjFNpFsi-7ig6yUgE30yyJN7mFqzQ24bR5ISzDzomRAjA7n6uHtzFLSkkqPIsTEKQnnk8NYxgIFV8CPs-yJvGIubCw/w259-h320/Jean-Jacques-R%C3%A9gis_de_Cambac%C3%A9r%C3%A8s.jpg" width="259" /></a><i>une source intarissable de désordres et d'agitation... S'ils sont bannis au contraire, n'est-ce pas mettre entre les mains de nos ennemis un dépôt funeste, qui peut devenir un sujet éternel de haine, de vengeance et de guerre? N'est-ce pas donner un centre et un point de ralliement aux lâches déserteurs de la patrie?... Un ennemi est bien dangereux lorsqu'il passe aux mains de ceux qui soutiennent sa cause ou qui ont embrassé son parti... Supposons encore que l'héritier de Capet se trouve placé au milieu de nos ennemis, bientôt vous apprendrez qu'il est présent sur tous les points où nos légions auront des ennemis à combattre. La calomnie cherchera toujours à vous atteindre : que les restes de Capet soient bannis ou que vous les gardiez en captivité, on pourra également dire que vous conservez les rejetons des rois pour relever le trône, ou que vous les livrez aux ennemis pour leur fournir un moyen nouveau d'attaquer la République. Suivez donc la route que vous prescrivent la sagesse et l'énergie. La sagesse vous ordonne la défiance; l'énergie veut que vous frappiez tous les ennemis de la liberté... Il y a peu de danger à tenir en captivité les individus de la famille Capet; il y en a beaucoup à les expulser. L'expulsion des tyrans a presque toujours préparé leur rétablissement, et si Rome eût retenu les Tarquins, elle n'aurait pas eu à les combattre</i>» (cité in L. Hastier. ibid. p. 61).<br /></p></blockquote><p style="text-align: justify;">Pour ces raisons, il était indispensable qu'aucun projet d'évasion en puisse réussir; en janvier 1794 plus qu'à aucun autre moment. En même temps, il devenait tout aussi indispensable d'afficher aux yeux des rois que l'enfant de Louis et de Marie-Antoinette était toujours en la possession du gouvernement révolutionnaire : «<i>Pour dissimuler cette disparition, les gouvernants substituèrent à Louis XVII un garçonnet d'un âge approchant celui du prince. Ce subterfuge permit de faire échouer les projets contre-révolutionnaires des comtes de Provence et d'Artois, de leurs partisans émigrés et des royalistes de l'intérieur et de laisser croire que les régicides détenaient toujours sous leur coupe la plus précieuse des sauvegardes</i>». (L. Hastier. ibid. p. 62). Qui était alors cet enfant substitué, amené par la blanchisseuse Cloüet au Temple, dissimulé sous ses lingeries? Las, ici, nous ne le saurons jamais.</p><p style="text-align: justify;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiiU6gNG9wp7nrfJ_XuCdU6W8LOnADmDFkv2haJxFoSQcAzVwnVAM-54gcSQQyK5mPm8rSXxE4nLVmgHH9xm-CgV-rYOkykrebJEBDcaJFKHjEjYP0Dzbv6gKkY6bJzaMIcVl40GdsJvyoYK1S26emKDG9JlexYJxsbXxUurhvYXoq3_4Zc-xsNPT__Iw/s355/Alexei_Nikolaevich_of_Russia_on_the_Dnieper_River.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="355" data-original-width="250" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiiU6gNG9wp7nrfJ_XuCdU6W8LOnADmDFkv2haJxFoSQcAzVwnVAM-54gcSQQyK5mPm8rSXxE4nLVmgHH9xm-CgV-rYOkykrebJEBDcaJFKHjEjYP0Dzbv6gKkY6bJzaMIcVl40GdsJvyoYK1S26emKDG9JlexYJxsbXxUurhvYXoq3_4Zc-xsNPT__Iw/w281-h400/Alexei_Nikolaevich_of_Russia_on_the_Dnieper_River.jpg" width="281" /></a>Enfant malingre, Louis XVII subit une détention sans doute <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhaJ6Wx2zK7x_CO5G9kcAL7OvQTCo0YHaBQmU4xc1HhaZJgiDpGYuCcreZM2VFeWlioQidzf6pDuUKS9Lw2rFqWxj0BPiJyT6R7rviHDSGCsIZqJgIdcKPIXPneYOIPt7NurOHVEx9vfYFv/h120/Simon_le_cordonnier_et_Louis_XVII_au_Temple.jpg">affligeante</a>. Il n'eut pas la chance du Tsarévitch <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg8KQOvXSEA3LX2J2rdukhfY9eQ_LEav7wUFRPpEID4wmMK2Vc0Yz1aaEosThYoS98UjoPiVahXhehZeAJZhXu83SjcpxVuI__LSAT8MU-zYOMxuj1titOEDUOF5WIIa2IU6L9zH5-wemAH/h120/Alexei_Nikolaevich_of_Russia_on_the_Dnieper_River.jpg">Alexis Romanov</a> de partager les derniers mois de sa vie avec ses parents et ses sœurs, jusqu'à ce qu'une nuit sordide de juillet 1917, ses gardiens bolcheviques convoquent la famille impériale russe dans la sinistre cave de la maison Ipatiev d'Ekatrinbourg pour être révolvérisés sans la moindre apparence de justice.</p><p style="text-align: justify;">Si les contre-révolutionnaires français eurent leur enfant-héros, les Républicains n'hésitèrent pas à ériger des autels patriotiques pour des gamins engagés dans les troupes militaires. L'application de la conscription, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgKyPlNyyVhEN8wFrlUgkqgPTOVaxdX978UYwr7VvCagUs9tDZzHlSfeqmmrkO157F7eFlpM0WkVxogxupTGRA9hDgHlgq7nJoqfbZ1iWNlbdTM7PIiSfKEipqQ4GXRSwegLaB4OgrbR_TsOSDk5iOlSn3Tj1bHti2_IMOGdVxrkqAlRWYEjySahdEoDQ/s576/guerres_de_la_revolution_francaise-576x400.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="400" data-original-width="576" height="278" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgKyPlNyyVhEN8wFrlUgkqgPTOVaxdX978UYwr7VvCagUs9tDZzHlSfeqmmrkO157F7eFlpM0WkVxogxupTGRA9hDgHlgq7nJoqfbZ1iWNlbdTM7PIiSfKEipqQ4GXRSwegLaB4OgrbR_TsOSDk5iOlSn3Tj1bHti2_IMOGdVxrkqAlRWYEjySahdEoDQ/w400-h278/guerres_de_la_revolution_francaise-576x400.jpg" width="400" /></a>pour la première fois dans l'histoire moderne draina vers les frontières de jeunes combat-tants. Nombreux déjà, ils répon-dirent à l'été 1792 à l'<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiy-S-k4v53Qn-VgvmS9kuigdjWrToyzVIbFnKgxPAmQRY11Dp4abo6eJH0QqhPE4H1JC_XnhgFgzxCJe17lNtm15V3f8F8bwEbnol_dZoqJGyywpHwEW7nHU_A7GpRWO5uSIKp7BMi_DBM/h120/guerres_de_la_revolution_francaise-576x400.jpg">appel</a> de la <i>Patrie en danger </i>en se portant aux frontières. Si les enfants de la royauté pouvaient servir d'otages en temps de guerre dynastique, les enfants du peuple serviraient de chair à canon sur les champs de bataille. Deux d'entre eux furent particulièrement honorés par la propagande républicaine : Joseph Bara et Joseph Agricol Viala.</p><p style="text-align: justify;">Né à Palaiseau en 1779, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhnkFFrphflC_IR9OUnLSbdfL1XqrkmIpUpEuEYfHK_Vz_r4sMQX_s4O4OQQPWqzJq76jmyhgDyqrTJskyJmPUBI7wh625fCuShyE5v84wkapVcpNTjrrhTRwChyphenhyphenF0uB5-WoHSY_ETWHNNv/h120/images.jpg">Joseph Bara</a> est le neuvième d'une famille de dix enfants. Orphelin de père à cinq ans, la famille était <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg-By9F8JuVGpPlH5DkQ8CAivMc2ya7UpLBO9gg9QSmV7g0Uz7li_V10aAVDivKA3mA0MvCVtWkGh2xEjyeAxHvaSm35IGtmhtHdqij7Y9noSFwTvJlw4Ydqt3BkcOBSOngHXKjzKEmrwqtyhUQPBud0NZ607nNHRKa_94zguhdQoVszQHiAzyiB-GULg/s253/images.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="253" data-original-width="199" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg-By9F8JuVGpPlH5DkQ8CAivMc2ya7UpLBO9gg9QSmV7g0Uz7li_V10aAVDivKA3mA0MvCVtWkGh2xEjyeAxHvaSm35IGtmhtHdqij7Y9noSFwTvJlw4Ydqt3BkcOBSOngHXKjzKEmrwqtyhUQPBud0NZ607nNHRKa_94zguhdQoVszQHiAzyiB-GULg/w315-h400/images.jpg" width="315" /></a>tenue pour indigente. Aussi, en 1792, dès que l'âge lui permet, le jeune Joseph entre dans l'armée républicaine, division de Bressuire, commandée par l'adjudant-général Jean-Baptiste Desmarres qui se fait le protecteur de l'enfant. Engagé dans un combat contre les Vendéens, Desmarres reçoit l'ordre d'occuper Jallais, au nord de Cholet. C'est là que sa troupe est surprise par les ennemis, le 7 décembre 1793 et que le jeune Bara y est tué. C'est Desmarres, dans un rapport au ministère de la Guerre, mentionnant la conduite héroïque du garçon, demande à la Convention de secourir la famille, toujours très pauvre malgré les gages que lui faisaient parvenir Joseph. Dans une seconde lettre adressée à la Convention, lue le 26 nivôse (15 janvier 1794), il met en scène l'instant fatidique : «<i>À pied, tenant ses deux chevaux par la bride, et répondant : "À toi, foutu brigand, les chevaux du commandant et les miens! Eh bien oui!..." Ce sont ces paroles répétées plusieurs fois qui lui ont valu la mort</i>». (On lui avait tenu de garder silence.) Ce récit, simple et sobre, est bien loin de l'éloquence qu'y ajouteront les rhéteurs.</p><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif">En
premier lieu par Charles Mullié qui, dans sa <i>Biographie des
célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à
1850, </i>explique, en 1852, comment le jeune Bara fut </span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiyfs5Uwzcqt3UCk8kx5pjotTDIkv12xtOY8EjCU4tAhAooDbnd4aqLTk7Zlqh_KI3yoAQmBmmONfdWIpUDWH7iK9kCQqxAPyVg82AcnCvTPD1edLXRcXqOC6nnYpJ7plaLcyEJFQM-aX8vPo-xkxRp3XiIpIaezZaqVfA5t1wIBSbxBKIuqR52d7roxw/s260/Bara_David.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="195" data-original-width="260" height="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiyfs5Uwzcqt3UCk8kx5pjotTDIkv12xtOY8EjCU4tAhAooDbnd4aqLTk7Zlqh_KI3yoAQmBmmONfdWIpUDWH7iK9kCQqxAPyVg82AcnCvTPD1edLXRcXqOC6nnYpJ7plaLcyEJFQM-aX8vPo-xkxRp3XiIpIaezZaqVfA5t1wIBSbxBKIuqR52d7roxw/w400-h300/Bara_David.jpg" width="400" /></a><span face="Segoe UI, sans-serif">«<i>frappé au
front d'un coup de sabre dans la mêlée, où il tombe et meurt en
pressant la cocarde tricolore sur son cœur</i>». Cette affirma-tion
repose moins sur un témoignage qu'une <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEikfePrn8GINJM90X2TDb9ex4I8lW9CIqrAtmZvgTvS1M2smJAkdiCEyD0DwP3Hsk3IXq-ppCf_WD7Q0QSDYB_OPE1xafAB2DZHUb8iA_N-snsvALyFsCw-p-kujdndwvJyTm9AlYU0tYeg/h120/Bara_David.jpg">illustration</a> du peintre
jacobin Jacques-Louis David. Un document relatant les pertes du 14e bataillon
de Paris, dit de la République, anciennement des Piquiers,
Albert-François-Joseph Bara est noté : «<i>charretier
d'artillerie, coup de feu au genou gauche</i>», le 7 décembre 1793,
au château de Jallès. D'autre part, la version des Vendéens est
toute autre<i> </i>: chargé de la garde des chevaux de l'armée
républicaine, Bara serait tombé victime de voleurs qui le poignardèrent. Pour
la <i>tradition blanche, </i>Bara n'était qu'«<i>un petit
maraudeur</i>» qui venait de s'emparer des chevaux. Cette version
rejoint toutefois les dires de Desmarres selon lesquels, Bara n'avait pas
succombé au combat mais comme il «<i>conduisait deux chevaux</i>»,
se serait vu «entouré» par des Vendéens et serait mort dans cette
circonstance.</span></p><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEid6LmcONLztv8WXPGy_FMYi7BAdZXo7z_RnfijUrL5R-55RwKGn7Cd25RHAlLHDbkHg-9vdK6mjlZKjkVmbuEOWegZh4RPCccQhPB484qAprTrM-2Dj-FwxCSHHxvt2qbbDKZ4MWCcpHGRwGYYIX-VIEpuF2Jq5gu-ZQjVULgsYANVczm27sgrBZIxvA/s550/robespierre_national_convention.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="380" data-original-width="550" height="221" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEid6LmcONLztv8WXPGy_FMYi7BAdZXo7z_RnfijUrL5R-55RwKGn7Cd25RHAlLHDbkHg-9vdK6mjlZKjkVmbuEOWegZh4RPCccQhPB484qAprTrM-2Dj-FwxCSHHxvt2qbbDKZ4MWCcpHGRwGYYIX-VIEpuF2Jq5gu-ZQjVULgsYANVczm27sgrBZIxvA/s320/robespierre_national_convention.jpg" width="320" /></a><span face="Segoe UI, sans-serif">Les
choses en seraient restées ainsi, mais un homme s'est senti ému par
le récit rapporté par Desmarres : Maximilien <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj1KOjOQRZEfPE4xHBPrTCMNrP992Pqbxdcn4zmMOIk7fFzG9lPgC90r1kvhdo_gY07WAPR6Ohdl_QqNM_wPvfEqrM7gYl7847m1uwzjAn9rx8-1sCEg3GJhlnmFB7HlqxVqt152-8JnqA4/h120/robespierre_national_convention.jpg">Robespierre</a> qui, à la
séance de la Convention du 8 nivôse (28 décembre 1793), érige le mythe Bara,
modèle d'héroïsme, de patriotisme et de piété filiale. C'est lui
qui va fleurir de détails la mort de l'enfant, inspirant ainsi les
artistes et les manuels scolaires du siècle suivant.</span></p><blockquote style="break-before: auto; margin-right: 0.53cm; page-break-before: auto; text-align: justify;">
<span face="Segoe UI, sans-serif">«<i>Parmi les belles actions qui
se sont passées dans la Vendée et qui ont honoré la guerre de la
liberté contre la tyrannie, la nation entière doit distinguer celle
d'un jeune homme dont la mère a déjà occupé la Convention. Je
veux parler de Barra, ce jeune homme âgé de 13 ans, qui a fait des
prodiges de valeur dans la Vendée. Entouré de brigands qui, d'un
côté, lui présentaient la mort, et de l'autre lui demandaient de
crier "Vive le roi!", il est mort en criant "Vive la
République!". Ce jeune enfant </i></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjvbMjzFg2rzzhR91z7Ko4fWq4VpC2kiyZbfzCep9uk422fsRuvy_JJGDqegB9W75hayqvE4MlkM5cBQiQ429QRhsfqa0xdHY8jJ_ODkPEF5ld6ARha1vHgJY90RRdZAfQDfD4gu-ScEElsxi7t49A02gCdviCZ0NxRYz6qhbZGJLsCacBm0I0uBcaDng/s750/185292.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="750" data-original-width="540" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjvbMjzFg2rzzhR91z7Ko4fWq4VpC2kiyZbfzCep9uk422fsRuvy_JJGDqegB9W75hayqvE4MlkM5cBQiQ429QRhsfqa0xdHY8jJ_ODkPEF5ld6ARha1vHgJY90RRdZAfQDfD4gu-ScEElsxi7t49A02gCdviCZ0NxRYz6qhbZGJLsCacBm0I0uBcaDng/w288-h400/185292.jpg" width="288" /></a><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>nourrissait sa mère avec sa
paye, il partageait ses soins entre l'amour filial et l'amour de la
Patrie. Il n'est pas possible de choisir un plus bel exemple, un plus
parfait modèle pour exciter dans les jeunes cœurs l'amour de la
gloire, de la Patrie et de la vertu, et pour préparer les prodiges
qu'opérera la génération naissante. En décernant des honneurs au
jeune Barra, vous les décernez à toutes les vertus, à l'héroïsme,
au courage, à l'amour filial, à l'amour de la Patrie.</i> </span>
</blockquote>
<blockquote style="break-before: auto; margin-right: 0.53cm; page-break-before: auto; text-align: justify;">
<span face="Segoe UI, sans-serif"><i>Les Français seuls ont des
héros de 13 ans, c'est la liberté qui produit des hommes d'un si
grand caractère. Vous devez présenter ce modèle de magnanimité,
de morale à tous les Français et à tous les peuples; aux Français,
afin qu'ils ambitionnent d'acquérir de semblables vertus, et qu'ils
attachent un grand prix au titre de citoyen français; aux autres
peuples, afin qu'ils désespèrent de soumettre un peuple qui compte
des héros dans un âge si tendre. </i></span>
</blockquote>
<blockquote style="text-align: justify;"><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>Je
demande que les honneurs du Panthéon soient décernés à Barra, que
cette fête soit promptement célébrée, et avec une pompe analogue
à son objet et digne du héros à qui nous la destinons</i></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">»</span></span><span face="Segoe UI, sans-serif">
(Cité in G. Breton. </span><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>Les
beaux mensonges de l'Histoire, </i></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">Paris,
Le Pré aux Clercs, 1999, pp. 198-199).</span></span> <br /></blockquote><blockquote style="break-before: auto; margin-left: 0.05cm; margin-right: 0cm; page-break-before: auto; text-align: justify;"><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">Bara
ne sera pas panthéonisé, mais sa mère recevra une pension et sera
présentée avec deux de ses enfants dans l'enceinte de l'Assemblée
prenant place quelques instants à côté du président, alors Prieur
de la Côte-d'Or. Barère, ne voulant pas être en reste derrière l'Incorruptible, renchérit en demandant, comme ce
dernier, que David illustre l'acte héroïque de Bara, gravure
produite aux frais de la République et envoyée dans toutes les
écoles de la République. Mais, ce ne sera qu'en 1882 que <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjvbMjzFg2rzzhR91z7Ko4fWq4VpC2kiyZbfzCep9uk422fsRuvy_JJGDqegB9W75hayqvE4MlkM5cBQiQ429QRhsfqa0xdHY8jJ_ODkPEF5ld6ARha1vHgJY90RRdZAfQDfD4gu-ScEElsxi7t49A02gCdviCZ0NxRYz6qhbZGJLsCacBm0I0uBcaDng/s750/185292.jpg">Jean-Joseph Weerts</a>
illustrera la scène inventée de toute pièce par Robespierre dans
un tableau conservé au Musée d'Orsay, revêtant l'éphèbe nu de David d'un
costume de hussard et lui donnant une pose </span></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>pompiériste</i></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">
propre au goût de l'époque.</span></span></blockquote><div style="text-align: justify;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhu5CkGOEEQmZbHQGu0Jpz6OLPxsWlvNKnNsMX-rY4dcEVUAxLTj1lJw5X36fv7P-LCaxUveAICwFNX2Q5HbSuMAzTIGplwBSNnP4k3byPkQIyx3CRficXjiT3EfERFxomlU8ZzpxRv1jEMPgJwkBOtJw3H4zdbO7b926i6ABSlWA-ii0_IiepLWRsLSg/s1024/Jean-Jacques_Henner_-_Bara_-_PPP182_-_Mus%C3%A9e_des_Beaux-Arts_de_la_ville_de_Paris.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="606" data-original-width="1024" height="236" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhu5CkGOEEQmZbHQGu0Jpz6OLPxsWlvNKnNsMX-rY4dcEVUAxLTj1lJw5X36fv7P-LCaxUveAICwFNX2Q5HbSuMAzTIGplwBSNnP4k3byPkQIyx3CRficXjiT3EfERFxomlU8ZzpxRv1jEMPgJwkBOtJw3H4zdbO7b926i6ABSlWA-ii0_IiepLWRsLSg/w400-h236/Jean-Jacques_Henner_-_Bara_-_PPP182_-_Mus%C3%A9e_des_Beaux-Arts_de_la_ville_de_Paris.jpg" width="400" /></a></i>Le nom de Bara mérita d'être inséré dans le Chant du départ, musique composée d'Étienne-Nicolas Méhul sur des paroles de Marie-Joseph Chénier en vue de la fête du 14 juillet 1794. Présenté par Méhul à Robespierre, le nom de Chénier était omis, son frère, André, déjà détenu à la Conciergerie. L'Incorruptible qualifia le Chant de «<i>poésie grandiose et républicaine qui dépasse tout ce qu'a fait ce girondin de Chénier</i>». On y retrouve ce couplet fort à propos :</div><div style="text-align: center;"><i>De Bara, de Viala le sort nous fait envie;</i></div><div style="text-align: center;"><i>Ils sont morts, mais ils ont vaincu.</i></div><div style="text-align: center;"><i>Le lâche accablé d'ans n'a point connu la vie!</i></div><div style="text-align: center;"><i>Qui meurt pour le peuple a vécu.</i></div><div style="text-align: center;"><i>Vous êtes vaillants, nous le sommes :</i></div><div style="text-align: center;"><i>Guidez-nous contre les tyrans;</i></div><div style="text-align: center;"><i>Les républicains sont des hommes,</i></div><div style="text-align: center;"><i>Les esclaves sont des enfants.</i></div><div style="text-align: justify;"><p>À la mémoire de Bara devait s'ajouter celle de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj8FNTtyTC1OISIU78BWMklBLIINtfOMJQaw1iO5DCfpgbq7xG6Wfh0dz-6P6DNKG7yAwDKIhbtWlMnjh2gtNZJ2cNK38DYl8GP0i9Kn5_Mmm8NpIGGuul6ollr5Ngq5IR59MmKZ5pczBYO/h120/preview_00097972_001.jpg">Joseph Agricol Viala</a>, né en 1778. En juillet 1793, un soulèvement contre-révolutionnaire se produit à Marseille. Neveu d'un Jacobin <i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgd-4YM58Y8GAkEYQDDo5KTCVcOznEACF_qDK00NVYKXgLDo9Smh64M8qQYyJeIFvrjeDXW2802iZPbn7Ilot5xdfYHIO_gOgIjYulPgmL_QEL_RzKOs0z0QisOuAFhqRPuYTWD1rt0f8A-bTTElltQeS1NwHxBSjvHA1FqXUenZiyrq7PNsPWoTpUYEQ/s450/preview_00097972_001.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="450" data-original-width="368" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgd-4YM58Y8GAkEYQDDo5KTCVcOznEACF_qDK00NVYKXgLDo9Smh64M8qQYyJeIFvrjeDXW2802iZPbn7Ilot5xdfYHIO_gOgIjYulPgmL_QEL_RzKOs0z0QisOuAFhqRPuYTWD1rt0f8A-bTTElltQeS1NwHxBSjvHA1FqXUenZiyrq7PNsPWoTpUYEQ/w328-h400/preview_00097972_001.jpg" width="328" /></a></i>avignonnais, Agricol Moureau, rédacteur du «<i>Courrier d'Avignon</i>» et administrateur du département de Vaucluse, Viala est nommé alors commandant de la garde nationale des jeunes Avignonnais, l'<i>Espérance de la Patrie. </i>À ce titre, il se porte contre les insurgés marseillais en vue de les retenir au-delà de la Durance. En infériorité numérique, la seule solution est de couper sous le feu de l'ennemi les cordages du bac de Bonpas. Pour cela, il faut traverser une chaussée entièrement exposée aux coups des mousquets des Marseillais. Les Républicains hésitent, jugeant l'opération périlleuse :</p><blockquote><p>«<i>Il paraît que ce jour-là ou la veille, un jeune garçon appelé <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEho0QdNvQhCrBH3rGWEzRZD09laiE_R-tGAl4WIXJYMqkhlAuB-3iDTUVtYK9AdGTZl96LGxnh23iNryrotcgQu2xwrPUb6oKgPIQDejYwvl2WckcREWsztz5xMdVf7zLMTm8c6xbSCszXP5q3LzFZKgTFLYwXisytrn_blvrykN0jMXf3nVBQahbIlFQ/s265/Viala_par_No%C3%ABl_Ruffier_-_Mus%C3%A9e_de_la_R%C3%A9volution_fran%C3%A7aise.jpg">Viala</a> a été tué sur le bord de la Durance. C'est le neveu d'Agricol Moureau, le fils de sa sœur et c'est aussi son filleul : il lui a donné son prénom. Certains racontent qu'il a été blessé à mort au moment où l'armée </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEho0QdNvQhCrBH3rGWEzRZD09laiE_R-tGAl4WIXJYMqkhlAuB-3iDTUVtYK9AdGTZl96LGxnh23iNryrotcgQu2xwrPUb6oKgPIQDejYwvl2WckcREWsztz5xMdVf7zLMTm8c6xbSCszXP5q3LzFZKgTFLYwXisytrn_blvrykN0jMXf3nVBQahbIlFQ/s265/Viala_par_No%C3%ABl_Ruffier_-_Mus%C3%A9e_de_la_R%C3%A9volution_fran%C3%A7aise.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="265" data-original-width="170" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEho0QdNvQhCrBH3rGWEzRZD09laiE_R-tGAl4WIXJYMqkhlAuB-3iDTUVtYK9AdGTZl96LGxnh23iNryrotcgQu2xwrPUb6oKgPIQDejYwvl2WckcREWsztz5xMdVf7zLMTm8c6xbSCszXP5q3LzFZKgTFLYwXisytrn_blvrykN0jMXf3nVBQahbIlFQ/w257-h400/Viala_par_No%C3%ABl_Ruffier_-_Mus%C3%A9e_de_la_R%C3%A9volution_fran%C3%A7aise.jpg" width="257" /></a><i>marseillaise entreprenait le franchissement du cours d'eau. Le chef du détachement avignonnais avait demandé un homme courageux pour aller couper le câble du bac à traille mais personne n'osait affronter le déluge de plomb et de mitraille que les Marseillais faisaient pleuvoir de la rive opposée. Alors ce jeune homme, ce gamin plutôt (il paraît qu'il n'a que treize ou quatorze ans, quinze peut-être) a saisi un hache et il y est allé. Il n'a pas eu le temps d'achever son ouvrage : une balle l'a blessé à mort mais, avant de rendre le dernier soupir, il aurait dit en patois "M'an pas manquat : aquo es egaou, mori per la libertat".</i></p></blockquote><blockquote><p><i>D'autres soutiennent que ça ne s'est pas passé du tout comme ça; que c'est la veille, le 5 juillet, que Viala a été abattu par le patron du bac qui ne voulait pas qu'il coupe son câble. Il y en a même qui prétendent que c'est en voulant faire le polisson et en montrant son cul aux Marseillais qu'il a reçu sa blessure fatale!</i>» (R. Moulinas. <i>Journées Révolutionnaires à Avignon, </i>Nîmes, Éditions Jacqueline Chambon, 1988, pp. 129-130). <br /></p></blockquote><p>On apprit le<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjOXdrrfmfBwCTZXeODSzneV1L9qENBh6iQ7QrYn9FjAEM5c-PpCazkzxeUro_T2eui3ce4ILRaMTdfEi47TS8r-nr2WvDtBWIIsIKZY_oEZ0OTJojUvvcqZ1v9waaoLnejyAw_M1t9am3A/h120/Viala_recto.webp"> fait d'arme</a> de Viala seulement en pluviôse an II et ce n'est que le 18 floréal que Robespierre en fit mention dans une éloge particulière : «<i>Par quelle fatalité ou par </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEihhfEAU26BJp6dK8f38O2FUQVh_jjWIiEASb7-_RlO5m2jk-xUQXIjy43Tsk0an2UEPIrFZjhBAK5uevLabWNoEC4-jgMClFeUO3O1pHS2bEMZ3DxpUBtPqquvyr425Ne0IgJdQMxpWCoe-ZIk6NPCdG9K_Zv-Ve_6Uwv-kqhwldB0_qannGEJwdtY_w/s1024/Viala_recto.webp" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="863" data-original-width="1024" height="338" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEihhfEAU26BJp6dK8f38O2FUQVh_jjWIiEASb7-_RlO5m2jk-xUQXIjy43Tsk0an2UEPIrFZjhBAK5uevLabWNoEC4-jgMClFeUO3O1pHS2bEMZ3DxpUBtPqquvyr425Ne0IgJdQMxpWCoe-ZIk6NPCdG9K_Zv-Ve_6Uwv-kqhwldB0_qannGEJwdtY_w/w400-h338/Viala_recto.webp" width="400" /></a><i>quelle ingratitude a-t-on laissé dans l'oubli un héros plus jeune encore et plus digne de la postéri-té...?</i>» (Cité in M. Vovelle, article Viala, in A. Soboul (éd.) <i>Dic-tionnaire historique de la Révolu-tion française, </i>Paris, P.U.F., 1989, p. 1087). C'est Agricol Moureau, entre-temps détenu à Paris suite aux malversations du représentant Rovère, qui avait écrit à Robespierre pour se justifier, occasion qu'il ne manquât pas de rappeler le sacrifice malheureux de son neveu. Comme pour Bara, les insurgés marseillais firent œuvre d'érudition afin de discréditer le martyr républicain, Viala ayant provoqué les insurgés par des gestes grossiers, ce qui aurait été suffisant pour l'abattre <i>sine die </i>avant de l'achever et de jeter son corps à la rivière.</p><p>Une grande fête patriotique afin de célébrer les deux enfants avait été prévue, programmée par David à l'exemple de celles qu'il avait orchestrées pour les députés <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgIJqElY_JbRNYPbtm_0L9y6oaoxSp32zyon1p2-BAMc0gw_Wd88Qp-rtcFATPUSj5Ov3UHTbNffErsg1s058vX3odp6cnAZsWDxVVdkGKFIXM644Ic-TWpfe9ISFFVaM04bSLKiDCKB6RenqwQBcMcTf0dDmYWzf02JKBLS-5gO4yVqGeMLVZXlMR9ew/s800/800px-Death_of_Viala-Pierre-Paul_Prudhon-MBA_Lyon_1966-13-IMG_0455.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="648" data-original-width="800" height="324" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgIJqElY_JbRNYPbtm_0L9y6oaoxSp32zyon1p2-BAMc0gw_Wd88Qp-rtcFATPUSj5Ov3UHTbNffErsg1s058vX3odp6cnAZsWDxVVdkGKFIXM644Ic-TWpfe9ISFFVaM04bSLKiDCKB6RenqwQBcMcTf0dDmYWzf02JKBLS-5gO4yVqGeMLVZXlMR9ew/w400-h324/800px-Death_of_Viala-Pierre-Paul_Prudhon-MBA_Lyon_1966-13-IMG_0455.jpg" width="400" /></a>Lepeletier de Saint-Fargeau et Jean-Paul Marat, assassi-nés par des contre-révolu-tionnai-res, mais la fête avait été prévue le 10 thermidor. La chute de Robes-pierre et l'incarcé-ration de David suffirent à tout annuler. L'enfant-héros patriotique, par les soins du néo-classicisme de David, avait donné prise à une <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg0j9mVy3Iv_NxIo-YVJuAFf87_5ki-2udFuTRxzZUaEMEMGpd9n-YjQLZkDeEZWCE3CPyXR5cUbTY6dWkstQX0_tWtx_xcadj75nKVBhG9H5t1jF_xhUwVn0Q2ttRJLTPHx8vwVLBvkkao/h120/800px-Death_of_Viala-Pierre-Paul_Prudhon-MBA_Lyon_1966-13-IMG_0455.jpg">plastique homoérotique</a> qui devait triompher sous le Premier Empire. Sous la Troisième République, il resterait dans les manuels scolaires un archétype pédagogique jusque sous la Grande Guerre. </p><p>Lors des <i>Trois Glorieuses </i>de juillet 1830 à Paris, on vit d'autres enfants tomber au nom de la République. Le mercredi 28 juillet, l'Hôtel de ville est assiégé par les insurgés parisiens qui veulent renverser définitivement la dynastie des Bourbons, vaine reprise de la Grande Révolution :</p><blockquote><p>«<i>Sur le pont suspendu de la place de Grève, un deuxième assaut est donné par les ouvriers et les étudiants de la rive gauche, deuxième décharge à mitraille,</i> [le général] <i>Talon a du canon et il s'en sert, le pont suspendu est balayé pour la deuxième fois, il y a un tourbillonnement effroyable, des cris, du sang dans la grande lumière du soleil qu'obstruent des nuages de fumée et de poussière, des nuages noirs et roux qui roulent immobiles au ras du sol. Dumas et sa petite troupe d'émeutiers sont arrivés par la ruelle de Glatigny (dans l'embrouillamini de rues et de ruelles et impasses sur l'emplacement duquel Haussmann fera construire le nouvel Hôtel-Dieu), ils assistent au troisième assaut, troisième coup de canon, en même temps que la troupe s'avance sur le pont, la baïonnette en avant - plus question d'attaquer, les survivants abandonnent blessés et morts, ils se replient, quatrième coup de canon, on se disperse dans le réseau des voies étroites de la Cité, les nouvelles sont navrantes, Charras est mort, on l'a vu tomber, il avait hérité le fusil d'un ouvrier frappé en pleine poitrine, il en avait partagé l'emploi avec un gamin qui, donnant donnant lui avait proposé la moitié de son paquet de </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEidHYV0xvdo8Cb_dDqoij_8jpLTOx2MQI1lYmfJleDeCNOZBlYQsmdd_gTGwuNJIW6vx8V5mk9E_l46Ju3FtHz9bwk7hbQDdz-MMODHVQrZmHwjfyLVxGpQ80BpaTlHOWzXjUFGL4Gj4binJXkgyYHAef9CTChQ3MHTn5lgm4y9qERUPDS6Mb7FE_SPgQ/s500/aze_carg044120_001.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="342" data-original-width="500" height="274" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEidHYV0xvdo8Cb_dDqoij_8jpLTOx2MQI1lYmfJleDeCNOZBlYQsmdd_gTGwuNJIW6vx8V5mk9E_l46Ju3FtHz9bwk7hbQDdz-MMODHVQrZmHwjfyLVxGpQ80BpaTlHOWzXjUFGL4Gj4binJXkgyYHAef9CTChQ3MHTn5lgm4y9qERUPDS6Mb7FE_SPgQ/w400-h274/aze_carg044120_001.jpg" width="400" /></a><i>cartouches, le gamin voulait "tirer sa part", tué lui aussi - comme a été tué le porte-drapeau de la première attaque, un apprenti serrurier de quatorze ans, fils d'un fruitier ancien sergent de la vieille garde et qui avait emmené son garçon se battre contre les Bourbons, il s'appelait <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh-EcX5hESGuYzFbnw106uWsGeTIIzBoN1Uho4whnT_wp64dmIcpiMz2t8kxcEA3yPSeQGH3ypm8Eymz88n5ekJ4HTaKLeQP_fA-vA5coMUm0T2Y-UNbHrWBDuyJqPrKSYGRNETiQNLIk-X/h120/aze_carg044120_001.jpg">Arcole</a>, il serait mort comme on meurt souvent dans les grands moments de l'Histoire, avec dans la bouche une phrase mémorable : "Je vais vous montrer comme on sait mourir, souvenez-vous que je m'appelle Arcole!" Paris s'en souviendra, il retrouvera le cadavre d'Arcole au milieu du pont, couché sur son drapeau, et quand plus tard il remplacera le pont suspendu par un pont de pierre, il baptisera ce pont d'Arcole</i>» (J.-L. Bory. <i>La Révolution de Juillet, </i>Paris, Gallimard, Col. Trente journées qui ont fait la France, 1972, pp. 386-387).<br /></p></blockquote><p>Les périodes révolutionnaires offraient aux enfants, ou plutôt aux adolescents, l'occasion de rompre la monotonie de l'enfance bourgeoise aussi bien que la dureté des journées de travail pénible des fils et filles de prolétaires. C'est là que Hugo et Zola prirent les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiammDqF4N77tYNM5IOQTi9TR14Qck7wNYTfcSpqmv3NrjHZtb6PqU_2wnB77A8IjE_8bC00BqoDca9o_IOsk2piTqCO6V8ZN9Cg67661n_LXakNC3__rm4ml7iqNRCBAcRZeEXgYxslZLY0xiRm5j5d8dl9Y4Mr6FzT1GBsT4hY9RPqJ5A3z5tyzD9Mg/s281/Sans%20titre.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="179" data-original-width="281" height="255" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiammDqF4N77tYNM5IOQTi9TR14Qck7wNYTfcSpqmv3NrjHZtb6PqU_2wnB77A8IjE_8bC00BqoDca9o_IOsk2piTqCO6V8ZN9Cg67661n_LXakNC3__rm4ml7iqNRCBAcRZeEXgYxslZLY0xiRm5j5d8dl9Y4Mr6FzT1GBsT4hY9RPqJ5A3z5tyzD9Mg/w400-h255/Sans%20titre.jpg" width="400" /></a>modèles de leurs héros dans <i>Les Miséra-bles </i>ou <i>Germinal. </i>Pour les mêmes raisons toutefois, ils deve-naient des proies pour des entrepri-ses despotiques, impérialistes ou totalitaires, surtout une fois rassemblés <i>en masse</i>, prolongeant les groupes de jeunesse, les classes d'étudiants, les <i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhMFOq_0W2ReEIfkIdqgmXeFAID5i5GjJBieC7Ntg0RjXHs6NQUtzoa4RGXkcHGmEYUWFrmgUqZ2gkehju-GQ4EAHvXviqs4rtOzk_PRZJEMeENuztxrokG87h8rT29xk60JZskK-adtwDU/h120/Sans+titre.jpg">Burschenschaften</a>, </i><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">ces
sociétés secrètes d'étudiants allemands qui se mobilisèrent sous
l'occupation française en vue de chasser la Grande Armée
de Prusse et d'Allemagne. De son côté, au moment de
la déroute finale de l'entreprise napoléonienne, s'organisa le groupe
des </span></span></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><i><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgJMSp_HcmZQEzmgB9EIZ1lqnlb7qeYnN9o1HvQ694zz_HoLL0WljjxP4MlqR8YmniG0WMByj0x9TXYEKCkj2xuzEdHInIDRtGhclnLgKRW9ZQB4Hbeu4ZUCo6cBXvjmYMVio3DZAnl-7e8/h120/487671_1-tt-width-637-height-915-crop-1-bgcolor-ffffff-lazyload-0.jpg">Marie-Louise</a>,
</span></i></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">surnom
donné aux 120 000 conscrits français des classes 1814 et 1815,
appelés par un </span></span></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjZmcA6TVtFGoZjD7X51kyA48NwSg--tol58mNkdLnMfYlMfoeVh0kBw1HruuX09zkS7jrDZUn0nGhJOVD_VczcuSsDP4y3_RwSF5YNso_wOb0avqc8etsWYrDMBGmKlqdlTFxoRpmzrRaZYu5jdwytzcuOXXh5ZqZp6ByznZEzKk68410b7c3u9IaV6A/s915/487671_1-tt-width-637-height-915-crop-1-bgcolor-ffffff-lazyload-0.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="915" data-original-width="637" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjZmcA6TVtFGoZjD7X51kyA48NwSg--tol58mNkdLnMfYlMfoeVh0kBw1HruuX09zkS7jrDZUn0nGhJOVD_VczcuSsDP4y3_RwSF5YNso_wOb0avqc8etsWYrDMBGmKlqdlTFxoRpmzrRaZYu5jdwytzcuOXXh5ZqZp6ByznZEzKk68410b7c3u9IaV6A/w279-h400/487671_1-tt-width-637-height-915-crop-1-bgcolor-ffffff-lazyload-0.jpg" width="279" /></a><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">sénatus-consulte du 9 octobre 1813 de
l'impératrice-régente Marie-Louise. Ce sénatus-consulte faisait
suite au courrier de Napoléon envoyé depuis Dresde au moment de sa
campagne de Saxe (Allemagne). Ce qui est odieux, c'est que le </span></span></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><i><span style="font-weight: normal;">décret
Marie-Louise, </span></i></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">signé
de la main même de l'impératrice, désignait par extension des
jeunes recrues n'ayant pas deux mois de service. C'étaient des
novices, peu au fait de l'art de la guerre, mais entourés par des
vétérans de la Grande Armée. Heureusement, Napoléon pu obtenir
d'eux notamment les victoires de Champaubert et de Montmirail. L'un
des </span></span></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><i><span style="font-weight: normal;">Marie-Louise
</span></i></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">fit
même prisonnier le général russe Olsoufiev qu'il ne relâcha que
devant l'Empereur. Enfin, le terme fut repris pour désigner les
jeunes recrues de la classe 1915, ce qui montre l'absence de pudeur
des États pour recruter la chair à canon jusque dans les classes
d'âge les plus jeunes et les moins expérimentées dans l'art de la
guerre.</span></span></span></p></div>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; margin-right: -0.03cm;">
<span face="Segoe UI, sans-serif">Un épisode semblable eut lieu au cours
de la guerre américano-mexicaine de 1846, lors de
l'assaut de la forteresse de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhjKyWocVsHHkuDnoFDExZsdAi2DmLg6b2dJCOGgLWPrO11_PSpBz8s2C7hNlIlSmmFbmeSsA8L3605eZMMIUUCB3mf8_ZlYIbwGsGIHQWcxfxrqLJ0Bh1EiwVqJXly1iek4_iO9M_dPahJ/h120/260px-Battle_of_Chapultepec.jpg">Chapultepec</a> par les troupes américaines,
le 13 septembre 1847. Son officier commandant était le général Bravo,
sous les ordres du général </span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh9veOLwGM25RBU0exjkTLayHK2-bTeOLKwwLh8U6VBT5E9JzdavB90bsLqwUHBKRVjMqV8TrSz9434mHVW0fcMxSA9qSUW3m-buXNlfqAV2_7u8At6lnVk2Ojt6bLzCvdPrf3Ma4E4saOcwb0qqRmcvQ_3VEKe9HNx1mH1bfNiGqIlVFHXbjC316jAyg/s260/260px-Battle_of_Chapultepec.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="164" data-original-width="260" height="252" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh9veOLwGM25RBU0exjkTLayHK2-bTeOLKwwLh8U6VBT5E9JzdavB90bsLqwUHBKRVjMqV8TrSz9434mHVW0fcMxSA9qSUW3m-buXNlfqAV2_7u8At6lnVk2Ojt6bLzCvdPrf3Ma4E4saOcwb0qqRmcvQ_3VEKe9HNx1mH1bfNiGqIlVFHXbjC316jAyg/w400-h252/260px-Battle_of_Chapultepec.jpg" width="400" /></a><span face="Segoe UI, sans-serif">Antonio L<span style="font-family: Segoe UI;">ó</span>pez
de Santa Anna, dont la triste réputation remontait à l'épisode texan
de l'Alamo. Santa Anna comman-dait l'ensemble des forces mexicaines
opposées à l'invasion américaine. Il savait pertinemment que
Chapultepec était le dernier bastion fort avant que les troupes du
général ennemi, Winfeld Scott, atteignent la capitale, Mexico. Le
combat d'artilleries fit la différence, l'artillerie américaine
mettant à mal les murs de la forteresse. Des échelles furent bientôt
appuyées aux murs afin de donner l'assaut final. Pris entre deux
feux, au sens propre du terme, Bravo ordonna la retraite vers Mexico,
mais il fut capturé par un parti de volontaires américains. La
retraite se transforma en débandade. Nombre de soldats mexicains se
jettèrent du haut de la muraille sans se soucier de la hauteur afin
d'échapper aux attaquants. Devant ce désastre, un des aides de camp
de Santa Anna se serait exclamé devant lui : «<i>Dieu est un Yankee</i>».</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; margin-right: -0.03cm;">
<span face="Segoe UI, sans-serif">C'est alors que les jeunes cadets vont faire honneur à l'armée. Durant la bataille, six d'entre eux
refusèrent de fuir et jurèrent de se battre jusqu'à la mort contre les forces
américaines très supérieures en nombre. L'un après l'autre, ils allaient tomber sous les balles et lorsqu'il n'en </span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiV6It0luPl0C5B528q3LtSbDS-9BSKGLcqv3thxxaAOAtgrO3yq6iI7KsUIEu0dYHifg9xBOyqir-NAribh-SaRfZav7ZQb292SBnUaBBcvkHeABGBMtxvDvtS824vEGhy0hIQRcTKaVcqUlXvR3_8HZs330XvLiVbmI6G_eY9_8D6ISiE4Ncnr1AUaA/s288/Sans%20titre.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="175" data-original-width="288" height="243" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiV6It0luPl0C5B528q3LtSbDS-9BSKGLcqv3thxxaAOAtgrO3yq6iI7KsUIEu0dYHifg9xBOyqir-NAribh-SaRfZav7ZQb292SBnUaBBcvkHeABGBMtxvDvtS824vEGhy0hIQRcTKaVcqUlXvR3_8HZs330XvLiVbmI6G_eY9_8D6ISiE4Ncnr1AUaA/w400-h243/Sans%20titre.jpg" width="400" /></a><span face="Segoe UI, sans-serif">resta plus qu'un, Juan
Escutia et qu'il se vit mettre en joue, il se drapa dans l'étendard
mexicain et se jeta du haut de la muraille. Naquit alors le
<i>mythistoire </i>des <i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgOktmkqvp4rQ9EDFj0vzRJqlw6u_ZW6SM9Nz1UDCUmXNZWcOGU0riOB8ecREx_BYhQXIKc0hGVF0f30N7lvPOttDELrJRyLF4PySdmYtR7c4RGEiecO3hjS1M11A627CX90Qb8PdDbdyJv/h120/Sans+titre.jpg">Niños Héroes</a> </i>: les enfants-héros,
les cadets héroïques. À côté d'Escutia, on trouve le cadet
Vincente Su<span style="font-family: Segoe UI;">á</span>rez qui resta à son poste
de sentinelle dans l'escalier de la tour de la forteresse jusqu'à ce
que les Américains l'abattent. Aux six cadets morts en devoir –
Agustin Melgar, Fernando Montes de Oc, Francisco M<span style="font-family: Segoe UI;">árquez,
Juan Escutia et Vincente Suárez – s'ajoutèrent de nombreux autres qui furent fait
prisonniers dans deux compagnies constituées de ces jeunes cadets. Ils avaient été
formés par le général José Mariano Monterde, directeur de
l'Académie militaire mexicaine. Ils sont depuis des modèles patriotiques mexicains
à l'exemple du courage des Bara et des Viala.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; margin-right: -0.03cm;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiv4DvZAfo1eRpKvspd47Ny2Wa2FwHaZ7Ub3nulF63LOn1Zt2YqRjlP0SLg683zxH4WwCwUzwHBsD10NIQo3V_XFCNNsguYiFtXN03J1IvAbFcWNrDSWWVmz6YgIhUr8QOJpqkwgXW_rCu2oZ9vyyddqSIECGPD1jQtU1sySy75O4Oq_CcIx_AAwWFzmQ/s271/220px-Ballilla-Italian_Fascist_Children's_Organisation.png" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="271" data-original-width="220" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiv4DvZAfo1eRpKvspd47Ny2Wa2FwHaZ7Ub3nulF63LOn1Zt2YqRjlP0SLg683zxH4WwCwUzwHBsD10NIQo3V_XFCNNsguYiFtXN03J1IvAbFcWNrDSWWVmz6YgIhUr8QOJpqkwgXW_rCu2oZ9vyyddqSIECGPD1jQtU1sySy75O4Oq_CcIx_AAwWFzmQ/w260-h320/220px-Ballilla-Italian_Fascist_Children's_Organisation.png" width="260" /></a><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-family: Segoe UI;">Constituer
des corps de jeunes militants héroïques devint une idée dominante
chez les partis totalitaires du XXe siècle. L'embrigadement des
enfants commençait dès le jeune âge afin d'en faire des partisans
futurs du parti. À l'âge de l'adolescence, ces jeunes embrigadés
se retrouvaient dans des mouvements inspirés du scoutisme mais
encore plus fanatisés que le jingoïsme entretenu par Sir
Baden-Powell ou la poésie de Rudyard Kipling. Les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiv4DvZAfo1eRpKvspd47Ny2Wa2FwHaZ7Ub3nulF63LOn1Zt2YqRjlP0SLg683zxH4WwCwUzwHBsD10NIQo3V_XFCNNsguYiFtXN03J1IvAbFcWNrDSWWVmz6YgIhUr8QOJpqkwgXW_rCu2oZ9vyyddqSIECGPD1jQtU1sySy75O4Oq_CcIx_AAwWFzmQ/s271/220px-Ballilla-Italian_Fascist_Children's_Organisation.png">Balillas</a> de
Mussolini et la </span><span style="font-family: Segoe UI;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgKmkypfzvJEVHszMpQvjtFfn5nirMLHbVVF3VDqY1ua4ltXLSPYA2US78-GB5VbY2nADokSSnoRegUBg_4cHof0x9MhgZTMGpQoKTxsOTDGqBfC4E5oS9JA3gqdPdvye3sBY4NGqu33epRtv6wPwv7fJCaDTdduT8Z9zaPqaS4GWmw0OAozMl_nu2-qg/s1136/Hitler-Youth-Germany-Illustration-circa-1933.jpg">Hitlerjugend</a> </i></span><span style="font-family: Segoe UI;">nazie
ne tardèrent pas à rejoindre les troupes de miliciens là
et de la SS ici, au moment où le Pacte d'Acier débouchait sur la
Seconde Guerre mondiale. Lorsque les troupes </span></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-family: Segoe UI;">russes envahirent Berlin
au printemps 1945, les </span></span><span style="font-family: Segoe UI;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgKmkypfzvJEVHszMpQvjtFfn5nirMLHbVVF3VDqY1ua4ltXLSPYA2US78-GB5VbY2nADokSSnoRegUBg_4cHof0x9MhgZTMGpQoKTxsOTDGqBfC4E5oS9JA3gqdPdvye3sBY4NGqu33epRtv6wPwv7fJCaDTdduT8Z9zaPqaS4GWmw0OAozMl_nu2-qg/s1136/Hitler-Youth-Germany-Illustration-circa-1933.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="543" data-original-width="1136" height="153" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgKmkypfzvJEVHszMpQvjtFfn5nirMLHbVVF3VDqY1ua4ltXLSPYA2US78-GB5VbY2nADokSSnoRegUBg_4cHof0x9MhgZTMGpQoKTxsOTDGqBfC4E5oS9JA3gqdPdvye3sBY4NGqu33epRtv6wPwv7fJCaDTdduT8Z9zaPqaS4GWmw0OAozMl_nu2-qg/s320/Hitler-Youth-Germany-Illustration-circa-1933.jpg" width="320" /></a></span></span></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-family: Segoe UI;">derniers à prendre les armes furent des
enfants qui, à l'image des </span><span style="font-family: Segoe UI;"><i>Marie-Louise,
</i></span><span style="font-family: Segoe UI;">défendirent leur Führer comme les seconds leur Empereur. Le conditionnement moral et physique des
enfants devenait un impératif à la société totalitaire. Les
bolcheviques de Russie ne tardèrent d'ailleurs pas à les imiter en
formant le Comsomol, les jeunesses communistes.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; margin-right: -0.03cm;">
<span style="font-family: Segoe UI;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">L'impact
de l'endoctrinement de la jeunesse, pour si loin qu'il fût poussé,
n'empêcha pas d'autres jeunes de s'opposer aux régimes
dictatoriaux. La répression fasciste n'atteignit-elle pas son paroxysme propre à soulever l'indignation populaire lorsque le </span></span></span><span style="font-family: Segoe UI;"><i><span style="font-weight: normal;">Duce
</span></i></span><span style="font-family: Segoe UI;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">fut
la cible d'un attentat? </span></span></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; margin-right: -0.03cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="break-before: auto; margin-bottom: 0cm; margin-left: 1.01cm; margin-right: 0.56cm; page-break-before: auto;">
<span style="font-family: Segoe UI;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">«</span></span></span><span style="font-family: Segoe UI;"><i><span style="font-weight: normal;">Le
quatrième attentat eut lieu à Bologne le 31 octobre 1926, lors de
la </span></i></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhPQYROLBzuyFJ3Ee-lpLI1szbFA_pq3BoVMKPizq2fri7NxLIYN6lnamxF01rGiBVXZrnLgeS9puLSzsHPzrY06txWxQ_7GPWbso038XCSrkjmyYOVGaKba5_9KPLPv5mxtpFj7jgTpr-PR5KBNRbieuhVEeTdtr0xFJJy4y5pRfCfZbnAVZxlROyxeA/s333/260px-Anteo_Zamboni.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="333" data-original-width="260" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhPQYROLBzuyFJ3Ee-lpLI1szbFA_pq3BoVMKPizq2fri7NxLIYN6lnamxF01rGiBVXZrnLgeS9puLSzsHPzrY06txWxQ_7GPWbso038XCSrkjmyYOVGaKba5_9KPLPv5mxtpFj7jgTpr-PR5KBNRbieuhVEeTdtr0xFJJy4y5pRfCfZbnAVZxlROyxeA/w313-h400/260px-Anteo_Zamboni.jpg" width="313" /></a><span style="font-family: Segoe UI;"><i><span style="font-weight: normal;">commémo-ration de l'anniversaire de la marche sur Rome. Mussolini
se rendait à la gare dans une voiture découverte conduite par
Arpinati, et où avaient pris place Dino </span></i></span><span style="font-family: Segoe UI;"><i><span style="font-weight: normal;">Grandi et le maire de la
ville. De la foule massée sur son passage, au coin de la via Rizzoli
et de la via dell'Indipendenza, partit un coup de feu qui effleura la
poitrine du dictateur et déchira l'écharpe de sa décoration et le
gilet de son uniforme. Rachele et Edda </span></i></span><span style="font-family: Segoe UI;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">[sa
femme et sa fille], </span></span></span><span style="font-family: Segoe UI;"><i><span style="font-weight: normal;">qu'il
avait pour une fois invitées à la cérémonie, étaient présentes
au moment de l'attentat et assistèrent à la mise à mort du présumé
coupable, un garçon d'une quinzaine d'années, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi0oOHfhaXbC2YnOG8R734ogIcey5yFwtVGfLQuFfP0S5Kpt8eIcqq6p4Lg8dckPSIlrVMmgA4Jzy7Z_-OPtjrN_bPqcFD9mw_PuZI4Lbtme8y75vqj_Xf-HC28IYyvUuhk7Lkl4a9e63rZ/h120/260px-Anteo_Zamboni.jpg">Anteo Zamboni</a>, qui,
selon les conclusions du tribunal spécial, appartenait à une
famille de "subversifs immoraux", et aurait accompli son
forfait sous un déguisement de milicien fasciste, </span></i></span><span style="font-family: Segoe UI;"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhM9vr3BsLVqWXRoix_0niIgWh5PQ5TZK_5fuqtRGXltupGUJcbVRTOlZWgohHewldg1-8idUE3UqdmQpR8amCQTeNbvT4dhtGBuZNkzgCI6zzG61Gm3KQD8nNHoxK-_Cu1lLq3Ek-hMw4iwvI470UilcBnfWyTcz9cSq5aQBKZzM5G5wh9xw8UztHCgg/s732/Screenshot%202023-05-03%20at%2021-03-04%20ExecutedToday.com%20%C2%BB%201926%20Anteo%20Zamboni%20Mussolini%20near-assassin%20lynched.png" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="732" data-original-width="345" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhM9vr3BsLVqWXRoix_0niIgWh5PQ5TZK_5fuqtRGXltupGUJcbVRTOlZWgohHewldg1-8idUE3UqdmQpR8amCQTeNbvT4dhtGBuZNkzgCI6zzG61Gm3KQD8nNHoxK-_Cu1lLq3Ek-hMw4iwvI470UilcBnfWyTcz9cSq5aQBKZzM5G5wh9xw8UztHCgg/w302-h640/Screenshot%202023-05-03%20at%2021-03-04%20ExecutedToday.com%20%C2%BB%201926%20Anteo%20Zamboni%20Mussolini%20near-assassin%20lynched.png" width="302" /></a></span></span><span style="font-family: Segoe UI;"><i><span style="font-weight: normal;">avec la complicité
de son père et de sa tante qui, l'un et l'autre, seraient condamnés
en 1928 à trente ans de réclusion. Quoi qu'il en soit, le jeune
homme fut <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi65w81if9sSt8GxRrvWfghUwF-DLTXO3JQySC8qG9ObtJhCYMGRKEZv7ekdqFB2B3OHtHl6UfNgWT0lhyhj_kdikatiwgJi27oPNQoNSNJRnE2dwDt45N4NwnLoEmxJvSQcIyiliRSxp1i/h120/Screenshot+2023-05-03+at+21-03-04+ExecutedToday.com+%25C2%25BB+1926+Anteo+Zamboni+Mussolini+near-assassin+lynched.png">massacré</a> sur-le-champ par les fascistes. On releva sur son
cadavre un impact de balle, des marques de strangulation et les
traces de treize coups de poignard : autant d'indices qui trahissent
d'une part la présence auprès de Zamboni d'un petit groupe
d'individus armés, d'autre part la hâte mise par ces derniers à
éliminer l'auteur de l'attentat, donc à l'empêcher d'en révéler
les mobiles, et éventuellement les commanditaires</span></i></span><span style="font-family: Segoe UI;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">».
(P. Milza. </span></span></span><span style="font-family: Segoe UI;"><i><span style="font-weight: normal;">Mussolini,
</span></i></span><span style="font-family: Segoe UI;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Paris,
Fayard, 1999, pp. 364-365).</span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: 0.03cm; margin-right: -0.03cm;">
<span style="font-family: Segoe UI;">Au
moment où Mussolini mettait sur pied l'organisation des Balillas,
cet attentat attribué à un adolescent lui servit de prétexte</span><span style="font-family: Segoe UI;"><span style="font-style: normal;"> pour établir des mesures répressives, entre autres contre
les Francs-Maçons et les socialistes. Et qu'en était-il
réellement de l'attentat : complot antifasciste? mise en scène des
</span></span><span style="font-family: Segoe UI;"><i>Squadristi</i></span><span style="font-family: Segoe UI;"><span style="font-style: normal;">?
ou tout simplement un acte isolé accompli par un adolescent exalté?
«</span></span><span style="font-family: Segoe UI;"><i>Était-ce <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgiCkBaND-YBEwCNWN_G3z3v7CllcIKYVj_x-Wf2liPhX9PNq664KNL1PsD2g8wXBq9c8HAznfc5YAkG19Dq2hjJyYzYjN2a6Y8Vt5SiX0IH2CryAM-SQrjPRvnT48sxOzMbAwf97TaHiBW/h120/8d075bbdf33c5c27c9a5d26f5f5a6b5c7bdd1849.webp">le coupable</a>? </i></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjS0a-u6s3LiJ1EjBPjWF2kyVBLPO9GEfjrgY11IpOgIqsO5YhpXMS3VauZNRepZXw-4FXD_obW8fRA7U6uXLkUssg2ZOeRaghsRTsyMAAMQlIaVRglyUi9zADSkPUGarAawEGYgNEDRZ4bHuxZHKb0x70UJttCYsuxCzeqa-9pyEwb9PYsThBczJYz8A/s640/8d075bbdf33c5c27c9a5d26f5f5a6b5c7bdd1849.webp" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="435" data-original-width="640" height="272" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjS0a-u6s3LiJ1EjBPjWF2kyVBLPO9GEfjrgY11IpOgIqsO5YhpXMS3VauZNRepZXw-4FXD_obW8fRA7U6uXLkUssg2ZOeRaghsRTsyMAAMQlIaVRglyUi9zADSkPUGarAawEGYgNEDRZ4bHuxZHKb0x70UJttCYsuxCzeqa-9pyEwb9PYsThBczJYz8A/w400-h272/8d075bbdf33c5c27c9a5d26f5f5a6b5c7bdd1849.webp" width="400" /></a><span style="font-family: Segoe UI;"><i>On
peut en douter. Sa mort arrange en tout cas bien des gens; on fait
tout avouer à un cadavre. Or, dès le lende-main dans les milieux
bien informés on attribue l'attentat contre le Duce à des fascistes
aigris – Arpinati ou Farinacci qui a dû abandonner son poste de
secrétaire du Parti le 30 mars 1926 – ou encore la conjonction de
deux actions : l'une d'origine policière destinée à simuler un
attentat (prétexte à la répression), l'autre d'origine fasciste,
s'insérant dans la première et visant réellement la vie du Duce,
transformant la farce en crime</i></span><span style="font-family: Segoe UI;"><span style="font-style: normal;">»
(M. Gallo. </span></span><span style="font-family: Segoe UI;"><i>L'Italie de
Mussolini, </i></span><span style="font-family: Segoe UI;"><span style="font-style: normal;">Verviers,
Gérard & Cie, Col. Marabout université, # MU 109, 1966, p.
201). </span> </span></p><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: 0.03cm; margin-right: -0.03cm;"><span style="font-family: Segoe UI;">Un demi-siècle après Gallo, Pierre Milza
réinterroge les motivations derrière cet étrange attentat :</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: 0.03cm; margin-right: -0.03cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="break-before: auto; margin-bottom: 0cm; margin-left: 1.01cm; margin-right: 0.48cm; page-break-before: auto;">
<span style="font-family: Segoe UI;"><span style="font-style: normal;">«</span></span><span style="font-family: Segoe UI;"><i>L'affaire
reste aujourd'hui encore entourée de mystère. On a parlé de
provocation policière, de complot ourdi dans les milieux
gouvernementaux, ou, plus sérieusement </i></span><span style="font-family: Segoe UI;"><i>semble-t-il, préparé par
des fascistes contestataires, appartenant soit à l'entourage
d'Arpinati, soit à celui de Farinacci. Et il est vrai qu'il existe
dans les archives du secrétariat particulier du Duce des documents
assez troublants sur l'attentat de </i></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjefVaLKPzUoVFiUqD360neyYsu1LN_WhDFH1Oc_wwhnnpZo_P_E6davG6JO8wElb04zotRIcHepAGcrRZQ1wqhuutqmCy0N7o-4EV9jfZrZGEa26DKAhHR_sLDRglADke9znnYFYHuh-gOc_kqevvLEa-ZwaYVlmPtU_Wm2p0YkrnatyOmFkqzvPjGdQ/s680/ElqrYFCWkAUiflC.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="680" data-original-width="525" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjefVaLKPzUoVFiUqD360neyYsu1LN_WhDFH1Oc_wwhnnpZo_P_E6davG6JO8wElb04zotRIcHepAGcrRZQ1wqhuutqmCy0N7o-4EV9jfZrZGEa26DKAhHR_sLDRglADke9znnYFYHuh-gOc_kqevvLEa-ZwaYVlmPtU_Wm2p0YkrnatyOmFkqzvPjGdQ/w309-h400/ElqrYFCWkAUiflC.jpg" width="309" /></a><span style="font-family: Segoe UI;"><i>Bologne. Selon divers rapports,
enquêtes et témoignages, le jeune Anteo Zamboni aurait, comme sa
mère et comme sa tante, donné depuis longtemps des signes de
dérèglement psychique. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh9eal-azMBs1K4Xll28POmFydFjBQBhh9t6cJ6OAz1Rsb5aM5VjJ16kdcSCT_87s2G_vsmAotcFMPfSBFLCC3lV5EIGQAhdKoU5rKjHtshrCJqJDPUDXYR-sGX5EXDRptOXp6EHqMZ92OM/h120/ElqrYFCWkAUiflC.jpg">Sa famille</a>, après avoir milité, comme
lui-même, dans les rangs anarchistes, serait passée avec armes et
bagages au fascisme, sans totalement répudier ses convictions
antérieures. Plusieurs témoignages et dénonciations, y compris
celle d'un "repenti anonyme" adressés à Mussolini en
juillet 1934, font état de ses liens avec le clan Arpinati. Le frère
d'Anteo, Mammolo, lui aussi condamné par le tribunal spécial en
1928, et envoyé au </i></span><span style="font-family: Segoe UI;"><span style="font-style: normal;">confino
</span></span><span style="font-family: Segoe UI;"><i>(c'est-à-dire en surveillance
surveillée), puis libéré et exilé en Suisse, sera finalement
admis dans les rangs du parti fasciste en 1940. Des témoins auraient
enfin assisté à la distribution de poignards à de très jeunes
gens, peu de temps avant le passage de la voiture dans laquelle
Mussolini avait pris place.</i></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; margin-left: 1.01cm; margin-right: 0.48cm;">
<span style="font-family: Segoe UI;"><i>Ces documents doivent bien évidemment être
examinés avec prudence, de même d'ailleurs que ceux qui, émanant
des autorités judiciaires ou de la police, s'inscrivent en faux
contre les assertions de certains témoins et les propos de
dénonciateurs anonymes... </i></span><span style="font-family: Segoe UI;"><span style="font-style: normal;">(P.
Milza. op. cit. p. 365).</span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: 1.01cm; margin-right: 0.48cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="break-before: auto; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; margin-right: -0.03cm; page-break-before: auto;">
<span style="font-family: Segoe UI;"><span style="font-style: normal;">Cette
manipulation d'un adolescent maladif, quoi qu'on en pense, ajoute de la
consistance historique à la fable racontée dans le film posthume de
Pier Paolo Pasolini, </span></span><span style="font-family: Segoe UI;"><i>Salo ou
les 120 journées de Sodome </i></span><span style="font-family: Segoe UI;"><span style="font-style: normal;">(1975).</span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; margin-right: -0.03cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; margin-right: -0.03cm;">
<span style="font-family: Segoe UI;"><span style="font-style: normal;">Dans
l'Allemagne nazie, on ne trouva pas de Zamboni pour commettre un attentat contre le Führer. Par contre, un groupe fut organisé par de
jeunes étudiants de l'université de </span></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiEonkZ1u-sEZBDZJDub-6I9s2mLv-PQxrGchkVg61Yinev4RXoRA5dmAJa1W_ziB97BRIuShYt4fMnMZMwiVIIybk1VtpXxXiCVoKYG7RnHCNnpMtLDIehvMSsWb3206QukyMxiMg8ql2iS_1SF47gFn2RQi0BHGx-TWvLYfGdqTxw5IL41fttjA2DTQ/s800/800x600-sophie-scholl-et-Hans-son-frere-avec-hristoph-probst-en-1942-photo-afp.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="600" data-original-width="800" height="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiEonkZ1u-sEZBDZJDub-6I9s2mLv-PQxrGchkVg61Yinev4RXoRA5dmAJa1W_ziB97BRIuShYt4fMnMZMwiVIIybk1VtpXxXiCVoKYG7RnHCNnpMtLDIehvMSsWb3206QukyMxiMg8ql2iS_1SF47gFn2RQi0BHGx-TWvLYfGdqTxw5IL41fttjA2DTQ/w400-h300/800x600-sophie-scholl-et-Hans-son-frere-avec-hristoph-probst-en-1942-photo-afp.jpg" width="400" /></a><span style="font-family: Segoe UI;"><span style="font-style: normal;">Munich, inspirés par quelques
profes-seurs, la </span></span><span style="font-family: Segoe UI;"><i>Rose Blanche
</i></span><span style="font-family: Segoe UI;"><span style="font-style: normal;">(</span></span><span style="font-family: Segoe UI;"><span lang="de-DE"><i><span style="font-weight: normal;">Weiße
Rose</span></i></span></span><span style="font-family: Segoe UI;"><span lang="de-DE"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">).
Parmi les princi-paux activistes du groupe, l'étudiant en médecine
Hans Scholl et sa jeune sœur Sophie s'employaient à dénoncer la politique militaire du régime qui était celle d'un bain de sang inaltérable. Afin
d'en mettre fin, les
membres de la </span></span></span></span><span style="font-family: Segoe UI;"><span lang="de-DE"><i><span style="font-weight: normal;">Rose
Blanche </span></i></span></span><span style="font-family: Segoe UI;"><span lang="de-DE"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">publièrent
et distribuèrent des tracs qu'ils envoyaient par la poste ou laissaient à des endroits publics. Inspirés par
le professeur Kurt Huber, les fondateurs – Alexander Schmorell,
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj8ZleAyhJUM9O3eZhwVg6cJjs-jAVRwBO285-20j3l4G0Df2q46PHk-smDbrGf4i1qHsZ-_krw4nF_upZkzP-9Y3BJ0_E_ZS_4bqp0QBOI6v0i0J6Sdu09l9sG_p6k8Flpc3dnZ1Auc3Ek/h120/800x600-sophie-scholl-et-Hans-son-frere-avec-hristoph-probst-en-1942-photo-afp.jpg">Hans et Sophie Scholl </a>– recrutèrent Willi Graf, Susanne Hirzel et
son frère Hans, Traute Lafrenz, une amie des Scholl, Franz J.
Müller, enfin <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiEonkZ1u-sEZBDZJDub-6I9s2mLv-PQxrGchkVg61Yinev4RXoRA5dmAJa1W_ziB97BRIuShYt4fMnMZMwiVIIybk1VtpXxXiCVoKYG7RnHCNnpMtLDIehvMSsWb3206QukyMxiMg8ql2iS_1SF47gFn2RQi0BHGx-TWvLYfGdqTxw5IL41fttjA2DTQ/s800/800x600-sophie-scholl-et-Hans-son-frere-avec-hristoph-probst-en-1942-photo-afp.jpg">Christoph Probst</a>, camarade de Hans à la faculté de
médecine.</span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; margin-right: -0.03cm;">
<span style="font-family: Segoe UI;"><span lang="de-DE"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Après
avoir combattu sur le front Est en 1942, Hans Scholl, Willi Graf et
Alexander Schmorell revinrent à Munich persuadés par l'urgence de continuer la
rédaction et la diffusion de tracts </span></span></span></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjVPFMueErGXXbicBi_7PWJ6tQKeywF7hqYQH8F419Dlkiei7TRP9Domv1MqYrkUz7hFlbElYNxZcbvLuOIowPbYDOgwRWalF8xPr9sAxS4Hm2cSfN4uWx3Hm-J33jM16Zl3ay3pu_Y9B-50drxe0deIYLlNkt17Aco9CBLiQc7pcUpVjXfYF6rq-FtFg/s496/5310_01.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="367" data-original-width="496" height="296" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjVPFMueErGXXbicBi_7PWJ6tQKeywF7hqYQH8F419Dlkiei7TRP9Domv1MqYrkUz7hFlbElYNxZcbvLuOIowPbYDOgwRWalF8xPr9sAxS4Hm2cSfN4uWx3Hm-J33jM16Zl3ay3pu_Y9B-50drxe0deIYLlNkt17Aco9CBLiQc7pcUpVjXfYF6rq-FtFg/w400-h296/5310_01.jpg" width="400" /></a></span><span style="font-family: Segoe UI;"><span lang="de-DE"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">anti-nazis, raffer-missent leur
fidélité nationale par les référen-ces à Gœthe, Schiller et Novalis, par leur
catholicis-me, par le rappel de passages bibliques, par, enfin, la
dénonciation des politiques antisémites transformées en véritables
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgt5_NAEpBj_Sn6PG10ES3jYxlJlPoFotcIFCPjr8w-Vj8ocQ_a7Vohht02cbQL0Gt1JT6pLni-TVjUDjhlZoo7CKlBH-UUMLGpE-hHDwT-ftPGAl9adt7jXYC9E6iEUBeNB1MNyBuB-B9a/h120/5310_01.jpg">tueries de masse</a> en Pologne. C'est au paroxysme de la bataille de
Stalingrad et la défaite des armées du général Paulus aux mains de l'Armée rouge que la </span></span></span></span><span style="font-family: Segoe UI;"><span lang="de-DE"><i><span style="font-weight: normal;">Rose
Blanche </span></i></span></span><span style="font-family: Segoe UI;"><span lang="de-DE"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">se
révéla un groupe menaçant aux yeux de la Gestapo. Les tracts disaient que la capture de l'armée allemande en Russie sonnait le glas du régime. Une fin terrible s'annonçait :</span></span></span></span></p><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; margin-right: -0.03cm;"><span style="font-family: Segoe UI;"><span lang="de-DE"><span style="font-style: normal;"></span></span></span></p><div style="text-align: justify;"><blockquote><span style="font-family: Segoe UI;"><span lang="de-DE"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">«<i>Et maintenant, la fin est proche. Il s'agit de se reconnaître les uns les autres, de s'expliquer clairement d'hommes à hommes; d'avoir ce seul impératif sans cesse présent à l'esprit; de ne s'accorder aucun repos avant que tout Allemand ne soit persuadé de l'absolue nécessité de la lutte contre ce régime. Si une telle vague de soulèvement traverse le pays, si quelque chose est enfin "dans l'air", alors et alors seulement, ce système peut s'écrouler. Le dernier sursaut exigera toutes nos forces. La fin sera atroce, mais si terrible qu'elle doive être, elle est moins redoutable qu'une atrocité sans fin</i>» (Cité in I. Scholl. <i>La Rose blanche</i>, Paris, Éditions de Minuit, Col. Documents, 1955, p. 128).<i><br /></i></span></span></span></span></blockquote></div><p></p><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; margin-right: -0.03cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjWQfZ0EPJVXHzkhU_Jf3KDOkQvIrkMK2vZTRedbdRrb8F8T0fOIrGPvx1MpGhF0HFHas1ypw-JI3tuioXDOevxSbRi_RzokLitTP6PiF0eeeIEr1APpZMrQBMgF8iS1T07pZ3zTs4NO6lNOcKCdMK2C1IQv6Gyy-wdOf3zPPP794xiiSfBksDI8AiF5Q/s260/Scholl-Denkmal,_M%C3%BCnchen_(cropped).jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="256" data-original-width="260" height="315" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjWQfZ0EPJVXHzkhU_Jf3KDOkQvIrkMK2vZTRedbdRrb8F8T0fOIrGPvx1MpGhF0HFHas1ypw-JI3tuioXDOevxSbRi_RzokLitTP6PiF0eeeIEr1APpZMrQBMgF8iS1T07pZ3zTs4NO6lNOcKCdMK2C1IQv6Gyy-wdOf3zPPP794xiiSfBksDI8AiF5Q/w320-h315/Scholl-Denkmal,_M%C3%BCnchen_(cropped).jpg" width="320" /></a></span><span style="font-family: Segoe UI;">Nourris de littérature allemande classique et de philosophie, les tracts de la <i>Rose blanche </i>atteignaient surtout un public cultivé et non tant la masse des Allemands qui ne discutaient pas politique. Leurs auteurs y allaient avec toute leur sincérité, prêts à faire front aux conséquences de leur transgression politique au nom de la valeur de la culture allemande. Contre «<i>l'idée impérialiste de puissance</i>», ils en appelaient à la paix et à la coopération européenne, bref, tout ce qui avait quoi irriter le commun des nazis :</span></p><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; margin-right: -0.03cm;"></p><div style="text-align: justify;"><blockquote><span style="font-family: Segoe UI;">«<i>Cette résistance n'a qu'un impératif : abattre le National-Socialisme. Ne négligeons rien pour y tendre. Il faut atteindre le nazisme </i>partout <i>où cela est possible. Cette caricature d'État recevra bientôt le coup de grâce; une victoire de l'Allemagne fasciste aurait des conséquences imprévisibles, atroces. L'objectif premier des Allemands doit être la défaite des nazis, et non pas la victoire militaire contre le bolchevisme. La lutte contre le nazisme doit </i>absolument <i>venir au premier plan...</i>» (Cité in I. Scholl. ibid. pp. 135-136) <br /></span></blockquote></div>Un sixième et dernier tract, sans doute davantage inspiré par les réflexions philosophiques du professeur <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhLGM70Xvfxv1Op6msVJLfjW84Fr4TiPyv7WCkEgQT8QRXcIZ8vKai8h0TFMaiz0zBaVnL6ZtIijsyJkaNzm_SZ2jPonirHTI_Wsu5aduuafi-735ZWxEWd1uBcK801HIFSdjm_0Q2VfMW3/h120/9158619_orig.jpg">Kurt Huber,</a> tournait davantage le regard vers l'avenir :<p></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; margin-right: -0.03cm;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjdIWfjOpcSjmunU8EPlwZVrCknuBOWz4qxCMVAiwR88725TELrAd-CFyaxUdMy0TUyZwhr9_bIdeHreLlKJ23YYt0AyaU-RqFiKDOPJZFNGPXkHZp0KNOmGUWAZoLCWoF4D3jSEqOiXDgbDhjuc2PHe0BoBzlfbXjZrnCYq-XH-ZY-kz7dLbzVaU2usQ/s535/9158619_orig.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="535" data-original-width="398" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjdIWfjOpcSjmunU8EPlwZVrCknuBOWz4qxCMVAiwR88725TELrAd-CFyaxUdMy0TUyZwhr9_bIdeHreLlKJ23YYt0AyaU-RqFiKDOPJZFNGPXkHZp0KNOmGUWAZoLCWoF4D3jSEqOiXDgbDhjuc2PHe0BoBzlfbXjZrnCYq-XH-ZY-kz7dLbzVaU2usQ/w238-h320/9158619_orig.jpg" width="238" /></a>«<i>D'où quelle vienne, la puissance impérialiste ne doit plus jamais s'instaurer dans l'État. Un militarisme prussien ne doit plus jamais parvenir au pouvoir. Les peuples européens auront à se connaître et à s'unir pour jeter les bases d'un relèvement commun. Toute force de nature dictatoriale, comme celle que l'État prussien a tenté d'établir en Allemagne et dans toute l'Europe, doit rencontrer une opposition irréductible. L'Allemagne future ne peut être que fédérale. Seule une conception saine, et fédérale, de l'État donnera une nouvelle vie à l'Europe affaiblie. Un socialisme bien compris libérera la classe des travailleurs de la plus basse forme d'esclavage qui est la sienne. L'économie particulariste doit cesser en Europe. Chaque peuple, chaque individu a droit aux richesses du monde</i>» (Cité in I. Scholl. ibid. p. 149).<br /></p></blockquote><p style="text-align: justify;">Huber annonçait ici les grands objectifs d'après-guerre : l'Union européenne, le <i>Welfare State, </i>la reconnaissance des régionalismes. Le groupe humaniste parvenait à rallier des <span face="Segoe UI, sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiSIVUc61vhFeD7MbNRP8YJf55k_ZydrRVNNGZAS33IQahnAsT4mVk_F0f5ijuug1MtS3UtsucYX04ei_dDg1U9UYhlWHbOv8JIpm4LdNvgEfVRxBaenCE2wiW3rMiYeF9_9KQ3061txDma9XA6ozIAlHYTJ6pUsbJloD_MLo8Jmcr318VYeyQL9YKL5Q/s320/sophie-hans.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="240" data-original-width="320" height="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiSIVUc61vhFeD7MbNRP8YJf55k_ZydrRVNNGZAS33IQahnAsT4mVk_F0f5ijuug1MtS3UtsucYX04ei_dDg1U9UYhlWHbOv8JIpm4LdNvgEfVRxBaenCE2wiW3rMiYeF9_9KQ3061txDma9XA6ozIAlHYTJ6pUsbJloD_MLo8Jmcr318VYeyQL9YKL5Q/w400-h300/sophie-hans.jpg" width="400" /></a></span>adeptes dans d'autres grandes villes uni-versitai-res du Reich : Augs-bourg, Stuttgart, Francfort, Salzbourg et jusqu'à Vienne. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhRF8xRt7L65glEgxdqsvlsM1ChJvFHfxuzeIGdOzGcMbVjy_eym-GNrjtOg2lt4nPPUHUTA39iVlC-oR7UmZydv6zZWC58aU-N_CrbO-avF5vWkogHt0WMkDwIEDZ9l4Na-Bz0QOX5csWU/h120/sophie-hans.jpg">Hans et Sophie</a> mettaient ouverte-ment Hitler au défi, n'épargnant aucun de ses pions : «<i>N'oubliez pas non plus les petits salopards de ce régime, souvenez-vous de leurs noms, que pas un d'entre eux n'échappe! Qu'ils n'aillent pas, au dernier moment, retourner leur veste, et faire comme si rien ne s'était produit</i>» (Cité in I. Scholl. ibid. p. 143). Malheureusement, la dénazification n'ira jamais aussi loin, si bien que ces <i>petits salopards </i>devaient reparaître dans l'Allemagne et l'Autriche d'après-guerre, protégés par les forces d'occupation dans ce qui s'engageait déjà comme la Guerre froide.</p><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; margin-right: -0.03cm;">Il est un fait que l'organisation de la <i>Rose blanche </i>s'enhardissait au fur et à mesure qu'elle devenait de plus en plus efficace. Dans la nuit du 15 au 16 février 1943, les activistes <span face="Segoe UI, sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjffrs7gkJu-aMiClwwtsjKpFPS3aWXyac72_BdCic1v2MuChDYILV_7PWLgeAGH52ZBLp_fXDyHZ8sUNFqek-Ef3-qTdyBGGpGCmHJXQAxQ70v8Qv2Cu9arpq3kvt3KfmHRPeuZCoyIn53HBBZleQfOI1fBfm_DzLgz6w-2OiewGZ1xzXWp38D5u5P2w/s407/articles_christophprobst_0.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="407" data-original-width="300" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjffrs7gkJu-aMiClwwtsjKpFPS3aWXyac72_BdCic1v2MuChDYILV_7PWLgeAGH52ZBLp_fXDyHZ8sUNFqek-Ef3-qTdyBGGpGCmHJXQAxQ70v8Qv2Cu9arpq3kvt3KfmHRPeuZCoyIn53HBBZleQfOI1fBfm_DzLgz6w-2OiewGZ1xzXWp38D5u5P2w/w295-h400/articles_christophprobst_0.jpg" width="295" /></a></span>distribuèrent entre 800 et 1 200 tracts dans Munich. Alors qu'il restait encore quelques exemplaires, ils décidèrent de les distribuer à l'université. C'est le 18 février que Hans et Sophie Scholl, alors qu'ils venaient de lancer des tracts par-dessus la rambarde devant l'amphithéâtre de l'université, qu'ils se sont fait prendre à parti et maintenus par l'appariteur Jakob Schmid qui les retint jusqu'à l'arrivée de la Gestapo.<span style="font-family: Segoe UI;"> </span><span face="Segoe UI, sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhinheAQ5PZXPk4KJIb2taiASknAa4QfziAN44NjHGBHeItsLrqfLE3dzVzmVI_dLg5nAq8-XkQH-_5CPJQgTvHx2bCCVxSdxwp7WB1zrLPQ10mlJcr3dLbbALW0uo3E0-ULMaArOZRIw4y/h120/articles_christophprobst_0.jpg">Christoph Probst</a>
et Willi Graf furent arrêtés le même jour; les autres membres,
excepté Jürgen Wittenstein les jours suivants
(Susanne et Hans Hirszl le 22 février, Alexander Schmorell le 24
février, Kurt Huber le 27, Traute Lafrenz le 15 mars). Anneliese
Knoop-Graf, sœur de Willi Graf, est également arrêtée en même
temps que son frère, bien qu'elle n'ait pas été membre du réseau
ou au courant des actions de son frère. Frustré par la défaite
devant les Russes, le régime allait sévir sans attendre contre
les siens.</span></p><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; margin-right: -0.03cm;">
<span face="Segoe UI, sans-serif">Un premier procès amena les Scholl
et Christoph Probst devant le </span><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>Volksgerichtshof,
</i></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">le
</span></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjoPlSUK0SYnXQmR6anrghLJOidWouB-_kSpW0-UEgody1h9zHfMWWEslL_I05GnCWBP83hfkyOSQQyLCyxHxT4JGt_vhZYmzgRcbArQhXgyunfVfxC-Ic701EVr8Mq1JagyiJb-8h_uitrkWyOyy6sLhXNI4M_K_yCWbO7azwVs6f-avovYrYU5YnRVQ/s399/articles_alexanderschmorellseptembre_0.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="399" data-original-width="300" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjoPlSUK0SYnXQmR6anrghLJOidWouB-_kSpW0-UEgody1h9zHfMWWEslL_I05GnCWBP83hfkyOSQQyLCyxHxT4JGt_vhZYmzgRcbArQhXgyunfVfxC-Ic701EVr8Mq1JagyiJb-8h_uitrkWyOyy6sLhXNI4M_K_yCWbO7azwVs6f-avovYrYU5YnRVQ/w301-h400/articles_alexanderschmorellseptembre_0.jpg" width="301" /></a><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">«tribunal du peuple» présidé par l'hystérique Roland Freisler,
venu directement de Berlin, qui les condamna tous trois à mort
sous les chefs de «</span></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>haute
trahison et connivence avec l'ennemi, incitation à la haute
trahison, atteinte à l'effort de défense</i></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">».
Sophie Scholl se contenta d'une déclaration insolente : «</span></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>Ce
que nous avons dit et écrit, beaucoup le pensent. Mais ils n'osent
pas l'exprimer</i></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">».
Sans doute inspirée par l'attitude des condamnés de la Terreur
révolutionnaire de 1793-1794, elle en appela contre «<i>les petits salopards</i>» qui la jugeaient : «</span></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>Dans
quelque temps, c'est vous qui serez à notre place</i></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">».
Hans, Sophie et Probst furent guillotinés dans la prison de
Stadelheim, près de Munich, le jour même de leur condamnation, le
22 février 1943. Un second procès devait conduire Willi Graf, Kurt
Huber et <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiIY6V3g-2A2yWMxEyeH8wa_OCw6dadRWzuJ6n7fK2wtpZxjFAsRKy79Pxm_teJ1o9ecIHmYq64vhJpqPFZlh1rfoWylMJPUQ0EwTthTW-EkqkA-KTmH3HPgKUC_qhmk00deGNbtz1634Hk/h120/articles_alexanderschmorellseptembre_0.jpg">Alexander Schmorell</a> à la guillotine le 13 juin 1943.
Des autres activistes, seul Frank Harnack fut acquitté.</span></span></p><p align="JUSTIFY" style="border: medium none; padding: 0cm;"></p><p align="JUSTIFY" style="border: medium none; padding: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif">Les
enfants sont entrés dans l'historiographie par l'histoire sociale,
en particulier celle portant sur l'industrialisation. L'historien Jules Michelet reprochait dans son ouvrage <i>Le </i></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>Peuple </i>(1846) au
Premier ministre britannique <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhSSup1632MJqFgYTL5Dr1QigMtmaBf6qZdD49bVl89Ot1GrVoqWa_cEImEuQK1oycYI1mmLEU_2XZFCJDt75TG2vi6YyOV4HmQf0d6umRB3wCdpzyDoFXpYJITqtYzw0lOXjxn4IaLZbt_/h120/pitt-750x460.jpg">William Pitt</a> d'avoir encouragé le
travail des enfants : «<i>...lorsque les manufacturiers anglais
vinrent dire à M. Pitt que les salaires élevés de l'ouvrier les
mettaient hors d'état de payer l'impôt, il dit un mot terrible :
</i>"Prenez les enfants"<i>. Ce mot-là pèse lourdement sur
l'Angleterre comme une malédiction</i><span style="font-style: normal;">»</span><span style="font-style: normal;">. S'il
n'est pas certain que </span></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiMSZXaSDFrIpvxBHLBJaMmGW7i9TFxqhzPaWkqCiGp3i4khl7Rl5AFp-JShKByHWMtC6X8jMUG0Cc9k4qWyN71TU18xfMi--IiOTXsxTv1iVLW52YRjP6Bj_g4hpCDFRk6Rf8XTktdfQiIz_BTB7r0ArRUf5Zdu-AXyseSmuxlZ6tFrp6rgIalyP0dWQ/s543/pitt-750x460.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="448" data-original-width="543" height="330" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiMSZXaSDFrIpvxBHLBJaMmGW7i9TFxqhzPaWkqCiGp3i4khl7Rl5AFp-JShKByHWMtC6X8jMUG0Cc9k4qWyN71TU18xfMi--IiOTXsxTv1iVLW52YRjP6Bj_g4hpCDFRk6Rf8XTktdfQiIz_BTB7r0ArRUf5Zdu-AXyseSmuxlZ6tFrp6rgIalyP0dWQ/w400-h330/pitt-750x460.jpg" width="400" /></a><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">Pitt ait jamais prononcé ces mots il a, comme
un grand nombre de ses contem-porains, souligné les avantages qu'on
pouvait retirer du travail des enfants. Dans un discours prononcé au
Parlement le 12 février 1796, Pitt déclarait : «</span><i>L'expérience
a déjà montré tout ce que peut produire le travail des enfants, et
l'avantage que l'on peut trouver à les employer de bonne heure aux
ouvrages dont ils sont capables</i><span style="font-style: normal;">»
(M. Niveau. </span><i>Histoire des faits économiques contemporains, </i><span style="font-style: normal;">Paris,
P.U.F., Col. Thémis-sciences économiques, 1966, p. 122). Et le même Pitt de poursuivre :
«</span><i>Si quelqu'un prenait la peine de calculer la valeur
totale de ce que gagnent dès à présent les enfants élevés selon
cette méthode, il serait surpris en considérant la charge dont leur
travail, suffisant pour subvenir à leur entretien, exonère le pays,
et l'appoint que leurs efforts laborieux et les habitudes auxquelles
ils sont formés viennent ajouter à la richesse nationale</i><span style="font-style: normal;">»
(Cité in M. Niveau. Ibid. pp. 122-123).</span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">Si
l'opinion de Pitt s'inspirait de ses lectures de Locke, de Malthus et
de Bentham, d'autres </span></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjJy2eQ3TJy72oR96Li3rxLhlTroJxFQG8vNUDYkdRzfaNQPs95757zG1vvbL6LtkGiV5rH2DYw5ke3Uj3bvIeVY3v0OQiDCGTdGsyGFX1gf9J3LwS-kxB_OqNCmK7QQ_xwtyLWPcZrkZu9YElaLV8HG7Y_maeNvZ3dNUGJf90AuYyf4UjxRK3ZR8XMeQ/s253/wm-lamb.png" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="253" data-original-width="199" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjJy2eQ3TJy72oR96Li3rxLhlTroJxFQG8vNUDYkdRzfaNQPs95757zG1vvbL6LtkGiV5rH2DYw5ke3Uj3bvIeVY3v0OQiDCGTdGsyGFX1gf9J3LwS-kxB_OqNCmK7QQ_xwtyLWPcZrkZu9YElaLV8HG7Y_maeNvZ3dNUGJf90AuYyf4UjxRK3ZR8XMeQ/w315-h400/wm-lamb.png" width="315" /></a></span></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">peinaient sur le sort des enfants : «</span><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhp9vnEfk4pQgzy3MuqmhcCg5YurAFoV0EP8vI3Zv-L3jNtShSa60FtpSuxWuZiVyQoCcxb0wHAvF7ZRuas1ra73mN1k6JuwK1SnUrit1gAKxqn2z2nAMZt7-bbsvhypN6a8NZT2pkmyXMU/h120/wm-lamb.png">William Lamb</a>, le mari de la fantasque lady Caroline, un whig cependant, et un
galant homme, soupira-t-il : "Les enfants... si seulement on
voulait bien laisser les enfants tranquilles...</i><span style="font-style: normal;">»
(J. Chastenet. <i>Wellington</i>, Paris, Arthème Fayard, Col. Les Grandes Études historiques, p. 276). <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhTBm0ocwHcECjjU39aE-n-9bOR96YouIlzXMGykG3E9Kqq2837CmTMz-OCXZYjkHt0WW7Xf8A7bbwjGPDutnVv9Ke90XuEBiYaIqpkauQlLyPBVNuZvck2jqFShopqwoxr8tqPGA0qHyAfRvziQwdeBi-M9Ocppg05QbWL9xUMGp5_DnU2q1vRE3v-dQ/s834/marx_karl_2_domaine-public-copie-2.png">Marx</a>, lui, poussa la comparaison
jusqu'aux Saints-Innocents : «</span><i>Les Anglais, qui ont une
tendance à prendre la première manifestation empirique d'une chose
pour la cause de cette chose, nous donnent fréquemment l'espèce de
massacre des innocents par lequel, du début du système mécanique,
le capital a dépeuplé les asiles et les orphelinats et s'est
incorporé toute une masse de matériel humain dépourvu de volonté
comme la raison de la prolongation du travail dans les fabriques. Le
fabricant Fielden écrit : "De toute évidence, les longues
heures de travail proviennent de ce que les diverses contrées ont
fourni un tel nombre d'enfants que les patrons </i></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="color: black;"><span style="font-size: small;"><span lang="fr-CA"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhTBm0ocwHcECjjU39aE-n-9bOR96YouIlzXMGykG3E9Kqq2837CmTMz-OCXZYjkHt0WW7Xf8A7bbwjGPDutnVv9Ke90XuEBiYaIqpkauQlLyPBVNuZvck2jqFShopqwoxr8tqPGA0qHyAfRvziQwdeBi-M9Ocppg05QbWL9xUMGp5_DnU2q1vRE3v-dQ/s834/marx_karl_2_domaine-public-copie-2.png" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="834" data-original-width="594" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhTBm0ocwHcECjjU39aE-n-9bOR96YouIlzXMGykG3E9Kqq2837CmTMz-OCXZYjkHt0WW7Xf8A7bbwjGPDutnVv9Ke90XuEBiYaIqpkauQlLyPBVNuZvck2jqFShopqwoxr8tqPGA0qHyAfRvziQwdeBi-M9Ocppg05QbWL9xUMGp5_DnU2q1vRE3v-dQ/w285-h400/marx_karl_2_domaine-public-copie-2.png" width="285" /></a></span></span></span></span></span></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>se sont sentis
indépendants, et que, après avoir établi la coutume au moyen du
misérable matériel humain qu'ils s'étaient procuré, ils ont réussi
à l'imposer très facilement à leurs voisins". Dans son
rapport de 1844, l'inspecteur Saunders écrit à propos du travail
des femmes : "Parmi les ouvriers, beaucoup de femmes sont
occupées de 6 heures du matin à minuit durant des semaines
entières, à peu de jours près, disposant de moins de deux heures
pour leurs repas, si bien que pour cinq jours de la semaine, il ne
leur reste que six heures sur vingt-quatre, pour venir à la
fabrique, s'en retourner chez elles et dormir dans leurs lits"</i><span style="font-style: normal;">»
(Cité in J. Kuczynski. <i>Les origines de la Classe ouvrière</i>, Paris, Hachette, Col. L'Univers des connaissances, # 21, 1967, p. 96). C'est à la suite des témoignages émouvants rapportés par quelques reportages et commissions d'enquête que la sensibilité romantique à l'enfance malheureuse devait conduire à des mesures gouvernementales ouvrant sur l'amélioration des conditions de travail pour les enfants.</span></span></p><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">Parmi les réactions suscitées par les révélations concernant les conditions déplorables des enfants dans le grand Londres du milieu du XIXe siècle, il faut relever cette réaction culturelle que fût l'<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEilKDwNDZdJuuK3ZoXJU3Ssmk1Pdg7uEBg0drexZswuyrpZohVZwyh-RsZDL3Yck_BxywZiraaCoj3YtFzYkHKntXSamCu7Gos3Wiqswon9x8-GtzL0Ve_cOlMohQTMYjBO5aopXEKu6A5l7kBBgwpH0YykW8uQb1kRZ3Y6C4ahNTjdZm85pxT6Ypkv9w/s705/dickens.jpeg">invention de Noël</a> </span></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEilKDwNDZdJuuK3ZoXJU3Ssmk1Pdg7uEBg0drexZswuyrpZohVZwyh-RsZDL3Yck_BxywZiraaCoj3YtFzYkHKntXSamCu7Gos3Wiqswon9x8-GtzL0Ve_cOlMohQTMYjBO5aopXEKu6A5l7kBBgwpH0YykW8uQb1kRZ3Y6C4ahNTjdZm85pxT6Ypkv9w/s705/dickens.jpeg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="400" data-original-width="705" height="228" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEilKDwNDZdJuuK3ZoXJU3Ssmk1Pdg7uEBg0drexZswuyrpZohVZwyh-RsZDL3Yck_BxywZiraaCoj3YtFzYkHKntXSamCu7Gos3Wiqswon9x8-GtzL0Ve_cOlMohQTMYjBO5aopXEKu6A5l7kBBgwpH0YykW8uQb1kRZ3Y6C4ahNTjdZm85pxT6Ypkv9w/w400-h228/dickens.jpeg" width="400" /></a></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">par Charles Dickens. Avec Oliver Twist, Pit et Tiny Tim, le triste Dickens engageait ses compa-triotes à regarder autrement les enfants, surtout ceux issus des classes les plus défavorisées de la société. Même les enfants voleurs, pick-pockets prostitués, délinquants de tous poils méritaient l'attention d'une charité du cœur qui ne se confondait pas avec une philanthropie hypocrite. Mais
l'humanisme bon enfant du romancier ne pesait pas lourd devant les
considérations anthropologiques et économiques de la société en
démarrage industriel. Que pouvait l'humanisme désuet de Dickens devant l'utilitarisme des Bentham et des Stuart Mill.</span></span></p><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">Plutôt que de voir traîner les enfants
pauvres dans les rues de la capitale britannique, la </span><i>pédagogie
de l'atelier </i><span style="font-style: normal;">apparaissait une
école fort profitable pour l'économie nationale. À </span></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgbeGvEBjOHE2K0cwxutGBEx3EgIVqYPhqzzgNdR195N_T84M0ibagnzCztHVm9hAyq187aqQaCawyDrWfryybly6x3Mj27NMyKVJewvJite_jcL-7NDHzF_loh9rtrzjRo_jBrO5UFJ7WjFtHc7zewrIX7WcRQVouWnMpFPpt2cYHSYiRyVEz_ocs8oA/s345/Louis-Ren%C3%A9_Villerm%C3%A9.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="345" data-original-width="260" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgbeGvEBjOHE2K0cwxutGBEx3EgIVqYPhqzzgNdR195N_T84M0ibagnzCztHVm9hAyq187aqQaCawyDrWfryybly6x3Mj27NMyKVJewvJite_jcL-7NDHzF_loh9rtrzjRo_jBrO5UFJ7WjFtHc7zewrIX7WcRQVouWnMpFPpt2cYHSYiRyVEz_ocs8oA/w301-h400/Louis-Ren%C3%A9_Villerm%C3%A9.jpg" width="301" /></a><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">partir de ce
moment, les principes de l'éducation se teintait d'un opportunisme
capitaliste dont les effets débilitants devaient se traduire par la maltraitance,
les accidents du travail et les maladies industrielles. Malgré tout, le docteur
<a href="https://ssl.gstatic.com/docs/picker/images/picker_sprite-v113.png">Villermé</a> reconnaissait qu'«</span><i>il vaut mieux sous le rapport
moral, employer les enfants dans les manufactures que les laisser
vagabonder toute la journée sur la voie publique</i><span style="font-style: normal;">»
(L.-R. Villermé. <i>État physique et moral des ouvriers, </i>Paris, U.G.E., Col. 10/18, # 582, 1971, p. 240). Le projet d'éducation nationale formulée par Lepeletier
de Saint-Fargeau et lu devant la Convention par Robespierre affirmait
également dans la même veine que les intentions de Pitt : «</span><i>La
République a besoin de faire des hommes de tous les états : alors
ce n'est plus dans les écoles qu'il faut les renfermer, c'est dans
les divers ateliers, c'est sur toute la surface des campagnes qu'il
faut les répandre; toute autre idée est une chimère qui, sous
l'apparence trompeuse de la perfection, paralyserait des bras
nécessaires, anéantirait l'industrie, amaigrirait le corps social,
et, bientôt, en opérerait la dissolution</i><span style="font-style: normal;">»
(Cité in J.-R. Suratteau. </span><i>La Révolution française.
Certitudes et controverses,</i><span style="font-style: normal;">
Paris, P.U.F., Col. Dossiers Clio, # 58, 1973, p. 43).</span></span></p>
<span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;"> </span></span></div><div><div style="text-align: justify;"><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">Enfin
remarque Paul Mantoux : «</span></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>Le
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiYnyZD_wdWhe1q6nj9IiIl-fSO9spTGZBPVAw0k6DV_MGx1-t76sCoRMb28_uKV_56j1Za4O0Or0_2v-DbcNNT24PnYZ2yx3NmK7lXGpYZi65ghbOCFoIp15wXFegnaFMKFPCr0TGnga7C/h120/Enfants%252520travaillant%252520dans%252520une%252520filature%252520d%2525C3%2525A9_003.webp">travail des filatures</a> s'apprenait facilement et n'exigeait que très
peu de force musculaire. Pour certaines opérations, la petite taille
des enfants et la </i></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgezefqPBWRhlm0ogXzDr9sfd0GfMD9GpnyTvj3Ur2vOpQASqbu6venBhXUw7vgUwnnt5pkBxgvbuQ9dB35TjBbGs7DXsL5BtM8821bRA2cmf2g7LNUOrs711BfpWvTdV0H6AZzaTzkyp1f3Mt2spuwqJbUw9_RkDGc9Mn1U1dUYfl11lhn20J9wlTxfQ/s1760/Enfants%2520travaillant%2520dans%2520une%2520filature%2520d%25C3%25A9_003.webp" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1161" data-original-width="1760" height="264" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgezefqPBWRhlm0ogXzDr9sfd0GfMD9GpnyTvj3Ur2vOpQASqbu6venBhXUw7vgUwnnt5pkBxgvbuQ9dB35TjBbGs7DXsL5BtM8821bRA2cmf2g7LNUOrs711BfpWvTdV0H6AZzaTzkyp1f3Mt2spuwqJbUw9_RkDGc9Mn1U1dUYfl11lhn20J9wlTxfQ/w400-h264/Enfants%2520travaillant%2520dans%2520une%2520filature%2520d%25C3%25A9_003.webp" width="400" /></a><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>finesse de leurs doigts en faisaient les meilleurs
auxiliaires des machines. On les préférait pour d'autres raisons
encore, et de plus décisives. Leur faiblesse était la garantie de
leur docilité : on pouvait sans peine les réduire à un état
d'obéissance passive auquel des hommes faits ne se laissent pas
facilement plier. Ils coûtaient fort peu</i></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">»
(P. Mantoux. </span></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>La
Révolution industrielle au XVIIIe siècle, </i></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">Paris,
Éditions Genin, 1959, p. 431). Et malgré tout, ce même auteur de «</span></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>reconnaître
que le sort des "<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi0BkD-LmjDO8_Rccq8ce2d3Eo9yDtcQPaM1TJOiLL3fbj8MvlqgCH-dWw82sVJLOWp3ScNbajxgWDIUmVzdWh5DbsZgvr1UGMN3GCYoQ3-glTQX8KkpNYXD6VNYc5Ui8367bGoUue4_o5A/h120/Photo%252520de%252520gar%2525C3%2525A7on%252520travaillant%252520dans%252520une%252520u_003.webp">apprentis des paroisses</a>" dans les
premières filatures fut particulièrement lamentable. À la
discrétion des patrons qui les tenaient enfermés dans des bâtiments
isolés, loin de tout témoin qui pût s'émouvoir de leurs
souffrances, ils subissaient un esclavage inhumain. </i></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>Leurs journées
de travail n'avaient d'autre limite que l'épuisement complet de
leurs forces : elles duraient quatorze, seize, et jusqu'à dix-huit
heures, et les contremaîtres, dont le salaire augmentait ou
diminuait avec l'ouvrage exécuté dans chaque atelier, ne leur
permettaient pas </i></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjAk31kPxxExuWJV5T-2p2Vkdp50BorG_AvjLdXNBGPg2COQqH7mvwGdIBrAzTC6P-ufmo6My-Xw8H6tdv1dSH6zuEN1cOD-swzBq2ddJBmSnfIPx1VWI3h7xbOGcPRRxuziU193Zz68r9LWh_GrxEJK0hk5_pyBMO_YiHDZwx0J7qYtSvkGOjxrRLOPQ/s1500/Photo%2520de%2520gar%25C3%25A7on%2520travaillant%2520dans%2520une%2520u_003.webp" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1080" data-original-width="1500" height="288" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjAk31kPxxExuWJV5T-2p2Vkdp50BorG_AvjLdXNBGPg2COQqH7mvwGdIBrAzTC6P-ufmo6My-Xw8H6tdv1dSH6zuEN1cOD-swzBq2ddJBmSnfIPx1VWI3h7xbOGcPRRxuziU193Zz68r9LWh_GrxEJK0hk5_pyBMO_YiHDZwx0J7qYtSvkGOjxrRLOPQ/w400-h288/Photo%2520de%2520gar%25C3%25A7on%2520travaillant%2520dans%2520une%2520u_003.webp" width="400" /></a><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>de se ralentir un instant. Sur les quarante minutes
accordées dans la plupart des fabriques pour le principal ou
l'unique repas, une vingtaine étaient consa-crées au nettoyage des
machines. Souvent, pour ne pas arrêter le fonctionnement de
l'outillage, le travail continuait sans interruption, jour et nuit.
En ce cas, on formait des équipes qui se relayaient : "les lits
ne se refroidissaient jamais". Les accidents étaient très
fréquents, surtout vers la fin des journées trop longues, lorsque
les enfants s'endormaient à demi sans quitter le travail : les
doigts enlevés, les membres broyés par les engrenages, ne se
comptaient pas</i></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">»
(P. Mantoux. Ibid. pp. 434-435). </span></span></div>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh88T6rkKvRsAQ5Kd7Iqp8LjblxVICi69WEXKnddLo5TNQ7ONA9M7i0NzrCV5ERKpfISzq0WVuCFzfsxH8byf8L6EVqluodganTSSVwcpRrZ4Wn_XAU1LOmkbtx9aeAYwoSQjbK8PmcglwxyoBBLgBRFWE6zsKgvWdBo-e3h-eQU17liWLubSCm5BB_aQ/s405/ecole18_loi_sur_education1.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="405" data-original-width="379" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh88T6rkKvRsAQ5Kd7Iqp8LjblxVICi69WEXKnddLo5TNQ7ONA9M7i0NzrCV5ERKpfISzq0WVuCFzfsxH8byf8L6EVqluodganTSSVwcpRrZ4Wn_XAU1LOmkbtx9aeAYwoSQjbK8PmcglwxyoBBLgBRFWE6zsKgvWdBo-e3h-eQU17liWLubSCm5BB_aQ/w374-h400/ecole18_loi_sur_education1.jpg" width="374" /></a></span></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">Ce
ne fut que progres-sivement, à partir du milieu du XIXe siècle, que les pressions commen-cèrent à porter fruit dans l'amélioration du sort des enfants en milieu de travail. Avec l'apparition des syndicats, dans le dernier tiers du XIXe siècle, une campagne fut menée tambour battant pour éradiquer le travail des enfants, ceux-ci considérés comme des <i>voleurs de job</i> puisque le salaire d'un enfant exerçait une baisse tendancielle sur les salaires des hommes adultes. Les campagnes de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhZwf2tJSfPH3XEq8aaiEJ2urS_uLcSQ32noov3NFlg94qB1z9EZeNgNtDXZ-675YAJTBN1c4tp5GU1IRFbktsU5D70tACiBK0bxBs71RpA5ZD8lfKhSzCiwnPXSh4MS3mFaTFbUZ2xUsxm/h120/ecole18_loi_sur_education1.jpg">scolarisation</a> vinrent opportunément appuyer cette exigence des syndicats et l'on commença de mieux en mieux à considérer que le temps de l'enfance ne devait pas être usurpé par
les préoccupations d'adultes, fermiers ou industriels. </span></span></p><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"></p><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">Après la Seconde Guerre
mondiale, alors que le sens du courant favorise la jeunesse
suscitant des engagements et des mouvements de
contre-culture et d'anti-</span></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>establishment, </i></span><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">l'impression
d'entrer dans une ère de l'enfant-roi suppose le modèle de civilisation de l'avenir. Ce culte de la jeunesse obture en fait tout un autre système inédit d'embrigadement et d'aliénation à la consommation de masse. L'<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjF0hfjxrd89W0i3ZdI4yHWJPzLs6kI4J2_xq4bb454BVS0X6VHJh8G6djfHF5NGaDH2wH-UJZT5lnhvtC3vtW7_v7djZ45sB1VRZ-uJ3eNK-a7Kc_cix2vLCT_oQTDy9YZN8yEREB4sjt1/h120/OUAT-groupe-1536x1056.jpg">enfant-roi</a>, c'est d'abord </span></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgqdH7YuH2oMNi0J64FtwQsId45fNhiCtAXCgMyGijutq-WdbPrXVE9mOebP3Li87uBTZUGaE3mn3ZpgtK6PhB905vTfs5Xj2TkPRlBhmQB3ug0bS1OaX9C-ka0YmVjAmZSpP-XBRKMh1-MUKFsfwY_bqPdbEFdcB2laNbNirbt3oTDua1AMJhdzK_Jzg/s1536/OUAT-groupe-1536x1056.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1056" data-original-width="1536" height="220" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgqdH7YuH2oMNi0J64FtwQsId45fNhiCtAXCgMyGijutq-WdbPrXVE9mOebP3Li87uBTZUGaE3mn3ZpgtK6PhB905vTfs5Xj2TkPRlBhmQB3ug0bS1OaX9C-ka0YmVjAmZSpP-XBRKMh1-MUKFsfwY_bqPdbEFdcB2laNbNirbt3oTDua1AMJhdzK_Jzg/w320-h220/OUAT-groupe-1536x1056.jpg" width="320" /></a><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">l'enfant-cobaye pour la production de biens de consommation. Chargés de stimuler les marchés à l'époque de la mondialisation et de la numérisation des moyens de communication, les enfants disposent aujourd'hui et comme jamais d'outils perfectionnés pour les adultes, sans disposer de la maturité intellectuelle et morale propice à les utiliser. C'est ainsi que l'âge de l'aliénation
industrielle n'est pas disparue malgré les transformations techniques,
sociales et culturelles du XXe siècle, ni la rhétorique lénifiante des médias enrobant les vœux pieux d'éducation, d'instruction, d'habiletés et de raffinement déversés par les ministères nationaux.</span></span></p><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;"></span></span></p><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif"><span style="font-style: normal;">Utilisés comme otages, prétendants, chair à canon, bandes de voyous fanatiques enrégimentés et meurtriers; éternels exploités au fond obscur des mines ou dans les usines gothiques, aujourd'hui enfants-rois/enfants-cobayes, pigeons de la malbouffe, des gadgets numériques régressifs et addictifs, comment peut-on penser que l'Enfer des enfants n'est pas déjà sur terre et que les limbes qui les accueillent ne seraient pas mieux placés ailleurs que dans la corbeille du Paradis?</span></span><span style="font-size: medium;">⏳</span></p><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"></p>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEilLtpGhv-wnnMhnZ1owr3FJ3m84hsIzu7oVvH3P7JYeWJFdz0LBdelOhjcYWNkXsQCqYhdf5uo3FF7LiRzQyJxPsiby1SMNDQme5Pcv1zDNZP0CXgFklm4HeWGSWz2kjCjcDUMUqe5u0jJQnCWVI4--U32_ZhFu6oemm_pvr-y0haejU1EARi0n-Lqzw/s750/0_6Blmf9ARmydd5IK9.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="534" data-original-width="750" height="285" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEilLtpGhv-wnnMhnZ1owr3FJ3m84hsIzu7oVvH3P7JYeWJFdz0LBdelOhjcYWNkXsQCqYhdf5uo3FF7LiRzQyJxPsiby1SMNDQme5Pcv1zDNZP0CXgFklm4HeWGSWz2kjCjcDUMUqe5u0jJQnCWVI4--U32_ZhFu6oemm_pvr-y0haejU1EARi0n-Lqzw/w400-h285/0_6Blmf9ARmydd5IK9.jpg" width="400" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Marcel Carné, <i>Les enfants du paradis, </i>1945<br /></td></tr></tbody></table><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: right;"><span face="Segoe UI, sans-serif">Jean-Paul
Coupal</span></p>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: right;"><span face="Segoe UI, sans-serif">Sherbrooke,</span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: right;"><span face="Segoe UI, sans-serif">3
mai 2023.</span></div><p align="JUSTIFY" lang="fr-CA" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
</div>Coupalhttp://www.blogger.com/profile/14839226309394850656noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8942859135376014620.post-39778205502261880712022-09-03T10:08:00.220-04:002023-05-03T15:25:51.178-04:00Le circuit d'Alberigo<div style="text-align: justify;"></div><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: left;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiH7rr_2w_O7SE8WkZaa4BVfSUhYZAHPnccgi4YuNFyyQ5D_uEl9g-yTdK30gA4-RQjjYKhYGJiZq-wS8EU2tUMcDU5bFKL0IP_p4muUr4mbfdRDhcmpDYKbLEhYxgv_QM27guK-4esxLkwE67QqfjlVSrlDbGU7cRRe9XQWM4mS3i6DXKGkN5DXKFo8g/s243/Stradano_Inferno_Canto_33_B.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="184" data-original-width="243" height="303" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiH7rr_2w_O7SE8WkZaa4BVfSUhYZAHPnccgi4YuNFyyQ5D_uEl9g-yTdK30gA4-RQjjYKhYGJiZq-wS8EU2tUMcDU5bFKL0IP_p4muUr4mbfdRDhcmpDYKbLEhYxgv_QM27guK-4esxLkwE67QqfjlVSrlDbGU7cRRe9XQWM4mS3i6DXKGkN5DXKFo8g/w400-h303/Stradano_Inferno_Canto_33_B.jpg" width="400" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Le banquet sanglant d'Alberigo dei Manfredi, 1267.<br /></td></tr></tbody></table><p style="text-align: center;"> <b><span style="font-size: medium;">LE CIRCUIT D'ALBERIGO</span></b><br /></p><h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline" style="font-size: medium;"><span style="font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Le
tableau, tel que décrit par Dante est saisissant. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhX_Z7vOpOP0-GLxSMaw-UPFzVUEzLM6hG8yv5btIV879SVrfVbxv1MsLickb9I6vqfFKYfE7GyyyK7WGcvh59vdTxBkerb8HYDh7t00-lfsh7drnZy4au5nNdXuBJhxzTxpGhGr3LPa8lsqgqysWDKOgbF-AzOiNY099oXxPgQr0AX0kdNu1PFW-nIEA/s1024/ugolin2-1024x794.jpg">Ugolino</a>, tyran de Pise, a été
renversé par une conjuration menée par l’archevêque Ruggeri Ubaldini qui l’a
fait emprisonner avec ses fils et laissés mourir de faim. Ne distinguant en eux
ni traître ni martyr, Dante les fige <a href="https://www.blogger.com/#">tous deux</a>, l'archevêque et le tyran, dans la glace (début du Chant
XXXIII de l’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Inferno</i>) :</span></span></h3>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgohZb_aIfqWMNDZ7ZK2zEoDSHZOTiGBCpC74z-k6d6QZAkfINoABXTp7A9KT88DUra7eXjJ5l2t8l7B1LR5P_Tune6ZAOggV67Wy2qShPvVAgNJP531VV7FtSDPsxINvB_LGmlEA1ZFTo/s1600/Inferno_Canto_32_Dor%C3%A9.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="302" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgohZb_aIfqWMNDZ7ZK2zEoDSHZOTiGBCpC74z-k6d6QZAkfINoABXTp7A9KT88DUra7eXjJ5l2t8l7B1LR5P_Tune6ZAOggV67Wy2qShPvVAgNJP531VV7FtSDPsxINvB_LGmlEA1ZFTo/s1600/Inferno_Canto_32_Dor%C3%A9.jpg" width="400" /></a></div>
<blockquote class="tr_bq" style="text-align: left;">
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 27pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto;">
<span style="font-size: medium;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-bidi-language: X-NONE;">1. De l’horrible
pâture ce pécheur souleva la bouche, et l’essuya aux cheveux de la tête que par
derrière il avait broyée.</span></i> </span></div><span style="font-size: medium;">
</span></blockquote><span style="font-size: medium;">
</span><blockquote class="tr_bq" style="text-align: left;">
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 27pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto;">
<span style="font-size: medium;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-bidi-language: X-NONE;">2. Puis il
commença : «Tu veux que je renouvelle la douleur désespérée qui, seulement
d’y penser, m’oppresse le cœur, avant que je parle.</span></i></span> </div>
</blockquote><span style="font-size: medium;">
</span><blockquote class="tr_bq" style="text-align: left;">
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 27pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto;">
<span style="font-size: medium;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-bidi-language: X-NONE;">3. «Mais si mes
paroles doivent être une semence d’où recueille l’infamie ce traître que je
ronge, tu me verras pleurer et parler tout ensemble.</span></i></span> </div>
</blockquote><span style="font-size: medium;">
</span><blockquote class="tr_bq" style="text-align: left;">
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 27pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto;">
<span style="font-size: medium;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-bidi-language: X-NONE;">4. «Je ne sais qui
tu es, ni comment tu es venu ici-bas ; mais à t’entendre, bien me
parais-tu Florentin.</span></i></span> </div>
</blockquote><span style="font-size: medium;">
</span><blockquote class="tr_bq" style="text-align: left;">
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 27pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto;">
<span style="font-size: medium;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-bidi-language: X-NONE;">5. «Sache que
je fus le comte Ugolino, et celui-ci est l’archevêque Ruggeri : tout à
l’heure je te dirai pourquoi je lui suis un pareil voisin.</span></i></span> </div>
</blockquote><span style="font-size: medium;">
</span><blockquote class="tr_bq" style="text-align: left;">
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 27pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto;">
<span style="font-size: medium;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-bidi-language: X-NONE;">6. «Que, par l’effet
de ses méchantes pensées, me fiant à lui, je fus pris, et ensuite mis à mort,
pas n’est besoin de le dire;</span></i></span> </div>
</blockquote><span style="font-size: medium;">
</span><blockquote class="tr_bq" style="text-align: left;">
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 27pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto;">
<span style="font-size: medium;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-bidi-language: X-NONE;"> </span></i></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 27pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto;">
<span style="font-size: medium;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-bidi-language: X-NONE;">7. «Mais ce que tu
ne peux avoir appris, combien ma mort fut cruelle, tu l’entendras, et tu sauras
si par lui je fus offensé.</span></i></span> </div>
</blockquote><span style="font-size: medium;">
</span><blockquote class="tr_bq" style="text-align: left;">
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 27pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto;">
<span style="font-size: medium;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-bidi-language: X-NONE;">8. «Un étroit
pertuis est dans la mue à cause de moi appelée de la Faim, et où il faut que
d’autres encore soient enfermés.</span></i></span> </div>
</blockquote><span style="font-size: medium;">
</span><blockquote class="tr_bq" style="text-align: left;">
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 27pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto;">
<span style="font-size: medium;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-bidi-language: X-NONE;">9. «Il m’avait, par
son ouverture, déjà montré plusieurs fois la lune, quand je tombai dans le
mauvais sommeil, qui le voile de l’avenir pour moi déchira.</span></i></span> </div>
</blockquote><span style="font-size: medium;">
</span><blockquote class="tr_bq" style="text-align: left;">
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 27pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto;">
<span style="font-size: medium;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-bidi-language: X-NONE;">10. «Celui-ci me
paraissait maître et seigneur, et chassait le loup et les louveteaux vers les
monts qui empêchent les Pisans de voir Lucques :</span></i></span> </div>
</blockquote><span style="font-size: medium;">
</span><blockquote class="tr_bq" style="text-align: left;">
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 27pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto;">
<span style="font-size: medium;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-bidi-language: X-NONE;">11. «Avec des chiennes
maigres, agiles et bien dressées, devant lui il avait posté Gualandi, et
Sismondi, et Lanfranchi.</span></i></span> </div>
</blockquote><span style="font-size: medium;">
</span><blockquote class="tr_bq" style="text-align: left;"><span style="font-size: medium;">
</span><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgfCT1eA8OnXUP9LmrUjXnJwoq6YFaiZW7YwqeVHcTBJLtrR6RlY-YJwDEqP8eQTc2zO53fZvHD74c5qCMNene5TXGwwUkQRSZ6V2wQh8Srt70gE_k0e8a6qxoJpFTjMbVEVw8Ok2EZSs8/s1600/9878465.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="241" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgfCT1eA8OnXUP9LmrUjXnJwoq6YFaiZW7YwqeVHcTBJLtrR6RlY-YJwDEqP8eQTc2zO53fZvHD74c5qCMNene5TXGwwUkQRSZ6V2wQh8Srt70gE_k0e8a6qxoJpFTjMbVEVw8Ok2EZSs8/s1600/9878465.jpg" width="320" /></a></div><div class="MsoNormal" style="margin-left: 27pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto;">
<span style="font-size: medium;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-bidi-language: X-NONE;">12. «Après une plus
longue course, fatigués me paraissaient le père et le fils, et il me semblait
voir les dents aiguës leur ouvrir les flancs.</span></i> </span></div><span style="font-size: medium;">
</span></blockquote><span style="font-size: medium;">
</span><blockquote class="tr_bq" style="text-align: left;">
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 27pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto;">
<span style="font-size: medium;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-bidi-language: X-NONE;">13. «Lorsque avant
le matin je fus réveillé, j’entendis mes <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhzAl_kohPlTiLhIRhfvPUXu_PfNSbzV-u4GtVyofTDvPFatQV1lkNIW7ovfETH9-CR0clEDj4NMEWKuOFUrOchlaUh5BLxLHtkS1BOPrKRfyolmlXr9z3DZbz1yP6SSb_wIYsVMepfRM0/h120/9878465.jpg">fils</a>, qui étaient avec moi, se
plaindre en dormant et demander du pain.</span></i></span> </div>
</blockquote><span style="font-size: medium;">
</span><blockquote class="tr_bq" style="text-align: left;">
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 27pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto;">
<span style="font-size: medium;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-bidi-language: X-NONE;">14. «Bien cruel
es-tu, si déjà tu ne t’attristes, pensant à ce qui s’annonçait à mon cœur; et
si tu ne pleures pas, de quoi pleureras-tu?</span></i></span> </div>
</blockquote><span style="font-size: medium;">
</span><blockquote class="tr_bq" style="text-align: left;">
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 27pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto;">
<span style="font-size: medium;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-bidi-language: X-NONE;"> </span></i></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 27pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto;">
<span style="font-size: medium;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-bidi-language: X-NONE;">15. «Déjà ils
étaient éveillés, et l’heure approchait où, de coutume, la nourriture on nous
apportait, et, à cause de son rêve, chacun était en anxiété.</span></i></span> </div>
</blockquote><span style="font-size: medium;">
</span><blockquote class="tr_bq" style="text-align: left;">
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 27pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto;">
<span style="font-size: medium;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-bidi-language: X-NONE;">16. «Et j’entendis
en bas sceller la porte de l’horrible tour, et de mes fils je regardai le visage,
sans rien dire.</span></i></span> </div>
</blockquote><span style="font-size: medium;">
</span><blockquote class="tr_bq" style="text-align: left;">
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 27pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto;">
<span style="font-size: medium;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-bidi-language: X-NONE;">17. «Je ne pleurais
pas, tant au-dedans je fus pétrifié : ils pleuraient, eux; et mon petit
Anselmo dit : — Père, comme tu regardes! Qu’as-tu?...</span></i></span> </div>
</blockquote><span style="font-size: medium;">
</span><blockquote class="tr_bq" style="text-align: left;">
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 27pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto;">
<span style="font-size: medium;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-bidi-language: X-NONE;">18 «Cependant je
contins mes larmes, et ne répondis point, ni de tout ce jour, ni la nuit
d’après, jusqu’à ce que le soleil se fût de nouveau levé sur le monde.</span></i></span> </div>
</blockquote><span style="font-size: medium;">
</span><blockquote class="tr_bq" style="text-align: left;">
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 27pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto;">
<span style="font-size: medium;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-bidi-language: X-NONE;">19 «Lorsqu’un faible
rayon eut pénétré dans le triste cachot, et que sur quatre visages je vis mon
propre aspect,</span></i></span> </div>
</blockquote><span style="font-size: medium;">
</span><blockquote class="tr_bq" style="text-align: left;">
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 27pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto;">
<span style="font-size: medium;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-bidi-language: X-NONE;">20. «De douleur les
deux mains je me mordis; et ceux-là, pensant que c’était par l’envie de manger,
soudain se levèrent,</span></i></span></div></blockquote><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: left;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhX_Z7vOpOP0-GLxSMaw-UPFzVUEzLM6hG8yv5btIV879SVrfVbxv1MsLickb9I6vqfFKYfE7GyyyK7WGcvh59vdTxBkerb8HYDh7t00-lfsh7drnZy4au5nNdXuBJhxzTxpGhGr3LPa8lsqgqysWDKOgbF-AzOiNY099oXxPgQr0AX0kdNu1PFW-nIEA/s1024/ugolin2-1024x794.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="794" data-original-width="1024" height="310" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhX_Z7vOpOP0-GLxSMaw-UPFzVUEzLM6hG8yv5btIV879SVrfVbxv1MsLickb9I6vqfFKYfE7GyyyK7WGcvh59vdTxBkerb8HYDh7t00-lfsh7drnZy4au5nNdXuBJhxzTxpGhGr3LPa8lsqgqysWDKOgbF-AzOiNY099oXxPgQr0AX0kdNu1PFW-nIEA/w400-h310/ugolin2-1024x794.jpg" width="400" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Fortuné Dufau (1770-1821), La mort d’Ugolino de Pise, 1835. </td></tr></tbody></table><p style="text-align: left;"></p>
<blockquote class="tr_bq" style="text-align: left;">
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 27pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto;">
<span style="font-size: medium;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-bidi-language: X-NONE;">21. «Et
dirent : — Père, bien moins de peine nous serait-ce, si de nous tu
mangeais; tu nous as revêtus de ces misérables chairs, et toi aussi
dépouille-nous-en!...</span></i> </span></div><span style="font-size: medium;">
</span></blockquote><span style="font-size: medium;">
</span><blockquote class="tr_bq" style="text-align: left;">
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 27pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto;">
<span style="font-size: medium;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-bidi-language: X-NONE;">22. «Lors je me
calmai, pour ne pas les affliger plus. Ce jour et le suivant, nous demeurâmes
muets. Ah! terre barbare, pourquoi ne t’ouvris-tu point?</span></i></span> </div>
</blockquote><span style="font-size: medium;">
</span><blockquote class="tr_bq" style="text-align: left;">
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 27pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto;">
<span style="font-size: medium;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-bidi-language: X-NONE;">23. «Quand nous
fûmes au quatrième jour, Guaddo tomba étendu à mes pieds, disant : — Père,
pourquoi ne me secours-tu?...</span></i></span> </div>
</blockquote><span style="font-size: medium;">
</span><blockquote class="tr_bq" style="text-align: left;">
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 27pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto;">
<span style="font-size: medium;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-bidi-language: X-NONE;">24. «Là il
mourut : et, comme tu me vois, je vis les trois autres tomber, un à un,
entre le cinquième jour et le sixième; et moi,</span></i></span> </div>
</blockquote><span style="font-size: medium;">
</span><blockquote class="tr_bq" style="text-align: left;">
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 27pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto;">
<span style="font-size: medium;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-bidi-language: X-NONE;">25. «Déjà aveugle,
de l’un à l’autre à tâtons j’allais ; trois jours je les appelai après
qu’ils furent morts... Puis, plus que la douleur, puissante fut la faim.»</span></i></span> </div>
</blockquote><span style="font-size: medium;">
</span><blockquote class="tr_bq" style="text-align: left;">
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 27pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto;">
<span style="font-size: medium;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-bidi-language: X-NONE;">26. Cela dit, il
tourna les yeux, et <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjZc81fYtp9M7OZLtWdFmx0txa2KZm1_N6wY6Z03FjZQDUsFbo0Z3dh13WkW0i_v66wZSZzFd_E073tNKa4F5cdvNns-yb4xVH_sI-25FZXbnNOIMMhyphenhyphenXUslCJdrEJK-1jFGGVKO-hSn_0/h120/ugo1.jpg">renfonça </a>les dents dans le crâne misérable, qu’il broya
comme le chien broie les os.</span></i></span> </div>
</blockquote><span style="font-size: medium;">
</span><blockquote class="tr_bq" style="text-align: left;">
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 27pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto;">
<span style="font-size: medium;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-bidi-language: X-NONE;">27. Ah ! Pise,
honte des peuples du beau pays où sonne le si, puisqu’à te punir tes voisins
sont lents,</span></i></span></div>
</blockquote><span style="font-size: medium;">
</span><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: medium;">
</span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjZc81fYtp9M7OZLtWdFmx0txa2KZm1_N6wY6Z03FjZQDUsFbo0Z3dh13WkW0i_v66wZSZzFd_E073tNKa4F5cdvNns-yb4xVH_sI-25FZXbnNOIMMhyphenhyphenXUslCJdrEJK-1jFGGVKO-hSn_0/s1600/ugo1.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjZc81fYtp9M7OZLtWdFmx0txa2KZm1_N6wY6Z03FjZQDUsFbo0Z3dh13WkW0i_v66wZSZzFd_E073tNKa4F5cdvNns-yb4xVH_sI-25FZXbnNOIMMhyphenhyphenXUslCJdrEJK-1jFGGVKO-hSn_0/s1600/ugo1.jpg" width="400" /></a></div>
<br />
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span class="mw-headline" style="font-size: medium;"><span style="font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Voilà
sans conteste l’un des récits les plus émouvants de l’Enfer de Dante, avec le
récit de Paolo Malatesta et de Francesca da Rimini. On en oublie qu’Ugolino
n’était pas un tendre. Sa réputation de cruauté est confirmée. De plus, c’est
un traître, ayant abandonné volontairement la position stratégique des Gibelins
qu’il </span></span><span class="mw-headline" style="font-size: medium;"><span style="font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh0m5ssXHP5qDImgfaPkIpEp7ZIhV1gZV5bLZUwdfboiBXW1wZFzDoRd8-utSWHuJXVwPxbQx53TX3F2cBMrr4HMgSDgcVFWeMgLp3pFqv-bRWoMY0vMRt8Z9_bkXLQMXf7_kSRGwCSgaw/s1600/Ugolino_Carpeaux_Petit_Palais_PPSO1573.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh0m5ssXHP5qDImgfaPkIpEp7ZIhV1gZV5bLZUwdfboiBXW1wZFzDoRd8-utSWHuJXVwPxbQx53TX3F2cBMrr4HMgSDgcVFWeMgLp3pFqv-bRWoMY0vMRt8Z9_bkXLQMXf7_kSRGwCSgaw/s1600/Ugolino_Carpeaux_Petit_Palais_PPSO1573.jpg" width="265" /></a>devait défendre, faisant perdre à sa ville, sa patrie, une importante
bataille navale (dite bataille de la Meloria, 1284 aux mains des Gênois), ce
qui ne l’empêcha pas de prendre ensuite le pouvoir, soit par ruse, soit par
menaces, exterminant sans pitié tous ceux qui s’opposaient à lui. C’est donc
par la terreur qu’il gouverna Pise, c’est par la terreur que Ruggeri Ubaldini
le renversa, le faisant enfermer avec deux de ses fils et deux de ses petit-fils dans une oubliette située dans une haute tour. leur faisant
d’abord distribuer parcimonieusement les vivres, puis les affamant
progressivement. Au bout de neuf mois (temps de l'enfantement), l'archevêque ordonna aux gardes de jeter les clefs de leur geôle dans l'Arno afin qu'ils ne fussent plus nourris et meurent de faim. L'archevêque était devenu podestat de la cité de Pise, il usa de son pouvoir avec le même degré de cruauté. Il n’est pas sûr qu’<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh0m5ssXHP5qDImgfaPkIpEp7ZIhV1gZV5bLZUwdfboiBXW1wZFzDoRd8-utSWHuJXVwPxbQx53TX3F2cBMrr4HMgSDgcVFWeMgLp3pFqv-bRWoMY0vMRt8Z9_bkXLQMXf7_kSRGwCSgaw/h120/Ugolino_Carpeaux_Petit_Palais_PPSO1573.jpg">Ugolino </a>ait été le dernier à survivre en
mangeant le corps de ses enfants morts près de lui. Aucun témoignage de
l’époque ne l’atteste. Pris dans la glace, Ugolino est condamné à dévorer le
crâne de l’archevêque, mordant à belles dents celui qui l’avait laissé mourir,
lui et ses enfants, de faim.</span></span></h3><h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span class="mw-headline" style="font-size: medium;"><span style="font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"> </span></span></h3><h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span class="mw-headline" style="font-size: medium;"><span style="font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Ce chant du Dante est horrifiant parce qu'il mêle deux, sinon trois tabous dans un seul récit. D'abord </span></span></h3><h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg7y-Roj7Na6hpXvjmRXv8lVKNfFxhK3sk9gq3wdqbNKE1A35bVus3_1CF90y8YTnrZDyjFjVvDjgTSR1xkoPqmvHtq62jceYLQZzJFsefu-BEbTl8JBu4Hms7yBDtWreRNwyi1PlwSQIgIuuirvA0BsLXwEAnN3bwI-AD5J96MN7Y724P0LbmRR9TUeg/s308/220px-Cappella_dei_magi,_sigismondo_pandolfo_malatesta_2.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="308" data-original-width="220" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg7y-Roj7Na6hpXvjmRXv8lVKNfFxhK3sk9gq3wdqbNKE1A35bVus3_1CF90y8YTnrZDyjFjVvDjgTSR1xkoPqmvHtq62jceYLQZzJFsefu-BEbTl8JBu4Hms7yBDtWreRNwyi1PlwSQIgIuuirvA0BsLXwEAnN3bwI-AD5J96MN7Y724P0LbmRR9TUeg/w286-h400/220px-Cappella_dei_magi,_sigismondo_pandolfo_malatesta_2.jpg" width="286" /></a></span></span></h3><h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><span style="font-size: medium;">l'assassinat - et non l'exécution d'un tyran - qui demeure toujours un homicide; second tabou, plus horrifiant, le cannibalisme froidement ordonné, calculé, appliqué et qui s'étira durant les mois d'une grossesse; enfin, cela n'est pas dit mais pouvons-nous le supposer dans ce climat obsidionnel dans lequel se trouva les trois générations d'Ugolino, et la chose n'est pas interdite d'être pensée puisque le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjj1VIB0AHxLJwNXFnorXz4xurarUyAStDN6WjwRJTBRrBcdckZZd6POc8ZArdzbkONy96XHcLRyIOS_l2r4G1uY1ralBj3SFPISIOAZJvELazifka26x-lUkJ25JgHSKBw2VNuxOHTdSew/h120/220px-Cappella_dei_magi%252C_sigismondo_pandolfo_malatesta_2.jpg">Sigismond Malatesta</a> fût connu pour avoir violé sa fille et même attenté à la vertu de son fils, l'inceste. Qu'on n'eût pas dite la chose se comprend, l'horreur de la situation étant suffisamment répugnante.</span></span></span></h3><h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
</h3><h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;"></h3><p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-weight: normal;">Le
récit d'Ugolino précède celui d'Albéric de Manfredi, membre de
l'Ordre des chevaliers de la Mère de Dieu, ou encore de la </span><i><span style="font-weight: normal;">frate
gaudente, </span></i><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">un
ordre militaire calqué sur celui des Templiers et associé, comme
lui, aux croisades. Ces </span></span><i><span style="font-weight: normal;">frères
joyeux </span></i><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">qui,
au lieu de défendre la veuve et l'orphelin, semblent s'être
abandonnés à la ripaille et à la gaudriole; étaient aussi appelés </span></span><i><span style="font-weight: normal;">frères
jouisseurs. </span></i><span style="font-weight: normal;">Peut-être ne s'agissait-il que de l'une de ces confusions lexicales si </span></span><span style="font-size: medium;"><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjyfF8CW8kgVDIwDMJs7A9NCur-3IlKgpWyzoewWYzgz4Ac1YnM4WIKgcJ5vjslinogsmRw_mkU25qAH51VOVqqQPpkL4loAb50m6K6eimK6EmXX-f8B3W0bAFRnJrNhbocsgdaNHv8XLAjwcvqs1e7spwIXUvlrtt23we9b22BRSKGE9AXei6ybwiPjw/s1015/800px-Stradano_Inferno_Canto_33_B.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1015" data-original-width="800" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjyfF8CW8kgVDIwDMJs7A9NCur-3IlKgpWyzoewWYzgz4Ac1YnM4WIKgcJ5vjslinogsmRw_mkU25qAH51VOVqqQPpkL4loAb50m6K6eimK6EmXX-f8B3W0bAFRnJrNhbocsgdaNHv8XLAjwcvqs1e7spwIXUvlrtt23we9b22BRSKGE9AXei6ybwiPjw/w315-h400/800px-Stradano_Inferno_Canto_33_B.jpg" width="315" /></a>prolixes au Moyen Âge; d'un jeu de mot sur leur nom initial (chevaliers de la Mère de Dieu) et les sept joies de Marie qui se disent en italien, <i>le sette Gaudi di Maria. </i>Elles constituent la base du rosaire franciscain, lequel se dit aussi <i>Misteri Gaudiosi </i>("les mystères joyeux)). Dans les allusions de Dante, pourtant, c'était la première idée qui lui venait en tête. Albéric de Manfredi - <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEibiin1Ryv2Qg4lLIpbxax4jUiT4HI4lWGOTh4I4QL2S8ShoP-a5sVSmAQ2HZphQyX8FnhSTuqwUZt4mKYjSvkNSxW3JHz_LAX-AZvEb6_SlT2HkExgtVtkVLbCtN2dkHvdOsdQIODyT-8X/h120/800px-Stradano_Inferno_Canto_33_B.jpg">Alberigo dei Manfredi</a> - était un des chefs du parti guelfe de Faenza.</span><i><span style="font-weight: normal;"> </span></i><span style="font-weight: normal;">On raconte qu'offensé par des parents, Manfredo et Alberghetto, il contint un temps sa haine, puis les invia à un</span><i><span style="font-weight: normal;"> </span></i><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;"></span></span><span style="font-weight: normal;">banquet.
C’était, semble-t-il, en vue d’une réconciliation, mais quand
on arriva au dessert, il se leva en criant qu’on apporte les
figues. C’était le signal convenu. Des hommes d’arme se jetèrent
sur les Manfredi dissidents et les massacrèrent. Cette trahison de
la loi de l'hospitalité est ce qui blesse le plus Dante qui non
seulement précipite Alberigo en Enfer, mais l'y précipite </span><i><span style="font-weight: normal;">vivant
</span></i><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">:
«</span></span><i><span style="font-weight: normal;">L'ombre
repartit : "Je suis frère Albéric, je suis celui dont le
jardin a produit des dattes pour des figues : je reçois ici un digne
et juste échange. - Mais, repris-je, est-ce que tu es déjà mort?"
L'esprit ajouta : "Je ne puis te dire ce qu'est devenu mon corps
dans le monde. </span></i><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">[...]
</span></span><i><span style="font-weight: normal;">pour
que tu brises avec plus de zèle les glaçons épais qui enchaînent
mes larmes, apprends qu'aussitôt qu'une âme est traîtresse comme
la mienne, son corps lui est enlevé par un démon qui le gouverne à
son gré, pendant tout le temps fixé pour le reste de sa vie. Cette
âme tombe alors dans la froide citerne, et peut-être vois-tu encore
là-haut le corps de celui qui est glacé près de moi. Tu dois le
connaître, si, depuis peu, tu as quitté la terre. C'est Branca
d'Oria...</span></i></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; line-height: 150%;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Dante
ici, fidèle à la théologie du temps, reconnaît la prédestination
de l'âme d'Alberigo. Vivant, mais pourtant séjournant déjà aux
Enfers. «</span></span></span><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-weight: normal;">Cette
hardiesse théologique, </span></i></span><span style="font-size: medium;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">écrit
André Pézard, </span></span></span><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-weight: normal;">pour
ne rien dire de ce que conseille la simple humanité, a fait couler
des flots </span></i></span><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjdOWL2WH3JMXq8-nQG7ocNMlJhgEB5Vo9GxRH8TV0pCBzuHe25869if1J-MfhzMLOf6naVwxqmci5QnZxqotyYXxBBldlWTVUN9YBaNZQzoouOFqNZKm7rtkJmhWOrvzv2_S4TnwNwEmA7p_YSCWoLSNEQogsPdAu8yCevIaGkMT2tZmUcNdgSulj_VQ/s240/Coat_of_Arms_of_the_House_of_Doria.svg.png" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="240" data-original-width="200" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjdOWL2WH3JMXq8-nQG7ocNMlJhgEB5Vo9GxRH8TV0pCBzuHe25869if1J-MfhzMLOf6naVwxqmci5QnZxqotyYXxBBldlWTVUN9YBaNZQzoouOFqNZKm7rtkJmhWOrvzv2_S4TnwNwEmA7p_YSCWoLSNEQogsPdAu8yCevIaGkMT2tZmUcNdgSulj_VQ/w266-h320/Coat_of_Arms_of_the_House_of_Doria.svg.png" width="266" /></a>d'encre; Dante lui-même condamne d'ailleurs pareils
jugements</span></i></span><span style="font-size: medium;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">»
(Dante. </span></span></span><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-weight: normal;">Œuvres
complètes,</span></i></span><span style="font-size: medium;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"> Paris,
Gallimard, Col. Bibliothèque de la Pléiade, # 182, 1968, pp.
1103-1104, n. 124). </span></span></span><span style="font-size: medium;"><span style="font-weight: normal;">Il
en va de même avec Branca <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjdOWL2WH3JMXq8-nQG7ocNMlJhgEB5Vo9GxRH8TV0pCBzuHe25869if1J-MfhzMLOf6naVwxqmci5QnZxqotyYXxBBldlWTVUN9YBaNZQzoouOFqNZKm7rtkJmhWOrvzv2_S4TnwNwEmA7p_YSCWoLSNEQogsPdAu8yCevIaGkMT2tZmUcNdgSulj_VQ/s240/Coat_of_Arms_of_the_House_of_Doria.svg.png">Doria</a> (Gênes 1233-1325), qui se montra
plus que discourtois avec Dante. Branca d'Oria, chevalier génois,
gendre de Michel Zanche, seigneur de Logudoro en Sardaigne. Voulant
se substituer à son beau-père, il l'invita dans son château et le
fit tailler en pièces avec ceux qui l'accompagnaient. De tout cela,
on ne peut que retenir des vengeances personnelles du poète. Les
partisans guelfes, les traîtres à la cause des Gibelins qui est son
parti, sont précipités dans cette mer gélatineuse. Ces rancunes
témoignent des vicissitudes que le poète rencontra tout au long de
son exil, une fois chassé de Florence. Mais au-delà des affronts
qui lui étaient personnels, c'était au plus grand péché que les
civilisations ont toujours puni de façons des plus sévères, le
refus de l'hospitalité; la félonie surtout d'attirer un invité à
sa table, ami ou adversaire, afin de profiter de sa confiance pour la
trahir, le détenir, l'emprisonner ou même le tuer.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; line-height: 150%;"><span style="font-size: medium;">Que
ce fût dans l'ancien Israël ou dans la Grèce antique, le manque
d'hospitalité était perçu comme une faute majeure qui
rejaillissait sur toute la cité. Qui accepterait d'accueillir celui
qui viendrait d'une ville qui recevait mal ses invités? À plus
forte raison celui qui profitait pour les voler ou les assassiner par
traîtrise. L'Ancien Testament donne deux passages - Genèse 19 et le
Livre des Juges 19 22-24 -, passages qui sont un doublon de la même
leçon morale à l'égard de
ceux qui ne savent pas recevoir. Le premier, c'est le récit
connu de la destruction de Sodome. Yahweh jugeant odieux le
comportement des habitants de Sodome a décidé de détruire la ville
pécheresse. Seulement, il tient à ce que le neveu d'Abraham, Lot et
sa famille, fussent épargnés :</span></p>
<p style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"></span></p><blockquote style="text-align: left;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-weight: normal;">«</span><span><i><span style="font-weight: normal;">Quand
les deux Anges arrivèrent à Sodome sur le soir, Lot était assis à
la porte de la ville. Dès que Lot les vit, il se leva à leur
rencontre et se prosterna, face contre terre. Il dit : "Je vous
en prie, Messeigneurs! Veuillez descendre chez votre serviteur pour y
passer la nuit et vous laver les pieds, puis au matin vous reprendrez
votre route", mais ils répondirent : "Non, nous passerons
la nuit sur la place". "Il les pressa tant qu'ils allèrent
chez lui et entrèrent dans sa maison. Il leur prépara un repas, fit
cuire des pains sans levain, et ils mangèrent.</span></i></span></span></blockquote><p style="text-align: left;"></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; line-height: 150%;"><span style="font-size: medium;"></span></p><blockquote style="text-align: left;"><span style="font-size: medium;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiBYZeFpc6JWF53IPhjRaV6Cmjd66TeKmf8tS71zKoH4aMu3yU2J5012lEDypDckKBv-u1A5vmQuQ2rJs3wwoYB58y0EN1e02d3DK7BJeRpILlZabul9kDSkesHlHyYx16Y5VvOCzddBGmsR8CRJCvLqKCyrCIZzTC6umyRQeFfvCMGG5FIf0ixXEPY8A/s309/220px-Sodoma_-_Aldegrever.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="309" data-original-width="220" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiBYZeFpc6JWF53IPhjRaV6Cmjd66TeKmf8tS71zKoH4aMu3yU2J5012lEDypDckKBv-u1A5vmQuQ2rJs3wwoYB58y0EN1e02d3DK7BJeRpILlZabul9kDSkesHlHyYx16Y5VvOCzddBGmsR8CRJCvLqKCyrCIZzTC6umyRQeFfvCMGG5FIf0ixXEPY8A/w285-h400/220px-Sodoma_-_Aldegrever.jpg" width="285" /></a>Ils
n'étaient pas encore couchés que la maison fut cernée par les
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhcNybWTBDgaev0z_VbXnGk0_P7ZNmYV4NowytdwYMdiJEyZUeluzf2bYq0iWA0G-gTRm9505Z94DI1WuIuv7UoXug_vJRSBdVUWOFfMNpHXmCJlAWAMxzOkTl08jcudKArf5DMww7D7JZR/h120/220px-Sodoma_-_Aldegrever.jpg">hommes de la ville</a>, les gens de Sodome, depuis les jeunes jusqu'aux
vieux, tout le peuple sans exception. Ils appelèrent Lot et lui
dirent : "Où sont les hommes qui sont venus chez toi cette
nuit? Amène-les nous pour que nous en abusions".</i></span></blockquote><p style="text-align: left;"></p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%;"><span style="font-size: medium;"><i></i></span></p><blockquote style="text-align: left;"><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-weight: normal;">Lot
sortit vers eux à l'entrée et, ayant fermé la porte derrière lui,
il dit : "Je vous en supplie, mes frères, ne commettez pas le
mal! écoutez : j'ai deux filles qui sont encore vierges, je vais
vous les amener : faites-leur ce qui vous semble bon, mais pour ces
hommes, ne leur faites rien, puisqu'ils sont entrés sous l'ombre de
mon toit". Mais ils répondirent : "Ôte-toi de là! En
voilà un qui est venu en étranger, et il fait le juge! Eh bien,
nous te ferons plus de mal qu'à eux!" Ils le pressèrent fort,
lui Lot, et s'approchèrent pour briser la porte. Mais les hommes
sortirent le bras, firent rentrer Lot auprès d'eux dans la maison et
refermèrent la porte. Quant aux hommes qui étaient à l'entrée de
la maison, ils les frappèrent de berlue, du plus petit jusqu'au plus
grand, et ils n'arrivaient pas à trouver l'ouverture.</span><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"> (Gen.
19, 1-11).</span></span></span></i></span></blockquote><p style="text-align: left;"></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; line-height: 150%;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-weight: normal;">Après
vient le récit bien connu de la malédiction de Yahweh qui s'abat
sur la ville, la fuite de Lot et de sa famille, sa femme changée en
statue de sel pour avoir désobéi et s'être retournée voir la foudre
s'abattre sur Sodome.</span></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; line-height: 150%;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-weight: normal;">L'association
du récit de la destruction de Sodome avec l'homosexualité est une
affaire essentiellement occidentale inscrite dans sa longue
répression de la sexualité. «</span></span><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-weight: normal;">Or,
</span></i></span><span style="font-size: medium;"><span style="font-weight: normal;">rappelle
</span></span><span style="font-size: medium;"><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhU05FV-Z2ygu3wj4kRIPnIIEqFDIpTNCZKqM_-0neYgz3QPj2OM13S5q-wvNb_5ceTP-wwEgiupvp_a8B0MqhhnQ70OqcgkghxBcD3i7Ir87FtpBUGXqsxYmT-HQO5Al9j3CIWBVHJDS0uKEtSGbkImqN7k0J4qd6ThTjvpXJJ_Z-KYyNj8fLuxWurzg/s260/260px-thumbnail.webp" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="207" data-original-width="260" height="318" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhU05FV-Z2ygu3wj4kRIPnIIEqFDIpTNCZKqM_-0neYgz3QPj2OM13S5q-wvNb_5ceTP-wwEgiupvp_a8B0MqhhnQ70OqcgkghxBcD3i7Ir87FtpBUGXqsxYmT-HQO5Al9j3CIWBVHJDS0uKEtSGbkImqN7k0J4qd6ThTjvpXJJ_Z-KYyNj8fLuxWurzg/w400-h318/260px-thumbnail.webp" width="400" /></a>John Boswell, </span></span><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-weight: normal;">les
autorités juives classiques n'inter-prétaient généra-lement pas ces
textes comme des com-mentaires sur le compor-tement ou l'attirance
homo-sexuels (ajoutons qu'elles n'envisageaient sans doute même pas
que cette dernière pût exister). Quant aux dizaines de références
bibliques et exégétiques ultérieures au péché de Sodome, lequel
a donné son nom aux pratiques homosexuelles dans l'Europe médiévale,
la plupart estimaient que la cité avait péché en violant les lois
de l'hospitalité, et non en se livrant à des pratiques sexuelles
minoritaires</span></i></span><span style="font-size: medium;"><span style="font-weight: normal;">»
(J. Boswell. </span></span><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-weight: normal;">Les
unions du même sexe dans l'Europe antique et médiévale, </span></i></span><span style="font-size: medium;"><span style="font-weight: normal;">Paris,
Fayard, 1996, p. 358). Il n'en reste quand même pas moins, à lire
le texte biblique, que les menaces que les habitants de Sodome
faisaient peser sur Lot et ses invités font bien référence à des
attentats sexuels, d'où l'offre de Lot de leur confier en échange ses deux
filles de préférence aux deux anges. Devant le manque de charité
des habitants de Sodome, la réaction de Yahweh est tout à fait
comparable à celle de Dante devant Alberigo. Ils sont damnés de leur vivant - ils sont aveuglés - avant même la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhU05FV-Z2ygu3wj4kRIPnIIEqFDIpTNCZKqM_-0neYgz3QPj2OM13S5q-wvNb_5ceTP-wwEgiupvp_a8B0MqhhnQ70OqcgkghxBcD3i7Ir87FtpBUGXqsxYmT-HQO5Al9j3CIWBVHJDS0uKEtSGbkImqN7k0J4qd6ThTjvpXJJ_Z-KYyNj8fLuxWurzg/s260/260px-thumbnail.webp">destruction de la ville</a>.</span></span><br />
</p><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; line-height: 150%;">
<span style="font-size: medium;">L'autre texte qui reprend à peu de choses près celui
de la Genèse se trouve dans le Livre des Juges. Ici Sodome s'appelle
Gibéa. Un membre de la tribu de Lévi, accompagné de sa concubine
et de son serviteur arrivent de nuit à Gibéa...</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; line-height: 150%;"><span style="font-size: medium;"></span></p><blockquote style="text-align: left;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-weight: normal;">«</span><span><i><span style="font-weight: normal;">Survint
un vieillard qui, le soir venu, rentrait de son travail des champs.
C'était un homme de la montagne d'Éphraïm, qui résidait à Gibéa,
tandis que les gens </span></i></span><span><i><span style="font-weight: normal;"><span><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgg-C5ybHvzXmehyC_MekJnTmXLV3zC-_Bvv8FxjFkAebiU1ZkObSJYU6RGncftIEO3N-k-q2ahe3P-0BEcuy80CF8Q5w9qie8Df0FnSAVvQblskfJpFjU0ZkROGO5pNlRZFBTN-Dbq8K5dDsr87rAgglOLOsnL3apmEyjqkE7zncD7WUCZ0NgElWc7eQ/s919/Le-Paysan-de-Gibea-offre-l-hospitalite_artwork_illustration_infos_plus.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="870" data-original-width="919" height="379" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgg-C5ybHvzXmehyC_MekJnTmXLV3zC-_Bvv8FxjFkAebiU1ZkObSJYU6RGncftIEO3N-k-q2ahe3P-0BEcuy80CF8Q5w9qie8Df0FnSAVvQblskfJpFjU0ZkROGO5pNlRZFBTN-Dbq8K5dDsr87rAgglOLOsnL3apmEyjqkE7zncD7WUCZ0NgElWc7eQ/w400-h379/Le-Paysan-de-Gibea-offre-l-hospitalite_artwork_illustration_infos_plus.jpg" width="400" /></a></span></span>de l'endroit étaient des Benjaminites. Levant
les yeux, il remarqua le voyageur, sur la place de la ville : "D'où
viens-tu, lui dit le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEieEInssvPmENGOR_XFDaZx_yU8v-kNCZRNsdvOD4isRZBONHs8FQ6KgQ-XVceKAUJJ34BmXs3I7njx13n9PmyIj1MCtouEU7nDyOMl1TRd_Gr5RW6ttNd6x9bB-v2RGfVDmsshAdLSXkyx/h120/Le-Paysan-de-Gibea-offre-l-hospitalite_artwork_illustration_infos_plus.jpg">vieillard</a>, et où vas-tu?" Et l'autre lui
répondit : "Nous faisons route de Bethléem de Juda vers le
fond de la montagne d'Éphraïm. C'est de là que je suis. J'étais
allé à Bethléem de Juda et je retourne chez moi, mais personne ne
m'a offert l'hospitalité dans sa maison. Nous avons pourtant de la
paille et du fourrage pour nos ânes, j'ai aussi du pain et du vin
pour moi, pour ta servante et pour le jeune homme qui accompagne ton
serviteur. Nous ne manquons de rien". - "Sois le bienvenu,
repartit le vieillard, laisse-moi pourvoir à tous tes besoins, mais
ne passe pas la nuit sur la place". Il le fit donc entrer dans
sa maison et il donna du fourrage aux ânes. Les voyageurs se
lavèrent les pieds, puis mangèrent et burent.</span></i></span></span></blockquote><p style="text-align: left;"></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; line-height: 150%;"><span style="font-size: medium;"><i></i></span></p><blockquote style="text-align: left;"><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-weight: normal;">Pendant
qu'ils se réconfortaient, voici que des gens de la ville, des
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjoIR4_mYD1aD_ZLGXT8IUJOjQFCTSbe5Sbevz4QEJS6ApMMoJuqPxQzO-Od7XuVOhd09WlIk_n7IPyGCI1Zx2cSpc-fkbX8o_kmyjQ-0TWpppSI4etqGp7zYt9Wc3YFglfZI836M8mPC8f/h120/default.jpg">vauriens</a>, s'attroupèrent autour de la maison et, frappant à la
porte à coups redoublés, ils </span><span style="font-weight: normal;"><span><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg-SKlsKy2HWWFuNPLFLU0Xix6NUtcHAiaZGxgN-gpyxaAJYoBrhh7IKeISkuvMG5z5Js1sfqG8W7yk5zLFCxeSVxEadrwRBP-kaWhXToe8f8KlXFOFWDqry8Op_PuunjNEfi8nevNbVI5N74Hekbcz3TAHvlgNllkTMDTvDjB9fa6yak6-a3MBKAn9kQ/s3414/default.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="3414" data-original-width="2525" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg-SKlsKy2HWWFuNPLFLU0Xix6NUtcHAiaZGxgN-gpyxaAJYoBrhh7IKeISkuvMG5z5Js1sfqG8W7yk5zLFCxeSVxEadrwRBP-kaWhXToe8f8KlXFOFWDqry8Op_PuunjNEfi8nevNbVI5N74Hekbcz3TAHvlgNllkTMDTvDjB9fa6yak6-a3MBKAn9kQ/w296-h400/default.jpg" width="296" /></a></i></span>dirent au vieillard, maître de la
maison : "Fais sortir l'homme qui est venu chez toi, que nous le
connaissions". Alors le maître de la maison sortit vers eux et
leur dit : "Non, mes frères, je vous en prie, ne soyez pas des
criminels. Puisque cet homme est entré dans ma maison, ne commettez
pas cette infamie. Voici ma fille qui est vierge. Je vous la
livrerai. Abuser d'elle et faites ce que bon vous semble, mais ne
commettez pas à l'égard de cet homme une pareille infamie".
Ces gens ne voulurent pas l'écouter. Alors l'homme prit sa concubine
et la leur amena dehors. Ils la connurent, ils abusèrent d'elle
toute la nuit jusqu'au matin et, au lever de l'aurore, ils la
lâchèrent.</span></i></span></blockquote><p style="text-align: left;"></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; line-height: 150%;"><span style="font-size: medium;"><i></i></span></p><blockquote style="text-align: left;"><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-weight: normal;">Vers
le matin la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh5_iEBJ9SerpV9hqs-XNoC-wMCcmTm6I_cXWtIV_xvsKyPMMpuhtNTm80m26Q2qLXyV-S_ZyYxgNgvl2Lx-_3a_72C2riuIJpFB72v_zr6gJWgGuBf1qN0Fi4_OR36MIqXlJgrGJ6-KryN/h120/065.A_Levite_Finds_a_Woman%2527s_Corpse.jpg">femme</a> s'en vint tomber à l'entrée de la maison de
l'homme chez </span><span style="font-weight: normal;">qui était son mari et elle resta là jusqu'au jour. Au
matin son mari se leva et, </span><span style="font-weight: normal;"><span style="font-size: medium;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiEHLj_4eSsFB4oUdQNm1AZaj1_O4FCmN0dZshqlHIP-9z_96JipnMNsBMJC4yE5LO7lBygcyvaqVjYLH8BLPEq7PFJpuQQagkPKWYEbC6RKG6hyUX1JDWJ0Yka1dxYfVaiPbCwxUUyLGOgReks9dqpSiwMEyG3C4jU-qVItBguqBqYAXc3AfkJ8XkFNQ/s216/065.A_Levite_Finds_a_Woman's_Corpse.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="216" data-original-width="170" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiEHLj_4eSsFB4oUdQNm1AZaj1_O4FCmN0dZshqlHIP-9z_96JipnMNsBMJC4yE5LO7lBygcyvaqVjYLH8BLPEq7PFJpuQQagkPKWYEbC6RKG6hyUX1JDWJ0Yka1dxYfVaiPbCwxUUyLGOgReks9dqpSiwMEyG3C4jU-qVItBguqBqYAXc3AfkJ8XkFNQ/w315-h400/065.A_Levite_Finds_a_Woman's_Corpse.jpg" width="315" /></a></i></span>ayant ouvert la porte de la maison, il
sortait pour continuer sa route, quand il vit que la femme, sa
concubine, gisait à l'entrée de la maison, les mains sur le seuil.
"Lève-toi, lui dit-il, et partons!" Pas de réponse. Alors
il la chargea sur son âne et il se mit en route pour rentrer chez
lui. Arrivé à la maison, il prit son couteau et, saisissant sa
concubine, il la découpa, membre par membre, en douze morceaux, puis
l'envoya dans tout le territoire d'Israël. Il donna des ordres à
ses émissaires, disant : "Voici ce que vous direz à tous les
Israélites : A-t-on jamais vu pareille chose depuis le jour où les
Israélites sont montés du pays d'Égypte jusqu'aujourd'hui?
Réfléchissez-y, consultez-vous et prononcez". Et tous ceux qui
voyaient, disaient : "Jamais chose pareille n'est arrivée et ne
s'est vue depuis que les Israélites sont montés du pays d'Égypte
jusqu'aujourd'hui</span><span><span style="font-weight: normal;">»
(Jg. 19. 16-30).</span></span></i></span></blockquote><p style="text-align: left;"></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; line-height: 150%;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-weight: normal;">Yahweh
n'abattit pas la foudre sur Gibéa, mais les tribus d'Israël
se portèrent contre la ville, qui refusa de livrer les vauriens. Les Benjamites, qui étaient quand même l'une des douze
tribus d'Israël, tinrent une guerre sans merci aux onze autres
tribus et furent quasiment exterminés. Un viol collectif
s'achevait en massacre. Afin de sauver la fille vierge de son hôte, </span></span><span style="font-size: medium;"><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhQ6jBbUMO6LwMqQvCn3MbQM-hg4XK--4Vd_dV1kUMz7DZTpM4sptvE6mGxNxU_5HdVBSk0m5auV_OM-S9fl7qaaPwfCtF-ceqjNloKGoWMD-qD3BvKk6UGqzBueLZuZUlHQHPOqlReFsSvv871A6C6s8RAvnybYyCXrjl2vcLBWSpTCqTVMDOuIfT3sA/s1283/lorsqu-un-levite-est-l-epouse-de-piste-violee-et-laissee-pour-morte-son-mari-coupe-son-corps-en-douze-morceaux-et-envoie-l-un-de-chacune-des-12-tribus-d-israel-exigeant-la-vengeance-g39ncm.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="972" data-original-width="1283" height="303" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhQ6jBbUMO6LwMqQvCn3MbQM-hg4XK--4Vd_dV1kUMz7DZTpM4sptvE6mGxNxU_5HdVBSk0m5auV_OM-S9fl7qaaPwfCtF-ceqjNloKGoWMD-qD3BvKk6UGqzBueLZuZUlHQHPOqlReFsSvv871A6C6s8RAvnybYyCXrjl2vcLBWSpTCqTVMDOuIfT3sA/w400-h303/lorsqu-un-levite-est-l-epouse-de-piste-violee-et-laissee-pour-morte-son-mari-coupe-son-corps-en-douze-morceaux-et-envoie-l-un-de-chacune-des-12-tribus-d-israel-exigeant-la-vengeance-g39ncm.jpg" width="400" /></a>le
Lévite sacrifia sa concubine aux habitants de Gibéa qui la
violèrent à mort. C'était déjà en soi un récit peu édifiant!
La réaction du vieillard hôte du Lévite correspond à celle de
Lot, prêt à livrer ses deux filles aux habitants de Sodome. Mais
comme le Lévite n'était pas un ange du ciel, il se déchargea de sa
menace en leur livrant sa concubine et put dormir d'un sommeil
paisible jusqu'au matin. Réalisant que la concubine était morte,
comme une chienne revenant chez son maître après avoir été
battue, poussant son dernier souffle sur le seuil même de
la maison du vieillard qui les avait hébergés. Fidélité de bête. L'avilissement de la
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjyZbkEaz4UWzFWDPmXV3AcsoqENOTJlVQ9VfK0jEZHmuyEomrFTPgLM7zfZeSn3wIlSUV_OSjAZLHOldGYJOOvTdLILnJ71pKqkp2JsXTBRUV0ZXMHEFr56cBSi6NCcCZjJZsyeAGSNw3G/h120/lorsqu-un-levite-est-l-epouse-de-piste-violee-et-laissee-pour-morte-son-mari-coupe-son-corps-en-douze-morceaux-et-envoie-l-un-de-chacune-des-12-tribus-d-israel-exigeant-la-vengeance-g39ncm.jpg">concubine</a> ne pouvait qu'engager Israël dans une guerre civile
meurtrière. Le fait de la dépecer (outrage à un cadavre!) et d'en
expédier les membres par des serviteurs aux douze tribus pour réclamer vengeance, n'ajoute rien de glorieux à l'affaire. Les
deux récits bibliques se rejoignent toutefois sur un constat. Le
mépris des voyageurs par des hôtes non charitables ouvre à de
terribles représailles : destruction par le feu pour Sodome; guerre
civile et massacres pour Gibéa.</span></span><br />
</p><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; line-height: 150%;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi5lbaYZTctvO7BwQF9vf9aXqitp4TE6CP9RcffI4UmTw0cCzVav5WwdfKrYRAF7Xzl6ElS_c2ZcqdoyCWQiAkMCRVEypLI5q4RgGjqqOsfQ4jUi5iP6GwQph1w1aYQJzPKk-ygbqoSSm3ZyMrIJcNw9PzJPFZFf0us69rOkGT84WoAWyvzefEjBiPzVg/s259/index.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="195" data-original-width="259" height="301" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi5lbaYZTctvO7BwQF9vf9aXqitp4TE6CP9RcffI4UmTw0cCzVav5WwdfKrYRAF7Xzl6ElS_c2ZcqdoyCWQiAkMCRVEypLI5q4RgGjqqOsfQ4jUi5iP6GwQph1w1aYQJzPKk-ygbqoSSm3ZyMrIJcNw9PzJPFZFf0us69rOkGT84WoAWyvzefEjBiPzVg/w400-h301/index.jpg" width="400" /></a><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj6oBttloDybfyU7pihLb-qM_UToR1VwopboQ0rAtYJwkMwJteRYHEfqpRSoXVz9rlPPJ2f7CoV2lD0TzGQ2TPR7mdQcT7pkaLgLAzRexpUCzVq8TAqPOcwjf4ERkoKleFBKX9U8YcDV9yl/h120/index.jpg">Procuste</a>
est un autre person-nage mythique qui illustre chez les Grecs les
torts qu'un hôte peut faire subir à ses invités. L'expression </span></span><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-weight: normal;">lit
de Procuste </span></i></span><span style="font-size: medium;"><span style="font-weight: normal;">dérive
d'un récit mythologique qui n'a rien à envier aux deux récits
bibliques précédents. Procuste fait partie du cycle des exploits de
Thésée, l'homme qui tua le Minotaure. Retenons le récit qu'en
donne Robert Graves : «</span></span><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-weight: normal;">En
arrivant à Corydallos, en Attique, Thésée tua le père de Sinis,
Polypémon, surnommé Procuste, qui vivait près de la route et avait
deux lits dans sa maison, l'un petit, l'autre grand. La nuit, il
offrait le gîte aux voyageurs et faisait coucher les </span></i></span><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhRLzPQQ53O1bSlWJkWVi5ULEnPwcWvinbGVCmExC8_-A85BmPB1CIEyrpacDmapUbCFBBmqDPsXPwrdJSJCoszS6Y8MP1COeLnrrVepVJ4zpnamAFESyUJwdtc5FZ6_rFO8YrmZ3Wt1typEYHUHfgRh2S5Nd4EVcqoOtC-OUGqZmq23XXuo3xArZOQ3w/s478/03-Procuste-n-b-750x499.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="478" data-original-width="292" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhRLzPQQ53O1bSlWJkWVi5ULEnPwcWvinbGVCmExC8_-A85BmPB1CIEyrpacDmapUbCFBBmqDPsXPwrdJSJCoszS6Y8MP1COeLnrrVepVJ4zpnamAFESyUJwdtc5FZ6_rFO8YrmZ3Wt1typEYHUHfgRh2S5Nd4EVcqoOtC-OUGqZmq23XXuo3xArZOQ3w/w244-h400/03-Procuste-n-b-750x499.jpg" width="244" /></a>hommes petits
dans le grand lit et il les étirait en leur arrachant les membres
pour les adapter à la longueur du lit; les autres, sur le lit trop
petit, il leur sciait tout ce qui dépassait; certains disent
cependant qu'il n'avait qu'un lit et qu'il allongeait ou
raccourcissait ses clients pour les mettre aux dimensions du lit.
Quoi qu'il en soit, qu'il eût un lit ou bien deux, Thésée le
traita comme il avait traité ses victimes</span></i></span><span style="font-size: medium;"><span style="font-weight: normal;">»
(R. Graves. </span></span><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-weight: normal;">Les
mythes grecs, t. 1, </span></i></span><span style="font-size: medium;"><span style="font-weight: normal;">Paris,
Fayard, rééd. Col. Pluriel, # 8399, 1967, p. 351). Évidemment, ce
récit absurde renvoie à la névrose des compulsions de répétition.
Le plaisir sadique d'ajuster des corps qui ne correspondent pas au
meuble traduit une obsession de la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhTS6acVUoZRBNvW1ToNR4earoQHTV6M7VanwgY5kfH1fDCT6N-6zF9ISupbx05qM6xlVmzhnXMtRNZuGVjOi1up3Q_IQ35yPVXM1Cdr-d3Kr1d1KYZ2dDjFfRHq6_X7NhxTQXKsWUm8hz8/h120/03-Procuste-n-b-750x499.jpg">norme</a> qui ne se
retrouve pas dans la nature. Il renvoie davantage à des criminels
qui, comme ceux de l'auberge rouge dont nous aurons à reparler, qu'à
des hôtes qui, pour des raisons plus raisonnées, massacrent leurs
invités à la fin d'un banquet.</span></span></p><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; line-height: 150%;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-weight: normal;">Si
nous quittons les mythes et revenons à l'histoire, nous trouvons un
cas plus proche de celui d'Alberigo dans le sort réservé à
Alcibiade. Il n'est pas nécessaire de rappeler la </span></span><span style="font-size: medium;"><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhoNEhdxveLeEQ-keb5_lDeygqLIRuCs1sxGllhBXaUwZj5fsnP-jlR8tCp4JYOVZRIt0iXAXD-PU8XQuAtt0VL_PtPTcjJBORjahoyLwdmG_LOkWES715RJL0sjBndF4CSfLxSP_XHTT0eANae-5DD6PHZq_fvMFwSzWv64rAVxTDet04rV04AW6PpGw/s2001/1200px-Bust_Alcibiades_Musei_Capitolini_MC1160.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="2001" data-original-width="1200" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhoNEhdxveLeEQ-keb5_lDeygqLIRuCs1sxGllhBXaUwZj5fsnP-jlR8tCp4JYOVZRIt0iXAXD-PU8XQuAtt0VL_PtPTcjJBORjahoyLwdmG_LOkWES715RJL0sjBndF4CSfLxSP_XHTT0eANae-5DD6PHZq_fvMFwSzWv64rAVxTDet04rV04AW6PpGw/w240-h400/1200px-Bust_Alcibiades_Musei_Capitolini_MC1160.jpg" width="240" /></a>réputation
d'<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi_XXCwlyhAWbtxOT1rX7Rlq_Hnd2x8bU58PX9inlEcPo4IS8ZE9IygoztGVuWENb1JLJOBPDG_bcVpvET8t-y6Fm58TYr9bzFfttkfGRFw-S1dCzLmewQCb6lOmX9ydmdc6t4wo617VE-9/h120/1200px-Bust_Alcibiades_Musei_Capitolini_MC1160.jpg">Alcibiade</a>, l'un des plus beaux fleurons de l'Athènes de
Périclès dont il était le </span></span><span style="font-size: medium;"><span style="font-weight: normal;">neveu. Né en 450 avant J.-C, Alcibiade
était un esprit doué pour la stratégie militaire bien qu'il fût
connu comme ayant été un élève de Socrate. Doté d'un physique
invitant, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhDSWTR791_rqnws4H02-l_PImSKOwki9S_hIl4YGeDonywtEvO7IFECvLp0CwlstoSFqmhzJ953xoUHylxDGIbelYNTZZRDTDKT_3h69X_Gbw3xn99gH3yHwPk0WsHOt-9NLMlEee4Toxk/h120/13994237._SX540_.jpg">Socrate</a> l'avait démasqué en refusant que le jeune
ambitieux partageât sa couche. C'était là un premier dépit qui
devait le conduire plus tard, pendant la
guerre du Péloponnèse (431-404) opposant la ligue péloponésienne
menée par Sparte à Athènes et ses colonies, à trahir sa patrie. À la mort de
Périclès, le contrôle de la ville d'Athènes était passé entre
les mains de Nicias, un adversaire d'Alcibiade. Nicias était
partisan de la paix avec Sparte dont le sort de la cité </span></span><span style="font-size: medium;"><span style="font-weight: normal;">d'Argos
demeurait la pomme de discorde entre les deux grandes cités grecques.
D'autre part, Corinthe ajoutait à la dissension. C'est alors
qu'Alcibiade décida de dénouer l'impasse en proposant une alliance
avec Argos contre Sparte. Alliance à laquelle se joint Mantinée et
Élis. Ce coup fit d'Alcibiade un stratège dont les Athéniens mesuraient l'habileté. Partisan de la guerre, représentant les intérêts des marchands et
</span></span><span style="font-size: medium;"><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjfymr8vulpXPvUxOeUb0cegvo4dW-ajdqCd6lH2IDrYynfnuL4TJbzlB3wHHZqkdVEhifl3wYxEoYoQ6akcod46LojcXDMzNzo4zfXIXegK3Ywa2UQ-xyhjTVAfcjwGDFeXKmRsCtvWsh32Lq_Oquu8L2-_ara7ltvwoJB4D99CkHxDAXTSOccrA_tMw/s540/13994237._SX540_.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="389" data-original-width="540" height="289" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjfymr8vulpXPvUxOeUb0cegvo4dW-ajdqCd6lH2IDrYynfnuL4TJbzlB3wHHZqkdVEhifl3wYxEoYoQ6akcod46LojcXDMzNzo4zfXIXegK3Ywa2UQ-xyhjTVAfcjwGDFeXKmRsCtvWsh32Lq_Oquu8L2-_ara7ltvwoJB4D99CkHxDAXTSOccrA_tMw/w400-h289/13994237._SX540_.jpg" width="400" /></a>coloniaux athéniens alors que Nicias était la voix de la population
rurale portée à la paix, il engageait le durcis-sement des tensions qui devaient mener à la ruine d'Athènes. Le succès d'Alcibiade fut donc éphémère
et dès 417, il se trouve menacé d'ostracisme par le démagogue
Hyperbolos, son rival auprès des paysans athéniens. Pour éviter la
honte et l'exil, Alcibiade renversa une fois de plus la situation en s'alliant avec Nicias
afin d'ostraciser Hyperbolos.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: medium;">Afin de redorer son blason, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhgZm91VhjyfK5L4WN-WFZZWbm6HOSD9-v34uTnRa5uuHXYMtBFtdEQ_gzw2c-umSNgyGKjnAIQ9Frl76b7qkymJ4VIYXA7fwHs6KXacDMKIrxMcOOfdsV3MPB8Ng4ecY0LCJeH4o2UXK1p/h120/150px-Alkibi%25C3%25A1d%25C3%25A9sz.jpg">Alcibiade</a> s'engagea dans une
vaste campagne en Grande Grèce. Une sorte d'Armada se préparait à quitter Athènes pour se rendre en Sicile. Mais les </span><span style="font-size: medium;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiipurVelRrxG6jBGIawfmUw1a0Ea8z68ITXznuDe3g4AFFdHeTohiqtGabGwYsi0RLKhVVK6Fm4Rk59Uo2KxBIcgta2XHrOh4EKwXriONkMjTx3Z_N3NJqhkUSi07H2RxX01EuithWqFYSmwBL60f82s7J3h6KdjJqecTEsWoxn0gJpXJlTpSGHw4QXw/s215/150px-Alkibi%C3%A1d%C3%A9sz.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="215" data-original-width="150" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiipurVelRrxG6jBGIawfmUw1a0Ea8z68ITXznuDe3g4AFFdHeTohiqtGabGwYsi0RLKhVVK6Fm4Rk59Uo2KxBIcgta2XHrOh4EKwXriONkMjTx3Z_N3NJqhkUSi07H2RxX01EuithWqFYSmwBL60f82s7J3h6KdjJqecTEsWoxn0gJpXJlTpSGHw4QXw/w279-h400/150px-Alkibi%C3%A1d%C3%A9sz.jpg" width="279" /></a>troubles
politiques vinrent jouer à nouveau contre le vaste projet d'Alcibiade et c'est
une flotte plus réduite qu'on équipât pour se rendre en Méditerranée
occidentale. Entre-temps, sa réputation s'était compromise dans l'affaire des
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgU2kpIe2jIY2GylQOgyBTBbbpSe5POACGiNigXfduBO-jB7Dw04qZbvBnqcXWEGr89btJTR-5rVwwpuJ0Sp3r2Oqc1y50aUdSJfgyjUbo2nVjJs2ULMJ_FEJ6v6S-VkVSGwoi2X1iZWoNg/h120/NAMA_St%25C3%25A8le_herma%25C3%25AFque_Onasos.jpg"><i>hermès</i></a>, ces statues porte-bonheurs du dieu qui marquent les
limites des propriétés publiques et privées qu'on retrouva
mutilées. Véritable sacrilège, le crime était de mauvais augure
juste avant le départ de l'expédition et on appela à dénoncer les
coupables, les <i>hermoscopides. </i><span style="font-style: normal;">Même
s'il n'était pas mêlé aux hermoscopides, Alcibiade </span></span><span style="font-size: medium;"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj4djfUHuXjJHYmL1EQ9NfdRJI4Cc1nP7zQpFCjmtD1iggsPG4cWTW0Q08RpGjTqkLmomfx2XZDnKZJxb6eS6cHQF8ePYxTBbPclV9zlnbMryViyxz1th6uxMnlEN5wAmmwTclmAMMYoHizsg8ZYn3UgR5DeO9UDGDLS6vrE7rYbn3ysFlP0_Q9HQPWvg/s1332/NAMA_St%C3%A8le_herma%C3%AFque_Onasos.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1332" data-original-width="600" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj4djfUHuXjJHYmL1EQ9NfdRJI4Cc1nP7zQpFCjmtD1iggsPG4cWTW0Q08RpGjTqkLmomfx2XZDnKZJxb6eS6cHQF8ePYxTBbPclV9zlnbMryViyxz1th6uxMnlEN5wAmmwTclmAMMYoHizsg8ZYn3UgR5DeO9UDGDLS6vrE7rYbn3ysFlP0_Q9HQPWvg/w180-h400/NAMA_St%C3%A8le_herma%C3%AFque_Onasos.jpg" width="180" /></a>se trouva
suspecté d'avoir rédigé une parodie des mystères d'Éleusis, ce
qui vint s'entremêler avec l'affaire des hermès. Prompt à se
disculper, Alcibiade demanda d'être traduit en justice afin d'être
innocenté et de bénéficier de la confiance de ses soldats. Par
ruse, ses adversaires obtinrent qu'il quitte Athènes avec la flotte
et qu'on le juge à son retour. Or, peu après son départ, en juin
415, une nouvelle dénonciation le désigna comme ayant joué le
premier rôle, celui de hiérophante (du prêtre) dans
la parodie des <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEit94eAoQcNDxXokbl2Tc_7UUY3PLgDksT6J-VLmt7dZnC6-rYX6uNg-VTf5XM_JG5OcGOWZv5SU7nkFZQBtesEWKeB1zZJieMav04YfRmNOYyO5Dk8kOHrwPs_GfAhg4uxBXbdEmRQ1sgS/h120/200px-Great_Eleusinian_relief_fragments_Met_14.130.9_n01.jpg">mystères d'Éleusis</a>. Condamné à mort </span></span><span style="font-size: medium;"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh_XkX5Ri1jmjF56faSN_dCaOXLrGUkheUO-Frb2Ai7thnUpYucjtNB_IGiJqtjMww0LREir17BwcYQN_c9OnEgLk3Ky0iNTFHMnV71PkJdGnhrYY6JzwAIhIMy3UYLeLhITcN7_G4PL_TlC2vdzfd9NIrbcLSbJdxHbX9on5zHHA5QN7DcGITcINT4TQ/s289/200px-Great_Eleusinian_relief_fragments_Met_14.130.9_n01.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="289" data-original-width="200" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh_XkX5Ri1jmjF56faSN_dCaOXLrGUkheUO-Frb2Ai7thnUpYucjtNB_IGiJqtjMww0LREir17BwcYQN_c9OnEgLk3Ky0iNTFHMnV71PkJdGnhrYY6JzwAIhIMy3UYLeLhITcN7_G4PL_TlC2vdzfd9NIrbcLSbJdxHbX9on5zHHA5QN7DcGITcINT4TQ/w277-h400/200px-Great_Eleusinian_relief_fragments_Met_14.130.9_n01.jpg" width="277" /></a>par contumace,
ses biens confisqués, son nom inscrit sur une stèle d'infamie, les Athéniens proclamèrent les imprécations officielles. Athènes envoya le navire
officiel, la </span><i>Salamienne</i><span style="font-style: normal;">,
avec mission de retrouver et de ramener de Sicile Alcibiade et ses
complices. Alcibiade n'avait plus d'autres choix que de déserter et se
considérer désormais comme en exil. Pour Jacqueline de Romilly,
toute cette affaire n'était au fond qu'une moquerie imprudente et impudente
d'un rite sacré profané par un jeune esprit trop tôt sûr de ses moyens. Que ses ennemis aient voulu faire croire à une
aspiration à la tyrannie de la part d'Alcibiade n'était qu'une
tentative de diversion dans la seule affaire qui comptait réellement : la campagne de
Sicile.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: medium;">Celle-ci s'acheva dans la défaite, la défection
d'Alcibiade achevant de ruiner la confiance des troupes. Les Athéniens d'ailleurs, de toute
évidence, avaient sous-estimé les forces en </span><span style="font-size: medium;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiDcp3mjzcCVASoqZdGkNOih0hQMdiWknes8Sdi2EjV_rxIyhFg7Yrklux05TbZZLHQeBbrs30IN5xaz-IvwhUtvCqWHgb97qMqwtWZIzh3QC_ZkGYuNy5ZTumLjU856PsIsdm_o8i78paQvVKqu1jKDnD-m4yjgYqUtK9Q9caEiuytBU56ATscNUB5rQ/s253/170px-The_multitude_saluted_him_with_loud_acclamations.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="253" data-original-width="170" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiDcp3mjzcCVASoqZdGkNOih0hQMdiWknes8Sdi2EjV_rxIyhFg7Yrklux05TbZZLHQeBbrs30IN5xaz-IvwhUtvCqWHgb97qMqwtWZIzh3QC_ZkGYuNy5ZTumLjU856PsIsdm_o8i78paQvVKqu1jKDnD-m4yjgYqUtK9Q9caEiuytBU56ATscNUB5rQ/w269-h400/170px-The_multitude_saluted_him_with_loud_acclamations.jpg" width="269" /></a>présence en Sicile.
Alcibiade se réfugia à Sparte et devint stratège au service de
l'adversaire d'Athènes. Une fois encore, Alcibiade se tira dans le
pied au moment où Athènes semblait se remettre de ses défaites. Il
aurait été butiner dans le bouquet du roi Agis II en devenant
l'amant de sa femme. Sparte en vint à douter de la loyauté d'un
homme reconnu pour avoir déserté son camp et l'on en arriva à sohaiter sa mort.
Alcibiade fit amende honorable et revint à Athènes en 407, où il
est élu à nouveau stratège dans un <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiDcp3mjzcCVASoqZdGkNOih0hQMdiWknes8Sdi2EjV_rxIyhFg7Yrklux05TbZZLHQeBbrs30IN5xaz-IvwhUtvCqWHgb97qMqwtWZIzh3QC_ZkGYuNy5ZTumLjU856PsIsdm_o8i78paQvVKqu1jKDnD-m4yjgYqUtK9Q9caEiuytBU56ATscNUB5rQ/s253/170px-The_multitude_saluted_him_with_loud_acclamations.jpg">accueil triomphal</a>. Ses biens
lui furent restitués et on rétracta les malédictions prononcées
contre lui. Athènes put s'enorgueillir de succès symboliques que
lui fournissait le stratège, mais la situation était mauvaise.
L'écrasement de l'armée athénienne devant la flotte
péloponnésienne au port d'Éphèse, puis la défaite de Notion
entraînèrent la destitution de tous les stratèges athéniens.
Alcibiade décida une fois de plus de s'enfuir dans quelques fortins
qu'il possédait en Thrace. Alors que la flotte athénienne mouille à
Aigos Potamos, Alcibiade rencontre les stratèges nouveaux et suggère
un plan d'attaque; mais on ne l'écoute plus et c'est le coup de
grâce, la défaite d'Aigos Potamos marque la ruine finale d'Athènes,
capitale d'un vaste empire commercial.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: medium;">Le gouvernement d'occupation spartiate d'Athènes, les
Trente, décide de frapper une fois de plus Alcibiade d'exil. Le seul
endroit où il se sent en sécurité, c'est chez le
satrape perse Pharnabaze en Bithynie. Bref séjour. Écoutons Jean
Babelon nous raconter, avec une verve toute romanesque, le sort
ultime d'Alcibiade :</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
</p><blockquote style="text-align: left;"><span style="font-size: medium;">«<i>Alcibiade vit renouveler sa condamnation à l'exil
par le gouvernement des Tyrans. Il chercha à se soustraire à la
vengeance des Spartiates et de ceux qu'ils maintenaient au pouvoir.
Ses biens d'Athènes avaient été confisqués, son fils âgé de
douze ans banni lui aussi. Au printemps, il quitta la Chersonèse et
se mit en quête de Pharnabaze.</i></span></blockquote><p style="text-align: left;"></p><span style="font-size: medium;">
</span><p align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: medium;"></span></p><blockquote style="text-align: left;"><span style="font-size: medium;"><i>Or, la situation intérieure de la Perse était
changée depuis la mort du roi Darius, en 405. Artaxerxès II Mnémon
était monté sur le trône, malgré les menées de son frère Cyrus,
dont on connaît les collusions avec les Spartiates. Alcibiade crut
pouvoir encore faire son jeu dans cette partie où ses atouts étaient
de vieilles rancunes ou de jeunes désirs. La ruse perse eut raison
de sa dernière énergie.</i></span></blockquote><p style="text-align: left;"></p><span style="font-size: medium;">
</span><p align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: medium;"></span></p><blockquote style="text-align: left;"><span style="font-size: medium;"><i>Le voici sur les chemins d'Anatolie, toujours à la
poursuite de l'aventure, et trompant le souvenir de ses déboires par
la vision volontaire d'on ne sait quelle fortune enfin captée. Il
est presque seul; ses compagnons sont un ami, un Arcadien fidèle, et
cette femme passionnée, Timandra, qui s'attache à ses pas, celle de
toutes les ardeurs et de tous les dévouements. À sa suite, quelques
esclaves, sans doute, qui portent les bagages et le trésor de
l'errant. Les routes sont peu sûres. Des pillards thraces, qui
suivent à la piste la petite caravane, s'embusquent et attaquent les
porteurs qui s'enfuient. C'est sans ressources et en petit équipage
qu'Alcibiade arrive à Dascylion.</i></span></blockquote><p style="text-align: left;"></p><span style="font-size: medium;">
</span><p align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: medium;"></span></p><blockquote style="text-align: left;"><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-size: medium;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEipibI_ssBaKzzuL-Mcu394rLog8FUJ_CPVTMLnPZg-xGsxHi7hDZOZkSTOe5ZgKFZ-2pKBH4UzGM42rkV015UWA_cYlyHmxvC0FHsuRUOIy8Sa-91Mts5YqRvflmLEZDBtORi6M4dSUmb-f9Hv6dOQ4dKST3H6DzTnyuLswgMEWxqxDm-EmrofEHOzEg/s258/220px-Pharnabazus_II.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="258" data-original-width="220" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEipibI_ssBaKzzuL-Mcu394rLog8FUJ_CPVTMLnPZg-xGsxHi7hDZOZkSTOe5ZgKFZ-2pKBH4UzGM42rkV015UWA_cYlyHmxvC0FHsuRUOIy8Sa-91Mts5YqRvflmLEZDBtORi6M4dSUmb-f9Hv6dOQ4dKST3H6DzTnyuLswgMEWxqxDm-EmrofEHOzEg/w273-h320/220px-Pharnabazus_II.jpg" width="273" /></a></span>Le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjqUgGmxlHgagtvtF3oGlM4hMo2qmTflO6HqiYwKwL2nD8vp5Wu97txoeP7hX7PMj-d1tJnTTIBCHNlQaZphEImSvuXgIm2zVD9J6oAbzW9Ccmd94rKRxnMc1NWMrhTayHMSL9a_Wqq7KmS/h120/220px-Pharnabazus_II.jpg">satrape</a> lui fait bonne mine. Bien plus, il le
dédommage de sa perte, le comble de présents et lui octroie les
revenus de la ville et du district de Gryneion, en Éolide.
Alcibiade, une fois encore, cède à ce goût du luxe et de la
mollesse qui fut toujours la contre-partie de sa froide énergie, et
que servent si bien l'opulence orientale, l'or abondant, les parfums,
les riches étoffes, les femmes nonchalantes et cette facilité
asiatique à disposer des êtres et des choses. Pourtant, il prépare
son voyage à Suse, et répète les phrases les plus adroites qui lui
serviront à investir le cœur du Grand Roi.</i></span></blockquote><p style="text-align: left;"></p><p style="text-align: left;"></p><span style="font-size: medium;">
</span><p align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: medium;"></span></p><blockquote style="text-align: left;"><span style="font-size: medium;"><i>Jusque dans l'ombre du palais, dans les salles de
fête et dans les corridors, la trahison l'épie. Critias, l'un des
Trente d'Athènes, suppôts des Spartiates, envoie un émissaire à
Lysandre, alors en Ionie, pour le flatter avec bassesse : la
suprématie de Sparte sur la Grèce ne peut se maintenir qu'avec la
connivence du gouvernement oligarchique installé à Athènes, et
l'oligarchie ne vivra que si l'on écarte, cette fois pour tout de
bon, l'éternel gêneur. Déjà de Sparte parvient en Asie une
dépêche des éphores. L'ordre est comminatoire; sans ambages, il
faut tuer Alcibiade.</i></span></blockquote><p style="text-align: left;"></p><span style="font-size: medium;">
</span><p align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: medium;"></span></p><blockquote style="text-align: left;"><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-size: medium;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjcQvPDlXrqBHV_fK2djqkQO8RlDPyJQBkXdM3MylzE6XE_ytkNYiO0R8NTlSuFI7RksyS-hqjtXph_XMgMO4sSNLkAUUaLiQwIOH82fgBgA15amXfxAheIEbFtAE7ZPb-hCV7GyKH5bA0LQZo9v5CWSBwQtwabV0PLVWPsk4XawP1-whEcLqGGlh-DVQ/s261/Lysander-Sparta.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="261" data-original-width="260" height="261" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjcQvPDlXrqBHV_fK2djqkQO8RlDPyJQBkXdM3MylzE6XE_ytkNYiO0R8NTlSuFI7RksyS-hqjtXph_XMgMO4sSNLkAUUaLiQwIOH82fgBgA15amXfxAheIEbFtAE7ZPb-hCV7GyKH5bA0LQZo9v5CWSBwQtwabV0PLVWPsk4XawP1-whEcLqGGlh-DVQ/s1600/Lysander-Sparta.jpg" width="260" /></a></span>Lorsque arrive à Dascylion le message de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEio-OnUeHnMONPP2vFFVqtArpYOpSvLR5DdgdVvW8iacSOXpdpRBW8bWuPo2GZC2v-2Lhcit_c5HrT3dtekaUzzM0Xf3_H1RAvXDut9xelRTOTg4pBbpbuefd2os3BAUa_TeH1MhhEiajtG/h120/Lysander-Sparta.jpg">Lysandre</a>,
dans l'hiver de 404, Alcibiade a déjà quitté son hôte. Il est en
route pour Suse, et Pharnabaze séduit par la grâce de l'élève de
Socrate, se refuse d'abord à obtempérer. Les querelles de ces
petits Grecs l'intéressent peu, et c'est précisément de leur
concorde qu'il a peu souci. Mais Lysandre insiste et parvient à
reconquérir son ascendant : l'alliance est en jeu. Le satrape cède
enfin; la vie d'un homme pèse peu à cet Oriental chamarré, qui
sait les délices éphémères et la brièveté des jours les plus
dorés, les plus fleuris.</i></span></blockquote><p style="text-align: left;"></p><p style="text-align: left;"></p><span style="font-size: medium;">
</span><p align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: medium;"></span></p><blockquote style="text-align: left;"><span style="font-size: medium;"><i>Susamithras, l'oncle du prince, et Magaios, son
frère, se chargent de l'opération, et se lancent, comme à la
chasse d'un fauve, sur la trace de l'homme.</i></span></blockquote><p style="text-align: left;"></p><span style="font-size: medium;">
</span><p align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: medium;"></span></p><blockquote style="text-align: left;"><span style="font-size: medium;"><i>Alcibiade est arrivé à Mélissa, en Phrygie, à
mi-chemin des villes de Synnada et de Métropolis. Il est logé dans
une petite maison isolée, hors des faubourgs. autour de ce refuge,
le désert et la pierraille, un beau terrain pour prendre la bête au
gîte.</i></span></blockquote><p style="text-align: left;"></p><span style="font-size: medium;">
</span><p align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: medium;"></span></p><blockquote style="text-align: left;"><span style="font-size: medium;"><i>La nuit, les deux princes et leurs hommes accourent.
Contre la maison, sans bruit, on empile des fagots. Tout est prêt.
Sur un signe des chefs, les soldats mettent le feu au bûcher, puis
se retirent. Les flammes lèchent les parois et s'élancent jusqu'au
toit.</i></span></blockquote><p style="text-align: left;"></p><span style="font-size: medium;">
</span><p align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: medium;"></span></p><blockquote style="text-align: left;"><span style="font-size: medium;"><i>Un cri. Est-ce celui de Timandra brusquement
éveillée? À la porte ouverte, dans un nuage de fumée, à la lueur
du brasier paraît un groupe hagard, la femme, l'Arcadien et
Alcibiade nu, une épée à la main. Il a les bras chargés de
vêtements et de couvertures qu'il jette sur les flammes pour les
étouffer et se frayer un passage. Pour la première fois, il voit
clairement sa fin. Il s'échappe, traînant la femme échevelée, et
il paraît si vigoureux, si résolu, que les assassins n'osent
l'attaquer de près.</i> <br /></span></blockquote><span style="font-size: medium;"><p><span style="font-size: medium;"></span></p><blockquote><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEin-lTsoecrYbp3pNlOUD5T5QD3dYrhMMLO-M1O91-wq85YEf3oYiOnnVJ3dT0D5tq9PRVhDOQnw0IdDOUW_YyQ_K6qyYg2jJxTET3XdZOqiGPb9CjTOr3EBRuZ6z-XJJJZGyKQLmpAXYaNTKwCKQ23QHAUrWn4dWDt9g6U17YFMkiRr_FQIeXgq3ZBbA/s253/images.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="199" data-original-width="253" height="315" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEin-lTsoecrYbp3pNlOUD5T5QD3dYrhMMLO-M1O91-wq85YEf3oYiOnnVJ3dT0D5tq9PRVhDOQnw0IdDOUW_YyQ_K6qyYg2jJxTET3XdZOqiGPb9CjTOr3EBRuZ6z-XJJJZGyKQLmpAXYaNTKwCKQ23QHAUrWn4dWDt9g6U17YFMkiRr_FQIeXgq3ZBbA/w400-h315/images.jpg" width="400" /></a></span></span></i></span></blockquote><p></p><blockquote><span style="font-size: medium;"><i>La femme est tombée, pleurante et défaite. Alors,
vers cette cible unique debout sur un fond d'incendie, pleuvent les
traits des invisibles archers perses. Enfin, le noir colosse
s'écroule. Un homme bondit avec son poignard courbe. Il tranche la
tête, l'emporte, et prend sa course avec toute la bande.</i></span></blockquote></span><p style="text-align: left;"></p><p style="text-align: left;"></p><span style="font-size: medium;">
</span><p align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: medium;"></span></p><blockquote style="text-align: left;"><span style="font-size: medium;"><i>Timandra demeure seule. Elle se lève lentement dans
cette désolation. Elle embrasse le corps nu, décapité, ruisselant
de sang, et trébuchant dans cette nuit rougeoyante, elle porte le
cadavre pesant de son amant jusqu'au bûcher tout préparé, contre
le dernier repaire d'Alcibiade.</i></span></blockquote><p style="text-align: left;"></p><span style="font-size: medium;">
</span><p align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: medium;"></span></p><blockquote style="text-align: left;"><span style="font-size: medium;"><i>Plus tard, des gens vinrent, qui enterrèrent les
cendres et l'empereur Hadrien, qui savait l'histoire, passant à
Mélissa, fit ériger une statue et célébrer des sacrifices, en
l'honneur du meilleur et du pire des Athéniens</i><span style="font-size: medium;"><span style="font-style: normal;">»
(J. Babelon. </span><i>Alcibiade, </i><span style="font-style: normal;">Paris,
Payot, Col. Bibliothèque historique, 1935, pp. 250 à 253).</span></span></span></blockquote><p style="text-align: left;"></p><span style="font-size: medium;">
</span>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: medium;">«<i>La mort d'Alcibiade fut, à l'inverse de sa vie,
obscure et misérable, </i>écrit pour sa part Jacqueline de Romilly.
<i>Mais elle fut si pathétique qu'aucun mélodrame, jamais, n'eût
osé aller jusque-là</i>» (J. de Romilly. <i>Alcibiade, </i>Paris,
Éditions de Fallois, rééd. Livre de poche, # 14196, 1995, p. 219).
Puis l'historienne développe ensuite ses réflexions : </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
</p><blockquote style="text-align: left;"><span style="font-size: medium;">«<i>D'abord on est frappé, pour tout l'épisode, par
cet ensemble de fourberie et de cruauté. Pour une très large
mesure, elle est le signe des barbares; et l'on trouve </i></span><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-size: medium;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgMq5suXVdPIuwpwT0vNqp8P40bSqdkiCWrn3hWKF1JEQ7lQUIg0O8Jr_1zNnPDqoqg_g3s3kjdVu8z22B6Ci8enBWyr1EDexnjlPtM-7KurKRyoaPFVqkcQ9fZrK3KdazUGG4ZUz0rXcKXWlWllj7xBiOryJ3jIB6lSm8srY1ZpHnZKYk-ngb0IaCslA/s224/220px-Tissaphernes_portrait.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="224" data-original-width="220" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgMq5suXVdPIuwpwT0vNqp8P40bSqdkiCWrn3hWKF1JEQ7lQUIg0O8Jr_1zNnPDqoqg_g3s3kjdVu8z22B6Ci8enBWyr1EDexnjlPtM-7KurKRyoaPFVqkcQ9fZrK3KdazUGG4ZUz0rXcKXWlWllj7xBiOryJ3jIB6lSm8srY1ZpHnZKYk-ngb0IaCslA/w314-h320/220px-Tissaphernes_portrait.jpg" width="314" /></a></span>de fréquentes
allusions, chez les auteurs grecs, à ces deux défauts des
orientaux, qui choquaient tant l'idéal grec. Déjà, on a rencontré,
autour d'Alcibiade, la cruauté d'un autre satrape, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgDyFPdDmfBrcENAOmBWVhLemW1zQ1YgYQ_c_HWnPHzie0txrbCtaRmkKXPIaNaHH2eU7eA0i8_gSGYfmYtI-IzH5fx3ASHJ5q1ElVldsnwsN9mL-ujqEaKiEAwIm6YIz7bQR2CpJaEtw7f/h120/220px-Tissaphernes_portrait.jpg">Tissapherne</a>, dont
Plutarque disait qu'il "n'avait lui-même aucune droiture, mais
beaucoup de méchanceté et de perversité", et déjà l'on a
rencontré la cruauté d'un de ses lieutenants faisant mourir
traîtreusement des Grecs de Délos. Les barbares en général
passaient aux yeux des Grecs pour être avides de sang et perfides,
par contraste avec eux. Et c'est bien ce qui explique la valeur que
garde en français le mot "barbare", signifiant "cruel".</i></span></blockquote><p style="text-align: left;"></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: medium;"></span></p><blockquote style="text-align: left;"><span style="font-size: medium;"><i>En un sens, l'opposition entre ces assassins cachés
dans l'ombre et cet homme seul qui sort, sans protection, à travers
les flammes et les fait fuir est donc parfaitement symbolique d'une
opposition de culture, à laquelle les Grecs étaient fort sensibles.
Et la trahison de Pharnabaze, et l'approche nocturne, tout cela porte
bien la marque barbare...</i></span></blockquote><p style="text-align: left;"></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
</p><blockquote style="text-align: left;"><span style="font-size: medium;">[Cette mort] <i>émeut parce que, tout à coup, cet
homme, dont on a connu les subterfuges et les intrigues, se révèle
dans tout l'éclat de sa force d'âme. Et l'on </i></span><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-size: medium;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhNL9Un9J31-611nLp_qzFi-Y-uenI_IBRBV0t-082Dx8l7um9FcX2tYvjqVD4sRUuCtjaoNTqfvVQMpJQEXXaHyUiHRMBRo7WXyZqlnVnHnwaJJWtNUGPrszTX8yi4FSRtcIrhkY6XQVEgUV8kOvQy3ah1wDoE0oAUghMbryG8YBru3g8sxcOYrLUHMQ/s600/474px-Mosaico_Alcibiade.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="600" data-original-width="474" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhNL9Un9J31-611nLp_qzFi-Y-uenI_IBRBV0t-082Dx8l7um9FcX2tYvjqVD4sRUuCtjaoNTqfvVQMpJQEXXaHyUiHRMBRo7WXyZqlnVnHnwaJJWtNUGPrszTX8yi4FSRtcIrhkY6XQVEgUV8kOvQy3ah1wDoE0oAUghMbryG8YBru3g8sxcOYrLUHMQ/w316-h400/474px-Mosaico_Alcibiade.jpg" width="316" /></a></span>pense au beau portrait
qu'a tracé de lui l'abbé Barthé-lemy dans son</i> Voyage du Jeune
Anacharsis<i> : "Il ne fallait pas chercher dans son cœur
l'élévation que produit la vertu; mais on y trouvait la hardiesse
que donne l'instinct de supériorité. Aucun obstacle, aucun malheur
ne pouvait ni le surprendre ni le décourager : il semblait persuadé
que, lorsque les âmes d'un certain ordre ne font pas tout ce
qu'elles veulent, c'est qu'elles n'osent pas tout ce qu'elles
peuvent." Sa conduite devant la mort rend à <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhsQv0GWD8velCGZ4Zu3TXA__oSWDJjwQZf6ANEk-WOgEEB5jAbNoGXjL6FrG-63jjKhIsj8m-un-ilINIp3X6i39zy8ln39KVIpUwxsCwjJJrvDsswZ4lTY3dVj5TWtlBYAx1N7Wk4SGKJ/h120/474px-Mosaico_Alcibiade.jpg">Alcibiade</a> sa
stature de héros</i>». (ibid. pp. 221- 222 et 223).</span></blockquote><p style="text-align: left;"></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: medium;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi7LKTouLFJfNmBMcDST0q5gc-tgLEHXJPTkHkMJFWKqLZBA7die2grYc2fnGiV_MQAlSmIrXtRRy6y6Q_nO00Tt0p2hyQwdkpd50bMOvyk9pE518Gf3N4dtaLJJ7rBW5kjCRXCpB73yyC8/h120/index.jpg">Platon</a> devait découvrir que les Perses ne détenaient
pas le monopole de la «barbarie». </span><span style="font-size: medium;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhvBmGMYu_iAbEe5TZ553vVnk8lc7UNKgd0cWY2VnGrzPL3DrD4aQwLqMb1mX8zBD8TsXxWHnQebhPSIUETF8LEfOTWzjkqyxe6vY3aeWUAradSIlSHTSKsQHCfflpzGLG5_rCoF24WP5setZs4mCL2LDux9lCxGLQJhAFpfJ9jgyJgPqteC9qjemRjYw/s277/index.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="277" data-original-width="182" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhvBmGMYu_iAbEe5TZ553vVnk8lc7UNKgd0cWY2VnGrzPL3DrD4aQwLqMb1mX8zBD8TsXxWHnQebhPSIUETF8LEfOTWzjkqyxe6vY3aeWUAradSIlSHTSKsQHCfflpzGLG5_rCoF24WP5setZs4mCL2LDux9lCxGLQJhAFpfJ9jgyJgPqteC9qjemRjYw/w263-h400/index.jpg" width="263" /></a>Le drame de la vie de Platon,
incontestablement, fut le mauvais tour que prit son voyage en Sicile
sur l'invitation de Denys I<sup>er</sup> de Syracuse. C'était tenter l'expérience promue dans <i>La République, </i>de joindre le
philosophe au tyran; la sagesse et le Pouvoir. L'idée du pouvoir fort
centré entre les mains d'un roi ou d'un tyran - un dictateur - philosophe avait
de quoi le séduire, surtout qu'il confirmait sa sagesse en
l'invitant, lui, Platon, à venir éduquer sa cour. De son côté,
Platon en était venu à mépriser cette démocratie athénienne qui
avait condamné Socrate. Contre les faiblesses du régime, la vigueur
avec laquelle Denys avait érigé la force de Syracuse était
séduisante :</span><span style="font-size: medium;"> «<i>À Athènes, il le savait, on ne pouvait rien
entreprendre; toute activité politique supposait l'esclavage des
partis, les compromissions, les marchandages. Mais il y avait
l'Occident où une nouvelle Grèce s'était formée, la Sicile
surtout où régnait un homme énergique, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjiXZwB6176oyMuSYs-5FiqAJB-WKIOrWfh9e88HRqFFihpxItDCI2qmqnE1Vbf2JUoXpbKhEZ-Z9S4kUnSVXniiCwZBiLQq10AdLNeHtqtLvpAOM8xKRT-taPbboRwnOuAEskdRZKM6EQD/h120/260px-Damocles-WestallPC20080120-8842A.jpg">Denys</a>, tyran de Syracuse,
qui, peut-être, était accessible aux idées que Platon voulait
propager, à la conception de la vie qui seule, son lui, pouvait
</i></span><span style="font-size: medium;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgwltjjUtSyT6Mqz8d0ahsaepeL7yDeKLhZCwKU1bzjwHOKhXLFW-VQWktOSMiHrTYYKzMWJcdOssNGudtKlbtp6IxA2si8R8Q1JFpsWE8-SVnu9EkxiGjy3pRuA03gPWuhaLX4VX1aBB7Vsf9hGWu4gG1KX_hvfg_a9hqlKL72dsl1pXqlwXRQ3tmxYA/s331/260px-Damocles-WestallPC20080120-8842A.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="331" data-original-width="260" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgwltjjUtSyT6Mqz8d0ahsaepeL7yDeKLhZCwKU1bzjwHOKhXLFW-VQWktOSMiHrTYYKzMWJcdOssNGudtKlbtp6IxA2si8R8Q1JFpsWE8-SVnu9EkxiGjy3pRuA03gPWuhaLX4VX1aBB7Vsf9hGWu4gG1KX_hvfg_a9hqlKL72dsl1pXqlwXRQ3tmxYA/w314-h400/260px-Damocles-WestallPC20080120-8842A.jpg" width="314" /></a>donner le bonheur aux États comme aux individus. C'était une rude
et énergique personnalité que celle de Denys. Il avait plus que
doublé la population de Syracuse en y transportant les habitants
d'autres villes, il avait repoussé les Carthaginois jusqu'à
l'extrémité ouest de l'île. Il s'efforçait d'attirer à sa cour
les poètes et les musiciens. Lui-même se piquait de poésie; il
composait des tragédies dont l'une fut couronnée à Athènes;
flatterie du peuple à un chef puissant plutôt que reconnaissance
d'un véritable talent. Mais Platon se trompait; son entrevue avec
Denys eut des conséquences qu'il ne pouvait pas prévoir; la trop
grande franchise de ses paroles déplut au chef de Syracuse. Platon,
en effet, défendit devant le tyran l'idée essentielle, celle qui
devait lui servir de guide au cours de toute son existence, celle
qu'il avait reçue de Socrate comme un précieux message à
transmettre aux hommes : seule la justice importe en ce monde, seul
l'homme juste est heureux, quelles que soient les conditions
extérieures dans lesquelles il se trouve. Denys, qui avait, au cours
de sa vie, plus d'un acte injuste à se reprocher, ne put supporter
ce courageux enseignement. Avec cet humour féroce qui caractérise
certains hommes d'action, il résolut de mettre à l'épreuve </i></span><span style="font-size: medium;"><i>la
constance de Platon, afin de voir si, mis en face des réalités de
la vie, le disciple de Socrate conserverait la même atitude. Or, à
ce moment, Athènes était en guerre avec </i></span><span style="font-size: medium;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh5LxjnrZQPeZZBH8d1UsMnV1gWHxSNYrEexn7uB7v3AZhHkevtmV7xLN5p01qElQzTMKZHOk5DvLVlv4Ma7Mz5ihfo5T18nSw6zirSBHvr2aRf6B__CmskA47BP5z_L-hf8Y2RVf7NrtSyMSVVu3JT0ZF5XoPsLJFANlI9mWx2rIaxDJvYakMsnh2MYQ/s250/Veduta_aerea_di_Siracusa_e_con_l'Etna_sullo_sfondo_(Foto_di_Angelo_Bonomo).jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="149" data-original-width="250" height="238" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh5LxjnrZQPeZZBH8d1UsMnV1gWHxSNYrEexn7uB7v3AZhHkevtmV7xLN5p01qElQzTMKZHOk5DvLVlv4Ma7Mz5ihfo5T18nSw6zirSBHvr2aRf6B__CmskA47BP5z_L-hf8Y2RVf7NrtSyMSVVu3JT0ZF5XoPsLJFANlI9mWx2rIaxDJvYakMsnh2MYQ/w400-h238/Veduta_aerea_di_Siracusa_e_con_l'Etna_sullo_sfondo_(Foto_di_Angelo_Bonomo).jpg" width="400" /></a>Sparte et les deux villes
briguaient l'amitié de Denys. Au moment où Platon se trouvait à
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhvW9WaaLRM708mQwgiCnbhctaaQB4TVY5RHE1gaM7G2ji6S3rj7PmOf8G367HbYL2FuWak964ByJZZ-myU3GuQ78__JffEFN3-euE6_uZ-_2ObkIvLDV_ZF833-u5q7VLAUU3NdJ53ONY4/h120/Veduta_aerea_di_Siracusa_e_con_l%2527Etna_sullo_sfondo_%2528Foto_di_Angelo_Bonomo%2529.jpg">Syracuse</a>, une ambas-sade spartiate séjournait précisément dans
cette ville. Denys fait arrêter Platon, le livre aux Spartiates.
Ceux-ci le considèrent comme prisonnier de guerre, le débarquent
dans l'île d'Égine, à quelque distance d'Athènes, et le font
mettre en vente au marché des esclaves</i>» (G. Méautis. <i>Platon
vivant, </i>Paris, Albin Michel, 1950, pp. 36-37).</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: medium;">On s'imagine la grande humiliation d'un aristocrate
athénien vendu comme un vulgaire prisonnier de guerre. En fait, si
Denys prenait mal les allusions morales du philosophe, il faut
reconnaître que Platon se montrait peu enthousiaste des mœurs de
ses hôtes. Denys </span><span style="font-size: medium;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgwvaXl2PeJkdXoHsl8Y9TMjBX5m44qeGUvFZ4nWMvE6XwQWfHIW1amOq-4qzJbeG33BBlSLkc9mS1XYT1F3jiJsE1lf1qeRQLQMps54wY18pw6hZOnrj1t3wSKTP-9-R0uRahyazeJKudnZHa-5796C6K0Ux-UMLVP3pNipUOcFag1QMYXu_frFDBzig/s1024/I-funerali-di-Timoleonte.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="519" data-original-width="1024" height="203" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgwvaXl2PeJkdXoHsl8Y9TMjBX5m44qeGUvFZ4nWMvE6XwQWfHIW1amOq-4qzJbeG33BBlSLkc9mS1XYT1F3jiJsE1lf1qeRQLQMps54wY18pw6hZOnrj1t3wSKTP-9-R0uRahyazeJKudnZHa-5796C6K0Ux-UMLVP3pNipUOcFag1QMYXu_frFDBzig/w400-h203/I-funerali-di-Timoleonte.jpg" width="400" /></a>avait construit une <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj9wrceMiKAUvKdu8RO6-AP6lB7tJ_7tEem5zhs1MCeF7b9aAarUom4uZ4tYTW2Z5UgxAWFXITE3a5mcfE9Uj_wb0be3M95AZkSv6RoE5qrCuGghwnhBP5Agbq_9T7kxGGVCmMF9NYiZXJT/h120/I-funerali-di-Timoleonte.jpg">cité luxuriante</a> à côté de
laquelle, d'autres cités telle Agrigente, deve-naient des modèles de
<i>farniente. </i>Luxe et raffinement conduisent à la débauche :
«<i>Vivant en goinfrant deux fois par jour et, la nuit, ne jamais
dormir seul, sans compter toutes les pratiques qui sont en harmonie
avec l'existence en question, voilà en effet des habitudes qui,
lorsqu'elles sont pratiquées dès la jeunesse, ne donneront jamais à
aucun des hommes qui sont sous la calotte du ciel la possibilité de
devenir sages </i>[...] <i>et encore moins de devenir tempérants</i>»
(cité in J.-Y. Frétigné. <i>Histoire de la Sicile, </i>Paris,
Fayard, 2009, p. 40), écrivait Platon dans une de ses lettres.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: medium;">Platon avait des attentes démesurées face à Denys.
Parce qu'il rêvait, comme il l'écrit, réaliser «<i>l'union de la
philosophie avec la puissance</i>», Platon se sentait autoriser de
critiquer le tyran envers lequel il «<i>éprouve sans doute les
mêmes sentiments que ceux que Lysias et Isocrate ressentent. Denys
s'en irrite et voit d'un bon œil le départ du philosophe. Il est en
revanche peu probable qu'il ordonne que Platon soit vendu comme
esclave</i>» (ibid. p. 63). D'ailleurs, Platon, vite reconnu par
l'un de ses disciples, est racheté et peut regagner Athènes en
toute sécurité. C'est à son retour (en -387) qu'il fonda son Académie.
Cette première mésaventure ne devait pourtant pas le dompter et
vingt ans plus tard, Platon entreprit un second voyage à Syracuse,
dans le même esprit de devenir le philosophe derrière le prince.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: medium;">Denys I<sup>er</sup> était mort la même année du départ
de Platon, en 367. Son fils, Denys le Jeune lui </span><span style="font-size: medium;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhIvPImbhWXHLJ76_g4vDDdNlTzgKZgR9OsHO0jPlkKvg2W7Tth78o7OnQLVh5T5iyplxW0WnDgOvS9JMimq2d4k8NyLCeg9YHNtfP6FueTQbnY59ywhB5wPuxrJbKP1KtiUCOlwJjU7mAJmQVGyLkBZQiBOwN0rL4xFaRvMiR25dvw5XmUPnaabWeJnQ/s500/Dion_presents_Plato_to_Dionysius-ba301.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="437" data-original-width="500" height="350" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhIvPImbhWXHLJ76_g4vDDdNlTzgKZgR9OsHO0jPlkKvg2W7Tth78o7OnQLVh5T5iyplxW0WnDgOvS9JMimq2d4k8NyLCeg9YHNtfP6FueTQbnY59ywhB5wPuxrJbKP1KtiUCOlwJjU7mAJmQVGyLkBZQiBOwN0rL4xFaRvMiR25dvw5XmUPnaabWeJnQ/w400-h350/Dion_presents_Plato_to_Dionysius-ba301.jpg" width="400" /></a>succède. Mauvais
fruit d'une bonne graine, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXShQI953YgCxWVGnwmKtMO0wva4QdNTt6UPex7BY7OBlLiZ5VR7naRbzj4_GoOoGDLe1fdDc_RM6Ksny13a_sJdGiKqc3JkYqy-AZ_8PE3lriiDXRTdKB-8-KFFnjlPPjLkzrC3yfzLsa/h120/Dion_presents_Plato_to_Dionysius-ba301.jpg">Denys le second</a> était dissolu, ivrogne et
montrait peu des qualités de son père. «<i>Il semble n'avoir ni la
culture politique ni les relations néces-saires qui font un homme
d'État</i>», d'autant que la paix n'est toujours pas signée avec
Carthage. Face à lui, son oncle, Dion (409-354) est d'une autre
trempe intellectuelle et politique, supérieure à son neveu : «<i>Il
a de plus pour lui d'être reconnu comme un disciple de Platon. Le
philosophe athénien accepte de revenir à Syracuse pour satisfaire
aux désirs conjoints de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjfI-G_4tLfpd3BxOoGVbxhhSJ2ukSOmisxITJRnbof2FfbCk9mErvgyd1Urfdcm2gSaqPrz1uqnWTT0q2wbR9S8F9kkYiVzoFKdPjNsnNiuYvi6989uo9iRRyAF_Q6MZXMPaQiPQm4XY3t/h120/art268.gif">Dion</a> et de Denys qui se disent tous les deux
enclins à l'écouter. Sans se faire trop d'illusions </i>[cette
fois] <i>mais soucieux de ne pas apparaître comme un homme se
dérobant à l'action, le philosophe va tenter une nouvelle fois de
transformer un tyran en un roi en lui montrant que le pouvoir ne
repose pas </i></span><span style="font-size: medium;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhaDnyNb6nujUl-MbsX5-mzevuMrJLx0i9UXWkhaVvSEYu0ZZqAaY1BFEUrSUuD83DWdAxnjeP9ONV2TUAt9Cc-nrGJ_CaEpkXOOQ2wwtGJZKONv-KQqyiekPKNjyioZ1_w7ISurpZu5YQ9RbMJ61aW2Ru7pi885j11kdi6ETidRdkQDHj0SufGmIBRfQ/s311/art268.gif" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="311" data-original-width="234" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhaDnyNb6nujUl-MbsX5-mzevuMrJLx0i9UXWkhaVvSEYu0ZZqAaY1BFEUrSUuD83DWdAxnjeP9ONV2TUAt9Cc-nrGJ_CaEpkXOOQ2wwtGJZKONv-KQqyiekPKNjyioZ1_w7ISurpZu5YQ9RbMJ61aW2Ru7pi885j11kdi6ETidRdkQDHj0SufGmIBRfQ/w301-h400/art268.gif" width="301" /></a>sur la violence mais sur des lois et sur le consentement
des sujets</i>» (ibid. p. 63). Platon pousse même l'audace de
passer une sorte de contrat avec Denys :</span><span style="font-size: medium;"> «<i>Comment faut-il, toi et moi, que nous nous
comportions l'un envers l'autre? Si tu fais fi totalement de la
philosophie, eh bien, dis-lui bonsoir! Mais, si de quelque autre tu
as appris ou que, par toi-même, tu aies trouvé mieux que ce que tu
as trouvé auprès de moi, alors, ces choses-là, honore-les! Si
enfin, d'aventure, ce sont au contraire les enseignements reçus de
moi qui te satisfont, alors c'est moi aussi que tu dois honorer au
plus haut point [...]. Il y a plus : en m'honorant et en prenant,
toi, l'initiative de le faire, c'est la philosophie que tu serais
jugé honorer et cela même (parce que tu as toujours pris en
considération l'opinion des autres) une bonne réputation auprès du
grand public, voilà ce qui te sera conféré comme un vrai
philosophe. De mon côté, si je t'honorais tandis que tu ne
m'honorerais pas, je paraîtrais admirer la richesse et en poursuivre
l'acquisition : or, nous le savons, c'est là une attitude qui, chez
tout le monde, ne porte pas un beau nom! En fin de compte, pour
résumer ma pensée, si tu m'honores, c'est pour l'un et l'autre une
parure; mais, si c'est moi seul qui t'honore, c'est un déshonneur
pour tous les deux. Voilà donc ce que j'avais à te dire là-dessus</i>»
(cité in ibid. pp. 63-64).</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: medium;">Platon se montrait prudent, intéressé à ce que ne se
reproduise la mauvaise expérience qui avait mis fin à son premier séjour
à Syracuse. Mais Denys II n'était pas en mesure de </span><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiZtQ52SL50KzTrRSz-yg4FmY3FNreKBDATJEoCKvSwRoryopTASONSdx6AD9ctb_vIJfbQrm2WdowGKrJo1_H-JJ9MqxSFHvrb315CSXVtMD77PFl8odj5aNZRTjOx1GUi5_F8JvByoJTHT6AB100Mg-xbheFPUvEck5SeEZUcZscp6L1rWfqwd7TWlg/s542/isola-di-ortigia.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="450" data-original-width="542" height="333" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiZtQ52SL50KzTrRSz-yg4FmY3FNreKBDATJEoCKvSwRoryopTASONSdx6AD9ctb_vIJfbQrm2WdowGKrJo1_H-JJ9MqxSFHvrb315CSXVtMD77PFl8odj5aNZRTjOx1GUi5_F8JvByoJTHT6AB100Mg-xbheFPUvEck5SeEZUcZscp6L1rWfqwd7TWlg/w400-h333/isola-di-ortigia.jpg" width="400" /></a></span>respecter
l'accord de réciprocité proposé par Platon. Lorsqu'on détient un
pouvoir absolu, il est difficile de se soumettre à quel-qu'autre
autorité que se soit. Comme tous les faibles, </span><span style="font-size: medium;">Denys II devint
paranoïaque. Il bannit son oncle Dion dont les biens furent saisis.
Dion exilé, Platon perdait son principal appui : «<i>Platon vit des
heures difficiles. Il est en résidence surveillée dans la citadelle
d'<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjx7McfrzAuEKKigf504WAw9fRJ0e3d-j8IOv8AzANK9L0QHVHzLKc-11vWT148RZcH7HLlGNEbRJWD3JmVh_ucXDOEUypkrkLEmvy8hj9mj6_T_8UTpzs_oes4P2oEyeubwJ0_9zfvYDjj/h120/isola-di-ortigia.jpg">Ortygie</a> où demeure Denys entouré de ses mercenaires et de ses
partisans qui n'apprécient guère la présence du philosophe</i>»
(ibid. p. 64). Le philosophe voudrait bien </span><span style="font-size: medium;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiJ07BIdOV_qME31uT6aq43Q2XsiTv5oVo1AFQ-XHa4KEpuI7VZOzIgCik7KluS1TEIs1Uvn3nzmLNnk1kg_ruTBeCUt0_51aOocKF2w9iZQw99PHpAFcapYb8YLIT3rra91UAbR--xDlahV9A-vuNDUoBmseLv7htr6jbeDXJ7cln3yiy2WkITbjuD-w/s1200/800px-Plato_Silanion_Musei_Capitolini_MC1377.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1200" data-original-width="800" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiJ07BIdOV_qME31uT6aq43Q2XsiTv5oVo1AFQ-XHa4KEpuI7VZOzIgCik7KluS1TEIs1Uvn3nzmLNnk1kg_ruTBeCUt0_51aOocKF2w9iZQw99PHpAFcapYb8YLIT3rra91UAbR--xDlahV9A-vuNDUoBmseLv7htr6jbeDXJ7cln3yiy2WkITbjuD-w/w266-h400/800px-Plato_Silanion_Musei_Capitolini_MC1377.jpg" width="266" /></a>partir et retourner à
Athènes, mais Denys ne veut pas se séparer de lui, et c'est
finalement l'intervention d'Archytas qui fera plier Denys et rendre
sa liberté à <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgCrXt_YC7QJB6y9yhAquDNEkCa-She8DCB3u-5a7yJHpaZR6Zed_66ks-CT2CkESGFoFfjk5LD-PBcWq3wWNmG1JzH2BkHIwwfi6fx-0bkuJxutJGQRHrH971LJ1jXNCJcAQsYQ8CPd3Ec/h120/800px-Plato_Silanion_Musei_Capitolini_MC1377.jpg">Platon</a>. La puissance de Syracuse était en fait sur le
point de s'effondrer dans la guerre civile. Dion revint de son exile
et renversa Denys II... «<i>Mais les circonstances et le tempérament
de Dion ne font pas de lui le philosophe-roi en mesure de transformer
la tyrannie en un régime où la loi prime l'arbitraire. La décennie
qui court de la prise du pouvoir par Dion au retour de Denys est
pleine de bruit et de fureur. L'assassinat de Dion en 354 aggrave
encore les choses</i>» (ibid. p. 65). La riche cité, qui avait
invité par deux fois le philosophe dont la réputation éclipsait
celle des autres sages, s'était montrée une bien piètre
hôtesse, même si l'invité se montrait rigoureux et capricieux.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: medium;">Le sort que nous avons vu s'acharner sur Alcibiade
s'acharna de même sur une autre figure militaire de l'Antiquité
classique, celle d'<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjI7OP1RcvAi5IfirRCLpdNSpeJ3XvKlh7-oQii25aFu3NlNzcZghIXWzysBxCXFNnediDDAv0S9Gsv7qEHmL3vsD9H9tAbPP4_kxS1ekcTOAwsHNZhQqlBpEvJco7QZ5czqW_7ABtdALKm/h120/index.jpg">Hannibal Barca</a> (247-<span style="font-family: Times New Roman, serif;">±</span><span style="font-family: Times New Roman, serif;">181
av. J.-C.). Hannibal fut </span></span><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhwcLi083WeeGr1BJuSWD7_SfKNsqVdVvINMhUu9J5_F1wnDwDYPbdJqZMJTVqcWbHkEK3gWwYAQiY8Y86wxeDsv4cJHi422vRlPCEhnaCslXVw1T9aOI-GGY_0Tag7LCuVnhij2mxzELmvfITaLoD8cK0z34nA0iNWN1s-TveviD_-dLoLO-X_6qZM9Q/s281/index.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="281" data-original-width="179" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhwcLi083WeeGr1BJuSWD7_SfKNsqVdVvINMhUu9J5_F1wnDwDYPbdJqZMJTVqcWbHkEK3gWwYAQiY8Y86wxeDsv4cJHi422vRlPCEhnaCslXVw1T9aOI-GGY_0Tag7LCuVnhij2mxzELmvfITaLoD8cK0z34nA0iNWN1s-TveviD_-dLoLO-X_6qZM9Q/w255-h400/index.jpg" width="255" /></a>un chef de guerre nettement supérieur à Alcibiade. Durant la deuxième guerre punique opposant Carthage,
sa cité, à Rome (218-202), Hannibal réussit à conduire sa
puissante armée jusqu'aux portes de Rome. L'épisode des éléphants
franchissant les Alpes après avoir remonté les côtes d'Espagne et
de Gaule est resté célèbre. Célèbre également sa tactique
militaire qui lui donna la victoire sur l'armée de Varro le 2 août
216, sur la rive gauche de la rivière Ofanto, dans le sud de
l'Italie, là où les Romains avaient établi leur campement. À la
tête de 50 000 hommes, Hannibal parvint à attirer Varro dans un
piège, finissant par encercler son armée. Aidé de cavaliers
gaulois et numides sur ses flancs, les légions romaines qui
s'étalaient sur un kilomètre et demi finit par s'engouffrer dans la
partie centrale du corps expéditionnaire carthaginois, là les flancs se resserrèrent attaquant la cavalerie de Varro.
L'armée romaine fut tout simplement écrasée.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Habile
politique autant que fin stratège, Hannibal connaissait bien les
institutions romaines autant que ses acteurs politiques. Rome était
infestée d'espions puniques, souvent de simples </span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhw3oFPG-BHpH1AijayumMyU8Pig3lVwvkIko_AKid1RZTWl9f03b5UlZ_b7ioqC7z3ClpEcstAaZWIWQRgZ53fAQnMoAVrjVeqUtxkv5eI0UKjL9cvuxEaFMQfu1qYqYWqaRywXLLw5Is-KaMOAEh9JZDt6QtOJpjybGDbNFcnzjX6zEOY_utNGyY85A/s512/Rene-HYS-Bataille-Trasimene-Vignette.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="368" data-original-width="512" height="288" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhw3oFPG-BHpH1AijayumMyU8Pig3lVwvkIko_AKid1RZTWl9f03b5UlZ_b7ioqC7z3ClpEcstAaZWIWQRgZ53fAQnMoAVrjVeqUtxkv5eI0UKjL9cvuxEaFMQfu1qYqYWqaRywXLLw5Is-KaMOAEh9JZDt6QtOJpjybGDbNFcnzjX6zEOY_utNGyY85A/w400-h288/Rene-HYS-Bataille-Trasimene-Vignette.jpg" width="400" /></a>commerçants qui
approvisionnaient d'infor-mations le chef car-thaginois. Mais cette
victoire </span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">ne représen-tait rien de décisif. Après la victoire de
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgSqOnM3RuXQMrWdH4BfSV8ilLkmw1vRt09j7M64keW31oaofz0GMNGCnrojQbaKvUU66Py-MAElCZnI9OBi8L_P5DUln-Lpqrsfg4Y1mYbijRj_iijf2wGQHZeCWKmPoY25ZYkX-4eyEOj/h120/Rene-HYS-Bataille-Trasimene-Vignette.jpg">Trasimène</a>, l'armée carthaginoise se serait endormie dans </span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;">les
délices de Capoue. </span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">En
fait, c'est Hannibal qui aurait décidé de temporiser, misant sur
l'éventuelle désertion des alliées latins de Rome. En même temps,
il étendait ses forces de plus en plus loin. C'était suffisant pour
que la situation se renverse en faveur des Romains. Hannibal
connaîtra un </span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhac1iDwqX_LK4AcjsVo_K4ZGzNlpMZ4ytCbZOH7wN_zDfgYfLvn4IkUONfxhA6siKpzJZi6DyTvAd-6oj7vjGu56MPSDYWaatAMPODM8Sm5101tfZwZdt5GuINFw1_qKw5g1LSGIBNuY_xu2bczOszrJPJV7hE1tETpzm1UCWW6A0EzXlqPqsyz0pABQ/s723/ScipioAfricanusSulla.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="723" data-original-width="723" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhac1iDwqX_LK4AcjsVo_K4ZGzNlpMZ4ytCbZOH7wN_zDfgYfLvn4IkUONfxhA6siKpzJZi6DyTvAd-6oj7vjGu56MPSDYWaatAMPODM8Sm5101tfZwZdt5GuINFw1_qKw5g1LSGIBNuY_xu2bczOszrJPJV7hE1tETpzm1UCWW6A0EzXlqPqsyz0pABQ/w320-h320/ScipioAfricanusSulla.jpg" width="320" /></a>dernier succès à Herdoniac, mais l'arrivée d'un
nouveau commandant romain, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhac1iDwqX_LK4AcjsVo_K4ZGzNlpMZ4ytCbZOH7wN_zDfgYfLvn4IkUONfxhA6siKpzJZi6DyTvAd-6oj7vjGu56MPSDYWaatAMPODM8Sm5101tfZwZdt5GuINFw1_qKw5g1LSGIBNuY_xu2bczOszrJPJV7hE1tETpzm1UCWW6A0EzXlqPqsyz0pABQ/s723/ScipioAfricanusSulla.jpg">Publius</a> <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhXr0VEOMDY19gxwbU2pJjGbIoEEDMM73AUXQM321Eh2VEbIDU7qCXMH1kQzKYJ7QjcgOZk0SPDe98nVlHkyqVytY5jEdJwnhS0NRSrrWVjZGMAcShtOB-shVqO6cUEzP9wIcbp9dvH-RYW/h120/ScipioAfricanusSulla.jpg">Scipion</a>, surprit les
Carthaginois en prenant Carthagène. Les deux généraux finirent par
se rencontrer le 19 octobre 202 à la bataille de Zama. Les Romains
disposaient d'une meilleure cavalerie alors que la force des Carthaginois
reposait sur l'infanterie. Hannibal essaiera de reproduire
le coup de l'encerclement qui lui avait réussi à Ofanto, mais
prévenus, les Romains ne se laissèrent pas encercler. Ce furent
cette fois les Carthaginois qui furent défaits. Hannibal perdit
près de 40 000 hommes contre 1 500 pour les
Romains. Soumis à une paix pesante par Scipion, les Carthaginois en voulurent à leur ancien général.</span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">À Carthage, Hannibal
se porta à la tête d'un parti privilégiant un régime démocratique
opposé à un autre prônant l'oligarchie rassemblé autour d'<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi0qilpRm-bPh-qBeXXpK5HDFIIylgARoLKUHhGm-0DZN4QDSaL-zLlgS7bxcG5hmg-Ck2WPHuddXxATNxiRueFD_-_7mfwkuZlPfebjL8YVPJKu90tbqmMKSmGBJSGLnFnoFW4Sff9_VvA/h120/hannon-le-grand-etait-un-riche-aristocrate-carthaginois-au-3eme-siecle-avant-jc-gravure-en-couleur-df95rn.jpg">Hannon le Grand</a> riche aristocrate </span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEix_jqWiXib2cKZBNf6XFQL181GGl1CmNYPJ_jOD6DehUmYNLeDBtcgVSE7_VF_lU-kkeZCtz_HWK7r_uXTttaz_QMyHWWdch1UJTnAF0cvY9_tKtzrNztDASPj7xdPA8jlP3QXGFy17zy1a5brMRivncGo9UUFaLXRqgVtbFBxdyUtHQNhMAvt28AdTw/s1300/hannon-le-grand-etait-un-riche-aristocrate-carthaginois-au-3eme-siecle-avant-jc-gravure-en-couleur-df95rn.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="904" data-original-width="1300" height="279" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEix_jqWiXib2cKZBNf6XFQL181GGl1CmNYPJ_jOD6DehUmYNLeDBtcgVSE7_VF_lU-kkeZCtz_HWK7r_uXTttaz_QMyHWWdch1UJTnAF0cvY9_tKtzrNztDASPj7xdPA8jlP3QXGFy17zy1a5brMRivncGo9UUFaLXRqgVtbFBxdyUtHQNhMAvt28AdTw/w400-h279/hannon-le-grand-etait-un-riche-aristocrate-carthaginois-au-3eme-siecle-avant-jc-gravure-en-couleur-df95rn.jpg" width="400" /></a>de Carthage. Élu suffète en 196, Hannibal restaure l'autorité et le
pouvoir de sa faction démocra-tique qui représente une menace pour
les oligarques qui ressortent les critiques du temps de guerre qui
l'accusaient d'avoir trahi Carthage en ne prenant pas d'assaut Rome.
Soupçonnant de détournements de fonds, Hannibal
décide que l'indemnité de guerre annuelle que Carthage devait à
Rome soit directement versée au trésor plutôt que d'être
collectée par les oligarques au travers de taxes extraordinaires.
Ces derniers font alors appel aux Romains qui exigent la reddition
d'Hannibal. Ce dernier choisi volontairement l'exil en 195.</span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Comme
Alcibiade, Hannibal se réfugia en Orient, sous la monarchie des
Séleucide. Commença alors une vie d'errance. Il finit par trouver
refuge en Bithynie auprès du roi </span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhABhYD1dFrpxnnbk-1r-X5zMymyTOaUqyURs23Fi507PQIP4GZugUFDwrhqKZ_oUE1LLAhUT5xOQUJ-YZ3uTJabNuNNFGsjeRyjsqBusQylpuUHj9nEcMwDqUf4tqC7vhF0Ggsq9PaU7uSnkrtqjPfJOvYKm0Wq7OB1YuTAiWC7CCQf8EH2_Lsm7SpYA/s1581/Prusias_I_of_Bithynia_bearded.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1552" data-original-width="1581" height="393" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhABhYD1dFrpxnnbk-1r-X5zMymyTOaUqyURs23Fi507PQIP4GZugUFDwrhqKZ_oUE1LLAhUT5xOQUJ-YZ3uTJabNuNNFGsjeRyjsqBusQylpuUHj9nEcMwDqUf4tqC7vhF0Ggsq9PaU7uSnkrtqjPfJOvYKm0Wq7OB1YuTAiWC7CCQf8EH2_Lsm7SpYA/w400-h393/Prusias_I_of_Bithynia_bearded.jpg" width="400" /></a></span></span></span></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhABhYD1dFrpxnnbk-1r-X5zMymyTOaUqyURs23Fi507PQIP4GZugUFDwrhqKZ_oUE1LLAhUT5xOQUJ-YZ3uTJabNuNNFGsjeRyjsqBusQylpuUHj9nEcMwDqUf4tqC7vhF0Ggsq9PaU7uSnkrtqjPfJOvYKm0Wq7OB1YuTAiWC7CCQf8EH2_Lsm7SpYA/s1581/Prusias_I_of_Bithynia_bearded.jpg">Prusias </a></span></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhABhYD1dFrpxnnbk-1r-X5zMymyTOaUqyURs23Fi507PQIP4GZugUFDwrhqKZ_oUE1LLAhUT5xOQUJ-YZ3uTJabNuNNFGsjeRyjsqBusQylpuUHj9nEcMwDqUf4tqC7vhF0Ggsq9PaU7uSnkrtqjPfJOvYKm0Wq7OB1YuTAiWC7CCQf8EH2_Lsm7SpYA/s1581/Prusias_I_of_Bithynia_bearded.jpg"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">I</span></span></a></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhABhYD1dFrpxnnbk-1r-X5zMymyTOaUqyURs23Fi507PQIP4GZugUFDwrhqKZ_oUE1LLAhUT5xOQUJ-YZ3uTJabNuNNFGsjeRyjsqBusQylpuUHj9nEcMwDqUf4tqC7vhF0Ggsq9PaU7uSnkrtqjPfJOvYKm0Wq7OB1YuTAiWC7CCQf8EH2_Lsm7SpYA/s1581/Prusias_I_of_Bithynia_bearded.jpg"><sup><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">er</span></span></span></sup></a><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">,
alors en guerre avec un allié de Rome, le roi Eumène II de
Pergamme. De nouveau stratège, il emporte une victoire au dépens
d'Eumène au cours d'une bataille navale durant laquelle il aurait
fait jeter sur les vaisseaux ennemis des jarres de terre cuite
remplies de serpents venimeux. En plus de ses succès militaires,
Hannibal fonde des villes : Prusa d'abord, à la demande du roi
Prusias, qui s'ajoute à Artaxata qui élève Hannibal au rang de
</span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><i><span style="font-weight: normal;">souverain
hellénistique. </span></i></span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Comme
toujours, tant de succès soulèvent des inquiétudes. Les Romains,
s'inquiètant de voir leur ancien ennemi consolider ses
rivaux, envoyèrent une ambassade conduite par <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhiM1SXrOnBF3cJi1Dfq44VUflR9v23JNBqfHPI72ALPn0PMzIjFlZvWBgLKrEOkhD-5nbzGELgynWXTWoMMyRbQ1oFCX5h3Pyrjx6pZkFQJCjVaC-mz5QCN659tZ5_UeFpj6P_ErYOUh1m/h120/Quinctius_Flamininus.jpg">Titus Quinctius Flaminius</a>
auprès de Prusias afin de
s'assurer de la personne d'Hannibal. Question épineuse. Est-ce
Flaminius qui demanda la tête d'Hannibal où est-ce le Bithynien
qui, pour s'acquérir des bonnes grâces de </span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgFNh_m70aeAl-_2Nu3LJHID2EK3uYDxQN2uc17ejEXGWVFG9CntoVUBwsCUCfAjc8jRjGf34KyhdFVwI_H-xO0ZmrL0YcO1GjIeSvXc12B9R15fTsWHPGAu2rRnB7FtaFBwFwhiCxlXyClPYWw9pGojh7NV7yD766g2Xlhn32vZXZUmbpOz9amLd-p6g/s947/Quinctius_Flamininus.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="947" data-original-width="938" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgFNh_m70aeAl-_2Nu3LJHID2EK3uYDxQN2uc17ejEXGWVFG9CntoVUBwsCUCfAjc8jRjGf34KyhdFVwI_H-xO0ZmrL0YcO1GjIeSvXc12B9R15fTsWHPGAu2rRnB7FtaFBwFwhiCxlXyClPYWw9pGojh7NV7yD766g2Xlhn32vZXZUmbpOz9amLd-p6g/w396-h400/Quinctius_Flamininus.jpg" width="396" /></a>Rome, décida de trahir
son invité? «</span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><i><span style="font-weight: normal;">Hannibal
était sur ses gardes. Il savait les Romains acharnés à sa
perte..., et ne se faisait aucune illusion sur Prusias, dont il
connaissait la faiblesse. Il avait un refuge à Libyssa, sur la côte
sud de la presqu'île bithynienne, un peu à l'ouest de Nicomédie;
une vraie tanière de renard, à lire Plutarque, avec des entrées et
des sorties multiples : sept souterrains partant de la maison
débouchaient au-dehors. Quand Hannibal fut averti que les soldats de
Prusias étaient déjà dans le vestibule, il envoya des serviteurs
explorer les autres issues. Elles étaient déjà, elles aussi,
gardées par les sbires du roi. Il eut alors recours au <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjO-G6q8U87WvqsV-RLhmMwqCjbffJf23YsX2eWrNucrfqjQYTSExSZZcf0dX1L13H_pgaLw43Qo4m-bgxyD2kneeKSlljM7VpGdX4rS_XJD702kdQ7T1BczJJGqePahdqQYy2bOAFk8078/h120/20120208-Hannibals_death.jpg">poison</a> qu'il
avait toujours sur </span></i></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><i><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiiENC8JE43cLKjxxd65OOkqzskeI2uNtqNSgvB_8mYEurCv6dGrM6BTNpPVDAfziQnaugXvxLS6z8fz0-R9vHvlx7-V-HlaMbHpNUaddS6yB49TZ3es0TVJV1BsKyePK7SS9d-zc8r0QY_jesCL4tliiwOQgiONt_PFSLugCwzvy28f0OXKqs2rqZXNA/s299/20120208-Hannibals_death.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="299" data-original-width="299" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiiENC8JE43cLKjxxd65OOkqzskeI2uNtqNSgvB_8mYEurCv6dGrM6BTNpPVDAfziQnaugXvxLS6z8fz0-R9vHvlx7-V-HlaMbHpNUaddS6yB49TZ3es0TVJV1BsKyePK7SS9d-zc8r0QY_jesCL4tliiwOQgiONt_PFSLugCwzvy28f0OXKqs2rqZXNA/w400-h400/20120208-Hannibals_death.jpg" width="400" /></a>lui, prêt pour une telle éven-tualité. Avant de
lui faire vider la coupe, Tite-Live lui a prêté des </span></i></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">ultima
verba </span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><i><span style="font-weight: normal;">évi-demment
fictifs, mais qui nous intéressent pour le reflet qu'ils nous
procurent sans doute de l'émotion que dut causer dans certains
cercles, à Rome et ailleurs, l'élimination peu glorieuse du vieil
homme - Hannibal avait alors soixante-trois ans - : un pauvre oiseau
déplumé par l'âge, dit Plutarque, qu'il eût mieux valu laisser
vivre. En prenant les dieux à témoin de l'inélégance des Romains
et de la traîtrise de Prusias, Hannibal retournait </span></i></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">in
fine </span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><i><span style="font-weight: normal;">contre
Rome l'accusation, cent fois lancée contre lui-même, de </span></i></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">fides
Punica» (S. Lancel. </span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><i><span style="font-weight: normal;">Hannibal,
</span></i></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Paris,
Fayard, 1995, pp. 336-337).</span></span></span></p><p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span><span style="font-style: normal;"></span></span></span></span></p><blockquote style="text-align: left;"></blockquote><p style="text-align: left;"></p><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Prusias
fut-il vraiment ce traître dont parlent les historiens latins?
D'autres références rappellent que «</span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;">Prusias,
sans aller jusqu'à braver le Sénat, protesta pourtant contre une
demande qui lui aurait fait violer les lois de l'hospitalité.
Puisque les Romains désiraient s'emparer d'Annibal, il leur
appartenait de venir le capturer!</span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">»
(G. P. Baker. </span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;">Annibal,
</span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Paris,
Payot, Col. Bibliothèque historique, 1952, pp. 295-296). À peu près
au même moment mourait Publius Scipion - qui avait pris le surnom d'Africain -, son ombre
romaine.</span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">L'ombre
de la Grèce et de Rome pesa sur la Renaissance occidentale, rappelant
ces moments où Grecs et Romains pouvaient tout autant se montrer leurs fidèles élèves en barbarie</span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">. La </span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi6zNG8rMAlIAvreKZlu1HcNr9qYVmyFfbWpDbuumRDxLHlBP4hQDuQw1j2mdLiVWoS7YaiQAVYNqb1OCkhX8BNjpVqQnWd4BUBAAMiqFe3-pEtyHbbAOkTB4aiwigjsqSNJZlPpxIGFlqsY7kCLtzCkYJDx3Xh-UY-qEf4YLTZbR9u0kDNk_INS8tVUw/s376/220px-Borgia_Apartment_002_(cropped)1.jpeg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="376" data-original-width="220" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi6zNG8rMAlIAvreKZlu1HcNr9qYVmyFfbWpDbuumRDxLHlBP4hQDuQw1j2mdLiVWoS7YaiQAVYNqb1OCkhX8BNjpVqQnWd4BUBAAMiqFe3-pEtyHbbAOkTB4aiwigjsqSNJZlPpxIGFlqsY7kCLtzCkYJDx3Xh-UY-qEf4YLTZbR9u0kDNk_INS8tVUw/w234-h400/220px-Borgia_Apartment_002_(cropped)1.jpeg" width="234" /></a></span></span></span></span>façon dont Alberigo dei Manfredi fit massacrer ses invités, ses parents, montre qu'ils pouvaient aller bien plus loin encore dans les outrages faits à leurs invités. La parole des princes italiens du </span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">XV</span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhABhYD1dFrpxnnbk-1r-X5zMymyTOaUqyURs23Fi507PQIP4GZugUFDwrhqKZ_oUE1LLAhUT5xOQUJ-YZ3uTJabNuNNFGsjeRyjsqBusQylpuUHj9nEcMwDqUf4tqC7vhF0Ggsq9PaU7uSnkrtqjPfJOvYKm0Wq7OB1YuTAiWC7CCQf8EH2_Lsm7SpYA/s1581/Prusias_I_of_Bithynia_bearded.jpg"><sup><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">e</span></span></span></sup></a></span> </span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">siècle ne valait pas mieux que celles de Pharnabaze ou de Prusias. On s'interroge ainsi de la façon de recevoir un réfugié pour ensuite en faire son otage et le négocier comme une marchandise sur le marché international. Ce fut ce qui arriva au malhleureux prince Zizim (1459-1496), dit aussi <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi6zNG8rMAlIAvreKZlu1HcNr9qYVmyFfbWpDbuumRDxLHlBP4hQDuQw1j2mdLiVWoS7YaiQAVYNqb1OCkhX8BNjpVqQnWd4BUBAAMiqFe3-pEtyHbbAOkTB4aiwigjsqSNJZlPpxIGFlqsY7kCLtzCkYJDx3Xh-UY-qEf4YLTZbR9u0kDNk_INS8tVUw/s376/220px-Borgia_Apartment_002_(cropped)1.jpeg">Djem</a> :</span></span></span></span></span></span></span></span></p><p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">«<i>Fils cadet du sultan ottoman Mehmet II, Djem tente, en 1481, à la mort de son père, de s'emparer du trône de Constantinople. Mais son frère aîné, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiWKmzj0jiW5fAp6KXxzWedtfjgWmjvbDjqt1vgP4v7Z2Ysl5jXF0CoMAX5zML30PzjbRUGf9HXPYzbyaLHekIDTS1adxWSDWXJFnYko0T7Ob92U9uuBqgeV0K1IuoGR6a6mqwde2g0qG53ojeDjAiUBtBcbiWNLhMDw_sBu6jB1F8glzLJuUXWnAT0qQ/s1544/Levni._Portrait_of_Bayezid_II._1703-30_Topkapi_Saray_museum.jpg">Bayezid II</a> (Bajazet II) est plus rapide et plus efficace, et Djem, acculé par les </i></span></span></span></span></span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><i><span style="color: black; font-size: medium;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span><i><span style="font-weight: normal;"><span style="color: black; font-size: medium;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span><i><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiWKmzj0jiW5fAp6KXxzWedtfjgWmjvbDjqt1vgP4v7Z2Ysl5jXF0CoMAX5zML30PzjbRUGf9HXPYzbyaLHekIDTS1adxWSDWXJFnYko0T7Ob92U9uuBqgeV0K1IuoGR6a6mqwde2g0qG53ojeDjAiUBtBcbiWNLhMDw_sBu6jB1F8glzLJuUXWnAT0qQ/s1544/Levni._Portrait_of_Bayezid_II._1703-30_Topkapi_Saray_museum.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1544" data-original-width="798" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiWKmzj0jiW5fAp6KXxzWedtfjgWmjvbDjqt1vgP4v7Z2Ysl5jXF0CoMAX5zML30PzjbRUGf9HXPYzbyaLHekIDTS1adxWSDWXJFnYko0T7Ob92U9uuBqgeV0K1IuoGR6a6mqwde2g0qG53ojeDjAiUBtBcbiWNLhMDw_sBu6jB1F8glzLJuUXWnAT0qQ/w206-h400/Levni._Portrait_of_Bayezid_II._1703-30_Topkapi_Saray_museum.jpg" width="206" /></a></span></i></span></span></span></span></i></span></span></span>défaites, se trouve contraint de se réfugier à Rhodes en 1482 auprès des Hospitaliers de Saint-Jean. Mais ses hôtes voient en lui un otage possible, aussi le cèdent-ils à la France, ce qui arrange également son frère, le sultan Bayazid II, qui accepte de verser la somme de 45 000 ducats d'or par an pour son entretien et sa détention. En 1489, Djem est "transféré", aux mêmes conditions à Rome où, confié à la garde du pape Innocent VIII, puis <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg92C3Ss6IdA32jF7-W536kp1kN4EljKPMo48GJ94RYtSOe6vHwXq5XjA4pBNgaRfl3qlpFfTK8TJWJMSZetW74MvGg3siRmag5qlxzPGp13dhxX0axVGjYHLokbCexlc3gSNqogK4CvQDdscY9234d3O2oxeqlS2D5Pb_Cc2b1N_2haWLRTAgqIBpg8w/s266/index.jpg">Alexandre VI</a>, il est détenu au Vatican puis au château Saint-Ange. Recevant </i></span></span></span></span></span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><i><span style="color: black; font-size: medium;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span><i><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg92C3Ss6IdA32jF7-W536kp1kN4EljKPMo48GJ94RYtSOe6vHwXq5XjA4pBNgaRfl3qlpFfTK8TJWJMSZetW74MvGg3siRmag5qlxzPGp13dhxX0axVGjYHLokbCexlc3gSNqogK4CvQDdscY9234d3O2oxeqlS2D5Pb_Cc2b1N_2haWLRTAgqIBpg8w/s266/index.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="266" data-original-width="190" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg92C3Ss6IdA32jF7-W536kp1kN4EljKPMo48GJ94RYtSOe6vHwXq5XjA4pBNgaRfl3qlpFfTK8TJWJMSZetW74MvGg3siRmag5qlxzPGp13dhxX0axVGjYHLokbCexlc3gSNqogK4CvQDdscY9234d3O2oxeqlS2D5Pb_Cc2b1N_2haWLRTAgqIBpg8w/w286-h400/index.jpg" width="286" /></a></span></i></span></span></span>régulièrement des envoyés de son frère pour s'assurer qu'il est toujours en vie, Djem rêve de s'enfuir et fait même des projets d'évasion avec les Vénitiens. Toutefois il est devenu un enjeu majeur dans la géopolitique méditerranéenne : pour le sultan ottoman, il reste un prétendant menaçant, quand pour la chrétienté, il est un atout dans la confrontation avec l'Orient. Le pape y voit une source de revenu commode, mais également un moyen de chantage face à l'impérialisme ottoman : c'est dans ce sens que son rôle est envisagé par un traité d'alliance entre Venise, Milan et la papauté de 1493. Cet équilibre fragile est bouleversé par le projet de croisade élaboré par <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEieHZWhx9VvfIOSxqpZytL_mu4J4gozxvvCNNyIe3PJ0B9sxiRYgNW8oOxxjGc5v9aaZ7iqEsT1FYtjEtVU8u-fSbxGhDpNxEJwpV9ZVfGjRPIIB3b223n2eeaBmo99Rc7OealN8ttrCM_w6pp8cPtV7Y3s1lQQjwJ5YCZEKwn0orcdqVgzEwxGrQPsKA/s635/Charles_VIII_Ecole_Francaise_16th_century_Musee_de_Conde_Chantilly.jpg">Charles VIII</a> en 1494, dans la foulée de ses </i></span></span></span></span></span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><i><span style="color: black; font-size: medium;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span><i><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEieHZWhx9VvfIOSxqpZytL_mu4J4gozxvvCNNyIe3PJ0B9sxiRYgNW8oOxxjGc5v9aaZ7iqEsT1FYtjEtVU8u-fSbxGhDpNxEJwpV9ZVfGjRPIIB3b223n2eeaBmo99Rc7OealN8ttrCM_w6pp8cPtV7Y3s1lQQjwJ5YCZEKwn0orcdqVgzEwxGrQPsKA/s635/Charles_VIII_Ecole_Francaise_16th_century_Musee_de_Conde_Chantilly.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="635" data-original-width="480" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEieHZWhx9VvfIOSxqpZytL_mu4J4gozxvvCNNyIe3PJ0B9sxiRYgNW8oOxxjGc5v9aaZ7iqEsT1FYtjEtVU8u-fSbxGhDpNxEJwpV9ZVfGjRPIIB3b223n2eeaBmo99Rc7OealN8ttrCM_w6pp8cPtV7Y3s1lQQjwJ5YCZEKwn0orcdqVgzEwxGrQPsKA/w303-h400/Charles_VIII_Ecole_Francaise_16th_century_Musee_de_Conde_Chantilly.jpg" width="303" /></a></span></i></span></span></span>ambitions italiennes. En effet, Charles VIII entend reprendre Djem Sultan et l'employer dans sa croisade... Arrivé à Rome en décembre 1494, le roi de France use de la menace pour arracher au pape un accord, et la remise de l'otage, le 27 janvier 1495. L'accord en soi est significatif de ce que "vaut" désormais le prince ottoman : Charles VIII s'engage à verser 20 000 ducats au pape Alexandre VI - qui lui cède pour six mois Djem, avec son soutien à la croisade accordée du bout des lèvres - ainsi qu'une caution démesurée de 500 000 ducats... Djem peut bien fantasmer au sujet d'une croisade qui le rétablirait sur le trône ottoman, les enjeux le dépassent. Charles VIII imagine que Djem pourrait être converti, baptisé et installé sur le trône d'un Empire ottoman qui se christianiserait dans la foulée... De son côté, Bayezid II a proposé au roi français la couronne de Jérusalem (depuis 1498) en échange de la détention de son frère et d'une alliance contre les Mamelouks du Caire, lesquels offrent la même couronne au roi en échange d'une alliance épaulée par Djem... La mort de ce dernier, à Naples, en 1495, solde l'affaire, et les guerres d'Italie anéantiront les rêves de croisade de Charles VIII. Mais l'épisode de l'otage ottoman préfigure le devenir des otages, monnayables à la fois financièrement et politiquement, enjeux d'une politique qui ne se fait plus à hauteur d'hommes</i>» (G. Ferragu. <i>Otages, une histoire, </i>Paris, Gallimard, Col. Folio-Histoire, # 294, 2020, pp. 94 à 96).</span></span></span></span></span></span></span></span></p><p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Or, le prince Djem fut-il, comme on l'a maintes fois rapporté, victime des poisons des Borgia? Le sultan Bayezid avait effectivement suggéré au pape, tenu par une entente forcée </span></span></span></span></span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="color: black; font-size: medium;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhjkjsD1BKIADx0Yp5KjRbjJn2FNpMjdgNvMva0mNZuoCBP5gD_I9A011YgryMZpYAe8xwd77CvuUcqEDm-FoBHdXpamBE4XAXJ_s5-ztqyO3XPzM7oXixMkaHg_rYVJV7tfbN2pHF-rr0QKKx4R7SlCNUaR9XDafKw2XN-r33pMuNpj2J3YLqcFrNBmA/s800/Cesare-borgia-leaving-the-vatican-giuseppe-lorenzo-gatteri.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="596" data-original-width="800" height="297" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhjkjsD1BKIADx0Yp5KjRbjJn2FNpMjdgNvMva0mNZuoCBP5gD_I9A011YgryMZpYAe8xwd77CvuUcqEDm-FoBHdXpamBE4XAXJ_s5-ztqyO3XPzM7oXixMkaHg_rYVJV7tfbN2pHF-rr0QKKx4R7SlCNUaR9XDafKw2XN-r33pMuNpj2J3YLqcFrNBmA/w400-h297/Cesare-borgia-leaving-the-vatican-giuseppe-lorenzo-gatteri.jpg" width="400" /></a></span></span></span></span></span>avec le roi de France, d'«<i>enlever Djem aux misères de cette terre</i>» assorti de 300 000 ducats d'or en plus d'une assistance mutuelle et perpé-tuelle. Lettre apocryphe a-t-on dit. Toutefois, cela traduisait assez bien la nature des pourparlers secrets qui devaient en arriver à la même conclusion. Pour Giuseppe Portigliotti, des tractations d'Alexandre avec Ferdinand d'Aragon lui aurait fait confier la garde de Djem à son fils, le cardinal <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhjkjsD1BKIADx0Yp5KjRbjJn2FNpMjdgNvMva0mNZuoCBP5gD_I9A011YgryMZpYAe8xwd77CvuUcqEDm-FoBHdXpamBE4XAXJ_s5-ztqyO3XPzM7oXixMkaHg_rYVJV7tfbN2pHF-rr0QKKx4R7SlCNUaR9XDafKw2XN-r33pMuNpj2J3YLqcFrNBmA/s800/Cesare-borgia-leaving-the-vatican-giuseppe-lorenzo-gatteri.jpg">César Borgia</a>. Ce faisant, note l'historien italien, «<i>il est évident que le pape accordait à sa possession une trop jalouse attention pour qu'elle fût légitimée par la simple crainte de perdre la pension annuelle. </i></span></span></span></span></span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><i><span style="color: black; font-size: medium;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span><i><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgkZB1gDhoGk57NZRArEzmCcp2r12-JruaGXPuqCBQW2LEIVgYD99xrOqM_gyCxlZn7GDuWVqFHJkqVJDoH7xDUgAUtOUwNLmm3cVQqoLXHGb0kBRQ-H9jUvmPusWt0Qjp3rt2esFyLxPtWAPQLv11z8XRe8yC_rM3hFRvkAUZ_yDg_6ak0Fit8wXX_wA/s500/tumblr_llecttSjOk1qggdq1.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="495" data-original-width="500" height="396" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgkZB1gDhoGk57NZRArEzmCcp2r12-JruaGXPuqCBQW2LEIVgYD99xrOqM_gyCxlZn7GDuWVqFHJkqVJDoH7xDUgAUtOUwNLmm3cVQqoLXHGb0kBRQ-H9jUvmPusWt0Qjp3rt2esFyLxPtWAPQLv11z8XRe8yC_rM3hFRvkAUZ_yDg_6ak0Fit8wXX_wA/w400-h396/tumblr_llecttSjOk1qggdq1.jpg" width="400" /></a></span></i></span></span></span>Djem était un gage précieux entre ses mains et si un accord tacite avec Bajazet II n'était pas encore conclu, il pouvait toujours avoir lieu à la satis-faction de tous deux, au détriment du mal-heureux prisonnier </i>(G. Portigliotti. <i>Les Borgia, </i>Paris, Payot, 1953, p. 87). Charles VIII avait obtenu du pape la «consigne» du prince <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgkZB1gDhoGk57NZRArEzmCcp2r12-JruaGXPuqCBQW2LEIVgYD99xrOqM_gyCxlZn7GDuWVqFHJkqVJDoH7xDUgAUtOUwNLmm3cVQqoLXHGb0kBRQ-H9jUvmPusWt0Qjp3rt2esFyLxPtWAPQLv11z8XRe8yC_rM3hFRvkAUZ_yDg_6ak0Fit8wXX_wA/s500/tumblr_llecttSjOk1qggdq1.jpg">Djem</a>, mais accompagné par le cardinal Borgia, emmenés tous deux au camp français de Naples avec un statut d'otages. César parvint à s'enfuir déguisé en garçon d'écurie alors que Djem décédait subitement. Considérant la réputation de la famille, on ne tarda pas à accuser les poisons des Borgia d'avoir libéré Djem des <i>misères de cette terre</i>!</span></span></span></span></span></span></span></span></p><p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Le Britannique Collison-Morley doute que «<i>le poison lent des Borgia, probablement mythique, devait être en effet merveilleux s'il eut la propriété de devenir fatal à Djem un mois après qu'il lui eut été administré par César</i>». Le commentaire de l'évêque <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgKMYMK9_-iegKBG6g2rollVgYdyKsLEjgtQZaiEjPrG3NYjCwGb9EGkmm7wuc-sxh3Rg6dSzoTHmT8ZHWwCBtAkxRJLGrmLhPAlRbTUhs5sYoV-PdfYRe1tD51lm58RAwN69sCjnLprOVMvDtUsFbAebkjSTmXC6foty79qDT0qeqJebD3MlQ9o-YemQ/s512/unnamed.jpg">Johann </a></span></span></span></span></span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="color: black; font-size: medium;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><a style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="512" data-original-width="412" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgKMYMK9_-iegKBG6g2rollVgYdyKsLEjgtQZaiEjPrG3NYjCwGb9EGkmm7wuc-sxh3Rg6dSzoTHmT8ZHWwCBtAkxRJLGrmLhPAlRbTUhs5sYoV-PdfYRe1tD51lm58RAwN69sCjnLprOVMvDtUsFbAebkjSTmXC6foty79qDT0qeqJebD3MlQ9o-YemQ/w323-h400/unnamed.jpg" width="323" /></a></span></span></span></span></span><a href="https://www.blogger.com/#">Burchard</a>, chroniqueur peu amène des Borgia, se montre plutôt perplexe : «<i>Burchard dit que "Gem" mourut d'avoir mangé ou bu quelque chose qui ne lui convenait pas. L'envoyé mantouan crut qu'il était mort de mort naturelle, mais nombre de gens prétendent qu'on lui avait donné quelque chose à boire, expression sibylline qui ne se rencontre que trop fréquemment dans les dépêches ultérieures de Rome. Le Conseil des Dix à Venise, qui n'était pas ami d'Alexandre, écrivit à leur ambassadeur à Constantinople que Djem avait mal à la gorge en quittant Rome et que le rhume lui était ensuite tombé sur la poitrine. Cela parut raisonnable dans le cas d'un homme qui avait fait un long voyage en hiver après une réclusion assez prolongée. Ludovic le More lui-même n'avait aucun doute à ce sujet. Et on ne voit pas très bien ce que le pape avait à gagner si Djem mourait étant au pouvoir de Charles</i>» (L. Collison-Morley. <i>Histoire des Borgia, </i>Paris, Payot, Col. Bibliothèque historique, 1951, pp. 77-78).</span></span></span></span></span></span></span></span></p><p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Il est vrai, en apparence du moins, que la disparition du prince Djem ne servait pas les intérêts des Borgia. Alexandre avait été contraint de le laisser «<i>en consigne</i>» au roi de France, avec son fils César : «<i>En gage de la bonne exécution de l'accord, le pape avait </i></span></span></span></span></span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><i><span style="color: black; font-size: medium;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span><i><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgUbP-p8OhFtUYvGegmIZScKa5mIJ01nAvYPbNya3BlfU0WWEIjcrrPOcOwUF3ptYzvXBEsYTRRdqZCjBEcopeqRgQToPBCOsvt5UqxJ8KUoPwOTqnwPIZf6BKZo1B3XXuo2YkCUSc-wN0F9fssMXjr72fEBLg9Uy56W7h2NgGoK9miHV1jF8uNxmrPpg/s313/Philippe_de_Commynes_Louvre_LP_47.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="313" data-original-width="220" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgUbP-p8OhFtUYvGegmIZScKa5mIJ01nAvYPbNya3BlfU0WWEIjcrrPOcOwUF3ptYzvXBEsYTRRdqZCjBEcopeqRgQToPBCOsvt5UqxJ8KUoPwOTqnwPIZf6BKZo1B3XXuo2YkCUSc-wN0F9fssMXjr72fEBLg9Uy56W7h2NgGoK9miHV1jF8uNxmrPpg/w281-h400/Philippe_de_Commynes_Louvre_LP_47.jpg" width="281" /></a></span></i></span></span></span>donné deux otages : l'un était le prince Djem, mais il était entendu que le roi le restituerait quatre mois plus tard. L'autre était César Borgia. Charles VIII attachait une grande importance au fait de garder près de lui le frère de Bajazet, qui lui permettait de tenir en échec le Grand Turc, et le fils du pape, qu'Alexandre VI adorait. Le pauvre Djem ne devait pas demeurer longtemps sous la tutelle du Valois; il mourut le 25 février, et Commines prétend qu'il "fut empoisonné". C'est aussi l'opinion de Sanudo, qui parle d'"un poison à retardement" qui ne devait faire son effet qu'un mois environ après le départ de Rome. Il est plus vraisemblable que tombé malade dans ce dur hiver de 1495, traîné à la suite de l'armée à travers toutes les intempéries, le pauvre Djem, mal soigné, négligé, délaissé, n'a pas résisté aux fatigues de ce voyage</i>» (M. Brion. <i>Les Borgia, </i>Paris, Tallendier, Col. Texto, 2011, pp. 122-123). Bien qu'il apparaisse que les Borgia ne fussent point à l'origine de la mort du prince Djem, d'autres questions demeurent toutefois sans réponse :</span></span></span></span></span></span></span></span></p><p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"></span></span></span></span></span></span></span></p><blockquote style="text-align: left;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">«<i>À l'entrée du roi à Capoue, le frère du sultan chevauche au côté du souverain, </i></span><span style="font-weight: normal;"><i><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><i><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><i><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><i><span style="color: black; font-size: medium;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="color: black; font-size: medium;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span><i><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgEDmjYv83C993w1YuFwJ1BXy1jd8WaQ33b7s5AoL32RD4j9tFCb9G6ck-AytXitYHD0OA2vfXOVCvZz5EPOMF9NjX5KaQWZAudafarJiJaeoSKuKEkRr2eI1W-QTLFK0j0BHXYXIBhaPAWzMztW1mQIkHs_zvdxkwfTWM_A7kvc1sbxbj0Lg7keaHQDg/s1442/Eloi-Firmin-Feron-ENTREE-DE-CHARLES-VIII-A-NAPLES.12-MAI-1495.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1200" data-original-width="1442" height="266" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgEDmjYv83C993w1YuFwJ1BXy1jd8WaQ33b7s5AoL32RD4j9tFCb9G6ck-AytXitYHD0OA2vfXOVCvZz5EPOMF9NjX5KaQWZAudafarJiJaeoSKuKEkRr2eI1W-QTLFK0j0BHXYXIBhaPAWzMztW1mQIkHs_zvdxkwfTWM_A7kvc1sbxbj0Lg7keaHQDg/w320-h266/Eloi-Firmin-Feron-ENTREE-DE-CHARLES-VIII-A-NAPLES.12-MAI-1495.jpg" width="320" /></a></span></i></span></span></span></span></span></span></span></i></span></span></span></span></span></span></span></span></i></span></span></span></span></span></span></span></span></i></span></span></span></span></span></span></span></span>mais il tient à peine à cheval, car il souffre de violentes douleurs dans la tête et la gorge. Les jours</i></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><i> suivants, le mal gagne la poitrine. On doit porter le prince en litière à Aversa puis à Naples où Charles VIII entre le 22 février. Les médecins du roi ne peuvent rien contre cette maladie mystérieuse. Le 25 février, âgé de trente-cinq ans, Djem meurt, certainement d'une pneumonie résultant d'une bronchite.</i></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></blockquote><p style="text-align: left;"></p><blockquote style="text-align: left;"><i>Comme on le fait souvent lors de la mort subite d'un prince, on parle de poison. D'abord le cérémoniaire Burckard, Djem aurait absorbé "un aliment ou un breuvage qui ne convenait</i><i> pas à son estomac et dont il n'avait pas l'habitude". L'hypothèse de l'empoisonnement est ainsi discrètement formulée. L'historiographe vénitien Mario Sanudo croit savoir que le cadavre présentait des signes non équivoques de mort par le poison. Il se fait l'écho des rumeurs : "Le pape aurait livré au roi le prince empoisonné", mais il ajoute tout aussitôt qu'il s'agit là d'une "accusation à laquelle on ne doit pas ajouter foi car c'eût été au détriment du pape tout le premier". Certes le décès ne semble pas profiter à Alexandre VI : il perd les 40 000 ducats de rente annuelle versés par Bajazet II pour la pension de son frère. Mais les ennemis d'Alexandre VI se souviennent opportunément que, dans des lettres adressées au pape, saisies à l'automne de 1494, le sultan lui a offert 300 000 ducats contre la suppression de Djem. Si aucune trace n'existe d'un tel transfert d'argent, le fait que plus tard Alexandre essaiera de se faire payer la remise du cadavre à Bajazet est pour le moins troublant. Les Turcs eux-mêmes croyaient à l'empoisonnement : le chroniqueur Seadeddin supposait qu'un barbier avait inoculé le poison du pape à l'aide du rasoir.</i></blockquote><p style="text-align: center;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhNkhYpTaz9NUORhKQ0M8Unp4miqQouTFIdW3EQVl3l_y21HRBw-jLFszUTNyy89Q3rpxgXcRZ3VFqaYhQJKfEW-UPvGAuNLHXRRRBKHX7zkhANjzBDJUEXAJPcMZ27yiMMRwycnY5wX2R8qF_SgI3Evnop-GUP4zLtHg4fjjdKQ8a-YmcHLBWPewzUDw/s740/A_Glass_of_Wine_with_Caesar_Borgia_-_John_Collier.jpeg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="462" data-original-width="740" height="250" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhNkhYpTaz9NUORhKQ0M8Unp4miqQouTFIdW3EQVl3l_y21HRBw-jLFszUTNyy89Q3rpxgXcRZ3VFqaYhQJKfEW-UPvGAuNLHXRRRBKHX7zkhANjzBDJUEXAJPcMZ27yiMMRwycnY5wX2R8qF_SgI3Evnop-GUP4zLtHg4fjjdKQ8a-YmcHLBWPewzUDw/w400-h250/A_Glass_of_Wine_with_Caesar_Borgia_-_John_Collier.jpeg" width="400" /></a></span></span></span></span></span></span></span> <br /></p><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"></p><blockquote style="text-align: left;"><i>Ainsi de toutes parts, débute une véritable campagne de calomnie à l'égard des <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgjzd-blhjQ7FvfMQGD6AxtL9jTy0-KYfnQG-HDX3N7VMLngNCbyAVvP1UiBL0hmZaFsZk1ebR6y17J15qpaCZeurmfeCqhyphenhyphen3EXsKWlDtPQQYb64KdktLD6IXwjz3HSDJsnJ49wnBFmc7P9/h120/A_Glass_of_Wine_with_Caesar_Borgia_-_John_Collier.jpeg">Borgia</a>. Murmurée par les contemporains, l'accusation se retrouve amplifiée chez </i><i><span style="color: black; font-size: medium;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span><span style="color: black; font-size: medium;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj5TDShd_J1UQBEFHjGDfz_ko8LmDce8Hr1UgVlMRMUzn4e6gM6fE0HxN4vy8OqUTUFZ45kN_mId5EZXRDHoc4ydiIfW4szaIU3jgJA0KvDCHuBJQFx6tyf2aU0pTzAMdsaVJRtzRsB-evpokXEF1XrtkLhEJgbXAAX5L0t8DYzXRvnBgc0QjbbqhHd7Q/s1024/Paulus_Iovius_-_Serie_Gioviana.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1024" data-original-width="765" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj5TDShd_J1UQBEFHjGDfz_ko8LmDce8Hr1UgVlMRMUzn4e6gM6fE0HxN4vy8OqUTUFZ45kN_mId5EZXRDHoc4ydiIfW4szaIU3jgJA0KvDCHuBJQFx6tyf2aU0pTzAMdsaVJRtzRsB-evpokXEF1XrtkLhEJgbXAAX5L0t8DYzXRvnBgc0QjbbqhHd7Q/w239-h320/Paulus_Iovius_-_Serie_Gioviana.jpg" width="239" /></a></i></span></span></span></span></span></span>leurs successeurs. Au siècle suivant l'historien italien <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg_eJ9JGylIkAJXwwwmsiR64tvLVQjputuXvHvu5I7bTVwFjDq5bGquFrvh7qM72iuuz6wpCFDgATZQs8Lnp3Klcyj7-FzVgTTIGHfgZWA4P-SN05bvm3beDvFmnW1AyMmv7UbyPfQQZRG0/h120/Paulus_Iovius_-_Serie_Gioviana.jpg">Paul Jove</a> se prononce pour l'empoisonnement : "C'était une opinion générale que le pape par haine du roi de France et pour gagner la récompense promise par le sultan, avait fait mêler une poudre mortelle au sucre que Djem mettait dans toutes ses boissons. C'était une poudre très blanche, d'un goût non désagréable, qui n'opprimait pas subitement les esprits vitaux comme les poisons d'aujourd'hui, mais qui se glissait peu à peu dans les veines en amenant tardivement la mort". <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh3ao21uu5erO3lNNm_L5z1hyphenhyphen6y1lHKo9vEuauxQYuzsMcMhnnJeQo0RC1fOveLU5sQ25xfaUtYn5L8uzn05jzw5EOSLNzyAoDEWcDIhuSH9XSNF3xd6S_PJQ2cnS1EwPo6IvEwZOH6LKhQ/h120/francesco-guicciardini.jpeg">Guichardin</a> porte la même accusation et ajoute que la nature criminelle du pontife rend vraisemblable un </i><i><span style="color: black; font-size: medium;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span><span style="color: black; font-size: medium;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEibgHJKbcbd5DZr3neRrNNf3nBk1D9U9V1Wg6vEQv-ddSfgznDKMZwsNBDBmf6RZszyq2bH8wmUbZej_3o-VPfTWF0peyusTrhU4cX0PgBCBhBBloRcObdt2aQAmPLG4Lxgq5mv10_nRAX6sRYtfuHBtKdTWXbIXpuMHukPrZJTx6Amcr-w8kNR1FZ0yg/s212/francesco-guicciardini.jpeg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="212" data-original-width="168" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEibgHJKbcbd5DZr3neRrNNf3nBk1D9U9V1Wg6vEQv-ddSfgznDKMZwsNBDBmf6RZszyq2bH8wmUbZej_3o-VPfTWF0peyusTrhU4cX0PgBCBhBBloRcObdt2aQAmPLG4Lxgq5mv10_nRAX6sRYtfuHBtKdTWXbIXpuMHukPrZJTx6Amcr-w8kNR1FZ0yg/w254-h320/francesco-guicciardini.jpeg" width="254" /></a></i></span></span></span></span></span></span>tel forfait. Le poison employé aurait été soit de l'arsenic, soit de la poudre de cantharide obtenue par la dessiccation de petits scarabées : la cantharide procure à petite dose un effet aphrodisiaque et à dose moyenne des lésions internes capables de provoquer la mort. La légende du poison lent des Borgia allait connaître une belle fortune littéraire à partir de ces quelques suppositions.</i></blockquote><blockquote style="text-align: left;"><p><i>Ne souhaitant pas envenimer ses rapports avec le Saint-Siège, Charles VIII avait préféré opter pour l'hypohtèse d'une mort naturelle. Il avait fait embaumer le cadavre et l'avait déposé dans le château de Gaàte : les restes de l'otage ne devaient être transportés que quatre ans plus tard, en 1499, dans la nécropole de ses ancêtres à Bursa en Anatola.</i></p></blockquote><p style="text-align: left;"></p><p style="text-align: left;"></p><blockquote style="text-align: left;"><i>Il est incontestable que la mort de Djem profitait indirectement au pape et à tous ceux qui, en Italie, se déclaraient maintenant hostiles à la venue du roi de France : en effet elle retirait à Charles VIII l'atout dont il pensait se servir pour la croisade après avoir effectué la conquête de Naples. Le mobile religieux du roi ayant disparu. Alexandre pouvait s'allier à Venise et à Milan pour enfermer Charles dans un piège en interrompant ses liaisons avec la base arrière du duc d'Orléans, resté au Piémont, et avec la France</i>» (I. Cloulas. <i>Les Borgia, </i>Paris, Fayard, 1987, pp. 156 à 158).<br /></blockquote> <p style="text-align: left;"></p><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span>Il apparaît au fond
peu important que le prince Djem ait été ou non empoisonné. Des
Chevaliers hospitaliers au pape puis au roi de France, le prince qui
était venu demander asile </span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg9IQTc5Oe_PF2H_w3tug6x2fp5Pk4NZ3aqNu2qBbUE2sNyZzoIy-HCfuXuJ2j1Zy5TQ8I-mMb573CCoOoovSKDGv5C21O48czb1YQPNVdzdY9ZQ3ARNFPObFNAiwpTiR4R48hfMlJyyEZ0OFqj0KUEk9xZE_CO5t1TU-jHHX6ZJM5ACYivS4fSolbkZg/s1300/CARTE-~1.JPG" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="993" data-original-width="1300" height="305" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg9IQTc5Oe_PF2H_w3tug6x2fp5Pk4NZ3aqNu2qBbUE2sNyZzoIy-HCfuXuJ2j1Zy5TQ8I-mMb573CCoOoovSKDGv5C21O48czb1YQPNVdzdY9ZQ3ARNFPObFNAiwpTiR4R48hfMlJyyEZ0OFqj0KUEk9xZE_CO5t1TU-jHHX6ZJM5ACYivS4fSolbkZg/w400-h305/CARTE-~1.JPG" width="400" /></a></span></span>pour fuir ceux que son frère avait
envoyés pour le tuer passa du statut de réfugié à celui d'otage,
enfin en monnaie de négo-ciation diploma-tique.
Qu'il fût vivant ou mort, Djem ne valait rien en lui-même,
seulement en tant que stratégie ou tactique dans des négociations où il n'avait pas son mot à dire entre la France, Rome, Venise et <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjuOCKMWeS5Yc4DNt1ggpdUzOJ-aSl5xh2Y2-HUBZTZ8tfsqGLyo3wjGW__13wdYnZv9SR1ffEgpYyTUsXpOcyOgx09eYvC-uhuKXCZLNHzbJBmYX11WrnbpxdhlXGztXXJEGRvoRrltkIi/h120/CARTE-%257E1.JPG">Constantinople</a>. L'ancienne
trahison brutale des barbares s'était enrichie du diktat de la raison d'État. Ce sont ces mêmes rapports de force
qui devaient sceller le sort de Marie, reine d'Écosse.</span></span></div><p style="text-align: left;"></p><p style="text-align: left;"></p><p style="text-align: left;"></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhv38LPg_WZzOQrCwhLAST9MO2roFR9VOhF65tHteF30Y4Y6PzPdWxS7V30k9_Pbt2b-oYQ7ijWwPdG9Pva8Zzv0_3M2OjkF9mWyRJNtdELRK2vv5j4T6vx6d72kOngIkTkgHvlPhPijGyT/h120/mary_stuart_1542_87.jpg">Marie Stuart</a> (1542-1587) fut reine d'Écosse mais elle ne fut pas la reine des Écossais. Jouet de forces
considérablement plus puissantes que ses capacités politiques, elle n'avait ni le </span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhckVwJ8CSny7ZvYfKud5LMFItW7tkKVJ2G5e4MpHYkyaXS_eujStc2N7wOls2v2qvLZIyJ37ISaEGeqKZgyE76GDBJtIvAKk-K5i7YCBCqYKxZu_vSmyvEvFazKshM0k0JCCEERNHW0fin7tihlOciU-VPM2pYbYNG9MOGztF3_mLFxxZ66GOPgfu4bA/s550/mary_stuart_1542_87.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="550" data-original-width="446" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhckVwJ8CSny7ZvYfKud5LMFItW7tkKVJ2G5e4MpHYkyaXS_eujStc2N7wOls2v2qvLZIyJ37ISaEGeqKZgyE76GDBJtIvAKk-K5i7YCBCqYKxZu_vSmyvEvFazKshM0k0JCCEERNHW0fin7tihlOciU-VPM2pYbYNG9MOGztF3_mLFxxZ66GOPgfu4bA/w324-h400/mary_stuart_1542_87.jpg" width="324" /></a>sens de l'État que
disposaient des femmes comme Catherine de Médicis ou Élisabeth
d'Angleterre, ni leur intelligence pour savoir quand et comment tirer son épingle de jeu qui
la dominait. Inconnue au départ des Écossais, elle devint vite haïe de la population, victime des campagnes menées contre elle par le prédicateur calviniste John Knox. Ainsi passa-t-elle d'une cour aux mœurs sans doutes
cruelles mais raffinées de la Renaissance française à la brutalité
sauvage d'une Écosse encore toute médiévale. Comme Djem, elle n'était rien qu'un instrument, aussi bien entre les mains des
Valois, lorsqu'elle était reine de France aux côtés du falot François
II, que de son cousin et époux, Henry Stuart - lord Darnley - qu'elle
fît assassiner avec l'aide de son amant Bothwell qu'elle épousa
sous le rite protestant, suscitant l'ire de la confédération des
nobles écossais. Emprisonnée au château de Loch Leven, situé sur
une île au milieu du loch, en juin 1567, elle abdiqua le 24 juillet
en faveur de son fils Jacques, âgé alors d'un an. Si elle avait eu
plus de discernement que d'ambition, aurait-elle utilisée cette
situation comme une occasion de devenir autre chose qu'une reine
malheureuse. Malheureusement, elle s'évada le 2 mai 1568 et leva une
petite armée dans l'espoir de récupérer son trône.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Plus
d'une semaine après son évasion, à la bataille de Langside, le 13
mai, elle prit le parti </span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgmrzuZCs2TTfPiTOK0Zc2UG1wtQwQq4PFvbOjtovfRrtAqgainotOKyLLLFxnfIl8Ox5u4X3RPcC1OHhsXzkLXrzYYJ6_C2BfJILZtkaQ_8pR4yZekuyfd94NuJacmIJpgIx0U1KDHtuWh0O1J3f_IokWrnCO2j2LkZL2uMCcHg9xTqtqr_QY0r2ryRg/s356/BnF,_NAL_83,_folio_154_v_-_Francis_II_and_Mary,_Queen_of_Scots.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="356" data-original-width="220" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgmrzuZCs2TTfPiTOK0Zc2UG1wtQwQq4PFvbOjtovfRrtAqgainotOKyLLLFxnfIl8Ox5u4X3RPcC1OHhsXzkLXrzYYJ6_C2BfJILZtkaQ_8pR4yZekuyfd94NuJacmIJpgIx0U1KDHtuWh0O1J3f_IokWrnCO2j2LkZL2uMCcHg9xTqtqr_QY0r2ryRg/w248-h400/BnF,_NAL_83,_folio_154_v_-_Francis_II_and_Mary,_Queen_of_Scots.jpg" width="248" /></a>de se réfugier chez sa cousine Élisabeth, en
Angleterre. Pourquoi en Angleterre? Comme se le demande Stefan Zweig,
elle aurait pu «</span></span></span></span><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span><span style="font-weight: normal;">aller
en France, en Espagne, en Angleterre. C'est en France qu'elle a été
élevée, là elle a des parents et des amis; nombreux y sont encore
ceux qui l'aiment, les poètes qui l'ont chantée, les gentilshommes
qui l'ont escortée; jadis ce pays l'a traité avec la plus large
hospitalité, et l'a couronnée avec faste et magnificence. Mais
c'est précisément parce qu'elle y fut <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEim1eTamDQsPhBGnzCYkqVU5sk0VfbhqjTtlCj-7KDFk0py5NTILIoZjgrkav2JA7Ksy-U3iUOlMjyM-6pOR-k2XJI8Oq7xRUcggRtXepqjTRBdg6v8YhtXuPo9qypnPIFQJyiBo5ISQkyh/h120/BnF%252C_NAL_83%252C_folio_154_v_-_Francis_II_and_Mary%252C_Queen_of_Scots.jpg">reine</a>, parce qu'elle y vécut
au milieu d'un luxe unique au monde, parce qu'elle y a été la
première parmi les premières, qu'elle ne veut pas y retourner en
mendiante, en suppliante, les vêtements déchirés, l'honneur
entaché. Elle ne veut pas affronter le sourire ironique de Catherine
de Médicis, la haineuse Italienne, ni recevoir l'aumône ou se
laisser </span></span></span></i></span><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh16yXioLCizTVHE5611J1O-20m8fiNHlLTtUhZktGdAyiTlMBWUBggo9qCvya1ChUC9kuwUOOmkQ_5lUuHhGaB4cdyYnSXezpUpo6Mc9PODYBzH-Hip30a1X-FEHEsdMXIOhHqv230gKQQV_0GnbeisElpIpiF8jNB9N8mEL0IB6hGRSSWAruAy9k9Bw/s222/220px-James_Hepburn,_4th_Earl_of_Bothwell,_c_1535_-_1578._Third_husband_of_Mary_Queen_of_Scots_-_Google_Art_Project.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="222" data-original-width="220" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh16yXioLCizTVHE5611J1O-20m8fiNHlLTtUhZktGdAyiTlMBWUBggo9qCvya1ChUC9kuwUOOmkQ_5lUuHhGaB4cdyYnSXezpUpo6Mc9PODYBzH-Hip30a1X-FEHEsdMXIOhHqv230gKQQV_0GnbeisElpIpiF8jNB9N8mEL0IB6hGRSSWAruAy9k9Bw/w317-h320/220px-James_Hepburn,_4th_Earl_of_Bothwell,_c_1535_-_1578._Third_husband_of_Mary_Queen_of_Scots_-_Google_Art_Project.jpg" width="317" /></a>enfermer dans un couvent. Chercher un asile auprès du
glacial Philippe II serait aussi humiliant : jamais cette cour bigote
ne lui pardonnerait de s'être fait unir à <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjsCMH8CcLfBcL5ccRoiqpirkf3HWoCRpXhv2rcvLPQpCbRrfWd3kXYAFInS92_Ptj1UkQ1JNZzMvdM7EcXZ8SZfz5olNMvgVEC0Rmb1399sE_ASfuMN2dQgM8ofOLz8603BWI4w2XtiFY7/h120/220px-James_Hepburn%252C_4th_Earl_of_Bothwell%252C_c_1535_-_1578._Third_husband_of_Mary_Queen_of_Scots_-_Google_Art_Project.jpg">Bothwell</a> par un prêtre
protestant, d'avoir reçu la bénédiction d'un hérétique. Il lui
reste l'Angleterre. Durant les jours sans espoir de sa captivité à
Lochleven, Élisabeth ne lui a-t-elle pas fait savoir pour
l'encourager "qu'elle pouvait en tout temps compter sur la reine
d'Angleterre comme sur une amie dévouée"? Ne lui a-t-elle pas
promis solennellement de la rétablir sur son trône? Ne lui a-t-elle
pas envoyé une bague qui est le gage d'une amitié à laquelle elle
peut faire appel à tout moment?</span></span></span></i><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">»
(S. Zweig. </span></span></span></span><i><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span><span style="font-weight: normal;">Marie
Stuart, </span></span></span></i><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Paris,
Grasset, rééd. Livre de poche, Col. historique, # 337-338, s.d., p.
350). C'était suffisant pour que Marie accepte ce qui avait tout
l'air d'une invitation à gagner l'Angleterre voisine.</span><span style="font-weight: normal;"><br /></span></span></span></span></span></p><p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"></p><p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"></p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhmFg2dGiHZ-n8K4sc7hItWf2f2qvnKHbffxt0V-P5-_V3e6JRN0SPUv3BRUObYtZ2R4t420nPIlDgl2eO3d_GPDlo1-6-z2sA7wluZOeL6BFsrS_ewIfhB7mM2FWwXWUagCiwBceqCP8aJmgm8hBPevMK3eQneinqw5VqPtgqgxjGGfNYzWZVsRq8stw/s1600/Elizabeth-I-oil-panel-George-Gower-1588.webp" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1262" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhmFg2dGiHZ-n8K4sc7hItWf2f2qvnKHbffxt0V-P5-_V3e6JRN0SPUv3BRUObYtZ2R4t420nPIlDgl2eO3d_GPDlo1-6-z2sA7wluZOeL6BFsrS_ewIfhB7mM2FWwXWUagCiwBceqCP8aJmgm8hBPevMK3eQneinqw5VqPtgqgxjGGfNYzWZVsRq8stw/w315-h400/Elizabeth-I-oil-panel-George-Gower-1588.webp" width="315" /></a></span></span></span></span>Malheureusement
encore, bien des compagnons qui l'avaient accompagnée dans cette
fuite pensaient déjà à une conquête de l'Angleterre par la reine
catholique d'Écosse : «</span></span></span></span><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span><span style="font-weight: normal;">En
posant </span></span></span></i></span><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span><span style="font-weight: normal;">le pied sur la grève du petit port de Workington, dans le
comté de Cumberland, Marie Stuart trébucha et tomba. Ses compagnons
affectèrent d'y voir un heureux présage : c'était pour mieux
prendre possession de son futur royaume qu'elle en avait ainsi
embrassé le sol. Telle était la force des illusions</span></span></span></i><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">»
(M. Duchein. </span></span></span></span><i><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span><span style="font-weight: normal;">Marie
Stuart, </span></span></span></i><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Paris,
Fayard, 1987, p. 359). Si elle avait attendue avant de quitter le sol
écossais, elle aurait pu prendre connaissance de la lettre envoyée
par sa cousine <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiA3BDDIQ_Z5h8XVKxKAOmwOgpdUoq3XQ084Vz7KnMgSos_F80SGzByaXzfsJfWTQvYYKG8zadvu7ndhEGhWDjjbBDYZpst1dRnm96wl-kjBiIMOTxcT1C9RVKon2GjY8SHFeK5WEMmQuKt/h120/Elizabeth-I-oil-panel-George-Gower-1588.webp">Élisabeth</a> : «</span></span></span></span><i><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span><span style="font-weight: normal;">Ayant
appris l'heureuse nouvelle de votre évasion, mon affection pour vous
et mon sens de la dignité royale m'engagent à vous écrire aussitôt
[...]. Dans le passé, vous vous êtes peu souciée de votre état et
de votre honneur. Je vous le dirais en face si je vous voyais en
personne. Si vous aviez montré autant d'intérêt pour votre
réputation que pour ce misérable vaurien, le monde entier aurait
compati à vos malheurs, ce qui, pour dire la vérité, n'a pas été
le cas de beaucoup [...]. Je vous dis là ce que je me dirais à
moi-même si j'étais dans la même situation que vous</span></span></span></i><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">»
(citée in ibid. p. 360). Sur ce, Marie <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEid801fWTgenTVVTk9d37AeasUmrSaiUqqeXnVv8YxaltPdQNpxru5f9Cv3KA7x7z-ONQwl_d7zFk6YJ4Bci1DhIL7Pghn4MLLfBmiyuPkf2PBARmmzSBpn7upfr8z0G0JjCaObeTt2sGCO/h120/ob_b2fabc_1339082-jpg-r-1920-1080-f-jpg-q-x-xxyx.jpg">débarquait</a> en Angleterre où
</span></span></span></span></span><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj-2NolzC5h_wYo2nck77lKZ4OQAbBZajuQiU7ehhIuwqHmOLekyjMWB-9_54vR_hbf7k9SMxGOrQSdud-Fxn0GvWZeKywfYmnpJg0hufEGLpXZdmYmAoXMyVlxC61-XO24AO60rbUvAFnFs_6cMPfVkRMJAlT_3DO0I6CwzyqixzczlhnJZifo5odJWA/s1600/ob_b2fabc_1339082-jpg-r-1920-1080-f-jpg-q-x-xxyx.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1065" data-original-width="1600" height="266" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj-2NolzC5h_wYo2nck77lKZ4OQAbBZajuQiU7ehhIuwqHmOLekyjMWB-9_54vR_hbf7k9SMxGOrQSdud-Fxn0GvWZeKywfYmnpJg0hufEGLpXZdmYmAoXMyVlxC61-XO24AO60rbUvAFnFs_6cMPfVkRMJAlT_3DO0I6CwzyqixzczlhnJZifo5odJWA/w400-h266/ob_b2fabc_1339082-jpg-r-1920-1080-f-jpg-q-x-xxyx.jpg" width="400" /></a></span></span></span></span></span>elle fût reçue par le substitut du gouverneur de Carlisle, Richard
Lowther, «</span></span></span></span><i><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span><span style="font-weight: normal;">qui
dut assumer ses respon-sabilités, sans ins-tructions du gouver-nement,
et pour cause. Il prit le parti le plus sage : accueillir la fugitive
avec honneur, et envoyer d'urgence un messager à Londres pour
solliciter des ordres. Sa position était d'autant plus inconfortable
qu'il était lui-même catholique et que sa sympathie pour Marie
Stuart était connue</span></span></span></i><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">»
(ibid. pp. 360-361). Bientôt, elle aménagea au château du seigneur
des environs :</span></span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"></span></span></span></p><blockquote><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">«</span><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span><span style="font-weight: normal;">De
ce château, sans doute, elle écrivit à Élisabeth - sa lettre est
datée du 17 - pour lui raconter les détails de son équipée et lui
demander de la rencontrer : "Je vous supplie le plus tôt que
vous pourrez m'envoyer quérir, car je suis en piteux état, non pour
reine mais pour gentillefemme, car je n'ai chose au monde que ma
personne, comme je me suis sauvée". Elle n'en était pas encore
à la fiction d'une entrée volontaire et délibérée en Angleterre,
comme elle le soutiendra par la suite : il s'agit bien d'une fugitive
cherchant refuge, et de rien d'autre.</span></span></span></i></span></span></span></span></blockquote><p></p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span></span></span></i></span></p><blockquote><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span><span style="font-weight: normal;">Bientôt
Lowther arriva avec une escorte et conduisit la reine à Carlisle, où
elle fut reçue avec respect et logée au château, résidence du
gouverneur. Comme elle était démunie de tout, elle se fit faire en
hâte une robe de drap noir ("à crédit", précise-t-elle
dans ses souvenirs racontés à Claude Nau); mais déjà la nouvelle
de son arrivée s'était répandue dans la région, et les nobles
catholiques affluaient vers elle</span><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">»
(ibid. p. 361).</span></span></span></span></span></span></span></i></span></blockquote><p></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span>C'était suffisant
pour faire lever bien des soupçons.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span>En fait, Élisabeth
ne désirait surtout pas sa présence en sol anglais, anticipant
les troubles civils que cela susciterait. Comme le raconte Stefan
Zweig : «<i>Il n'y a pas de doute qu'Élisabeth fut stupéfaite à la nouvelle de l'arrivée de Marie Stuart en Angleterre. Cette visite non désirée la met dans un cruel embarras. Certes, au cours de l'année précédente, elle a, par solidarité monarchique, cherché à la protéger contre ses sujets rebelles; elle l'a solennellement assurée - le papier ne coûte pas cher et la politesse écrite coule aisément d'une plume diplomatique - de sa sympathie, de son amitié, de son affection; elle lui a promis avec emphase, avec trop d'emphase, hélas! qu'elle pouvait en toute circonstance </i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhNpBevQjearDmysOui_IqBgG1yPCRnbwDGwdbm96UEh_r9WPxud_VcbLq54llzxTCW1MONwq-oupVvYmJc2r1lUhXVi9awqzLeesLzWPgM9siEi4790jy9fmd_G7BWmEqORIMpC-mL2xRlzcyPRsZGw-30BssPdpdRiU3h7QlQlnNQPuvgbIpWYZybgQ/s2048/2048x640_collage-mardi-2.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="640" data-original-width="2048" height="125" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhNpBevQjearDmysOui_IqBgG1yPCRnbwDGwdbm96UEh_r9WPxud_VcbLq54llzxTCW1MONwq-oupVvYmJc2r1lUhXVi9awqzLeesLzWPgM9siEi4790jy9fmd_G7BWmEqORIMpC-mL2xRlzcyPRsZGw-30BssPdpdRiU3h7QlQlnNQPuvgbIpWYZybgQ/w400-h125/2048x640_collage-mardi-2.jpg" width="400" /></a>compter sur elle et son dévouement. Mais jamais <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgoclMQbOq3Z_DIlWkQgzUKZ-saVkL9q24k87TyrCAmCsm2gshlRvlloqbXUMSdGpmIBgNbnf4ut34hoW-HcsiY8654gw_LogAaeLHdVHcbm2rUH3AsBRQzEfwnnK8aTEF1lr0mW-ekQk25/h112/2048x640_collage-mardi-2.jpg">Élisabeth n'avait engagé Marie Stuart</a> à venir dans ses États, au contraire, elle avait, depuis des années, contrarié sans cesse tout projet de rencontre avec elle. Et voilà que soudain l'importune débarque en Angleterre, dans ce pays dont, il n'y a pas bien longtemps encore, elle se vantait d'être la reine véritable. Elle est venue sans y être appelée, sans invitation, et sa première parole est de se réclamer de cette "promesse" d'amitié faite naguère</i>» (S. Zweig. op. cit. pp. 353-354). <span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Malgré
tout, «</span></span></span></span><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span><span style="font-weight: normal;">son
premier mouvement, le plus vrai et le plus instinctif, est-il
d'inviter généreusement chez elle la reine déchue. "J'ai
appris", écrit l'ambassadeur de France, "que la reine, au
conseil de la couronne, prit énergiquement le parti de la souveraine
d'Écosse et fit comprendre à tout le monde qu'elle avait
l'intention de la recevoir et de l'honorer conformément à son
ancienne dignité et son ancienne grandeur, et non à sa situation
actuelle"</span></span></span></i><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">»
(ibid. p. 354).</span></span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">C'était
sans compter sur le principal conseiller de la reine, Sir <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEggGecMuXJq-VH4rkVhoYoNyCfLivX6FIPenkclJKDYBf4waarBHvFjrX-t02DuUcmf6iruMjv8UPy-vkY1HKIH3ELXFT540XfmyKzEsAmaqrg6ktO79ZZJSGTtiIeQ7uRoQElQq-a92L_GHz9F_Zm6Fw3NZ4PsRow8_736VuCBUyqyr7o6sg9IqBwcVg/s349/6639_8c43c6a2-767b-42b2-97b2-fdada319cde3.jpeg">Robert Cecil</a> qui retint «</span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;">la
main secourable que tend Élisabeth. En politique avisé, il prévoit
immédiatement la portée </span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEggGecMuXJq-VH4rkVhoYoNyCfLivX6FIPenkclJKDYBf4waarBHvFjrX-t02DuUcmf6iruMjv8UPy-vkY1HKIH3ELXFT540XfmyKzEsAmaqrg6ktO79ZZJSGTtiIeQ7uRoQElQq-a92L_GHz9F_Zm6Fw3NZ4PsRow8_736VuCBUyqyr7o6sg9IqBwcVg/s349/6639_8c43c6a2-767b-42b2-97b2-fdada319cde3.jpeg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="349" data-original-width="250" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEggGecMuXJq-VH4rkVhoYoNyCfLivX6FIPenkclJKDYBf4waarBHvFjrX-t02DuUcmf6iruMjv8UPy-vkY1HKIH3ELXFT540XfmyKzEsAmaqrg6ktO79ZZJSGTtiIeQ7uRoQElQq-a92L_GHz9F_Zm6Fw3NZ4PsRow8_736VuCBUyqyr7o6sg9IqBwcVg/w286-h400/6639_8c43c6a2-767b-42b2-97b2-fdada319cde3.jpeg" width="286" /></a>des obligations qui naîtraient pour le
gouvernement anglais d'un engagement vis-à-vis de cette femme qui,
depuis des années, sème le trouble partout. Recevoir Marie Stuart à
Londres avec les honneurs royaux serait implicitement reconnaître
ses prétentions sur l'Écosse et obligerait l'Angleterre à
combattre Murray et les lords par l'argent et par les armes. Cecil
n'en a nullement l'intention : n'est-ce pas lui qui a poussé les
lords à la révolte? Marie Stuart reste pour lui l'ennemie
héréditaire du protestantisme, le grand péril qui menace les
Anglais, et il met Élisabeth en garde contre elle-même.
Entre-temps, elle a appris avec déplaisir que ses propres nobles ont
reçu avec honneur la reine d'Écosse sur son </span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhMDpqTGU24rOPQ2iguUw1e1J92JFm3pi1Dxb3daE_eHAl_qb4FDcasmhCDkYYRhTDkik3csJzqpdQ8O5YPREwNMjTYya_LDIpcXzBSlLqV9i8IEAEq2RY1LmU0ICc5VYws4GR_Xpxr8Ozqcdgrwf9cLoAyPYjsWyCR5gZS6llKgFH2tunCsdrOlw25sA/s600/arrest-marie-stuart-1567-22266752.jpg.webp" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="600" data-original-width="388" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhMDpqTGU24rOPQ2iguUw1e1J92JFm3pi1Dxb3daE_eHAl_qb4FDcasmhCDkYYRhTDkik3csJzqpdQ8O5YPREwNMjTYya_LDIpcXzBSlLqV9i8IEAEq2RY1LmU0ICc5VYws4GR_Xpxr8Ozqcdgrwf9cLoAyPYjsWyCR5gZS6llKgFH2tunCsdrOlw25sA/w259-h400/arrest-marie-stuart-1567-22266752.jpg.webp" width="259" /></a>territoire. Le plus
puissant des lords catholiques, Northumberland, lui a offert
l'hospitalité dans son château; le plus influent des lords
protestants, Norfolk, lui a rendu visite. Tous semblent être sous
son charme; comme Élisabeth est d'un naturel méfiant et, en tant
que femme, vaniteuse jusqu'à la folie, elle abandonne bientôt
l'idée généreuse de faire venir à sa cour une princesse qui
pourrait l'éclipser et que les mécontents de son royaume
accueilleraient peut-être volontiers comme prétendante</span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">»
(ibid. pp. 355-356). Le résultat fut que Marie Stuart fut mise en
état d'<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiz42NXQhfegGNaKY9HVaE3uydMDlhFoi0D5j72QOhPwp7S2q6UDdjZOd0klxGdY5jJ55IaSRJtsPsjsEcoz0oNkHp8zFG5wophyphenhyphen3etxHC7ddISmdEkUwrm8T0cnaTSW3oU4sX1FIfpKF5z/h120/arrest-marie-stuart-1567-22266752.jpg.webp">arrestation</a> avant même de penser quitter Carlisle pour
Londres, le 19 mai 1568. C'est alors qu'elle prononça sa phrase
célèbre : «</span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;">En
ma fin gît mon commencement</span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">»,
phrase qu'elle fit broder sur sa robe. </span></span></span></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">On
en voudrait pas à Élisabeth de tenir éloigner Marie Stuart. De
l'emprisonner même. Mais de la garder prisonnière sous enquête
(celui du meurtre de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi3V4mvjkzk17L-sYowDs39aaEZVImaS8jujV2I_lJKY_HKO84-imV2g6YCKuiq0WiZEydV4b_IziNes7frrCTVpXechJhxtAT8CT5zvujYvH_sygaAglldFLtd4Hk0NJPypYT0kCRQrdsx/h120/Henry_Stuart%252C_Lord_Darnley.jpg">Darnley</a>, qui ne concernait pas les affaires
d'Angleterre) apparaît tout simplement aussi odieux que les
trahisons des deux </span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhJOZHvIc4U6reJRuLu-jyuzlLR1GegIfKNGegpWzgGFeYio-AbUJiZxw-OmEcUU7f77yg-7hrLbPp7g-bFKqgt11AdGKYJGFYhBKZN80BY0F6M3pvKfUliCil6CXAcS37VlqHL_G58taNBgvw-amr6viAlZXKjD8KYLFfqlfFkdmflET4pLBO-Z3vbVQ/s1000/Henry_Stuart,_Lord_Darnley.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1000" data-original-width="767" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhJOZHvIc4U6reJRuLu-jyuzlLR1GegIfKNGegpWzgGFeYio-AbUJiZxw-OmEcUU7f77yg-7hrLbPp7g-bFKqgt11AdGKYJGFYhBKZN80BY0F6M3pvKfUliCil6CXAcS37VlqHL_G58taNBgvw-amr6viAlZXKjD8KYLFfqlfFkdmflET4pLBO-Z3vbVQ/w306-h400/Henry_Stuart,_Lord_Darnley.jpg" width="306" /></a>Denys de Syracuse à l'égard de Platon. Comme le
souligne Stefan Zweig : «</span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;">Du
point de vue humain comme du point de vue politique l'ambiguïté est
la chose la plus néfaste, car elle inquiète les âmes et jette le
trouble dans le monde. Et c'est là que commence la grande,
l'indéniable faute d'Élisabeth vis-à-vis de Marie Stuart. Le sort
lui a offert la victoire dont elle rêvait depuis des années : sa
rivale, qui passait pour le miroir de toutes les vertus
chevaleresques, est tombée, sans qu'elle y fût pour rien, dans la
honte et l'infamie; la reine qui voulait s'emparer de sa couronne
perd la sienne; la femme qui l'affrontait avec orgueil est devant
elle en suppliante. Élisabeth pourrait lui offrir, comme à une
solliciteuse, l'asile que généreusement l'Angleterre accorde
toujours à tout fugitif et lui infliger ainsi une humiliation
morale; ou, pour des raisons politiques, lui refuser le séjour dans
son pays. L'une comme l'autre de ces attitudes porterait la marque du
droit. On peut accueillir un quémandeur. on peut le repousser. Mais
il est une chose qui jure avec tout droit : c'est </span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjvHZEjXtMd9QWzNuETtcfdhUzU1JrkcIEXmCuuB4geUaR9DpUWfa20xqQmL3WgttoQuE-aAq8e4sgYvGm_LUYchiV1fhju0U7-hO25O8i0twVXehag-tYGHMSQk0E6Eo3Z0Pj7yF9dFaYkdl3ARn907AXDwyZ-3vpDdWs0DRAM6VAXLAsBQyUh0VhxxQ/s220/220px-MaryQueenOfScots_bedchamber_Bolton.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="151" data-original-width="220" height="275" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjvHZEjXtMd9QWzNuETtcfdhUzU1JrkcIEXmCuuB4geUaR9DpUWfa20xqQmL3WgttoQuE-aAq8e4sgYvGm_LUYchiV1fhju0U7-hO25O8i0twVXehag-tYGHMSQk0E6Eo3Z0Pj7yF9dFaYkdl3ARn907AXDwyZ-3vpDdWs0DRAM6VAXLAsBQyUh0VhxxQ/w400-h275/220px-MaryQueenOfScots_bedchamber_Bolton.jpg" width="400" /></a>d'attirer à soi un
être en détresse et de le retenir ensuite contre son gré. Aucune
raison, aucun prétexte ne peuvent justifier l'inexcusable perfidie
d'Élisabeth refusant à Marie Stuart, malgré son désir formel,
l'autorisation de quitter l'Angleterre et la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhknFdj_ylder4dh_Gg9Wu_faZO5iGQ3C25UcdtClGA4C5XW97UGHE440NtxGJS25frznmaO08VnziITDfrnDn2kSxVVF91r7CKSW8bgfbYw_8VCwAkLWE-WyjQ2k_bJA0D1xik1GSgQ69L/h120/220px-MaryQueenOfScots_bedchamber_Bolton.jpg">retenant</a> au contraire
par la ruse et le mensonge, par des fallacieuses promesses et une
violence masquée, poussant ainsi une femme déjà vaincue et
humiliée à aller plus loin qu'elle ne l'eût voulu dans la sombre
voie du désespoir et du crime</span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">»
(ibid. pp. 356-357).</span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span>La suite était déjà
toute tracée. Marie Stuart resterait «assignée à résidence»
pendant dix-huit ans et jamais elle ne rencontrerait sa cousine
Élisabeth pour se justifier. Sous la garde de George Talbot, comte
de Shrewsbury, Marie s'engagea dans des activités occultes avec des
</span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhiAVHOAjTqghP4ybgXk1DbEkckgWFjlBF7U2NAMR-YPFssvmsgGpTO5DLeefOqtmsLfDov1uC0Ot7XF0RIFJ2QodRUxjD_fQ2CrEqoB9w9kMLjK1t64rlV2Pfm4lznLKjIJupqBlgyhn-n05ssy8tp96_IbKcbsdg9WfDlBomK-otmjNP-0mBBXdksbw/s805/XVM9a759158-ec86-11e6-b845-d5fd230b55a8.webp" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="453" data-original-width="805" height="225" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhiAVHOAjTqghP4ybgXk1DbEkckgWFjlBF7U2NAMR-YPFssvmsgGpTO5DLeefOqtmsLfDov1uC0Ot7XF0RIFJ2QodRUxjD_fQ2CrEqoB9w9kMLjK1t64rlV2Pfm4lznLKjIJupqBlgyhn-n05ssy8tp96_IbKcbsdg9WfDlBomK-otmjNP-0mBBXdksbw/w400-h225/XVM9a759158-ec86-11e6-b845-d5fd230b55a8.webp" width="400" /></a>partisans catholiques anglais, activités souvent télécom-mandées
par Cecil. Les complots l'impli-quant ne cessaient de se multiplier et
certains visaient à l'assassinat même d'Élisabeth. Des lettres
cryptées qu'elle échangeait avec ses partisans étaient
interceptées puis déchiffrées. Elles devaient servir à sa
condamnation. Elle fut finalement <a href=" https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjlNBhX3A8dgkmBqCnBLXNTJ3dWwM_SmsnYn1ZmRJ_fQ5TbEfeOtsg2bqmr29R6hk1SUR3hajMXZ28Dv7dyxjaTFBESD0dCMAp0QbO_19fafl_4wYAs5hEwQNeMm-pYSuc1edLYmWM0L1kq/h120/XVM9a759158-ec86-11e6-b845-d5fd230b55a8.webp">exécutée</a> à la hache au château
de Fotheringhay le 8 février 1587.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Entre
l'arrestation et l'exécution de Marie Stuart s'était produit à
Paris, le 24 août 1572, une réplique amplifiée de la fourberie
d'Alberigo dei Manfredi. Je parle du massacre des protestants français
rassemblés à Paris pour célébrer les épousailles de leur chef,
Henri de Navarre - futur Henri IV - avec la sœur du roi de France,
Marguerite de Valois - la Reine Margot -, cérémonial
qui devait prendre le titre de </span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;">noces
vermeilles.</span></i></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-weight: normal;">Depuis
des années, la France est déchirée par une guerre civile. D'un
côté, le parti catholique mené par le duc Henri de Guise; le
parti protestant, lui, est mené par l'amiral de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg45C0mEJYaFQxGf7iGlKcZXNESYoWM8NKlLWLMiJgZYJk74CzenWv2DAaxLVJ5nSTW2QZQCQjVRviqf0Houy2RBMWO77qqWpxOqkfCpEzVuRonLFYNkUez_Gq63rICfR2AH0OvJMwHDj9SlPYzKU2cIM41kbYcFZSOkLkTua7M6lEJQ7mxDxCKK8NSTw/s285/200px-Gaspard-II-de-coligny.jpg">Coligny</a>. </span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg45C0mEJYaFQxGf7iGlKcZXNESYoWM8NKlLWLMiJgZYJk74CzenWv2DAaxLVJ5nSTW2QZQCQjVRviqf0Houy2RBMWO77qqWpxOqkfCpEzVuRonLFYNkUez_Gq63rICfR2AH0OvJMwHDj9SlPYzKU2cIM41kbYcFZSOkLkTua7M6lEJQ7mxDxCKK8NSTw/s285/200px-Gaspard-II-de-coligny.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="285" data-original-width="200" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg45C0mEJYaFQxGf7iGlKcZXNESYoWM8NKlLWLMiJgZYJk74CzenWv2DAaxLVJ5nSTW2QZQCQjVRviqf0Houy2RBMWO77qqWpxOqkfCpEzVuRonLFYNkUez_Gq63rICfR2AH0OvJMwHDj9SlPYzKU2cIM41kbYcFZSOkLkTua7M6lEJQ7mxDxCKK8NSTw/w281-h400/200px-Gaspard-II-de-coligny.jpg" width="281" /></a>Entre les
deux, le roi se veut défenseur du catholicisme, mais ne
peut se permettre de se mettre à dos les Huguenots, ces protestants
calvinistes dont est formée une partie importante de sa noblesse,
parmi les plus riches et les plus fidèles soutiens au trône des
Valois. Coligny exerce un ascendant sur le roi qui le gratifie d'un
respectueux «mon père» lorsqu'il s'adresse à lui. Le parti du roi
est mené par la reine-mère Catherine de Médicis, plusieurs fois
régente, qui exerce une emprise morale et politique pesante sur le
faible Charles IX. Le 18 août ont lieues les noces sur le parvis de Notre-Dame plutôt qu'à l'intérieur de la cathédrale. De leur côté,
Catherine et de Guise ont décidé d'en finir avec l'amiral. Un tueur à gages est engagé dont le coup d'arquebuse ne fait que blesser Coligny. Ramené
blessé à son hôtel parisien, l'amiral reçoit la visite de Charles IX, paniqué : </span></span></span><span style="font-size: medium;">«<i>Si la blessure est pour vous, la douleur est pour moi</i> […]<i> mais par la
mort de Dieu, je vengerai si roidement cet outrage, qu’il en sera
mémoire à jamais</i>» (</span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">H. Noguères. </span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;">La
saint-barthélemy, </span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Paris,
Robert Laffont, Col. Ce jour là, 1959, p. 79.</span></span></span></span> </p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-weight: normal;">La
noblesse des deux partis avait été invitée à résider au Louvre,
palais où logent le roi et sa </span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-weight: normal;">cour. Malgré l'atmosphère orageuse
surchargée, les festivités continuent. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiNckQLFOMUxbh5QvK4mRqBHBM691N3HthoLcGgR9OUAKig5q3PSkfBMFZv93sC4zXk1Bx5LuH6K6Oi7vll1X9GkLE0ZatodHy02yflBuXRUL3njnCTCFK8ZNjy8HzIs6q5DSZCaAmgGB5W/h120/king-charles-ix-of-france-and-his-mother-catherine-de-medici-both-had-met-nostradamus-and-both-figured-in-a-number-of-his-prophetic-quatrains-MC6P09.jpg">Catherine</a> assiège </span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiThuEodR2DxbewwZBKVjvDWbs42PyUdI_kjmtwSofOxIXjVG6OA2jOavp2k-viX9pU1Oz0KQP-ncZTbJ34pV2ww9FAWRpFxvS-5w8aScqUXMxiXcAbKzt0DoLK9g6jueoQ7srV7tD8jBY9bymUaLySCACexeu63c6aisqL9Ci0E8UGCDskuDzVGBsIhA/s1390/king-charles-ix-of-france-and-his-mother-catherine-de-medici-both-had-met-nostradamus-and-both-figured-in-a-number-of-his-prophetic-quatrains-MC6P09.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1390" data-original-width="962" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiThuEodR2DxbewwZBKVjvDWbs42PyUdI_kjmtwSofOxIXjVG6OA2jOavp2k-viX9pU1Oz0KQP-ncZTbJ34pV2ww9FAWRpFxvS-5w8aScqUXMxiXcAbKzt0DoLK9g6jueoQ7srV7tD8jBY9bymUaLySCACexeu63c6aisqL9Ci0E8UGCDskuDzVGBsIhA/w276-h400/king-charles-ix-of-france-and-his-mother-catherine-de-medici-both-had-met-nostradamus-and-both-figured-in-a-number-of-his-prophetic-quatrains-MC6P09.jpg" width="276" /></a>l'esprit
faible du roi pour obtenir qu'on liquide les principaux meneurs
protestants, à l'exception d'Henri de Navarre et du prince de Condé.
Charles hésite. Finalement, il cède, mais a ce mot malheureux :
«</span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;">Tuez-les,
par la mort-Dieu, mais tuez-les tous, qu'il n'en survive aucun pour
me le reprocher! Allez, donnez-y ordre promptement...</span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-weight: normal;">».
C'est sans doute plus que n'en attendait de Guise. Des bandes sont
formées dirigées, entre autres, par le comte de Tavannes un habitué
aux guerres de religion et véritable boucher : «</span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;">Saignez,
saignez! La saignée est aussi bonne en août qu'en mai</span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-weight: normal;">»
(cité in P. Erlanger. </span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;">Le
Massacre de la Saint-Barthélemy, </span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-weight: normal;">Paris,
Gallimard, Col. Trente journées qui ont fait la France, 1960, p.
166). Les bandes se dispersent autour du Louvre, dans les quartiers
où la noblesse protestante se loge. L'amiral de Coligny, bien sûr,
est leur première victime. Il est massacré et son corps mutilé
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhBlCJxg7otLV9H10xmTIZ_uh0c5bb4g-vBbvaDtPCflKu387sTxom-ALEuO_q_Th62BueteZXIVpqH-lWE7P3wl48NbnCM5MpbMKI_v8Dwd76VxBZ_xbcbgwDFhA45KOH9O6A8g7SWVPv5/h120/massacre_stBarth-1.jpg">jeté du balcon</a>, au pied du duc de Guise qui frappe le cadavre de son
pied. C'est le signe de la ruade. Bientôt, les eaux de la Seine
deviendront rouge de sang.</span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiVVf63VLfthbSxK8yaYFfXMntAW6PEsCY7c4MGeI0C_VHwVdfT9Hr5guyncO-RBbyNmcs7ybz7sPsWJRBqT0l9HfL7y9pX8ga85-lCfvKwzLd5C8ItLS2Bm8bGDgsJi-RB59U9Q9fJvOsrfm2zWB6rMT3pTTNVWgQQp_JsxxO_EP2P-gbre2nL7wo-6g/s1000/massacre_stBarth-1.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="667" data-original-width="1000" height="266" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiVVf63VLfthbSxK8yaYFfXMntAW6PEsCY7c4MGeI0C_VHwVdfT9Hr5guyncO-RBbyNmcs7ybz7sPsWJRBqT0l9HfL7y9pX8ga85-lCfvKwzLd5C8ItLS2Bm8bGDgsJi-RB59U9Q9fJvOsrfm2zWB6rMT3pTTNVWgQQp_JsxxO_EP2P-gbre2nL7wo-6g/w400-h266/massacre_stBarth-1.jpg" width="400" /></a>Le
tocsin sonne. Les </span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;">matines
vermeilles </span></i><span style="font-weight: normal;">peuvent com-mencer</span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;">.
On com-mencera par les </span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;">«Hugue-nots de guerre» avant d'étendre à
l'ensemble de la population protestante de Paris la logique du
massacre : <span style="font-weight: normal;">«</span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;">Les
huguenots logés au Louvre sont à leur tour tirés de leur lit,
rabattus dans les couloirs par les archers et les gardes suisses pour
être poussés dans ce cul-de-sac mortel. Tragique chasse à l'homme
au long des galeries, des salles, des cabinets de l'immense château
car pas un ne doit en réchapper! Tous, gentilshommes, valets,
précepteurs, domestiques, pages, pressés par les soldats sont
dirigés vers le lieu de leur exécution. </span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg3wKusCPX1LKtcI6sSGvu6A37bG5eGReToWtNnmbmti_uHpXO-EcjvTf3cP7zAzLY_lfUnj1XueRgmlrnyO85e7tqHBsord6mLNVRmJpxQD58bL1v7QHzbe25QuVNu6h-iy3TKzbsIuQFr-wEThMBzOvtqZmU77OHtvQo3z6XJXtM7sMscybSS0iycrQ/s400/Copie%20de%20614248405.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="298" data-original-width="400" height="297" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg3wKusCPX1LKtcI6sSGvu6A37bG5eGReToWtNnmbmti_uHpXO-EcjvTf3cP7zAzLY_lfUnj1XueRgmlrnyO85e7tqHBsord6mLNVRmJpxQD58bL1v7QHzbe25QuVNu6h-iy3TKzbsIuQFr-wEThMBzOvtqZmU77OHtvQo3z6XJXtM7sMscybSS0iycrQ/w400-h297/Copie%20de%20614248405.jpg" width="400" /></a>Quelques-uns ont compris
l'enjeu de cette traque et tentent d'échapper au piège [...] Au fur
et à mesure que les huguenots sont rabattus, ils sont... poussés
vers la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhlK8oXrLFcJbUi9X7RQVpaOA82OZaI9bRH4Xz0bx7lTyZJvtj5OD0N_0uBqCupIcsPDF7Q7jw1hVhPS-mIxyuu8omj8HKBY-cs_mq7ON5Ll7YfSA1DSZrkx0Ar96dcrby1cpptfIHj2ikr/h120/Copie+de+614248405.jpg">cour du Louvre</a>. Dans cet espace clos, théâtre immobile
d'une exécution presqu'incomparable, attendent piques baissées les
Suisses de la garde; à peine un malheureux est-il jeté par la porte
qu'il est cloué et taraudé de fers. Ici sont exterminés
quelques-uns appartenant à la grande noblesse, celle immémoriale
qui a voulu fêter les noces d'Henry de Navarre et peut-être aussi
jouir de ce qu'elles signifiaient de réconciliation avec le roi de
France. Joachim de Ségur dit du Puch de Pardaillan, le baron de
Pardaillan, page d'Henry de Navarre, Lois Goulard sire de Beauvais,
ancien précepteur du même Navarre, Charles de Beaumanoir vicomte de
Lavardin, François de Moneins, Saint-Martin dit Brichanteau, Barbier
de Francourt, ancien chancelier de Navarre, meurent ainsi, dans cette
arène improvisée, </span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;">perforés par les piques. </span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhNCROOevV1tDHZndoU5iPdt2qkmJrzIDq3AOylsEP-p_1kcwQKSoImqofQvYqEdMf3UJ5j90to786fS5NuSaXUMIKXQbDjLQIBvgadLAcFwJnDUB8mnZZIMHSSq11gVOtPYAKIYrgNaeD1tGFQjn0cwbipH-pdgYvQnAU8S2sTLTwNppXoUB0MiMelsA/s1337/Debat-Ponsan-matin-Louvre.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1050" data-original-width="1337" height="314" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhNCROOevV1tDHZndoU5iPdt2qkmJrzIDq3AOylsEP-p_1kcwQKSoImqofQvYqEdMf3UJ5j90to786fS5NuSaXUMIKXQbDjLQIBvgadLAcFwJnDUB8mnZZIMHSSq11gVOtPYAKIYrgNaeD1tGFQjn0cwbipH-pdgYvQnAU8S2sTLTwNppXoUB0MiMelsA/w400-h314/Debat-Ponsan-matin-Louvre.jpg" width="400" /></a>D'autres encore, une
trentaine peut-être. La chronique qui aime les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhNCROOevV1tDHZndoU5iPdt2qkmJrzIDq3AOylsEP-p_1kcwQKSoImqofQvYqEdMf3UJ5j90to786fS5NuSaXUMIKXQbDjLQIBvgadLAcFwJnDUB8mnZZIMHSSq11gVOtPYAKIYrgNaeD1tGFQjn0cwbipH-pdgYvQnAU8S2sTLTwNppXoUB0MiMelsA/s1337/Debat-Ponsan-matin-Louvre.jpg">morts héroïques</a>
évoque la fin du capitaine Piles. Celui-ci, projeté dans la cour,
voit son malheur : ses amis gisant à terre ensanglantés, les
Suisses travaillant les corps et... Charles IX contemplant ce
spectacle d'une fenêtre; levant son visage le vigoureux gascon
invective : </span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">"Roi
déloyal", </span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;">hurle-t-il.
Devant le silence, il tend son manteau à l'un des tueurs : </span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">"Tenez,
Monsieur, Piles vous donne cela, souvenez-vous toujours de la mort
d'un homme tué si indignement..." </span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;">Le
chroniqueur Agrippa d'Aubigné a beaucoup lu Plutarque et les auteurs
antiques dont il se souvient. Il ajoute que Charles IX refuse à l'un
de ses amis catholiques, Fervacques, la grâce d'un des condamnés,
François de Moneins achevé comme les autres au petit matin du 24
août 1572</span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">»
(J. Garrisson. </span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;">La
Saint-Barthélemy, </span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Bruxelles,
Complexe, Col. La mémoire des siècles, # 205, 1987, pp. 103 à
105).</span></span></span></span></p><p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">De tels <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiEZOozAsiHrYKsZ9wK8ds16jxr51-G1sZZBwdYRt1uCKOWUpYvuoFDbh_0wFYM-PBo86WRjZijDXyoUkNa5ie3RtHsiDujjxarWkpulZ66IVRKST8INvEfCydaZAWxLoENLRLSwDZDOxit/h120/15795.webp">récits</a> dramatiques sont innombrables : «</span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;">De
tous les hommes visés par la tuerie, les Caumont connurent un destin
singulier. Le père, François, ne voulut pas quitter le faubourg
parce que son aîné était malade. Arrêté avec ses deux fils par
un capitaine nommé Martin, il </span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;">fut ramené à Paris et momentanément
sauvé grâce à la promesse d'une rançon. Puis, à deux </span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh0xSMUTOsW5sScy9ry736-8hm24v_pTBYwjk8-r4WHVjeQF9SzZyqbbpKvQs8xOfyLGmvaZTIMSeXwVIwxiuROaqnFhvIPwPADpZRpM4J1CjAmZA6Vkc-3reJXQaeEpESSWU3m7cuOx3J574wsdSoKFpDjh_t6IWkIFjidJN_nC_bU7ScJNgB8A03x-Q/s500/15795.webp" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="301" data-original-width="500" height="241" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh0xSMUTOsW5sScy9ry736-8hm24v_pTBYwjk8-r4WHVjeQF9SzZyqbbpKvQs8xOfyLGmvaZTIMSeXwVIwxiuROaqnFhvIPwPADpZRpM4J1CjAmZA6Vkc-3reJXQaeEpESSWU3m7cuOx3J574wsdSoKFpDjh_t6IWkIFjidJN_nC_bU7ScJNgB8A03x-Q/w400-h241/15795.webp" width="400" /></a>reprises,
il refusa de saisir des occasions de s'enfuir offertes par les deux
Suisses affectés à sa garde : il leur dit s'en remettre à la
volonté de Dieu. La mort le rattrapa le mardi suivant : une troupe
de soldats conduits par le comte de Coconat étant venue le chercher,
il tomba sous leurs coups avec son aîné, au bout de la rue des
Petits-Champs, sous les remparts; Jacques-Nompar, le plus jeune des
fils, terrorisé mais indemne, s'effondra entre les corps de son père
et de son frère; couvert de leur sang, il passa pour mort et se tint
coi pour assister, impuissant, à leur agonie. Il fut finalement
sauvé par un marqueur de jeu de paume qui, le prenant en pitié,
l'amena chez lui puis le conduisit chez sa tante, Jeanne de Gontaut,
sœur du maréchal de Biron et protestante; le maréchal catholique
mais d'esprit tolérant, le cacha à l'Arsenal</span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">»
(A. Jouanna. </span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;">La
Saint-Barthélemy, </span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Paris,
Gallimard, Col. Les journées qui ont fait la France, 2007, p. 153).</span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Les
massacreurs s'en prirent avec une férocité toute particulière aux
femmes, mais le massacre ne s'arrêta pas aux adultes : «</span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;">On
compte désormais presque autant d'enfants que d'adultes, parmi les
morts : Rue Saint-Marceau, après avoir tué un cordonnier et sa
femme, les massacreurs s'acharnent sur leurs trois enfants; un
doreur, Guillaume Maillart est tué avec sa femme et son jeune fils;
une chaperonnière demeurant rue Saint-Martin, la veuve Marquette,
voit assassiner ses deux enfants avant d'être, elle-même,
poignardée; rue Saint-Denis, à la corne du Cerf, ce sont les trois
enfants d'un marchand de soie qui sont égorgés </span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;">sur les corps de
leurs parents. Parfois, ces scènes effroyables se prolongent et
atteignent le </span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh2jKVkOaHHC3LakxToluyUyulLjuNYJ9Hpww-i9QvPLfuyl-KrJ1tWBucXHoFoDvni_jxULVFRoiAQT2H_bN8--Xw4tDFqK_2EZQ3oiphxokopZZP-Z_mgUtgivaeIbovviTa-OvKIbIqMa3l1JidBGXUih85-ft2ze9bbPgbdfUMLpQkM5GPE91xPVg/s600/0000000561L.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="433" data-original-width="600" height="289" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh2jKVkOaHHC3LakxToluyUyulLjuNYJ9Hpww-i9QvPLfuyl-KrJ1tWBucXHoFoDvni_jxULVFRoiAQT2H_bN8--Xw4tDFqK_2EZQ3oiphxokopZZP-Z_mgUtgivaeIbovviTa-OvKIbIqMa3l1JidBGXUih85-ft2ze9bbPgbdfUMLpQkM5GPE91xPVg/w400-h289/0000000561L.jpg" width="400" /></a>comble de l'horreur : tandis qu'un marchand de chevaux,
criblé de coups de couteau, est traîné vers la rivière, ses deux
enfants s'accro-chent à lui, criant et pleurant... Le triste cortège
arrive ainsi jusqu'à la Seine, et là, après avoir jeté à l'eau
le corps du malheureux père, les meurtriers, pour se débarrasser
des deux enfants, les poignardent et les noient également</span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">»
(H. Noguères. </span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-weight: normal;">op. cit. </span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">pp. 190-191). Frappant les
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj52rEHk8AIfp3ryQdvqao6JWpCwuO7_9ilD_qHowJryuPvno-Qb7B3Ty_F9CzKYnBhQChjBFRdApn_iaURPF87siYMOtmqkblZFIfAtecgp-D5YCbP6hKa4ctWWVF3yn8VfXqAMtYfH7sV/h120/0000000561L.jpg">quartiers</a> où s'était établie la bourgeoisie protestante, les
tueurs n'hésitent pas à faire des rapines et à se remplir les
poches, comme le montre la rançon extorquée à Caumont.</span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">À
la cupidité des massacreurs s'ajoute le sadisme : «</span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;">...brûlés
enfin, non seulement les livres sur lesquels travaillait Spire
Niquet, un pauvre relieur, père de sept enfants, mais aussi Niquet
lui-même, que ses tortionnaires ont fait rôtir devant la porte de
son échoppe, rue Judas, sur un brasier qu'alimentaient ses in-folio</span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">»
(ibid. p. 193) :</span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"></span></span></span></p><blockquote><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">«</span><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: small;"><i><span style="font-weight: normal;">René,
le parfumeur de la reine mère, mérite aussi une mention spéciale.
L'Estoile le dépeint ainsi : "Homme confit en toutes sortes de
cruautés, de méchancetés, qui allait aux prisons pour poignarder
les huguenots et ne vivait que de meurtres, de brigandages et
d'empoisonnements". Il avait été accusé par la rumeur
publique - à tort semble-t-il - d'avoir quelques jours avant le
mariage du roi de Navarre, empoisonné Jeanne d'Albret </span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">[la
mère d'Henri de Navarre]</span></span></span></span></span></span></span></blockquote><p></p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><i><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: small;"></span></span></i></p><blockquote><i><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-weight: normal;">Simon
Goulart, sur l'attitude de ce même René, le 24 août, cite un autre
trait : "Il attira chez lui un joaillier, sous prétexte de le
sauver; il se fit donner toutes ses marchandises, et puis lui coupa
la gorge et le jeta dans la Seine".</span></span></span></i></blockquote><p></p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><i><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: small;"></span></span></i></p><blockquote><i><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-weight: normal;">Enfin
un gentilhomme, au moins, a bien gagné de figurer aux côtés de ce
tireur d'or, de ce </span><span style="font-weight: normal;">boucher et de ce parfumeur : il s'agit du beau
comte Marc Hannibal de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh85E_4qu2YDGq4pT4TG3jnQl28gUDRzErpMgm45dfaRX9pf6kVev1xU4bJ-H-GTqfmV5zOQnsuf9QEjtCnR-gJRW_Kyq3q3jcfoZXOOcNZ9pTbBJFn_UNfLsPC8mC39m7La1w-PdtyUEA5/h120/henri_duc_guise_journee_barricades.png">Coconas</a>. Celui-ci, </span><span style="font-weight: normal;"><i><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiC6U1I33QEzTck7b6glowpYuv61sqLleAyj6aNnFNSxDewTcuUUfMP8lB_06l5i2d-wdyr9ap5ce6M9lr5KX-lfvFH0DSmcXum_yzSqAyfTKTUL18Aq8ECGcWfvhYUK81jgWE9_rPYuJRSWnhJ9qjZHix_wdKTKBxkVIvK61wSPjeA4ASH9b8tw7GNgw/s320/henri_duc_guise_journee_barricades.png" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="320" data-original-width="314" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiC6U1I33QEzTck7b6glowpYuv61sqLleAyj6aNnFNSxDewTcuUUfMP8lB_06l5i2d-wdyr9ap5ce6M9lr5KX-lfvFH0DSmcXum_yzSqAyfTKTUL18Aq8ECGcWfvhYUK81jgWE9_rPYuJRSWnhJ9qjZHix_wdKTKBxkVIvK61wSPjeA4ASH9b8tw7GNgw/w314-h320/henri_duc_guise_journee_barricades.png" width="314" /></a></span></span></i>à l'en croire - ou plutôt
à en croire l'Estoile qui rapporte, d'après Henri III, les
vantardises de ce gentilhomme piémontais - se faisait gloire d'avoir
racheté de ses deniers à des tueurs besogneux, plus de trente
protestants. Et ceci pour s'offrir un plaisir de choix : il les
torturait, puis leur promettait la vie sauve contre leur abjuration
et enfin, qu'ils eussent ou non renié leur foi, il les poignardait.
Mais non point d'un seul coup de dague, comme l'ont fait, toute la
journée, des manants sans raffinement ni éducation... il les tuait
à petits coups, lentement, pour les faire languir, pour prolonger
leurs souffrances, et aussi, bien sûr, sa propre jouissance</span><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">»
(ibid. pp. 199-200). C'était aller au-delà du machiavélisme au pur sadisme.</span></span></span></span></span></span></i></blockquote><p></p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><i><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEghS6WHWLmpCmwWl6LgnL_2xF1jZefpH_r4MNqkUZp5iDRa7mNeG6YBhr5tnPJshkSiPcGWQ8nEEIdrJ_g1sMXdx0_xMe4aBBsa7um48ZD8i4WPp9nWuTQDseiYj6Djmq3HotRzvWLoj8ZqoKLPXWXcksERgNgbk04HCnnDUn12-j90tnm210XnxY_e-w/s601/Fran%C3%A7ois_III,_comte_de_La_Rochefoucauld.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="601" data-original-width="460" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEghS6WHWLmpCmwWl6LgnL_2xF1jZefpH_r4MNqkUZp5iDRa7mNeG6YBhr5tnPJshkSiPcGWQ8nEEIdrJ_g1sMXdx0_xMe4aBBsa7um48ZD8i4WPp9nWuTQDseiYj6Djmq3HotRzvWLoj8ZqoKLPXWXcksERgNgbk04HCnnDUn12-j90tnm210XnxY_e-w/w306-h400/Fran%C3%A7ois_III,_comte_de_La_Rochefoucauld.jpg" width="306" /></a></span></span></span></i>«</span></span></span></span><i><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-weight: normal;">Leur
bande se rend d'abord chez <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhLwsI4i4DuGHaTaMkzPltfFlGrVw1r8rMNrI1UAC3W00RGH2e3WezpJgn7q22l85MwqLJNtzlAyS5DxglSGkslLoxlfmFLrJ1AfDJoWdM56ZI2jIW5ZIHPryI7RqgHV90sbASJkP6R2w8t/h120/Fran%25C3%25A7ois_III%252C_comte_de_La_Rochefoucauld.jpg">La Rochefoucauld</a>. Le capitaine Raymond
Anglarez, chargé </span></span></span></i><i><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-weight: normal;">d'expédier l'ami du Roi a la promesse formelle
d'hériter de sa charge. Selon des bruits recueillis par Brantôme,
il est accompagné de son fils Chicot qui sera le célèbre bouffon
de Henri III. Voyant des hommes masqués envahir sa chambre, le comte
croit que Charles IX, coutumier de ce genre de farces, est du nombre
et vient lui donner les étrivières. - Au moins, dit-il, ne frappez
pas trop fort! "Il riait encore quand on l'égorgea"
</span></span></span></i><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">(Michelet).
On était toujours dans l'esprit des </span></span></span></span><i><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-weight: normal;">fêtes
galantes</span></span></span></i><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">!
De Paris, les massacres s'étendent en province. C'est la France
entière qui est bientôt en sang, les démonstrations de cruautés
sadiques ne cessant de se multiplier les jours qui suivent le grand
massacre parisien.</span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhmmh_sFik4tP_q1mq8u2FTNQs-mvhcQEU6AL8kmoKXj32x8XT2ndvv25ztEdmh64j8tIrGwkghNXuGbCpT_QanF0Wt7Yd4Js7roovWD5dXdDFEjUqGbGbg-JAU4YHXY-j_7om7otTiN20Mmg21c4m2jRAFbz90hs_qBdmeFLZ0VR8nSoArrYi9DIQKQA/s315/220px-Catherine_de_M%C3%A9dicis_-_entourage_de_Fran%C3%A7ois_Clouet.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="315" data-original-width="220" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhmmh_sFik4tP_q1mq8u2FTNQs-mvhcQEU6AL8kmoKXj32x8XT2ndvv25ztEdmh64j8tIrGwkghNXuGbCpT_QanF0Wt7Yd4Js7roovWD5dXdDFEjUqGbGbg-JAU4YHXY-j_7om7otTiN20Mmg21c4m2jRAFbz90hs_qBdmeFLZ0VR8nSoArrYi9DIQKQA/w279-h400/220px-Catherine_de_M%C3%A9dicis_-_entourage_de_Fran%C3%A7ois_Clouet.jpg" width="279" /></a>De
tels hôtes ne méritaient que le triste sort qui les attendait.
Charles IX mourut le 30 mai 1574, troublé par des cauchemars sans
fin. Henri III, alors duc d'Anjou, complice de la décision prise par
son frère, sera assassiné par le moine Jacques Clément. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg9mGQFYrsBqp2mJC5wnMPkSIncNgLgWQauVjBYOGcqq7c3sMwkNkEYiPQkJyIcoxyinTr32GsHi3vBN-Ho_EmH4nZXqUrd_nCO_nEFyacTh-AxLjOL_Q5hbHQ6h5y25RcIEkwj0ji_6e1-/h120/220px-Catherine_de_M%25C3%25A9dicis_-_entourage_de_Fran%25C3%25A7ois_Clouet.jpg">Catherine de Médicis</a> agonise alors qu'à l'étage au-dessous sa garde fidèle
massacre Henri de Guise. Coconas, le gentilhomme piémontais qui
dépouillait avant de tuer, sera décapité sur la place de Grève
pour avoir conspiré contre le roi, sa maîtresse, la duchesse de
Nevers, rachetant au bourreau la tête de son amant pour la faire
embaumer, dit-on. Au siège de La Rochelle, le capitaine Raymond,
l'un des </span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg394eDN_igJlsdBD1PRAJf_9oGeJvD_mGmZwbkOiAu67QucEbQlAYHpByjw6I_2E2OXhYRONTca7v_AoZ-Laaq9o2_9YrFdyGhMssBB-lxEko4GkvGGJsn_P9mATKfGP1wV_zd66vJHu7JA8H2BBlv-jigl3kuta1a1iucKjPqvA91hHeqYYebZ3mqzg/s742/'Coligny_Injured_by_Maurevert'_by_Pierre-Charles_Comte,_c._1853_.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="742" data-original-width="541" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg394eDN_igJlsdBD1PRAJf_9oGeJvD_mGmZwbkOiAu67QucEbQlAYHpByjw6I_2E2OXhYRONTca7v_AoZ-Laaq9o2_9YrFdyGhMssBB-lxEko4GkvGGJsn_P9mATKfGP1wV_zd66vJHu7JA8H2BBlv-jigl3kuta1a1iucKjPqvA91hHeqYYebZ3mqzg/w291-h400/'Coligny_Injured_by_Maurevert'_by_Pierre-Charles_Comte,_c._1853_.jpg" width="291" /></a>assassins de La Rochefoucauld sera tué. «</span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: small;"><i><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh1VSyO2qSOCTdTOnFV_I0yS2554n3D_-Xjix_C93q7MgyudniFC81hl60DOxLY3c0uf1SICJ_3bRM-Oz9K8Ke8VjL2Z8O9iRJ-DtBleHGZtVSSEPGtcw58tamRAZkiu0HmPPHuFGWV7Jn_/h120/%2527Coligny_Injured_by_Maurevert%2527_by_Pierre-Charles_Comte%252C_c._1853_.jpg">Maurevert</a>
- le "tueur du roi" </span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">[c'est
lui qui avait tiré le coup d'arquebuse manqué sur l'amiral de
Coligny] </span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: small;"><i><span style="font-weight: normal;">-
était également devant La Rochelle. Et lui aussi était si
ostensiblement tenu à l'écart que les autres officiers que ceux-ci
"ne voulaient même souffrir qu'il entrât en garde avec eux".
Sorti indemne de cette campagne, Maurevert devait, néanmoins,
quelques années plus tard, mourir de mort violente. Et par l'effet,
cette fois, non de la justice immanente mais bien de la vengeance
sacrée, exercée par le fils d'une de ses victimes, le jeune
seigneur de Mouy, qui, cherchant depuis bien longtemps, se rua sur
lui, un jour d'avril 1583, en pleine rue, devant l'église
Saint-Honoré, et le perça d'un coup d'épée "par le bas du
ventre jusqu'à la mamelle gauche"</span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">»
(ibid. pp. 284-285). D'autres encore subirent un cruel retour du
destin qui veut que ceux qui trahissent l'hospitalité doivent en
payer le prix.</span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">L'ampleur
du massacre de la Saint-Barthélemy dépasse les règlements de
comptes de type évoqué par l'anecdote d'Alberigo dei Manfredi.
D'autre part, le mythe du lit de Procuste </span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjijfW3J-wfST6aLY4s1aYVFJX8Bpgbxcdy5pLTJASDigys0rNxI_kItbnbGuN6YRqfmSaImfA4lXPnyb8HWhq_3geLP6R8vsOATMf71T3Y5EPFaCt7sZQvdT3WKIV4X3knf69djHfwlH25Gw2fyBywfEeHjglXjpBHHfxEgeaI3C7kqq8MX6t79UgXPw/s1085/Auberge_de_Peyrebelle.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="675" data-original-width="1085" height="249" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjijfW3J-wfST6aLY4s1aYVFJX8Bpgbxcdy5pLTJASDigys0rNxI_kItbnbGuN6YRqfmSaImfA4lXPnyb8HWhq_3geLP6R8vsOATMf71T3Y5EPFaCt7sZQvdT3WKIV4X3knf69djHfwlH25Gw2fyBywfEeHjglXjpBHHfxEgeaI3C7kqq8MX6t79UgXPw/w400-h249/Auberge_de_Peyrebelle.jpg" width="400" /></a>ouvre à une autre forme,
tout aussi sordide, de manque-ment à l'étiquette. En 1808, trois
person-nages sont venus ouvrir une <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEitiNdxWwQZt4RH3MC5ZwnCMKfecH44QlBwphf8HxPaGOfCivndjbW5nsA1psaKvB2KPQ7mgjLv509HGtuTgF74u3JIqVlVrmEMilt2npyaCau7Xz8ljA1cRl6zgyXyUHMmlZW2IndFF5FQ/h120/Auberge_de_Peyrebelle.jpg">auberge à Peyre-beille</a>, plateau
désertique des monts de l'Ardèche, près d'Aubenas, à 1 200 mètres
d'altitude. Pierre Martin, dit Leblanc, né en 1773 était un ancien
montreur d'ours et son complice, Pierre Rochette, un mulâtre
d'origine argentine, né en 1785, était également saltimbanque,
hercule puis dompteur de serpents. Le troisième personnage était
une femme, Marie Breysse, épouse de Martin et maîtresse de
Rochette. Pendant vingt-trois ans, ce ménage à trois va tenir l'auberge
qui, sans rouler sur l'or, ne manque pas de clients. On y vient pour
célébrer des noces, bien que d'étranges rumeurs circulent dans les
environs.</span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">En
effet, car «</span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;">ce
ne sont... pas les cadavres qui manquent. On en trouve beaucoup, au
cours de ces années, le crâne fracassé, au fond des ravins ou au
détour des sentiers. Les uns ont </span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhx6urRZ9vtLR6cX-vwthva8MQLAcqqYKLgZRNHgy8WsO5yxEdriC0aArtP-_jk7WN0irgPt3JHWZOYFrGa0BqjCXWe7PGeyy78ZZTSqrX71MzVHm8ztD3ydfYjo77Hk6mri_n8EAE0IFE3bl_4d5Es_tonhxt9IdX2-oQ6OvesPHtjdNf5lifIVyxHPQ/s1175/large.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="832" data-original-width="1175" height="284" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhx6urRZ9vtLR6cX-vwthva8MQLAcqqYKLgZRNHgy8WsO5yxEdriC0aArtP-_jk7WN0irgPt3JHWZOYFrGa0BqjCXWe7PGeyy78ZZTSqrX71MzVHm8ztD3ydfYjo77Hk6mri_n8EAE0IFE3bl_4d5Es_tonhxt9IdX2-oQ6OvesPHtjdNf5lifIVyxHPQ/w400-h284/large.jpg" width="400" /></a>peut-être été victimes de
quelque accident, les autres manifes-tement assassinés. Beaucoup de
dispa-ritions aussi, parmi les nombreux visiteurs qui traversent cette
région du Vivarais</span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">»
(B. Oudin. </span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;">Le
crime et l'argent, </span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">s.v.
Laffont-Tchou, 1975, pp. 117-118). Tous ces crimes relèvent du
mystère. Du moins jusqu'en octobre 1831, avec la découverte, sur
les rives de l'Allier, du cadavre de Jean-Antoine Enjolras, un riche
marchand de bestiaux de la région de Langogne. Un témoin dit
l'avoir vu pour la dernière fois entrer à l'<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhx6urRZ9vtLR6cX-vwthva8MQLAcqqYKLgZRNHgy8WsO5yxEdriC0aArtP-_jk7WN0irgPt3JHWZOYFrGa0BqjCXWe7PGeyy78ZZTSqrX71MzVHm8ztD3ydfYjo77Hk6mri_n8EAE0IFE3bl_4d5Es_tonhxt9IdX2-oQ6OvesPHtjdNf5lifIVyxHPQ/s1175/large.jpg">auberge des Martin</a>. Le
témoin est un certain «</span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;">Laurent
Chaze, un mendiant que les aubergistes ont laissé dormir, cette
nuit-là, dans leur grenier à foin. De là, Chaze, que l'on croyait
endormi, a assisté à toute la scène du meurtre : </span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhnopWDl9YMr6Tyt-HGp3DUbWNfbztVltSQXfFFFIjSCQytXvfchpE4khJvmp7UaMN_V_pH-mwu4LHBwW8zfX8XDrlC8JIseeaE8hDfLfzzY981dCAYKPT2S1N8TokcUMWL4Q0b7FVyFzD1PVFTtozvYwKmATC40-TVlNwHYrlyH3tRybl_kQBeC862ww/s768/768x492_auberge-peyrebeille.webp" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="492" data-original-width="768" height="256" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhnopWDl9YMr6Tyt-HGp3DUbWNfbztVltSQXfFFFIjSCQytXvfchpE4khJvmp7UaMN_V_pH-mwu4LHBwW8zfX8XDrlC8JIseeaE8hDfLfzzY981dCAYKPT2S1N8TokcUMWL4Q0b7FVyFzD1PVFTtozvYwKmATC40-TVlNwHYrlyH3tRybl_kQBeC862ww/w400-h256/768x492_auberge-peyrebeille.webp" width="400" /></a>l'arrivée
d'Enjolras, le dîner au cours duquel Marie Breysse, tout en parlant
de choses et d'autres, interroge habilement le voyageur sur le but de
son déplacement, son origine, sa famille, sa fortune. Chaze décrit
surtout la scène finale : la victime montant pour se coucher, Martin
l'éclairant à l'aide d'une bougie et, en haut de l'escalier,
Rochette, caché dans l'ombre, tenant à la main un lourd merlin...</span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">»
(ibid. p. 118). Martin et Rochette sont arrêtés et, aussitôt, les
langues se délient. La police perquisitionne l'auberge. On retrouve
la masse dont s'était servi Rochette tachée de sang; des os
calcinés reconnus par les experts comme humains sont découverts
dans le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhnopWDl9YMr6Tyt-HGp3DUbWNfbztVltSQXfFFFIjSCQytXvfchpE4khJvmp7UaMN_V_pH-mwu4LHBwW8zfX8XDrlC8JIseeaE8hDfLfzzY981dCAYKPT2S1N8TokcUMWL4Q0b7FVyFzD1PVFTtozvYwKmATC40-TVlNwHYrlyH3tRybl_kQBeC862ww/s768/768x492_auberge-peyrebeille.webp">four à pain</a>. Enfin, un véritable bric-à-brac d'objets et
de vêtements ayant appartenu aux victimes, ce qui permettra
d'identifier les différentes victimes de l'auberge de Peyrebeille.</span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">L'horreur
s'amplifia lorsqu'on réalisa que le trio n'épargnait ni les femmes
ni les enfants. Des </span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiEfZaA46rpSI-_7JZRUPOsnhGuejYduEeLoER5Yy_CIvvPbb9Tl_6nGSOYvYVWpGfR218q0tsxaK5GVX6P0WbuSDflkSrARyIloTL3RksyVThNMxyFPnhJE1P1vwFqs11QRvM3ljwpCncIVVPdS-ubUEY_-D6b0HSs4zazXelejFs4YWLA89YdSdeJmg/s665/peyrebeille-condamnes.webp" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="457" data-original-width="665" height="275" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiEfZaA46rpSI-_7JZRUPOsnhGuejYduEeLoER5Yy_CIvvPbb9Tl_6nGSOYvYVWpGfR218q0tsxaK5GVX6P0WbuSDflkSrARyIloTL3RksyVThNMxyFPnhJE1P1vwFqs11QRvM3ljwpCncIVVPdS-ubUEY_-D6b0HSs4zazXelejFs4YWLA89YdSdeJmg/w400-h275/peyrebeille-condamnes.webp" width="400" /></a>témoins appelés au procès affirmeront
reconnaître les habits de leur mari disparu. Le procès se déroula
en juin 1833. Reconnus coupables, les assassins furent conduits en
charrette devant la façade de l'auberge où ils furent <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiv0XnnoQdRROpiHlEMiyNwSZCk-fsql0Sm5HzgTzYnKVx2xyH8almBhJnJoaO9OaofmRLxrm8mPFhTagZbOk4iPp-MWi7DYCjubBoV-0ctxBkownmFytwuNp5QIPogsEzE7WrbncJ7gi01/h120/peyrebeille-condamnes.webp">guillotinés</a>.
«</span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;">Martin
et Rochette moururent en donnant les signes extérieurs du repentir
et de la piété, mais Marie Breysse, qui avait espéré la grâce du
roi Louis-Philippe, cracha sur le crucifix que l'aumônier lui
tendait</span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">»
(ibid. p. 119). On estima la foule présente à 30 000 personnes, ce
qui était assez exceptionnel pour un endroit aussi difficile
d'accès! «</span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;">Une
joie indécente s'empara des assistants</span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">»
(A. Monestier. </span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;">Les
grandes affaires criminelles, </span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Paris,
Bordas, Col. Les compacts, # 5, 1998, p. 61).</span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Il
faut dire que ce qui avait été révélé au <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiHk6Tp0AWRYKa9oimx7s94OJGthPs8uVvwRECHCFSdcGzaylSViYcluGzDY_qE3XsP_nZ30jje7JJTFzYPVC4r23541Ugo1uLxAyAX7kk8g6k5h2YnU0zQYJd_3ljmfjgy3L2gvK2JIt_F/h120/234.webp">procès</a> était déjà
assez fantastique que bien des questions se posaient à l'esprit :
«</span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;">Depuis
quand les époux Martin tuaient-ils leur clientèle? </span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgHumrxDeKU9kKTNzs-l8Mx0YELyBGkuPrdN8FwLYTd8mYUpb0NH_wNRHsFfYwAqY_-tonluClVPPa9zaWyQZNTuXlY2sAmJuaiNtVTROZxENnrzma15kBw24hBU0do1dD9QxbWF0ucYSzfvEdkaEfrYg6RMXOMqeDUnOKxlbxpsajk8HYxZHaY1QybvQ/s539/234.webp" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="392" data-original-width="539" height="291" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgHumrxDeKU9kKTNzs-l8Mx0YELyBGkuPrdN8FwLYTd8mYUpb0NH_wNRHsFfYwAqY_-tonluClVPPa9zaWyQZNTuXlY2sAmJuaiNtVTROZxENnrzma15kBw24hBU0do1dD9QxbWF0ucYSzfvEdkaEfrYg6RMXOMqeDUnOKxlbxpsajk8HYxZHaY1QybvQ/w400-h291/234.webp" width="400" /></a>Combien de
meurtres ont-ils commis? Est-il vrai qu'ils aient utilisé la chair
de leurs victimes pour enrichir en protéines la nourriture de leurs
cochons? Est-il vrai-semblable, comme on l'a prétendu, que leur
clientèle ait pratiqué, à son insu, l'anthropophagie?</span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">»
(ibid. p. 61). Bien des incertitudes couvaient, au point qu'un siècle
plus tard, un avocat voulut les innocenter totalement. Tout prêtait
à assombrir le milieu où les crimes s'étaient produits :
«</span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;">L'auberge
de Peyrebeille est perdue sur un plateau désertique de l'Ardèche.
Battues par des vents glacés et couvertes de neige une bonne partie
de l'année, deux grandes routes s'y croisent; celle qui va du Puy
vers la vallée du Rhône et celle qui joint le Gévaudan et le
Velay. Elle était autrefois la halte presque obligée des rouliers
et des charretiers qui, par temps de neige, n'avaient d'autre lieu où
trouver refuge</span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">»
(ibid. pp. 61-62).</span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">On
ignore ce qui incita les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiXQ7S1Bb04EB3OTsN25WYn_K742Dj_J7Tuf-bSmKXP4E6rtz1BDEgG35LOWqxZqFmrj1t66DoCYcKMdsSRrY-CGoRXT-npqPE0cpuoZlKdiRvJEtzlm2Yk5SZBsIEGqkJalLQbhDZjuTf-/h120/CPF86633242.jpeg">époux Martin</a> à tuer leur clientèle. Alain
Monestier suppose une </span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiXVLtys9EhRkoYdAvEYjNRcCO5N6yXbBvDX6RZ6hplXlozAWBGCvCERUAXzk80rB44ZVfRD_26GGuRAKnqZndfkrW0gLmEnBO2NNajK5JBfrTHf4VNLbGHp6EY7JV71OXg4sCaSbMopgjH_943CGDlHeksR67tZXfDAkkC1xMfTaCH6gu3POY1z175Aw/s412/CPF86633242.jpeg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="309" data-original-width="412" height="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiXVLtys9EhRkoYdAvEYjNRcCO5N6yXbBvDX6RZ6hplXlozAWBGCvCERUAXzk80rB44ZVfRD_26GGuRAKnqZndfkrW0gLmEnBO2NNajK5JBfrTHf4VNLbGHp6EY7JV71OXg4sCaSbMopgjH_943CGDlHeksR67tZXfDAkkC1xMfTaCH6gu3POY1z175Aw/w400-h300/CPF86633242.jpeg" width="400" /></a></span></span></span></span>première mort accidentelle d'un voyageur de
passage dont les époux auraient empoché la bourse bien garnie. Ils
n'avaient qu'à balancer le corps dans un ravin pour qu'on l'oublie </span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">avant longtemps! Puis, d'un premier cadavre détroussé - la chose était si facile -, ils
multiplièrent les occasions de tuer d'autres voyageurs venus
chercher refuge à l'auberge : «</span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;">Aidés
de leur unique domestique, Jean Rochette, un </span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjsXCqFVr7VMdJuwcgy5ZDMewep80CIXmV0xWIKk6qcZtxU_vOaY5FAd8G2IaunwTYo5-XqUJ7xAw-YzWUheAkK0y-D7oSUW57AXtLO0tR4Eamp4DnFBH2bKDr2c9jZOpN0-lOfOr5iL01KYkfOeArISOunCmnBc-xeTGjUmAN5HfK4apCG_XSGgAiXxg/s283/images.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="283" data-original-width="178" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjsXCqFVr7VMdJuwcgy5ZDMewep80CIXmV0xWIKk6qcZtxU_vOaY5FAd8G2IaunwTYo5-XqUJ7xAw-YzWUheAkK0y-D7oSUW57AXtLO0tR4Eamp4DnFBH2bKDr2c9jZOpN0-lOfOr5iL01KYkfOeArISOunCmnBc-xeTGjUmAN5HfK4apCG_XSGgAiXxg/w252-h400/images.jpg" width="252" /></a>garçon du pays surnommé
le "Mulâtre" en raison de la couleur de sa peau, les époux
organisèrent leur coupe-gorge avec un soin diabolique. Un trou
discret, pratiqué dans une cloison de bois, leur permettait d'épier
les conversations des clients installés à la table d'hôte. Si les
imprudents faisaient allusion à l'argent qu'ils avaient dans leur
poche, ou laissaient échapper un mot qui pût faire penser que leurs
bourses étaient bien garnies, leur compte était bon. Jean Rochette
courait se cacher dans un recoin de l'<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEinqtn1GyyEqXcoJshRfpUs5w3lzNVH69vufYESzX9E-cV4CH-g4TnNGdVU6K5FDuVH2e3DW9jU3a7-EfP8Ble4c4RIVA_MY2B4spqz6SNitjhTL7_TWrcEAtM4LpkzvhUotqKq7QNs5ZwG/h120/images.jpg">escalier</a>, attendait le moment
où ils monteraient se coucher et les assommait d'un grand coup de
gourdin. On les tirait ensuite dans une grange, où Martin leur
donnait le coup de grâce avant de les détrousser</span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">».
(ibid. p. 62). Les assassins n'avaient plus ensuite qu'à faire
disparaître les cadavres en les disséminant dans la région perdue
ou en les brûlant dans le four à pain.</span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Si
tout éclata en 1833, c'était depuis longtemps que
«</span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;">les
rumeurs les plus fâcheuses circulaient sur le compte de l'auberge.
On racontait bien dans le pays que les Martin, sous forme de pâté
ou de ragoût, faisaient manger certains de leurs hôtes au reste de
leur clientèle. Un paysan se répandait un peu partout en affirmant
avoir vu dans leur cuisine une marmite bouillante contenant des mains
humaines. Bref, les racontars allaient bon train, et cela d'autant
plus qu'on voyait les aubergistes s'enrichir rapidement</span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">»
(ibid. p. 62). Malgré cette réputation dommageable, personne ne
s'en prit ouvertement aux Martin avant cette année 1833. On ne
</span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi_oPeMuySkEA6NpEzuU5E_yRNrFwu_WMj2y4BcIy7REjE5ES0swSlpqUwUEv_n4PK0DJNmqZ5hhPFC6hNtAQB_HBJmsCeH-XjkNXGurMtAX60w8nu0Oey5f9EEWY4wlax6nbXzcHcCYdu_d2pAp06aAmsnV8OL0K6s9Qp5a90ooiO0pIHCjRlzWtOPwQ/s220/220px-Recueil_Magn%C3%A9_de_Marolles_-_B%C3%AAte_furieuse_que_l'on_suppose_%C3%AAtre_une_hy%C3%A8ne.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="153" data-original-width="220" height="278" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi_oPeMuySkEA6NpEzuU5E_yRNrFwu_WMj2y4BcIy7REjE5ES0swSlpqUwUEv_n4PK0DJNmqZ5hhPFC6hNtAQB_HBJmsCeH-XjkNXGurMtAX60w8nu0Oey5f9EEWY4wlax6nbXzcHcCYdu_d2pAp06aAmsnV8OL0K6s9Qp5a90ooiO0pIHCjRlzWtOPwQ/w400-h278/220px-Recueil_Magn%C3%A9_de_Marolles_-_B%C3%AAte_furieuse_que_l'on_suppose_%C3%AAtre_une_hy%C3%A8ne.jpg" width="400" /></a>pouvait, effectivement, se fier à des </span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;">fables
</span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">colportées
par des ivrognes. C'était trop énorme pour qu'on puisse y accorder
crédit. Il y avait, bien sûr, des disparus dont on ne retrouvait
jamais les cadavres. Des victimes, des loups ou d'autres brigands.
Peyrebeille n'était pas très loin du Gévaudan, à l'époque où,
jeune encore, Pierre Martin avait sans doute entendu parler des
massacres commis par la monstrueuse <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEja4G7r2bSYDVJtmND40kT0ACjgO_zawgbZ5iz-ZFHqC7u5Apt98hs4Lb6nHHNA_jHFjBlob-AAlCvK5LHfg3C1mm5SM2EQ9Hv8mCR-eoYDjIQ9FzNlwjVugWymHHAl_q9L0be7JyRI__P1/h120/220px-Recueil_Magn%25C3%25A9_de_Marolles_-_B%25C3%25AAte_furieuse_que_l%2527on_suppose_%25C3%25AAtre_une_hy%25C3%25A8ne.jpg">bête</a>, un loup particulièrement
gros et meurtrier. D'ailleurs les époux Martin étaient gens
accueillant, aimable et tranquille, dotés d'une </span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;">extrême
bienveillance. </span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Le
meurtre d'Enjolras, aperçu par un témoin avant son entrée à
l'auberge et le récit de Chaze devait suffire à mettre fin au
manège du trio.</span></span></span></span><br /></p><p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">L'affaire
passa vite dans la petite littérature judiciaire. Les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiF0IgoDl88vWaD9wYUOWI4vQ0Cl5-yE3ukzVyFxGc5IObqhzC_HlO0g1r5E04ar3CSFAqN264fuTK4h7SX3C2Tik4GJc-707gI8H2evPBEWASnda_eY2958_QYowUl94gXt-aCrl5zPDyy/h120/Moulages_Peyrebeille.jpg">têtes des assassins</a> furent confiées à un médecin qui en prit des moulages,
toujours conservé au musée du Puy-en-Velay bien </span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhAdhsFEAziBp6OwIspCyoG1kFzZkv8eXQ_DOVjPvOEOFwXG9dGHs_krbiCvern5ZwuCTPri7o7RaOhOgeqi-AhjxQNeDNiBlU1QNdeoqGobFZle88Qmm1vgFwJxGOhQAU6PN8pnA5dujIQUcy62GdoTsON9HGKqo6dxQ6Oge6HoBugFOqNwPKFwIUTww/s1200/Moulages_Peyrebeille.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="630" data-original-width="1200" height="210" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhAdhsFEAziBp6OwIspCyoG1kFzZkv8eXQ_DOVjPvOEOFwXG9dGHs_krbiCvern5ZwuCTPri7o7RaOhOgeqi-AhjxQNeDNiBlU1QNdeoqGobFZle88Qmm1vgFwJxGOhQAU6PN8pnA5dujIQUcy62GdoTsON9HGKqo6dxQ6Oge6HoBugFOqNwPKFwIUTww/w400-h210/Moulages_Peyrebeille.jpg" width="400" /></a>qu'on ne les
présente pas au publique. Ce qui se dit au procès rappelait un
mélodrame à succès depuis 1823, l'</span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;">Auberge
des Adrets, </span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">en
trois actes, de Antier, Saint-Amant et Paulyanthe et présenté la
première fois au théâtre de l'Ambigüe-Comique. La pièce fit la
carrière de Frédérick Lemaître qui y tenait le rôle principal de
Robert Macaire, l'un des deux voyous qui assassinaient pour le voler
un riche invité d'une noce. Le drame avait toutefois peu à voir avec l'anecdote
de l'auberge de Peyrebeille. Enfin, comment oublier l'adaptation
cinématographique qu'en fît en 1951 Claude Autant-Lara, </span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;">L'Auberge
rouge, </span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">mettant
en vedette une prestation inoubliable de Fernandel. Cette affaire
sinistre accoucha ici «</span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;">d'un
petit chef-d'œuvre d'humour noir. Carette et Françoise Rosay, ce
couple d'inquiétants aubergistes, s'en prenaient à un groupe de
voyageurs ainsi qu'au moine </span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj04C3ljFB24j758EcBAUxg-CIRDbPrp7yEGo5HRb2NmSx1kLjHu_SGnqvxKeKyBD3QvN6TfKvmt1eHUl0rXJvJSqgrAJwFLnmAC6eCHrup_pfAMqgh7fci6oR-LwMh7B13hXi_F34mVPXTTTI9W0orKC1UOw7pwxYwZF2sqXXskEzzS3BUeiBI6j3N8Q/s1200/ob_028633_film.jpeg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="877" data-original-width="1200" height="293" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj04C3ljFB24j758EcBAUxg-CIRDbPrp7yEGo5HRb2NmSx1kLjHu_SGnqvxKeKyBD3QvN6TfKvmt1eHUl0rXJvJSqgrAJwFLnmAC6eCHrup_pfAMqgh7fci6oR-LwMh7B13hXi_F34mVPXTTTI9W0orKC1UOw7pwxYwZF2sqXXskEzzS3BUeiBI6j3N8Q/w400-h293/ob_028633_film.jpeg" width="400" /></a>surprenant qu'interprétait <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjFlEAEu_1CWZ2nabzBJUfyQ-h2KDngPpUrJ7Z-uWGmdElkvT0GhwzqZcfkJYdZU0D74Ww1UovcOUZYR4vsJbdeKbEZaEM611tGviLByoZZc4lZXMbU2ZW5cdL6EVS4HEwc8YAJ8I7G-g98/h120/ob_028633_film.jpeg">Fernan-del</a></span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">»
(B. Oudin. op. cit. p. 117). C'est que la trame du film en était
tout simple-ment absurde. Cette pochade, où la farce apparaît au
creux d'une tragédie comme un œuf au milieu du nid, relate, nous dit
Jean Tulard, des «</span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;">voyageurs
d'une diligence </span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">[qui]
</span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;">descendent
à l'auberge, bientôt suivis par un moine bon vivant. Or, la femme
Martin éprouve le besoin de se confesser au saint homme. À sa
grande horreur, elle lui avoue la bagatelle de cent trois crimes. Le
moine, lié par le secret de la confession, va cependant s'employer
par tous les moyens à sauver les voyageurs. Un bonhomme de neige lui
en donnera l'occasion. Confondus, les aubergistes sont arrêtés par
la police tandis que leur fille file le parfait amour avec le novice
du moine. Les voyageurs, soulagés, reprennent la route. Pas pour
longtemps, car la diligence s'écrase dans le ravin...!</span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">»
(J. Tulard. </span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;">Guide
des films, </span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">t.
1, Paris, Robert Laffont, Col. Bouquins, 1990, p. 150. - Il est
possible de visionner ce film à cette adresse :
https://ok.ru/video/10462180425).</span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiTWKp69LbHCMiwRB9xWihmdddS7zLgeAFDv7AN6CudLbtZ7RIqXwdjeX5yYNYnWkmNHLGKTZ66h-45vlQq4GRVcDlc0J-owvcX7NeP2IQhVfrVAPh1Pnu7bcaBjisTeO0bDwlnMh_8sePi26RDxE2yZ5xvvHBi8xEeOBvTqPC1VWL663jebDHBE7naTQ/s373/Grigori_Rasputin_1916.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="373" data-original-width="260" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiTWKp69LbHCMiwRB9xWihmdddS7zLgeAFDv7AN6CudLbtZ7RIqXwdjeX5yYNYnWkmNHLGKTZ66h-45vlQq4GRVcDlc0J-owvcX7NeP2IQhVfrVAPh1Pnu7bcaBjisTeO0bDwlnMh_8sePi26RDxE2yZ5xvvHBi8xEeOBvTqPC1VWL663jebDHBE7naTQ/w279-h400/Grigori_Rasputin_1916.jpg" width="279" /></a></span></span></span></span>Un
dernier rappel du circuit d'Alberigo dei Manfredi se trouve dans
l'histoire russe, à quelques mois à peine du déclenchement de la
révolution de février 1917, dans la nuit du 17 décembre 1916. Un
complot avait été ourdi afin de se débarrasser du </span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;">staretz</span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">
Grigori </span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Efimovitch <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgdcCTQk3Kt92XWPZ7z3Eaf6RIw-LdEBfgY_pYw__d4dkADvW1up-b5Y04eHKbQL0K6S3QoKWOhW5avhVCKx7vPn8QWhH9X0YvwBmcvc2-V8p0wCaK8t925XC4NKjRg9bhszCPHu7pkIQ8X/h120/Grigori_Rasputin_1916.jpg">Raspoutine</a>. La Russie était en pleine guerre
mondiale et les choses allaient mal pour elle sur le front. On
cherchait un bouc émissaire et Raspoutine, en faveur dans les bonnes
grâces de la famille du Tsar où il jouait le rôle de guérisseur
auprès de l'hémophile tsarévitch, </span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjIVdkIWlYAcJqRZBU6r163gObzscFht55nEJZPvdhTl2l55NdyyBkEPpzD9cSc9C5hJwsEd0ZTw2DpXLhAZYWwEiK3H3jPMvjrSzQwFgesjfnR4vkqJ2Ceiky-h2pkkSPDBy7NHNceKsp0VzpyJ6f8dC1ba1oSrB3Y9CChJ0oLrBH31fTvSrmM4X54QQ/s1225/Rasputin_listovka.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1225" data-original-width="800" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjIVdkIWlYAcJqRZBU6r163gObzscFht55nEJZPvdhTl2l55NdyyBkEPpzD9cSc9C5hJwsEd0ZTw2DpXLhAZYWwEiK3H3jPMvjrSzQwFgesjfnR4vkqJ2Ceiky-h2pkkSPDBy7NHNceKsp0VzpyJ6f8dC1ba1oSrB3Y9CChJ0oLrBH31fTvSrmM4X54QQ/w261-h400/Rasputin_listovka.jpg" width="261" /></a></span></span></span></span>prenait trop d'<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhu1ey__jfDkkW_B1_krl-o4Vjw5HCtCOupNhbHrOg6NiuFxwsIdkZgwoQm5KAkRmP02XgzasqNwLbkK0WAYDVY2BsuPABpyasUidrCfZNzwjXNFpjd5H_tx3HYWSsVjT8Yr6XBcdhEAWZd/h120/Rasputin_listovka.jpg">influence</a> dans
les affaires politiques. C'est du moins ce qu'en jugeait les députés
de droite à la Douma menés par un gros propriétaire,
Pourichkévitch. C'est à lui que le prince Félix Youssoupov
présenta un projet d'assassinat. Un troisième larron s'associa au
projet, le grand-duc Dimitri Pavlovitch. En tant que princes,
Youssoupov et Pavlovitch étaient immunisés des lois courantes et ne
relevaient que de la justice du Tsar. Le complot accueilli aussi un
médecin d'origine polonaise, le docteur Lazovert, chargé de
procurer le poison qui serait l'arme du crime, de l'officier de
cavalerie Soukhotine, et du valet de chambre de Youssoupov, Néfédov.</span></span></span></span></p><p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiz80D7Y3_zaSSl4rSso4rKPkNkjGiJ97UUh9ZYM-KevAbIfZ91JClrHPL0gTr7VZZlaA0_cctib207J0tgd7qlouqDXbN66l2IxShcU0G1O7WUDYyKvDy4-FFfZh_8L4C6ymKbUGlq8eDivqKOImzhyZELI4p-EYQN54VPS3p1gdbd7XPtYqK8qLpfJw/s850/prince-felix-youssoupov-costume-2267nedib-16-11-16.webp" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="850" data-original-width="443" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiz80D7Y3_zaSSl4rSso4rKPkNkjGiJ97UUh9ZYM-KevAbIfZ91JClrHPL0gTr7VZZlaA0_cctib207J0tgd7qlouqDXbN66l2IxShcU0G1O7WUDYyKvDy4-FFfZh_8L4C6ymKbUGlq8eDivqKOImzhyZELI4p-EYQN54VPS3p1gdbd7XPtYqK8qLpfJw/w209-h400/prince-felix-youssoupov-costume-2267nedib-16-11-16.webp" width="209" /></a><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgyBEWfd90wnWFQgqkOwYG8KC6EmvXPN1bloUtBwhVzd2uFKsd7BUTHEJlWOrIbMn9P5rlHeFI0QFzZciluLNvIGxLD0yoszrRrT67fXmSzGRf9XUq6yVAPGBQfXALDrn4jJudCD8cWggNC/h120/prince-felix-youssoupov-costume-2267nedib-16-11-16.webp">Youssoupov</a>
réussit à se faire l'ami de Raspoutine qui raffolait l'entendre
chanter et jouer de la guitare. Il suffisait de l'inviter chez lui, et
«</span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;">le
16 décembre fut choisi pour l'assassinat de Raspoutine. Le meurtre
devait être accompli dans une des caves du palais de Youssoupov à
la Moïka; celle-ci était précisément vide par suite de
réparations. Sous ces voûtes, on serait tranquille et aucun bruit
suspect ne parviendrait à l'extérieur. On avait aussi trouvé un
prétexte pour attirer le staretz : Grigori Efimovitch avait exprimé
depuis longtemps le désir de faire la connaissance de la femme du
prince Félix, la jeune et jolie Irina Alexandrovna et on avait ainsi
constitué le dernier maillon de la chaîne</span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">»
(R. Fülop-Miller. </span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;">Raspoutine
et les femmes, </span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Paris,
Payot, Col. Bibliothèque historique, 1952, pp. 359-360). «</span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;">La
cave où le crime devait être commis avait été autrefois affectée
aux vins, et il s'agissait de l'aménager en salle à manger. Cette
pièce était dallée, avait un plafond assez bas et voûté, enfin
deux fenêtres étroites donnaient au niveau de la rue sur </span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgrn_cqaCfUbamfwzXX8LwSCehYrl8y535XAT_EWv0lrfRaJ_ZlfDX7pWgvUgQ14xKduXlaBATm_Ow9HaOMLA9wS198Vg3bZSpK4RvrjqZbu9oPsJ3ERy7zGYW2GXD_gL95qnn3nijdH0vqVuzsmaVfKHBpLDcERMw7IUJjnzdEFzcKJAl3Qzut5D0rqg/s1280/1280px-Petersburg_yusupov_1.JPG" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="635" data-original-width="1280" height="199" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgrn_cqaCfUbamfwzXX8LwSCehYrl8y535XAT_EWv0lrfRaJ_ZlfDX7pWgvUgQ14xKduXlaBATm_Ow9HaOMLA9wS198Vg3bZSpK4RvrjqZbu9oPsJ3ERy7zGYW2GXD_gL95qnn3nijdH0vqVuzsmaVfKHBpLDcERMw7IUJjnzdEFzcKJAl3Qzut5D0rqg/w400-h199/1280px-Petersburg_yusupov_1.JPG" width="400" /></a>la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgrn_cqaCfUbamfwzXX8LwSCehYrl8y535XAT_EWv0lrfRaJ_ZlfDX7pWgvUgQ14xKduXlaBATm_Ow9HaOMLA9wS198Vg3bZSpK4RvrjqZbu9oPsJ3ERy7zGYW2GXD_gL95qnn3nijdH0vqVuzsmaVfKHBpLDcERMw7IUJjnzdEFzcKJAl3Qzut5D0rqg/s1280/1280px-Petersburg_yusupov_1.JPG">Moïka</a></span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">.
</span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;">Comme
il s'agissait avant tout de donner à cette pièce l'im-pression qu'on
l'habitait constam-ment, Félix la fix garnir de tapis, puis de beaux
meubles y furent placés, des chaises en bois sculpté recouvertes de
cuir, des tables, des armoires dont l'une d'elles en particulier,
incrustée avec un art merveilleux, était garnie à l'intérieur de
glaces et de colonnettes en bronze</span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">»
(ibid. p. 360). Bref, Youssoupov et son domestique Néfédov
passèrent la journée à préparer les lieux du crime.</span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhJlz5lW4ebU-hVBr5q0PtworRpAig1IcT8q7Wc5gNA31tu0FWzXTaFhsYagoy5xmDIqGgkHpGx828N_ZhZPzv09mt1krpNSnY1SgrpnZD7Mn43jYuNI6nqWmcbCo1besdbsC1TJ7KDwhkss76yEC7CWOz057N_82WUPiuteTvqJgWzj5Qjizcbat2ETQ/s476/Dmitri_pavlovich1.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="476" data-original-width="288" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhJlz5lW4ebU-hVBr5q0PtworRpAig1IcT8q7Wc5gNA31tu0FWzXTaFhsYagoy5xmDIqGgkHpGx828N_ZhZPzv09mt1krpNSnY1SgrpnZD7Mn43jYuNI6nqWmcbCo1besdbsC1TJ7KDwhkss76yEC7CWOz057N_82WUPiuteTvqJgWzj5Qjizcbat2ETQ/w242-h400/Dmitri_pavlovich1.jpg" width="242" /></a><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Les
autres conspirateurs les rejoignirent. Le docteur Lazovert amena le
poison qu'il saupoudra à l'intérieur de gâteaux au chocolat. Il en
mit aussi dans le vin, et jugea que la quantité était suffisante
pour tuer le </span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;">staretz.
</span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">«</span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;">Enfin
ils se partagèrent une dernière fois les rôles que chacun devait
tenir pendant l'assassinat de Raspoutine : le grand-duc <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiqGXmqlK9bkR76zKqaMjEXJXLJ4-HeOGB1uTEtQE0mbTIhjwCg3NplQtZrY0MavVdjNMpvdbBL2BTMKn-JkERKymj1tE6plSmBhxVkJkRYYLtls9d48sQQhpXzzM-Ig9mfcVxbIqcsHRGq/h120/Dmitri_pavlovich1.jpg">Dimitri</a>, qui
était resté jusque-là inactif, exprima le désir de tuer un peu
lui aussi. Mais <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhdgz-Aq7MekUTEiVQ3MG05lq3ft66iFoIsvBgkueFFijwwSZbInSBm_BY8IhSxkeLBihhS7IOgPDhJp7Bbyqnll_lHYHR2J6-KfFkPZ59Cyo9ox2wqDVSbuJ0RJpIQsP59_PveesFgi93794D-YReKJLty2oOGOHJQEO5WAeLPppkv2CCGqBi0OrLXIQ/s531/Puriskevich--fallofromanoffsh00londrich.jpg">Pourichkévitch</a>, le farouche impérialiste, fit
preuve de la </span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhdgz-Aq7MekUTEiVQ3MG05lq3ft66iFoIsvBgkueFFijwwSZbInSBm_BY8IhSxkeLBihhS7IOgPDhJp7Bbyqnll_lHYHR2J6-KfFkPZ59Cyo9ox2wqDVSbuJ0RJpIQsP59_PveesFgi93794D-YReKJLty2oOGOHJQEO5WAeLPppkv2CCGqBi0OrLXIQ/s531/Puriskevich--fallofromanoffsh00londrich.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="531" data-original-width="360" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhdgz-Aq7MekUTEiVQ3MG05lq3ft66iFoIsvBgkueFFijwwSZbInSBm_BY8IhSxkeLBihhS7IOgPDhJp7Bbyqnll_lHYHR2J6-KfFkPZ59Cyo9ox2wqDVSbuJ0RJpIQsP59_PveesFgi93794D-YReKJLty2oOGOHJQEO5WAeLPppkv2CCGqBi0OrLXIQ/w271-h400/Puriskevich--fallofromanoffsh00londrich.jpg" width="271" /></a>subtilité de ses sentiments : il démontra qu'il y
avait une certaine limite qu'un membre de la famille du tsar ne
</span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;">devait pas dépasser au cours d'un attentat; à son avis, un prince
du sang ne devait pas se salir les mains en tuant un paysan
malpropre; il lui serait seulement permis d'assister au meurtre comme
témoin. Cette opinion ayant été admise, il fut arrêté que seul
Youssoupov verserait le poison au staretz, et que les autres
conspirateurs attendraient dans son cabinet, situé exactement
au-dessus de la cave, jusqu'à ce que Raspoutine soit mort. Enfin ils
feraient marcher le phonographe pour faire croire au staretz qu'une
joyeuse société était rassemblée à l'étage supérieur</span></i></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">»
(ibid. pp. 361-362). Puis on se mit en marche.</span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Youssoupov
alla chercher Raspoutine en automobile. Tout au long du trajet, le
prince manifesta une certaine nervosité. Arrivé à la demeure,
Raspoutine s'enquérit du </span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiRerIlmbeqv_gMXvBwiIRBPDPNHxSz5PBRzVN0jS8nCo-93kHqumie7UJl-GMJVpw4aY0bxn-AnfeBDr2PEnN7HkjvmN3ipnOKF2X5BJMk32R_dcmOMhPuEHUrjlquOB8mE6ySHpY7iyFOL9HxzcXBKnquQbOVoKrhB1Cx6N0oTEDl9Zr3R8RfRM0uNQ/s253/images.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="199" data-original-width="253" height="315" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiRerIlmbeqv_gMXvBwiIRBPDPNHxSz5PBRzVN0jS8nCo-93kHqumie7UJl-GMJVpw4aY0bxn-AnfeBDr2PEnN7HkjvmN3ipnOKF2X5BJMk32R_dcmOMhPuEHUrjlquOB8mE6ySHpY7iyFOL9HxzcXBKnquQbOVoKrhB1Cx6N0oTEDl9Zr3R8RfRM0uNQ/w400-h315/images.jpg" width="400" /></a>phonographe. Youssoupov répondit que
c'était sa femme (qui était absente) qui recevait quelques amis.
Puis, ils descen-dirent au <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgdAlIYHRCAdvorTMPvQHN7CgocHiAeOz_F5CCaDik3egOR3THmgcVWN2MPPi4XVk7qbZjfuDaF_K6DIvcwb3-SXXgk27UfEcwuOhP_GmoPV0e4MhO_lLWymaQVI4UpU1uAc5JbdagKv-Lu/h120/images.jpg">sous-sol</a> aménagé au cours de la journée.
Elle séduisit particulièrement Raspoutine. Le prince servit du thé
et quelques gâteaux - ceux qui n'étaient pas empoisonnés - et la
conversation alla bon train. Enfin se présenta le moment de
présenter les gâteaux empoisonnés et le vin. On s'attendait à un
résultat immédiat du cyanure qu'ils contenaient :</span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"></span></span></span></p><blockquote><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">«</span><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span><i><span style="font-weight: normal;">Raspoutine
vida plusieurs verres sans la moindre méfiance et avec un
contentement visible : Félix restait debout devant lui, observant
chacun de ses mouvements et s'attendant à voir le staretz tomber
foudroyé d'un moment à l'autre. Mais, au bout de quelques instants,
Grigori Efimovitch se leva, fit quelques pas dans la pièce et
réclama encore du vin. Félix lui en offrit un verre. Raspoutine le
vida cette fois encore sans aucun effet.</span></i></span></span></span></span></span></blockquote><p></p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i></i></span></span></p><blockquote><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjuw6nBDR2ekxoQVoKbaODOc6p28wTuCm9LszxfZEobHS5nUD08uSQM8YBChEU1nReDQVzOYF4riVTXQ8fMO60hKFcaPYyrPKsjEUast3lO6QjnEvvQ2w6dcV15h6IjqSf6wmNlfkFYPAF-935XqQs4jk74fF-elCQQ0Nb0sUDJLdwPMoQiGBKIpcdmgg/s204/0876299-Doctor-Stanislas-Lazovert-one-of-the-Rasputins-murderers-at-the-time-of-the-murder-December-1916-16-17-Full-credit-Roger-Viollet--Granger----All-rights-reserved.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="204" data-original-width="197" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjuw6nBDR2ekxoQVoKbaODOc6p28wTuCm9LszxfZEobHS5nUD08uSQM8YBChEU1nReDQVzOYF4riVTXQ8fMO60hKFcaPYyrPKsjEUast3lO6QjnEvvQ2w6dcV15h6IjqSf6wmNlfkFYPAF-935XqQs4jk74fF-elCQQ0Nb0sUDJLdwPMoQiGBKIpcdmgg/w309-h320/0876299-Doctor-Stanislas-Lazovert-one-of-the-Rasputins-murderers-at-the-time-of-the-murder-December-1916-16-17-Full-credit-Roger-Viollet--Granger----All-rights-reserved.jpg" width="309" /></a><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;">Ils
étaient tous deux face à face, le prince se désespérait,
cherchant à comprendre pourquoi le poison n'avait pas opéré. Le
docteur <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhGoiBwQAYEacK2SMcpBoJwpbH4qyQFIUthizjQ5-XFN2xb6M6Oah-k2ZHlxGhdbpFRsaGSK7_3S9ogTPHrU9_BJZcecC7y9Kfm2Ht1JtXSasVJteMTQ7d-zWctmz82ylQFcr51oR4xDI8A/h120/0876299-Doctor-Stanislas-Lazovert-one-of-the-Rasputins-murderers-at-the-time-of-the-murder-December-1916-16-17-Full-credit-Roger-Viollet--Granger----All-rights-reserved.jpg">Lazovert</a> s'était-il trompé? Et avait-il apporté une poudre
inoffensive au lieu de poison? Ou bien Raspoutine était-il vraiment
un être surnaturel? Mais non, cela n'était vraiment pas croyable!</span></i></span></span></blockquote><p></p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i></i></span></span></p><blockquote><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;">Il
regarda Raspoutine fixement et crut lire dans ses yeux une expression
de méfiance et de soupçon; alors Youssoupov s'approcha du mur et
prit sa guitare. Grigori Efimovitch sourit avec bonheur et lui dit
d'un ton suppliant :</span></i></span></span></blockquote><p></p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i></i></span></span></p><blockquote><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;">-
Ah oui! Joue-moi quelque chose de gai! J'aime tellement t'entendre!</span></i></span></span></blockquote><p></p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i></i></span></span></p><blockquote><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;">Le
prince Félix joua donc et chanta, il interpréta quelques mélodies
tziganes d'une voix exagérément douce et prenante, et le staretz
l'écouta en souriant. Chaque fois que le prince s'arrêtait, il le
priait de continuer, et son visage exprimait alors autant de pureté
que celui d'un vieillard.</span></i></span></span></blockquote><p></p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i></i></span></span></p><blockquote><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;">Les
autres conspirateurs, réunis dans le cabinet de Youssoupov,
commençaient à s'impatienter et ils firent un peu de bruit, comme
pour faire comprendre au prince qu'il était temps d'en finir.
Raspoutine leva la tête et demanda ce qui se passait en haut.</span></i></span></span></blockquote><p></p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i></i></span></span></p><blockquote><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;">-
Ce sont probablement les amis de ma femme qui s'en vont, répondit
Félix gêné.</span></i></span></span></blockquote><p></p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i></i></span></span></p><blockquote><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;">Mais
heureux de trouver un prétexte pour quitter la pièce, il ajouta :</span></i></span></span></blockquote><p></p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i></i></span></span></p><blockquote><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;">-
Je vais monter un instant pour me rendre compte de ce qu'ils font!</span></i></span></span></blockquote><p></p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i></i></span></span></p><blockquote><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;">Et,
se levant vivement, il sortit, avec l'intention d'aller chercher une
arme pour tuer le staretz d'un coup de feu, puisque le poison n'avait
aucune action.</span></i></span></span></blockquote><p></p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i></i></span></span></p><blockquote><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;">Raspoutine
le regarda partir avec un regard paisible et plein d'affection : il
était certain qu'à son retour, Félix reprendrait sa guitare et
recommencerait à chanter. Oh! comme cela lui faisait du bien, et
qu'il avait donc de plaisir à écouter la voix de ce jeune homme
aimable et gracieux</span><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">»
(ibid. pp. 369-370).</span></span></span></span></i></span></span></blockquote><p></p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Les
choses ne se produisirent évidemment pas ainsi :</span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"></span></span></span></p><blockquote><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">«</span><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span><i><span style="font-weight: normal;">Toute
la monde fut stupéfait à l'annonce de ce qu'on crut être le
résultat d'une résistance surnaturelle du thaumaturge. D'abord, les
conjurés décidèrent de descendre tous ensemble pour se jeter sur
lui et l'étrangler. Finalement, ils laissèrent Youssoupoff agir
seul. Armé du révolver du grand-duc Dimitri, et le cachant derrière
son dos, le prince descendit au sous-sol. Le "staretz"
paraissait las, mais gardait tous ses esprits. Saisissant le moment
où il s'intéressait à une ancienne armoire en ébène, contenant
un labyrinthe de petites glaces, qui ornait la pièce, le prince lui
conseilla de regarder plutôt un ancien crucifix italien, posé sur
ce meuble, "et de dire une prière".</span></i></span></span></span></span></span></blockquote><p></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span></span></span></p><blockquote><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjZEbhzaBHBMzI0i6wxK_PdZoK7kbQwkDHI-ndioSFahwHYngfURxLQkAm_OWibQ2LvsZZzfAAD5D-paNf81nm1KZ5R7KRwlQa8e7jeen0FpOpsTk-TSnuoVCm6xU2Jd5vNF-Gu3miFbZM9vefRRHA2F0uPKbI9b-YhTDof5W5ltrfk-hKZcQ0_0wgTmQ/s1150/Raspoutine.webp" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1150" data-original-width="865" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjZEbhzaBHBMzI0i6wxK_PdZoK7kbQwkDHI-ndioSFahwHYngfURxLQkAm_OWibQ2LvsZZzfAAD5D-paNf81nm1KZ5R7KRwlQa8e7jeen0FpOpsTk-TSnuoVCm6xU2Jd5vNF-Gu3miFbZM9vefRRHA2F0uPKbI9b-YhTDof5W5ltrfk-hKZcQ0_0wgTmQ/w241-h320/Raspoutine.webp" width="241" /></a><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-weight: normal;">[...]</span><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span><i><span style="font-weight: normal;"> <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEivAw6UN6HaAzoIYyG6YRYcplpXjdFuCXcp5RjGRk3yCWwYebZPhyphenhyphen5Br8saumSIZbUMtVrh5vhKPM5AUFOhW0D4s-cWOwWV7UvNLBk_xcXnijMaqPjeLnaqWUpyYbyjGXXhXX6Ttqucs8JF/h120/Raspoutine.webp">Grigori</a>
se tenait debout devant son meurtrier, "immobile et la tête
penchée, les yeux fixés sur le crucifix". Youssoupoff visa au
cœur et pressa la détente. En poussant "un rugissement
sauvage", le "staretz" "s'effondra sur la peau
d'ours", étendue devant l'armoire du labyrinthe.</span></i></span></span></span></span></blockquote><p></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i></i></span></span></p><blockquote><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;">En
apparence, le but des conjurés avait été atteint. Tout n'était
cependant pas encore fini.</span></i></span></span></blockquote><p></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i></i></span></span></p><blockquote><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><i><span style="font-weight: normal;">"Au
bruit du coup de feu mes amis étaient accourus", poursuit
Youssoupoff. "Raspoutine était étendu sur le dos. Au bout de
quelques minutes, il cessa de bouger. Le docteur constata que la
balle avait traversé la région du cœur. Il n'y avait plus à en
douter : Raspoutine était bien mort".</span></i></span></span></blockquote><p></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span></span></span></p><blockquote><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-weight: normal;">...</span></span></span></blockquote><p></p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span></span></span></i></span></p><blockquote><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhjNPCktajYzaWYAYgV4H2C8iBpdg3ZZ6gM1iFZwv34dtemIIwrkJCLttPUE_2mrAKzW-DONS9b2f1vT59ua7tC9DxjqDqRwu4OYJpKjcCc7eiMf_Egc8BgRbX-77nHL4dhdVCLLBQaMD7NuBUAYPXz4eSjmkg_7o2DgMpcawYNRY-OdCIIO_U6ln-0wQ/s800/hwBSkFA_e8fri06Pz7lC53uUYBg.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="800" data-original-width="581" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhjNPCktajYzaWYAYgV4H2C8iBpdg3ZZ6gM1iFZwv34dtemIIwrkJCLttPUE_2mrAKzW-DONS9b2f1vT59ua7tC9DxjqDqRwu4OYJpKjcCc7eiMf_Egc8BgRbX-77nHL4dhdVCLLBQaMD7NuBUAYPXz4eSjmkg_7o2DgMpcawYNRY-OdCIIO_U6ln-0wQ/w290-h400/hwBSkFA_e8fri06Pz7lC53uUYBg.jpg" width="290" /></a><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjWZcrSyHHLrWtKiASReNY1547dI6p_jTGkji4gTB5FYuu7Rv6OwjbxNWaR781GyWcs63a0RkDcBkOJxU0fdNJG0qBrO8ihu0cVLvCZb3MhUNeimtWeFV0gdsrj8eFkHoXPxCUGGsCXUkmB/h120/hwBSkFA_e8fri06Pz7lC53uUYBg.jpg">Youssoupoff</a>
et Pourichkévitch restèrent seuls. À un certain moment, le prince,
saisi d'une vague inquiétude, descendit au sous-sol. Grigori gisait
toujours à la même place. Sans, comme il le dit lui-même,
s'expliquer les raisons de son acte, il secoua violemment le cadavre,
qui retomba inanimé. Soudain il vit s'entrouvrir son œil gauche.
Quelques instants après, les deux yeux de Raspoutine se fixèrent
sur lui "avec une expression de haine satanique". "D'un
mouvement brusque et violent", il "bondit sur ses pieds"
et se jeta sur son assassin en cherchant à le saisir à la gorge.
"Ses yeux sortaient de leurs orbites, le sang coulait de ses
lèvres. D'une voix basse et rauque, Raspoutine m'appelait tout le
temps par mon nom... Une lutte terrible s'engagea entre nous... Par
un effort surhumain, je parvins à me dégager de son étreinte. Il
retomba sur le dos râlant affreusement et serrant dans sa main mon
épaulette qu'il avait arrachée... Je bondis dans l'escalier en
appelant Pourichkévitch qui était demeuré dans mon cabinet de
travail".</span></span></span></i></span></blockquote><p></p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span></span></span></i></span></p><blockquote><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span><span style="font-weight: normal;">Et
voici comment ce dernier raconte la scène qui s'ensuivit : "Tout
à coup j'entendis un cri sauvage, presque inhumain dans lequel je
crus reconnaître la voix de Youssoupoff : "Pourichkévitch,
tirez, tirez, il est vivant, il s'enfuit!"</span></span></span></i></span></blockquote><p></p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span></span></span></i></span></p><blockquote><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span><span style="font-weight: normal;">"Celui
qui poussait ces cris, et qui était effectivement Youssoupoff,
grimpa à toutes jambes l'escalier... Dans un état semi-conscient,
presque sans me voir, avec un regard d'aliéné, il se précipita
vers la porte donnant sur le couloir principal et disparut dans les
appartements de ses parents".</span></span></span></i></span></blockquote><p></p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span></span></span></i></span></p><blockquote><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEibN1n_FNP7FISpG9GT9g36XQt5zWaCmwGwHzh-VAN3oFofgjntZx-NaY4rIvGTX4wLGlDuGucNfVHTBacRkbZVCY8q4hXF0CNNIuHTjo-gQt_GoJnIPniCt5RhT6zcoBrIbIKJmKXuTAe_rwKTiwRrAVMKFIPCULQ1HpxRhHRpM6dURD1nhcN8Jh2jTA/s600/Courtyard_Moika_Embankment_92.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="402" data-original-width="600" height="214" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEibN1n_FNP7FISpG9GT9g36XQt5zWaCmwGwHzh-VAN3oFofgjntZx-NaY4rIvGTX4wLGlDuGucNfVHTBacRkbZVCY8q4hXF0CNNIuHTjo-gQt_GoJnIPniCt5RhT6zcoBrIbIKJmKXuTAe_rwKTiwRrAVMKFIPCULQ1HpxRhHRpM6dURD1nhcN8Jh2jTA/w320-h214/Courtyard_Moika_Embankment_92.jpg" width="320" /></a>Descendu
au sous-sol, celui à qui échut la tâche de l'achever vit, par la
porte d'entrée restée ouverte, le "staretz" traverser en
courant la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiSXOM0GkCJHE3ZM3xNM2Fvk_sRBcPrA26rzdk1L1qREbstfvDHt1Mjk8TzPHcUkt7gLqmIXne_XSwhOcCW4lIVnxLPkJp0TT_xfo2PPUNfc3O1Lh5sqx9fz1NHpTaX-8fcs_0yhactxFaf/h120/Courtyard_Moika_Embankment_92.jpg">cour d'honneur</a> du palais. Dans le silence de la nuit, on
l'entendait répéter : "Félix, Félix, je dirai tout à la
tsarine!" Pourichkévitch tira quatre fois sur lui. Les deux
premières balles manquèrent le but. La troisième toucha Grigori au
dos; la quatrième à la tête. Il s'effondra près de la grille.
Tout indiquait que maintenant il était vraiment mort..."</span><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">»
(M. de Enden. </span></span></span></span><i><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span><span style="font-weight: normal;">Raspoutine
ou la fascination, </span></span></span></i><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Paris,
Fayard, 1976, pp. 294-296.</span></span></span></span></span></span></i></span></blockquote><p></p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Youssoupov
était dans un état de transe. Se refusant à croire que Raspoutine
était définitivement <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjmVB2KdYt1dIm-Y1MFK7OnGBPck3qm-5erhofNFlhZsHE6vI2i7s7J3l4OIETnQiCq_v9aTcEAo09n_rMdEb17zJ1xOSYPahCgqghogqjMyRgORa7w6vBbYa0ekC5IXECJE4LGj132Nrsb/h120/290px-Dead_Rasputin.jpg">mort</a>, il s'approcha de lui et commença à le
frapper de toute sa force à la </span></span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh8lSoQTlAwXbItzuKS5vABqN26Rmp-rje__AcbPYyuXlXhxxeOkXnhi_Vo8yO69Wehy93n97ZgT47oicv3B9fQeuWmHuiWkl_vokCLMZFXpj9ycSoBQE4juCQj6NXUI-DPr7CglrUS3KZFRYIq35oQa34OzVK4zBsvNqlhzhNmNFUCF1JSgoe02S5ZAg/s290/290px-Dead_Rasputin.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="198" data-original-width="290" height="273" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh8lSoQTlAwXbItzuKS5vABqN26Rmp-rje__AcbPYyuXlXhxxeOkXnhi_Vo8yO69Wehy93n97ZgT47oicv3B9fQeuWmHuiWkl_vokCLMZFXpj9ycSoBQE4juCQj6NXUI-DPr7CglrUS3KZFRYIq35oQa34OzVK4zBsvNqlhzhNmNFUCF1JSgoe02S5ZAg/w400-h273/290px-Dead_Rasputin.jpg" width="400" /></a>tempe avec une matraque de deux
livres. À grand peine, ses amis réussirent à le ramener, «</span></span></span></span><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span><span style="font-weight: normal;">tout
éclaboussé de sang</span></span></span></i><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">»
dans le cabinet de travail. Puis, «</span></span></span></span><i><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span><span style="font-weight: normal;">enve-loppé
dans un épais tissu et solidement ficelé, le corps de Raspoutine
fut transporté dans la voiture personnelle du grand-duc Dimitri,
conduite par le grand-duc lui-même - le docteur Lazovert ayant eu
une défaillance momentanée - jusqu'à l'île de Pétrovski, à
l'extrémité de la capitale. Ayant procédé à la reconnaissance
préalable du </span></span></span></i></span><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span><span style="font-weight: normal;">terrain, les conjurés avaient, en effet, décidé de
le précipiter, du haut d'un pont, dans une </span></span></span></i></span><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh79TnRWEeO4ytlHOAiWpkV53dEAil4vLMKzMIsUU8ec25dldAnJr4SGXubddjTv8_bApK1cqnlZ2dwoQN8XnnZSS3mB1ev4BoO_aLLAN_6cCnFcz9fv-CppHwBtHMq8jtOFndPl2QUsVCta0lIrdXq3Mwl6oU8OXlJHh2UYQcj3zBX92QOyImcQRU-ZQ/s277/images.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="182" data-original-width="277" height="263" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh79TnRWEeO4ytlHOAiWpkV53dEAil4vLMKzMIsUU8ec25dldAnJr4SGXubddjTv8_bApK1cqnlZ2dwoQN8XnnZSS3mB1ev4BoO_aLLAN_6cCnFcz9fv-CppHwBtHMq8jtOFndPl2QUsVCta0lIrdXq3Mwl6oU8OXlJHh2UYQcj3zBX92QOyImcQRU-ZQ/w400-h263/images.jpg" width="400" /></a>trouée qu'ils avaient
repérée dans la glace recouvrant l'un des bras de la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjPBqYhy0tf_5Tv4AVFqKzvsAsrh5Hs6uZc26XhyphenhyphennS_NxL7Kc5zypD85QlGPuqKYxPHmo6780K7KOKoGOqIqfjVSl_LbU1tWD3_kYiZSzzQFPapU7iRak2Hl6jGkLVtYncJZtOXrHPZ4FIp/h120/images.jpg">Néva</a>.
Prenaient part à l'expédi-tion, en dehors du grand-duc, Soukho-tine,
le docteur Lazovert, Pourichkévitch et l'un des domestiques de
Youssoupoff. On doit attribuer à l'énervement des conjurés les
erreurs qu'ils commirent à ce moment. Ils oublièrent, par exemple,
d'attacher au cadavre les poids qu'ils avaient emmenés avec eux. La
pelisse et les galoches du "staretz" ne furent pas brûlées
comme cela avait été prévu. On les jeta, après le corps, dans la
rivière. Tout cela facilita les recherches et permit de découvrir
le cadavre</span></span></span></i><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">»
(ibid. pp. 297-298).</span></span></span></span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: medium;"><span><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">En
effet, plus tard dans la matinée, les proches de Raspoutine
signalèrent sa disparition. L'entourage impérial comprit très vite
qu'il s'était passé quelque chose d'anormal. On retrouva le cadavre
le lendemain, 18 décembre : </span></span></span></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"></span></span></span></p><blockquote><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">«</span><i><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-weight: normal;">Après
la découverte du caoutchouc, la police avait fait briser la glace de
la Néva au pont Pétrovski, et des plongeurs retrouvèrent le corps.
Les bras et les jambes étaient serrés par de grosses cordes, et le
cadavre portait de nombreuses traces de blessures. Raspoutine n'était
certainement pas mort quand on l'avait jeté à l'eau, car il avait
réussi à dégager à moitié une de ses mains, et les poumons
étaient pleins d'eau.</span></span></span></i></span></span></span></blockquote><p></p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><i><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: small;"></span></span></i></p><blockquote><i><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-weight: normal;">Le
cadavre fut transporté en grand mystère à l'hospice de Tchéma, où
le professeur Kossorotov l'examina. Quand l'impératrice apprit que
le corps avait été retrouvé, elle </span><span style="font-weight: normal;">donna l'ordre à la sœur
Akouline, cette même nonne que Raspoutine avait guérie au couvent
d'Okhtoï, de rendre les derniers devoirs au staretz. Celle-ci passa
la nuit près de lui, le lava, l'habilla de linge propre, et lui mit
un crucifix dans la main, ainsi qu'une lettre d'adieu de la tsarine :</span></span></span></i></blockquote><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjcl9cuIgaFsmZLv-kyjp1Cq3zMq6m3yBC4pfVQDmkZXYFpcMfwCGcUvZZ0qOmOjlymSrmDCPhyh62MGd_42dT7nlwsexhqKTqEplTOnQMn32P5D-hnWX3uYjTVtx5TUBn6hCiw9gq_L3gWWxTvz9xJWOW50cCH0msjDaX4iS9lrdPs582Lai7i2GPtlw/s290/Cadavre_de_Raspoutine_1916.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="123" data-original-width="290" height="170" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjcl9cuIgaFsmZLv-kyjp1Cq3zMq6m3yBC4pfVQDmkZXYFpcMfwCGcUvZZ0qOmOjlymSrmDCPhyh62MGd_42dT7nlwsexhqKTqEplTOnQMn32P5D-hnWX3uYjTVtx5TUBn6hCiw9gq_L3gWWxTvz9xJWOW50cCH0msjDaX4iS9lrdPs582Lai7i2GPtlw/w400-h170/Cadavre_de_Raspoutine_1916.jpg" width="400" /></a></span></span></i></div><p><i><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: small;"><i><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-weight: normal;"><i><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-weight: normal;"></span></span></span></i></span></span></span></i> </span></span></i></p><p></p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><i><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: small;"></span></span></i></p><blockquote><i><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-weight: normal;">"Donne-moi
la bénédiction, cher martyr, afin qu'elle m'accompagne dans le
chemin douloureux que j'ai encore à parcourir ici-bas. Pense aussi à
nous dans tes saintes prières! Alexandra".</span></span></span></i></blockquote><p></p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><i><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: small;"></span></span></i></p><blockquote><i><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-weight: normal;">Tels
furent les derniers mots de l'impératrice à l'"Ami"</span><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">»
(R. Fülop-Miller. op. cit. pp. 378-379).</span></span></span></span></span></span></i></blockquote><p></p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: medium;">Raspoutine. L'homme qu'on avait empoisonné, révolvérisé, matraqué, étranglé, était mort <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgZS790XEwAqU_0oKkL8IcotapDt6eyTM5l_M_JLS137tv3bishDH6JzGwGGYDRxuO1NNb2QyxGw3VXoQ7ISU1yQD9oODw7awedoKH7AvvUbem_DuP-2pxJYXU__lWGSqaPFQ6AIKsxFnD3/h120/Cadavre_de_Raspoutine_1916.jpg">noyé</a>⏳</span><br />
</p>
<br /><div style="line-height: 150%; text-align: right;"><span style="font-weight: normal;">Jean-Paul Coupal</span></div><div style="line-height: 150%; text-align: right;"><span style="font-weight: normal;">Sherbrooke, </span></div><div style="line-height: 150%; text-align: right;"><span style="font-weight: normal;">3 septembre 2022</span><br /></div>Coupalhttp://www.blogger.com/profile/14839226309394850656noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8942859135376014620.post-32902147907402537362022-08-27T11:20:00.002-04:002023-05-18T12:35:51.162-04:00Retour sur le Purgatoire<p><br /></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg4urAwpjQdE01_9nv7tcHXOx5m8SzlD5LJ-_kPmveAza9GzTbIikxaa5a3znQNua1a3BOMGu-uz-urzmSJB8meBXZ3vIkXCdtlf2GZbIy3JoxsvyqjRBAfiR3IR2H0xpsnolnbxKfjTOB1AJeUjkSTH6nLlxjewH4ASeb5DmsRj829Lx47xtRSBUlumQ/s882/Capture-10.png" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="614" data-original-width="882" height="279" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg4urAwpjQdE01_9nv7tcHXOx5m8SzlD5LJ-_kPmveAza9GzTbIikxaa5a3znQNua1a3BOMGu-uz-urzmSJB8meBXZ3vIkXCdtlf2GZbIy3JoxsvyqjRBAfiR3IR2H0xpsnolnbxKfjTOB1AJeUjkSTH6nLlxjewH4ASeb5DmsRj829Lx47xtRSBUlumQ/w400-h279/Capture-10.png" width="400" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Dante Alighieri. Le Purgatoire<br /></td></tr></tbody></table><br /><p></p><p align="CENTER"><span style="font-size: large;"><b>RETOUR SUR LE PURGATOIRE</b></span></p>
<p align="JUSTIFY"><a href="https://www.blogger.com/#" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img align="BOTTOM" border="0" height="400" name="images2" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjI-Vodqrc6X4emfA_R-U-2U1GwGviRpvyJbq_4DykX15FAVwe_FzpVnMDmKQFoEFMScFmNI5YzC4TYhPc8Kn2KYnXz5BRIf-QRtQVCPRphX4i3gPLhGsMl3BCTLNEeSKCfSc3ak7QYeX84Ina9u_u8R4z-c8fHY8HN65kGH3O7etr7_OyWbWDVbb-SQw/w306-h400/571ef6c7a84ca566ea9f519bb5df1415--dante-alighieri-christian.jpg" width="306" /></a><span style="font-size: medium;">Contrairement au Paradis ou aux Enfers,
dont les idées remontent à la nuit des temps, le <a href="https://www.blogger.com/#">Purgatoire</a>
est </span><span style="color: black;">
</span><span style="font-size: medium;">une
idée, un concept éminemment historique. Il est possible d'en suivre
l'émergence à travers les écrits chrétiens, des</span> <span style="font-size: medium;">origines
jusqu'à son établissement comme </span><span style="font-size: medium;"><i>troisième
lieu </i>- fermé à l'Enfer mais ouvert au Paradis -</span><span style="font-size: medium;">, que
Jacques Le Goff situe entre 1170 et 1180; de son rayonnement et
jusqu'à son éventuel disparition à partir du XX</span><sup><span style="font-size: medium;">e</span></sup><span style="font-size: medium;">
siècle. Ainsi, si les décrets du concile Vatican II (1962-1965)
font peu mention du Purgatoire, Jean-Paul II, toujours aussi
réactionnaire, </span><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"> à travers son catéchisme </span>en a répété la définition que lui avait donnée
le concile de Trente (1534-1549) : «</span><span style="font-size: medium;"><i>Ceux
qui meurent dans la grâce et l'amitié de Dieu mais imparfaitement
purifiés, bien qu'assurés de leur salut éternel, souffrent après
leur mort une purification, afin d'obtenir la sainteté nécessaire
pour entrer dans la joie du ciel. L'Église appelle Purgatoire cette
purification finale des élus qui est tout à fait distincte du
châtiment des damnés</i></span><span style="font-size: medium;">» (Cité in G. Cuchet.
</span><span style="font-size: medium;"><i>Le crépuscule du purgatoire, </i></span><span style="font-size: medium;">Paris,
Seuil, Col. Points-Histoire, # H567, 2020, p. 417). Cette définition
suppose sans l'avouer ouvertement, que le Purgatoire est un lieu de
souffrances, souffrances traditionnelelement rattachées au </span><span style="font-size: medium;"><i>feu
purificateur </i></span><span style="font-size: medium;">et non au feu infernal qui
détruit sans consumer le corps des </span><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiHcaIWfSS9tCV0r_u7s-ff14g6yt01BrXKhuze-cVpad4AKVxwoMm7IwJOeFuuyjQYSecuBvJ6zJ8D152n-CWTk7NmZ6AQxqjlj3kTSFGDopOqcOuLgT1akWLnGIME3UWmFOC_n7nKTYQnE4L9ZpGRZ70sjf_vys4IC4MFIKzSPIzBCJKEOQki-YN2KA/s600/portrait-of-chateaubriand-backdrop-of-mountain-scenery.jpg!Large.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="600" data-original-width="439" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiHcaIWfSS9tCV0r_u7s-ff14g6yt01BrXKhuze-cVpad4AKVxwoMm7IwJOeFuuyjQYSecuBvJ6zJ8D152n-CWTk7NmZ6AQxqjlj3kTSFGDopOqcOuLgT1akWLnGIME3UWmFOC_n7nKTYQnE4L9ZpGRZ70sjf_vys4IC4MFIKzSPIzBCJKEOQki-YN2KA/w293-h400/portrait-of-chateaubriand-backdrop-of-mountain-scenery.jpg!Large.jpg" width="293" /></a></span>damnés. Depuis la fin du XIX</span><sup><span style="font-size: medium;">e</span></sup><span style="font-size: medium;">
siècle, la définition du Purgatoire </span><span style="font-size: medium;">s'était
modifiée à un tel point qu'elle ne supposait plus qu'il fût un
lieu de souffrances mais plutôt un lieu d'attente que les «suffrages»
des bons chrétiens, payés par des oboles et des messes, assureraient
un passage rapide au Paradis. Déjà, <a href="https://www.blogger.com/#">Chateaubriand</a>
reconnaissait que «</span><span style="font-size: medium;"><i>le purgatoire surpasse en
poésie le ciel et l'enfer, en ce qu'il représente un avenir qui
manque aux deux premiers</i></span><span style="font-size: medium;">» (Cité in J. Le
Goff. </span><span style="font-size: medium;"><i><a href="https://www.blogger.com/#">La
naissance du purgatoire</a>, </i></span><span style="font-size: medium;">Paris,
Gallimard, Col. Bibliothèque des histoires, 1981, p. 7). Faudrait-il
donc reconnaître que l'ancien dramaturge Carol Vojtyla manquait de
ce surplus de poésie qui l'amenait à insister davantage sur la
</span><span style="font-size: medium;"><i>purification </i></span><span style="font-size: medium;">des âmes
que leur devenir? En tous cas, la fonction socio-religieuse du
Purgatoire est restée la même au cours des siècles et doit être considérée comme «</span><span style="font-size: medium;"><i>un
au-delà intermédiaire où certains morts subissent une épreuve qui
peut être raccourcie par les suffrages - l'aide spirituelle des
vivants</i></span><span style="font-size: medium;">» (J. Le Goff. ibid. p. 14). </span></p><p align="JUSTIFY">
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><a href="https://www.blogger.com/#" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img align="BOTTOM" border="0" height="400" name="images4" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiiT0tUl9qAM62sygxB82gjYSlmsgrRTUli-i_COOP5xSlXSs520LdonGkUGlba6S-_LXK_LaIqiVpWlQfaflpvj4I2at6Uy8oUfNTnHuNPTxwxP_8Z9yZNq8-DL7MZ1P7OvmTrr3-CAcaNM6fD9Cz74f5cU2G9-0ULaC7icuuZuFhlkOqaWiW1y9wjzA/w246-h400/index.png" width="246" /></a><span style="font-size: medium;">Quoi qu'il
en soit de nos définitions actuelles, il faut reconnaître que les
réflexions sur le </span>
<span style="font-size: medium;"><i>troisième
lieu </i></span><span style="font-size: medium;">se sont amorcées dès les débuts de
l'ère chrétienne pour n'atteindre sa formulation définitive (et le
début de ses représentations poétiques et iconographiques) qu'à
la fin du XII</span><sup><span style="font-size: medium;">e</span></sup><span style="font-size: medium;">
siècle. Nous devons au médiéviste français Jacques Le Goff
l'archéologie du Purgatoire : «</span><span style="font-size: medium;"><i>Pour quelles
raisons a-t-on "inventé" le purgatoire. Le débat reste
ouvert et les spécialistes ont avancé plusieurs explications, qui
ne sont pas exclusives. Pour les uns, comme Claude Carozzi, il est né
avec la mise en place d'un nouveau système pénitentiel
individualisé, à partir du V</i></span><i><sup><span style="font-size: medium;">e</span></sup></i>
<span style="font-size: medium;"><i>siècle, qui contrebalançait l'eschatologie panique
du millénarisme, potentiellement dangereuse pour les institutions.
Jean-Claude Schmitt a mis en évidence un phénomène de longue
durée, toujours d'actualité dans les campagnes du XIX</i></span><i><sup><span style="font-size: medium;">e</span></sup></i>
<span style="font-size: medium;"><i>siècle : la volonté du clergé de mettre de l'ordre
dans le monde traditionnel des revenants, dont les retours
intempestifs inquiètent les vivants, au mépris de la géographie
officielle de l'au-</i></span><span style="font-size: medium;"><i><a href="https://www.blogger.com/#" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img align="BOTTOM" border="0" height="400" name="images5" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhk0SNWn9GpQn-3T3WZls8se3bYA-wwp9QQGu12UIiy-dyM6bz-dcPRIyD4ugZZLoHsGaZiyrNcjDnvDTETk-3PMFSeNJDyF4-yXwULpZ3r30DUe8bDO3eLjLGoDcO5KAupbCsfCZzgAOGXSUiW9GqHAJWHeuR6tlhwaZRPp3-GzMF4tFChIvQ9skDfFA/w271-h400/A-2902023-1396646557-4140.jpg" width="271" /></a>delà et de la juridiction de l'Église. Jacques
Chiffoleau, constant que le culte décolle au XIV</i></span><i><sup><span style="font-size: medium;">e</span></sup></i>
<span style="font-size: medium;"><i>et XV</i></span><i><sup><span style="font-size: medium;">e</span></sup></i>
<span style="font-size: medium;"><i>siècle, montre qu'il est lié au processus
d'urbanisation qui, en bouleversant le système ancien de relations
avec les morts qui </i></span>
<span style="font-size: medium;"><i>prévalaient
dans les communautés rurales, appelait des compensations. <a href="https://www.blogger.com/#">Jacques
Le Goff</a> l'associe plus directement au développement de la
scolastique et aux aspirations d'une nouvelle classe de marchands
qui, confrontés aux interdits religieux qui pèsent sur la pratique
de l'usure, voudraient bien trouver un moyen raisonnable de conserver
à la fois "la bourse et la vie éternelle". D'une façon
plus générale, tous soulignent plus ou moins les liens qui unissent
cette naissance du purgatoire avec la complexité croissante d'une
société qui tend à passer, sur le plan des représentations, des
schémas binaires aux schémas ternaires</i></span><span style="font-size: medium;">»
(G. Cuchet. op. cit. pp. 12-13).</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"></p>
<p align="JUSTIFY"><a href="https://www.blogger.com/#" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img align="BOTTOM" border="0" height="225" name="images6" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiWltUtwKSDVDp1IkH6Ge0yAE1bEHHXWgHwSuX957MxJUFMHM3J2u3bD-hMmYNaQS9sW9bwPkUy1UQ9R6kAhxOCqznOh8HKktTs5MK6aY6nc4GbiCGwaN5hvaM-551LqUkiSz7X80QkMCYTHcBD6z-A58DCFMs48OE7L7p545CfgZABXOAR0-OVE-H82A/w400-h225/web3-holy-souls-purgatory1.webp" width="400" /></a><span style="font-size: medium;">Il semblerait ainsi que les chrétiens
ont toujours manifesté une insa-tisfaction sur le partage binaire,
selon les critères moraux de bien et de mal, du monde éternel.
L'élection et la damnation sont demeurées tout au long des siècles,
mais accompagnées de l'hypothèse d'une voie transitoire qui, de la
mort de l'individu au Jugement dernier, faisait passer le mort qui
échappait à la damnation par une période d'épuration, le </span><span style="font-size: medium;"><i><a href="https://www.blogger.com/#">feu
purgatoire</a>, </i></span><span style="font-size: medium;">qui ne devait se </span><span style="font-size: medium;"><i>matérialiser
</i></span><span style="font-size: medium;">qu'avec le christianisme médiéval. Comme le
</span>
<span style="font-size: medium;">souligne
Le Goff : «</span><span style="font-size: medium;"><i>La croyance au Purgatoire implique
d'abord la croyance en l'im-mortalité et en la résurrection
puisqu'il peut se passer quelque chose de nouveau pour un être
humain entre sa mort et sa résurrection. Elle est un supplément de
conditions offertes à certains humains pour parvenir à la vie
éternelle. Une immortalité qui se gagne à travers une seule vie.
Les religions - comme l'hindouisme ou le catharisme - qui croient à
de perpétuelles réincarnations, à la métempsycose, excluent donc
un Purgatoire</i></span><span style="font-size: medium;">» (ibid. p. 15). Mais d'un
autre côté, on ne peut séparer la conception de ce Purgatoire de
celles que les différentes cultures se sont faites de la justice
légale. Une âme du Purgatoire reste une âme pécheresse - d'un
péché véniel comme il sera dit -, mais écartée de l'accès
immédiat aux joies du Paradis :</span></p>
<blockquote style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;">«</span><span style="font-size: medium;"><i>L'existence
d'un Purgatoire repose... sur la conception d'un <a href="https://www.blogger.com/#">jugement
des morts</a>, idée assez répandue dans les différents systèmes
religieux, mais "les modalités de ce jugement ont grandement
varié d'une civilisation à une autre". La variété de
jugement qui comprend l'existence d'un Purgatoire est très
originale. Elle repose en effet sur la croyance en un double
jugement, le premier au moment de la mort, le second à la fin des
temps. Elle institue dans cet entre-deux du destin eschatologique de
chaque humain une procédure judiciaire complexe de mitigation des
peines, de raccourcissement de ces peines en fonction de divers
facteurs. Elle suppose donc la projection d'une pensée de justice et
d'un système pénal très sophistiqués.</i></span></blockquote>
<p align="CENTER"><a href="https://www.blogger.com/#"><img align="BOTTOM" border="0" height="301" name="images7" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgkPfcAgYURoTFt6ZeXUuhl8qk1ESX4nYfC3-O-rcvIFM6dku2APaNXCz3W0XDyrVTlLOpmkdt1CFa6JllBODZvaKAvybZTRoNLa-eO7QXa5tiEsmtPULb83UMohgOT6nGEVGemQkm4jiDXhc6Jr-YjXkdjcna5QfT-HyZWjIVyU7rZohsUiiWCVmyjUQ/w400-h301/Pesee_Ames_Notre_Dame.jpg" width="400" /></a>
</p>
<blockquote style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><i>Elle est liée
encore à l'idée de responsabilité individuelle, de libre arbitre
de l'homme, coupable par sa nature, en raison du péché originel,
mais jugé selon les péchés commis sous sa responsabilité. Il y a
une étroite liaison entre le Purgatoire, au-delà intermédiaire, et
un type de péché intermédiaire entre la pureté des saints et des
justifiés et l'impardonnable culpabilité des pécheurs criminels</i>»
(ibid. p. 15).</span></blockquote>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: medium;">Malgré son apparition tardive, le
Purgatoire plonge de lointaines racines dans les réflexions posées
par les civilisations antiques sur l'au-delà. Sa
conception se détache de celle de l'Enfer avec lequel il gardera
toujours des éléments communs, dont l'incontournable feu, bien que, comme nous l'avons dit, le feu purgatoire a une fonction
différente du feu infernal :</span></p>
<blockquote style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgcimnlV3AVYjVoed7dudwAnd7qS7o2yTjUc5cv55yJlms8r-2VA0tNGHRtLvpEcWivAEVnRKKvSghKGRZMYcMFna3Aq6YXw4dSgbTsuwtWZzfHZ3XK7ETcnr0aH0XX4dzs397WtdvmQFD28Dtg4Yvdk4e_HHlLEpvVh_9IUBF3k09zem-Lo3h-PDJX9A/s362/Folio_113v_-_Purgatory.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="362" data-original-width="260" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgcimnlV3AVYjVoed7dudwAnd7qS7o2yTjUc5cv55yJlms8r-2VA0tNGHRtLvpEcWivAEVnRKKvSghKGRZMYcMFna3Aq6YXw4dSgbTsuwtWZzfHZ3XK7ETcnr0aH0XX4dzs397WtdvmQFD28Dtg4Yvdk4e_HHlLEpvVh_9IUBF3k09zem-Lo3h-PDJX9A/w288-h400/Folio_113v_-_Purgatory.jpg" width="288" /></a></span>«</span><span style="font-size: medium;"><i>Au
contraire du shéol juif - inquiétant, triste, mais dépourvu de
châtiments - le Purgatoire est un lieu où les morts subissent une
(ou des) épreuve(s). Ces épreuves... peuvent être multiples et
ressemblent à celles que les damnés subissent dans l'Enfer. Mais
deux d'entre elles reviennent le plus souvent, l'ardent et le glacé,
et l'une d'entre elles, l'<a href="https://www.blogger.com/#">épreuve
par le feu</a>, a joué un rôle de premier plan dans l'histoire du
Purgatoire</i></span></blockquote>
<blockquote><span style="font-size: medium;"><i>... </i></span>
</blockquote>
<div style="text-align: justify;"><blockquote><span style="font-size: medium;"><i>Qu'est-ce donc
que ce feu sacré? "Dans les rites d'initiation", indique
G. Van der Leeuw, "c'est le feu qui efface la période de
l'existence alors révolue et qui en rend possible une nouvelle".
Rite de passage donc, bien à sa place en ce lieu transitoire...</i>»
(ibid. p. 18)</span></blockquote></div>
<p align="JUSTIFY"><a href="https://www.blogger.com/#" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img align="BOTTOM" border="0" height="274" name="images9" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgOxp2aqHRTqyj7mrFdNb9FNGKPUlBYipwMktCRd50iMC7K05X0i36T3gTLxgkbaFgARyXoN6vu10o-C6ZcpkiXjnNZ9HWBT8UJb10PmysANqi2OTJ0EfhvY4J7RqwbTjY1c3FEv70cOBJ33_rJ9y-7KfYGLUGWWluoCyUd3Bi4QAkE6qNc1zzHZuQy8g/w400-h274/Gustave_Doré_-_Dante_et_Virgile_dans_le_neuvième_cercle_de_l'Enfer.jpg" width="400" /></a><span style="font-size: medium;">Une volonté active est donc reconnue aux âmes qui se re-trouvent au Purgatoire qui contraste avec la
passivité de celles captées par l'Enfer ou le Paradis. Ici,
l'épreuve du feu purgatoire ressemble à une ordalie, comme il le
sera pour Dante visitant le </span><span style="font-size: small;">
</span><span style="font-size: medium;">Purgatoire
sous la conduite de <a href="https://www.blogger.com/#">Virgile</a>.
De plus, l'âme du Purgatoire n'est pas seule, contrairement à
celle des damnés. Elle peut bénéficier des suffrages, de
l'intervention des vivants appelés d'abord à faire des prières
pour leurs morts, ce dont témoignaient les inscriptions funéraires
et les formules liturgiques dès le III</span><sup><span style="font-size: medium;">e</span></sup><span style="font-size: medium;">
siècle, la <i>Passion de Perpétue</i> offrant déjà un premier modèle de
Purgatoire. Cette participation des vivants au destin des morts
contribua à rapprocher davantage le Purgatoire du Paradis et à
l'éloigner de l'Enfer, dont il n'est plus une succursale.
Intermédiaire sur tous les plans, il ne se situera pas au centre
mais dans un entre-deux déporté vers le Ciel.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: medium;">Le Goff explore les différentes
religions qui ont inspiré le christianisme afin d'y reconnaître des
ancêtres du Purgatoire. Il en trouve dans différentes cultures de
la civilisation indo-européenne à la limite de la Préhistoire.
Dans la civilisation hindoue.</span></p>
<blockquote style="text-align: justify;"><a href="https://www.blogger.com/#" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img align="BOTTOM" border="0" height="400" name="images10" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiXRjY89KVMQVxyYjf86VBWDWQZX_FQmEdrHpra5tbOlAyLl_zhzA5Tabvd9jD7OtguiRM2woq56X-Vl-_ewFHtmLsz86kU0C7pecDkQRILmOZ2jAj46K5FQ0Amm9reajb11qlEbQQkG0wZOQB1X0SpSopDp5GZzfgNf4go8RoTr7tuOihEz1htI3hx9A/w266-h400/yama%20hindu%20god%20of%20death1.jpg" width="266" /></a><span style="font-size: medium;"><i>«l'Isha
Upanishad évoque ce séjour infernal : "Ces mondes que l'on
nomme sans soleil recouverts qu'ils sont d'aveugle ténèbre : y
entrent après leur
mort
ceux qui ont tué leur âme". Mais d'autres textes permettent de
supposer que le sort de ces morts n'est pas réglé d'entrée de jeu.
C'est selon qu'ils auront franchi ou non le seuil gardé par deux
chiens. S'ils le franchissent ils seront accueillis dans un lieu
plutôt agréable, proche des Champs Élysées des Romains, du
Walhalla germanique, le "pâturage qu'on ne leur enlèvera
plus", où ils partageront le destin de <a href="https://www.blogger.com/#">Yama</a>,
le premier homme, l'Adam de la tradition indo-iranienne, devenu le
roi des Enfers. S'ils sont repoussés ou bien ils iront dans les
ténèbres de l'Enfer ou bien ils retourneront misérablement errer
sur terre, rôdant comme une âme en peine, sous forme de revenants.</i></span></blockquote>
<blockquote style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><i>Ces diverses
traditions présentent des éléments qu'on retrouvera dans le
Purgatoire : l'idée d'une voie moyenne de salut, le passage à
travers le feu, la dialectique entre les ténèbres et la lumière,
des améliorations d'état entre la mort et le salut définitif, la
fonction de l'au-delà comme réceptacle d'âmes qui seraient
autrement vouées à l'errance des revenants. Mais l'absence de
jugement, la place centrale de la métempsycose sont très éloiognées
du système chrétien de l'au-delà</i><span style="font-style: normal;">»</span><i>
</i><span style="font-style: normal;">(ibid. pp. 32-33).</span></span></blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;">L'idée
importante qui se dégage ici est celle du «jugement». En ce qui
concerne les damnés comme les élus, leur sort est décidé au moment
de leur mort. Les péchés et les mérites partagent le destin <i>post-mortem</i> des morts. C'est là une contribution originale de la civilisation <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjjPu1cHR8_uk7bJ-lgl_voGQm2gJKLct9i64zendzfJbQOQkphQTKCwDztx1avYEaGbdWqEbX79-xWe8jIC5KiL1z85z9zVBnqZf6ghiIHAVUm__nhCEUP1_zsC9REb53CBgRG6j9EFVnA/h120/1024px-BD_Weighing_of_the_Heart.jpg">égyptienne</a>; </span><span style="font-size: medium;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhVbJlVJv7dKHKAKrWC8cYiwgAd0BPtEpDj9QFXHZ96lhvzrvd-C92wkCyl-WWFLNJGgsS7j9DEvxn3NfbUmp9y50AMwLCmEqSpLGLPlyqpegVinDzLcR1M8fBMMvNHjOEtnuhG1ifDg_ObT_uGIOtIb0fFLk-58QHeZkwSoHdYPwZiWlkH6VTvu-F3GQ/s1024/1024px-BD_Weighing_of_the_Heart.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="527" data-original-width="1024" height="206" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhVbJlVJv7dKHKAKrWC8cYiwgAd0BPtEpDj9QFXHZ96lhvzrvd-C92wkCyl-WWFLNJGgsS7j9DEvxn3NfbUmp9y50AMwLCmEqSpLGLPlyqpegVinDzLcR1M8fBMMvNHjOEtnuhG1ifDg_ObT_uGIOtIb0fFLk-58QHeZkwSoHdYPwZiWlkH6VTvu-F3GQ/w400-h206/1024px-BD_Weighing_of_the_Heart.jpg" width="400" /></a>l'idée
que l'âme des morts soit confron-tée à sa vie terrestre et se retrouve
partagée par un verdict suite à un procès, était promise à un grand avenir : «<i>L'idée d'un jugement des morts a été
très ancienne en Égypte. Comme l'a écrit Jean Yoyotte : "invention des
anciens Égyptiens, l'idée, la crainte, l'espérance du Jugement allaient
connaître après eux une longue fortune". </i>[...] <i>Il faut attendre
un récit démotique (en langue vulgaire), le voyage dans l'au-delà de
Si-Osire, écrit entre le premier siècle avant l'ère chrétienne et le
deuxième siècle après, pour trouver une tripartition des morts : ceux
qui sont surchargés de mauvaises actions, ceux qui le sont des bonnes
actions et ceux chez qui bonnes et mauvaises actions s'équilibrent mais
il n'y a toujours aucun processus de purification</i>» (ibid. pp. 34 et 35).</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;">Cette
idée aurait transpiré dans la religion hébraïque, probablement suite au long
séjour des Apiroux (des Hébreux) dans l'Égypte pharaonique, tel que
raconté dans <i>l'Exode, </i>bien avant leur migration en Palestine. On la voit s'imposer à l'époque chrétienne à l'intérieur même de la Synagogue :</span></p><blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;">«<i>Deux
traités de la période entre la destruction du second Temple (70) et la
révolte de Bar-Kochba (132-135) attestent notamment ce nouvel
enseignement. </i></span><span style="font-size: medium;"><i>Le premier est un traité sur le début de l'année (</i><i>Roš ha-</i><i><i>Š</i>ana). On y lit : "</i>On </span><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgK4dk0sI93asEL_pH81GhJHoydqHto7jBuLf9zu6SAlPn4U1HsRLYWrN3hdWSr4QQGmhuiPI_-P7XJeZ2hvISnmCY5hG8nuNxn0JtH7-CBtgpgPACyW3EoR1f_TdJj6BGjL6dv7fPEcisrw9syyVKFM22vW50_p-afG4xMYHlW7v93Vgqizxy28sjw_g/s317/uyGA5U1r_400x400.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="317" data-original-width="317" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgK4dk0sI93asEL_pH81GhJHoydqHto7jBuLf9zu6SAlPn4U1HsRLYWrN3hdWSr4QQGmhuiPI_-P7XJeZ2hvISnmCY5hG8nuNxn0JtH7-CBtgpgPACyW3EoR1f_TdJj6BGjL6dv7fPEcisrw9syyVKFM22vW50_p-afG4xMYHlW7v93Vgqizxy28sjw_g/s16000/uyGA5U1r_400x400.jpg" /></a></i></span>enseigne suivant l'école de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgUCqm-FNKgA0fC2eRuRxQ6UiHiELIMb3re3nhmip2pJr8crur-o52NYQxL_mqgyjXdRPlPpZldtkDx9sQGIQmxMRTWiRJvjvbvlZsWCYBMm0NPb2z-nWuRQMTl3AOE6xXIz_V3fcQqF23x/h120/uyGA5U1r_400x400.jpg"><i>Šammay</i></a><span><i></i></span>
: il y aura au jugement trois groupes : celui des justes complets,
celui des impies complets et celui des inter-médiaires. Les justes
complets sont aussitôt inscrits et scellés pour la vie du siècle; les
impies parfaits inscrits et scellés aussitôt pour la géhenne, suivant
qu'il est dit (Daniel, xii, 2). Quant aux intermédiaires, ils descendent
à la géhenne, resserrés puis remontant, suivant qu'il est dit
(Zacharie, xiii, 9 et I Samuel, II, 6). Mais les Hillélites disent :
celui qui est abondant en miséricorde incline vers la miséricorde, et
c'est d'eux que parle David (Psaume cxvi, 1), sur Dieu qui écoute, et il
prononce sur eux tout ce passage... Pécheurs israélites et gentils
ayant péché dans leur corps, punis à la géhenne pendant 12 mois, puis
anéantis"...</span></p></blockquote><p style="text-align: justify;"></p><div style="text-align: justify;"><blockquote><span style="font-size: medium;"><i>Une
catégorie intermédiaire existe donc, composée d'hommes ni tout à fait
bons, ni tout à fait méchants, qui subiront un châtiment temporaire
après la mort et iront ensuite dans l'Éden. Mais cette expiation se fera
après le jugement dernier et prendra place non dans un lieu spécial
mais dans la géhenne une partie supérieure où auront lieu ces châtiments
temporaires</i>» (ibid. pp. 62 et 63).</span></blockquote></div><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgEEPqDqyNuKXiQW2IgCxmTNX3YX-DaDoEpr3_FGevQ4vBVVGZkQ2u53GGnLOXi6BtZ5L8W9eXBpRDzX8nOPfWbAuSU_2p4Q7VJozc88Phi0AETafRRFFaUCq9ZZnrz7endWRPoBOzUv6Ti46wqLvrtQlKvVRtnstsSobsW3CdPsf8lkt-Cpz_-laIfFw/s1100/800px-Peter_Paul_Rubens_and_workshop_002.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1100" data-original-width="800" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgEEPqDqyNuKXiQW2IgCxmTNX3YX-DaDoEpr3_FGevQ4vBVVGZkQ2u53GGnLOXi6BtZ5L8W9eXBpRDzX8nOPfWbAuSU_2p4Q7VJozc88Phi0AETafRRFFaUCq9ZZnrz7endWRPoBOzUv6Ti46wqLvrtQlKvVRtnstsSobsW3CdPsf8lkt-Cpz_-laIfFw/w291-h400/800px-Peter_Paul_Rubens_and_workshop_002.jpg" width="291" /></a>On le voit, si le Purgatoire n'est pas encore un lieu distinct du <i>shéol, </i>sa
fonction est déjà bien définie. Les chrétiens trouveront d'ailleurs
dans le Second Livre des Macchabée (rejeté par la tradition protestante
parce que rédigé en grec) qu'«<i>après une bataille où les combattants juifs qui y furent tués auraient commis une mystérieuse faute, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiVpb-DEmeUGF0v-r4RGtRhTrrdz_jL-UVsoVjJmzfI4gtvCbnNTXQPSdJeJjN-ZNGOmjP0jj6ecfe_PnL1qs9uW6mfQVceWfTDO34zUyT1N9VnMF8C3CdYTVYaFvtYfFZNFgk7Hkmmtvi5/h120/800px-Peter_Paul_Rubens_and_workshop_002.jpg">Judas Macchabée</a> ordonne qu'on prie pour eux</i>» (ibid. p. 64). </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;">Si
l'Enfer est bien contenu, bien que rarement évoqué, dans le Nouveau
Testament, on y désigne, entre lui et le Paradis, un lieu d'attente des
justes, <i>le sein d'Abraham. </i>Pour Le Goff, c'est presque déjà le Purgatoire bien que trop abstrait pour</span><span style="font-size: medium;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjcKjIZMrGLLqpf9QAWQEtDGEYPwTl7PjT-yRJxsYQPDgdjy_2z8nv_VMtqIUpM8Uhh2vTXHNA8bSwlzrwnsJbkObrHr7pZgNEWrsr5L8T_hPZR6HD2dV4lKYy5GYUyRcrwowAm3D63l3NM3j2-bktFdv7M7KDrw8WTlds0PdefwKmJEvSYwLuNn_HNkA/s1424/Tertullian.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1424" data-original-width="1181" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjcKjIZMrGLLqpf9QAWQEtDGEYPwTl7PjT-yRJxsYQPDgdjy_2z8nv_VMtqIUpM8Uhh2vTXHNA8bSwlzrwnsJbkObrHr7pZgNEWrsr5L8T_hPZR6HD2dV4lKYy5GYUyRcrwowAm3D63l3NM3j2-bktFdv7M7KDrw8WTlds0PdefwKmJEvSYwLuNn_HNkA/w331-h400/Tertullian.jpg" width="331" /></a> les fidèles. C'est en développant ce thème que les premiers théologiens dégagèrent l'idée du Purgatoire. On l'a mentionnné, «<i>les
chrétiens prirent, très tôt semble-t-il, l'habitude de prier pour leurs
morts. Par rapport à l'Antiquité cette attitude était une nouveauté.
Selon une heureuse formule de Salomon Reinach "les païens priaient les morts, tandis que les chrétiens prient pour les morts"</i>»
(ibid. p. 69). Distinction essentielle lorsqu'il s'agit de suivre le
développement des idées religieuses. Comme le feu purgatoire est très
proche du feu infernal, on lui spécifie l'idée qu'il apporte aux âmes en
peines, un <i>refrigerium </i>(ou <i>refrigerare</i>) afin de les rafraîchir dans leur épreuve. On le trouve chez <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiSuBn8gV_vq9JDqKRUFBhhCUSU7YJqCIfLeSB07hNpAupMzqImawkS9_rEvUCgLouKTGt3_IDwJxlFp_Xl1L9I2oZzH5hZFA-ol2YHwdTuuOM4Uv2SZaYvPZY9012zolllQdqYFfxGAd3l/h120/Tertullian.jpg">Tertullien</a>, «<i>où il désigne aussi bien la félicité provisoire des âmes qui attendent, selon une conception </i></span><span style="font-size: medium;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi1ZMQmW0AbvnPJlHdSP7XioY5Lu2a8LFE_QKy1AL2SAFdlPm8D97XBZJbj6t60L9G07P4VWn-HK01MCDeW18U887Dot0WWdyZywc9Lq0LA-DqW0ZvahuPotbWOR0RRNTa3pPPRYF9M6l0cD3A9ZR7lYuXlJEdEX-bPVj42zHfE2p80qFPa-Y0Pz_yEkA/s609/Screenshot%202022-08-24%20at%2018-25-08%20Qu'est-ce%20que%20le%20purgatoire.png" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="344" data-original-width="609" height="226" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi1ZMQmW0AbvnPJlHdSP7XioY5Lu2a8LFE_QKy1AL2SAFdlPm8D97XBZJbj6t60L9G07P4VWn-HK01MCDeW18U887Dot0WWdyZywc9Lq0LA-DqW0ZvahuPotbWOR0RRNTa3pPPRYF9M6l0cD3A9ZR7lYuXlJEdEX-bPVj42zHfE2p80qFPa-Y0Pz_yEkA/w400-h226/Screenshot%202022-08-24%20at%2018-25-08%20Qu'est-ce%20que%20le%20purgatoire.png" width="400" /></a>personnelle
de Tertullien, le retour du Christ dans le sein d'Abra-ham, que le
bonheur définitif dans le Paradis, dont jouissent après leur mort les
martyrs et qui est promis aux élus après l'ultime verdict divin... Chez
les auteurs chrétiens postérieurs, </i>refrigerium <i>exprime d'une façon générale les joies d'outre-tombe, promises par Dieu à ses élus"</i>» (ibid. p. 71). Chez Tertullien, il est clair que «<i>la résidence des justes en attendant la résurrection n'est pas le ciel mais un </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh1eslCBqx5lySVIAZe6JsaZmfCOIVtBNkW309jOn2rIGcrxZOdss86r_njGqE9MUzY6NeKblWdROen48KN9P4iHHZTx85jiiSdLmdLBDfB2_XIUNJWd7MqmB1okUqhyd5eFwASQpRKln71/h120/Screenshot+2022-08-24+at+18-25-08+Qu%2527est-ce+que+le+purgatoire.png">refrigerium interim</a>, <i>un rafraîchissement intermédiaire, le sein d'Abraham</i>» (ibid. p. 72). Tertullien, qui écrivait dans la Rome africaine du II</span><span style="font-size: medium;"><sup><span style="font-size: medium;">e</span></sup> siècle, devait grandement inspirer, au siècle suivant, saint Augustin.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;">L'idée
de ce qui devait devenir le Purgatoire ne pouvait se propager seulement
par des écrits théoriques des théologiens. Afin d'atteindre la foi populaire, elle
devait se «concrétiser» à travers des récits édifiants. C'est ainsi que
le récit entourant le martyre de sainte Perpétue contribua à diffuser
l'idée que bien des âmes baptisées pouvaient échapper à un destin décidé
au trépas :</span></p><p style="text-align: justify;"></p><div style="text-align: justify;"><blockquote><span style="font-size: medium;">«<i>Au cours de sa détention Perpétue eut un <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjhvhj37RNQ49PlsqL96Y-rpZH5Rlhy_iTsLny6uLSlsYtEiHHpM0LxczgvOL9s8dVsqruO-u5DLchkNHzbC-y1ss3VDR0va0CIOZIC14uoDuJ5NB0YzAqIDqARqaap3Q_NGhUOTi5doR2f/h120/Screenshot+2022-08-24+at+18-20-08+echo70.pdf.png">songe</a> et vit son jeune frère mort. Dinocrate :</i></span></blockquote></div><p></p><p style="text-align: justify;"></p><div style="text-align: justify;"><blockquote><span style="font-size: medium;">"Quelques
jours plus tard, comme nous étions tous en prière, une voix me parvint
subitement et le nom de Dinocrate m'échappa. J'en fus stupéfaite, parce
que je </span><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhclbvoDn-QYyRrSn3WV_Jn-4YPRK7slA5JqUKP4J7h7a_DBJ53gG9ESGvkyegKEvV8slmHUaV4n7XMebgRrNvIKmTbpkdzY7HxJfZFHEGJ4bsz9eXx7ebiewrkvoqSBjf7BVQxYCf-uvEwdK0UsQQyNjVRgSBlgUQaOCBgUsMtX5UOYeSG8sdJkl099A/s384/Screenshot%202022-08-24%20at%2018-20-08%20echo70.pdf.png" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="351" data-original-width="384" height="366" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhclbvoDn-QYyRrSn3WV_Jn-4YPRK7slA5JqUKP4J7h7a_DBJ53gG9ESGvkyegKEvV8slmHUaV4n7XMebgRrNvIKmTbpkdzY7HxJfZFHEGJ4bsz9eXx7ebiewrkvoqSBjf7BVQxYCf-uvEwdK0UsQQyNjVRgSBlgUQaOCBgUsMtX5UOYeSG8sdJkl099A/w400-h366/Screenshot%202022-08-24%20at%2018-20-08%20echo70.pdf.png" width="400" /></a></span>n'avais
jamais pensé à lui avant cet instant; avec douleur, je me souvins de sa
mort. Je sus aussitôt que j'étais digne de demander quelque chose pour
lui, que je devais le faire. Je commençai une longue prière, adressant
mes gémissements au Seigneur. Dès la nuit suivante, voilà ce qui
m'apparus : je vois Dinocrate sortant d'un lieu de ténèbres où il se
trouvait avec beaucoup d'autres, tout brûlant et assoiffé, en haillons
et sale, et portant au visage la plaie qu'il avait à sa mort. Dinocrate
était mon premier frère; il mourut de maladie à l'âge de sept ans, le
visage dévoré par un chancre malin et sa mort révolta tout le monde.
J'avais prié pour lui : et entre moi et lui, la distance était si grande
que nous ne pouvions nous rejoindre. Dans le lieu où Dinocrate se
trouvait il y avait un bassin plein d'eau, avec une margelle trop élevée
pour la taille d'un enfant. Et Dinocrate se haussait sur la pointe des
pieds comme s'il voulait y boire. Moi, je souffrais de voir qu'il y
avait de l'eau dans le bassin, mais qu'il ne pourrait pas boire en
raison de la hauteur de la margelle. Je m'éveillai, et je sus que mon
frère était dans l'épreuve; mais je ne doutais pas de pouvoir le
soulager dans son épreuve. Je priais pour lui tous les jours jusqu'à ce
que nous allâmes dans la prison du Palais impérial; en effet, nous
allions devoir combattre dans les jeux donnés au Palais, pour
l'anniversaire du César Geta. Et je priai pour lui nuit et jour,
gémissant et pleurant pour qu'il me soit accordé".</span></blockquote><p><span style="font-size: medium;">Quelques jours plus tard, Perpétue a une nouvelle vision : </span> <br /></p></div><p></p><p style="text-align: justify;"></p><div style="text-align: justify;"><blockquote><span style="font-size: medium;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh2M3lpDN4FB3mw7WDQr67XCfYrD7FnfGagfD4GTRXr7XoTAkoWhd60GOAV7OdQ51rDOKoBRF0SBUtj0YfujtICzC5DUHR3d6P6afozk50C10BqVBXHqhy43uzV6kVpNf7L9QW6GSCSIJd-OFACxw8-ofZLtgg87xYTqpqxCLNP-x8C2LvWbek1jvcdAg/s417/Screenshot%202022-08-24%20at%2018-22-25%20echo70.pdf.png" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="417" data-original-width="252" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh2M3lpDN4FB3mw7WDQr67XCfYrD7FnfGagfD4GTRXr7XoTAkoWhd60GOAV7OdQ51rDOKoBRF0SBUtj0YfujtICzC5DUHR3d6P6afozk50C10BqVBXHqhy43uzV6kVpNf7L9QW6GSCSIJd-OFACxw8-ofZLtgg87xYTqpqxCLNP-x8C2LvWbek1jvcdAg/w241-h400/Screenshot%202022-08-24%20at%2018-22-25%20echo70.pdf.png" width="241" /></a>"Le
jour où l'on nous mit aux fers, voici ce qui m'apparut : je vis le lieu
que j'avais déjà vu, et Dinocrate, le corps propre, bien vêtu rafraîchi
(<i>refrigerantem</i>) et là où était la plaie, je vis une cicatrice :
et la margelle du bassin que j'avais vu s'était abaissée à la hauteur du
nombril de l'enfant; et de l'eau en coulait sans arrêt. Et au-dessus de
la margelle, une <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhtdVUOgQHUuolKjPRsKO3BYKhhJb3S9sHlBxYFB-v6dZGOc26adKfl2yV8bXWvTGnLQD0rvXSbyYjGIHIEiKPeQwKRmB3Q39fN2yGwYUPnXNJiWfE3aJz3eBP9PKUrePcWqbx-rbkH25Um/h120/Screenshot+2022-08-24+at+18-22-25+echo70.pdf.png">coupe d'or était pleine d'eau</a>.
Dinocrate s'en approcha et commença de boire, et la coupe ne se vidait
pas. Puis, désaltéré, il entreprit de jouer joyeusement avec l'eau,
comme le font les enfants. Je me réveillai, je compris alors qu'il avait
été soustrait à sa peine"» (ibid. pp. 75-76).<br /></span></blockquote><p><span style="font-size: medium;">Ce type de témoignage appartenait bien à un siècle de persécutions où la vie du chrétien tenait souvent aux caprices des Empereurs et des gouverneurs romains. Lorsque le christianisme devint religion autorisée sous Constantin, puis religion d'État sous Théodose, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhGP_6lzt4-K-q_7ROfqsBd_5ZZQIOCNc3yDD32l0WjM-aDQvb6bvbPpoUaq_1_D_zt8R1NcAijIn0xb3b_EJKB1HzcsL0NEvk0rbdy3jNly3dr1kXtQaFizOnxiMjJ8GswDMvvc0MvmFfwP1LHS73UZP4VBcLDHVOcPA_lJ4-Xk6RJKtiImfKpwFhQxw/s2032/Clement_alexandrin.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="2032" data-original-width="1664" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhGP_6lzt4-K-q_7ROfqsBd_5ZZQIOCNc3yDD32l0WjM-aDQvb6bvbPpoUaq_1_D_zt8R1NcAijIn0xb3b_EJKB1HzcsL0NEvk0rbdy3jNly3dr1kXtQaFizOnxiMjJ8GswDMvvc0MvmFfwP1LHS73UZP4VBcLDHVOcPA_lJ4-Xk6RJKtiImfKpwFhQxw/w328-h400/Clement_alexandrin.jpg" width="328" /></a>les Pères de l'Église - ceux qui établirent le dogme - réfléchirent plus profondément sur la question. Déjà <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhGP_6lzt4-K-q_7ROfqsBd_5ZZQIOCNc3yDD32l0WjM-aDQvb6bvbPpoUaq_1_D_zt8R1NcAijIn0xb3b_EJKB1HzcsL0NEvk0rbdy3jNly3dr1kXtQaFizOnxiMjJ8GswDMvvc0MvmFfwP1LHS73UZP4VBcLDHVOcPA_lJ4-Xk6RJKtiImfKpwFhQxw/s2032/Clement_alexandrin.jpg">Clément d'Alexandrie</a> (150-215) et Origène (185-253) avaient établi les fondements du <i>feu purgtoire,</i> puisant dans l'Ancien Testament l'idée d'un <i>instrument divin, </i>et dans le Nouveau, la conception évangélique du baptême par le feu et l'idée paulinienne d'une épreuve de purification après la mort. À cela s'ajoutaient des considérations issues du platonisme. Bref, Clément et Origène prenaient des positions rassurantes selon le principe que «<i>Dieu ne peut pas être vindicatif</i>». Ainsi, «<i>Clément d'Alexandrie est le premier à distinguer deux catégories de pécheurs et deux catégories de châtiments dans cette vie et dans la vie future. Dans cette vie pour les pécheurs amendables le châtiment est "éducatif", pour les incorrigibles il est "punitif". Dans l'autre il y aura deux feux, pour les incorrigibles un feu "dévorant et consumant", pour les autres un feu qui "sanctifie", qui ne "consume pas comme le feu de la forge" mais un feu "prudent", "intelligent" "qui pénètre l'âme qui passe à travers"</i>» (ibid. p. 82). Encore,</span></p><blockquote><p><span style="font-size: medium;">«<i>pour Clément d'Alexandrie, la catégorie des pécheurs corrigibles était constituée par les pécheurs qui s'étaient repentis, s'étaient réconciliés avec Dieu au moment de mourir mais qui n'avaient pas eu le temps de faire pénitence. Pour Origène l'</i>apocatactase <i>au fond est un processus positif et progressif de pénitence.</i></span></p></blockquote><blockquote><span style="font-size: medium;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjbYiy1jlZXK9mmrqI6u6hmT3g7FZMxnJWvk6lD3LA1DJDBxgpJHVBsnb7K2Nj85AQm-SlkhTR1tQ_GhmA1uTbGtGN8bdIpXHnc3uI8BLcFLYDqFimDB9A7GUx5N1ijXONKuBoCWUDFsYtSvOEb0ThOSBJ4XUvFgNT6jcvL_lxsPyI478PBNtQO_4NZ4Q/s1723/Origen.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1723" data-original-width="1452" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjbYiy1jlZXK9mmrqI6u6hmT3g7FZMxnJWvk6lD3LA1DJDBxgpJHVBsnb7K2Nj85AQm-SlkhTR1tQ_GhmA1uTbGtGN8bdIpXHnc3uI8BLcFLYDqFimDB9A7GUx5N1ijXONKuBoCWUDFsYtSvOEb0ThOSBJ4XUvFgNT6jcvL_lxsPyI478PBNtQO_4NZ4Q/w270-h320/Origen.jpg" width="270" /></a>Mais à la conception d'un vrai Purgatoire il manque plusieurs éléments essentiels. Le temps du Purgtoire est mal défini puisqu'il se confond avec le temps du Jugement dernier, confusion si peu satisfaisante qu'<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjbYiy1jlZXK9mmrqI6u6hmT3g7FZMxnJWvk6lD3LA1DJDBxgpJHVBsnb7K2Nj85AQm-SlkhTR1tQ_GhmA1uTbGtGN8bdIpXHnc3uI8BLcFLYDqFimDB9A7GUx5N1ijXONKuBoCWUDFsYtSvOEb0ThOSBJ4XUvFgNT6jcvL_lxsPyI478PBNtQO_4NZ4Q/s1723/Origen.jpg">Origène</a> doit à la fois concentrer et dilater la fin du monde, et la rapprocher à l'extrême. Aucun purgatoire n'est distingué de l'Enfer et le caractère temporaire, provisoire qui fera son originalité n'est pas dégagé. Seuls les morts, avec leur bagage plus ou moins léger ou lourd de fautes, et Dieu dans sa bienveillance de juge salutaire ont une responsabilité dans cette purification après la mort. Les vivants n'y interviennent pas. Enfin, il n'y a pas de </i>lieu <i>purgatoire. Et en faisant du feu purificateur un feu non seulement "spirituel" mais "invisible Origène bloquait l'imaginaire du Purgatoire</i>» (ibid. p. 86).<br /></span></blockquote><p><span style="font-size: medium;">Cette grande mansuétude ne devait se retrouver dans la conception du Purgatoire qu'à partir de la fin du XIX<span><sup><span>e</span></sup></span> siècle, lorsque l'image du <i>feu purgatoire </i>aura été complètement consumée.</span></p><p><span style="font-size: medium;">Car </span></p><blockquote><p><span style="font-size: medium;">«<i>le Purgatoire avant d'être considéré comme un lieu a d'abord été conçu comme un </i>feu,<i> difficile à localiser; mais qui a concentré en lui la doctrine d'où devait sortir le Purgatoire et a beaucoup aidé à cette naissance. Il faut donc encore en dire un mot. Dès l'époque patristique, des opinions diverses s'interrogent sur la nature de ce feu : est-il punitif, </i><i><span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgd2SKzy5vvAPFZaz1NOrDL2ygi92nuNGHfcI9rA6qse9T5i9hykcu548op7aiKfalGouXDFLHAPJm2Y_48QCld5Gq7folH7tFASgEtpdBwZTKXjvNBcBeNSJl9kauKT9K7Iib-sYV_kqtBHqBLebe6VXGy9r6DAOgT6dyQfCldBxaJTbkRiVhSkzWFCg/s549/Screenshot%202022-08-25%20at%2011-26-49%20Deux%20repr%C3%A9sentations%20m%C3%A9ridionales%20du%20Purgatoire%20Flavin%20en%20Rouergue%20et%20Martignac%20en%20Quercy%20-%20Pers%C3%A9e.png" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="393" data-original-width="549" height="286" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgd2SKzy5vvAPFZaz1NOrDL2ygi92nuNGHfcI9rA6qse9T5i9hykcu548op7aiKfalGouXDFLHAPJm2Y_48QCld5Gq7folH7tFASgEtpdBwZTKXjvNBcBeNSJl9kauKT9K7Iib-sYV_kqtBHqBLebe6VXGy9r6DAOgT6dyQfCldBxaJTbkRiVhSkzWFCg/w400-h286/Screenshot%202022-08-25%20at%2011-26-49%20Deux%20repr%C3%A9sentations%20m%C3%A9ridionales%20du%20Purgatoire%20Flavin%20en%20Rouergue%20et%20Martignac%20en%20Quercy%20-%20Pers%C3%A9e.png" width="400" /></a></span>purificateur ou probatoire? La théologie catholique moderne distingue un feu de l'enfer, punitif, un feu du Purgatoire, expiateur et purificateur; un feu du jugement, probatoire. C'est là une rationalisation tardive. Au Moyen Âge, tous ces <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgFquLiFM0KoJVd1xmnSGlE8jaP88jwRk9BJ1Tg_dg7_-HinrWZ94Cx68_nguhknziqvAzmcUeaDxDatB2fay5Ngi1S_u69Rkt-hnWBhm0TAGBd_N8oAiVagDQtAwzCU4rTzTAAXrujvt2t/h120/Screenshot+2022-08-25+at+11-26-49+Deux+repr%25C3%25A9sentations+m%25C3%25A9ridionales+du+Purgatoire+Flavin+en+Rouergue+et+Martignac+en+Quercy+-+Pers%25C3%25A9e.png">feux</a> se confondent plus ou moins : d'abord le feu du Purgatoire est frère de celui de l'Enfer; un frère qui n'est pas destiné à être éternel mais qui n'en est pas moins brûlant pendant sa période d'activité; ensuite le feu du jugement étant ramené au jugement individuel aussitôt après la mort, feu du Purgatoire et feu du jugement seront pratiquement le plus souvent confondus. Les théologiens insistent plutôt sur tel ou tel aspect du Purgatoire, les prédicateurs médiévaux ont fait de même et les simples fidèles ont dû, à leur façon, avoir la même attitude. Le feu du Purgatoire a été à la fois un châtiment, une purification et une ordalie, ce qui est conforme au caractère ambivalent du feu indo-européen bien mis en évidence par C.-M. Edsman</i>» (ibid. p. 67).</span></p></blockquote><p lang="fr-CA" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: medium;">Il est évident qu'entre les élus et les damnés, tous ceux qui mouraient n'étaient pas déjà condamnés à leur état futur. Si toutes les âmes anticipaient le Paradis et craignaient l'Enfer, la plupart se montraient pécheresses bien timorées, ni pour se précipiter dans la sainteté, ni s'abandonner à la damnation éternelle. C'est sur cet <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjPS86xhRJjnDR8Zm9mzoIvBpCBY9gh6tKH2fta80yC8cmMNvydjmZo-EYX25wGYosc8B-t54qBkPW9e4VSUMqg4BWdeJhHyF9nqLaPKNjM3XAUWlxQpUsXSMsYP-SxLQeOckAqWB6FH9Ih1kGgA2C3zjLwsCFGPQCjGyILfOW0x98zRXkWk319czVhfQ/s492/320px-Sandro_Botticelli_050.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="492" data-original-width="320" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjPS86xhRJjnDR8Zm9mzoIvBpCBY9gh6tKH2fta80yC8cmMNvydjmZo-EYX25wGYosc8B-t54qBkPW9e4VSUMqg4BWdeJhHyF9nqLaPKNjM3XAUWlxQpUsXSMsYP-SxLQeOckAqWB6FH9Ih1kGgA2C3zjLwsCFGPQCjGyILfOW0x98zRXkWk319czVhfQ/w260-h400/320px-Sandro_Botticelli_050.jpg" width="260" /></a>aspect qu'<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiMwR4PAdh7GNggfhmCqlLj0lew3u50kAz_JBGMUoDn7IqOP3BB12mZvpmx6jFrXMlwbbNrZ7vtQgDGAHjRMf09pc0wUSFP0btUMTF8ssfaAaOpiMwo_v7KrHbva4pSLTyt3FLzULWJBTBO/h120/320px-Sandro_Botticelli_050.jpg">Augustin</a> creusa l'idée du <i>feu purgatoire </i>: «<i>Reste la catégorie de ceux qui n'ont pas été tout à fait bons. Ceux-là peuvent (peut-être) se sauver à travers un feu purgatoire. En définitive ce n'est pas une catégorie très nombreuse. Mais si ce feu et si cette catégorie existent, Augustin a des idées plus précises sur certaines conditions de leur existence. Outre le fait que ce feu est très douloureux, il n'est pas éternel, contrairement au feu de la Géhenne, et il n'agira pas au moment du Jugement dernier; mais entre la mort et la résurrection. On peut d'autre part obtenir une mitigation des peines grâce aux suffrages de vivants habiletés à intervenir auprès de Dieu et à la condition d'avoir, malgré ces péchés, mérité finalement le salut. Ces mérites s'acquièrent par une vie généralement bonne et un effort constant pour l'améliorer, par l'accomplissement d'œuvres de miséricorde, et par la pratique de la pénitence. Cette mise en relation de la pénitence et du "purgatoire", qui sera si importante aux XII</i><i><span><sup><span>e</span></sup></span>-XIII</i><i><span><sup><span>e</span></sup></span> siècles, apparaît pour la première fois avec netteté chez Augustin</i>» (ibid. p. 101). Augustin «<i>insiste sur l'existence de peines </i>purgatoires <i>qu'il appelle aussi </i>expiatoires. <i>Il admet qu'elles peuvent être subies soit sur cette terre, soit après la mort. Elles sont </i>temporaires <i>car elles cesseront le jour du Jugement dernier et à ce moment-là ceux qui les auront subies iront au Paradis. Cette dernière affirmation est très importante : elle constituera un élément essentiel du système du Purgatoire médiéval. Augustin enfin répète que seuls pourront bénéficier de ces peines purgatoires ceux qui se seront eux-mêmes corrigés pendant leur vie terrestre</i>» (ibid. p. 108). Admettre <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh1lo-gOPthW_bYSC2yuTayiJxenHu8MGR1PzGLy1M7tleW8zhd17sQtpmlxuW0VCgZjs6fsRTqKpfIl1__TsS7V-saMnpOVG-AlbP05n3OvY0Hna5OJXnerEfCQ11B94mnxVJzDBRnhr64rPzj-HxBkG3dsR1sRCKa4vdBRT-7Q1UqvTq4OHS4LKbpjg/s800/Codex_Bodmer_127_172v_Detail.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="742" data-original-width="800" height="297" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh1lo-gOPthW_bYSC2yuTayiJxenHu8MGR1PzGLy1M7tleW8zhd17sQtpmlxuW0VCgZjs6fsRTqKpfIl1__TsS7V-saMnpOVG-AlbP05n3OvY0Hna5OJXnerEfCQ11B94mnxVJzDBRnhr64rPzj-HxBkG3dsR1sRCKa4vdBRT-7Q1UqvTq4OHS4LKbpjg/w320-h297/Codex_Bodmer_127_172v_Detail.jpg" width="320" /></a>le <i>feu purgatoire, </i>c'était paver la voie au <i>troisième lieu</i>. Plus tard, le pape <a href="https://www.blogger.com/#">Grégoire le Grand</a> (<b>± </b>540-604) profita de ce «prépuprgatoire» afin d'en user comme d'un levier politique : «<i>Menacer des peines de l'au-delà un dirigeant laïque a été un puissant instrument aux mains de l'Église. Montrer dans le feu de la punition un mort illustre confère à cette menace une valeur de preuve et un relief incomparable. L'imaginaire de l'au-delà a été une arme politique. Mais Grégoire le Grand ne dispose encore que de l'Enfer. Recourir à cette arme suprême ne peut se faire que dans les cas extrêmes. Le Purgatoire permettra de moduler la menace</i>» (ibid. pp. 130-131). En effet, menacer des flammes de l'Enfer, considérant la perpétuité de la peine, pouvait jeter le condamné dans le désespoir et en retour, susciter davantage de persécutions pour l'Église. Le menacer du <i>feu purgatoire</i> restait une menace suffisamment sévère sans semer de désarroi chez le fautif, l'Église pouvant lever de son autorité la peine affligeante. L'Église devait largement l'utiliser avec l'excommunication.</span></p><p lang="fr-CA" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: medium;">Approchant du tournant du premier millénaire, la pensée chrétienne se montra prête à accepter <i>le troisième lieu. </i>Le Goff en trouve des témoignages dans de nombreux ouvrages, telle l'<i>Histoire ecclésiastique </i><i><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjHSxXcJWBZgAhNrZGoJYLbMYdpPuORrCoPb5nJxQqBpeIjcIh6OkDv1KR9vXX7jYcrUsgWXmHXMH8_11YjD-82JrXqymxCxk_vpQpSFMrcIjs4iiqtAw6rK9TjUe9iGNbJWRGh3W0hls5pPlNuEcB5rQJFf8cPuInTC3QrClxuu8uP9RA_D8GNHboIkg/s608/bede-person-page.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="342" data-original-width="608" height="225" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjHSxXcJWBZgAhNrZGoJYLbMYdpPuORrCoPb5nJxQqBpeIjcIh6OkDv1KR9vXX7jYcrUsgWXmHXMH8_11YjD-82JrXqymxCxk_vpQpSFMrcIjs4iiqtAw6rK9TjUe9iGNbJWRGh3W0hls5pPlNuEcB5rQJFf8cPuInTC3QrClxuu8uP9RA_D8GNHboIkg/w400-h225/bede-person-page.jpg" width="400" /></a></i>d'Angle-terre </i>de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjfLf4Bag6AtKBc7EgYwZhTMHgOymiA62IVFrW2Vtemw8Sr3Fpkp0mrmuizpAedpSUdOJH42KfIJRD1knBQsSm_J2TN0P0gJ46vwlsxX3eycDsJPpV602qelOeUMCyc1uu3htE1L_MNasX9/h120/bede-person-page.jpg">Bède le Vénérable</a> (673-735) qui, à travers la vision de Drythelm, «<i>confor-mément aux vues augustiniennes sur les </i>non valde mali <i>et les </i>non valde boni, <i>ceux qui ne sont </i><i>pas tout à fait mauvais et ceux qui ne sont pas tout à fait bons, il n'y a pas un seul lieu intermédiaire, il y en a deux, celui de la dure correction, celui de l'attente joyeuse, presque collés l'un à l'Enfer, l'autre au Paradis. Car le système de la vision de Drythelm reste un système binaire, un mur en apparence infranchissable sépare un enfer éternel et d'un enfer temporaire d'un paradis d'éternité et un paradis d'attente. Pour qu'il y ait Purgatoire il faudra l'installation d'un système ternaire et même si le Purgatoire restera géographiquement déjeté vers l'Enfer il faudra un meilleur système de communications entre Purgatoire et Paradis. Il faudra abattre le mur</i>» (ibid. p. 158). La conception augustinienne posait toutefois un problème avec ses quatre catégories d'âmes (élues, damnées, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjGfwKWXiGk8imNfcOuy14M50t4ZKTpOyRotIALUg4ZjdauO3L7a_AYUKH7bz7fgosxhJEdsIIU3jEd2emdzLezH_BkAiX5syU633PU5CZce8S24HiAuhnwL9LvB8Ex2HPz1-03UHhB31xHN9oWHGz3XGvSsOoIlWQFa4nNmdmlBE3VLMnhp2ig3L2oQA/s238/index.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="212" data-original-width="238" height="285" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjGfwKWXiGk8imNfcOuy14M50t4ZKTpOyRotIALUg4ZjdauO3L7a_AYUKH7bz7fgosxhJEdsIIU3jEd2emdzLezH_BkAiX5syU633PU5CZce8S24HiAuhnwL9LvB8Ex2HPz1-03UHhB31xHN9oWHGz3XGvSsOoIlWQFa4nNmdmlBE3VLMnhp2ig3L2oQA/w320-h285/index.jpg" width="320" /></a>les non totalement bonnes, les non totalement mauvaises). C'était un obstacle à la traditionnelle vision trine propre au dogme chrétien. On ne pouvait penser localiser un purgatoire si entre les extrêmes, élus et damnés, on en trouvait un autre qui tout en se disant non totalement mauvais voulait dire également non totalement bons. C'est ainsi que «<i>la notion de Purgatoire exigera la disparition de la catégorie augustinienne des </i>non valde boni, <i>ceux qui ne sont pas tout à fait bons pour ne garder que celle des </i>non valde mali <i>ou des </i>mediocriter boni et mali, <i>ceux qui ne sont pas tout à fait mauvais, ou des moyennement bons et méchants de même le lieu purgatoire réclamera l'évanouissement de ce lieu d'attente quasi paradisiaque, et en définitive l'effacement du <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEje7fqCsMRMWWfQkVmWOKHruFUzzPwVsT8b4CGX2s8xeTrTOTicxv7esJRvw5SfemzBvEGlh3_FL2Fu422SZhzD1yeEDBwJAfSYbS-DxIraPONEcq3i66YeTPnU7K83isxxy8zbY_T8A88_/h120/index.jpg">sein d'Abraham</a></i>» (ibid. p. 169). L'obstacle devait être levé par l'impulsion donnée par les prédicateurs venus de l'abbaye de Cluny au tournant du millénaire.</span></p><p lang="fr-CA" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;"><span style="color: black; font-size: medium;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjaWVsMti348Hyx1U350je2j3oOkOeyVuIAByK6cXx6fY9RoFp9BynnR3NGJkaZaVU9yrPVcnZWNFzSG0rTKMmtq1sSB3XOTJAcrzNw0y0NwfyZR9MgEi5Ut2jbPmqeFKgdOv6ujH2SKCFR3_YqFFK28dPu2wUq1qpV_2zwkD_dvQdzECf23lpwAd5N5Q/s1536/1002963-cluny_iii_labbatiale.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="902" data-original-width="1536" height="235" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjaWVsMti348Hyx1U350je2j3oOkOeyVuIAByK6cXx6fY9RoFp9BynnR3NGJkaZaVU9yrPVcnZWNFzSG0rTKMmtq1sSB3XOTJAcrzNw0y0NwfyZR9MgEi5Ut2jbPmqeFKgdOv6ujH2SKCFR3_YqFFK28dPu2wUq1qpV_2zwkD_dvQdzECf23lpwAd5N5Q/w400-h235/1002963-cluny_iii_labbatiale.jpg" width="400" /></a></i></span></span><span style="font-size: medium;">Centre de l'ordre des béné-dictins, l'<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi9lFM0DULyy08JlqrW_YAWLaMVJPUclHtKVaABeLVKY8oZ4YgCRiuFPZrm-vgvFUKcYt9Kyy_mS51tIqTTyYkPAHU_fMNtXSEWVkdNiEEvbPN5uaAxeyZBlu5OrU0MYJez1_0gdGCcfVlP/h120/1002963-cluny_iii_labbatiale.jpg">abbaye de Cluny</a> était la tête d'une vaste multina-tionale qui rayonnait sur l'ensemble de l'Occident européen à cette époque. Elle faisait les papes comme elle stimulait les croisades :</span></p><blockquote><p lang="fr-CA" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: medium;">«<i>Cluny, en effet, tout en obéissant au caractère élitiste de ces unions entre morts et vivants qui concernent les groupes dirigeants, étend à l'ensemble des défunts de façon solennelle, une fois l'an, l'attention de la liturgie. Au milieu du XI</i><span><sup><span>e</span></sup></span><i> siècle, en effet, probablement entre 1024 et 1033, Cluny institue la commémoration des défunts le 2 novembre en contact avec la fête de tous les Saints, la veille. Le prestige de l'ordre dans la chrétienté est tel que la "fête des Morts" est bientôt célébrée partout. Ce lien supplémentaire et solennel entre les vivants et les morts prépare le terrain où va naître le Purgatoire. Mais Cluny a préparé le Purgatoire d'une façon encore plus précise. Peu après la mort de l'<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgWe65K-er-eqvYuDaJwPZBVdflNAVfdc_vy_jtuiPr8on4Ru9DQQhDfmiid66HFMsfFdiVnL8Tq1kxoDBOCF2T5DqTqY1NPx3RBs7_tWtL8SEXda9gZ_JvoWDGqb-j0fdrQrO2GUGJpb_p/h120/260px-Troyes_%252810%2529_Basilique_Saint-Urbain_Statue_de_Saint-Odilon.jpg">abbé Odilon</a> (1049), le moine Jotsuald, dans la vie du saint abbé qu'il écrit, rapporte le fait suivant :</i></span></p></blockquote><p lang="fr-CA" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;"></p><blockquote><span style="font-size: medium;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEghi29COWXJZG96O00P1aW5thm62BSGDchq_FqkLuG2d8RGFf61YrL7zmA1KYK6zXTO5Jin8Yk4kL5EeAlQ2MNg3o8zGEoCiYDpGsswENTICGeoTpjq49_yhVkSY7sQeE_q7joJhDAUGrwblFSZVFzuJmeg2fdaGOUghVu8LNu3kx-RuUSKzCWfoLnLPA/s347/260px-Troyes_(10)_Basilique_Saint-Urbain_Statue_de_Saint-Odilon.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="347" data-original-width="260" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEghi29COWXJZG96O00P1aW5thm62BSGDchq_FqkLuG2d8RGFf61YrL7zmA1KYK6zXTO5Jin8Yk4kL5EeAlQ2MNg3o8zGEoCiYDpGsswENTICGeoTpjq49_yhVkSY7sQeE_q7joJhDAUGrwblFSZVFzuJmeg2fdaGOUghVu8LNu3kx-RuUSKzCWfoLnLPA/w300-h400/260px-Troyes_(10)_Basilique_Saint-Urbain_Statue_de_Saint-Odilon.jpg" width="300" /></a>"Le seigneur évêque Richard m'a rapporté cette vision dont j'avais jadis entendu parler, mais dont je n'avais pas gardé le moindre souvenir. Un jour, me dit-il, un moine rouergat revenait de Jérusalem. Au beau milieu de la mer qui s'étend de la Sicile à Thessalonique, il rencontra un vent très violent, qui poussa son navire vers un îlot rocheux où demeurait un ermite serviteur de Dieu. Lorsque notre homme vit la mer s'apaiser, il bavarda de choses et d'autres avec lui. L'homme de Dieu lui demanda de quelle nationalité il était et il répondit qu'il était Aquitain. Alors, l'homme de Dieu voulut savoir s'il connaissait un monastère qui porte le nom de Cluny, et l'abbé de ce lieu, Odilon. Il répondit : 'Je l'ai connu et même bien connu, mais je voudrais savoir pourquoi tu me poses cette question'. Et l'autre : 'Je vais te le dire, et je te conjure de te souvenir de ce que tu vas entendre. Non loin de nous se trouvent des lieux qui, par la volonté manifeste de Dieu, crachent avec la plus grande violence un feu brûlant. Les âmes des pécheurs pendant un temps déterminé, </i><i>s'y purgant dans des supplices variés. Une multitude de démons est chargée de renouveler sans cesse leurs tourments : ranimant les peines de jour en jour, rendant de plus en plus intolérables les douleurs. Souvent j'ai entendu les lamentations de ces hommes qui se plaignaient avec véhémence : la miséricorde de Dieu permet, en effet, aux âmes de ces condamnés d'être délivrées de leurs peines par les prières des moines et les aumônes faites aux pauvres, dans des lieux saints. Dans leurs plaintes, ils s'adressent surtout à la communauté de Cluny et à son abbé. Aussi, je te conjure par Dieu, si tu as le bonheur de revenir parmi les tiens, de faire connaître à cette communauté tout ce que tu as entendu de ma bouche, et d'exhorter les moines à multiplier les prières, les veilles et les aumônes pour le repos des âmes plongées dans les peines pour qu'il y ait ainsi plus de joie au ciel, et que le diable soit dépité'.</i></span></blockquote><p></p><p lang="fr-CA" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;"></p><blockquote><span style="font-size: medium;"><i>De retour dans son pays, notre homme transmit fidèlement son message au saint père abbé et aux frères. En l'entendant, ceux-ci, le cœur débordant de joie, rendirent grâce à Dieu, ajoutèrent les prières aux prières, les aumônes aux aumônes, et travaillèrent obstinément </i><i><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhTd_YjMDJvXgcE1DPaPxxeL9p53MUTXCE21fGj9_GDL4cqfLWHB4iCV-7FVu_LVYVy6R4XCc6KA-hSEbGhgAEdZnElRowzrbd7MlbG-kgTOUr1GJQeSFflHcF5TKhYtpre1S2IIk_E7l9I2u_TLq0lCqh2fAfq0SBWes_c0MOxSpxIfK5qsP_m6UNTuQ/s250/250px-All-Saints.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="168" data-original-width="250" height="269" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhTd_YjMDJvXgcE1DPaPxxeL9p53MUTXCE21fGj9_GDL4cqfLWHB4iCV-7FVu_LVYVy6R4XCc6KA-hSEbGhgAEdZnElRowzrbd7MlbG-kgTOUr1GJQeSFflHcF5TKhYtpre1S2IIk_E7l9I2u_TLq0lCqh2fAfq0SBWes_c0MOxSpxIfK5qsP_m6UNTuQ/w400-h269/250px-All-Saints.jpg" width="400" /></a></i>au repos des défunts. Le saint père abbé proposa à tous les monastères que le lendemain de la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi7fjjL9ymPkL0gTInMX0Dkwf8bDdzuBsY6meycut449OI7ugqzWrQS3rwXNsjYfSWzFip079-4mhJGcsfWedQOxYtOHa-2k6GF3CmJckr328hnR7NeZR-AlptQBhBABIgr9ZCA-w05yo5y/h120/250px-All-Saints.jpg">fête de tous les Saints</a>, le premier jour des calendes de Novembre, on célèbre partout la mémoire de tous les fidèles pour assurer le repos de leur âme, que des messes, avec psaumes et aumônes, soient célébrées en privé et en public, que les aumônes soient distribuées sans compter à tous les pauvres : ainsi l'ennemi diabolique recevrait des coups plus durs et, souffrant dans cette géhenne, le chrétien caresserait l'espoir de la miséricorde divine"</i>» (ibid. pp. 171-172).</span></blockquote><p></p><p lang="fr-CA" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: medium;">Odilon vivait à un siècle de <i>l'invention du purgatoire, </i>et le récit de telles visions se répandit dans toute l'Europe <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj8YV4UI_3FLw5ecapNob3WkTwsEn1aoCWAk_2STGOWV-29TXKJRWKVROcsm8yvFaH2Q-GQjQO7aAYhFMjQlywN5PmvsXKW_-NrfRRzVxsgiyo3un_jI7B-6s-jNsRk9gN17hHqi4-FD692-CkcgqNAc789X3345Jjo_BmR9jTGM_vJhpkgCvFR9t_oOQ/s640/640x410_etna-eruption-18-janvier-2021.webp" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="410" data-original-width="640" height="256" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj8YV4UI_3FLw5ecapNob3WkTwsEn1aoCWAk_2STGOWV-29TXKJRWKVROcsm8yvFaH2Q-GQjQO7aAYhFMjQlywN5PmvsXKW_-NrfRRzVxsgiyo3un_jI7B-6s-jNsRk9gN17hHqi4-FD692-CkcgqNAc789X3345Jjo_BmR9jTGM_vJhpkgCvFR9t_oOQ/w400-h256/640x410_etna-eruption-18-janvier-2021.webp" width="400" /></a>: «<i>Jacopo da Varazze (Jacques de Voragine) s'en fait l'écho dans la </i>Légende dorée <i>au XIII</i><i><span><sup><span>e</span></sup></span> siècle : </i><i>"Saint Pierre Damien rapporte que saint Odilon, abbé de Cluny, ayant découvert qu'auprès d'un <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj8YV4UI_3FLw5ecapNob3WkTwsEn1aoCWAk_2STGOWV-29TXKJRWKVROcsm8yvFaH2Q-GQjQO7aAYhFMjQlywN5PmvsXKW_-NrfRRzVxsgiyo3un_jI7B-6s-jNsRk9gN17hHqi4-FD692-CkcgqNAc789X3345Jjo_BmR9jTGM_vJhpkgCvFR9t_oOQ/s640/640x410_etna-eruption-18-janvier-2021.webp">volcan</a> </i><i>en Sicile, on entendait souvent les cris et les hurlements des démons se plaignant que les âmes des défunts fussent arrachés de leurs mains par les aumônes et les prières, ordonna, dans ses monastères, de faire, après la fête de tous les Saints, la commémoration des morts. Ce qui dans la suite fut approuvé par toute l'Église". Jacopo da Varazze écrit au milieu du XIII</i><i><span><sup><span>e</span></sup></span> siècle : il interprète donc l'histoire en fonction du Purgatoire qui, désormais, existe. Mais quand Jotsuald et Pierre Damien rédigent la </i>Vie d'Odilon <i>le Purgatoire est encore à naître. Cluny pose un jalon essentiel; voilà un lieu bien défini : une montagne qui crache le feu, et une pratique liturgique essentielle créée : les morts, et spécialement ceux qui ont besoin de suffrages, ont désormais leur jour dans le calendrier de l'Église</i>» (ibid. pp. 172-173).<i> </i></span></p><p lang="fr-CA" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: medium;">C'est donc au cours du XII<sup><span>e</span></sup> siècle - siècle où se dégage la révolution culturelle courtoise -, que naquît le Purgatoire en tant que lieu surnaturel. Selon Le Goff, on le devrait à un certain <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjUvJt4U8KqSB8Bm5m8vWNrZ6n6Atm9CnabA9IzzH2g4kafHWUzSmgdcrBsbuGQK8EOD8nv9d_76H49PWHiO26eES8tPZJ8w9118H1InUxuigtMRbkYhn7iplEDBQEWRIZM4Fc9PPiWKMVM/h120/260px-Petrus_Comestor_writing.jpg">Pierre le Mangeur</a>, esprit <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjf3TT4oJjsfdydkpWveIk1EOmVq--SyYMAAiVOgwGwiKHKK2w88zucrLMS_XcTbS5Cf12RZOhEQF0pyN7S88zScGQKQ6nO_HckSL5qIaBmPMzLrM_Y4XmOFCyJxQZTOHItUjilZGFHytQ6Y3xrVoW0yk4lGcvrdMhISLrFyXj6wJte-gBjaMDYAk6FiQ/s346/260px-Petrus_Comestor_writing.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="346" data-original-width="260" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjf3TT4oJjsfdydkpWveIk1EOmVq--SyYMAAiVOgwGwiKHKK2w88zucrLMS_XcTbS5Cf12RZOhEQF0pyN7S88zScGQKQ6nO_HckSL5qIaBmPMzLrM_Y4XmOFCyJxQZTOHItUjilZGFHytQ6Y3xrVoW0yk4lGcvrdMhISLrFyXj6wJte-gBjaMDYAk6FiQ/w300-h400/260px-Petrus_Comestor_writing.jpg" width="300" /></a>littéraire et liturgique, qui aurait employé le premier le substantif <i>purgatorum. </i>Puis, il y a le récit de <i>L'Ame dans le Purgatoire, </i>d'Odon d'Ourscamp (mort en 1171) dans lequel l'auteur vacille encore entre le <i>feu purgatoire </i>et la localisation spatiale du Purgatoire. On attendrait sa reconnaissance du grand théologien de l'époque, Bernard de Clairvaux, mais «<i>par une ironie de l'histoire, saint Bernard, père putatif du Purgatoire, mais à qui il faut renoncer d'attribuer "cette invention" apparaît comme le premier bénéficiaire individuel connu de la croyance en ce nouveau lieu. Une lettre de Nicolas de Saint-Alban à Pierre de Celle, donc antérieure à la mort de celui-ci en 1181 et vraisemblablement en 1180-1181, affirme que saint Bernard a fait un bref passage par le Purgatoire avant d'entrer au Paradis. Pourquoi cette purgation du saint? Saint Bernard était hostile à la notion de l'Immaculée Conception de la Vierge, quoique très dévot à Marie. Les partisans de cette croyance prétendirent, pour frapper les imaginations et déconsidérer leurs adversaires, que l'abbé de Clairvaux avait été, pour cette légère erreur, (bénignement) sanctionné. Le thème du passage par le Purgatoire des hommes célèbres se répandra au </i><i><span style="color: black;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgyLHv-OtVlm336HoKUBtUuohOs1ffuIszlxADr21iXpTcx7ruc34K7GaOLi0H6i8KCc_xs54Y_XclBVSwF-K4-o4BJlc4_6nHA7BWiRMkaK6LvojvQ54hice-AhaF6n1VR6p519VAmevzUNyEaUyneZHuIA18z6YgGeLj1E-5O6TsjOTRWicdqyVPyyg/s1483/Pope_Innocent_III_(Monastery_of_Subiaco).jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1483" data-original-width="1200" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgyLHv-OtVlm336HoKUBtUuohOs1ffuIszlxADr21iXpTcx7ruc34K7GaOLi0H6i8KCc_xs54Y_XclBVSwF-K4-o4BJlc4_6nHA7BWiRMkaK6LvojvQ54hice-AhaF6n1VR6p519VAmevzUNyEaUyneZHuIA18z6YgGeLj1E-5O6TsjOTRWicdqyVPyyg/w324-h400/Pope_Innocent_III_(Monastery_of_Subiaco).jpg" width="324" /></a></span></span>XIII</i><i><sup><span>e</span></sup> siècle. Il semble que saint Bernard ait inauguré la série. Philippe-Auguste, qui a régné de 1180 à 1223, sera le premier roi de France à passer par le Purgatoire</i>» (ibid. p. 222). Cette reconnaissance du Purgatoire devait venir du pape le plus politique du Bas Moyen Âge, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjdI_bDfo8IsxJuC0BiNtZUxcSM0I-CGg2MwMylp9CmbLQcJJF0JMs0XpwwBGeVxdQZe1oBmHh0a31i2SnRNEJRJoh4EZ0dIDkTF2i1f1NG9igLIcQ4WcER5ytBSTYG5UXVuIzW3jUKPFWn/h120/Pope_Innocent_III_%2528Monastery_of_Subiaco%2529.jpg">Innocent III</a> (pape de 1198 à 1216), dans une lettre adressée à l'archevêque de Lyon en 1202 : «<i>Texte étonnant où l'on parle à plusieurs reprises du Purgatoire et où Innocent III donne sous une forme symbolique traditionnelle l'expression la plus complète, la plus claire, la plus charpentée - enserrant l'humanité entière de la naissance à la fin des temps dans un plan parfait dont la partie terrestre se déroule sous le strict contrôle de l'Église. L'Église devient elle-même triple. Augustin avait distingué Église "pérégrinante" et Église "céleste", le XII</i><i><sup><span>e</span></sup> siècle avait imposé les termes nouveaux d'Église "militante" - expression lancée par Pierre le Mangeur - et Église "triomphante". Innocent III y ajoute l'Église du purgatoire, énonçant un troisième terme, qui sous le nom d'Église "souffrante" complétera plus tard la triade ecclésiale</i>» (ibid. pp. 237-238).</span></p><p lang="fr-CA" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: medium;">Avec la reconnaissance pontificale, le Purgatoire (<i>purgatorium</i>) obtenait sa première légitimité doctrinale. Il fallait désormais l'étoffer, meubler ce nouveau lieu. Comme pour l'Enfer, on vit se <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhBWuoL7xH-HyeD4VI3SXMwxhGYJBC7FF28n-xKD9iqS-spFJCFaaI68UAhhcbTCpGm8SqQVyDC_Cwsqx9nB4siLXZXmY31LQaEoTLKaVT74baHFkmHtgaD82wB1jklaFnRZNQM6AXpaLdskAW1JqTngyu8hKd58pkcYjmD3vQZI9Dt1RJ37iUeZbQ5-g/s1600/Eglise_Fontaine-les-Dijon_004.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1200" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhBWuoL7xH-HyeD4VI3SXMwxhGYJBC7FF28n-xKD9iqS-spFJCFaaI68UAhhcbTCpGm8SqQVyDC_Cwsqx9nB4siLXZXmY31LQaEoTLKaVT74baHFkmHtgaD82wB1jklaFnRZNQM6AXpaLdskAW1JqTngyu8hKd58pkcYjmD3vQZI9Dt1RJ37iUeZbQ5-g/w300-h400/Eglise_Fontaine-les-Dijon_004.jpg" width="300" /></a>développer simultanément des écrits théologiques venus des philosophes et théologiens de l'Église, mais aussi des récits populaires; «<i>ce type de récit qui, au XIII</i><i><sup><span>e</span></sup> siècle, accueillera - et diffusera - largement le Purgatoire. Ce sont les récits d'apparitions à des vivants de défunts qui subissent les peines purgatoires. C'est au fond la reprise des histoires du Livre IV des </i>Dialogues <i>de Grégoire le Grand mais ces revenants ne sont plus sur terre à purger du reste de leurs fautes mais en permission exceptionnelle de courte durée, le temps d'un rêve</i>» (ibid. p. 241).<i> </i>Les songes et les apparitions de revenants devaient stimuler la certitude en l'existence du Purgatoire, et ce jusqu'au XX<sup><span>e</span></sup> siècle! Bientôt, personne ne semblait pouvoir éviter ce séjour, même bref, au Purgatoire; «<i>même les saints, pour certaines fautes en apparence légères font de courts séjours en purgatoire. Un des premiers à payer son écot à la nouvelle croyance n'est autre que le grand saint cistercien, saint <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjcHcFrm8BRFwcuzsjaI-O4qz6b7StoSVs4vqIbvZH9ER3_Yigu2AAAJ3173WbhYM8FwEKcOVEKISXMiZwje0S3b0mg_ZWq_O6d_a8yccl2aeRlWe4JRs7sfz6bvdWg8FjkvlxViTB8bMXE/h120/Eglise_Fontaine-les-Dijon_004.jpg">Bernard</a> lui-même, qui passe brièvement</i>» (ibid. p. 246).</span></p><p lang="fr-CA" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: medium;">Le plus populaire des récits concernant le Purgatoire fut sans doute celui de H. de Saltrey, ce moine cistercien anglais qui rédigea la légende du Purgatoire de saint Patrick (± 1190), récit totalement anachronique (Patrick vécut au tournant du V</span><span style="font-size: medium;"><sup><span>e</span></sup></span><span style="font-size: medium;"> siècle) :</span></p><p lang="fr-CA" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;"></p><blockquote><span style="font-size: medium;">«<i>Quand saint Patrick évangélisait sans grand succès les Irlandais récalcitrants et cherchait à les convertir par la peur de l'Enfer et l'attrait du Paradis, Jésus lui montra dans un lieu désert un trou </i>(fossa) <i>rond et obscur et lui dit que si quelqu'un animé d'un vrai esprit de pénitence et de foi passait un jour et une nuit dans ce trou, il serait purgé de tous ses péchés et pourrait voir les tortures des méchants et les joies des bons. Saint Patrick s'empressa de construire une église à côté du trou, d'y installer des chanoines réguliers, de faire entourer le trou d'un mur et de le fermer par une porte dont le prieur de l'église gardait la clé. De nombreux pénitents auraient fait l'expérience de lieu dès l'époque de saint Patrick qui aurait prescrit de mettre par écrit leurs relations. Ce lieu fut appelé purgatoire et, comme saint Patrick en avait eu la primeur, purgatoire de saint Patrick (</i>sancti Patricii purgatorium<i>).</i></span></blockquote><p></p><p lang="fr-CA" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: medium;"></span></p><blockquote><span style="font-size: medium;"><i>La coutume voulait que les candidats à l'expérience du</i><span style="font-size: medium;"><i> </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg2RoO4kUHP6Z0iK1gAECZ202Y_KJ73nFavrFMWdkCfMMexYljGHZvFqLjM_5pDUJ4sAzbj57Du3DefpOLZjqnbbhoupx-xAZKU2lSLXBDSJOEtPFbOQBhLYCYtwCb4npLToZja-85h-sdb/h120/400px-William_Frederick_Wakeman_Lough_Derg.png">Purgatoire de saint Patrick</a> <i>y fussent autorisés par l'évêque du diocèse qui devait d'abord s'efforcer de les en dissuader. S'il ne pouvait les convaincre de renoncer il leur donnait une </i></span><span style="font-size: medium;"><i>autorisation qui était soumise au prieur de l'église qui, à son tour, cherchait à les </i></span></span><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjZGRkwh0vDZQiAlv9KVpm7D4LBSid9lBH46KKtP3RHeGLmUUkeFHirdZiBj93yei0tOXFBKiW8Lzp-yE-40wMQrqI6CG04ox9_iQ5NUe6SWAlSXgHyQqRWYLAAHz98ADb4-ZlBjWnTaSWHu5lBT3g4UyfofGnEJFlJYermoqC82Sm0gak_ImU0qlkrrQ/s400/400px-William_Frederick_Wakeman_Lough_Derg.png" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="240" data-original-width="400" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjZGRkwh0vDZQiAlv9KVpm7D4LBSid9lBH46KKtP3RHeGLmUUkeFHirdZiBj93yei0tOXFBKiW8Lzp-yE-40wMQrqI6CG04ox9_iQ5NUe6SWAlSXgHyQqRWYLAAHz98ADb4-ZlBjWnTaSWHu5lBT3g4UyfofGnEJFlJYermoqC82Sm0gak_ImU0qlkrrQ/w400-h240/400px-William_Frederick_Wakeman_Lough_Derg.png" width="400" /></a>persuader d'adopter une autre pénitence, en leur signalant que beaucoup avaient péri dans cette expérience. S'il échouait lui aussi, il prescrivait au candidat de passer d'abord quinze jours en prières dans l'église. Au bout de cette quinzaine le candidat assistait à une messe au cours de laquelle il communiait et était exorcisé avec de l'eau bénite. Une procession le conduisait en chantant jusqu'au Purgatoire dont le prieur ouvrait la porte en rappelant la présence des démons et la disparition de nombreux précédents visiteurs. Si le candidat persévérait, il était béni par tous les prêtres et entrait en faisant le signe de la croix. Le prieur refermait la porte. Le lendemain à la même heure la procession retournait au trou. Si le pénitent sortait, il revenait à l'église et y passait quinze autres jours en prières. Si la porte restait close, on le tenait pour mort et la procession se retirait. On a affaire ici à une forme particulière d'</i>ordalie, <i>de jugement de Dieu, d'un type peut-être caractéristique des traditions celtiques</i>» (ibid. pp. 261-262).</span></span></blockquote><p><span style="font-size: medium;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiWE0fh9pupqEBHn5x3yCJ04GhOubgzFVm_MWDEsed2srrOsS_OSU0D9sUqaF_28I24fth_ZcLj-AumswFAcdgGoN5KjkCDHx5YEtpAjaexIBzVYH8pOYqiBvRkGHxjrgFLpJiHcpl7hxkME4RXXzNplFT4940s4u5fmUP4lEO8obFpEIa40jAB0hpO5A/s249/170px-Claude_Noury_1506_Knight_Owein_and_Prior_at_St_Patrick's_Purgatory.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="249" data-original-width="170" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiWE0fh9pupqEBHn5x3yCJ04GhOubgzFVm_MWDEsed2srrOsS_OSU0D9sUqaF_28I24fth_ZcLj-AumswFAcdgGoN5KjkCDHx5YEtpAjaexIBzVYH8pOYqiBvRkGHxjrgFLpJiHcpl7hxkME4RXXzNplFT4940s4u5fmUP4lEO8obFpEIa40jAB0hpO5A/w273-h400/170px-Claude_Noury_1506_Knight_Owein_and_Prior_at_St_Patrick's_Purgatory.jpg" width="273" /></a>À la description de ce Purgatoire des plus terrestres s'ajoutait le récit du <a href="https://www.blogger.com/#">chevalier Owen</a> qui osât se mettre à l'épreuve de l'ordalie. Le succès du <i>Purgatoire de saint Patrick </i>fut immédiat et considérable. Shane Leslie dit d'un traît qu'il fût «<i>un des </i>best sellers <i>du Moyen Âge</i>». Sa première traduction en français fut celle de la poétesse anglaise Marie de France, autrice des célèbres lais. </span></p><p><span style="font-size: medium;">Le Purgatoire apportait un complément à l'idée de justice divine. L'au-delà était censé désormais assurer la correction des inégalités et des injustices d'ici-bas et, comme le remarque Le Goff, n'était pas indépendante des réalités judiciaires terrestres. On verra au cours des siècles la conception du Purgatoire varier selon les types de justice des tribunaux humains. Pour l'heure, c'était d'Alger de Liège (1060-1132) qu'on s'inspirait pour la rectitude justicière : «<i>Il en vient enfin à la façon dont un accusé peut se disculper, se purger de ses fautes, réelles ou supposées : "Un accusé peut se purger </i></span><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEitrWQCYNQHTh17A-0xEMNgY7ulT1uw73wr3qVARLohXqBG0OKvF8oMgB6WHni8cDRp8rh6L6t_C2CF-kvMrz78N6QsJO2hzNs_PrrUtRhC8I93NdNnsJ3Ini0jUp0d79qTPepSa1UNVceQdfhffU6PnpV5MjVgQnkktBoqrKUARy7WkkI_T0lJUQKP2A/s668/maxresdefault.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="668" data-original-width="655" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEitrWQCYNQHTh17A-0xEMNgY7ulT1uw73wr3qVARLohXqBG0OKvF8oMgB6WHni8cDRp8rh6L6t_C2CF-kvMrz78N6QsJO2hzNs_PrrUtRhC8I93NdNnsJ3Ini0jUp0d79qTPepSa1UNVceQdfhffU6PnpV5MjVgQnkktBoqrKUARy7WkkI_T0lJUQKP2A/w393-h400/maxresdefault.jpg" width="393" /></a></span>(expurgare) <i>de trois façons : en produisant des témoins irréfu-tables, en se prêtant à un examen au fond, ou, avant toute publicité, en avouant et en se repentant" (par la confession et la pénitence : </i>confes-sione et penitentia<i>). Enfin, "si un accusé n'a pas voulu se purger et qu'ensuite ou bien il soit convaincu d'être coupable, ou bien s'il avoue lui-même ses péchés, il sera condamné"</i>» (ibid. p. 288). Ce développement devait entraîner une réflexion théologique et morale nouvelle sur la notion de péché. Au-delà du péché originel que chaque chrétien recevait en partage à sa naissance, et qui était lavé par les eaux du baptême, on apprit à distinguer les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgSIkwxzH15So3xfSRIXjkHTZ7A849jX4RwakkYTfNYx7JVR3gZHRGnbUog6Xk7wSWzRZJ1I8TDjBnxAxaUbNOtjEnn_W5tdimG95XXHYUtZh_LFzG_k7x73rETRyl3F_DgqpxgnVD2rwnx/h120/maxresdefault.jpg">péchés mortels</a> (des crimes majeurs) des péchés véniels (fautes courantes) :</span></p><p></p><blockquote><p><span style="font-size: medium;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiRPDTVJj31IBQ-SCU8VPo_v5tXH9AOZZjazu2ZIHKTQ81BQPtrYO9RYIQxXoacF8bQXgDeDQeMIWjAJVaSwFVDpwuu59PFOy7lO7lsrpnvqMN_TbFRlcFc5ex5XHZRaui8rdWlLf9Tpa6sONyF3pxrpkjjix49_Jg-u5a8qweB976zpur_dJ45i4587g/s284/220px-Gilbert_de_la_Porr%C3%A9e.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="284" data-original-width="220" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiRPDTVJj31IBQ-SCU8VPo_v5tXH9AOZZjazu2ZIHKTQ81BQPtrYO9RYIQxXoacF8bQXgDeDQeMIWjAJVaSwFVDpwuu59PFOy7lO7lsrpnvqMN_TbFRlcFc5ex5XHZRaui8rdWlLf9Tpa6sONyF3pxrpkjjix49_Jg-u5a8qweB976zpur_dJ45i4587g/w310-h400/220px-Gilbert_de_la_Porr%C3%A9e.jpg" width="310" /></a>«<i>Le terme véniel </i>(veniale, venialia) <i>ne devient courant qu'au XII</i><i><span><sup><span>e</span></sup></span> siècle et, selon A. M. Landgraf, le système d'oppo-sition péchés mortels péchés véniels a été mis au point dans la seconde moitié du XII</i><i><span><sup><span>e</span></sup></span> siècle par les porretains, disciples du théologien Gilbert Porreta (<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgk2iKugWj0hfk-LUdcZYWUL-Y7UKZFNznIc_GpLhl5QSiceIPeBGFDNDK39xPPsta0n9h0oyAQHs_GkO_KldJZlZ9BKQaHb9mE7RUxbmQsmgDg_DEfs0xyAlyOPKHW_7uJE7Vw3EF6VruU/h120/220px-Gilbert_de_la_Porr%25C3%25A9e.jpg">Gilbert de la Porrée</a>), mort en 1154 : groupe qui comprenait des auteurs anonymes de </i>Questons<i>, Simon de Tournai, Alain de Lille, etc. L'expression péché véniel appartient en tout cas à cet ensemble de notion et de mots qui émergent au </i></span><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-size: medium;"><i>XII</i><i><span><sup><span>e</span></sup></span></i></span> siècle avec le Purgatoire et qui forment avec lui un système. Le mot a de plus l'intérêt de signifier - sens dont les clercs du XII</i><i><span><sup><span>e</span></sup></span> siècle étaient très conscients - dignes de </i>venia<i>, de pardon. La notion a pris un tour juridico-spirituel.</i></span></p></blockquote><p></p><blockquote><span style="font-size: medium;"><i>Au début du XII</i><i><span><sup><span>e</span></sup></span> siècle, un traité théologique de l'École de Laon, les </i>Sentences d'Arras (Sententiae Atrebatenses) <i>déclare : "Il faut une pénitence différente pour les péchés les plus criminels, et pour le péché véniel. Les criminels, c'est-à-dire ceux passibles de damnation, sont les péchés que l'on commet sciemment et délibérément. Les autres qui proviennent de l'invincible ignorance, sont véniels, c'est-à-dire non damnables". Ils sont pardonnables à peu de frais par la confession, l'aumône ou des actes de même nature</i>» (ibid. pp. 293-294).</span></blockquote><p><span style="font-size: medium;">Là aussi, le Purgatoire était impensable sans l'ajustement des peines et des sentences.</span></p><p><span style="font-size: medium;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEimdXDWklREtFTtAfj6rRgMvVHn_Bm5LTqnd6u8pxIdvOLSVz-n1iqrtw1hzgXzMZZmgkf7s0nFrCZSm5f2pQQf1jfz7AKwVnZAMxT9uadckkTDIa91sCX_fnx8xaVezmsBJjxgM28XxUXNvErT_ITWb9X5hBvlHxYqOBVT8Hq6x-EFKOVabEj5CAHfNw/s411/1.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="372" data-original-width="411" height="363" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEimdXDWklREtFTtAfj6rRgMvVHn_Bm5LTqnd6u8pxIdvOLSVz-n1iqrtw1hzgXzMZZmgkf7s0nFrCZSm5f2pQQf1jfz7AKwVnZAMxT9uadckkTDIa91sCX_fnx8xaVezmsBJjxgM28XxUXNvErT_ITWb9X5hBvlHxYqOBVT8Hq6x-EFKOVabEj5CAHfNw/w400-h363/1.jpg" width="400" /></a>Le Purgatoire convenait à la société féodale dont les mentalités parta-geaient tout en trois. Il convenait surtout à une époque où la bour-geoisie marchande prenait racines dans les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEixm2iqtTCFOV6M1gIu7YF_0qRAVJ1QiJw_T7xlFWlQCmd7lcbUKyX7Swnjhi2Gn0yQtXkk93blkcKHFPrbGE-KiCrfWeUfc8TlDyBxY4aMOUAebarfoJu1-btxBnj1exIXZvLk5TIQytyA/h120/1.jpg">villes</a>. Une fureur arithmétique, selon Le Goff, s'empara dès lors des âmes inquiètes ou inspirées au sujet de la durée des peines purgatoires :</span></p><blockquote><p><span style="font-size: medium;">«<i>La création du Purgatoire réunit un processus de spatialisation de l'univers et de logique arithématique qui, au-delà du triple royaume de l'Autre Monde, va régir les relations entre les comportements humains et les situations au Purgatoire. On mesurera proportionnellement le temps passé sur terre dans le péché et celui passé dans les tourments du Purgatoire, le temps des suffrages offerts pour les morts en purgatoire et le temps de l'accélération de la libération du Purgatoire. Cette comptabilité se développera au XIII</i><i><span><i><span><sup><span>e</span></sup></span></i></span> siècle, siècle de l'essor de la cartographie et du déchaînement du calcul. Et finalement le temps du Purgatoire sera entraîné dans le temps vertigineux des indulgences.</i></span></p></blockquote><p></p><blockquote><span style="font-size: medium;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgFtgtgXR6MCYy38ISp5BpQ8XRG2djW8JoLD4i6H20vuNB7kMYs1c223xpbbhYs4ZgMKlrF6_f8R3a1u4uZnE5z2WbDVXytILsDyIMBjvNolculj29jo4Ixy-p9GTtTiBO_trKtaoTrtHdUpgy93QW8b6qaAPDqE7haMwvtkR-hlA3Ao_-Sv4rTk__i0A/s2000/img-3.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2000" data-original-width="1500" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgFtgtgXR6MCYy38ISp5BpQ8XRG2djW8JoLD4i6H20vuNB7kMYs1c223xpbbhYs4ZgMKlrF6_f8R3a1u4uZnE5z2WbDVXytILsDyIMBjvNolculj29jo4Ixy-p9GTtTiBO_trKtaoTrtHdUpgy93QW8b6qaAPDqE7haMwvtkR-hlA3Ao_-Sv4rTk__i0A/w300-h400/img-3.jpg" width="300" /></a><i>La notion d'une con-damnation "à temps" s'inscrit dans une attitude mentale plus large qui, issue du souci de justice, débouche sur une véritable <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhRgbBJK8HGptRsFd_ISYzYs8c6kMqcuBpSN_kngOEkiHtlT5Ur0XnImO-cBQ1hSVQg-SnwKlDCVJEBpBpSNFizoz0k5Nuqkp5zo_NkGoAAx5OcVHlUSquIaAIBwFKf6KnnFKnBtZYKp6di/h120/img-3.jpg">comptabilité</a> de l'au-delà. L'idée fon-damentale, venue des premiers Pères, venue d'Augustin, sans cesse relayée au cours des siècles, est celle d'une proportionnalité des peines, en l'occurrence du temps passé dans le Purgatoire, en fonction de la gravité des péchés. Mais ce n'est qu'au XIII</i><i><span><i><span><sup><span>e</span></sup></span></i></span> siècle que l'idée de proportionnalité, de qualitative devient quantitative. Elle est liée aux progrès de l'arithmétique et des mathématiques</i>» (ibid. p. 308).</span></blockquote><p></p><p><span style="font-size: medium;">Cette obsession quantitative devait se développer avec l'invention des indulgences, et beaucoup plus encore au XIX<span><span><sup><span>e</span></sup></span></span> siècle, avec les confréries et les œuvres pies dédiées aux âmes du Purgatoire. Désormais, en effet, alors qu'«<i>il n'y avait auparavant que l'éternité ou l'attente indéterminée. Désormais on compte le temps de purgatoire selon la gravité des péchés, le temps de remise de purgatoire selon l'importance des suffrages, on calcule le rapport entre le temps vécu ici-bas et le temps ressenti là-bas car l'impression psychologique de la durée (le temps semble s'écouler très lentement au purgatoire) est aussi pris en compte</i>» (ibid. p. 310).</span></p><p><span style="font-size: medium;">Le Purgatoire n'était toutefois pas une assurance de l'au-delà. Philosophes et théologiens engageaient les chrétiens à ne pas croire qu'il autorisait une levée des peines pour la plus grande gloire de Dieu. Pour véniels qu'étaient les péchés, ils n'en interdisaient pas moins le pécheur d'accéder au Paradis à sa mort :</span></p><blockquote><p><span style="font-size: medium;">«<i>En ce qui concerne les péchés légers, il est clair que le mort qui en est chargé ne peut ni entrer avec eux au Paradis, ni aller à cause d'eux en Enfer. Il doit donc obligatoirement les expier avant d'être transporté dans la gloire céleste. Et, en </i><i><span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgRYEEICm7x9IgdTPrrb0mrDwRI6f1qnGGqrDa926gcHzFnugCddFcmxBD6JM0WSL6D-cwFRCUJORczA__40Yp2cWVyo2gpwugrJFJIXbj0OlsTTc-RlseENdHo3XB-jbqRhSRnHJxkqrik6DFAhQ0504venTW9Z1iX86jshLXeqOwQ7aCC0ReWB5gv3A/s267/Saint-Godard_(Rouen)_-_Baie_11_d%C3%A9tail_3.JPG" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="267" data-original-width="200" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgRYEEICm7x9IgdTPrrb0mrDwRI6f1qnGGqrDa926gcHzFnugCddFcmxBD6JM0WSL6D-cwFRCUJORczA__40Yp2cWVyo2gpwugrJFJIXbj0OlsTTc-RlseENdHo3XB-jbqRhSRnHJxkqrik6DFAhQ0504venTW9Z1iX86jshLXeqOwQ7aCC0ReWB5gv3A/w300-h400/Saint-Godard_(Rouen)_-_Baie_11_d%C3%A9tail_3.JPG" width="300" /></a></span>consé-quence, il doit exister un lieu où, dans le futur, se fait cette expiation. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhIe07HTGzSnYggG2UaUq_hoa2knxpw-CBQSMgO0Rp3cPvIfwm2fqwFeQ2-SeI_c_7_8wtkMGRGIlYhycsYAM-6PKegf_T4xM3N51LFCdo_mEPcm8xQrzujIEV1V7T2_WpLLxcUcQ61v0OV/h120/Saint-Godard_%2528Rouen%2529_-_Baie_11_d%25C3%25A9tail_3.JPG">Guillaume d'Auvergne</a> n'a donc aucun doute sur le temps du Purgatoire : il se situe entre la mort et la résurrection des corps.</i></span></p></blockquote><p></p><blockquote><span style="font-size: medium;"><i>Il sépare aussi nettement Enfer et Purgatoire. Mais s'il n'insiste pas, comme on le fera en général plus tard au XIII</i><span><i><span><i><span><sup><span>e</span></sup></span></i></span></i></span><i> siècle, sur le caractère très pénible de la Purgation après la mort, il n'en assimile pas moins la pénitence du Purgatoire à une expiation et les épreuves du Purgatoire à des peines, des châtiments pénitentiels (</i>poenae purgatoriae et poenitentiales). <i>En effet, et c'est là sa grande idée, "les peines purgatoires sont des peines qui complètent la purgation pénitentielle commencée dans cette vie". Il ajoute que la fréquence des morts imprévues, des pénitences imparfaites avant la mort, et des cas de mort en état de péchés légers rend ces peines "nécessaires à de nombreuses âmes" </i>(neccariae sunt multis animabus). <i>C'est dire que le Purgatoire a des chances d'être très peuplé. Sans que cela soit dit, il est évident que, dans cette conception, l'Enfer est plus ou moins déserté au profit du Purgatoire</i>» (ibid. p. 327).</span><br /></blockquote><p><span style="font-size: medium;">Le Purgatoire, pourtant, était une chance pour les pécheurs. Comme devait le chanter Dante (<i>Pur. XII, 112-114</i>) :</span></p><blockquote><p><span style="font-size: medium;">«<i>Oh! combien ces chemins d'arrivée sont différents de ceux de l'enfer, car ici c'est parmi des chants que l'on entre, et là-bas, c'est parmi de féroces lamentations</i>».</span><br /></p></blockquote><p><span style="font-size: medium;">Restait certaines questions qui confondaient Guillaume d'Auvergne (1190-1249) : «<i>Pourquoi Dieu n'aurait-il pas créé une espèce particulière de feu, qui fasse disparaître les péchés légers et les péchés incomplètement expiés? Il y a donc chez Guillaume d'abord le souci de montrer que le feu du Purgatoire n'est pas un feu comme les autres. Il est en particulier différent du feu de la Géhenne, de l'Enfer. Le propos de Guillaume est en effet de bien distinguer le Purgatoire de l'Enfer. Il faut donc que le feu de l'un soit différent du feu de l'autre. Et pourtant, même le feu infernal est un feu différent de celui dont nous avons </i><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj0h94FJkr-1VBQmhBx7TkY-Ad_scF4ity2mH9N-PsdWaZ6caqhjy5BHg_yyVl0vVVVeDbapq3XAysEGIAH_A0hs1LJ1Da5gurBtoX3qDJVgGBkYAMTlFb0gJOH_3HYDiTxSDuiTFHAK1zfo8410RwEaZHPqSD2UwAaOQXXFzY1OuSpQcVyPzfz214z5w/s885/image.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="885" height="226" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj0h94FJkr-1VBQmhBx7TkY-Ad_scF4ity2mH9N-PsdWaZ6caqhjy5BHg_yyVl0vVVVeDbapq3XAysEGIAH_A0hs1LJ1Da5gurBtoX3qDJVgGBkYAMTlFb0gJOH_3HYDiTxSDuiTFHAK1zfo8410RwEaZHPqSD2UwAaOQXXFzY1OuSpQcVyPzfz214z5w/w400-h226/image.jpg" width="400" /></a>l'expérience sur cette terre, c'est-à-dire le feu qui consume. Le feu de l'Enfer brûle sans consumer puisque les damnés y seront éternellement torturés. S'il y a donc un feu qui doit brûler à perpétuité sans consumer, pourquoi Dieu n'aurait-il pas aussi créé un feu qui brûle en consumant seulement les péchés, en purifiant les pécheurs? Mais ces feux qui brûlent sans consumer n'en sont pas moins réels</i>» (ibid. p. 329). Bien d'autres questions devaient trouver leurs réponses parmi les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjTjlco670ANNu8F1W4rGpzkTcPOy4QWn1CXJrYVIl9nlJkejrFtU9XoHTrsNpSzfwaUlZJrWED4d0CEBJ6KcXD0psadBRCMCxEHN0XDaTgfVFDG9ETW_1jlbYzekJL4B_bM7UZQ_KS2Z7p/h120/image.jpg">frères précheurs</a> qui commençaient à parcourir le monde, les franciscains et les dominicains qui succédaient ainsi aux cisterciens comme promoteurs de la croyance au Purgatoire.</span></p><p><span style="font-size: medium;">Les dominicains, surtout, par la haute valeur de leurs théologiens et de la scolastique inspirée de la résurrection de l'aristotélisme. Chez <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg1LxPPtmznBGI3Myhi3AbGNEBd7mkP2xG5P_5-r7XaNVx6FGUrgCg8x9fEz3fPL6lAaNHlQips8xMniqGfHtY-xACMKj0b2u_R0_gkv4ZOzaC9R_36rOs31AV_G1QxdbmiB-LCiaLUm5LV/h120/1006844-Saint_Albert_le_Grand.jpg">Albert le Grand</a> <span>(± 1200-1280), dans son </span><span><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEixlYo0f6sTebMEK9zwlp1HbgoDJjPRpBp7GdMiGXBqOukDc3-ePGsq1Idy5QQAaLGXf66ruVfC42P8OZrhQWHXs_xjURckpNDx_sxR0Hl4eWD48dg1493Zqjf8W47CxJHHwcLdw1DcipBZ1sDxCZUihXrWcfsQidMr0pEx0PtCpRT34w1QqmP33YHcCA/s400/1006844-Saint_Albert_le_Grand.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="400" data-original-width="289" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEixlYo0f6sTebMEK9zwlp1HbgoDJjPRpBp7GdMiGXBqOukDc3-ePGsq1Idy5QQAaLGXf66ruVfC42P8OZrhQWHXs_xjURckpNDx_sxR0Hl4eWD48dg1493Zqjf8W47CxJHHwcLdw1DcipBZ1sDxCZUihXrWcfsQidMr0pEx0PtCpRT34w1QqmP33YHcCA/w289-h400/1006844-Saint_Albert_le_Grand.jpg" width="289" /></a>Commentaire des Sentences de Pierre Lombard, </i>«<i>l'article 5 répond à une question à la fois théorique et pratique : "Pourquoi les peines de l'Enfer sont-elles nommées de plusieurs noms et celles du Purgatoire d'un seul, à savoir le feu?" C'est que, selon Albert, l'Enfer est fait pour punir et il y a plusieurs façons de punir, par exemple par le froid aussi bien que par le chaud. Le Purgatoire en revanche qui est fait pour purger ne peut le faire que par un élément qui ait une force purgative et consomptive. Ce n'est pas le cas du froid, mais c'est le cas du feu. Albert fait ici visiblement appel à son goût pour les sciences naturelles</i>» (ibid. p. 351). Hughes Ripelin et Thomas d'Aquin complétèrent les réflexions d'Albert le Grand. Ils en conclurent que «<i>le pape... - et lui seul - peut dispenser aux défunts à la fois des indulgences par autorité et le suffrage des bonnes œuvres par amour </i>(charitas)<i>. Ainsi la monarchie pontificale étend-elle, au-delà du domaine d'ici-bas, son pouvoir sur l'au-delà : elle envoie désormais - par canonisation - des saints au Paradis et soustrait des âmes au Purgatoire</i>» (ibid. p. 357). À une époque où le césaro-papisme triomphait avec Boniface VIII, il n'y avait rien d'extraordinaire à voir l'Église légiférer, même les domaines de l'au-delà!</span></span></p><p><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjBjkbizWasK00E_U_QDQLz5VOljGgt7IBx10MWK30oyg5ZUnLYNA-QLpOxHAGN0WkwholM0aaFvkOnvemRJVL1kgnSN2LDkNuVTpl1_yaWlkdNfcM5SssPrM79VkpxVwrUu_fJq4TX6vJF_HZLmRvZ1tDKncgEt6TuEwUlY5WPSKXYx8LbejeT8ZfkAQ/s1519/Portrait_de_Dante.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1519" data-original-width="1000" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjBjkbizWasK00E_U_QDQLz5VOljGgt7IBx10MWK30oyg5ZUnLYNA-QLpOxHAGN0WkwholM0aaFvkOnvemRJVL1kgnSN2LDkNuVTpl1_yaWlkdNfcM5SssPrM79VkpxVwrUu_fJq4TX6vJF_HZLmRvZ1tDKncgEt6TuEwUlY5WPSKXYx8LbejeT8ZfkAQ/w264-h400/Portrait_de_Dante.jpg" width="264" /></a></span></span>Jusqu'alors, la prédication du Purgatoire avait été inclue dans les sermons qui </span><span style="font-size: medium;">s'accompagnaient d'historiettes présentées comme autant d'<i>exempla </i>à l'image de celles utilisées dans les <i>Dialogues </i>de saint Grégoire le Grand. Elle atteignit son acmé à travers le poème-fleuve du Florentin <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhIzTi4EZ-YUnoTFB4TfDSITzbMIe9GX6xYZrAoMeRRNNLvZ32z1p9q8V0l38EUOq5ik4DTA9fM-sxEhxibhpJ8THtoGAGF9VzZN_yVTJDoXsCy9_31ANgUEBI1-0dwdntXUEcEHXOh25GM/h120/Portrait_de_Dante.jpg">Dante Alighieri</a> (1265-1321). Plus qu'un sermon contenant des <i>exempla, </i>c'est véritablement une œuvre poétique magistrale que Dante élabora autour du Purgatoire. C'est lui qui le sortit de sa proximité des fosses infernales pour l'ériger sur une montagne : «<i>Le Purgatoire n'est pas souterrain. Son niveau est celui de la terre, sous le ciel étoilé </i>[...]. <i>La montagne se dresse dans l'hémisphère sud, occupé, selon Ptolémée, que suit Dante, par un océan désert impénétrable aux hommes vivants. Elle s'y élève aux antipodes de Jérusalem</i>» (ibid. pp. 450-451).</span></p><p><span style="font-size: medium;">Comme l'Enfer était situé dans une large fosse - le Malbolge - de neuf cercles, «<i>le Purgatoire est formé de sept cercles ou corniches étagés... dont la circonférence diminue en allant vers le sommet. Les âmes y purgent les sept péchés capitaux : dans l'ordre, l'orgueil, l'envie, la colère, la paresse, l'avarice, la gourmandise, la luxure. Au sommet de la montagne, Virgile et Dante entrent dans le paradis terrestre où se passent les six derniers chants du </i>Purgatorio» (ibid. p. 451). Cette innovation topographique illustrait </span><span style="font-size: medium;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj24C9yZws89d365Z8RChahkatevOI_v1rENVwomF0_pmSYg8wqAO8-5myVO3qk5PZ3fBfKH-GAEbLExT46E3rl5YLrkpDiYemt7FtlcPi7O04QKQVmb0gxb79nflNuOrZk7hYy7xHTPQuWeyfWjVkOLMakDK06JZbm9z4JxAjLwddMOdurxs6wyN0y5A/s1390/plan-de-purgatoire-dante-ay4g8b.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1390" data-original-width="835" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj24C9yZws89d365Z8RChahkatevOI_v1rENVwomF0_pmSYg8wqAO8-5myVO3qk5PZ3fBfKH-GAEbLExT46E3rl5YLrkpDiYemt7FtlcPi7O04QKQVmb0gxb79nflNuOrZk7hYy7xHTPQuWeyfWjVkOLMakDK06JZbm9z4JxAjLwddMOdurxs6wyN0y5A/w240-h400/plan-de-purgatoire-dante-ay4g8b.jpg" width="240" /></a>mieux qu'aucune rhétorique combien «<i>de l'Enfer on émerge au niveau du monde intermédiaire et temporaire, celui de la terre d'où s'élève vers le Ciel la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh9KqcNVKxWu8lJCuevWOTN3jbUyGUn3t_6LP1kRiGVCx-M0TSSsLD1neSQEMaairQ0NpmpXgVycXta-3BWbEoGrzaCatXbwf46C2iQGdPAQk9JJJ06YgrXEx6gT5OMxznDguq2EjXpTkzp/h120/plan-de-purgatoire-dante-ay4g8b.jpg">montagne du Purgatoire</a> couronnée par le Paradis terrestre qui n'est plus situé dans un coin perdu de l'univers mais à son niveau idéologique, celui de l'innocence entre le sommet de la purification au Purgatoire et le début de la glorification au Ciel</i>» (ibid. p. 451). Il devenait impossible désormais de confrondre le Purgatoire avec l'Enfer, trop rassemblés par l'idée du feu commun. De plus, utiliser l'image de l'ascension d'une montagne renvoyait à la théologie expiatrice du Purgatoire : «<i>Le Purgatoire n'est pas un lieu intermédiaire neutre, il est orienté. Il va de la terre où les futurs élus meurent au ciel où est leur demeure éternelle. Au cours de leur itinéraire, ils se purgent, deviennent toujours plus purs, se rapprochent davantage du sommet, des hauteurs auxquelles ils sont destinés. De toutes les images géographiques que l'imaginaire de l'au-delà, depuis tant de siècles, offrait à Dante, il choisit la seule qui exprime la vraie logique du Purgatoire, celle où l'on monte, la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjFI3yfgm2AWhMCOaV_t0v9gUzUb_5yQjGOeSle1HEH0GPcXz9MVPjSbGavMGWvljx327w1jC0fzDMYxC-Ybe145aD3z0ete5pyTj7vl8y4ZvLXbJr5mUvB1ETbNJ8HPrFmiBY2kilRUP9T/h120/dante5.jpg">montagne</a></i>» (ibid. pp. 453-454). Comme tient à le </span><span style="font-size: medium;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhX38Q85TZP6pmUTslzUnwyjoW7RACgjdPHYc1A_Gf8NmwUAeSwBb_uMb3b5vRWDZXV1Hai-62iCaiuTJ9E1h_v0CwJbycPgu7K51Nbi9w99mSEruLOScI30prXRKSm4ixk_L9o_3Y7Kp2ZQg7ikihA8bv4P1E4Xzu3MWv0XeJ_dt9Szxxrs_5SD3YCLA/s368/dante5.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="368" data-original-width="236" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhX38Q85TZP6pmUTslzUnwyjoW7RACgjdPHYc1A_Gf8NmwUAeSwBb_uMb3b5vRWDZXV1Hai-62iCaiuTJ9E1h_v0CwJbycPgu7K51Nbi9w99mSEruLOScI30prXRKSm4ixk_L9o_3Y7Kp2ZQg7ikihA8bv4P1E4Xzu3MWv0XeJ_dt9Szxxrs_5SD3YCLA/w256-h400/dante5.jpg" width="256" /></a>préciser Le Goff, «<i>cette montagne est celle de la purgation et tel est bien l'acte essentiel qui s'y produit</i>» (ibid. p. 455). L'enseignement de Dante, conforme à la théologie du temps, signifiait que «<i>la purgation sur la montagne se fait de trois façons. Par une punition matérielle qui mortifie les mauvaises passions et incite à la vertu. Par la méditation sur le péché à purger et sur la vertu opposée</i>» (ibid. p. 456). Contrairement aux déviances de la vie terrestre, le Purgatoire offrait un authentique moyen de purger les âmes surchargées de peines et des fautes de la vie terrestre : «<i>Amour dévoyé vers le mal, amour trop tiède, amour changé en haine, voilà le mouvement profond du péché; sur la montagne du Purgatoire, on restaure le vrai amour, l'escalade du Purgatoire est une remntée vers le bien, la reprise de la navigation vers Dieu, retardée par le péché</i>» (ibid. p. 456), et c'est la leçon que l'historien tient à tirer de l'œuvre de Dante.</span></p><p><span style="font-size: medium;">Voila où l'Occident chrétien en était rendu au moment de la publication de <i>La Divine Comédie </i>(1321) : «<i>Toute la logique de ce <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhr07wD098061vyzMJmQmgBljBlaXVQ8HnsJNRodtGHFArZHMxZX0QrbEN-0ohlXy57PpCGNDSVR-G-Gr3NSR7kfXuNWELJL3zR6aztKilxI2JRGGjiU7-skmS-CwHx2PFh10n-60wY24EI/h120/purgatoire-dante-et-virgile-avec-les-%25C3%25A2mes-des-envieux-hippolyte-flandrin.jpg">purgatoire</a> montueux est dans le progrès qui s'accomplit en montant : l'âme à chaque pas progresse, devient plus pure. C'est une ascension au double sens physique et spirituel. Le signe de ce </i></span><span style="font-size: medium;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEikmFoDxPC3pfnoXC1sUWlHeaSIiWwMYM0Rilc5N3IOM4FTF5WsfTe-A8aX73vhpGebWuzuJiDgl2KQ9B0vXyWEDqHoCo6VwvIih30OsMmMtGgrUzUPX_iITYCJG-Vzc1YiUBscBqrlfZgbPMqjuxUwQhPdYQrfq_qFfF18hsP55CpPMzMq803vwWb4oA/s495/purgatoire-dante-et-virgile-avec-les-%C3%A2mes-des-envieux-hippolyte-flandrin.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="495" data-original-width="398" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEikmFoDxPC3pfnoXC1sUWlHeaSIiWwMYM0Rilc5N3IOM4FTF5WsfTe-A8aX73vhpGebWuzuJiDgl2KQ9B0vXyWEDqHoCo6VwvIih30OsMmMtGgrUzUPX_iITYCJG-Vzc1YiUBscBqrlfZgbPMqjuxUwQhPdYQrfq_qFfF18hsP55CpPMzMq803vwWb4oA/w321-h400/purgatoire-dante-et-virgile-avec-les-%C3%A2mes-des-envieux-hippolyte-flandrin.jpg" width="321" /></a>progrès, c'est l'allégement de la peine, comme si l'escalade était plus aisée, la montagne moins escarpée à l'âme de moins en moins chargée de péchés</i>» (ibid. p. 457). C'était un grand progrès, non seulement au niveau poétique mais également théologique et moral : «<i>Si Dante, donc plus et mieux que quiconque fait bien du Purgatoire le lieu intermédiaire de l'au-delà, il soustrait son Purgatoire à l'infernalisation que l'Église fait subir au XIII</i></span><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-size: medium;"><sup><span>e</span></sup></span></i></span></i></span></span><span style="font-size: medium;"><i> siècle. Plus orthodoxement fidèle à la logique du Purgatoire, dans cet entre-deux inégalement distant des deux extrémités, basculant vers le Paradis, Dante présente bien le Purgatoire comme le lieu de l'espérance et des débuts de la joie, de l'entrée progressive dans la lumière</i>» (ibid. p. 467). Ce progrès devait être contredit par l'évolution ultérieure de la théologie du Purgatoire. Dès le milieu du XIV</span><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><sup><span>e</span></sup></span></span></span></span> siècle, l'addition des tragédies - guerres, famines, pestes, schismes romains - ramena la conception morbide du Purgatoire : «<i>Un épicentre, Avignon dès 1333, non point seulement autour de la cour pontificale, mais comme le lieu... où, dans le contexte d'une crise démographique et sociale, les lignées démembrées cherchent à se regrouper autour de la famille idéale et invisible de la communauté collective des morts et des vivants. Le trait n'est pas spécifique...</i>» (M. Vovelle. <i>Les âmes du purgatoire, </i>Paris, Gallimard, Col. Le temps des images, 1996, p. 48).</span></p><p><span style="font-size: medium;">Avec la Renaissance, l'idée de Purgatoire entre dans une phase nouvelle associée à la modernité. Ainsi, «<i>dans le domaine dogmatique et théologique c'est aussi entre le milieu du XV</i></span><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><sup><span>e</span></sup></span></span></span></span></span> siècle et le début du XVII</i></span><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><sup><span>e</span></sup></span></span></span></span></span> siècle que le Purgatoire est définitivement intronisé dans la </i></span><span style="font-size: medium;"><i><span style="color: black; font-size: large;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgbQXNdsXs3Xn1KzR4EEuTW_9KOriLEwwmezjOfvgAQiJ4_zPjZIU9wCZHvb3iUBFq7zgdO5NSn6BbIBBJYu4AXF-1mwe39EKzaNZrQ91wdFiewKlV3yxKQ9hkYbeALS2QuV9qHMcnEHAFU0r-zLF4p-5ijZ1Njn6zX4EEg4Tgiq6O-zzOlTAMWsojT8w/s2674/PAPE-EUGE%CC%80NE-IV-aurimages_0030716_108.webp" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2143" data-original-width="2674" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgbQXNdsXs3Xn1KzR4EEuTW_9KOriLEwwmezjOfvgAQiJ4_zPjZIU9wCZHvb3iUBFq7zgdO5NSn6BbIBBJYu4AXF-1mwe39EKzaNZrQ91wdFiewKlV3yxKQ9hkYbeALS2QuV9qHMcnEHAFU0r-zLF4p-5ijZ1Njn6zX4EEg4Tgiq6O-zzOlTAMWsojT8w/w400-h320/PAPE-EUGE%CC%80NE-IV-aurimages_0030716_108.webp" width="400" /></a></i></span></span>doctrine de l'Église catho-lique, contre les Grecs encore au <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgCWrJTiSit-EoExLewK3ywhuyNCA4_5fVv2Vly9C7Rywh0ZlNcZdH3i4m1AgJP1-NnyuNIYtwo1-Bx7T_Gz44juO_dRVCiQdvyLjsVGxOnJRCWcEgdgzwCbYEvAZ3jwDK1jCYp7y-F-LpW/h120/PAPE-EUGE%25CC%2580NE-IV-aurimages_0030716_108.webp">concile de Florence</a> (1439), contre les protes-tants au concile de Trente (1562). Trente, affaire de théolo-giens et de gouvernants, plus que de pasteurs, tout en insérant irrévocablement le Purgatoire dans le dogme, maintient à distance, comme au XIII</i></span><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><sup><span>e</span></sup></span></span></span></span></span> siècle l'imaginaire du troisième lieu. Il a peu de place aussi dans les deux grandes synthèses où le Purgatoire s'ancre dans la théologie de la catéchèse post-tridentine, celle des jésuites Bellarmin et Suarez</i>» (Le Goff. op. cit. p. 483). Avec ces deux conciles, le Purgatoire obtenait définitivement ses lettres de créances autant auprès des théologiens spécialisés que de la ferveur populaire. Vovelle peut donc affirmer avec raison que «<i>la spiritualité du purgatoire n'est pas tarie, il </i></span><span style="font-size: medium;"><i><span style="color: black; font-size: large;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhMqVZXa_KzBJpKliI8Yi0tca67wMaWH7godpDkkzRJ113gQNXJsP4y0qoyrR_laKoBitw9r8tL6R_LI85NYzqta1dFq2VPC63yZ2RFD93ZkUTfdB3hdCON8MYJuVGrBuOJt1otu6BYICqlm-o3BqMPyk2pH0gqOxxpmWOaGsknPIsuiNjawlkOKwz6eQ/s520/eglise-sainte-catherine-de-genes-italienne-e280a01510-caterina-da-genova1.webp" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="520" data-original-width="316" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhMqVZXa_KzBJpKliI8Yi0tca67wMaWH7godpDkkzRJ113gQNXJsP4y0qoyrR_laKoBitw9r8tL6R_LI85NYzqta1dFq2VPC63yZ2RFD93ZkUTfdB3hdCON8MYJuVGrBuOJt1otu6BYICqlm-o3BqMPyk2pH0gqOxxpmWOaGsknPIsuiNjawlkOKwz6eQ/w242-h400/eglise-sainte-catherine-de-genes-italienne-e280a01510-caterina-da-genova1.webp" width="242" /></a></i></span></span>s'en faut, même si l'on se réfère volonters dans la mystique du Moyen Âge finissant aux visions du siècle passé, de sainte Gertrude ou Mechtilde : dans les premières années du XVI</i></span><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><sup><span>e</span></sup></span></span></span></span></span> siècle, sainte <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi5_N2fy42_ygmiYhBvZiZiv9G34GgOv7QAbBehmK_gbk3KkmIXNMQe1ZQBJeW2-Qgns4zWum-bV5x2qivE-fkhicGsjcLu7FaVwfIX_5M7xxchT2eCpWcSb19jk8bPjl8gFe86yr3GSGOo/h120/eglise-sainte-catherine-de-genes-italienne-e280a01510-caterina-da-genova1.webp">Catherine de Gênes</a> rédigera son </i>Traité du purgatoire <i>dont la dimension visionnaire s'accompagne d'une vigueur de formulation qui en fera une des références majeures du concile de Trente. Mais ce purgatoire, que représente-t-il pour la masse du peuple chrétien? Au "moustier dont elle est paroissienne" la mère de François Villon contemple l'image du paradis des élus, comme celle des chaudières de l'enfer "où damnés sont boullus". Le purgatoire n'a pas encore fait son entrée dans son âme simple</i>» (M. Vovelle. op. cit. pp. 69-70).</span></p><p><span style="font-size: medium;">Mais ce succès historique n'alla pas sans contre-parties doctrinaires. Tout au long du Moyen Âge, différentes hérésies s'étaient opposées au <i>troisième lieu</i>. À la fin du Moyen Âge, en Bohême et en Hongrie, régions initiées «<i>dès le XV</i></span><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><sup><span>e</span></sup></span></span></span></span></span></i></span> siècle dans le contexte de la lutte ouverte contre hussites et taborites, qui les uns et les autres, avec quelques nuances, avaient récusé l'existence du purgatoire et dénoncé les indulgences. Les travaux des historiens tchèques, </i></span><span style="font-size: medium;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjRiVcn5ZIiFnjRH7T07S96hnRACRoK8tGPBSuPaVwe7u0txTTZF-W-t2m2FCetiaJGyjwzLhPapvN_gx8JHvJ1g89Sn13U5hwuYf8cHBBvMWCDEi7pQanPC8I-0E8BOhzDvbQRmr6xzIhNvk1Ct1mklwIZCLz-X06N4bpG5jYZqW-o04Cao9t6zrYE3Q/s1899/1200px-Lucas_Cranach_d.%C3%84._-_Martin_Luther,_1528_(Veste_Coburg).jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1899" data-original-width="1200" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjRiVcn5ZIiFnjRH7T07S96hnRACRoK8tGPBSuPaVwe7u0txTTZF-W-t2m2FCetiaJGyjwzLhPapvN_gx8JHvJ1g89Sn13U5hwuYf8cHBBvMWCDEi7pQanPC8I-0E8BOhzDvbQRmr6xzIhNvk1Ct1mklwIZCLz-X06N4bpG5jYZqW-o04Cao9t6zrYE3Q/w253-h400/1200px-Lucas_Cranach_d.%C3%84._-_Martin_Luther,_1528_(Veste_Coburg).jpg" width="253" /></a>hongrois ou polonais, malheureusement sans étude systématique de l'iconographie, insistent sur l'importance de ce débat où se mettent en vedette les ordres religieux, mendiants ou autres, dans le camp de l'Église établie. Jusqu'à ce que, par la voix de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjm8kKg_4jHczeyFcDpPe1LMIWfWJcQdy8RPDwLa3RgBpNgwSyGyk2CZCZg3lHAW0tKC9InfBEKWCkJm28jvnN4OPjEHa9e-pDkLkzeX79457s9zvcNnxpMLohhkDhhuz7W30dgF8IK9kjK/h120/1200px-Lucas_Cranach_d.%25C3%2584._-_Martin_Luther%252C_1528_%2528Veste_Coburg%2529.jpg">Martin Luther</a> et de ceux qui le suivent, une partie d'entre eux gagnés par le doute, basculent dans l'autre camp</i>» (ibid. p. 94). Avec la Réforme protestante lancée par le moine augustinien Martin Luther (1483-1546), la répudiation du Purgatoire va devenir un enjeu des rivalités entre Églises chrétiennes : «<i>Dans la répudiation du purgatoire par la Réforme, dans le discours des différentes Églises nées de ce schisme, ce n'est point simplement le scandale des indulgences, ce pieux commerce dévoyé qui est en question, mais de façon bien plus simple le statut même du troisième lieu, récusé au nom d'un retour exigeant aux sources vétéro- et néo-testamentaires, qui démontre la fragilité de l'édifice patiemment construit au fil des siècles. Le troisième lieu n'existe pas : aux réprouvés les tourments de l'enfer, aux élus, le repos, le sommeil dans l'attente du jugement final. Mais les œuvres de vivants ne comptent pour rien dans cette économie du salut</i>» (ibid. p. 93). Dans une théologie où la prédestination était la pierre angulaire tirée de l'ancien manichéisme du jeune Augustin, l'invention du Purgation apparaissait inacceptable. </span></p><p><span style="font-size: medium;">Il est difficile de dire si c'est la lutte politique aux indulgences pontificales aux âmes du Purgatoire qui orienta Luther vers l'accentuation du rôle de la prédestination, ou si c'est bien la foi en la fatalité de l'élection ou de la damnation des âmes qui poussa le moine à rejeter l'existence du Purgatoire. Quoi qu'il en soit, la Réforme protestante devait-elle exclure le Purgatoire d'une grande partie des pratiques religieuses de l'Europe septentrionale : «<i>Dans cette contestation radicale, l'image du purgatoire sort ébranlée, et comme exclue de toute une partie de l'Occident chrétien, cette Europe du Nord, qui va de l'Angleterre aux Pays-Bas et à la partie septentrionale du monde germanique rallié à la Réforme. Mais par compensation, l'Église catholique, dans son mouvement de reprise doctrinale, va au contraire donner au dogme du </i></span><span style="font-size: medium;"><i><span style="color: black; font-size: large;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgMzAHnPSQVW2m9YkkWziTaLKHx5jzEnwbCdmacirgrsXndQK-E7FtPOghUgjAoDygMgBE3JxldCGp88SGHYv3HENtCINoZMPbcPF6b8PtpHL_4GJwjBrMg_CuZAyLAYDD4lgsptKS_5CiQlOitaoNPyqwcP-gGBKSmFefduLdsua4_ugeUQJMhrr3psQ/s590/1005654-Concile_de_Trente.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="400" data-original-width="590" height="271" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgMzAHnPSQVW2m9YkkWziTaLKHx5jzEnwbCdmacirgrsXndQK-E7FtPOghUgjAoDygMgBE3JxldCGp88SGHYv3HENtCINoZMPbcPF6b8PtpHL_4GJwjBrMg_CuZAyLAYDD4lgsptKS_5CiQlOitaoNPyqwcP-gGBKSmFefduLdsua4_ugeUQJMhrr3psQ/w400-h271/1005654-Concile_de_Trente.jpg" width="400" /></a></i></span></span>purgatoire une place renforcée, réaffir-mant avec plus de force encore que lors des conciles de Lyon et de Florence un article de foi. C'est ce que proclamera le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhWGP118fcK0_azgYxy0AYqk1ySsKVwj5hRqX5JtPeRq3rNcf3qTtJ8egTND0ii0HtwqLvMkR5wC1j52OI8XldPQqpG0oak4NNQQ5lutMrTI-rWL_fKSP8QRn1Ex2xVfSaKmhOPIBJ8E5Pw/h120/1005654-Concile_de_Trente.jpg">concile de Trente</a> dans ses différentes sessions (Sessions VI, XXII, XXV et Décret sur le purgatoire). La pastorale activiste des acteurs nouveaux de la Contre-Réforme s'y investit, ainsi celle de la compagnie de Jésus : le bienheureux Pierre Favre, compagnon de saint Ignace, réserve à la "Messe des âmes" une place particulière. Exclue d'une partie de l'Europe, la pastorale du purgatoire et les images qui l'illustrent vont recevoir une stimulation nouvelle dans les aires où triomphe le catholicisme post-tridentin : ainsi dans l'Europe méditerranéenne, mais au moins autant sur ce qu'on a défini comme les "frontières de catholicité" de la Flandre à la Suisse, à </i></span><span style="font-size: medium;"><i><span style="color: black; font-size: large;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhhyIRFlN2zGrRaldEL0TPagIMLn_mzDHSC8EqssebYikWgquHIMSKAQ3N3CeNe7oeYQt3QK1esnEfak35Db6UDJa498oamD1GG3DZhsjtrwF8BJVh3E99_uccHvsS5FDqwSFL1kPd8L7PlwKY0Ku93FEDB_yWC7KPrIqEMVb2-plSsX8XpqhCSMdARPA/s800/bvm-and-purgatory-750x430.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="450" data-original-width="800" height="225" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhhyIRFlN2zGrRaldEL0TPagIMLn_mzDHSC8EqssebYikWgquHIMSKAQ3N3CeNe7oeYQt3QK1esnEfak35Db6UDJa498oamD1GG3DZhsjtrwF8BJVh3E99_uccHvsS5FDqwSFL1kPd8L7PlwKY0Ku93FEDB_yWC7KPrIqEMVb2-plSsX8XpqhCSMdARPA/w400-h225/bvm-and-purgatory-750x430.jpg" width="400" /></a></i></span></span>l'Autriche, et en Europe centrale sur les fronts disputés de la Bohême ou de la Hongrie</i>» (ibid. pp. 93-94)<i> . </i>La France, le pays peut-être le plus divisé par les courants catholique et protestant, s'attacha à développer une pastorale du Purgatoire à travers l'esthétique baroque puis classique au XVIII</span><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><sup><span>e</span></sup></span></span></span></span></span></span> siècle : «<i>Tel qu'il a été suivi en France dans son mouvement ascendant au XVII</i></span><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><sup><span>e</span></sup></span></span></span></span></span></i></span> siècle, sa régression ensuite au temps des Lumières, le discours écrit sur la mort et les fins dernières nous approvisionne en manuels de préparation, exercices spirituels et retraites, sermons, oraisons funèbres et cantiques ou catéchismes. </i>[...] <i>ces auteurs de best-sellers que furent Jacques Nouet dans </i>Le Purgatoire d'après la Sainte Écriture des Pères <i>(1685) ou le père J. Grasset dans </i>La Douce et Sainte Mort <i>(1680), et le père Lalemant dans </i>Les Saints désirs de la mort, <i>sans oublier le </i>Pensez-y bien, ou réflexions sur les quatre fins dernières, <i>inusable guide de référence</i>» (ibid. p. 113). Elle exporta dans ses colonies, et en particulier en <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj8XzeoRbxPSG4DWerpFKeOpS430ZeTada23FZRwDRVbPZKqkOTL5E4sU07xrFROqcjN9cOR0sLfF6FNSEvVL5ERFZSUGRLplhDyx07GBRSRGOZo4ngiXQxgm5Qzw7kKTKqx1o1fB-RRdBR/h120/bvm-and-purgatory-750x430.jpg">Nouvelle-France</a>, son culte des âmes du Purgatoire.</span></p><p><span style="font-size: medium;">Bien qu'insérée dans une <i>pastorale de la peur </i>qui court avec la crise opposant jésuites et jansénistes dans la catholicité, la vision française du Purgatoire visait à soustraire ses aspects les plus effrayants, proprement irrationnels, pour s'en tenir aux tourments moraux déjà suffisamment souffrants en soi. Comme l'écrit Michel Vovelle :</span></p><p></p><blockquote><span style="font-size: medium;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEijGSNU3pDs_Pzm0jZdR8PlOZHvJBiePeH841MyDZCKXz4XeBhhch6AH_qyTPQbqTZPJxb2is_tCzZJSAY64GWaaW3g_jOzmQJeSJh6l2F9tFl8OogOnHCcSoRXBfaO78QAg2Lb4PPwT83S2uZZTR8gReEkC9HBuW9BWDwEIhifXrdFTda3I0m7mB1J7Q/s263/index.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="192" data-original-width="263" height="292" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEijGSNU3pDs_Pzm0jZdR8PlOZHvJBiePeH841MyDZCKXz4XeBhhch6AH_qyTPQbqTZPJxb2is_tCzZJSAY64GWaaW3g_jOzmQJeSJh6l2F9tFl8OogOnHCcSoRXBfaO78QAg2Lb4PPwT83S2uZZTR8gReEkC9HBuW9BWDwEIhifXrdFTda3I0m7mB1J7Q/w400-h292/index.jpg" width="400" /></a>«<i>Le purgatoire à la française a délaissé les instruments de torture pour s'en tenir à l'incandescence d'un pseudo-enfer par lequel s'exprime la "peine du sens", complément de la "peine du dam", insupportable douleur de la privation de la vision de Dieu. Cela ne veut point dire que ces souffrances, que l'espoir seul corrige, ne soient insupportables, comme le fait chanter dans un de ses cantiques saint <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgaEooCEOv5Whb8vmyaELEQdT1NjEcx9112MhHQYbu1GLZxnnjHDPdeLk-PKWERLUHj9uDH0TLtmjrOpT9KHui5wVti_xNyJ5jnIWsDNt1qmPdyt2uF6k08cyzc3PFiI8umA8zfEoWuD3gC/h120/index.jpg">Louis Grignon de Montfort</a> : "Hélas que nous souffrons!/Qui le pourrait comprendre?/Nous pleurons, nous crions/Sans qu'on nous veuille entendre..." Cette souffrance est accentuée par le fait que les âmes puprgantes sont désarmées, incapables d'œuvrer à leur salut, comme l'expose le père Nouet, car Jésus-Christ comme juge équitable ne reçoit point leurs plaintes ni leurs requêtes </i></span><span style="font-size: medium;"><i><span style="color: black; font-size: large;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgyJLnjtJ5ZVakMBMeGar7oSJcTQum0DJsHgQkmiesbHOvRrQyku5Ik4pwTmrQSvy6gpq_bePv2g4HxBH-Hpa-KTdB1fjzw7842Dw2Eep4CWpqIQAOsQTIgVlW_mCRCObLXc05oXJFHtlG0dtf90iNenUlVgvNR4Plvysb23ojlreluF6pCHNTR2UEa2w/s366/Screenshot%202022-08-25%20at%2017-15-52%20marguerite%20marie%20alacoque%20%E2%80%93%20Recherche%20Google.png" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="366" data-original-width="261" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgyJLnjtJ5ZVakMBMeGar7oSJcTQum0DJsHgQkmiesbHOvRrQyku5Ik4pwTmrQSvy6gpq_bePv2g4HxBH-Hpa-KTdB1fjzw7842Dw2Eep4CWpqIQAOsQTIgVlW_mCRCObLXc05oXJFHtlG0dtf90iNenUlVgvNR4Plvysb23ojlreluF6pCHNTR2UEa2w/w285-h400/Screenshot%202022-08-25%20at%2017-15-52%20marguerite%20marie%20alacoque%20%E2%80%93%20Recherche%20Google.png" width="285" /></a></i></span></span>: il ne leur est point permis de parler pour elles-mêmes. Un point au demeurant qui ne fait pas l'unanimité en cette fin du XVII</i></span><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><sup><span>e</span></sup></span></span></span></span></span></i></span></i></span> siècle, où les révélations de la bienheureuse <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhzD1V44GBTnYSy-Vm-dM6v4Om_qtEYfXPElOrklZw9d4jtXQ6AJ2oU3gYwekH4E1VG0YTkxyJr2Ew-iCRsOaTopLR9RZB1TDm1v3mFq0_-jiRCd7KLeeFVww3fgvWn6nSRl5Y-OeN4H3A_/h120/Screenshot+2022-08-25+at+17-15-52+marguerite+marie+alacoque+%25E2%2580%2593+Recherche+Google.png">Marguerite Marie</a> introduiront au contraire le thème destiné à une fructueuse postérité (mais différée, au XIX</i></span><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><sup><span>e</span></sup></span></span></span></span></span></i></span></i></span> siècle) d'un échange de prestations de l'Église souffrante et les vivants. Elle n'est point totalement isolée toutefois, il s'en faut, même si prudemment les auteurs reportent au lendemain de leur délivrance l'exercice par les âmes purgatoires de leur reconnaissance envers les vivants, comme on le voit dans les cantiques : "Faites-les sortir de ces chaudières/Elles en useront en retour". Mais on comprend aussi pourquoi c'est le père Nouet qui reflète le mieux la voix de l'orthodoxie : dans le combat encore incertain contre les morts doubles et les revenants de l'ancienne religion populaire, il importe bien de réduire les renfermés du purgatoire à une docilité passive</i>.</span></blockquote><p></p><p><span style="font-size: medium;"></span></p><blockquote><span style="font-size: medium;"><i>Au demeurant, nos auteurs sont prêts à accorder aux âmes souffrantes, sous la plume de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEicv0JtBhB03Fesr9joGjldQimGbEeH75ZP8ga3wBDxhQOe_Q9BMSKlET9Z2mWo9tQbk_ur7qTzishQwX5foHF8uc9fPwH9k1cr-BSeMvuZV1hxWFSQFp09Wrpjbvurxcw9l5YIz-JyyLzq/h120/Bmr_41_%25C3%25A9tienne_le_camus.jpg">Mgr Camus</a>, évêque de Belley et interprète de</i><span style="font-size: medium;"><i> </i>L'Esprit de saint François<i> </i></span><span style="font-size: medium;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhO2VdAlkSPdpkYhwd1jf7vtojU8NrneiFF3Y32lJ4lBzNHRIzsHcKKBRw2umOWV5Jzqk7yvkECGto8SwKk3UK9bM8LCtzwEWk24sDEt_iFLFIvul6v3rgqgtlzyIEMZbApFxWwJLhVcacqbG6bpTrY5w8JS2w5P6_ebmxdblVrsbZ8_4XJpVo7t3ECuA/s3228/Bmr_41_%C3%A9tienne_le_camus.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="3228" data-original-width="2397" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhO2VdAlkSPdpkYhwd1jf7vtojU8NrneiFF3Y32lJ4lBzNHRIzsHcKKBRw2umOWV5Jzqk7yvkECGto8SwKk3UK9bM8LCtzwEWk24sDEt_iFLFIvul6v3rgqgtlzyIEMZbApFxWwJLhVcacqbG6bpTrY5w8JS2w5P6_ebmxdblVrsbZ8_4XJpVo7t3ECuA/w298-h400/Bmr_41_%C3%A9tienne_le_camus.jpg" width="298" /></a>[de Sales], des contreparties non négligeables : unie, "en continuelle union avec Dieu", elles sont "parfaitement soumises" et se "purifient volontaire-ment et amoureu-sement". Ce statut implique pour les vivants un impérieux devoir d'assistance que rappelle le </i>Pensez-y bien <i>:</i> <i>"La crainte des flammes du purgatoire n'est pas le seul sentiment que doit vous inspirer la pensée des peines qu'on y endure, elle doit encore vous porter à soulager les âmes qui y satisfont à la justice divine [...] ce sont vos amis, vos parents, votre père, votre mère [...] qui vous crient au milieu de ces flammes [...]. Ayez pitié de moi, vous du moins qui êtes de mes amis parce que la main de Dieu m'a frappé"</i>» (ibid. pp. 114-115).</span><br /></span></blockquote><p></p><p><span style="font-size: medium;">Cette <i>pastorale de la peur, </i>imbue de l'iconologie saint-sulpicienne, ajouta à une <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhua7DOJrLmNrWbhwUw7Y__YXQ0uqbu9-BiwjzL6Nwcq7qBvJAfdid1gTufiiyGp592fflcY8J0AtGuMtLjmG8_LS_TX3fjaij4aWMURiM3OzP8Dh1fAJZEfy8Y8UPq9ap_QcIQpbM6uHxA/h120/Battistello%252C_madonna_delle_anime_purganti_tra_i_ss._francesco_e_chiara%252C_1625_ca.%252C_da_s._chiara_a_nola.JPG">iconographie</a> du Purgatoire plutôt absente au Moyen Âge, mais qui, après l'œuvre de Dante, </span><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhs6t1m7z8ENCGQM55GOwMlkLuSdCoyEnc18xNy2uNaNsh-vfkrivU5D1c11ndRB0fG1qGlFaEbyzYnDgrDNEbOmn-Qwo-8WzzspDmILiuPK9K75FPFbLztUAIf8op0kMIDb7T2U4WFM48SzCL7PQ0eDugU0qlWEAdBv0ZAQmcSeJN1SrJMhK67nGb-yg/s349/Battistello,_madonna_delle_anime_purganti_tra_i_ss._francesco_e_chiara,_1625_ca.,_da_s._chiara_a_nola.JPG" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="349" data-original-width="248" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhs6t1m7z8ENCGQM55GOwMlkLuSdCoyEnc18xNy2uNaNsh-vfkrivU5D1c11ndRB0fG1qGlFaEbyzYnDgrDNEbOmn-Qwo-8WzzspDmILiuPK9K75FPFbLztUAIf8op0kMIDb7T2U4WFM48SzCL7PQ0eDugU0qlWEAdBv0ZAQmcSeJN1SrJMhK67nGb-yg/w284-h400/Battistello,_madonna_delle_anime_purganti_tra_i_ss._francesco_e_chiara,_1625_ca.,_da_s._chiara_a_nola.JPG" width="284" /></a></span>se multiplia et se répandit dans tout l'Occident et dans ses conquêtes coloniales. Le culte du Purgatoire participait de l'offensive que les jésuites opposait à la diffusion du protestantisme et à la conversion des païens dans les régions sauvages. Malgré son adoucissement, cette pastorale demeurait encore très violente : «<i>Ce que les vivants doivent aux âmes du purgatoire, les auteurs, mais plus encore les petits livrets de dévotion, nous en donnent le programme : "Cette peine que le pécheur est obligé de souffrir en satisfaction de son offense se peut payer et expier en ce monde, ou par les jeûnes, les aumônes, les prières et les mortifications volontaires que chaun peut faire </i>[...] <i>ou par les satisfactions qui sont enjointes dans le sacrement de pénitence ou par le gain des indulgences qui consistent dans l'application des œuvres satisfactoires de Jésus-Christ, de la Vierge et des Saints"</i>» (ibid. p. 115). Comme aux premiers siècles du christianisme, au temps des persécutions romaines, le missionnariat colonial, comme celui qui affrontait les polices des États protestants d'Europe, vivait des heures douloureuses et ses missionnaires comme ses prosélytes étaient bien souvent menés au martyre.</span></p><p><span style="font-size: medium;">Au cœur des nations catholiques, le Purgatoire devenait partie intégrante des exercices spirituels et des mouvements mystiques. Vovelle mentionne encore qu'«<i>il existe toute une spiritualité du purgatoire, telle qu'on peut la percevoir, ainsi dans les maisons religieuses, </i></span><span style="font-size: medium;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi2hQoXP5JS4Y8GfY7O9Nh5eE6zia6q9QmHKTWthcqX04EI0HHrYQQVAy22jL3QQbI1QCRIgR7LWwlS-G_AAIz1GR1s-SCkWNWoQ10Hn_aufA2AcR-hV-lUR2U4f-U72AhMoeZF4iBNmNBzygkRgN82zo1jygJP8AgV2qQMs6oe9DBmJbmabZDjn4o4Jg/s564/eglise%20Saint%20Pierre%20le%20Jeune%20jugement.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="564" data-original-width="434" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi2hQoXP5JS4Y8GfY7O9Nh5eE6zia6q9QmHKTWthcqX04EI0HHrYQQVAy22jL3QQbI1QCRIgR7LWwlS-G_AAIz1GR1s-SCkWNWoQ10Hn_aufA2AcR-hV-lUR2U4f-U72AhMoeZF4iBNmNBzygkRgN82zo1jygJP8AgV2qQMs6oe9DBmJbmabZDjn4o4Jg/w308-h400/eglise%20Saint%20Pierre%20le%20Jeune%20jugement.jpg" width="308" /></a>au plus fort de ce que Brémond dénommait "l'invasion mystique" du </i></span><span style="font-size: medium;"><i>XVII</i></span><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><sup><span>e</span></sup></span></span></span></span></span></i></span></i></span><span style="font-size: medium;"><i> siècle. Les documents y évoquent tantôt en termes hagiographiques, tantôt à l'occasion des conflits si fréquents dans ces mondes clos, l'intensité du dialogue entretenu par les vivants avec le peuple des âmes purgantes. Une dramatisation du purgatoire s'y révèle, mais dans une tonalité différente de celle de la fin du Moyen Âge, crispé sur l'instant du dernier passage, ou l'attente de la fin des temps. Une nouvelle lecture tend à se substituer à celle de l'</i>ars moriendi <i>qui assiégeait le lit d'agonie de présences diaboliques : l'idée que la bonne mort est le couronnement d'une bonne vie répond mieux à la pédagogie nouvelle d'une préparation quotidienne au salut</i>» (ibid. pp. 119-120). On y présente la Vierge comme l'«avocate» des âmes du Purgatoire, tandis que l'archange <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi2hQoXP5JS4Y8GfY7O9Nh5eE6zia6q9QmHKTWthcqX04EI0HHrYQQVAy22jL3QQbI1QCRIgR7LWwlS-G_AAIz1GR1s-SCkWNWoQ10Hn_aufA2AcR-hV-lUR2U4f-U72AhMoeZF4iBNmNBzygkRgN82zo1jygJP8AgV2qQMs6oe9DBmJbmabZDjn4o4Jg/s564/eglise%20Saint%20Pierre%20le%20Jeune%20jugement.jpg">saint Michel</a>, comme <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg8_fzB0H_CNmudlXH2Vap6Uf1E9xR_jqC1rE49j0sJpZmTvxuDxq06W1TMVcX3NIV8Sq69CO7QZ28yVnAICfjWQczaY2-wtZWnAUht6sx8TPr6A3N9Ubz-odLx0doCNdf2cHaF8T-VqIZpFKNzVdvWogVWdQpVZUhG2Gmpn3fO6-qINEKcw6FVyXLRRA/s248/Anubis2.jpg">Anubis</a> dans l'iconographie égyptienne, est celui qui porte la balance où seront pesées les âmes. La multiplication des indulgences plénières, qui </span><span style="font-size: medium;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg8_fzB0H_CNmudlXH2Vap6Uf1E9xR_jqC1rE49j0sJpZmTvxuDxq06W1TMVcX3NIV8Sq69CO7QZ28yVnAICfjWQczaY2-wtZWnAUht6sx8TPr6A3N9Ubz-odLx0doCNdf2cHaF8T-VqIZpFKNzVdvWogVWdQpVZUhG2Gmpn3fO6-qINEKcw6FVyXLRRA/s248/Anubis2.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="203" data-original-width="248" height="327" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg8_fzB0H_CNmudlXH2Vap6Uf1E9xR_jqC1rE49j0sJpZmTvxuDxq06W1TMVcX3NIV8Sq69CO7QZ28yVnAICfjWQczaY2-wtZWnAUht6sx8TPr6A3N9Ubz-odLx0doCNdf2cHaF8T-VqIZpFKNzVdvWogVWdQpVZUhG2Gmpn3fO6-qINEKcw6FVyXLRRA/w400-h327/Anubis2.jpg" width="400" /></a>se sont accrues après le schisme protes-tant, où elles avaient joué un rôle plus que dom-mageable, sont désormais accom-pagnées de mises en scène douteuses où, «<i>dans le </i>Traité des superstitions <i>qu'il publie en 1704, l'abbé Thiers dénonce les supercheries des moines romains qui tirent des fusées derrière les autels privilégiés pour faire croire à la délivrance d'âmes du purgatoire. Connu pour sa dénonciation des "superstitions" populaires, l'auteur gallican se bat ici sur deux fronts, sans complaisance pour des formes de dévotion qui commencent à paraître exotiques à l'esprit français</i>» (ibid. p. 189).</span></p><p><span style="font-size: medium;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgxKx_p8VAgjWJU0s0hjhJe4IOANWIkjJYsRqzPPMgvgnWxfgAIOki90CH5d_BDpCn-kAadghHH8VREISbY74vjtjhAhkVDcyO2GjghAYJbDkj5B6QtHn0exOB8_yycRwO06NWoVS4V_srOmjcAj0PYHKiwUJ2BVW18Vc53lVGRuTcXD513Q4D3Hj-7Bg/s636/LEBRUNSUPERSTTIONSTHIERS0004-600x636.png" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="636" data-original-width="600" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgxKx_p8VAgjWJU0s0hjhJe4IOANWIkjJYsRqzPPMgvgnWxfgAIOki90CH5d_BDpCn-kAadghHH8VREISbY74vjtjhAhkVDcyO2GjghAYJbDkj5B6QtHn0exOB8_yycRwO06NWoVS4V_srOmjcAj0PYHKiwUJ2BVW18Vc53lVGRuTcXD513Q4D3Hj-7Bg/w378-h400/LEBRUNSUPERSTTIONSTHIERS0004-600x636.png" width="378" /></a>En fait, le traité de l'<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgWHxv3c5XRYk9yLLq5IOnuAYAcbyzooRc03m3iApZR2oTarpoRPzi5geOiuVMZnnbgkw94vVK-ihKj65e9-nPAGiz68ehe8-m3GGKkcqdfYyntOzP44EkmginyB5htjIDxBeBUho8urPzG/h120/LEBRUNSUPERSTTIONSTHIERS0004-600x636.png">abbé Thiers</a> annonçait le vaste mouvement d'esprit critique et de rationalisme qui devait se creuser au XVIII</span><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><sup><span>e</span></sup></span></span></span></span></span></span></span> siècle et ajouter aux maux causés par le protestan-tisme. Avec la fin du siècle, la Révolution française déclencha une nouvelle hostilité. Comme durant la crise de la Réforme, elle eut un double effet sur le culte des âmes du Purgatoire. Dans un premier temps, la vague de déchristianisation entraîna la démolition de bien des offertoires et autels voués aux âmes du Purgatoire; dans un deuxième temps, parallélement avec la Restauration (1815-1830), elle entraîna un <i>revival </i>qui devait faire du XIX</span><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><sup><span>e</span></sup></span></span></span></span></span></span></span> siècle, le véritable <i>siècle du Purgatoire.</i></span></p><p><span style="font-size: medium;">Pensons au succès populaire du <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjxYjFcMmyeekgR1wRa9U9eL7M0TsOvMLVXWQFzEOiz4wAuTRPqIOEdKxC86usPyIwq3WYFabh_khmfVmdanHZpk33AG5xWyiFqxbx2KudnBm4mdwq_yTLtzYuz2mKbEF_fGO1NFnhpkuH9/h120/static_2403.jpeg">curé d'Ars</a> (1786-1859), qui donnait «<i>en trois idées la "formule" de la relance du purgatoire dans le demi-siècle à venir : "tout le monde y va" et, </i></span><span style="font-size: medium;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgFGmNpkxvMSg0BJU9Yr-qJmhjmZf8FrhCkLkNYdITQxOkbNy8diH5B5F0NzlVe3P5vUfkbweiiVxRWPRyXkgFmAGDXlKEktOrUnFHOUlLKWP9sCszB_ZNIjZhpj8usQBxjELcetX9trox2hCO3AQAH335EBwi1NyurTfw55muYnoz0T00Fe9U54FL2-w/s288/static_2403.jpeg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="288" data-original-width="222" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgFGmNpkxvMSg0BJU9Yr-qJmhjmZf8FrhCkLkNYdITQxOkbNy8diH5B5F0NzlVe3P5vUfkbweiiVxRWPRyXkgFmAGDXlKEktOrUnFHOUlLKWP9sCszB_ZNIjZhpj8usQBxjELcetX9trox2hCO3AQAH335EBwi1NyurTfw55muYnoz0T00Fe9U54FL2-w/w308-h400/static_2403.jpeg" width="308" /></a>par conséquent, il est la voie normale du salut pour les catholiques; les vivants ont à l'égard des âmes qui y sont retenues un devoir de charité puisqu'elles souffrent et que Dieu lui-même est impuissant à leur venir en aide; enfin, on peut prier pour elles et, en retour, recevoir des "grâces", matérielles et spirituelles. Cette dimension thaumaturgique, pratiquement inconnue des états antérieurs du culte, est essentielle : au XIX</i></span><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><sup><span>e</span></sup></span></span></span></span></span></i></span></i></span> siècle, on ne se contente plus de prier pour les âmes du purgatoire, par crainte, devoir ou charité, mais on les prie comme des intercesseurs à part entière. En quoi le siècle est d'abord celui de la dévotion aux âmes du purgatoire. Des trois lieux de l'au-delà catholique, le purgatoire est celui que les fidèles du XIX</i></span><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><sup><span>e</span></sup></span></span></span></span></span></i></span></i></span> siècle ont investi de la plus grande consistance sentie...</i>» (G. Cuchet. <i>Le crépuscule du purgatoire, </i>Paris, Seuil, Col. Points-Histoire, # 567, 2020, pp. 10-11).</span></p><p><span style="font-size: medium;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh0CVb2s8cmM1ZsJm1GZvH2IH_G6XPrQT0q_Yn8CWiC4bEwCkV7icYTGJcJcdf_H3c9wdoancLFsxhe_YnLD9MqsBuu7eS-8ONpgXD_6DnoEduJValvwXt0aJyAPOSIjsKyhWp7BqFbKldLM4wOGN_clPoA0bqHNIRNZ08Ou93ipCgayQ9xdVjbPFSTsA/s885/Anna_Katharina_Emmerick_Saint_Visionary.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="885" data-original-width="600" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh0CVb2s8cmM1ZsJm1GZvH2IH_G6XPrQT0q_Yn8CWiC4bEwCkV7icYTGJcJcdf_H3c9wdoancLFsxhe_YnLD9MqsBuu7eS-8ONpgXD_6DnoEduJValvwXt0aJyAPOSIjsKyhWp7BqFbKldLM4wOGN_clPoA0bqHNIRNZ08Ou93ipCgayQ9xdVjbPFSTsA/w271-h400/Anna_Katharina_Emmerick_Saint_Visionary.jpg" width="271" /></a>«<i>Dans
la spiritualité de ce début de siècle, aux franges de la marginalité,
le cas de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEht86AJ9K4ajBN4NP9zfNCj-69tJJwYlnGSg4ArPshu4TDnUQkl_nnFKg5Nqr_tfWljGW6mm9WcrTb4gcSzQPXD2K77LDGgcSRsOB95IUDsYXYt1KNmMIgNSR0jqMSchQrowiUYIieKm4HJ/h120/Anna_Katharina_Emmerick_Saint_Visionary.jpg">Catherine Emmerich</a>, la stigmatisée de Dulmen en Westphalie, en
porte témoignage. Communiquant avec les âmes purgantes, cette mystique
autodidacte semble nous ramener des siècles en arrière. Mais si l'Église
est restée réservée sur son cas, on sait que Clemens Brentano, très
représentatif de cette quête qui marque le romantisme allemand,
recueille ses récits entre 1818 et 1824 pour les relater : l'une des
voies du prosélytisme catholique passe bien par le purgatoire. Un
exemple illustre de son attraction sera donné par <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhrcvxPlqn9Ychnrzj9ud33T79scPlrMyiEg-OLJCOCzML7JM-XKK4PUNR1bpx7i4Us-HXmHf9q0TRNoDWpTrNtoNE8BM_6X3rXq_e1pHeofvbgnEpoNvYkLBcV5FJ4jN3Z2kQ2STVyiOhj/h120/John_Henry_Newman_by_Sir_John_Everett_Millais%252C_1st_Bt.jpg">Newman</a>, théologien
anglican converti au catholicisme dans les années 1840, promu cardinal
de l'Église romaine et qui développera dans </i>Le Songe de Gerontius <i>ses
réflexions sur le purgatoire, largement citées dans la littérature
d'édification à l'usage des frères </i></span><span style="font-size: medium;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh6RYRFTlaeRpQz76s5mgGcoUJWKJDNkTwc_RNChcWy9wo9E_9lAFeN71iD1Jg3cYTsQFXBWYYPSHBozIjxb6aw6vjp971abd73ma4MaB174ATJuzUUSah7XilRphDBY6om_uz8JH3mscm-b5Q5ZIvaIhUwRzjoqTQj9Wk3w3L8XfPiZ4M6EG6YsQLpEQ/s3104/John_Henry_Newman_by_Sir_John_Everett_Millais,_1st_Bt.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="3104" data-original-width="2400" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh6RYRFTlaeRpQz76s5mgGcoUJWKJDNkTwc_RNChcWy9wo9E_9lAFeN71iD1Jg3cYTsQFXBWYYPSHBozIjxb6aw6vjp971abd73ma4MaB174ATJuzUUSah7XilRphDBY6om_uz8JH3mscm-b5Q5ZIvaIhUwRzjoqTQj9Wk3w3L8XfPiZ4M6EG6YsQLpEQ/w309-h400/John_Henry_Newman_by_Sir_John_Everett_Millais,_1st_Bt.jpg" width="309" /></a>séparés ou des incroyants, qui
suscite alors une toute petite ou grande littérature. Au-delà de cette
production apologétique, la sensibilité romantique n'est pas
indifférente au thème. Mérimée revisite l'histoire de don Juan Manara en
la restituant à l'atmosphère du Siècle d'or espagnol, dans une nouvelle
intitulée </i>Les Âmes du purgatoire, <i>où le repentir final du héros
est provoqué par la contemplation d'un tableau des âmes souffrantes et
le thème insistant des messes pour les défunts</i>» (M. Vovelle. op. cit. p. 203). C'est donc peu dire que d'affirmer que le Purgatoire vécût là une seconde jeunesse.</span></p><p><span style="font-size: medium;">Par contre, bien peu de choses avaient changé dans l'esprit de l'institution
ecclésiale dans sa théologie du Purgatoire. Alors, se demande Vovelle...</span></p><p></p><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiOH6LHe8vpBW3OkcDK8oHnE6qzgey5mVj7ueq0FqPmdslpYRHPZaDG3u8YLm_lDZHFixr-RwQRLeAjfwpxoyBZGZjrirQrubK6PLK139rb5Erkwqv0t6R75-3juUEL2MmnI_1OqOH65cmpWKuG45DpAUTESczXgBk8m5cC51fI-l56HOY7yBF-BoMM8g/s800/7b055edb-eb86-42ba-b559-c977c12b6107.jpg" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="800" data-original-width="560" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiOH6LHe8vpBW3OkcDK8oHnE6qzgey5mVj7ueq0FqPmdslpYRHPZaDG3u8YLm_lDZHFixr-RwQRLeAjfwpxoyBZGZjrirQrubK6PLK139rb5Erkwqv0t6R75-3juUEL2MmnI_1OqOH65cmpWKuG45DpAUTESczXgBk8m5cC51fI-l56HOY7yBF-BoMM8g/w280-h400/7b055edb-eb86-42ba-b559-c977c12b6107.jpg" width="280" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Joseph Roques (<span style="font-size: medium;">± </span>1801-1825)<br /></td></tr></tbody></table><p></p><blockquote><span style="font-size: medium;">«<i>qu'est-ce
donc qui s'est modifié dans la sensibilité collective? L'évolution du
purgatoire ne saurait se comprendre sans référence aux nouveaux défis
que propose le </i></span><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-size: medium;"><i>XIX</i></span><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><sup><span>e </span></sup></span></span></span></span></span></i></span></i></span></i></span>siècle à un dogme reçu dans toute l'Europe catholique
des siècles précédents. Sans doute ce dogme était-il contesté par une
élite de philosophes et d'esprits critiques. Sans doute aussi une
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiOH6LHe8vpBW3OkcDK8oHnE6qzgey5mVj7ueq0FqPmdslpYRHPZaDG3u8YLm_lDZHFixr-RwQRLeAjfwpxoyBZGZjrirQrubK6PLK139rb5Erkwqv0t6R75-3juUEL2MmnI_1OqOH65cmpWKuG45DpAUTESczXgBk8m5cC51fI-l56HOY7yBF-BoMM8g/s800/7b055edb-eb86-42ba-b559-c977c12b6107.jpg">nouvelle sensibilité</a> - également élitiste - avait-elle fait renaître au
crépuscule des Lumières les nouvelles images troublantes d'un au-delà
non conformiste - qui ne se réduit pas aux fantômes du roman noir -,
cependant que, dans les campagnes même les plus christianisées, les
paysans (mais pourquoi exclure les villes?) conservaient vivaces les
croyances régissant leurs rapports avec les morts.</i></span></blockquote><p></p><p><span style="font-size: medium;"></span></p><blockquote><span style="font-size: medium;"><i>Mais
bientôt dans toute l'Europe, et pas seulement dans la France où le
partage laïc a été officialisé sans retour véritable par la Révolution,
s'opère l'émancipation d'un imaginaire désormais sans entrave. Désormais
l'au-delà est ouvert à toutes les rêveries, qu'elles s'expriment par le
truchement de la littérature ou de l'art. Naïve, la question s'impose
néanmoins : qu'ont-ils fait du purgatoire? À ce point, l'auteur se doit
de se retenir au bord du gouffre; il ne saurait être question pour lui
d'évoquer - ce n'est pas son propos - l'au-delà des romantiques aux
symbolistes... même s'il a eu l'occasion d'y faire allusion</i><span style="font-size: medium;">» (ibid. pp. 229-230).</span></span></blockquote><p><span style="font-size: medium;">Face au rationalisme des Lumières et à la déchristianisation révolutionnaire, l'Église catholique répéta le même réflexe que devant la Réforme du XVI<span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><sup><span>e</span></sup></span></span></span></span></span></span></span></span></span> siècle, mais cette fois-ci, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgGbnZ_MHImuMsHuIA_IeJvuGGMhYywK7ULqhZD_7UeHsYIJ2pj0T-mKqQ7Sd7OcVNKQEdLkPUVCp1LIvQ7YoSDf0CUJ_X_2a29EWVKiCRmwTF19QNYBawlqvZbNAy58a6zSvPuLk0uywqbb0rNJ7MvALrWUu3FGGS2VFYx24rJIue_m3wge0rUxuc7Qg/s800/Cesare_Beccaria.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="800" data-original-width="600" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgGbnZ_MHImuMsHuIA_IeJvuGGMhYywK7ULqhZD_7UeHsYIJ2pj0T-mKqQ7Sd7OcVNKQEdLkPUVCp1LIvQ7YoSDf0CUJ_X_2a29EWVKiCRmwTF19QNYBawlqvZbNAy58a6zSvPuLk0uywqbb0rNJ7MvALrWUu3FGGS2VFYx24rJIue_m3wge0rUxuc7Qg/w300-h400/Cesare_Beccaria.jpg" width="300" /></a>le <i>revival </i>du Purgatoire signifiait, comme le dit Guillaume Cuchet, une <i>surchauffe terminale </i>(op. cit. p. 19). Elle amplifia, diversifia, multiplia les rites et liturgies au Purgatoire. Sous la Restauration (1815-1830), l'Église catholique française, sans vouloir revenir à la <i>pastorale de la peur </i>du XVII<span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><sup><span>e</span></sup></span></span></span></span></span></span></span></span></span> siècle, dut se rendre compte que les sensibilités, blessées par les violences subies sous les périodes révolutionnaire et impériale, ne prêtaient plus à un culte terrifiant du Purgatoire. Comme le reconnaît Cuchet : «<i>Le phénomène est lié à une évolution notable de la sensibilité et des représentations religieuses : le passage d'un Dieu de justice, terrible et vindicatif, encore très présent dans la prédication des missions de la Restauration (1815-1830), à un Dieu d'amour, plus compréhensif et indulgent. Le tout dans un contexte de diffusion croissante de la piété "ultramontaine", cette religion </i><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhRp6jXFIIrVpAyFw8PMImGhK_xjsaJRa6sPkGU2jwVJiOeNXKZlW25b-h3VNCDnkkUrSJRiLTiOgxQQW4b317lputkDT0PbSG4QuBFpomK-0STK9o2VQLEgzevtC-AZ4bU474Te6bT0daH3_l4NBKfO4zFZ0NPLZq9FKXD8V7u2o6vSh0Kc42S4CDjlw/s728/Jeremy_Bentham_by_Henry_William_Pickersgill_detail.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="728" data-original-width="536" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhRp6jXFIIrVpAyFw8PMImGhK_xjsaJRa6sPkGU2jwVJiOeNXKZlW25b-h3VNCDnkkUrSJRiLTiOgxQQW4b317lputkDT0PbSG4QuBFpomK-0STK9o2VQLEgzevtC-AZ4bU474Te6bT0daH3_l4NBKfO4zFZ0NPLZq9FKXD8V7u2o6vSh0Kc42S4CDjlw/w295-h400/Jeremy_Bentham_by_Henry_William_Pickersgill_detail.jpg" width="295" /></a>populaire, italianisante et sensible, qui renouvelle profondément les croyances, en contrebalançant le rigorisme issu du XVII</i><i><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><sup><span>e</span></sup></span></span></span></span></span></i></span></i></span></i></span></i></span> siècle</i>» (ibid. p. 49). Toujours dans la perspective que l'imaginaire du Purgatoire reproduisait les règles de justice et de pénalité légales, la prédication reprit «<i>l'idéologie des Lumières, inspirée des grands criminalistes du XVIII</i><i><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><sup><span>e</span></sup></span></span></span></span></span></i></span></i></span></i></span></i></span> siècle comme <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjTdViNol9TJWgofl3wiaNBq6FZSJwf6ABn39RaLm_eZB2XlZIRWlmwAo_v2hL7j6-mctJiahbEzt4tJyVO7zpgJHM3XSKmE6G21_TXh67YSoESawezF4e_vUby54nmoOEuhHZnhC0YcAFi/h120/Cesare_Beccaria.jpg">Cesare Beccaria</a> et <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEirSQC0incSFEZn8K3OJbicuryIur9u6BfFROH4lfn-e4HSQ2tX0xrPE7qs7cZB7Q2uHhRE8exnoDjugTJVWWIu6m2OE3vNy83BD-Zb74yvItM_B3P004W4xPuTkL0yEc7sZNd4-yoGRDrF/h120/Jeremy_Bentham_by_Henry_William_Pickersgill_detail.jpg">Jeremy Bentham</a>, insistait... sur la nécessité de proportionner les peines aux délits, de valoriser les capacités d'amendement des délinquants et de donner une dimension pédagogique aux sanctions. C'est elle qui inspirait la grande loi pénale du 28 avril 1832 qui consacrat la notion de "circonstances atténuantes". Comment, dans ces conditions, continuer de croire à une justice sans nuance, absolue et vengeresse, indigne de Dieu lui-même et du niveau de civilisation auquel les hommes étaient parvenus?</i>» (ibid. p. 52).</span></p><p>Malgré tout, le Purgatoire devint une arme contre la modernité, sa rationalité, ses libertés - dont la terrible liberté de conscience -, son <i>indifférentisme </i>comme lui reprochait Lamennais. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjF72jGigw-L7AJnytf9Br-RwUhg_OTRzAuihzP3EMnUyASLY9hEtzmEd0BV61Us7k2WE9dO55FhWmwMENqIsRsS4hxdTW4N6bKdFbWzzj-lEmCycRU6cDBalqlbZQeClsK5H3qv2WFCyGaitJYzKxP7kWiC22INI0CYHLl3AuqM2xFEkcOv-dtmN3OoQ/s1013/Ancienne-m%C3%A9daille-%C3%A9maill%C3%A9e-Notre-Dame-du-suffrage-Dioc%C3%A8se.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1013" data-original-width="759" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjF72jGigw-L7AJnytf9Br-RwUhg_OTRzAuihzP3EMnUyASLY9hEtzmEd0BV61Us7k2WE9dO55FhWmwMENqIsRsS4hxdTW4N6bKdFbWzzj-lEmCycRU6cDBalqlbZQeClsK5H3qv2WFCyGaitJYzKxP7kWiC22INI0CYHLl3AuqM2xFEkcOv-dtmN3OoQ/w300-h400/Ancienne-m%C3%A9daille-%C3%A9maill%C3%A9e-Notre-Dame-du-suffrage-Dioc%C3%A8se.jpg" width="300" /></a>«<i>Phénomène européen, la relance du purgatoire est particulièrement forte en France. Les sources romaines, congrégations vaticanes ou archiconfréries spécialisées, en témoignent, qui montrent la place considérable de ce qui est alors la première puissance catholique du monde dans la demande de "privilèges" spirituels liés au purgatoire. Mieux, par le biais de ses missionnaires et d'œuvres d'envergure internationale, comme <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgVIYYPXSlNXqplnofA03MxzqvbOad2OZsPkJEWgOdYMEdxwZ0SV7_GhyFtL4js9Ip1yFeGgy5TQAmR09dRu68QoX7FbBdK2yl6VzmAXBrR4bDhYJaXsmkB1PcIedRNoe0QQyQOsJSIL8ti/h120/Ancienne-m%25C3%25A9daille-%25C3%25A9maill%25C3%25A9e-Notre-Dame-du-suffrage-Dioc%25C3%25A8se.jpg">Notre-Dame du Suffrage de Nîmes</a> (1858), l'Œuvre expiatoire pour la délivrance des âmes délaissées (1884) et Notre-Dame de Cluny (1898), elle exporte dans le monde entier les formes de sa piété. À la veille de la Grande Guerre, l'Œuvre expiatoire, que Pie X a pris sous sa protection personnelle en 1910, revendiquait pas moins de 20 millions d'associés! Dans ces conditions, on ne s'étonnera pas que le fameux Musée du Purgatoire lui-même, qui a constitué jusqu'à la fin des années 1950 l'une des "attractions" de Rome, ait été fondé en 1898 par un prêtre français, le père <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgvXIai-9A61ktSXU3UoSJCEBsBoenZbkt2u4NrrhyecJwLq214HrDCJpKVwMsqWg6bxz4O1b8GDHIiVNSBKUe1iIXf48nr6rmgqcDc6Kr6TbEWlnVZXKEBCB0nnHwcEiq9DGSqvztsIrEb/h120/victor_jouet.jpg">Victor Jouët</a></i>» (ibid. p. 15).</p><p>C'est avec une confiance inébranlable que les nouveaux zélateurs du Purgatoire s'engagent dans différentes campagnes d'œuvres et de publications sur «<i>le purgatoire répét</i>[ant]<i> la </i><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjgQTXZFawQsNGKk-OlHZCDDapwlyXctP-3tISrG7QHuf1B54oSKo-JLMggwPpYg1ozPzXJ861VMx9ybBOBWpIrPRIeUsBJohOLHpS0iIlj9DWqfoFGkUjgt8NLg7Qc_Kahnct1wcoOPKzhZ2u8Tv01A9HwdgwY423azjFcP7DwQdEX3ly4HNjr_tT3zw/s960/victor_jouet.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="720" data-original-width="960" height="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjgQTXZFawQsNGKk-OlHZCDDapwlyXctP-3tISrG7QHuf1B54oSKo-JLMggwPpYg1ozPzXJ861VMx9ybBOBWpIrPRIeUsBJohOLHpS0iIlj9DWqfoFGkUjgt8NLg7Qc_Kahnct1wcoOPKzhZ2u8Tv01A9HwdgwY423azjFcP7DwQdEX3ly4HNjr_tT3zw/w400-h300/victor_jouet.jpg" width="400" /></a>littérture de piété de l'époque, </i>[comme]<i> le "dogme conso-lateur" par ex-cellence. Le clergé spécialisé en est si persuadé que, dans la con-troverse toujours vive qu'il poursuit avec les protestants, il estime désormais qu'en se privant du purgatoire la Réforme s'est portée à elle-même un coup fatal</i>» (ibid. p. 45). Piété consolatrice, sans doute, si on se souvient «<i>qu'au XVIII</i><i><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><sup><span>e</span></sup></span></span></span></span></span></i></span></i></span></i></span></i></span></i></span> siècle, les esprits désétablis du catholicisme, retrouvant l'argumentaire protestant, voyaient surtout dans le purgatoire un système vénal, immoral et corrupteur, qui permettait de racheter ses fautes à prix d'or, désormais on semble apprécier sa modération, le caractère temporaire de ses peines et la proportionnalité de ses sanctions. Comme s'il était seul à même de réconcilier la cause de la morale et celle de l'humanité</i>» (ibid. p. 64). Pourtant, ce n'était là qu'un éclairci dans les nuages qui s'assemblaient au-dessus du Purgatoire!</p><p>En effet, la mentalité capitaliste et boursière; la productivité industrielle, le suffrage électoral et le matérialisme qui se diffusaient dans les cultures n'épargnèrent pas le Purgatoire! Même son imaginaire topographique régressait d'avant Dante. Ainsi, «<i>le sympathique concordisme de l'abbé Boucassert, qui marie hardiment géologie et théologie, </i><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj5os76PWDQyxbgloFe5oqmhk1nWqH3SeS1gvFkegu10FTN7s9nbQ3m6yvTD-vtPrnBxYDewmP5XNC6ucd6hAAqdDQlceA2CwTV28s-inySkaG_5vd782WhxB93w_5jmKkn6onFHeQ8qqj4ih44Z8jw-lYCrf94KTO3s-RsBpBOJeLQj1kd2SnolwTVWw/s800/N07-119_Louis-Janmot_intercession-maternelle.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="626" data-original-width="800" height="313" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj5os76PWDQyxbgloFe5oqmhk1nWqH3SeS1gvFkegu10FTN7s9nbQ3m6yvTD-vtPrnBxYDewmP5XNC6ucd6hAAqdDQlceA2CwTV28s-inySkaG_5vd782WhxB93w_5jmKkn6onFHeQ8qqj4ih44Z8jw-lYCrf94KTO3s-RsBpBOJeLQj1kd2SnolwTVWw/w400-h313/N07-119_Louis-Janmot_intercession-maternelle.jpg" width="400" /></a>conclut au terme d'une halluci-nante démons-tration : "Le Purgatoire doit être au centre de la terre où se trouve la plus grande abon-dance de feu; les physiciens regardent aujourd'hui le centre de la terre comme un vaste réservoir de chaleur, car à mesure qu'on s'avance dans la terre la chaleur augmente de 1 degré par 26 mètres de profondeur. Inutile dès lors de chercher autre part un feu chimérique quand il en existe un réel <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEimUocydhWb2n7AsbDQeWoEi4xxPIfkyRObZatWgB4-2BnS3L6ZlyPP3ZF89oxtSl_o-VWVfEvPCCjKKIwVqhTCM8DpoDXEMMiSYEUYy34Su82GZ7paWJmpubLKbEOgT8jjTy0KZNCYiY9d/h120/N07-119_Louis-Janmot_intercession-maternelle.jpg">dans la terre</a>. Pourquoi ne pas tenir compte des agglomérations colossales de soufre et de bitume et des matières chimiques en ébullition sous la croûte du globe, se faisant jour à travers les cratères des volcans que Tertullien appelait les bouches de l'Enfer? Je ne sais rien de plus beau que d'associer la matière inorganique, sortie des mains de Dieu, à l'œuvre de Dieu. Née sur la terre, vivant sur la terre, et ayant péché sur la terre, ce qui doit être dans un abîme terrestre que l'âme doit subir l'expiation de ses péchés. </i>[...] <i>L'opinion la plus commune des théologiens qui place l'Enfer et le Purgatoire dans les parties inférieures de la terre, me paraît en rapport avec les données des modernes sur les feux souterrains"</i>» (ibid. pp. 103-104). Autant dire que c'était un retour à l'infernalisation du Purgatoire avec la disparition de la montagne symbolique imaginée par Dante, ordalie de l'ascension de l'âme vers le Paradis.</p><p>Puis, il y a l'obsession quantitative qui amplifie la compulsion arithmétique instituée à l'époque marchande; cette comptabilité des jours et des années de séjour au Purgatoire. C'est le<i> best-seller </i>du père F. X. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgeDxyqvpH6SDWM9H9c6H3uzoQ2hb-Werm4_41p06BVZZ6k5evjufbwuDrnuQPCFM0RxoX0mocnapDQigYXd6hr2cn7UBQ6BxkxTv1H6YPf5LEDwPI4bFSMz1cTCrRFVx4UNxsJVeYKmI-xYFxHAzhKMQudEwRzY1sxLtnTWBkjAbb1WsfHF-GAA-uGfQ/s1360/51azcB3IH4L.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1360" data-original-width="826" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgeDxyqvpH6SDWM9H9c6H3uzoQ2hb-Werm4_41p06BVZZ6k5evjufbwuDrnuQPCFM0RxoX0mocnapDQigYXd6hr2cn7UBQ6BxkxTv1H6YPf5LEDwPI4bFSMz1cTCrRFVx4UNxsJVeYKmI-xYFxHAzhKMQudEwRzY1sxLtnTWBkjAbb1WsfHF-GAA-uGfQ/w242-h400/51azcB3IH4L.jpg" width="242" /></a>Shouppe paru en 1888 sous le titrer <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg2WfZLSSvBNUrYUC9vf6LRrMv4n0NDfYA1Xmi76bxuAKgldo2D1X5RVs9J9XWzHFBXFqE5bSF9hc7x3FQ3gPnglV783vUrjNH209V_8jS9g2Delstb47q7BCdLe-K4EgtDDlcNzaRjNTp4/h120/51azcB3IH4L.jpg"><i>Le Dogme du purgatoire illustré par des faits et des révélations particulières</i></a> : «<i>Supposons que vous commettiez tous les jours une moyenne de dix fautes; au bout de 365 jours de l'année vous aurez une somme de 3 650 fautes. Diminuons, et pour la facilité du calcul, mettons 3 000 par an. Au bout de dix ans, ce sera 30 000; au bout de 20 ans, 60 000. Supposons que de ces 60 000 fautes, vous ayez expié la moitié par la pénitence et les bonnes œuvres; il vous en reste encore 30 000 à acquitter. Continuons notre hypothèse : vous mourez après ces vingt ans de vie vertueuse et vous paraissez devant Dieu avec une dette de 30 000 fautes, que vous devez acquitter dans le purgatoire. Combien faudra-t-il de temps pour accomplir cette expiation? Supposons qu'en moyenne chaque faute exige une heure de purgatoire. Cette mesure est très modérée, si nous en jugeons par les révélations des saints; mais enfin, mettons une heure par faute, cela vous fait un purgatoire de 30 000 heures. Or 30 000 heures, savez-vous combien elles représentent d'années? 3 années, 3 mois et 15 jours</i>» (cité in ibid. pp. 101-102).</p><p>Enfin, c'est aussi la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEguPhamTOR19g7reXgmNZnr1H9-qnDJ4EAhY_o9YsI1tm5WE0NB-bvxDq5rEuCTqGzb6ID4QfpgypUonYBbVa2sZukj-5jLqyHbet2Is3aWU7lpPRDiF5ucdvZ2G8q4lS7AQTSEfnMy4mFf/h120/206_1.jpg">monétarisation</a> des opérations liées aux indulgences et aux suffrages des âmes du Purgatoire payées en monnaie sonnante et trébuchante : «<i>Il est fréquent d'associer </i><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg1HSmUszcOoC3br8_7gyfuieC0M2huLvIvxD2vGYYCFMm4OH3_odnBlkpSZnw5sdirh-1MP3Q6S_6mfiLHNKu7NpfNK8j0WK4bJYGMV046oxI4Q3z9sg6zy9ovrABMBt_-wE0Y0_ec48nO3hZfpLP51gDVrrcCtu22hhucOZHNBn6hxuWYNlePb5tboQ/s533/206_1.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="533" data-original-width="456" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg1HSmUszcOoC3br8_7gyfuieC0M2huLvIvxD2vGYYCFMm4OH3_odnBlkpSZnw5sdirh-1MP3Q6S_6mfiLHNKu7NpfNK8j0WK4bJYGMV046oxI4Q3z9sg6zy9ovrABMBt_-wE0Y0_ec48nO3hZfpLP51gDVrrcCtu22hhucOZHNBn6hxuWYNlePb5tboQ/w343-h400/206_1.jpg" width="343" /></a>financièrement les âmes du purgatoire à la réussite d'opérations commerciales ou locatives, le plus souvent à hauteur de 5%, parfois plus. On appelle cela le "contrat au sou du franc" : "Je viens m'acquitter d'une dette envers les saintes âmes du Purgatoire, écrit une associée du Jura. Au moment de voir aboutir une entreprise après bien des efforts, nous avons craint, mon mari et moi, que pour un motif tout à fait imprévu, cette entreprise ne pût réussir; c'est alors que, nous adressant aux âmes du Purgatoire, nous avons promis trois messes pour que toute difficulté fût arrêtée. Ayant été exaucés, je viens acquitter notre promesse et demander aux chères âmes de vouloir bénir notre entreprise, leur promettant de les secourir davantage et en proportion de nos chiffres d'affaires; dès cette fin d'année, en faisant nos comptes, nous leur réserverons notre offrande"</i>» (ibid. p. 126). Si la prière pour les âmes du Purgatoire visait à faire monter les âmes purgantes plus rapidement au Ciel, elle servait aussi de contraintes à ces âmes pour des faveurs obtenues auprès de Dieu. Les âmes du Purgatoire, bien financées par les œuvres, devaient intercéder auprès de la Vierge, de saint Michel, de Jésus ou de Dieu en faveur des généreux donateurs.</p><p>On en revenait par le biais à la dénonciation protestante des indulgences, reprise à la fin du <span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;">XIX</span><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><sup><span>e</span></sup></span></span></span></span></span></span></span></span></span> siècle par les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi6wW1ltdB6vX2qRNhVUmM9DwJ_C8tDU4h64edG5KdgkvR9Y75cjrOuS032K-uf9kK9LnXhITViPGPP5lr7m-h8OpzkvkSNVilLiAl2bvJY3JrvHBYZMMCOwj4GaE1zqaKeSqliGlOcAJZ_/h120/4874435.jpg">anticléricaux</a> : «<i>"Ce sont les flammes du purgatoire qui font bouillir la </i><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj86sfZYMnl2j51K8HehMQtzm-aj_IvrJgZACg9yWq1BVC1AETfWeXgJ1A82WEsQ694aocUPVBHFqQfHAUeAS4fZaM5kFfZ2Armp8wgXa4gL12gkEBIRk3v8rsR79tIE1rqp-gTOvl9G3RQ8NnL7erNjXY7hUefUIC5bb9M3VaqxST8kw_3dlRvJvUQ5Q/s600/4874435.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="600" data-original-width="460" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj86sfZYMnl2j51K8HehMQtzm-aj_IvrJgZACg9yWq1BVC1AETfWeXgJ1A82WEsQ694aocUPVBHFqQfHAUeAS4fZaM5kFfZ2Armp8wgXa4gL12gkEBIRk3v8rsR79tIE1rqp-gTOvl9G3RQ8NnL7erNjXY7hUefUIC5bb9M3VaqxST8kw_3dlRvJvUQ5Q/w306-h400/4874435.jpg" width="306" /></a>marmite des curés" dit le dicton populaire. Dans une partie de l'opinion publique, la conviction que tout s'achète dans l'Église, même les sacrements, est largement répandue. Historiquement, le purgatoire occupe une place de choix dans la critique anticléricale. Au milieu du siècle, le protestant Napoléon Roussel écrit : "Le purgatoire, voilà donc le grand balancier qui sous la main du prêtre bat monnaie; voilà l'âme du système, le résumé de l'Église, le fond de la religion romaine; c'est donc avec raison que j'ai dit : la religion du Pape est la religion du purgatoire". Jean-Marie Déguignet, un troupier breton qui a servi sous le Second Empire, a son explication personnelle du triomphe de la thèse du "grand nombre des élus" : "Si les prêtres ne conjurent plus aujourd'hui que quelques âmes inconnues, c'est parce qu'ils ont plus de bénéfices à envoyer les âmes riches en purgatoire qu'à les envoyer au Yun Helez [enfer]; pour les envoyer là, ils ne pouvaient toucher qu'une seule prime tandis qu'en les envoyant au purgatoire, ils reçoivent des primes annuelles, mensuelles, hebdomadaires et même quotidiennes, cela </i>usque ad eternam <i>[sic] </i>die"» (ibid. pp. 305-306).</p><p>Pour Cuchet, il semblerait que ce fût la Grande Guerre qui ait sonné le glas du Purgatoire. Les horreurs auxquelles furent soumis les combattants auraient suffi à expier tous leurs préchés. Qui, après avoir subi l'enfer des tranchées et des mitrailles aurait encore à souffrir des peines du Purgatoire en plus?</p><blockquote><p>«<i>Comment imaginer qu'après les épreuves infernales du front, ils </i>[les soldats morts au champ d'honneur] <i>pourraient être condamnés à de nouvelles souffrances dans un angle mort du purgatoire? En réalité, ils occupent un site compassionnel de tradition sans les charges qu'on lui reconnaissait jusqu'alors, transportant dans l'au-delà le malheur de leur existence de guerre qui les vouait à la reconnaissance beaucoup plus qu'à l'expiation.</i></p></blockquote><p></p><blockquote><i><span style="font-size: medium;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiPlkfKcp7vWpBZ6X5roWQhiTCn_lLiOcIvSjrWgzzTDcLPbBuJJNvrj_8bn7MZC_xfd71-bUFP8COa92JVjiw0g6TOuHpWerP4T1J-sG25DoVzb-bW5Ysab_P59eZJQxToiiLyAwwmxcvD_hC1Khik2jXtX3sS6cfHFdhMSoNAOrWlYp87G6i3iZ2MWQ/s400/70617d19-0a98-4cce-b1b9-854186f8d7a0_d.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="364" data-original-width="400" height="364" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiPlkfKcp7vWpBZ6X5roWQhiTCn_lLiOcIvSjrWgzzTDcLPbBuJJNvrj_8bn7MZC_xfd71-bUFP8COa92JVjiw0g6TOuHpWerP4T1J-sG25DoVzb-bW5Ysab_P59eZJQxToiiLyAwwmxcvD_hC1Khik2jXtX3sS6cfHFdhMSoNAOrWlYp87G6i3iZ2MWQ/w400-h364/70617d19-0a98-4cce-b1b9-854186f8d7a0_d.jpg" width="400" /></a></i></span>Dans le même esprit après 1918, on installera souvent dans les anciennes chapelles des âmes du purgatoire les plaques commémoratives des défunts de la guerre. Le cas de la chapelle des morts de l'église Saint-Eustache à Paris, qui était avant-guerre le siège d'un autel très fréquenté, est éloquent. En dessous du bandeau du </i><i><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;">XIX</span><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><sup><span>e</span></sup></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span> siècle qui invite les fidèles à prier pour les âmes du purgatoire, on a installé les plaques aux "morts glorieux de la Grande Guerre". Comment mieux montrer que l'un à l'autre, il n'y a pas simplement substitution mais bel et bien changement de contenu? On y vient moins désormais prier pour des "âmes souffrantes" en attente de leur délivrance qu'honorer, dans l'esprit du Souvenir français, des élus et sauveurs de la patrie. Avec la bénédiction de l'Église catholique, devenue dans la France de l'entre-deux-guerres un des piliers du culte des morts national</i>» (ibid. pp. 388 à 390).<i> </i></blockquote><p></p><span style="font-size: medium;"><p>Dans la statuaire comme dans les images pieuses, saint Michel était remplacé par cet <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg6bC2fj6-TXQ7-Y_eFES9qWchRX8MBwMY0WbHFgXeMDoIIPfMoMHazYJSnqpMO6hj6kgtio_gGl2Lv2w32LH258RV7jvhYO-vBiFhcZN7KifsWBvpYRMp_Lo6YfZkxNi5KLG9P_9-GEGr7/h120/70617d19-0a98-4cce-b1b9-854186f8d7a0_d.jpg">ange</a> anonyme (il lui manque la trompette pour figurer l'ange de la Renommée) portant les héros aux Champs Élysées, comme dans l'Antiquité romaine, substitut païen du Paradis chrétien propre au néo-paganisme occidental du <span style="font-size: medium;">X<span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;">X</span><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><sup><span>e</span></sup></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span> siècle..</p><p>À la fin du X<span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;">X</span><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><sup><span>e</span></sup></span></span></span></span></span></span></span></span></span> siècle, les catholiques occidentaux ne voyaient plus aucun sens au Purgatoire. Seuls les catholicitées implantées dans les anciennes colonies continuaient à verser leurs prières - et leurs maigres oboles - aux âmes souffrantes du Purgatoire. Comme <span style="font-size: medium;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjq3qG6lljsP7uMVaqkFpc5XSyBTxKsqRTbAXtUfrGegvVwcjoU7DYTH0ZVkQdPJLEBBypYtJ-gDWMRBRxdXFNXr2fnFZcbaeEg2nWQM2Pwh9aOPrkA2yS5D1gMZWKz7dVanOE80j9M0q-6aQbJAY6IQ_rEDgiBruHdCJvm6DrFAbNI-JI8-3Pe2PI-sw/s899/ob_9f0bb9_img-4820.JPG" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="599" data-original-width="899" height="266" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjq3qG6lljsP7uMVaqkFpc5XSyBTxKsqRTbAXtUfrGegvVwcjoU7DYTH0ZVkQdPJLEBBypYtJ-gDWMRBRxdXFNXr2fnFZcbaeEg2nWQM2Pwh9aOPrkA2yS5D1gMZWKz7dVanOE80j9M0q-6aQbJAY6IQ_rEDgiBruHdCJvm6DrFAbNI-JI8-3Pe2PI-sw/w400-h266/ob_9f0bb9_img-4820.JPG" width="400" /></a></span>le soutient Michel Vovelle : «<i>L'Afrique et l'Amérique latine seraient-elles les derniers refuges du purgtoire? Le troisième lieu garde ainsi sa vocation de réceptacle des souffrances humaines sur fond d'espérance</i>» (op. cit. p. 280). En Occident, l'iconographie du Purgatoire s'est déplacée vers la bande dessinée, les magazines <i>pulps </i>et les films de science-fiction propres à mélanger mondes intersidéraux et imaginaire traditionnel. Autrement, le Purgatoire subsiste seulement dans les franges <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiG-SA0leLs-6HrWXCJwX3UzCJ6Zgx5V-IyK_u9XwBHuRMqWG31CGMo0YZpPYRQ-AGbFvnRKhyphenhyphenNGJ2wjIbAxONJRO-NHy4b8RPG4qIkR7JvPdU9iKKBAv1C8HUIrCb0VgRTOBqs7gwawNfE/h120/ob_9f0bb9_img-4820.JPG">réactionnaires</a> du catholicisme romain qui refusent les nouveautés de Vatican II, représentées par le mouvement d'Écône et Mgr Lefebvre. À l'opposé, dans la suite de l'anticléricalisme (bien qu'amoindri), il n'apparaît plus que comme une source de parodies, tel ce téléfilm dont nous empruntons la description, <span style="font-size: medium;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg6fKp8SYdavmd-K_EZguZ9eAtH6IawucE9bKtf_1YcpAZd8PyVk3n_j-vB3R3PctMfA13xY04rZvmeVVf9v6lm4j_H93xhulZ1RZVtD7MVUGoVgd8pDykBQetiOKN1N0DdxQ41TvkmpJ0gxQ4q_r7clEVyL_ipuOMK6fek_qfNMFb_ziC12kEXn1-o-g/s1266/MV5BZDk5YWVjYmEtM2ZjOC00NGM4LTlmOGItZGI0ODcxODBjZjgwXkEyXkFqcGdeQXVyNzI4MDMyMTU@._V1_FMjpg_UX1000_.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1266" data-original-width="1000" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg6fKp8SYdavmd-K_EZguZ9eAtH6IawucE9bKtf_1YcpAZd8PyVk3n_j-vB3R3PctMfA13xY04rZvmeVVf9v6lm4j_H93xhulZ1RZVtD7MVUGoVgd8pDykBQetiOKN1N0DdxQ41TvkmpJ0gxQ4q_r7clEVyL_ipuOMK6fek_qfNMFb_ziC12kEXn1-o-g/w316-h400/MV5BZDk5YWVjYmEtM2ZjOC00NGM4LTlmOGItZGI0ODcxODBjZjgwXkEyXkFqcGdeQXVyNzI4MDMyMTU@._V1_FMjpg_UX1000_.jpg" width="316" /></a></span>encore à Michel Vovelle : «<i>Le téléfilm présenté à la fin du mois de mai 1994 sur une chaîne </i><i>française (France 3) sous le titre </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhiZhUJ5S5zZh4MgznHsM5FAXj2fzjT5IgY9F-pAyHTrfZ78buxfj_u-mBJ51spt8mUY3zu6vPURPUj_UCGedwgRQG2EC-LPrEK93b0I1uX5OjyTmT0THbO-JLEO06vyg-qWxpjjEG0X16B/h120/MV5BZDk5YWVjYmEtM2ZjOC00NGM4LTlmOGItZGI0ODcxODBjZjgwXkEyXkFqcGdeQXVyNzI4MDMyMTU%2540._V1_FMjpg_UX1000_.jpg">Vacances au purgatoire</a> <i>ne se voulait sans doute qu'une distraction familiale du samedi soir. Il recèle pourtant les éléments d'une "somme" sur les images baladeuses de notre temps, propres à donner un support figuré aux croyances que nous avons évoquées abstraitement. Les destins croisés des deux héroïnes, une call girl et une mère besogneuse de banlieue, victimes simultanées d'un accident de voiture, les entraînent d'entrée </i>[sic]<i> dans un au-delà qui intègre les nouveaux mythes : la lévitation des corps dédoublés qui planent au-dessus du lieu du sinistre, le passage obligé dans le tunnel, d'où l'on accède à une antichambre bureaucratique, à laquelle se limite l'au-delà. Si la mère de famille méritante a droit au paradis, le purgatoire de la pécheresse s'effectuera sur terre où elle est condamnée à assumer les charges familiales de sa victime, auprès d'un époux employé du métro, militant communiste entouré d'une nombreuse famille, d'enfants en situation d'échec scolaire, et pour tout dire un peu dealers, dans le cadre d'une banlieue sordide et multiraciale : le </i><i><span style="font-size: medium;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiCh_sG6a7T3LCvN7b5_8OtizMzP73MYSMEwt-rinOcxLVihEbi5M8jI_ko_uDvDk5CedKze8LS3R2GRWMqQO4ZQDYaBNdjrRCLiEdYIu7LDP_68n1qLj9aJ7ji0AgPCENHmP-BaEphcZtoUHblP0kMhL5c2AifktIijfnQZw105o7nmn2_2tDMhBW13w/s1280/maxresdefault.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="720" data-original-width="1280" height="225" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiCh_sG6a7T3LCvN7b5_8OtizMzP73MYSMEwt-rinOcxLVihEbi5M8jI_ko_uDvDk5CedKze8LS3R2GRWMqQO4ZQDYaBNdjrRCLiEdYIu7LDP_68n1qLj9aJ7ji0AgPCENHmP-BaEphcZtoUHblP0kMhL5c2AifktIijfnQZw105o7nmn2_2tDMhBW13w/w400-h225/maxresdefault.jpg" width="400" /></a></span>purgatoire est bien sur terre - c'est la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhCHy4Fz2mcnPFBoLLZ4Rk4z1-4KWv_tNs6Yh60uqNtmkZuzxuWg3qcOZDqlC3sDObexjV-Mrx1z4SY4LpXJBbQ2JXO1HOQMLbbMnOQR2H_HJGC0xMpBLeZ-eMtxeCFCOA7QMn0bSpU41-6/h120/PHOa198f14e-cbd3-11e4-8f16-be1e660e3888-805x453.webp">banlieue</a>. Notable aggiorna-mento.</i><i> Mais la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEie6CBDqz6vrstqb2mf3nDRYZVVlBgT_b2GJyZJbY81uVps4TdP8eUoPKX2r1IAwsnuW8O0DPKgQ4y5UARBIUC8ErMiokT-Lw7uFw0ost-TgbU6ozLbCnzrKtePjccbxAWN8ZbqvddRAzUG/h120/maxresdefault.jpg">réversion des mérites subsiste</a>, et les échanges entre morts et vivants. Sous la forme classique d'un fantôme, la mère défunte assiste sa remplaçante dans ses épreuves. Elle se prête même avec bonne volonté aux manœuvres qui n'ont rien d'honnête grâce auxquelles celle-ci arrachera la tribu au ghetto pour en faire une famille aisée, présentable et conforme en tous points aux valeurs de la réussite dans la société de consommation. Seul le père reste inamendable, et toute peine méritant salaire, un nouvel accident de voiture programmé d'en </i><i>haut l'enverra au paradis </i><i><span style="font-size: medium;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhX4cbwIzCBw3EE4lnSLZ-TYqxWxZAioNNS2ksc5see6Dv3xjWoCiXCCRmYe-DUMJxxK5-wou_inXg7poEb9t2hKaR5FYy-jbj5VBNHSXHyRN72XqMeW8M8AnAQabodZ2dfgvwxnE_9U5V6Goz-1W2J39TVcN7N3KMIcNCbL_XMtGcrIpu-LMl-R-VrVQ/s805/PHOa198f14e-cbd3-11e4-8f16-be1e660e3888-805x453.webp" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="453" data-original-width="805" height="225" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhX4cbwIzCBw3EE4lnSLZ-TYqxWxZAioNNS2ksc5see6Dv3xjWoCiXCCRmYe-DUMJxxK5-wou_inXg7poEb9t2hKaR5FYy-jbj5VBNHSXHyRN72XqMeW8M8AnAQabodZ2dfgvwxnE_9U5V6Goz-1W2J39TVcN7N3KMIcNCbL_XMtGcrIpu-LMl-R-VrVQ/w400-h225/PHOa198f14e-cbd3-11e4-8f16-be1e660e3888-805x453.webp" width="400" /></a></span>problé-matique des lecteurs de </i>"l'Hu-manité"<i>, lui subs-tituant sur terre l'amant de la call girl reconvertie. L'apologue se clôt ainsi sur une autre image paradisiaque, plus tangible, le départ de la famille sur son yacht, vers l'Amérique... Il serait naïf, s'agissant d'un film comique sans excessives prétentions, de déplorer l'évidente érosion des valeurs morales qui semble contaminer l'au-delà lui-même, pour autant qu'il subsiste. Gageons qu'il n'aura guère troublé les consciences d'un public auquel il renvoie les clichés qui sont dans l'air du temps</i>» (ibid. pp. 288-289). La description de l'historien vaut mieux que la visualisation de ce film qu'on peut revoir encore sur le site <i>You Tube </i>(https://www.youtube.com/watch?v=WURVmYYMXpc).</p></span><div style="text-align: center;"><span style="font-size: medium;"><p><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjqqYMfzmxeGtW7w1mQPrUt8DjHUh9tnHOOjCMigUEYRSzv2LAak5-8BMIojZa-iq1KrPjIB1o9Tc_QWVnZCT_PH2q0iu8H0rfThRE-ocfk7WD67BHCtmqYhy-1xJTMjHI4YYsdHmgcZ1JLKtk9Ys_pECks3jDzFsuOtnpZRJnueguBud8V7aJzC1IRpw/s1024/41253996604_746751bfa2_b.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="419" data-original-width="1024" height="164" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjqqYMfzmxeGtW7w1mQPrUt8DjHUh9tnHOOjCMigUEYRSzv2LAak5-8BMIojZa-iq1KrPjIB1o9Tc_QWVnZCT_PH2q0iu8H0rfThRE-ocfk7WD67BHCtmqYhy-1xJTMjHI4YYsdHmgcZ1JLKtk9Ys_pECks3jDzFsuOtnpZRJnueguBud8V7aJzC1IRpw/w400-h164/41253996604_746751bfa2_b.jpg" width="400" /></a></p></span></div><span style="font-size: medium;"><p>La sensibilité des Occidentaux du XXI<span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: medium;"><sup><span>e</span></sup></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span> siècle est loin de celle de leurs ancêtres. Elle ne considère plus l'au-delà comme un tribunal partageant les vertueux des libertins. Elle ne croit plus en l'innocence naturelle. Non seulement «<i>tout le monde ment</i>», comme disait le bon docteur House, mais tout le monde a ses grands et ses petits vices et aucun tribunal, même divin, ne parviendrait à établir un <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjoqF7wAFhO6s8W8tyvY2NCrFl2rXf_SOuyiwXAwUJm40C4-Gumil1bRzALGNsRDkLEuvhKbu621fCSGhLos8o2W3dl3BG1yJZRwmwKEJQLV5fU2SRbMSNzVk0zZVkjo7C3yoRNQRtHAw1T/h120/41253996604_746751bfa2_b.jpg">jugement</a> «<i>hors de tout doute raisonnable</i>» pour la grande masse des pécheurs. Non seulement, il n'y a plus de place dans l'imaginaire pour les âmes du Purgatoire, mais il ne semble n'y en avoir pas plus pour les Élus du Paradis. Seul l'Enfer, qu'il soit sur terre ou au creux de l'Etna, comme on le pensait au temps de l'Antiquité gréco-romaine et encore au Moyen Âge, semble garder ses adeptes ...et ses damnés⏳</p></span><div style="text-align: right;"><div style="text-align: right;"><span style="font-size: medium;"><p>Jean-Paul Coupal,</p><p>Sherbrooke, 27 août 2022</p></span><br /></div></div></div>Coupalhttp://www.blogger.com/profile/14839226309394850656noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8942859135376014620.post-36405792656622951092022-06-18T13:10:00.615-04:002022-07-20T11:42:32.943-04:00Les sept péchés capitaux : Luxure<p style="text-align: center;"></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhiFkHZPgR1BuwsFM44kVKHNqzERJ_bhVpy64dDhILmmSYR3q-OuGW5NCJmKaESS1SuZfThlFaa-D5hIFJoODnrpgi7ydDHTOkbG7BNQw8rNeeK5ZQYq5Vzs8zr1pA3IB-jn6BeMIumqruOzTv5qqkSm7knoJr8zZdsl-9fl8sGS0l9lCR80srBJUrq-A/s700/5a33aa24625c694740e4717901209562.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="700" data-original-width="617" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhiFkHZPgR1BuwsFM44kVKHNqzERJ_bhVpy64dDhILmmSYR3q-OuGW5NCJmKaESS1SuZfThlFaa-D5hIFJoODnrpgi7ydDHTOkbG7BNQw8rNeeK5ZQYq5Vzs8zr1pA3IB-jn6BeMIumqruOzTv5qqkSm7knoJr8zZdsl-9fl8sGS0l9lCR80srBJUrq-A/s320/5a33aa24625c694740e4717901209562.jpg" width="282" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Hiéronymus Bosch. La luxure.</td></tr></tbody></table><p></p><p style="text-align: center;"><b>LES SEPT PÉCHÉS CAPITAUX : LUXURE</b></p><p style="text-align: center;"></p><p style="text-align: justify;"><b>
</b></p><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-weight: normal;">Pénétrant
dans le dernier cercle des péchés capitaux, le poète
latin Stace donne au Dante une explication scientifique et poétique
de la conception : «</span></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><i>Si
ton esprit, mon fils, reçoit et garde mes paroles, elles te seront
une lumière qui éclairera le comment dont tu t’enquiers. Le sang
parfait, qui jamais n’est bu par les veines altérées, et reste
comme l’aliment qu’on enlève de table, prend dans le cœur une
vertu informative de tous les membres humains qu’il doit produire
en courant dans les veines. </i></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><i><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg4GOr8GSsszdNzNI_tXOuNgQqnwhL_CWz5aITF47jHoOa50XFEgIp45O6UDXe279ED5wRE8MtfsXMXKZP2OStZ6ut8XWCfdIVOWp7TVKDkeOhVP0PQiSMHIBoQrpsdLZqF1KNIOa1HIy1NYzAEG-XYoNk0pk0PLhi3rCCUMHYW-a63m_OXxcVkNGH4VQ/s1060/sexe_moyen_age.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="523" data-original-width="1060" height="198" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg4GOr8GSsszdNzNI_tXOuNgQqnwhL_CWz5aITF47jHoOa50XFEgIp45O6UDXe279ED5wRE8MtfsXMXKZP2OStZ6ut8XWCfdIVOWp7TVKDkeOhVP0PQiSMHIBoQrpsdLZqF1KNIOa1HIy1NYzAEG-XYoNk0pk0PLhi3rCCUMHYW-a63m_OXxcVkNGH4VQ/w400-h198/sexe_moyen_age.jpg" width="400" /></a></span></span>Plus épuré encore, il descend en un
lieu qu’il est mieux de taire que de nommer; et de là ensuite il
dégoutte sur un autre sang, dans un vase naturel. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhiAkaOqMlKAJhsYEol9PH1xkBaBWc_PLGZj6189IwUgwkvbZdvRjHyh5jcWESFwRoaUn4gbr6vaX1UcjhjuhRjsiLuCz-xlBnT3Ao6ZwSCRVWvorX85qHDu4-O-M_7xoCXhLU4SahKwxLA/h120/sexe_moyen_age.jpg">Ensemble</a> ils s’y
mêlent, l’un passif, l’autre actif, à</i></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><i> cause de la perfection du
lieu d’où il est exprimé : et uni à celui-là, il commence à
agir, le coagulant d’abord, puis vivifiant ce qui, par sa matière,
a pris de la consistance. La vertu active devient une âme semblable
à celle d’une plante, différente seulement en ce qu’elle est en
voie, et l’autre déjà au rivage. Tant opère-t-elle ensuite, que
déjà elle se meut et sent, comme une anémone marine; puis elle se
prend à organiser les puissances dont elle est la semence. Tantôt
se replie, tantôt se dilate, mon fils, la vertu qui provient du cœur
du générateur, où la nature veille au soin de tous les membres.
Mais comment d’animal on devient enfant, tu ne le vois pas encore :
c’est là le point sur lequel a erré un plus savant que toi;
lequel, par sa doctrine, sépare de l’âme l’intellect possible,
parce qu’il ne voit pas qu’il prenne aucun organe. Ouvre ton cœur
à la vérité que tu vas entendre, et sache qu’aussitôt que du
cerveau la structure est parfaite dans le fœtus, le premier moteur
vers lui se tourne, et joyeux d’un si grand art de nature, y
souffle un esprit nouveau plein de vertu, qui, attirant dans sa
substance ce qu’il y trouve d’actif, devient une seule âme qui
vit, et sent, et se réfléchit sur elle-même</i></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;">»
(Traduction de Lamennais).</span></span></p><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"></p><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;">Stace
poursuit son explication jusqu'au moment où ils abordent un lieu
autrement menaçant : «</span></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><i>Déjà
nous étions arrivés là où le mont s’infléchit une dernière
fois; et nous avions tourné à main droite, et un </i></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><i><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiF38Wa58LuJHtYdCriJgwiY_5hQY9J6ev9oG5AnynUFLGwaZ_OBfya4gpR4s1rW1wwtAaddoM3STOanK7zmerNVcPrc59JVM_iWcAZRNK2ya_TMCtZ_ltti4xRMHyKnPFg_dvqx1GIzlLy6TiM_kf9lisjFBy0FOqrvnAGMX9d-57hmLfsuerMZ0WFLg/s753/Pur_25.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="753" data-original-width="568" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiF38Wa58LuJHtYdCriJgwiY_5hQY9J6ev9oG5AnynUFLGwaZ_OBfya4gpR4s1rW1wwtAaddoM3STOanK7zmerNVcPrc59JVM_iWcAZRNK2ya_TMCtZ_ltti4xRMHyKnPFg_dvqx1GIzlLy6TiM_kf9lisjFBy0FOqrvnAGMX9d-57hmLfsuerMZ0WFLg/w301-h400/Pur_25.jpg" width="301" /></a></span></span>autre souci nous
préoccupait. Là le bord lance des <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjBH7rIAscs6iS9sdTOv_fUp4ja2UG7SRaAvaZ1FiOlc92xvP24Fn1Kj7gfsgWgRTpDbXb9p0yqeWsDomKdXDB5ORxH-SGSgCCPedT1_w__ezwnDOHPzj4sX6uc3XFcSY9Da1g0gKRqXwvg/h120/Pur_25.jpg">flammes</a>, et de la corniche
s’élève un vent qui les repousse, et les éloigne d’elle. Par
quoi, il nous fallait aller le long du côté ouvert, un à un; et
d’ici je craignais le feu, de là je craignais de tomber. Mon Guide
disait : — En cet endroit il faut tenir aux yeux le frein serré,
car l’erreur serait facile. «</i></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;">Summae
Deus clementiae</span></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><i>»,</i></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote1sym" name="sdfootnote1anc"><sup>1</sup></a>
</span></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><i>au sein de cette
grande ardeur j’ouïs alors chanter; ce qui me donna un désir non
moindre de me tourner. Et je vis dans la flamme des esprits qui
allaient et je regardais à leurs pas et aux miens, partageant la vue
tour à tour entre l’un et l’autre. Cette hymne finie, à haute
voix ils criaient : «Virum non cognosco</i></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;">».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote2sym" name="sdfootnote2anc"><sup>2</sup></a>
Il y a là une certaine ironie où l'on entend les<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXUcQLLZxzp612fCf2S9mc1SFFxW8h6IQoDlaU3Wx2QomE1FeiefOKZOTtS0BLGClkKNc-6f74onW7S16jkGU-UVhTXWt2kjJszI4s5gG_XDXydLCF_uXQzPnPl9AnjX937KAEUakHrMjb/h120/5a33aa24625c694740e4717901209562.jpg"> luxurieux</a> chanter
la complainte de la Vierge à l'Ange qui lui annonçait qu'elle
allait concevoir!</span></span></p><span style="font-size: small;">
</span><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;">De
fait, les damnés entonnent des accords vantant les exemples de
chasteté d'épouses et d'époux qui s'en étaient tenus aux devoirs
imposés par la vertu et la sainteté des lois du mariage. À cette
première vague de luxurieux s'en ajoute une seconde, encore plus
vouée aux tourments et qui s'écrie </span></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><i>Sodome
et Gomorrhe.</i></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;">
Une âme parmi les autres interpelle Dante : «</span></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><i>Combien
tu es heureux, reprit l'ombre qui m'avait interrogé la première,
combien tu es heureux que la connaissance de notre supplice te donne
une expérience salutaire pour mieux vivre! Ces ombres qui marchent
dans </i></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjJ0zv1j98G9TbsqPEZzahrodxihhltr16tSp0doJT-a6vfVM9A4jYMhpZ-wtEdAX1tK3YnUAJrPJ1MTRn14OyvvYQBEmhfBDohzaPCFmosWHbLXhDq3Nne_NwvQqerQhG42_Q3maQ2mJkmvW6FVFwdlKGia8NzAiKPvuRwhXLdwEdqGAAyDFRdSaOeXw/s306/Retrato_de_Julio_C%C3%A9sar_(26724093101)_(cropped).jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="306" data-original-width="225" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjJ0zv1j98G9TbsqPEZzahrodxihhltr16tSp0doJT-a6vfVM9A4jYMhpZ-wtEdAX1tK3YnUAJrPJ1MTRn14OyvvYQBEmhfBDohzaPCFmosWHbLXhDq3Nne_NwvQqerQhG42_Q3maQ2mJkmvW6FVFwdlKGia8NzAiKPvuRwhXLdwEdqGAAyDFRdSaOeXw/w235-h320/Retrato_de_Julio_C%C3%A9sar_(26724093101)_(cropped).jpg" width="235" /></a>une direction contraire à la nôtre commirent le crime que
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiriQfh751s6SRdHrV4bbiXLhxLeaFbmcYoC2COCPep7MREZMp7RhOE3F8mJ8ESEH4BI1EYiA_glrQDHLHalYCn6wn9la49Qzmc4CPPAoKTvk-0uC6egEdYEDQuO7gExU6hT8fuLij48kDJ/h120/Retrato_de_Julio_C%25C3%25A9sar_%252826724093101%2529_%2528cropped%2529.jpg">César</a> s'entendit reprocher, lorsqu'au milieu de son triomphe on le
saluait du nom de </i></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;">Reine.
</span></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><i>Elles s'éloignent
de nous en criant </i></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;">Sodome!,
</span></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><i>en se faisant
ainsi des reproches à elles-mêmes, et par cette confession elles
augmentent la rigueur de leur brûlure. Notre péché fut
hermaphrodite. Parce que nous ne suivîmes pas les lois humaines,
parce que nous nous livrâmes à nos désirs luxurieux comme de viles
bêtes, pour montrer notre opprobre, nous proférons sans cesse le
nom de la femme qui, sous des ais façonnés dans la forme d'une
génisse, fut souillée comme un animal de la même nature. Tu
connais nos actions, tu sais de quoi nous fûmes coupables; si tu
veux connaître notre nom, le temps ne me permet pas de te le dire,
et je ne le pourrais. Je t'empêcherai cependant de regretter
d'ignorer le mien : je suis Guido Guinicelli et déjà je me purifie,
parce que je me suis repenti avant d'être arrivé à la fin de ma
carrière</i></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;">»
(traduction d'Artau de Montor).</span></span></p><span style="font-size: small;">
</span><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;">Nous
comprenons mieux l'exposé de Stace et la mise en garde de Virgile
qui servent de prologue au dernier cercle du Purgatoire. Ici, nous
rencontrons ceux qui ont refusé la transmission de la descendance
pour se perdre dans la luxure, en particulier celle qui repousse </span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi6rTiYYvxoN4OppiD47xNND7DGc_C9dJqgxrDRfGgnVksKciM8z5DAQtBfR_Ra0ktsNo2lsPf2636_aFWuxhmjd6LP-xxkctTHl51zFdEQyLZqDeq2-1sP6Y-L0F_M0UfdTlr3YuYmSFh8y8dW9DNpzNJcyg9wUdNE-nCk-C-PKwMPXJLin_PMOMaQ2g/s290/2380798_DetailsThumb_Obv.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="290" data-original-width="290" height="290" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi6rTiYYvxoN4OppiD47xNND7DGc_C9dJqgxrDRfGgnVksKciM8z5DAQtBfR_Ra0ktsNo2lsPf2636_aFWuxhmjd6LP-xxkctTHl51zFdEQyLZqDeq2-1sP6Y-L0F_M0UfdTlr3YuYmSFh8y8dW9DNpzNJcyg9wUdNE-nCk-C-PKwMPXJLin_PMOMaQ2g/s1600/2380798_DetailsThumb_Obv.jpg" width="290" /></a>le
vase naturel pour aller «</span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><i>à
reculons</i></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;">», ce que Dante
appelle l'hermaphrodisme et qui correspond à notre bisexualité.
C'est ainsi qu'il faut comprendre l'allusion à César tirée de
Suétone : «</span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><i>À la même
époque, suivant Marcus Brutus, un certain Octavius, que le
dérangement de son esprit autorisait à tout dire, ayant, devant une
assemblée très nombreuse, donné à Pompée le titre de "roi",
salua même César du nom de "reine"</i></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;">».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote3sym" name="sdfootnote3anc"><sup>3</sup></a>
Et plus loin, le chroniqueur rapporte le mot devenu célèbre de
Curion, qu'il était «</span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><i>le
mari de toutes les femmes et la femme de tous les maris</i></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;">».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote4sym" name="sdfootnote4anc"><sup>4</sup></a>
L'idée que César, jeune, eût été l'amant du roi <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj_EzMFD4X_rnafonSrd4qEvtjpixW2lH_Z0Hppt827vRsrq88-HWkMwd9lV280pLuBqJJqasxdqb-zMga4RkA-PSBL_jT31B7flwtu-8bC8y_LlRyvBgUoQmD_lKmqZ5UHfDEg-FMfiCpO/h120/2380798_DetailsThumb_Obv.jpg">Nicomède IV</a> de
Bithynie, réfugié à Rome après l'invasion de son royaume par
Mithridate, est passé dans la légende, mais que savons-nous des
faits, car Suétone a beau être un grand chroniqueur, c'était aussi
une langue fort bien pendue qui rapportait tous les potins de la curie
romaine. Il en allait ainsi de Dion Cassius qui reprenait la rengaine
qui note toutefois que César prenait à cœur ces allusions qui
venaient de l'armée : «</span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><i>Cela
le blessait et le chagrinait visiblement, il essaya de se défendre,
niant cette affaire sous serment, d'où il devenait plus ridicule</i></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;">».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote5sym" name="sdfootnote5anc"><sup>5</sup></a></span></p><span style="font-size: small;">
</span><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgw_Ofs2D0NIhdw13XMxWnDYmDVI1RAl7oLtC-51znVdMmq3kAYr9zwePl6d1ZvnIvlMZEJhxJF0wgfvzIWJIelzHCJVJDs1E-nfVmKNfOVEb1KMZTiOzoYFKxideyJCDNrll6acBrsY4hQg6a7WUJ9t3A3wzQ_o-uhrGT8Za2icTpL9WDZs6QyW2ixOA/s200/is_married_guido_guinizelli_793725.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="200" data-original-width="171" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgw_Ofs2D0NIhdw13XMxWnDYmDVI1RAl7oLtC-51znVdMmq3kAYr9zwePl6d1ZvnIvlMZEJhxJF0wgfvzIWJIelzHCJVJDs1E-nfVmKNfOVEb1KMZTiOzoYFKxideyJCDNrll6acBrsY4hQg6a7WUJ9t3A3wzQ_o-uhrGT8Za2icTpL9WDZs6QyW2ixOA/w274-h320/is_married_guido_guinizelli_793725.jpg" width="274" /></a>Et
Guido Guinicelli? De quoi en retournait-il? Son nom était <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgcHIq38hhzm-VIxJd4N2VK_iCj9DaM6XSiyqTtT9nZ170enAgHu1RSXGc-TuBMw9jClZ_2E694jjgveLaXDfoAbMeArpD9AimZJaJF4RBlMEHSBIQFTwwFztOTt354BbFOIXHri5VNrIju/h120/is_married_guido_guinizelli_793725.jpg">Guido Guinizzelli</a> (ou Guinizelli) et, en français, Guy de Guincel, du nom
de son père Guinizello di Bartolomeo. Guido était né vers 1230 à
Bologne et mourut en exil à Monselice en 1276. C'était l'un des
poètes du </span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><i>dolce
stil nuovo </i></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;">- le nouveau
style doux -, comme Dante l'évoque dans le chant XXIV du Purgatoire.
Rappelons qu'il n'était pas le seul poète toscan à contribuer à ce
mouvement. À côté de lui, on mentionnera Guittone d'Arezzo
(1235-1294). Guido et Guittone furent les grands maîtres spirituels
de Dante qui développa son propre style vernaculaire. Comme
pour tant de poètes du Moyen Âge, nous détenons peu de documents
biographiques concernant Guido Guinizzelli. Nous savons qu'il est
issu d'une noble famille de Bologne, celle des Principi. Son père
était juriste et il lui fit étudier le droit. À partir de 1268, il
aurait exercé les fonctions de juge et de consultant juridique
dans sa ville natale. Guido, appartenant au camp des Gibelins
c'est-à-dire des partisans de l'Empereur contre ceux du Pape,
appuyait les Lambertazzi contre la faction guelfe des Geremei.
Lorsque celle-ci finit par triompher en 1274, Guido dut s'exiler à
Monselice, près de Padoue, avec sa femme, Bice della Fratta, et son
fils Guiduccio. C'est là qu'il mourut, à 46 ans. Tel était le
sort de bon nombre de lettrés italiens au cours du Moyen Âge, ce
qui n'avait vraiment rien d'exceptionnel puisque ce fut également le
destin du Dante de se voir exilé loin de sa Florence bien-aimée.</span></p><span style="font-size: small;">
</span><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"></span>
</p><span style="font-size: small;">
</span><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEihKCNDpUjfpm4uWN5JXDEwFhyH6t6Y_IrPw8bYsDjGSz9ROfpUC2I4l7M8eVfCzTI0IBJmMtwuUaBQsFYY_C1CzJBDGW0wKwemfIym61sryd2m1D8zDNT3Ktqy__q2p9HF3DlwU9dHZeIc0WVxTs1g8P7BXbWiKP0xzzn3tMY-9MbtRZGbOaLhRGhYMA/s1161/Codice_Banco_Rari_217.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1161" data-original-width="800" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEihKCNDpUjfpm4uWN5JXDEwFhyH6t6Y_IrPw8bYsDjGSz9ROfpUC2I4l7M8eVfCzTI0IBJmMtwuUaBQsFYY_C1CzJBDGW0wKwemfIym61sryd2m1D8zDNT3Ktqy__q2p9HF3DlwU9dHZeIc0WVxTs1g8P7BXbWiKP0xzzn3tMY-9MbtRZGbOaLhRGhYMA/w220-h320/Codice_Banco_Rari_217.jpg" width="220" /></a>Reste
l'œuvre poétique. Œuvre sans doute bien incomplète avec son mince
et original </span></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><i>canzoniere
</i></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;">composé
de cinq chansons et quinze sonnets! Considéré aujourd'hui comme
</span></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><i>archaïque, </i></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;">proche
des poètes siciliens plus que des Toscans, son</span></span><span style="font-size: small;"> <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjYc7wKpjDLcdW7FwnETK3_mzMdREL-p07xxkqVkOR276YKAjPOhwTjvB_d1LMO6-IP4mNqgbkrjjrGWtDu_Eq4JM-fFgg2VdfndWChtGV47ug9-WvKvZCHNWnfdhtuW1teikKZiVfHzZ5l/h120/Codice_Banco_Rari_217.jpg"><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>Al
cor gentil rempaira sempre amore...</i></span></a><span face="Segoe UI, sans-serif">
(«</span><span face="Segoe UI, sans-serif"><i>En noble cœur amour
se loge toujours...</i></span><span face="Segoe UI, sans-serif">»)
le rapproche de la poésie occitane courtoise de la même époque. De
son temps, l'œuvre de Guido fut critiquée par Guittone d'Arezzo
pour ses comparaisons tirées de la nature et par Bonagiunta de
Lucques qui dénonçait chez Guido un excès d'intellectualisme et
l'usage de citations sacrées. Par contre, ces critiques lui
suscitèrent le ralliement des jeunes poètes toscans, et parmi eux,
Guido Cavalcanti et surtout Dante Alighieri. Ce fut de Guido que ce
dernier tira sa poésie amoureuse. Au cours d'un séjour à Bologne,
Dante y rencontra des philosophes venus du Danemark et disciples
d'Averroès qui le séduisirent par l'audace de leur doctrine. Il en
ramènera des textes averroïstes parmi lesquels se trouvaient des
poèmes de Guido Guinizzelli.</span></span></p><span style="font-size: small;">
</span><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh1pDSG5TbUZMLZDAdvS07jw7KVmIkoCKgJcSLb7-r8Sr8xG6S0Ltt8fvH2I5994SUwuIly4sfBgXK3zO4xYBtuN3ack_hGM9WYAbxaFTkolwcU_dW9bYB2MbGtxyWI9vx9B1vdgbvSOSYdshMB5t7uoCwrb9deJBiUfry5w1825Z-h5SQJK5FUYLT34A/s236/AVT_Guido-Cavalcanti_4990.jpeg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="236" data-original-width="200" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh1pDSG5TbUZMLZDAdvS07jw7KVmIkoCKgJcSLb7-r8Sr8xG6S0Ltt8fvH2I5994SUwuIly4sfBgXK3zO4xYBtuN3ack_hGM9WYAbxaFTkolwcU_dW9bYB2MbGtxyWI9vx9B1vdgbvSOSYdshMB5t7uoCwrb9deJBiUfry5w1825Z-h5SQJK5FUYLT34A/w271-h320/AVT_Guido-Cavalcanti_4990.jpeg" width="271" /></a>Guido
et Dante appartenaient à un même courant où l'on retrouvait
également <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiK8xRuOm2-9SFcer3kdaExO-jeYagTWj50WfU6hMYXNZVKMJtNwhcqFihN_nSP4c5Z_QlA-baLubFV3uFe0vbRWPuHiLV40Zsb75v82mzYV_g-JGdHubCEakiuTpg-mGXmRG0IUosYra9M/h120/AVT_Guido-Cavalcanti_4990.jpeg">Guido Cavalcanti</a> (1258-1300) et Cino da Pistoia
(1270-1337). Tous ces poètes ont contribué à donner naissance par
le dialecte toscan à la langue italienne, dont </span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><i>La
Divine Comédie </i></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;">est
sans doute l'œuvre la plus achevée. Chez Guido Guinizzelli, on retrouve
l'emprunt des motifs de la vassalisation amoureuse propre à la
</span></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><i>Cortezia; </i></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;">mais
aussi de l'amour vécue comme mort; de la Dame cruelle qui ne
répond pas à l'amour de son soupirant. Enfin, on y retrouve toute une
analyse du processus amoureux que reprendra Dante dans son récit de
Paolo et Francesca. Par ces thèmes, Guido substituait à la noblesse
de naissance la noblesse du cœur comme source de l'amour. C'était
sans doute une idéalisation qui convenait peu à la féodalité et
même à la bourgeoisie des villes italiennes qui, au mépris des
sentiments, scellait des alliances purement de classes.</span></span></p><span style="font-size: small;">
</span><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;">Afin
de résister à la réaction cléricale qui voyait d'un mauvais œil
l'amour courtois, les thèmes du </span></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><i>dolce
stil nuovo </i></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;">se
sont teints de mysticisme, l'amour de la Dame étant présentée
comme un reflet de la gloire de Dieu. C'est ainsi que Chrétien de
Troyes (1130-</span></span><span style="font-family: Segoe UI; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">±</span></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;">1185)
détourna-t-il de son but l'amour pécheresse vers une forme sublimée
chrétienne. Il faut dire que l'un des traits marquants de ces
thématiques était d'exiger une mélodie formelle de la langue, une
syntaxe cristalline qui écartait la prosodie précieuse. L'usage
même d'une terminologie scolastique, sans doute élaborée et pas
toujours accessible à la première lecture, fut source d'images
appropriées à l'expression des sentiments humains.</span></span></p><span style="font-size: small;">
</span><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-size: small;"></span>
</p><span style="font-size: small;">
</span><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;">Autant
dire que la poésie de Guido Guinizzelli correspondait à une
pré-renaissance dans la mesure où elle suivait les transformations
sociales du XIIIe siècle, lorsque le monde rural italien cédait devant
le </span></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh7fr9EG4c8ZK2OGIL_ljQFytHJPwO1ly7tktIuqWBtp9ZfASi5irpeFI9FzjvYhjA6_cILYCkOv0aNfi-vNWnbA78cZW7VGOBGogQPECri39sBOnAHE9cUsPEcquIvKbDBfa5jEkVdBpHBCqf69UuoQqsaiq1KLRQyM9rktX0ORrv968IGGvU2HJa4Cw/s1000/N8aIUJ_2Bh4x_RksD0uImfvcXIo.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1000" data-original-width="997" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh7fr9EG4c8ZK2OGIL_ljQFytHJPwO1ly7tktIuqWBtp9ZfASi5irpeFI9FzjvYhjA6_cILYCkOv0aNfi-vNWnbA78cZW7VGOBGogQPECri39sBOnAHE9cUsPEcquIvKbDBfa5jEkVdBpHBCqf69UuoQqsaiq1KLRQyM9rktX0ORrv968IGGvU2HJa4Cw/s320/N8aIUJ_2Bh4x_RksD0uImfvcXIo.jpg" width="319" /></a>monde urbain. Un monde où s'annonçaient les expériences
violentes qui marqueront la conquête des marchés comme du
gouvernement des cités; où la sensualité des princes et des
banquiers s'illustreront par des œuvres sensuelles et grandioses,
Guido encourageait plutôt l'amour comme une preuve de la noblesse de
cœur des amants. À l'exemple de la </span></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg_e-U0P5s6W6ETuYn7Lv7Uygiq-lLrWNsZrHOq0vAdPxCfNokJbwanzlXqBZk87GlLit09VrqsmWeBVo8jfMR3miSjvvIjXp8Oz_QfPGyFmaI0ILDMvxiVZ5U2VWyQhfzbob1nyrKb08kF/h120/N8aIUJ_2Bh4x_RksD0uImfvcXIo.jpg">Cortezia</a>,
</i></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;">il
célébrait la vertu latente de l'amant se réalisant dans l'acte
d'amour. Plutôt que de sombrer dans la luxure, comme les damnés du
Purgatoire, l'acte amoureux devait contribuer à élever moralement les
amants. Des pratiques comme l'</span></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><i>assag,
</i></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;">où
l'amant se soumettait aux pires tourments de la chair, couché nu
auprès de sa Dame sans la toucher, équivalaient aux plus grands
actes des combats de chevalerie. Cet idéal combattant de
l'esprit chevaleresque se portait à la défense de la pureté du
sentiment contre les assauts de la sensualité et de la concupiscence. La force de l'Amour est puissante et sème
l'inquiétude, voire l'effroi dans les cœurs. Parce qu'on ne peut
lui résister, l'idéal - mystique ou chevaleresque - parviendra à
la maîtriser. Voilà pourquoi Guido Guinizzelli est-il traité de
</span></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><i>sage </i></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;">dans
</span></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><i>La Divine Comédie;
</i></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;">la
vertu étant sauve, l'</span></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><i>honneur
</i></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;">de
la dame respecté garantit la sincérité profonde du poète. C'est
déjà la </span></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><i>gentilézza
</i></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;">de
Béatrice Portinari que le pèlerin de la </span></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><i>Divine
Comédie </i></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;">va
bientôt rencontrer.</span></span></p><span style="font-size: small;">
</span><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;">Il
ne faut donc pas s'étonner qu'à côté de Guido, Dante rencontre
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhP_rVESlWVK-7zb_FpskB8qxZhkluwAXqIGcrUVD9NszUIvZBE6pOQs9XS_6Zu6DdhEhDIQ1SnUFbil5-QktS8ctqUNhUrevlSsojAlW35u2deDLS1fpmSbH4NPGkJPsOW3wQpcvQIxLTp/h120/BnF_ms._12473_fol._50_-_Arnaut_Daniel_%25282%2529.jpg">Arnaut Daniel</a>. Né à Ribérac vers </span></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg4X3PYeQsr9ewxwHVo5YXMePqrC8vVeJmw5nMb0r2UU_4URSpI9-AdUZdRUXXyVUL23seDj5X5R3jLNmXKXkTG7_992JcsuPmvW56JAPQxU3GsMNf8uLyTTWVrUKWgTfJC5ddQ1WtKKTU8SAtC13OQAakaVSpa5vaTP_Jy4cePUvGepuvi-IS13Vhspg/s600/600px-Sestina_system.svg.png" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="332" data-original-width="600" height="177" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg4X3PYeQsr9ewxwHVo5YXMePqrC8vVeJmw5nMb0r2UU_4URSpI9-AdUZdRUXXyVUL23seDj5X5R3jLNmXKXkTG7_992JcsuPmvW56JAPQxU3GsMNf8uLyTTWVrUKWgTfJC5ddQ1WtKKTU8SAtC13OQAakaVSpa5vaTP_Jy4cePUvGepuvi-IS13Vhspg/s320/600px-Sestina_system.svg.png" width="320" /></a>1150, Arnaut était un
authentique troubadour du Périgord. Lui aussi était considéré
comme un </span></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><i>grand
maître d'amour,</i></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"> contribuant en tant que </span></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><i>meilleur
forgeron du parler maternel </i></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;">à
asseoir le langage vernaculaire contre le latin sclérosé. Comme
Guido, il fut aussi auteur de poèmes érotiques qu'il échafaudât
sur une </span></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEio4vyQ2NouhDwDue45YqhxBf_lrIAOTgdBpbqY3sWzb8_Vimq064kLCs-wMatZQSKf2s8qQem1C0MDt8OjRYWn4-Ukx4Wi8IPYH-PGVNl3aX4c_TeI9TLT9AKIvHQKqHTU7X3gHAGtaKjA/h120/600px-Sestina_system.svg.png">sextine</a>, </i></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;">une forme où les six vers de chaque strophe se terminent par six rimes
disposées alternativement selon la combinaison 6-1-5-2-4-3. Le
septième et dernier couplet, composé de trois vers seulement,
devant comporter les six-mots-clés du poème.</span></span></p><span style="font-size: small;">
</span><dl><dd style="font-weight: normal;"><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><i>Quand
me soveni de la cambra</i> </span>
</dd><dd>
<span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><i>Ont a mon dam sai que nulhs òm
non intra</i> </span>
</dd><dd>
<span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><i>Ans me son tots plus que fraire
ni oncle,</i> </span>
</dd><dd>
<span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><i>Non ai membre non fremisca,
neis l'ongla</i> </span>
</dd><dd>
<span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><i>Aicí com' fai l'enfant denant
la verga</i> </span>
</dd><dd>
<span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><i>Tal paur ai no'l siá tròp de
l'arma</i> </span>
</dd><dl><dd>
<span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><i>Del cors li fos, non de l'arma</i>
</span>
</dd><dd>
<span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><i>E consentis m'a celat dins sa
cambra !</i> </span>
</dd><dd>
<span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><i>Que plus me nafra'l còr que
còps de verga</i> </span>
</dd><dd>
<span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><i>Car lo sieus sers lai ont ilh
es non de intra</i> </span>
</dd><dd>
<span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><i>Tots temps serai amb lieis
com' carns e ongla</i> </span>
</dd><dd>
<span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><i>E non creirai chastic d'amic
ni d'oncle</i></span></dd></dl><dd>
<span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><i>Arnaut trasmet sa chanson
d'ongla e d'oncle</i> </span>
</dd><dd>
<span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><i>A grat de lieis que de sa verga
a l'arma,</i> </span>
</dd><dd style="margin-bottom: 0.5cm;">
<span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><i>Son Desirat, qui pretz en
cambra intra</i></span></dd><dt>
<span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;">Traduction </span>
</dt><dd>
<span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgSe75a8TqmvNibHlGm7Mm787EfQB4-Rl053CR2Tx8tOHWi3Z5S_inTXMKg7NaRsbA3cUp6tyGCCPS_lgNLG6chf10pDN06DyBVy9eBlfmDlMDfSW8MIFTb1ECKhIqCgw0PVWC-R_Smeovr_wzQH6pT8hUM08hLfzyvEYM-6uOto5qjdl4ZM5wnxfLsEg/s346/BnF_ms._12473_fol._50_-_Arnaut_Daniel_(2).jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="346" data-original-width="260" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgSe75a8TqmvNibHlGm7Mm787EfQB4-Rl053CR2Tx8tOHWi3Z5S_inTXMKg7NaRsbA3cUp6tyGCCPS_lgNLG6chf10pDN06DyBVy9eBlfmDlMDfSW8MIFTb1ECKhIqCgw0PVWC-R_Smeovr_wzQH6pT8hUM08hLfzyvEYM-6uOto5qjdl4ZM5wnxfLsEg/s320/BnF_ms._12473_fol._50_-_Arnaut_Daniel_(2).jpg" width="240" /></a>Quand je me souviens de la chambre
</span>
</dd><dd>
<span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;">Où à mon dam je sais que
personne n’entre, </span>
</dd><dd>
<span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;">Mais où tous sont pour moi plus
sévères que frère ou oncle, </span>
</dd><dd>
<span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;">Je n’ai membre qui ne frémisse,
ni ongle, </span>
</dd><dd>
<span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;">Ainsi que fait l’enfant devant
la verge : </span>
</dd><dd>
<span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;">Telle est ma peur que tout entière
lui revienne mon âme. </span>
</dd><dl><dd>
<span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;">Puisse-t-elle mon corps, sinon
mon âme, </span>
</dd><dd>
<span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;">Recevoir en secret dans sa
chambre ! </span>
</dd><dd>
<span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;">Cela blesse mon cœur plus que
coups de verge, </span>
</dd><dd>
<span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;">Car là où elle se trouve, son
esclave point n’entre ; </span>
</dd><dd>
<span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;">Je serai toujours avec elle comme
sont chair et ongle, </span>
</dd><dd>
<span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;">Et n’entendrai de remontrance
ni d’ami, ni d’oncle.</span></dd></dl><dd>
<span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;">Arnaut envoie sa chanson d’ongle
et d’oncle </span>
</dd><dd>
<span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;">Au gré de celle qui tient sous la
verge son âme, </span>
</dd><dd style="margin-bottom: 0.5cm;">
<span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;">À sa Désirée, dont le Mérite
en toute chambre entre. (Wikipedia)</span></dd></dl><span style="font-size: small;">
</span><p align="JUSTIFY" style="font-weight: normal;">
<span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;">Malgré tout, une question demeure.
Si Guido Guinizzelli et Arnaut Daniel apparaissent aux yeux de
Dante comme les chanteurs de la <i>noblesse de cœur, </i><span style="font-style: normal;">que
font-ils dans le cercle des luxurieux? Le poète donne d'ailleurs une
image assez sereine de ces poètes. À bien lire, même s'il ne les nomme
pas tous, ils étaient tous artisans du </span><i>Dolce stil nuovo
</i>à<i> </i><span style="font-style: normal;">se trouver dans
cet ultime cercle et - pourquoi pas lui-même -, attendant de gravir la
marche qui les sépare du Paradis? Alors qu'on s'attendrait à voir tant d'authentiques luxurieux
se hisser à la reconnaissance du poète, comme on le voit dans les
autres cercles des péchés capitaux, voici que ce sont des
troubadours qui se manifestent :</span></span></p><span style="font-size: small;">
</span><p align="JUSTIFY" style="break-before: auto; font-weight: normal; margin-right: 0.55cm; page-break-before: auto; text-indent: 0.96cm;">
<span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><i>«Tant me plaît votre courtoise
demande, que je ne puis ni ne veux vous cacher mon nom.</i></span></p><span style="font-size: small;">
</span><p align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-right: 0.55cm; text-indent: 0.96cm;">
<span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><i>Je suis Arnaud qui pleure et
vais chantant, par ce brûlant chemin, la folie passée, et je vois
devant moi le jour que j’espère. </i></span>
</p><span style="font-size: small;">
</span><p align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-right: 0.55cm; text-indent: 0.96cm;">
<span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><i>Ores vous prie, par cette
vaillance qui vous guide au sommet de l’escalier, de vous souvenir
de ma douleur». </i></span>
</p><span style="font-size: small;">
</span><p style="margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;">De
quelle <i>folie passée</i> parlait Arnaut?</span></p><span style="font-size: small;">
</span><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;">Sans
doute, ne le saurons-nous jamais. Qu'il soit avec les
sodomites nous indique quand même que peut-être la Dame dont il
évoquait la noblesse de cœur n'était peut-être pas une Dame?
La chose irait de même pour Guido Guinizzelli. Dante aurait sans
doute préféré les retrouver ailleurs, au Paradis. Mais il </span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjAyEQWHb2V5h3eOu63yKgjPoowHjyZzJXsYPoTC_Q5Frpmif-QaLXt-q2EZZ0MEA0asP7VJKIxBdVAnMuZjHRnu2h_Ei_PhzM64DlgI_RcikJ0RtmoQZb0ntzek8xeBliT6op_UJbBpF2wB_EgWm7T6SjX-UT2cj4GREazEqhRqolqXa2HS4jOYg0lWA/s850/La-trova.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="850" data-original-width="850" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjAyEQWHb2V5h3eOu63yKgjPoowHjyZzJXsYPoTC_Q5Frpmif-QaLXt-q2EZZ0MEA0asP7VJKIxBdVAnMuZjHRnu2h_Ei_PhzM64DlgI_RcikJ0RtmoQZb0ntzek8xeBliT6op_UJbBpF2wB_EgWm7T6SjX-UT2cj4GREazEqhRqolqXa2HS4jOYg0lWA/s320/La-trova.jpg" width="320" /></a></span>n'ignorait pas que les désirs qui
motivaient cette poésie sublimée jusqu'à la mystique de la Dame ne
provenaient pas de la spiritualité chrétienne, mais de désirs
profondément charnels et que malgré les transformations opérées
par l'acte poétique, le résultat n'en était pas totalement purgé.
C'est toujours le désir physique, celui-là même qui contribuait à
la procréation comme le rappelait le Stace, qui persistait derrière
la sublimation. Et cette source, même si les troubadours avaient su
la tirer de l'Enfer, persistait tout de même au Purgatoire. Parmi toutes les hypothèses qui
pèsent sur les origines de la <i>Cortezia, </i>il en est une qui
s'est formulée qu'assez récemment et qui supposerait que derrière
la Dame résiderait plutôt un <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgpCrkMS3sld4vMduQig5yDWtcNxZYJLulRtQiK3SGxvJfS77iwFj6-HnWbmcgO75ErMQNiFyJa_v6vtUgPTxEPX4Se7poZt2yY39DKmjqvPoLEWV9xTTQjDuhJC7jFeDvnU0Tb_mwIax-E/h120/La-trova.jpg">homme</a> : un seigneur, un châtelain, un
croisé, un capitaine, voire même un Infidèle, un Sarrazin! S'il y
a moindrement quelque chose de vrai derrière cette hypothèse, on
conçoit la difficulté qu'il y ait eu à exprimer cette passion
dévorante qui animait la poésie courtoise et jusqu'au <i>dolce stil
nuovo</i>! </span>
</p><span style="font-size: small;">
</span><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;"></span>
</p><span style="font-size: small;">
</span><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;">La chose ne saurait être rejeté
du revers de la main considérant la séparation radicale des sexes
durant le Moyen Âge occidental. Troubadours et belles dames avaient
peu l'occasion de se fréquenter, même en public. On n'imagine pas
les porteuses de fiefs et de dots se balader à leur guise avec des
errants, des saltimbanques, voire même des chevaliers! Pour
autant, comment inventer des vertus à des Dames sinon que parce que
les poètes ne les connaissaient pas et que c'était aux fruits de
leur imagination qu'ils dédiaient leurs vers.</span></p><span style="font-size: small;">
</span><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;"></span>
</p><span style="font-size: small;">
</span><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;">Ces troubadours qui accompagnaient
les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiPgFpMB1LdZuLhvVnP21EkIY2gvnpOSwhaVRqkSEcVJHr_4RY8_WL7hnzNyRooV104gGI4m8mAT6zQWmv84trelmudGtOAxn8MAm74d2YbMW-215mLVDzK0kXBfOYNpBHSkuY-xc9MDdrO/h120/deuxieme-croisade-siege-de-damas-1148-2bdydg0.jpg">croisés</a> ou les pèlerins produisaient sans doute des
œuvres qui </span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi4tVyfVSiILc917vZoWV3NZiqf_be-WKpr09MN8r401Ei8axTif__7CED4PDzGfXQ8S4NELUR54kbgkc4yi4PQvM07WXLZEdez4BFzizhaLddYny0xLvpDT8-hiAfCDNNhvkKfvS_ggmRhCfDKbPtpcHVhM1wwQXJ94A3MYdpR-j8SKVpJGvyq38aDKw/s1300/deuxieme-croisade-siege-de-damas-1148-2bdydg0.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1140" data-original-width="1300" height="281" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi4tVyfVSiILc917vZoWV3NZiqf_be-WKpr09MN8r401Ei8axTif__7CED4PDzGfXQ8S4NELUR54kbgkc4yi4PQvM07WXLZEdez4BFzizhaLddYny0xLvpDT8-hiAfCDNNhvkKfvS_ggmRhCfDKbPtpcHVhM1wwQXJ94A3MYdpR-j8SKVpJGvyq38aDKw/s320/deuxieme-croisade-siege-de-damas-1148-2bdydg0.jpg" width="320" /></a>contribuaient à faire rêver les cortèges qui
sillonnaient l'Europe et le Proche-Orient. Et lorsque ces poètes ne
chantaient pas la Dame, de quoi, ou de qui pouvaient-ils bien parler? Des
combattants. Des guerriers, des chefs de troupes, des adversaires. À
la noblesse de corps de la féodalité, il y avait aussi une autre
noblesse de cœur : celle de Roland à Roncevaux ou des chevaliers de
la Table Ronde qui affrontaient des forces surnaturellex; des
souvenirs d'Alexandre le Grand ou de Charlemagne qui hantaient les
imaginations guerrières. Tous ces thèmes se rejoignaient,
s'échangeaient, se complétaient dans la marche des cavaliers et des troupiers partis
reconquérir Jérusalem sur les disciples de Mahomet. Que pouvait-il
bien en rester au retour?</span></p><span style="font-size: small;">
</span><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;">La question qui se pose maintenant
est celle-ci : pourquoi Dante place-t-il la sodomie (qui désignait
alors toutes relations homosexuelles) en tête de la luxure au point
de la réduire à cette seule pratique? </span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiX42k1LPYuYPVbzHiQ3qYW3BXhxByBcH7Wtl9FMUIdhhwrSOChZ2h8Ur2Nv4oFrHlRGIqGzK7spxdHdZD71vaRFJKd168ZZ9XORWtprQrtZUv7kMS_AJk4JYTnina6bojjIa26hDe0cvNrH4q79Y_-7Nh_GC88f-KkERvUgVWqaEBxC0P2-_RYSgN9pg/s623/5513768986_0677da34d5_z.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="623" data-original-width="500" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiX42k1LPYuYPVbzHiQ3qYW3BXhxByBcH7Wtl9FMUIdhhwrSOChZ2h8Ur2Nv4oFrHlRGIqGzK7spxdHdZD71vaRFJKd168ZZ9XORWtprQrtZUv7kMS_AJk4JYTnina6bojjIa26hDe0cvNrH4q79Y_-7Nh_GC88f-KkERvUgVWqaEBxC0P2-_RYSgN9pg/w321-h400/5513768986_0677da34d5_z.jpg" width="321" /></a>Comme le rappelle l'historien
américain John Boswell : «<i>À partir du XIVe siècle, l'Europe
occidentale céda à une haine farouche et obsessionnelle de
l'homosexualité, conçue comme le plus effroyable des péchés. Les
raisons n'en ont jamais été correctement exposées, mais Dante
(1265-1321) nous offre une excellente illustration de cette
évolution. Dressant la carte détaillée des châtiments
eschatologiques de son temps, il rangea les sodomites dans le cercle
le plus élevé du Purgatoire (</i>"Purgatoire", <i>chant
26) - juste devant les portes du Paradis -, en compagnie des
individus coupables d'une passion hétérosexuelle "exagérée"
: c'est-à-dire proches du salut et bien au-dessus de la majorité
des pécheurs peuplant les terrasses du Purgatoire, ainsi que de tous
les êtres humains tourmentés dans l'Enfer. Pourtant, de son vivant
même ou juste après la mort de Dante, de nombreux États italiens
adoptèrent une législation <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhW-MgzC3aBAeIzuaPcx8EClZq2jRsCN_uXKi28CJ8CTsat-zL8Xa2byZLMl1Q-Qd_jwK2i7wHqptYC3T7I1tcg8-hppECS3YfSZT4FNioglUzxor2xa5euUq3p7BL_GudZSCNWgsPdBa6y/h120/5513768986_0677da34d5_z.jpg">punissant</a> sévèrement les actes
homosexuels. La position du poète était théologiquement correcte,
mais l'hostilité viscérale contre la passion érotique homosexuelle
était déjà très marquée dans l'ensemble de la population</i>».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote6sym" name="sdfootnote6anc"><sup>6</sup></a>
Sa vision n'était donc pas originale puisque, «<i>à la fin du
XIIe siècle, un moine eut une vision des malheureuses âmes expiant
leur comportement homosexuel au Purgatoire. Il fut fort étonné d'y
découvrir un grand nombre de femmes</i>».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote7sym" name="sdfootnote7anc"><sup>7</sup></a></span></p><span style="font-size: small;">
</span><span style="font-size: small;">
</span><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;">Pourtant, Dante avait déjà placé
des sodomites en Enfer (chants 14-16), alors comment et pourquoi les
retrouve-t-on à nouveau au Purgatoire, et dans le cercle placé le plus près
de l'accès au Paradis? La </span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhH5RjkI4Wun8ubqB4PqqWf6sk7zt_-bhsiXI5-IHSVa4UwD46DEjTwIlPNqBVbSQLwrbK3QjG_iJTafRiIx0RJ8s86cjVZ0yQhN5xYNxc6PI3s6s2Ll02fcqzYPv078qyuT_sOrE6IDgkF1S3XcBHKCHWhnNiwHgjlf5JtJvh2-nUF2yfbtlq5oDLOGg/s800/coloriage-mariage.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="450" data-original-width="800" height="180" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhH5RjkI4Wun8ubqB4PqqWf6sk7zt_-bhsiXI5-IHSVa4UwD46DEjTwIlPNqBVbSQLwrbK3QjG_iJTafRiIx0RJ8s86cjVZ0yQhN5xYNxc6PI3s6s2Ll02fcqzYPv078qyuT_sOrE6IDgkF1S3XcBHKCHWhnNiwHgjlf5JtJvh2-nUF2yfbtlq5oDLOGg/s320/coloriage-mariage.jpg" width="320" /></a>réponse se trouverait-elle dans ces
unions homosexuelles que Boswell retrace depuis la
Haute-Antiquité jusqu'à leur effacement à partir du XIIIe siècle?
Car le mariage homosexuel n'est pas une invention récente. Il
existait depuis aussi longtemps que les mariages hétérosexuels. La
difficulté provient sans doute que les termes hétéro et
homosexuel ne se concevaient pas avant la toute fin du XIXe siècle,
même si les unions entre un homme et une femme et les unions entre
deux hommes se pratiquaient couramment sur une échelle comparable.
«<i>Le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEif70Qaxns-nx_LP-3baA5Qt3jsPVqELwWSgtnQ9ttsBEOZCrvB1MzBfqi0d_J6PGJ73mFkmtOZeTjtADVM0AgsE5fWJD5qDxJSCsjLK8g50sxGONQywy1LSvP3RY-DBYfFNh0X2VNPFroz/h120/coloriage-mariage.jpg">mariage</a> est (pour le meilleur ou pour le pire, en fonction de
leur point de vue) un phénomène hétérosexuel </i>par essence».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote8sym" name="sdfootnote8anc"><sup>8</sup></a>
Il s'accomplit dans le but ultime de la procréation. C'est ainsi que
nous le comprenons encore dans l'Occident moderne, mais il en a pas
toujours été le cas.</span></p><span style="font-size: small;">
</span><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right; margin-left: 1em; text-align: right;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjMqSyrMYNnVB1VPHMr4XbXws8bs38MDy4RtCkiYmx6aL6XwR7feJ2Qrn8l_zemNHIcevk53kuRNpovxpBo9pbeCcxb2fUJxfFH2Xf8_v4mQDA6qtMUR_mRhp3SaJX8zb8fOuxy-jS_pVqu8CoQmoc_PAK3ehBOYna95-rdCKTO565_8BeInvISmM-XEw/s250/John_Boswell.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="250" data-original-width="200" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjMqSyrMYNnVB1VPHMr4XbXws8bs38MDy4RtCkiYmx6aL6XwR7feJ2Qrn8l_zemNHIcevk53kuRNpovxpBo9pbeCcxb2fUJxfFH2Xf8_v4mQDA6qtMUR_mRhp3SaJX8zb8fOuxy-jS_pVqu8CoQmoc_PAK3ehBOYna95-rdCKTO565_8BeInvISmM-XEw/w320-h400/John_Boswell.jpg" width="320" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">John Boswell (1947-1994)<br /></td></tr></tbody></table><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;">Les jugements portés par les
anthropologues, les spécialistes du droit antique ou les historiens
sur ces unions de gens du même sexe se sont toujours révélés
négatifs. Bien que la terminologie utilisée par les rédacteurs des
codes de lois visait l'attraction sexuelle que contenaient ces
unions, ils ont préféré juger tendancieusement ou carrément
détourner le sens des contrats, des serments et des célébrations
rituelles de ces unions. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh0VosLOxhOgf5Fu0EWt-lH8jQ3Pe5rC4TX179MRITMeJUHerc2qtEXxmyk1khw_1X9y-oeKCYeRYj1TzHf1zf4zQvRvvQif2ysb18HnJf_3G1vVazrGqFqlTuSx3AKHzS2US78PO5tvL7H/h120/John_Boswell.jpg">Boswell</a> rappelle d'ailleurs «<i>que les
êtres humains sont rarement certains de la nature exacte de leurs
sentiments. Cette ambiguïté a été abondamment traitée par la
culture populaire occidentale, en même temps que le thème réaliste
de l'inconstance : les sentiments les plus forts et les plus stables
en apparence ne sont pas à l'abri de volte-face soudaines et
imprévisibles</i>».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote9sym" name="sdfootnote9anc"><sup>9</sup></a>
Aussi trouvons-nous dans le cours de ces unions des séparations, des
divorces, des mesures d'adoption, les symboles et les signifiances
que nous retrouvons habituellement dans les mariages de couples
hétérosexuels.</span></p><span style="font-size: small;">
</span><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj8vkgOuNJCUFxuIwX--PN6sog8DwK7U-Z6cHZv4BfOPKIlcGGz9Uqf9ckNFy1B1gV2cei5zXLfEK_1kQSqis8wjvNnHk7tUZpKGVAmuyHJlacXRjmnujwbnKavPTSxKm4EsVMtqd8y6pa9pDWKUmJEQw1zBq_UkFPCUck51JEDPsf73VMmbOLqSwwWOQ/s290/200px-Demosthenes_Chiaramonti_Inv1555.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="290" data-original-width="200" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj8vkgOuNJCUFxuIwX--PN6sog8DwK7U-Z6cHZv4BfOPKIlcGGz9Uqf9ckNFy1B1gV2cei5zXLfEK_1kQSqis8wjvNnHk7tUZpKGVAmuyHJlacXRjmnujwbnKavPTSxKm4EsVMtqd8y6pa9pDWKUmJEQw1zBq_UkFPCUck51JEDPsf73VMmbOLqSwwWOQ/w276-h400/200px-Demosthenes_Chiaramonti_Inv1555.jpg" width="276" /></a>Le tribun athénien <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhdOdfcfBI8dQ5BCV0nTFhs5WjIkdDGLVsjB1qo2lAKj0id3rSkn0L9CIkSgFwExH15EZbtaWlGmw88yJ3IATQgVyfTUsx2b8PCHMNAuZ4HiM6f2T-vSJZq86gL1MenGVqrhlMVB_yLwMFn/h120/200px-Demosthenes_Chiaramonti_Inv1555.jpg">Démosthène</a>
(384-322 av. J.-C.), dans le <i>Contre Nearea, </i>déclarait :
«<i>Voilà ce qu'être marié veut dire : avoir des fils que l'on
puisse présenter à sa famille et aux voisins, et avoir des filles à
soi que l'on puisse donner à des maris. Car nous avons des
courtisanes pour le plaisir, des concubines pour satisfaire nos
besoins physiques quotidiens et des épouses pour porter nos enfants
légitimes et pour être les fidèles gardiennes de nos foyers</i>».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote10sym" name="sdfootnote10anc"><sup>10</sup></a>
Foin de questions sexuelles dans le mariage! Dion Cassius (155-235
apr. J.-C.), cinq siècles plus tard, renchérissait : «<i>Car
qu'existe-t-il de mieux qu'une épouse chaste, femme d'intérieur,
bonne ménagère et qui élève les enfants; une épouse pour te
réjouir quand tu es bien portant, te soigner quand tu es malade,
s'associer à ton bonheur, te réconforter dans le malheur; pour
refréner la folle passion de la jeunesse et adoucir les rigueurs
inopportunes de la vieillesse? Et n'est-il pas délicieux de
reconnaître un enfant qui partage les dons de ses deux parents?</i>».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote11sym" name="sdfootnote11anc"><sup>11</sup></a>
Autant dire que l'usage de l'épouse <i>chaste </i>visait à apaiser
les tourments de la sexualité qui hantent généralement le jeune
âge!</span></p><span style="font-size: small;">
</span><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEihMiqM9kp2JX9lrjUkTtFifU9uXD1KlafbbZc_GEcUY9VGZ9eQy1gTEmEusXw3kfgwKyi6E8XwjEiIuCIroCVbquJgsJfBeVFsLVvBcHB3WmQUSlYe7KJvPvIvmbZhTKuNDdr5TgnI2G5CCT4KfG0UGDvgMegNJDTKmkZfAbiDbfCQlbDDjI-Tl0pYKw/s299/septime-sc3a9vc3a8re.webp" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="299" data-original-width="226" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEihMiqM9kp2JX9lrjUkTtFifU9uXD1KlafbbZc_GEcUY9VGZ9eQy1gTEmEusXw3kfgwKyi6E8XwjEiIuCIroCVbquJgsJfBeVFsLVvBcHB3WmQUSlYe7KJvPvIvmbZhTKuNDdr5TgnI2G5CCT4KfG0UGDvgMegNJDTKmkZfAbiDbfCQlbDDjI-Tl0pYKw/w303-h400/septime-sc3a9vc3a8re.webp" width="303" /></a><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhH8rlxUeTOhkLvHYcdVjKNJhMUNSY7AxBmTR5rkU2fA9t6Nhe6kMYbQDX8Xskx8PaW3vKZhWsUZLrAbVPcO_7r4K_NxKBDvYJcicCSx4uklgol7Ybm-QrZJR4svA3HroOqYNf-qAnAwjBL/h120/septime-sc3a9vc3a8re.webp">Dion Cassius</a> écrivait à une
époque où se développait déjà une première répression sexuelle
depuis les lois restrictives formulées par l'empereur Auguste
(1<sup>er</sup> siècle de notre ère). C'est alors que triomphait
«<i>le modèle de mariage hétérosexuel le plus courant dans toutes
les sociétés méditerranéennes (et l'unique forme légale à
Athènes et à Rome) était la monogamie : un couple formé d'un homme
et d'une femme. Ces unions n'étaient souvent accessibles
officiellement qu'aux classes possédantes, mais les relations
monogamiques permanentes que nouaient des membres des classes
inférieures étaient, semble-t-il, considérées tout à fait
analogues</i>».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote12sym" name="sdfootnote12anc"><sup>12</sup></a>
- «<i>Dans la mesure où les Romains ne lui demandaient pas de
satisfaire leurs besoins érotiques, le dévouement et le bonheur
conjugaux ne dépendaient pas (et ne révélaient pas) de tendances
sexuelles particulières (comme cela pourrait être le cas dans les
sociétés modernes, où le choix d'un conjoint est essentiellement
dicté par des considérations de satisfaction sentimentale et
sexuelle); être amoureux d'une autre personne que son épouse
n'avait évidemment pas la même signification pour un Romain que
cela en aurait pour un Américain</i>».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote13sym" name="sdfootnote13anc"><sup>13</sup></a>
On comprend <i>l'inquiétante étrangeté </i>que les unions du même
sexe peuvent susciter chez les
lecteurs actuels.</span></p><span style="font-size: small;">
</span><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;">Cette <i>étrangeté </i>résiderait
dans le fait qu'alors, «<i>beaucoup espéraient que l'amour </i>naîtrait
<i>du mariage (et non pas le provoquerait</i>»,<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote14sym" name="sdfootnote14anc"><sup>14</sup></a>
ce qui est le cas de nos sociétés modernes. Cette espérance que
l'amour naîtrait de la cohabitation des ménages s'est perpétuée,
surtout dans les milieux populaires, jusque tard au XXe siècle. «<i>Et
si le mariage était censé satisfaire les besoins sexuels, ce
n'était pas parce qu'on avait choisi un(e) partenaire qui
correspondait exactement à ses goûts en la matière, mais parce que
les époux tenaient compte de leurs désisrs respectifs et limitaient
volontairement le champ de leur sexualité au mariage. Avant le
Bas-Empire, les époux véritablement "amoureux" l'un de
l'autre étaient considérés comme exceptionnels et même comme une
bizarrerie</i>».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote15sym" name="sdfootnote15anc"><sup>15</sup></a>
Ce qui torpille nos représentations romanesques des amours passées.</span></p><span style="font-size: small;">
</span><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;"></span>
</p><span style="font-size: small;">
</span><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiQwQwe2uTjZzUitbNiiBybenRlt3jWCNXY-FQjxxlOEmelOndjpSLK1p2ut5W9WStvH7-wq1u9KrFdhppFFlkU-oIkl6aRuexaIMmnAT8L0yhOLvPlZAT4uJeBdkfd3c3NSVk3ebsi-mvmUKpEVWhA2pVLXIyTMwUULmd4lBUI3K1ZXTGkLkTrulLHaw/s266/220px-El-matrimonio-romano.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="266" data-original-width="220" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiQwQwe2uTjZzUitbNiiBybenRlt3jWCNXY-FQjxxlOEmelOndjpSLK1p2ut5W9WStvH7-wq1u9KrFdhppFFlkU-oIkl6aRuexaIMmnAT8L0yhOLvPlZAT4uJeBdkfd3c3NSVk3ebsi-mvmUKpEVWhA2pVLXIyTMwUULmd4lBUI3K1ZXTGkLkTrulLHaw/w331-h400/220px-El-matrimonio-romano.jpg" width="331" /></a>Le sexe, le désir et le plaisir ne
définissaient donc pas les unions matrimoniales romaines.
«<i>L'expression classique du droit romain déclare que "c'est
le consentement et non l'union sexuelle qui fait le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj7u1Amo1Zp7Ms3Vv0-cTy1GGWJmPERmVULc5oG9vzoM_gOW_4rhYf-XQgU9rUsU7EN853qR2496d_hC2Q-WvfWj1wzlMG0eMjfQNmI3PQVb4C9TsjVeHgbvIjT2aH5KOdooYQRc_CCQPZG/h120/220px-El-matrimonio-romano.jpg">mariage</a>"
("</i>nuptias non concubitus sed consensus facit"<i>) </i>[...]
<i>Ce qui compte d'abord, c'est le consentement de </i>toutes <i>les
parties intéressées dans ce mariage - c'est-à-dire non seulement
celui des futurs époux, mais aussi celui de leurs tuteurs légaux
</i>[...]. <i>Et, chose peut-être plus importante à nos yeux, le
"consentement" de la fiancée est </i>présumé <i>tant
qu'elle ne protesta pas officiellement, ce qui lui aurait été fort
difficile et ne constituait de véritable obstacle que si l'on
pouvait prouver que le fiancé était "indigne" ou "abject"
- autrement dit, le mariage ne dépendait </i>pas <i>simplement de
ses vœux ou de ses préférences</i>».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote16sym" name="sdfootnote16anc"><sup>16</sup></a>
Le consentement concernait moins les partenaires que les intérêts
familiaux dans la conclusion du contrat de mariage.</span></p><span style="font-size: small;">
</span><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;">Il en allait des unions de même
sexe que des unions hétérosexuelles. Depuis l'époque de la Grèce
archaïque (celle d'Homère), Boswell retient trois </span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhM6X_oD7uY0A8Tr33QqQH31tRWcfhmdX3U9DNS7HjOXYryPCUvW4zGKs9jSOxt0xDaprJlLKHuFiMSTZQ1s4GR2dRbF_May2RRwtuI7evLbEmD90LQ2lEUmJy0vQfy6BkxfKYPiirxTHfAKeE_-icd_zWOnc_wrh-LXsuuNFN5WRKlXKV1JfHU6_oFbA/s247/index.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="247" data-original-width="204" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhM6X_oD7uY0A8Tr33QqQH31tRWcfhmdX3U9DNS7HjOXYryPCUvW4zGKs9jSOxt0xDaprJlLKHuFiMSTZQ1s4GR2dRbF_May2RRwtuI7evLbEmD90LQ2lEUmJy0vQfy6BkxfKYPiirxTHfAKeE_-icd_zWOnc_wrh-LXsuuNFN5WRKlXKV1JfHU6_oFbA/w330-h400/index.jpg" width="330" /></a></span>types d'unions en
bonne et due forme. La première nous est relatée par le géographe </span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg7_iFDAm2jCjxla0ttsRWeCVipdQhxmmOwmugS36vSpkGrEgIjXaLG2Qyr-cayTxEP7ESgSqNzrrnFq8Hd7vz6r6Tz-HAid0V4RIgi5oHdoKhbNKCNXLvpI2rrs-cvgcKmYW9c0IzANM8P/h120/index.jpg">Strabon</a> (60 av. J.-C-20 apr. J.-C.) qui rapporte une cérémonie
d'enlèvement rituel établissant une relation légale entre amants
de sexe masculin, la fameuse <i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEimzgowOvhY8jqe0K9TwFYgxHcD3uOhjH9yOMNyhEtMkZDp0L-Cd-qG3tkw-ipSffE0gBuLThtd1V-F2rF3rY9KoQvVoeb8UMPIkkZFgtR4JQgiYxY12S1IkCRQU4BzI5iQy2q8WLtbi35W/h120/220px-Youth_leopard_skin_Staatliche_Antikensammlungen_2639.jpg">cryptie</a> </i>crétoise. Dans le récit
de Strabon, «<i>hormis l'enlèvement lui-même, nous retrouvons ici
tous les éléments de la tradition européenne du mariage : témoins,
cadeaux, sacrifice religieux, banquet public, coupe, changement
rituel de costume pour l'un des partenaires, changement de position
sociale pour les deux, et jusqu'au voyage de noces. La déclaration
publique au cours du banquet préfigure ce qui allait devenir
l'élément essentiel du mariage dans le droit romain et chrétien :
une déclaration de consentement à l'union (Cf. la formule moderne :
"Acceptez-vous de prendre...?")</i>».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote17sym" name="sdfootnote17anc"><sup>17</sup></a>
On ne doit toutefois pas écarter le fait que l'enlèvement d'un
<i>éromène </i>- jeune homme à la limite de la puberté - par un
<i>éraste </i>- homme adulte, souvent invité par le père même du
plus jeune à opérer l'enlèvement -, était doublé d'un rite
initiatique de la chasse et de la guerre, occupations essentielles
des nobles grecs.</span></p><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;"></p><span style="font-size: small;">
</span><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;">Le second type d'union provient de
la description d'une cérémonie que <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhZUXKp5xMmtjH7DZ6i7q-DiphxOS8ZJ3SfNaWJwUqYJPKAGk2G_6NrnOV_4BlIBY-kuKzDT-AsT94Y1tVI_fH0v9dUey6U13wvXZbju2r0U4Y4lGwZr-RXJ4075H03qXyMcyAmrIbE4TC3/h120/Lucianus.jpg">Lucien de Samosate</a>, célèbre
voyageur du II<sup>e</sup> siècle de notre ère, donnait des Scythes
qui occupaient le littoral nord de la mer Noire </span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg7IJfWh2oN5NOpIE9yVuETjzSvGyhsatBtQQCY6eTEBMxEdqA-iv6klMQIDpnlB4moOdXI7dmQleuJahT5TmrVbusQgKuNg_wlefGPGChZzLHUhB8IuQMWQIPPlZqKydxkqjEbA6hopCRRBDXO5Hg8CI6joPKFMAq5HYBK5-9cAu5AzyhZU1C9p1tkjA/s332/Lucianus.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="332" data-original-width="208" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg7IJfWh2oN5NOpIE9yVuETjzSvGyhsatBtQQCY6eTEBMxEdqA-iv6klMQIDpnlB4moOdXI7dmQleuJahT5TmrVbusQgKuNg_wlefGPGChZzLHUhB8IuQMWQIPPlZqKydxkqjEbA6hopCRRBDXO5Hg8CI6joPKFMAq5HYBK5-9cAu5AzyhZU1C9p1tkjA/w250-h400/Lucianus.jpg" width="250" /></a></span>(Crimée actuelle).
Dans un dialogue avec un Grec, le Scythe prétend : «<i>Nous
considérons comme bienvenu dans l'amitié la même chose que vous, à
propos du mariage - faire une longue cour et tout ce genre de choses
afin d'être assuré de conquérir l'ami et de ne pas être repoussé.
Et quand un ami a été préféré à tous les autres, on dresse des
contrats à cette fin et on s'engage par serment solennel à vivre
ensemble, et à mourir, s'il le faut, l'un pour l'autre, ce que nous
faisons. À partir du moment où nous nous sommes tous deux entaillé
le doigt et avons laissé le sang couler dans une coupe, où nous y
avons plongé la pointe de nos glaives et y avons bu l'un et l'autre,
rien ne pourrait défaire ce qui nous lie. Il n'est pas permis de
conclure de tels contrats plus de trois fois, car un homme qui aurait
de nombreuses relations de ce genre nous fera le même effet qu'une
femme dissolue et adultère, et nous ne considérerions pas que son
dévouement fût aussi fort s'il était partagé entre plusieurs
affections</i>».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote18sym" name="sdfootnote18anc"><sup>18</sup></a>
Le rite, ici, doublé du serment de sang, partageait avec le mariage
hétérosexuel l'usage d'une coupe à boire très répandu dans la
Méditerranée antique, tandis que «l<i>'absorption du sang d'autrui
(au sens propre ou figuré) est au cœur de nombreuses cérémonies
méditerranéennes dotées de significations très diverses, parmi
lesquelles l'Eucharistie chrétienne</i>».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote19sym" name="sdfootnote19anc"><sup>19</sup></a></span></p><span style="font-size: small;">
</span><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;">Un troisième type d'union
homosexuelle «<i>mettait en jeu la pratique juridique de l'"adoption
collatérale" : un homme en adoptait un autre comme frère, soit
</i>de facto <i>(comme dans le </i>Satyricon <i>de </i></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><i>Pétrone) soit
officiellement, d'une manière ou d'une autre</i>».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote20sym" name="sdfootnote20anc"><sup>20</sup></a>
L'<i>adoptio </i>était un rite fréquent dans la </span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiAt_4ec_HzfN-1Rh0f_yAUtJrFqkRkobsNo844yexk5Y8EUe6KPQmeD4vXqaCBDgA8V-1HRFFZfeR_lFS_-siu81RS9R0dVxl-mwbN9gHkEAgBcgsoVNdy1dPnse43ra41C6BC1k6-gq18wJdVdjFzpGuojJmKv4u-6hr0kWWeadl5wzFdYyJADbtyMA/s444/04a354348691c7f15f9bfd483bea4245_200-36555ca160dba6ed8d2dcb9e28ce049c.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="444" data-original-width="200" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiAt_4ec_HzfN-1Rh0f_yAUtJrFqkRkobsNo844yexk5Y8EUe6KPQmeD4vXqaCBDgA8V-1HRFFZfeR_lFS_-siu81RS9R0dVxl-mwbN9gHkEAgBcgsoVNdy1dPnse43ra41C6BC1k6-gq18wJdVdjFzpGuojJmKv4u-6hr0kWWeadl5wzFdYyJADbtyMA/w180-h400/04a354348691c7f15f9bfd483bea4245_200-36555ca160dba6ed8d2dcb9e28ce049c.jpg" width="180" /></a></i></span></span>Rome antique : «<i>Au
début de l'Empire, des hommes commencèrent à prendre des </i>frères
<i>adoptifs (et non plus des fils), qui devenaient ainsi leurs
héritiers mais non leurs enfants. Il suffisait pour ce faire d'une
déclaration devant témoins - aucune autre subtilité juridique
n'était requise (Notez la similitude avec le mariage hétérosexuel
romain.) "Nul ne doute, écrivait le juriste <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgsvRVsGsQWmYxZ5v5fQnHAW3-bsf2J5grA6kh702m_JqH7KI7UJfR5qiYUCkJ_fq5bYnymiphrZ3vfVbT2X0ahHYJOsauHKFmGZlvr7b5z7duZuKEisOv0ytrROct5ZrzJox7cuhysiGA3/h120/04a354348691c7f15f9bfd483bea4245_200-36555ca160dba6ed8d2dcb9e28ce049c.jpg">Julius Paulus</a> </i>[dans
le contexte spécifique de l'adoption fraternelle]<i>, que quelqu'un
puisse être correctement désigné comme héritier de la sorte :
"Que cet homme soit mon héritier", pourvu que la personne
ainsi désignée soit présente". L'adopté jouissait ainsi d'un
droit sur les biens et sur la succession de celui qui l'avait pris
pour frère - d'un droit plus important même que celui d'un frère
biologique, car il y avait généralement, en l'occurrence, plusieurs
héritiers -, et les deux personnes concernées nouaient ainsi une
relation légale; cependant, le frère adoptif ne se plaçait pas
sous l'autorité ni sous la tutelle de celui qui l'adoptait, et ne
changeait probablement ni de nom ni de statut</i>».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote21sym" name="sdfootnote21anc"><sup>21</sup></a><sup> </sup>La dimension contractuelle et
légale de l'adoption la faisait la plus ressembler au mariage
hétérosexuel, quoique les deux partenaires conservassent une
autonomie dont ne jouissait pas l'épouse. «<i>Dans la mesure où
l'expression "adopter un frère" désignait spécifiquement
sous l'Empire l'instauration d'une relation avec un amant homosexuel
et où les hommes de ce temps considéraient le mariage hétérosexuel
comme une sorte d'adoption collatérale - l'épouse devenant, par
essence, une sœur -, il paraît évident que ces adoptions étaient
considérées comme un moyen d'ancrer juridiquement des unions
homosexuelles</i>».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote22sym" name="sdfootnote22anc"><sup>22</sup></a>
La nature essentiellement sexuelle de l'adoption <i>fraternelle
</i>distinguait également du mariage hétérosexuel où les aspects
affectif et sexuel étaient secondaires.</span></p><span style="font-size: small;">
</span><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;"></span>
</p><span style="font-size: small;">
</span><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;">Le passage au christianisme
ne changea pas grand chose dans la mesure où le rituel
matrimonial ne s'adapta que progressivement aux exigences de la nouvelle religion, qui ne reconnut la sacralité du mariage que très
tardivement - ce n'est qu'en 1215, au IV<sup>e</sup> concile du
Latran tenu sous Innocent III, que le mariage devint l'un des sept
sacrements -; entre temps, les rites d'enlèvement et d'échange des
sangs se </span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhUKVLbVZ8TA1HZvFJeTIZfX-SasmZ-_JzvG3EN_1AUPxq67GnwIeSiAFNe_6YC_pt1pVJaPBbIJ3MboZzBH235bDKc-gyvGhEKelzLpWImG9pMPqhuGyPq4moZy4Tt3Xb2xn8iWzrPHZgGBCYds9G0zmOyaWfsBCsDT0LOLqb1bW4rbyM93qO8ynhggg/s330/Nantes_musee_dobree_maitre_fils_prodigue.JPG" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="237" data-original-width="330" height="288" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhUKVLbVZ8TA1HZvFJeTIZfX-SasmZ-_JzvG3EN_1AUPxq67GnwIeSiAFNe_6YC_pt1pVJaPBbIJ3MboZzBH235bDKc-gyvGhEKelzLpWImG9pMPqhuGyPq4moZy4Tt3Xb2xn8iWzrPHZgGBCYds9G0zmOyaWfsBCsDT0LOLqb1bW4rbyM93qO8ynhggg/w400-h288/Nantes_musee_dobree_maitre_fils_prodigue.JPG" width="400" /></a>poursuivirent en Orient comme en Occident. L'usage des concepts de <i>frère </i>et de
<i>sœur</i> embrouillait la juste signification de la nature
de ces liens. S'inspirant du livre biblique de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgqUJM2jnfE44KCrLI7v5-aj1aZLyqbKSE13aKl9S9AmkQ7kqod4FSITw0JuappYmjfuSLYl0QWaaLQ9FBIt1bHymBrn-A9SAe6tTWUxWn4n5_GaYnhSiqoKoYalWVOueINcOJhdv_5js8R/h120/Nantes_musee_dobree_maitre_fils_prodigue.JPG">Tobie</a>, œuvre
familière à l'ensemble des chrétiens cultivés, «<i>"sœur"
et "frère" sont utilisés dans des contextes aussi bien
érotiques que non érotiques : le "fiancé" emploie le
terme "sœur" dans un sens manifestement érotique associé
directement à celui d'"épouse"; mais à la fin (8.8), le
même mot est employé dans ce qui fait figure de description d'une
relation familiale : "Nous avons une petite sœur, et elle n'a
point de sein". De même, la femme dit (8.1) "Ô que
n'as-tu été comme mon frère, qui tétait les seins de ma mère!
Afin que te trouvant dehors, je puisse t'embrasser; et que je ne sois
pas méprisée". N'est-il pas curieux de penser dans ce
contexte, que si l'homme aimé - qu'elle appelle "frère"
d'un bout à l'autre - puisse être désigné ou considéré comme un
frère </i>biologique<i>, elle soit en mesure dans ce cas de
l'embrasser ouvertement sans provoquer de scandale, bien que son
intérêt pour lui n'ait strictement rien de "fraternel" -
dans ce sens?</i>».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote23sym" name="sdfootnote23anc"><sup>23</sup></a></span></p><span style="font-size: small;">
</span><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;">On conçoit assez facilement la
confusion qui se dégage de ces usages ambiguës entre <i>frère </i>et
<i>amant </i>: «<i>Avec le temps, l'association entre "sœur"
et "épouse" déteignit également sur ces accommodements,
et </i></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiDF086DgtwmmRjjNO-DJf6RjVF6EY_aoG2AUynssqOAiNM4v8jXpS1__V2nELoS9HniYE2qyWZN3OJaC27E4GeZektoNUTcgbi435_rOwiklqqwZ4ugBYUaMsibjk5hoCPLeNQDIL_nn_9EVb9aI6vdoFvKxo1iouTM8iLDj0GRbfpxL4P_3esMFrPcg/s800/30_mai_jsus_et_jean_anvers_.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="800" data-original-width="558" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiDF086DgtwmmRjjNO-DJf6RjVF6EY_aoG2AUynssqOAiNM4v8jXpS1__V2nELoS9HniYE2qyWZN3OJaC27E4GeZektoNUTcgbi435_rOwiklqqwZ4ugBYUaMsibjk5hoCPLeNQDIL_nn_9EVb9aI6vdoFvKxo1iouTM8iLDj0GRbfpxL4P_3esMFrPcg/w279-h400/30_mai_jsus_et_jean_anvers_.jpg" width="279" /></a>ces femmes prirent le nom d'"aimées" ou de "sœurs".
Bien que cette dernière appellation ait probablement joué de
l'ambiguïté de ce terme à double sens, un sens chaste, charitable,
auquel songeaient les chrétiens lorsqu'ils s'appelaient frères et
sœurs, et un sens érotique, conjugal - dans la mesure où ces
arrangements étaient parfois considérés comme des "mariages
spirituels" -, l'emploi de "sœur" dans ce contexte
marquait clairement la désapprobation et donnait à entendre que
toute implication conjugale n'était pas absente"</i>».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote24sym" name="sdfootnote24anc"><sup>24</sup></a>
Cette confusion allait jusqu'à brouiller la compréhension même des
textes évangéliques, surtout dans les relations entre Jésus et ses
disciples. Ainsi, que penser du couple formé par <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhVx_6qaUn-edExKnNX4hl1xDz87f7rogSmWDQNZXjd6mW3SlhOB903Lo1WaSaGH3Fk-yFSc2mtF4zbj5jdox898i1KWBfJQtYYb8_jQuzMywCuPD8CzwNLSAyge71jZmABJV5z4HVE9jte/h120/30_mai_jsus_et_jean_anvers_.jpg">Jésus et Jean</a>, son
<i>disciple bien-aimé</i>? Sur ce point, Boswell soulève un
doute choquant pour la plupart des chrétiens : «<i>L'art et la
littérature des époques ultérieures </i>[surtout au Haut Moyen
Âge] <i>ont souvent représenté leurs relations comme intimes,
sinon comme érotiques. Jean se désigne lui-même par six fois comme
"le disciple que le Christ aimait", ce qui incite à se
demander si, du point de vue de Jean, Jésus n'"aimait" pas
les autres apôtres. En tout état de cause, il voulait probablement
dire que Jésus lui vouait une </i>affection particulière. <i>Ce
lien privilégié est confirmé par le fait que Jésus mourant
demanda à Jean de veiller sur sa mère, une situation qui n'est pas
sans rappeler ce qui se passait dans le cas où l'une des parties
d'un couple marié mourait avant l'autre. (Elle suggère aussi,
implicitement, que Jésus et Jean étaient "frères" -
puisqu'ils en vinrent à partager la même mère - en un sens qui
allait au-delà de la "fraternité" liant tous les apôtres
et tous les chrétiens)</i>».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote25sym" name="sdfootnote25anc"><sup>25</sup></a>
On comprend qu'une telle interprétation soit loin de faire
l'unanimité parmi les exégètes!</span></p><span style="font-size: small;">
</span><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjcxuRxztinW5FEo4-CnH5qrczDn5sZDzfMdwGtcu3NLRxZRTM-w1VBxns-C_csqp4imF5PhD54WSCVnLW9u_WMox0v-5kd4bMzjOX59p5p97AXkYB-QIpYwh1PRz3BS7YHRRt_TpOkBiHQq9o0eEC2EQxwRyQGuUSxuiPYhIplvPnfSNaQdZyRem-84A/s300/fecc81licitecc81-et-perpecc81tue.webp" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="300" data-original-width="259" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjcxuRxztinW5FEo4-CnH5qrczDn5sZDzfMdwGtcu3NLRxZRTM-w1VBxns-C_csqp4imF5PhD54WSCVnLW9u_WMox0v-5kd4bMzjOX59p5p97AXkYB-QIpYwh1PRz3BS7YHRRt_TpOkBiHQq9o0eEC2EQxwRyQGuUSxuiPYhIplvPnfSNaQdZyRem-84A/w345-h400/fecc81licitecc81-et-perpecc81tue.webp" width="345" /></a>L'instauration du christianisme ne
détourna pas les rites traditionnels d'union de même sexe. Cette
pratique s'illustrant surtout dans le monde des officiers
militaires, elle perpétuait le souvenir du Bataillon sacré de
Thèbes. Dans le martyrologue, on vit apparaître des couples unis
étroitement et de même sexe. Boswell retient le récit du martyre
des saintes romaines <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjFWMQEDGv1V93R2FcgofL5ACQOA9NIuQnpBOSgfvL3EWX2yF1aISr7VRI26pLSUSCxf1wvrSZhyphenhyphen6gPt2PYHDx-8lIn1h61y-AhXGuLPm3PrzodfwtmFownSf_aRGKrvlQYfcZviN4kVeAo/h120/fecc81licitecc81-et-perpecc81tue.webp">Perpétue et Félicité</a> (martyres à Carthage en
203); ceux de Polyeucte et de Néarque (259), mais surtout de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgH4l4-zt9-SYMZITyVVCALFjaAwJYmbfzztHNUIiBPDHBF8CjuGAy5SAVz8jXY-Qll4tPzcdUZZS1JcudqBzRXMiK4ghF_OCQLdKE5g84ZvPkgqEZmd0yHthyaXdHiBoM5VkAXuFJXVIa7/h120/Sergebac7thcentury.jpg">Serge et de Bacchus</a> martyrisés sous l'ordre d'Antiochus en Syrie (300). Bacchus est d'abord condamné au fouet à mort
jusqu'à épuisement de ses bourreaux : «<i>...le bienheureux Serge,
profondément affligé et chagriné par la perte de Bacchus, pleurait
et se lamentait : "Frère, compagnon d'armes, plus jamais nous
ne chanterons ensemble 'Voyez comme il est bon et comme il est
agréable que des frères demeurent, ne faisant qu'un!' Tu as été
détaché de moi et tu es monté aux cieux, me laissant seul sur
terre, désormais solitaire, sans réconfort". Après qu'il eut
prononcé ces mots, la même nuit, le bienheureux Bacchus apparut
soudain devant lui, le visage radieux comme celui d'un ange, vêtu
d'un uniforme d'officier et il lui parla : "Pourquoi te
chagriner, pourquoi pleurer mon frère? </i></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><i>si mon corps t'a été
enlevé, je reste auprès de toi dans le lien de l'union, chantant et
récitant : 'Je suivrai la voie de tes commandements, lorsque tu
dilateras mon cœur'. Hâte-toi donc, frère, par une </i></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><i><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEin8tZ56PMbVojlgO5MnRO_ni_DqQ_fjvaJ8_Yr_h9v2D5rRgQ9Ergb-gtIWV4DBYmH403JYpzYZyQvkuAW1MboBIn3Gw4Cy28WLHuFm8JhcyJblwje1txyIgo1gGuKnhDAMinG-4A-ApYT7X_09BaVVVzRdR4gx5RMYvDMDxQ48fcPm_jBGdnsRsqFAA/s452/Sergebac7thcentury.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="303" data-original-width="452" height="269" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEin8tZ56PMbVojlgO5MnRO_ni_DqQ_fjvaJ8_Yr_h9v2D5rRgQ9Ergb-gtIWV4DBYmH403JYpzYZyQvkuAW1MboBIn3Gw4Cy28WLHuFm8JhcyJblwje1txyIgo1gGuKnhDAMinG-4A-ApYT7X_09BaVVVzRdR4gx5RMYvDMDxQ48fcPm_jBGdnsRsqFAA/w400-h269/Sergebac7thcentury.jpg" width="400" /></a></i></span>confession
entière et parfaite de me chercher et de m'obtenir, lorsque tu auras
achevé ta course. Car pour moi, la couronne de la justice est d'être
avec toi"</i>».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote26sym" name="sdfootnote26anc"><sup>26</sup></a>
Et Boswell de souligner l'incongruité de
«<i>la promesse de Bacchus, disant à Serge que, s'il suivait son
exemple, le Seigneur lui accorderait en récompense non pas la vision
béatifique, non pas les joies du Paradis ni même la palme du
martyre, mais Bacchus en personne, cette promesse était pour le
moins remarquable selon les critères de l'Église primitive. Elle
accordait en effet à l'affection humaine une priorité sans
parallèle au cours du premier millénaire du christianisme. Ajoutons
que Serge et Bacchus n'étaient pas des frères biologiques - et
personne n'a jamais prétendu qu'ils l'étaient -, si bien que le
terme "frère" doit être entendu comme le reflet de
l'usage antique des subcultures érotiques ou de l'usage biblique
(particulièrement dans les versions grecques). En tout état de
cause, il possédait de fortes connotations érotiques</i>».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote27sym" name="sdfootnote27anc"><sup>27</sup></a></span><br /></p><span style="font-size: small;">
</span><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;">Et c'est ainsi que «<i>pour les
générations suivantes, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj70ndoehzmx6wek-fU1rSNEHvdBYPi63dlKOOWf_VbFnXCHh0UY6Uvkgk9HDdyGLEH52CJGRD3NUQGJEr37ZKZHYu9TtQU7NFyeGgnKZ-LsPjR5bpzVYGtr6wF4suKHvU-Uyod55Z6HEDV/h120/il_fullxfull.2766832659_cfko.webp">Serge et Bacchus</a> devinrent l'incarnation
même du "couple" de saints militaires : on les mentionnait
d'ordinaire ensemble et on les représentait souvent réunis (parfois
frottant des auréoles ensemble, ou à cheval, les naseaux de leurs
montures se touchant); ils furent le "couple" le plus
fréquemment invoqué dans les cérémonies d'union homosexuelle
</i>[...] <i></i></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><i><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiKhbiFp8Ju-QRl1W2AFZdIynemvln8BwqYcqzQ5MZK97C_F5lC95OebUzYioCAydPcZN8Op5Cpq9K4T6zyWJAI9ExfoPhR1GQyyCokCZMeLZwUDyFs5LNHREQMjSCiVXj14uUmuwP16Xig5A6x6g1yLzFys4SR7ag_WMTmGqV5CfI54P00udg9g7B-PA/s3000/il_fullxfull.2766832659_cfko.webp" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="3000" data-original-width="2150" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiKhbiFp8Ju-QRl1W2AFZdIynemvln8BwqYcqzQ5MZK97C_F5lC95OebUzYioCAydPcZN8Op5Cpq9K4T6zyWJAI9ExfoPhR1GQyyCokCZMeLZwUDyFs5LNHREQMjSCiVXj14uUmuwP16Xig5A6x6g1yLzFys4SR7ag_WMTmGqV5CfI54P00udg9g7B-PA/w286-h400/il_fullxfull.2766832659_cfko.webp" width="286" /></a></span>Sévère d'Antioche déclarait au début du VI</i><sup><i>e</i></sup><i>
siècle qu'il lui fallait mentionner Bacchus en même temps que Serge
parce que "nous ne devrions pas séparer dans le discours ceux
qui furent unis dans la vie". Dans la version de loin la plus
courante de leurs biographies, Serge est présenté comme "le
doux compagnon et l'amant" de Bacchus</i>».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote28sym" name="sdfootnote28anc"><sup>28</sup></a><sup> </sup>Si le culte des saints Serge et
Bacchus marqua surtout l'Église d'Orient, c'est probablement parce
qu'ils apparaissaient comme les héritiers des couples d'amants qui
formaient l'antique Bataillon sacré de Thèbes. En définitive,
comme le rappelle encore Boswell : «<i>Si curieux que cela puisse
paraître à des esprits nourris d'une culture occidentale moderne,
qui fait de l'homosexualité un vice littéralement "innommable",
les peuples qui émergèrent de l'Antiquité païenne pour entrer
dans le Moyen Âge chrétien avaient plutôt tendance à mépriser
les relations hétérosexuelles, considérées comme une simple
commodité, comme un pur intérêt terrestre. Ils avaient en revanche
de bonnes raisons d'admirer la passion et les unions entre personnes
du même sexe - culte résiduel des attachements entre deux hommes
pouvant aller jusqu'aux nombreux exemples de martyrs militaires
réunis dans la mort, par l'amour qu'ils éprouvaient pour Dieu et
l'un pour l'autre. Tout cela permet de mieux comprendre qu'au moment
où l'Église finit par instaurer des cérémonies d'union certaines
aient pu concerner des couples homosexuels</i>».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote29sym" name="sdfootnote29anc"><sup>29</sup></a>
Mais en 1215, au moment où le quatrième concile du Latran décidait
de sacraliser le mariage, les unions de même sexe devaient être
impérativement exclues.</span></p><span style="font-size: small;">
</span><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;"></span>
</p><span style="font-size: small;">
</span><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;">Il est vrai, comme le note Boswell,
que «<i>bien qu'on ait pu considérer ces relations comme des
engagements sentimentaux irrévocables, impérieux et souverains, à
cette époque le "mariage" n'était pas envisagé au
premier chef comme l'instrument de l'épanouissement affectif ou
sexuel, mais simplement comme une méthode pour relever ou perpétuer
une succession dynastique. Les unions homosexuelles ne représentaient
donc ni une menace contre le mariage hétérosexuel, ni une solution
de remplacement</i>»,<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote30sym" name="sdfootnote30anc"><sup>30</sup></a>
ce qui le rendait particulièrement fragile pour une morale qui
plaçait le célibat au-dessus même du mariage! Alors que
«<i>l'existence d'une répression opiniâtre et efficace contre les
comportements homosexuels ne remonte, en Europe, qu'au XIII</i><sup><i>e</i></sup><i>
siècle; elle ne fut jamais courante dans l'Orient byzantin</i>».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote31sym" name="sdfootnote31anc"><sup>31</sup></a>
En Occident, c'est la campagne meurtrière que le roi de France
Philippe le Bel entreprit contre </span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;">l'Ordre des
chevaliers du Temple et</span> conduisant à son extinction (1314), qui sonna le glas de ces pratiques jugées de plus en plus négativement.<br /></span></p><span style="font-size: small;">
</span><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;"></span>
</p><span style="font-size: small;">
</span><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;">Il a été d'usage, tout au long du
Moyen Âge occidental, de reproduire le modèle des unions du même
</span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgMn-nbMHscmz8dnewaIj0pev4x9B0njrnfoQlAUbJMCogycwh7l0QkiPlpO3vPheSei78afBGSOf8fmbsz1uvB34PwK-TRM3dwF7mpoX6QzD6mpQL8CA2L8sHSJPDPSLestqK65-2AkkIGGc_G5FUgVNVLpUJ03y_KG1Rg1IfwCd1LmRNvZW6a42kIXw/s550/gesta-romanorum-9.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="550" data-original-width="353" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgMn-nbMHscmz8dnewaIj0pev4x9B0njrnfoQlAUbJMCogycwh7l0QkiPlpO3vPheSei78afBGSOf8fmbsz1uvB34PwK-TRM3dwF7mpoX6QzD6mpQL8CA2L8sHSJPDPSLestqK65-2AkkIGGc_G5FUgVNVLpUJ03y_KG1Rg1IfwCd1LmRNvZW6a42kIXw/w256-h400/gesta-romanorum-9.jpg" width="256" /></a>sexe, surtout pour les hommes - Boswell avoue en savoir très peu sur
les unions entre lesbiennes -, qu'on retrouve dans nombre de textes
anciens : «<i>Dans un récit des</i> <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj_MsmDkUeTcaQdV_35lggaw5htpIEi562hRLN3R29nLswDeGwa3ul9IOXrbACBW6gDPpvHO3qZbtVK_lVoDX2zRqsI7VseEFuulSU9xkAx36sqmVbUVMPBcUctUGRRvZ9UwLLt3LYl-1gW/h120/gesta-romanorum-9.jpg">Gesta romanorum</a><i>, deux
chevaliers "s'aimaient mutuellement" </i>(mutuo se
dilexerunt) <i>et décidèrent de conclure une alliance en buvant
chacun symboliquement de petites quantités du sang de l'autre.
Dorénavant, en vertu du lien ainsi forgé, aucun ne "divorcerait"
de l'autre "dans la prospérité ni dans l'adversité", et
tout ce que l'un gagnerait serait partagé équitablement avec
l'autre. Puis ils "vécurent pour toujours dans la même
maison". L'un d'eux était sage et l'autre stupide, et le récit
roule sur les reproches qu'ils s'adressent réciproquement pour avoir
respecté si fanatiquement leur promesse de "ne pas divorcer"
qu'ils ont fini par affronter la mort ensemble. Le chevalier sage
déclare que le sot aurait dû lui faire confiance au moment où ils
ont dû faire un choix difficile, tandis que le sot réplique qu'en
vertu de leur serment il aurait suivi le sage partout; celui-ci
aurait donc dû insister. La morale de l'histoire, telle qu'elle nous
est transmise, est que l'union des deux chevaliers est une image de
l'union du corps et de l'âme, l'une étant plus sage que l'autre</i>».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote32sym" name="sdfootnote32anc"><sup>32</sup></a></span></p><span style="font-size: small;">
</span><p align="JUSTIFY" style="break-before: auto; font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; page-break-before: auto; text-indent: 0.05cm;">
<span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;">Au moment où Dante rédigeait son
récit du dernier cercle du </span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjqb0S-1srMYeFNMrOjYsvivoyO8e2pLMyQS8Vo5tvMPgaqfnJ9mgVj6zVw4b2QP3HMXX9u-Hyfa49u9Ws_pghxFsTJwO-G6-7d0y0FrPILy0Oz3qi0oByyaO1Af-JdFSQOOo5Pqk9d4iECvOiR6dePLGGp0DoOgoPOzqM36pdadfr2tBxGWf0kqlJi7A/s320/peterdamian.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="320" data-original-width="191" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjqb0S-1srMYeFNMrOjYsvivoyO8e2pLMyQS8Vo5tvMPgaqfnJ9mgVj6zVw4b2QP3HMXX9u-Hyfa49u9Ws_pghxFsTJwO-G6-7d0y0FrPILy0Oz3qi0oByyaO1Af-JdFSQOOo5Pqk9d4iECvOiR6dePLGGp0DoOgoPOzqM36pdadfr2tBxGWf0kqlJi7A/w239-h400/peterdamian.jpg" width="239" /></a></span>Purgatoire, l'Europe était sous la
conduite d'une campagne répressive visant à assimiler la sodomie à </span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;">tout ce qui pouvait la discréditer : les Juifs, les hérétiques,
les sorcières, les Musulmans... Car il faut bien souligner que ce n'était
pas la sodomie qui discréditait les uns et les autres, mais bien les
uns et les autres qui avaient charge de discréditer les sodomites.
La campagne homophobe avait été amorcée en pleine croisade par
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiI-KQobDgnbayerDNhIzy9NxuDwpycgexCZhsC1Ci7VC6SQKusPHiFLeaMC4vSaECkZOZybp4kS0kXHsMR38NBFf9cvd0yfY-4Z8RRUC8UpYeIA4vmEYYMjpnEBm3_JbUthGHMASBNGAQL/h120/peterdamian.jpg">Pierre Damien</a> (v. 1007-1072) moine-ermite, puis camaldule (sous-ordre
des bénédictins), enfin évêque puis cardinal avant de recevoir la
canonisation à sa mort. Il prononça une série de sermons virulents
et publia des attaques en règle contre la pratique de
l'homosexualité qui semblait se développer parmi les croisés au
Proche-Orient. C'est cette campagne qui culmina avec les accusations
portées contre l'Ordre du Temple.</span></p><span style="font-size: small;">
</span><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;">L'Ordre avait été fondé en 1119,
autour de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg3U3_SqdW5V2CxQpiPdzsfPMhr9znbcaA9O_Yipvqu9P-7yPZXr2cD59vIwL5oYnpOmyISIEq9sKUrNKGDC02PjOXXDdwS8tX_1M5xfU4qLzgvwliO2MJI0C2YyJ7BOnFNS29VSeu-1aRa/h120/Baldwin_II_ceeding_the_Temple_of_Salomon_to_Hugues_de_Payens_and_Gaudefroy_de_Saint-Homer.jpg">Hugues de Payns</a> par quelques chevaliers qui se donnèrent
«<i>la mission d'assurer en Terre Sainte la sécurité le long des
routes empruntées par les pèlerins. Leur association devient un
ordre régulier, l'ordre du Temple, ainsi nommé parce que son
quartier général est installé, à Jérusalem, dans l'ancienne
mosquée Al-Aqsa, assimilée par les croisés au Temple de Salomon.
Les templiers sont organisés selon une hiérarchie qui reflète
celle de la société du temps, et qui leur permet de s'ouvrir à
toutes les </i></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjvv2ZojivqMxFO4WWq-h4p17AWrT3J2y3Fy0B-L2W2pN_0FgnDC5Jb0tDoR2LMIs6SdQFMm21EdJQohf9YI5vogkr9M7tIw6NIiIngjnC7jjm0iC3PjBi61jWAL0JS21Cx_zKjOKCTzDeDJpfCN1qQjkuuRwy17NhJfvaFfYqbztgbdGDikNkkR2OPSw/s800/Baldwin_II_ceeding_the_Temple_of_Salomon_to_Hugues_de_Payens_and_Gaudefroy_de_Saint-Homer.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="519" data-original-width="800" height="260" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjvv2ZojivqMxFO4WWq-h4p17AWrT3J2y3Fy0B-L2W2pN_0FgnDC5Jb0tDoR2LMIs6SdQFMm21EdJQohf9YI5vogkr9M7tIw6NIiIngjnC7jjm0iC3PjBi61jWAL0JS21Cx_zKjOKCTzDeDJpfCN1qQjkuuRwy17NhJfvaFfYqbztgbdGDikNkkR2OPSw/w400-h260/Baldwin_II_ceeding_the_Temple_of_Salomon_to_Hugues_de_Payens_and_Gaudefroy_de_Saint-Homer.jpg" width="400" /></a>couches sociales : les chevaliers combattent à cheval,
les sergents à pied, les chapelains prient et distribuent les
sacrements. Une division des tâches est par ailleurs établie entre
les commanderies d'Occident, qui servent de maison de retraite pour
chevaliers âgés, en même temps que de centres de recrutement, et
les établissements d'Orient, au rôle directement militaire,
forterersse de Gaza, de Saphiet, de Tibériade, de
Chastel-Pèlerin...</i>».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote33sym" name="sdfootnote33anc"><sup>33</sup></a><sup> </sup></span></p><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiTrBt9WORA4n6zu0IES4yqFDH0jAQumH3LigdToFbsMx-km7I0BzB4kZXLpOdB8bedXoD-vzOWKuAt7RDoysnTP06OMbHC-SRoYKxXECWPwYhCmtzz6v8vFZe4Cwvikr0wcSeE6VzxpJ1lSLMUP5n47Qm003rIVeyZCAesCplaXwknjVBynfyfESzYbg/s393/1291_si%C3%A8ge_d'Acre.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="393" data-original-width="310" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiTrBt9WORA4n6zu0IES4yqFDH0jAQumH3LigdToFbsMx-km7I0BzB4kZXLpOdB8bedXoD-vzOWKuAt7RDoysnTP06OMbHC-SRoYKxXECWPwYhCmtzz6v8vFZe4Cwvikr0wcSeE6VzxpJ1lSLMUP5n47Qm003rIVeyZCAesCplaXwknjVBynfyfESzYbg/w315-h400/1291_si%C3%A8ge_d'Acre.jpg" width="315" /></a>L'Ordre organisait des quêtes afin
d'assurer le transport des croisés vers les lieux de combats. C'est
ainsi qu'il finit par devenir une véritable banque, thésaurisant
des sommes considérables. Il accordait des prêts à intérêts qui
soulevaient la grogne dans les différents pays où il s'était installé.
Son malheur commença le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiA6LwO6Y-ITf8-70zYtm50TCBdhToqw-xXgeKIvhzaVUwjR6HYNv1yWy32p0_5Ig6D8QfWXffRe2v_zYKBA00IKWzCSIrqCAO7NQygsACeKcDfwzUxtQUkQ7NsPbG22GVFyb1ZgaEccWkL/h120/1291_si%25C3%25A8ge_d%2527Acre.jpg">28 mai 1291</a>, lorsque Saint-Jean-d'Acre fut prise par le sultan mamelouk Khali et qu'au cours du
siège, le grand-maître Guillaume de Beaujeu et nombre des templiers
trouvèrent la mort. «<i>Dans les semaines suivantes, la Terre
Sainte est évacuée définitivement par les chrétiens. D'une
certaine manière, c'est la chute de l'ordre</i>».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote34sym" name="sdfootnote34anc"><sup>34</sup></a>
Chaque royaume logeait sa succursale de l'Ordre qui pour être
régulier n'était pas un ordre monastique. Une fois les croisades
terminées, la justification de leurs activités perdait sa
légitimité. On ne retenait d'eux que leurs services financiers.<br /></span></p><span style="font-size: small;">
</span><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj1hpBzWuvlgCSU3n0uvLdFVQG6WLYaROTBvAM5BEOxdt6SlpaMbzfQAJhLg52Qp2YJvfFfl_DsjDQsiugNDkHRhf4aOtaqNorU_4FDK4KcTE86-_qv1JEtOisFcw7kSFEohLL-rcwHKXU97E2aEQrah_Wi5oQOGKl00mLZ9IdehATqFAkq7Y7O-mQ5OQ/s243/Philippe_IV_le_Bel.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="243" data-original-width="170" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj1hpBzWuvlgCSU3n0uvLdFVQG6WLYaROTBvAM5BEOxdt6SlpaMbzfQAJhLg52Qp2YJvfFfl_DsjDQsiugNDkHRhf4aOtaqNorU_4FDK4KcTE86-_qv1JEtOisFcw7kSFEohLL-rcwHKXU97E2aEQrah_Wi5oQOGKl00mLZ9IdehATqFAkq7Y7O-mQ5OQ/w280-h400/Philippe_IV_le_Bel.jpg" width="280" /></a>À Paris, le grand-maître Jacques
de Molay refusa le projet réformateur de fusionner les différents
ordres militaires en un ordre unique. D'un autre côté, le roi
<a href="https://www.blogger.com/#">Philippe le Bel</a>, toujours en quête d'argent, allant jusqu'à faire
rogner les pièces de métal servant de monnaie, ouvrit une procédure
à l'égard des Templiers, appuyé en cela par le pape Clément V, un
Français. Mais le pape ne se montra pas aussi empressé que Philippe
l'eût voulu et le roi décida de frapper un grand coup. Il envoya
Guillaume de Nogaret - celui-là même qui avait giflé le pape
Boniface VIII à Agnani en septembre 1303 -, préparer l'arrestation
de tous les Templiers présents dans le royaume, soit près de 500
personnes, ce qui se déroula le 13 octobre 1307. Le roman de Maurice
Druon, <i>Les rois maudits, </i>et les deux séries télé qui en
furent l'adaptation, racontent l'épisode final de l'Ordre français :</span></p><span style="font-size: small;">
</span><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"></span></p><blockquote><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;">«<i>La procédure dura sept
années. L'impopularité de l'ordre, la faiblesse du pape, celle de
Molay et ses erreurs de jugement, eurent leur part dans l'issue qui
fut, au concile de Vienne, en 1312, la suppression de l'ordre par
provision, c'est-à-dire par une décision administrative prise
formellement par le pape, dictée en fait par le roi de France. Deux
ans plus tôt, une soixantaine de templiers, sous les murs de Paris
et ailleurs en France, avaient été brûlés vifs pour être revenus
sur leurs aveux. Après la suppression de l'ordre, les autres qui
s'en étaient tenus à leurs déclarations initiales, furent libérés,
à l'exception des dignitaires. Ceux-ci, Molay, Hugues de Payraud,
Georffroy de Charnay, comparurent le 19 mars 1314, sur un podium
dressé au milieu du parvis Notre-Dame, </i><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi42PE0YbFP_DhZEQg-7cjiS0CjU9fnyLy0Qq0z6reaBaeTeg8umouvlPnVU-eTDYd52rM4mmPGmpNlottdEKoaM1GQKZLbWVYSHYbdUHmOWMldvxoYAoeDrb3AQrg7q_wLcdhyJ7tdgnpJ1-XjCPTspULFKsqCv12P3eC55KcZ_Xh9baF5pQl7Estuzw/s477/Screenshot%202022-06-24%20at%2010-13-58%20WwW.VoirFilms.org%20-Les.Rois.Maudits.1972.S01E01.byNosferatu-.png" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="312" data-original-width="477" height="261" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi42PE0YbFP_DhZEQg-7cjiS0CjU9fnyLy0Qq0z6reaBaeTeg8umouvlPnVU-eTDYd52rM4mmPGmpNlottdEKoaM1GQKZLbWVYSHYbdUHmOWMldvxoYAoeDrb3AQrg7q_wLcdhyJ7tdgnpJ1-XjCPTspULFKsqCv12P3eC55KcZ_Xh9baF5pQl7Estuzw/w400-h261/Screenshot%202022-06-24%20at%2010-13-58%20WwW.VoirFilms.org%20-Les.Rois.Maudits.1972.S01E01.byNosferatu-.png" width="400" /></a>devant trois cardinaux qui
prononcèrent une sentence de prison à vie. Or, depuis sept années,
Molay avait tout misé sur une comparution personnelle devant le
pape. Se voyant condamné sans l'avoir obtenue, il eut un sursaut
imité en cela par Geoffroy de Charnay. Le soir du même jour,
Philippe le Bel "les fit <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg8B_uBgRJ5hH7wHprhiOvPsciq-NRInd0cSS1C1tvsARbOrQemkpJTAuI0P5hLYUH20_hxun69ZIk_WxmXZfyQ2FMP3VV7rEldY7b9SrpStGiUdD9qDy1lnn3eRx_2Z8qz4yaeGi7BB_D4/h120/Screenshot+2022-06-24+at+10-13-58+WwW.VoirFilms.org+-Les.Rois.Maudits.1972.S01E01.byNosferatu-.png">brûler tous deux</a> sur le même bûcher
dans une petite île de la Seine, entre le Jardin-Royal et l'église
des Frères-Ermites-de-Saint-Augustin. Ils parurent soutenir les
flammes avec tant de fermeté et de résolution, que la constance de
leur mort et leurs dénégations finales frappèrent la multitude
d'admiration et de stupeur". La légende courut bientôt que
Molay, sur le bûcher, en aurait appelé au "tribunal de Dieu".
On sait que le pape et le roi moururent dans l'année; on peut
ajouter que la dynastie des Capétiens directs ne survécut guère à
l'ordre du Temple, puisque aucun des trois fils de Philippe le Bel ne
laissa d'héritier mâle. Ces disparitions ne pouvaient manquer de
frapper les imaginations. Elles mettent la touche finale à l'épopée
sulfureuse et tragique de l'ordre du Temple</i>».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote35sym" name="sdfootnote35anc"><sup>35</sup></a></span></blockquote><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote35sym" name="sdfootnote35anc"><sup></sup></a></span><p></p><span style="font-size: small;">
</span><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;">Le réquisitoire contre l'Ordre du
Temple était assez imprécis. On accusait ses chevaliers d'être
influencés par l'islam et de pratiquer d'authentiques rites de
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg8NmPCB5IB41howYI8D_WhEUJ83jv1TtFZMHZ4IlsYJ8SJh56wwU1SIPXIRR09fEuYDyn51HkyRSM06kGgNrD1eqcR-DXrYdB39XyjkJP5xqgdeUE0UdH0JoOChwqawlLsuy0vaHNZG68l/h120/heresie-des-templiers-representation-dune-ceremonie-dentree-dun-chevalier-dans-lordre-du-temple-le-templier-etant-dapres-les-confessions-publ-2BDPCA5.jpg">satanisme</a> et de sorcellerie. À cela, on ne pouvait éviter </span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgKSAt5-twVPcUsLiHdjrJgO_ZyKetOhYHQ-F54ied6Z6ucmwGT0l-mGF5Pt9etgPielroUDmp_Br0iKpAbNYg824Xs9BaU-TArM11GaL0rYpL85kq4A6QZ_nTzCVP5fvQ4zvm0oOdhCkXZdST4nwd2j-3KVstSSXaCqogv51YYvr3ju55DtLhX6mo_qA/s1390/heresie-des-templiers-representation-dune-ceremonie-dentree-dun-chevalier-dans-lordre-du-temple-le-templier-etant-dapres-les-confessions-publ-2BDPCA5.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1390" data-original-width="1027" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgKSAt5-twVPcUsLiHdjrJgO_ZyKetOhYHQ-F54ied6Z6ucmwGT0l-mGF5Pt9etgPielroUDmp_Br0iKpAbNYg824Xs9BaU-TArM11GaL0rYpL85kq4A6QZ_nTzCVP5fvQ4zvm0oOdhCkXZdST4nwd2j-3KVstSSXaCqogv51YYvr3ju55DtLhX6mo_qA/w295-h400/heresie-des-templiers-representation-dune-ceremonie-dentree-dun-chevalier-dans-lordre-du-temple-le-templier-etant-dapres-les-confessions-publ-2BDPCA5.jpg" width="295" /></a>d'ajouter
la sodomie. Toutes ces accusations semblaient découler d'une
interprétation tendancieuse des rites d'initiation. Comme le
rappelle Didier Godard : «<i>Pour ce qui est des pratiques
sexuelles, il faut... partir de la cérémonie
d'initiation, qui se déroulait de nuit, à la lueur des torches. Si
l'on suit les aveux recueillis lors du procès, le postulant,
impressionné, choqué, déstabilisé par les rites sacrilèges qu'on
lui a d'abord imposés, est embrassé ensuite, sur la bouche, par le
chevalier qui le reçoit dans l'ordre. Puis il doit ôter son habit
séculier. Une fois dévêtu, il reçoit de nouveaux baisers, en
divers endroits du corps : "Il me baisa, raconte le templier
Jean l'Anglais, à la poitrine, entre les épaules et sur la chair
nue". Sur la chair nue : la précision nous restitue, par-delà
les siècles, le trouble du novice qui recevait un tel accueil de la
part du groupe d'hommes auquel il allait appartenir. Gageons que,
parfois, ce trouble était partagé par le chevalier qui officiait,
par les témoins qui observaient en silence, dans leur tenue de
chevaliers, revêtus du grand manteau blanc frappé de la croix
rouge, les noces de l'ordre et du néophyte. Encore la localisation
des baisers dont fait état Jean l'Anglais est-elle relativement
innocente. Dans la plupart des témoignages, il est dit que le
"nouveau" était embrassé sur le nombril, sur le sexe, sur
l'anus. "Personne, écrit Jean Favier, ne se demandait le
pourquoi de telles pratiques. Un templier limousin l'avoue avec une
simplicité touchante : 'Tout le monde était stupéfait et
atermoyait jusqu'à ce qu'il nous fût dit que c'était le règlement.
C'est ce que j'ai fait'. Il est possible qu'il y ait eu là une
intention de défi à l'égard de la morale officielle du
christianisme</i>».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote36sym" name="sdfootnote36anc"><sup>36</sup></a></span></p><span style="font-size: small;">
</span><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;">Il restera toujours difficile
d'évaluer la part de fabulation contenue dans ces témoignages
arrachés par la torture, la terreur ou les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhuu9iiVHK4wFEnXECCFTLHgu36d4Me-H2GkaDZCQvjEOjWO5DX7ZvvY491tOcC9eRb0b152PLDbG5rJ5RUABNah55SBcwTuWUNARlwjZPDkeQt8RiAHYzyTlVN3tIGBZ045oYmRJ-TGXrJ/h120/histo-ordre-temple-templier-jacques-mornay.webp">menaces de mort</a>. Ensuite,
de préciser la signification exacte de ce rite fort apparenté à
celui des unions homosexuelles déjà évoquées. «<i>Les baisers
symbolisent, écrit un universitaire américain, "un itinéraire
érotique complet du corps du néophyte", et "la
progression d'un acte d'amour'. Il n'hésite pas à conclure que
l'initiation pouvait fort bien s'achever par la fellation et la
sodomisation du néophyte. Rien dans les témoignages ne vient étayer
cette supposition; il est vrai que les intéressés ne se seraient
pas vantés de leurs exploits devant les inquisiteurs. Il n'est pas
exclu que cela ait pu se produire, lorsque le postulant était jeune
et appétissant. On nous dit en tout cas que les </i></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgg0MqAWLwWENfnOrvLM1xnCjn_RjScsAZ7tMD_xmpzm9p1VKP-AUgSah9AUYiG_yqVIhHu71ajWqHojZix37FToyj0HS3rVaz2uPXPHOYr_X6J6pHjA3wIzcrI2BzsUXAfdUrdWk1rDDPCTfcv4msXHcV5OTwCuB6sCUSye4vpKQCBDnl1UaOauj_B4A/s5000/histo-ordre-temple-templier-jacques-mornay.webp" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="3252" data-original-width="5000" height="260" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgg0MqAWLwWENfnOrvLM1xnCjn_RjScsAZ7tMD_xmpzm9p1VKP-AUgSah9AUYiG_yqVIhHu71ajWqHojZix37FToyj0HS3rVaz2uPXPHOYr_X6J6pHjA3wIzcrI2BzsUXAfdUrdWk1rDDPCTfcv4msXHcV5OTwCuB6sCUSye4vpKQCBDnl1UaOauj_B4A/w400-h260/histo-ordre-temple-templier-jacques-mornay.webp" width="400" /></a>candidats âgés
étaient volontiers dispensés de cette partie du rituel. Raoul de
Gisy déclare avoir reçu de la sorte dix ou douze néophytes, mais
que, "pour certains", il refusait les baisers sexuels.
</i>[...] <i>Certaines dépositions suggèrent que l'initiation a pu,
parfois, tourner au viol. Un templier relate en ces termes la
réception d'un de ses proches parents, Hugues Marchant : "Les
frères fermèrent la porte de l'intérieur le plus solidement
possible, ils mirent devant la porte, toujours de l'intérieur, les
courtines du lit, de façon qu'il ne fût pas possible de voir à
travers la porte ce qui pourrait se passer. Ils s'enfermèrent avec
Hugues si longtemps que ceux qui attendaient à l'extérieur en
étaient écœurés; puis ils ouvrirent la porte et me ramenèrent
Hugues, cette fois en habit de templier. Lui, il était pâle,
bouleversé et stupéfait. J'en fus bien étonné, car Hugues avait
bien insisté pour entrer dans cet ordre et être fait chevalier par
moi-même; le même jour, avant d'entrer dans la chambre, il était
tout joyeux, fort et robuste". Le lendemain, le narrateur prend
Hugues à part : "'Pourquoi, lui demandai-je, étais-tu hier si
bouleversé, et le parais-tu encore aujourd'hui?' Il me répondit :
'Je ne pourrai plus jamais être joyeux, ni en paix avec moi-même'.
À ce moment, et bien des fois par la suite, je lui demandai la cause
de son trouble. Jamais il ne voulut me l'avouer. Jamais non plus je
ne le vis joyeux ni avec un bon visage. Et pourtant il était
auparavant fort gai"</i>».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote37sym" name="sdfootnote37anc"><sup>37</sup></a></span></p><span style="font-size: small;">
</span><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;">Si l'on fait la part des outrances,
des exagérations et de ce que nous avons précédemment vu, nous
retrouvons bien l'esprit des rites d'union homosexuelle refoulé derrière des manifestations crues </span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhN7vJEhHXx8O3__ReNdABf0oZA5RLF9jYE3JjTYjjCx1rGNiaqJ9-ckzMg386gJU8BWS_ATSKzC_2KCvweMCfzfd7T7KVIuLlOKdzp0IpnLTihETc_rxBTlnt3j9fa-nMapykvVdypfPjB30a5ECZWEVyDY20bE84verpCUhkcOI_Gas7jrOnKGNqAIQ/s797/execution_templiers_ensemble.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="407" data-original-width="797" height="204" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhN7vJEhHXx8O3__ReNdABf0oZA5RLF9jYE3JjTYjjCx1rGNiaqJ9-ckzMg386gJU8BWS_ATSKzC_2KCvweMCfzfd7T7KVIuLlOKdzp0IpnLTihETc_rxBTlnt3j9fa-nMapykvVdypfPjB30a5ECZWEVyDY20bE84verpCUhkcOI_Gas7jrOnKGNqAIQ/w400-h204/execution_templiers_ensemble.jpg" width="400" /></a>d'érotisme : «<i>Une
fois le néophyte mis en condition, à tout le moins par les baisers,
le chevalier qui le recevait, si l'on suit toujours les dépositions,
énonçait la règle de la disponibilité sexuelle, sur simple
demande, de tous les templiers entre eux. Le "nouveau"
était informé que, s'il était tourmenté par le désir, il pouvait
demander à l'un quelconque des frères de le satisfaire, et qu'</i>a
contrario, <i>il devait accepter, si l'un d'eux lui demandait la
réciproque, de s'y soumettre sans aucune résistance. La cérémonie
s'achevait par le psaume 132 : "Qu'il est bon, qu'il est doux
que des frères demeurent <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjePafolU-qrbyN86jnmwVZxNfvvWp-PcvsgxorvMAz-Zp7_YfL-4bTQYv-Gh1fJnO2Pe2_qbQlM3PWvauSIHK4f3RHL3j_oO7DiOKTmqkWB7b9Nk9-t-0nVw-WSOf7QfuDDEYJmHAkMbtn/h120/execution_templiers_ensemble.jpg">ensemble</a>..." On notera que ce psaume
était "l'extrait biblique le plus couramment lu" dans les
unions homosexuelles étudiées par Boswell</i>».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote38sym" name="sdfootnote38anc"><sup>38</sup></a></span></p><span style="font-size: small;">
</span><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;">Dans la mesure où de tous ces
ragots une certaine vérité réussit à percer, «<i>s'agissant de
l'hérésie, écrit Jean Favier, ces moines-soldats étaient des
"<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh45ybibiRPZQUATkrjYVX-gqWmGKHYBL0Yk91h5rfoM-fZu-u5DJrWWrKeVxIMdDS1N5L3yv98oxnYjGLTJ7L940Zz-TYss5mWwFlav8zZLeyCn_I2b7wbxk4PrmUThPpQ5wOYVav74wwu/h120/combat-1-768x540.jpg">hommes rudes</a>", d'une ignorance "effarante", et
qui </i></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><i>vivaient en plein "flou théologique"; il n'est donc
pas étonnant, selon lui, qu'ils aient "fini par mêler, sans
bien s'en rendre compte, dans leurs rites d'initiation, la
profanation religieuse et le bizutage", ce </i></span><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><i><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjtbDXqC1ocyZ8fCr-mNtiULz9No5hJApfZigTLTrp4EYRlx0zUmdCKMajoPM3bYIy5oJxuhOX_noqd9-wAiSvshA6ELhQPdOJO7tslkd9z-gh72iKlgl5xOszcn4OwxibytkpTIrYVtf9OgrsMAkINx8LuHWyptKh2MXDr_gjA9ZZUJ9yba9RIw-ucnQ/s768/combat-1-768x540.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="540" data-original-width="768" height="281" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjtbDXqC1ocyZ8fCr-mNtiULz9No5hJApfZigTLTrp4EYRlx0zUmdCKMajoPM3bYIy5oJxuhOX_noqd9-wAiSvshA6ELhQPdOJO7tslkd9z-gh72iKlgl5xOszcn4OwxibytkpTIrYVtf9OgrsMAkINx8LuHWyptKh2MXDr_gjA9ZZUJ9yba9RIw-ucnQ/w400-h281/combat-1-768x540.jpg" width="400" /></a></i></span>qui ne les empêchait
pas de communier, le vendredi saint, les pieds nus en signe
d'humilité. Contrai-rement aux conclusions que voulut en tirer le
pouvoir royal, ce n'était pas la sincérité de leur foi qui était
sujette à caution, mais leur compréhension des enseignements de
l'Église et des rituels auxquels ils se soumettaient</i>».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote39sym" name="sdfootnote39anc"><sup>39</sup></a>
Tout au mieux, peut-on conclure que le schéma templier est conforme
à «<i>l'homosexualité chevaleresque et féodale</i>»,
caractérisée, «<i>d'une part, par le fait que la condamnation
officielle de la sodomie n'est pas remise en cause, et d'autre part
par le fait que cette condamnation reste largement inefficace à
influencer la pratique, à modeler le comportement effectif des
individus, à quelque couche sociale qu'ils appartiennent</i>».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote40sym" name="sdfootnote40anc"><sup>40</sup></a>
Ce qu'illustrait le sceau même de l'Ordre, représentant <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjy6kgmi3GPvbV4JDF5OYyyZlDMuVr7OUcu9Zbh7MMUfspratEzss3ZeZcPxLTfIzjBn28tUy89J0ZNbqGFHDPp1Gaw1xohEqQA3ZhPYlj-wDqyg4maAROD9JEUCOgpMPhN3svtrcKOLVNT/h120/Sceau_Templiers.png">deux cavaliers</a> combattants montés sur un même cheval. À travers les
millénaires s'était transmise l'éthique combattante et homophile
du Bataillon sacré de Thèbes.</span></p><span style="font-size: small;">
</span><p align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgToO687rldpabZuH5BYy6u0Vo_RXd0iyPNzOrME3RsMWKhmpupCatQi7REyG0k6CkhR0wyf_AR24p7pKDS1yg_GbVVrfYkJxNRFcEF4GDrClAehw4veqJTjpCt222GiFnlY3NrL5F0MJuG-HIpWZAkitRSDGvTAbi1mZUz6vz_CGPrBjtvFwcEhDgljg/s253/img-5.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="249" data-original-width="253" height="394" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgToO687rldpabZuH5BYy6u0Vo_RXd0iyPNzOrME3RsMWKhmpupCatQi7REyG0k6CkhR0wyf_AR24p7pKDS1yg_GbVVrfYkJxNRFcEF4GDrClAehw4veqJTjpCt222GiFnlY3NrL5F0MJuG-HIpWZAkitRSDGvTAbi1mZUz6vz_CGPrBjtvFwcEhDgljg/w400-h394/img-5.jpg" width="400" /></a>Malgré
les répressions sexuelles qui s'abattirent sur le monde occidental à
partir du XIVe siècle, bien des rites survécurent dans la tradition
chrétienne d'<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhbCOkskwgixnTG5OZroLRhKx208kYMgTIzbE7fyaRvw7GvZaoLCrPomicPXN9s9La7s4K-L0ai2V6dRXQL1oMldC6E1bt68fUQnTz-wq8Z1yyyUvOOkrMetNgR_VOdXc1Kezlxy8hoDYJE/h120/img-5.jpg">union du même sexe</a>. Montaigne en décrivit une qui se
déroula à Rome, en 1578, et dont certains ecclésiastiques savaient
très bien de quoi il en retournait : «<i>[...] à Saint-Jean Porta
Latina, en laquelle église certains Portugais, quelque années y a,
etoint antrés en une étrange confrérie. Ils s'espousoint masle à
masle à la messe, avecq mesmes serimonies que nous faisons nos
mariages, faisoint leurs pasques ensemble, lisoint ce mesme evangile
des nopces, et puis couchoint et habitoint ensemble. Les esperts
romeins dioint que parce qu'en l'autre conjoint de masle et femelle,
cet sule circonstance la rend legitime, que ce soit en mariage, il
avoit samblé à ces fines jans que cet'autre action devindroit
parillemant juste, qui l'auroit authorisée de serimonies et misteres
de l'Eglise</i><span style="font-style: normal;">».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote41sym" name="sdfootnote41anc"><sup>41</sup></a>
Et bien loin de disparaître, malgré la chasse que lui menait
l'autorité romaine, ce rite continua à se dérouler dans diverses
églises de l'Europe :</span></span></p><span style="font-size: small;">
</span><p align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"></span></span></p><blockquote><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;">«</span><i>Dans
les régions (essentiellement l'Italie, la Grèce et l'Europe
centrale) où l'on continuait de pratiquer cette cérémonie et d'en
reconnaître la signification première, elle était cependant
imprimée sans commentaire et célébrée comme une cérémonie
nuptiale : "Dans les missels des XVIe et XVIIe siècles, on
trouve d'ordinaire une ou plusieurs prières lues par le prêtre aux
</i><span style="font-style: normal;">Wahlbrüder* </span><i>à leur
mariage, comme il convient de l'appeler". À partir de la
seconde moitié du XIXe siècle - époque où un puissant mouvement
de défense des droits des homosexuels se manifesta en Allemagne -,
et jusque vers le milieu du XXe siècle - moment où les nazis
l'exterminèrent brutalement (en même temps que de nombreux
individus homosexuels) -, les anthropologues allemands eurent
tendance à aborder cette cérémonie et sa signification avec
franchise et réalisme. Bien que son époque l'incitât à employer
l'expression de </i><span style="font-style: normal;">Wahlbrüderschaft,
</span><i>Ciszewski se sentait suffisamment à l'aise pour observer
que la cérémonie "est exactement comme celle du mariage, dans
laquelle l'union ultime du couple est précédée d'une série de
rites introductifs, un ensemble de gestes symboliques censés
représenter l'union et introduire son action centrale". Il
donnait une description détaillée de l'une de ces cérémonies,
appuyant son récit sur un témoignage oculaire. Elle avait lieu le
jour de la Saint-Jean, le disciple bien-aimé du Christ. Le prêtre
et deux ou trois parents proches étaient invités à la maison, on
répandait des cendres du foyer sur les deux côtés d'une planche
sur laquelle les deux hommes plaçaient leur pied droit. (Dans
certaines régions, les hommes prévenaient tous leurs amis et les
invitaient tous à la cérémonie, exactement comme pour un mariage.)
Puis le prêtre leur demandait s'ils souhaitaient sincèrement être
unis et s'ils croyaient sincèrement en la Trinité, l'Évangile et
le feu. Le prêtre faisait une lecture de l'Évangile et leur disait
qu'à dater de cet instant ils seraient "plus que des frères"
</i><span style="font-style: normal;">(ja sogar mehr als Brüder) </span><i>et
devaient se traiter en conséquence. (la littérature populaire de la
région célèbre un cas où l'un des partenaires prit la place de
l'autre dans l'armée.) Puis il demandait aux gens présents d'être
témoins de leur nouvelle situation et leur souhaitait bonne chance.
Ils s'inclinaient devant lui, baisaient l'Évangile, les mains du
prêtre et la main de leur compagnon, puis celle des invités plus
âgés qu'eux. Après la cérémonie, ils se donnaient l'un à
l'autre des présents et, dans certaines régions, échangeaient
leurs croix de baptême, offraient un présent au prêtre et tenaient
un grand banquet, parfois dans la demeure de chacun des partenaires.
Dans certaines contrées, les partenaires se désignaient légalement
comme héritiers à titre réciproque et s'engageaient à ne pas
laisser d'autres descendants</i><span style="font-style: normal;">».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote42sym" name="sdfootnote42anc"><sup>42</sup></a></span></span></blockquote><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote42sym" name="sdfootnote42anc"><sup></sup></a></span></span><p></p><span style="font-size: small;">
</span><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;"></span>
</p><span style="font-size: small;">
</span><p align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"></span></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEig6WwqyfMSccrWwhv6xqMcxBIdpUZEgzFqFkZMLSLWPbkXv3qfnq_GjQXhbXO1mqYR2dFq_lSpZaorLA-qbbABeS3UG1pQhcruGETYP7JeaxmtmZlCf4eQNVNUN3c-U8VOmUMqQJgqAB4SysYMvb7mglVCdf_tDbSWSafX404Z8i3_UJkg0boGAK9Tvg/s1051/Sceau_Templiers.png" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="771" data-original-width="1051" height="294" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEig6WwqyfMSccrWwhv6xqMcxBIdpUZEgzFqFkZMLSLWPbkXv3qfnq_GjQXhbXO1mqYR2dFq_lSpZaorLA-qbbABeS3UG1pQhcruGETYP7JeaxmtmZlCf4eQNVNUN3c-U8VOmUMqQJgqAB4SysYMvb7mglVCdf_tDbSWSafX404Z8i3_UJkg0boGAK9Tvg/w400-h294/Sceau_Templiers.png" width="400" /></a></span></span></div><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><br /></span></span><p></p><p align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;">Ces
rites avaient-ils quelque chose à voir avec nos actuels mariages
</span><i>gays</i><span style="font-style: normal;">? Boswell en est
convaincu : «</span><i>C'était le cas, de toute évidence, bien que...,
la nature et les objectifs de toutes les formes de mariage aient
considérablement évolué au fil du temps. À chaque époque et en
chaque lieu, ou presque, la cérémonie que nous avons étudiée
consacrait ce que la plupart des gens considèrent aujourd'hui comme
l'essence du mariage : un engagement sentimental permanent entre deux
personnes, en présence de la communauté et reconnu par elle</i><span style="font-style: normal;">».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote43sym" name="sdfootnote43anc"><sup>43</sup></a>
Il faut retenir surtout que le trav7ail de la morale chrétienne fut
toujours d'inhiber la dimension charnelle, hédoniste de la sexualité
pour limiter les unions aux sexes opposés dans les fonctions définies
par le droit et surtout en vue de la procréation à la base de la
famille. Qu'en étaient-ils des activités sexuelles de ces couples?
Y en avaient-ils même? Sodomie, fellation, coït intercrural ou tout
simplement amitié, fraternité purement spirituelles? Tous les couples ne pratiquent pas la même sexualité.</span></span></p><p align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p><span style="font-size: small;">
</span><p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.5cm;"><span face="Segoe UI, sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgk8ixXOAvUw8vwgqwQr9X2Kag1rqccNWd5WEhycCZQt4IEQxpnHVss8SvcNRyxp_QDnAuUxrU70GsQNoPkBTCcildLlzJM95lgIZ075disPfG1srIHrjIAldIF-QAYBB38-jigrQdY6P6OdzmtFbejyIIDdwiVJFan7H0VZGlE0UpsNSfqNkFw5QguNw/s461/img-3.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="425" data-original-width="461" height="369" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgk8ixXOAvUw8vwgqwQr9X2Kag1rqccNWd5WEhycCZQt4IEQxpnHVss8SvcNRyxp_QDnAuUxrU70GsQNoPkBTCcildLlzJM95lgIZ075disPfG1srIHrjIAldIF-QAYBB38-jigrQdY6P6OdzmtFbejyIIDdwiVJFan7H0VZGlE0UpsNSfqNkFw5QguNw/w400-h369/img-3.jpg" width="400" /></a>En
dépit des anecdotes <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjmvVrvvbuEQMeZbVB7VkqNTdfwcnSj-1YyAzCB1HAi63WQklCz-UNIVogopbPnN-Vd-dtIijr_cKGFTWUXxEI7NnABd1IrSIT855yBjQWSjo7QhD-ZLBUYeK6nJ_LC0gW8RUVCsCyPKufi/h120/img-3.jpg">salaces</a> et des ragots de tavernes échangés
entre les poètes toscans du </span><i>dolce stil nuovo
</i><span style="font-style: normal;">transpa-raissait la persistance
d'une sensibilité raffinée issue des époques les plus crues des
origines euro-asiatiques, Dante plaça les </span><i>sodomites </i><span style="font-style: normal;">dans
le cercle le plus rapproché de l'entrée du Paradis; comme pour
justifier la parabole évangélique que les prostitués entreront
parmi les premiers dans le Royaume des Cieux</span></span>⌛</p>
<span style="font-size: small;">
</span><p align="JUSTIFY" style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;"><b>NOTES</b><br /></span>
</p><span style="font-size: small;">
</span><div id="sdfootnote1">
<p class="sdfootnote" style="margin-left: 0cm; text-indent: 0cm;"><span style="font-size: small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote1anc" name="sdfootnote1sym">1</a>
<i>Dieu de suprême clémence</i>. — Commencement de l’hymne des
matines du samedi.</span></p>
</div><span style="font-size: small;">
</span><div id="sdfootnote2">
<p class="sdfootnote" style="margin-left: 0cm; text-indent: 0cm;"><span style="font-size: small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote2anc" name="sdfootnote2sym">2</a>
<i>Je ne connais point d’homme.</i> — Paroles de la Vierge à
l’Ange qui lui 7annonce qu’un fils naîtra d’elle.</span></p>
</div><span style="font-size: small;">
</span><div id="sdfootnote3">
<p align="JUSTIFY" class="sdfootnote" style="margin-left: 0cm; text-indent: 0cm;">
<span style="font-size: small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote3anc" name="sdfootnote3sym">3</a>
Suétone. <i>Vies des douze Césars, </i><span style="font-style: normal;">Paris,
Belles Lettres, rééd. Livre de poche, Col. Classique, # 718-719,
1961, pp 42-43.</span></span></p>
</div><span style="font-size: small;">
</span><div id="sdfootnote4">
<p class="sdfootnote" style="margin-left: 0cm; text-indent: 0cm;"><span style="font-size: small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote4anc" name="sdfootnote4sym">4</a>
Suétone. ibid. p. 45.</span></p>
</div><span style="font-size: small;">
</span><div id="sdfootnote5">
<p class="sdfootnote" style="margin-left: 0cm; text-indent: 0cm;"><span style="font-size: small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote5anc" name="sdfootnote5sym">5</a>
Cité in R.-F. Martin. <i>Les Douze Césars: du mythe à la réalité,
</i><span style="font-style: normal;">Paris, Belles Lettres, Col.
Histoire, 1991, p. 163.</span></span></p>
</div><span style="font-size: small;">
</span><div id="sdfootnote6">
<p class="sdfootnote" style="margin-left: 0cm; text-indent: 0cm;"><span style="font-size: small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote6anc" name="sdfootnote6sym">6</a>
J. Boswell. <i>Les unions du même sexe, </i><span style="font-style: normal;">Paris,
Fayard, 1996, pp. 275-276.</span></span></p>
</div><span style="font-size: small;">
</span><div id="sdfootnote7">
<p class="sdfootnote" style="margin-left: 0cm; text-indent: 0cm;"><span style="font-size: small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote7anc" name="sdfootnote7sym">7</a>
J. Boswell. ibid. p. 381, n. 31.</span></p>
</div><span style="font-size: small;">
</span><div id="sdfootnote8">
<p class="sdfootnote" style="margin-left: 0cm; text-indent: 0cm;"><span style="font-size: small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote8anc" name="sdfootnote8sym">8</a>
J. Boswell. ibid. p. 27.</span></p>
</div><span style="font-size: small;">
</span><div id="sdfootnote9">
<p class="sdfootnote" style="margin-left: 0cm; text-indent: 0cm;"><span style="font-size: small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote9anc" name="sdfootnote9sym">9</a>
J. Boswell. ibid. pp. 34-35.</span></p>
</div><span style="font-size: small;">
</span><div id="sdfootnote10">
<p class="sdfootnote"><span style="font-size: small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote10anc" name="sdfootnote10sym">10</a> Cité
in J. Boswell. ibid. p. 61.7</span></p>
</div><span style="font-size: small;">
</span><div id="sdfootnote11">
<p class="sdfootnote"><span style="font-size: small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote11anc" name="sdfootnote11sym">11 </a>Cité
in J. Boswell. ibid. pp. 61-62.</span></p>
</div><span style="font-size: small;">
</span><div id="sdfootnote12">
<p class="sdfootnote"><span style="font-size: small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote12anc" name="sdfootnote12sym">12 </a>J.
Boswell. ibid. p. 65.</span></p>
</div><span style="font-size: small;">
</span><div id="sdfootnote13">
<p class="sdfootnote"><span style="font-size: small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote13anc" name="sdfootnote13sym">13</a> J.
Boswell. ibid. p. 71.</span></p>
</div><span style="font-size: small;">
</span><div id="sdfootnote14">
<p class="sdfootnote"><span style="font-size: small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote14anc" name="sdfootnote14sym">14</a> J.
Boswell. ibid. p. 72.</span></p>
</div><span style="font-size: small;">
</span><div id="sdfootnote15">
<p class="sdfootnote"><span style="font-size: small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote15anc" name="sdfootnote15sym">15</a> J.
Boswell. ibid. pp. 72-73.</span></p>
</div><span style="font-size: small;">
</span><div id="sdfootnote16">
<p class="sdfootnote"><span style="font-size: small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote16anc" name="sdfootnote16sym">16 </a>J.
Boswell. ibid. p. 83.</span></p>
</div><span style="font-size: small;">
</span><div id="sdfootnote17">
<p class="sdfootnote"><span style="font-size: small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote17anc" name="sdfootnote17sym">17 </a>J.
Boswell. ibid. p. 119.</span></p>
</div><span style="font-size: small;">
</span><div id="sdfootnote18">
<p class="sdfootnote"><span style="font-size: small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote18anc" name="sdfootnote18sym">18</a> Cité
in J. Boswell. ibid. p. 122.</span></p>
</div><span style="font-size: small;">
</span><div id="sdfootnote19">
<p class="sdfootnote"><span style="font-size: small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote19anc" name="sdfootnote19sym">19 </a>J.
Boswell. ibid. p. 124.7</span></p>
</div><span style="font-size: small;">
</span><div id="sdfootnote20">
<p class="sdfootnote"><span style="font-size: small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote20anc" name="sdfootnote20sym">20</a> J.
Boswell. ibid. p. 125.</span></p>
</div><span style="font-size: small;">
</span><div id="sdfootnote21">
<p class="sdfootnote"><span style="font-size: small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote21anc" name="sdfootnote21sym">21 </a>J.
Boswell. ibid. pp. 125-126.</span></p>
</div><span style="font-size: small;">
</span><div id="sdfootnote22">
<p class="sdfootnote"><span style="font-size: small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote22anc" name="sdfootnote22sym">22 </a>J.
Boswell. ibid. p. 126.</span></p>
</div><span style="font-size: small;">
</span><div id="sdfootnote23">
<p class="sdfootnote"><span style="font-size: small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote23anc" name="sdfootnote23sym">23 </a>J.
Boswell. ibid. pp. 155-156.</span></p>
</div><span style="font-size: small;">
</span><div id="sdfootnote24">
<p class="sdfootnote"><span style="font-size: small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote24anc" name="sdfootnote24sym">24 </a>J.
Boswell. ibid. pp. 160-161.</span></p>
</div><span style="font-size: small;">
</span><div id="sdfootnote25">
<p class="sdfootnote"><span style="font-size: small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote25anc" name="sdfootnote25sym">25 </a>J.
Boswell. ibid. p. 164.</span></p>
</div><span style="font-size: small;">
</span><div id="sdfootnote26">
<p class="sdfootnote"><span style="font-size: small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote26anc" name="sdfootnote26sym">26 </a>Cité
in J. Boswell. ibid. pp. 172-173.</span></p>
</div><span style="font-size: small;">
</span><div id="sdfootnote27">
<p class="sdfootnote"><span style="font-size: small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote27anc" name="sdfootnote27sym">27 </a>J.
Boswell. ibid. pp. 173-174.</span></p>
</div><span style="font-size: small;">
</span><div id="sdfootnote28">
<p class="sdfootnote"><span style="font-size: small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote28anc" name="sdfootnote28sym">28 </a>J.
Boswell. ibid. p. 175.7</span></p>
</div><span style="font-size: small;">
</span><div id="sdfootnote29">
<p class="sdfootnote"><span style="font-size: small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote29anc" name="sdfootnote29sym">29</a> J.
Boswell. ibid. pp. 181-182.</span></p>
</div><span style="font-size: small;">
</span><div id="sdfootnote30">
<p class="sdfootnote"><span style="font-size: small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote30anc" name="sdfootnote30sym">30</a> J.
Boswell. ibid. p. 209.</span></p>
</div><span style="font-size: small;">
</span><div id="sdfootnote31">
<p class="sdfootnote"><span style="font-size: small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote31anc" name="sdfootnote31sym">31 </a>J.
Boswell. ibid. p. 256.</span></p>
</div><span style="font-size: small;">
</span><div id="sdfootnote32">
<p align="JUSTIFY" class="sdfootnote"><span style="font-size: small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote32anc" name="sdfootnote32sym">32 </a>Les
<i>Gesta romanorum </i><span style="font-style: normal;">sont un
recueil de récits d'anecdotes et de contes rédigés en latin et
compilés probablement vers la fin du XIII</span><sup><span style="font-style: normal;">e</span></sup><span style="font-style: normal;">
ou au début du XIV</span><sup><span style="font-style: normal;">e</span></sup><span style="font-style: normal;">
siècles. J. Boswell. ibid. pp. 271-272.</span></span></p>
</div><span style="font-size: small;">
</span><div id="sdfootnote33">
<p class="sdfootnote"><span style="font-size: small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote33anc" name="sdfootnote33sym">33</a> D.
Godard. <i>Deux hommes sur un cheval, </i><span style="font-style: normal;">s.v.,
H & O, 2003, p. 153</span></span></p>
</div><span style="font-size: small;">
</span><div id="sdfootnote34">
<p class="sdfootnote"><span style="font-size: small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote34anc" name="sdfootnote34sym">34</a> D.
Godard. ibid. p. 154.</span></p>
</div><span style="font-size: small;">
</span><div id="sdfootnote35">
<p class="sdfootnote"><span style="font-size: small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote35anc" name="sdfootnote35sym">35</a> D.
Godard. ibid. p. 155.</span></p>
</div><span style="font-size: small;">
</span><div id="sdfootnote36">
<p class="sdfootnote"><span style="font-size: small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote36anc" name="sdfootnote36sym">36</a> D.
Godard. ibid. p. 156.</span></p>
</div><span style="font-size: small;">
</span><div id="sdfootnote37">
<p class="sdfootnote"><span style="font-size: small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote37anc" name="sdfootnote37sym">37 </a>D.
Godard. ibid. pp. 157-7158.</span></p>
</div><span style="font-size: small;">
</span><div id="sdfootnote38">
<p class="sdfootnote"><span style="font-size: small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote38anc" name="sdfootnote38sym">38</a> D.
Godard. ibid. p. 158.</span></p>
</div><span style="font-size: small;">
</span><div id="sdfootnote39">
<p class="sdfootnote"><span style="font-size: small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote39anc" name="sdfootnote39sym">39</a> D.
Godard, ibid. p. 160.</span></p>
</div><span style="font-size: small;">
</span><div id="sdfootnote40">
<p class="sdfootnote"><span style="font-size: small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote40anc" name="sdfootnote40sym">40</a> D.
Godard. ibid. p. 163.</span></p>
</div><span style="font-size: small;">
</span><div id="sdfootnote41">
<p class="sdfootnote"><span style="font-size: small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote41anc" name="sdfootnote41sym">41 </a>Cité
in J. Boswell. op. cit. p. 277.</span></p>
</div><span style="font-size: small;">
</span><div id="sdfootnote42">
<p align="JUSTIFY" class="sdfootnote"><span style="font-size: small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote42anc" name="sdfootnote42sym">42</a> J.
Boswell. op. cit. pp. 280-281. * <span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Wahlbrüder,
«</span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><i><span style="font-weight: normal;">frères
électifs», est l'une des manières dont les anthropologues
codèrent et déguisèrent la relation entre les partenaires d'une
union homosexuelle; mais ce terme devint sans doute de plus en plus
exact, lorsque l'influence de la répugnance occidentale gagna du
terrain. Stanislaus Ciszewski employa ce terme, mais utilisa
indifféremment</span></i></span><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">
Genosse</span></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><i><span style="font-weight: normal;">
- "compagnon", "associé", "camarade"
comme s'ils étaient synonymes</span></i></span><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">».
ibid. p. 477, n. 25.</span></span></span></span></p>
</div><span style="font-size: small;">
</span><div id="sdfootnote43">
<p class="sdfootnote"><span style="font-size: small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote43anc" name="sdfootnote43sym">43 </a>J.
Boswell. ibid. p. 296.</span></p>
</div><span style="font-size: small;"></span>Coupalhttp://www.blogger.com/profile/14839226309394850656noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8942859135376014620.post-82159763592958991072020-04-05T22:52:00.002-04:002022-07-20T11:43:28.265-04:00Les sept péchés capitaux : Gourmandise<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiW0EUMLV-Bt01vMKrZnmNUw9CL-vNXaWeMrWx1ViJZ-Hj9lCIGprZXk-iBfIl-J2IWhAvIE5CPSsPl6d9YqlHUDTNlIBy_66Z8QXQDlo_QHAFUDlusK70-gEFHHgmOvYYy8vdw2W3pMPHq/s1600/be4426c430eab5c091e6431626529854.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="449" data-original-width="662" height="271" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiW0EUMLV-Bt01vMKrZnmNUw9CL-vNXaWeMrWx1ViJZ-Hj9lCIGprZXk-iBfIl-J2IWhAvIE5CPSsPl6d9YqlHUDTNlIBy_66Z8QXQDlo_QHAFUDlusK70-gEFHHgmOvYYy8vdw2W3pMPHq/s400/be4426c430eab5c091e6431626529854.jpg" width="400" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Hiéronymus Bosch. La gourmandise.</td></tr>
</tbody></table>
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><b>LES
SEPT PÉCHÉS CAPITAUX : GOURMANDISE</b></span><br />
<br />
<br />
<div style="text-align: right;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Le ventre mange l'homme.</i></span></div>
<div style="text-align: right;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">Victor Hugo.</span></div>
<div style="text-align: right;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-size: x-small;"><i>William Shakespeare </i></span><b> </b></span></div>
</div>
<br />
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">S'engageant
vers la sortie du cercle des avaricieux, Dante, accompagné cette
fois de Virgile et de Stace, arrive sous un arbre qui marque le
passage à un autre cycle. Cet arbre porte un aspect tout
particulier : «<i>Le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhWBhyphenhyphenc_AjoM9U2p-4txmexIoQLowQQnwPmO9gJUs5b08BZj9-9Ct0fOLZgo1WbBd5_SuJq9adatsM6kKUxAye7q916cUkMD5WpIUVpbH7wws67lMBtoG1Q7N7soqXcrDZtmuZwEp-RXofV/h120/index.jpg">sapin</a> diminue en s'élevant de branche en
branche; cet arbre au </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhWBhyphenhyphenc_AjoM9U2p-4txmexIoQLowQQnwPmO9gJUs5b08BZj9-9Ct0fOLZgo1WbBd5_SuJq9adatsM6kKUxAye7q916cUkMD5WpIUVpbH7wws67lMBtoG1Q7N7soqXcrDZtmuZwEp-RXofV/s1600/index.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="209" data-original-width="242" height="345" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhWBhyphenhyphenc_AjoM9U2p-4txmexIoQLowQQnwPmO9gJUs5b08BZj9-9Ct0fOLZgo1WbBd5_SuJq9adatsM6kKUxAye7q916cUkMD5WpIUVpbH7wws67lMBtoG1Q7N7soqXcrDZtmuZwEp-RXofV/s400/index.jpg" width="400" /></a>contraire s'amoin-</i></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>drissait à mesure qu'il se
rappro-</i></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>chait du sol : c'était, je crois, pour que personne n'y pût
monter. Du côté où était intercepté le chemin que nous suivions,
il tombait du rocher une onde claire qui baignait les feuilles de
l'arbre mystérieux. Les deux poètes s'en étant approchés, une
voix qui sortit des feuilles cria : "Vous ne toucherez pas à
cette nourriture". Elle dit ensuite : "Marie, qui intercède
maintenant pour vous, ne pensait pas à satisfaire un sentiment de
gourmandise, mais voulait que les noces fussent honorables et
complètes. Les anciennes Romaines se contentèrent d'eau pour
boisson. Daniel méprisa les repas recherchés, et il acquit la
science. Le premier siècle eut l'éclat de l'or : la faim donnait de
la saveur aux glands; la soif donnait à chaque ruisseau le goût du
nectar. Des rayons de miel sauvage et des sauterelles furent les
seuls mets dont se nourrit Baptiste dans le désert; c'est pourquoi
il est environné de gloire, et aussi grand que le montre
l'Évangile"</i><span style="font-style: normal;">». Autant dire
que les damnés faisaient l'expérience humaine du manque, et que c'est ce manque qui
rehausse la saveur de mets, même les plus fades. C'était signe que
les voyageurs entraient maintenant dans le cercle des gloutons, celui
des gourmands.</span></span><br />
<br /></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">Et
comment les damnés ne pourraient-ils pas se rappeler le sort d'Érysichthon? Comme tout personnage
de la mythologie grecque, le mythe d'Érysichthon est surtout affaire
de poètes. Chez Callimaque de Cyrène (305-240 av. J.-C.), il est le
fils du roi de Thessalie, Triopas. </span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgrM0rpqGzdQF5ieZ0YM1tl0ESjdraledIjuzSRYT5BFjCtYzhDyhZ1R5SdOp4M7QsO3UI76Byerg7hzC55niEyz9xSDYTOFjhKlxt_pS8URHLJnH7AoBIfrGbjfn9ew4WTAPMMl0crt5rm/s1600/erysichthon_baur_8.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="191" data-original-width="320" height="238" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgrM0rpqGzdQF5ieZ0YM1tl0ESjdraledIjuzSRYT5BFjCtYzhDyhZ1R5SdOp4M7QsO3UI76Byerg7hzC55niEyz9xSDYTOFjhKlxt_pS8URHLJnH7AoBIfrGbjfn9ew4WTAPMMl0crt5rm/s400/erysichthon_baur_8.jpg" width="400" /></a>Prenant une vingtaine d'hom-</span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif">mes
avec lui, il alla à la plaine du Dotion, au pied du mont Ossa, là
où se trouvait un bosquet planté par les Pélasges consacré à
Déméter. Au centre se trouvait un peuplier qu'affectionnaient
particulièrement les nymphes. Érysichthon ordonne à ses hommes
d'<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgrM0rpqGzdQF5ieZ0YM1tl0ESjdraledIjuzSRYT5BFjCtYzhDyhZ1R5SdOp4M7QsO3UI76Byerg7hzC55niEyz9xSDYTOFjhKlxt_pS8URHLJnH7AoBIfrGbjfn9ew4WTAPMMl0crt5rm/h120/erysichthon_baur_8.jpg">abattre</a> cet arbre. Déméter, à son tour, commande à sa prêtresse,
Nicippé, d'aller raisonner le prince qui la repousse. Il finit par
abattre l'arbre et Déméter l'affecte d'une faim insatiable. Mais la
version retenue par Dante est celle du poète Ovide, dans
<i>Les Métamorphoses </i>(Livre VIII). Ovide nous présente
Érysichthon à travers sa fille, Autolycus...</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">«<i>Son
père était homme à n'avoir que mépris pour la puissance des dieux
et à ne brûler sur les autels aucun encens en leur honneur. On dit
aussi qu'il avait, en y portant la hache, violé un bois consacré à
Cérès </i>[Déméter]<i> et profané par le fer ses antiques futaies. Il s'y dressait
un immense chêne, au tronc séculaire, à lui seul toute une forêt.
Des bandelettes, des tablettes commémoratives, des guirlandes lui
faisaient une ceinture, autant de témoignages d'un vœu exaucé.
Souvent, sous ses branches, les dryades en fête exécutèrent leurs
danses; souvent aussi, se donnant la main en une seule file, elles
prirent, en l'entourant, la mesure de son tronc, et la </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjFPPhyphenhyphenyug7xGrGWiJ74UFK6uerPcvGEcpYzDBdl7K1cr-1GMKGOgxPdLgakppFK5gx_GDh0NX9NF6e1yoKievJPhJbTEdN3A30QPcWdltarq1fy2Lrfv87NX3isnopthfa7XH5fDbJgDKw/s1600/erysichthon-s-pride-book-viii-illustration-from-ovid-s-metamorphoses-florence-1832_u-l-pgaqy90%252B%25281%2529.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="550" data-original-width="413" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjFPPhyphenhyphenyug7xGrGWiJ74UFK6uerPcvGEcpYzDBdl7K1cr-1GMKGOgxPdLgakppFK5gx_GDh0NX9NF6e1yoKievJPhJbTEdN3A30QPcWdltarq1fy2Lrfv87NX3isnopthfa7XH5fDbJgDKw/s400/erysichthon-s-pride-book-viii-illustration-from-ovid-s-metamorphoses-florence-1832_u-l-pgaqy90%252B%25281%2529.jpg" width="300" /></a>circonférence
de l'arbre était de quinze brasses pleines. Au-dessous de lui, le
reste de la forêt avait la hauteur de l'herbe sous tous les arbres
de cette forêt. Cette con-sidération cependant n'empêcha pas le
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjFPPhyphenhyphenyug7xGrGWiJ74UFK6uerPcvGEcpYzDBdl7K1cr-1GMKGOgxPdLgakppFK5gx_GDh0NX9NF6e1yoKievJPhJbTEdN3A30QPcWdltarq1fy2Lrfv87NX3isnopthfa7XH5fDbJgDKw/h120/erysichthon-s-pride-book-viii-illustration-from-ovid-s-metamorphoses-florence-1832_u-l-pgaqy90%252B%25281%2529.jpg">fils de Triopas</a> d'y porter le fer, et il donne à ses serviteurs
l'ordre de couper le chêne sacré; et, quand il les vit hésiter à
l'exécuter, le scélérat, arrachant aux mains de l'un d'eux sa
hache proféra ces paroles : "Que ce chêne soit non pas
seulement l'arbre favori de la déesse mais la déesse elle-même,
peu importe! il va toucher la terre de sa cime feuillue!" Il
dit, et, tandis qu'il balance son arme pour le frapper de côté, le
chêne consacré à Déo </i>[la dryade préférée de Cérès]<i>
frémit et poussa un gémissement; et ses feuilles en même temps que
ses glands commencèrent à se décolorer, et ses longues branches
perdirent aussi leur couleur. Et, dès que, dans son tronc, la main
impie eut fait une blessure, par l'écorce fendue jaillit un jet de
sang, tout de même que, lorsque devant les autels s'abat la victime,
un énorme taureau, du cou ouvert on voit le sang couler, à flots.</i></span> </div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Tous
les assistants restèrent interdits. L'un d'entre eux a l'audace de
vouloir s'opposer au sacrilège et retenir la hache impitoyable. Le
Thessalien le regarde, et : "Reçois, dit-il, le prix de tes
pieuses intentions!" Et, tournant son fer de l'arbre contre
l'homme, il lui tranche la tête. Comme revenu au chêne, il le
frappe de nouveau, du milieu du chêne on entendit sortir ces mots :
"je suis, cachée sous ce bois, une nymphe aimée entre toutes
de Cérès. Le châtiment de tes actes est proche; c'est moi qui te
le prédis en mourant, et c'est là ce qui me console de périr".
Lui, poursuivit sa criminelle entreprise; ébranlé enfin par
d'innombrables coups, tiré par des cordes, l'arbre tomba et abattit
sous son poids tout un pan de forêt.</i></span> </div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Atterrés
du dommage que subissent et les bois et elles-mêmes, les dryades,
ses sœurs, se rendent toutes ensemble, vêtues de noir et plongées
dans l'affliction. Consentante, elle inclina la tête, et, de son
geste, la très noble déesse ébranla les champs chargés de lourdes
moissons; elle sait trouver un genre de châtiment bien digne
d'inspirer la pitié, si Erysichthon ne s'était pas, par ses actes,
aliéné la pitié de </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh7hzQMdELdx-KSEfpb9kRzYgYRgXUXGGPyUJW-xFeszMfssw-qe96yIrQWYa5txW1A5itN1a-_RcmDjnMp550r5Cu3AuzkhP6l_UjS9vSGAlQC1c6jyyedn0xVsq3I5EYdt5F4-YpP1ZvB/s1600/Demeter_Altemps_Inv8596_n2.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="319" data-original-width="240" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh7hzQMdELdx-KSEfpb9kRzYgYRgXUXGGPyUJW-xFeszMfssw-qe96yIrQWYa5txW1A5itN1a-_RcmDjnMp550r5Cu3AuzkhP6l_UjS9vSGAlQC1c6jyyedn0xVsq3I5EYdt5F4-YpP1ZvB/s400/Demeter_Altemps_Inv8596_n2.jpg" width="300" /></a>tous; c'est de le livrer aux tourments de la
Faim, fléau terrible. Mais, puisqu'il n'est pas possible à la
déesse de se rendre en personne auprès d'elle, - car les destins ne
permettent pas la rencontre de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh7hzQMdELdx-KSEfpb9kRzYgYRgXUXGGPyUJW-xFeszMfssw-qe96yIrQWYa5txW1A5itN1a-_RcmDjnMp550r5Cu3AuzkhP6l_UjS9vSGAlQC1c6jyyedn0xVsq3I5EYdt5F4-YpP1ZvB/h120/Demeter_Altemps_Inv8596_n2.jpg">Cérès</a> et de la Faim, - elle
s'adresse en ces termes à l'une des divinités de la montagne, une
agreste oréade : "Il est aux bords extrême de la Scythie un
lieu glacé, sol désolé, terre stérile, sans moisson, sans arbres;
c'est le séjour du Froid engourdissant, de la Pâleur, du Frisson,
de la Faim jamais rassasiée. Ordonne à celle-ci de prendre gîte
dans les entrailles scélérates du sacrilège. Et que l'abondance de
toutes choses n'ait pas raison d'elle; qu'elle triomphe, dans cette
lutte, de mes propres forces. Et, pour que la longueur du voyage ne
t'effraye pas, prends mon char, prends mes dragons, dont, avec les
rênes, tu dirigeras la course dans le ciel". Elle les lui
donna. L'oréade, emportée à travers les airs par le char qui lui a
été confié, vient descendre en Scythie; là, sur le sommet d'une
montagne glacée, - on l'appelle le Caucase, - elle délivra du joug
le cou des dragons...</i>» (Ovide. <i>Les Métamorphoses, </i>Paris,
Garnier, Col. GF # 97, 1966, pp. 224 à 226)</span></div>
</blockquote>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">La
rencontre de Cérès et de la Faim n'est pas encore la rencontre de
Carême et Carnaval, maintes fois illustrée en tant que cérémonie
populaire au Moyen Âge. Érysichthon se rattache au cycle mythique
de Déméter en tant que laboureur (en grec Erusi-chthôn; qui fend
la terre). Cérès, l'équivalent latin de Déméter, est provoquée
par l'arrogance du héros. En tant que déesse de l'agriculture, des
moissons et de la fertilité, il y a, dans la provocation
d'Érysichthon un défi qui appelle son châtiment. Nul ne provoquera
impunément la déesse qui approvisionne les récoltes - de Cérès
vient le mot <i>céréale</i> -, la Faim ne peut que logiquement être
la peine encourue par le profanateur : «<i>La Faim qu'elle cherche,
elle la voit dans un champ plein de pierres, arrachant avec ses
ongles et ses dents les rares herbes. Elle avait la chevelure
hirsute, les yeux caves, le visage blême, les lèvres blanchâtres
et flétries, la </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhA0tpj63h3xcPZZO-CBOHj_RcCp86cA3vYFQFSbTpdtNwdVEmsx9ZPT65gStdnVDEyCFRQtCo8I_TpCUO5FzSEgZC37JBjBPQvzibi1irjh4jFmbGmDIGLrawY1XbE9ltFESsTSWfqRCoF/s1600/unnamed.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="361" data-original-width="423" height="341" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhA0tpj63h3xcPZZO-CBOHj_RcCp86cA3vYFQFSbTpdtNwdVEmsx9ZPT65gStdnVDEyCFRQtCo8I_TpCUO5FzSEgZC37JBjBPQvzibi1irjh4jFmbGmDIGLrawY1XbE9ltFESsTSWfqRCoF/s400/unnamed.jpg" width="400" /></a></span>voix rauque et éraillée, une peau dure, à travers
laquelle on pouvait voir ses entrailles. Ses os décharnés faisaient
saillie sous ses reins arqués; comme ventre, elle n'avait que la
place d'un ventre; on pourrait croire que sa poitrine flasque ne
tient qu'à l'ossature de l'épine dorsale. La maigreur avait exagéré
ses articulations; la rondeur des genoux n'était qu'enflure et les
talons ressortaient en une protubérance démesurée. Dès que
l'oréade l'eut <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEipUM3SmpW4412-ygC98iDhL9umkezOdGpXMhvJO5DMHqnb1b9y3sSZMtKsij9OL0hSofB4kTBeiQjqDjE5fxY5vjLIiA8vqieQXL1BeK6JKWjFjl6UitwJ3LHNS3Xmb-aMnCbDZR_diy9j/h120/unnamed.jpg">vue de loin</a>, - car elle n'osa pas s'approcher d'elle,
- elle lui fait part du message de la déesse. Bien qu'elle n'eût
fait qu'un court arrêt, bien que la distance entre elles fût grande
et qu'elle vint à peine d'arriver, il lui sembla sentir les affres
de la faim. Elle tourna donc bride, s'éleva dans les airs et
reconduisit les dragons en Hémonie</i>» (Ovide. ibid. p. 226). La
description de la Faim correspond en tous points ici à tous les
témoignages décrivant les effets des grandes famines des temps
passés. Plus qu'un personnage mythologique, la Faim personnifiait bien
l'effet de la famine sur le corps humain.</span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">Alors
que Cérès et la Faim s'affrontent ordinairement, dans le récit de
Ovide, elles se liguent contre Érysichthon : </span>
</div>
<blockquote class="tr_bq">
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">«<i>La
Faim, bien qu'en tout temps elle contrarie l'œuvre de Cérès, se
conforme exactement à ses instructions. À travers les airs, elle
fut transportée par le vent jusqu'à la demeure qu'on lui avait
désignée. Elle entre aussitôt dans la chambre du sacrilège. Il
dormait profondément - c'était la nuit; - <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjFHAvz00EzC8WEZaXu4pA-UVZuxBTFyfeviUSaOULVB7OEbc6MC68douNMvSn_oNZM3P6DfBVp3TNSzqNwGFaSgCKQ2ryP5XoYnqagaA18G5DbkrDh6B9zkmwuB5pcBJeW5LeUtbOL2FTy/h120/crsenvoielafaimaffamererysichthonmtamorphoselyon1557bsalomon.jpg">elle le serre</a> entre ses
bras, elle s'insuffle elle-même à l'homme, pénètre de son haleine
son gosier, sa poitrine, sa bouche, et remplit le vide de ses veines
d'une irrésistible fringale. Puis, s'étant acquittée de sa
mission, elle s'abandonne un monde où règne la fécondité et
revient à sa demeure dénuée de tout, à son antre familier</i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>.</i></span></div>
</blockquote>
<div style="text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjFHAvz00EzC8WEZaXu4pA-UVZuxBTFyfeviUSaOULVB7OEbc6MC68douNMvSn_oNZM3P6DfBVp3TNSzqNwGFaSgCKQ2ryP5XoYnqagaA18G5DbkrDh6B9zkmwuB5pcBJeW5LeUtbOL2FTy/s1600/crsenvoielafaimaffamererysichthonmtamorphoselyon1557bsalomon.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="375" data-original-width="447" height="335" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjFHAvz00EzC8WEZaXu4pA-UVZuxBTFyfeviUSaOULVB7OEbc6MC68douNMvSn_oNZM3P6DfBVp3TNSzqNwGFaSgCKQ2ryP5XoYnqagaA18G5DbkrDh6B9zkmwuB5pcBJeW5LeUtbOL2FTy/s400/crsenvoielafaimaffamererysichthonmtamorphoselyon1557bsalomon.jpg" width="400" /></a></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Un
doux sommeil caressait encore Erysichthon de ses ailes paisibles;
tout en dormant, son appétit, en rêve, s'éveille. Il remue à vide
ses mâchoires, les fatigue dent contre dent, fait avec le gosier
l'effort illusoire d'avaler des mets inexistants et, en guise
d'aliments, il n'avale, vaine nourriture, que de l'air sans
consistance. Mais, dès qu'il eut chassé le sommeil, un appétit
furieux le dévore, et sa tyrannie s'exerce sur son gosier avide et
ses entrailles dont rien ne comble le vide. Sans retard, tous les
produits de la mer, de la terre, de l'air, il les réclame; mais, en
présence de la table placée devant lui, il se plaint de mourir de
faim, et tout en se gavant de mets, il en <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgADzEM6cxLY_IfSet_p3tTd4ZmrphZpyFX7RnSduBK8bb9xS6A6G7zKwgZ-OPl712vcjYWciGVQ12pHd1ucKjEH_aaG8tUT8qsDUtQzQJeTInloGvRIVWC3Ga9saoQsDQOQFPY6jwXnq9v/h120/unnamed.jpg">réclame d'autres</a>; ce qui
pourrait suffire aux besoins de villes, aux besoins d'une population,
est insuffisant pour lui seul; il désire d'autant plus de nourriture
que dans son ventre, il en engloutit davantage. Et, comme la mer
absorbe dans son sein des fleuves venus de la terre entière, sans
que leurs eaux étanchent sa soif, comme elle boit jusqu'à la
dernière goutte les flots que lui envoient les pays lointains, ou de
même que le feu dévorant ne refusent jamais un aliment, brûle des
troncs innombrables et réclame d'autant plus de matériaux qu'on lui
en fournit davantage, la quantité même qu'il en reçoit redoublant
son avidité : ainsi la gloutonnerie de l'impie Érysichthon avale
avidement tous les mets et, dans le même temps, en redemande. Toute
nourriture lui est un motif pour manger encore, et manger ne fait que
lui creuser davantage l'estomac</i>» (Ovide. ibid. pp. 226-227)</span></div>
</blockquote>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgADzEM6cxLY_IfSet_p3tTd4ZmrphZpyFX7RnSduBK8bb9xS6A6G7zKwgZ-OPl712vcjYWciGVQ12pHd1ucKjEH_aaG8tUT8qsDUtQzQJeTInloGvRIVWC3Ga9saoQsDQOQFPY6jwXnq9v/s1600/unnamed.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="325" data-original-width="448" height="290" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgADzEM6cxLY_IfSet_p3tTd4ZmrphZpyFX7RnSduBK8bb9xS6A6G7zKwgZ-OPl712vcjYWciGVQ12pHd1ucKjEH_aaG8tUT8qsDUtQzQJeTInloGvRIVWC3Ga9saoQsDQOQFPY6jwXnq9v/s400/unnamed.jpg" width="400" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<span face=""segoe ui" , sans-serif">Ici,
le désir n'est plus seulement expression d'un manque. Il apparaît
comme un feu qui dévore de l'intérieur, une obsession; un feu que la
nourriture ingurgitée et l'eau avalée n'éteignent pas, mais qui
s'en nourrit comme d'un accélérant. L'accumulation de nourriture
place le malheureux dans une aporie qui reprend le châtiment de
Midas. Alors que celui-ci transformait en or toute nourriture et se
voyait dévoré par la faim et la soif; Érysichthon, lui, peut
ingurgiter sans limites et continuer à souffrir de la faim et
de la soif. Deux vices différents, un même châtiment...</span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<blockquote class="tr_bq">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">«<i>Sa
faim, le gouffre sans fond de son ventre avaient déjà consumé une
partie des biens qu'il tenait de son père. Mais, sans diminuer, la
cruelle faim le consumait toujours, et le feu de son insatiable
voracité gardait toute sa violence. Enfin, ayant englouti tout ce
qu'il possédait, il lui restait sa fille, qui eût mérité un autre
père. Ne possédant plus rien, il la vendit aussi. Mais sa fierté
se refuse à servir un maître. Et, tendant les mains au-dessus des
flots voisins de la mer : "Arrache-moi à l'esclavage, toi qui
as eu le privilège de me ravir ma virginité". C'est Neptune
qui l'avait eu. Le dieu ne repoussa pas sa prière, et, bien que son
maître qui la suivait l'eût encore vue un instant auparavant, il la
transforme et lui donne l'apparence d'un homme et le costume
approprié à l'état de ceux qui pêchent le poisson. Son maître
alors, la regardant : "O toi qui caches le bronze de l'hameçon
suspendu à ton fil sous un peu d'appât, toi qui te sers habilement
du roseau, dit-il, puisse la mer être pour toi toujours aussi calme,
le poisson, sous l'onde, toujours aussi crédule et ne sentir
l'hameçon qu'une fois pris! La femme qui, il y a un instant, en
habits grossiers, les cheveux en désordre se tenait là sur le
rivage, - car je l'ai vue se tenir sur le rivage, - dis-moi donc où
elle est : les traces de ses pas, en effet, ne vont pas plus loin".
La jeune fille comprit que l'heureux subterfuge du dieu avait réussi,
et, toute réjouie que ce fût auprès d'elle-même qu'on s'enquit
d'elle, répondit en ces termes à celui qui l'interrogeait : "Qui
que tu sois, excuse-moi : je n'ai pas détourné les yeux de cette
eau profonde pour regarder ailleurs, et, tout occupé par mon
travail, j'ai concentré sur lui mon attention. Et, pour lever tes
doutes, je consens que l'aide du dieu des eaux, pour l'exercice de
mon métier, ne me soit accordée que dans la mesure où il est vrai
que personne, depuis longtemps, ne s'est arrêté sur ce rivage,
excepté moi, et en particulier aucune femme". Son maître la
crut, rebroussa chemin sur le sable et s'éloigna déçu. Le dieu
rendit à la jeune fille sa forme première. Mais, quand son père
s'aperçut que sa fille, la descendante de Triopas, avait le pouvoir
de changer de forme, il la livre à plusieurs reprises à des maîtres
nouveaux. Mais elle, tantôt jument, tantôt oiseau, tantôt bœuf,
tantôt cerf, leur échappait toujours et pourvoyait son père
affamé, d'aliments mal acquis. Cependant, comme la violence de son
mal avait fini par épuiser tout ce qu'il pouvait consommer, elle
avait offert à sa terrible maladie une pâture de nouvelle sorte :
Érysichthon se mit alors à <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj0cAUwAZqNDzjn3LMfGGj94AgvgZpmiV-u87U4oNvmb3Lou2B5nxlHzMwoEfKyeZ_FHfIHWcdtNHQp_5PWnc7CKUJKmqmwVg63Ke0X42PRAno5iCYC5o-Ztiz-5Ho-8xGV4Ce5O8wybrmi/h120/04301d_50bd46ae70ce43871096bb5bc7122a4b.jpg_srb_p_764_568_75_22_0.50_1.20_0.00_jpg_srb.jpg">arracher</a> ses propres membres qu'il
déchirait de ses dents, et c'est aux dépens de son corps que le
malheureux se nourrissait</i>» (Ovide. ibid. pp. 227-228)</span></blockquote>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj0cAUwAZqNDzjn3LMfGGj94AgvgZpmiV-u87U4oNvmb3Lou2B5nxlHzMwoEfKyeZ_FHfIHWcdtNHQp_5PWnc7CKUJKmqmwVg63Ke0X42PRAno5iCYC5o-Ztiz-5Ho-8xGV4Ce5O8wybrmi/s1600/04301d_50bd46ae70ce43871096bb5bc7122a4b.jpg_srb_p_764_568_75_22_0.50_1.20_0.00_jpg_srb.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="567" data-original-width="764" height="296" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj0cAUwAZqNDzjn3LMfGGj94AgvgZpmiV-u87U4oNvmb3Lou2B5nxlHzMwoEfKyeZ_FHfIHWcdtNHQp_5PWnc7CKUJKmqmwVg63Ke0X42PRAno5iCYC5o-Ztiz-5Ho-8xGV4Ce5O8wybrmi/s400/04301d_50bd46ae70ce43871096bb5bc7122a4b.jpg_srb_p_764_568_75_22_0.50_1.20_0.00_jpg_srb.jpg" width="400" /></a></span></div>
</div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif">Ovide
ne recule jamais devant une scène d'horreur lorsqu'elle appuie la
leçon d'une métamorphose. Après avoir sacrifié son patrimoine, sa
fille, il ne reste plus à </span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span face=""segoe ui" , sans-serif">Érysichthon </span> qu'à se dévorer lui-même. Dévoré d'abord par sa propre vanité de puissance en abattant l'arbre,
celle-ci finit par le pousser, de manière compulsive et
obsessionnelle, à dévorer tout son bien, à prostituer la
chair de sa chair et, finalement, conduire à l'auto-dévoration.
L'auto-dévoration qui, au-delà d'une névrose, relève, encore une
fois, d'une période de famine.</span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">Le
récit d'Ovide se lit comme un véritable exposé sur l'oralité
sadique, le fantasme d'incorporation et l'angoisse de la dévoration.
Commençant comme un simple rêve érotique, l'appétit
d'Érysichthon, au réveil, se révèle comme une dévoration qui n'a
plus rien </span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhgtwlOcv-93oC_ujv3u3gqdcjA49KwCvzG9lZ6XNlSV3cjKT5EE8B_qRM5hOTnggpfEiCH2JN-oVAtTHfKZcPYEnyzh0wVtfZdjYBZ0F5NOgS0pvP9Wic2h1Dk9ylEjvQpV97Lwn-6Qwdn/s1600/Bauer_-_Erysichthon_Mnestra.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="477" data-original-width="717" height="265" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhgtwlOcv-93oC_ujv3u3gqdcjA49KwCvzG9lZ6XNlSV3cjKT5EE8B_qRM5hOTnggpfEiCH2JN-oVAtTHfKZcPYEnyzh0wVtfZdjYBZ0F5NOgS0pvP9Wic2h1Dk9ylEjvQpV97Lwn-6Qwdn/s400/Bauer_-_Erysichthon_Mnestra.jpg" width="400" /></a>du plaisir mais consiste à incorpo-</span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif">rer tout ce qui se
trouve à porter de la main. Sa fille, affligée par
l'an-</span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif">goisse, appelle Neptune qui lui donne la possibilité de se
métamorphoser pour échapper à l'appétit de son père qui la
fourgue à tous <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhgtwlOcv-93oC_ujv3u3gqdcjA49KwCvzG9lZ6XNlSV3cjKT5EE8B_qRM5hOTnggpfEiCH2JN-oVAtTHfKZcPYEnyzh0wVtfZdjYBZ0F5NOgS0pvP9Wic2h1Dk9ylEjvQpV97Lwn-6Qwdn/h120/Bauer_-_Erysichthon_Mnestra.jpg">premiers venus</a>. Enfin, ayant tout dévoré autour de
lui, il ne lui reste plus qu'à s'auto-dévorer, comme toute force de
décimation, à l'image de cette illustration présentant Robespierre décapitant le bourreau après avoir guillotiné toute la France. De
l'oralité, l'appétit s'est transformé en une force purement
sadique : la gourmandise. Dans la version de Callimaque, moins violente, Érysichthon,
perçu comme un fils qui lui coûte cher à nourrir, son père,
Triopas, le chasse et il finit par passer sa vie à mendier et
fouiller dans les ordures.</span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">Sur
sa lancée, Dante passe du récit d'Érysichthon à celui, tiré de
<i>La guerre des Juifs </i>de Flavius Josèphe (composé entre 66 et 96 de notre ère); un récit d'anthropophagie au cours du siège de Jérusalem par Titus (70 après
J.-C.) :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">«<i>Parmi
les gens qui habitaient au-delà du Jourdain, il y avait une femme
nommée Marie, dont le père s'appelait Eléazar. Elle était du
bourg de Bethézuba (ce qui signifie : maison de l'hysope), issue
d'une bonne famille et riche; elle s'était réfugiée à Jérusalem
avec le reste du peuple et s'était trouvée prise par le siège. Les
tyrans avaient pillé tous les biens qu'elle avait rassemblée et
amenés avec elle de Pérée dans la ville; les objets précieux qui
pouvaient lui rester et la nourriture qu'elle avait pu se procurer
lui étaient ravis par leurs satellites au cours de leurs descentes
quotidiennes. Cette pauvre femme en était profondément indignée
et, injuriant et maudissant ces pillards, elle les excitait contre
elle. Mais comme aucun d'eux, ni par colère ni par pitié, ne
l'avait tuée, qu'elle était fatiguée de chercher de la nourriture
pour d'autres, que de plus elle voyait que désormais il était
impossible d'en trouver où que ce fût, que la faim lui vrillait les
entrailles et les moelles, que la colère la brûlait encore plus que
la faim, prenant pour conseillers sa rage en même temps que la
nécessité, elle en vint à un acte contre nature et saisissant son
enfant, qui était encore au sein : "Mon pauvre petit,
lui-dit-elle, au milieu de la guerre, de la famine et de la sédition,
à quoi bon te conserver en vie? Chez les Romains, c'est l'esclavage
qui nous attend, même si nous vivons jusqu'à leur arrivée; mais la
famine prévient l'esclavage, et les rebelles sont pires que ces deux
calamités </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjSnq3zMH4-mXSR5KJIvBdIYMb3M-V-nZelVGOLrCMLk4XBlzuSkdWA0bgQ12Bxckvpp3BFjbGxUAq4Zkwtdd2IQtV8ineAeRk6twJFoOkxpZpAbu9zSvi7kbhm8cjcx-vNN_ad1mg7EJ5U/s1600/img-3-small517.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="452" data-original-width="356" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjSnq3zMH4-mXSR5KJIvBdIYMb3M-V-nZelVGOLrCMLk4XBlzuSkdWA0bgQ12Bxckvpp3BFjbGxUAq4Zkwtdd2IQtV8ineAeRk6twJFoOkxpZpAbu9zSvi7kbhm8cjcx-vNN_ad1mg7EJ5U/s400/img-3-small517.jpg" width="315" /></a>réunies. Allons, sois ma nourriture, sois pour les
rebelles une Erinye, et pour les hommes le sujet d'une histoire, la
seule qui manquât encore aux calamités des Juifs!" Ce disant,
elle tue son enfant, le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjSnq3zMH4-mXSR5KJIvBdIYMb3M-V-nZelVGOLrCMLk4XBlzuSkdWA0bgQ12Bxckvpp3BFjbGxUAq4Zkwtdd2IQtV8ineAeRk6twJFoOkxpZpAbu9zSvi7kbhm8cjcx-vNN_ad1mg7EJ5U/h120/img-3-small517.jpg">fait rôtir</a>, en mange une moitié et conserve
l'autre bien enveloppée. Immédiatement, les rebelles étaient là,
ayant humé le fumet criminel : ils la menaçaient de l'égorger
sur-le-champ si elle ne leur montrait pas ce qu'elle avait préparé.
Elle leur dit qu'elle leur avait mis de côté, pour eux aussi, une
belle part, et elle découvrit les restes de son enfant. Un frisson
subit d'épouvante s'empara d'eux et ils restèrent pétrifiés à
cette vue. Alors elle : "Oui, c'est bien mon enfant, et c'est
moi qui ai fait cela. Mangez, car moi aussi j'en ai mangé avidement!
Ne vous montrez pas plus faibles qu'une femme et plus compatissante
qu'une mère! Si vous avez des scrupules religieux qui vous
détournent de ma victime, mettons que j'aie dévoré votre part, et
que le reste soit pour moi! Alors ils sortirent en tremblant, lâches
en cette seule occasion, et concédant à regret à la mère même
une nourriture de ce genre. Aussitôt, la nouvelle de cette
abomination se répandit dans toute la ville et chacun, se mettant
sous les yeux cette chose atroce, frissonnait comme s'il avait osé
la perpétrer lui-même. Les affamés aspiraient à la mort et
enviaient la félicité de ceux qui étaient décédés avant
d'entendre et de voir de telles calamités.</i></span> </div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Rapidement,
la nouvelle de ce fait horrible se répandit aussi chez les Romains.
Certains refusaient d'y croire, d'autres étaient pris de pitié,
mais pour la plupart elle eut pour effet de les pousser à un
surcroît de haine pour la nation. César </i>[Titus]<i> se déclara
innocent de ce crime aussi devant Dieu, affirmant que les Juifs
s'étaient </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhufcUJue2QAzNLLoQEmNEsuVsYX9eTW-RueJb1ued9KvJbdAyw57NM1_oUdsLeyQgOGmkJV4y5uQqP6C1cJLb8fMN4mCxQtrbJu8rN5uYdWx-u52ose2Hwf2q0o8mzXz-5jl1_wG2daRL8/s1600/unnamed.gif" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="432" data-original-width="338" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhufcUJue2QAzNLLoQEmNEsuVsYX9eTW-RueJb1ued9KvJbdAyw57NM1_oUdsLeyQgOGmkJV4y5uQqP6C1cJLb8fMN4mCxQtrbJu8rN5uYdWx-u52ose2Hwf2q0o8mzXz-5jl1_wG2daRL8/s400/unnamed.gif" width="312" /></a>vu offrir par lui la paix, l'autono-mie et le pardon de
toutes les offenses passées, mais qu'ils avaient préféré la
révolte à la prospérité; que de leurs propres mains ils avaient
commencé à incendier le Temple que les Romains leur conservaient,
et qu'ils méritaient même une nourriture aussi <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhufcUJue2QAzNLLoQEmNEsuVsYX9eTW-RueJb1ued9KvJbdAyw57NM1_oUdsLeyQgOGmkJV4y5uQqP6C1cJLb8fMN4mCxQtrbJu8rN5uYdWx-u52ose2Hwf2q0o8mzXz-5jl1_wG2daRL8/h120/unnamed.gif">monstrueuse</a>; qu'il
ensevelirait l'horreur de cette anthropophagie, dont un enfant était
victime, sous les ruines de leur patrie et qu'il ne laisserait pas
contempler au soleil, sur la face de la terre, une ville dans
laquelle les mères étaient nourries de cette manière;
qu'assurément une telle nourriture convenait non pas aux mères mais
aux pères qui, après de telles calamités restaient sous les armes;
en disant ces mots, il avait aussi dans l'esprit le désespoir de ces
hommes : on ne pouvait en effet plus ramener à la raison des hommes
qui avaient enduré antérieurement tous les maux, dont il aurait été
naturel que, pour ne pas les subir, ils acceptent de changer
d'attitude</i>» (F. Josèphe. <i>La guerre des Juifs, </i>Paris,
Éditions de Minuit, Col. Arguments, 1977, pp. 491-492).</span></div>
</blockquote>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">Comme
Ovide, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj1m42HsTNjZq4JqkFNz8Cmef55UuddLFKUQWcUs-K3CHIypHJ_36whf1NYgwd4D6K2SMJ3XMEwp2A-h6nOxfzy_II0BnhtCZkECINDDUjCKdUW0RecJHxJ679OUe-CrNv20rDX8a7RCZbk/h120/Josephusbust.jpg">Flavius Josèphe</a> met dans la bouche de Marie une évocation
des malheurs en temps de guerre. La famine, qui finit toujours par
ronger les citoyens d'une ville assiégée par </span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj1m42HsTNjZq4JqkFNz8Cmef55UuddLFKUQWcUs-K3CHIypHJ_36whf1NYgwd4D6K2SMJ3XMEwp2A-h6nOxfzy_II0BnhtCZkECINDDUjCKdUW0RecJHxJ679OUe-CrNv20rDX8a7RCZbk/s1600/Josephusbust.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="600" data-original-width="401" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj1m42HsTNjZq4JqkFNz8Cmef55UuddLFKUQWcUs-K3CHIypHJ_36whf1NYgwd4D6K2SMJ3XMEwp2A-h6nOxfzy_II0BnhtCZkECINDDUjCKdUW0RecJHxJ679OUe-CrNv20rDX8a7RCZbk/s400/Josephusbust.jpg" width="266" /></a>une armée ennemie,
conduit les individus à commettre des transgressions inimaginables
en temps de paix. Le cannibalisme - le fait de manger de la chair
humaine - est l'une de ces transgressions qui, avec le meurtre et
l'inceste, sont partagées par l'ensemble des systèmes moraux et
religieux d'à peu près tous les peuples. Ici, malgré la faim qui
dévorait les Juifs assiégés dans Jérusalem, l'acte de Marie n'en souleva pas
moins leur horreur devant le crime. Par sa grande virtuosité
narrative, Flavius Josèphe met côte à côte la justification de
Marie - ce qui l'a conduit à commettre un crime aussi atroce -, et
la répulsion unanime et des Juifs et des Romains. Toutefois, la
compassion à laquelle parvient Flavius ne semble pas avoir été
partagée par Titus, ni par Dante.</span><br />
<br /></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">La
faim entraîne l'appétit, mais la gourmandise est un au-delà de la
faim, c'est un abandon sans mesure aux plaisirs de la bouche. De fait, la
gourmandise est attirance érotique de l'oralité. Raison, peut-être,
pour laquelle les deux derniers cercles des péchés capitaux sont
liés, l'oralité passant à la génitalité dans le cercle des
luxurieux. Les premiers gourmands présentés par Dante -
Érysichthon et Marie - sont des êtres placés dans des conditions
exceptionnelles : l'un par la malédiction d'une déesse; la seconde
par l'état de siège de la cité. Dans les deux cas, il ne s'agit
pas réellement de gourmandise, mais plutôt d'une faim artificielle
causée par des situations contraignantes, sur lesquelles ils n'ont
aucun contrôle.</span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">C'est
alors que le trio rencontre un ami de Dante, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiBFZMi_jsXt_LGgL_awwFfgqltrZYBwb2FgAyTNqwsg6YnDlH-jWml7a3FRYE4VGh00defpThM0sehSwLXAnmieEUJFjPwoHRbzIWUFv04b35Ix9vM0ZsLaUu78ZTUQb6U7TnrbNZmZ3KI/h120/forese.gif">Forese Donati</a>, son
compatriote avec qui il avait partagé sa joyeuse vie de jeune homme.
Fils de Simone Donati, il avait pour frère le fameux </span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiBFZMi_jsXt_LGgL_awwFfgqltrZYBwb2FgAyTNqwsg6YnDlH-jWml7a3FRYE4VGh00defpThM0sehSwLXAnmieEUJFjPwoHRbzIWUFv04b35Ix9vM0ZsLaUu78ZTUQb6U7TnrbNZmZ3KI/s1600/forese.gif" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="200" data-original-width="200" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiBFZMi_jsXt_LGgL_awwFfgqltrZYBwb2FgAyTNqwsg6YnDlH-jWml7a3FRYE4VGh00defpThM0sehSwLXAnmieEUJFjPwoHRbzIWUFv04b35Ix9vM0ZsLaUu78ZTUQb6U7TnrbNZmZ3KI/s400/forese.gif" width="400" /></a>Corso Donati en qui Dante
trouva son pire ennemi à Florence. Mais avec Forese, c'était tout
autre chose. Ensemble ils s'échan-</span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif">geaient des sonnets sur un ton
assez libre, commencés par jeu, mais bientôt injurieux, propres à
fomenter une <i>tenzone. </i>Mais à travers les échanges de Dante
et de Forese au Purgatoire, il est clair qu'il n'existait pas
d'animosité entre eux. Forese était mort en 1296.
C'est lui plus que Virgile qui se fait ici le guide de Dante dans le
cercle des gourmands. Toutefois, Dante reconnaît difficilement son ami tant ses
traits sont émaciés. Dans l'ensemble, la conversation tourne autour
de choses personnelles. Forese en profite pour calomnier les
Florentines habillées de façon provocante et prédit que bientôt
les vêtements seront plus austères. Pour sa part, Dante raconte
son périple à travers l'Enfer et le Purgatoire et s'informe sur
Piccarda, la sœur de Forese, maintenant au Paradis. Avant de se
quitter, Forese prédit la mort prochaine de son frère Corso et le condamne déjà aux enfers.</span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">Mais
entre tout cela, Forese présente certains authentiques gloutons à
Dante. En commençant par <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh6xjbPze3R2_ZW5GWZfloNzYd0SQWCvRpTvAQKwJHNoUvUSrHYXvYdYiI09NT2ByZho84DPn7CQbacxNFbmZsoLl7gI0njwKZ5eIlS5sMhEq37vL8Hc7O5cgbg03KR3GbY0bTGVaeOLKqM/h120/Bonagiunta_Orbicciani.jpg">Buonagiunta Orbisani</a> (<span style="font-family: "symbol";"></span>1220-1290),
de Lucques, poète de l'École toscane, </span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span face=""segoe ui" , sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh6xjbPze3R2_ZW5GWZfloNzYd0SQWCvRpTvAQKwJHNoUvUSrHYXvYdYiI09NT2ByZho84DPn7CQbacxNFbmZsoLl7gI0njwKZ5eIlS5sMhEq37vL8Hc7O5cgbg03KR3GbY0bTGVaeOLKqM/s1600/Bonagiunta_Orbicciani.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="200" data-original-width="170" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh6xjbPze3R2_ZW5GWZfloNzYd0SQWCvRpTvAQKwJHNoUvUSrHYXvYdYiI09NT2ByZho84DPn7CQbacxNFbmZsoLl7gI0njwKZ5eIlS5sMhEq37vL8Hc7O5cgbg03KR3GbY0bTGVaeOLKqM/s400/Bonagiunta_Orbicciani.jpg" width="340" /></a></span>mieux connu comme notaire et
juge. Moins de quarante de ses poèmes sont parvenus jusqu'à nous.
Buonagiunta précédait Dante d'une génération et sa tendance à
imiter les Provençaux et les Siciliens s'accompagnait d'une langue
trop souvent maladroite et grossière. Si Dante le place au
Purgatoire, c'est à cause de sa passion pour le bon vin. Après
Buonagiunta, Dante rencontre Giacomo da Lentini (ou Jacopo)
(<span style="font-family: "symbol";">1210-1260), </span>fondateur de l'École
sicilienne de poésie et que l'on surnommait le <i>Notaire, </i>ce qu'était son métier.</span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">Giacomo
de Lentini était un fonctionnaire attaché à la Cour de Frédéric
II de Hohenstaufen, empereur du Saint-Empire romain-germanique sous
le sceptre duquel relevait toute l'Italie. </span><span face=""segoe ui" , sans-serif">Il paraphait ses documents
du titre de <i>Giaomus de Lentino domini imperatoris notarius. </i>En
avril 1240, il fut nommé commandant du château Garsiliato à
Mazzarino, en Sicile, ce qui ne l'empêcha pas de s'adonner à sa
passion poétique en créant 16 chansons et 22 sonnets. Il </span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span face=""segoe ui" , sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjY0DrNI9XDettWf2NApuQ3PVnoO_p-BdE0QkLClf7lZS8mGJsk0OEoNZVU3T1carwctPYF8-0swL2LApc2CKUla0BYjULfgYOKuTm6XW5qRlKOWsPULXT3tFl-gOzO1nDYo7XFlQdqqH2t/s1600/Jacopo_da_Lentini.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="630" data-original-width="588" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjY0DrNI9XDettWf2NApuQ3PVnoO_p-BdE0QkLClf7lZS8mGJsk0OEoNZVU3T1carwctPYF8-0swL2LApc2CKUla0BYjULfgYOKuTm6XW5qRlKOWsPULXT3tFl-gOzO1nDYo7XFlQdqqH2t/s400/Jacopo_da_Lentini.jpg" width="372" /></a></span>est à la
base de la métrique qui constitue l'ensemble des régularités
formelles et symétriques qui caractérisent la poésie littéraire
versifiée. L'École sicilienne (<i>La Scuola Siciliana</i>)
s'intéressait au <i>fin'amor </i>dans la droite ligne de l'amour
courtois élaboré par la poésie provençale. Parmi les pièces dont
se compose le cahier du chansonnier sicilien, on peut citer : «<i>Io m'aggio
posto in core</i>», l'un des exemples les plus anciens du sonnet
dont Lentini fut l'inventeur; une <i>Terzone, </i>un débat amoureux
entre Pierre Des Vignes et Jacopo Mostacci, arbitrée par Giacomo.
L'École sicilienne (1230-1266) constitue l'un des moments importants
de l'histoire littéraire italienne. Elle a contribué à forger la
langue italienne moderne. Dante puisa grandement dans les travaux de
cette école. Le chansonnier sicilien marque le commencement du <i>dolce
stil nuovo, </i>source d'une tradition unitaire qui tient autant du
modèle colporté par les troubadours que des chansons populaires
siciliennes et du latin, alors langue universelle de l'Europe. De ce syncrétisme est né la langue littéraire italienne, celle de Dante et de <i>La Divine Comédie.</i></span><br />
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">Suit
un pape, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj5pWM_5HCJRR644ojlNbLx_em9y0hw-jhA1QOaYO2qRNTeB1HbzlixGrN9Own_q6D0PCaHNdcBSArV97_344nz1b-jJ6QJ5MDEp5BJ6y5_4JvxCpvPBfyLtWmGVDOHrSwYQSqgnI4WK281/h120/unnamed.jpg">Martin IV</a> (1281-1285), originaire de Tours où il était
trésorier de la cathédrale. Homme de cœur dit de lui Villani,
célèbre chroniqueur du Moyen Âge, saint homme bien </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj5pWM_5HCJRR644ojlNbLx_em9y0hw-jhA1QOaYO2qRNTeB1HbzlixGrN9Own_q6D0PCaHNdcBSArV97_344nz1b-jJ6QJ5MDEp5BJ6y5_4JvxCpvPBfyLtWmGVDOHrSwYQSqgnI4WK281/s1600/unnamed.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="220" data-original-width="191" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj5pWM_5HCJRR644ojlNbLx_em9y0hw-jhA1QOaYO2qRNTeB1HbzlixGrN9Own_q6D0PCaHNdcBSArV97_344nz1b-jJ6QJ5MDEp5BJ6y5_4JvxCpvPBfyLtWmGVDOHrSwYQSqgnI4WK281/s400/unnamed.jpg" width="347" /></a>que, lui aussi,
étant une créature de Charles d'Anjou, Martin était connu pour être
un bon vivant. Il aurait adoré les anguilles de Bolsène (lac au
nord-ouest de Rome), qu'il faisait mourir dans une espèce de vin
blanc appelé vernaccia. Il pouvait pousser toutefois sa gourmandise
très loin. Selon Jacopo della Lana, il aurait été tellement
glouton qu'il ne refusait rien à cette passion et qu'après s'être
bien repu, il disait : </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>O
sancte Deus, quanta mala patimur pro ecclesia' Dei! </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">(</span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR">Oh,
mon Dieu, combien de souffrances pour l'Église, Dieu!</span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif">).
U</span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">ne
histoire de grenache curieusement épicé mais fort bien digéré six
mois avant la mort du pape fit parler tout Viterbe. Dante donne au pape une peau
</span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>écailleuse, </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">des
saillies des os, les joues creuses, les narines pincées, le ventre
vide, la peau d'apparence cousue et tirée en arrière vers l'autre
face du corps. C'est une description caractéristique des gourmands, ceux-ci
payant leur vice terrestre par les signes d'une faim inassouvissable dans l'au-delà.</span></span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgcnceiXO-ypONBDx4k13PF-I1vYKI4inTdcG42Yb122xjE9cOqGl_0yAHgVXcXCuKeuNCGaUyeD6WPXwTVvIagoLlenyokbHw6Mqb3fKPWQECVOiNud_pQedCeVDOPYEi4NISu3D7w4AFv/s1600/Capitolini-MonumentoCarloAngi%25C3%25B2-ArnolfoDiCambio-2.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="293" data-original-width="220" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgcnceiXO-ypONBDx4k13PF-I1vYKI4inTdcG42Yb122xjE9cOqGl_0yAHgVXcXCuKeuNCGaUyeD6WPXwTVvIagoLlenyokbHw6Mqb3fKPWQECVOiNud_pQedCeVDOPYEi4NISu3D7w4AFv/s400/Capitolini-MonumentoCarloAngi%25C3%25B2-ArnolfoDiCambio-2.jpg" width="300" /></a>La
papauté de Martin IV s'inscrit dans cette précipitation des
pontificats du XIIIe siècle. Comme pour l'élection d'Adrien V, «</span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>une
fois de plus, le conclave se réunit à Viterbe; <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgcnceiXO-ypONBDx4k13PF-I1vYKI4inTdcG42Yb122xjE9cOqGl_0yAHgVXcXCuKeuNCGaUyeD6WPXwTVvIagoLlenyokbHw6Mqb3fKPWQECVOiNud_pQedCeVDOPYEi4NISu3D7w4AFv/h120/Capitolini-MonumentoCarloAngi%25C3%25B2-ArnolfoDiCambio-2.jpg">Charles d'Anjou</a>
était présent et son ingérence entrava les opérations qui furent
lentes. Le 22 février 1281, seulement, la majorité des suffrages
portait au souverain pontificat un Français, Simon de Brie, cardinal
de Sainte-Cécile, homme lige de Charles. Il prit le nom de Martin
IV</i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">»
(F. Hayward. </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Histoire
des papes, </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">Paris,
Payot, Col. Bibliothèque historique, 1953, p. 230). Charles d'Anjou avait installé son emprise sur la Sicile malgré l'hostilité des habitants
de l'île. Jusqu'à présent, les papes s'étaient employés à
limiter les pouvoirs de Charles. «</span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Cette
politique de limitation des initiatives angevines ne fut pas
continuée par Martin IV, tout dévoué aux intérêts des princes
capétiens. Ce pape français ramena Charles d'Anjou à Rome, le posa
en chef du parti guelfe et, en excommuniant l'empereur byzantin,
Michel VIII, donna une allure de croisade à l'expédition que
l'Angevin préparait</i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">»
(J.-M. Mayeur, Ch. Pietri, A. Vauchez, M. Venard (éd.) </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Histoire
du christianisme, t. 6 : Un temps d'épreuves (1274-1449), </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">Paris,
Desclée/Fayard, 1990, p. 581). L'élection de Martin IV avait fait
tourner le vent en faveur des </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjHgLUYl693R7iwJFCjzr2k6iLajoZVorMNCHrt9vtLaT16zXvB-t2e7fjlFojRYbpw2skgMuFHIrHMy8Ksa6GeGB6y21NwY8jIAf-BFX51P3LUnyV-l6Pj0A1n_vrGoOXE__zw1jMjnxMA/s1600/Francesco_Hayez_023.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1178" data-original-width="1600" height="293" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjHgLUYl693R7iwJFCjzr2k6iLajoZVorMNCHrt9vtLaT16zXvB-t2e7fjlFojRYbpw2skgMuFHIrHMy8Ksa6GeGB6y21NwY8jIAf-BFX51P3LUnyV-l6Pj0A1n_vrGoOXE__zw1jMjnxMA/s400/Francesco_Hayez_023.jpg" width="400" /></a>Angevins. «</span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Sous
ce pontificat, le roi de Sicile reprit son titre de Sénateur de
Rome, peupla l'adminis-</i></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>tration de ses créatures et, bien que vassal
du Saint-Siège, se donna des allures de protecteur à son égard.
Ces procédés irritèrent le parti gibelin qui, de toutes parts,
s'insurgea contre le prince angevin. La puissance de Charles
s'écroula brusquement, le 31 mars 1282, lorsque les cloches de
Palerme sonnèrent les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjHgLUYl693R7iwJFCjzr2k6iLajoZVorMNCHrt9vtLaT16zXvB-t2e7fjlFojRYbpw2skgMuFHIrHMy8Ksa6GeGB6y21NwY8jIAf-BFX51P3LUnyV-l6Pj0A1n_vrGoOXE__zw1jMjnxMA/h120/Francesco_Hayez_023.jpg">Vêpres Siciliennes</a> qui amenèrent le massacre
de tous les Français qui se trouvaient dans l'île. L'insurrection
s'étendit à la péninsule et, notamment aux États de l'Église,
tandis que Pierre d'Aragon, mari d'une fille de Manfred, débarquait
à Trapani à la tête d'une flotte commandée par le valeureux amiral
Roger de Loria</i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">»
(F. Hayward. op. cit. p. 230).</span></span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">«<i>La
guerre devenait inévitable entre la France et l'Aragon. Le pape
français Martin IV la transforma en croisade et offrit
maladroitement le trône d'Aragon à Charles de Valois qui, en 1285,
échoua à le conquérir mais laissa son armée piller la ville
d'Elne, au cœur de la partie continentale du royaume de Majorque que
tenait un cadet de la maison d'Aragon.</i></span></div>
</blockquote>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<blockquote>
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>On
ne parla plus de la croisade d'Aragon, mais l'affaire de Sicile
demeura comme une offense faite à la fois au pape, suzerain du
royaume, et au roi de France dont le cousin Charles II d'Anjou se
voyait menacé dans ce qui subsistait de son royaume, Naples et toute
l'Italie méridionale</i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">»
(J. Favier. </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Les
papes d'Avignon, </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">Paris,
Fayard, 2006, p. 418). </span></span></blockquote>
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">De Rome, «</span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>le
pape Martin IV fulmina inutilement des excommunications qui,
considérées </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEibZr4jQo3Rs5shmQJdj6KE3K5BuIpUCkQlw3lxlhLmkBfN-dPSyU_RGRZ1CruubJoLS91zPTYXgEbmFa6vDrrbQ4oFVng_KvdmvzFUxPr9fIp0x-gLISLTSqkZDifFNDzoLlyJJRObgvp_/s1600/Andronikos_II_Palaiologos.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="424" data-original-width="260" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEibZr4jQo3Rs5shmQJdj6KE3K5BuIpUCkQlw3lxlhLmkBfN-dPSyU_RGRZ1CruubJoLS91zPTYXgEbmFa6vDrrbQ4oFVng_KvdmvzFUxPr9fIp0x-gLISLTSqkZDifFNDzoLlyJJRObgvp_/s400/Andronikos_II_Palaiologos.jpg" width="245" /></a>comme inspirées par des motifs politiques, ne purent
arrêter la révolte contre le parti français. Pendant ce temps,
l'Empereur d'Orient <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEibZr4jQo3Rs5shmQJdj6KE3K5BuIpUCkQlw3lxlhLmkBfN-dPSyU_RGRZ1CruubJoLS91zPTYXgEbmFa6vDrrbQ4oFVng_KvdmvzFUxPr9fIp0x-gLISLTSqkZDifFNDzoLlyJJRObgvp_/h120/Andronikos_II_Palaiologos.jpg">Andronic II</a> n'hésitait pas à rompre le pacte
d'union signé au concile de Lyon. Désavouant la conduite de son
père Michel VIII, il rappelait sur leurs sièges tous les évêques
et le patriarche de Constantinople qui n'avaient pas été favorables
à l'union. Martin
IV mourut le 28 mars 1285, peu de temps après Charles d'Anjou,
disparu lui-même le 7 janvier</i>» (F. Hayward. <i>Histoire des
papes, </i>Paris, Payot, Col. Bibliothèque historique, 1953, p.
230).</span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif">Le
glouton suivant s'appelle Boniface de’ Fieschi de Lavagna,
archevêque de Ravenne. Boniface de Fieschi entra dans l'Ordre de
saint Dominique, peu de temps après qu'Innocent IV, son oncle
paternel, eut été élu pape. Grégoire X le fit son nonce en
France, puis Archevêque de Ravenne. Il parut au concile de Lyon avec
la qualité de légat du saint Siège. Archevêque de Ravenne, il
tenait table ouverte et faisait faire grasse chère à ses convives,
ce qui en fit l'un des
plus célèbres gourmands de son temps. Le terme <i>rocco </i>utilisé
par Dante renvoie au bâton
pastoral des anciens archevêques de Ravenne. Au bout du bâton on y
trouvait une tour d'ivoire sculptée d'une forme absolument semblable
à la pièce du jeu d'échecs qui porte ce nom : «<i>Je vis excités
par la faim, user leur dents dans le vide. Ubaldin della Pila et
Boniface (qui fut le pasteur) avec le rocco des multitudes</i>».</span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">Enfin,
on y retrouve <span lang="fr-CA">Marchese</span><span lang="fr-FR">
Orgogliosi (ou Argugliosi, Rigogliosi) (milieu du XIIIe siècle - 1316
ou 1320), appartenant à la famille patricienne Forlì des
Orgogliosi. Maire de Faenza en </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR">1296, en 1304 il prit possession de
Predappio. En 1311, il aide à attraper Fulceri de Calboli par
surprise à Forlì. Dans cette entreprise, il est aidé par d'autres
membres de son parti pendant les luttes entre Guelfes et Gibelins,
tels que le comte de Romagne Gilberto di Santilla, Niccolò da
Calboli, Scarpetta et Bartolomeo Ordelaffi. Les Orgogliosi - les
Fiers - </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR"><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhPLLUvRakCMDDrg_O4yEkfigGaDmBdjzmIorgheZCybIsOWbn-uF22-kPJZXTWszsky9m94SuCNPky4zxNVE7YQ9Di5wir-68-01NSIQKY0AItzKP1_h6dVvX049L3Xph64CuxM8ky34GT/s1600/1309462943.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="334" data-original-width="250" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhPLLUvRakCMDDrg_O4yEkfigGaDmBdjzmIorgheZCybIsOWbn-uF22-kPJZXTWszsky9m94SuCNPky4zxNVE7YQ9Di5wir-68-01NSIQKY0AItzKP1_h6dVvX049L3Xph64CuxM8ky34GT/s400/1309462943.jpg" width="298" /></a></span></span>sont restés seigneurs de Faenza jusqu'en 1315, lorsque Paolo
de Calboli, fils de Fulceri, a tenté de retourner à Forlì avec son
père et Cecco Ordelaffi, au détriment des Orgogliosi. Uberto
Malatesta doit être compté parmi ses adversaires, tandis que
Ferrantino Malatesta a combattu à ses côtés. Un coup d'État
réussit à les chasser de Faenza. Selon la tradition, les Calboli
étaient à la tête du parti guelfe, tandis que les Orgogliosi
étaient alignés avec les Gibelins d'Ordelaffi, mais dans les phases
convulsives des luttes de Romagne, les luttes se jouaient également
et fréquemment au sein de la même famille. </span>Marchese était grand buveur. On cite de lui une
réplique plaisante à son sommelier : «-
On dit partout que vous ne faites que boire! - Que ne dit-on que j'ai
toujours soif?». <span lang="fr-FR">Les dernières informations
concernant Marchese Orgogliosi remontent à 1316, date présumée de
sa mort.</span></span><br />
<br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR">Avouons-le, tous ces gourmands sont des <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhPLLUvRakCMDDrg_O4yEkfigGaDmBdjzmIorgheZCybIsOWbn-uF22-kPJZXTWszsky9m94SuCNPky4zxNVE7YQ9Di5wir-68-01NSIQKY0AItzKP1_h6dVvX049L3Xph64CuxM8ky34GT/s1600/1309462943.jpg">goinfres</a> bien timides.
Les banquets auxquels assistaient Dante et ses poètes amis de
l'École de Sicile ressemblaient davantage à ces </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgjC-QyHb8Sx4mHCvRbCvonSz6GKQgZM_pz11-5nHEMNJXVk1msJIavldRcmR3-A8DA08TRDDyTtKDssGTa40UOOv_9jtgL3O75o_R-iyeKwt_1BFwjhER_tIuOTIQYYw2ZkhkhUutODYgd/s1600/mosaique_entiere_a4_moindre.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="219" data-original-width="319" height="274" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgjC-QyHb8Sx4mHCvRbCvonSz6GKQgZM_pz11-5nHEMNJXVk1msJIavldRcmR3-A8DA08TRDDyTtKDssGTa40UOOv_9jtgL3O75o_R-iyeKwt_1BFwjhER_tIuOTIQYYw2ZkhkhUutODYgd/s400/mosaique_entiere_a4_moindre.jpg" width="400" /></a>banquets grecs
décrits dans Platon ou Xéno-</span></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR">phon, où l'on ne sait jamais trop si
l'ivresse de la parole ne dépasse pas l'ivresse du nectar de
Bacchus. Rien de cette soirée romaine tenue par l'esclave affranchi,
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgjC-QyHb8Sx4mHCvRbCvonSz6GKQgZM_pz11-5nHEMNJXVk1msJIavldRcmR3-A8DA08TRDDyTtKDssGTa40UOOv_9jtgL3O75o_R-iyeKwt_1BFwjhER_tIuOTIQYYw2ZkhkhUutODYgd/h120/mosaique_entiere_a4_moindre.jpg">Trimalcion</a>, dans </span><span lang="fr-FR"><i>Le Satiricon </i></span><span lang="fr-FR">de
Pétrone, composé au premier siècle de notre ère. Héritier d'un
maître richissime, ce nouveau propriétaire foncier organise un
festin - plutôt qu'un banquet - où aux mets peu coûteux comme il
sied à un banquet mortuaire d'un homme du commun, ramasse quinze
invités auxquels ce nouvel homme libre venu de sa lointaine Syrie
raconte sa montée dans la société romaine.</span></span></div>
<div lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR">Les
banquets tenus par les Romains sont passés dans le </span><span lang="fr-FR"><i>mythistoire
</i></span><span lang="fr-FR">et il n'y a pas un film, pas une série
télé sur Rome qui ne nous les présente sur un même modèle. Alors que </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhaVd0f6xK7qa_GUm9C2k_3Eu9nbgUZP1zKCBkwbyw6RhnhLcF1hyrVspKARQksLIaeayd8dIK_T2Eq7dvIpQTWS3hn0jP8VfSwFbqz9YGrbVCvvtsr7okNKtOEGsbf7VBCVj4OOa-hL4ZQ/s1600/seneca.jpg.webp" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1055" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhaVd0f6xK7qa_GUm9C2k_3Eu9nbgUZP1zKCBkwbyw6RhnhLcF1hyrVspKARQksLIaeayd8dIK_T2Eq7dvIpQTWS3hn0jP8VfSwFbqz9YGrbVCvvtsr7okNKtOEGsbf7VBCVj4OOa-hL4ZQ/s400/seneca.jpg.webp" width="263" /></a>l'éducation des
Grecs en faisait des individus régis par la tempérance, se
laissant rarement emporter par des passions, sinon celles de la Cité; les Romains n'hésitaient pas, surtout à partir de la fin
de la République, à rompre avec cet esprit de </span><span lang="fr-FR"><i>gravitas</i></span><span lang="fr-FR">
hérité de la philosophie grecque et
dont le stoïcisme marquait l'apogée. À leur dernier pédagogue, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhaVd0f6xK7qa_GUm9C2k_3Eu9nbgUZP1zKCBkwbyw6RhnhLcF1hyrVspKARQksLIaeayd8dIK_T2Eq7dvIpQTWS3hn0jP8VfSwFbqz9YGrbVCvvtsr7okNKtOEGsbf7VBCVj4OOa-hL4ZQ/h120/seneca.jpg.webp">Sénèque</a>, précepteur des premiers empereurs
romains, ses élèves préférèrent l'épicurisme, transformant
la vie impériale en lieu où </span><span lang="fr-FR"><i>le pain
et les jeux </i></span><span lang="fr-FR">écartaient de la chose
publique. La passion politique se voyait réservée désormais aux seuls
arrivistes qui, de l'aristocratie ou de l'armée, parvenaient à la
tête de l'empire. Ce fut le cas du quatrième empereur, Claude (10
av. J.-C. - 54 apr. J.-C.). </span><span lang="fr-FR"><span style="font-weight: normal;">«</span></span><span lang="fr-FR"><i><span style="font-weight: normal;">Les
historiens ont raconté dans quelles <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgFB5c8oVLdNIQ1DJ4BHpoM5XtgOh6n31wRxMdmfbftH-S2bTP78yJrg99x5EEC1QZXWh1o_ZlJJbuN5PuuPkC357_5lzQ7ojot_wIoxBE-F3v3gNa6e60V-eCUDv2Tu9UA-pOrY_kHnvsx/h120/220px-Charles_Lebayle_Claude_proclam%25C3%25A9_empereur.JPG">circonstances rocambolesques</a> le
pouvoir lui échut : les soldats l'avaient déniché, mort de peur,
derrière un rideau et l'avaient bien malgré lui hissé sur le
trône. C'était un vieil érudit, bègue, sensuel et bâfreur, et
avec cela obsédé par les femmes. On le tenait pour un minus
inoffensif, mais en fait, dans ce </span></i></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR"><i><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgFB5c8oVLdNIQ1DJ4BHpoM5XtgOh6n31wRxMdmfbftH-S2bTP78yJrg99x5EEC1QZXWh1o_ZlJJbuN5PuuPkC357_5lzQ7ojot_wIoxBE-F3v3gNa6e60V-eCUDv2Tu9UA-pOrY_kHnvsx/s1600/220px-Charles_Lebayle_Claude_proclam%25C3%25A9_empereur.JPG" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="283" data-original-width="220" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgFB5c8oVLdNIQ1DJ4BHpoM5XtgOh6n31wRxMdmfbftH-S2bTP78yJrg99x5EEC1QZXWh1o_ZlJJbuN5PuuPkC357_5lzQ7ojot_wIoxBE-F3v3gNa6e60V-eCUDv2Tu9UA-pOrY_kHnvsx/s400/220px-Charles_Lebayle_Claude_proclam%25C3%25A9_empereur.JPG" width="310" /></a>milieu où l'on vivait si
dangereusement, il avait eu l'intelligence de se faire passer pour
idiot. Astuce à laquelle il devait d'être toujours en vie : qui se
fût soucié d'un intellectuel bafouilleur, toujours fourré dans une
bibliothèque? Le plus drôle est qu'il était devenu de première
force en étruscologie, en histoire, en philologie. Sa culture était
reconnue de tous, même dans les milieux peu enclins à lui faire des
cadeaux. Pierre-Maxime Schul a tenté naguère une réhabilitation
brillante de ce personnage qui ne l'était pas. Nul ne signale
toutefois qu'il ait porté quelque intérêt à la philosophie, mais
il n'est pas exclu que la malveillance éhontée de Sénèque ait
amplifié cette indifférence supposée, indice à ses yeux d'un
esprit débile</span></i></span><span lang="fr-FR"><span style="font-weight: normal;">»
(J. Jerphagnon. </span></span><span lang="fr-FR"><i><span style="font-weight: normal;">Les
divins Césars, </span></i></span><span lang="fr-FR"><span style="font-weight: normal;">Paris,
Tallandier, Col. Pluriel, 2004, pp. 87-88).</span> </span></span><br />
<br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR">Claude
régna de 41 à 54 de notre ère. S'il n'était pas cet imbécile que
les mauvaises langues disaient, Claude succombait facilement à ses
deux passions, la nourriture et les femmes. Après Messaline qui
l'humilia en se prostituant dans les bordels romains, sa seconde
épouse, Agrippine, joint à sa passion pour </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR">la nourriture, le
conduisit au tombeau par empoisonnement. Car <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEja5opVnEA1eS0EWQ4mE4DmOWBnyjrMT_WJ_vvSgR2zwklgKIIhIGmTud4uHNlUMQH5h5EKfScRWH1L6LvfGYW8ivNV-lB46I3iS5a7CgijldYOAdPGKhBpbAVZlsSJKyE_ftHOBSLOuoY5/h120/midi_titre_3_exposition_empereur_claude_invit_e-00_00_05_22-3972465.jpg">Claude</a>, en ces deux
domaines, était un authentique gourmand. </span><span style="font-weight: normal;">«</span><i><span style="font-weight: normal;">Toujours
disposé à manger et à boire, quels que fussent l'heure et le lieu,
un jour qu'il jugeait dans le forum d'Auguste, il fut alléché par
le </span></i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span style="font-weight: normal;"><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEja5opVnEA1eS0EWQ4mE4DmOWBnyjrMT_WJ_vvSgR2zwklgKIIhIGmTud4uHNlUMQH5h5EKfScRWH1L6LvfGYW8ivNV-lB46I3iS5a7CgijldYOAdPGKhBpbAVZlsSJKyE_ftHOBSLOuoY5/s1600/midi_titre_3_exposition_empereur_claude_invit_e-00_00_05_22-3972465.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="576" data-original-width="1024" height="225" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEja5opVnEA1eS0EWQ4mE4DmOWBnyjrMT_WJ_vvSgR2zwklgKIIhIGmTud4uHNlUMQH5h5EKfScRWH1L6LvfGYW8ivNV-lB46I3iS5a7CgijldYOAdPGKhBpbAVZlsSJKyE_ftHOBSLOuoY5/s400/midi_titre_3_exposition_empereur_claude_invit_e-00_00_05_22-3972465.jpg" width="400" /></a></span></span>fumet d'un repas que l'on apprêtait pour les Saliens dans le
temple de Mars, tout voisin : quittant alors son tribunal, il monta
chez ces prêtres et se mit à table avec eux. Il ne sortit pour
ainsi dire jamais de la salle à manger sans être bourré de
victuailles et gorgé de vin, de sorte qu'aussitôt après, tandis
qu'il dormait étendu sur le dos et la bouche ouverte, on devait lui
introduire une plume dans le gosier pour dégager son estomac</span></i><span style="font-weight: normal;">»
(Suétone. </span><i><span style="font-weight: normal;">La vie des
douze Césars, </span></i><span style="font-weight: normal;">Paris,
Les Belles Lettres, rééd. Livre de poche, Col. Classique, #
718-719, 1961, p. 321).</span></span><br />
<br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-weight: normal;">S'il
ne faut pas toujours se fier sur les jugements de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgsm611Jk1EH6HqWTvQkTenZpuYX9_l1rwYM8tdR88AoefKfpd3WH1NXrHojJOex0NvdhhtXyfzo_S23z0aHtUB66IXGSkRfazFcoLBLlUjO_ukxHYERYDv7pxZQGQRah9YoWSc9UzDVODt/h120/DMpjqlQX4AI7h8J.jpg">Suétone</a>, qui
écrivait un siècle après les événements et, en tant que
secrétaire de l'empereur Hadrien, faisait mauvaise presse des
empereurs julio-claudiens, sa description de la mort de Néron
demeure des plus plausibles : </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgsm611Jk1EH6HqWTvQkTenZpuYX9_l1rwYM8tdR88AoefKfpd3WH1NXrHojJOex0NvdhhtXyfzo_S23z0aHtUB66IXGSkRfazFcoLBLlUjO_ukxHYERYDv7pxZQGQRah9YoWSc9UzDVODt/s1600/DMpjqlQX4AI7h8J.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="797" data-original-width="520" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgsm611Jk1EH6HqWTvQkTenZpuYX9_l1rwYM8tdR88AoefKfpd3WH1NXrHojJOex0NvdhhtXyfzo_S23z0aHtUB66IXGSkRfazFcoLBLlUjO_ukxHYERYDv7pxZQGQRah9YoWSc9UzDVODt/s400/DMpjqlQX4AI7h8J.jpg" width="260" /></a>«</span><i><span style="font-weight: normal;">On
s'accorde à dire qu'il périt par le poison, mais quand lui fut-il
donné et par qui? sur ce point les avis diffèrent. Certains
rapportent que ce fut alors qu'il dînait avec des prêtres dans la
citadelle, par l'eunuque Halotus, son dégustateur; d'autres, pendant
un festin donné au Palatium, par Agrippine elle-même, qui lui avait
fait servir des cèpes empoisonnés, genre de mets dont il était
friand. Même désaccord sur les suites de l'empoisonnement. Beaucoup
prétendent qu'aussitôt après avoir absorbé le poison, il devint
muet, fut torturé par la souffrance durant toute la nuit et mourut à
l'approche du jour. Selon quelques-uns, il fut d'abord assoupi, puis
son estomac trop chargé rejeta tout ce qu'il contenait; alors on lui
donna de nouveau du poison, peut-être dans une bouillie, car,
épuisé, en quelque sorte, il avait besoin de nourriture pour se
refaire, peut-être en lui faisant prendre un lavement, sous prétexte
de dégager par cette autre voie son corps embarrassé</span></i><span style="font-weight: normal;">»
(Suétone. ibid. p. 330).</span></span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">Tacite, sans doute le meilleur
historien du Principat romain, donne des détails supplémentaires
sur le complot qui devait conduire l'empereur à sa mort : </span>
</div>
<blockquote class="tr_bq">
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-weight: normal;">«</span><i><span style="font-weight: normal;">Alors
Agrippine, résolue depuis longtemps au crime, pressée de saisir
l'occasion et ne manquant pas d'instruments délibéra sur la nature
du poison : soudain et trop prompt, il trahirait le crime; si elle
choisissait un poison lent, qui produirait une décomposition
progressive, Claude, approchant de son heure suprême, et devinant le
complot, pouvait revenir à l'amour de son fils. Il fallait un poison
tout spécial, qui troublât la raison, sans trop hâter la mort. On
choisit une femme habile en cet art, nommée Locusta, condamnée
depuis peu pour empoisonnement, et qui fut longtemps un instrument de
pouvoir. Le poison fut préparé par le talent de cette femme et
donné pour l'eunuque Halotus, dont la fonction était de servir les
mets et de les goûter.</span></i></span></div>
</blockquote>
<div style="text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj74KDr8gj978gDvDwf6S3wOYuebXWwnGS61bJtQcxLFeSLcs6Hq_5lTlXP5Cokm7ni3xzjchNBVKU7AxbfICPuyofapvjYRayL0zMHhizmFMcU1PUqWAs6HRuyXPPKub_aFonruWrPY8Se/s1600/42403791_p.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="387" data-original-width="450" height="343" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj74KDr8gj978gDvDwf6S3wOYuebXWwnGS61bJtQcxLFeSLcs6Hq_5lTlXP5Cokm7ni3xzjchNBVKU7AxbfICPuyofapvjYRayL0zMHhizmFMcU1PUqWAs6HRuyXPPKub_aFonruWrPY8Se/s400/42403791_p.jpg" width="400" /></a></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Tous les détails devinrent
bientôt si publics que les historiens du temps nous ont appris que
le poison fut mis dans un succulent plat de cèpes, que l'effet de la
drogue ne fut pas senti immédiatement par le prince, en raison soit
de sa torpeur (ordinaire), soit peut-être de l'ivresse; en même
temps la nature, en produisant un flux du ventre, paraissait l'avoir
sauvé. Aussi Agrippine, au comble de la terreur, et, parce qu'elle
avait tout à craindre, s'inquiétant peu de l'impression fâcheuse
qu'elle produirait pour le moment, fait appel à la complicité du
médecin Xénophon, qu'elle s'était assuré d'avance. Celui-ci, sous
prétexte d'aider les efforts que Claude faisait pour vomir, plongea,
à ce qu'on croit, dans la gorge de Claude une plume imprégnée d'un
poison à l'effet soudain; il n'ignorait pas que, si l'on risque à
commencer les plus grands crimes, on gagne à les consommer</i>»
(Tacite. <i>Annales </i>(Liv. 6, LXVI-LXVII), Paris, Garnier, Col.
Garnier-Flammarion, # 71, pp. 332-333).</span></div>
</blockquote>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjGE1mLc2TpUungYVSWzGVmOo5nl7Ppqf9w3GjqnfJhpnrTFRakhDUcLrhq2ztOnZTXPDi02xkglXIPS3FwIJWUJgCm4ctfrvbpjkxBKsnUgSGZaMjyOcl4J5zOtxpy1CtIl7lyYP1euzcF/s1600/Screenshot_2020-04-05+Moi+Claude+Empereur+EP13+La+fin+du+voyage+-+Vid%25C3%25A9o+Dailymotion.png" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="410" data-original-width="551" height="297" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjGE1mLc2TpUungYVSWzGVmOo5nl7Ppqf9w3GjqnfJhpnrTFRakhDUcLrhq2ztOnZTXPDi02xkglXIPS3FwIJWUJgCm4ctfrvbpjkxBKsnUgSGZaMjyOcl4J5zOtxpy1CtIl7lyYP1euzcF/s400/Screenshot_2020-04-05+Moi+Claude+Empereur+EP13+La+fin+du+voyage+-+Vid%25C3%25A9o+Dailymotion.png" width="400" /></a><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR">Dans
son roman <i>I</i></span><span lang="fr-FR"><i>, Claudius, </i></span><span lang="fr-FR">le
romancier britanni-</span></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR">que Robert Graves suppose que Claude ingurgita un
champignon que lui tendait <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjGE1mLc2TpUungYVSWzGVmOo5nl7Ppqf9w3GjqnfJhpnrTFRakhDUcLrhq2ztOnZTXPDi02xkglXIPS3FwIJWUJgCm4ctfrvbpjkxBKsnUgSGZaMjyOcl4J5zOtxpy1CtIl7lyYP1euzcF/h120/Screenshot_2020-04-05+Moi+Claude+Empereur+EP13+La+fin+du+voyage+-+Vid%25C3%25A9o+Dailymotion.png">Agrippine</a>, son épouse, mère de Néron. Sachant que la
gloutonnerie de Claude ne saurait lui résister, Graves préfère voir en cette scène, une mort acceptée par l'empereur.<span style="font-style: normal;"> </span></span></span><br />
<br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">Mais
il y avait un autre glouton, à la même époque, dans l'Empire de César. «</span></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR"><i>Jésus
déclarait aux foules : "À qui vais-je comparer </i></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR"><i>cette
génération? Elle ressemble à des gamins assis sur les places, qui
en interpellent d’autres : 'Nous vous avons joué de la flûte,
et vous n’avez pas dansé. Nous avons entonné des chants de </i></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR"><i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR"><i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi6Tw5wGa68vlQuNPtou0c6ebTZoOPpR2zAqbw-3O1ErUMpfBi7_Ejnt0G0kWft0aGwdn9h0VjnDWLCaNZdvyB-pXWQa5Dn32fEu8tzH_BRR-r3TbxKWkpIst-nx3NRGwY3zC9jLPKUNmMO/s1600/mt-1116-19.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="300" data-original-width="350" height="342" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi6Tw5wGa68vlQuNPtou0c6ebTZoOPpR2zAqbw-3O1ErUMpfBi7_Ejnt0G0kWft0aGwdn9h0VjnDWLCaNZdvyB-pXWQa5Dn32fEu8tzH_BRR-r3TbxKWkpIst-nx3NRGwY3zC9jLPKUNmMO/s400/mt-1116-19.jpg" width="400" /></a></i></span></span></i></span></span>deuil,
et vous ne vous êtes pas frappé la poitrine.' Jean Baptiste est
venu, en effet; il ne mange pas, il ne boit pas, et l’on dit :
'C’est un possédé!' Le Fils de l’homme est venu; il mange et il
boit, et l’on dit : 'C’est un glouton et un ivrogne, un ami
des publicains et des pécheurs.' Mais la sagesse de Dieu se révèle
juste à travers ce qu’elle fait</i></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR">»
(<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi6Tw5wGa68vlQuNPtou0c6ebTZoOPpR2zAqbw-3O1ErUMpfBi7_Ejnt0G0kWft0aGwdn9h0VjnDWLCaNZdvyB-pXWQa5Dn32fEu8tzH_BRR-r3TbxKWkpIst-nx3NRGwY3zC9jLPKUNmMO/h120/mt-1116-19.jpg">Matthieu 11, 16-19</a>). Alors que tant de commentaires glosent sur la
sexualité de Jésus de Nazareth, ces versets glissent trop
rapidement sous les yeux des exégètes. Comment considérer ce
reproche des pharisiens, ces puritains de l'antiquité juive, qui
reprochent, entre autres choses - mais quoi qu'il fît, c'était
toujours faute selon ces bonnes âmes! -, que c'était </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR"><i>un
glouton et un ivrogne.</i> </span></span><br />
<br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR">Plutôt
que de nier le fait en se rabattant sur la mauvaise foi des
pharisiens, prenons ce verset comme le prend Vittorio Messori,
c'est-à-dire comme un témoignage authentique. «</span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR"><i>Le
reproche que l'on adresse le plus fréquemment à Jésus est...,
celui de "manger et boire" sans que cela lui pose de
problèmes, et de surcroît (quel nouveau scandale!) en compagnie de
gens équivoques... Comme à ses disciples, on ne manque pas de lui
opposer l'exemple contraire de </i></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiUK0f_ScotANhmzpTCBaQ-qhzb3iKe08c3dZuoDoQKsPS7NEs_-ym4aZfLtjZt8WFXWFX32NIMAonwuhPHH_bGON4SR0x7Vi35cGEoxi4Ia2v6uUTkgy7OK4So-xpXMzkeHd7KOQFvqKzA/s1600/745_big.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="636" height="313" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiUK0f_ScotANhmzpTCBaQ-qhzb3iKe08c3dZuoDoQKsPS7NEs_-ym4aZfLtjZt8WFXWFX32NIMAonwuhPHH_bGON4SR0x7Vi35cGEoxi4Ia2v6uUTkgy7OK4So-xpXMzkeHd7KOQFvqKzA/s400/745_big.jpg" width="400" /></a>son ami, Jean le Baptiste : celui-ci
vit dans le désert, se nourris-</i></span></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR"><i>sant de saute-</i></span></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR"><i>relles, observant ainsi
l'attitude qui convenait à son propre rôle; lui, au contraire, ne
se laisse-t-il pas voir, souvent et bien volontiers, à table,
manifestement à son aise et sans hypocrisie d'aucune sorte. </i></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR"><i>Répondant une fois à de telles accusations, Jésus se révèle non
seulement comme sachant apprécier les vins mais aussi comme étant
connaisseur en matière d'œnologie : "</i></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR">Personne
ne met du vin nouveau dans de vieilles outres; sinon, le vin fera
éclater les outres, et l'on perd à la fois le vin et les outres;
mais à <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiUK0f_ScotANhmzpTCBaQ-qhzb3iKe08c3dZuoDoQKsPS7NEs_-ym4aZfLtjZt8WFXWFX32NIMAonwuhPHH_bGON4SR0x7Vi35cGEoxi4Ia2v6uUTkgy7OK4So-xpXMzkeHd7KOQFvqKzA/h120/745_big.jpg">vin nouveau, outres neuves</a>". </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR"><i>Voilà
selon Marc (5, 37). Luc lui attribue une autre précision qui
confirme combien il se souciait de la qualité du vin : 'Quiconque
boit du vin vieux n'en désire pas du nouveau, car il dit : 'Le vieux
est meilleur'"</i></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR">»
(V. Messori. </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR"><i>Hypothèses
sur Jésus, </i></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR">Paris,
Mame, 1978, p. 225).</span></span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR">Le
portrait de Jésus tracé par les pharisiens est celui d'un être
immoral qui tient bien à </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR"><i>abolir
</i></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR">l'ancienne
Loi, et il le fait non seulement par sa parole, mais par son
comportement. Et ce comportement est celui des plus haïs car il est
celui des Romains : «</span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR"><i>Le
texte grec le décrit souvent non pas "assis", mais
littéralement, "</i></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR">allongé
à la table</span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR"><i>",
tandis qu'il fait honneur aux mets et aux boissons. Position déjà
scandaleuse pour n'importe quel prophète en Israël. Mais il y a
encore bien plus grave : il est précisément "allongé"
devant la table bien garnie d'un pharisien, lorsqu'une femme, une
"pécheresse" fait irruption. Naturellement du "péché"
par antonomase, celui contre la pureté : une prostituée...</i></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR">»
(V. Messori. ibid. p. 225). Manger et </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhdxPjPXg0fYdwc9NOdJcEwIOryVU-qtX1bXr03NYK8kBEis_9qf51ORK38vmOwgqB_iPnE-IlVCr2Un8D9CczWcnJNcZlikT33Mx_U74cIXkLgpTlPPB2R1ykzdfdTER33xLaZ5hBt0Q3m/s1600/116930436.png" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="226" data-original-width="480" height="187" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhdxPjPXg0fYdwc9NOdJcEwIOryVU-qtX1bXr03NYK8kBEis_9qf51ORK38vmOwgqB_iPnE-IlVCr2Un8D9CczWcnJNcZlikT33Mx_U74cIXkLgpTlPPB2R1ykzdfdTER33xLaZ5hBt0Q3m/s400/116930436.png" width="400" /></a>boire </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR"><i>allongé,
</i></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR">c'est
la position des convives au banquet de Trimal-</span></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR">cion. «</span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR"><i>Pour
l'heure, ce qui nous intéresse surtout c'est cet "homme de
Dieu" qui ne se retire point avec indignation d'un banquet déjà
inconvenant, même lorsque les circonstances y ajoutent une note
d'une indélicatesse appuyée comme cette apparition de la
"pécheresse"</i></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR">»
(V. Messori. ibid. p. 226). Il y avait là, certes, une provocation
voulue, Jésus osant défier «</span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR"><i>cette
austérité de mœurs ou un minimum de prudence hypocrite pour
vouloir éviter d'être traité publiquement de "gourmand et
buveur"</i></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR">»
(V. Messori. ibid. p. 226).</span></span></div>
<div lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR">On
a qu'à rappeler que nombres de miracles se passent dans le contexte
de la mangeaille. On pense à la pêche miraculeuse, mais surtout à
la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhdxPjPXg0fYdwc9NOdJcEwIOryVU-qtX1bXr03NYK8kBEis_9qf51ORK38vmOwgqB_iPnE-IlVCr2Un8D9CczWcnJNcZlikT33Mx_U74cIXkLgpTlPPB2R1ykzdfdTER33xLaZ5hBt0Q3m/s1600/116930436.png">multiplication des pains</a> qui accompagnent le sermon sur la
Montagne et les béatitudes. Également à la multiplication du vin
lors des <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEisEYdaZp7eNYBrIsJqwBL2OrKlkyf-joZ0j0h_tK8S-6vbgm8GCkBCn5jom4wqQ6UjBojo07vIQD_1K44NRtNgx1obGzAXOcMeafFZpCHExr-vTIjWHmClm4T0qAG0BgTwxQbteCdSyTPA/h120/index.jpg">noces de Cana</a> : «</span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR"><i>De
plus, c'est même l'Évangile le plus "spirituel"
précisément, celui de Jean, qui nous dit que "</i></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR">le
commencement des signes" </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR"><i>par
lesquels "</i></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR">il
manifesta sa </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEisEYdaZp7eNYBrIsJqwBL2OrKlkyf-joZ0j0h_tK8S-6vbgm8GCkBCn5jom4wqQ6UjBojo07vIQD_1K44NRtNgx1obGzAXOcMeafFZpCHExr-vTIjWHmClm4T0qAG0BgTwxQbteCdSyTPA/s1600/index.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="185" data-original-width="272" height="272" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEisEYdaZp7eNYBrIsJqwBL2OrKlkyf-joZ0j0h_tK8S-6vbgm8GCkBCn5jom4wqQ6UjBojo07vIQD_1K44NRtNgx1obGzAXOcMeafFZpCHExr-vTIjWHmClm4T0qAG0BgTwxQbteCdSyTPA/s400/index.jpg" width="400" /></a>gloire", </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR"><i>au
point que "</i></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR">ses
disciples crurent en lui</span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR"><i>",
ce fut le miracle de Cana (2, 1ss). Miracle aux motiv-</i></span></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR"><i>ations grave-</i></span></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR"><i>ment
équivo-</i></span></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR"><i>ques pour "l'idéal religieux" : la puissance divine
allait à cette occasion être dérangée pour fournir d'autre vin à
une joyeuse compagnie de gens déjà gris, et du vin de choix, si
l'on en croit l'appréciation du "maître du repas"
s'adressant au marié. Miracle à la limite du blasphème, où passe
lourdement comme un relent de scandale. Sans autre motivation que la
joie, et la joie terrestre, une joie temporelle...; et, par
conséquent, équivoque, selon la mentalité religieuse de toujours.
Et c'est avec un tel "exploit" qu'un livre composé morceau
par morceau dans un souci de rigorisme religieux ferait débuter son
héros?</i></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR">»
(V. Messori. ibid. pp. 226-227). La désignation de </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR"><i>glouton</i></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR">
n'est pas surfaite. Au-delà de la nécessité, le miracle accompli
par Jésus allait vers l'abus, vers la gourmandise, Il participait du
lien social et non seulement de la </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR"><i>praxis
</i></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR">théologique.</span></span></div>
<div lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-FR"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiWXoaJx9iB-DpIawf5E4K9jyRk6lceNgjPdJOfO3ZVSxaZypUgdaPSyWe8UOZ9YditmkIBbmWVgT-SaOCAvxctHhrW4EZfTX_e8fQowN3AUGtyUXp5TX3kWJwm96Bj0JmHdprqhlO1G8n2/s1600/Charlie+Chaplin+-+Eating+Machine.gif" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="477" data-original-width="694" height="272" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiWXoaJx9iB-DpIawf5E4K9jyRk6lceNgjPdJOfO3ZVSxaZypUgdaPSyWe8UOZ9YditmkIBbmWVgT-SaOCAvxctHhrW4EZfTX_e8fQowN3AUGtyUXp5TX3kWJwm96Bj0JmHdprqhlO1G8n2/s400/Charlie+Chaplin+-+Eating+Machine.gif" width="400" /></a>Il
est vrai qu'il est difficile de distinguer entre </span><i><span style="font-weight: normal;">«l'image
positive de la "bonne chère" et l'image négative de la
goinfrerie parasitaire</span></i><span style="font-weight: normal;">»
(M. Bakhtine. </span><i><span style="font-weight: normal;">L'œuvre
de François Rabelais et la culture populaire au Moyen Âge et sous
la Renaissance, </span></i><span style="font-weight: normal;">Paris,
Gallimard, Col. Bibliothèque des Idées, 1970, p. 292). En effet, la
goinfrerie ne s'assimile pas au simple fait de jouir de la </span><i><span style="font-weight: normal;">bonne
chère, </span></i><span style="font-weight: normal;">leçon donnée
semble-t-il par le Christ et qui fut toujours sa position morale face
à la gourmandise. Le bon repas est le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiWXoaJx9iB-DpIawf5E4K9jyRk6lceNgjPdJOfO3ZVSxaZypUgdaPSyWe8UOZ9YditmkIBbmWVgT-SaOCAvxctHhrW4EZfTX_e8fQowN3AUGtyUXp5TX3kWJwm96Bj0JmHdprqhlO1G8n2/h120/Charlie+Chaplin+-+Eating+Machine.gif">salaire</a> du bon travaillant.
«</span><i><span style="font-weight: normal;">Dans le système des
images de l'Antiquité, le manger était inséparable du </span></i><span style="font-weight: normal;">labeur.
</span><i><span style="font-weight: normal;">Il était le couronnement
du labeur et de la lutte. </span></i><span style="font-weight: normal;">Le
labeur triomphait dans le manger. </span><i><span style="font-weight: normal;">La
rencontre de l'homme avec le monde dans le travail, sa lutte avec lui
s'achevaient par l'absorption de </span></i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span style="font-weight: normal;">nourriture, c'est-à-dire d'une
partie du monde à lui arrachée. </span></i><span style="font-weight: normal;">Comme
dernière étape </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-weight: normal;">victorieuse du labeur, </span><i><span style="font-weight: normal;">le
manger remplace souvent dans le système des images, le processus </span></i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span style="font-weight: normal;">du
labeur dans son ensemble. Dans les systèmes d'images plus anciens,
il ne pouvait, de </span></i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span style="font-weight: normal;"><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span style="font-weight: normal;"><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-weight: normal;"><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span style="font-weight: normal;"><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjzl6y8Kq3fMA8gWWzkOEF1trKlX6G5ywG9TsbrJNhyzcZN4ab9FmNkaHK6OmsEadYzvU0MPqpwJSVCN6TyITNWe0_zjWmhO_ekN6alNklR8HurixGFFqf8l3c_dB3QG9vWUq0en0OiF5Fz/s1600/b4e.gif" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="348" data-original-width="500" height="277" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjzl6y8Kq3fMA8gWWzkOEF1trKlX6G5ywG9TsbrJNhyzcZN4ab9FmNkaHK6OmsEadYzvU0MPqpwJSVCN6TyITNWe0_zjWmhO_ekN6alNklR8HurixGFFqf8l3c_dB3QG9vWUq0en0OiF5Fz/s400/b4e.gif" width="400" /></a></span></i></span></span></i></span></span></span></span></i></span>manière générale, exister de frontières nettes
entre le manger et le labeur, car il s'agissait des <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjzl6y8Kq3fMA8gWWzkOEF1trKlX6G5ywG9TsbrJNhyzcZN4ab9FmNkaHK6OmsEadYzvU0MPqpwJSVCN6TyITNWe0_zjWmhO_ekN6alNklR8HurixGFFqf8l3c_dB3QG9vWUq0en0OiF5Fz/s1600/b4e.gif">deux faces</a> d'un
même phéno-</span></i></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span style="font-weight: normal;">mène : la lutte de l'homme avec le monde, qui s'achevait
par la victoire du premier</span></i><span style="font-weight: normal;">»
(M. Bakhtine. ibid. p. 280).</span></span><br />
<br /></div>
<div style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-weight: normal;">Cette
lutte forme la trame des ouvrages de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEilkoHw6eP7VcJlJ9boBdYLwXUmgXTM8KNr9EhyZJSMe5aYm4eO8ootuv16u-KqTlO_dEJBkIlmZr0Fov2VgoGZg_nMe6UHqMVStNdYsifLyZph5M0H9PK5jnNvvYJeA1n2ID-wjsLpXsTE/h120/A-750556-1202062481.jpeg.jpg">François Rabelais</a> (1494-1553).
Ce médecin qui appartient à la Renaissance française reprenait à
sa façon la tradition du banquet, sauf que le banquet n'était plus
tenu dans des décors alanguis de </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEilkoHw6eP7VcJlJ9boBdYLwXUmgXTM8KNr9EhyZJSMe5aYm4eO8ootuv16u-KqTlO_dEJBkIlmZr0Fov2VgoGZg_nMe6UHqMVStNdYsifLyZph5M0H9PK5jnNvvYJeA1n2ID-wjsLpXsTE/s1600/A-750556-1202062481.jpeg.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="202" data-original-width="190" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEilkoHw6eP7VcJlJ9boBdYLwXUmgXTM8KNr9EhyZJSMe5aYm4eO8ootuv16u-KqTlO_dEJBkIlmZr0Fov2VgoGZg_nMe6UHqMVStNdYsifLyZph5M0H9PK5jnNvvYJeA1n2ID-wjsLpXsTE/s400/A-750556-1202062481.jpeg.jpg" width="376" /></a>l'empire romain, mais devant les
arrières-plans des tavernes de Breughel. «</span><i><span style="font-weight: normal;">Il
s'agit du banquet qui se déroule </span></i><span style="font-weight: normal;">pendant
la fête populaire, </span><i><span style="font-weight: normal;">à la
limite de </span></i><span style="font-weight: normal;">la
grand-chère. </span><i><span style="font-weight: normal;">La
puissante tendance à l'</span></i><span style="font-weight: normal;">abondance
</span><i><span style="font-weight: normal;">et à l'universalité est
présente dans chacune des images du boire et du manger que nous
présente Rabelais, elle détermine la mise en forme de ces images,
leur </span></i><span style="font-weight: normal;">hyperbolisme
positif, leur ton triomphal et joyeux. </span><i><span style="font-weight: normal;">Cette
tendance à l'abondance et à l'universalité est le levain ajouté à
toutes les images de nourriture; grâce à lui, elles lèvent,
croissent, enflent jusqu'à atteindre le niveau du superflu et de
l'excessif. Chez Rabelais, toutes les images du manger sont
identiques aux saucisses et pains géants, habituellement portés en
grande pompe dans les processions du carnaval</span></i><span style="font-weight: normal;">»
(M. Bakhtine. p. 277). Il faut sans doute tenir compte du manque qui
grevait ordinairement ces populations paysannes qui entraînait de
véritables crises qui, lorsqu'elles se résorbaient, donnaient lieu
à des festins gargantuesques.</span></span><br />
<br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-weight: normal;">L'idée
de la mangeaille grotesque est sans doute née de ces festivités
populaires qui, à l'occasion d'épousailles ou de baptêmes,
autorisaient une libération de la contrainte de la
faim. La faim ne punissait pas ici des gloutons, mais c'était la
gloutonnerie qui prenait sa revanche sur la faim. D'où ces
mangeailles que le docteur Rabelais considérait aussi essentielles à
la santé qu'elles paraissaient tout à fait grotesques. Et de là
le personnage de </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjOcw8AmKd4LKjuSFzZklJyCANhykRp03waZpVb2i-kWiCy-ORrlkO7fuSMgqGyBrEcGuhrIqOqz5dQRvTxCh0A2hg4ZCGHUN9-s9lt_D278Y2okfJWgPEh9gC9mtoZ9TNrVB4d96ImNDQa/s1600/220px-Gargantua_choque_l%2527arbre_contre_le_ch%25C3%25A2teau_du_gu%25C3%25A9_de_V%25C3%25A8de_-_Illustration_de_Gustave_Dor%25C3%25A9_pour_le_Chapitre_36_de_Gargantua.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="278" data-original-width="220" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjOcw8AmKd4LKjuSFzZklJyCANhykRp03waZpVb2i-kWiCy-ORrlkO7fuSMgqGyBrEcGuhrIqOqz5dQRvTxCh0A2hg4ZCGHUN9-s9lt_D278Y2okfJWgPEh9gC9mtoZ9TNrVB4d96ImNDQa/s400/220px-Gargantua_choque_l%2527arbre_contre_le_ch%25C3%25A2teau_du_gu%25C3%25A9_de_V%25C3%25A8de_-_Illustration_de_Gustave_Dor%25C3%25A9_pour_le_Chapitre_36_de_Gargantua.jpg" width="316" /></a>Gargantua. Rabelais n'a pas inventé <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjOcw8AmKd4LKjuSFzZklJyCANhykRp03waZpVb2i-kWiCy-ORrlkO7fuSMgqGyBrEcGuhrIqOqz5dQRvTxCh0A2hg4ZCGHUN9-s9lt_D278Y2okfJWgPEh9gC9mtoZ9TNrVB4d96ImNDQa/h120/220px-Gargantua_choque_l%2527arbre_contre_le_ch%25C3%25A2teau_du_gu%25C3%25A9_de_V%25C3%25A8de_-_Illustration_de_Gustave_Dor%25C3%25A9_pour_le_Chapitre_36_de_Gargantua.jpg">Gargantua</a>. Ce
géant est apparu dans une œuvre anonyme parue en 1532, </span><i><span style="font-weight: normal;">Les
grandes et inestimables chroniques : du grand et énorme géant
Gargantua. Elle</span></i><span style="font-weight: normal;"> remontait
déjà au siècle précédent, relevant du folklore populaire pouvant
remonter au XIIe siècle. De fait, il est mentionné dans les
chroniques de Giraud de Barri et de Geoffroy de Monmouth.
L'étymologie de son nom pourrait s'expliquer en référence à
l'espagnol et au languedocien </span><i><span style="font-weight: normal;">Garganta,
</span></i><span style="font-weight: normal;">qui signifie «gorge».
On ne peut retenir l'étymologie fantaisiste de Rabelais qui se
résumerait à l'homonymie de </span><i><span style="font-weight: normal;">Que
grand tu as... </span></i><span style="font-weight: normal;">De la
culture populaire, Rabelais conserva la taille du géant et son appétit sans
pareille. On
peut donc interpréter de plusieurs façons la signification du personnage. Le percevoir comme la personnification d'une énergie
gigantesque mais bienfaisante et ordonne le chaos, comme au cours de ses
voyages aux milles aventures, il lui arrive de modifier des paysages
en laissant tomber le contenu de sa hotte, ce qui en ferait un
lointain mélange de Santa Claus et d'Obélix. Les dépâtures de ses
souliers donnent collines et buttes; ses déjections forment des
aiguilles et ses mictions des rivières. La taille même de son
phallus est en proportion avec sa taille. Le paysage finit par
s'assimiler à la légende. Des mégalithes sont des palets de
Gargantua appelés chaises, fauteuils, écuelles; des pierres lui sont
associées qui donnent lieu à des rituels de fécondité. À partir
de là, on imagine bien que les racines du personnage se retrouveraient
aussi bien dans les traditions bretonnes que celtiques.</span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Mais
c'est Rabelais qui le fit passer dans la «grande littérature», si
on peut dire, en en faisant un modèle d'actions ou de situations
grotesques et fantastiques. Contrairement aux épopées médiévales,
il n'y a pas de surnaturel dans les aventures de Gargantua, tout est
dans la composition surréaliste du roman. Ainsi, après le deuil de
ses parents, venant visiter </span></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjM8JEa6kP5Vg6bXKpCaGgii42xxxPJ4ivSqe1peoAvB1a2fRy5nGotRMsC7vuP2AerkT-Xt3ytmBrAusTJR9z6riNvznkhnunMcjhlN0Uqv7WGNXN2hX8cSVqiIb9rCzx_WM2xwQ4uu1_c/s1600/paris_gargantua.jpg.webp" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="301" data-original-width="243" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjM8JEa6kP5Vg6bXKpCaGgii42xxxPJ4ivSqe1peoAvB1a2fRy5nGotRMsC7vuP2AerkT-Xt3ytmBrAusTJR9z6riNvznkhnunMcjhlN0Uqv7WGNXN2hX8cSVqiIb9rCzx_WM2xwQ4uu1_c/s400/paris_gargantua.jpg.webp" width="321" /></a>Paris, Gargantua, qui a déjà parcouru
en grandes enjambées l'ensemble de l'Europe, se fait moquer de sa
taille par les Parisiens. Pour se venger, il emporte les cloches de
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjM8JEa6kP5Vg6bXKpCaGgii42xxxPJ4ivSqe1peoAvB1a2fRy5nGotRMsC7vuP2AerkT-Xt3ytmBrAusTJR9z6riNvznkhnunMcjhlN0Uqv7WGNXN2hX8cSVqiIb9rCzx_WM2xwQ4uu1_c/h120/paris_gargantua.jpg.webp">Notre-Dame</a> pour les pendre à sa jument. Pour les ravoir, les
Parisiens doivent lui fournir trois cents bœufs et deux cents
moutons pour son dîner. Digne d'Obélix cette anecdote où
Gargantua, combattant pour le roi Artus, envoie au ciel un
prisonnier du roi qui s'écrase au sol. Emmené au camp des ennemis,
il les défait sans pitié. Pour le récompenser, de retour à
Londres, le roi fête sa victoire en organisant un festin. Alors,
Gargantua? Un goinfre? Plutôt une illustration du principe antique
cité plus haut. Les festins de Gargantua correspondent aux labeurs
qu'il déploie. Plus il accomplit des gestes fantastiques, plus le
festin est ample. Le rapport proportionnel est respecté. Comme
l'écrit encore Mikaïl Bakhtine : «</span></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span style="font-weight: normal;">Le
manger et le boire sont une des manifestations les plus importantes
de la vie du corps grotesque. Les traits particuliers de ce corps
sont qu'il est ouvert, inachevé, en interaction avec le monde. C'est
dans </span></i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">le
manger </span></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span style="font-weight: normal;">que
ces particularités se manifestent de la manière la plus tangible et
la plus concrète : le corps échappe à ses frontières, il avale,
engloutit, déchire le monde, le fait entrer en lui, s'enrichit et
croit à son détriment. </span></i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">La
rencontre de l'homme avec le monde </span></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span style="font-weight: normal;">qui
s'opère dans la bouche grande ouverte qui broie, déchire et mâche
est un des sujets les plus anciens et les plus marquants de la pensée
humaine. L'homme déguste le monde, sent le goût du monde,
l'introduit dans son corps, en fait une partie de soi</span></i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">»
(M. Bakhtine. ibid. p. 280).</span></span></span><br />
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Il serait ridicule de considérer les romans de Rabelais comme des écrits
immoraux. Rabelais profite des exagérations attachées à la
personnalité du géant pour amplifier encore davantage, jusqu'à
l'irréel, les capacités de l'homme moderne. Ces récits sont des divertissements dans la pure
tradition humaniste, à l'image des fables de Érasme ou de </span></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjHpA9GAzHb9DZa8WGFzn4JDwRyRgeZjc6_BlzfZDKLNyM_lTevpwgqawuD_bVtrjZFjgiNUQxjqkdPiZcNjNfn7PASpTyC-PMpjdok4vh2_6ORyAShFZzOXVCFPO07poCNSS11vfISymqM/s1600/Gargantua%2527s_meal.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="550" data-original-width="445" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjHpA9GAzHb9DZa8WGFzn4JDwRyRgeZjc6_BlzfZDKLNyM_lTevpwgqawuD_bVtrjZFjgiNUQxjqkdPiZcNjNfn7PASpTyC-PMpjdok4vh2_6ORyAShFZzOXVCFPO07poCNSS11vfISymqM/s400/Gargantua%2527s_meal.jpg" width="322" /></a>Thomas
More. «</span></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span style="font-weight: normal;">Les
propos de table sont des propos libres et railleurs : le droit de
rire et de se livrer à des bouffonneries, de liberté et de
franchise, accordés à l'occasion de la fête populaire s'étendait
à eux. Rabelais pose sur ses écrits le bonnet protecteur du
bouffon. Mais dans le même temps, les propos de table font
parfaitement son affaire, de par leur nature même. Il préfère le
vin à l'huile, symbole du sérieux pieux du carême</span></i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">»
(M. Bakhtine. ibid. pp. 283-284). C'est l'esprit même de la
Renaissance, son optimisme, son émerveillement devant les
découvertes du monde et la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjHpA9GAzHb9DZa8WGFzn4JDwRyRgeZjc6_BlzfZDKLNyM_lTevpwgqawuD_bVtrjZFjgiNUQxjqkdPiZcNjNfn7PASpTyC-PMpjdok4vh2_6ORyAShFZzOXVCFPO07poCNSS11vfISymqM/h120/Gargantua%2527s_meal.jpg">joie de vivre</a> qui marquent le <i>Zeitgeist </i>de la Renaissance. La gourmandise est un dérèglement de cette
mesure nouvelle. Elle est excès d'optimisme contre l'optimisme
mesuré, platonique, d'un Marsile Ficin. Elle est excès
d'émerveillement lorsqu'elle perd la tempérance de la raison pour
rejoindre les fantaisies nocturnes de la paysannerie. Comme tous les
péchés capitaux, la gourmandise est excès, et le péché réside
dans l'excès.</span></span></span></div>
<div style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Cette
question morale souleva plus tard de nombreuses considérations dans les
écrits de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgYD0fyrEeG6u2C_UaoH1iHleE2oOHXGzhaQ-46fdnsG-QP0x2NgptNC-d6dYw0pzEt7hlnn4rReH_zTrwOpcVak5qTBO9x3YpYxvtVJvJovxKi7zgi9lOxMXW5j31a5RBtO-OvfRTXx9rY/h120/index.jpg">Denis Diderot</a> (1713-1784). «</span></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span style="font-weight: normal;">À
la différence de Rousseau qui calcule savamment ses bouchées </span></i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgYD0fyrEeG6u2C_UaoH1iHleE2oOHXGzhaQ-46fdnsG-QP0x2NgptNC-d6dYw0pzEt7hlnn4rReH_zTrwOpcVak5qTBO9x3YpYxvtVJvJovxKi7zgi9lOxMXW5j31a5RBtO-OvfRTXx9rY/s1600/index.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="250" data-original-width="201" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgYD0fyrEeG6u2C_UaoH1iHleE2oOHXGzhaQ-46fdnsG-QP0x2NgptNC-d6dYw0pzEt7hlnn4rReH_zTrwOpcVak5qTBO9x3YpYxvtVJvJovxKi7zgi9lOxMXW5j31a5RBtO-OvfRTXx9rY/s400/index.jpg" width="321" /></a>en y
mettant..., toute la délicatesse du convalescent, Diderot a toujours
cédé avec emportement à son appétit. D'où un rappel à l'ordre
régulier de son amie qui, à propos de son régime, agit en
véritable directrice de conscience. "Ne m'exhortez plus à la
sobriété. Depuis quelques jours je mange très peu", lui écrit
Diderot le 20 septembre 1760, avant une prompte rechute :
"Recom-</span></i></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span style="font-weight: normal;">mandez-moi donc encore d'être sobre. Je me ruine
l'estomac d'indigestions". Puis il annonce, cinq jours plus
tard, que son "ventre s'arrondit comme une boule" et qu'il
"lutte avec effort contre les boutons" de sa veste</span></i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">»
(J.-Cl. Bonnet. </span></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span style="font-weight: normal;">La
gourmandise et la faim, </span></i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Paris,
L.G.F., Livre de poche, Col. Références, # 33529, 2015, p. 210).
Sophie Volland, en effet, ne cessait de tempérer son amant philosophe,
et l'obéissance de Diderot n'était jamais assurée.</span></span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Mais
Diderot s'interrogeait aussi sur la fonction sociale de la nourriture. Il la soumit
à une pensée critique digne de l'un des deux principaux animateurs
de l'</span></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhBopIKnVzg1l2IGoOc8skKzWYn8SyAtVsxxqsw5UkKFQaVWItGgN65EeMD9cGer0lm5F_Rz7kgx-2bntDqitjPlPpK8VdAffYv4v0P3QewUpYWCi5FI0yH9orSR9pKhcRy34hAPn3EelsW/h120/1312548-Jean-Louis_Ernest_Meissonier_Lecture_chez_Diderot.jpg">Encyclopédie</a>
ou </span></i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhBopIKnVzg1l2IGoOc8skKzWYn8SyAtVsxxqsw5UkKFQaVWItGgN65EeMD9cGer0lm5F_Rz7kgx-2bntDqitjPlPpK8VdAffYv4v0P3QewUpYWCi5FI0yH9orSR9pKhcRy34hAPn3EelsW/s1600/1312548-Jean-Louis_Ernest_Meissonier_Lecture_chez_Diderot.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="422" data-original-width="550" height="305" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhBopIKnVzg1l2IGoOc8skKzWYn8SyAtVsxxqsw5UkKFQaVWItGgN65EeMD9cGer0lm5F_Rz7kgx-2bntDqitjPlPpK8VdAffYv4v0P3QewUpYWCi5FI0yH9orSR9pKhcRy34hAPn3EelsW/s400/1312548-Jean-Louis_Ernest_Meissonier_Lecture_chez_Diderot.jpg" width="400" /></a>Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers
</span></i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">(1751
et après). «</span></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span style="font-weight: normal;">Dès
</span></i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span style="font-weight: normal;">l'</span></i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Encyclo-</span></span></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">pédie,
</span></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span style="font-weight: normal;">Diderot
a tenté de démêler la question de l'ali-</span></i></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span style="font-weight: normal;">mentation chez l'homme. Sur
un </span></i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span style="font-weight: normal;">sujet complexe et délicat qui l'intéresse à l'évidence
personnellement, il commence par faire une distinction entre la faim
et l'appétit : "L'</span></i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">appétit
</span></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span style="font-weight: normal;">a
plus de rapport au goût et au plaisir qu'on se promet des aliments
qu'on va prendre. La </span></i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">faim
</span></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span style="font-weight: normal;">presse
plus que l'appétit, elle est plus vorace; tout mets l'apaise.
L'</span></i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">appétit
</span></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span style="font-weight: normal;">plus
patient est plus délicat; certain mets le réveille". Ainsi le
cerveau a-t-il plus de part dans l'appétit que dans la faim, qui est
un mouvement purement machinal de l'estomac. À partir des nombreuses
expériences de la table que Diderot relate dans sa correspondance,
il est parfois difficile, en vérité, de faire la part entre les
deux. Il nous dit finalement très peu de chose sur le "goût"
des aliments et sur le "plaisir" qu'il se promet de la
bonne cuisine. S'il évoque plus souvent une faim impérieuse et sa
façon intempestive de l'apaiser, c'est qu'elle se </span></i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgYjKXLX-NMNJCUi-iSNR6hkF0vm5JQcxx2VGmUVFahtPSEwnJ0FESPP2E172Rn-Rqg2Ohz2y7l2Nj9WUuQehkHYaTVWbhVmBFbmnYY-jx4WWK_95jAFIy1V7P_njKJLRVW7ImAESnmc1zq/s1600/unnamed.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="300" data-original-width="231" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgYjKXLX-NMNJCUi-iSNR6hkF0vm5JQcxx2VGmUVFahtPSEwnJ0FESPP2E172Rn-Rqg2Ohz2y7l2Nj9WUuQehkHYaTVWbhVmBFbmnYY-jx4WWK_95jAFIy1V7P_njKJLRVW7ImAESnmc1zq/s400/unnamed.jpg" width="306" /></a>solde la plupart
du temps par quelques avanies intestinales, dont il se sent obligé
de rendre compte à <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgYjKXLX-NMNJCUi-iSNR6hkF0vm5JQcxx2VGmUVFahtPSEwnJ0FESPP2E172Rn-Rqg2Ohz2y7l2Nj9WUuQehkHYaTVWbhVmBFbmnYY-jx4WWK_95jAFIy1V7P_njKJLRVW7ImAESnmc1zq/s1600/unnamed.jpg">Sophie Volland</a>. "Le travail de la journée
m'avait donné le soir un appétit dévorant", lui écrit-il le
20 octobre 1765, si bien qu'il a voulu "souper" plusieurs
fois et qu'il a "fait l'indigestion la mieux conditionnée".
Un autre jour, on ne sait pas si c'est la faim de "l'homme
laborieux" qui est pareillement en cause, ou plutôt la
gourmandise : "Si je souffre? Plus que jamais, et je le mérite
bien. Je mangeai comme un louveteau, ou comme notre ami Mr Gaschon
quand le dîner est délicat. Je bus des vins de toutes sortes de
noms; un melon d'une perfidie incroyable m'attendait là; et
croyez-vous qu'il fut possible de résister à un énorme fromage
glacé? Et puis des liqueurs; et puis du café; et puis une
indigestion abominable qui m'a tenu sur pied toute la nuit, et qui
m'a fait passer la matinée entre la théière et un autre vaisseau
qu'il n'est pas honnête de nommer"</span></i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">»
(J.-Cl. Bonnet. ibid. pp. 213-214).</span></span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Diderot
renouait avec la tradition des <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhGBA_VXElAFKf97-Y3WseYFKR__5loUpgW4cDuXKoHIy0c4jH9mH8EHU6qoilnSt_t-3vUrf8DBdemrwbFp5aaSBAng2gBuVngMuh4U4q97dtl0iZKvXdC-RY3BCGiABAqX6hdML37firH/s1600/dc3a9jeunerdechasse-jftroy1.jpg.webp">banquets</a> platoniques. «</span></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span style="font-weight: normal;">Il
s'ensuit que pour Diderot les plaisirs de la table ne sont pas
d'abord ceux de la bouche envisagés d'un point de vue strictement
gastronomique. La bonne humeur est le véritable assaisonnement des
repas pris en commun, où manger doit être une fête</span></i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">».
(J.-Cl. Bonnet. ibid. pp. 218-219). Même si la parole </span></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhGBA_VXElAFKf97-Y3WseYFKR__5loUpgW4cDuXKoHIy0c4jH9mH8EHU6qoilnSt_t-3vUrf8DBdemrwbFp5aaSBAng2gBuVngMuh4U4q97dtl0iZKvXdC-RY3BCGiABAqX6hdML37firH/s1600/dc3a9jeunerdechasse-jftroy1.jpg.webp" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="428" data-original-width="700" height="243" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhGBA_VXElAFKf97-Y3WseYFKR__5loUpgW4cDuXKoHIy0c4jH9mH8EHU6qoilnSt_t-3vUrf8DBdemrwbFp5aaSBAng2gBuVngMuh4U4q97dtl0iZKvXdC-RY3BCGiABAqX6hdML37firH/s400/dc3a9jeunerdechasse-jftroy1.jpg.webp" width="400" /></a></span></i></span>ne cède pas à
la man-</span></span></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">geaille! Car Diderot est vrai gour-</span></span></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">mand. Il dépasse très souvent les
limites de l'appétit pour se retrouver dans des ingestions exagérées
de vins et de nourriture, d'où les conséquences néfastes sur sa
santé. En plus de la quantité des mets absorbés, il faut
considérer l'absence de diète ou de régularité des heures de repas. «</span></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span style="font-weight: normal;">S'il
est probable que la vie "sédentaire" de Diderot (c'est le
lot de tout écrivain) joua un rôle dans le délitement progressif
de son organisme, il en va différemment de ses indigestions
passagères dont les causes sont plus occasionnelles. elles sont
souvent dues à une façon de manger désordonnée, comme sous
l'effet d'une fringale hypoglycémique, mais elles tiennent
fréquemment aussi à une passion du vin que Diderot n'a jamais
cachée. C'est même le seul goût qu'il avoue expressément, et à
chaque fois qu'il évoque une "débauche de table", on peut
être sûr qu'il y a du vin à la clef : "Ô! La bonne chose
pour la santé qu'une débauche de bon vin", déclare-t-il à
Sophie, ce qui, en vérité, est loin de se vérifier toujours</span></i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">»
(J.-Cl. Bonnet. ibid. p. 217).</span></span></span></div>
<div style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">La <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhme4Xn2Nk0Jl3sfVoGQh_d0JEwVzHaRqlXwSwjbNqipkttTieLJ38TL0NgM2mVtJSikTFVy6K2MMDeFFWZEWZ3WjS06W5Rtt7WqAnXWb4FCQ28C_AVl6kEr9gp4EHk7-bxAoHllnejOFV5/h120/09182e041357cdff1006f4be9257dea3.jpg">mort</a> lui évita toutefois
l'odieux de périr étouffé au cours d'une indigestion. Plutôt
douillet malgré ses excès de table, Diderot restait un esprit
mesuré à qui on peut pardonner </span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhme4Xn2Nk0Jl3sfVoGQh_d0JEwVzHaRqlXwSwjbNqipkttTieLJ38TL0NgM2mVtJSikTFVy6K2MMDeFFWZEWZ3WjS06W5Rtt7WqAnXWb4FCQ28C_AVl6kEr9gp4EHk7-bxAoHllnejOFV5/s1600/09182e041357cdff1006f4be9257dea3.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="590" data-original-width="800" height="295" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhme4Xn2Nk0Jl3sfVoGQh_d0JEwVzHaRqlXwSwjbNqipkttTieLJ38TL0NgM2mVtJSikTFVy6K2MMDeFFWZEWZ3WjS06W5Rtt7WqAnXWb4FCQ28C_AVl6kEr9gp4EHk7-bxAoHllnejOFV5/s400/09182e041357cdff1006f4be9257dea3.jpg" width="400" /></a>quelques écarts, surtout dans un
rapport sensuel qui se limitait à apprécier les bonnes choses de la
nature. Sa fille Angélique nous a raconté cette douce mort : «<i>Selon
Angélique, Diderot mourut certes en mangeant, mais pas pour avoir
trop mangé : "Il se mit à table, mangea une soupe, du mouton
bouilli et de la chicorée; il prit un abricot; ma mère voulut
l'empêcher de manger ce fruit : 'Mais quel diable de mal veux-tu que
cela me fasse?' Il le mangea, appuya son coude sur la table pour
manger quelques cerises en compote, toussa légèrement. Ma mère lui
fit une question; comme il gardait le silence, elle leva la tête, le
regarda, il n'était plus". C'est une bien belle mort que de
mourir avec un goût d'abricot dans la bouche! Ainsi Diderot avait-il
suivi sa pente jusqu'au bout, sans se plier aux ultimes mises en
garde familiales. En vérité, la mortification n'était pas son
fort</i>» (J.-Cl. Bonnet. ibid. p. 209).</span></div>
<div style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">Comme tous les philosophes du
Siècle des Lumières, Diderot vivait dans l'enchantement des
dernières lueurs de l'Ancien Régime. Paris était reconnu
mondialement pour la ville des </span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiuoDfhcLPHWsQhywHovc6OIiuQEIMMIaN4mlz_0goffJ4GYL6w8TWuAglJYaM32e7HdItccu6mQdngmxfr6uBayMyEHfUXvmnfT3YzeRPOWZwJvu3lmvSjXUK0o9CPyXAa7x-ykbJ2Oj5g/s1600/boeuf_a_la_mode.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="624" data-original-width="726" height="343" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiuoDfhcLPHWsQhywHovc6OIiuQEIMMIaN4mlz_0goffJ4GYL6w8TWuAglJYaM32e7HdItccu6mQdngmxfr6uBayMyEHfUXvmnfT3YzeRPOWZwJvu3lmvSjXUK0o9CPyXAa7x-ykbJ2Oj5g/s400/boeuf_a_la_mode.jpg" width="400" /></a>grands restaurants. Chacun portait le
nom du restaura-</span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif">teur et la noblesse comme la bour-</span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif">geoisie y venaient
pour y célébrer la <i>douceur de vivre. </i>Lorsque la Révolution
française éclata, en 1789, la vie de ces restaurateurs n'en fut pas
pour autant bouleversée. La clientèle changea progressivement,
laissant de plus en plus de place à une bourgeoisie souvent
extérieure à Paris. Les révolutionnaires ne boudèrent pas ces
restaurants et aucun restaurateur n'eut à perdre sa tête sous le
couperet de la guillotine. «<i>Distribuons les récompenses. Pour
sûr, </i>Beauvilliers <i>et </i>Méot <i>valent trois astérisques :
grand luxe et grande table. Que le </i>Guide Michelin <i>me pardonne;
je lui emprunte sa cotation. Ne fait-elle pas partie de nos
mentalités courantes? Pour </i>Robert, <i>maître prestigieux mais
qui n'a pas de cadre à proportion, deux astérisques. Un aux
</i>Provençaux, <i>à cause des spécialités régionales. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiuoDfhcLPHWsQhywHovc6OIiuQEIMMIaN4mlz_0goffJ4GYL6w8TWuAglJYaM32e7HdItccu6mQdngmxfr6uBayMyEHfUXvmnfT3YzeRPOWZwJvu3lmvSjXUK0o9CPyXAa7x-ykbJ2Oj5g/h120/boeuf_a_la_mode.jpg">Le </a></i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiuoDfhcLPHWsQhywHovc6OIiuQEIMMIaN4mlz_0goffJ4GYL6w8TWuAglJYaM32e7HdItccu6mQdngmxfr6uBayMyEHfUXvmnfT3YzeRPOWZwJvu3lmvSjXUK0o9CPyXAa7x-ykbJ2Oj5g/h120/boeuf_a_la_mode.jpg">Bœuf à </a></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi0zaBQ-mbYk2I1wHSX5OtCyDrG5b8he33-zWir733VvIcTRHLFQGuzIeJYnFcplhxn3GW8-mcWIHY9MiBwr1PfE-dXIVUj2JFgJ5sOOtxJOf2I8lNc_L9eawi8nx1QLyGnWuwdzvcHsdEU/s1600/boeuf_a_la_mode2.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="869" data-original-width="624" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi0zaBQ-mbYk2I1wHSX5OtCyDrG5b8he33-zWir733VvIcTRHLFQGuzIeJYnFcplhxn3GW8-mcWIHY9MiBwr1PfE-dXIVUj2JFgJ5sOOtxJOf2I8lNc_L9eawi8nx1QLyGnWuwdzvcHsdEU/s400/boeuf_a_la_mode2.jpg" width="287" /></a><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiuoDfhcLPHWsQhywHovc6OIiuQEIMMIaN4mlz_0goffJ4GYL6w8TWuAglJYaM32e7HdItccu6mQdngmxfr6uBayMyEHfUXvmnfT3YzeRPOWZwJvu3lmvSjXUK0o9CPyXAa7x-ykbJ2Oj5g/h120/boeuf_a_la_mode.jpg">la mode</a> <i>n'est qu'un <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi0zaBQ-mbYk2I1wHSX5OtCyDrG5b8he33-zWir733VvIcTRHLFQGuzIeJYnFcplhxn3GW8-mcWIHY9MiBwr1PfE-dXIVUj2JFgJ5sOOtxJOf2I8lNc_L9eawi8nx1QLyGnWuwdzvcHsdEU/h120/boeuf_a_la_mode2.jpg">débutant</a>. Laissons aussi </i>Le Cadran
bleu <i>sur une liste d'attente. Le public? les maîtres de l'heure,
les législateurs sans domicile, les spéculateurs, les nouveaux
riches, les tribuns des clubs, les représentants en mission.
Constituants, grands-bourgeois et noblesse ralliée à la révolution
se retrouvent chez </i>Beauvilliers. <i>Mirabeau, Chapelier, Bureau
de Pacy sont des habitués. Et de son vin qu'en 1790, par trois fois,
ils sont publiquement accusés d'avoir volé. La révolution, la
vraie, va chez </i>Méot. <i>Le temps de se faire connaître, de
dorer ses salons, c'est la chute du roi, l'avènement de la
République. Dans une salle retirée la Constitution de 93 est
élaborée. On y voit Saint-Just et Hérault de Séchelles. Ici, sous
les plafonds voluptueux, la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiSrILSg5PJzF7gTczXcnAo0g3n4X1cA6OrtzlJTo11iQmlJKVG8m5IgMEZzgYHzwoTlZCpUY9fxmUrl-xpJ4Q7G0H8z4V4510ICGV_2WFgjkq1pzxqmPV8EMDYLLFdcwVNYBPInjkpEQNe/h120/Restauranteur_des_sans_culottes_1790.jpg">Montagne</a> triomphe tout en mûrissant les
règles de la rigueur jacobine. Ici, jusqu'en juillet 93, elle rugit
contre les traîtrises de la Gironde. Ils sont gourmets à leur
façon, les fédéralistes qui confondent la République avec le
monde et la Révolution avec le bonheur. Mais ils préfèrent la
discrétion des demeures privées, les intérieurs où l'esprit
raffiné des Lumières se prolonge. On mange autant qu'on pense, avec
passion, chez Mme Roland. Contre l'hôtesse et sa cuisine, Hébert se
déchaîne. Après la chute de Coco (sobriquet de Roland) dans </i>le
Père Duchesne <i>: "Que vont-ils faire, ces Girondins, ces
</i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiSrILSg5PJzF7gTczXcnAo0g3n4X1cA6OrtzlJTo11iQmlJKVG8m5IgMEZzgYHzwoTlZCpUY9fxmUrl-xpJ4Q7G0H8z4V4510ICGV_2WFgjkq1pzxqmPV8EMDYLLFdcwVNYBPInjkpEQNe/s1600/Restauranteur_des_sans_culottes_1790.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="231" data-original-width="367" height="250" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiSrILSg5PJzF7gTczXcnAo0g3n4X1cA6OrtzlJTo11iQmlJKVG8m5IgMEZzgYHzwoTlZCpUY9fxmUrl-xpJ4Q7G0H8z4V4510ICGV_2WFgjkq1pzxqmPV8EMDYLLFdcwVNYBPInjkpEQNe/s400/Restauranteur_des_sans_culottes_1790.jpg" width="400" /></a>piqueurs d'assiettes qui devenaient si gros et dodus à la cuisine du
b... d'Inté-</i></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>rieur? Ce n'est pas ta faute, honnête Barba-</i></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>roux, si la
marmite est renversée. Pauvre Louvet, que vas-tu devenir? Lèche tes
babines, maintenant, tu n'auras plus de nanan, pleure les crèmes,
les glaces que tu savourais avec tant de plaisir à la table de ton
vertueux maître". Quand Garat, ami de Danton, devient ministre
de l'Intérieur, les bêtes noires d'Hébert : le "charlatan"
Condorcet, Pétion, Gensonné, Barbaroux, Vergniaud, transportent
leurs airs et leurs appétits patriciens à sa table délicate.
Écoutez </i>le Père Duchesne <i>: "Le cuisinier du ministre
Garat a remplacé celui de son confrère Roland, et f...; toute la
séquelle s'en félicite, car la bouffaille est encore plus
abondante, à l'exception du friand Louvet qui regrette toujours les
crèmes et les frangipanes de la vertueuse épouse du vertueux Coco"</i>»<i> </i>(J.-P. Aron. <i>Le mangeur du XIXe siècle, </i>Paris, Robert
Laffont, 1973, pp. 21-22».</span></div>
<div style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">Quoi qu'il en fût, la période
révolutionnaire, puis le Premier Empire passèrent sans fermer les
</span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEib0cZPPzTUxoqeZjMS0qrTumgNMEpniuO1N_M4hXr9bbGZqCCkq2tT6noUez68WDJ1rLyi69b1Gxj-tp4XSpB_2p8WRwHgT70BSUkY5GXyUIuhtfBGxOMJADTYEKa3OAvTGgEMrpmTj6-W/s1600/M-A-Careme.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1054" data-original-width="794" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEib0cZPPzTUxoqeZjMS0qrTumgNMEpniuO1N_M4hXr9bbGZqCCkq2tT6noUez68WDJ1rLyi69b1Gxj-tp4XSpB_2p8WRwHgT70BSUkY5GXyUIuhtfBGxOMJADTYEKa3OAvTGgEMrpmTj6-W/s400/M-A-Careme.jpg" width="301" /></a>restaurants et tout un art gastronomique se développa autour de
certaines figures, telles le chef et pâtissier, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEib0cZPPzTUxoqeZjMS0qrTumgNMEpniuO1N_M4hXr9bbGZqCCkq2tT6noUez68WDJ1rLyi69b1Gxj-tp4XSpB_2p8WRwHgT70BSUkY5GXyUIuhtfBGxOMJADTYEKa3OAvTGgEMrpmTj6-W/h120/M-A-Careme.jpg">Marie-Antoine Carême</a>
(1784-1833) ou le gastronome <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiOob_-m6kk9tNZeMN-OMMxRMQ7Bq0LspYIS9dVWSzSvD7yR5mxZ4_zta4qBRmZVIV_CDlwnHjQ0aFIYM-BzpZYyfeoGPSz9UitiwdhLZHUp3iowgz4xeBkpi3LYIqWe4x6JTAxJoVvEaNR/h120/index.jpg">Brillat-Savarin</a> (1755-1826) qui
donnèrent le ton au XIXe siècle. Mais l'art de la gastronomie
appartenait encore à l'élite de la société, et pour le commun des
petits-bourgeois demeurait cette sagesse :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<blockquote class="tr_bq">
<blockquote class="tr_bq">
<blockquote class="tr_bq">
<div style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: left;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">«<i>C'est une vérité qu'on ne
saurait nier</i></span></div>
<div style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: left;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Mieux
vaut bon estomac qu'habile cuisinier.</i></span></div>
<div style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: left;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>En
vain on a recours aux épices perfides;</i></span></div>
<div style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: left;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Pour
goûter le plaisir des vrais gourmands prisé</i></span></div>
<div style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: left;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Faut avant tout bon coffre et
mâchoires solides. </i>[Léon de Foz. <i>Gastronomia</i>]</span></div>
</blockquote>
</blockquote>
</blockquote>
</blockquote>
<div style="text-align: justify;">
<i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiOob_-m6kk9tNZeMN-OMMxRMQ7Bq0LspYIS9dVWSzSvD7yR5mxZ4_zta4qBRmZVIV_CDlwnHjQ0aFIYM-BzpZYyfeoGPSz9UitiwdhLZHUp3iowgz4xeBkpi3LYIqWe4x6JTAxJoVvEaNR/s1600/index.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="260" data-original-width="194" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiOob_-m6kk9tNZeMN-OMMxRMQ7Bq0LspYIS9dVWSzSvD7yR5mxZ4_zta4qBRmZVIV_CDlwnHjQ0aFIYM-BzpZYyfeoGPSz9UitiwdhLZHUp3iowgz4xeBkpi3LYIqWe4x6JTAxJoVvEaNR/s400/index.jpg" width="298" /></a>Ce bonheur du corps fait partie de la culture : tels la politesse, la mode, le patriotisme, il est un effet des usages, nous serions incapables d'en ressusciter les moyens. Au contraire les mangeurs du XIXe siècle l'imputent à une disposition innée, ils pensent à une organisation favorable : "Oui certes, le comte de Montriveau est mort à Pétersbourg où je l'ai rencontré, dit le vidame. C'était un gros homme qui avait une incroyable passion pour les huîtres. - Combien en mangeait-il donc dit le duc de Grandieu. - Tous les jours dix douzaines. - Sans être incommodé? - Pas le moins du monde. - Oh! mais c'est extraordinaire! Ce goût ne lui a donné ni la pierre ni la goutte ni aucune incommodité? - Non, il s'est parfaitement porté, il est mort par accident. - Par accident! La nature lui avait dit de manger des huîtres, elles lui étaient probablement nécessaires : car, jusqu'à un certain point, nos goûts prédominants sont les conditions de notre existence"</i>» [Balzac. <i>La duchesse de Langeais</i>]» (J.-P. Aron. ibid. p. 188).<span face=""segoe ui" , sans-serif"> </span></div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">Les Français du siècle étaient
d'ailleurs beaucoup plus des gourmands que des gens dotés d'appétit
et, comme pour Diderot jadis, le défi consistait à endurer les
excès de table qui marquaient symboliquement un certain statut
social, voire symbolisait la virilité (la chose se serait difficilement vue pour des femmes!). Une compétition surréaliste s'installait entre les
gourmands qui ressemblait davantage à un duel qu'à un authentique exercice gastronomique. </span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span face=""segoe ui" , sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgh3YWvTe-gyYbr41U6lUpk5Zzm_tPYOtYS_dQi3optqdeOe-EjwXNv6Y8T0Xg-uy9eftuSAVarW6Ka0mh8cX5hztzOmBnBQgpm3dOwkISvuKUKiGFDzzFRq9pY3JxjXOUlT46hW_pFmswJ/s1600/index.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="242" data-original-width="208" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgh3YWvTe-gyYbr41U6lUpk5Zzm_tPYOtYS_dQi3optqdeOe-EjwXNv6Y8T0Xg-uy9eftuSAVarW6Ka0mh8cX5hztzOmBnBQgpm3dOwkISvuKUKiGFDzzFRq9pY3JxjXOUlT46hW_pFmswJ/s400/index.jpg" width="343" /></a></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif">Comme l'écrit Jean-Paul Aron, <i>«le goinfre
se nourrit du corps de l'autre, il ne s'apaise qu'à sa dissolution.
Au <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgh3YWvTe-gyYbr41U6lUpk5Zzm_tPYOtYS_dQi3optqdeOe-EjwXNv6Y8T0Xg-uy9eftuSAVarW6Ka0mh8cX5hztzOmBnBQgpm3dOwkISvuKUKiGFDzzFRq9pY3JxjXOUlT46hW_pFmswJ/h120/index.jpg">restaurant </a></i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgh3YWvTe-gyYbr41U6lUpk5Zzm_tPYOtYS_dQi3optqdeOe-EjwXNv6Y8T0Xg-uy9eftuSAVarW6Ka0mh8cX5hztzOmBnBQgpm3dOwkISvuKUKiGFDzzFRq9pY3JxjXOUlT46hW_pFmswJ/h120/index.jpg">Bonvalet</a>, <i>un client, le père Gourier, dit
l'assassin à la fourchette, prenait un invité à l'année et
s'amusait à le tuer par la bonne nourriture. "Le premier dura
six mois et mourut d'un coup de sang après boire. - Le second tenait
depuis près de deux ans quand il périt d'une indigestion de foie
gras. - Le lendemain, quand d'une fenêtre du restaurant, il vit
passer le convoi de sa seconde victime, le père Gourier eut un
regret : "Dire qu'il y a trois jours je lui ai payé un chapeau
neuf pour sa fête!" Alors un troisième lutteur descendit dans
l'arène. Ce nouveau champion, nommé Ameline, était un grand
gaillard qui passait pour avoir les cuisses creuses, ce qui lui
constituait deux autres estomacs à emplir à table. Le drame
recommença; mais les deux parties s'observaient, car chacun se
sentait engagé dans une partie d'honneur. Tous les soirs, Ameline
cherchait une querelle d'Allemand à son amphitryon, se retirait dans
sa tente pendant trois jours, et se mettait strictement au régime de
l'huile de ricin. Resté seul à table, le père Gourier mangeait
vite et mâchait mal, deux fautes qui lui faisaient perdre l'avantage
contre un ennemi qui le raccommodement opéré, rentrait en lice,
frais, reposé et récuré à neuf". Comme le jaloux ne supprime
son rival que pour s'anéantir symboliquement, le goinfre poursuit sa
destruction à travers la mort de l'autre : "Après trois ans de
ce duel, l'heure du dénouement sonna. Un jour qu'il venait de se
servir une quatorzième tranche de bel aloyau, le père Gourier
renversa tout d'un coup sa tête en arrière. Ameline crut qu'il
allait éternuer et s'abrita sous sa serviette. - Le père Gourier
retomba la face dans son assiette : il se rendait; l'apoplexie lui
faisait baisser pavillon. Celui qui avait frappé par la fourchette
périssait par la fourchette</i>" [Eugène Chevrette.
<i>Restaurateurs et restaurateurs, </i>1867} (J.-P. Aron. ibid. pp.
193-194).</span></div>
<div style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">À
lire ce récit on pense à un épisode célèbre de la série
américaine des </span></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span style="font-weight: normal;">Simpson
</span></i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">-
</span></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjcne4lKTQozhwiOZLfwni0PlyfI5XMyQIZuaTU64yRfUo2OjqADN0LuKoP6WJIHkQURjofk2WFJ-q6cNLrDI5idP0Ym5mfH1Y71REbu2U_mI4p-IY297XR_40ZT6qZZI_o7YELqxwQLH2X/h120/Red.png">Maximum Homerdrive</a> </span></i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">(17e
épisode de la 10e saison), lorsque, dans un restaurant pour routier, </span></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjcne4lKTQozhwiOZLfwni0PlyfI5XMyQIZuaTU64yRfUo2OjqADN0LuKoP6WJIHkQURjofk2WFJ-q6cNLrDI5idP0Ym5mfH1Y71REbu2U_mI4p-IY297XR_40ZT6qZZI_o7YELqxwQLH2X/s1600/Red.png" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="300" data-original-width="600" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjcne4lKTQozhwiOZLfwni0PlyfI5XMyQIZuaTU64yRfUo2OjqADN0LuKoP6WJIHkQURjofk2WFJ-q6cNLrDI5idP0Ym5mfH1Y71REbu2U_mI4p-IY297XR_40ZT6qZZI_o7YELqxwQLH2X/s400/Red.png" width="400" /></a>Homer Simpson manifeste sa déception que les pièces de bœuf ne
vont que jusqu'à 2 kg. On lui indique qu'il en existe une de 8 kg,
mais qui n'est faite qu'à la demande. Homer accepte de commander
cette importante tranche lorsqu'un routier de passage, Curtis, lui
lance le défi à savoir qui avalera son steak de 8 kg le plus vite
gagnera le prix de la tranche de steak. Malgré tous ses efforts,
Homer ne parvient pas à avaler son dernier morceau et vient concéder
la victoire à Curtis pour s'apercevoir que celui-ci est mort d'un
arrêt du cœur. Dans cette compétition où s'empiffrer équivaut à
un coup de pistolet, on disposait déjà du film de Marco Ferreri, </span></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span style="font-weight: normal;">La
grande bouffe </span></i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">(1973),</span></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span style="font-weight: normal;">
</span></i><span style="font-weight: normal;">dans lequel </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">quatre </span></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi9wXrIcKQPwE3mDa8xboyhGzMVypH-5La3IwCxwT2cJyCT9qjmGZhHayKrvzF8vOyU4-V6HF_2P_VaxM4wUaB8k-aypSbMFJHNGgc2WHvRm_mh0G91hrp4IVhpzpr3JH1xsOFhm26HsyNU/s1600/1+0riWe5SPsMy-jQEYubSmQw.png" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="960" data-original-width="1600" height="238" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi9wXrIcKQPwE3mDa8xboyhGzMVypH-5La3IwCxwT2cJyCT9qjmGZhHayKrvzF8vOyU4-V6HF_2P_VaxM4wUaB8k-aypSbMFJHNGgc2WHvRm_mh0G91hrp4IVhpzpr3JH1xsOFhm26HsyNU/s400/1+0riWe5SPsMy-jQEYubSmQw.png" width="400" /></a>bourgeois se réfugient dans une villa dans le but de manger
les mets les plus fins jusqu'à en crever. D'ailleurs, le duel du
père Gourier était repris lorsque le personnage de Marcello
Mastroiani lance un défi à Ugo Tognazzi et se font concurrence pour
voir qui mangera le plus vite les huîtres en s'excitant devant des
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi9wXrIcKQPwE3mDa8xboyhGzMVypH-5La3IwCxwT2cJyCT9qjmGZhHayKrvzF8vOyU4-V6HF_2P_VaxM4wUaB8k-aypSbMFJHNGgc2WHvRm_mh0G91hrp4IVhpzpr3JH1xsOFhm26HsyNU/h120/1+0riWe5SPsMy-jQEYubSmQw.png">diapositives</a> érotiques anciennes. La nourriture, entre le sexe et la
mort, confrontait la lassitude d'une vie sans autre sens que sa
consommation ultime. Des quatre bourgeois, le premier meurt
d'hypothermie, le second d'aérophagie, le troisième d'indigestion
et le quatrième de diabète. Le troisième convive, Ugo Tognazzi,
lui-même chef cuisinier, s'est étouffé avec un plat composé de
trois types de foies différents en forme de dôme de Saint-Pierre de
Rome qu'il a lui-même confectionné. On l'installe sur la table de
la cuisine - son </span></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span style="font-weight: normal;">royaume
</span></i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">-
en tant que restaurateur. </span></span></span>
</div>
<div style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif">Cette surabondance de <i>chère délicate </i>qui finit par hanter les rêves des gourmands trouve
une analyse intéressante à travers un roman d'Émile Zola
(1840-1902), <i>Le Ventre de Paris </i>(1873). L'intrigue commence
par l'évasion du bagne de Florent et son retour aux <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEieWiY4GDaGLwNrc7S6fHAgifH_fQTmZtBSsYVlyICW9CKqKsEnfTR3K6_BUEW0dftXSic5E0EOBq1e02vsSLcBWFr2oRIC87c9v0-wmrvnGQVdAVswbIqDqDbnpBJ8GDwFNtspbql9dJg7/h120/unnamed.jpg">Halles</a> de Paris
où il rejoint son neveu, un jeune peintre, Claude Lantier. Les
descriptions impressionnistes de Zola communiquent au lecteur l'état
d'étouffement qui saisit les duélistes de la nourriture. «<i>Pour
Florent cette surface, où s'arrête volontiers Claude, est béante
comme un gouffre et menaçante. "C'est crânement beau tout de
même, murmurait Claude en extase", devant le flot toujours
montant de fruits et de légumes. "Florent souffrait. Il croyait
à </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEieWiY4GDaGLwNrc7S6fHAgifH_fQTmZtBSsYVlyICW9CKqKsEnfTR3K6_BUEW0dftXSic5E0EOBq1e02vsSLcBWFr2oRIC87c9v0-wmrvnGQVdAVswbIqDqDbnpBJ8GDwFNtspbql9dJg7/s1600/unnamed.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="332" data-original-width="512" height="258" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEieWiY4GDaGLwNrc7S6fHAgifH_fQTmZtBSsYVlyICW9CKqKsEnfTR3K6_BUEW0dftXSic5E0EOBq1e02vsSLcBWFr2oRIC87c9v0-wmrvnGQVdAVswbIqDqDbnpBJ8GDwFNtspbql9dJg7/s400/unnamed.jpg" width="400" /></a>quelque tentation surhumaine". Dès son arrivée à Paris sur
la charrette de Mme François, il est plongé dans un monde où règne
la matière, asphy-</i></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>xiante par sa densité, "dans un inconnu de
mangeailles qu'il sentait pulluler autour de lui et qui
l'inquiétait". C'est un "rêve intolérable de nourritures
gigantesques dont il se sentait poursuivi". Florent, le Maigre,
y est un intrus, avec son corps décharné, dépouillé de ses
attaches matérielles par la longue ascèse de son exil. Son esprit,
sa conscience, ses rêves de bonheur universel le dissocient de ce
monde qui est par essence réfractaire aux activités de l'esprit</i>»
(D. Baguley. «Le supplice de Florent : à propos du <i>Ventre de
</i>Paris», in Collectif. <i>Zola, </i>Paris, Europe, # 468-469,
avril-mai 1968, p. 94). Lieu essentiellement dominé par des figures
féminines, Florent ne cessera d'éprouver les mêmes sentiments
d'indescriptible angoisse qui ne cessent de l'envahir tout au long du
roman auxquels il essaie d'échapper en trempant dans un complot
politique.</span></div>
<div style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiSiC5rRW_EzUja1-oTFVq8gHjjOlCLhEFFpjzx_71ChROuPhdL_lAQ82st_tPy475Ys1ETjm_ExnZB8hmKeOdSql7RAM8loxSwfPwOfdwucauVshxGuS0jAALbxvxTTbtG-bQgT-JgSM2L/s1600/9781544915920.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="400" data-original-width="267" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiSiC5rRW_EzUja1-oTFVq8gHjjOlCLhEFFpjzx_71ChROuPhdL_lAQ82st_tPy475Ys1ETjm_ExnZB8hmKeOdSql7RAM8loxSwfPwOfdwucauVshxGuS0jAALbxvxTTbtG-bQgT-JgSM2L/s400/9781544915920.jpg" width="266" /></a>C'est la force du <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiSiC5rRW_EzUja1-oTFVq8gHjjOlCLhEFFpjzx_71ChROuPhdL_lAQ82st_tPy475Ys1ETjm_ExnZB8hmKeOdSql7RAM8loxSwfPwOfdwucauVshxGuS0jAALbxvxTTbtG-bQgT-JgSM2L/h120/9781544915920.jpg">roman de Zola</a> de
nous laisser voir, comme le montre si bien le critique David
Baguley, <span style="text-decoration: none;">«</span><i><span style="text-decoration: none;">la</span></i><i>
lutte désespérée de la dureté mâle de l'esprit de Florent contre
la mollesse envahissante de la matière </i>[qui]<i> donne au </i>Ventre de Paris
<i>son mouvement. Le roman traite de l'invasion progressive de
l'esprit par une objectivité malveillante. Florent glisse peu à peu
vers un<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg-ksLtVxpGqF8iByRjtmy94NQqnks8LzJir9LtNDguEIDoUIXggRlU2-3uUvagAfzCrEtyBIX5ee3VylnrulA5bo6Wj9UWAPI-5502HMhQK8-KzG2Gx2znxWqnaSgwbCsbKx-hTfBzF0fz/h120/5447149541_2e62563ccb_b.jpg"> mol abandon</a> au matériel. "Il s'imaginait que les Halles
s'étaient emparés de lui, à son arrivée, pour l'amollir,
l'empoisonner de leurs odeurs". Lisa, sa belle-sœur, est leur
agent principal. "Les soins de la belle Lisa mettaient autour de
lui un duvet chaud, où tous ses membres enfonçaient". Elle
devient "comme un dissolvant qui aurait fondu ses volontés".
Pour échapper au vertige continu, à la nausée asphyxiante que lui
donne cette matière, il n'y a qu'un seul refuge, qu'un seul
soulagement - s'accouder à la fenêtre de sa mansarde. Là-haut, le
corps est libéré des odeurs et des formes corrompantes et l'esprit
peut prendre son essor, dominer le monde qui s'étale au-dessous de
lui</i>» (D. Baguley. in Collectif. ibid. p. 94). L'auteur n'hésite
pas d'ailleurs à présenter, avec toute l'habileté littéraire
requise, «<i>à chaque description visuelle et esthétique répond
une </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>description tactile et sensuelle, dans laquelle l'hétérogénéité
des effets superficiels se perd et la </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>matière ne devient qu'une
substance pâteuse et amorphe. Dans la devanture de la charcuterie, </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg-ksLtVxpGqF8iByRjtmy94NQqnks8LzJir9LtNDguEIDoUIXggRlU2-3uUvagAfzCrEtyBIX5ee3VylnrulA5bo6Wj9UWAPI-5502HMhQK8-KzG2Gx2znxWqnaSgwbCsbKx-hTfBzF0fz/s1600/5447149541_2e62563ccb_b.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="800" data-original-width="560" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg-ksLtVxpGqF8iByRjtmy94NQqnks8LzJir9LtNDguEIDoUIXggRlU2-3uUvagAfzCrEtyBIX5ee3VylnrulA5bo6Wj9UWAPI-5502HMhQK8-KzG2Gx2znxWqnaSgwbCsbKx-hTfBzF0fz/s400/5447149541_2e62563ccb_b.jpg" width="280" /></a></i></span></i></span></i></span></i></span>"c'était un monde de bonnes choses, de choses fondantes, de
choses grasses" et, à l'intérieur, "la graisse débordait,
malgré la propreté excessive, suintait entre les plaques de
faïence..." Mme Lecœur, en train de travailler le beurre,
"enfonçait furieusement les poings dans cette pâte grasse qui
prenait un aspect blanchâtre et crayeux". Dans la triperie où
traînent des restes de viande saignante, Cadine et Marjolin qui
incarnent ce monde brut et inconscient "marchaient au milieu de
flaques sombres [...]; leurs semelles se collaient, ils clapotaient,
inquiets, ravis de cette boue horrible"</i>» (D. Baguley, in
Collectif. ibid. pp. 94-95).</span></div>
<div style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">Les beurres, les charcuteries, les
viandes saignantes, toutes choses fondantes et grasses remplissent
les étroites rues par lesquelles Florent fuiyait... </span>
</div>
<blockquote class="tr_bq">
<div style="font-style: normal; font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">«<i>C'est ce vaste protoplasme
informe qui poursuit Florent et menace de l'engloutir. Au début du
roman, lorsqu'il s'égare dans le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEip-CzGua6d5_9TEd0kfhM8vQEaVpWdXlnQ7PRv0x0-jjxY1_KicaHcOxqk0iwpa-72acrzWLhIMAHIR5F8m2ZFVfLIsti8AA9IlAuI6wk8JvCzCDjZn8pcBrs1QMeotjclkwz4BXt_KvUA/h120/Le-lexique-alimentaire-dans-Le-ventre-de-Paris-DEmile-Zola-Realisme-et-metaphore49.png">labyrinthe des Halles</a> où l'on
décharge les tas de nourriture, hébété et stupide, "il ne
fut plus qu'une chose battue, roulée, au fond de la mer montante". </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Puis, "la mer continuait à monter. Il l'avait senti à ses
chevilles, puis à son ventre; elle menaçait, à cette heure, de
passer par-dessus sa tête". Florent revit à Paris le cauchemar
de sa fuite du bagne, le soir où il se perdit dans les marécages
empestés de la Guyane et, enfoncé jusqu'au ventre, comme Jean
Valjean dans l'égout de Paris, il faillit être englouti par la boue
pestilentielle. Cet enveloppement, cette pénétration totale par les
choses entraîne chez Florent une dissolution de son être entier.
D'abord, c'est un "détraquement lent, un ennui vague qui tourna
à une vive surexcitation nerveuse". Bientôt le sentiment de la
distance qui sépare la conscience et l'objet s'estompe. Au sein d'un
monde dont la présence envahit son être et le rend aussi mou que ce
qui l'entoure, l'intégrité personnelle se dissout : il s'ensuit un
renoncement flou à toute révolte intellectuelle, une complaisance à
un bien-être lâche et inconscient. Après huit mois dans les
Halles, Florent "tombait dans un tel calme, dans une vie si bien
réglée, qu'il se sentait à peine exister"</i></span> <span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>.</i></span></div>
</blockquote>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEip-CzGua6d5_9TEd0kfhM8vQEaVpWdXlnQ7PRv0x0-jjxY1_KicaHcOxqk0iwpa-72acrzWLhIMAHIR5F8m2ZFVfLIsti8AA9IlAuI6wk8JvCzCDjZn8pcBrs1QMeotjclkwz4BXt_KvUA/s1600/Le-lexique-alimentaire-dans-Le-ventre-de-Paris-DEmile-Zola-Realisme-et-metaphore49.png" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="239" data-original-width="418" height="227" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEip-CzGua6d5_9TEd0kfhM8vQEaVpWdXlnQ7PRv0x0-jjxY1_KicaHcOxqk0iwpa-72acrzWLhIMAHIR5F8m2ZFVfLIsti8AA9IlAuI6wk8JvCzCDjZn8pcBrs1QMeotjclkwz4BXt_KvUA/s400/Le-lexique-alimentaire-dans-Le-ventre-de-Paris-DEmile-Zola-Realisme-et-metaphore49.png" width="400" /></a></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Vers
la fin du roman, lorsque Florent a encore essayé d'imposer sa
volonté et ses rêves, cet océan de matière pullulante envahit
même sa mansarde. Le soir de son arrestation, une pluie fine "noyait
de gris les grandes Halles", dans un "ruissellement d'eau
jaune qui semblait charrier et éteindre le crépuscule dans la
boue". Partout il y a une vapeur épaisse, "un lac de fange
liquide", un amas mouvant qui se rapproche toujours et qui
remplit le champ de vision de Florent. "Le nuage de toutes ses
haleines s'amassait au-dessus des toitures, gagnait les maisons
voisines, s'élargissait en nuée lourde sur Paris entier".
Lorsque Florent est pris par les agents, "autour de lui, montait
la boue de ces rues grasses"</i><span style="font-style: normal;">»
(D. Baguley, in Collectif. ibid. p. 95).</span></span></div>
</blockquote>
<div style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">Le
temps d'un cauchemar et <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiqKY-uyqYQnDs-s4xt2cOBjL0p7BqR5Umt7xMAbWWhDzezuA9twm0Ahz4ZYkyb-fSEEU_q93N4-4Wh8XfCitYEz1tsI_7kcrbUdI7wCVKi2ZbX51HFC2mLdxNxvGeaSP4UKZxlR0iLBEMT/h120/qhkSw1zLdH1cQdI4Jc3Y8WGRsGI.jpg">Florent</a> sera réexpédié en Guyane. Dans
cette opposition ville/campagne qui est fort nette, «</span><i>en
particulier dans </i><span style="font-style: normal;">le Ventre de
Paris </span><i>où, prisonnier des fangeuses Halles, Florent rêve
au jardinet campagnard de la mère François. Il ne s'agit point
</i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiqKY-uyqYQnDs-s4xt2cOBjL0p7BqR5Umt7xMAbWWhDzezuA9twm0Ahz4ZYkyb-fSEEU_q93N4-4Wh8XfCitYEz1tsI_7kcrbUdI7wCVKi2ZbX51HFC2mLdxNxvGeaSP4UKZxlR0iLBEMT/s1600/qhkSw1zLdH1cQdI4Jc3Y8WGRsGI.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="366" data-original-width="537" height="272" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiqKY-uyqYQnDs-s4xt2cOBjL0p7BqR5Umt7xMAbWWhDzezuA9twm0Ahz4ZYkyb-fSEEU_q93N4-4Wh8XfCitYEz1tsI_7kcrbUdI7wCVKi2ZbX51HFC2mLdxNxvGeaSP4UKZxlR0iLBEMT/s400/qhkSw1zLdH1cQdI4Jc3Y8WGRsGI.jpg" width="400" /></a>ici, est-il besoin de le dire, du "Comme on serait bien à la
campa-</i></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>gne!" de </i><span style="font-style: normal;">Bouvard et
Pécuchet. </span><i>Spécifi-</i></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>quement, dans le contraste entre la
nauséeuse orgie des Halles et les plates-bandes disciplinées de la
mère François</i><span style="font-style: normal;">» (J. Borie.
</span><i>Zola et les mythes, </i><span style="font-style: normal;">Paris,
Seuil, Col. Pierres vives, 1971, p. 162), il y a un ordre qui y règne
qu'on ne retrouve pas là-bas. Une fois dépassée l'appétit, la
mangeaille courre à la gourmandise, à la goinfrerie qui met en
danger non seulement la santé mais la vie des intempérant. Puisque,
comme le dit Victor Hugo</span><i>, «Le serpent est dans l'homme, c'est l'intestin</i>» (V. Hugo. <i>William Shakespeare, </i>Paris, Nelson éditeur, s.d., p. 71). La tentation, la faute et la punition, le temps de la gourmandise s'est maintenant installé par la société de consommation et, faut-il que nous en soyons venus à travailler si mal pour que notre gourmandise se satisfasse de la malbouffe?</span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-weight: normal;"><span face=""segoe ui" , sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="font-family: "hoefler text ornaments"; font-size: medium;">⌛</span></span></span></span></span></span><br />
<br />
<div style="text-align: right;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-weight: normal;"><span face=""segoe ui" , sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="font-family: "hoefler text ornaments"; font-size: medium;">Sherbrooke,</span></span></span></span></span></span></div>
<div style="text-align: right;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-weight: normal;"><span face=""segoe ui" , sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="font-family: "hoefler text ornaments"; font-size: medium;">5 avril 2020 </span></span></span></span></span></span></div>
</div>
</div>
Coupalhttp://www.blogger.com/profile/14839226309394850656noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8942859135376014620.post-56720031146652963472020-03-22T16:29:00.001-04:002021-09-20T15:51:02.384-04:00Les sept péchés capitaux : Avarice<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div style="text-align: justify;">
</div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhuZzBO1A1l6yaJbwyVq8WOY6d8myam0DSO-uMOCzJ8zu70nGsxEYxlwFEDZF6TSTr_rmyEJc9RfVD2LPufWfzc_GiRAJI3IgHaQicnAVlHDcowcqKyWcOV9gKy3dyzUQQO0Wfnyfo0E8eC/s1600/b2c036a270da5cd07619560bd29e3c8c.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="211" data-original-width="300" height="281" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhuZzBO1A1l6yaJbwyVq8WOY6d8myam0DSO-uMOCzJ8zu70nGsxEYxlwFEDZF6TSTr_rmyEJc9RfVD2LPufWfzc_GiRAJI3IgHaQicnAVlHDcowcqKyWcOV9gKy3dyzUQQO0Wfnyfo0E8eC/s400/b2c036a270da5cd07619560bd29e3c8c.jpg" width="400" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Hiéronimus Bosch. L'avarice</td></tr>
</tbody></table>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<b><span face=""segoe ui" , sans-serif">LES
SEPT PÉCHÉS CAPITAUX : AVARICE</span></b></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<div style="text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">Ça
discute beaucoup dans le cinquième cercle du Purgatoire.
Face contre sol, les </span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgMdzG9uLPnPMmrX6zDft5o5aesEX1-en6njEqU1DPNQi13IoD4F3FF8rGN7GuuPQCU2tyPXOpZAYX6RQKPWfI0wElm1BFF1eqOnOahWcaKhrn1z177t60mPpd-qlgIuGwIJE91ogrG3LyS/s1600/inf.7.27.dore.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="528" data-original-width="650" height="323" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgMdzG9uLPnPMmrX6zDft5o5aesEX1-en6njEqU1DPNQi13IoD4F3FF8rGN7GuuPQCU2tyPXOpZAYX6RQKPWfI0wElm1BFF1eqOnOahWcaKhrn1z177t60mPpd-qlgIuGwIJE91ogrG3LyS/s400/inf.7.27.dore.jpg" width="400" /></a>yeux et les lèvres embrassant la terre, les
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgMdzG9uLPnPMmrX6zDft5o5aesEX1-en6njEqU1DPNQi13IoD4F3FF8rGN7GuuPQCU2tyPXOpZAYX6RQKPWfI0wElm1BFF1eqOnOahWcaKhrn1z177t60mPpd-qlgIuGwIJE91ogrG3LyS/s1600/inf.7.27.dore.jpg">damnés</a> y font étalage de culture à défaut de géné-</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">rosité.
«<i>Pygma-</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>lion, que sa passion avide pour l'or rendit traître,
voleur et parricide; nous retraçons la misère de l'<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgmY1PkegNNyR0foaE6AWWFh2bG58P3U5Io7x4q34xajg80rlvEsaOVvYrfrg6Tg_A22UrZTfro_7sAhRU8uqN8PYgBKBSQVHBbl_nAOl9AInAwZc4pl3SqC8koMFxLvr6V5Ftm-Cjj11wl/h120/7734abebbd94c7bf0b33acc4cb33f14b.jpg">avare</a> Midas, qui
vit exaucer sa folle demande dont rit la postérité. Chacun se
souvient d'Acham, qui déroba les dépouilles de l'ennemi, et qui
semble encore être poursuivi par la colère de Josué. Nous accusons
Saphira et son époux, nous applaudissons à celui qui foula
Héliodore sous les pieds de son coursier. Dans toute la montagne on
voue à l'infamie Polymnestor, meurtrier de Polydore; enfin, on nous
dit :</i> <span style="font-style: normal;">"Crassus,
apprends-nous, puisque tu le sais, quelle est la saveur de l'or"».</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">Le
Pygmalion en question n'est pas ce sculpteur avide de se donner une forme qui lui servirait d'âme sœur qui manque à son bonheur; œuvre à </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg4crxAToP6UUSqgtfHt5qChLU8J44enytHu3F3DmDspepjtvS0i8QFNinGDTMuEN1tUPdLh_tSgZS9v9VG93oWKLPS9RSvinAEDZ9FR134RTqq6N6Ga6_bDz6B8bHa6c1SrcwodJuRGVk8/s1600/cortone2.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="267" data-original-width="220" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg4crxAToP6UUSqgtfHt5qChLU8J44enytHu3F3DmDspepjtvS0i8QFNinGDTMuEN1tUPdLh_tSgZS9v9VG93oWKLPS9RSvinAEDZ9FR134RTqq6N6Ga6_bDz6B8bHa6c1SrcwodJuRGVk8/s400/cortone2.jpg" width="329" /></a>laquelle Aphrodite, déesse de l'amour, insuffla la vie pour en faire Galathée, et qui, par </span><i>Les
Métamorphoses </i><span style="font-style: normal;">d'Ovide, est
devenu le Pygmalion de George-Bernard Shaw et de </span><i>My fair
lady. </i><span style="font-style: normal;">C'est plutôt le fils aîné
du roi Bélos de Tyr (Phénicie) qui, pour s'emparer du royaume et de
ses richesses, tue par traitrise son oncle, frère de son père,
Siché, époux de Didon sa propre sœur. C'est alors que Didon se
serait exilée vers l'Ouest pour fonder Carthage. Ce thème de la
mythologie romaine, Virgile l'utilisa dans sa composition de
l'</span><i>Énéïde. </i><span style="font-style: normal;">La mise
en parallèle d'Énée fuyant Troie pour fonder Rome et <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg4crxAToP6UUSqgtfHt5qChLU8J44enytHu3F3DmDspepjtvS0i8QFNinGDTMuEN1tUPdLh_tSgZS9v9VG93oWKLPS9RSvinAEDZ9FR134RTqq6N6Ga6_bDz6B8bHa6c1SrcwodJuRGVk8/h120/cortone2.jpg">Didon</a> fuyant
Tyr pour fonder Carthage se serait élaborée à partir du conflit
qui opposa, pendant plus d'un siècle (264-146 av. J.-C.) à travers
trois guerres puniques, la république romaine à la monarchie
carthaginoise</span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">Nos
connaissances actuelles nous disent que Pumiyaton (le nom phénicien
de Pygmalion), occupait le trône de Tyr à la suite de Mattan Ier,
vers 821-774 av. J.-C.. D'après l'historien Flavius Josèphe, ce dont rapporte
Dante «</span><i>aurait eu lieu la septième année de son règne,
alors qu'il avait 18 ans. En l'absence de sources phéniciennes, on
dispose de nombreuses sources classiques, surtout du récit de Justin
qui raconte cet épisode avec un grand luxe de détails. Il est
difficile cependant, de faire la part de la légende et du fond
historique. Pumiyaton devient roi très jeune par la volonté du
peuple, et sa sœur Élissa, </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjsK0_blF1TR_9AogLqNeo8rQXjGxPRbiHSRyh92aOwCQmabyttBZPstv1zk9VGveBeJDbl1zUY0DBcJcSs45eaXhswYnbya9pxQG3sb1O93hZUWw3VPlpWf22aSjMX6LzDiCgrvoGrsLUQ/s1600/SCA_0287.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="491" data-original-width="600" height="326" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjsK0_blF1TR_9AogLqNeo8rQXjGxPRbiHSRyh92aOwCQmabyttBZPstv1zk9VGveBeJDbl1zUY0DBcJcSs45eaXhswYnbya9pxQG3sb1O93hZUWw3VPlpWf22aSjMX6LzDiCgrvoGrsLUQ/s400/SCA_0287.jpg" width="400" /></a>éblouissante par sa beauté, épouse
son oncle maternel Zakerbaal (Sichar-</i></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>bas), prêtre de Milquart
(Héra-</i></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>klès), qui occupe à ce titre le second rang dans la cité.
Zakerbaal possède d'immenses trésors, qu'il dissimule par crainte
de la cupidité de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjsK0_blF1TR_9AogLqNeo8rQXjGxPRbiHSRyh92aOwCQmabyttBZPstv1zk9VGveBeJDbl1zUY0DBcJcSs45eaXhswYnbya9pxQG3sb1O93hZUWw3VPlpWf22aSjMX6LzDiCgrvoGrsLUQ/h120/SCA_0287.jpg">Pumiyaton</a>. Mais le roi de Tyr a vent de
l'existence des trésors et fait égorger le prêtre, qui est à la
fois son oncle et son beau-frère, pour les récupérer. On peut
retenir avec vraisemblance l'affrontement entre la dynastie au
pouvoir et le puissant clergé de Milqart, détenteur des richesses
du temple, et les rivalités entre membres de la famille royale,
fréquentes au Proche-Orient</i><span style="font-style: normal;">»
(J. Elayi. </span><i>Histoire de la Phénicie, </i><span style="font-style: normal;">Paris,
Perrin, Col. Tempus, # 712, 2018, pp. 207-208). C'est alors
qu'Élissa, remplie de haine contre son frère, aurait organisé sa
fuite en secret impliquant des personnalités de premier plan.
Profitant de la nuit, elle fit «</span><i>embarquer sur plusieurs
navires tous les aristocrates tyriens, opposants du roi, les trésors
et les reliques de Milqart, dieu protecteur de la cité</i><span style="font-style: normal;">»,
leur fuite prenant fin sur la crête de la Tunisie actuelle où ils
fondèrent Cartaghe.</span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">Plus
connu est le mythe du roi <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiaKBbuf3QCcR-wEEJNUDhAa8YflHg2ZMEXZ71IWSePylan8ZRMzdifGiSzf3JUQVaatN3ko0rKaiW6ArROvCJMks7cMct-CqP5ol7Ki7Zl82u4nbygNZbngQCTpgDOMnW8TXtRIJuEK8Ox/h120/55837386_p.gif">Midas</a>, pourtant on ne saurait le tenir pour
un avaricieux. Fils de la Grande Déesse de l'Ida et d'un satyre,
Midas était un produit de l'<i>hybris. Robert</i> </span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiaKBbuf3QCcR-wEEJNUDhAa8YflHg2ZMEXZ71IWSePylan8ZRMzdifGiSzf3JUQVaatN3ko0rKaiW6ArROvCJMks7cMct-CqP5ol7Ki7Zl82u4nbygNZbngQCTpgDOMnW8TXtRIJuEK8Ox/s1600/55837386_p.gif" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="367" data-original-width="336" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiaKBbuf3QCcR-wEEJNUDhAa8YflHg2ZMEXZ71IWSePylan8ZRMzdifGiSzf3JUQVaatN3ko0rKaiW6ArROvCJMks7cMct-CqP5ol7Ki7Zl82u4nbygNZbngQCTpgDOMnW8TXtRIJuEK8Ox/s400/55837386_p.gif" width="365" /></a>Graves dit
seulement de lui qu'il aimait le plaisir et s'occuper des roses de
son jardin. Un jour, Silène, un satyre débauché, instructeur de
Dionysos, se trouva endormi dans le jardin de roses du roi Midas.
Pendant plusieurs jours, il le berça de récits fantastiques sur des
mondes lointains, puis, ravi, le roi renvoya Silène vers le dieu.
«<i>Dionysos, qui avait été inquiet au sujet de Silène, envoya
demander à Midas ce qu'il souhaitait comme récompense. Il répliqua
sans hésiter : "Je te demande de faire que tout ce que je
toucherai se transforme en or". Mais ce ne furent pas seulement
les pierres, les fleurs et les meubles de la maison qui se
transformèrent en or; lorsqu'il se mit à table, les aliments et
l'eau se changèrent aussi en or. Midas ne tarda pas à implorer
qu'on le délivre de ce don car il mourait de faim et de soif. Très
amusé, Dionysos lui dit alors de se rendre à la source du fleuve
Pactole, près du mont Tmolos, et de s'y laver. C'est ce qu'il fit
et, aussitôt, il fut délivré de son don de changer tout en or,
mais le sable du fleuve Pactole est, encore aujourd'hui, tout
scintillant de paillettes d'or</i>» (R. Graves. <i>Les mythes
grecs, </i>t. 1,<i> </i>Paris, Fayard, Col. Pluriel, # 8399, 1967, p.
302).</span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">Après
des recherches, Graves nous dit que Midas serait, en fait, Mita, roi
des Mosches («hommes-vieux») ou <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi2Q1Rr6ytw8sE2dvQrpiIzwqxEb4Bo2udYG17QMasDSGYVQVT9NsI82vbWmhJ2hyphenhypheni2h7EvWiG5qYmvBqeO_1osL4NHduRDbwiS__K-_lRaljoChEV6vG_-t-Q5Gc1nKEiwZnn7FZ9KJs-q/h120/800px-Map_of_Colchis%252C_Iberia%252C_Albania%252C_and_the_neighbouring_countries_ca_1770.jpg">Mushki</a>, peuplade originaire du
Pont, qui, au milieu du second </span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi2Q1Rr6ytw8sE2dvQrpiIzwqxEb4Bo2udYG17QMasDSGYVQVT9NsI82vbWmhJ2hyphenhypheni2h7EvWiG5qYmvBqeO_1osL4NHduRDbwiS__K-_lRaljoChEV6vG_-t-Q5Gc1nKEiwZnn7FZ9KJs-q/s1600/800px-Map_of_Colchis%252C_Iberia%252C_Albania%252C_and_the_neighbouring_countries_ca_1770.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="598" data-original-width="800" height="298" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi2Q1Rr6ytw8sE2dvQrpiIzwqxEb4Bo2udYG17QMasDSGYVQVT9NsI82vbWmhJ2hyphenhypheni2h7EvWiG5qYmvBqeO_1osL4NHduRDbwiS__K-_lRaljoChEV6vG_-t-Q5Gc1nKEiwZnn7FZ9KJs-q/s400/800px-Map_of_Colchis%252C_Iberia%252C_Albania%252C_and_the_neighbouring_countries_ca_1770.jpg" width="400" /></a>millénaire avant J.-C. occupèrent la
partie oc-</span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">cidentale de la Thrace, par la suite connue sous le nom de
Macé-</span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">doine. Ils auraient traversé l'Helles-</span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">pont vers l'an 1200
environ, brisant la puissance des Hittites en Asie Mineure et
s'emparèrent du Ptérié, leur capitale - Mosches - se
rapporterait à un culte du jeune taureau d'où émergerait le mythe
de Mithra connu sous l'Empire romain. Plus précisément concernant
Midas, «<i>la légende selon laquelle tout ce qu'il touchait
devenait de l'or a été inventée pour expliquer les richesses de la
dynastie de Mita et la présence en or dans le fleuve Pactole...</i>»
(ibid. pp. 303-304). Dans l'ensemble des mythes, Midas apparaît sous
un jour très différent de celui de Pygmalion qui, lui, était
véritablement obsédé par les richesse, ce au point de commettre
les actes les plus impies. </span>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">Restons-en aux mythes grecs. Polydore était le fils de Priam,
roi de Troie et ce dernier lui avait confié la garde des trésors de
la ville. Dans <i>Les Métamorphoses </i><span style="font-style: normal;">d'Ovide,
le poète latin écrit : «</span><i>Aux lieux où fut Troie, il est,
en face de la Phrygie, une terre habitée par les Bistoniens. Là se
trouvait le riche palais de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgHyNOTRnKIyQQzyI96iBHefcFVisNZs1CnzWZIROg_iquzros83oH4-TmTsDz6MnJU2Sbj-L3emoEfqlIV0O0bHRd2kSterm3ajQC6xaRO4SREahRawGvUDIp54CTSoatvo8wBLQB6U4uN/h120/polymestor.jpg">Polymnestor</a>, à qui te confia secrètement
ton père pour t'élever, Polydore, et t'éloigner des combats livrés
en Phrygie : sage décision s'il n'avait </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgHyNOTRnKIyQQzyI96iBHefcFVisNZs1CnzWZIROg_iquzros83oH4-TmTsDz6MnJU2Sbj-L3emoEfqlIV0O0bHRd2kSterm3ajQC6xaRO4SREahRawGvUDIp54CTSoatvo8wBLQB6U4uN/s1600/polymestor.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="426" data-original-width="500" height="340" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgHyNOTRnKIyQQzyI96iBHefcFVisNZs1CnzWZIROg_iquzros83oH4-TmTsDz6MnJU2Sbj-L3emoEfqlIV0O0bHRd2kSterm3ajQC6xaRO4SREahRawGvUDIp54CTSoatvo8wBLQB6U4uN/s400/polymestor.jpg" width="400" /></a>aussi envoyé de riches
trésors, dont, par un crime, on pouvait se rendre maître, et faits
pour exciter une âme cupide. Dès que la fortune eut entraîné la
chute des Phrygiens, l'impie roi des Thraces prit une épée et
égorgea l'enfant confié à ses soins; puis, comme si la
disparition du corps pouvait effacer le crime, il jeta le cadavre
dans les ondes qui venaient battre le rocher</i><span style="font-style: normal;">».
(Ovide. </span><i>Les Métamorphoses, </i><span style="font-style: normal;">Paris,
Garnier, Col. Garnier-Flammarion, # 97**, 1966, p. 329 (Livre XIII,,
v. 432). Ce récit, l'ombre même de Polydore le reprend
dans le prologue d'</span><i>Hécube, </i>drame<span style="font-style: normal;">
d'Euripide, car la tragédie de Polydore ne s'arrêtait pas là. On ne pouvait passer outre la
douleur qu'il causa à sa mère : «</span><i>Elle dit, et,
d'un pas que ralentit l'âge, elle s'avança vers le rivage, ses
cheveux blancs arrachés. "Donnez-moi une urne, Troyennes",
venait de dire l'infortunée, afin de puiser une eau limpide; elle
aperçoit le corps de Polydore rejeté sur le rivage et les larges
blessures faites par le Thrace </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhtMwXX0W1m6B50m59h9JDvEI-ecSVUGH5uPq_bsv-VnjgDvDvnaftx0a2WJBRNqWz4XhrI4TQ0QMZ6wnPPq93joAtqe87hUqIyV7O6Vqn9IHvHMcoOgXEax9yzpsiCUiQ0PIJxLi6Z0gJV/s1600/H+cube_d+couvre_le_corps_de_Polydoros.webp" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="267" data-original-width="340" height="313" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhtMwXX0W1m6B50m59h9JDvEI-ecSVUGH5uPq_bsv-VnjgDvDvnaftx0a2WJBRNqWz4XhrI4TQ0QMZ6wnPPq93joAtqe87hUqIyV7O6Vqn9IHvHMcoOgXEax9yzpsiCUiQ0PIJxLi6Z0gJV/s400/H+cube_d+couvre_le_corps_de_Polydoros.webp" width="400" /></a>avec ses traits. Les Troyennes
poussent des cris. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhtMwXX0W1m6B50m59h9JDvEI-ecSVUGH5uPq_bsv-VnjgDvDvnaftx0a2WJBRNqWz4XhrI4TQ0QMZ6wnPPq93joAtqe87hUqIyV7O6Vqn9IHvHMcoOgXEax9yzpsiCUiQ0PIJxLi6Z0gJV/h120/H+cube_d+couvre_le_corps_de_Polydoros.webp">Hécube</a> resta muette de douleur; les mots, les
larmes, qui du cœur lui montent aux lèvres et aux yeux, la douleur
même les dévore : toute semblable à un insensible rocher elle
reste privée de mouvement et tantôt fixe les yeux à terre, devant
elle, tantôt lève au ciel un visage farouche, contemple tantôt le
visage du fils étendu à ses pieds, tantôt ses blessures, mais
surtout ses blessures; elle s'arme, elle se cuirasse de colère.
Quand elle en fut enflammée, elle se résolut, comme si elle était
toujours reine, à la vengeance, et applique toute sa pensée à
imaginer le châtiment. Comme une lionne en fureur, à qui l'on a
ravi le lionceau qu'elle allaitait, suit, quand elle a retrouvé les
traces de ses pas, son ennemi qu'elle ne voit pas, ainsi Hécube,
quand elle eut attisé son désespoir par sa colère, toute à son
ressentiment qui lui fait oublier son âge, se rend auprès de celui
qui ourdit le meurtre cruel et lui demande un entretien : elle
voulait, dit-elle, lui montrer un reste d'or caché, pour le charger
de le remettre à son fils. Le roi des Odryses la crut, et, comme
toujours, obéissant à sa cupidité, vient, à l'écart, la
rejoindre. Alors le fourbe, la bouche pleine d'accents persuasifs :
"N'attends pas davantage, </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg4KBVsCX84c1asswdEx7F75Upf9YHFjEJfUHAEnhsRZBHKxIM6V_qtE5iOko_1DGpSFh5nmK8kVORQYS59g42zWuVGO5uWw8yEkD_2Jk6mgRjfWLQPTfyQ-0JZqXCJyKUZorToL0LyuZJy/s1600/hecube_polymestor.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="374" data-original-width="400" height="373" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg4KBVsCX84c1asswdEx7F75Upf9YHFjEJfUHAEnhsRZBHKxIM6V_qtE5iOko_1DGpSFh5nmK8kVORQYS59g42zWuVGO5uWw8yEkD_2Jk6mgRjfWLQPTfyQ-0JZqXCJyKUZorToL0LyuZJy/s400/hecube_polymestor.jpg" width="400" /></a>Hécube, dit-il, remets-moi ces
trésors pour ton fils. Tout ce que tu me remets sera à lui, comme
tout ce que tu m'as déjà remis, par les dieux j'en fais serment!"
Elle le regarde d'un air farouche tandis qu'il parle et se parjure,
et la colère monte et déborde en elle. L'ayant alors saisi, elle
appelle à son aide la troupe des matrones captives et<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg4KBVsCX84c1asswdEx7F75Upf9YHFjEJfUHAEnhsRZBHKxIM6V_qtE5iOko_1DGpSFh5nmK8kVORQYS59g42zWuVGO5uWw8yEkD_2Jk6mgRjfWLQPTfyQ-0JZqXCJyKUZorToL0LyuZJy/h120/hecube_polymestor.jpg"> enfonce ses doigts</a> dans les yeux du perfide, arrache les globes de leurs cavités,
- la colère lui donne des forces, - y plonge les mains et, souillée
du sang du criminel, elle creuse, non pas l'œil dont il ne reste
plus trace, mais la place de l'œil. Irrité par le sort atroce de
son tyran, le peuple des Thraces se mit à assaillir la Troyenne en
lui lançant des traits et des pierres. Mais elle, avec un rauque
grondement, poursuit, en tentant de le mordre, le morceau de roc
qu'on lui a jeté, et, de sa bouche ouverte, au lieu des mots qu'elle
s'apprêtait à dire, comme elle faisait effort pour parler,
sortirent des aboiements</i><span style="font-style: normal;">»
(ibid. pp. 332-333, Livre XIII, v. 530-536). Virgile avait repris ce terrible récit.</span></span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">Mais
les damnés savent aussi varier leurs sources. Du monde achéen vers
le Peuple de la Bible, ils trouvent d'autres récits où la cupidité
se trouve fort bien punie. C'est le cas </span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjFcNF5TKgCzDdwXScs0wnuqcY7dzpTElaBR_XIITeJ7m81Oa1IZbpvzTgN35sRG8RyRT86q-3Acr8UBafwuHgtpxVa47oR8MjU9SV8an0XT2zyZEYxjIKHfaTqTJjlGYkluJlBbCsuvxtP/s1600/jericho_tissot.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="550" data-original-width="913" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjFcNF5TKgCzDdwXScs0wnuqcY7dzpTElaBR_XIITeJ7m81Oa1IZbpvzTgN35sRG8RyRT86q-3Acr8UBafwuHgtpxVa47oR8MjU9SV8an0XT2zyZEYxjIKHfaTqTJjlGYkluJlBbCsuvxtP/s400/jericho_tissot.jpg" width="400" /></a>d'Akân, de
la tribu de Juda, qui viola l'anathè-</span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">me vouant à Yahweh tout ce qui
était tombé entre les mains des Hébreux entrés en vain-</span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif">queurs à
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjFcNF5TKgCzDdwXScs0wnuqcY7dzpTElaBR_XIITeJ7m81Oa1IZbpvzTgN35sRG8RyRT86q-3Acr8UBafwuHgtpxVa47oR8MjU9SV8an0XT2zyZEYxjIKHfaTqTJjlGYkluJlBbCsuvxtP/h120/jericho_tissot.jpg">Jéricho</a> : biens, bêtes et gens. Il garda pour lui, enfouie sous sa
tente, une part du butin. Comme toujours en de tels cas, l'avidité
d'Akân souleva la colère de Yahweh qui annonça à Josué que «<i>les
Israélites ne pourront pas tenir devant leurs adversaires, ils
tourneront le dos devant leurs ennemis parce qu'ils sont devenus
anathèmes. Je ne serai plus avec vous, si vous ne faites disparaître
du milieu de vous l'objet de l'anathème</i>» (Josué. 7, 12). Ceci
annonçait un bien mauvais sort pour le profanateur :</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<blockquote class="tr_bq">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">«<i>Josué
se leva de bon matin; il fait avancer Israël par tribus et c'est la
tribu de Juda qui se trouva désignée par le sort. Il fit approcher
les clans de Juda, et le clan de Zérah se trouva désigné par le
sort. Il fit approcher le clan de Zérah par familles, et Zabdi fut
désigné. Josué fit enfin avancer la famille de Zabdi, homme par
homme, et ce fut Akân, fils de Karmi, fils de Zabdi, fils de Zérah,
de la tribu de Juda, qui fut pris par le sort.</i></span></blockquote>
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEji9aIPqanS79uTSOz0iIjELfQ6fAWhZErurKCrLfF7M5uKkm9SMPRMC60Vo6N-eHuGUp3z1lu9pefvAM6g-klRkuBKvCa_5OIIMhS9w0EEHTMuc2X3diHWrrqPHZapIHgeyXMtnS4eNrR4/s1600/c5e704ca77aa6a3a4a66788691343190.png" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="411" data-original-width="680" height="241" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEji9aIPqanS79uTSOz0iIjELfQ6fAWhZErurKCrLfF7M5uKkm9SMPRMC60Vo6N-eHuGUp3z1lu9pefvAM6g-klRkuBKvCa_5OIIMhS9w0EEHTMuc2X3diHWrrqPHZapIHgeyXMtnS4eNrR4/s400/c5e704ca77aa6a3a4a66788691343190.png" width="400" /></a></div>
<div style="text-align: justify;">
<blockquote class="tr_bq">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Josué
dit alors à Akân : "Mon fils, donne gloire à Yahvé, Dieu
d'Israël, et rends-lui hommage; déclare-moi ce que tu as fait et ne
me cache rien". <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEji9aIPqanS79uTSOz0iIjELfQ6fAWhZErurKCrLfF7M5uKkm9SMPRMC60Vo6N-eHuGUp3z1lu9pefvAM6g-klRkuBKvCa_5OIIMhS9w0EEHTMuc2X3diHWrrqPHZapIHgeyXMtnS4eNrR4/h120/c5e704ca77aa6a3a4a66788691343190.png">Akân</a> répondit à Josué : "En vérité,
c'est moi qui ai péché contre Yahvé, Dieu d'Israël, et voici ce
que j'ai fait. Ayant vu dans le butin un beau manteau de Shinéar et
deux cents sicles d'argent, et aussi un lingot d'or du poids de
cinquante sicles, je les ai convoités et je les ai pris. Ils sont
cachés dans la terre au milieu de ma tente et l'argent par-dessous".</i></span> </blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Josué
envoya des messagers qui coururent vers la tente, et en effet le
manteau était caché dans la tente et l'argent par-dessous. Ils
prirent le tout du milieu de la tente et l'apportèrent à Josué et
aux anciens d'Israël pour l'étaler devant Yahvé.</i></span> </blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Alors
Josué prit Akân, fils de Zérah, avec l'argent, le manteau et le
lingot d'or, et le fit monter à la vallée d'Akor - ainsi que ses
fils, ses filles, son taureau, son âne, son menu bétail, sa tente
et tout ce qui lui appartenait. Tout Israël l'accompagnait.</i></span> </blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Josué
dit : "Pourquoi nous as-tu porté malheur? Que Yahvé en ce jour
t'apporte le malheur! et tout Israël le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiQILsfxaFYY4C9OkhUKhKMbyzltWwbtZgzS3IXIgffV50VTijvPCQph5KynlSbDZnM8w-xUKQ_6-9HhUxPViBUC7yqXL_Nu3UBun38Ym6kjF-Qf50rxfgeQIHy_bDBzkk3BTrwrDevX5Oo/h120/128.jpg">lapida</a>.</i></span></blockquote>
<div style="text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiQILsfxaFYY4C9OkhUKhKMbyzltWwbtZgzS3IXIgffV50VTijvPCQph5KynlSbDZnM8w-xUKQ_6-9HhUxPViBUC7yqXL_Nu3UBun38Ym6kjF-Qf50rxfgeQIHy_bDBzkk3BTrwrDevX5Oo/s1600/128.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="539" data-original-width="420" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiQILsfxaFYY4C9OkhUKhKMbyzltWwbtZgzS3IXIgffV50VTijvPCQph5KynlSbDZnM8w-xUKQ_6-9HhUxPViBUC7yqXL_Nu3UBun38Ym6kjF-Qf50rxfgeQIHy_bDBzkk3BTrwrDevX5Oo/s400/128.jpg" width="311" /></a> </div>
<blockquote class="tr_bq">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Ils
élevèrent sur lui un grand monceau de pierres qui existe encore
aujourd'hui. Yahvé revint alors de son ardente colère. C'est à
cette occasion que l'endroit reçut le nom de vallée d'Akor, qu'il
porte encore aujourd'hui</i><span style="font-style: normal;">»
(Josué 7 18-26).</span></span></blockquote>
</div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">Akor,
qui veut dire </span><i>apporter malheur.</i></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">Le
récit de l'avarice de Saphira et de son époux se retrouve dans les Actes des Apôtres. Il
se déroule au tout début de la première communauté chrétienne où
se pratiquait une sorte de communautarisme : «<i>Aussi parmi eux
nul n'était dans le besoin; car tous ceux qui possédaient des
terres ou des maisons les vendaient, apportaient le prix de la vente
et le déposaient aux pieds des apôtres. On distribuait alors à
chacun suivant ses besoins</i>» (Act. 4, 34-35). Or, comme Akân,
c'est ici qu'un couple de nouveaux chrétiens se parjura :</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<blockquote class="tr_bq">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">«<i>Un
certain Ananie, d'accord avec Saphire sa femme, vendit une propriété;
il détourna une partie du prix, de connivence avec sa femme, et
apportant le reste, il le déposa aux pieds des apôtres. Ananie, lui
dit alors Pierre, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, que tu
mentes à l'Esprit Saint et détournes une partie du prix du champ?
Quand tu avais ton bien, n'étais-tu pas libre de le garder, et quand
tu l'as vendu, ne pouvais-tu disposer du prix à ton gré? Comment
donc cette décision a-t-elle pu naître dans ton cœur? Ce n'est pas
à des hommes que tu as menti, mais à Dieu. En entendant ces
paroles, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjazDVR6jmbJHyTUNENsnXPvetd4BAfyXY5tsvnu0anQGJUov1ER-k1zOAIcIybWi5_rzAYdCDBGp0NOqf59oK2LAXJhjL7HMbRADm3I2iCCJnBQyiDVICOEf7C5tMDrSfIik4GlS40Hr2A/h120/unnamed.jpg">Ananie tomba</a> et expira. Une grande crainte s'empara alors de
tous ceux qui l'apprirent. Les jeunes gens vinrent envelopper le
corps et l'emportèrent pour l'enterrer.</i></span></blockquote>
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjazDVR6jmbJHyTUNENsnXPvetd4BAfyXY5tsvnu0anQGJUov1ER-k1zOAIcIybWi5_rzAYdCDBGp0NOqf59oK2LAXJhjL7HMbRADm3I2iCCJnBQyiDVICOEf7C5tMDrSfIik4GlS40Hr2A/s1600/unnamed.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="313" data-original-width="512" height="243" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjazDVR6jmbJHyTUNENsnXPvetd4BAfyXY5tsvnu0anQGJUov1ER-k1zOAIcIybWi5_rzAYdCDBGp0NOqf59oK2LAXJhjL7HMbRADm3I2iCCJnBQyiDVICOEf7C5tMDrSfIik4GlS40Hr2A/s400/unnamed.jpg" width="400" /></a></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Au
bout d'un intervalle d'environ trois heures, sa femme, qui ne savait
pas ce qui était arrivé, entra. Pierre l'interpella : "Dis-moi,
le champ que vous avez vendu, c'était tant?" Elle dit : "Oui,
tant". Alors Pierre : "Comment donc avez-vous pu vous
concerter pour mettre l'Esprit Saint à l'épreuve? Eh bien! voici à
la porte les pas de ceux qui ont enterré ton mari : ils vont aussi
t'emporter. À l'instant même elle tomba à ses pieds et expira. Les
jeunes gens qui entraient la trouvèrent morte; ils l'emportèrent et
l'enterrèrent auprès de son mari. Une grande crainte s'empara alors
de l'Église entière et de tous ceux qui apprirent ces choses</i>»
(Act. 5; 1-10).</span></div>
</blockquote>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiyru4Ea_xcq4S0FCLXBprBgwsIrMaTjegGqxac2LRokarGGXcp6ztj_OV6GUTI56ok_H6yNlzJQGz7WTvT0gRYCynU4DlBDkCD6uP3kkC_51wLIqe3lFRjkOApiDXmmArUUjaJHhUZ6bbs/s1600/220px-Aubin_Vouet_Mort_de_Saphire.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="301" data-original-width="220" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiyru4Ea_xcq4S0FCLXBprBgwsIrMaTjegGqxac2LRokarGGXcp6ztj_OV6GUTI56ok_H6yNlzJQGz7WTvT0gRYCynU4DlBDkCD6uP3kkC_51wLIqe3lFRjkOApiDXmmArUUjaJHhUZ6bbs/s400/220px-Aubin_Vouet_Mort_de_Saphire.jpg" width="292" /></a>La
faute d'<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiyru4Ea_xcq4S0FCLXBprBgwsIrMaTjegGqxac2LRokarGGXcp6ztj_OV6GUTI56ok_H6yNlzJQGz7WTvT0gRYCynU4DlBDkCD6uP3kkC_51wLIqe3lFRjkOApiDXmmArUUjaJHhUZ6bbs/h120/220px-Aubin_Vouet_Mort_de_Saphire.jpg">Ananie et de Saphire</a> était d'avoir, par amour de l'argent,
voulu tromper les apôtres. Tout comme Akân,
l'avarice du couple risquait d'entraîner sur l'Église naissante un châtiment
comparable à ce que Yahvé promettait aux Hébreux sous la conduite
de Josué. Ici, la conquête de la Terre promise était
...compromise; et là, c'était de l'<i>agapè </i>entre les membres de
la communauté qu'on abusait. Il se trouve bien que ces deux
récits se font écho.</span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">Héliodore,
ministre de Séleucus IV Philopator, roi de Syrie (187-175 av.
J.-C.), était «aux affaires» lorsqu'il reçut l'ordre de son
maître de se rendre à Jérusalem sous prétexte d'inspection, de
spolier le trésor du Temple au profit du trésor royal, mis à sec
en raison du lourd tribut exigé annuellement par Rome. Un prêtre
félon du nom de Simon, qui s'insurgeait contre l'autorité du roi
Onias III, grand prêtre en exercice, administrant le trésor sacré,
avait révélé la richesse de celui-ci à Apollonius, gouverneur de
la Cœlé-Syrie, lequel avait rapporté l'information au roi. Arrivé
à Jérusalem avec ses hommes d'arme, la panique s'empara de la
population :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">«<i>Il
était déjà là avec ses satellites, près du Trésor, lorsque le
Souverain des esprits et le Détenteur de toute puissance se
manifesta, avec un tel éclat que tous ceux qui avaient osé venir
là, frappés par la force de Dieu, se trouvèrent sans vigueur ni
courage. À leurs yeux apparut un cheval monté par un redoutable
cavalier et richement caparaçonné; bondissant avec impétuosité,
il agitait contre Héliodore ses sabots de devant. L'homme qui le
montait paraissait avoir une armure d'or. Deux autres jeunes hommes
lui apparurent en même temps, d'une force remarquable, éclatants de
beauté, couverts d'habits magnifiques; s'étant placés l'un d'un
côté, l'autre de l'autre, ils le flagellaient sans relâche, lui
portant une grêle de coups. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgB_WgayynWQk2vG79bCCmLA1KQTa0Jz8ukyMRz1RurlIuiKDJJ78hMCDjJitHWhPF9UuwvdP4al_f_RWOEILkwMOzeclZFhPe5HFuTfv1k9Y7OXqbKrHT8ZYSu2luirM4EFd1s4sFQFLwP/h120/index.jpg">Héliodore</a>, soudain tombé à terre, fut
environné d'épaisses ténèbres. On le ramassa pour le mettre dans
une litière, et cet homme, qui venait d'entrer dans la chambre dudit
trésor avec un nombreux entourage et tous ses gardes du corps, était
emporté, incapable de s'aider lui-même, par des gens qui
reconnaissaient ouvertement la souveraineté de Dieu.</i></span></div>
</blockquote>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgB_WgayynWQk2vG79bCCmLA1KQTa0Jz8ukyMRz1RurlIuiKDJJ78hMCDjJitHWhPF9UuwvdP4al_f_RWOEILkwMOzeclZFhPe5HFuTfv1k9Y7OXqbKrHT8ZYSu2luirM4EFd1s4sFQFLwP/s1600/index.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="195" data-original-width="260" height="298" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgB_WgayynWQk2vG79bCCmLA1KQTa0Jz8ukyMRz1RurlIuiKDJJ78hMCDjJitHWhPF9UuwvdP4al_f_RWOEILkwMOzeclZFhPe5HFuTfv1k9Y7OXqbKrHT8ZYSu2luirM4EFd1s4sFQFLwP/s400/index.jpg" width="400" /></a></div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
<blockquote class="tr_bq">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Pendant
que cet homme, sous le coup de la puissance divine, gisait sans voix,
privé de tout espoir et de tout secours, les Juifs bénissaient le
Seigneur qui avait miraculeusement glorifié son saint lieu. Et le
Temple, qui un instant auparavant était plein de frayeur et de
trouble, fut, par la manifestation du Seigneur tout-puissant,
débordant de joie et d'allégresse. Certains des compagnons
d'Héliodore s'empressèrent de demander à Onias de prier le Très
Haut et d'accorder la vie à celui qui gisait n'ayant plus qu'un
souffle.</i></span> </blockquote>
</div>
<blockquote class="tr_bq">
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Dans
la crainte que le roi ne soupçonnât par hasard les Juifs d'avoir
joué un mauvais tour à Héliodore, le grand prêtre offrit un
sacrifice pour le retour de cet homme à la vie. Alors que le grand
prêtre offrait le sacrifice d'expiation, les mêmes jeunes hommes
apparurent à Héliodore revêtus des mêmes habits, et, se tenant
debout, lui dirent : "Rends mille actions de grâces au grand prêtre
Onias, car c'est en considération de lui que le Seigneur t'accorde
la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiyMF3XlRL6sesi-fED3gZRbC9CpW2lUJfjGvDJYTghSbWiVL_Wyu0FGkQHzzcS9zqkGDnwZ9dAzKEONU2dcUP8N-FV6a10R-CvM7vh_8_hHsrrSwRnRE0chpyWxesnWQDK7jfcLVaQIxMC/h120/30219998737.jpg">vie sauve</a>. Quant à toi, ainsi fustigé du Ciel, annonce à tous
la grandeur de la force divine". Ayant dit ces paroles, ils
disparurent.</i></span></div>
</blockquote>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiyMF3XlRL6sesi-fED3gZRbC9CpW2lUJfjGvDJYTghSbWiVL_Wyu0FGkQHzzcS9zqkGDnwZ9dAzKEONU2dcUP8N-FV6a10R-CvM7vh_8_hHsrrSwRnRE0chpyWxesnWQDK7jfcLVaQIxMC/s1600/30219998737.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1056" data-original-width="704" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiyMF3XlRL6sesi-fED3gZRbC9CpW2lUJfjGvDJYTghSbWiVL_Wyu0FGkQHzzcS9zqkGDnwZ9dAzKEONU2dcUP8N-FV6a10R-CvM7vh_8_hHsrrSwRnRE0chpyWxesnWQDK7jfcLVaQIxMC/s400/30219998737.jpg" width="265" /></a></div>
<br />
<blockquote class="tr_bq">
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Héliodore,
ayant offert un sacrifice au Seigneur et fait les plus grands vœux à
celui qui lui avait conservé la vie, prit amicalement congé d'Onias
et revint avec son armée auprès du roi. Il rendait témoignage à
tous des œuvres du Dieu très grand qu'il avait contemplées de ses
yeux. Au roi lui demandant quel homme lui paraissait propre à être
envoyé une fois encore à Jérusalem. Héliodore répondit : "Si
tu as quelque ennemi ou quelque conspirateur contre l'État,
envoie-le là-bas et il te reviendra déchiré par les fouets, si
toutefois il en réchappe, car il y a vraiment en ce lieu une
puissance toute particulière de Dieu. Celui qui a sa demeure dans le
ciel veille sur ce lieu et le protège; ceux qui y viennent avec de
mauvais desseins, il les frappe et les fait périr". C'est ainsi
que se passèrent les choses relatives à Héliodore et à la
sauvegarde du trésor sacré</i>» (2 M 24-40)</span>.</div>
</blockquote>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg2hxNWnwmwtg0qM94sBBRXx2K6f5oZdR46Bs9APerUujDV2YYY0rGaJmFhUUZArDCy2wgZx59R2nBS6wRraLUNAXXS65_vI0WY_5yWvjEASzSWPPTj5-JxHo7-tW-jk95o6Tyg1fuxTtwm/s1600/coin_seleucus_iv_mac.285x0-is-pid37286.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="268" data-original-width="285" height="376" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg2hxNWnwmwtg0qM94sBBRXx2K6f5oZdR46Bs9APerUujDV2YYY0rGaJmFhUUZArDCy2wgZx59R2nBS6wRraLUNAXXS65_vI0WY_5yWvjEASzSWPPTj5-JxHo7-tW-jk95o6Tyg1fuxTtwm/s400/coin_seleucus_iv_mac.285x0-is-pid37286.jpg" width="400" /></a>Il
est certes douteux qu'Hé-</span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">liodore sortit de Jérusalem converti à la
religion d'Israël. Si le rédacteur du second Livre des Macca-</span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">bées
ne dit pas ce qui advint de lui par la suite, nous savons
qu'Héliodore empoisonna <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg2hxNWnwmwtg0qM94sBBRXx2K6f5oZdR46Bs9APerUujDV2YYY0rGaJmFhUUZArDCy2wgZx59R2nBS6wRraLUNAXXS65_vI0WY_5yWvjEASzSWPPTj5-JxHo7-tW-jk95o6Tyg1fuxTtwm/h120/coin_seleucus_iv_mac.285x0-is-pid37286.jpg">Séleucus</a>, «<i>tout "ami du roi"
qu'il fût</i>»<i> </i>(175 av. J.-C.). Il tenta de se faire déclarer roi,
mais fut rapidement renversé et exécuté par Antiochus IV, frère
du roi assassiné. </span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">De
tous, évidemment, le plus connu des adorateurs d'or demeure <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhZYrSdedePOU82BYLqekBGXZGEBx_qA2UhWHdzNPFmV12LAJfihQb4Tp9x0w2ZXwwAmbgl3EkaPLMJJ9hFllhJXtzm80gsjuXSrESlOLY0Ijn0u_9ZRrDxbvmR2MHb9DGylLUqVFw4TLhm/h120/Crassus_Kopenhagen.jpg">Marcus Licinius </a></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhZYrSdedePOU82BYLqekBGXZGEBx_qA2UhWHdzNPFmV12LAJfihQb4Tp9x0w2ZXwwAmbgl3EkaPLMJJ9hFllhJXtzm80gsjuXSrESlOLY0Ijn0u_9ZRrDxbvmR2MHb9DGylLUqVFw4TLhm/h120/Crassus_Kopenhagen.jpg"><span face=""segoe ui" , sans-serif"></span></a><span face=""segoe ui" , sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhZYrSdedePOU82BYLqekBGXZGEBx_qA2UhWHdzNPFmV12LAJfihQb4Tp9x0w2ZXwwAmbgl3EkaPLMJJ9hFllhJXtzm80gsjuXSrESlOLY0Ijn0u_9ZRrDxbvmR2MHb9DGylLUqVFw4TLhm/s1600/Crassus_Kopenhagen.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1100" data-original-width="900" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhZYrSdedePOU82BYLqekBGXZGEBx_qA2UhWHdzNPFmV12LAJfihQb4Tp9x0w2ZXwwAmbgl3EkaPLMJJ9hFllhJXtzm80gsjuXSrESlOLY0Ijn0u_9ZRrDxbvmR2MHb9DGylLUqVFw4TLhm/s400/Crassus_Kopenhagen.jpg" width="326" /></a></span>Crassus (115 - 53 av. J.-C.), plus connu comme le troisième
membre du premier Triumvirat (César, Pompée, Crassus) lors de la
transition de la république à l'empire. Marcus Lucinius Crassus est
peut-être le premier personnage de l'histoire à porter en lui tous
les traits de l'avaricieux tel que le fantasme occidental se
le représente. Crassus n'avait rien de particulièrement remarquable, mais il fut un
personnage-clé au moment où <span style="font-style: normal;">la
guerre civile battait son plein aux derniers temps de la République romaine.</span></span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">Le
jeune Crassus apparut au moment où deux dictateurs issus de l'Ordre
équestre - les chevaliers -, Marius et Sylla, s'affrontaient. Tirant sa réputation de la participation aux guerres puniques, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg827lv_DBbewTXoBGrbgT_ic4vBOjWuEo_wIRhG_h232PTE8MrOoVW2rbJCy1YkBUAVyhNmKKo5FB7AZKhX0IZt8zQQ3h0Hzj6BWoproVrQD0WPsK-iBFNPveXP6cAgSV-n972oz6QUxsP/h120/index.jpg">Marius</a> avait également contribué à la difficile
conquête de l'Espagne. C'était l'époque où l'armée se
développait comme un </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg827lv_DBbewTXoBGrbgT_ic4vBOjWuEo_wIRhG_h232PTE8MrOoVW2rbJCy1YkBUAVyhNmKKo5FB7AZKhX0IZt8zQQ3h0Hzj6BWoproVrQD0WPsK-iBFNPveXP6cAgSV-n972oz6QUxsP/s1600/index.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="262" data-original-width="192" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg827lv_DBbewTXoBGrbgT_ic4vBOjWuEo_wIRhG_h232PTE8MrOoVW2rbJCy1YkBUAVyhNmKKo5FB7AZKhX0IZt8zQQ3h0Hzj6BWoproVrQD0WPsK-iBFNPveXP6cAgSV-n972oz6QUxsP/s400/index.jpg" width="293" /></a>pouvoir capable de s'imposer au Sénat romain.
La conquête de l'Italie étant terminée, il fallait désormais
étendre les entreprises contre ces peuples - Lusitaniens, Gaulois,
Germains, Thraces - qui menaçaient l'expansion de la République.
«</span><i>Crassus est issu d'une famille patricienne illustre. Son
père, Publius Licinius Crassus Dives, fut consul en 97 puis
proconsul en Espagne. Lors de son proconsulat, il combattit les
Lusitaniens et reçut pour cela les honneurs du triomphe avant de
devenir censeur en 89. Toutefois, Crassus a grandi dans une maison
aux mœurs modestes et où l'argent ne coulait pas à flots. Comme
d'autres familles de Rome, la sienne a payé un lourd tribut aux
guerres civiles. Son père et son frère ont été condamnés à mort
par Marius pour leur appartenance à l'aristocratie. Lui-même,
encore jeune, a dû partir se cacher dans une grotte en Espagne où
des amis de son père l'ont ravitaillé malgré les risques encourus.
Après la mort de Marius, Crassus a constitué une petite armée.
Avec elle il est rentré en Italie pour se placer sous les ordres de
Sylla. Dans la lutte de ce dernier contre les partisans de Marius, il
s'est montré plein de zèle</i><span style="font-style: normal;">»
(E. Teyssier. </span><i>Spartacus, </i><span style="font-style: normal;">Paris,
Perrin, Col. Tempus, # 681, 2017, p. 223).</span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"></span></span></div>
<br />
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">À
l'époque, la célébrité de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjtBpzTpLWJBCQXkK43Edls5FGDjL7ybbeZPfpfSixaJfy7BLfRIvzTvRuXwAX_azphT5nmp7GOB5zKESKh-RmiFX8q8u-0qzANJGrK6sz8PoHbpeaZa3mIyS1ScyQmxMNsCQB7Ak0YEwsu/h120/sylla.jpg">Sylla</a> commençait à décliner et un
jeune loup faisait son apparition. Pompée. Pompée était doté
d'une ambition tout aussi féroce que ses prédécesseurs et les
succès semblaient toujours lui sourire, au point que Crassus en prit
</span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjtBpzTpLWJBCQXkK43Edls5FGDjL7ybbeZPfpfSixaJfy7BLfRIvzTvRuXwAX_azphT5nmp7GOB5zKESKh-RmiFX8q8u-0qzANJGrK6sz8PoHbpeaZa3mIyS1ScyQmxMNsCQB7Ak0YEwsu/s1600/sylla.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="266" data-original-width="250" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjtBpzTpLWJBCQXkK43Edls5FGDjL7ybbeZPfpfSixaJfy7BLfRIvzTvRuXwAX_azphT5nmp7GOB5zKESKh-RmiFX8q8u-0qzANJGrK6sz8PoHbpeaZa3mIyS1ScyQmxMNsCQB7Ak0YEwsu/s400/sylla.jpg" width="375" /></a>ombrage. En 82 av. J.-C., au moment où Pompée était encore l'homme
de main de Sylla, il n'avait que 24 ans alors que Crassus en avait
déjà 33. Afin de se mettre en évidence, Crassus porta sa petite
armée au service du dictateur. À la bataille de la Porte Colline,
sous les murs de Rome, alors que l'armée de Sylla reculait devant
les Samnites alliés de Marius, Crassus commandait l'aile droite, ce
qui était toujours une position prestigieuse.</span><i> </i><span style="font-style: normal;">Sylla
avait eu raison puisqu'il remporta la victoire au moment où tout
semblait perdu. Malgré cette victoire, toutefois, sa cupidité le
rendit vite impopulaire</span><i>. </i><span style="font-style: normal;">«</span><i>Poussé
par l'appât du gain, il réussit à bâtir une fortune colossale
sans jamais être regardant sur les moyens. D'après Plutarque, qui
le compte au nombre des hommes illustres, il bénéficia comme
beaucoup d'autres des proscriptions. Lors de la guerre civile, Sylla
mit en vente les dépouilles de ses victimes et Crassus n'hésita
jamais à profiter de l'aubaine pour racheter à vil prix les
domaines des victimes du dictateur</i><span style="font-style: normal;">»
(ibid. p. 224). L'absence de scrupule moral apparaît comme le
second trait, après l'appétit des biens terrestres, à caractériser
l'avare : «</span><i>Cet homme, par ailleurs très intègre et
indifférent aux plaisirs, ne connaissait aucune mesure dans son
désir de l'argent et de la gloire</i><span style="font-style: normal;">»,
écrivait Velleius Paterculus dans son </span><i>Histoire de Rome</i><span style="font-style: normal;">»
(Cité in C. Salles. </span><i>Spartacus et la révolte des
gladiateurs, </i><span style="font-style: normal;">Bruxelles,
Complexe, Col. La Mémoire des siècles, # 217, 1990, p. 31).</span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">En
effet, des mesures prises par Sylla contre les partisans de Marius,
défaits, Crassus sut tirer sa fortune : <span style="font-style: normal;">«</span><i>Ainsi
associé à la victoire du nouveau dictateur, il sut en tirer
d'immenses profits. Les proscriptions de Sylla jetèrent à vil prix
sur le marché d'importantes quantités de biens - terres, esclaves,
immeubles - que l'on pouvait acquérir pour une bouchée de pain,
</i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjkHthAy9l6DO1vxb_aBRcxGbjxQM3lsjhYz1-qbVaZxg3HdJBehuHjYy0x167Gew3qC8SqquAhUJ73QzLbc5tezb6RZnHUiqhu4ntx7l51OEg5zxaNLutjWT2xlypWjFB-Kmdpd6ylWAu3/s1600/plutarque-buste.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="220" data-original-width="170" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjkHthAy9l6DO1vxb_aBRcxGbjxQM3lsjhYz1-qbVaZxg3HdJBehuHjYy0x167Gew3qC8SqquAhUJ73QzLbc5tezb6RZnHUiqhu4ntx7l51OEg5zxaNLutjWT2xlypWjFB-Kmdpd6ylWAu3/s400/plutarque-buste.jpg" width="309" /></a>quand d'ailleurs on ne les obtenait pas en don gracieux du maître du
jour, si l'on savait flatter ses caprices. À l'occasion, même, on
profitait de la confusion générale pour procéder de son chef à
quelque avantageuse confiscation. Sans s'embarrasser de l'ombre d'un
scrupule sur la valeur morale de ces méthodes d'enrichissement,
Crassus prit activement part à la curée et jeta ainsi les bases
d'une énorme fortune. Son patrimoine initial, nous dit <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjkHthAy9l6DO1vxb_aBRcxGbjxQM3lsjhYz1-qbVaZxg3HdJBehuHjYy0x167Gew3qC8SqquAhUJ73QzLbc5tezb6RZnHUiqhu4ntx7l51OEg5zxaNLutjWT2xlypWjFB-Kmdpd6ylWAu3/h120/plutarque-buste.jpg">Plutarque</a>, se
montait à peine à trois cents talents; d'après le même auteur, à
son avoir était estimé, en 54, à sept mille cent talents. Ce bon
serviteur de la chose romaine avait su multiplier par plus de vingt
le magot de départ. Les éléments de cette fortune méritent
d'ailleurs d'être brièvement énumérés, car ils réunissent les
deux types de richesse dont l'opposition nourrissait en grande partie
les conflits internes de la cité romaine</i><span style="font-style: normal;">»
(J.-P. Brisson. </span><i>Spartacus, </i><span style="font-style: normal;">Paris,
CNRS éditions, Col. Biblis # 101, 2011, p. 225).</span></span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">Les
méthodes d'enrichissement de Crassus devinrent si impopulaires que
Sylla en fût inquiété. «</span><i>Pis encore, dans le
Bruttium, à l'extrême sud de l'Italie, il procéda à des
proscriptions sans en avoir reçu l'ordre de Sylla et par pur esprit
de lucre. Ces malversations étaient si scandaleuses qu'elles
arrivèrent aux oreilles du dictateur; Sylla ne le sanctionna pas,
mais il ne l'employa plus dans aucune affaire publique. Crassus en
conçut de l'amertume car cette disgrâce laissait le champ libre à
Pompée, son éternel concurrent. Pourtant Crassus fit toujours bonne
figure et dissimula avec humour son ressentiment</i><span style="font-style: normal;">»
(E. Teyssier. op. cit. pp. 224-225). Ce repli permit d'autre part
à Pompée de devenir le bras droit unique de Sylla. «</span><i>Pour
se consoler du succès de son rival, Crassus a continué à faire des
affaires</i><span style="font-style: normal;">» (ibid. p. 225).</span></span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">Rome
souffrait déjà d'une surpopulation importante et la ville se
développait, entre ses sept collines, dans un état d'<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiAyjbnB5FiYAwPXvfv3LNN1pAmHmwn8SyNMStl3JlvG4SOTYR0P-HwVFwLKLFqJdLekifxDUNcRQtDpYj8B2rrT4Smer6W3gQ21_UnRFQhBNvZ0PK-fETai_MaqkgORcvzC1BY_d257uON/h120/wpb8e6c213_05_06.jpg">anarchie urbaine</a>
indéfinissable : «</span><i>C'était une sorte de cercle vicieux : la
population connaissait une croissance rapide et le prix des terrains
montait : la construction revenait plus cher. On lésinait par
conséquent sur les matériaux de construction, </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiAyjbnB5FiYAwPXvfv3LNN1pAmHmwn8SyNMStl3JlvG4SOTYR0P-HwVFwLKLFqJdLekifxDUNcRQtDpYj8B2rrT4Smer6W3gQ21_UnRFQhBNvZ0PK-fETai_MaqkgORcvzC1BY_d257uON/s1600/wpb8e6c213_05_06.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="386" data-original-width="531" height="290" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiAyjbnB5FiYAwPXvfv3LNN1pAmHmwn8SyNMStl3JlvG4SOTYR0P-HwVFwLKLFqJdLekifxDUNcRQtDpYj8B2rrT4Smer6W3gQ21_UnRFQhBNvZ0PK-fETai_MaqkgORcvzC1BY_d257uON/s400/wpb8e6c213_05_06.jpg" width="400" /></a>et les maisons
s'effondraient ou brûlaient - et le feu n'était pas facile à
maîtriser. Des milliers de personnes étaient sans toit, d'où
l'urgence de construire de nouvelles maisons. Un poème de Catulle,
de cette époque, présente comme le plus heureux des hommes un
mendiant qui n'a rien à craindre, ni incendie, ni effondrement, ni
vol, bien sûr. Le riche Marcus Crassus devait une bonne partie de sa
fortune à la spéculation immobilière. Il commença par acheter de
nombreux esclaves, environ cinq cents, spécialisés dans les divers
métiers du bâtiment</i><span style="font-style: normal;">». (C. Meier. </span><i>César,
</i><span style="font-style: normal;">Paris, Seuil, 1989, p. 154).
Cette situation bénéficia à Crassus du fait que, «</span><i>comme les
sénateurs n'avaient pas le droit de traiter des affaires
financières, il faisait habilement agir ses hommes de paille</i><span style="font-style: normal;">» (E. Horst.
</span><i>César, </i><span style="font-style: normal;">Fayard, rééd. Marabout, Col. Histoire, # MU 438, 1981, p. 87). </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh0R5oqujPLBIORHAuGBo-8ZWAe1LEBW_qbvvSKcx2jOjFp_sn8vGieoZhuGiH62p_kMPw-QdVohisAdC97uEixTiUThfDt_Lw8M_MbW762W1SRnO0W5ezLkoBueqR8HgmpkvuM3_3-j1VP/s1600/esclavagerome.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="168" data-original-width="300" height="224" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh0R5oqujPLBIORHAuGBo-8ZWAe1LEBW_qbvvSKcx2jOjFp_sn8vGieoZhuGiH62p_kMPw-QdVohisAdC97uEixTiUThfDt_Lw8M_MbW762W1SRnO0W5ezLkoBueqR8HgmpkvuM3_3-j1VP/s400/esclavagerome.jpg" width="400" /></a></span></span>Comme
nos modernes spécula-</span></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">teurs, ce troisième caractère de l'avarice
marquait Crassus qui tirait sa fortune </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">moins de l'enrichissement
économique de la cité que la façon dont il pouvait soutirer de
l'argent à ses habitants : «</span><i>Comme Rome est
perpétuellement victime d'incendies, il a constitué une troupe de
500 <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh0R5oqujPLBIORHAuGBo-8ZWAe1LEBW_qbvvSKcx2jOjFp_sn8vGieoZhuGiH62p_kMPw-QdVohisAdC97uEixTiUThfDt_Lw8M_MbW762W1SRnO0W5ezLkoBueqR8HgmpkvuM3_3-j1VP/h120/esclavagerome.jpg">esclaves</a> architectes et maçons. Après avoir racheté pour une
bouchée de pain les maisons détruites par les flammes, il fait
reconstruire des immeubles neufs qu'il loue à prix d'or. Cet habile
promoteur devient ainsi propriétaire d'une grande partie de Rome.
D'après Pline l'Ancien, ses seuls biens immobiliers peuvent être
évalués à 200 millions de sesterces, soit le prix de 100 000
esclaves. Avec sa fortune, Crassus a acquis de nombreuses mines
d'argent en Espagne et une immense propriété qui lui rapportent
gros</i><span style="font-style: normal;">» (E. Teyssier. op. cit. p.
225).</span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"></span></span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">Ceux
qui souffrirent le plus des moyens immoraux de Crassus appartenaient à la plèbe romaine. D'autre part, les esclaves ruraux qui
s'étaient regroupés sous la conduite de Spartacus, le gladiateur
d'origine thrace, s'en prirent à ses propriétés dans le sud de l'Italie.
Les contradictions qui surgissaient de la situation sociale de Crassus sont une illustration de ces luttes de classes
entre plébéiens et patriciens au cœur de la guerre civile. «</span><i>La
fortune de Crassus comportait évidemment d'importantes propriétés
</i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjM4PCdFsswcPBYYIUvU8EedPNMxrL98PKkhA-r0u0V5z7x4OttfWkcLHOamm2aUmU__MHLidJvy97aIGicxtKCPOT_xp-8Z1VVITHOAZTkX5OG21GKZnPQopMVMxxVOs4aMnv9RaRf28o_/s1600/unnamed.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="512" data-original-width="387" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjM4PCdFsswcPBYYIUvU8EedPNMxrL98PKkhA-r0u0V5z7x4OttfWkcLHOamm2aUmU__MHLidJvy97aIGicxtKCPOT_xp-8Z1VVITHOAZTkX5OG21GKZnPQopMVMxxVOs4aMnv9RaRf28o_/s400/unnamed.jpg" width="301" /></a>foncières, en particulier dans le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjM4PCdFsswcPBYYIUvU8EedPNMxrL98PKkhA-r0u0V5z7x4OttfWkcLHOamm2aUmU__MHLidJvy97aIGicxtKCPOT_xp-8Z1VVITHOAZTkX5OG21GKZnPQopMVMxxVOs4aMnv9RaRf28o_/h120/unnamed.jpg">Bruttium</a> (où Spartacus s'était
précisément retiré dans l'été 72); mais elle était surtout
remarquable par ses éléments immobiliers et les méthodes employées
par Crassus pour les faire valoir. L'accroissement rapide de la plèbe
urbaine posait en effet à Rome le problème de l'habitat. À côté
des somptueuses demeures particulières des pentes du Palatin,
construites en marbre ou en travertin, dont la littérature ou
l'archéologie nous ont gardé le souvenir, les quartiers pauvres de
la ville se hérissaient de bâtisses à trois et quatre étages,
comparables à nos modernes immeubles de rapport. Les familles
indigentes y louaient des appartements où elles venaient s'entasser.
Les hommes d'affaires de Rome avaient vite aperçu le profit qu'ils
pouvaient tirer de cette situation et employaient partiellement le
surplus de la ferme des impôts et autres activités lucratives à
édifier ces </i><span style="font-style: normal;">insulæ </span><i>qu'ils
louaient à des prix exorbitants. On peut s'en faire une idée si
l'on songe qu'en 47 César, pour éviter l'expulsion de plusieurs
milliers de locataires, dut prononcer un moratoire d'un an pour les
loyers inférieurs à 2.000 sesterces (100.000 fr.). Mais ces
bâtisses, construites à la diable, en bois ou en briques crues,
entassées le long de rues étroites et sans alignement, étaient
fréquemment menacées par des effondrements ou des incendies.
L'ignorance la plus élémentaire des règles d'urbanisme donnait à
ces accidents une ampleur de désastre pour des voies entières</i><span style="font-style: normal;">»
(J.-P. Brisson. op. cit. pp. 225-226). Crassus spécula donc sans
vergogne sur ces immeubles fragilisés, profitant des sinistres pour
racheter à vil prix ce que les propriétaires, trop heureux de
parer à une perte totale, refusaient de marchander. Sur les lieux
du sinistre, il faisait reconstruire de nouvelles maisons, et le cycle recommençait.</span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"></span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">Cette
activité réclamait un besoin en esclaves
«spécialisés» capables de couvrir tous les lieux incendiés ou
sinistrés et en assurer la reconstruction des sites. «<i>L'esclavage
fut, aux mains de Crassus, un des instruments essentiels de
l'édification de cette énorme fortune. Ne parlons pas des esclaves
ruraux qui peuplaient ses terres; ce n'était pas l'essentiel. Il
entretenait autour de lui toute une troupe d'esclaves spécialisés,
cuisiniers, valets de chambre, </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhxkiKVYaofkv-G1fq3P4uI52rt9JxHunAV7j5E3WT4JWjsFMAwJ6Glw3wQ9RkcBYfUGt_Ob8mGXbgLb5qJUCMvP6SRQCsQ9W95mu9RyqbW1WUq-UXVWuWE4RCoJ1yoaapxD6g7UXZigoSv/s1600/spartacus_lesclave_rebelle_450x673.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="673" data-original-width="450" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhxkiKVYaofkv-G1fq3P4uI52rt9JxHunAV7j5E3WT4JWjsFMAwJ6Glw3wQ9RkcBYfUGt_Ob8mGXbgLb5qJUCMvP6SRQCsQ9W95mu9RyqbW1WUq-UXVWuWE4RCoJ1yoaapxD6g7UXZigoSv/s400/spartacus_lesclave_rebelle_450x673.jpg" width="266" /></a></i></span>lecteurs, secrétaires, dont il
dirigeait lui-même la formation professionnelle. Ces esclaves ne
contribuaient pas seulement au luxe de sa maison; ils étaient
surtout les ouvriers dociles de sa </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>richesse. Il avait à sa
discrétion des agents d'affaires peu coûteux et relativement sûrs;
mais il avait aussi l'outillage nécessaire à ses entreprises.
D'après Plutarque, il entretenait en permanence un groupe de cinq
cents esclaves spécialisés dans l'art du bâtiment, depuis les
architectes jusqu'aux plus humbles manœuvres en passant par les
maîtres maçons et charpentiers. Cette main-d'œuvre toujours
disponible - dont à l'occasion il pouvait louer les services - lui
permettait de tirer le meilleur parti des terrains que les
effondrements et les incendies livraient à sa cupidité. Sans
esclaves, la fortune de Crassus n'aurait pas existé. S'étonnera-t-on
maintenant qu'un tel homme se soit senti atteint au plus vif de ses
intérêts par la révolte de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhxkiKVYaofkv-G1fq3P4uI52rt9JxHunAV7j5E3WT4JWjsFMAwJ6Glw3wQ9RkcBYfUGt_Ob8mGXbgLb5qJUCMvP6SRQCsQ9W95mu9RyqbW1WUq-UXVWuWE4RCoJ1yoaapxD6g7UXZigoSv/h120/spartacus_lesclave_rebelle_450x673.jpg">Spartacus</a> et qu'il ait tenu à relever
un défi qui faisait trembler de moins cyniques que lui?</i>» (ibid.
pp. 226-227).</span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">Mais
Crassus n'utilisait pas seulement la force servile pour ses
entreprises en bâtiments. Comme pour les maisons, il spéculait sur
ses esclaves. «</span><i>Crassus achète à bas
prix des hommes sans qualification. Ensuite, participant parfois
lui-même à leur apprentissage, il en fait des maîtres d'hôtel,
des lecteurs, des secrétaires, des comptables ou des intendants très
qualifiés qu'il revend beaucoup plus cher. Selon lui, "le
maître doit avant tout s'occuper de ses esclaves qui sont comme les
outils animés de l'économie domestique"</i><span style="font-style: normal;">»
(É. Teyssier. op. cit. p. </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhzKzggiRk86hcr2OmqoVHlbbU0wo0keZuh48pr1YkqQ5YBaME4KG9YofjRunb7gw4xj0f_5zbD2MUnOtdKVORk7CvUr2YZ6bKFqbEcWErp6Nj1Gn1WdYy4xamqpkW2dLYy6HsokvZc2Q-9/s1600/Bust_marcus_licinius_crassus_hi.webp" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="300" data-original-width="300" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhzKzggiRk86hcr2OmqoVHlbbU0wo0keZuh48pr1YkqQ5YBaME4KG9YofjRunb7gw4xj0f_5zbD2MUnOtdKVORk7CvUr2YZ6bKFqbEcWErp6Nj1Gn1WdYy4xamqpkW2dLYy6HsokvZc2Q-9/s400/Bust_marcus_licinius_crassus_hi.webp" width="400" /></a>225). Cette double source de revenus
financiers finit par placer <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhzKzggiRk86hcr2OmqoVHlbbU0wo0keZuh48pr1YkqQ5YBaME4KG9YofjRunb7gw4xj0f_5zbD2MUnOtdKVORk7CvUr2YZ6bKFqbEcWErp6Nj1Gn1WdYy4xamqpkW2dLYy6HsokvZc2Q-9/h120/Bust_marcus_licinius_crassus_hi.webp">Crassus</a> dans une situation fort
avan-</span></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">tageuse consi-</span></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">dérant ses ambitions politi-</span></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">ques. «</span><i>Sa
fortune situait en effet Crassus au point de rencontre des deux
oligarchies, sénatoriale et financière, qui se disputaient le
pouvoir depuis une trentaine d'années. Appartenant par sa naissance
à la noblesse, il était porté par l'essentiel de sa fortune vers
le monde des affaires, du trafic, de la banque, en un mot vers ces
chevaliers des dépouilles de qui Sylla l'avait enrichi. L'équivoque
de cette condition ouvrait à Crassus toutes sortes de possibilités
politiques : selon qu'il se souviendrait de sa naissance ou de ses
capitaux mobiliers, il pourrait toujours se déclarer pour les
vainqueurs; dans le meilleur des cas, il pourrait même apparaître
comme un symbole de réconciliation. À n'en pas douter, sa position
fit concevoir très tôt à Crassus une ambition effrénée du
pouvoir quel qu'il fût et au service de quelque cause que ce fût.
Le même homme, qui avait, en 83, aidé Sylla dans son œuvre de
restauration sénatoriale, devait contribuer, comme consul en 70, à
liquider les lois du même Sylla et rendre aux chevaliers tous les
avantages que celui-ci leur avait enlevés. Cette conduite
contradictoire laisse voir à plein l'opportunisme de ce personnage
qui n'eut jamais d'autre politique que la satisfaction immédiate de
ses intérêts propres</i><span style="font-style: normal;">» (J.-P.
Brisson. op. cit. p. 227).</span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><br /></span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">Tel est
le quatrième caractère propre à l'avaricieux, celui de la capacité
à se créer un clientélisme de débiteurs. Bien qu'âpre aux gains,
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg0VKALNe4zswikaOAWSDjSLXQXI-K5EXrc1mJOGJXlUzxqsqfZjp5ylD5gnVjFIXSW89N7eIfd5Wd6QPgReiLdVjxUnwGwLAkrstYGwWEBZb0Pw95vU0F-LjromLyFa5eXgIjBh0C_PXCE/h120/laurence-olivier-as-marcus-licinius-crassus.jpg">Crassus</a> ne fermait pas la porte à ceux qui avaient besoin de son argent.
«</span><i>Il était aussi extraordinairement actif, affairé,
toujours disposé à venir en aide, mais sans volonté. Il servait
tout un chacun, prenait la défense, devant les tribunaux, de ceux-là
mêmes dont ne voulaient plus s'occuper Cicéron et César, s'y
</i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg0VKALNe4zswikaOAWSDjSLXQXI-K5EXrc1mJOGJXlUzxqsqfZjp5ylD5gnVjFIXSW89N7eIfd5Wd6QPgReiLdVjxUnwGwLAkrstYGwWEBZb0Pw95vU0F-LjromLyFa5eXgIjBh0C_PXCE/s1600/laurence-olivier-as-marcus-licinius-crassus.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="356" data-original-width="640" height="222" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg0VKALNe4zswikaOAWSDjSLXQXI-K5EXrc1mJOGJXlUzxqsqfZjp5ylD5gnVjFIXSW89N7eIfd5Wd6QPgReiLdVjxUnwGwLAkrstYGwWEBZb0Pw95vU0F-LjromLyFa5eXgIjBh0C_PXCE/s400/laurence-olivier-as-marcus-licinius-crassus.jpg" width="400" /></a>préparait active-</i></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>ment et soigneu-</i></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>sement, s'accom-</i></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>modait de tout, pourvu
qu'il pût y gagner en relations, en puissance. Il investissait aussi
politiquement son immense richesse, sans même demander des intérêts
pour les sommes prêtées, mais en exigeant le remboursement à la
date fixe. Pour la plupart des débiteurs c'était bien pire que des
intérêts, car les dépenses des nobles romains étaient aussi
élevées que leurs revenus étaient irréguliers, et ils en étaient
donc d'autant plus dépendants de Crassus. Il évitait aussi autant
que possible de choquer où que ce soit; le climat de civilité qui
se répandait dans la Rome d'alors allait comme un gant. Pas méchant
de nature, au fond, pour ne pas dire bien intentionné. Dans des
circonstances plus banales, on l'aurait estimé intègre, et
peut-être l'aurait-il été</i><span style="font-style: normal;">»
(C. Meier. op. cit. p. 156). Comme aujourd'hui, la carrière
politique romaine reposait essentiellement sur la disponibilité
d'argent que les ambitieux disposaient, soit en propre, soit par
l'usure.</span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"></span></span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">Crassus
«</span><i>travailla avec une patience tenace à la réalisation de
cette ambition, multipliant autour de lui les services de tout genre
et ceux en particulier que sa fortune lui permettait de rendre. On
connaît l'aventure de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgsU8U2-Wfa7ul8KLISTPaDH3cdCVOvbuADvuX_-jrhGWSnGcdHM1Qgmy3hmhJBStbE81wIvjuXL4TfwyUF1CtgLIwoMvtaofEZ6G8h7hyphenhyphen-WVtyZPkYTxqOp1cROJc7J3e0N8UI-YCc0zb6/h120/200px-331px-Giulio-cesare-enhanced_1-800x1450.jpg">César</a> lors de son départ comme préteur en
Espagne (62). Sa campagne électorale lui avait coûté très cher et
il avait contracté des dettes considérables. Las </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgsU8U2-Wfa7ul8KLISTPaDH3cdCVOvbuADvuX_-jrhGWSnGcdHM1Qgmy3hmhJBStbE81wIvjuXL4TfwyUF1CtgLIwoMvtaofEZ6G8h7hyphenhyphen-WVtyZPkYTxqOp1cROJc7J3e0N8UI-YCc0zb6/s1600/200px-331px-Giulio-cesare-enhanced_1-800x1450.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="363" data-original-width="200" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgsU8U2-Wfa7ul8KLISTPaDH3cdCVOvbuADvuX_-jrhGWSnGcdHM1Qgmy3hmhJBStbE81wIvjuXL4TfwyUF1CtgLIwoMvtaofEZ6G8h7hyphenhyphen-WVtyZPkYTxqOp1cROJc7J3e0N8UI-YCc0zb6/s400/200px-331px-Giulio-cesare-enhanced_1-800x1450.jpg" width="220" /></a>d'attendre, ses
créanciers prirent les grand moyens et l'appréhendèrent aux portes
de Rome. Pour le jeune et ambitieux gouverneur d'Espagne, ce n'était
pas seulement un affront cruel, c'était la faillite au moins
temporaire de ses grandes espérances. Crassus paya toutes ses
dettes. Il savait bien que ce n'était pas de l'argent perdu :
quelques années plus tard, à la fin de 60, César l'invitait à
conclure avec Pompée et lui ce pacte secret du triumvirat par lequel
chacun d'eux comptait bien s'ouvrir la voie vers le pouvoir
personnel</i><span style="font-style: normal;">» (J.-P. Brisson. op.
cit. pp. 227-228). Crassus avait pourtant ses
bons côtés. Il était doté d'un bon sens de l'humour : «</span><i>Un
jour, comme quelqu'un s'écriait "Voici le grand Pompée!",
Crassus demanda en riant "Mais quelle taille a-t-il donc?"</i><span style="font-style: normal;">»
(É. Teyssier. op. cit. p. 225). Il était, certes, «</span><i>l'un
des politiciens les plus singuliers de la Rome d'alors, très
caractéristique - selon les critères de Burckhardt -, en tout cas à
peine énergique, même pas perfide, de grande envergure en rien, si
bien dans le ton du milieu de ces années 60 qu'il en était
quasiment l'incarnation. L'homme le plus riche de Rome partageait
avec Pompée, son rival, outre l'ambition, une sorte de contradiction
entre sa nature et la situation. Crassus vivait modestement, à la
façon de la Rome antique - ainsi que le voulait en tout cas
l'idéologie. </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh4wjS6aMnKOEeU3IoVdniSNgxNYVhEd2jz4tvTYS4k9hGllKKMca_SV_2-qrrb5bqsnQSkGWf9IwNC_HlbONQP4rToBhrOctaIhyjwvyvWZ_xe43csaLFwnFQAzXt2jke23ir5jVK31Jmu/s1600/unnamed.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="300" data-original-width="212" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh4wjS6aMnKOEeU3IoVdniSNgxNYVhEd2jz4tvTYS4k9hGllKKMca_SV_2-qrrb5bqsnQSkGWf9IwNC_HlbONQP4rToBhrOctaIhyjwvyvWZ_xe43csaLFwnFQAzXt2jke23ir5jVK31Jmu/s400/unnamed.jpg" width="282" /></a></i></span></span></span></span></span></span></span>Il avait aussi satisfait à une ancienne coutume,
presque tombée en désuétude, en épousant la veuve de son frère,
qui lui donna des enfants. Mais en fait il était seulement avare</i><span style="font-style: normal;">»
(C. Meier. </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">op. cit. pp. 156-157).<i> </i>Personnage
dans le fond plutôt terne, Crassus n'en était pas moins très </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">intelligent. «</span><i>Bon orateur, il n'hésite jamais à défendre
une cause. Ce dévouement finit par lui constituer une vaste
clientèle. Sa simplicité envers les humbles et les obscurs fait
même oublier à la plèbe son passé de partisan de Sylla. Sa
bonhomie lui attire alors une certaine notoriété au sein même </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>de
la faction des </i><span style="font-style: normal;">populares. </span><i>Si
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh4wjS6aMnKOEeU3IoVdniSNgxNYVhEd2jz4tvTYS4k9hGllKKMca_SV_2-qrrb5bqsnQSkGWf9IwNC_HlbONQP4rToBhrOctaIhyjwvyvWZ_xe43csaLFwnFQAzXt2jke23ir5jVK31Jmu/h120/unnamed.jpg">Pompée</a> est plus admiré pour ses victoires, sa morgue et son orgueil
l'éloigne du Forum, où il vient rarement en aide à ses clients.
Crassus au contraire est populaire et parvient même à faire oublier
sa rapacité. Contrarié par les succès militaires de Pompée, il
s'applique donc à occuper le terrain politique à Rome en attendant
son heure. Il a deux obsessions dans la vie. La première consiste à
accumuler une immense fortune et il y parvient très tôt. La
seconde, une fois la première satisfaite, vise à obtenir le pouvoir
et surtout les honneurs y afférents. La révolte de Spartacus peut
lui donner cette opportunité. Appien rend compte de cette volonté
de saisir une occasion inespérée en devenant le recours de la
République : </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>"Crassus, </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgAaY06A7Mc7PnSWuQulkjdpeNNu8GYSNMaXjgzhvpCtlx_P0uVc6tg83L88GdrXPU5tF4JZLOC3q413Xu8nehZ6UeH9yWm4dISIiNhWqQM8VNzUkrbKUPaBHoYdKlseVaugev7PPocDHoB/s1600/unnamed.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="339" data-original-width="512" height="263" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgAaY06A7Mc7PnSWuQulkjdpeNNu8GYSNMaXjgzhvpCtlx_P0uVc6tg83L88GdrXPU5tF4JZLOC3q413Xu8nehZ6UeH9yWm4dISIiNhWqQM8VNzUkrbKUPaBHoYdKlseVaugev7PPocDHoB/s400/unnamed.jpg" width="400" /></a></i></span></i></span></i></span></i></span>citoyen également </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>distingué par sa
naissance et par sa fortune, s'offrit pour cette <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgAaY06A7Mc7PnSWuQulkjdpeNNu8GYSNMaXjgzhvpCtlx_P0uVc6tg83L88GdrXPU5tF4JZLOC3q413Xu8nehZ6UeH9yWm4dISIiNhWqQM8VNzUkrbKUPaBHoYdKlseVaugev7PPocDHoB/s1600/unnamed.jpg">expédi-</a></i></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>tion."
Cette naissance et cette fortune constituent les deux arguments qui
font de lui l'homme de la situation, à un moment où personne ne
veut prendre le risque de se mesurer à ce Thrace invincible</i><span style="font-style: normal;">»
(E. Teyssier. </span><i>Spartacus, </i><span style="font-style: normal;">Paris,
Perrin, Col. Tempus, # 681, 2017, pp. 223-226). Et c'est ici que l'on
trouve le cinquième trait de caractère de l'avaricieux. Le pouvoir
réel - la puissance économique et financière - ne lui suffisent
pas; il lui faut ajouter en plus le pouvoir symbolique - la puissance
politique et militaire <span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">:</span></span> </span></span><br />
<div style="text-align: justify;">
<blockquote class="tr_bq">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">«<i>...</i></span><i>le problème de Crassus, c'était qu'il visait trop haut.
Son obsession de la possession était déjà gênante, mais il était
entreprenant, et les autres Romains n'étaient pas non plus naïfs.
Mais ce qui était inquiétant, c'était que Crassus voulait devenir
le premier homme de Rome, car rien de ce qu'il pouvait entreprendre
en ce sens ne pouvait contrebalancer sa médiocrité innée.</i></span> </blockquote>
</div>
<blockquote>
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Sous
Sylla, Crassus s'était énormément enrichi. Et il y avait appris
une chose qu'il estimait importante : celui qui voulait être le
premier dans la société devait disposer d'assez d'argent pour
pouvoir entretenir une armée avec les intérêts qu'il en tirait.
Dans le cadre de la guerre civile, ce n'était pas si mal jugé, mais
l'affirmation n'était pas réversible : celui qui disposait de cette
somme ne devenait pas nécessairement pour autant le premier dans la
République. Mais Crassus se trompait en pensant qu'il suffisait
d'accumuler d'énormes sommes d'argent et de multiplier les
complaisances pour s'élever suffisamment haut et être reconnu le
premier de tous. Le pouvoir était pour ainsi dire pour lui une
simple addition de moyens, comme la richesse n'était qu'une
accumulation d'argent. Parce que les obligés ne se comptaient plus,
il pensait être un grand homme. Et parce qu'il disposait d'un grand
pouvoir d'achat, il pensait pouvoir tout acheter</i><span style="font-style: normal;">».
(C. Meier. ibid. p. ). </span></span></blockquote>
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">Obtenir
le pouvoir par l'achat des consciences n'est pas le meilleur moyen de
s'élever au faîte des institutions. Des grands carnassiers comme
Napoléon Bonaparte ou Adolf Hitler ne disposaient pas
personnellement de fortune pour s'ériger à la tête de la France et
de </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg5lYcff8HRG019L5Y0M7Hw-Pruwul0dMiKit3h7aFAu7VPYwR13g2gNq8BI8amhuT0cFzO3N4C2sT1GIGBvKZ4I5iEAPDf65j-IP2yy36TLFkXV7XgC5YjUJDjDUeWxSddWzAJ_bQOW2vs/s1600/ParthianHorseman.jpg.webp" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="612" data-original-width="560" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg5lYcff8HRG019L5Y0M7Hw-Pruwul0dMiKit3h7aFAu7VPYwR13g2gNq8BI8amhuT0cFzO3N4C2sT1GIGBvKZ4I5iEAPDf65j-IP2yy36TLFkXV7XgC5YjUJDjDUeWxSddWzAJ_bQOW2vs/s400/ParthianHorseman.jpg.webp" width="365" /></a>l'Allemagne, ils surent profiter des conflits internes des
différents États et se forger une légende. Crassus ne disposait pas d'une pensée politique aussi subtile. C'était plutôt
un velléitaire, un passif que seul l'opportunisme parvenait à faire bouger. Il profita ainsi de la seconde guerre servile, guerroyant contre les esclaves
révoltés, partout en Italie. Plus tard, ce fut la guerre contre les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg5lYcff8HRG019L5Y0M7Hw-Pruwul0dMiKit3h7aFAu7VPYwR13g2gNq8BI8amhuT0cFzO3N4C2sT1GIGBvKZ4I5iEAPDf65j-IP2yy36TLFkXV7XgC5YjUJDjDUeWxSddWzAJ_bQOW2vs/h120/ParthianHorseman.jpg.webp">Parthes</a> au
Moyen-Orient. Politiquement, «</span><i>Il se contentait de réagir
ou d'imiter ce que d'autres avaient fait avant lui, ou bien il
imaginait des plans tout à fait bizarres. Il est toujours resté un
tacticien, il n'a jamais été un stratège. Toutes les situations
décisives le désemparaient et il se tirait d'affaire par des
demi-mesures. Peut-être aurait-il aimé faire preuve de
scélératesse, s'il avait seulement su comment faire. Aussi n'a-t-il
recours qu'à la tricherie. Peut-être aussi aurait-il aimé risquer
quelque chose, si cela avait été sans conséquence. Une telle
distance séparait sa mesquinerie de son ambition que celle-ci ne
trouvait pas de ressorts à tendre en lui, se contentant de le
pousser dans un activisme diffus</i><span style="font-style: normal;">»
(C. Meier. op. cit. p. ).</span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"> </span></span><br />
<br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">Cet habileté de tacticien ne lui joua pas toujours de bons tours. Certes, «<i>d</i></span><i>ans
nombre de ses plans obscurs, Crassus s'est sans doute dit que
différentes voies s'offraient à lui : soit être celui par qui les
choses se feront, soit se mettre en avant en les combattant...</i><span style="font-style: normal;">»
(C. Meier. </span><i>César, </i><span style="font-style: normal;">Paris,
Seuil, 1989, pp. 156-159). S'il n'avait pas détenu cette immense
fortune et la clientèle qui lui était soumise, Crassus serait
probablement tombé du coup de cette mauvaise tactique de soutenir
Catilina, ce semeur de troubles qui abusait de la patience de
Cicéron. Mais en tant que stabilisateur des forces centrifuges qui
déchiraient Rome, Crassus se présenta comme un modérateur efficace
entre Pompée et César; entre son ennemi et son protégé.</span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"> </span></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><br /></span></span>
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">Crassus avait «</span><i>réussi à obtenir que tous les éléments
politiques problématiques aient cherché leur point d'appui en lui.
C'est ainsi qu'il était informé des histoires les plus sombres,
qu'il n'hésitait pas à financer, estimant ensuite son influence
déterminante. Il était entouré d'un cercle de protecteurs, </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>constitué par ses obligés. Quand, vers la fin de l'année 63, on
rapporta qu'il avait fait encourager Catilina à hâter sa marche sur
Rome, des protestations véhémentes s'élevèrent. </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Salluste commente
: "Dès que Tarquinius eut nommé Crassus, homme illustre par sa </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>naissance, par sa fortune, par son immense crédit, tout le monde,
d'un commun accord, se mit </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEizz5pSDF2VQMUGFEjQoLD_JBbs4CasdBZJS2thVTXaLmthX2sQ5YYJSS1Saf4nM9QLeZEpIUHfWrekfrNh4WCg9DBB6s0WWE5YUTPD2D2Rsuuj-_s0QQtwqg3FNCIty1cpMZA6NvrarglZ/s1600/index.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="189" data-original-width="266" height="284" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEizz5pSDF2VQMUGFEjQoLD_JBbs4CasdBZJS2thVTXaLmthX2sQ5YYJSS1Saf4nM9QLeZEpIUHfWrekfrNh4WCg9DBB6s0WWE5YUTPD2D2Rsuuj-_s0QQtwqg3FNCIty1cpMZA6NvrarglZ/s400/index.jpg" width="400" /></a></i></span></i></span></i></span></i></span></i></span></i></span>à crier au faux témoignage. Les uns,
parce qu'ils regar-</i></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>daient la chose comme </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>invrai-sembla-</i></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>ble; les autres,
parce que tout en la considé-</i></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>rant comme vraie, ils jugeaient plus
prudent, en pareille conjoncture, de ne pas se mettre à dos un
personnage si puissant; la plupart, enfin, parce qu'ils avaient
contracté à l'égard de Crassus des obligations personnelles".
On décréta de tenir la dénonciation pour fausse. Le Sénat et les
</i><span style="font-style: normal;">principes</span><i> </i>[les <i>principes </i>sont des soldats de la légion romaine] <i>étaient
trop faibles pour pouvoir lui dicter ses limites, si bien qu'il
semble ne jamais les avoir réellement perçues. C'est pourquoi il
entreprend sans cesse du nouveau. La bizarrerie de ses plans répond
à l'ambiguïté de la réalité. Les normes qu'il ne trouvait pas en
lui-même ne pouvaient donc pas lui être imposées de l'extérieur.
Le principe qui lui était renvoyé de l'extérieur était plutôt
qu'énormément de choses étaient possibles. C'était vrai et faux
tout à la fois. Dans nombre de ses plans obscurs, Crassus s'est sans
doute dit que différentes voies s'offraient à lui : soit être
celui par qui les choses se feront, soit se mettre en avant en les
combattant...</i><span style="font-style: normal;">» (C. Meier.
</span><i>César, </i><span style="font-style: normal;">Paris, Seuil,
1989, pp. 156-159). S'il n'avait détenu cette immense fortune et
la clientèle qui lui était soumise, Crassus serait probablement
tombé de cette mauvaise décision de soutenir Catilina, ce
semeur de troubles qui abusait de la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEizz5pSDF2VQMUGFEjQoLD_JBbs4CasdBZJS2thVTXaLmthX2sQ5YYJSS1Saf4nM9QLeZEpIUHfWrekfrNh4WCg9DBB6s0WWE5YUTPD2D2Rsuuj-_s0QQtwqg3FNCIty1cpMZA6NvrarglZ/h120/index.jpg">patience de Cicéron</a>. C'était une très mauvaise stratégie pour un ambitieux qui s'affichait comme stabilisateur des forces centrifuges qui déchiraient Rome.</span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"> </span></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><br /></span></span>
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">Crassus se présenta comme un modérateur efficace entre Pompée et
César, son ennemi et son protégé. D'où
sa participation au <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiMiZCifl4gxcoC3ubJIY-dP7FDZel6akhPXSkeSGdsjShQMaQwVeO67EFFuu8VNPwgGYVQkKfS1MhlIAV7l5YD0euS26MxgxtzOYvd9FyPz8_gU_wAgOS5kOA1Ab-WHRuoch-MJcOAcsx3/s1600/115500995_o.png">premier triumvirat</a> (70 av. J.-C.). On s'en
aperçut quand sa mort, lors de la guerre des Parthes, laissa Pompée
et César face à face, l'un devant l'autre. Les luttes internes
reprirent de plus belle. Avec les années, les ambitions de Crassus
l'avaient </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgvUNCmzIKDQHCsqCfRkPwdyYtDZBc0zpc3_RpKDY94UXH3zi6cxq7xp5eqL3bU4Cx2H1BrZGHwZdUyS4E8sPavvfZv0hL2ptvtKEWpkZ8y_TQB4PlnFHNMlv4OIzwOjKY2WeVY2Pn_nCU7/s1600/empire-parthe.gif" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="371" data-original-width="462" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgvUNCmzIKDQHCsqCfRkPwdyYtDZBc0zpc3_RpKDY94UXH3zi6cxq7xp5eqL3bU4Cx2H1BrZGHwZdUyS4E8sPavvfZv0hL2ptvtKEWpkZ8y_TQB4PlnFHNMlv4OIzwOjKY2WeVY2Pn_nCU7/s400/empire-parthe.gif" width="400" /></a></span></span></i></span>porté à regarder vers l'Orient. «</span><i>Le plus riche
des Romains, la </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>soixan-</i></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>taine passée et la vieillesse prématu-</i></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>rément
venue, ne pensait toujours qu'à s'enrichir davan-</i></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>tage. C'est pourquoi
Crassus avait d'abord guigné une expédition dans l'opulente Égypte.
Mais, lorsque César lui eut remontré que <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgvUNCmzIKDQHCsqCfRkPwdyYtDZBc0zpc3_RpKDY94UXH3zi6cxq7xp5eqL3bU4Cx2H1BrZGHwZdUyS4E8sPavvfZv0hL2ptvtKEWpkZ8y_TQB4PlnFHNMlv4OIzwOjKY2WeVY2Pn_nCU7/s1600/empire-parthe.gif">l'immensité parthique</a>
recélait d'incalculables ressources, à la fois bonnes et faciles à
prendre, il se jeta avec une sorte de frénésie sur ce nouveau
projet de conquête, n'attendit même pas la belle saison pour
embarquer les légions qu'il avait improvisées, leva l'ancre à
Brindes au début de décembre - mi novembre 55, alors que la
navigation était déjà suspendue; et, avant même d'aborder à
Dyrracchium, il avait perdu dans la tempête plusieurs de ses
transports. Tout ce qu'on peut invoquer à sa décharge, c'est qu'il
n'y avait point que du mirage dans ses convoitises, et que sa
précipitation était justifiée par le gâchis où se débattait,
chez les Parthes, leur dynastie des Arsacides</i><span style="font-style: normal;">»
(J. Carcopino. </span><i>Jules César, </i><span style="font-style: normal;">Paris,
Presses Universitaires de France, Col. hier, 1935, p. 291). </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span face=""segoe ui" , sans-serif">C'était une aventure risquée que Crassus sous-estima, preuve une fois de plus qu'il était plus tacticien que stratège</span>.</span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"></span><span style="font-style: normal;"></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"> </span></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><br /></span></span>
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">Les
Parthes, d'ethnie perse, avaient constitué un empire sur les
dépouilles de l'empire des </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiyw5zLzn8OBtvMdEHVAIc5vCCD5kv9OpLje52Irvlj4Mks8BuHfeTg9-oSOEAeH9dYVeQEUHvJ2a1Abc5tCYfQ1ZqAdkNA2astuzWkpwur-qqHN26QECmeIIg5QfNoi4URhG2BHgEWcW2M/s1600/bataille-de-carrhes.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="383" data-original-width="680" height="225" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiyw5zLzn8OBtvMdEHVAIc5vCCD5kv9OpLje52Irvlj4Mks8BuHfeTg9-oSOEAeH9dYVeQEUHvJ2a1Abc5tCYfQ1ZqAdkNA2astuzWkpwur-qqHN26QECmeIIg5QfNoi4URhG2BHgEWcW2M/s400/bataille-de-carrhes.jpg" width="400" /></a></i></span>Séleucides grecs sur la Mésopotamie. Il
s'étendait des sources de l'Euphrate jusqu'au sud-est de la Turquie
et jusqu'à l'est de l'Iran actuelles. Depuis le début du siècle,
avec leur roi Mithridate, les Parthes n'avaient cessé de menacer les
frontières orientales de l'expansion romaine. Pour Crassus qui
s'était porté à leur encontre, le sort fut scellé à la fin du
printemps de l'an 54. </span> </span><br />
<blockquote class="tr_bq">
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">«</span><i>Aussi les charges se suivent sans
interruption, furieuses et meurtrières. Cédant à leur impétuosité,
l'armée romaine a lâché pied, déserté ses aigles, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiyw5zLzn8OBtvMdEHVAIc5vCCD5kv9OpLje52Irvlj4Mks8BuHfeTg9-oSOEAeH9dYVeQEUHvJ2a1Abc5tCYfQ1ZqAdkNA2astuzWkpwur-qqHN26QECmeIIg5QfNoi4URhG2BHgEWcW2M/s1600/bataille-de-carrhes.jpg">confondu ses rangs</a> dans un désordre où les cadavres empêtrent les vivants.
Encore une ou deux ruées de l'ennemi, et il ne subsistera plus à sa
place qu'un charnier. Heureusement, les Parthes se refusaient à
combattre après le coucher du soleil, et, même ce jour-là, ils
n'estimèrent pas que l'achèvement d'une pareille victoire autorisât
un manquement à leur sainte coutume (9 juin - 28 mai 54).</i></span> </div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Dans ces conditions, un autre
chef que Crassus, contre-attaquant au milieu des ténèbres, eût
tenté et peut-être renversé la fortune. Mais le général romain
ne profita de l'obscurité que pour battre en retraite, suivi
seulement par les gémissements et les malédictions des 4 000
blessés qu'il abandonnait. Arrivé sous les murs de Carrhae, dont sa
défaite porte le nom, il ne s'y sentit point en </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>sûreté et, dans la
nuit du 11 au 12 juin (30 au 31 mai), il se remit en marche. C.
Casius eût voulu qu'on rétrogradât vers l'Euphrate et la province.
Mais si près de la cavalerie ennemie, Crassus n'osa point et décida
de gagner au nord la ville de Sinnaca, sur les premières pentes des
monts d'Arménie, dont les abrupts arrêteraient la poursuite de la
cavalerie parthe. En soi, ce plan était peut-être acceptable, et
Crassus, à qui l'adversité avait rendu bon sens et force d'âme,
l'eût sans doute exécuté sans la défection de ses auxiliaires et
de ses soldats. Le guide à qui il s'était confié à Carrhae,
Andromachos, était acquis aux Parthes et, volontairement, égara et
retarda ses pas. Flairant la fraude, son questeur C. Cassius lui
faussa compagnie et, avec 500 cavaliers, prit à ses risques et
périls le chemin de la province de Syrie, qu'il lui avait vainement
conseillé et que l'événement démontra le bon </i>[sens]<i>. Son légat
Octavius, qui s'était orienté par ses propres moyens, pénétra
dans Sinnaca avec 5 000 hommes, lorsque l'aube commençait à
poindre. À ce moment, Crassus, avec les quatre cohortes qui lui
restaient, n'en était plus éloigné que de deux milles (3 km). Mais
il était écrit que cette brève distance ne serait point
parcourure. Bientôt, en effet, la troupe aperçoit dans la clarté
matinale un beau cavalier qui se rapproche d'elle au galop, et elle
reconnaît en lui le Suréna. Ce barbare raffiné, qui n'avait guère
plus de trente ans, frisait sa chevelure, peignait son visage et
traînait un harem dans ses bagages, cachait sous ses airs de
jeunesse dorée une expérience de vétéran, une astuce profonde et
une fière énergie. Il s'était mis en tête de prendre Crassus
vivant et, dans le désarroi de ses ennemis, payait d'audace. Sans
autre arme qu'à l'épaule son arc débandé, il s'avance vers les
Romains et, la main tendue en signe de paix, il convie, en latin, le
proconsul à s'entendre avec lui : "Que Crassus consente à le
suivre sur les bords de l'Euphrate et à y signer un traité qui
garantisse aux Parthes cette frontière qu'ils avaient obtenue
naguère et qui n'a pas été respectée depuis et ils sauront
ménager à Crassus et à son armée un retour paisible en Syrie".
Crassus, en ce mélange de papelardise et d'insolence, a deviné la
ruse et cherche à l'éluder. Octavius, qui, des hauteurs de Sinnaca,
avait aperçu ses frères d'armes et s'était rendu au milieu d'eux,
a beau attester par sa présence la brièveté de la dernière étape
qu'il les conjure de fournir, les soldats harassés refusent le
départ : ils ne s'exposeront point à reprendre la lutte avec les
Parthes pour épargner à leur général le risque d'une rencontre
avec le Suréna désarmé; et, au lieu d'obéir à leur chef, ils le
couvrent de reproches et d'injures. Alors Crassus, sans mot dire,
abdique devant la volonté des mutins, et à pied, entouré
d'Octavius et de quelques amis pour escorte, se dirige du côté où
le Suréna s'en est allé. Ils pressent qu'il marche à la mort, et
dans un suprême élan de patriotisme il demande à ses compagnons de
dire plus tard à Rome, s'il lui arrive malheur, qu'il a été
assassiné par les Parthes, et non livré par des soldats romains. Le
Suréna, prévoyant sa capitulation, avait envoyé au-devant de lui
un cheval sous prétexte de lui faire honneur, en réalité pour
l'enlever plus vite. Ses fidèles éventent le stratagème et
s'efforcent de dégager leur chef : une mêlée s'ensuit où il est
transpercé (12 juin - 1er juin 53)</i><span style="font-style: normal;">»
(J. Carcopino. </span><i>Jules César, </i><span style="font-style: normal;">Paris,
Presses Universitaires de France, Col. hier, 1935, pp. 297-299).</span></span></div>
</blockquote>
<span face=""segoe ui" , sans-serif">Comme toujours dans l'Antiquité,
la mort de Cassius souleva des légendes <i>a posteriori. </i>Un
certain Pomaxathrès, au cours d'un banquet, se vanta d'avoir tué
Crassus. Pour ce </span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span face=""segoe ui" , sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjjRDqH_uQgyjqYw2RjZtFsHFHbY5MPWHX3zealt7flJkhmAAEAZEz_XL_o-WaKUmzHlNR-oDCjsTqIm805-QFTYITkLmbb5TZ-rB1qpk6D_NVJc3YLRa0ZN-1WIWmsFOP-T3GFP7Hu01dd/s1600/crassus-death.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="378" data-original-width="500" height="301" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjjRDqH_uQgyjqYw2RjZtFsHFHbY5MPWHX3zealt7flJkhmAAEAZEz_XL_o-WaKUmzHlNR-oDCjsTqIm805-QFTYITkLmbb5TZ-rB1qpk6D_NVJc3YLRa0ZN-1WIWmsFOP-T3GFP7Hu01dd/s400/crassus-death.jpg" width="400" /></a></span>geste, il aurait été comblé de cadeaux. D'autres
historiens ajoutent un détail macabre. On aurait fondu de l'<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjjRDqH_uQgyjqYw2RjZtFsHFHbY5MPWHX3zealt7flJkhmAAEAZEz_XL_o-WaKUmzHlNR-oDCjsTqIm805-QFTYITkLmbb5TZ-rB1qpk6D_NVJc3YLRa0ZN-1WIWmsFOP-T3GFP7Hu01dd/s1600/crassus-death.jpg">or dans la bouche</a> de Crassus. Selon une autre version, les Parthes l'auraient
décapité après sa mort et jeté sa tête dans un vase plein d'or
en fusion disant : "Tu as eu soif d'or, bois de l'or"
(<i>aurum sitisti, aurum bibe</i>). Ce serait là une invention
emprunté à un autre récit.</span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span face=""segoe ui" , sans-serif"> </span></span><br />
<br />
<div style="text-align: center;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span face=""segoe ui" , sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiMiZCifl4gxcoC3ubJIY-dP7FDZel6akhPXSkeSGdsjShQMaQwVeO67EFFuu8VNPwgGYVQkKfS1MhlIAV7l5YD0euS26MxgxtzOYvd9FyPz8_gU_wAgOS5kOA1Ab-WHRuoch-MJcOAcsx3/s1600/115500995_o.png" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="399" data-original-width="900" height="175" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiMiZCifl4gxcoC3ubJIY-dP7FDZel6akhPXSkeSGdsjShQMaQwVeO67EFFuu8VNPwgGYVQkKfS1MhlIAV7l5YD0euS26MxgxtzOYvd9FyPz8_gU_wAgOS5kOA1Ab-WHRuoch-MJcOAcsx3/s400/115500995_o.png" width="400" /></a></span></span> </span></span></div>
<br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span face=""segoe ui" , sans-serif">Si Dante et Virgile ne rencontrent
pas Cassius au Purgatoire - et pour cause! -, ils en entendent
parler. Mais les premiers avaricieux sur lesquels butent
les deux pèlerins, sont </span><span face=""segoe ui" , sans-serif">des </span><span face=""segoe ui" , sans-serif">«<i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgmY1PkegNNyR0foaE6AWWFh2bG58P3U5Io7x4q34xajg80rlvEsaOVvYrfrg6Tg_A22UrZTfro_7sAhRU8uqN8PYgBKBSQVHBbl_nAOl9AInAwZc4pl3SqC8koMFxLvr6V5Ftm-Cjj11wl/s1600/7734abebbd94c7bf0b33acc4cb33f14b.jpg">âmes couchées</a> à terre et toutes
renversées, qui répandent des larmes</i>». À travers des </span><span face=""segoe ui" , sans-serif">cris et
de profonds soupirs, ils entendent à peine leurs paroles : «<i>Mon
âme s'est attachée au sol</i>». Et Dante de demander : «<i>Dis-moi
qui tu es, et pourquoi vous avez le dos tourné en-haut...?</i>»
Honteuse, l'âme ne se nomme point : «<i>...d'abord apprends que je
fus successeur de </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgmY1PkegNNyR0foaE6AWWFh2bG58P3U5Io7x4q34xajg80rlvEsaOVvYrfrg6Tg_A22UrZTfro_7sAhRU8uqN8PYgBKBSQVHBbl_nAOl9AInAwZc4pl3SqC8koMFxLvr6V5Ftm-Cjj11wl/s1600/7734abebbd94c7bf0b33acc4cb33f14b.jpg" style="clear: left; float: left; font-family: "segoe ui", sans-serif; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="602" data-original-width="481" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgmY1PkegNNyR0foaE6AWWFh2bG58P3U5Io7x4q34xajg80rlvEsaOVvYrfrg6Tg_A22UrZTfro_7sAhRU8uqN8PYgBKBSQVHBbl_nAOl9AInAwZc4pl3SqC8koMFxLvr6V5Ftm-Cjj11wl/s400/7734abebbd94c7bf0b33acc4cb33f14b.jpg" width="318" /></a></span>Pierre. Un fleuve limpide s'abîme entre Sestri et
Chiavari, et ma famille tire son nom de celui de ce fleuve. J'ai
éprouvé pendant un mois et quelques jours combien pèse le manteau
pontifical, pour celui qui ne veut pas le traîner dans la fange.
Tous les autres vêtements ne pèsent pas plus qu'une plume légère.
Hélas! ma conversion fut tardive; mais quand je fus nommé pasteur
romain, je sus combien la vie était trompeuse; je vis que là le
cœur ne pouvait être en repos, et qu'on ne devait pas s'élever
plus haut dans la vie périssable; aussi je sentis un vif désir
d'obtenir la vie immortelle. Je fus une âme abandonnée de Dieu; mon
avarice ne connut pas de bornes; maintenant tu m'en vois puni. Ce que
l'avarice exige de nous sur la terre, on la retrouve ici dans le
supplice des âmes qui se convertissent, et la montagne n'a pas de
peine plus amère. Comme notre œil ne s'éleva pas en haut, ainsi la
justice céleste le fixe sur le sol en le vouant aux choses
terrestres; enfin, comme l'avarice a détourné notre amour de tout
vrai bien qui nous pût être utile, de même la justice divine nous
retient ici liés par les pieds et par les mains, et nous demeurerons
ainsi immobiles et étendus, tant qu'il plaira au juste souverain</i>».</span><span style="font-style: normal;"> </span></span><br />
<br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">Le
lecteur de l'époque avait plus d'avantages pour identifier ce
successeur anonyme de Pierre. Il s'agissait d'<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEinx9zYi-mY8xpYzCGdX8w9vv3k9HjMHYZdg2k6V3EeZvhUuyv6Oaj3Z5CkMFvXn6HSOym56m_yWMetQ-k4YouxU4J-UwSA60S1jDWx0sKGkJPwnSveRd3gJMKVGaz5ZCH-rck8c5eDD7bs/h120/unnamed.jpg">Adrien V</a>. </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-weight: normal;">Ottobono
de' Fieschi appartenait à une riche famille génoise. Nommé
chapelain pontifical en 1243, il fut créé cardinal-diacre au titre
de Saint-Adrien en 1251 par son oncle, le pape Innocent IV, puis
archidiacre de Parmie, enfin de Reims en 1251. </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">«</span></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span style="font-weight: normal;">Clément
IV avait chargé en 1265 le cardinal Fieschi de se rendre </span></i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEinx9zYi-mY8xpYzCGdX8w9vv3k9HjMHYZdg2k6V3EeZvhUuyv6Oaj3Z5CkMFvXn6HSOym56m_yWMetQ-k4YouxU4J-UwSA60S1jDWx0sKGkJPwnSveRd3gJMKVGaz5ZCH-rck8c5eDD7bs/s1600/unnamed.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="373" data-original-width="250" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEinx9zYi-mY8xpYzCGdX8w9vv3k9HjMHYZdg2k6V3EeZvhUuyv6Oaj3Z5CkMFvXn6HSOym56m_yWMetQ-k4YouxU4J-UwSA60S1jDWx0sKGkJPwnSveRd3gJMKVGaz5ZCH-rck8c5eDD7bs/s400/unnamed.jpg" width="267" /></a>en
Angleterre pour soutenir le roi Henri III contre ses barons rebelles.
Lorsqu'il arriva au bord de la Tamise le jour de la Toussaint 1265,
le légat trouva une situation politique confuse et agitée. Ottobono
pensa même à rentrer, mais le pape réussit à le convaincre, en
recourant à une rhétorique forte : "Le roi, la reine et toute
la famille royale seraient livrés à la mort, et l'Angleterre serait
perdue comme fief de l'Église"! À la Pâque 1267, le roi se
rendit à Romsey et à Cambridge, pour essayer de mâter la
rébellion. Gilbert Claire, duc de Gloucester, qui avait fait la
paix avec le roi mais espérait s'assurer de meilleures conditions
pour les rebelles, apparut soudainement à Londres avec une forte
armée et exigea que la Tour, où le légat résidait, se rende. Le
légat refusa et, pour toute réponse, alla prêcher la croisade dans
la cathédrale de Londres. Tedaldo Visconti, le futur pape Grégoire
X, qui fait partie de l'entourage du légat, et le frère du duc de
Gloucester firent vœu de croisade. Le duc avait entre-temps réussi
à assiéger la Tour. Le légat répondit par l'excommunication et
l'interdit. Westminster fut saccagé avant que le prince Édouard ne
réussisse à contraindre le duc de Gloucester de négocier</span></i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">»
(A. P. Bagliani. </span></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span style="font-weight: normal;">Boniface
VIII. </span></i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Paris,
Payot & Rivages, 2003, pp. 36-37). Ottobono de Fieschi resta en
Angleterre jusqu'en 1268 comme légat pontifical.</span></span></span><br />
<br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">La
carrière du Génois ne s'arrêta pas là même si sa montée dans la
hiérarchie sembla faire du surplace. Les choses, par contre, se
mirent à se précipiter : «</span></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span style="font-weight: normal;">Ottobon
de Fiesque, neveu d'Innocent IV et comte de Lavagne était simple
diacre quand il fut élu le 11 juillet 1276 et prit le nom d'<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiO7ojNjsSG_BbhuDL7ngUeroXJ6bVqZGyKgHp61-_bg7DP9P4Ia122FrUCnbD7dOCQQ8SDFeFt1tobMS1-YFzBO446ayfvvdCUgDYvDJRL3uPjLmTemnY-0smSDmgghj2A9unuPD0cC9vQ/h120/Papa_Adriano_V.jpg">Adrien V</a>. Il n'eut même pas le temps de recevoir la prêtrise et
l'épiscopat et d'être couronné car il mourut le 18 août suivant</span></i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">»
(Fernand Hayward. </span></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span style="font-weight: normal;">Histoire
des Papes, </span></i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Paris,
Payot, Col. Bibliothèque historique, 1929, p. 229). Ni prêtre, ni
</span></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiO7ojNjsSG_BbhuDL7ngUeroXJ6bVqZGyKgHp61-_bg7DP9P4Ia122FrUCnbD7dOCQQ8SDFeFt1tobMS1-YFzBO446ayfvvdCUgDYvDJRL3uPjLmTemnY-0smSDmgghj2A9unuPD0cC9vQ/s1600/Papa_Adriano_V.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="220" data-original-width="150" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiO7ojNjsSG_BbhuDL7ngUeroXJ6bVqZGyKgHp61-_bg7DP9P4Ia122FrUCnbD7dOCQQ8SDFeFt1tobMS1-YFzBO446ayfvvdCUgDYvDJRL3uPjLmTemnY-0smSDmgghj2A9unuPD0cC9vQ/s400/Papa_Adriano_V.jpg" width="272" /></a>évêque, il ne put donc être intronisé sur le siège pontifical,
bien qu'on le considère comme pape légitime. Il faut dire que les
règles de l'élection pontificale étaient assez sévères à
l'époque au point que, durant le mois où Adrien put siéger comme
pape, il réagit en vue d'assouplir les règles de l'élection : «</span></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span style="font-weight: normal;">À
la tête de cette armée ecclésiastique insérée dans les unités
les plus variées, l'évêque de Rome est élu selon les dispositions
successivement précisées en 1059-1060, 1179 et 1274. Grégoire X a
profité de la cinquième session du concile œcuménique de Lyon
pour publier, le 7 juillet 1274, la constitution </span></i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Ubi
periculum. </span></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span style="font-weight: normal;">L'élection
est remise aux cardinaux, strictement égaux entre eux bien qu'il y
eût des cardinaux-évêques, des cardinaux-prêtres et des
cardinaux-diacres. Ils doivent se réunir dans la ville où le pape
est mort après un délai de dix jours; à l'intérieur de l'édifice
où le pontife défunt a résidé, ils sont enfermés à clé dans
une salle - le conclave; la nourriture leur parvient par un guichet;
toute communication avec l'extérieur n'est tolérée qu'avec
l'accord de tous les cardinaux et à condition de se rapporter à
l'élection. La vieille coutume du ralliement unanime à un candidat
</span></i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">per
inspirationem </span></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span style="font-weight: normal;">peut
abréger la désignation, mais l'interdiction de tout arrangement
entre les électeurs n'est pas conciliable avec la recherche du
compromis, expressément admise en 1179. La majorité des deux tiers
des membres présents est requise. Les magistrats de la cité, sous
peine d'excommunication, jurent de faire respecter la clôture du
conclave, de veiller à ce que les officiers qui en assurent la garde
ne servent qu'un seul plat par repas au bout de trois jours, et
seulement du pain, du vin et de l'eau si un résultat n'est pas
obtenu après cinq jours. Dès 1276, Adrien V suspend ce régime
contraignant, mais Boniface VIII le reprend et l'insère dans le
</span></i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Corpus
juris canonici» (J.-M. Mayeur, Ch. Pietri, A. Vauchez, M. Venard
(éd.) </span></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span style="font-weight: normal;">Histoire
du christianisme, t. 6 : Un temps d'épreuves (1274-1449), </span></i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Paris,
Desclée/Fayard, 1990, p. 43). Adrien avait-il souffert à ce point
du conclave qui l'avait porté sur le trône de Pierre?</span></span></span><br />
<br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Le
XIIIe siècle fut, pour la papauté, un siècle particulièrement
mouvementé qui annonçait de bien grands malheurs. Bien avant le
déménagement de la papauté de Rome à Avignon, qui </span></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjIWIS8ZElvMaxywT1i5NLubq31gCNCPnJCnUYnfR-X02_Z-nJk3BcwYFgfcWH2bE_T5Vk2Gea29ShuA3W2Xl9d8c7RdfmbQLfyqOR_B-CTGdWXwaR32NuCaNUpFsQzXxK_eFn125KulE1A/s1600/ArrestoBonifac8.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="412" data-original-width="560" height="293" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjIWIS8ZElvMaxywT1i5NLubq31gCNCPnJCnUYnfR-X02_Z-nJk3BcwYFgfcWH2bE_T5Vk2Gea29ShuA3W2Xl9d8c7RdfmbQLfyqOR_B-CTGdWXwaR32NuCaNUpFsQzXxK_eFn125KulE1A/s400/ArrestoBonifac8.jpg" width="400" /></a></span></span></span>viendra après
la mort d'Adrien, sous <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjIWIS8ZElvMaxywT1i5NLubq31gCNCPnJCnUYnfR-X02_Z-nJk3BcwYFgfcWH2bE_T5Vk2Gea29ShuA3W2Xl9d8c7RdfmbQLfyqOR_B-CTGdWXwaR32NuCaNUpFsQzXxK_eFn125KulE1A/h120/ArrestoBonifac8.jpg">Boniface VIII</a>, avec le </span></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">scandale de la gifle au
pape par le chan-</span></span></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">celier Guil-</span></span></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">laume de Nogaret (septembre 1303), le
XIIIe siècle avait vu se succéder les papes à un rythme endiablé : </span></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">«</span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>La
durée des pontificats est inégale : trois papes se succèdent de
janvier 1276 à mai 1277, Adrien V ne régnant que trente-huit jours.
De 1276 à la fin de 1294, l'Église romaine reçoit huit chefs; elle
en a neuf en quatre-vingt trois ans, de l'élection de Boniface VIII
à l'ouverture du Grand Schisme (1294-1378). Le plus long règne,
celui de Jean XXII, couvre plus de dix-huit années (1316-1334); un
seul dépasse dix années (Clément VI : 1342-1352), mais six les
approchent (Boniface VIII, Clément V, Benoît XII, Innocent VI,
Urbain V, Grégoire XI)</i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">»
(J.-M. Mayeur, Ch. Pietri, A. Vauchez, M. Venard (éd.) ibid. pp.
44-45).</span> </span><br />
<br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span face=""segoe ui" , sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEivda0F2V10f63vebb1u2DWEFHy-lsKvpKU_VE4Xj9I4ZVbkJsUL0tj3vgD8iQeUY4Hn-eAraIcFsbD1vdjfoMUa7MF1TSZ1F4Z3ogC5j4mnJD5L0zDnHzrKHnkHhcSqMxGhn1vK4fd_I4w/s1600/Pope_John_XXI.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="940" data-original-width="690" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEivda0F2V10f63vebb1u2DWEFHy-lsKvpKU_VE4Xj9I4ZVbkJsUL0tj3vgD8iQeUY4Hn-eAraIcFsbD1vdjfoMUa7MF1TSZ1F4Z3ogC5j4mnJD5L0zDnHzrKHnkHhcSqMxGhn1vK4fd_I4w/s400/Pope_John_XXI.jpg" width="292" /></a></span></span></span>L'année 1276, à elle seule, vit
se succéder quatre pontifes. Grégoire X était mort le 10 janvier,
ce qui entraîna l'élection d'Innocent V qui régna du 21 janvier au
22 juin 1276, soit une période de cinq mois; Adrien V fut élu le 11
juillet, mais mourut le 28 août, soit un mois et sept jours. Enfin,
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEivda0F2V10f63vebb1u2DWEFHy-lsKvpKU_VE4Xj9I4ZVbkJsUL0tj3vgD8iQeUY4Hn-eAraIcFsbD1vdjfoMUa7MF1TSZ1F4Z3ogC5j4mnJD5L0zDnHzrKHnkHhcSqMxGhn1vK4fd_I4w/h120/Pope_John_XXI.jpg">Jean XXI </a>fut élu le 8 septembre 1276, mais mourut le 16 mai 1277 à
la suite d'un accident stupide : l'effondrement du plafond de sa
chambre! Ce n'était-là qu'un concentré des successions rapides.<span style="font-style: normal;"> </span></span><br />
<br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">Une
énigme demeure, toutefois : pourquoi le poète a-t-il placé ce pape
si terne dans le </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhDnjT3MFWD66kyfpQ8GboZtb873F_h4kIQwgHKQ1MgvAxvPxv_AFmzhV4vsAcTGAdTH7uJsClUQg-pc_GsLJOyA5TK6gKluTq8gZri4fO9Tn-tIVQMF-kGJhEOiyTVWJhprrddJSkqOJbP/s1600/CimabueTrinitaCroppedSm.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="950" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhDnjT3MFWD66kyfpQ8GboZtb873F_h4kIQwgHKQ1MgvAxvPxv_AFmzhV4vsAcTGAdTH7uJsClUQg-pc_GsLJOyA5TK6gKluTq8gZri4fO9Tn-tIVQMF-kGJhEOiyTVWJhprrddJSkqOJbP/s400/CimabueTrinitaCroppedSm.jpg" width="237" /></a>cercle des avaricieux? Du peu qu'on connaît de cet
homme, rien ne le désigne comme particulièrement porté sur la
possession des biens temporels. Dans une lettre adressée à un ami,
«</span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>ce haut prélat,
qui avait su s'entourer d'hommes de qualité, comme l'astronome
Campano de Novare et le célèbre peintre <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhDnjT3MFWD66kyfpQ8GboZtb873F_h4kIQwgHKQ1MgvAxvPxv_AFmzhV4vsAcTGAdTH7uJsClUQg-pc_GsLJOyA5TK6gKluTq8gZri4fO9Tn-tIVQMF-kGJhEOiyTVWJhprrddJSkqOJbP/h120/CimabueTrinitaCroppedSm.jpg">Cimabue</a>, parle, sans le
nommer, du lieu où réside la cour pontificale. Le ton est certes
emphatique, dans les traditions épistolaires du temps. Les termes
choisis constituent néanmoins un éloge de la nature qu'il n'est pas
fréquent de trouver en ces décennies centrales du XIIIe siècle</i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">»
(A. P. Bagliani. </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>La
cour des papes au XIIIe siècle, </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">Paris,
Hachette, Col. La vie quotidienne, 1995, p. 43).</span></span><br />
<br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">Ce
lieu, c'était Viterbe, lieu où il devait décéder : «</span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>...la
maladie... terrassa le nouveau pape un mois après son élection.
Adrien V mourut à <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi4MJg4MHwJZGECyWxSFdZSgTQhadJFIg8EWmj9HNiCPAFOM0SqhThXU2vbRmYWq-ii5VArJLTtwUvzTE-CrP-YO_A7ThQ79oxzU7YWSfYFqvQmByj42_kbq2-kgUvrV9k86sFmMA2dyLwe/h120/220px-Mausoleo_Adriano_V.jpg">Viterbe</a> le 18 août, sans être ni consacré ni
couronné; l'été romain avait été, cette année-là,
</i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi4MJg4MHwJZGECyWxSFdZSgTQhadJFIg8EWmj9HNiCPAFOM0SqhThXU2vbRmYWq-ii5VArJLTtwUvzTE-CrP-YO_A7ThQ79oxzU7YWSfYFqvQmByj42_kbq2-kgUvrV9k86sFmMA2dyLwe/s1600/220px-Mausoleo_Adriano_V.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="426" data-original-width="220" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi4MJg4MHwJZGECyWxSFdZSgTQhadJFIg8EWmj9HNiCPAFOM0SqhThXU2vbRmYWq-ii5VArJLTtwUvzTE-CrP-YO_A7ThQ79oxzU7YWSfYFqvQmByj42_kbq2-kgUvrV9k86sFmMA2dyLwe/s400/220px-Mausoleo_Adriano_V.jpg" width="206" /></a></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span>particulièrement meurtrier</i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">»
(A. P. Bagliani. ibid. p. 38) : «</span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>...des
dix-neuf papes du XIIIe siècle, onze sont en effet morts dans une
des villes de l'État pontifical où la papauté avait pris
l'habitude, dès le pontificat d'Innocent III, de passer plusieurs
mois par an, notamment en été. Alexandre IV, Clément IV, Adrien V,
Jean XXI sont morts à Viterbe, une ville qui a hébergé la cour
pontificale presque pendant vingt ans, entre 1260 et 1280...</i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">»
(A. P. Bagliani. ibid. p. 255). Rien
ne spécifie en Adrien V qu'il fut un pape prodigue non plus, mais
chose certaine, il ne se privait pas des délices de la vie. Tout cela proviendrait d'une confusion tirée de Jean de Salisbury entre Adrien V et Adrien IV, le seul pape d'origine anglaise de l'histoire de la papauté. Dans une
autre lettre d'Adrien, celui-ci, au passage, mentionne : «</span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Moi
aussi, assurément, je ne manque pas des nombreux biens dont vous
feignez de regorger...</i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">»
(Cité in A. P. Bagliani. ibid. p. 45). </span></span><br />
<br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif">Et Adrien mourut sans la
consécration ni le couronnement, ce qui explique pourquoi </span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiFz4mHv8uFhYkNZ_QbU65sGsBGfTYsXzsTjRfHr5gvOpeUEDR0RKJzOjXF8ON6Q_wTPRJ9TpMG-fxTY_RDwQLvgH_j5cXRieCac4kcSrI-dHdm5BLPa5MV-IFy4aHkFUIpLbdv8kRlb3Od/s1600/66470249_136883130821.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="300" data-original-width="227" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiFz4mHv8uFhYkNZ_QbU65sGsBGfTYsXzsTjRfHr5gvOpeUEDR0RKJzOjXF8ON6Q_wTPRJ9TpMG-fxTY_RDwQLvgH_j5cXRieCac4kcSrI-dHdm5BLPa5MV-IFy4aHkFUIpLbdv8kRlb3Od/s400/66470249_136883130821.jpg" width="302" /></a>Dante ne
le considérait pas comme époux de l'Église. Mais de là à le
tenir pour un avaricieux attaché aux biens
terrestres, où était le rapport? Sinon que l'élection
d'Adrien au pontificat avait bénéficié des grâces de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiFz4mHv8uFhYkNZ_QbU65sGsBGfTYsXzsTjRfHr5gvOpeUEDR0RKJzOjXF8ON6Q_wTPRJ9TpMG-fxTY_RDwQLvgH_j5cXRieCac4kcSrI-dHdm5BLPa5MV-IFy4aHkFUIpLbdv8kRlb3Od/h120/66470249_136883130821.jpg">Charles II d'Anjou</a>, branche cadette des rois français, les Capétiens, toujours portée à
la conquête de l'Italie en rivalité avec les Hohenstaufen. Or, Dante ne cesse de dénoncer les ambitions
françaises sur la péninsule italienne, et surtout contre
Florence, sa ville d'origine d'où il a été chassé par ses
adversaires politiques alliés aux Français.<span style="font-style: normal;"> </span></span><br />
<br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">La
suite du poème le dit avec le second avaricieux que lui et Virgile
rencontrent dans le même cercle : Hugues Capet. Non
pas le premier roi couronné, mais son père, le patriarche de la
dynastie dont il suit les règnes, et en particulier leurs ambitions
italiennes. C'est ainsi qu'il se présente : «</span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>"Je
fus la racine de cette plante coupable qui, par son ombre funeste,
nuit à toute la terre chrétienne, tellement, qu'elle porte rarement
de bons fruits...</i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">»
Et le damné de poursuivre : «</span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>On
m'appela Hugues Capet; c'est de moi que sont nés les Philippe et les
Louis qui gouvernent depuis peu la France : je fus fils d'un boucher
de Paris. Quand les anciens rois furent tous éteints, excepté un
prince qui était vêtu de l'habit religieux, mes mains dirigeaient
le gouvernail de l'État, avec une autorité si étendue, et l'appui
de tant d'amis, autour de moi, que la tête de mon fils reçut la
couronne vacante; et c'est de cette famille que sont provenus ceux
que l'huile sainte a consacrés. Tant que la grande dot apportée par
la Provence à mon sang ne lui ôta pas la honte, il valait peu; mais
il ne faisait pas de mal : là il commença à se livrer aux rapines,
à la violence, au </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhIEFaxO03mfTbd8X3mk74EMFJuOAfREm-t1TvpN72X6nlbph19y1HxzM30j5DtlJh9U9jU5vniCgL2iVZt2Md90HJNtzBG8jJx53YCNiynrt4a9PgyoACNTThPDmcS67oL9gnIl52VYWe1/s1600/ColonnaSlappingBoniface.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="324" data-original-width="220" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhIEFaxO03mfTbd8X3mk74EMFJuOAfREm-t1TvpN72X6nlbph19y1HxzM30j5DtlJh9U9jU5vniCgL2iVZt2Md90HJNtzBG8jJx53YCNiynrt4a9PgyoACNTThPDmcS67oL9gnIl52VYWe1/s400/ColonnaSlappingBoniface.jpg" width="271" /></a>mensonge; et ensuite, par expiation, il se saisit
du Ponthieu, de la Normandie et de la Gascogne. Charles vint en
Italie, et encore par expiation, il fit une victime de Conradin;
puis, toujours par expiation, il rejeta Thomas dans le ciel. Je lis
dans l'avenir qu'avant peu on enverra hors de France un autre
Charles, pour mieux le faire connaître lui et les siens. Il en sort
sans armes, et seulement muni de la lance avec laquelle combattit
Judas. Il frappe Florence qu'il déchire de ses coups : il n'en
rapportera pas pour lui des domaines, mais de la honte et des remords
d'autant plus accablants, qu'il attachera moins d'importance à ce
crime. L'autre, qui est déjà sorti, je le vois prisonnier sur sa
flotte, vendre sa fille et en faire l'objet d'un contrat, comme font
les corsaires pour les autres esclaves. O avarice! que peux-tu
produire de plus coupable, puisque tu as réduit mon sang à ne pas
respecter mes propres enfants? Mais pour que le mal arrivé et le mal
futur soient encore surpassés, je vois les lis entrer dans <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhIEFaxO03mfTbd8X3mk74EMFJuOAfREm-t1TvpN72X6nlbph19y1HxzM30j5DtlJh9U9jU5vniCgL2iVZt2Md90HJNtzBG8jJx53YCNiynrt4a9PgyoACNTThPDmcS67oL9gnIl52VYWe1/h120/ColonnaSlappingBoniface.jpg">Anagni</a> et
le Christ prisonnier dans la personne de son vicaire, je le vois une
autre fois moqué; je vois renouveler la scène du vinaigre et du
fiel, et je vois qu'il meurt entre deux larrons vivants; je vois un
nouveau Pilate que ce supplice ne ressaisie pas; il porte dans le
Temple </i>[les Templiers]<i> ses désirs cupides. O mon souverain maître! quand serai-je
assez heureux pour être témoin de la vengeance, qui, cachée dans
tes vues secrètes, satisfait ta juste colère?</i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">»</span></span><br />
<br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">C'est
de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg_6ojnCJdZg1tR3TnRd66Y9260Q-bTVOESiCVV7Th3j_8tVEqw6aaEvbLIdWsyT3zVpk6bQzBIe0Hf8h3uLoMpTFxpRl8Q7aeS19wl5IXyKhi4wnk3V8Yg1IU_SbJ5gLXnX1A3lODRL0r_/h120/260px-Hugues_le_Grand_duc_des_Francs.jpg">Hugues le Grand</a> (né vers 898 et mort le 16 juin 956), comte de
Paris et marquis </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">de Neustrie de 923 à 956, puis duc des Francs à
partir de 936, comte </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">d'Auxerre de 954 à </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">sa </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg_6ojnCJdZg1tR3TnRd66Y9260Q-bTVOESiCVV7Th3j_8tVEqw6aaEvbLIdWsyT3zVpk6bQzBIe0Hf8h3uLoMpTFxpRl8Q7aeS19wl5IXyKhi4wnk3V8Yg1IU_SbJ5gLXnX1A3lODRL0r_/s1600/260px-Hugues_le_Grand_duc_des_Francs.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="254" data-original-width="260" height="390" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg_6ojnCJdZg1tR3TnRd66Y9260Q-bTVOESiCVV7Th3j_8tVEqw6aaEvbLIdWsyT3zVpk6bQzBIe0Hf8h3uLoMpTFxpRl8Q7aeS19wl5IXyKhi4wnk3V8Yg1IU_SbJ5gLXnX1A3lODRL0r_/s400/260px-Hugues_le_Grand_duc_des_Francs.jpg" width="400" /></a></span></span></span></span>mort, fils du roi des Francs, Robert
Ier et père d'Hugues Capet, qu'il s'agit. C'est l'avarice de Hugues qui se reflète chez le pape Adrien, d'où qu'il apparaît que dans ce cercle, Dante ait
voulu régler ses comptes personnels avec la famille d'Anjou,
quitte à piétiner le pape par lequel l'atteindre dans sa bassesse. Hugues était
descendant du côté de la femme de Charlemagne, d'où son
appartenance à la lignée des Robertiens. La dynastie carolingienne
se poursuivait toujours et, par sa puissance et son rayonnement,
Hugues représentait une sorte de </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>maire
du palais, </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">un
peu comme jadis Charles Martel lors de la fin de la dynastie des
Mérovingiens.</span></span><br />
<br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">Dès
son jeune âge Hugues avait été investi de possessions
territoriales et beaucoup </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">d'évêchés qui lui rapportaient gros.
«</span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Avoir l'Église
pour soi est, à l'époque où nous </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiu8mlu0crVFmYJI1QOzkl53-T7NyGw3Ta8uLpqu1-YlQd1vYA_5RsqF2sQiIeM3sci7z9vqCj1hBFXYxcw9cwSsCEcJo1gaJ0y7NJtXOjca-X7zmfHykE3xN3RXC5sggXYEkE2LIYI2ig_/s1600/800px-Auxerre_-_Abbaye_Saint-Germain_-_2.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="600" data-original-width="800" height="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiu8mlu0crVFmYJI1QOzkl53-T7NyGw3Ta8uLpqu1-YlQd1vYA_5RsqF2sQiIeM3sci7z9vqCj1hBFXYxcw9cwSsCEcJo1gaJ0y7NJtXOjca-X7zmfHykE3xN3RXC5sggXYEkE2LIYI2ig_/s400/800px-Auxerre_-_Abbaye_Saint-Germain_-_2.jpg" width="400" /></a>sommes, une très grande force.
Comme son père, comme son oncle, comme avant eux son grand-père, le
grand laïque qui a fait un roi dispose, à titre de "recteur",
des ressources de nombreux établissements religieux. De ces
établissements, il va faire, à son usage, des bases concrètes de
puissance. "Très glorieux abbé", </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiu8mlu0crVFmYJI1QOzkl53-T7NyGw3Ta8uLpqu1-YlQd1vYA_5RsqF2sQiIeM3sci7z9vqCj1hBFXYxcw9cwSsCEcJo1gaJ0y7NJtXOjca-X7zmfHykE3xN3RXC5sggXYEkE2LIYI2ig_/h120/800px-Auxerre_-_Abbaye_Saint-Germain_-_2.jpg">gloriasissimus abbas</a> </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>: ainsi le
qualifient volontiers les textes. Le personnage aime à se parer de
la </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">chape
</span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>abbatiale. Il
affecte d'en être particulièrement honoré. De-ci, de-là, on
l'entend appeler </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">Capet,
</span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>c'est-à-dire
"Hugues à la Chape". Ce surnom ne lui demeure pas, il est
vrai; mais il sera retenu par l'histoire en faveur de son fils</i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">»
(J. Calmette. </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Le
réveil capétien, </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">Paris,
Hachette, 1948, pp. 48-49).</span></span><br />
<br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">Ces
ressources permirent à Hugues le Grand de se maintenir face à ses
rivaux qui </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">rongeaient ce qui restait de la puissance des carolingiens
et en particulier du roi <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEii9XDxiFE45IZUsfbRWMtva_WdPO41jdILW63e6Xk9eJkfcDevD19VNllhCQ7JhuRVH_W8iPcmizeAktAI0DAfGglu_e5FcPGbRdQnqadYphpMccSSxXl7xzbnqLTOeJia9_9cII1nc_4g/h120/Couronnement_de_Louis_IV.jpg">Louis IV</a>. </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">«</span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>C'est
que, </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEii9XDxiFE45IZUsfbRWMtva_WdPO41jdILW63e6Xk9eJkfcDevD19VNllhCQ7JhuRVH_W8iPcmizeAktAI0DAfGglu_e5FcPGbRdQnqadYphpMccSSxXl7xzbnqLTOeJia9_9cII1nc_4g/s1600/Couronnement_de_Louis_IV.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="309" data-original-width="323" height="382" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEii9XDxiFE45IZUsfbRWMtva_WdPO41jdILW63e6Xk9eJkfcDevD19VNllhCQ7JhuRVH_W8iPcmizeAktAI0DAfGglu_e5FcPGbRdQnqadYphpMccSSxXl7xzbnqLTOeJia9_9cII1nc_4g/s400/Couronnement_de_Louis_IV.jpg" width="400" /></a></i></span></span></span>pour un groupe, la possession d'évêchés est une source de
puissance et de profit </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>considé-</i></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>rables. Outre le contrôle exercé sur
la popu-</i></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>lation, surtout à mesure que s'étend le réseau des
paroisses, ce sont les revenus de biens fonciers souvent très
étendus, l'autorité exercée de droit sur tous les établissements
religieux du diocèse, la disposition de contingents militaires, la
participation aux conciles dont les dispositions s'imposent à toute
la société. À quoi s'ajoutent, et ce n'est pas rien, les charismes
spirituels émanant de l'onction pontificale, la capacité
d'excommunication, l'inviolabilité de principe, l'influence et le
rayonnement liés au monopole de la culture savante</i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">»
(L. Theis. </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>L'avènement
d'Hugues Capet</i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">,
Paris, Gallimard, Col. Trente journées qui ont fait la France, # 4,
1984, p. 85).</span></span><br />
<br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">De
plus, Hugues avait hérité de cette portion de territoire, la </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>terra
Hugonis, </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">nom
donné </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">par </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">le chroniqueur Flodoard, à la région entre <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi5lhrdz9mvyOufVZs7cryMt5_iNmRjjl1ZWY3TDV3TmVxlf_gzBUWjuk18CFMN-O1kzhVJjrH1DHXulqHMfmMTBpWiDNxdHqc4Jc7o5h86VKzRUEvksfJMC29Yi7ocUAKOiS137XooBT7U/h120/290px-La_France_au_Xe_si%25C3%25A8cle.svg.png">Seine et Loire</a>. «</span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Doué
d'un remarquable </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>sens </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi5lhrdz9mvyOufVZs7cryMt5_iNmRjjl1ZWY3TDV3TmVxlf_gzBUWjuk18CFMN-O1kzhVJjrH1DHXulqHMfmMTBpWiDNxdHqc4Jc7o5h86VKzRUEvksfJMC29Yi7ocUAKOiS137XooBT7U/s1600/290px-La_France_au_Xe_si%25C3%25A8cle.svg.png" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="290" data-original-width="290" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi5lhrdz9mvyOufVZs7cryMt5_iNmRjjl1ZWY3TDV3TmVxlf_gzBUWjuk18CFMN-O1kzhVJjrH1DHXulqHMfmMTBpWiDNxdHqc4Jc7o5h86VKzRUEvksfJMC29Yi7ocUAKOiS137XooBT7U/s400/290px-La_France_au_Xe_si%25C3%25A8cle.svg.png" width="400" /></a></i></span></i></span></span></span>politique, Hugues "le Grand" va
élargir les assises de sa primauté au point d'appa-</i></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>raître un temps
comme l'arbitre des destinées de la royauté, et consolider encore
ce capital de puissance et d'influence grâce auquel son fils Hugues
Capet, prince pourtant sur le déclin, sera en mesure de se saisir du
trône et de la transmettre à sa descendance</i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">»
(Y. Sassier. </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Hugues
Capet, </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">Paris,
Fayard, Col. Pluriel, # 8521, 1987, p. 91). De cette portion de
territoire devait naître, en effet, le futur royaume de France.</span> </span><br />
<br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif">Bref, Hugues était dans une
excellente position pour jouer le rôle d'arbitre entre les
différentes familles du royaume des Francs, tributaires de leur
voisin, le Saint-Empire romain germanique tenu par la dynastie
ottonienne. C'est ainsi que «<i>profitant de l'ascendant qu'il
exerce sur le jeune roi, </i>(Louis IV)<i> Hugues le Grand s'attache
à établir un nouvel ordre institutionnel, à faire prévaloir
l'idée d'un gouvernement direct du royaume, non plus par le roi,
mais par lui-même en tant que chef de tous les Francs. Cela suppose
bien sûr une mise en tutelle de l'institution royale, ce qui semble
chose faite en 936. Mais cela suppose aussi qu'Hugues exerce une
primauté sur l'ensemble du </i>regnum Francorum, <i>impliquant une
suprématie sur tous les princes et autres grands du royaume</i>»
(Y. Sassier. ibid. p. 104).</span><br />
<br />
<div style="text-align: center;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"> </span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhT5iFiQWV3nP33CcHlLGWyosWx4Lafd5cD2U7G_xN8Y4IYMLcmaXAi3gpHZmCXOABSQASGdikftIX-2f3nZ3m5Eao2xIjhu4_dySYXbGEKfKMCBintDF-6YxnjVgFEcyAZAZh0HjZZpaQz/s1600/751px-G%25C3%25A9n%25C3%25A9alogie_Hugues_Capet.svg.png" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="487" data-original-width="751" height="259" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhT5iFiQWV3nP33CcHlLGWyosWx4Lafd5cD2U7G_xN8Y4IYMLcmaXAi3gpHZmCXOABSQASGdikftIX-2f3nZ3m5Eao2xIjhu4_dySYXbGEKfKMCBintDF-6YxnjVgFEcyAZAZh0HjZZpaQz/s400/751px-G%25C3%25A9n%25C3%25A9alogie_Hugues_Capet.svg.png" width="400" /></a></span></div>
<br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif">Non dépourvu de l'ambition que lui
donnaient ses possessions et ses richesses, il arriva à Hugues
de vouloir renverser la dynastie carolingienne de son pouvoir
qu'elle tenait directement de Charlemagne. Sa position pouvait devenir
facilement instable si des puissances voisines décidaient de se
coaliser contre lui. «<i>À ce moment, le prince de
Neustrie, deuxième personnage du royaume, est au faîte de sa
puissance. Abbé de </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgDk8IAd4d8oYxvlWWjKldtbwPszuDyabwEsf8rbI8R19PI3LUIFHyCO2CngZFS2OmiYqwNGb9neEsTVO5zw6eAS1QKzqrZbefWl8C5TeSOA8H9_dX5TX-85BU6YZKhn0MeisVFSr0NsJYV/s1600/Ottovonfreising.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="450" data-original-width="215" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgDk8IAd4d8oYxvlWWjKldtbwPszuDyabwEsf8rbI8R19PI3LUIFHyCO2CngZFS2OmiYqwNGb9neEsTVO5zw6eAS1QKzqrZbefWl8C5TeSOA8H9_dX5TX-85BU6YZKhn0MeisVFSr0NsJYV/s1600/Ottovonfreising.jpg" /></a>nombreux et riches monastères, maître effectif
de tous les comtés entre Paris et Angers, il domine en principe la
Normandie et la Bretagne, ainsi que la Bourgogne et l'Aquitaine que
le </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>roi lui a aussi concédées. Il a bien en main ses grands vassaux,
Foulque d'Angers et Thibaud de Tours. Songe-t-il à devenir roi? Qui
alors, parmi les plus puissants, n'y songeait pas? Mais qui, aussi,
n'était conscient de la formidable transgression qu'un tel acte
représentait? Ceux qui l'avaient osé s'en étaient généralement
mal trouvés. Le fait est qu'Hugues choisit alors d'exercer un
vigoureux principat. Louis paraissant retrouver en Normandie ce qui
lui était refusé en Lorraine, le duc des Francs s'en inquiéta. Le
roi tombé en juillet 945 dans une embuscade sur le bord de la Dive
fut capturé par un parti de Normands. Enfermé à Rouen, il passa
bientôt au pouvoir d'Hugues, qui le donna à garde à Thibaud de
Tours et de Chartres. </i>[...] <i>Mais cette fois l'abaissement est
excessif. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgDk8IAd4d8oYxvlWWjKldtbwPszuDyabwEsf8rbI8R19PI3LUIFHyCO2CngZFS2OmiYqwNGb9neEsTVO5zw6eAS1QKzqrZbefWl8C5TeSOA8H9_dX5TX-85BU6YZKhn0MeisVFSr0NsJYV/h120/Ottovonfreising.jpg">Otton</a>, alerté par sa sœur la reine Gerberge, fait savoir
à Hugues qu'il est allé trop loin. Le duc élargit alors le roi,
qui en échange lui remet la cité de Laon. Ainsi ce qu'Hugues
n'avait pas su conquérir par les armes, la trahison le lui obtient.
Le voilà, une dernière fois, faiseur de roi car, comme l'écrit
encore Flodoard. "Hugues restitua au roi Louis le nom et la
dignité de roi". La solidarité des rois, alors, se fit jour.
Entre août et novembre 946, Otton, Conrad de Bourgogne et Louis IV,
flanqué d'Arnoul de Flandre, mirent à mal les domaines robertiens
et la Normandie traîtresse </i>(L. Theis. <i>L'avènement d'Hugues
Capet</i>, Paris, Gallimard, Col. Trente journées qui ont fait la
France, # 4, 1984, pp. 129-130). </span><br />
<br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiHgiE0dELCmxgmDkwmDyspmYEh7dYpAJldgD7YogPeYi5S8xX2bUHpJjbx42Gq9i-gFGMtkmXIPmjO67_QYLhbdotH9U3HsxOBFENvMdH4RrayDJQ-0CeHdpqaPtffHXZBZuPvYa9EW8PY/h120/index.jpg">Hugues</a> était un habile négociateur
et tout en se voyant limité dans son action, il réussit à obtenir
des avantages qui faisaient qu'il aurait pu facilement débouter
Louis IV. Alors, pourquoi n'a-t-il pas sauter le pas qui aurait pu
faire de lui le roi de France? C'est ici que porte l'allusion de
Dante à son avarice : «<i>Si Hugues n'est pas devenu roi, ce
n'est pas, comme on a pu le croire, par hostilité des grands à
l'égard d'un retour de l'hérédité au </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>profit d'une nouvelle lignée
royale. Vraisemblablement, Hugues a lui-même refusé la royauté, et
la raison en est simple : comme l'a montré K. F. Werner, son
élection l'aurait obligé à </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiHgiE0dELCmxgmDkwmDyspmYEh7dYpAJldgD7YogPeYi5S8xX2bUHpJjbx42Gq9i-gFGMtkmXIPmjO67_QYLhbdotH9U3HsxOBFENvMdH4RrayDJQ-0CeHdpqaPtffHXZBZuPvYa9EW8PY/s1600/index.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="187" data-original-width="270" height="276" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiHgiE0dELCmxgmDkwmDyspmYEh7dYpAJldgD7YogPeYi5S8xX2bUHpJjbx42Gq9i-gFGMtkmXIPmjO67_QYLhbdotH9U3HsxOBFENvMdH4RrayDJQ-0CeHdpqaPtffHXZBZuPvYa9EW8PY/s400/index.jpg" width="400" /></a></i></span>gouverner selon la tradition royale,
c'est-à-dire à renoncer à posséder en propre les comtés et les
abbayes que, con-</i></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>formément à cette même tradition, son père Robert
lui avait abandonnés au moment de devenir roi. Or, contrairement à
Robert, contrairement aussi à Eudes, Hugues n'a ni frère ni fils à
qui confier ses </i>honores <i>et son commandement neustrien : il lui
faudrait disperser ceux-ci entre ses propres fidèles, ce qui
impliquerait l'éclatement et, à terme, la dislocation de la
puissance que représente alors la maison robertienne. Cela, Hugues
ne l'a pas voulu, et c'est probablement pour cette seule raison qu'il
n'est pas devenu roi, préférant laisser le champ libre à Raoul de
Bourgogne, son beau-frère, pour qui le problème ne se pose pas :
Raoul a plusieurs frères en âge de lui succéder à la tête de
la principauté bourguignonne, et c'est l'un d'eux, Hugues le Noir,
qui va recueillir l'intégralité de ses </i>honores» (Y. Sassier.
<i>Hugues Capet, </i>Paris, Fayard, Col. Pluriel, # 8521, 1987, pp.
89-90).</span><br />
<br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif">Hugues resta donc le <i>duc des
Francs, </i>refusant le titre qu'il préféra garder pour son fils.
Celui qui devait porter le nom de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiK2QlrehC7jn16bFzehpEDQkfHQXu8ZMxbZ30vCxav5Sowp5AiLwH27LbjmyT78qfjHvTa8M1vGCnHjYx17ONWHVCiJK0WN762zOE31i6ODAUVvZn-Yy0A8p4zZGFgG2zHAqoRVgXevBtv/h120/index.jpg">Hugues Capet</a>. On sait comment les
révolutionnaires de 1789 se servirent de ce nom comme sobriquet pour
humilier Louis XVI à son procès, le désignant </span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiK2QlrehC7jn16bFzehpEDQkfHQXu8ZMxbZ30vCxav5Sowp5AiLwH27LbjmyT78qfjHvTa8M1vGCnHjYx17ONWHVCiJK0WN762zOE31i6ODAUVvZn-Yy0A8p4zZGFgG2zHAqoRVgXevBtv/s1600/index.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="223" data-original-width="226" height="394" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiK2QlrehC7jn16bFzehpEDQkfHQXu8ZMxbZ30vCxav5Sowp5AiLwH27LbjmyT78qfjHvTa8M1vGCnHjYx17ONWHVCiJK0WN762zOE31i6ODAUVvZn-Yy0A8p4zZGFgG2zHAqoRVgXevBtv/s400/index.jpg" width="400" /></a></span></i></span></span>comme Louis Capet,
nom qui était oublié depuis long-</span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif">temps dans la famille des </span><span face=""segoe ui" , sans-serif">Bourbons.
À sa mort, on ne désigna plus sa femme, Marie-Antoinette, que comme <i>veuve </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Capet </i>et son </span><span face=""segoe ui" , sans-serif">héritier, Louis XVII, le petit Capet.
Aucun des frères de Louis XVI qui devaient rentrer en France en
1814, ne prirent ce nom. «<i>Seule la généalogie de Foigny </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>indique
qu'Hugues fut dit </i>Cappatus, <i>à cause de la cape du Christ
qu'il avait fait venir de Terre sainte. Sur ce surnom de Capet,
appelé à une si grande fortune, trois observations s'imposent.
D'abord, il apparaît assez tard, et très progressivement. Ensuite
il n'a pas servi à désigner le seul roi Hugues. Enfin il faut
attendre longtemps avant d'en trouver une explication. Il n'existe
aucun document du Xe siècle où quelque Hugues que ce soit, et il
n'en manquait pas, reçoive le sobriquet de Capet. Le premier, et
sans doute le seul au XIe siècle, Adémar de Chabannes, peu avant
1030, l'utilise pour désigner Hugues le Grand. Cette attribution du
surnom au père du roi reste en usage tout au long du Moyen Âge,
même chez les historiens les plus avertis. Ainsi vers 1250 encore,
Aubri de Trois-Fontaines rappelle que le roi Hugues était le fils
d'Hugo Cappatus, lui-même petit-fils du comte Robert d'Angers tué
par les Normands. Hugues Capet porte pour la première fois son nom,
semble-t-il, dans les annales de Saint-Amand, qui au début du XIIe
siècle reprennent sans doute une version plus ancienne. Ainsi
apparaît </i>Hugo Capest. <i>À partir des années 1130, le terme se
répand très largement, encore que, le plus souvent, Hugues soit
désigné par sa seule qualité de duc, plus rarement de comte de
Paris. Se trouve encore </i>Hugo Magnus, <i>à l'égal de son père,
au point que le roi puisse être nommé Hugues le Grand, fils
d'Hugues Capet</i>» (L. Theis. ibid. p. 221).<span style="font-style: normal;"> </span></span><br />
<br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">S'éloignant
du capétien, Dante et Virgile croisent un individu dont ils ne
s'attendaient pas à trouver la présence dans le cercle des
avaricieux. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjQG5_JiZp_bR2LHyrY6rg8zysk6BKZ4FaFs2xXGc-gBdcY5dDbmPaiECE52h768DmdQAKjVWnqOX40wuRk6tYkdQnvgReArJSTfJ4fUuye6YF56ECzeMQEjWAMCc9ZDl96IBKE7NE43n5a/h120/Publio_Papinio_Stazio.png">Stace</a>, un autre poète, contemporain de Virgile. Publius
Papinius Statius est né à Naples en 40 de notre ère et mort en 96.
De </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjQG5_JiZp_bR2LHyrY6rg8zysk6BKZ4FaFs2xXGc-gBdcY5dDbmPaiECE52h768DmdQAKjVWnqOX40wuRk6tYkdQnvgReArJSTfJ4fUuye6YF56ECzeMQEjWAMCc9ZDl96IBKE7NE43n5a/s1600/Publio_Papinio_Stazio.png" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="438" data-original-width="260" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjQG5_JiZp_bR2LHyrY6rg8zysk6BKZ4FaFs2xXGc-gBdcY5dDbmPaiECE52h768DmdQAKjVWnqOX40wuRk6tYkdQnvgReArJSTfJ4fUuye6YF56ECzeMQEjWAMCc9ZDl96IBKE7NE43n5a/s1600/Publio_Papinio_Stazio.png" /></a>lui ne survit que le témoignage de Juvénal qui mentionne au passage le succès rencontré par la <i>Thébaïde, </i>poème de Stace - l'<i>Achilliade </i>est resté inachevé, ce à quoi fait référence Stace lorsqu'il dit «<i>mais je tombai sur le chemin avec le second fardeau</i>» -, et ce qu'il en dit lui-même dans </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Les
Silves.</i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">
On sait que son père était originaire de Velia et qu'il avait perdu
sa fortune, le faisant déchoir de l'ordre équestre. Pour vivre, le
jeune poète s'installa donc comme grammairien à Naples, ce qui lui
laissait le temps de se consacrer à la poésie. Après Naples, Stace
alla s'installer à Rome en l'année troublée de 69 (l'année dite
des quatre empereurs : Néron, Galba, Othon, Vitellius). Il commença
à déclamer ses vers au public romain, rencontra une veuve
musicienne très impliquée dans la vie mondaine de la Cité,
Claudia, qu'il épousa. Mariage stérile qui força Stace à élever
et éduquer comme son propre fils un esclave affranchi, sans
toutefois l'adopter. À Rome, Stace mena une vie d'écrivain
professionnel et de poète de cour, étant introduit au palais
impérial sous Domitien. Souvent couronné lors de jeux poétiques,
il tomba malade à partir de 95, partageant son temps entre Rome et
Naples.</span></span><br />
<br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">Rien
pourtant ne le confirme, mais Dante pensait que <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhv68yDHrlyXJBAwilmG-LLrNguQ_zj0ezGceOOLYRkX2nnpv5akN-6-gVBNPbLFquXQ6v2-nPcFNeLLjaeISqGDaEfPH-nmbOFjMlu5QrOPDSNq0f1z1oSih2PC_O_1Vdeca9rpBXCzCYe/h120/stace.jpg">Stace</a> s'était
converti au christianisme, d'où le rôle qui sera le sien jusqu'à
la porte du Paradis. D'ailleurs, Virgile ne cache pas sa surprise de
le rencontrer : «</span><i>Peut-être crois-tu, parce que tu m'as
rencontré </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhv68yDHrlyXJBAwilmG-LLrNguQ_zj0ezGceOOLYRkX2nnpv5akN-6-gVBNPbLFquXQ6v2-nPcFNeLLjaeISqGDaEfPH-nmbOFjMlu5QrOPDSNq0f1z1oSih2PC_O_1Vdeca9rpBXCzCYe/s1600/stace.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="437" data-original-width="298" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhv68yDHrlyXJBAwilmG-LLrNguQ_zj0ezGceOOLYRkX2nnpv5akN-6-gVBNPbLFquXQ6v2-nPcFNeLLjaeISqGDaEfPH-nmbOFjMlu5QrOPDSNq0f1z1oSih2PC_O_1Vdeca9rpBXCzCYe/s1600/stace.jpg" /></a>dans le cercle des avares, que moi-même j'ai été avare
dans l'autre vie. Apprends donc que je fus au contraire trop éloigné
de l'avarice, et que la passion qui m'a tourmenté a été punie
pendant un grand nombre de révolutions lunaires. Moi aussi je
porterais les fardeaux énormes en tournant autour du cercle de
douleurs, si je n'avais pas dirigé ma conduite vers ces préceptes
que toi, qui es à moitié dans le séjour des tourments, tu donnas
aux mortels, quand tu dis : </i><span style="font-style: normal;">"O
faim insatiable de l'or, à quels excès ne portes-tu pas les cœurs
des hommes!"</span><i> Alors je pensai que les mains pouvaient
ne pas user des richesses avec sobriété, et je me repentis de cette
faute comme de toutes les autres</i><span style="font-style: normal;">».
La logique avec laquelle Stace justifie d'être mis au Purgatoire est
assez simple : «</span><i>Si donc je me trouve au milieu de ceux qui
pleurent leur avarice, j'y ai été jeté pour me purifier du péché
contraire</i><span style="font-style: normal;">». De fait, Stace est
le seul prodigue que les deux voyageurs rencontrent.</span></span><br />
<br />
<div style="break-before: page; font-style: normal; margin-bottom: 0cm; page-break-before: always;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">On
peut comprendre les raisons par lesquelles Dante crût à la
conversion de Stace. D'abord parce qu'on ne sait quand il mourût (on
ne sait pas s'il est mort en 96, on </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">manque seulement de document le
mentionnant après cette date), et que 96 coïncide </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEha1PIMRDRfOiUy9tReLg875-40Z04gRsee-crlMjaIIv7DApNZl3C7hTq1Al28y-zhyphenhyphenSoZC9MXtGv3mEpCGJK4cmTBrKHIEad_R-h4DdZLT5kmEHeHLIxuWGrp4B8bE15TQ5J4rPas1pDU/s1600/index.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="250" data-original-width="202" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEha1PIMRDRfOiUy9tReLg875-40Z04gRsee-crlMjaIIv7DApNZl3C7hTq1Al28y-zhyphenhyphenSoZC9MXtGv3mEpCGJK4cmTBrKHIEad_R-h4DdZLT5kmEHeHLIxuWGrp4B8bE15TQ5J4rPas1pDU/s400/index.jpg" width="323" /></a>avec la grande
persécution de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEha1PIMRDRfOiUy9tReLg875-40Z04gRsee-crlMjaIIv7DApNZl3C7hTq1Al28y-zhyphenhyphenSoZC9MXtGv3mEpCGJK4cmTBrKHIEad_R-h4DdZLT5kmEHeHLIxuWGrp4B8bE15TQ5J4rPas1pDU/h120/index.jpg">Domitien</a>, auprès duquel Stace s'était rendu.
L'enthousiasme du poète le porte à attribuer cette conversion à
Virgile : «</span><i>Par toi je fus poète; par toi je fus chrétien</i>
- lui dit Stace -<i>; mais afin que tu comprennes mieux cette image,
je donnerai un coup de pinceau plus marqué. Déjà le monde était
rempli de la vraie croyance semée par les messagers du royaume
éternel, et tes révélations répétées plus haut se rapportaient
à ce qu'annonçaient de nouveaux saints envoyés pour prêcher la
parole divine. Je m'accoutumai à les visiter; ils me parurent si
irréprochables, que quand Domitien les persécuta, mes pleurs
accompagnèrent leur supplice. Tant que je demeurai sur la terre, je
les secourus; enfin leurs mœurs droites et pures me firent mépriser
les autres sectes. Je reçus donc le baptême avant de conduire dans
mes vers les Grecs aux fleuves de Thèbes. Mais, par crainte, je fus
chrétien honteux, et je professai longtemps le paganisme : à cause
de cette tiédeur, le quatrième cercle m'a vu tourner pendant plus
de quatre siècles...</i><span style="font-style: normal;">»
Peut-être Dante voyait-il en Stace un précurseur de son propre
voyage initiatique?</span></span></div>
<div style="break-before: page; font-style: normal; margin-bottom: 0cm; page-break-before: always;">
<br /></div>
<div style="break-before: page; font-style: normal; margin-bottom: 0cm; page-break-before: always;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">Mais
en unissant prodigues et avarices dans le même cercle, nous devons
relever cet autre trait de génie de Dante, celui d'avoir remarqué, comme
dans le destin d'un Crassus par exemple, la jonction entre l'avarice
et la prodigalité; qu'il devait exister une continuité entre les
deux </span><i>vices </i><span style="font-style: normal;">contraires.
Stace le dit clairement : il a été précipité dans ce cercle afin
d'y être purifié</span><i> </i><span style="font-style: normal;">«</span><i>du
péché contraire</i><span style="font-style: normal;">». Double
péchés donc, et que les générations qui suivirent Dante purent
observer de façon que nous allons essayer de le faire.</span> </span></div>
<div style="break-before: page; font-style: normal; margin-bottom: 0cm; page-break-before: always;">
<br /></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">De vice, l'avarice se fait vertu lorsqu'on envisage de se constituer un royaume ou un empire. On
l'a vu pour <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiMiZCifl4gxcoC3ubJIY-dP7FDZel6akhPXSkeSGdsjShQMaQwVeO67EFFuu8VNPwgGYVQkKfS1MhlIAV7l5YD0euS26MxgxtzOYvd9FyPz8_gU_wAgOS5kOA1Ab-WHRuoch-MJcOAcsx3/h120/115500995_o.png">Crassus</a> comme pour Hugues le Grand, ce dernier ne
jugeant pas le temps venu, préféra retarder son accession en
plaçant son fils sur la succession au trône du royaume des Francs.
Hugues Capet lui-même devait faire de son fils un corégnant afin
d'assurer le passage tranquille de sa dynastie à la tête du
désormais royaume de France. La dynastie des Capétiens directs
devait durer jusqu'à la succession de Philippe le Bel, au début du
XIVe siècle, lorsque l'absence d'héritier mâle fit basculer la
dynastie devant la branche des Valois.</span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">L'avarice a fourni de nombreux
personnages à la littérature occidentale; des caractères peut-être
un peu trop souvent stéréotypés. De la <i>livre de chaire </i>que
réclame Shylock dans <i>Le Marchand de Venise, </i>de Shakespeare,
au Séraphin Poudrier de la télévision québécoise, </span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhGx94wpNAEoEj3xnWM3L-I_anINt37p7fAvuLfXq9prkMEgoMj6LtmlMjwqbCDZ0ORzof9dOMndqHmMwY5br73H69y1-2Kf_RNBkI_4OqEnRl3eCnb0JMAOD8v2RvlMxOcBnvZtDzBQmk9/s1600/images.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="175" data-original-width="288" height="243" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhGx94wpNAEoEj3xnWM3L-I_anINt37p7fAvuLfXq9prkMEgoMj6LtmlMjwqbCDZ0ORzof9dOMndqHmMwY5br73H69y1-2Kf_RNBkI_4OqEnRl3eCnb0JMAOD8v2RvlMxOcBnvZtDzBQmk9/s400/images.jpg" width="400" /></a>l'avare apparaît sous les traits
d'un homme impi-</span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif">toyable, laid, cruel... Shylock, bien que nous l'ayons rencontré dans le cercle de l'Enfer où se retrouvent les spéculateurs et les usuriers, sera ici notre premier portrait d'avare odieux.
Antonio, riche marchand de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhGx94wpNAEoEj3xnWM3L-I_anINt37p7fAvuLfXq9prkMEgoMj6LtmlMjwqbCDZ0ORzof9dOMndqHmMwY5br73H69y1-2Kf_RNBkI_4OqEnRl3eCnb0JMAOD8v2RvlMxOcBnvZtDzBQmk9/h120/images.jpg">Venise</a>, âme généreuse et chrétienne,
décide d'endosser le prêt d'une somme pour un ami à l'usurier juif
Shylock. Ce dernier ne cesse de verser sa bile sur les chrétiens et
la façon dont ils mènent leurs affaires, et cela vise précisément Antonio :</span><span face=""segoe ui" , sans-serif"> </span></div>
<div style="break-before: auto; font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: 2.06cm; page-break-before: auto;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">«<i>Comme il vous a l'air d'un
publicain flagorneur!</i></span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: 2.06cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Je le hais de ce qu'il est un
chrétien;</i></span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: 2.06cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Mais plus encor de ce que, vil
naïf,</i></span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: 2.06cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Il prête argent gratis et fait
baisser</i></span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: 2.06cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Le taux ici, parmi nous, dans
Venise.</i></span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: 2.06cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Si je le tiens une fois sur le
flanc</i></span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: 2.06cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>J'assouvirai sur lui ma vieille
haine...</i></span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: 2.06cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Il déteste notre saint peuple
et raille,</i></span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: 2.06cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Où les marchands s'agglutinent
le plus,</i></span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: 2.06cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Moi, mes contrats et mes gains
légitimes</i></span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: 2.06cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Qu'il nomme usure... Ah! maudit
soit mon peuple</i></span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: 2.06cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Si je pardonne!</i>» (Acte I,
sc. 3)</span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">Ce
riche usurier juif qui n'hésite pas à pratiquer des taux d'intérêts
déraisonnables et se montre acharné à recouvrer ses créances, est
devenu le stéréotype de l'usurier </span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi8hXuLDxOxcv5xd0d71ri1RcBCn2pXJ4VJmta1RndBK9ZfFKlCfnwz568hdwj9HR-xP0uxgMOV2TEX89o-lOWQpumNzseUObU7jXi3n1wUvPtIV3ace73AGQyqVf3XOYaQ2taeK3FDmySJ/s1600/crbst_portrait37.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="200" data-original-width="143" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi8hXuLDxOxcv5xd0d71ri1RcBCn2pXJ4VJmta1RndBK9ZfFKlCfnwz568hdwj9HR-xP0uxgMOV2TEX89o-lOWQpumNzseUObU7jXi3n1wUvPtIV3ace73AGQyqVf3XOYaQ2taeK3FDmySJ/s400/crbst_portrait37.jpg" width="286" /></a>malhonnête et mesquin.
Figure sombre appartenant au panthéon de l'antisémitisme, il faut
rappeler que du temps où Shakespeare vivait, les Juifs étaient
interdits de séjour en Angleterre depuis que le roi <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi8hXuLDxOxcv5xd0d71ri1RcBCn2pXJ4VJmta1RndBK9ZfFKlCfnwz568hdwj9HR-xP0uxgMOV2TEX89o-lOWQpumNzseUObU7jXi3n1wUvPtIV3ace73AGQyqVf3XOYaQ2taeK3FDmySJ/h120/crbst_portrait37.jpg">Édouard Ier</a>,
par un édit de 1290, les avait chassé de l'île sur laquelle ils ne
revinrent qu'avec l'autorisation de Cromwell, par un acte de 1656.
Aussi Shylock apparaît-il moins comme un caractère réel et
davantage comme une caricature, ne serait-ce qu'à la façon dont le
dramaturge le fait parler. Antonio, par une
insulte involontaire, lui rappelle son dégoût de l'usure qui recoupe le mépris de sa race :</span><span face=""segoe ui" , sans-serif"> </span><span face=""segoe ui" , sans-serif"> </span></div>
<div style="break-before: auto; font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: 2.06cm; page-break-before: auto;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">«<i>Shylock, encor que je ne prête
ni n'emprunte,</i></span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: 2.06cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Ne prenant ni ne donnant
d'intérêts,</i></span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: 2.06cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Pourtant, pour les pressants
besoins de mon ami</i></span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: 2.06cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Je romprai ma coutume...</i>»
(Acte I, sc. 3)</span></div>
<div style="break-before: auto; font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; page-break-before: auto;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">Ce qui permet de comprendre le
reproche amer formulé par Shylock : «<i>Il prête argent gratis et
fait baisser le taux...</i>»</span></div>
<div style="break-before: auto; font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; page-break-before: auto;">
<br /></div>
<div style="break-before: auto; font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm; page-break-before: auto;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjW_1a3hTlEgfGU1PVj5ci5aWZekHzK06gTHDdz_7751CXX3FvP_IChcm5wm5JBGZihNGlcWJ6H1z0MTBm2G0bO4oBDu291PWKJfoG-PeDItRnm6G_zNFAOzIlmmRJKTh0WfFmB5vbrtl_k/s1600/BRM_BMAG_1984P15-001.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="492" data-original-width="800" height="245" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjW_1a3hTlEgfGU1PVj5ci5aWZekHzK06gTHDdz_7751CXX3FvP_IChcm5wm5JBGZihNGlcWJ6H1z0MTBm2G0bO4oBDu291PWKJfoG-PeDItRnm6G_zNFAOzIlmmRJKTh0WfFmB5vbrtl_k/s400/BRM_BMAG_1984P15-001.jpg" width="400" /></a>Dès le départ, Shakes-</span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif">peare
présente l'animo-</span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif">sité entre les deux individus. Antonio est
arrogant; Shylock est rancunier. Il s'agit d'un véritable duel qui,
plutôt que l'épée, se déroule à travers un contrat légal. Au départ,
c'est bien Shylock qui dame le pion sur <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjW_1a3hTlEgfGU1PVj5ci5aWZekHzK06gTHDdz_7751CXX3FvP_IChcm5wm5JBGZihNGlcWJ6H1z0MTBm2G0bO4oBDu291PWKJfoG-PeDItRnm6G_zNFAOzIlmmRJKTh0WfFmB5vbrtl_k/h120/BRM_BMAG_1984P15-001.jpg">Antonio</a> :</span><span face=""segoe ui" , sans-serif"> </span></div>
<div style="break-before: auto; font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: 1.98cm; page-break-before: auto;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">«<i>Monseigneur Antonio, mainte et
souvente fois</i></span></div>
<div style="break-before: auto; font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: 1.98cm; page-break-before: auto;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Sur le Rialto vous m'avez
attaqué</i></span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: 1.98cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Pour mon argent et ce qu'il me
rapporte :</i></span></div>
<div style="break-before: auto; font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; page-break-before: auto; text-indent: 2.01cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>J'ai, calme, supporté d'un
haussement d'épaule,</i></span></div>
<div style="break-before: auto; font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; page-break-before: auto; text-indent: 1.98cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Car la patience est la marque de
notre peuple.</i></span></div>
<div style="break-before: auto; font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; page-break-before: auto; text-indent: 1.98cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Vous m'appelez mécréant et
chien d'étrangleur</i></span></div>
<div style="break-before: auto; font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; page-break-before: auto; text-indent: 1.98cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Et crachez sur ma caasque de
Juif,</i></span></div>
<div style="break-before: auto; font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; page-break-before: auto; text-indent: 1.96cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Tout cela parce que j'emploie ce
qui est mien...</i></span></div>
<div style="break-before: auto; font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: 1.93cm; page-break-before: auto; text-indent: 0.08cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Or il paraît que vous avez
besoin de moi;</i></span></div>
<div style="break-before: auto; font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; page-break-before: auto; text-indent: 2.01cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Voilà que vous venez à moi et
dites</i></span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; text-indent: 2.01cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>"Shylock, il nous faut de
l'argent" - ainsi vous dites!</i></span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; text-indent: 2.01cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Vous qui vidiez vos crachats sur
ma barbe,</i></span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; text-indent: 2.01cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Et me bottiez comme on chasse un
roquet intrus</i></span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; text-indent: 2.01cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Loin de son seuil - c'est de
l'argent que vous voulez.</i></span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; text-indent: 2.01cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Que vous répondre alors? Ne
devrais-je pas dire</i></span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; text-indent: 2.01cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>"Est-ce qu'un chien a de
l'argent? est-il possible</i></span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; text-indent: 2.01cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Au roquet de prêter trois mille
ducats?" ou</i></span></div>
<div style="break-before: auto; font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; page-break-before: auto; text-indent: 2.06cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Dois-je me courber bas et, sur
un ton servile,</i></span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; text-indent: 2.06cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>D'un souffle contenu dans un
humble murmure,</i></span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; text-indent: 2.06cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Dire ceci :</i></span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; text-indent: 2.06cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>"Vous crachiez sur moi
mercredi dernier, beau sire,</i></span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; text-indent: 2.06cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Me repoussiez du pied tel jour -
une autre fois</i></span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; text-indent: 2.06cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>M'appeliez chien et pour ces
courtoisies</i></span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; text-indent: 2.06cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Je vais vous prêter l'argent
que voici"? </i>(Acte I, sc. 3)</span></div>
<div style="break-before: auto; font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: 0.03cm; page-break-before: auto;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">Un tel réquisitoire va engager
Antonio à commettre la sottise qui le perdra :</span><span face=""segoe ui" , sans-serif"> </span><span face=""segoe ui" , sans-serif"> </span></div>
<div style="break-before: auto; font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: 2.04cm; page-break-before: auto;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">«<i>Je suis capable encor de te
nommer ainsi,</i></span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: 2.04cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>D'encor cracher sur toi, d'aussi
te repousser.</i></span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: 2.04cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Si tu veux nous prêter cet
argent, ne le prête pas</i></span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: 2.04cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Comme à tes amis - car l'amitié
tire-t-elle</i></span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: 2.04cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Un fruit du métal stérile de
son ami? -</i></span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: 2.04cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Mais prête-le plutôt comme à
ton ennemi</i></span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: 2.04cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Pour qui, s'il fait défaut, tu
peux d'un meilleur front</i></span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: 2.04cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Exiger châtiment</i>», (Acte I, sc. 3)</span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">Le prêt se fera donc entre ennemis
et c'est bien ainsi que l'entend Shylock :</span><span face=""segoe ui" , sans-serif"> </span></div>
<div style="break-before: auto; font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: 2.06cm; page-break-before: auto;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">«<i>Venez chez le notaire avec
moi, signez-moi</i></span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: 2.06cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Une simple reconnaissance et,
par boutade, </i></span>
</div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: 2.06cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Si vous ne me remboursez pas tel
jour, </i></span>
</div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: 2.06cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>En un tel endroit, la ou les
sommes qui seront</i></span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: 2.06cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Mentionnées au contrat, que le
dédit</i></span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: 2.06cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Se fixe à une livre exactement</i></span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: 2.06cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>De votre belle chair à découper
et prendre</i></span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: 2.06cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>En la partie de votre corps
qu'il me plaira</i>». (Acte I, sc. 3)</span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">De cette entente qui annonce le
troc qui lie le héros sadique à sa victime, l'ami, Bassanio,
comprend l'équivoque :</span><span face=""segoe ui" , sans-serif"> </span><span face=""segoe ui" , sans-serif"> </span></div>
<div style="break-before: auto; font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: 2.01cm; page-break-before: auto;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">«<i>Vous ne signerez pas pour moi
pareil billet,</i></span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: 2.01cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Je resterai plutôt dans ma
nécessité</i>». (Acte I, sc. 3)</span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">Or Antonio est certains de sa
chance et que ses navires arriveront à bon port avec la marchandise
qui, vendue, lui permettra de rembourser l'usurier. En retour Shylock
banalise le marché : «<i>Une livre de chair humaine ôtée d'un
homme/ N'est ni prisée ni profitable autant/ Que la chair des moutons,
bœufs ou chèvres...</i>»</span><br />
<br /></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">Évidemment, le mauvais sort s'en
mêle et les vaisseaux attendus par Antonio ne seront pas au port au
moment où vient l'échéance de la dette. L'une des tensions du
drame - mais elle n'est pas la seule - consiste à faire demander au
spectateur si Shylock ira jusqu'à arracher la livre de chair - le
cœur - d'Antonio s'il ne parvient à rembourser les 3 000 ducats.
Cette </span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg60RReVxAt9tBL9ZqbdYslDVwSSb1DeAbQ_Bl9U0JsUSgBpzAR6T72saij2rcb6lNi5_90vdAxpBQCcUCDpzP4KDyFJq4MQ54iKDSiPsw38IO-fDF6yoJZmRSPb9rwRILeNhYWRwQBAflT/s1600/Charles-Macklin-as-Shylock-by-Johann-Zoffany-1.jpg.webp" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="350" data-original-width="300" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg60RReVxAt9tBL9ZqbdYslDVwSSb1DeAbQ_Bl9U0JsUSgBpzAR6T72saij2rcb6lNi5_90vdAxpBQCcUCDpzP4KDyFJq4MQ54iKDSiPsw38IO-fDF6yoJZmRSPb9rwRILeNhYWRwQBAflT/s400/Charles-Macklin-as-Shylock-by-Johann-Zoffany-1.jpg.webp" width="342" /></a>tension s'accroît lorsque frustré, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg60RReVxAt9tBL9ZqbdYslDVwSSb1DeAbQ_Bl9U0JsUSgBpzAR6T72saij2rcb6lNi5_90vdAxpBQCcUCDpzP4KDyFJq4MQ54iKDSiPsw38IO-fDF6yoJZmRSPb9rwRILeNhYWRwQBAflT/h120/Charles-Macklin-as-Shylock-by-Johann-Zoffany-1.jpg.webp">Shylock</a> se lance dans un
monologue où domine un ressentiment terrible : «<i>Pour appâter le
poisson! Si ça ne nourrit rien d'autre, ça nourrira ma vengeance...
Il m'a couvert de honte et m'a frustré d'un demi-million, a ri de
mes pertes, s'est moqué de mes gains, a méprisé ma race, contrarié
mes affaires, refroidi mes amis, échauffé mes ennemis - et
pourquoi? Je suis Juif... Un Juif a-t-il pas des proportions, des
sens, des émotions, des passions? est-il pas nourri de même
nourriture, blessé des mêmes armes, sujet à mêmes maladies, guéri
par mêmes moyens, réchauffé et refroidi par même été, même
hiver, comme un chrétien? Si vous nous piquez, saignons-nous pas? Si
vous nous chatouillez, rions-nous pas? Si vous nous empoisonnez,
mourons-nous pas? Si vous nous faites tort, nous vengerons-nous pas?
Si nous vous ressemblons dans le reste, nous vous ressemblerons aussi
en cela... Si un Juif fait tort à un chrétien, où est l'humanité
de celui-ci? Dans la vengeance. Si un chrétien fait tort à un Juif,
où est la patience de ce dernier selon l'exemple chrétien? Eh bien,
dans la vengeance. La vilenie que vous m'enseignez je la pratiquerai
et ce sera dur, mais je veux surpasser mes maîtres». </i>(Acte III,
sc. 1). C'est dire que Shylock ne se laissera nullement fléchir par
les justifications d'Antonio. «<i>Je suis bien content, je le
tourmenterai, je le torturerai, je suis content de ça</i>». Toute
la méchanceté de Shylock tient à ce propos personnel, nonobstant les
raisons sociales, qui le font agir ainsi.</span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm;">
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiw1XtVu8eGtpEXIIC7mRAEKUeQle86fhv7lkcsrI5NYtGDnKCLSJc9y6z0e1WIm4ULi4jJin8JgcIxPJFw_1mmOyMRwM_nHugefMlt73JpIUjCD0qTjuoPnUGGoV6klm2-RXY6GcKQgicF/s1600/the-merchant-of-venice.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="750" data-original-width="1440" height="208" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiw1XtVu8eGtpEXIIC7mRAEKUeQle86fhv7lkcsrI5NYtGDnKCLSJc9y6z0e1WIm4ULi4jJin8JgcIxPJFw_1mmOyMRwM_nHugefMlt73JpIUjCD0qTjuoPnUGGoV6klm2-RXY6GcKQgicF/s400/the-merchant-of-venice.jpg" width="400" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
</div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">Devant l'inflexibilité de Shylock,
Antonio désespère. Le duc qui fait police, à son tour,
essaie de ramener Shylock à la raison. Peine perdue. Bassanio, a qui
a été confié le prêt, peut rembourser le double de la somme due.
Shylock ne veut rien entendre. Le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiw1XtVu8eGtpEXIIC7mRAEKUeQle86fhv7lkcsrI5NYtGDnKCLSJc9y6z0e1WIm4ULi4jJin8JgcIxPJFw_1mmOyMRwM_nHugefMlt73JpIUjCD0qTjuoPnUGGoV6klm2-RXY6GcKQgicF/h120/the-merchant-of-venice.jpg">procès</a> est ouvert; la cause oppose bien la vanité
blessée du Juif à l'arrogance du chrétien. Le juge (Portia, une travestie) appelé pour
rendre justice, reconnaît la validité du contrat et la réclamation
de Shylock :</span><span face=""segoe ui" , sans-serif"> </span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"> </span><span face=""segoe ui" , sans-serif"> </span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm; text-align: center;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">«Portia</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Mettez
donc à nu votre sein.</i></span> </blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm; text-align: center;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"> Shylock</span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"> <i>Oui, sa poitrine,</i></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Ainsi
dit le billet, n'est-ce pas, noble juge?</i></span></div>
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>"Au
plus près de son cœur", ce sont les propres termes.</i></span> </blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm; text-align: center;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"> Portia</span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEijd9HKI3db6mu2iKh553xGrhRrG-Zqftv4gRxLEbRvudzZMAA60xboFO08hUvltFLwX-VPmofc58BlmCpVfNrxKttK2-AVdkCnjNRXPSCGFFaz5W5smYrNeXA4OG8tdnb4LbDq9AE3DvZA/s1600/b771748e904e630a7ce24e5c8c9af36d.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="846" data-original-width="655" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEijd9HKI3db6mu2iKh553xGrhRrG-Zqftv4gRxLEbRvudzZMAA60xboFO08hUvltFLwX-VPmofc58BlmCpVfNrxKttK2-AVdkCnjNRXPSCGFFaz5W5smYrNeXA4OG8tdnb4LbDq9AE3DvZA/s400/b771748e904e630a7ce24e5c8c9af36d.jpg" width="308" /></a><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span face=""segoe ui" , sans-serif"></span></i></span>Oui.
Avez-vous ici une balance pour peser</i></span></div>
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>La
chair?</i></span> </blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm; text-align: center;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"> Shylock</span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"> <i>Je la tiens prête.</i></span></div>
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i> </i>(Il ouvre son manteau et
en sort la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEijd9HKI3db6mu2iKh553xGrhRrG-Zqftv4gRxLEbRvudzZMAA60xboFO08hUvltFLwX-VPmofc58BlmCpVfNrxKttK2-AVdkCnjNRXPSCGFFaz5W5smYrNeXA4OG8tdnb4LbDq9AE3DvZA/s1600/b771748e904e630a7ce24e5c8c9af36d.jpg">balance</a>.)</span> </blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm; text-align: center;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"> Portia</span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Prenez
un chirurgien, Shylock, à votre charge</i></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Pour
bander ses plaies et qu'il ne saigne à mourir.</i></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>.....</i></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Une
livre de chair du marchand est à toi :</i></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>La
cour le reconnaît et la loi te l'accorde....</i></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Et
vous devez tailler cette chair dans son sein,</i></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>La
loi vous l'accorde et la cour le reconnaît</i><span style="font-style: normal;">».
(Acte IV, sc. 1)</span></span></div>
</blockquote>
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">Et comme le dramaturge ne pouvait
laisser faire la chose horrible...<span style="font-style: normal;"></span><span style="font-style: normal;"> </span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"></span></span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm; text-align: center;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"> «Portia</span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Arrête
un peu, il y a autre chose.</i></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Ce
billet ne t'alloue pas un iota de sang.</i></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Les
propres termes sont : "une livre de chair".</i></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Prends
selon ton billet, prends ta livre de chair;</i></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Mais
en la taillant si tu fais couler</i></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Une
goutte de sang chrétien, tes terres et tes biens</i></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Sont
confisqués par les lois de Venise</i></span></div>
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Pour
l'État de Venise</i><span style="font-style: normal;">». (Acte IV,
sc. 1) </span></span></blockquote>
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">Ce
renversement prévisible - il s'agit d'une comédie, après tout! -
pose les deux sentiments négatifs de Shylock face à face : la
vengeance et l'avarice. Car Shylock gagne encore s'il accepte
l'argent que lui offre Bassanio, s'il accepte également le triple de
la quittance d'Antonio. Mais Portia interpelle Shylock :</span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"> </span></span></div>
<div style="break-before: auto; margin-bottom: 0cm; margin-left: 2.06cm; page-break-before: auto;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">«</span><i>Il
est prescrit dans les lois de Venise</i></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: 2.06cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Que
s'il est prouvé contre un étranger,</i></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: 2.06cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Que
par moyens directs ou indirects</i></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: 2.06cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Il
a cherché la mort d'un citoyen,</i></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: 2.06cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>La
partie contre laquelle il complote</i></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: 2.06cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Saisit
la moitié de ses biens, l'autre moitié</i></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: 2.06cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Revient
au trésor privé de l'État</i></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: 2.06cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Et
la vie de l'offenseur dépend de la grâce</i></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Du duc seul, qui a voix prépondérante</i>» (Acte IV, sc. 1)<i> </i></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhr8n_I7yc1eI-031JTiNosxRzu45ig5trDV1-UbcLmaA7ZGMSfeZ496S03tDjV_JUDugvR32f-n5FCgZrmT_2hdqVsU4JuDYV_LBSHtAL13fvWhyBg432iOFrStG6JodqGiGfDldZqGt8u/s1600/sf37426.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="999" data-original-width="1600" height="249" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhr8n_I7yc1eI-031JTiNosxRzu45ig5trDV1-UbcLmaA7ZGMSfeZ496S03tDjV_JUDugvR32f-n5FCgZrmT_2hdqVsU4JuDYV_LBSHtAL13fvWhyBg432iOFrStG6JodqGiGfDldZqGt8u/s400/sf37426.jpg" width="400" /></a>Ce
qui équivaut à ruiner to-</span></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">talement Shylock. Le duc garde la part
qui revient à l'État, mais Antonio accepte de laisser au Juif la
moitié de ses biens qui lui revenait par jugement. ...Et Shylock
sort de la pièce sous la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhr8n_I7yc1eI-031JTiNosxRzu45ig5trDV1-UbcLmaA7ZGMSfeZ496S03tDjV_JUDugvR32f-n5FCgZrmT_2hdqVsU4JuDYV_LBSHtAL13fvWhyBg432iOFrStG6JodqGiGfDldZqGt8u/s1600/sf37426.jpg">huée de la foule</a>.</span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">On
présente Shylock parfois sous son aspect dramatique (la querelle
avec sa fille) ou son aspect comique, comme dans cette dernière
scène. «</span><i>Le personnage de Shylock a suscité tant
d'interprétations différentes que, métamorphosé en Juif errant,
il a fait son chemin à travers mille thèses et études critiques.
Qu'il ait été ou pas le modèle du Fagin de Dickens, à la
différence de l'entrepreneur de Safron Hill, il ne risquait pas de
tomber dans la caricature; il est trop bouillant de vie et d'esprit,
d'une trop grande richesse linguistique pour devenir une simple
convention. C'est un personnage trop puissant, trop déroutant. On
croirait presque que Shakespeare a voulu construire un type
d'individu en butte aux préjugés conventionnels face à une race
étrangère, mais qu'il se révéla incapable de s'y attacher,
incapable de se résoudre à créer un stéréotype. </i><span style="font-style: normal;">[...]
</span><i>Le discours et l'apparence de Shylock poussaient
Shakespeare à aller de l'avant sans savoir vraiment dans quelle
direction il allait. C'est peut-être la raison pour laquelle, comme
tant de ses personnages, Shylock échappe à toute interprétation.
Il se situe au-delà du bien et du mal. C'est tout simplement une
merveilleuse création scénique, hors normes</i><span style="font-style: normal;">»
(P. Ackroyd. </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgJIyB_4nUp32KYCy4ZrR1dQ9R5a1JVNQeoup70Wpdepu114cEmAYvR2oBiVnW0trZ5jP5uTbXCHM-UUnfxZRY1Iv0l4R9afpFdaSe_Tal7m-UaKoq4uEzWcffCryqRcgbSPUskYh7iorY0/s1600/le_marchand_de_venise-4.jpg.webp" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="266" data-original-width="400" height="265" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgJIyB_4nUp32KYCy4ZrR1dQ9R5a1JVNQeoup70Wpdepu114cEmAYvR2oBiVnW0trZ5jP5uTbXCHM-UUnfxZRY1Iv0l4R9afpFdaSe_Tal7m-UaKoq4uEzWcffCryqRcgbSPUskYh7iorY0/s400/le_marchand_de_venise-4.jpg.webp" width="400" /></a>Shakes-</i></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>peare, </i><span style="font-style: normal;">Paris,
Seuil, Col. Points, # P1986, 2006, pp. 412-413). Le succès de cette
invention poétique a poussé même la postérité à confondre la
pièce elle-même. «</span><i>...pourquoi le personnage de Shylock
domine-t-il la comédie au point que la plupart des lecteurs et des
spectateurs sont persuadés (à tort) que c'est lui qui est le
marchand de Venise? Aujourd'hui encore, lorsqu'on s'aperçoit que le
titre de la pièce fait référence à <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgJIyB_4nUp32KYCy4ZrR1dQ9R5a1JVNQeoup70Wpdepu114cEmAYvR2oBiVnW0trZ5jP5uTbXCHM-UUnfxZRY1Iv0l4R9afpFdaSe_Tal7m-UaKoq4uEzWcffCryqRcgbSPUskYh7iorY0/h120/le_marchand_de_venise-4.jpg.webp">Antonio</a>, le marchand chrétien,
on continue à entretenir cette confusion - sans qu'il s'agisse à
proprement parler d'une erreur, car c'est bien le Juif qui est au
centre de la pièce</i><span style="font-style: normal;">» (S.
Greenblatt. </span><i>Will le Magnifique, </i><span style="font-style: normal;">Paris,
Flammarion, Col. Champs, 2016, p. 343) Peut-être pour la raison
évoquée plus haut par Ackroyd : parce que le stéréotype de
Shylock s'est confondu avec celui du </span><i>Juif errant</i><span style="font-style: normal;">?</span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"></span></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"></span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">Greenblatt
montre à quel point Shylock a tracé son chemin dans une pièce
dramatique aux rebonds complexes. Comme dans la plupart des pièces
de Shakespeare, «Le Marchand de Vensie </span><i>regorge de
personnages tous plus fascinants les uns que les autres : un jeune
homme </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjouuS9zC83az2BCA_WHxyuZtOHMTGKEXgAs1X52xI0AMLip42SHorBH1ONZkYgMzojAKBqQ8bQuH0OUKBvYTfDGwnH6ib5kSCtwzypvPA7mIiNNSmPATDCfvsejnUYSdS5nVIUkVfScMhZ/s1600/41c3aea29441634f76160a50ab389f11.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="455" data-original-width="500" height="363" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjouuS9zC83az2BCA_WHxyuZtOHMTGKEXgAs1X52xI0AMLip42SHorBH1ONZkYgMzojAKBqQ8bQuH0OUKBvYTfDGwnH6ib5kSCtwzypvPA7mIiNNSmPATDCfvsejnUYSdS5nVIUkVfScMhZ/s400/41c3aea29441634f76160a50ab389f11.jpg" width="400" /></a>désar-</i></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>genté mais d'une grande beauté se cherche une épouse
fortunée, un riche marchand mélanco-</i></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>lique se consume d'amour pour
ledit jeune homme, pas moins de trois jeunes femmes se travestissent
en homme, un </i><span style="font-style: normal;">clown </span><i>malicieux
et son comparse d'une drôlerie irrésistible, deux princes,
l'exotique Maroc et le ridicule Aragon... Mais c'est le personnage de
Shylock qui frappe les esprits, et pas seulement parce qu'il a le
mauvais rôle : l'attention se concentre sur lui car il semble doté
d'une vitalité supérieure à celle de tous les autres</i><span style="font-style: normal;">»
(S. Greenblatt. ibid. p. 343). Et
cette </span><i>vitalité supérieure </i><span style="font-style: normal;">est
nourrie de l'avarice qui bouille en Shylock tout au long de la pièce
et qui se voit mêlée avec d'autres sentiments (le ressentiment
contre les chrétiens, la lutte contre sa fille qui entend se
convertir pour se marier avec un chrétien, etc.) qui l'enrobent. C'est la scène où le domestique de Shylock, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjouuS9zC83az2BCA_WHxyuZtOHMTGKEXgAs1X52xI0AMLip42SHorBH1ONZkYgMzojAKBqQ8bQuH0OUKBvYTfDGwnH6ib5kSCtwzypvPA7mIiNNSmPATDCfvsejnUYSdS5nVIUkVfScMhZ/h120/41c3aea29441634f76160a50ab389f11.jpg">Tubal</a>, lui annonce :</span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"> </span></span><br />
<blockquote class="tr_bq">
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm; text-align: center;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"> «Tubal</span></span></div>
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Votre
fille a dépensé à Gênes, dit-on, en une nuit quatre-vingts
ducats.</i></span> </blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm; text-align: center;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"> Shylock</span></div>
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Tu
enfonces un poignard en moi. Je ne reverrai jamais mon or -
Quatre-vingts ducats d'un coup! Quatre-vingts ducats!</i></span> </blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm; text-align: center;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"> Tubal</span></span></div>
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Sont
venus avec moi à Venise maints créanciers d'Antonio qui jurent
qu'il ne peut que faire faillite.</i></span> </blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm; text-align: center;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"> Shylock</span></div>
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>J'en
suis bien content, je le tourmenterai, je le torturerai, je suis
content de ça.</i></span> </blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm; text-align: center;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"> Tubal</span></div>
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>L'un
d'eux m'a montré une bague qu'il eut de votre fille pour un singe.</i></span> </blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm; text-align: center;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"> Shylock</span></div>
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Qu'elle
soit au diable! tu me tortures, Tubal - c'était ma turquoise - je
l'eus de Léa quand j'étais garçon : je ne l'aurais pas donnée
pour une forêt de singes.</i></span> </blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm; text-align: center;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"> Tubal</span></div>
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Mais
Antonio est sûrement ruiné.</i></span> </blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm; text-align: center;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"> Shylock</span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Ah!
oui, c'est vrai, c'est bien vrai, va, Tubal, engage-moi un exempt,
retiens-le quinze jours d'avance. Je lui arracherai le cœur s'il
fait défaut, car s'il n'était plus à Venise je pourrais faire les
affaires que je veux...</i><span style="font-style: normal;">» (Acte
III, sc. 2)</span></span></div>
</blockquote>
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">Et
Greenblatt de commenter : «</span><i>De telles scènes sont le
propre de la comédie et peuvent être jouées de manière à
susciter les rires, mais l'angoisse qui monte ici les étouffe. Le
spectateur voit la souffrance du personnage de bien trop près pour y
rester indifférent. Assailli par ces répétitions, il ne peut
conserver le recul nécessaire pour s'amuser et rire. </i><span style="font-style: normal;">[...]
</span><i>À nouveau Shylock pleure la perte de ses bijoux, mais
soudain la douleur s'approfondit et les rires s'étranglent, comme si
la bague ne représentait plus la richesse dérobée au personnage
mais un morceau de son cœur même</i><span style="font-style: normal;">»
(S. Greenblatt. ibid. pp. 380 et 381).</span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">Autre
anticipation sur les répliques d'Harpagon, ce dialogue de deux valets des marchands :</span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"> </span></span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm; text-align: center;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"> «Solanio</span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Jamais
je n'entendis fureur si embrouillée</i></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Ni
si étrange, exacerbée, incohérente</i></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Que
celle exhalée par ce chien juif dans les rues.</i></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>"Ma
fille! ô mes ducats! ô ma fille!</i></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Enfuie
avec un chrétien! Mes ducats chrétiens!</i></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Justice!
loi! mes ducats, et ma fille!</i></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Un
sac scellé, deux sacs scellés pleins de ducats,</i></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>De
doubles ducats, volés à moi par ma fille!</i></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Et
des pierres - deux joyaux, deux joyaux de prix</i></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Volés
par elle! Justice! trouvez la garce!</i></span></div>
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Elle
a des joyaux sur elle, aussi les ducats!</i></span> </blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm; text-align: center;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"> Salério</span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">«<i>De fait, tous les gamins le
suivent dans Venise</i></span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>En criant ses joyaux sa fille et
ses ducats</i>» (Acte 2, sc. 8).</span></div>
</blockquote>
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.08cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">Il
s'agissait déjà de la rivalité inter-générationnelle qui opposera
Harpagon à ses deux enfants. Comme tant de barbons des pièces de
Molière, «</span><i>Shylock incarne le rabat-joie conventionnel des
comédies de sentiment : sourd à la musique, ennemi des plaisirs, il
s'oppose aux amours juvéniles. Mais il représente bien plus que le
stéréotype de père tyrannique et possessif que doivent vaincre les
forces de la jeunesse : "Shylock le Juif", comme l'indique
la page de titre du </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgz_4saql1Bk_qT8Zt83GxpmqSwhpaJ4bkFKWMqWKzYHJM1SNArCF9tanGdwonpad5yXKOZzNsqQ6lPj_gkJtuOYKF8GdSqgM2IK9HZmujJ2oytsZBHQzRoAodQT2O-kwgpQtW5eW1tZsu8/s1600/2400.jpg.webp" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="420" data-original-width="700" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgz_4saql1Bk_qT8Zt83GxpmqSwhpaJ4bkFKWMqWKzYHJM1SNArCF9tanGdwonpad5yXKOZzNsqQ6lPj_gkJtuOYKF8GdSqgM2IK9HZmujJ2oytsZBHQzRoAodQT2O-kwgpQtW5eW1tZsu8/s400/2400.jpg.webp" width="400" /></a>premier </i><span style="font-style: normal;">quarto,
</span><i>est un homme "d'une cruauté extrême", le
repré-</i></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>sentant inflexible de l'ancienne </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Loi, l'étranger <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgz_4saql1Bk_qT8Zt83GxpmqSwhpaJ4bkFKWMqWKzYHJM1SNArCF9tanGdwonpad5yXKOZzNsqQ6lPj_gkJtuOYKF8GdSqgM2IK9HZmujJ2oytsZBHQzRoAodQT2O-kwgpQtW5eW1tZsu8/h120/2400.jpg.webp">meurtrier</a>
sans remords, aigri et implacable qui menace le bonheur de toute la
cité. Il est condamné par le tribunal non pas en tant que Juif mais
en tant que non-Vénitien, et contraint de rejoindre la communauté
vénitienne, sous les sarcasmes de Graziano qui ne laissent planer
aucun doute : comme l'avait écrit Camden au sujet de Lopez le
converti, Shylock le nouveau baptisé serait toujours "un homme
de religion juive". La conversion de Shylock est donc une mise à
mort symbolique, dénouement approprié pour la comédie</i><span style="font-style: normal;">»
(S. Greenblatt. ibid. p. 374). En fait, ceci découle bien de cela,
comme la tradition littéraire occidentale allait le justifier. C'est
bien de l'avarice de Shylock - et non de son état marginal - que
découlent les ressentiments qu'il ressent devant l'arrogance
d'Antonio et de ses serviteurs impitoyables; de la désertion de sa
fille qui emporte avec elle ses ducats et ses bijoux. Enfin de sa
conversion forcée qui, d'ailleurs, n'est autrement que factice afin de sauver ce qui reste de ses biens.</span></span><br />
<br /></div>
</div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; text-align: justify;">
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh5vtpfT4UEoWg0b758q5-vAZ8HSCFEhjnlJPpHh_Q6iAlyP0TpP-Fp43yBCu0Zy5uvCMo__tPmj9e28T3izRIDnsdEls06r8-4ZhGvUIUFn-MbsgoP8tI2IW6CT86R2CgZIQuLcrwoQ2x7/s1600/280px-Harpagon_Pouget.jpg">Harpagon</a>,
lui, est proprement vicieux. Son avarice le dévore et on ne peut lui
trouver aucune justification sinon que la passion même de la
possession de l'argent et des biens. Harpagon </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">est à la limite du
sociopathe. Le ridicule dont le revêt Molière en vient à faire
oublier sa </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh5vtpfT4UEoWg0b758q5-vAZ8HSCFEhjnlJPpHh_Q6iAlyP0TpP-Fp43yBCu0Zy5uvCMo__tPmj9e28T3izRIDnsdEls06r8-4ZhGvUIUFn-MbsgoP8tI2IW6CT86R2CgZIQuLcrwoQ2x7/s1600/280px-Harpagon_Pouget.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="383" data-original-width="280" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh5vtpfT4UEoWg0b758q5-vAZ8HSCFEhjnlJPpHh_Q6iAlyP0TpP-Fp43yBCu0Zy5uvCMo__tPmj9e28T3izRIDnsdEls06r8-4ZhGvUIUFn-MbsgoP8tI2IW6CT86R2CgZIQuLcrwoQ2x7/s400/280px-Harpagon_Pouget.jpg" width="291" /></a>monstruosité qui atteint même ses propres enfants : «</span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Car
enfin peut-on rien voir de plus cruel que cette rigoureuse épargne
qu'on exerce sur nous, que cette sécheresse étrange où l'on nous
fait languir? Et que nous servira d'avoir du bien, s'il ne nous vient
que dans le temps que nous ne serons plus dans le bel âge d'en
jouir; et si, pour m'entretenir même, il faut que maintenant je
m'emgage de tous côtés, si je suis réduit avec vous à chercher
tous les jours le secours des marchands pour avoir moyen de porter
des habits raisonnables? </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">[...]
</span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Je fais chercher
partout pour ce dessein de l'argent à emprunter; et si vos affaires,
ma sœur, sont semblables aux miennes, et qu'il faille que notre père
s'oppose à nos désirs, nous le quitterons là tous deux, et nous
affranchirons de cette tyrannie où nous tient depuis si longtemps
son avarice insupportable</i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">»
(Acte I, sc. 3). Cette monstruosité va même jusqu'à faire
surgir chez son fils Cléanthe, cette malédiction filiale : «</span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Voilà
où les jeunes gens sont réduits par la maudite avarice des pères;
et on s'étonne après cela que les fils souhaitent qu'ils meurent</i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">».
(Acte II, sc. 1). </span></span>
</div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">Car
Molière, comme toujours, oppose le sentiment positif de l'amour à
celui, négatif, du vice - ici l'avarice, mais ailleurs l'hypocrisie
religieuse, la vanité de la séduction, le renfrognement </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhdKlk1Ai6Mmfz23NUVStDJZlY4LuJd9qBm3fJg3rQIKz9AfmZqa7NiG-Bql7bH0rPOHdHUo5yLGvm1cM1JfH_A8dJj49dmm-c7PooWYYHB67n5FRrv50qfWnwaCC3hERckbzDfWIdWNA4F/s1600/images.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="195" data-original-width="259" height="301" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhdKlk1Ai6Mmfz23NUVStDJZlY4LuJd9qBm3fJg3rQIKz9AfmZqa7NiG-Bql7bH0rPOHdHUo5yLGvm1cM1JfH_A8dJj49dmm-c7PooWYYHB67n5FRrv50qfWnwaCC3hERckbzDfWIdWNA4F/s400/images.jpg" width="400" /></a>du
misanthrope, les médecins, mar-</span></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">chands et autres arrivistes -, afin de
dresser un contraste entre les fils et filles dignes des pères
indignes qui sont, pourtant, leurs géniteurs. Le procès de
l'avarice est donc dressé par <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhdKlk1Ai6Mmfz23NUVStDJZlY4LuJd9qBm3fJg3rQIKz9AfmZqa7NiG-Bql7bH0rPOHdHUo5yLGvm1cM1JfH_A8dJj49dmm-c7PooWYYHB67n5FRrv50qfWnwaCC3hERckbzDfWIdWNA4F/s1600/images.jpg">Cléante</a> contre Harpagon qui convoîte
en mariage la même fille à laquelle soupire son fils. Évidemment,
l'objet de cette compétition, Marianne, est amoureuse du fils, mais
elle serait prête à céder au mariage d'affaires si le sort de sa
mère en dépendait. Au sein de cette impasse, encore une fois, Molière
va jouer des quiproquos, des bastonnades, des renversements soudains
et autres </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>deus ex
machina. </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">L'affaire
des fiançailles n'en est qu'une de plus pour étaler tous les côtés
sordides de l'avaricieux. Mais de quel triste monstre Poquelin a-t-il
pu s'inspirer pour tracer ce portrait qui, après le pathétique
Shylock, nous fait rencontrer Harpagon?</span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm;">
<i><span face=""segoe ui" , sans-serif">L'Avare
</span></i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">de
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhBWzpmCB-DtgwqnZV_V165h-H92qhGbS3F1sjYFQaR7nqHq11OVFI7mKN5BJ7aYBwCyCoTSGtQ7NNH975bcUZWnev74nf8UfMJ0sxoBizelcvpeEjak2IUQ7DXI9n9CBdQJkpfEtH7MOxX/h120/Moli%25C3%25A8re_Mignard.png">Molière</a> est inspiré de </span></span><i><span face=""segoe ui" , sans-serif">La
marmite </span></i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">de
Plaute comme </span></span><i><span face=""segoe ui" , sans-serif">Le Marchand de Venise </span></i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">le
fût </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhBWzpmCB-DtgwqnZV_V165h-H92qhGbS3F1sjYFQaR7nqHq11OVFI7mKN5BJ7aYBwCyCoTSGtQ7NNH975bcUZWnev74nf8UfMJ0sxoBizelcvpeEjak2IUQ7DXI9n9CBdQJkpfEtH7MOxX/s1600/Moli%25C3%25A8re_Mignard.png" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="288" data-original-width="220" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhBWzpmCB-DtgwqnZV_V165h-H92qhGbS3F1sjYFQaR7nqHq11OVFI7mKN5BJ7aYBwCyCoTSGtQ7NNH975bcUZWnev74nf8UfMJ0sxoBizelcvpeEjak2IUQ7DXI9n9CBdQJkpfEtH7MOxX/s400/Moli%25C3%25A8re_Mignard.png" width="305" /></a>du </span></span><i><span face=""segoe ui" , sans-serif">Juif de
Malte </span></i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">de
Christopher Marlowe. Malgré tout, les pièces de Shakespeare et de
Molière sont mieux structurées, avec un développement
original et inspirées probablement d'expériences personnelles. C'est ainsi qu'on s'est souvent interrogé à savoir qui
avait pu inspirer, dans l'entourage de Molière, le modèle
d'Harpagon. Longtemps on pensa qu'il s'agissait de Jean II Poquelin,
le père de Molière, mais il faudrait plutôt miser sur un ensemble d'autres petits faits. «</span></span><i><span face=""segoe ui" , sans-serif">Pour
une histoire de "deux rubans verts brodés d'or et d'argent,
l'un en satin, l'autre en drap vert", donnés en caution d'un
prêt de deux cent quatre-vingt-onze livres, une dame Levé
poursuivit Molière jusqu'à son retour de province. Une prêteuse à
gages, Antoinette Simoni, avait assigné les comédiens et fait
saisir les plus beaux costumes de la troupe après la dispersion de
l'Illustre-Théâtre, en remboursement d'un prêt usuraire de cinq
cent vingt-sept livres. Enfin Molière avait été jeté en prison,
rappelons-le, pour une note à payer de cent cinquante-cinq livres.
Il passa une partie de sa vie à payer les dettes de
l'Illustre-Théâtre</span></i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">»
(A. Simon. </span></span><i><span face=""segoe ui" , sans-serif">Molière,
</span></i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">Paris,
Seuil, 1995, pp. 384-385).</span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">Aux
yeux d'Alfred Simon, «</span></span><i><span face=""segoe ui" , sans-serif">Harpagon
s'enlise dans le bric-à-brac d'une vie domestique à la fois
confinée et disloquée par son vice </span></i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">[...]
</span></span><i><span face=""segoe ui" , sans-serif">Ce côté
renfermé, poussiéreux, sorde, encourage les commentateurs et les
metteurs en scène à multiplier les rapprochements entre la pièce
de Molière et les romans de Balzac</span></i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">»
(A. Simon. ibid. pp. 385-386). Comment prendre l'inclination
amoureuse d'Harpagon? «</span></span><i><span face=""segoe ui" , sans-serif">Au
départ, l'amour d'Harpagon pour Marianne n'est rien d'autre : </span></i><i><span face=""segoe ui" , sans-serif">attachement lubrique d'un vieillard à une chair jeune. Il ne lui dit
pourtant aucune de ces gaillardises habituelles aux barbons. Il
s'empêtre même dans un compliment galant... La passion d'Harpagon
est triste et dévorante. Le public rit surtout des lazzis dont
Molière parsème le jeu dans ces scènes. Si Gœthe a pu parler de
"tragique" et de "grandeur" à son </span></i><i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjfPmXfc8-z8vX0LRBRY_SbHisKNggeeVI3Ibe4orxxr-0riPilWh7Gt7t5SbtLd1-7D07DvnfOt2i8uqw7jVa_px9hVkdjYDI2InMj3xQhjrFBRTF_KvY6FfQUlqIY5KVVpoOPUF8i5opd/s1600/838_079_img0800092213.webp" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="550" data-original-width="838" height="262" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjfPmXfc8-z8vX0LRBRY_SbHisKNggeeVI3Ibe4orxxr-0riPilWh7Gt7t5SbtLd1-7D07DvnfOt2i8uqw7jVa_px9hVkdjYDI2InMj3xQhjrFBRTF_KvY6FfQUlqIY5KVVpoOPUF8i5opd/s400/838_079_img0800092213.webp" width="400" /></a></span></i>sujet, c'est
que le vice de l'Avare détruit toute humanité en lui et autour de
lui. Molière ne lui pardonne pas de mettre en danger le bonheur des
jeunes, pis, de corrompre leur jeunesse. Tous sont détériorés
comme dans </span></i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">George
Dandin, </span></span><i><span face=""segoe ui" , sans-serif">à ceci
près que le mal est ici plus sournois. L'ambiguïté des conduites
et des propos, le cynisme de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjfPmXfc8-z8vX0LRBRY_SbHisKNggeeVI3Ibe4orxxr-0riPilWh7Gt7t5SbtLd1-7D07DvnfOt2i8uqw7jVa_px9hVkdjYDI2InMj3xQhjrFBRTF_KvY6FfQUlqIY5KVVpoOPUF8i5opd/h120/838_079_img0800092213.webp">Cléante</a>, l'irrespect d'Élise,
l'hypocrisie tactique de Valère, la louche ingénuité de Marianne,
n'apparaissent qu'aux lecteurs et aux spectateurs les plus attentifs.
Les autres les prennent pour de bonnes âmes. Valère, qui finit en
gentilhomme, s'est conduit en intrigant et en aventurier</span></i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">».
(A. Simon. ibid. pp. 386-387).</span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm;">
<i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg6ggCVF05s_e_5Bb4c8Km_5nnu-ILle6WkDh2ra8EkTjv0woG9tDnMtHj9xL9x-lkxuGbYQbVauMFUMQeOrJ6gtxb32rRp75kxed7RtRcacrmE8aSXajNv2pgy8AzvuuubNp8cwZB3mNQ_/h120/220px-Avare.jpg">L'Avare</a>
</span></i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">est
une pièce qu'il est possible d'aborder de plusieurs façons. Si
longtemps on a placé l'avarice dès le début de l'intrigue,
d'aucuns l'ont repoussée vers la fin : «</span></span><i><span face=""segoe ui" , sans-serif">comment
son veuvage change brutalement un brasseur d'affaires en ladre, sous
l'effet du vieillissement et de </span></i><i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg6ggCVF05s_e_5Bb4c8Km_5nnu-ILle6WkDh2ra8EkTjv0woG9tDnMtHj9xL9x-lkxuGbYQbVauMFUMQeOrJ6gtxb32rRp75kxed7RtRcacrmE8aSXajNv2pgy8AzvuuubNp8cwZB3mNQ_/s1600/220px-Avare.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="390" data-original-width="220" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg6ggCVF05s_e_5Bb4c8Km_5nnu-ILle6WkDh2ra8EkTjv0woG9tDnMtHj9xL9x-lkxuGbYQbVauMFUMQeOrJ6gtxb32rRp75kxed7RtRcacrmE8aSXajNv2pgy8AzvuuubNp8cwZB3mNQ_/s400/220px-Avare.jpg" width="225" /></a>la solitude. </span></i><span face=""segoe ui" , sans-serif">L'Avare</span><i><span face=""segoe ui" , sans-serif"> devient
l'aboutissement naturel de ces veufs remariés à des femmes
jeunes... La vieillesse révèle Harpagon à lui-même en le
changeant en avare et en barbon lubrique</span></i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">»
(p. 387). Pour cette raison peut-on voir, tout au long de la pièce,
qu'</span></span><i><span face=""segoe ui" , sans-serif">«il y a dans
le personnage d'Harpagon une crispation constante. Ce n'est pas </span></i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">-
ou ce n'est plus - </span></span><i><span face=""segoe ui" , sans-serif">un
homme normal; il évolue à la lisière de la folie. Il porte à son
argent un sentiment si entier qu'il ne reste en lui aucune
possibilité de faiblesse. </span></i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">[...]
</span></span><i><span face=""segoe ui" , sans-serif">Harpagon a le cœur
parfaitement sec. Il n'a qu'une hâte, celle d'être délivré de ses
enfants dont l'entretien lui coûte trop cher. Il parvient, en raison
même de ses outrances, à n'être plus qu'un symbole; il additionne
et il résume les travers de son espèce. Ce qui pouvait être un
défaut irrattrapable se change en qualité, car Harpagon tire vie,
non de lui-même, mais des vies éparpillées de ses émules, des
attitudes et des expressions qu'il emprunte à chacun d'eux. Sa
présence un peu hallucinante est faite d'ombres que l'on devine, de
souvenirs qui furent vrais, d'observations dont l'acuité persuade.
Son existence prend sa force du fait même qu'il n'existe pas
réellement et ne peut exister, mais qu'il est une somme, une
quintessence de l'avarice</span></i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">»
(G. Bordonove. </span></span><i><span face=""segoe ui" , sans-serif">Molière
génial et familier, </span></i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">Paris,
Robert Laffont/Cercle du Livre de France, 1967, p. 348). </span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">Pour
attirer l'attention d'Harpagon, il ne faut pas le confronter, comme
Cléante, mais l'</span></span><i><span face=""segoe ui" , sans-serif">amadouer</span></i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">,
comme Valère. L'hypocrisie qui était mis à bas dès la première
rencontre entre Antonio et Shylock, est ici érigée en système -
comme dans </span></span><i><span face=""segoe ui" , sans-serif">Dom
Juan </span></i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">-,
dès la première scène de </span></span><i><span face=""segoe ui" , sans-serif">L'Avare.
</span></i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">Le
conflit entre Shylock et sa fille, Jessica, devient<i> </i>ici</span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"> </span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">le
drame «</span></span><i><span face=""segoe ui" , sans-serif">d'une
famille pervertie et désagrégée par le vice du père</span></i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">»
(G. Bordonove. ibid. p. 350). Mais Bordonove se montre un peu trop dur
lorsqu'il fait le procès des enfants de Harpagon. Il les voit comme
les enfants de petits-bourgeois du XXe siècle et non les fils d'une
famille de fortune dans le Paris du XVIIe siècle pervertis par la dénaturation du père.</span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">Tout
au long, toutefois, se développe le caractère de l'avaricieux. Son
côté ladre, mais aussi son appétit insatiable d'utiliser l'emprunt
pour faire fortune en exigeant des taux d'intérêts excessifs - et exposé par Molière dans des termes les plus absurdes (Acte II,
sc. 1); mais aussi le pouvoir qu'il exerce sur ses proches, sa
famille, ses domestiques, les agents civils lorsque sa précieuse
cassette lui est volée. C'est la scène 7 de l'acte IV, lorsque
Harpagon, entrant en scène, crie au voleur côté jardin et
apparaît sans chapeau : </span></span>
</div>
<blockquote class="tr_bq">
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">«</span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>-
Au voleur! au voleur! à l'assassin! au meurtrier! Justice, juste
Ciel! Je suis perdu, je suis assassiné, on m'a coupé la gorge, on
m'a dérobé mon argent. Qui peut-ce être? Qu'est-il devenu? Où
est-il? Où se cache-t-il? Que ferai-je pour le trouver? Où courir?
Où ne pas courir? N'est-il point là? N'est-il point ici? Qui
est-ce? Arrête. Rends-moi mon argent, coquin... </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">(<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjHP0gSZaqV4PXU-KTFRg0gWHIJ28Vvs1McDCtqF6R7gb-XPkGx1lLr3FMx4Ch5QJBCLGb-N2S1bZ9tIS804NHfIPy6Lnbz8Iu4GnGMSPml9nlDHDKfZCPMuo2hyg6Wu2rk0rQiJbJXXcGK/h120/lavare.jpg.webp">Il se prend lui-même le bras</a>.) </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Ah!
c'est moi. Mon </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjHP0gSZaqV4PXU-KTFRg0gWHIJ28Vvs1McDCtqF6R7gb-XPkGx1lLr3FMx4Ch5QJBCLGb-N2S1bZ9tIS804NHfIPy6Lnbz8Iu4GnGMSPml9nlDHDKfZCPMuo2hyg6Wu2rk0rQiJbJXXcGK/s1600/lavare.jpg.webp" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="537" data-original-width="364" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjHP0gSZaqV4PXU-KTFRg0gWHIJ28Vvs1McDCtqF6R7gb-XPkGx1lLr3FMx4Ch5QJBCLGb-N2S1bZ9tIS804NHfIPy6Lnbz8Iu4GnGMSPml9nlDHDKfZCPMuo2hyg6Wu2rk0rQiJbJXXcGK/s400/lavare.jpg.webp" width="270" /></a>esprit est troublé, et j'ignore où je suis, qui je
suis, et ce que je fais. Hélas! mon pauvre argent, mon pauvre
argent, mon cher ami! on m'a privé de toi; et puisque tu m'es
enlevé, j'ai perdu mon support, ma consolation, ma joie; tout est
fini pour moi, et je n'ai plus que faire au monde! Sans toi, il m'est
impossible de vivre. C'en est fait, je n'en puis plus; je me meurs,
je suis mort, je suis enterré. N'y a-t-il personne qui veuille me
ressusciter, en me rendant mon cher argent, ou en m'apprenant qui l'a
pris? Euh? que dites-vous? Ce n'est personne. Il faut, qui que ce
soit qui ait fait le coup, qu'avec beaucoup de soin on ait épié
l'heure; l'on a choisi justement le temps que je parlais à mon
traître de fils. Sortons. Je veux aller querir la justice, et faire
donner la question à toute ma maison : à servantes, à valets, à
fils, à fille, et à moi aussi. Que de gens assemblés! Je ne jette
mes regards sur personne qui ne me donne des soupçons, et tout me
semble mon voleur. Eh! de quoi est-ce qu'on parle là? De celui qui
m'a dérobé? Quel bruit fait-on là-haut? Est-ce mon voleur qui y
est? De grâce, si l'on sait des nouvelles de mon voleur, je supplie
que l'on m'en dise. N'est-il point caché là parmi vous? Ils me
regardent tous, et se mettent à rire. Vous verrez qu'ils ont part,
sans doute, au vol que l'on m'a fait. Allons vite, des commissaires,
des archers, des prévôts, des juges, des gênes, des potences et
des bourreaux. Je veux faire pendre tout le monde; et si je ne
retrouve mon argent, je me pendrai moi-même après</i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">».</span></span></div>
</blockquote>
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">Ce
délire, déclenché sous l'émotion du constat de vol, expose non
seulement l'immense solitude qui laisse un homme comblé par la seule
présence de sa cassette d'argent - «</span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span style="text-decoration: none;">Et
moi, voir ma chère cassette</span></i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;">»
(Acte V, sc. 6), est la dernière réplique de la pièce eu égard au double mariage de ses enfants -, mais elle
montre combien le vieil homme est devenu paranoïaque. Tout au long
de la pièce, il n'a fait que montrer à quel point tous et tout
étaient contre lui; maintenant, il l'affirme haut et fort. Ce qui
n'était alors que mensonge autour de lui parce que toute vérité
soulève sa colère et son déni - «</span></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span style="text-decoration: none;">On
me donne des coups de bâton pour dire vrai, et on me veut pendre
pour mentir</span></i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;">».
</span></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjTryXjmaOpoDBbMF3Q7bQGiOm9_KfBMKKDqdxM2SgIKvQUz7LZgk6QCiru-hTBpT_Rt7xIrzYNlqf4HOHYJfpACVRKTst4RSDulqaVYPVJuo67f0iYK-QKBYpQR9gnuzKelNH3JxtRYVwA/s1600/images.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="150" data-original-width="336" height="177" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjTryXjmaOpoDBbMF3Q7bQGiOm9_KfBMKKDqdxM2SgIKvQUz7LZgk6QCiru-hTBpT_Rt7xIrzYNlqf4HOHYJfpACVRKTst4RSDulqaVYPVJuo67f0iYK-QKBYpQR9gnuzKelNH3JxtRYVwA/s400/images.jpg" width="400" /></a>(Acte V, scène 6), se plaint son cuisinier-palefre-</span></span></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="text-decoration: none;">nier, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjTryXjmaOpoDBbMF3Q7bQGiOm9_KfBMKKDqdxM2SgIKvQUz7LZgk6QCiru-hTBpT_Rt7xIrzYNlqf4HOHYJfpACVRKTst4RSDulqaVYPVJuo67f0iYK-QKBYpQR9gnuzKelNH3JxtRYVwA/h120/images.jpg">maître Jacques</a> -; ce qui n'était que poison apte à étouffer tous
sentiments profonds, à les dériver vers la fourberie, la
dissimulation et la tromperie, tout cela n'est plus que la
raison même de l'existence de l'avare. </span></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">On
étouffe dans l'atmosphère de la maison d'Harpagon, surtout qu'elle
est le lieu unique où se déroule l'intrigue. On étouffe chez
Harpagon comme chez Arnolphe dans </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>L'École
des femmes</i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">,
comme chez Orgon dans le </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>Tartuffe.
</i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">Comme
dans l'atelier de Scrooge ou la cabane de bois où Séraphin Poudrier dissimule ses pièces
d'or dans des sacs d'avoine dans la pièce où lui seul à accès. </span></span><br />
<br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjaren7zzea-5n8qVCJcwDwrgDF4u9COCiQq2QBjH7pppfAYsXrX21J5haY91LC-GPas6JKaqgCDHEDow2OmJe25hKi2glm0KAFh3gYu1Fbwwv9y7RH2jyuEo_EPZEK1azc_-vtddN86uLs/s1600/0dick8.jpg">Ebenezer Scrooge</a> personnage inventé par Chalres Dickens dans son célèbre <i>Christmass Carol </i>publié à la toute veille de Noël 1843 est, au départ, un être aussi monstrueux que Harpagon, aussi vindicatif que Shylock, mais il finit par s'en distinguer par </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="color: black;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjaren7zzea-5n8qVCJcwDwrgDF4u9COCiQq2QBjH7pppfAYsXrX21J5haY91LC-GPas6JKaqgCDHEDow2OmJe25hKi2glm0KAFh3gYu1Fbwwv9y7RH2jyuEo_EPZEK1azc_-vtddN86uLs/s1600/0dick8.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="386" data-original-width="497" height="310" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjaren7zzea-5n8qVCJcwDwrgDF4u9COCiQq2QBjH7pppfAYsXrX21J5haY91LC-GPas6JKaqgCDHEDow2OmJe25hKi2glm0KAFh3gYu1Fbwwv9y7RH2jyuEo_EPZEK1azc_-vtddN86uLs/s400/0dick8.jpg" width="400" /></a></span></span>une conscience qui, ébranlée, renversera l'avari-</span></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">cieux en prodigue. Certes, pour Dante, cela ne le libérerait du cercle du Purgatoire où il l'aurait rencontré si Dickens avait vécu avant le poète italien. Mais pour le cercle de la petite humanité auquel nous appartenons, cette conversion profonde et sincère de Scrooge opère comme un miracle duquel est né le Noël chrétien, bourgeois, philanthrope qui est resté le nôtre, entretenu par les décorations vertes et rouges qui sont celles des bougies et des guirlandes de décoration des vitrines des grands magasins à l'approche de Noël, malgré que nous soyons à l'ère des jeux vidéos et des téléphones cellulaires. Autant dire que nous devons l'atmosphère de Noël à l'un des personnages de fiction les plus avaricieux de toute la littérature occidentale. </span></span><br />
<br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">Dans le célèbre <i>Chant de Noël </i>où Dickens nous présente Mr Scrooge, est décrite cette atmosphère qui amenuisait les jours des ouvriers au temps de la Révolution industrielle : «<i>Les horloges de la cité n'avaient sonné que trois heures, et il était déjà presque nuit; il n'avait pas fait jour depuis le matin, et les chandelles allumées dans les boutiques voisines exhalaient contre les vitres leur lumignon rougeâtres. Le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgWx8XFsLTkPUVwg1FgW8CpZs3A4MQlbl-jWHbIm_55nonEc3qsPs46GwKgQ9xICqa5hi1OGWxG8ylWi-UqQj0l4fZMooOmhlGlYV8LRNTd9HwImea28FWeqPimJJLM_gnItl0ZmiEqnK-8/s1600/dcb08e5e88bacba6bd4214119d99793c.jpg">brouillard</a> pénétrait intérieurement à travers </i></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="color: black;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgWx8XFsLTkPUVwg1FgW8CpZs3A4MQlbl-jWHbIm_55nonEc3qsPs46GwKgQ9xICqa5hi1OGWxG8ylWi-UqQj0l4fZMooOmhlGlYV8LRNTd9HwImea28FWeqPimJJLM_gnItl0ZmiEqnK-8/s1600/dcb08e5e88bacba6bd4214119d99793c.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="631" data-original-width="800" height="315" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgWx8XFsLTkPUVwg1FgW8CpZs3A4MQlbl-jWHbIm_55nonEc3qsPs46GwKgQ9xICqa5hi1OGWxG8ylWi-UqQj0l4fZMooOmhlGlYV8LRNTd9HwImea28FWeqPimJJLM_gnItl0ZmiEqnK-8/s400/dcb08e5e88bacba6bd4214119d99793c.jpg" width="400" /></a></i></span></span>toutes les fentes et tous les trous de serrure, brouillard si épais au-dehors que, quoique la rue fût des plus étroites, les maisons de l'autre côté n'étaient plus que de vraies masses d'ombres</i>» (C. Dickens. <i>Les meilleurs contes de Noël, </i>Verviers, Gérard, Col. Bibliothèque Marabout Géant, # G184, s.d., p. 8). Encore que l'employé de Scrooge travaille dans ce bureau à dresser les inventaires. Lorsqu'il se plaint de la misère qui accable sa famille, l'avaricieux lui renvoie <i>: </i>«<i>De quel droit seriez-vous joyeux? Quelle raison avez-vous d'être joyeux? Vous êtes assez pauvre comme cela!</i>» (C. Dickens. ibid. p. 9). Comme on le voit au premier abord, Scrooge peut sembler aussi antipathique qu'Harpagon. Cet appétit de l'argent - pour l'avarice ou pour l'accumulation du capital, peu importe -, ne tolère aucune distraction, même celles de la vie en famille. Les liens amoureux, amicaux, filiaux n'ont plus cours face aux exigence de la libre entreprise et des exigences financières. «<i>Scrooge... et ses semblables font certainement autant de présence que leurs commis. C'est l'accumulation du travail acharné d'une génération qu permettra plus tard à l'Angleterre d'être la terre des loisirs</i>», remarque Jacques Chastenet (<i>Le siècle de Victoria, </i>Paris, Fayard, Col. Les Grandes Études historiques, 1947, p. 47). </span></span><br />
<br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">Ce qui distingue l'œuvre de Dickens de celle de nos deux auteurs précédents, c'est que le <i>Chant de Noël </i>est une réaction à la situation immédiate qui caractérise l'Angleterre de </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="color: black;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjYp1rhCURDJz4AecdoFH96bcZFWv_oTm0fkimfgug2iJaQl80ghR-Ck6NjPVQ3EK9EZklTe2gfm-moAOaMjjTYqNF7fbrriwrWw39t3yqdUJPUvTAqafAHpQYpKTI3xAsLMqkwBkAYZqWs/s1600/dickens_1858_1050x700.png" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="700" data-original-width="1050" height="266" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjYp1rhCURDJz4AecdoFH96bcZFWv_oTm0fkimfgug2iJaQl80ghR-Ck6NjPVQ3EK9EZklTe2gfm-moAOaMjjTYqNF7fbrriwrWw39t3yqdUJPUvTAqafAHpQYpKTI3xAsLMqkwBkAYZqWs/s400/dickens_1858_1050x700.png" width="400" /></a></span></span>l'époque. Il ne s'agit pas d'un Juif usuraire parmi sa commu-</span></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">nauté, ni d'un avaricieux irascible au sein de sa famille qui le déteste. Il s'agit d'un actuaire avaricieux dans le contexte précis du <i>take-off </i>économique de l'Angleterre et non à un autre moment de l'histoire. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjYp1rhCURDJz4AecdoFH96bcZFWv_oTm0fkimfgug2iJaQl80ghR-Ck6NjPVQ3EK9EZklTe2gfm-moAOaMjjTYqNF7fbrriwrWw39t3yqdUJPUvTAqafAHpQYpKTI3xAsLMqkwBkAYZqWs/s1600/dickens_1858_1050x700.png">Dickens</a> écrit le conte afin d'opposer au cynisme de Scrooge, «<i>l'optimisme </i>[comme] <i>meilleur réformateur que le pessimiste : celui qui voit tout en rose est celui qui opère dans la vie le plus de réformes. Ceci a l'air d'un paradoxe, et pourtant la raison en est bien simple : le pessimiste sait se révolter contre le mal; l'optimiste seul sait s'en étonner. On exige du réformateur qu'il ait l'étonnement facile. Il faut qu'il possède la faculté de s'étonner </i></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="color: black;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhfift-JAF0r29n5lYf7Z8Yx5g1ODk8uFMIGXtB_eU44cExZbhXivmcV5MGW1pnyx4qdFL7_zCpElV677fTKrqcGafen4agNqIMGPHdyH-xcLpZf1CNd6C1c4bNY2A5OXqjKlqKNIPXU4Wl/s1600/81lRPG-I9bL._AC_SX425_.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="479" data-original-width="425" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhfift-JAF0r29n5lYf7Z8Yx5g1ODk8uFMIGXtB_eU44cExZbhXivmcV5MGW1pnyx4qdFL7_zCpElV677fTKrqcGafen4agNqIMGPHdyH-xcLpZf1CNd6C1c4bNY2A5OXqjKlqKNIPXU4Wl/s400/81lRPG-I9bL._AC_SX425_.jpg" width="353" /></a></i></span></span>violemment et naïvement. Il ne suffit pas qu'il trouve l'injustice affligeante; il faut qu'il la trouve absurde, un sujet plutôt d'hilarité bruyante que de jérémiades. D'autre part, les pessimistes de la fin du siècle en étaient arrivés à ne plus maudire les plus grandes atrocités parce qu'ils avaient perdu la notion de l'atroce. Pour eux, rien n'était plus mauvais, parce que tout l'était. En prison la vie était infâme, mais partout ailleurs elle l'était aussi! Les feux de la persécution ne leur disaient pas plus que les feux des étoiles! et nous retrouvons partout ce paradoxe : le contentement dans le mécontentement</i>» (G. K. Chesterton. <i>Charles Dickens, </i>Paris, Delagrave, s.d., pp. 3-4). Et c'est bien-là l'essentiel qui fait de Dickens un réformiste plutôt qu'un révolutionnaire. Le révolutionnaire dans le <i>Chant de Noêl, </i>c'est <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhfift-JAF0r29n5lYf7Z8Yx5g1ODk8uFMIGXtB_eU44cExZbhXivmcV5MGW1pnyx4qdFL7_zCpElV677fTKrqcGafen4agNqIMGPHdyH-xcLpZf1CNd6C1c4bNY2A5OXqjKlqKNIPXU4Wl/s1600/81lRPG-I9bL._AC_SX425_.jp">Scrooge</a>; c'est lui qui tire les ficelles de l'industrialisation et amasse une fortune selon les principes exposés par Adam Smith dans <i>La Richesse des nations </i>(1776). </span></span><br />
<br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">Et Chesterton de poursuivre : «<i>Il nous serait impossible d'imaginer Dickens et sa vie dans une autre atmosphère que celle d'un optimisme démocratique, c'est-à-dire d'une confiance absolue dans l'homme du commun</i>» (G. K. Chesterton. ibid. p. 10). Et Dickens était un optimiste parce qu'«<i>il croyait à la force mobilisatrice de la sympathie, et il pensait que dénoncer les scandales était d'autant plus efficace que l'on parvenait mieux à émouvoir les gens</i>» (J. Gattégno. <i>Dickens, </i>Paris, Seuil, Col. Écrivains de toujours, # 99, 1975, p. 173). Il ne s'agit plus de se </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="color: black;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh8dFu94yrJLMbRDsxRdOzFEp-ZYcNdprU0C5fJBGY5PkCJDwuN4wZXegQorCiQBIzdSbCoC7m-qktEzJEOuZkM9x3Rw2BZgEz3JduOA71JJsqb4RG97MTYd7vxMtXIuXkbPQAunzM1aEoj/s1600/oliver_twist_charles_dickens_a_p.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="466" data-original-width="349" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh8dFu94yrJLMbRDsxRdOzFEp-ZYcNdprU0C5fJBGY5PkCJDwuN4wZXegQorCiQBIzdSbCoC7m-qktEzJEOuZkM9x3Rw2BZgEz3JduOA71JJsqb4RG97MTYd7vxMtXIuXkbPQAunzM1aEoj/s400/oliver_twist_charles_dickens_a_p.jpg" width="298" /></a></span></span>complaire dans le refus ou le déni comme le faisait l'archaïsme des romantiques, ni de s'engager dans des projets de <i>transformation révolutionnaire </i>comme l'envisageait le futurisme socialiste. Comme Hugo, comme Sue, Dickens sait user de la <i>morale technicienne </i>contenue dans le mélodrame bourgeois. Parier sur la sympathie et l'émotion plus que sur les considérations critiques et la raison. De là un certain déficit de Dickens devant Hugo, par exemple; <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh8dFu94yrJLMbRDsxRdOzFEp-ZYcNdprU0C5fJBGY5PkCJDwuN4wZXegQorCiQBIzdSbCoC7m-qktEzJEOuZkM9x3Rw2BZgEz3JduOA71JJsqb4RG97MTYd7vxMtXIuXkbPQAunzM1aEoj/s1600/oliver_twist_charles_dickens_a_p.jpg">Oliver Twist</a> fait piètre figure à côté de Gavroche. C'est que, comme le note encore Chesterton : «<i>Dickens ne possédait que médiocrement, ou pas du tout, ce sens de la grandeur secrète de tout être humain. Son instinct démocratique était absolument de l'ordre inverse</i>» (G. K. Chesterton. op. cit. p. 175). Sa finesse d'observation n'en fait pas moins un authentique critique de la condition du <i>lulmpenproletariat </i>à laquelle il opposait les décors paisibles et confortables de la grande bourgeoisie. «<i>C'est encore Dickens qui démasque sans relâche l'armée de satellites que se constitue la classe dominante, et qui, du chef comptable à l'employé municipal en passant par l'homme de loi, le gérant d'immeubles ou l'usurier, empêche que la moindre atteinte soit portée au système tout entier; c'est Dickens toujours qui souligne comment la prison par exemple maintient intactes les hiérarchies sociales</i>» (J. Gattégno. op. cit. p. 175). </span></span><br />
<br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">Lorsque Scrooge se voit envahi par les esprits nés de sa conscience malheureuse, l'avaricieux amorce une transformation qui ne peut le mener qu'au suicide ou à la rédemption. Sa </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="color: black;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi4U-kUslg2K9INW0MbmZnanoJP60kihzLsTKwQnKgF7dYJlWuH0rr7wL2wFKpSGJfDBJZWZ29BliLZDpUa0MfQ5uy-Rha5eHb5Xl1pUv-UHKQsquhCP_IzdPx5rEyk-CoAh0LrxoOruswc/s1600/Jacob-Marley-ghost-Ebenezer-Scrooge-visit-illustration.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1333" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi4U-kUslg2K9INW0MbmZnanoJP60kihzLsTKwQnKgF7dYJlWuH0rr7wL2wFKpSGJfDBJZWZ29BliLZDpUa0MfQ5uy-Rha5eHb5Xl1pUv-UHKQsquhCP_IzdPx5rEyk-CoAh0LrxoOruswc/s400/Jacob-Marley-ghost-Ebenezer-Scrooge-visit-illustration.jpg" width="332" /></a></span></span>conscience coupable le confronte à son existence perverse : «<i>Homme, lui dit l'<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi4U-kUslg2K9INW0MbmZnanoJP60kihzLsTKwQnKgF7dYJlWuH0rr7wL2wFKpSGJfDBJZWZ29BliLZDpUa0MfQ5uy-Rha5eHb5Xl1pUv-UHKQsquhCP_IzdPx5rEyk-CoAh0LrxoOruswc/s1600/Jacob-Marley-ghost-Ebenezer-Scrooge-visit-illustration.jpg">Esprit</a>, si vous avez un cœur d'homme et non un cœur de pierre, ne vous servez plus de ce jargon jusqu'à ce que vous ayez appris ce que c'est que ce superflu et où il réside. Est-ce à vous de décider quels sont ceux qui doivent vivre et quels sont ceux qui doivent mourir? Il se peut qu'aux yeux de la Providence vous soyez moins digne de vivre que des millions de créatures semblables à l'enfant de ce pauvre homme. Grand Dieu! entendre l'insecte sur sa feuille déclarer qu'il y a trop d'insectes vivants parmi ceux qui ont faim dans la poussière!</i>» (C. Dickens. op. cit. p. 71). Ces paroles résonnent autant comme conscience de Scrooge que conscience de Malthus, le célèbre auteur du <i>Principe de population </i>(1798). Avec Dickens, le rebelle se fait philanthrope. L'aspiration des personnages de Dickens reste essentiellement celle de la petite-bourgeoisie anglaise du milieu du XIXe siècle. </span></span><br />
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<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">Dickens comprenait ce que la plupart des théoriciens sociaux du XIXe siècle ne comprirent que tardivement, et une fois qu'ils le comprirent, se refusèrent obstinément à admettre. La </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="color: black;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiwcWIgf2DJrDzSBMt5354wkN8LrO8z5gaTAHegu7ZJnHddLkXefeYed2RBAHEjZC8XrzXNa2jjQw4dGpC6ZzS7O5-kR7AaLWLFgPqfAK6PvsUQqcMV2LIlURNiq8Fhf65VVxZFoirq8qRY/s1600/51GlvORJtOL._SX348_BO1%252C204%252C203%252C200_.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="499" data-original-width="350" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiwcWIgf2DJrDzSBMt5354wkN8LrO8z5gaTAHegu7ZJnHddLkXefeYed2RBAHEjZC8XrzXNa2jjQw4dGpC6ZzS7O5-kR7AaLWLFgPqfAK6PvsUQqcMV2LIlURNiq8Fhf65VVxZFoirq8qRY/s400/51GlvORJtOL._SX348_BO1%252C204%252C203%252C200_.jpg" width="280" /></a></span></span>petite-bourgeoisie s'émeut, se passionne, se hérisse, mais elle ne raisonne pas. Devant l'exclusion sociale, qui demeurait le drame humain le plus poignant pour Dickens, il aurait voulu la vaincre par la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiwcWIgf2DJrDzSBMt5354wkN8LrO8z5gaTAHegu7ZJnHddLkXefeYed2RBAHEjZC8XrzXNa2jjQw4dGpC6ZzS7O5-kR7AaLWLFgPqfAK6PvsUQqcMV2LIlURNiq8Fhf65VVxZFoirq8qRY/s1600/51GlvORJtOL._SX348_BO1%252C204%252C203%252C200_.jpg">sympathie</a>, c'est-à-dire par des moyens passant par les liens interpersonnels plutôt que par une action politique par le biais des relations sociales. Malgré une grande capacité artistique et littéraire de décrire les affres de la misère humaine entraînées par la modernité. Dickens ne prêcha jamais le recours à la solution révolutionnaire. «<i>C'est que, chez Dickens, une conviction pénétrait profondément l'esprit de réforme sociale. Si nous devons travailler au salut des opprimés, il faut que nous éprouvions en même temps deux émotions en apparence inconciliables. Il faut que l'opprimé nous paraisse à la fois intensément malheureux, intensément sympathique. Il faut enfin que, ayant insisté avec véhémence sur sa dégradation, nous insistions avec une véhémence égale sur sa dignité. Car si nous atténuons tant soit peu la première de ces assertions, le public dira que les pauvres n'ont pas besoin d'être secourus; et si nous atténuons tant soit peu la seconde, il dira que les pauvres ne méritent pas d'être aidés. Les optimistes soutiendront que toute réforme est superflue; les pessimistes que toute réforme est vouée à l'insuccès</i>» (G. K. Chesterton. op. cit. pp. 191-192). Enfin, Roland Marx a raison de rappeller </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="color: black;"><i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="color: black;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg9hlux4-FTKLoUfvlC4N26PDA6Axzq-D-GddZ3J6WPB6fO02VY-VgTEgIh9eOdKaHtuFulvzBAVkoBbT3b_qCVFEgtpmBbpYr2wqMtH6KHn817Nf3x91uiiN9kFkUvJHJKfbdvnksAB1eZ/s1600/9781551114767.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1017" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg9hlux4-FTKLoUfvlC4N26PDA6Axzq-D-GddZ3J6WPB6fO02VY-VgTEgIh9eOdKaHtuFulvzBAVkoBbT3b_qCVFEgtpmBbpYr2wqMtH6KHn817Nf3x91uiiN9kFkUvJHJKfbdvnksAB1eZ/s400/9781551114767.jpg" width="253" /></a></i></span></span></i></span></span></i></span></span>que les personnages de Dickens n'appartiennent pas véritablement à ce Prolétariat qui intéressait spécifiquement Karl Marx : «<i>S'il dénonce dans l'usine un enfer de bruit, de flamme, de fumée", s'il décrit la laideur des villes manufacturières, "ses" pauvres sont surtout des </i></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><i>domestiques, des artisans, des commis, des déclassés et son témoignage n'apporte que peu à la connaissance du monde industriel moderne. Il n'en dénonce pas moins tous les égoïsmes, la honteuse <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg9hlux4-FTKLoUfvlC4N26PDA6Axzq-D-GddZ3J6WPB6fO02VY-VgTEgIh9eOdKaHtuFulvzBAVkoBbT3b_qCVFEgtpmBbpYr2wqMtH6KHn817Nf3x91uiiN9kFkUvJHJKfbdvnksAB1eZ/s1600/9781551114767.jpg">exploitation des enfants</a>, l'enfer des workhouses, la dureté et l'avarice des riches spéculateurs. Son message n'est pas révolutionnaire : l'altruisme, l'espérance chez les pauvres, l'esprit de solidarité chez les riches, sont les vagues éléments d'un "socialisme chrétien" fondé sur la foi dans l'homme. C'était pourtant un immense progrès par comparaison avec sa contemporaine, Harriett Martineau, auteur de contes fort populaires en 1833-34, et qui avait tranquillement épousé les thèses ricardiennes et malthusiennes : la vague philanthropique ne modifia que lentement le ton de ses contes ultérieurs</i>» (R. Marx. <i>La révolution industrielle en Grande-Bretagne, </i>Paris, Armand Colin, Col. U2, 1970, p. 278). </span></span><br />
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<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">Dans l'ensemble des romans de Dickens, les techniques mélodramatiques sont parfaitement maîtrisées de manière à obtenir les effets recherchés. L'abaissement d'Oliver Twist comme les vains efforts de Pip dans <i>Les Grandes Espérances, </i>opèrent auprès des lecteurs qui s'attachent affectivement à ces personnages romanesques. Dans <i>Le Chant de Noël, </i>l'avarice impitoyable de Scrooge est confrontée par la débilité de l'enfant malingre de son employé, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg66eRzj24q4WrbZBigwttY3TpAb3tDB3sPgWsumcREmK5npOB-KEied_qsWMu4gNGQB-yPR4sTpHfXF91d82f5FdurcagMl1WwKQOQY_gysjiNG3PqDza639ffX7GVmpsudaCYfQKr6U9F/s1600/gettyimages-526898492-612x612.jpg">Tiny Tim</a>. C'est ainsi que résone la réplique malthusienne de Scrooge : «<i>Eh bien! quoi? s'il </i></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="color: black;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg66eRzj24q4WrbZBigwttY3TpAb3tDB3sPgWsumcREmK5npOB-KEied_qsWMu4gNGQB-yPR4sTpHfXF91d82f5FdurcagMl1WwKQOQY_gysjiNG3PqDza639ffX7GVmpsudaCYfQKr6U9F/s1600/gettyimages-526898492-612x612.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="612" data-original-width="522" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg66eRzj24q4WrbZBigwttY3TpAb3tDB3sPgWsumcREmK5npOB-KEied_qsWMu4gNGQB-yPR4sTpHfXF91d82f5FdurcagMl1WwKQOQY_gysjiNG3PqDza639ffX7GVmpsudaCYfQKr6U9F/s400/gettyimages-526898492-612x612.jpg" width="340" /></a></i></span></span>meurt... que peut-il faire de mieux? Il diminuera le superflu de la population</i>» (C. Dickens. op. cit. p. 71). Cette parole, bien entendue, vise par ricochet l'Enfant-Jésus, pauvre dans sa crèche. Jusqu'à quel point, comme l'affirme Peter Ackroyd, Dickens puise-t-il en lui-même pour brosser un tel caractère? «<i>Chez de tels monstres il caricaturait certains aspects de son propre tempérament; c'est pourquoi on trouve toujours à leur égard cette parcelle d'affection qui procède de l'amour de soi-même, et c'est précisément cette affection qui rend de tels personnages si puissamment vivants</i>» (P. Ackroyd. <i>Charles Dickens, </i>Paris, Stock, 1993, p. 445). Peut-être. Contrairement à Shakespeare et à Molière, toutefois, Dickens finira par nous faire aimer Scrooge, au point que Walt Disney devait le récupérer dans sa ménagerie. L'humanité de Scrooge revient à la fin du conte, après ce long cauchemar où les esprits le confrontent à son vice et que, désespéré, il s'écrit : «<i>Pourquoi m'avoir montré toutes ces choses, s'il n'y a pas d'espoir pour moi?</i>» (C. Dickens. op. cit. p. 105). Or le désespoir ne doit, ne peut pas triomphé dans les romans de Dickens. Même pour Scrooge. La solution du suicide est rejetée, et ce qui va sauver l'avaricieux, c'est Noël. </span></span><br />
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<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">Au moment où Dickens écrivit son conte, il se voyait affligé par de sérieux problèmes d'argent. «<i>Son vrai souci de l'argent s'affirme peut-être seulement dans des récits imaginaires tels que le </i>Chant de Noël. <i>L'avarice y est présentée comme un vice, et la générosité comme </i></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="color: black;"><span lang="fr-CA"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgb6g40yVGyaxnSZ3FFNTkdN5BzkjeX2rpHqM5RWPvmpnHKwT0DYAYsjhGUMEGjZLWFV-dV4YLCLC_qyJtRQDgk6DFEf9o06xjZ4zwf77nyRkPVPuKciZkZI7BurincB7dLOPHmbuRybbWc/s1600/2397d1e2096c2dd74665c9560af1872c.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="851" data-original-width="530" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgb6g40yVGyaxnSZ3FFNTkdN5BzkjeX2rpHqM5RWPvmpnHKwT0DYAYsjhGUMEGjZLWFV-dV4YLCLC_qyJtRQDgk6DFEf9o06xjZ4zwf77nyRkPVPuKciZkZI7BurincB7dLOPHmbuRybbWc/s640/2397d1e2096c2dd74665c9560af1872c.jpg" width="396" /></a></i></span></span></span>une vertu. On y montre comment les gens obtiennent de l'argent, exercent un pouvoir sur autrui grâce à l'argent. Comment l'argent peut mener à la cruauté, détruire une famille, comment l'avarice est une forme d'<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgb6g40yVGyaxnSZ3FFNTkdN5BzkjeX2rpHqM5RWPvmpnHKwT0DYAYsjhGUMEGjZLWFV-dV4YLCLC_qyJtRQDgk6DFEf9o06xjZ4zwf77nyRkPVPuKciZkZI7BurincB7dLOPHmbuRybbWc/s1600/2397d1e2096c2dd74665c9560af1872c.jpg">indignité</a>, d'aliéna-</i></span></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><i>tion de l'homme, que certaines expériences de l'enfance entraînent inéluctablement. Dickens montre bien, à propos de Scrooge - cette image hypertrophiée de lui-même -, que son avarice s'enracine non seulement dans l'enfance, mais surtout dans l'anxiété qu'elle pouvait engendrer. "Vous craignez trop le monde, déclare une femme à Scrooge. Toutes vos autres espérances se sont fondues dans l'espérance d'échapper au risque de subir les sordides reproches". Dans cette phrase on trouve l'analyse la plus claire du besoin qu'avait Dickens de gagner de l'argent pour se défendre contre le monde, même s'il était en même temps un philanthrope, figurant sur les listes de distributeurs d'aumônes auxquels on adressait des suppliques. D'un bout à l'autre de sa vie abondent les exemples de charité et de bonté : les enfants dont il payait l'éducation; les hommes et les femmes dont le sort le touchait à tel point qu'il leur envoyait des subsides en secret; les prisonniers dont la condition le poussait à verser pour eux de l'argent aux administrateurs de la prison</i>» (R. Ackroyd. op. cit. pp. 459-460). </span></span><br />
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<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">Écrivant comme jamais, sa plume emportée par une émotion fiévreuse, en quelques jours, </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="color: black;"><span lang="fr-CA"><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="color: black;"><span lang="fr-CA"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj0kOxGlofzspgYe0Fb7505OmGPWOi_xoO3nVi6KU1wChPmUaH6aem6VNlbgLz_Tb4Qr3rKQdtwyP0lY8MJQVbLHO3_3gGa8MdoIvJCp5NAkeQouLMBtTZLTeGuzBkQtmQgWWn_h8IbKQfm/s1600/screen_shot_2016-03-01_at_8.36.35_am_115201.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="400" data-original-width="715" height="223" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj0kOxGlofzspgYe0Fb7505OmGPWOi_xoO3nVi6KU1wChPmUaH6aem6VNlbgLz_Tb4Qr3rKQdtwyP0lY8MJQVbLHO3_3gGa8MdoIvJCp5NAkeQouLMBtTZLTeGuzBkQtmQgWWn_h8IbKQfm/s400/screen_shot_2016-03-01_at_8.36.35_am_115201.jpg" width="400" /></a></i></span></span></span></span></span></span>Dickens inventa Noël, du moins, l'<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj0kOxGlofzspgYe0Fb7505OmGPWOi_xoO3nVi6KU1wChPmUaH6aem6VNlbgLz_Tb4Qr3rKQdtwyP0lY8MJQVbLHO3_3gGa8MdoIvJCp5NAkeQouLMBtTZLTeGuzBkQtmQgWWn_h8IbKQfm/s1600/screen_shot_2016-03-01_at_8.36.35_am_115201.jpg">image</a> que nous nous en faisons depuis. Comme l'écrit encore Ackroyd, «<i>Dickens donna à Noël son côté de fête chaleureuse à un moment où l'on critiquait la vie licencieuse de l'époque géorgienne et l'austérité des évangéliques. On ne connaissait pas encore l'esprit de Noël selon Dickens, c'est-à-dire "l'esprit de serviabilité diligente, de persévérance, d'accomplissement joyeux du devoir, de bonté et de tolérance"! Les cartes de Noël ne furent introduites qu'en 1846 et les paillotes apparurent dans les années 1850. On n'avait généralement droit qu'à un unique jour de congé pendant lequel on distribuait des cadeaux aux enfants, sans verser dans </i></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="color: black;"><span lang="fr-CA"><i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="color: black;"><span lang="fr-CA"><i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="color: black;"><span lang="fr-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhGiiF9USFzMv4bcCry_OfccgZ-ADUGrUfwr10j2WbbvODTfthOAOkb1REUwGo6e-_UWeWfNdp9ZD0yT9RhED59h27DhWNc-yNfAa6Myl-7iFs-cuo3PDpnNF6nI6dWN9U8ylXK53_TNZqa/s1600/8361894cffdd880047fdd9eb0e2e78ef.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1200" data-original-width="1600" height="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhGiiF9USFzMv4bcCry_OfccgZ-ADUGrUfwr10j2WbbvODTfthOAOkb1REUwGo6e-_UWeWfNdp9ZD0yT9RhED59h27DhWNc-yNfAa6Myl-7iFs-cuo3PDpnNF6nI6dWN9U8ylXK53_TNZqa/s400/8361894cffdd880047fdd9eb0e2e78ef.jpg" width="400" /></a></span></span></span></i></span></span></span></i></span></span></span>l'universelle orgie de bien-</i></span></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><i>faisance et de générosité. C'était un moment de repos tranquille : on jouait la comédie, on lisait à haute voix, on faisait de la musique, ou bien on organisait des jeux. Dickens transforma la journée en y apportant ses aspirations, ses souvenirs et ses craintes. La fantaisie y côtoya une étrange alliance de mysticisme religieux et de superstition populaire, de sorte qu'à certains égards le Noël de Dickens ressemble aux fêtes anciennes qu'on célébrait autrefois dans les zones rurales et dans le nord de l'Angleterre. En outre, il le rendit intime, confortable, en accentuant les ténèbres extérieures opposées au petit cercle de lumière familial. Sa véritable contribution à la définition de Noël résida dans son talent pour le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhGiiF9USFzMv4bcCry_OfccgZ-ADUGrUfwr10j2WbbvODTfthOAOkb1REUwGo6e-_UWeWfNdp9ZD0yT9RhED59h27DhWNc-yNfAa6Myl-7iFs-cuo3PDpnNF6nI6dWN9U8ylXK53_TNZqa/s1600/8361894cffdd880047fdd9eb0e2e78ef.jpg">clair-obscur</a>. Au-delà de l'âtre se trouvaient les pauvres, les ignorants, les malades, les misérables. Dickens avait du "foyer" un sentiment aigu et un grand besoin : c'est pourquoi dans le </i>Chant de Noël <i>et dans les récits qui lui succédèrent il introduit un contraste permanent entre la chaleur et le froid, l'intérieur familial et les rues, les riches et les pauvres, les bien-portants et les malades, le besoin de confort et </i></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="color: black;"><span lang="fr-CA"><i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="color: black;"><span lang="fr-CA"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj4xxW0NXDaZpbE0RiXqrdhI9fasPshd5Booyh1h9Lkxc8lf4M8bv8FFjr28LYG8qFBIZKYwIGY9BVCejq3aMsqUgrPR2b8wcF3_Qi5tJ4oLfecbRyFplzBmIUjZpJHf_NAmH420A2I1iMF/s1600/Xmas_Card-02.jpg.webp" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="501" data-original-width="700" height="285" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj4xxW0NXDaZpbE0RiXqrdhI9fasPshd5Booyh1h9Lkxc8lf4M8bv8FFjr28LYG8qFBIZKYwIGY9BVCejq3aMsqUgrPR2b8wcF3_Qi5tJ4oLfecbRyFplzBmIUjZpJHf_NAmH420A2I1iMF/s400/Xmas_Card-02.jpg.webp" width="400" /></a></i></span></span></span></i></span></span></span>l'angoisse de sans-foyer. Par cette am-</i></span></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><i>bivalence Dickens toucha à l'un des vrais aspects de l'esprit du siècle. Dans beaucoup de foyers victoriens, le monde extérieur semblait littéralement tenu en respect par toute une batterie de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj4xxW0NXDaZpbE0RiXqrdhI9fasPshd5Booyh1h9Lkxc8lf4M8bv8FFjr28LYG8qFBIZKYwIGY9BVCejq3aMsqUgrPR2b8wcF3_Qi5tJ4oLfecbRyFplzBmIUjZpJHf_NAmH420A2I1iMF/s1600/Xmas_Card-02.jpg.webp">forces protectrices</a>; abrités par l'écran d'épais rideaux, doublés de voilages brodés, ces intérieurs étaient en outre capitonnés de papiers peints, de tapis à motifs; des sofas, des ottomanes et autres divans tenaient à distance le monde extérieur, symbolisé par des fruits de cire et des bougies; des lampes, des lustres et des candélabres en bannissaient les ténèbres, métaphoriques aussi bien que littérales. L'idée centrale est celle d'une intimité féroce, protégée, discriminatoire, celle-là même que montre le </i>Chant de Noël<i>» </i>(R. Ackroyd. ibid. pp. 461-462). </span></span><br />
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<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">Noël, chez Dickens, c'est la célébration de la régénération, de la reconnaissance de la faute et l'absolution par Tiny Tim («<i>Dieu nous bénisse tous tant que nous sommes!</i>»). C'est Dickens, </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="color: black;"><span face=""segoe ui" , sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhm8aFtxdMjgMbp6HWaeTiRpYR9Sds7XstVR5S5R4lD0he6m8ROT1uI4sDM4LfKKdeR41i32YwgcfkmwJllFVB_hMfkXsGdlccCSEUeItVFLjLJ9oAUK3-PU9n3eKr9ViemUJOKhyphenhyphennLp-1l/s1600/9c30fad40663f45a8fc15b358e3f1156.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="700" data-original-width="482" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhm8aFtxdMjgMbp6HWaeTiRpYR9Sds7XstVR5S5R4lD0he6m8ROT1uI4sDM4LfKKdeR41i32YwgcfkmwJllFVB_hMfkXsGdlccCSEUeItVFLjLJ9oAUK3-PU9n3eKr9ViemUJOKhyphenhyphennLp-1l/s400/9c30fad40663f45a8fc15b358e3f1156.jpg" width="275" /></a></span></span>par exemple, qui parle à travers la bouche du neveu de Scrooge : «<i>Mais je suis sûr d'avoir au moins toujours regardé Noël, chaque fois qu'il est revenu, et à part le respect dû à son nom sacré comme à sa sainte origine, si on peut séparer ces choses de Noël... oui, j'ai toujours regardé Noël comme un heureux temps, un temps de bienveillance, de pardon, de charité, de bonnes relations; le seul temps que je sache dans le long calendrier de l'année où hommes et femmes semblent, d'un consentement unanime, ouvrir leurs cœurs et penser aux pauvres gens placés au-dessous d'eux, comme à des compagnons de voyage de cette vie à l'autre, ce qu'ils sont en effet, et non une autre race de créatures se rendant à un autre but</i>» (C. Dickens. op. cit. pp. 10-11). Chesterton a donné une analyse pénétrante de la signification de Noël chez Dickens. Selon lui, Dickens «<i>touche... cet autre aspect de la vie du peuple dont il devait se faire le champion; il avait à montrer qu'il n'y a pas de meilleure bière que celle dont le pauvre se régale et pas de plaisirs plus grands que ceux des malheureux</i>» (G. K. Chesterton. op. cit. p. 35).<i> </i></span></span><br />
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<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">La régénération qu'annonce le Noël de Dickens, c'est non la résurrection de l'âme chrétienne, dévolue à Pâques, mais l'avènement, déjà<i>, </i>de la société de consommation des biens de première nécessité : «<i>Le caractère distinctif de Noël - qui diffère en ceci, par exemple, </i></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><i><span style="color: black;"><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span style="color: black;"><span face=""segoe ui" , sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhUMF1aBdkmucu9IKmx4mzb4MzUsqG-XJNOuAS2Id-3FqqFgHfgnzwKvGo_ot2iFon4HTxz9z7-DUHrEDSvJXFSZcbKGDC-aC0e6e2hec_S2fDYQRSHH9WkNEih1usHizvgtokfD_iNaVc3/s1600/unnamed.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="512" data-original-width="379" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhUMF1aBdkmucu9IKmx4mzb4MzUsqG-XJNOuAS2Id-3FqqFgHfgnzwKvGo_ot2iFon4HTxz9z7-DUHrEDSvJXFSZcbKGDC-aC0e6e2hec_S2fDYQRSHH9WkNEih1usHizvgtokfD_iNaVc3/s400/unnamed.jpg" width="295" /></a></span></span></i></span></span>de Pâques tel qu'on le célèbre sur le continent - consiste en deux traits surtout : d'abord, au point de vue matériel, la recherche du confort plutôt que de l'éclat; ensuite, au point de vue spirituel, la tendance à développer la charité chrétienne plutôt que le mysticisme. Et le goût du confort est, comme la charité, un instinct foncièrement anglais. Je dirai plus, l'amour du confort est comme la charité une vertu anglaise; - bien que celui-là puisse dégénérer en matérialisme, celle-ci en laisser-aller et en formalisme, comme il arrive trop souvent</i>» (G. K. Chesterton. ibid. p. 113). C'est le confort et la charité qui créent le besoin de partager et non les bons sentiments seuls. Bob Cratchit, le commis de Scrooge, payé à quinze shillings par semaine et père du feluet Tiny Tim, ne parvient pas à partager son optimisme jovial à son patron, mais Scrooge finira par lui payer sa <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhUMF1aBdkmucu9IKmx4mzb4MzUsqG-XJNOuAS2Id-3FqqFgHfgnzwKvGo_ot2iFon4HTxz9z7-DUHrEDSvJXFSZcbKGDC-aC0e6e2hec_S2fDYQRSHH9WkNEih1usHizvgtokfD_iNaVc3/s1600/unnamed.jpg">dinde de Noël</a> et les soins à l'enfant souffreteux. En retour, Scrooge retrouvera sa place de figure de Père dans le roman familial des Cratchit : «<i>Scrooge tint parole : il fit mieux, beaucoup mieux. Il fut un second père pour Tiny Tim, qui <span style="font-size: small;">NE MOURUT PAS</span>. Il devint un bon ami, un bon maître, un bon homme, aussi bon qu'aucun marchand de la Cité, avant et depuis lui</i>» (C. Dickens. op. cit. p. 116). Dickens espère que l'empathie parviendra à résoudre les dérapages du nouveau régime économique : «<i>Dickens avait pour les pauvres de la sympathie, au sens grec et littéral de ce mot; il souffrait dans son cœur avec eux; car ce qui les exaspère l'exaspérait aussi. Ce n'était pas qu'il eût pitié du peuple qu'il s'en fit le champion, ou même simplement qu'il l'aimât : en cette affaire, il était lui-même le peuple. Seul dans notre littérature, il est la voix, non seulement des couches sociales profondes, mais du subconscient de ces couches. Il donne une voix à la colère secrète des humbles. Il dit ce que les classes ignorantes ne font que penser des classes cultivées, ou même ne font que sentir à leur égard</i>» (G. K. Chesterton. ibid. p. 121). En surinvestissant de sympathie les liens humains Dickens, avec Noël, offrait une alternative à la prodigalité en tant que réaction à l'avarice. </span></span><br />
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<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">S'il y avait dans l'Angleterre victorienne des hommes et des femmes dont le comportement était odieux et donnait matière à des culpabilités inouïes, le fonds commun de la société </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="color: black;"><span face=""segoe ui" , sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEidlhGxnMp1kp8gEbq8rETog-LgLulje3qlE1MN7jNCYp41c3Brd1Pl6OSMwkNV_swgQ0ywTJguRzTItMSNB0PCqHKPFjI6ArPvrZ0B0qh53yBsnUnCcZd47wR0TgMC-8emH8X08fzYJhpP/s1600/6c080c82-a247-4cc7-abe8-a2acae56cd55.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="700" data-original-width="700" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEidlhGxnMp1kp8gEbq8rETog-LgLulje3qlE1MN7jNCYp41c3Brd1Pl6OSMwkNV_swgQ0ywTJguRzTItMSNB0PCqHKPFjI6ArPvrZ0B0qh53yBsnUnCcZd47wR0TgMC-8emH8X08fzYJhpP/s400/6c080c82-a247-4cc7-abe8-a2acae56cd55.jpg" width="400" /></a></span></span>restait intact, intègre, honnête et pur dans l'esprit de l'écrivain : «<i>Tous les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEidlhGxnMp1kp8gEbq8rETog-LgLulje3qlE1MN7jNCYp41c3Brd1Pl6OSMwkNV_swgQ0ywTJguRzTItMSNB0PCqHKPFjI6ArPvrZ0B0qh53yBsnUnCcZd47wR0TgMC-8emH8X08fzYJhpP/s1600/6c080c82-a247-4cc7-abe8-a2acae56cd55.jpg">foyers</a> dicken-</i></span></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><i>siens ne sont pas sinistres : certains dégagent même une chaleur et un bonheur familiaux. Mais ce sont alors en général des foyers humbles, petits et surpeuplés (chez Dickens les pauvres sont ensemble, tandis que les riches sont solitaires), et ils ressemblent un peu aux celliers joyeux de la grande maison qu'est cette fiction, mais qui représente également, je pense qu'on peut l'avancer sans trop forcer le trait, la Maison d'Angleterre. C'est une maison où en grimpant les étages de la société, on se trouve de plus en plus dans la maison de l'orgueil esseulé, de la discipline et du ressentiment, de l'habitude de se servir des gens comme autant d'outils, du moi humain coupé de la vie, jaloux et malveillant, mais aussi handicapé en dépit de toutes les richesses dont il dispose, comme s'il suffisait d'être extrêmement riche et puissant pour être - c'est ici que l'on sent toute la force poétique que Dickens insuffle à ces maisons noires - plongé dans l'obscurité</i>» (J. Harvey. <i>Des hommes en noir, </i>Paris, Abbeville, Col. Tempo, 1998, pp. 199-200 et 203). Ce n'était pas là une analyse objective des conditions du </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><span style="color: black;"><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="color: black;"><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhaqmh8S92NE4DUEC6aTjG_0FK1ZnqAK1BQj0i6srullY5Eqrxyf09kWZk8o9D51vTAfIqnFxNEjFyLz_xfoRSP7TJmeLckaGEhyKaOAJBZuI04sSEgDojt1wQF0KLcnRPe5qYqwaiz-4PC/s1600/factory-workers.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="471" data-original-width="600" height="313" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhaqmh8S92NE4DUEC6aTjG_0FK1ZnqAK1BQj0i6srullY5Eqrxyf09kWZk8o9D51vTAfIqnFxNEjFyLz_xfoRSP7TJmeLckaGEhyKaOAJBZuI04sSEgDojt1wQF0KLcnRPe5qYqwaiz-4PC/s400/factory-workers.jpg" width="400" /></a></i></span></span></span></span>temps. Éveilleur de cons-</span></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">cience, mais de cons-</span></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">cience morale beaucoup plus que de cons-</span></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">cience historique comme le remarque encore une fois Ches-</span></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">terton : «<i>La seule chose que Dickens, parmi tant d'abus dénoncés, n'ait jamais dépeint est cette puissance de la routine qui détruit l'âme. Il a prêté à la mauvaise école, au mauvais système paroissial, à la mauvaise prison beaucoup plus de gaieté et de vie que ces institutions n'en ont jamais pu offrir en réalité. Il les a donc flattées en quelque façon; mais par cette flatterie il les a détruites</i>» (G. K. Chesterton. op. cit. p. 199). Dickens s'enfargeait dans les fleurs du tapis, mais jamais il n'accepta de considérer qu'il aurait mieux valu de changer complètement le tapis.<i> </i></span></span><br />
<br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;">Jamais Dickens n'avait obtenu pareil succès avec le lancement du <i>Chant de Noël. </i>Ses problèmes de santé comme ses problèmes d'argent s'effacèrent progressivement. «<i>Le livre devint promptement ce qu'un journaliste appela une "institution nationale" ou ce que Thackeray définit comme un "bienfait national". On connaît l'histoire de l'industriel américain qui, après l'avoir lu, donna une journée de congé supplémentaire à ses employés, ou celle de </i></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><i><span style="color: black;"><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span lang="fr-CA"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg1hCHmt2J1KJ9Hc1W08HYhRKN0vCUsfXTcmczSWNjmy24OHW3ZrijZzF0CBL6lqEQz-BKWnp0QsBUP91n_kFL0R76Te8R1Zn42t53sCaxqEGUtXwij4fzGHFeKr3gpZjYGyDMSjIsBKb-X/s1600/William-and-Catherine-Booth-ministering-in-a-street-meeting.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="374" data-original-width="562" height="265" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg1hCHmt2J1KJ9Hc1W08HYhRKN0vCUsfXTcmczSWNjmy24OHW3ZrijZzF0CBL6lqEQz-BKWnp0QsBUP91n_kFL0R76Te8R1Zn42t53sCaxqEGUtXwij4fzGHFeKr3gpZjYGyDMSjIsBKb-X/s400/William-and-Catherine-Booth-ministering-in-a-street-meeting.jpg" width="400" /></a></i></span></span></span>Carlyle qui, lui, commanda une dinde... Assuré-</i></span></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><i>ment, par son attaque contre ceux qui dédai-</i></span></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><i>gnent les pauvres et les sans-emploi, le </i>Chant de Noël <i>prend place parmi les autres œuvres littéraires radicales de la même époque...</i>» (R. Ackroyd. op. cit. pp. 460-461). La littérature dickensienne contribua à motiver certaines actions philanthropiques et à relancer le discours de la régénération, non plus par les mouvements socialistes ou syndicaux cette fois, mais par la religion. Dickens s'adressait avant tout à la conscience morale de la bourgeoisie, car c'était elle qui souffrait de la culpabilité sociale des tares du régime capitaliste. Des œuvres de bienfaisance, sans doute, pouvaient adoucir les rigueurs de la vie des pauvres mais ne pouvaient remplacer la justice. On retrouve le premier dévoiement de la pensée de Dickens dans l'œuvre du fondateur de l'<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg1hCHmt2J1KJ9Hc1W08HYhRKN0vCUsfXTcmczSWNjmy24OHW3ZrijZzF0CBL6lqEQz-BKWnp0QsBUP91n_kFL0R76Te8R1Zn42t53sCaxqEGUtXwij4fzGHFeKr3gpZjYGyDMSjIsBKb-X/s1600/William-and-Catherine-Booth-ministering-in-a-street-meeting.jpg">Armée du salut</a> : «<i>L'obscurité était la métaphore chosie ultérieurement par William Booth, fondateur de l'Armée du salut, qui intitula son livre </i>Dans l'Angleterre profonde et la voie de sortie : <i>"N'y a-t-il pas aussi une Angleterre profonde, comme il y a une Afrique profonde? </i>[...] <i>Ne pouvons-nous trouver un parallèle devant notre porte, et découvrir à deux pas de nos cathédrales et de nos palais des horreurs comparables à celles que Stanley a trouvées dans la grande forêt tropicale?" Cette métaphore est développée avec force détails et références aux prédateurs et à </i></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><i><span style="color: black;"><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span style="color: black;"><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjlrtaaW5ho2YuND8UFwksOxesotL4XPnWzJOFOoMXBApCX-jnzUkDl8g4P0CchKOfUU0jz-Om0wdRnUoVx5UQQ63SkkGtB2je1Oh53uqQHtKqYrA_udi6CmIMqbEpf1QuVIsy6o1WrqehN/s1600/streetarabsriis1880s.gif" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="346" data-original-width="502" height="275" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjlrtaaW5ho2YuND8UFwksOxesotL4XPnWzJOFOoMXBApCX-jnzUkDl8g4P0CchKOfUU0jz-Om0wdRnUoVx5UQQ63SkkGtB2je1Oh53uqQHtKqYrA_udi6CmIMqbEpf1QuVIsy6o1WrqehN/s400/streetarabsriis1880s.gif" width="400" /></a></i></span></span></i></span></span>l'exploitation, à l'esclavage et à l'esclavage des femmes, aux privations maté-</i></span></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-style: normal;"><i>rielles, à la croissance stoppée aux maladies ("Comme l'Afrique profonde, l'Angleterre profonde pue la malaria"), tout en étant intensifiée : "Vous parlez de l'Enfer de Dante, et de toutes les horreurs et les cruautés de la salle des tortures des damnés!" Or la texture de cette métaphore boothienne présuppose peut-être que les "indigènes" des taudis sont des hommes noircis à la fois par la misère et le dénuement, et par une privation spirituelle. </i>[...] <i>Ce qui est clair, c'est que "l'obscurité", au sens donné à ce mot au XIXe siècle, n'est pas seulement le lieu où habitent les païens, c'est aussi le lieu où habitent les pauvres et les démunis. Cela fait également partie de "l'obscurité" morale - "assombrissement moral" disait Ruskin, de cette société qui majoritairement consent à cette misère</i>» (J. Harvey. op. cit. pp. 199-200 et 201)<i>.</i></span></span></div>
</div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; text-align: justify;">
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm;">
<br /></div>
</div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">Beaucoup mieux qu'Harpagon, Séraphin Poudrier incarne la quintessence de l'avarice et de l'avaricieux. Malgré tout le génie de Molière, Harpagon
n'atteint pas le profil décrit dans
le roman d'abord, puis le radio-roman, les films, les pièces de
théâtre puis la série télévisée qui, durant cinquante ans, ont
fourni au public canadien-français la figure de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhZGZ7AU3uE3OYruQ1FNo_dODqO6TH_87RYXLJSdrt8T1eE0PGQi7sozjJD5Ej7IzZQj8RM6S9zKr6CfpcU9FUMlHhRdrLwDkwtG-4RFw9t6ytTza9HCmBY2KjJS6DjMUlK_-O7XGdElrNs/h120/un-homme-et-son-peche_donalda-seraphin-451x460.jpg">Séraphin Poudrier</a>.
</span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhZGZ7AU3uE3OYruQ1FNo_dODqO6TH_87RYXLJSdrt8T1eE0PGQi7sozjJD5Ej7IzZQj8RM6S9zKr6CfpcU9FUMlHhRdrLwDkwtG-4RFw9t6ytTza9HCmBY2KjJS6DjMUlK_-O7XGdElrNs/s1600/un-homme-et-son-peche_donalda-seraphin-451x460.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="460" data-original-width="451" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhZGZ7AU3uE3OYruQ1FNo_dODqO6TH_87RYXLJSdrt8T1eE0PGQi7sozjJD5Ej7IzZQj8RM6S9zKr6CfpcU9FUMlHhRdrLwDkwtG-4RFw9t6ytTza9HCmBY2KjJS6DjMUlK_-O7XGdElrNs/s400/un-homme-et-son-peche_donalda-seraphin-451x460.jpg" width="391" /></a>«<i>Avant de devenir un téléroman, </i>Les Belles Histoires
<i>prirent la forme d'un roman - </i>Un </span><span face=""segoe ui" , sans-serif">homme et son péché<i>,
publié en 1933 et qui obtint le prix David deux ans plus tard -,
d'un radio-</i></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>roman, de pièces de théâtre et de deux longs métrages.
Mais en dépit du succès que connurent toutes les entreprises vouées
à perpétuer l'histoire de Séraphin Poudrier, l'émission télévisée
demeure sans doute la plus profondément ancrée dans la mémoire
populaire</i>» (<span style="font-weight: normal;">L. Bertrand. </span><i><span style="font-weight: normal;">Un
peuple et son avare, </span></i><span style="font-weight: normal;">Montréal,
Libre-Expression, 2002, </span>pp. 18-19). Cette longue popularité
lui a permis de fignoler le personnage dont le profil évolue,
perdant de sa violence pour apparaître plutôt pitoyable. Luc
Bertrand rappelle d'ailleurs que «<i>le prénom "Séraphin"
veut dire, en symbolique chrétienne, "ange de feu". Par
ailleurs, la signification hébraïque de "Séraphin" se
résume à "le brûlant", ou plus exactement "celui
qui brûle"</i>» (<span style="font-weight: normal;">L.
Bertrand. </span><i><span style="font-weight: normal;">Un peuple et
son avare, </span></i><span style="font-weight: normal;">Montréal,
Libre-Expression, 2002, p. 63), ce qui expliquerait, à la
fin du roman, lorsque ledit Séraphin Poudrier voit au loin sa maison en
flammes, s'écrie : «</span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhhULy7DRp545ixdyI9lA7ahkaMbGJcYWPHK3ptwQpzJYEq7CBeoEVWIxK2a6Ou0aTaT7jqPCSsuVL7KQ7UjayLfFZ7WP4UVuRXQGRuqrATtTqiZsw0vgaPsoM83O8XMF3a29jlx5ewcY3y/h120/Un+Homme+et+son+p%25C3%25A9ch%25C3%25A9+1935+p243.jpg"><i><span style="font-weight: normal;">C'est moi qui brûle!</span></i></a><span style="font-weight: normal;">»</span></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjp9pSl_QmIdxW0hLJT6_4cT69ooFyy2yuCsZrysdL4pow-fnnquKS2R7_UHWqvl5jfTTy4c1wFr1tkdMLyrmnBbD_1a1fvJzukE6bjEmUxpBtgkjUfHvPBtMogPKnQs8a4OVt7jf2BAZ6l/s1600/Un+Homme+et+son+p%25C3%25A9ch%25C3%25A9+1935+p243.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1298" data-original-width="957" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjp9pSl_QmIdxW0hLJT6_4cT69ooFyy2yuCsZrysdL4pow-fnnquKS2R7_UHWqvl5jfTTy4c1wFr1tkdMLyrmnBbD_1a1fvJzukE6bjEmUxpBtgkjUfHvPBtMogPKnQs8a4OVt7jf2BAZ6l/s640/Un+Homme+et+son+p%25C3%25A9ch%25C3%25A9+1935+p243.jpg" width="470" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<br /></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEio2rm-_20Mdz6nI7O0cPqKgygfmkILr8-ws5dyMGjlhYfcVoBfTh0mxEFaQ4h6TbwtJNoSU8xevvCAU1z3eRjPBF0NBftzCaX28yUusVsyvD8zhYyQac8A_Q7_aZN0ZDzO8PjvoWJb_uOG/h120/index.jpg">Claude-Henri Grignon</a> (1894-1976) est l'homme d'un seul roman, mais de toute une
faune télévisuelle qui gravite autour de son personnage central, le
maire de Sainte-Adèle, Séraphin </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-weight: normal;">Poudrier, à la fin du XIXe siècle,
au moment de la colonisation des Laurentides, au nord de Montréal
(les pays d'en haut). Plutôt pamphlétaire virulent que romancier,
</span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-weight: normal;">Grignon appartenait au genre naturaliste qui prenait le contre-pied
de la littérature du terroir fort </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-weight: normal;"><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEio2rm-_20Mdz6nI7O0cPqKgygfmkILr8-ws5dyMGjlhYfcVoBfTh0mxEFaQ4h6TbwtJNoSU8xevvCAU1z3eRjPBF0NBftzCaX28yUusVsyvD8zhYyQac8A_Q7_aZN0ZDzO8PjvoWJb_uOG/s1600/index.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="260" data-original-width="194" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEio2rm-_20Mdz6nI7O0cPqKgygfmkILr8-ws5dyMGjlhYfcVoBfTh0mxEFaQ4h6TbwtJNoSU8xevvCAU1z3eRjPBF0NBftzCaX28yUusVsyvD8zhYyQac8A_Q7_aZN0ZDzO8PjvoWJb_uOG/s400/index.jpg" width="298" /></a></span></span>prisée par le clergé et les
élites de la province de Québec. Ce genre laudatif de la vie
agricole, rural, catholique ultramontain, se dressait contre une
vision négative de l'industrialisation et de l'urbanisation, toutes
deux animées par les activités anglo-saxonnes et protestantes. Le roman du terroir
invitait les francophones à se replier sur leurs traditions, leur
religion, leur langue et sur les lopins de terre qui, dans le cas des
Laurentides, étaient souvent des lopins de roches et de mauvaises
terres. Le roman naturaliste, à l'image des œuvres des frères
Goncourt et de Émile Zola, présentait la vie rurale sous un aspect
fort différent. Non que Grignon, dont la fibre conservatrice vibrait
à l'éloge de la terre canadienne, ne fût contre cette mystique
catholique, mais il tenait à en montrer le visage moins reluisant à
travers la figure de l'avaricieux du village. Comme pour tous nos exemples précédents, la figure poussée au noir de l'avaricieux a le don de faire ressurgir, en clair-obscur, la bonté et la beauté des autres figures qui l'environent.</span></span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-weight: normal;">Et
pour cause! Grignon s'est toujours employé à rappeler combien les
Séraphins étaient présents dans les comtés ruraux du Québec. Ce
qui fait la force du personnage qu'il inventa, c'est précisément
que Séraphin Poudrier est un concentré de tous les comportements
avaricieux que les cultivateurs du temps de la colonisation pouvaient
développer. La pauvreté généralisée du Québec d'alors risquait de faire de chaque cultivateur un avaricieux que l'esprit fugace d'un enfant pouvait observer : «</span><i><span style="font-weight: normal;">Il l'a vu
</span></i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgfmsQc2MHW7HYboKSTG09JEGkrlyxz22E0aMSDwA-aYKQBVo1IxkM8f1XVWcGrkxysquaTACVVq3FqByO7eiV6Vk9p_CwYEb_FkS0dZ129ZfIR-THR-ezDda64EbiPHZzsiWLfA9XGrLCB/s1600/storage.quebecormedia.com.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="650" data-original-width="426" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgfmsQc2MHW7HYboKSTG09JEGkrlyxz22E0aMSDwA-aYKQBVo1IxkM8f1XVWcGrkxysquaTACVVq3FqByO7eiV6Vk9p_CwYEb_FkS0dZ129ZfIR-THR-ezDda64EbiPHZzsiWLfA9XGrLCB/s400/storage.quebecormedia.com.jpg" width="261" /></a>scruter le sol en quête de vieux fers qu'il revendait ensuite au
forgeron. </span></i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span style="font-weight: normal;">Il l'a entendu se réjouir du fait que sa défunte ne lui
ait pas laissé d'enfants, autre source de dépenses. À sa mort, sa
fortune se chiffrait à cinquante mille dollars. À cette époque, un
tel exploit ne peut se réaliser sans d'incroyables prouesses d'une
parcimonie maladive. Grignon en donne quelques exemples dans
</span></i><span style="font-weight: normal;">Précisions sur </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-weight: normal;"><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-weight: normal;"> <i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgfmsQc2MHW7HYboKSTG09JEGkrlyxz22E0aMSDwA-aYKQBVo1IxkM8f1XVWcGrkxysquaTACVVq3FqByO7eiV6Vk9p_CwYEb_FkS0dZ129ZfIR-THR-ezDda64EbiPHZzsiWLfA9XGrLCB/h120/storage.quebecormedia.com.jpg">Un homme et son péché</a>,</i></span></span>. </span><i><span style="font-weight: normal;">Un jour,
l'homme en question jette de la cendre dans le potage pour amener sa
femme à croire que les légumes qu'il cultive sont devenus non
comestibles et qu'il est préférable de les vendre au village plutôt
que de les manger. Le même personnage laisse ensuite son père
mourir de froid et de faim, fabrique lui-même son cercueil, creuse
la fosse, puis refuse de payer l'enterrement au curé. Enfin, il
consacre ses nuits à réparer des clous croches à la lueur de la
chandelle</span></i><span style="font-weight: normal;">» (L.
Bertrand. ibid. p. 61). De telles pratiques permettaient parfois à
des cultivateurs de renflouer les matelas et les bas de laine d'une
véritable petite fortune : «</span><i><span style="font-weight: normal;">Selon
l'auteur, il n'est pas exceptionnel qu'un avare vivant en 1880
dépense tout au plus cinquante dollars par année. Vivant de sa
terre, habitué à se débrouiller avec le strict minimum, dans un
environnement où le moindre sou a sa valeur, le paysan le plus
économe n'est pas à l'abri de l'avarice. Or, affirme Grignon,
Poudrier a vite franchi le pas qui existe entre l'économie et
l'avarice. Élevé dans un milieu où les misères de la colonisation
du Nord demeurent toutes fraîches à la mémoire des défricheurs
des Pays d'en haut, sensibilisé bien jeune à ces réalités pas si
lointaines, Grignon s'est donc naturellement servi de ces temps durs
et héroïques pour camper son personnage</span></i><span style="font-weight: normal;">»
(L. Bertrand. ibid. p. 60). </span></span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-weight: normal;">Le
portrait que Grignon trace de Séraphin Poudrier, dès le roman de
1933 - roman qui paru donc au plus fort de la crise de 1929 -, est
celui d'un être cupide jusqu'à l'inhumanité, à la cruauté, voire
au meurtre. Séraphin a épousé en convoitise Donalda Laloge, femme
soumise </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgO4jKH-F6wiINML3yZPsIIFfcSb5MsffhcXNK9hRebD7HsHmTPxboLmbCPfHdLiNlwqJSZE-uEH6Ptl4PbipN6YOlx8X51CaWjqNracxiM5KJsi54XMbFNUO2xaDOS2AtYjAwey0s7etxF/s1600/MV5BYzYxNjY0YzQtMTA5ZS00NWU2LThiMDYtYjM0ODhiMDZhMmY3XkEyXkFqcGdeQXVyNjEzMTg5Njk%2540._V1_UX148_CR0%252C0%252C148%252C216_AL_.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="216" data-original-width="148" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgO4jKH-F6wiINML3yZPsIIFfcSb5MsffhcXNK9hRebD7HsHmTPxboLmbCPfHdLiNlwqJSZE-uEH6Ptl4PbipN6YOlx8X51CaWjqNracxiM5KJsi54XMbFNUO2xaDOS2AtYjAwey0s7etxF/s400/MV5BYzYxNjY0YzQtMTA5ZS00NWU2LThiMDYtYjM0ODhiMDZhMmY3XkEyXkFqcGdeQXVyNjEzMTg5Njk%2540._V1_UX148_CR0%252C0%252C148%252C216_AL_.jpg" width="274" /></a>à son sort, pieuse, fragile, qu'il astreint aux travaux
domestiques les plus difficiles tout en la nourrissant mal. Celle-ci
meurt de la </span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-weight: normal;">tuberculose. </span>«<i>Une première partie de
l'ouvrage révèle un <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgO4jKH-F6wiINML3yZPsIIFfcSb5MsffhcXNK9hRebD7HsHmTPxboLmbCPfHdLiNlwqJSZE-uEH6Ptl4PbipN6YOlx8X51CaWjqNracxiM5KJsi54XMbFNUO2xaDOS2AtYjAwey0s7etxF/s1600/MV5BYzYxNjY0YzQtMTA5ZS00NWU2LThiMDYtYjM0ODhiMDZhMmY3XkEyXkFqcGdeQXVyNjEzMTg5Njk%2540._V1_UX148_CR0%252C0%252C148%252C216_AL_.jpg">Séraphin</a> déjà avare et que la soif de l'or
et des richesses matérielles amène à "sacrifier" Donalda
à force de privations. La maladie et la mort </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>de la jeune femme, qui
constituent, aux yeux de l'auteur, le point central du livre,
terminent cette première moitié. Dans la seconde, Séraphin,
débarrassé d'une "créature" qu'il juge trop dépensière,
vit un intense état de névrose que lui cause sa hantise de perdre
sa fortune. Ce qui le conduira effectivement à sa propre perte</i>»
(L. Bertrand. ibid. p. 57). Séraphin a un cousin, à la fois
complice et rival, Alexis Labranche, modèle tiré des anciens
coureurs des bois revenant de l'exil. Jadis amoureux de Donalda avant
les épousailles de Séraphin, il vit maintenant avec son épouse et
leur fille. Porté vers la consommation de l'alcool, Alexis apparaît
comme la némésis de Séraphin. Comme le relève le critique Gérard
Bessette : «<i>Nous avons deux cousins "complémentaires"
(l'un est avare, l'autre prodigue; l'un sobre, l'autre buveur) dont
l'un convoite la fille de l'autre et dont l'autre convoite la femme
du premier, la fille et la femme étant d'ailleurs sensiblement du
même âge, et... interchangeables et jumelles... Tout cela, tout ce
chassé-croisé affectif se passe donc "en famille"</i>»
(G. Bessette. <i>Une littérature en ébullition, </i>Montréal,
Éditions du Jour, 1968, p. 102). Grignon respecte la vision de Dante
qui voyait avares et prodigues partager le même cercle du Purgatoire. En définitive, l'or et l'argent chez Séraphin jouent un
rôle équivalent à celui de l'alcool chez son cousin Alexis. Mais
Alexis démontrera toujours cette surdose d'amour - de sa femme et de
sa fille, de sa parenté, du village, et surtout de la nature -, qui
manque totalement à Séraphin.</span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">Car tout le trouble de Séraphin
commence dans cette concentration affective qu'il a investie dans les
possessions de l'or et de l'argent, bien sûr, mais aussi de la
terre. En tant qu'agent </span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhw7A1Rc-Bjw0RRrcRQrzn4FSPEaJYKZzG7B4Wh0GFlEMrsYmqmiUBXVlZlsIJ6rPeFCEIUniuHk5atHqs1p3cONOSn2lf9izyWHww8tA8yFLbLJYiPp-iHHk6rIaN1sxMFwKG3Kk1URH2O/s1600/s%25C3%25A9+et+do.jpeg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="183" data-original-width="275" height="266" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhw7A1Rc-Bjw0RRrcRQrzn4FSPEaJYKZzG7B4Wh0GFlEMrsYmqmiUBXVlZlsIJ6rPeFCEIUniuHk5atHqs1p3cONOSn2lf9izyWHww8tA8yFLbLJYiPp-iHHk6rIaN1sxMFwKG3Kk1URH2O/s400/s%25C3%25A9+et+do.jpeg" width="400" /></a>des terres, c'est lui qui établit les
colons, leur trouve une terre où s'établir, </span><span face=""segoe ui" , sans-serif">en fixe le prix et les
taux d'intérêts pour les hypothè-</span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif">ques. Il faut entendre ici l'amour
dans son sens le plus érotique. Séraphin dévie de son objet
naturel - sa femme, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhw7A1Rc-Bjw0RRrcRQrzn4FSPEaJYKZzG7B4Wh0GFlEMrsYmqmiUBXVlZlsIJ6rPeFCEIUniuHk5atHqs1p3cONOSn2lf9izyWHww8tA8yFLbLJYiPp-iHHk6rIaN1sxMFwKG3Kk1URH2O/h120/s%25C3%25A9+et+do.jpeg">Donalda</a> -, l'investissement libidinal dans cette
figure maternelle qu'est la terre, action régressive et répétitive
que traduisent tous les moments où se réfugiant dans le bas-côté,
Séraphin va palper et embrasser ses pièces d'or. «<i>C'est n'avoir
pas compris l'attitude névrotique de Séraphin à l'égard de la
chair. C'est n'avoir pas saisi à quel point concupiscence et avarice
forment chez lui un couple inséparable, constituent les deux pôles
d'une même pulsion, d'une même libido. En effet, Séraphin fuit la
chair dans l'argent, se fait un mur d'argent pour se protéger de la
chair. L'argent - qui n'est en fait qu'un prétexte mais un prétexte
inconscient - lui interdit les jouissances sexuelles. C'est là pour
lui une nécessité psychologique</i>» (G. Bessette. ibid<i>. </i>p. 95).</span><br />
<br /></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">Cette nécessité agit sur
l'avaricieux au point de commander toute son existence. Issu d'un
milieu ingrat où le travail rend peu de ce qu'on y investît, la
richesse passe de sa fonction sociale à un surinvestissement
symbolique. Car il y a des conséquences collectives dont l'ensemble
de la communauté souffrent de la puissance de l'avaricieux, surtout
lorsqu'il occupe autant de postes administratifs et politiques :
«<i>L'intérêt de l'écriture de Grignon dans </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>la construction de ce
personnage est d'exposer les conséquences sociales et politiques de
ce péché d'avarice dans les plus subtiles stratégies perverses de
Séraphin qui atteignent tous et </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>chacun. Aux fins de la continuité
de l'œuvre, Séraphin demeure imperméable à tout </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjweyIAwA9ZAZV0RutSvvB-kTqL9pIhdq8BJsN51tkFrB7y9-HIqfwo9f9URtRC7D7N7V3JR2QTHIAxJA0U_-GMruacpEMWbf0K8qds4HuJ0jlLmMQArmUGZzrYfitdNz9LamSF4Wx6qgge/s1600/hqdefault.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="360" data-original-width="480" height="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjweyIAwA9ZAZV0RutSvvB-kTqL9pIhdq8BJsN51tkFrB7y9-HIqfwo9f9URtRC7D7N7V3JR2QTHIAxJA0U_-GMruacpEMWbf0K8qds4HuJ0jlLmMQArmUGZzrYfitdNz9LamSF4Wx6qgge/s400/hqdefault.jpg" width="400" /></a></i></span></i></span>détachement et à
toute conversion intérieure. Il s'inscrit ainsi comme person-</i></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>nage
mythique, tirant profit de toute situation permet-</i></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>tant de s'enrichir.
Sa mystique est celle de la possession de l'or, signe de sa fortune
et de sa puissance. Les scènes qui sont sans doute les plus
significatives et les plus symboliques de l'avarice de Séraphin se
passent dans le bas-côté où un <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjweyIAwA9ZAZV0RutSvvB-kTqL9pIhdq8BJsN51tkFrB7y9-HIqfwo9f9URtRC7D7N7V3JR2QTHIAxJA0U_-GMruacpEMWbf0K8qds4HuJ0jlLmMQArmUGZzrYfitdNz9LamSF4Wx6qgge/h120/hqdefault.jpg">sac d'or</a> lui tient lieu de banque.
Le toucher de ce métal témoigne d'un sensualisme qui lui procure un
plaisir extrême. Sa mystique se résume en une forme d'adoration de
son or, comme symbole de tous ses biens. C'est en pensant à son or
qu'il prie. Sa foi en un Dieu tout autre, le Dieu des chrétiens, est
plus que douteuse, même si, socialement et en ce qui concerne sa
pratique dominicale, Séraphin semble un bon catholique</i>» (R.
Legris. <i>Le téléroman québécois, 1953-2008, </i>Québec,
Septentrion, 2013, p. 333).</span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">L'appât du gain et de
l'enrichissement finissent par dévorer la personnalité de
l'avaricieux. Il n'a plus aucun sens moral, tout étant valorisé en
fonction de sa cupidité. «<i>Comme maire, Séraphin est revêtu
d'un prestige et d'une autorité qui donnent une forte stature
politique aux fonctions du personnage dans le téléroman. Ce pouvoir
lui permet d'agir sur le destin des ruraux et des villageois des
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhsFCFC0ThKbdukgBYnmwElmInWNXyfpY9CCVgQDQ7e2Q5-U55alMGy_BFHKjpsi9Rxp3GhvLYFGmykNNKrQeZw7OboCR3Q0hZY06reYhKbyDdWTE1bgyutK2xIWtBtrIZchCxCgdf8McxW/h120/teleroman-noiretblanc.jpg">Laurentides</a>, dont il faut assurer le succès et le </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>développement
</i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhsFCFC0ThKbdukgBYnmwElmInWNXyfpY9CCVgQDQ7e2Q5-U55alMGy_BFHKjpsi9Rxp3GhvLYFGmykNNKrQeZw7OboCR3Q0hZY06reYhKbyDdWTE1bgyutK2xIWtBtrIZchCxCgdf8McxW/s1600/teleroman-noiretblanc.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="354" data-original-width="564" height="250" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhsFCFC0ThKbdukgBYnmwElmInWNXyfpY9CCVgQDQ7e2Q5-U55alMGy_BFHKjpsi9Rxp3GhvLYFGmykNNKrQeZw7OboCR3Q0hZY06reYhKbyDdWTE1bgyutK2xIWtBtrIZchCxCgdf8McxW/s400/teleroman-noiretblanc.jpg" width="400" /></a>économique. Toutefois c'est surtout dans ses rencontres avec les
emprun-</i></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>teurs et avec le notaire Lepotiron qu'il fait état de son
savoir juridique susceptible de protéger ses biens et d'exploiter le
potentiel de la région. Plus encore, Séraphin utilise sa
connaissance de la religion pour soutenir ses stratégies
d'exploitation et d'économie. Si son avarice est montrée comme
désir du bien d'autrui, et si elle est faite d'acquisitions qui se
veulent légales, elle est vue comme une dérogation fondamentale à
la loi de Moïse, par ses modalités d'exploitation du plus pauvre.
Cependant, comme Séraphin connaît bien les lois religieuses pour
les utiliser à ses fins tout en se maintenant ainsi dans les normes,
il peut faire valoir auprès des gens son identité de chrétien. Et
s'il applique la loi avec rigueur, selon les normes, pour servir ses
droits civiques, son habileté et son sens de l'argumentation sont
utilisés avec l'adresse d'un musicien pour accorder ses stratégies
financières à la rectitude de la loi</i>» (R. Legris. ibid. pp.
333-334).</span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">Il en va également ainsi de la
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgRMgKjMmzmFCmHtNnuQu3z8bfw_hjSeZDBiQzvhtryYtnytUt-2DXGGHhxNH35Kip2UFisDCDKoJ-9_S2eL094YkuoB9ZC9QElChogyR0LYNth6NplgN2a5a4ZDOlCgGTT5NYjq-YVgu4U/h120/personnage-cure-labelle.jpg">religion</a> qui comptait tant pour les populations
canadiennes-françaises de la fin du XIXe siècle, surtout dans les
régions rurales. Séraphin aura beau dire que les deux seuls livres
qui comptent sont le <i>'tit catéchisse</i> et le code du </span><span face=""segoe ui" , sans-serif">grand
Napoléon (le </span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgRMgKjMmzmFCmHtNnuQu3z8bfw_hjSeZDBiQzvhtryYtnytUt-2DXGGHhxNH35Kip2UFisDCDKoJ-9_S2eL094YkuoB9ZC9QElChogyR0LYNth6NplgN2a5a4ZDOlCgGTT5NYjq-YVgu4U/s1600/personnage-cure-labelle.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="540" data-original-width="720" height="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgRMgKjMmzmFCmHtNnuQu3z8bfw_hjSeZDBiQzvhtryYtnytUt-2DXGGHhxNH35Kip2UFisDCDKoJ-9_S2eL094YkuoB9ZC9QElChogyR0LYNth6NplgN2a5a4ZDOlCgGTT5NYjq-YVgu4U/s400/personnage-cure-labelle.jpg" width="400" /></a>code civil), c'est le grand Napoléon qui finit
toujours par l'emporter sur la loi mosaïque : «<i>De fait, la
démarche religieuse de Séraphin dans sa participation aux offices
religieux opère sur l'isotopie du socioreligieux pour marquer son
appartenance, plus sociale que spirituelle, à l'Église. La religion
est donc pour Séraphin une des références qu'il fait servir à ses
désirs indéniables de maintenir sa richesse, tout comme la loi le
servira aussi dans ses objectifs. De plus, en contrepartie d'un désir
sexuel refoulé et caché, dont la manifestation dérive vers
l'exaltation de la beauté des femmes et une grande sensibilité de
Séraphin à leur séduction, le discours de Séraphin devient
hyperbolique face à ses parentes ou aux femmes du village.
L'expression qu'il utilise souvent pour parler des femmes, "les
belles créatures", traduit une tendance du voyeur quelque peu
frustré» </i>(R. Legris. ibid. p. 333). Du voyeur, mais aussi de l'impuissant sexuel. Car tel est le secret derrière la névrose obsessionnelle de l'avare. La stérilité de Donalda, le regard lubrique qu'il pose tantôt sur Bertine Labranche, tantôt sur Angélique Marignon, est le plus loin où son excitation sexuelle peut le mener.</span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><br /></span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">Même si, avec le développement du
thème pour la télévision, la personnalité de Séraphin s'est revêtue de nuances, est devenue moins entière absorbée par son avarice, l'essentiel
du portrait donné au personnage en 1933 demeure. Le naturalisme
du roman finit par laisser place à une <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEix6VOMEGKk317MPs0QtKguQOpoI7-u_wzoys7R_RA14BNwr2HvAN-AErZ-3VCUnNNhxYenRhzaZX8KBAGKRlCjutuOgdL6FJyAA14y2qMAx03ts4xRTRfjhmSh4uW7B5gn-pXE4ZwcrkhP/h120/618200-comediens-elizabeth-lesieur-andree-champagne.jpg">dramatisation</a> où
l'humour vient aérer la cruauté des situations. (La </span><span face=""segoe ui" , sans-serif">transition est </span><span face=""segoe ui" , sans-serif">remarquable lorsque l'interprétation de Séraphin est passée d'Hector Charland </span><span face=""segoe ui" , sans-serif">à Jean-Pierre </span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span face=""segoe ui" , sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEix6VOMEGKk317MPs0QtKguQOpoI7-u_wzoys7R_RA14BNwr2HvAN-AErZ-3VCUnNNhxYenRhzaZX8KBAGKRlCjutuOgdL6FJyAA14y2qMAx03ts4xRTRfjhmSh4uW7B5gn-pXE4ZwcrkhP/s1600/618200-comediens-elizabeth-lesieur-andree-champagne.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="615" data-original-width="922" height="266" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEix6VOMEGKk317MPs0QtKguQOpoI7-u_wzoys7R_RA14BNwr2HvAN-AErZ-3VCUnNNhxYenRhzaZX8KBAGKRlCjutuOgdL6FJyAA14y2qMAx03ts4xRTRfjhmSh4uW7B5gn-pXE4ZwcrkhP/s400/618200-comediens-elizabeth-lesieur-andree-champagne.jpg" width="400" /></a></span></span></i></span></span>Masson). «<i>Bien sûr, le thème de l'ava-</i></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>rice de Séraphin, qui
sert de fonde-</i></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>ment à la </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>télésérie, y est </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>omni-</i></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>présent et, selon
les circons-</i></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>tances, apporte une touche d'humour ou, au contraire,
donne lieu à un développement dramatique. C'est ce qui se produit
notamment dans "La Quête de l'Enfant-Jésus" alors que
Séraphin, à la grande honte de Donalda, fait une offrande
ridiculement modeste au curé Raudin, venu demander sa contribution à
cette quête annuelle avec le docteur Jérôme, "marguillier en
charge". Dans "L'Invention du siècle", l'avare
n'accepte de signer une requête réclamant l'installation du
téléphone à Sainte-Adèle qu'à la condition où la corporation
municipale consente à payer celui du maire, en l'occurrence : lui-même. Dans "Un grand patriote" - sans doute
l'un des épisodes les plus humoristiques du téléroman -,
Sainte-Adèle rend hommage à Séraphin, qui célèbre son dixième
anniversaire comme maire de Sainte-Adèle. À sa grande frustration,
on lui remet une plaque, plutôt qu'une bourse, que le père Ovide
s'était chargé de lui faire avoir. Moins drôle, "La Tombe"
dépeint l'avare sous son pire jour, lorsqu'il exige de Ti-Boule...,
un colon miséreux dont la femme vient de mourir, qu'il lui remette
la montre en or que lui a léguée son père en retour du cercueil
fabriqué par Séraphin</i>» (L. Bertrand. op. cit. p. 252).</span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">Et il n'y a pas que son entourage
qui finit par souffrir de l'avarice de Séraphin Poudrier. Il est
clair que, dès le roman d'<i>Un homme et son péché, </i>c'est
lui-même qui apparaît la première victime souffrante de sa
tyrannie. Son avarice finit par en faire un pur <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg7BnadhDjauUg3th88OF_H38wrD6waT_OWknG6A1gQXtwBJB0nolxUZoPTvXRXxMbOTySeZUqm3ze579pHRgof4yrVl6AiT2fEOeVTVRuwzQ19GZ5MCxeS2x5A3_8YegZOMtGoE2V_MuIU/s1600/pdvd_012.jpg">sociopathe</a>. Il
s'isole de la communauté, se replie sur lui-même, vit des
cauchemars atroces qui contribueront à le </span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg7BnadhDjauUg3th88OF_H38wrD6waT_OWknG6A1gQXtwBJB0nolxUZoPTvXRXxMbOTySeZUqm3ze579pHRgof4yrVl6AiT2fEOeVTVRuwzQ19GZ5MCxeS2x5A3_8YegZOMtGoE2V_MuIU/s1600/pdvd_012.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="426" data-original-width="640" height="266" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg7BnadhDjauUg3th88OF_H38wrD6waT_OWknG6A1gQXtwBJB0nolxUZoPTvXRXxMbOTySeZUqm3ze579pHRgof4yrVl6AiT2fEOeVTVRuwzQ19GZ5MCxeS2x5A3_8YegZOMtGoE2V_MuIU/s400/pdvd_012.jpg" width="400" /></a>rendre encore plus
asocial... «<i>Maintenant qu'il possédait une </i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i>forte somme en papier
et en belles espèces sonnantes, était-il prudent de la garder dans
la maison? Autrefois, la petite bourse de cuir représentait pour
l'usurier l'unité de bonheur; aujourd'hui elle pesait lourdement sur
son âme. Il s'en trouvait embarrassé. Le secret qu'elle contenait
et la catastrophe qu'elle pourrait causer s'il était découvert,
augmentaient l'angoisse de Séraphin. Il se sentait épié, il se
sentait traqué. Il avait peur des voleurs. Il avait peur du feu. Il
pouvait mourir subitement. À l'approche silencieuse mais inévitable
de la nuit, surtout, il était pris d'une sorte d'épouvante. Lorsque
les ténèbres emplissaient la maison, son tourment prenait les
caractères d'un mal incurable. Il se réveillait tout en sueurs et,
à tâtons, se rendait jusqu'aux trois sacs d'avoine. Il rapportait
la bourse, la couchait avec lui comme un enfant, puis, la pressant
sur son cœur, essayait de s'endormir</i>». (C.-H. Grignon. <i>Un
homme et son péché, </i>cité<i> </i>in Sœur
Sainte-Marie-Éleuthère, op. cit. p. 51).</span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif">Cette véritable descente aux
enfers devait se terminer dans les flammes. <span style="font-weight: normal;">«</span><i><span style="font-weight: normal;">En
rentrant chez lui, après le sauvetage d'une vache tombée à la
rivière, Séraphin, en compagnie d'Alexis, </span></i></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEghabUst1jlfbXDoXo22q9aXCt5JYh28XYJv6MUkiQNa9kJT32h9DQXXmZK3OfWq7SnMOSleOdGrEfwcj4jiYe3vTw3tODrv58CtOBTCbuTMlDGX9fMAaDyh3mzsnumzwCJ9xnaIKn1-yuB/s1600/1995_2820_PH_13.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="410" data-original-width="450" height="363" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEghabUst1jlfbXDoXo22q9aXCt5JYh28XYJv6MUkiQNa9kJT32h9DQXXmZK3OfWq7SnMOSleOdGrEfwcj4jiYe3vTw3tODrv58CtOBTCbuTMlDGX9fMAaDyh3mzsnumzwCJ9xnaIKn1-yuB/s400/1995_2820_PH_13.jpg" width="400" /></a>aperçoit une immense
fumée grise s'échap-</span></i></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span style="font-weight: normal;">pant de la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEghabUst1jlfbXDoXo22q9aXCt5JYh28XYJv6MUkiQNa9kJT32h9DQXXmZK3OfWq7SnMOSleOdGrEfwcj4jiYe3vTw3tODrv58CtOBTCbuTMlDGX9fMAaDyh3mzsnumzwCJ9xnaIKn1-yuB/h120/1995_2820_PH_13.jpg">maison</a>. D'abord pétrifié, Poudrier
se met ensuite à courir à toute vitesse et s'engouf-</span></i></span><br />
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span style="font-weight: normal;">fre dans la
maison en flammes. Vers neuf heures du soir, la maison brûlée,
Alexis et un groupe de villageois cherchent le corps de Séraphin
dans les cendres restantes</span></i><span style="font-weight: normal;">»
(L. Bertrand. ibid. p. 63). Laissons la parole au romancier :</span></span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-weight: normal;">«</span><i><span style="font-weight: normal;">Sous
les débris sans nombre, tout au fond de la cave, on le trouva, à
moitié calciné, étendu à plat ventre sous le poêle, la tête
prise comme dans un étau, les bras croisés sur la poitrine, et les
deux poings fermés.</span></i></span> </div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEji2mj9xtKbU41sqBsbLhGibCwhUdeRJpeJtBjBMUNo22O8THDykLy-6vP-Dng0pCIQkI3dACj9NxQTKfQ0o0nIRgx-38kx32aio-vy0CF6c1xr-fIuWbTs_FtzAeYX1-ideTQ9v4AzAWJI/s1600/index.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="216" data-original-width="72" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEji2mj9xtKbU41sqBsbLhGibCwhUdeRJpeJtBjBMUNo22O8THDykLy-6vP-Dng0pCIQkI3dACj9NxQTKfQ0o0nIRgx-38kx32aio-vy0CF6c1xr-fIuWbTs_FtzAeYX1-ideTQ9v4AzAWJI/s640/index.jpg" width="212" /></a>On
réussit à dégager le corps. Avec les plus grandes précautions, et
dans la crainte que cette charpente d'homme qui avait été l'avare
ne tombât en poussière, on le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEji2mj9xtKbU41sqBsbLhGibCwhUdeRJpeJtBjBMUNo22O8THDykLy-6vP-Dng0pCIQkI3dACj9NxQTKfQ0o0nIRgx-38kx32aio-vy0CF6c1xr-fIuWbTs_FtzAeYX1-ideTQ9v4AzAWJI/h120/index.jpg">tourna sur le dos</a>. Quelle horreur!
Deux trous à la place des yeux, la bouche grande ouverte, les lèvres
coupées, et une dent, une seule dent qui pendait au-dessus de ce
trou. Tout le reste du corps paraissait avoir été roulé dans la
glaise.</span></i></span> </div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span style="font-weight: normal;">Deux
fois Alexis se pencha sur le cadavre. Il voulait savoir quelque
chose. Il le sut.</span></i></span> </div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><i><span style="font-weight: normal;">Il
ouvrit les mains de Poudrier. Dans la droite il trouva une pièce
d'or et, dans la gauche, un peu d'avoine que le feu n'avait pas
touchée</span></i><span style="font-weight: normal;">». (Cité in P.
de Grandpré. </span><i><span style="font-weight: normal;">Histoire de
la littérature française du Québec, t. 2, (1900-1945), </span></i><span style="font-weight: normal;">Montréal,
Beauchemin, 1968, p. 264).</span></span></div>
</blockquote>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; text-align: justify;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-weight: normal;">Les
colons de Sainte-Adèle découvrirent leur avare comme Dante et
Virgile avaient découvert le pape Adrien, </span><i><span style="font-weight: normal;">étendu
à plat ventre. </span></i><span style="font-weight: normal;">Comme<i> </i></span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-weight: normal;"><span face=""segoe ui" , sans-serif">Polymnestor, ses yeux avaient été sortis de leurs orbites.<i> </i></span>Sa
physionomie était devenue celle d'un damné de l'Enfer plutôt que
d'une âme en attente au Purgatoire</span></span><span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-weight: normal;"><span face=""segoe ui" , sans-serif" style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="font-family: "hoefler text ornaments"; font-size: medium;">⌛</span></span></span> </span></span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; text-align: center;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<br /></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; text-align: right;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-weight: normal;">Sherbrooke,</span></span></div>
<div style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: -0.03cm; text-align: right;">
<span face=""segoe ui" , sans-serif"><span style="font-weight: normal;">21 mars 2020.</span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
Coupalhttp://www.blogger.com/profile/14839226309394850656noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8942859135376014620.post-58641212862349042322020-02-25T14:59:00.000-05:002020-03-16T16:53:55.497-04:00Les sept péchés capitaux : Paresse<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
<span style="font-size: small;">
</span>
<br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><span style="font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEitBjZ9kFAH22eX2VCvZE5JmBbP1eHFlG1ef_epktLh6M_YEUn2pqpMRxwvvd7GDvnquNPfH1pGYUaxakKKzADZzxNIFaKi2nRCn45UtmZTDHJYZ7VCKE4Jyeg2kO0qDqug3p26aT7p5HDF/s1600/bosch5.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="360" data-original-width="414" height="346" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEitBjZ9kFAH22eX2VCvZE5JmBbP1eHFlG1ef_epktLh6M_YEUn2pqpMRxwvvd7GDvnquNPfH1pGYUaxakKKzADZzxNIFaKi2nRCn45UtmZTDHJYZ7VCKE4Jyeg2kO0qDqug3p26aT7p5HDF/s400/bosch5.jpg" width="400" /></a></span></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-size: small;">Hiéronymus Bosch. <i>La paresse</i></span></td></tr>
</tbody></table>
</div>
<div align="CENTER">
<span style="font-size: large;"><b><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif;">LES SEPT PÉCHÉS
CAPITAUX : PARESSE</span></b></span></div>
<span style="font-size: small;"><b>
</b></span>
<br />
<div align="RIGHT">
<span style="font-size: small;"><br /></span></div>
<div align="RIGHT">
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><b>À Marc Collin,</b></span><br />
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;">On voit qu'un ami est sûr quand</span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;">notre situation ne l'est pas</span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><br /></span><span style="font-size: small;">
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;">Cicéron</span></span><br />
<span style="font-size: small;"><span style="font-size: x-small;"><i>De l'amitié</i></span></span><span style="font-size: small;">
<span style="font-size: x-small;"><br /></span></span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-size: medium;">Le mot paresse, ou son synonyme, oisiveté, se retrouve rarement dans les livres d'histoire. Ceux-ci n'en ont que pour la besogne. Qu'il soit exploité ou libre, seul le travail mérite l'attention des historiens. En retour, aucun oisif, aucun fainéant n'est parvenu à inspirer la plume des anecdotiers, sauf peut-être chez quelque biographe traçant le portrait d'un personnage secondaire. À éplucher tous ces livres, on a </span></span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjerkNqUTXzbu6YVH6wr__FAgzWOpCC2BZiya8uoy_-JdFI0O8PNDdm9hZGMWl4Ny504XkQXmE-uCwkU3g94cACj_Z1dovmam5w97g3-QEI94grrtwrnokrAGFsT4xkSs1aQ0HPCVmwoHcv/s1600/hqdefault.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="360" data-original-width="480" height="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjerkNqUTXzbu6YVH6wr__FAgzWOpCC2BZiya8uoy_-JdFI0O8PNDdm9hZGMWl4Ny504XkQXmE-uCwkU3g94cACj_Z1dovmam5w97g3-QEI94grrtwrnokrAGFsT4xkSs1aQ0HPCVmwoHcv/s400/hqdefault.jpg" width="400" /></a></span>l'impres-</span></span></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-size: medium;">sion que le signifié du mot n'existe pas ailleurs autrement que dans la rhétori-</span></span></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-size: medium;">que des moralis-</span></span></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-size: medium;">tes, la prédica-</span></span></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-size: medium;">tion religieuse, la poésie, la dramaturgie ou le roman. Comment, en quelques mots, Germaine Guèvrement expédie le portrait d'Amable, le seul fils de la maison Beauchemin, dans <i>Le Survenant </i>: «<i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjerkNqUTXzbu6YVH6wr__FAgzWOpCC2BZiya8uoy_-JdFI0O8PNDdm9hZGMWl4Ny504XkQXmE-uCwkU3g94cACj_Z1dovmam5w97g3-QEI94grrtwrnokrAGFsT4xkSs1aQ0HPCVmwoHcv/s1600/hqdefault.jpg">Amable</a>? Il repose sur le canapé d'en haut. Apparence qu'il est revenu des champs à moitié éreinté. - Didace se mit à fumer. Amable se révélait de la même trempe molle...</i>» (G. Guèvremont. <i>Le Survenant, </i>Montréal, Fides, Col. Bibliothèque canadienne-française, s.d., p. 33). Mais en historiographie, nenni. Le dicton ne dit-il pas que la paresse est mère de tous les vices? Or chaque page de livres d'histoire raconte les pires vices du monde formaient barrage pour nous empêcher de la voir, de pénétrer son secret. La paresse? La grande oubliée de l'histoire.</span></span></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"> </span><span style="font-size: small;"><br /></span>
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif;"><span style="font-size: xx-small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi1HB7s4Duwkx0b-orMzfXmdXVGVDi_pDn7nx2mVUfXiIyDH6_efhPMYmV6-IE6H-cX-ZB_jbIikb_G76nJ8ngtxFWlVTY0mkVCt4-knmd9600uCqgvDbURW17aAJ-T2ojFc12p8VudnFlA/s1600/St_john_damascus.gif" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="291" data-original-width="132" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi1HB7s4Duwkx0b-orMzfXmdXVGVDi_pDn7nx2mVUfXiIyDH6_efhPMYmV6-IE6H-cX-ZB_jbIikb_G76nJ8ngtxFWlVTY0mkVCt4-knmd9600uCqgvDbURW17aAJ-T2ojFc12p8VudnFlA/s640/St_john_damascus.gif" width="289" /></a></span></span></span><span style="font-size: medium;">En Occident, la paresse a longtemps été tenue en dehors des péchés capitaux. On lui préférait la tristesse ou l'humeur chagrin, ainsi le pape Grégoire le Grand. Thomas d'Aquin </span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;">préféra suivre l'opinion de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi1HB7s4Duwkx0b-orMzfXmdXVGVDi_pDn7nx2mVUfXiIyDH6_efhPMYmV6-IE6H-cX-ZB_jbIikb_G76nJ8ngtxFWlVTY0mkVCt4-knmd9600uCqgvDbURW17aAJ-T2ojFc12p8VudnFlA/s1600/St_john_damascus.gif">Jean Damascène</a> pour qui «<i>l'acédie est une "tristesse accablante" qui produit dans l'esprit de l'homme une dépression telle qu'il n'a plus envie de rien faire, à la manière de ces choses qui, étant acides, sont, de surcroît, froides et inertes. Et c'est pourquoi l'acédie implique un certain dégoût de l'action</i>». Pour Thomas d'Aquin encore, l'acédie entraîne le développement d'autres défauts peccamineux : la malice, la rancune, la pusillanimité, le désespoir, la torpeur vis-à-vis des commandements, le vagabondage de l'esprit autour des choses défendues (on parle aujourd'hui de <i>déficit d'attention</i>) et l'inaction. Mais là encore, l'acédie n'est pas toute la paresse. C'est une forme très particulière de la mélancolie due plus souvent qu'autrement aux déceptions de la vie, à l'usure de l'existence non comblée, à l'amertume... La paresse englobe un domaine de comportements et d'attitudes beaucoup plus large. Ce qui relevait de l'acédie au Moyen Âge, surtout parmi les moines, est devenu un comportement psychologique lié à la mélancolie, l'ennui, la lassitude; une maladie : la dépression.</span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><br /></span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;">Mais revenons à
la paresse. Celle-ci peut être divisée en trois ordres : la paresse
du corps, celle de l'esprit et enfin, la pire de toutes, la paresse du
cœur. La
</span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>paresse du corps</i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;">,
c'est celle de<i> la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgYXjktMNSsaeV53IkD-AleUEelIR1P8Z6usMk2O4GRazMS99oYiLX0UNKbDZApiU6nPq4KPum-7UNZYxcOjNPVn2TxFw8GP5kj1V6KAg-bdG2PSLVecvVzW7l9Jy7oItWlmcESDzcnDO_P/h120/img_quelle_est_la_morale_de_la_cigale_et_la_fourmi_de_jean_de_la_fontaine_12642_600.jpg">cigale</a> ayant chanté tout l'été se trouva fort
dépourvue lorsque la bise fût venue</i>. À côté de la fourmi
besogneuse, son sort est le prix de son insouciance et de son
oisiveté, préférant se distraire par le chant plutôt </span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgYXjktMNSsaeV53IkD-AleUEelIR1P8Z6usMk2O4GRazMS99oYiLX0UNKbDZApiU6nPq4KPum-7UNZYxcOjNPVn2TxFw8GP5kj1V6KAg-bdG2PSLVecvVzW7l9Jy7oItWlmcESDzcnDO_P/s1600/img_quelle_est_la_morale_de_la_cigale_et_la_fourmi_de_jean_de_la_fontaine_12642_600.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="381" data-original-width="600" height="253" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgYXjktMNSsaeV53IkD-AleUEelIR1P8Z6usMk2O4GRazMS99oYiLX0UNKbDZApiU6nPq4KPum-7UNZYxcOjNPVn2TxFw8GP5kj1V6KAg-bdG2PSLVecvVzW7l9Jy7oItWlmcESDzcnDO_P/s400/img_quelle_est_la_morale_de_la_cigale_et_la_fourmi_de_jean_de_la_fontaine_12642_600.jpg" width="400" /></a>que se
résilier au travail. La </span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>paresse
de l'esprit</i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"> est celle
que l'anti-intellec-</span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;">tualisme porte bien haut, dans
les sociétés où se cultivent l'irrationnel, l'émotion-</span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;">nalisme ou l'intuition
contre la raison et l'esprit méthodique. Enfin, la plus dommageable
dans ses conséquences, à la fois pour l’individu autant que pour
la collectivité, la </span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>paresse
du cœur</i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;">, une lâcheté
devant la vie propre aux âmes déficitaires, froides et sèches; une
absence au monde, un refus d'accorder la liberté - à soi et aux autres - pour
la sécurité et les certitudes, ces fanatismes de toujours qui ont
souvent fait de la condition humaine, une condition pathétique et
misérable telle que décrite dans le petit pamphlet de Jules Lafargue, <i>Le droit à la paresse</i>.</span><br />
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;">Dante aborde la paresse par le biais d'une réponse que Virgile lui adresse. Celui-là se demande d'où lui vient cette faculté de vouloir connaître, «<i>cet amour à qui tu attribues les actions estimables et celles qui ne le sont pas</i>», et Virgile de répondre : «<i>Élève vers moi..., les facultés de ton intelligence, et vois jusqu'où peut aller l'erreur de ces <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiCOQAERyWppjXNyWPLoWLnGU6upjoo3gSy9AsDu_GbNZwqjU4p3ZbuQLmhtFBIK-sDb_DQILnNL2Y8luH8QFj_J5GQLyXstkiETYjRHGazQNp8gLNe2uq5mHcsblCXg7h-ChyuY0J1L9J4/s1600/Pieter_Bruegel-La-parabole-des-aveugles1.jpg">aveugles</a> qui se font guides. Le cœur qui est créé pour aimer vite, se dirige vers tout ce qui lui plaît, aussitôt qu'il a senti l'attrait du plaisir; votre faculté imaginative vous retrace l'objet réel, et en même temps en développe tellement le charme, que l'esprit est captivé, et se porte tout entier vers cet objet. Ce sentiment est un amour, une nouvelle nature que le plaisir détermine en vous. Ensuite, de même que le feu s'élève en-haut, par sa forme qui tend à monter dans la portion de </i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiCOQAERyWppjXNyWPLoWLnGU6upjoo3gSy9AsDu_GbNZwqjU4p3ZbuQLmhtFBIK-sDb_DQILnNL2Y8luH8QFj_J5GQLyXstkiETYjRHGazQNp8gLNe2uq5mHcsblCXg7h-ChyuY0J1L9J4/s1600/Pieter_Bruegel-La-parabole-des-aveugles1.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="770" data-original-width="1371" height="223" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiCOQAERyWppjXNyWPLoWLnGU6upjoo3gSy9AsDu_GbNZwqjU4p3ZbuQLmhtFBIK-sDb_DQILnNL2Y8luH8QFj_J5GQLyXstkiETYjRHGazQNp8gLNe2uq5mHcsblCXg7h-ChyuY0J1L9J4/s400/Pieter_Bruegel-La-parabole-des-aveugles1.jpg" width="400" /></a></i></span></span>matière avec laquelle il s'agglomère le plus facilement, de même l'esprit conçoit un désir qui est un continuel mouvement spirituel, et il ne s'arrête plus qu'il n'ait joui de la chose aimée. Tu comprends qu'elle est une chose louable. Peut-être sa substance pourra toujours être bonne, mais toutes les empreintes n'en sont pas exactes, quoique la cire soit d'une qualité propre à les mouler fidèlement</i>». Toute paresse proviendrait de cet amour superficiel et obsessif de posséder la chose désirée. Ne pas savoir attendre. La paresse du cœur précéderait les deux autres en ce qu'elle se laisse séduire plus facilement par des objets attrayants qu'elle ne cultive la profondeur de l'amour. De là proviendrait la seconde, la paresse de l'esprit qui se refuse à discerner les différentes profondeurs. Ainsi, ceux qui ne prennent temps de discerner l'objet de leur amour deviennent-ils vite ses esclaves et perdent-ils le contrôle de leur raison ...et leur liberté. De là, aussi, cette <i>passion moribonde du travail </i>que dénonce Lafargue. Pour le reste de la collectivité, ils deviennent ces borgnes appelés à diriger les aveugles jusqu'au fossé. On a ici toute la conception médiévale de l'acédie, comme le remarque Jean de Boschère dans son étude sur Hiéronymus Bosch : «<i>la paresse qui, dans l'esprit médiéval, désigne surtout la paresse de l'esprit, l'indifférence aux devoirs de la religion, la négligence du soin du salut de l'âme, la scène anecdotique fait place à l'<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEitBjZ9kFAH22eX2VCvZE5JmBbP1eHFlG1ef_epktLh6M_YEUn2pqpMRxwvvd7GDvnquNPfH1pGYUaxakKKzADZzxNIFaKi2nRCn45UtmZTDHJYZ7VCKE4Jyeg2kO0qDqug3p26aT7p5HDF/s1600/bosch5.jpg">allégorie</a>. Un homme dort, assis devant le feu, ayant fermé et poser le livre saint. Mais la foi lui apparaît et lui tend un chapelet, le rappelle au devoir de la prière</i>» (J. de Boschère. <i>Jérôme Bosch et le fantastique, </i>Paris, Albin Michel, 1962, pp. 65-66). Et c'est exactement ce que répond Virgile à Dante dans l'attente de Béatrice, cette <i>lumière de foi.</i></span><br />
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;">Mais la paresse de l'esprit qui délaisse la raison pour des satisfactions impératives risque d'entraîner des effets qui peuvent être amers et conduire au Purgatoire. Virgile reprend : «<i>Toute forme substantielle qui est distincte de la matière, et qui lui est seulement unie, renferme en soi une vertu particulière. On ne la distingue qu'au milieu des opérations; elle ne se démontre que par ses effets, comme une plante vivante est reconnue à la verdure de ses feuilles. L'homme ne sait d'où provient la source de ses premières connaissances, et celle des premières passions qui sont en lui... Mais pour régler cette première volonté innocente, vous avez reçu la raison qui vous conseille et qui vous dirige en gardant la porte de vos pensées. Cette raison régulatrice est la source de vos mérites, selon qu'elle admet ou repousse les amours coupables ou les amours vertueux. Les sages, qui par de profondes méditations sont parvenus à découvrir la nature des choses, ont connu cette liberté innée; ainsi l'ont-ils expliquée au monde dans des livres de philosophie morale. Ainsi, supposons que tout amour qui s'élève en nous s'y allume de nécessité, vous n'en avez pas moins la puissance de le réprimer</i>». Dante suggère ici que la raison est garante de la connaissance du bien et du mal; de nos désirs et de leurs objets, et cette raison seule doit être guide de notre libre-arbitre.</span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i> </i></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;">Mais, faut-il croire ces explications top lourdes pour l'esprit de Dante qui s'abandonne au sommeil, comme un retour de la paresse du corps? </span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: x-small;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif;"><span style="font-size: xx-small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhrMGpPWuey7s2eaDz8zdWJ2J7fo9eYrwGzZjlpsLPfa7iVbbHvTZfXwnsdaixBStqqT7FtrY8G1A0EJwHrvIgn91DVTmYlP874abpiP819gKiz4SzWz3HLF2IsqaDFX2swMa6BfNY8HF6_/s1600/e28819ab0cd62167b0edd7609c992436.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="713" data-original-width="570" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhrMGpPWuey7s2eaDz8zdWJ2J7fo9eYrwGzZjlpsLPfa7iVbbHvTZfXwnsdaixBStqqT7FtrY8G1A0EJwHrvIgn91DVTmYlP874abpiP819gKiz4SzWz3HLF2IsqaDFX2swMa6BfNY8HF6_/s400/e28819ab0cd62167b0edd7609c992436.jpg" width="318" /></a></span></span></span></span>C'est alors qu'une <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhrMGpPWuey7s2eaDz8zdWJ2J7fo9eYrwGzZjlpsLPfa7iVbbHvTZfXwnsdaixBStqqT7FtrY8G1A0EJwHrvIgn91DVTmYlP874abpiP819gKiz4SzWz3HLF2IsqaDFX2swMa6BfNY8HF6_/s1600/e28819ab0cd62167b0edd7609c992436.jpg">foule ambulante</a> le réveille (mais, ne serait-ce pas plutôt un cauchemar?), avançant d'<i>un pas incertain. </i>Ce sont ceux qui, provenant de Pietola, ont «<i>pleinement déchargé mon esprit du poids qui l'accablait</i>», car ces âmes sont mues par un repentir de leur paresse terrestre qu'elles sont obligées maintenant de marcher sans pouvoir s'arrêter, compensant ainsi leur négligence. On les entend alors dénoncer Dom Albert, abbé de Saint-Zénon à Vérone sous l'empire de Frédéric Barberousse : «<i>Tel qui a déjà un pied dans la fosse pleurera pour ce monastère, et gémira d'y avoir eu de la puissance. C'est dans ce lieu que cet ambitieux a mis pour pasteur véritable son propre fils, né d'un commerce illégitime, difforme de corps et encore plus difforme d'esprit</i>». Albert della Scala, seigneur de Vérone, en effet, avait forcé les religieux de ce monastère à recevoir pour chef son fils naturel, un être difforme et vicieux. Mais cette paresse de jugement n'est rien devant la terrible leçon que Virgile ascène au peuple juif : »<i>Tourne-toi; écoute ces deux voix qui <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhhVK-vRzjHD-Hif0CSg1DvGcBfMyfhVG78QnnG8tb0f4wAim0iirhm9d3kpf9KRBKrOSYMK2s94Yh8ElZrC-zttUTcBabFnxnQPhzuEv6OrOZMt3U7rUFtVeWrLDPMhnncu_zfMt3Nr1NU/s1600/ob_d29cd28851c8f2da26e507521d97c501_dsc-0506.JPG">mordent</a> la </i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: x-small;"><span style="font-size: xx-small;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhhVK-vRzjHD-Hif0CSg1DvGcBfMyfhVG78QnnG8tb0f4wAim0iirhm9d3kpf9KRBKrOSYMK2s94Yh8ElZrC-zttUTcBabFnxnQPhzuEv6OrOZMt3U7rUFtVeWrLDPMhnncu_zfMt3Nr1NU/s1600/ob_d29cd28851c8f2da26e507521d97c501_dsc-0506.JPG" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="350" data-original-width="600" height="232" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhhVK-vRzjHD-Hif0CSg1DvGcBfMyfhVG78QnnG8tb0f4wAim0iirhm9d3kpf9KRBKrOSYMK2s94Yh8ElZrC-zttUTcBabFnxnQPhzuEv6OrOZMt3U7rUFtVeWrLDPMhnncu_zfMt3Nr1NU/s400/ob_d29cd28851c8f2da26e507521d97c501_dsc-0506.JPG" width="400" /></a></i></span></span>Paresse en racontant les tristes effets de ce vice. Elles disaient derrière la foule des âmes : "La nation pour laquelle l'Éternel entrouvrit la mer, s'éteignit avant que le Jourdain eût vu les héritiers que Dieu avait désignés. Ce peuple, qui ne continua pas de partager les périls du fils d'Anchise, se dévoua volontairement à une vie sans gloire"</i>», ce qui est un blâme sévère. Virgile ne ménage pas son mépris en opposant les héritiers de Moïse à ceux d'Énée. Les Juifs sont paresseux car, à l'exemple des moines de Saint-Zénon, ils ne se sont point rebellés contre le diktat de maîtres étrangers arrogants. Ils n'ont ni poursuivi, par paresse militaire, la guerre de libération menée par Judas Macchabée, ni reconnu, par paresse théologique, la Vérité en Christ. Les voilà donc condamnés à déambuler ainsi, non pas en Enfer, mais conformément à l'attente apocalyptique de leur conversion à la <i>Vraye Foi </i>qui leur ouvrira les porte du Purgatoire vers le Paradis.</span><br />
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;">Est-ce un hasard si avant de rencontrer les avares et les prodigues qui ont échappé à l'Enfer pour se retrouver au Purgatoire, Dante rencontre la Sirène dont </span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: x-small;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgYVGYJe1dFlnpanvQKyuMlVLN6oxnUA2UqO1yJ07T4BsPW81wzhiMo3_9iPRNa1LZNSYHziaARjrpKZsCJGg_9buMD-Fr-JMSU6NiQQSHBcASG8j0a0icGZUVaqLdJqNGgEyhAuk6dA3-h/s1600/sirene2.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="379" data-original-width="492" height="307" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgYVGYJe1dFlnpanvQKyuMlVLN6oxnUA2UqO1yJ07T4BsPW81wzhiMo3_9iPRNa1LZNSYHziaARjrpKZsCJGg_9buMD-Fr-JMSU6NiQQSHBcASG8j0a0icGZUVaqLdJqNGgEyhAuk6dA3-h/s400/sirene2.jpg" width="400" /></a></span></span></span></span>le chant enchanta les oreilles d'<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgYVGYJe1dFlnpanvQKyuMlVLN6oxnUA2UqO1yJ07T4BsPW81wzhiMo3_9iPRNa1LZNSYHziaARjrpKZsCJGg_9buMD-Fr-JMSU6NiQQSHBcASG8j0a0icGZUVaqLdJqNGgEyhAuk6dA3-h/s1600/sirene2.jpg">Ulysse</a>? Étrange rencontre. Mais c'est normal, puisqu'il s'agit d'un songe. Assoupi à nouveau, lui apparaît «<i>une femme bègue, à l'œil louche, boiteuse, manchote, et d'un teint hâve. Je la considérais, et même que l'astre du monde rend de l'activité aux membres engourdis par les glaces de la nuit, de même mon regard déliait la langue de cette femme, en peu de temps redressait sa taille, et colorait sa figure pâlie, de ces teintes que demande l'amour. Aussitôt qu'elle eut recouvré la facilité de parler, elle chanta avec tant de grâce que je ne pouvais cesser de l'écouter. "Je suis, chantait-elle, je suis la douce sirène qui détourne les navigateurs au milieu des mers, tant ils prennent de plaisir à m'entendre. Je fis perdre à Ulysse, par mes doux accents, le chemin véritable, et celui qui s'arrête auprès de moi me fuit rarement, tant est puissante la force des enchantements"</i>». Évidemment, ce n'est pas Virgile qui va intervenir dans le songe. «<i>La sirène n'avait pas cessé de parler, qu'il parut tout à coup près de moi une femme sainte dont la présence couvrit la première de confusion et qui dit fièrement : "Ô Virgile, quelle est cette femme?" Et Virgile ne regardait que la femme sainte. Celle-ci, saisissant la première, dont elle entrouvrit la robe, me montra son sein qui exhalait une puanteur si horrible que je me réveillai tout à coup. Je portai mes yeux autour de moi, et le bon Virgile me disait : "Je t'ai appelé trois fois, lève-toi et viens..."</i>». Dante reprenait sa raison sur la séduction qui n'est que rêve. Pour cela, </span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: x-small;"><span style="font-size: xx-small;"><i><span style="font-weight: normal;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif;"><span style="font-size: xx-small;"><i><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi7uYsUUwUJXxCaXzshz6QOVsI6DgzsJmzOhE4fnAAaw4iv-4g4M6rY-b0lTu5anpVNB2_MlN14TUz7z9RpMoj-T5wuu6SvaYOc9Z2enFNNVfX_-ZwM1BMXQT9kDxvC2H6bjPf2zVzxMqCp/s1600/280px-Llull3.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="373" data-original-width="280" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi7uYsUUwUJXxCaXzshz6QOVsI6DgzsJmzOhE4fnAAaw4iv-4g4M6rY-b0lTu5anpVNB2_MlN14TUz7z9RpMoj-T5wuu6SvaYOc9Z2enFNNVfX_-ZwM1BMXQT9kDxvC2H6bjPf2zVzxMqCp/s400/280px-Llull3.jpg" width="300" /></a></span></i></span></span></span></i></span></span>le poète s'était rappelé le récit de la conversion de son contemporain, Raymond Lulle, mystique et alchimiste. «<i>La légende raconte que <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi7uYsUUwUJXxCaXzshz6QOVsI6DgzsJmzOhE4fnAAaw4iv-4g4M6rY-b0lTu5anpVNB2_MlN14TUz7z9RpMoj-T5wuu6SvaYOc9Z2enFNNVfX_-ZwM1BMXQT9kDxvC2H6bjPf2zVzxMqCp/s1600/280px-Llull3.jpg">Raymond Lulle</a> pendant sa jeunesse était un homme très amoureux qui utilisait la poésie des troubadours pour conquérir les belles dames. Vers 1265, Raymond Lulle, alors marié avec Blanche Picany, poursuivait une dame avec son cheval. La dame identifiée comme Ambroise Castelló, entra dans une église pour fuir, convaincue que le jeune amoureux n'oserait pas entrer dans un lieu sacré. Mais Lulle, plein de passion, éperonna son cheval, monta les marches et entra dans l'église. Quand la dame le vit faire, elle découvrit son sein et le lui montra, déformé par un terrible cancer</i>». Entre la paresse de l'esprit et le pragmatisme de l'accumulation des richesses et des dépenses, il y a ce retour du chant des sirènes que nous appelons, aujourd'hui, <i>publicité.</i></span><br />
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;">Et ce fait, auquel je faisais référence au début, que la paresse ne se trouve pas au cœur des récits historiographiques. Même les entrées de l'index des trois tomes publiés sous la direction de Jean Poirier chez Gallimard, <i>Histoire des mœurs, </i>ne portent pas le mot<i> paresse </i>ou <i>oisiveté. </i>Il faut remonter bien avant, il y a près de cent ans, pour trouver une entrée <i>paresse </i>dans le second tome de <i>L'origine et le </i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: x-small;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgdQE_LK9Z5waxwtnqigqzda6yoS_stIxt713MGbrIPtTtkIa2NNENhCi3oF9djanWQIuheHCmUE7FhA4C0x2gO31g8QjwTxkQae729OdMTqyaOYyQ3hxbegLuOb9xCk6Fzs1bpo_rrwSuh/s1600/Edward_westermarck.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="338" data-original-width="207" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgdQE_LK9Z5waxwtnqigqzda6yoS_stIxt713MGbrIPtTtkIa2NNENhCi3oF9djanWQIuheHCmUE7FhA4C0x2gO31g8QjwTxkQae729OdMTqyaOYyQ3hxbegLuOb9xCk6Fzs1bpo_rrwSuh/s400/Edward_westermarck.jpg" width="243" /></a></span></span></span></span>développement des idées morales </i>de l'anthropologue allemand <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgdQE_LK9Z5waxwtnqigqzda6yoS_stIxt713MGbrIPtTtkIa2NNENhCi3oF9djanWQIuheHCmUE7FhA4C0x2gO31g8QjwTxkQae729OdMTqyaOYyQ3hxbegLuOb9xCk6Fzs1bpo_rrwSuh/s1600/Edward_westermarck.jpg">Edward Westermarck</a> : «<i>L'homme incline naturellement à la paresse; non que l'activité musculaire en soi lui répugne, mais il déteste la monotonie du travail régulier, et la tension d'esprit qui l'accompagne. En général, il n'est poussé au travail que par un motif spécial, qui lui donne à penser que le travail vaut la peine d'être fait</i>» (E. Westermarck. <i>L'origine et le développement des idées morales, t. 2, </i>Paris, Payot, Col. Bibliothèque scientifique, 1929, p. 257). Pour l'<i>homme naturel, </i>il faudrait donc la nécessité ou la contrainte pour l'engager au travail. Travailler signifierait donc se contraindre, se soumettre à la torture (selon l'étymologie du mot) en vue d'investir des efforts dans une action productive. Mais là où il n'y a aucune nécessité ni contrainte, devrait-on qualifier l'oisiveté de paresse? Et Westermarck de poursuivre : «<i>Les hommes sont paresseux ou industrieux, selon que les objets nécessaires à leur existence sont faciles ou difficiles à se procurer; et ils préfèrent rester oisifs, s'ils peuvent faire travailler à leur place des domestiques ou des esclaves</i>» (ibid. p. 257). </span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><br /></span>
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: x-small;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjLQLBEyTrdHqlkfGVj1D6B7cJDhA3XWiLhPfkKz6o_S-K5ugRLivMxJLxT-Me4wfXdIT5fH71jQl952KhGHLHfLLF27emkDqwk57DhF637lpyy2J14U5yDis5EPSpmHD4ll2IKB9i6g1ab/s1600/abo_0_central_-_danse_aborigeieurne-8ab8e.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="320" data-original-width="650" height="196" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjLQLBEyTrdHqlkfGVj1D6B7cJDhA3XWiLhPfkKz6o_S-K5ugRLivMxJLxT-Me4wfXdIT5fH71jQl952KhGHLHfLLF27emkDqwk57DhF637lpyy2J14U5yDis5EPSpmHD4ll2IKB9i6g1ab/s400/abo_0_central_-_danse_aborigeieurne-8ab8e.jpg" width="400" /></a></span></span></span></span>L'observa-</span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;">tion des anthropo-</span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;">logues suffit à confirmer ce fait : «<i>Les indigènes d'Australie "sont capables de vigoureux efforts, à la chasse ou à la pêche, à la bataille ou à la danse, dans toutes les circonstances où la récompense est immédiate : mais le travail prolongé, en vue d'un gain éloigné, n'est pas de leur goût". Quand aux Polynésiens, remarque Hale, ils sont indolents et apathiques dans les îles les plus proches de l'équateur, où la chaleur suffit, sans le travail des hommes, à produire des fruits nourrissants : au contraire, un climat plus âpre, un sol plus rude, favorisent l'industrie, la prévoyance, un tempérament résistant. Ces effets opposés se manifestent d'une part à Samoa, Noukahiva, Tahiti, et de l'autre aux îles Sandwich et en Nouvelle-Zélande. Yate établit le même contraste entre l'industrie des Maoris et la proverbiale fainéantise des insulaires des Tonga"; tandis que, "sous le riche climat de îles des Amis, il est à peine besoin de travail pour se procurer non seulement le nécessaire, mais aussi bien du superflu". Les Malais, dit-on, goûtent fort une vie d'aisance indolente, parce que chez eux "un </i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: x-small;"><span style="font-size: xx-small;"><i><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEifk7nd_QT89LrAq4MwC9Oe7K9USWpJQ92A7gUnnQM-RFOEqJ_mOwW5Bvj-pRlkT2ftwt2Z5lQlAazzVTK-9cPfdPPuoqmUyg4-jGXcS_GpfBBE_adroUE-n0cl_vthwMrl-wTzZg_qeDya/s1600/Indig%25C3%25A8nes_de_Batak_%2528Indes_%255Bi_%255B...%255DAgence_Rol_btv1b53145107z.JPEG" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="542" data-original-width="710" height="305" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEifk7nd_QT89LrAq4MwC9Oe7K9USWpJQ92A7gUnnQM-RFOEqJ_mOwW5Bvj-pRlkT2ftwt2Z5lQlAazzVTK-9cPfdPPuoqmUyg4-jGXcS_GpfBBE_adroUE-n0cl_vthwMrl-wTzZg_qeDya/s400/Indig%25C3%25A8nes_de_Batak_%2528Indes_%255Bi_%255B...%255DAgence_Rol_btv1b53145107z.JPEG" width="400" /></a></span></i></span></span>travail assidu n'est pas nécessaire, ou ne donnerait pas de nouvelles jouissances". Les indigènes de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEifk7nd_QT89LrAq4MwC9Oe7K9USWpJQ92A7gUnnQM-RFOEqJ_mOwW5Bvj-pRlkT2ftwt2Z5lQlAazzVTK-9cPfdPPuoqmUyg4-jGXcS_GpfBBE_adroUE-n0cl_vthwMrl-wTzZg_qeDya/s1600/Indig%25C3%25A8nes_de_Batak_%2528Indes_%255Bi_%255B...%255DAgence_Rol_btv1b53145107z.JPEG">Sumatra</a>, note Marsden, "sont insouciants et imprévo-</i></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>yants, parce qu'ils ont peu de besoins : pauvres, il ne sont pas nécessiteux, car la nature est singulièrement prodigue de tout ce qu'il leur faut pour subsister". Les Trodas des Monts Nilghiri "ne font aucun travail que n'exigent les circonstances immédiates". L'indolence semble caractériser la plupart des peuplades de l'Inde, bien que cette règle n'aille pas sans exceptions. Burckhardt remarque que ce n'est pas, comme l'imaginait Montesquieu, le soleil du midi, mais la luxuriance du sol méridional, l'abondance des provisions, qui dissuade les habitants d'un effort énergique et cause de leur apathie. "La fertilité de l'Égypte, de la Mésopotamie, de l'Inde, où tout vient presque spontanément, induit les gens au demi-sommeil d'une continuelle indolence, tandis qu'en des pays voisins, d'un climat aussi chaud, telles les montagnes de l'Yémen et de la Syrie, où il faut peiner dur pour obtenir une bonne moisson, nous trouvons une race aussi supérieure à la première, comme activité, que le sont aux Espagnols et aux Italiens les Européens du Nord</i>» (ibid. pp. 258-259).</span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><br /></span>
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;">Ces traits mis en évidence par Westermarck expliqueraient, en partie, le génocide des Taïnos des Caraïbes lors de la <i>Conquista </i>du XVIe siècle.</span><br />
<blockquote class="tr_bq">
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;">«<i>Un des traits essentiels de cette première Amérique découle peut-être de la culture du maïs. Ces civilisations compliquées sont des civilisations du </i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: x-small;"><span style="font-size: xx-small;"><i><span style="font-weight: normal;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif;"><span style="font-size: xx-small;"><i><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhDarBxW1k9Rg8G8mSzRxbd5QUU56JZfE5hYZ9c9V0xMgC0D83CyYariA8vVXS_p87A4xW_dDUHe4lPQbbUWBaH9H16HFhoZrZkZCGrJwe3idn4r_yKLRk9jMRvGxTXe_Bu0wt9vThW2sMB/s1600/taino-hammock1.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="580" data-original-width="813" height="285" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhDarBxW1k9Rg8G8mSzRxbd5QUU56JZfE5hYZ9c9V0xMgC0D83CyYariA8vVXS_p87A4xW_dDUHe4lPQbbUWBaH9H16HFhoZrZkZCGrJwe3idn4r_yKLRk9jMRvGxTXe_Bu0wt9vThW2sMB/s400/taino-hammock1.jpg" width="400" /></a></span></i></span></span></span></i></span></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhDarBxW1k9Rg8G8mSzRxbd5QUU56JZfE5hYZ9c9V0xMgC0D83CyYariA8vVXS_p87A4xW_dDUHe4lPQbbUWBaH9H16HFhoZrZkZCGrJwe3idn4r_yKLRk9jMRvGxTXe_Bu0wt9vThW2sMB/s1600/taino-hammock1.jpg">loisir</a>. Toute chance à court terme peut être à la longue handicap. Il suffisait aux cultivateurs du maïs d'un effort de 60 à 70 jours par an pour assurer leur subsistance. La riziculture des deltas d'Asie, mince pourvoyeuse en calories mais prolixe en loisirs, exige du paysan de la rizière inondée 120 à 130 jours de travail : c'est peu par rapport au méteil de l'Europe atlantique, c'est beaucoup par rapport aux libéralités du maïs précolombien. Civilisations des loisirs, donc civilisations de contrainte : pour être moins soumises aux choses, ces civilisations l'ont été beaucoup plus aux hommes. Aucun autre système ancien n'a offert une base aussi large pour supporter une aussi lourde pyramide de domination.</i></span></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>Quelques unes des caractéristiques les plus profondes de l'histoire coloniale hispano-américaine découlent de cette structure. Mise au service de l'économie monétaire, l'énorme machine aztèque ou inca supportera un poids de domination supérieur (à nombre d'hommes égal) à tout autre. La saisie par l'Europe des loisirs de 10 millions d'Indiens, paysans du maïs, a été pour l'économie mondiale alors en construction un gain incalculable de puissance, un gain de puissance égal à plusieurs dizaines de millions d'hommes du méteil.</i></span> </blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>Dans la mesure pourtant où des civilisations prématurément délivrées du travail quotidien de subsistance se sont exprimées dans l'esclavage collectif de monstrueux loisirs dirigés, elles devaient entraîner la fragilité foncière de l'homme américain dont le legs est paradoxalement si menu dans l'histoire de l'Amérique</i>» (P. Chaunu. <i>L'Amérique et les Amériques, </i>Paris, Armand Colin, Col. Destins du monde, 1964, pp. 19-20).</span></blockquote>
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;">Tenons en réserve le jugement de Chaunu, mais reconnaissons que la conversion de l'économie naturelle en économie monétaire s'est opérée dès la colonisation d'Hispañola<i> </i>(Haïti et République dominicaine) par les naufragés de la <i>Santa-Maria </i>en décembre 1492 : «<i>Le dimanche 16 décembre, à Hispaniola, Colomb prend une décision qui engage l'avenir. Il choisit d'établir à demeure une colonisation fondée sur un établissement permanent. Les Indiens poltrons sont gens vigoureux, "propres </i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: x-small;"><span style="font-size: xx-small;"><i><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj7PpzF4vWRwtwiPgQJ2E9F_FZorZKFK0mBDrnhtmQMq4knix4wSWGN_sK-ktSF6N2CU7XZG7mCtN4rygRqGalcjYcb6yuagE-fTDam9wcK2FmsKZyLUJLXYC-5vQCcSmVX2lr5RiaEvw5k/s1600/tainos_oro_ribera.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="403" data-original-width="500" height="321" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj7PpzF4vWRwtwiPgQJ2E9F_FZorZKFK0mBDrnhtmQMq4knix4wSWGN_sK-ktSF6N2CU7XZG7mCtN4rygRqGalcjYcb6yuagE-fTDam9wcK2FmsKZyLUJLXYC-5vQCcSmVX2lr5RiaEvw5k/s400/tainos_oro_ribera.jpg" width="400" /></a></span></i></span></span>à être commandés et à ce qu'on les fasse <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj7PpzF4vWRwtwiPgQJ2E9F_FZorZKFK0mBDrnhtmQMq4knix4wSWGN_sK-ktSF6N2CU7XZG7mCtN4rygRqGalcjYcb6yuagE-fTDam9wcK2FmsKZyLUJLXYC-5vQCcSmVX2lr5RiaEvw5k/s1600/tainos_oro_ribera.jpg">travailler</a>". On pourrait même les acclimater à la vie citadine et au vêtement. La colonisation se dessine, avec son exploitation d'une main-d'œuvre plus ou moins consentante</i>» (J. Favier. <i>Les Grandes Découvertes, </i>Paris, Fayard, 1991, p. 492). Les caciques des Caraïbes pouvaient apparaître des <i>rois fainéants </i>aux yeux des <i>conquistadores </i>espagnols, mais ils ne régnaient pas sur un peuple physiquement inapte. Les Taïnos ne le furent seulement que pour le travail servile qu'on leur imposât. Comme l'insularité et l'infériorité en armement les empêchaient de fuir ou de résister à l'envahisseur, ils préférèrent le suicide : «<i>Le résultat s'inscrit dans des chiffres accablants. L'estimation la plus courante de la population de l'île à l'arrivée de Colomb, et que rappelle le rapport des dominicains de 1519, la porte à 1,1 million de personnes. En 1507, le trésorier Juan de Pasamonte n'en compte plus que 60 000. En 1520, il ne subsistait plus qu'un millier d'Indiens à Hispaniola, plus aucun à Porto Rico. Le déficit de main-d'œuvre, qui, officiellement, n'est pas esclave, mais qui est traitée comme si elle l'était, devient tel qu'il entraîne des déportations à partir de terres plus ou moins voisines : quarante à cinquante mille des îles Lucayes vers Hispaniola, sans compter un nombre indéterminé d'Indiens pris sur la terre ferme et vendus comme esclaves aux Espagnols de la première colonie d'Amérique. La même </i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: x-small;"><span style="font-size: xx-small;"><i><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjOWRUCzfvM-ij9G8lqXOSMY0w7QtCbnXg1k-cB0-UuXP_bSf6_GQg8pmAy2lfpHz7wOwu67BB4h87S2p70tfnqpqjLy498JpFLaPLcxjbF5FFLCsHQaMZHZyPLon48w_OoNjSw0XwlbZ0Y/s1600/WzfgfUbrrzkJPNv18xqE1tnVZ9o%2540550x412.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="412" data-original-width="550" height="298" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjOWRUCzfvM-ij9G8lqXOSMY0w7QtCbnXg1k-cB0-UuXP_bSf6_GQg8pmAy2lfpHz7wOwu67BB4h87S2p70tfnqpqjLy498JpFLaPLcxjbF5FFLCsHQaMZHZyPLon48w_OoNjSw0XwlbZ0Y/s400/WzfgfUbrrzkJPNv18xqE1tnVZ9o%2540550x412.jpg" width="400" /></a></span></i></span></span>catastrophe va s'abattre sur Cuba, où s'étaient réfugiés quelques groupes de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjOWRUCzfvM-ij9G8lqXOSMY0w7QtCbnXg1k-cB0-UuXP_bSf6_GQg8pmAy2lfpHz7wOwu67BB4h87S2p70tfnqpqjLy498JpFLaPLcxjbF5FFLCsHQaMZHZyPLon48w_OoNjSw0XwlbZ0Y/s1600/WzfgfUbrrzkJPNv18xqE1tnVZ9o%2540550x412.jpg">Taïnos</a>, et qui fut occupée à partir de 1509-1511, sur la Jamaïque et enfin sur San Juan de Porto Rico. Tel est l'aboutissement de ce régime de travail forcé que l'on peut aujourd'hui qualifier de concentrationnaire. Il allait à l'encontre des traditions, du mode de vie, de toute la culture des Indiens Taïnos. Il détruisait toute leur structure sociale...</i>» (Y. Bénot. «La destruction des Indiens de l'aire caraïbe», in M. Ferro (éd.) <i>Le livre noir du colonialisme, </i>Paris, Hachette Littérature, Col. Pluriel, 2003, pp. 57-58). En conclusion, «<i>accoutumés par le rythme court de leur agriculture (60 à 70 jours de travail) à des loisirs beaucoup plus étendus, ils ne supportaient pas le surcroît d'effort physique qui leur était imposé. D'où l'effroyable mortalité</i>» (F. Weymüller. <i>Histoire du Mexique, </i>Le Coteau, Horvath, Col. Histoire des nations, 1984, p. 101).</span><br />
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;">Avec les épidémies qui précédèrent l'occupation territoriale, l'implantation du travail forcé à des sociétés peu employées à la culture du maïs contribua à la dispersion des Indiens d'Amérique. L'oisiveté, comme le travail ailleurs, était la norme de leur existence et ne pouvait être considérée comme vice que vue de l'extérieur, et par une civilisation contrainte à des années quasi-complètes de </span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: x-small;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhsVpw0tyKtkJCVMNUv002jsFUenF2ouSbQ86N6LKChoJnNXIfyO0bMy9evAw9NXX3rgt8FvC_gKoFeRHnmH2yj4eieZcaY33JaGkfcccYs5CYEXEmZ6ZoBZoEHvwGnBU-FslSDPDOxk90P/s1600/2a01defb-42f2-4ad3-b7f1-cf7966378002.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="325" data-original-width="640" height="202" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhsVpw0tyKtkJCVMNUv002jsFUenF2ouSbQ86N6LKChoJnNXIfyO0bMy9evAw9NXX3rgt8FvC_gKoFeRHnmH2yj4eieZcaY33JaGkfcccYs5CYEXEmZ6ZoBZoEHvwGnBU-FslSDPDOxk90P/s400/2a01defb-42f2-4ad3-b7f1-cf7966378002.jpg" width="400" /></a></span></span></span></span>travail afin de répondre à ses nécessités. Dans cette confron-</span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;">tation entre le pot de terre et le pot de fer, la force de l'indolence ne doit pas être sous-estimée, comme le montre l'influence des mœurs autochtones sur la vie des coureurs des bois de la Nouvelle-France : «<i>Confronté en permanence à la société indienne, le coureur de bois s'approprie certaines attitudes de l'Indien et les réinterprète dans son code culturel. Le goût de la chasse, le culte des armes, le sens de l'honneur, le mépris pour l'agriculture - tâche féminine -, le plaisir des longues heures passées à palabrer et à fumer s'identifient à des valeurs nobiliaires. D'ailleurs le Pouvoir ne s'y trompe pas, il établit la filiation directe; lorsque les Français "ont goûté à la vie des bois chez les Sauvages, ils ne veulent plus labourer la terre, ni travailler mais mener une vie noble et libertine</i>» (P. Jacquin. <i>Les Indiens blancs, </i>Montréal, Libre Expression, 1996, p. 137). </span><br />
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;">Un tel constat peut également se remarquer par l'attitude des marins anglais lors </span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;">de l'épisode de la mutinerie du <i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEifYMHiKiO2OyX8nhPOAmJ25WMDWgIaGEu_tKUUEu65KvkKafjrFM6MuhdUWIAI4S4lcrCko6ZtrEstN81LBPsIvUEDNOE-NBEGaZrUDBZChqZWjT5AXpZs9RFrt_GgqR5u5-M2MhB4VaIK/s1600/c8817eccfa9f892aa8cc2455ef081791.jpg">Bounty</a>. </i>Ce thème qui appartient plus au <i>mythistoire </i>qu'à l'historiographie - par le nombre de romans et de films qu'il a </span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: x-small;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEifYMHiKiO2OyX8nhPOAmJ25WMDWgIaGEu_tKUUEu65KvkKafjrFM6MuhdUWIAI4S4lcrCko6ZtrEstN81LBPsIvUEDNOE-NBEGaZrUDBZChqZWjT5AXpZs9RFrt_GgqR5u5-M2MhB4VaIK/s1600/c8817eccfa9f892aa8cc2455ef081791.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="640" data-original-width="429" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEifYMHiKiO2OyX8nhPOAmJ25WMDWgIaGEu_tKUUEu65KvkKafjrFM6MuhdUWIAI4S4lcrCko6ZtrEstN81LBPsIvUEDNOE-NBEGaZrUDBZChqZWjT5AXpZs9RFrt_GgqR5u5-M2MhB4VaIK/s400/c8817eccfa9f892aa8cc2455ef081791.jpg" width="267" /></a></span></span></span></span></span>inspiré -, raconte comment un navire britannique, le <i>Bounty, </i>dont la mission consistait à ramener des arbres à pain afin de les transplanter aux Antilles où ils étaient inconnus, fut victime d'une mutinerie à Tahiti. «<i>Le jour de Noël 1788, le </i>Bounty <i>alla mouiller dans la baie de Papeete et on commença à embarquer un millier de jeunes arbres à pain et d'autres plantes. Au moment d'appareiller, plusieurs matelots désertèrent, mais furent vite capturés par les Tahitiens auxquels avaient été offertes de fortes primes</i>» (É. Vibart. <i>Tahiti Naissance d'un paradis au siècle des Lumières, </i>Bruxelles, Complexe, Col. La mémoire des siècles, # 202, 1987, p. 119). Quelques semaines plus tard, le 28 avril 1789, la mutinerie se produisit. L'équipe en avait </span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;">contre la dureté avec laquelle le capitaine <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhI144oRDHXN3o17svZApbc1G7P8YCtD2d_qlpwA_yixNc-9tKmniqdt0cJL0NSOUZFz3lU41Q50XRsGCskIRkTaR88AAH4i4UQu8EKmQkCMKwP3V0A7i6r2H3b8HYVhh6Yq9RDhyphenhyphenTjbXBg/s1600/index.jpg">Bligh</a>, ancien sous-officier du capitaine Cook, le traitait. Pourtant Bligh «<i>fut sans aucun doute en son temps l'un des meilleurs marins d'Angleterre. Cet excellent exécutant, dénué de toute psychologie, </i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif;"><span style="font-size: xx-small;"><i><span style="font-weight: normal;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif;"><span style="font-size: xx-small;"><i><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhI144oRDHXN3o17svZApbc1G7P8YCtD2d_qlpwA_yixNc-9tKmniqdt0cJL0NSOUZFz3lU41Q50XRsGCskIRkTaR88AAH4i4UQu8EKmQkCMKwP3V0A7i6r2H3b8HYVhh6Yq9RDhyphenhyphenTjbXBg/s1600/index.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="259" data-original-width="195" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhI144oRDHXN3o17svZApbc1G7P8YCtD2d_qlpwA_yixNc-9tKmniqdt0cJL0NSOUZFz3lU41Q50XRsGCskIRkTaR88AAH4i4UQu8EKmQkCMKwP3V0A7i6r2H3b8HYVhh6Yq9RDhyphenhyphenTjbXBg/s400/index.jpg" width="301" /></a></span></i></span></span></span></i></span></span></span></span>souffrait probablement de paranoïa. Les recherches les plus approfondies menées en Angleterre démontrèrent qu'il n'y eut pas complot, et que la révolte, dirigée par des officiers éclata en quelques heures. Bligh et une partie de l'équipage furent abandonnés en pleine mer dans une mauvaise chaloupe avec quelques vivres. Vingt-cinq matelots parmi les plus capables demeurèrent à bord, dirigés par Fletcher Christian et trois autres midships des meilleures familles d'Angleterre</i>» (ibid. pp. 119-120). Bligh et ses hommes, abandonnés avec seulement cinq jours de vivres, parvinrent à tenir 43 jours, parcourant 6,700 kilomètres dans un canot ouvert à tous vents. Ils finirent par atteindre l'île de Timor (Indonésie). Bligh retourna en Angleterre où il fut accueilli en héros, alors que l'amirauté chargeait le capitaine Edwards de partir à la recherche des mutins à bord du <i>Pandora. </i>D'autre part, «<i>les Tahitiens furent très surpris de voir revenir le </i>Bounty <i>quelques semaines après son départ. Les marins expliquèrent qu'ils avaient rencontré le capitaine Cook, dont le secret de la mort n'avait pas été trahi, et que le capitaine Bligh, resté avec lui, les avait chargés </i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i><span style="font-size: x-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif;"><span style="font-size: xx-small;"><i><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgowZEiz7uz-o4-DC0d0jcfOg7VB2MIFWPbcLyZboHeDWAlrP42hb2FuL3mJC_X35MuL1qgGJtCDwk9ezwzx0uJFyu7_LNFuy410gKA5nRc0unHSufKGOE5IBG3ZQ-osi2E7OH5yi6HlPH3/s1600/image.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="885" height="225" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgowZEiz7uz-o4-DC0d0jcfOg7VB2MIFWPbcLyZboHeDWAlrP42hb2FuL3mJC_X35MuL1qgGJtCDwk9ezwzx0uJFyu7_LNFuy410gKA5nRc0unHSufKGOE5IBG3ZQ-osi2E7OH5yi6HlPH3/s400/image.jpg" width="400" /></a></span></i></span></span></span>de venir chercher des vivres à Tahiti. Au terme de quatorze jours d'escale, les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgowZEiz7uz-o4-DC0d0jcfOg7VB2MIFWPbcLyZboHeDWAlrP42hb2FuL3mJC_X35MuL1qgGJtCDwk9ezwzx0uJFyu7_LNFuy410gKA5nRc0unHSufKGOE5IBG3ZQ-osi2E7OH5yi6HlPH3/s1600/image.jpg">mutins</a> repartirent avec quantité de vivres et environ vingt-cinq Tahitiens... Une première tentative d'installation ayant échoué dans une des îles Tonga, il fallut revenir à Tahiti. Très vite, Fletcher Christian repartit avec neuf Anglais et dix-neuf Tahitiennes et Tahitiens à la recherche d'une île déserte où les représailles anglaises ne seraient pas à craindre. Le jeune lieutenant qui détenait à bord la relation de Carteret dans l'édition d'Hawkesworth mit cap sur l'île pratiquement inaccessible de Pitcairn. L'île, déserte mais habitable et sans mouillage, offrit un asile sûr aux révoltés et aux Tahitiens qui la peuplèrent. Leurs descendants y vivent encore aujourd'hui</i>» (ibid. p. 120). </span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><br /></span><span style="font-size: small;">
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;">Le portrait tracé de Tahiti par les premiers visiteurs occidentaux, comme ceux de Colomb aux Antilles, jadis, reflétait les idées qu'on se faisait du Paradis :</span></span><br />
<blockquote class="tr_bq">
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;">«<i>En bordure du bas-pays, c'est-à-dire sur trois miles de largeur entre la côte et les premiers contreforts de la montagne, une <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgjDuEeGK-iHk2z_gbSWZVfpsEOPgOJe_NtcFvj2VyjL9YaCnf0_tYqwGNx3jnifndRHEfr4tvnvQEgGsTFuCj0Xj5FzNW0DRmH8tvdtzW-b917x9hIDJvwPtqdLrVQfijOUhdnZw3BHJc2/s1600/Tahiti-Matavai.jpg">campagne ravissante</a>, ombragée par des arbres à pain et par des cocotiers, est parsemée de maisons autour desquelles jouent de véritables essaims de garçons et de filles. Citons Bligh... : "Il est réjouissant de voir ces ribambelles de petits enfants, partout où il y en a, se livrer à leurs jeux favoris; les uns font planer des cerfs-volants, d'autres se balancent sur des cordes attachées aux branches des arbres, quelques-uns se promènent sur des échasses, certains luttent entre eux, bref, ils s'amusent comme le feraient n'importe quels petits Anglais. Les fillettes ont aussi leurs jeux, mais elle préfèrent les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjAcMPCs_LB33RvfNYGZRIrW34fp8cO20zUMi_QENocpACVzPdIKKvWzKgfrms7mEqObg90UA4ICmTyxcrRJkQ6sAdGnXLw3ergXAsJqwaR9fpIoe_5UL9Iet2y0oL7SCutO9dyVdKGKQdC/s1600/a0fe3891a6ff6327317cf1e62a7b439b.jpg">heivahs</a>, c'est-à-dire des danses".</i></span></blockquote>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: x-small;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: x-small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgjDuEeGK-iHk2z_gbSWZVfpsEOPgOJe_NtcFvj2VyjL9YaCnf0_tYqwGNx3jnifndRHEfr4tvnvQEgGsTFuCj0Xj5FzNW0DRmH8tvdtzW-b917x9hIDJvwPtqdLrVQfijOUhdnZw3BHJc2/s1600/Tahiti-Matavai.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="357" data-original-width="550" height="258" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgjDuEeGK-iHk2z_gbSWZVfpsEOPgOJe_NtcFvj2VyjL9YaCnf0_tYqwGNx3jnifndRHEfr4tvnvQEgGsTFuCj0Xj5FzNW0DRmH8tvdtzW-b917x9hIDJvwPtqdLrVQfijOUhdnZw3BHJc2/s400/Tahiti-Matavai.jpg" width="400" /></a></span></span></span></i></span> </div>
<blockquote class="tr_bq">
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>Le commandant rapporte que</i></span><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif;"><span style="font-size: xx-small;"><i><span style="font-weight: normal;"><span style="font-size: medium;"> chaque soir, un peu avant le coucher du soleil, la plage faisant face à son navire était noire de monde : hommes, femmes et enfants se livraient à une véritable débauche de sports et de jeux jusqu'à la tombée de la nuit, heure à laquelle chacun rentrait paisiblement chez soi. Il y avait bien trois ou quatre cents personnes qui se retrouvaient sur le sable fin et s'amusaient joyeusement, dans une bonne humeur inaltérable, en multipliant des gentillesses réciproques; jamais la moindre dispute ne venait troubler l'harmonie qui régnait au sein de ce peuple aimable. Garçons et filles sont, paraît-il, fort beaux et pleins d'entrain.</span></span></i></span></span></span></blockquote>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: x-small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjAcMPCs_LB33RvfNYGZRIrW34fp8cO20zUMi_QENocpACVzPdIKKvWzKgfrms7mEqObg90UA4ICmTyxcrRJkQ6sAdGnXLw3ergXAsJqwaR9fpIoe_5UL9Iet2y0oL7SCutO9dyVdKGKQdC/s1600/a0fe3891a6ff6327317cf1e62a7b439b.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="331" data-original-width="314" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjAcMPCs_LB33RvfNYGZRIrW34fp8cO20zUMi_QENocpACVzPdIKKvWzKgfrms7mEqObg90UA4ICmTyxcrRJkQ6sAdGnXLw3ergXAsJqwaR9fpIoe_5UL9Iet2y0oL7SCutO9dyVdKGKQdC/s400/a0fe3891a6ff6327317cf1e62a7b439b.jpg" width="378" /></a></span></span></span> </div>
<blockquote class="tr_bq">
<span style="font-size: small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif;"><span style="font-size: xx-small;"><i><span style="font-weight: normal;"><span style="font-size: medium;">Il faut dire que les indigènes ne se donnaient pas beaucoup de mal dans leurs plantations, sauf pour l'ava et le mûrier. Les mûriers étaient généralement clôturés par de petits murs de pierre, et entourés d'un fossé. La Nature avait tant fait pour les Tahitiens! Ils n'avaient pas besoin de prendre de l'exercice pour se procurer de quoi se nourrir ou s'habiller. Néanmoins, quand Bligh commença à réunir des plants d'arbres à pain, il trouva de nombreux concours chez les indigènes, tant pour les ramasser que pour émonder, à quoi ils s'entendaient fort bien</span></span></i><span style="font-weight: normal;"><span style="font-size: medium;">» (J. Barrow. <i>Les mutins du Bounty, </i>Paris, Robert Laffont, Col. Livre de poche, # 1022-1023, 1961, pp. 78-79).</span></span></span></span></span></blockquote>
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;">Ces choses étaient appelées à changer. Les mutins emmenèrent avec eux des Tahitiens peupler l'<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgHhHOZQyMwVTAfnIZ84wSouCRkFQOngqmgxOE633cSvJJzNdQuTMCF2FxikFnh4McrT8hbcuUnlne-rFurQcYIJJlA_utLfFU0cJo8tfvPFCPFvFCdeN7iGFBrH6325DzSei-l6zqtoYxu/s1600/slide_image_8083.jpg">île de Pitcairn</a>. Ils débarquèrent sur l'île sans donner leur part </span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: x-small;"><span style="font-size: xx-small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgHhHOZQyMwVTAfnIZ84wSouCRkFQOngqmgxOE633cSvJJzNdQuTMCF2FxikFnh4McrT8hbcuUnlne-rFurQcYIJJlA_utLfFU0cJo8tfvPFCPFvFCdeN7iGFBrH6325DzSei-l6zqtoYxu/s1600/slide_image_8083.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="450" data-original-width="1200" height="150" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgHhHOZQyMwVTAfnIZ84wSouCRkFQOngqmgxOE633cSvJJzNdQuTMCF2FxikFnh4McrT8hbcuUnlne-rFurQcYIJJlA_utLfFU0cJo8tfvPFCPFvFCdeN7iGFBrH6325DzSei-l6zqtoYxu/s400/slide_image_8083.jpg" width="400" /></a></span></span>aux indigènes qui furent sitôt réduits en quasi-esclavage. Des enlèvements de femmes et des rivalités entre mutins débouchèrent sur une guerre d'extermination où les indigènes finirent par tuer les mutins, à l'exception de deux qui parvinrent à organiser une petite société pacifique qui proliféra sur l'île et dont les voyageurs qui abordèrent ultérieurement Pitcairn furent étonnés de l'harmonie et de la vitalité qui y régnaient. Une harmonie entièrement modulée sur les mœurs britanniques va sans dire.</span><br />
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;">À côté de ces sociétés dites primitives vivant heureuses dans l'indolence. Westermarck tient à rappeler que «<i>pour les sauvages, l'homme marié a le devoir... de subvenir aux besoins de sa famille; d'où </i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: x-small;"><span style="font-size: xx-small;"><i><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjbqogbBQztIlgkQnWR34H6Ebjkves8USz0EYIJthdOJNNDk9iJhjrSTMRA36L8maJbLf52MO0XP_tq8Frbk9-lKE1QX82mr6x9rOQwjU-P4hRWPahjCA2Ha-_oS1IT7WK1cOakpZ4M2HB1/s1600/Tikhanov_-_Aleut_in_Festival_Dress_in_Alaska_%25281818%2529.png" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="853" data-original-width="640" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjbqogbBQztIlgkQnWR34H6Ebjkves8USz0EYIJthdOJNNDk9iJhjrSTMRA36L8maJbLf52MO0XP_tq8Frbk9-lKE1QX82mr6x9rOQwjU-P4hRWPahjCA2Ha-_oS1IT7WK1cOakpZ4M2HB1/s400/Tikhanov_-_Aleut_in_Festival_Dress_in_Alaska_%25281818%2529.png" width="300" /></a></span></i></span></span>suit qu'il est obligé, la plupart du temps, de faire un certain travail, ...les diverses occupations sont réparties entre les sexes selon des règles fixées par la coutume; d'où suit que l'on ne tolère en général ni chez les hommes, ni chez les femmes, d'oisiveté absolue, bien que celles-ci aient généralement les corvées dans leur lot. Certains peuples sauvages, on nous le dit positivement enjoignent le travail comme un devoir, ou regardent l'activité comme une vertu. Pour les Groenlandais, le goût du travail est la première des vertus, et l'homme industrieux mènera dans l'autre monde une existence fort agréable. Les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjbqogbBQztIlgkQnWR34H6Ebjkves8USz0EYIJthdOJNNDk9iJhjrSTMRA36L8maJbLf52MO0XP_tq8Frbk9-lKE1QX82mr6x9rOQwjU-P4hRWPahjCA2Ha-_oS1IT7WK1cOakpZ4M2HB1/s1600/Tikhanov_-_Aleut_in_Festival_Dress_in_Alaska_%25281818%2529.png">Aléoutes</a> d'Atkha interdisaient la paresse. Batchelor rapporte une fable Aïno qui encourage le travail et décourage la paresse chez les jeunes gens...</i>» (E. Westermarck. op. cit. p. 260). Il faut noter, toutefois, que ces peuples habitaient des zones circumpolaires et n'avaient le choix que d'enseigner la morale du travail, mais il semblerait que parmi un grand nombre dans un grand nombre de cultures primitives, on ait désobligé la paresse.</span><br />
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;">Il y avait aussi l'attitude contraire, rapporte notre anthropologue : «<i>...il arrive que l'activité industrielle (même au sens rudimentaire de l'industrie primitive), loin d'être regardée comme un devoir, soit méprisée comme indigne d'un homme libre. C'est </i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: x-small;"><span style="font-size: xx-small;"><i><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj35NwIB4wA_e4qGiGZYu2EjBpFwXfR49ygMPnEqoCztQr1e0bvOxY8ByFWEr1yfBSpUGoFDifSUS_xmctm_-4M8VJKZCqfR4BwFiOARlvP_vKcCH2Zvyv8TAHAm5V_243NZExuusnxUTpb/s1600/images.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="191" data-original-width="264" height="289" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj35NwIB4wA_e4qGiGZYu2EjBpFwXfR49ygMPnEqoCztQr1e0bvOxY8ByFWEr1yfBSpUGoFDifSUS_xmctm_-4M8VJKZCqfR4BwFiOARlvP_vKcCH2Zvyv8TAHAm5V_243NZExuusnxUTpb/s400/images.jpg" width="400" /></a></span></i></span></span>surtout le cas pour les nations guerrières, les tribus nomades, les peuples riches en esclaves. Ainsi, dans l'Ouganda, l'existence de l'esclavage "fait que tout travail manuel est considéré comme une dérogation à la dignité d'homme libre". Les Massaï et les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj35NwIB4wA_e4qGiGZYu2EjBpFwXfR49ygMPnEqoCztQr1e0bvOxY8ByFWEr1yfBSpUGoFDifSUS_xmctm_-4M8VJKZCqfR4BwFiOARlvP_vKcCH2Zvyv8TAHAm5V_243NZExuusnxUTpb/s1600/images.jpg">Matabélés</a> jugent que la guerre est la seule occupation qui convienne à un homme. Aux yeux des Arabes du désert, il y a humiliation à travailler, quand on n'est pas esclave. Vambéry, parlant des Turcomans, remarque que "dans son cercle domestique, le nomade nous offre le tableau de la plus parfaite indolence. À ses yeux, rien n'est plus honteux pour un homme que de mettre la main aux occupations domestiques". De tous temps, les Chippewas "ont jugé dégradants les travaux agricoles et mécaniques"...</i>» (ibid. p. 261). Cette attitude était celle des Grecs de l'âge classique, comme on l'a vu. D'autre part, nombre de ces peuples d'ailleurs considéraient le travail comme relevant des femmes.</span><br />
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;">Au travail, c'est la guerre qui apparaît l'activité privilégiée des peuples primitifs ou antiques. C'était le cas de la civilisation inca : «<i>Dans le royaume </i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: x-small;"><span style="font-size: xx-small;"><i><span style="font-weight: normal;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj-Ss-50iVSA33In5FfFitOpZ2DvumVbF_C_vnpZziYWbOrRVpKWq5ymvNDRTwArMcIwrMJ33eZCecQizZ_zpSQCs-b9xv7YctkwPatUDqlKWFKZOTEFs5UweqIvyr2qCnVzzDTg68iS_Gw/s1600/incas6_002.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1110" data-original-width="927" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj-Ss-50iVSA33In5FfFitOpZ2DvumVbF_C_vnpZziYWbOrRVpKWq5ymvNDRTwArMcIwrMJ33eZCecQizZ_zpSQCs-b9xv7YctkwPatUDqlKWFKZOTEFs5UweqIvyr2qCnVzzDTg68iS_Gw/s400/incas6_002.jpg" width="333" /></a></span></span></span></span></span></i></span></span></span>des Incas péruviens existait une loi interdisant l'oisiveté. "Dès l'âge de cinq ans, les enfants étaient employés à de petites besognes appropriées à leur âge. Certains travaux étaient assignés même aux aveugles et aux boiteux, s'ils n'avaient pas d'autre infirmité. Quant au reste du peuple, chacun, tant qu'il était en bonne santé, avait son occupation propre, et il était infâme et dégradant d'être châtié en public pour sa paresse". Quiconque se montrait indolent, ou dormait le jour, recevait le fouet ou portait la pierre au cou. C'est qu'il appartenait au peuple de couvrir les dépenses du gouvernement, et que, pauvre d'argent, peu riche en biens, il payait les impôts en travail : être oisif, c'était donc, en quelque sorte, frustrer le </i>trésor» (ibid. p. 263). On comprend mieux ce que Chaunu disait lorsqu'il parlait d'une «<i>aussi lourde <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj-Ss-50iVSA33In5FfFitOpZ2DvumVbF_C_vnpZziYWbOrRVpKWq5ymvNDRTwArMcIwrMJ33eZCecQizZ_zpSQCs-b9xv7YctkwPatUDqlKWFKZOTEFs5UweqIvyr2qCnVzzDTg68iS_Gw/s1600/incas6_002.jpg">pyramide</a> de domination</i>»...</span><br />
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;">Il apparaît donc, que plus une société émerge de la culture vers la civilisation, plus le travail devient une nécessité - oserait-on la qualifier d'obsessionnelle? - qui refoule dans l'interdit la paresse, l'oisiveté et l'indolence. Toute activité qui ne rapporte pas collectivement de la richesse ou n'entretient pas une caste ou l'État au détriment du travail de la grande majorité de la population est rejetée du côté de la paresse ou de la futilité. Il en arriva ainsi dans la Grèce classique lorsqu'elle délaissa les armes pour le commerce. «<i>Voici les paroles que Thucydide met dans la </i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: x-small;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: x-small;"><span style="font-size: xx-small;"><i><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiwahAfbSCHTuIbF6K3wFI8mairNmfKPk7RcBr7RT6Y5KorrVTf049CkzLKrYgfLMkJ0aZJ9Oof_UAlAVcbNTzYCHUHD01cpn0K90sIsUzoIEHEIOJfMRd9MyJieWvQXxBkHDF4C-fmkl35/s1600/1200px-Pericles_Pio-Clementino_Inv269_n2.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1057" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiwahAfbSCHTuIbF6K3wFI8mairNmfKPk7RcBr7RT6Y5KorrVTf049CkzLKrYgfLMkJ0aZJ9Oof_UAlAVcbNTzYCHUHD01cpn0K90sIsUzoIEHEIOJfMRd9MyJieWvQXxBkHDF4C-fmkl35/s400/1200px-Pericles_Pio-Clementino_Inv269_n2.jpg" width="263" /></a></span></i></span></span></span></span></span></span>bouche de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiwahAfbSCHTuIbF6K3wFI8mairNmfKPk7RcBr7RT6Y5KorrVTf049CkzLKrYgfLMkJ0aZJ9Oof_UAlAVcbNTzYCHUHD01cpn0K90sIsUzoIEHEIOJfMRd9MyJieWvQXxBkHDF4C-fmkl35/s1600/1200px-Pericles_Pio-Clementino_Inv269_n2.jpg">Périclès</a> : "Chez nous, il n'y a pas de honte à s'avouer pauvre, la honte est de ne rien faire pour l'éviter. Un citoyen athénien ne néglige pas l'État parce qu'il s'occupe de son intérieur; et ceux-là même qui, parmi nous, sont dans les affaires, ont une conception suffisante de la politique". Dans les </i>Mémorables <i>de Xénophon, Socrate recommande l'activité comme moyen de subvenir aux besoins de l'existence, de maintenir le corps en santé et en force, de servir la cause de la tempérance et de l'honnêteté. Pour Platon, l'oisiveté est la mère de la licence; par le travail, au contraire, l'aliment de la passion se trouve détourné en d'autres parties du corps. On prisait fort l'agriculture. C'est la meilleure des occupations et le meilleur des arts par lesquels les hommes se procurent le nécessaire...</i>» (ibid. p. 265), etc.</span><br />
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;">Enfin, cette association persistante entre la malpropreté et la paresse : «<i>Lord Kames prétend que l'activité est le plus grand adjuvant de la propreté, et que son </i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><i><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><i><span style="font-weight: normal;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjJQaVDjg2vxQFOYxSxiWVD6heZlz-SJXjlhZCgFtGb2HwgopBOnrcIm57bg0WL6j5q-7t-YKP72DcP9QG0y1CMatv6Zlt6HhcYyZpDRfx5l1PAnWPRHqTAmqZAJp2mEgLwVbwP0rCzZOoe/s1600/Jean-Baptiste_Tilliard_Femme_kamtchadale_avec_ses_enfans_dans_son_Habit_ordinaire.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="800" data-original-width="604" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjJQaVDjg2vxQFOYxSxiWVD6heZlz-SJXjlhZCgFtGb2HwgopBOnrcIm57bg0WL6j5q-7t-YKP72DcP9QG0y1CMatv6Zlt6HhcYyZpDRfx5l1PAnWPRHqTAmqZAJp2mEgLwVbwP0rCzZOoe/s400/Jean-Baptiste_Tilliard_Femme_kamtchadale_avec_ses_enfans_dans_son_Habit_ordinaire.jpg" width="301" /></a></span></span></span></span></span></i></span></span></i></span>plus grand ennemi est l'indolence. En Hollande, dit-il, les gens étaient plus propres </i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>que tous leurs voisins, parce que plus industrieux à une époque où l'Angleterre était aussi étrangère à l'industrie qu'à la propreté. Kolben dit que la paresse ordinaire des Hottentots est cause qu'ils "sont au point de vue de la nourriture le peuple le plus crasseux du monde". Les Bouriates de Sibérie, dit Georgi, sont "par l'effet de leur paresse, aussi sales que des porcs"; quand aux <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjJQaVDjg2vxQFOYxSxiWVD6heZlz-SJXjlhZCgFtGb2HwgopBOnrcIm57bg0WL6j5q-7t-YKP72DcP9QG0y1CMatv6Zlt6HhcYyZpDRfx5l1PAnWPRHqTAmqZAJp2mEgLwVbwP0rCzZOoe/s1600/Jean-Baptiste_Tilliard_Femme_kamtchadale_avec_ses_enfans_dans_son_Habit_ordinaire.jpg">Kamtchadales</a>, c'est une "race paresseuse et crasseuse". La pauvreté aussi, évidemment, est une cause de malpropreté</i>» (ibid. p. 336). Ce préjugé persiste envers les pauvres et les indigents encore de nos jours dans les grandes métropoles.</span><br />
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;">Il faut bien le reconnaître, l'accusation de paresse a toujours été associée au </span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhzpNgt0E7EDVyyOM6-OXz9cRwE-Z9W3fJs2GBu8SPffOKdy2OS4pAyn6rEvUi7xAJd-VqTWnt8lqhytKwK6RUHB_fe99jGIXDtLjs4Bfm0ZR-pmxcogfHKxf_Ik8SJKNr39HJVidJm4wwH/s1600/large.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="685" data-original-width="1087" height="251" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhzpNgt0E7EDVyyOM6-OXz9cRwE-Z9W3fJs2GBu8SPffOKdy2OS4pAyn6rEvUi7xAJd-VqTWnt8lqhytKwK6RUHB_fe99jGIXDtLjs4Bfm0ZR-pmxcogfHKxf_Ik8SJKNr39HJVidJm4wwH/s400/large.jpg" width="400" /></a></span></span></span></span>mépris de la pauvreté rejetant sur le pauvre la responsa-</span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;">bilité de sa condition. Au départ, cette association fut consolidée par le triomphe du christianisme. Si le dimanche succéda au sabbat de la religion israélite comme journée chômée afin de sanctifier le septième jour où Yahweh se reposa à la suite de la Création, il faut bien avoir en tête que le dimanche n'était pas pour autant une journée désœuvrée. Comment aurait-elle pu l'être alors que la quasi-totalité des peuples vivaient en osmose avec les semailles, les récoltes ou la transhumance du bétail? «<i>Continuation du précepte sabbatique, on devait, le dimanche, participer aux <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhzpNgt0E7EDVyyOM6-OXz9cRwE-Z9W3fJs2GBu8SPffOKdy2OS4pAyn6rEvUi7xAJd-VqTWnt8lqhytKwK6RUHB_fe99jGIXDtLjs4Bfm0ZR-pmxcogfHKxf_Ik8SJKNr39HJVidJm4wwH/s1600/large.jpg">assemblées eucharistiques</a> et s'abstenir de toute œuvre servile. Bientôt, pour se démarquer du judaïsme, un canon du concile de Laodicée, </i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><i><span style="font-weight: normal;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif;"><span style="font-size: xx-small;"><i><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgvBy1B69Ohsdo6kh21US7N-4sYWdFI7g6tARRXpOXSHxgs8mXbdLIbor5iSTRNjg-UPaS8r3aJex9W_N2MCLd40C9B5VUAZxSoBwJOTnK_RT_J3ef2NWDUX2ca3sxQZHIUD9aSYwuO-WLZ/s1600/obpicqhRmB9.png" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="375" data-original-width="600" height="250" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgvBy1B69Ohsdo6kh21US7N-4sYWdFI7g6tARRXpOXSHxgs8mXbdLIbor5iSTRNjg-UPaS8r3aJex9W_N2MCLd40C9B5VUAZxSoBwJOTnK_RT_J3ef2NWDUX2ca3sxQZHIUD9aSYwuO-WLZ/s400/obpicqhRmB9.png" width="400" /></a></span></i></span></span></span></i></span></span>en 381, re-</i></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>commande de "ne pas rester oisif et d'honorer chrétien-</i></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>nement le jour du Seigneur", que l'on soit libre ou esclave. En 401, il est interdit d'y jouer des pièces de théâtre. Le Code théodosien (435) défend tous les travaux le dimanche, sauf si ce sont des travaux agricoles urgents, et les plaids, mais permet de libérer un esclave. Enfin (concile de Bourges, 1031), pour alléger le sort des paysans, sont interdits le dimanche, les travaux ruraux, charrois et corvées, sauf </i>Amore Dei, vel timore hostium, vel propter magnam necessitatem, <i>"pour l'amour de Dieu ou la crainte de l'ennemi ou la nécessité urgente". L'interdiction du <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgvBy1B69Ohsdo6kh21US7N-4sYWdFI7g6tARRXpOXSHxgs8mXbdLIbor5iSTRNjg-UPaS8r3aJex9W_N2MCLd40C9B5VUAZxSoBwJOTnK_RT_J3ef2NWDUX2ca3sxQZHIUD9aSYwuO-WLZ/s1600/obpicqhRmB9.png">travail dominical</a> est étendu aux non-chrétiens, sarrasins ou juifs, qui pourraient en profiter pour donner le mauvais exemple. Ainsi disponible, chaque chrétien se devait d'assister à une messe dominicale "entière"</i>» (L. Molet. «Fêtes et rythmes du temps», in J. Poirier (éd.) <i>Histoire des mœurs, t. 1 : Les coordonnées de l'homme et la culture matérielle, </i>Paris, Gallimard, Col. Encyclopédie de la Pléiade, # 47, 1990, pp. 343-344).</span><br />
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;">La normalisation mesurée de l'oisiveté du dimanche se dissimule sous l'obligation d'assister à la cérémonie eucharistique hebdomadaire. Le reste de la journée suit les nécessitées de l'heure. Il n'y a donc pas de place pour l'indolence ou la paresse dans la pensée chrétienne : «<i>L'"économie" du salut suppose une distribution des fonctions ou, si l'on veut une "répartition des tâches" au sein de la </i>societas christiana» (B. Geremek. <i>La potence ou la pitié, </i>Paris, Gallimard, Col. Bibliothèque des histoires, 1987, p. 30). La guerre menée contre les pauvres n'apparaîtra véritablement comme guerre à la paresse qu'avec l'affirmation de la modernité aux XVe-XVIe siècles. Elle deviendra un péché "bourgeois", dans la mesure où elle contrevient à l'éthique du travail en régime capitaliste. </span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><br /></span>
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;">L'époque Tudor vit se mettre en place la première <i>loi des Pauvres, </i>promulguée en 1597 par la reine Elizabeth et qui «<i>s'applique à un grand nombre d'Anglais, 100 </i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>000 selon Locke en 1697, 1 million et demi à l'occasion et 300 000 en permanence </i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><i><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiCdmQyQZHzGcqb2BgL9ODAEkfyWhLvIF8vv_81gQdoPQ9FFdt2DrQQfcYTPaRRtV3bsVj7wyGmni02M9kkeJYGC1iVivXCOMMaM-5gZIZjBPRn6DJ_XeLTetcc3X9BiVoIbY2xlcQy5I9l/s1600/unnamed.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="367" data-original-width="490" height="298" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiCdmQyQZHzGcqb2BgL9ODAEkfyWhLvIF8vv_81gQdoPQ9FFdt2DrQQfcYTPaRRtV3bsVj7wyGmni02M9kkeJYGC1iVivXCOMMaM-5gZIZjBPRn6DJ_XeLTetcc3X9BiVoIbY2xlcQy5I9l/s400/unnamed.jpg" width="400" /></a></i></span></span></span></span></i></span>si l'on en croit Lawrence Braddon en 1721; les taxes qu'elle suppose lui valent le véhément reproche de gêner l'in-</i></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>vestissement économique et les secours qu'elle distribue celui d'encourager la paresse; depuis la fondation du premier </i>Workhouse <i>à Bristol à la fin du XVIIe siècle, d'autres avaient été mis en place et la loi de 1722 les favorisa en autorisant l'union de plusieurs paroisses pour les subventionner et le droit de refuser tout recours à domicile là où ils existeraient; l'importance des subsides nécessaires continue de paraître anti-démocratique</i>» (R. Marx. <i>La Révolution industrielle en Grande-Bretagne, </i>Paris, Armand Colin, Col. U<span style="font-size: xx-small;">2<span style="font-size: medium;">. 1970, pp. 28-29).</span></span></span><br />
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;">L'emprisonnement des pauvres commença avec ces fameux <i>«</i>workhouse, <i>ateliers-hospices-prisons, où, en vertu des </i>Poor Laws, <i>on obligeait les pauvres à travailler. On les payait le strict minimum pour leur apprendre les "vertus" du travail et les "méfaits" de la paresse. À Londres, on y faisait travailler gratuitement les enfants abandonnés. Cette organisation carcérale, qui fut une des tentations du </i></span></span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEingJlhuzAOuOWBV-FmPXjWfXBQsYRRFuVkgwXo6nG9KgXjqGrlVYaYZG-PC_xOqAW_lPvo3wyRGPrYOEAaAJvop8Jk11ZFY3mwZd4ceDcF8ArzBCAmWnUH_ClVmh413n8y2jZJklKpP573/s1600/workhouse7.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="350" data-original-width="550" height="253" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEingJlhuzAOuOWBV-FmPXjWfXBQsYRRFuVkgwXo6nG9KgXjqGrlVYaYZG-PC_xOqAW_lPvo3wyRGPrYOEAaAJvop8Jk11ZFY3mwZd4ceDcF8ArzBCAmWnUH_ClVmh413n8y2jZJklKpP573/s400/workhouse7.jpg" width="400" /></a></i></span></span></span></span>XVIIe siècle européen, et à laquelle les classes populaires anglaises identifiaient avec répulsion la manufacture et plus tard l'usine, n'est peut-être pas sans expliquer la dispersion industrielle. Le travailleur à domicile était pratiquement aussi exploité, mais il avait l'impression d'être indépendant</i>» (P. Verley. <i>La Révolution industrielle, </i>Paris, Gallimard, Col. Folio-Histoire, # 77, 1997, p. 360). Cette vision restrictive et opportuniste d'interpréter le phénomène de la pauvreté par le <i>refus du travail </i>était suffisant pour mettre les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEingJlhuzAOuOWBV-FmPXjWfXBQsYRRFuVkgwXo6nG9KgXjqGrlVYaYZG-PC_xOqAW_lPvo3wyRGPrYOEAaAJvop8Jk11ZFY3mwZd4ceDcF8ArzBCAmWnUH_ClVmh413n8y2jZJklKpP573/s1600/workhouse7.jpg">indigents</a> au ban de la société. À travers les <i>Poor Laws, </i>la bourgeoisie capitaliste offrait à la vue des travailleurs l'image de la déchéance qui les attendait s'ils relâchaient de la vaillance au travail. Encore aujourd'hui, la démagogie de nos cités jette sur le pauvre l'accusation méprisante de ne pas contribuer à sa juste valeur aux bénéfices qu'il tire de la société.</span></span></span><br />
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;">C'est ce qu'on retrouve dans les imprécations de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhZ2cqOrkV5684z46emvqFvEUXrlx079WAvhihwiZ-SGKLSdlkk6DByGXxBQzP6Uu9PMot_aB1vxMmXb2DjEn5cM3xFcvj10FYhYbYyYmEFp44ldKqLWFokSIARaFTZ56vrM0IHFQPm17Hp/s1600/stipplr-stock-photo-american-100-dollar-bill.jpg">Benjamin Franklin</a> tirées de son <i>Advice to a Young Tradesman </i>(1748) :</span></span></span><br />
<blockquote class="tr_bq">
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;">«<i>Souviens-toi que le temps, c'est de l'argent. Celui qui pouvant gagner dix shillings par jour en travaillant, se promène ou reste dans sa chambre à paresser la moitié du temps, bien que ses plaisirs, que sa paresse, ne lui coûtent que six pence, celui-là ne doit pas se borner à compter cette seule dépense. Il a dépensé en outre, jeté plutôt, cinq autres shillings.</i></span></span></span> </blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;"><i>Souviens-toi que le crédit, c'est de l'argent...</i></span></span></span></blockquote>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhZ2cqOrkV5684z46emvqFvEUXrlx079WAvhihwiZ-SGKLSdlkk6DByGXxBQzP6Uu9PMot_aB1vxMmXb2DjEn5cM3xFcvj10FYhYbYyYmEFp44ldKqLWFokSIARaFTZ56vrM0IHFQPm17Hp/s1600/stipplr-stock-photo-american-100-dollar-bill.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1207" data-original-width="1600" height="301" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhZ2cqOrkV5684z46emvqFvEUXrlx079WAvhihwiZ-SGKLSdlkk6DByGXxBQzP6Uu9PMot_aB1vxMmXb2DjEn5cM3xFcvj10FYhYbYyYmEFp44ldKqLWFokSIARaFTZ56vrM0IHFQPm17Hp/s400/stipplr-stock-photo-american-100-dollar-bill.jpg" width="400" /></a></span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;"><i>Souviens-toi que l'argent est, par nature, générateur et prolifique. L'argent engendre l'argent, ses rejetons peuvent en engendrer davantage, et ainsi de suite...</i></span></span></span> </blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;"><i>Souviens-toi du dicton : le bon payeur est le maître de la bourse d'autrui. Celui qui est connu pour payer ponctuellement et exactement à la date promise, peut à tout moment et en toutes circonstances se procurer l'argent que ses amis ont épargné...</i></span></span></span> </blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;"><i>Gardes-toi de penser que tout ce que tu possèdes t'appartient et de vivre selon cette pensée. C'est une erreur où tombent beaucoup de gens qui ont du crédit. Pour t'en préserver tiens un compte exact de tes dépenses et de tes revenus...</i>» (Cité in M. Weber. <i>L'éthique protestante et l'esprit du capitalisme, </i>Paris, Plon, Col. Recherches en sciences humaines, 1964, pp. 46 et 47).</span></span></span> </blockquote>
</div>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhmKF3rp3UIiarncqlEHiuKooxQUyP1hjGn288MCKvax9KsXDrwtv7g-ZTgqacCiatk4BPFYpG1wWVIRzg4fo2ug5lzgVLEu_C6U_WW5AQHy95vpx1df260awNEG5zen8Uf1AdiSgohWWp1/s1600/Claude_Adrien_Helv%25C3%25A9tius.png" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="298" data-original-width="249" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhmKF3rp3UIiarncqlEHiuKooxQUyP1hjGn288MCKvax9KsXDrwtv7g-ZTgqacCiatk4BPFYpG1wWVIRzg4fo2ug5lzgVLEu_C6U_WW5AQHy95vpx1df260awNEG5zen8Uf1AdiSgohWWp1/s400/Claude_Adrien_Helv%25C3%25A9tius.png" width="334" /></a></span></span></span></span>Un peu plus tard, le philosophe matérialiste, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhmKF3rp3UIiarncqlEHiuKooxQUyP1hjGn288MCKvax9KsXDrwtv7g-ZTgqacCiatk4BPFYpG1wWVIRzg4fo2ug5lzgVLEu_C6U_WW5AQHy95vpx1df260awNEG5zen8Uf1AdiSgohWWp1/s1600/Claude_Adrien_Helv%25C3%25A9tius.png">Helvétius</a>, partageait une tout autre vision des origines de la paresse dans son traité, <i>De l'homme </i>(1773) : «<i>Un prince traite-t-il mal ses sujets? Les accable-t-il d'impôts? Il dépeuple son pays, engourdit l'activité des habitants; parce que l'extrême misère produit nécessairement le découragement, et le découragement la paresse</i>» (Cité in R. Desné. <i>Les matérialistes français de 1750 à 1800, </i>Paris, Buchet-Chastel, Col. Le vrai savoir, 1965, p. 261). La paresse cessait d'être un vice pour devenir un effet psychologique des déficienses de l'organisation du travail.</span></span></span></span></span></span></span><br />
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;">Autre approche, celle du philosophe de Köningsberg, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEghvh3qNFtE_HgK6IdE7vRV2qDjZEZVQudhyphenhyphenIaQcPL_2N7IYkUU7WmWy-RB_8e7e1JEebs6E6F90pP26rffO3fGRh5TVudCzJ8iOZVcF5oLZnwKyy6ixUpY1aw7nYG7mHElLlC14nJ5Agu_/s1600/file-20191126-112526-g42n50.jpg.jpg">Emmanuel</a> <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg4_90MlL0dPEH43c1HZojI4E84DvsngpM9zLB-GSdY3I0NjNPh1w2UEQjC6ylb4919AUWkVbygmo2bY6pMuWtIg1QYrd_Ozyc7HxYOcuwjVb-SRClwhh7wjylMiVuHnDoTaE5-9B6YVvNf/s1600/file-20191126-112526-g42n50.jpg.webp">Kant</a>, à partir d'un oxymoron, celui de</span></span></span></span></span></span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;"> <i>l'insociable sociabilité </i>des hommes, «<i>c'est-à-dire leur </i></span></span></span></span></span></span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEghvh3qNFtE_HgK6IdE7vRV2qDjZEZVQudhyphenhyphenIaQcPL_2N7IYkUU7WmWy-RB_8e7e1JEebs6E6F90pP26rffO3fGRh5TVudCzJ8iOZVcF5oLZnwKyy6ixUpY1aw7nYG7mHElLlC14nJ5Agu_/s1600/file-20191126-112526-g42n50.jpg.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="888" data-original-width="754" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEghvh3qNFtE_HgK6IdE7vRV2qDjZEZVQudhyphenhyphenIaQcPL_2N7IYkUU7WmWy-RB_8e7e1JEebs6E6F90pP26rffO3fGRh5TVudCzJ8iOZVcF5oLZnwKyy6ixUpY1aw7nYG7mHElLlC14nJ5Agu_/s400/file-20191126-112526-g42n50.jpg.jpg" width="338" /></a>inclination à entrer en société, inclination qui est cependant doublée d'une répulsion générale à le faire, menaçant constamment de désagréger cette société. L'homme a un penchant à s'associer, car dans un tel état, il se sent plus qu'homme par le développement de ses dispositions naturelles. Mais il manifeste aussi une grande propension à se détacher (s'isoler), car il trouve en même temps en lui le caractère d'insociabilité qui le pousse à vouloir tout diriger dans son sens; et, de ce fait, il s'attend à rencontrer des résistances de tous côtés, de même qu'il se sait par lui-même enclin à résister aux autres. C'est cette résistance qui éveille toutes les forces de l'homme, le porte à surmonter son inclination à la paresse, et, sous l'impulsion de l'ambition, de l'instinct de domination ou de cupidité, à se frayer une place parmi ses compagnons qu'il supporte de mauvais gré, mais dont il ne peut se passer. L'homme a alors parcouru le premier pas, qui de la grossièreté le mènent à la culture dont le fondement </i></span></span></span></span></span></span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><i><span style="color: black;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEglGwSRFexNLVRBkmUDLYxJFJ7gqRTzdk86lbs7GNb2x-tMnuIk6vCJVo3bI1xBTP6D4NLkNkOgZew3u3AJ7Uel2tY5UtXDxtaY7B40rgwdzazSr86ehGg8lrEXh0da45nTWUxOZggyEdYZ/s1600/14138_image2_big.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="576" data-original-width="1024" height="225" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEglGwSRFexNLVRBkmUDLYxJFJ7gqRTzdk86lbs7GNb2x-tMnuIk6vCJVo3bI1xBTP6D4NLkNkOgZew3u3AJ7Uel2tY5UtXDxtaY7B40rgwdzazSr86ehGg8lrEXh0da45nTWUxOZggyEdYZ/s400/14138_image2_big.jpg" width="400" /></a></span></span></span></span></span></i></span></span>véritable est la valeur sociale de l'homme</i>» (E. Kant. <i>La phi-</i></span></span></span></span></span></span></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;"><i>losophie de l'histoire, </i>Paris, Gonthier, Col. Médiations, # 33, 1947, p. 31). La paresse peut être considérée à bon droit comme une inclinaison naturelle de l'individu, mais elle n'est pas exclusive au point de se passer de cet autre besoin naturel, tout aussi impératif, qu'est la <i>socialité. </i>Les cas d'<i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEglGwSRFexNLVRBkmUDLYxJFJ7gqRTzdk86lbs7GNb2x-tMnuIk6vCJVo3bI1xBTP6D4NLkNkOgZew3u3AJ7Uel2tY5UtXDxtaY7B40rgwdzazSr86ehGg8lrEXh0da45nTWUxOZggyEdYZ/s1600/14138_image2_big.jpg">Alexandre le bienheureux</a> </i>sont plutô<i>t </i>rares et font peu de disciples, contrairement à ce que suppose la fin du film de Yves Robert (1968).</span></span></span></span></span></span></span><br />
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;">On a qu'à penser à ce qu'en disait <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgQi7YUaMYeo6NwmPwf_ltnpMsJfhg_feV6bVPw39RYa9JSPWV7hP6F04JqM0pRSAwXRbJQHNOkv-kyyCe5pLnrg6KdESejiOB9eNWrhupYjJ7A4afyIq46StrpXQ2qumW2gwN89QU8KD5_/s1600/f-m-charles-fourier-granger.jpg">Charles Fourier</a> dont le socialisme utopique cherchait avant tout à créer cette société parfaite qui reposerait sur l'harmonie des </span></span></span></span></span></span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgQi7YUaMYeo6NwmPwf_ltnpMsJfhg_feV6bVPw39RYa9JSPWV7hP6F04JqM0pRSAwXRbJQHNOkv-kyyCe5pLnrg6KdESejiOB9eNWrhupYjJ7A4afyIq46StrpXQ2qumW2gwN89QU8KD5_/s1600/f-m-charles-fourier-granger.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="900" data-original-width="730" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgQi7YUaMYeo6NwmPwf_ltnpMsJfhg_feV6bVPw39RYa9JSPWV7hP6F04JqM0pRSAwXRbJQHNOkv-kyyCe5pLnrg6KdESejiOB9eNWrhupYjJ7A4afyIq46StrpXQ2qumW2gwN89QU8KD5_/s400/f-m-charles-fourier-granger.jpg" width="323" /></a></span></span></span></span></span>forces sociales et érotiques. Contrairement à la morale religieuse et sociale du capitalisme libéral, Fourier invitait à s'abandonner à ses passions. Ne pas les refréner seulement pour conserver l'avarice, comme le suggérait Mandeville. Ce libertaire plus que libéral considérait que laisser les passions régir le monde conduirait à l'installation d'une harmonie universelle : «<i>Par le fait même que les gens s'abandonneront sans contrainte à leurs passions, l'ordre régnera, l'ordre d'harmonie; et cet ordre tendra naturellement à être prolifique, joyeux et laborieux. Ainsi faisait-il fond sur la bonté native de l'homme, idée chère à Rousseau et à la philosophie des lumières. Les passions libérées et combinées, plus d'amant jaloux, la liberté de l'amour devant guérir les hommes des fureurs monogamiques; plus d'hommes paresseux puisque chacun trouvera à s'occuper ou à bricoler, en fonction de sa nonchalance et de son instabilité. Mais en fait, est-ce qu'il y aura encore des paresseux? En Harmonie, répond Fourier, le régime des récompenses forcera naturellement le paresseux à surmonter son engourdissement, car il ne pourra pas ne pas vouloir participer aux honneurs et aux plaisirs des groupes, cadre du plaisir combiné avec le travail</i>» (M. Leroy. <i>Histoire des idées sociales en France, t. 2 : de Babeuf à Alexis de Tocqueville, </i>Paris, Gallimard, Col. Bibliothèque des idées, 1950, p. 267).</span></span></span></span></span></span></span><br />
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;">Si les socialistes utopiques anticipaient le jour où l'harmonie régnerait sur le monde, c'est qu'ils observaient que leur époque en présentait tout le contraire. La </span></span></span></span></span></span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhlPvaAAtHVPy7UCphRrzxTM6k_R64QGGdqBmeNhY1O6gH2Vxg2rSN30_22YNeo0UldRBaurRmNriLZskoBAQqj9PLzSv2sqMVCP2AO6LXY3Vrn0kSLZBog4CrJSaF6-9Htr9YR03yRnLdr/s1600/page335-440px-Balzac_-_%25C5%2592uvres_compl%25C3%25A8tes%252C_%25C3%25A9d._Houssiaux%252C_1874%252C_tome_13.djvu.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="772" data-original-width="439" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhlPvaAAtHVPy7UCphRrzxTM6k_R64QGGdqBmeNhY1O6gH2Vxg2rSN30_22YNeo0UldRBaurRmNriLZskoBAQqj9PLzSv2sqMVCP2AO6LXY3Vrn0kSLZBog4CrJSaF6-9Htr9YR03yRnLdr/s640/page335-440px-Balzac_-_%25C5%2592uvres_compl%25C3%25A8tes%252C_%25C3%25A9d._Houssiaux%252C_1874%252C_tome_13.djvu.jpg" width="363" /></a></span></span></span></span></span>paresse ou le manque de zèle des ouvriers ne dépendaient plus de leurs vices personnels, comme il a été dit, mais de ceux du nouveau régime de production industrielle. En Prusse, «<i>le 1er juin 1819, un rapport du gouvernement de Berlin au président von Heydebreck sur des </i>Propositions pour l'amélioration de la situation des ouvriers d'usine, <i>écrivait, parlant des propriétaires d'usines : "ils se sont habitués à considérer leurs subordonnés, ouvriers et enfants, comme des accessoires accidentels des machines, auxquels il suffit de posséder assez d'esprit pour que le corps ne paresse point et que les mains se meuvent utilement"</i>» (J. Kuczynski. <i>Les origines de la Classe ouvrière, </i>Paris, Hachette, Col. L'univers des connaissances, # 21, 1967, p. 40). Les conditions sociales poussées entre l'extrême richesse des uns et la grande pauvreté des autres ne pouvaient qu'inviter les plus démunis à se réfugier dans une certaine paresse afin de compenser la démoralisation de leurs conditions. Balzac le soulignait dans <i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhlPvaAAtHVPy7UCphRrzxTM6k_R64QGGdqBmeNhY1O6gH2Vxg2rSN30_22YNeo0UldRBaurRmNriLZskoBAQqj9PLzSv2sqMVCP2AO6LXY3Vrn0kSLZBog4CrJSaF6-9Htr9YR03yRnLdr/s1600/page335-440px-Balzac_-_%25C5%2592uvres_compl%25C3%25A8tes%252C_%25C3%25A9d._Houssiaux%252C_1874%252C_tome_13.djvu.jpg">Le Médecin de campagne</a> </i>: «<i>Pour le peuple le droit de vivre sans travailler constitue un privilège. À ses yeux, qui consomme sans produire est un spoliateur. Il veut des travaux visibles et ne tient aucun compte des productions intellectuelles qui l'enrichissent</i>» (Cité in B. Guyon. <i>La pensée politique et sociale de Balzac, </i>Paris, Armand Colin, 1967, p. 638, n. 2). Balzac manifestait ici son amertume face à une paresse qui passait du corps à l'esprit et dont il se sentait lui-même la victime.</span></span></span></span></span></span></span><br />
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif;"><span style="font-size: xx-small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj6gLg0Zhj3Aq9hnMTVHdwrj1oAvND6pcDLPcTT0o1d1QND8Fi6rO1zBc5EJVbql8HK2lGI1Dutqbtgx2VtA5ChEdSs62TSkPv-xowrBB-FK8C1whqb9jPhKNyI2BPZWMQGKeEe77yeiz1H/s1600/image.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1025" data-original-width="1600" height="255" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj6gLg0Zhj3Aq9hnMTVHdwrj1oAvND6pcDLPcTT0o1d1QND8Fi6rO1zBc5EJVbql8HK2lGI1Dutqbtgx2VtA5ChEdSs62TSkPv-xowrBB-FK8C1whqb9jPhKNyI2BPZWMQGKeEe77yeiz1H/s400/image.jpg" width="400" /></a></span></span></span></span></span></span>Il faut reconnaître, toutefois - ce que Balzac s'évitait de faire -, que l'esprit des ouvriers était déjà passa-</span></span></span></span></span></span></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;">blement accaparé par le nouveau mode de production industriel. Les théoriciens libéraux n'étaient pas dupes de la manière dont le travail en usine avait d'aliénant pour l'esprit des travailleurs : «<i>la machine ne fait pas qu'assumer les fonctions intellectuelles de l'ouvrier, elle devient le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj6gLg0Zhj3Aq9hnMTVHdwrj1oAvND6pcDLPcTT0o1d1QND8Fi6rO1zBc5EJVbql8HK2lGI1Dutqbtgx2VtA5ChEdSs62TSkPv-xowrBB-FK8C1whqb9jPhKNyI2BPZWMQGKeEe77yeiz1H/s1600/image.jpg">surveillant</a> de celui-ci. Dans son ouvrage sur les machines et les fabriques si longtemps oublié et redécouvert de nos jours seulement, Charles Babbage constate : "Un des avantages les plus recommandables de la machine consiste dans la sécurité qu'elle nous garantit contre l'inattention, la paresse ou la filouterie de l'ouvrier"</i>» (J. Kuczynski. op. cit. p. 42). Toujours cette vision de la paresse <i>inclinaison naturelle </i>des ouvriers que les entrepreneurs capitalistes doivent avoir à l'œil et, sur ce point, la machine pouvait également jouer le rôle d'un excellent chien de garde.</span></span></span></span></span></span></span><br />
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjN-mwo4WY_sH_drvFbX6m_4C3HMldYQqZuMQWdG271liYI6WSmlQUlPvIlmuq4C-uZfKcCM1Hr8jLHCX1HZzKYFMZT8Ln0fK1NNzO5xElC-FfJAwIECRggZpAmLscx7Q4CQm6EzM1u9vtF/s1600/index.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="249" data-original-width="202" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjN-mwo4WY_sH_drvFbX6m_4C3HMldYQqZuMQWdG271liYI6WSmlQUlPvIlmuq4C-uZfKcCM1Hr8jLHCX1HZzKYFMZT8Ln0fK1NNzO5xElC-FfJAwIECRggZpAmLscx7Q4CQm6EzM1u9vtF/s400/index.jpg" width="324" /></a></span></span></span></span>La remarque de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjN-mwo4WY_sH_drvFbX6m_4C3HMldYQqZuMQWdG271liYI6WSmlQUlPvIlmuq4C-uZfKcCM1Hr8jLHCX1HZzKYFMZT8Ln0fK1NNzO5xElC-FfJAwIECRggZpAmLscx7Q4CQm6EzM1u9vtF/s1600/index.jpg">Babbage</a> en restait au niveau du jugement moral, les vices de l'ouvrier s'opposant aux vertus (économe, audace, détermination) de l'entrepreneur industriel ou commercial. Dans leur <i>Manifeste du parti communiste </i>de 1848, Karl Marx et Friedrich Engels, flattant la bourgeoisie, la félicitait pour avoir mis fin à la paresse et au gaspillage, non de la classe ouvrière, bien sûr, mais de cette noblesse rentière qu'avait dénoncé l'économiste David Ricardo : «<i>La bourgeoisie a dévoilé que les démonstrations de brutalité du Moyen Âge, tant admirées par la réaction, trouvaient leur juste complément dans la paresse la plus crasse. Elle a été la première à prouver ce que peut accomplir l'activité des hommes. Elle a réalisé bien d'autres merveilles que les pyramides d'Égypte, les aqueducs romains, et les cathédrales gothiques, elle a conduit bien d'autres expéditions que les grandes invasions et les croisades. La bourgeoisie ne peut exister sans révolutionner toujours plus avant les instruments de production, donc les rapports de production, dont l'ensemble des rapports sociaux</i>» (K. Marx et F. Engels. <i>Manifeste du parti communiste - Critique du programme de Gotha, </i>Paris, Librairie Générale française, Col. Livre de poche, # 3462, 1973, pp. 8-9). Et ce développement des rapports </span></span></span></span></span></span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjTvF3wuBQU8IOv0BMxnn7PlDK8CUV_eadA5G5pHYLFHpWZHu2cx3g5WxXd1nmp_XcloIRwtBaNSSKZMS2xjdoKKI6nOe7q-OHNVnLxye-kyqRaFSDM3NIF0eXwSC3aGwdXbNeeEs_R81PY/s1600/1315419-Cr%25C3%25A9ation_des_ateliers_nationaux_de_terrassement_au_Champ_de_Mars.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="499" data-original-width="550" height="362" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjTvF3wuBQU8IOv0BMxnn7PlDK8CUV_eadA5G5pHYLFHpWZHu2cx3g5WxXd1nmp_XcloIRwtBaNSSKZMS2xjdoKKI6nOe7q-OHNVnLxye-kyqRaFSDM3NIF0eXwSC3aGwdXbNeeEs_R81PY/s400/1315419-Cr%25C3%25A9ation_des_ateliers_nationaux_de_terrassement_au_Champ_de_Mars.jpg" width="400" /></a></span></span>sociaux chez les ouvriers, se traduisait par le développe-</span></span></span></span></span></span></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;">ment d'une éthique poussée du travail, de sorte qu'ils ne pouvaient se satisfaire d'entre-</span></span></span></span></span></span></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;">prises comme celles des <i>ateliers nationaux</i> votés par le Gouverne-</span></span></span></span></span></span></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;">ment provisoire installé à l'issue de la Révolution de Février 1848, où l'activité salariée offerte aux chômeurs consistait à des opérations souvent futiles. Pour réponre à une exigence bourgeoise, on en arrivait à imposer aux chômeurs <i>le travail pour le travail.</i> Une telle entreprise mina une solution sociale qui ne serait reprise, avec plus de circonspection, qu'un siècle plus tard, dans le contexte des lendemains du krach d'octobre 1929. En attendant, comme l'avouait, non sans dépit, l'ouvrier communiste Joseph Benoît : «<i>Les ateliers nationaux, il faut bien le reconnaître, étaient une école de paresse et de démoralisation</i>» (Cité in M. Agulhon. <i>Les Quarante-huitards, </i>Paris, Gallimard/Julliard, Col. Archives, # 61, 1975, p. 150). On ne pouvait plus engager les ouvriers à faire n'importe quoi, même pour un salaire. La <i>paresse </i>condamnée par la «saine» morale bourgeoise demeure jusqu'à nos jours, cette honte que la société aliénée au régime capitaliste projette sur ceux qui considèrent la fausseté du monde - du marché - du travail. Toute marchandise n'est pas, par essence, gratifiée par le fait que des travailleurs y ont livré leur force de production ou abandonné leur plus-value à sa réalisation.</span></span></span></span></span></span></span><br />
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<br />
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: x-small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgxfk2oUXwVEoYVNSuBru1E7d2xFj_5rAGsnGtI7bIzIMOrrfVDk-V5CTobpCRg0wep_PGBzrDD7ASBzD2LRsDLZPr4pkxgqi-fkE2i8txm5bSM1Wj84Ut-8kjhS3iRa41WIfXbr0JBsH_P/s1600/Les_Oisifs_-_Vallotton.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1302" data-original-width="1066" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgxfk2oUXwVEoYVNSuBru1E7d2xFj_5rAGsnGtI7bIzIMOrrfVDk-V5CTobpCRg0wep_PGBzrDD7ASBzD2LRsDLZPr4pkxgqi-fkE2i8txm5bSM1Wj84Ut-8kjhS3iRa41WIfXbr0JBsH_P/s200/Les_Oisifs_-_Vallotton.jpg" width="163" /></a></span> </span></span></span></span></span></span></span></div>
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<br />
<div style="text-align: right;">
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;">Hé! Dieu, se j'eusse étudié</span></span></span></span></span></span></span></i></span></span></span></span></span></span></span></div>
<div style="text-align: right;">
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;">Ou temps de ma jeunesse folle,</span></span></span></span></span></span></span></i></span></span></span></span></span></span></span></div>
<div style="text-align: right;">
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;">Et à bonne mœurs dedié</span></span></span></span></span></span></span></i></span></span></span></span></span></span></span></div>
<div style="text-align: right;">
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;">J'eusse maison et couche molle</span></span></span></span></span></span></span></i></span></span></span></span></span></span></span></div>
<div style="text-align: right;">
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;">Mais quoi? Je fuyoië l'école,</span></span></span></span></span></span></span></i></span></span></span></span></span></span></span></div>
<div style="text-align: right;">
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;">Comme fait le mauvais enfant.</span></span></span></span></span></span></span></i></span></span></span></span></span></span></span></div>
<div style="text-align: right;">
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;">En écrivant cette parole,</span></span></span></span></span></span></span></i></span></span></span></span></span></span></span></div>
<div style="text-align: right;">
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;"><i><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;">À peu que le cœur me fend. </span></span></span></span></span></span></span></i></span></span></span></span></span></span></span></div>
<div style="text-align: right;">
<span style="font-size: small;"><br /></span></div>
<div style="text-align: right;">
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;">François Villon</span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></div>
<div style="text-align: right;">
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;"><i>Le Testament, XXVI</i></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: small;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;">J'ai toujours été paresseux de corps et plutôt lent d'esprit. Lorsqu'à l'âge de sept ans j'entrai dans ma seconde année scolaire à l'école publique, je fus émerveillé par mes livres scolaires. Il fallait les recouvrir d'un papier cartonné afin de les protéger des avanies. À mes yeux, cela en faisait des objets précieux. Eh puis, il y avait les petites plaquettes pour enfant des éditions des Deux Coqs d'or que je pouvais emprunter à la bibliothèque de l'école qui n'était qu'une sorte de grand placard où l'on y rangeait n'importe quoi. Mais pour le reste : l'assiduité en classe, la présence des autres élèves, les leçons et les devoirs, tout cela devint vite un fardeau duquel je m'éloignai au fur et à mesure que les exigences s'accumulaient. Bref, j'étais loin d'être un élève doué ou modèle. J'étais paresseux. J'étais médiocre et, avec les livres, par le plus grand des paradoxes, l'école m'offrit la clef en même temps que la porte de ma cellule.<i> </i></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span><br />
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;">La <i>paresse de l'esprit </i>est un phénomène beaucoup plus récent que la paresse du corps avec laquelle elle n'entretient aucun lien de nécessité. Il est notable que </span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="color: black;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi9dHl-r9949fTnZQfiWcBkwzq3qIZlbbgpcgF0PURhm6jBHoOMez4meihT3Unhxp-fPoGLN9Ro1_ITpCX_hP0KMgdSPdc1Yy4FQyVQV75zskMq5mcwtqt5r04UfCRtd4i2DUpESj6hWUv1/s1600/21844497.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="645" data-original-width="357" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi9dHl-r9949fTnZQfiWcBkwzq3qIZlbbgpcgF0PURhm6jBHoOMez4meihT3Unhxp-fPoGLN9Ro1_ITpCX_hP0KMgdSPdc1Yy4FQyVQV75zskMq5mcwtqt5r04UfCRtd4i2DUpESj6hWUv1/s400/21844497.jpg" width="220" /></a></span></span></span></span></span></span></span>durant des millénaires où l'esprit critique ne faisait pas partie du mode de penser des civilisations, le travail de l'esprit fabula des mythes extraordinaires, des épopées enlevantes, des systèmes astrobiologiques religieux ou moraux qui occupaient entièrement la pensée des prêtres comme des agriculteurs. L'avènement de l'esprit critique à la Renaissance occidentale, au XVe siècle, ne fit en rien disparaître ces premières activités qui finirent par s'agglutiner avec cette nouvelle pensée, transformant, par exemple, l'humanisme en anthropologie, la science en religion (le <i>scientisme</i>)<i> </i>ou l'histoire en <i>mythistoire. </i>De ces derniers exemples, il ne faudait surtout pas croire qu'il s'agirait-là de <i>perversions </i>ou de <i>subversions </i>de la critique, mais seulement d'un<i> <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi9dHl-r9949fTnZQfiWcBkwzq3qIZlbbgpcgF0PURhm6jBHoOMez4meihT3Unhxp-fPoGLN9Ro1_ITpCX_hP0KMgdSPdc1Yy4FQyVQV75zskMq5mcwtqt5r04UfCRtd4i2DUpESj6hWUv1/s1600/21844497.jpg">syncrétisme</a> </i>- comme il en existait jadis entre les cultures -, qui fait épouser par le même esprit des approches culturelles totalement antithétiques.</span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span><br />
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;">À partir du XVIIe siècle, il est possible de voir naître un anti-intellectualisme occidental qui se manifeste, d'abord, dans les formes les plus radicales, aussi bien du côté du catholicisme que des différentes sectes protestantes. Ce qui allait être </span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;">dénoncé comme de l'<i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjlOj0iUQOjE5o8gG6t_mN_gT2PukPWH7wUiPGaRhbND49Fyolr38Q5uJ8oNTvhMZPmhP_UV1zkVJ9tKx7_d3ln1D43pWtIqLIRn1jVK0-5uCNJYHeEoYLnLBnlXPCpuIljkOLdqAaWYqkN/s1600/img-1.jpg">obscurantisme</a> </i>par les philosophes du Siècle des Lumières et </span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="color: black;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="color: black;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjlOj0iUQOjE5o8gG6t_mN_gT2PukPWH7wUiPGaRhbND49Fyolr38Q5uJ8oNTvhMZPmhP_UV1zkVJ9tKx7_d3ln1D43pWtIqLIRn1jVK0-5uCNJYHeEoYLnLBnlXPCpuIljkOLdqAaWYqkN/s1600/img-1.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="495" data-original-width="663" height="297" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjlOj0iUQOjE5o8gG6t_mN_gT2PukPWH7wUiPGaRhbND49Fyolr38Q5uJ8oNTvhMZPmhP_UV1zkVJ9tKx7_d3ln1D43pWtIqLIRn1jVK0-5uCNJYHeEoYLnLBnlXPCpuIljkOLdqAaWYqkN/s400/img-1.jpg" width="400" /></a></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span>surtout par la campagne féroce menée par la pensée voltairienne qui s'étira en France jusqu'aux mesures anticléricales de Jules Ferry et d'Émile Combes, relevait de l'anti-intellectualisme. Le conflit entre la religion et les scientifiques, dès le XVIe siècle, opposa à l'Église des esprits à la limite de l'incroyance; de la découverte de la petite circulation sanguine par Michel Servet aux taches sur l'<i>impeccable </i>soleil entrevues à travers la lunette de Galilée, en passant par la relativité du mouvement posée par </span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="color: black;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhfE_23Jh8g0Z1nolbkie11OmqhRaQpOAEkAv_W-4XiiMHDN8xGswXQNEpTePY0JsnET6QUv0HLAT52L8m-9HGWLZoC5qYbM1XK1fcNi01J0CI_g3HzRrRCz_WjxF4b9D7sE-HNScyc4kQc/s1600/220px-Eugen_Drewermann.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="253" data-original-width="220" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhfE_23Jh8g0Z1nolbkie11OmqhRaQpOAEkAv_W-4XiiMHDN8xGswXQNEpTePY0JsnET6QUv0HLAT52L8m-9HGWLZoC5qYbM1XK1fcNi01J0CI_g3HzRrRCz_WjxF4b9D7sE-HNScyc4kQc/s400/220px-Eugen_Drewermann.jpg" width="347" /></a></span></span></span></span></span></span></span>l'hérétique Giordano Bruno - Servet et Bruno devant périr sur le bûcher des mains, l'un de Genève, l'autre de Rome -, ce <i>malentendu </i>entre l'Église catholique et la science n'a pas été réparé par le repentir de Jean-Paul II à l'endroit de Galilée ou de Teilhard de Chardin. Au contraire, ces réparations n'ont fait que raffermir l'autorité de l'Église, en matière scientifique, le pardon accordé aux condamnés de jadis n'empêchant nullement la condamnation de nouveaux hérétiques, dont le psychanalyste jungien <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhfE_23Jh8g0Z1nolbkie11OmqhRaQpOAEkAv_W-4XiiMHDN8xGswXQNEpTePY0JsnET6QUv0HLAT52L8m-9HGWLZoC5qYbM1XK1fcNi01J0CI_g3HzRrRCz_WjxF4b9D7sE-HNScyc4kQc/s1600/220px-Eugen_Drewermann.jpg">Drewerman</a>, interdit de parole et de publication, offre l'exemple le plus brutal.</span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span><br />
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;">Mais est-il justifiable de parler ici de <i>paresse de l'esprit, </i>ou ne sommes-nous pas en présence d'une crise spirituelle, encore et toujours dans l'Église, liée à la modernité? S'il y a manifestation, de paresse de l'esprit chez nombre de membres du bas-clergé tentés par les superstitions, ceux du haut-clergé sont parfaitement bien informés des activités intellectuelles et critiques de leur époque. On ne peut invoquer leur ignorance collective. Autre chose est l'anti-intellectualisme qui s'est installé en Amérique du Nord depuis la colonisation des territoires, au XVIIIe siècle.</span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span><br />
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;">Entre la fascination du savoir et les limites de l'activité intellectuelle, serait-il permis de décanter l'anti-intellectualisme nord-américain comme paresse de </span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh4aKmTlr6S7Vxrp__uTBvjGwz9_971PxTsW1kWB1EthsMPxiyE7w1WM65lE26378ZyYDgenO8q5iwXCa307bBN8DB9PONQWQz3bnEDjapPj5PJAqALokHvLuQuVczPLnHVbS4P9JzgtJmg/s1600/Menlo.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="550" data-original-width="453" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh4aKmTlr6S7Vxrp__uTBvjGwz9_971PxTsW1kWB1EthsMPxiyE7w1WM65lE26378ZyYDgenO8q5iwXCa307bBN8DB9PONQWQz3bnEDjapPj5PJAqALokHvLuQuVczPLnHVbS4P9JzgtJmg/s400/Menlo.jpg" width="328" /></a></span>l'esprit? Le rêve américain, depuis Christophe Colomb jusqu'à nos modernes <i>self-made men, </i>repose essentiellement sur un songe creux bercé par le chant des sirènes. Les récits des <i>conquistadores, </i>les biographies de grands entrepreneurs : savants et industriels, ingénieurs et bâtisseurs, s'achèvent souvent dans la malchance ou le malheur. Cherchait-on la fontaine de Jouvence en Floride? Ponce de Léon n'y trouva que la mort sous les flèches des autochtones. Explorait-on le Mississippi afin de trouver son embouchure? La Salle y était tué d'une balle à la tête tirée par ses propres hommes. Courait-on après le passage du Nord-Ouest vers l'Orient mystérieux et fabuleux? Henry Hudson et John Franklin s'y perdirent et moururent de faim et de froid, tandis que Humphrey Gilbert sombrait avec tout son équipage à bord du <i>Squirrel. </i>Pour un Benjamin Franklin à qui tout réussissait et en particulier les inventions les plus subtiles; pour un Henry Ford qui automatisa la chaîne de montage; pour un <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh4aKmTlr6S7Vxrp__uTBvjGwz9_971PxTsW1kWB1EthsMPxiyE7w1WM65lE26378ZyYDgenO8q5iwXCa307bBN8DB9PONQWQz3bnEDjapPj5PJAqALokHvLuQuVczPLnHVbS4P9JzgtJmg/s1600/Menlo.jpg">Thomas Alva Edison</a> qui amena l'éclairage des rues et des </span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhJBWbKKBq22zsAovaJTycd3pPBa3FGKSMbejlTP9FKxNLSodXsjACT7XjPpsr7N-rp81Bnq7TQuFQ6-TCHkFC8UhCnF9mYER7goJC2n1gU0XYzfEITiRvWIkrzJydFWCLanQMwyg_qXS-I/s1600/Ford-Gallery-13-2862.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1196" data-original-width="1600" height="298" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhJBWbKKBq22zsAovaJTycd3pPBa3FGKSMbejlTP9FKxNLSodXsjACT7XjPpsr7N-rp81Bnq7TQuFQ6-TCHkFC8UhCnF9mYER7goJC2n1gU0XYzfEITiRvWIkrzJydFWCLanQMwyg_qXS-I/s400/Ford-Gallery-13-2862.jpg" width="400" /></a></span></span>demeures; pour un Steve Jobs, pionnier de l'ordinateur personnel et artisan de la <i>révolution technolo-</i></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;"><i>gique</i> du XXIe siècle, qui finirent tous mil-</span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="font-size: medium;">lionnaires et patrons de leurs entreprises, combien d'échecs, de faillites, de désespoir et de suicides? Si les revues et les chroniques célèbrent ces ingénieux artisans comme représentants du pragmatisme utilitaire, biographes, romanciers, dramaturges et cinéastes présentent plus souvent l'envers de ce songe comme une suite de cauchemars qui trahit, comme le sein puant présenté à Raymond Lulle, la vérité des séducteurs : Henry Ford antisémite et <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhJBWbKKBq22zsAovaJTycd3pPBa3FGKSMbejlTP9FKxNLSodXsjACT7XjPpsr7N-rp81Bnq7TQuFQ6-TCHkFC8UhCnF9mYER7goJC2n1gU0XYzfEITiRvWIkrzJydFWCLanQMwyg_qXS-I/s1600/Ford-Gallery-13-2862.jpg">adulateur de Hitler</a> ou Thomas Edison tyran de ses travailleurs à Menlo Park. Le rêve, lui aussi, a son revers puant.</span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span><br />
<span style="font-size: small;"><br /></span></div>
</div>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;">Démenti par de tels succès, comment parler d’anti-intellectualisme des Américains? Sans doute, se
souvient-on davantage des rêveurs qui réussissent que de ceux qui
échouent. Et donc, le rêve ne prend-t-il sa valeur que s’il est
orienté déjà vers des objectifs normés, comme l’enrichissement
personnel (pour </span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;">les capitalistes) ou l’amélioration </span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;">des
conditions sociales (pour les socialistes).
</span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi9_796-s_M5A9B-Rqo8JG8NsWoC1Gw6v0G2aeba5m2uNmJbRMdzPF72KStYX1x7RsLLAjMLwRMMCgK-rN3hGW-7M9OZy0WKlKwbzKYJzbTfvA8XHZYEzXO2q1XHBz3BqZ9Z0mE9bA4Ivy6/s1600/TheAmericanDream_LogoTop.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1067" data-original-width="1600" height="266" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi9_796-s_M5A9B-Rqo8JG8NsWoC1Gw6v0G2aeba5m2uNmJbRMdzPF72KStYX1x7RsLLAjMLwRMMCgK-rN3hGW-7M9OZy0WKlKwbzKYJzbTfvA8XHZYEzXO2q1XHBz3BqZ9Z0mE9bA4Ivy6/s400/TheAmericanDream_LogoTop.jpg" width="400" /></a></span></span></span>Capitalistes et com-</span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;">munistes se donneront donc </span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;">la main pour condamner
la philosophie spéculative, la contempla-</span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;">tion spiri-</span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;">tuelle ou la
production artistique étrangère au marché de l'art ou à la propagande. Par le fait
même, une double appréciation du </span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>rêve
</i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;">se met en place :
les rêves gratuits sont considérés comme des pertes de temps et
coûteux à la société; les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi9_796-s_M5A9B-Rqo8JG8NsWoC1Gw6v0G2aeba5m2uNmJbRMdzPF72KStYX1x7RsLLAjMLwRMMCgK-rN3hGW-7M9OZy0WKlKwbzKYJzbTfvA8XHZYEzXO2q1XHBz3BqZ9Z0mE9bA4Ivy6/h120/TheAmericanDream_LogoTop.jpg">rêves utilitaires</a>, pragmatiques,
serviables, par contre, apportant richesses, progrès et bien-être
comme bénéfiques à l'espèce humaine. Sans le savoir, nous venons
de quitter le champ de l'humanisme pour celui de l'anthropologie. La
valeur de l'individu n'y est plus la même. Ni celle de la société
d'ailleurs!</span><br />
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;">Mais, s’il y a
un filon continu qui part du </span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>rêve
de Colomb </i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;">(dont les
Américains célèbrent le départ d’Espagne par une fête chômée
en octobre), la façon dont ce rêve a dégénéré en
anti-intellectualisme varie d’une culture à l’autre.</span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;">Il est difficile
pour un historien d'aborder l'anti-intellectualisme d'une société,
surtout si c'est la sienne, car l'anti-intellectualisme est la
négation de son travail et, par le fait même, entraîne une
blessure narcissique qui le déconsidère à ses propres yeux. Ceci
conduit </span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgGxglpWfM6qnmcFs9AGEAJjBYxovuBIDBkxyLNf07aN7W4nmd79UVLOMzbwnhNhEMhu6CIMSPSof7A1YY3nZk-ii1mJg3eQKhYFhKKc5uAJjg4CYw7yDyuf44aaOTumJMP2TP50YPD-UjT/s1600/quote-we-are-all-sufferers-from-history-but-the-paranoid-is-a-double-sufferer-since-he-is-richard-hofstadter-91-79-56.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="400" data-original-width="850" height="187" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgGxglpWfM6qnmcFs9AGEAJjBYxovuBIDBkxyLNf07aN7W4nmd79UVLOMzbwnhNhEMhu6CIMSPSof7A1YY3nZk-ii1mJg3eQKhYFhKKc5uAJjg4CYw7yDyuf44aaOTumJMP2TP50YPD-UjT/s400/quote-we-are-all-sufferers-from-history-but-the-paranoid-is-a-double-sufferer-since-he-is-richard-hofstadter-91-79-56.jpg" width="400" /></a>l'historien américain <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgGxglpWfM6qnmcFs9AGEAJjBYxovuBIDBkxyLNf07aN7W4nmd79UVLOMzbwnhNhEMhu6CIMSPSof7A1YY3nZk-ii1mJg3eQKhYFhKKc5uAJjg4CYw7yDyuf44aaOTumJMP2TP50YPD-UjT/h120/quote-we-are-all-sufferers-from-history-but-the-paranoid-is-a-double-sufferer-since-he-is-richard-hofstadter-91-79-56.jpg">Richard Hofsta</a><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgGxglpWfM6qnmcFs9AGEAJjBYxovuBIDBkxyLNf07aN7W4nmd79UVLOMzbwnhNhEMhu6CIMSPSof7A1YY3nZk-ii1mJg3eQKhYFhKKc5uAJjg4CYw7yDyuf44aaOTumJMP2TP50YPD-UjT/s1600/quote-we-are-all-sufferers-from-history-but-the-paranoid-is-a-double-sufferer-since-he-is-richard-hofstadter-91-79-56.jpg">dter</a> à affirmer :
«</span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>...it will be clear
that anti-intellec-</i></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>tualism cannot be made the subject of a formal
history in quite the same way as the life of a man or the development
of an institution or a social movement</i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">»
(R. Hofstadter. </span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>Anti-intellectualism
in American life, </i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">New
York, Vintage Books, 1963, p. 7). Comment - et pourquoi - s'adresser
à des gens qui, pour rien au monde, voudraient s'intéresser à
votre travail? On a rencontré cette frustration déjà, à propos de l'amertume de Balzac. C'est ainsi que la paresse de l'esprit est contagieuse
et désespère ceux qui, à l'origine, s'étaient engagés
volontairement, et généralement avec enthousiasme, dans une carrière
professorale ou une quête philosophique.</span></span><br />
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">Chaque
intellectuel a la propension à croire que son peuple est le plus
anti-intellectuel qui soit. Leonard Woolf soupirait : «</span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>no
people has ever despised and distrusted the intellect and
intellectuals more than the British</i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">»
(cité in ibid. p. 20). Il y a, sans doute, bien des comptes à
régler entre les intellectuels et leur peuple d'origine, encore
faut-il bien définir qui prêche </span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiNsXSGNoshINP6y4Y0oB5x8-afOr4i9_KmhC1JG8la_tYKKH3mbMskdMsjSkLYLEUVFOFUrrrOTh0U7Kf_wH3H1pzTCcr3BblWVSJuqDsln2yPsV-DM9ybC1Vt3UG1yE_cL2kpkFHd11gU/s1600/51zfvlKzAUL._SX315_BO1%252C204%252C203%252C200_.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="499" data-original-width="317" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiNsXSGNoshINP6y4Y0oB5x8-afOr4i9_KmhC1JG8la_tYKKH3mbMskdMsjSkLYLEUVFOFUrrrOTh0U7Kf_wH3H1pzTCcr3BblWVSJuqDsln2yPsV-DM9ybC1Vt3UG1yE_cL2kpkFHd11gU/s400/51zfvlKzAUL._SX315_BO1%252C204%252C203%252C200_.jpg" width="253" /></a>l'anti-intellectualisme. Hofstadter pose et répond à cette question fondamentale
: «</span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>In any case,
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiNsXSGNoshINP6y4Y0oB5x8-afOr4i9_KmhC1JG8la_tYKKH3mbMskdMsjSkLYLEUVFOFUrrrOTh0U7Kf_wH3H1pzTCcr3BblWVSJuqDsln2yPsV-DM9ybC1Vt3UG1yE_cL2kpkFHd11gU/h120/51zfvlKzAUL._SX315_BO1%252C204%252C203%252C200_.jpg">anti-intellectualism</a> is not the creation of people who are
categorically hostile to ideas. Quite the contrary : just as the most
effective enemy of the educated man may be the half-educated man, so
the leading anti-intellectuals are usually men deeply engaged with
ideas, often obsessively engaged with this or that outworn or
rejected idea. Few intellectuals are without moments of
anti-intellectualism; few anti-intellectuals without single-minded
intellectual passions. In so far as anti-intellectualism becomes
articulate enough to be traced historically or widespread enough to
make itself felt in contemporary controversy, it has to have
spokesmen who are at least to some degree competent. These spokesmen
are in the main neither the uneducated nor the unintellectual, but
rather the marginal intellectuals, would-be intellectuals, unfrocked
or embittered intellectuals, the literate leaders of the
semi-literate, full of seriousness and high purpose about the causes
that bring them to the attention of the world. I have found
anti-intellectual leaders who were evangelical ministers, many of
them highly intelligent and some even learned; fundamentalists,
articulate about their theology; politicians, includeing some of the
shrewdest; businessmen or other spokesmen of the practical demands of
American culture; right-wing editors of strong intellectual
pretensions and convictions, various marginal writers (</i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">vide
</span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>the
anti-intellectualism of the Beatniks); anti-Communist pundits,
offended by the past heresies of a large segment of the intellectual
community; and, for that matter, Communist </i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhv-1dDA7p7qFdPJjHVNa1tCl7iMwt6AKNp9fkxpuJXnS4SdTEiyqToo1bTx0rTNErYOIGV7l6WllRncwGtTFdNNKUrLFbebYSHZTdpkmd2ExgjL9rGNuB8EwAqt2XWbznozZfnIfL248oE/s1600/intellegent-design.jpg.webp" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="271" data-original-width="380" height="285" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhv-1dDA7p7qFdPJjHVNa1tCl7iMwt6AKNp9fkxpuJXnS4SdTEiyqToo1bTx0rTNErYOIGV7l6WllRncwGtTFdNNKUrLFbebYSHZTdpkmd2ExgjL9rGNuB8EwAqt2XWbznozZfnIfL248oE/s400/intellegent-design.jpg.webp" width="400" /></a>leaders, who had much use
for intel-</i></span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>lectuals when they could </i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">use
</span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>them, but the
utmost contempt for what intellec-</i></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>tuals are concerned with. The
hostility so prominent in the temper of these men is not directed
against ideas as such, not even in every case against intellectuals
as such. The <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhv-1dDA7p7qFdPJjHVNa1tCl7iMwt6AKNp9fkxpuJXnS4SdTEiyqToo1bTx0rTNErYOIGV7l6WllRncwGtTFdNNKUrLFbebYSHZTdpkmd2ExgjL9rGNuB8EwAqt2XWbznozZfnIfL248oE/h120/intellegent-design.jpg.webp">spokesmen</a> of anti-intellectualism are almost always
devoted to some ideas, and much as they may hate the regnant
intellectuals among their living contemporaries, they may be devotees
of some intellectual long dead - Adam Smith perhaps, or Thomas
Aquinas, or John Calvin, of even Karl Marx</i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">»
(ibid. pp. 21-22). Cette observation, je la confirme. Avec la
démocratisation de l'éducation (ou de l'instruction),
l'anti-intellectualisme s'est développé comme jamais auparavant.
C'est parmi ceux qui prétendaient à l'intelligence que j'ai trouvé
l'anti-intellectualisme le plus forcené, privilégiant le dogme sur
la critique, les mythes sur le réel ou se satisfaisant d'un
demi-savoir mondain. Plus l'éducation s'est démocratisée, plus il
a fallu réduire les exigences d'anciens programmes forgés pour
l'élite, et plus un certain anti-intellectualisme grégaire s'est
développé parmi ces demi-portions où la paresse de l'esprit a
trouvé se loger.</span></span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-size: small;"><br /></span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">Cette
évolution détraquée est toute récente. Au départ, l'anti-intellectualisme
reposait sur des critères pragmatiques et étroits. «</span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>One
reason why anti-intellectualism has changed in our time is that our
sense of the impracticality of intellect has been transformed. During
the </i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgJ4wWxNx_upkHVbgut9YAIdpX7pLHJ1tmKNezzrVMDb0N90EKq76rn1vZGfdcr8XRQGg23F4hvI4-hNStcZztnjJnCUpo3u1TiHf7hSTIeYBsZsg9USh058r4UJIlOgA5FL6dw7yprI7rf/s1600/300px-Nast-intellect.png" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="306" data-original-width="300" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgJ4wWxNx_upkHVbgut9YAIdpX7pLHJ1tmKNezzrVMDb0N90EKq76rn1vZGfdcr8XRQGg23F4hvI4-hNStcZztnjJnCUpo3u1TiHf7hSTIeYBsZsg9USh058r4UJIlOgA5FL6dw7yprI7rf/s400/300px-Nast-intellect.png" width="392" /></a>nineteenth century, when business criteria dominated American
culture almost without challenge, and when most business and
pro-</i></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>fessional men attained eminence without much formal education,
academic schooling was often said to be <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgJ4wWxNx_upkHVbgut9YAIdpX7pLHJ1tmKNezzrVMDb0N90EKq76rn1vZGfdcr8XRQGg23F4hvI4-hNStcZztnjJnCUpo3u1TiHf7hSTIeYBsZsg9USh058r4UJIlOgA5FL6dw7yprI7rf/h120/300px-Nast-intellect.png">useless</a>. It was assumed that
schooling existed not to cultivate certain distinctive qualities of
mind but to make personal advancement possible. For this purpose, an
immediate engagement with the practical tasks of life was held to be
more usefully educative, whereas intellectual and cultural pursuits
were called unworldly, unmasculine, and impractical. In spite of the
coarse and philistine rhetoric in which this contention was very
often stated, it had a certain rude correspondance to the realities
and demands of American life. This skepticism about formally
cultivated intellect lived on into the twentieth century</i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">»
(ibid. pp. 33-34). Cet esprit sévissait encore chez les Québécois
au début des années soixante du XXe siècle, avec le dicton : </span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>Qui
s'instruit, s'enrichit! </i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">Autant
dire que l'anti-intellectualisme québécois était près d'un siècle
en retard sur celui des Américains de la même époque.</span></span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-size: small;"><br /></span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">Comme
les catholiques de la Nouvelle-Espagne ou de la Nouvelle-France, les
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEguQc5QVaz1yO1PeGKEaN6vUDPUO5AB4HZOLy1w7dEjwKn_IDDltTUk0HtPPAsTZL1iWd57eI4v9n3hHSn6roEyhfdX8GS0ORWIcBa1tWtoKxn-863_WYVUbrgz1sQwnXu3jYSNjWjnT11K/h120/e__internet_intranet_sfs_CLIO_PHOTOLISTEPHOTOLISTE_20090610110547_etat_600_.jpg">Puritains</a> de la Nouvelle-Angleterre se méfiaient des idées
nouvelles, même (et surtout) dans le domaine </span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEguQc5QVaz1yO1PeGKEaN6vUDPUO5AB4HZOLy1w7dEjwKn_IDDltTUk0HtPPAsTZL1iWd57eI4v9n3hHSn6roEyhfdX8GS0ORWIcBa1tWtoKxn-863_WYVUbrgz1sQwnXu3jYSNjWjnT11K/s1600/e__internet_intranet_sfs_CLIO_PHOTOLISTEPHOTOLISTE_20090610110547_etat_600_.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="404" data-original-width="600" height="268" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEguQc5QVaz1yO1PeGKEaN6vUDPUO5AB4HZOLy1w7dEjwKn_IDDltTUk0HtPPAsTZL1iWd57eI4v9n3hHSn6roEyhfdX8GS0ORWIcBa1tWtoKxn-863_WYVUbrgz1sQwnXu3jYSNjWjnT11K/s400/e__internet_intranet_sfs_CLIO_PHOTOLISTEPHOTOLISTE_20090610110547_etat_600_.jpg" width="400" /></a>religieux. Si les
premiers </span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>Dissenters </i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">fuyant lAngleterre au moment de la guerre civile et religieuse
amenèrent avec eux une interpréta-</span></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">tion dog-</span></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">matique des
Saintes-Écritures, la génération suivante cultiva plutôt une certaine libéralité qui amena la fondation des premières
universités américaines (<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjeOv66-PmZ15zzuEqCpQG1fr_7RF484nnh0eqD8ERn2_X1HiXdRQrLeBBczm9446U6uVUjHuEkDZl-n-RLsm4tG5hDd9BLyf73Vsn4rda2lzjjkJLWdA6XPkJom-Tk0lbeyRdd5jDlm9P1/h120/index.jpg">Harvard</a>, 1636; William and Mary, 1693;
Yale, 1701...). Par contre, de nouveaux groupes venant s'établir au XVIIIe
siècle ramenèrent des positions plus
anti-intellectuelles encore. C'était l'effet du travers même des sociétés protestantes qui faisait que, depuis leur apparition durant la Réforme, elles étaient structurées à
l'éclatement. De cela sortit un cycle de fermetures et d'ouvertures d'esprit qui devait se maintenir.
«</span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>Since there need
be only a shadow of confessional unity in the </i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjeOv66-PmZ15zzuEqCpQG1fr_7RF484nnh0eqD8ERn2_X1HiXdRQrLeBBczm9446U6uVUjHuEkDZl-n-RLsm4tG5hDd9BLyf73Vsn4rda2lzjjkJLWdA6XPkJom-Tk0lbeyRdd5jDlm9P1/s1600/index.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="191" data-original-width="264" height="289" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjeOv66-PmZ15zzuEqCpQG1fr_7RF484nnh0eqD8ERn2_X1HiXdRQrLeBBczm9446U6uVUjHuEkDZl-n-RLsm4tG5hDd9BLyf73Vsn4rda2lzjjkJLWdA6XPkJom-Tk0lbeyRdd5jDlm9P1/s400/index.jpg" width="400" /></a>denominations, the
rational discussion of theo-</i></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>logical issues - in the past a great
source of intellec-</i></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>tual discipline in the churches - came to be
regarded as a distrac-</i></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>tion, as a divisive force. Therefore, althought
it was not abandoned, it was subordinated to practical objectives
which were conceived to be far more important</i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">»
(ibid. pp. 83-84). L'anti-intellectualisme, au XIXe
siècle, commeça à se modifier lorsqu'aux arguments religieux succédèrent des arguments séculiers : «</span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>Long
before pragmatism became a philosophical creed, it was formulated,
albeit in a crude way, by the evangelists. For the layman the
pragmatic test in religion was the experience of conversion; for the
clergyman, it was the ability to induce this experience. The
minister's success in winning souls was taken as the decisive
evidence that he preached the truth</i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">»
(ibid. p. 85).</span></span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-size: small;"><br /></span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">Certes,
on ne gagne pas des âmes avec de longs argumentaires théologiques.
Des congrégations comme les Presbytériens, les Baptistes et les
Méthodistes se montrèfent ouverts aux spéculations
intellectuelles, mais elles demeuraient centrées sur la théologie. Doctrinaires, elles n'en laissaient pas moins leurs membres
s'engager dans des professions </span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgsZI-qV7kejdYRn_YilCl0g_O0jn-XTR7VDcXwgO_yYJljHAQcTCcPLpDxCUs67lKvN6mF5F0L26zZpUjkx1eDa0a44RlF91NVJDBib6AqcTUyiz8_Ym5rn0q49myLd6os2hDmdBK2_MlH/s1600/gettyimages-170559116-1024x1024.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="626" data-original-width="826" height="302" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgsZI-qV7kejdYRn_YilCl0g_O0jn-XTR7VDcXwgO_yYJljHAQcTCcPLpDxCUs67lKvN6mF5F0L26zZpUjkx1eDa0a44RlF91NVJDBib6AqcTUyiz8_Ym5rn0q49myLd6os2hDmdBK2_MlH/s400/gettyimages-170559116-1024x1024.jpg" width="400" /></a>libérales où il était important de développer un esprit critique. Il fallu alors une
rhé-</span></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">torique religieuse qui s'adressa à la sensibilité de gens
instruits qui étaient, en même temps, l'élite de la société
américaine. Les méthodistes ouvrirent des </span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>Biblical
Institutes </i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">où
il était possible de mesurer sa foi à l'aune des réflexions d'une
théologie critique mieux adaptée à la modernité.
La démocratisation de l'éducation religieuse se concrétisa au XIXe
siècle avec les </span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgsZI-qV7kejdYRn_YilCl0g_O0jn-XTR7VDcXwgO_yYJljHAQcTCcPLpDxCUs67lKvN6mF5F0L26zZpUjkx1eDa0a44RlF91NVJDBib6AqcTUyiz8_Ym5rn0q49myLd6os2hDmdBK2_MlH/h120/gettyimages-170559116-1024x1024.jpg">sunday schools</a> </i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">venues
d'Angleterre,</span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i> </i>séparant ainsi </span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">l'instruction religieuse de l'instruction publique, à l'image de la séparation de l'Église et de l'État. Le
prédicateur <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhyxAtzYZH5eq10ygAG0FFTI_TunVrVWfMjHDBhUcr9L7DOs3W2c6ZL5O2y3KPBAJL580ZlrFvWKBCkjzEqNhjhWqOVjt3u8mW6ghElABGBKZ2vUrBa4eZLjNjGAbV_PhVLcgr9XAw-qnwX/h120/5083573.jpg">Dwight L. Moody</a>, qui apparut durant la décennie qui
précéda la guerre civile, offre l'exemple de
l'anti-intellectualisme lié au </span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>revival
religieux </i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">du
milieu du siècle : «</span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>Moody's
message was broad and nondenominational - it is significant that he
had the endorsement at one time or another by practically every
denomination except the Roman Catholics, the Unitarians, and the
Universalists - and he cared not a whit for the formal discussion of
theological issues ("My theology! I didn't know I </i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhyxAtzYZH5eq10ygAG0FFTI_TunVrVWfMjHDBhUcr9L7DOs3W2c6ZL5O2y3KPBAJL580ZlrFvWKBCkjzEqNhjhWqOVjt3u8mW6ghElABGBKZ2vUrBa4eZLjNjGAbV_PhVLcgr9XAw-qnwX/s1600/5083573.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="212" data-original-width="185" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhyxAtzYZH5eq10ygAG0FFTI_TunVrVWfMjHDBhUcr9L7DOs3W2c6ZL5O2y3KPBAJL580ZlrFvWKBCkjzEqNhjhWqOVjt3u8mW6ghElABGBKZ2vUrBa4eZLjNjGAbV_PhVLcgr9XAw-qnwX/s400/5083573.jpg" width="349" /></a>had any. I
wish you sould tell me what my theology is".) The knowledge, the
culture, the science of his time meant nothing to him, and when he
touched upon them at all, it was with a note as acid as he was ever
likely to strike. In this respect, he held true to the dominant
evangelical tradition. </i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">[...]
</span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i> He denigrated all
education that did not serve the purposes of religion - for secular
education, he said, instead of telling men what a bad lot they are,
flatters them and tells them "how angelic they are because they
have some education. An educated rascal is the meanest kind of
rascal". Aside from the Bible, he read almost nothing. "I
have one rule about books. I do not read any book, unless it will
help me to undersand </i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">the
</span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>book. Novels? The
were "flashy... I have no taste for them, no desire to read
them; but if I did I would not do it". The theater? "You
say it is part of one's education to see good plays. Let that kind of
education go to the four winds". Culture? It is "all right
in its place," but to speak of it before a man is born of God is
"the height of madness". Learning? An encumbrance to the
man of spirit : "I would rather have zeal without knowledge; and
there is a good deal of knowledge without zeal". Science? It had
become, by Moody's time, a threat to religion rather than a means for
the discovery and glorification of God. "It is a great deal
easier to believe that man was made after the image of God than to
believe, as some young men and women are being taught now, that he is
the offspring of a monkey"</i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">»
(ibid. pp. 108-109). Si une telle position, et Hofstadter le dit
clairement, reposait en partie sur la crainte de la modernité
intellectuelle, elle comptait aussi sur une bonne dose de paresse crasse à ne vouloir se
compliquer l'esprit.</span></span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-size: small;"><br /></span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">L'anti-intellectualisme
a toujours été une dimension de l'anti-modernisme. Plus encore que
l'obscurantisme protestant, la sensibilité du conservatisme
américain s'est toujours rebutée aux découvertes qui heurtaient
brutalement ses certitudes morales : «</span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>The
feeling that rationalism and modernism could no longer be answered in
debate led to frantic efforts to overwhelm them by sheer violence of
rhetoric and finally by efforts at suppression and </i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj5nErZLo09lfurGWFTT79ifUb7RpZZOlKF6YK5v98Z3Zp09esQz_29-r5-X0EBRxTSk-JbM66yFLEDiQSpS8Ea7CcAPjX0tA-yXBg02CM-CbL3GG675Uucp0IOkZZpI7FGqdi90Btn1HpY/s1600/5536000.gif" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="162" data-original-width="348" height="185" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj5nErZLo09lfurGWFTT79ifUb7RpZZOlKF6YK5v98Z3Zp09esQz_29-r5-X0EBRxTSk-JbM66yFLEDiQSpS8Ea7CcAPjX0tA-yXBg02CM-CbL3GG675Uucp0IOkZZpI7FGqdi90Btn1HpY/s400/5536000.gif" width="400" /></a>intimidation which
reached a climax in the anti-evolution crusade of the 1920's </i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">[...]
</span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>The 1920's proved
to be the focal decade in the </i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">Kulturkampf
</span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>of American
Protestantism. Advertising, radio, the mass magazines, the advance of
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj5nErZLo09lfurGWFTT79ifUb7RpZZOlKF6YK5v98Z3Zp09esQz_29-r5-X0EBRxTSk-JbM66yFLEDiQSpS8Ea7CcAPjX0tA-yXBg02CM-CbL3GG675Uucp0IOkZZpI7FGqdi90Btn1HpY/h120/5536000.gif">popular education</a>, threw the old mentality into a direct and
unavoidable conflit with the new. the older, rural and small-town
America, now fully embattled against the encroachments of modern
life, made its most determined stand against cosmopolitanism,
Romanism, and the skepticism and moral experimentalism of the
intelligentsia. In the Ku Klux Klan movement, the rigid defense of
Prohibition, the Scopes </i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjs6N5sknK3ZmPMsfMy91OWCMbTlkfUvIH0x6M9tERExUJ7b8kWF1Uej2aavaEfS-Pb0TMR0Akr5D96bWCFaIGFyaL3lGSZIUGx0d8ggfbAMjUPKLhyhX9nXw7ynIWwsKz6nCTvlZyi-GcG/s1600/unnamed.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="381" data-original-width="512" height="297" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjs6N5sknK3ZmPMsfMy91OWCMbTlkfUvIH0x6M9tERExUJ7b8kWF1Uej2aavaEfS-Pb0TMR0Akr5D96bWCFaIGFyaL3lGSZIUGx0d8ggfbAMjUPKLhyhX9nXw7ynIWwsKz6nCTvlZyi-GcG/s400/unnamed.jpg" width="400" /></a>evolution trial, and the campaign against Al
Smith </i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">[candidat
démo-</span></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">crate à l'élection présiden-</span></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">tielle]</span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>
in 1928, the older America tried vainly to ressert its authority; but
its only victory was the defeat of Smith, and even that was tarnished
by his success in reshaping the Democratic Party as an urban and
cosmopolitan force, a success that laid the groudwork for subsequent
Democratic victories</i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">»
(ibid. p. 123). Au-delà des crises, tel le procès Scopes
tenu contre un professeur de collège qui enseignait la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjs6N5sknK3ZmPMsfMy91OWCMbTlkfUvIH0x6M9tERExUJ7b8kWF1Uej2aavaEfS-Pb0TMR0Akr5D96bWCFaIGFyaL3lGSZIUGx0d8ggfbAMjUPKLhyhX9nXw7ynIWwsKz6nCTvlZyi-GcG/h120/unnamed.jpg">loi de l'évolution</a> à ses élèves, l'anti-intellectualisme américain commença à reculer seulement au milieu du XXe siècle, bénéficiant régulièrement d'apport de fausses sciences pondues dans les cénacles d'autres sectes protestantes (l'invention du Créationisme).</span></span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-size: small;"><br /></span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">L'un
des facteurs de cette évolution régressive reposerait, selon
Hofstadter, sur la disparition d'une classe d'hommes instruits d'où
étaient sortis les<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjv8-mcSYxBjU_Qe2ErZg9xfJ4IcG3Cl1XkqSYUZQYxLPVsCaH5kUYTQtiwW5IzYG8wtf10XvJSxBGfPHfUjhKOEJuHTq40uAiU_y1z93HxqgApsOw8DcgACAUtUlMPgtfFiVv5BZDz1eZP/h120/index.jpg"> </a></span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjv8-mcSYxBjU_Qe2ErZg9xfJ4IcG3Cl1XkqSYUZQYxLPVsCaH5kUYTQtiwW5IzYG8wtf10XvJSxBGfPHfUjhKOEJuHTq40uAiU_y1z93HxqgApsOw8DcgACAUtUlMPgtfFiVv5BZDz1eZP/h120/index.jpg">Founding Fathers</a> </i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">fils
du Siècle des Lumières. Benjamin Franklin, Alexander Hamilton,
Thomas Jefferson, James Madison, George Mason, James Wilson et George
Wythe appartenaient, sans doute, aux classes dominantes </span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjv8-mcSYxBjU_Qe2ErZg9xfJ4IcG3Cl1XkqSYUZQYxLPVsCaH5kUYTQtiwW5IzYG8wtf10XvJSxBGfPHfUjhKOEJuHTq40uAiU_y1z93HxqgApsOw8DcgACAUtUlMPgtfFiVv5BZDz1eZP/s1600/index.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="183" data-original-width="276" height="265" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjv8-mcSYxBjU_Qe2ErZg9xfJ4IcG3Cl1XkqSYUZQYxLPVsCaH5kUYTQtiwW5IzYG8wtf10XvJSxBGfPHfUjhKOEJuHTq40uAiU_y1z93HxqgApsOw8DcgACAUtUlMPgtfFiVv5BZDz1eZP/s400/index.jpg" width="400" /></a>de la
bourgeoisie yankee comme de l'aristo-</span></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">cratie sudiste, mais c'était des
hommes fascinés par les découver-</span></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">tes scientifi-</span></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">ques et leurs
ap-</span></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">plications techniques auxquelles ils ajoutèrent leur contribution.
La Constitution américaine, avec sa complexité légendaire,
reposait sur la division des pouvoirs mettant à profit les leçons
de Locke et de Montesquieu. La disparition de cette génération
laissa donc la place à une tendance populiste qui appela vite les
généraux (Jackson, Harrison, Taylor...) à succéder aux avocats et
aux planteurs qui avaient bâti la nation. C'est lors de l'élection
présidentielle de 1828 que l'on vit s'affronter les deux générations
lorsqu'on distingua</span></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; margin-left: 5.03cm; orphans: 2; widows: 2;">
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;">John Quincy Adams who can write</span></div>
<div style="margin-left: 5.03cm; orphans: 2; widows: 2;">
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;">And
Andrew Jackson who can fight.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="orphans: 2; widows: 2;">
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;">Le
sort en fut définitivement jeté. «</span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>For
American society it was tragic that the interests of higher education
and those of the ordinary citizen should thus be allowed to appear to
be in conflict</i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">»
(ibid. p. 164).</span></span></div>
<div style="orphans: 2; widows: 2;">
<span style="font-size: small;"><br /></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="orphans: 2; widows: 2;">
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">La
société qui sortit de la guerre civile s'engagea immédiatement
dans son </span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>take-off</i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">
industriel alors que l'État atteignait la maturité d'un État
moderne. L'une des conséquences de cette modernisation fut
l'apparition d'une classe de fonctionnaires comparable à celle
développée </span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhl3f5BgZiy1OGaTBWjshF4bRB8c345PLO1vO7UgABFrk1yRy8WHPSGJwabRNum0Kiae2E5JDJzfAZ4daOuwKUMXY65youC5AEc-Gy8-n_QWOGXzJIvgwFZ2ZNHYn4OcrpYAMHZ2M616Nw2/s1600/Portrait_of_East_India_Company_official.jpg.webp" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="492" data-original-width="410" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhl3f5BgZiy1OGaTBWjshF4bRB8c345PLO1vO7UgABFrk1yRy8WHPSGJwabRNum0Kiae2E5JDJzfAZ4daOuwKUMXY65youC5AEc-Gy8-n_QWOGXzJIvgwFZ2ZNHYn4OcrpYAMHZ2M616Nw2/s400/Portrait_of_East_India_Company_official.jpg.webp" width="332" /></a>par les Britanniques depuis le début du siècle et
stimulée par l'<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhl3f5BgZiy1OGaTBWjshF4bRB8c345PLO1vO7UgABFrk1yRy8WHPSGJwabRNum0Kiae2E5JDJzfAZ4daOuwKUMXY65youC5AEc-Gy8-n_QWOGXzJIvgwFZ2ZNHYn4OcrpYAMHZ2M616Nw2/h120/Portrait_of_East_India_Company_official.jpg.webp">extension impériale</a> en Inde. «</span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>The
central idea of the reformers - the idea which they all agreed upon
and which excited their deepest concern - was the improvement of the
civil service, without which they believed no other reform could be
successfully carried out. The ideal of civil-service reform brought
into direct opposition the credo of the professionnal politicians,
who put their faith in party organization and party rewards and the
practice of rotation in office, and the ideals of the reformers, who
wanted competence, efficiency, and economy in the public service,
open competition for jobs on the basis of merit, and security of
tenure. The reformers looked to various models for their proposals -
to the American military services, to bureaucratic systems in Prussia
or even China; but principally this English-oriented intellectual
class looked for inspiration to England, where civil-service
reorganization had been under way since the publication of the
Northcote-Trevelyan Report in 1854</i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">»
(ibid. p. 179).</span></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="orphans: 2; widows: 2;">
<span style="font-size: small;"><br /></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="orphans: 2; widows: 2;">
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">Jusqu'alors,
les fonctionnaires se recrutaient parmi les militants de partis,
confondant corruption et incompétence. L'issue tragique de cette
confusion survint le 2 juillet 1881, </span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif;"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiLah1js5In8hx2RSbYtNYlavmFy5AlEMyG06NoYKUiM8ilSTA6JA5wl_ULczozctkMyUXXPcwo6JoZ6Un7Bx90V5ttP5IY_hBt3fgmBbkpCbwq0zrRMF8wavYNBFzHSbGzL9YIdF-gRbL9/s1600/index.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="185" data-original-width="272" height="272" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiLah1js5In8hx2RSbYtNYlavmFy5AlEMyG06NoYKUiM8ilSTA6JA5wl_ULczozctkMyUXXPcwo6JoZ6Un7Bx90V5ttP5IY_hBt3fgmBbkpCbwq0zrRMF8wavYNBFzHSbGzL9YIdF-gRbL9/s400/index.jpg" width="400" /></a></span></span>lorsque le président récemment
élu, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiLah1js5In8hx2RSbYtNYlavmFy5AlEMyG06NoYKUiM8ilSTA6JA5wl_ULczozctkMyUXXPcwo6JoZ6Un7Bx90V5ttP5IY_hBt3fgmBbkpCbwq0zrRMF8wavYNBFzHSbGzL9YIdF-gRbL9/h120/index.jpg">James A. Garfield</a>, fut assassiné par un républi-</span></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">cain </span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">déséquili-</span></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">bré, Charles Guiteau, qui attendait un retour de poste du nouveau
gouverne-</span></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">ment. Une telle incartade conduisit à établir </span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>a
scholastic test </i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">préalable
à l'engagement des fonctionnaires. Cette précaution entraîna à
plus long terme un conflit entre les politiciens et la haute
administration publique : «</span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>In
the attacks made by the reformers on the professional politicians,
one finds a few essential words recurring : </i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">ignorant,
vulgar, selfish, corrupt. </span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>To
counter such language, the politicians had to have an adequate and
appealing answer. It was not merely the conduct of the public debate
which was at stake but also their need to salve their own genuine
feelings of outrage. Where rapport with the public was concerned, the
politicians, of course, had a signal advantage. But if the debate
itself were to be </i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgyXKJjwGIuNAK3dcLwdrG-rWq2cqMN4a1eRTSSOwjfangUIWoZYEuP8q47JNG7dZ3zk8nrU_adzxhywEfRVmjY395cy20b-IBJ6iLYhG8ngY3PaiFjwIehWnzt6LyXjgTRQ3XE9Pauhkiv/s1600/efore-the-chicago-tribunal.jpeg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="445" data-original-width="680" height="260" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgyXKJjwGIuNAK3dcLwdrG-rWq2cqMN4a1eRTSSOwjfangUIWoZYEuP8q47JNG7dZ3zk8nrU_adzxhywEfRVmjY395cy20b-IBJ6iLYhG8ngY3PaiFjwIehWnzt6LyXjgTRQ3XE9Pauhkiv/s400/efore-the-chicago-tribunal.jpeg" width="400" /></a>accepted in the terms set by the <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgyXKJjwGIuNAK3dcLwdrG-rWq2cqMN4a1eRTSSOwjfangUIWoZYEuP8q47JNG7dZ3zk8nrU_adzxhywEfRVmjY395cy20b-IBJ6iLYhG8ngY3PaiFjwIehWnzt6LyXjgTRQ3XE9Pauhkiv/h120/efore-the-chicago-tribunal.jpeg">reformes</a>, the
politicians would suffer conside-</i></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>rably. Like all men living at the
fringes of politics, and thus freed of the burdens of decision and
responsibility, the reformers found it much easier than the
professionals to keep their boasted purity. Most of the reform
leaders were men from established families, with at least moderate
wealth and secure independant vocations of their own, and not
directly dependant upon politics for their livelihood; it was easier
for them than for the professionals to maintain the atmosphere of
desinterestedness that the felt vital to the public service. Besides,
they </i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">were</span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>
in fact better educated and more cultivated men</i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">»
(ibid. pp. 185-186).</span></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><br /></span></span>
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">À la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi1zWPC9lVNTP_9fi1VVBwGqWMWshJjW7zPI_SEIMAjUt9NcHC9xj7fUcDzlBqI8Pff92X3SjziqY6HButKf1UGebY7a8U1cn9SelUGl-igDQXVYjig5sTybo5_F6iyyZseTJ2Vhgru5skb/h120/8186029418.jpg">corruption</a> des politiciens, les hauts-fonctionnaires prétendirent à une gestion plus sage et indépendante des différents ministères. Les premiers réagirent </span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">en </span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small; text-align: left;"><span style="font-style: normal;">discréditant </span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small; text-align: left;">l'instruction. «</span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small; text-align: left;"><i>Invoking a well-established precon<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi1zWPC9lVNTP_9fi1VVBwGqWMWshJjW7zPI_SEIMAjUt9NcHC9xj7fUcDzlBqI8Pff92X3SjziqY6HButKf1UGebY7a8U1cn9SelUGl-igDQXVYjig5sTybo5_F6iyyZseTJ2Vhgru5skb/s1600/8186029418.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="403" data-original-width="640" height="251" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi1zWPC9lVNTP_9fi1VVBwGqWMWshJjW7zPI_SEIMAjUt9NcHC9xj7fUcDzlBqI8Pff92X3SjziqY6HButKf1UGebY7a8U1cn9SelUGl-igDQXVYjig5sTybo5_F6iyyZseTJ2Vhgru5skb/s400/8186029418.jpg" width="400" /></a></span></span>ception of the American male, the politicians argued that culture is imprac-</i></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small; text-align: left;"><i>tical and men of culture are ineffectual, that culture is feminine and cultivated men tend to be effeminate. Secretly hungry for office and power themselves, and yet lacking in the requisite understanding of practical necessities, the reformer took out their </i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small; text-align: left;"><i>resentment upon those who had succeded. They
were no better than carping and hypocritical censors of
office-holders and power-wielders. They were, as James G. Blaine once
put it, "conceited, foolish, vain, without knowledge... of
men... They are noisy but nos numerous, pharisaical but nos
practical, ambitious but not wise, pretentious but not powerful".
The clash between reformers and politicians created in the minds of
the professionals a stereotype of the educated man in politics that
has never died. It is charmingly illustrated in the saying, recorded
(and perhaps dressed up) by a reporter around the turn of the
century, of a candid practitioner of metropolitan politics, George
Washington Plunkitt of Tammany Hall...</i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small; text-align: left;"><span style="font-style: normal;">»
(ibid. pp. 186-187).</span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;"> </span></span><br />
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">De
cette caste de fonctionnaires devait surgir le fameux </span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>expert</i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">,
</span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>«a man who takes
more words than are necessary to tell more than he knows</i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">»
(ibid. p. 10). Sa présence dans les différents média, et encore
plus depuis le développement de la télévision et des réseaux
sociaux, amplifie sa pertinence dans l'opinion publique :
«</span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>What used to be
a jocular and usually benigh ridicule of intellect and formal
training has turned into a malign resentment of the intellectual in
his capacity as expert. The old idea of the woolly-minded
intellectual, so aptly caught in the stereotype of the absent-minded
professor, still survives, of course; but today it is increasingly a
wishful and rather wistful defense against a deep and important fear.
</i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh1Ehqz42wFbN22PXpRrdPkZ9ieJcfKpUxszsXzdgmXCKW04tnY3K4YRTwvJZ8X-cUnp_yC2IobgLbBmOeaMd7BPU_NHxQKd9G6j9ol0iVjM1P2MA5Yoq6-WLQq2ZSw9BAnx8XrxpplhwmS/s1600/6692cf608cae6e91ef4f7e3ee4223733.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="248" data-original-width="340" height="290" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh1Ehqz42wFbN22PXpRrdPkZ9ieJcfKpUxszsXzdgmXCKW04tnY3K4YRTwvJZ8X-cUnp_yC2IobgLbBmOeaMd7BPU_NHxQKd9G6j9ol0iVjM1P2MA5Yoq6-WLQq2ZSw9BAnx8XrxpplhwmS/s400/6692cf608cae6e91ef4f7e3ee4223733.jpg" width="400" /></a>Once the intellectual was gently ridiculed because he was not needed;
now he is fiercely resented because he is needed too much. He has
become all too pratical, all too effective. He is the object of
resentment because of an improvement, not a decline, in his fortunes.
It is not his abstractness, futility, or helplessness that makes him
prominent enough to inspire virulent attacks, but his achievements,
his influence, his real comfort and imagined luxury, as well as the
dependance fo the community upon his skills. Intellect is resented as
a form of power or privilege</i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">»
(ibid. p. 34). Cette caste d'experts perça surtout à l'époque de
la présidence de Kennedy; ils étaient ceux qu'on appelait «</span></span><span style="font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh1Ehqz42wFbN22PXpRrdPkZ9ieJcfKpUxszsXzdgmXCKW04tnY3K4YRTwvJZ8X-cUnp_yC2IobgLbBmOeaMd7BPU_NHxQKd9G6j9ol0iVjM1P2MA5Yoq6-WLQq2ZSw9BAnx8XrxpplhwmS/h120/6692cf608cae6e91ef4f7e3ee4223733.jpg"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif;"><i>the best and the brightest</i></span></a><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif;"><span style="font-style: normal;">»
et qui sont restés attachés au parti démocrate.</span></span></span><br />
<span style="font-size: small;"><br /></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="orphans: 2; widows: 2;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiyh-2Wx8pUDRTbVFGUeKhRwg-kIJO-9-3jE7zEY_WzFwT8SP2GsLRnSZBf-mjuXCbFBoIijDqjZSuqhX0oj9AGSRiwhP5LWEc23ljwd53MN1Wt-SiEeNWqLt9aGv3krHLUlvLe5eb7otaf/s1600/6a00d83451be5969e201b8d07e9ba5970c.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="274" data-original-width="644" height="170" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiyh-2Wx8pUDRTbVFGUeKhRwg-kIJO-9-3jE7zEY_WzFwT8SP2GsLRnSZBf-mjuXCbFBoIijDqjZSuqhX0oj9AGSRiwhP5LWEc23ljwd53MN1Wt-SiEeNWqLt9aGv3krHLUlvLe5eb7otaf/s400/6a00d83451be5969e201b8d07e9ba5970c.jpg" width="400" /></a></span></div>
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">Les
intellectuels américains n'ont jamais été une caste politiquement
efficace. Là où Voltaire et Zola réussirent à faire réviser les
procès de Calas et de Dreyfus, les intellectuels américains
échouèrent à la révision des procès de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiyh-2Wx8pUDRTbVFGUeKhRwg-kIJO-9-3jE7zEY_WzFwT8SP2GsLRnSZBf-mjuXCbFBoIijDqjZSuqhX0oj9AGSRiwhP5LWEc23ljwd53MN1Wt-SiEeNWqLt9aGv3krHLUlvLe5eb7otaf/h120/6a00d83451be5969e201b8d07e9ba5970c.jpg">Sacco et Vanzetti</a> comme
des Rosenberg. Peu après l'affaire Dreyfus, le psychologue et
philosophe William James «</span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>wrote,
in a letter referring to the role of the French intellectuals in the
Dreyfus affair : "We intellectuals" in America must all
work to keep our precious birthright of individualism, and freedom
from these institutions [church, army, aristocracy, royalty]. </i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">Every
</span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>great institution
is perforce a means of corruption - whatever good it may also do.
Only in the free personal relation is full ideality to be found".
It is significant in our own history that his early use of the term -
the first in America of which I am aware - should have been made in
the contexte of just such a "radical", utopian, and
anti-institutional statement of purpose</i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">»
(ibid. p. 39).</span></span><br />
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">Pour
cause, lorsque les Américains ne voient pas l'expert a la prétention d'en savoir plus que le </span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>common
man, </i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">ils
subodorent plutôt en l'intellectuel l'<i>idéologue</i>, objet de suspicion, de
</span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhNsdjvQkF0nb2Hn7K33rgdP23BO0PWHOIvy6pyWOWENoFDuDhEKbZLfO_omiV4p2XT5oH4eOEs8whHMFH-Zg2H2kHy52Of8p8ijgHk-_adtIRYR6NCqfwIiIlClRBQtgsQjp71r6DFakJ7/s1600/Propoganda.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="764" data-original-width="500" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhNsdjvQkF0nb2Hn7K33rgdP23BO0PWHOIvy6pyWOWENoFDuDhEKbZLfO_omiV4p2XT5oH4eOEs8whHMFH-Zg2H2kHy52Of8p8ijgHk-_adtIRYR6NCqfwIiIlClRBQtgsQjp71r6DFakJ7/s400/Propoganda.jpg" width="261" /></a>ressentiment et de méfiance. «</span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>The
expert appears as a threat to dominate of <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhNsdjvQkF0nb2Hn7K33rgdP23BO0PWHOIvy6pyWOWENoFDuDhEKbZLfO_omiV4p2XT5oH4eOEs8whHMFH-Zg2H2kHy52Of8p8ijgHk-_adtIRYR6NCqfwIiIlClRBQtgsQjp71r6DFakJ7/h120/Propoganda.jpg">destroy</a> the ordinary
individual, but the ideologist is widely believed to have already
destroyed a cherished American society. To understand the background
of this belief, it is necessary to recall how consistently the
intellectual has found himself ranged in politics against the
right-wing mind. This is, of course, no peculiarity of American
politics. The modern idea of the intellectuals as constituting a
class, as separate social force, even the term </i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">intellectual</span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>
itself, is identified with the idea of political and moral protest</i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">»
(ibid. p. 38). À cela, il faudrait ajouter cette brutalité avec
laquelle les idéologues ont souvent voulu transformer la société
sans tenir compte des résistances populaires : «</span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>The
intellectual as ideologist, having had a leading role in purveying to
the country each innovation and having frequently hastened the
country into the acceptance of change, is naturally felt to have
played an important part in breaking the mold in which America was
cast, </i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgt7KWzMu6wG0Ss3PsN3-WfJ153J5ltdC7MaBnXvBQuzYK0Qx-cKKYBIXWUwXZWySCiEU1GEBBq3NJIJ16ptaXXjJBUVcKoqdioOZHWJ9HHe95Dy_w08wRt6-cywsCm0HAy6Z7wxVYgVG0D/s1600/GS9fs39yeHbextjYncgXV8obnYhxrBMzKB-J37AGMa4.jpg.webp" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1024" data-original-width="694" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgt7KWzMu6wG0Ss3PsN3-WfJ153J5ltdC7MaBnXvBQuzYK0Qx-cKKYBIXWUwXZWySCiEU1GEBBq3NJIJ16ptaXXjJBUVcKoqdioOZHWJ9HHe95Dy_w08wRt6-cywsCm0HAy6Z7wxVYgVG0D/s400/GS9fs39yeHbextjYncgXV8obnYhxrBMzKB-J37AGMa4.jpg.webp" width="270" /></a>and in consequence he gets more than his share of the blame. In
earlier days, after all, it had been our fate as a nation not to have
ideologies but to be one. As European antagonisms withered and lost
their meaning of American soil in the eighteenth and nineteeth
centuries, the new nation came to be conceived not as sharing the
ideologies which had grown out of these antagonisms but as offering
an alternative to them, as demonstrating that a gift for compromise
and plain dealing, a preference for hard work and common sense, were
better and more practical than commitments to broad and divisive
convictions, resulted in the Civil War; and this had the effect of
confirming the belief that it was better to live without too much
faith in political abstractions and ideological generalities.
Americans continued to congratulate themselves on their ability to
get on without the benefit of what are commonly called "foreign
isms", just as they had always <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgt7KWzMu6wG0Ss3PsN3-WfJ153J5ltdC7MaBnXvBQuzYK0Qx-cKKYBIXWUwXZWySCiEU1GEBBq3NJIJ16ptaXXjJBUVcKoqdioOZHWJ9HHe95Dy_w08wRt6-cywsCm0HAy6Z7wxVYgVG0D/h120/GS9fs39yeHbextjYncgXV8obnYhxrBMzKB-J37AGMa4.jpg.webp">congratulated themselves</a> on their
ability to steer clear of European "corruption" and
"décadence" </i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">(ibid.
p. 43).</span></span><br />
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">Il
est clair que l'anti-intellectualisme américain ne procède pas
uniquement - ni même principalement - de la paresse de l'esprit
d'une société satisfaite de ses traditions - propriété, liberté
individuelle, non-intervention de l'État, méfiance paranoïaque des </span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">idéologues -, mais on ne peut nier qu'elle en fut encouragée à
travers le poids écrasant que le fanatisme des </span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>dissenters
</i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">a
mis à lutter </span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh-ANbSKZqxRWNB1RuGvPYkUCUnUU-UZYB8V52e7NRZHhBNKk_29s-Ku60LnWOGBGfT7RPmNGnBdWzUxvwaotPlpTNvrpfCARq2jng3SJ7OQIZlwQ70kNpG8BFJIYJ6WRiSG4OegSE9KJzi/s1600/00xp-tomb-articleLarge.jpg.webp" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="400" data-original-width="600" height="266" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh-ANbSKZqxRWNB1RuGvPYkUCUnUU-UZYB8V52e7NRZHhBNKk_29s-Ku60LnWOGBGfT7RPmNGnBdWzUxvwaotPlpTNvrpfCARq2jng3SJ7OQIZlwQ70kNpG8BFJIYJ6WRiSG4OegSE9KJzi/s400/00xp-tomb-articleLarge.jpg.webp" width="400" /></a></span></span>contre la liberté de conscience. Cette méfiance s'est
développée avec le populisme politique (de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh-ANbSKZqxRWNB1RuGvPYkUCUnUU-UZYB8V52e7NRZHhBNKk_29s-Ku60LnWOGBGfT7RPmNGnBdWzUxvwaotPlpTNvrpfCARq2jng3SJ7OQIZlwQ70kNpG8BFJIYJ6WRiSG4OegSE9KJzi/h120/00xp-tomb-articleLarge.jpg.webp">Jackson à Trump</a>) aussi
bien qu'avec la rivalité qui opposa les </span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>experts
</i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">aux
politiciens corrompus (du Tammany Hall à l'influence indue du
président Trump sur le processus judiciaire, violant le principe
sacré de la séparation des pouvoirs inscrit dans la Constitution
par ces gentlemen-philosophes que furent les </span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>Founding
Fathers</i>)<i>. </i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">Enfin,
comment ignorer la paranoïa qui marque le conformisme américain
contre toute innovation sociale ou idéologique? Il est évident que
la dégradation des qualités intellectuelles se maintient, alternant avec des poussées d'ouverture, laissant la
période 1760-1829 marquée comme celle de l'affirmation de l'auto-détermination de
la nation américaine.</span></span><br />
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">L'anti-intellectualisme
québécois partage la plupart des traits de l'anti-intellectualisme
américain mais avec un retard effrayant. Le fanatisme catholique ne
s'est pas manifesté tant sous la Régime français (1608-1760)
qu'aux </span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">lendemains de la répression violente par le </span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">gouvernement
colonial britannique des rebelles de 1837-1838. L'<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj_ssXWAy7efU1mRelSHAJ9MbancCBSKfc8vNsM2b7zVThTsHbWGym6XC5uRsPCE_p5Q27ZUIF07ALAX6vDDxno3oNpORhUlvr0_ZtOYaXSkP8hnpc7HNIobyeh9ETy8U677xPoWsezv4sx/s1600/unnamed.jpg">Église catho</a><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-style: normal;"><a href="https://www.blogger.com/u/1/null" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="341" data-original-width="512" height="266" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj_ssXWAy7efU1mRelSHAJ9MbancCBSKfc8vNsM2b7zVThTsHbWGym6XC5uRsPCE_p5Q27ZUIF07ALAX6vDDxno3oNpORhUlvr0_ZtOYaXSkP8hnpc7HNIobyeh9ETy8U677xPoWsezv4sx/s400/unnamed.jpg" width="400" /></a></span></span></span></span>lique ultra-montaine a récupéré dans le ruisseau la politique nationale
qu'elle a tout de suite associé à l'anti-moder-</span></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">nisme virulent venant
de Rome. Le populisme politique s'est développé parallèlement avec
cette propagande régressive, et ce dès l'Acte d'Union de 1840 et
jusqu'aux beaux jours où Gouin, Taschereau
et Duplessis se permirent de faire la pluie et le beau temps dans
la vie politique québécoise. Enfin, depuis la Révolution
tranquille (1960), il est clair que les idéologies se sont associées aux
partis de même qu'aux syndicats et aux mouvements sociaux ou communautaires,
s'appuyant sur des experts dont les faiblesses, voire l'incompétence,
sautent aux yeux dès qu'ils doivent faire face à des événements qui les dépassent. Ce mélange de partisans et d'</span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>experts-payrolls</i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">
des réseaux d'information accentue la dégradation de l'intelligence
québécoise.</span> </span><br />
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;">Bien avant même
les rébellions de 1837 et de 1838, l'organisation scolaire avait été
une pomme de discorde entre les forces politiques du Québec : d'un
côté, une petite-bourgeoisie professionnelle agressive; de l'autre,
un clergé catholique dont l'organisation n'était pas encore
parvenue à cette formidable machine qu'elle sera aux lendemains de
1840. En 1801, le Bas-Canada se dota d'une première loi sur
l'instruction publique censée convenir à toute </span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;">la population,
c'était l'</span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>Institution
royale</i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"> qui évolua en
direction d'une séparation selon les </span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjA1CyCLyPg4Xb8qI7O4M3QhSf1bohdA80GJI1uQuPma3MfeZJYlMKtKp9zJrqqpU4K068w2_NiOBR9KT9oUZ1g-C5CN0FK77Rf2sJRJRTo8P2A6x8-UX4zrs05v3ite21amFhY8PTfMnga/s1600/03-16.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="338" data-original-width="450" height="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjA1CyCLyPg4Xb8qI7O4M3QhSf1bohdA80GJI1uQuPma3MfeZJYlMKtKp9zJrqqpU4K068w2_NiOBR9KT9oUZ1g-C5CN0FK77Rf2sJRJRTo8P2A6x8-UX4zrs05v3ite21amFhY8PTfMnga/s400/03-16.jpg" width="400" /></a></span>confessions religieuses. Dans
ce contexte fut votée, en 1824, la loi des <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjA1CyCLyPg4Xb8qI7O4M3QhSf1bohdA80GJI1uQuPma3MfeZJYlMKtKp9zJrqqpU4K068w2_NiOBR9KT9oUZ1g-C5CN0FK77Rf2sJRJRTo8P2A6x8-UX4zrs05v3ite21amFhY8PTfMnga/h120/03-16.jpg">Écoles de Fabriques</a>,
autorisant «</span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>ces
cor-</i></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>porations à posséder les biens meubles et immeubles nécessaires
à la fondation et au soutien d'écoles élémentaires dans les
limites de leur territoire respectif. Elle permettait d'établir une
école dans chaque paroisse de moins de 200 familles, avec faculté
d'en ajouter une par surplus de 100 familles. Les Fabriques devaient
en avoir la direction absolue; le curé et les marguilliers étaient
autorisés à utiliser, pour financer ces écoles, un quart des
revenus paroissiaux de l'année. Cette disposition de la loi exigeait
un budget assez important et l'assentiment de l'évêque ne fit
jamais défaut</i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">»
(L.-P. Audet. </span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>Histoire
de l'enseignement au Québec, t. 1, </i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">s.v.,
Holt, Rinehart et Winston Limitée, 1971, p. 360).</span></span><br />
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">Les
Écoles de Fabriques ne donnèrent pas le résultat escompté.
D'autant que la petite-bourgeoisie bas-canadienne voyait d'un mauvais
œil ces écoles où les curés étaient décideurs. Son choix allait
aussi du côté d'un authentique maître d'école, laïque, libéral
et progressiste. C'est en ce sens que l'Assemblée législative vota,
en 1829, la loi des <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjV283IiXOEJsYIBDKfctCfPLXyt8aaKiztUIejrmSDZBkBy1nyM3do-Wo_w0agT-5MIqWvO-CRBr_xgbFk16FIBZW3ZB5mhIJzflQLIb_74BXGBSdqshZBwdH1-yY5GuhjhMCPk6rHjq34/h120/03-17.jpg">Écoles de Syndics</a>. C'était une innovation par
rapport même aux pays européens de l'époque qui ne </span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjV283IiXOEJsYIBDKfctCfPLXyt8aaKiztUIejrmSDZBkBy1nyM3do-Wo_w0agT-5MIqWvO-CRBr_xgbFk16FIBZW3ZB5mhIJzflQLIb_74BXGBSdqshZBwdH1-yY5GuhjhMCPk6rHjq34/s1600/03-17.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="263" data-original-width="350" height="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjV283IiXOEJsYIBDKfctCfPLXyt8aaKiztUIejrmSDZBkBy1nyM3do-Wo_w0agT-5MIqWvO-CRBr_xgbFk16FIBZW3ZB5mhIJzflQLIb_74BXGBSdqshZBwdH1-yY5GuhjhMCPk6rHjq34/s400/03-17.jpg" width="400" /></a>possédaient
rien de comparable. «</span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>La
nouvelle loi prévoit l'élection, par les proprié-</i></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>taires fonciers,
dans chaque munici-</i></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>palité, de cinq syndics, indépen-</i></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>damment de leur
langue et de leur religion. Ces syndics, précurseurs des
commissaires scolaires, se voient confier la responsabilité de créer
et d'administrer localement un système d'écoles primaires
bénéficiant d'un financement public et rattachées à un comité
permanent de l'éducation et du Parlement. En partie par
anticléricalisme, en partie par crainte que la loi ne soit rejetée
par le pouvoir britannique, les écoles sont déclarées neutres. La
loi précise aussi les règlements, le régime d'inspection et le
code scolaire à respecter</i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">»
(P. Graveline. </span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>Une
histoire de l'éducation au Québec</i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">,
Montréal, Fides, Col. Bibliothèque québécoise, 2007, pp. 32-33).
Le succès des Écoles de Syndics fut encore plus fort que celui des
Écoles de Fabriques. Autant dire que le système scolaire québécois
était sur sa lancée et Dieu sait avec quelle vitesse il se serait
développé si les malheurs de 1837-1838 et surtout de 1840 n'étaient
pas survenus.</span></span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-size: small;"><br /></span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">Aux
lendemains des Troubles, deux visions culturelles encore plus
radicalisées s'affrontent : d'une part, côté jardin, l'Institut
canadien, groupe d'intellectuels montréalais libéraux; d'autre
</span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiYHX65O78fEkEMlMFm2e8ksWe3KBKcbq2ssOiW8R7ppCe9Kje3a4Gk-uwa5i_CKWXXQ0odCfDTfb2bcQRJXehI-s4ZFO465s3GV2OyFbHu8gH8zSOO3hvXmWkf2KuDczFCfS88Iri0ahYK/s1600/Bishop_Ignace_Bourget_%2528photograph%2529.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="691" data-original-width="509" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiYHX65O78fEkEMlMFm2e8ksWe3KBKcbq2ssOiW8R7ppCe9Kje3a4Gk-uwa5i_CKWXXQ0odCfDTfb2bcQRJXehI-s4ZFO465s3GV2OyFbHu8gH8zSOO3hvXmWkf2KuDczFCfS88Iri0ahYK/s400/Bishop_Ignace_Bourget_%2528photograph%2529.jpg" width="293" /></a>part, côté court, l'évêque de Montréal, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiYHX65O78fEkEMlMFm2e8ksWe3KBKcbq2ssOiW8R7ppCe9Kje3a4Gk-uwa5i_CKWXXQ0odCfDTfb2bcQRJXehI-s4ZFO465s3GV2OyFbHu8gH8zSOO3hvXmWkf2KuDczFCfS88Iri0ahYK/h120/Bishop_Ignace_Bourget_%2528photograph%2529.jpg">Ignace Bourget</a>, entièrement imbu de
l'ultramontanisme réactionnaire développé sous le pontificat de
Pie IX. Lutte épique. L'Institut doit céder devant l'intolérance
de l'évêque. Tout le système scolaire allait s'en ressentir pour
plus d'un siècle. En 1841 est votée, au gouvernement de l'Union,
une première loi sur l'éducation qui concerne tout le Canada-Uni.
Un surintendant est désigné en la personne du docteur <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhVYIbXzMqdgjYMWTW81RwHn1wSbXaFcYYVP9Hb8oj3U1xZ6jF7vKVhXCJm1YIRXYA2lQjc3Ntptxj4bTQQZtrS_X301CB8MHQH_VQpfi3TMJQbVIESFvZ4ntgJ53zLtD8GunhE_C6hwd8t/h120/images.jpg">Jean-Baptiste Meilleur</a>, un esprit libéral. En 1845 sont fondées les commissions
scolaires confessionnelles. Le grand problème est alors la
perception des taxes scolaires nécessaires à l'entretien des écoles
: «</span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>Il nous semble
aujourd'hui que cette législation tout à fait libérale eût dû
être accueillie avec grande ferveur. Il n'en fut rien cependant et
les populations se montrèrent antipathiques à tout système
d'écoles officielles. Les habitants ne virent plus dans le pouvoir
central ou dans les </i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhVYIbXzMqdgjYMWTW81RwHn1wSbXaFcYYVP9Hb8oj3U1xZ6jF7vKVhXCJm1YIRXYA2lQjc3Ntptxj4bTQQZtrS_X301CB8MHQH_VQpfi3TMJQbVIESFvZ4ntgJ53zLtD8GunhE_C6hwd8t/s1600/images.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="252" data-original-width="200" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhVYIbXzMqdgjYMWTW81RwHn1wSbXaFcYYVP9Hb8oj3U1xZ6jF7vKVhXCJm1YIRXYA2lQjc3Ntptxj4bTQQZtrS_X301CB8MHQH_VQpfi3TMJQbVIESFvZ4ntgJ53zLtD8GunhE_C6hwd8t/s400/images.jpg" width="317" /></a>organismes qu'il voulait créer que des machines
plus ou moins déguisées pour lever des impôts. Ce soulèvement
contre la législation scolaire est connu dans l'histoire sous le nom
de </i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">guerre
des éteignoirs. </span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>Les
régions où cette lutte fut la plus violente furent les régions de
Trois-Rivières, de Nicolet, de l'Île Bizard, de Lanoraie, de
Berthier, de Beaumont; il faut y ajouter ces milieux mixtes où les
Irlandais se montrèrent les pires agitateurs, particulièrement à
Valcartier, à Sainte-Catherine, à Saint-Raymond et Saint-Basile de
Portneuf, à Saint-Sylvestre et à Saint-Gilles de Lotbinière. Il
fallut tout le zèle et le dévouement du clergé et l'activité
débordante du Dr Meilleur pour calmer l'opinion publique et faire
comprendre la sagesse de la nouvelle loi. L'opposition fut assez vive
jusqu'en 1850, alors que les "éteignoirs" commencèrent à
revenir à la raison. En 1855, on note encore sept municipalités
réfractaires; seuls les "brûlots" de Saint-Michel
d'Yamaska resteront entêtés jusqu'en 1876!</i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">
(L.-P. Audet. </span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>Histoire
de l'enseignement au Québec, t. 2, </i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">s.v.,
Holt, Rinehart et Winston Limitée, 1971, p. 58).</span> </span><br />
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;">La </span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>guerre
des éteignoirs </i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">creusa
l'anti-intellectualisme des payeurs de taxe qui ne voulaient pas
subvenir aux écoles. «</span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>Le
Bas-Canada tout entier est secoué par un affrontement entre
partisans et adversaires de cette taxe. Le débat monopolise tant les
élections scolaires de 1846 que les élections législatives de
1847. Défaits à ces deux consultations, les adversaires de la taxe,
appelés "Éteignoirs", n'hésitent pas à recourir à la
violence. Des émeutes éclatent en plusieurs endroits. Dans
certaines localités, on incendie les propriétés des commissaires
et on va même jusqu'à brûler les écoles</i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">»
(P. Graveline. op. cit. p. 40). Ces conflits resurgirent </span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgcv5Dbjz-c4vuTs_MA-Tu2hMqjBF-7up7c9aVWzSxktH9Gp-H1XRwLdjNE3WH3iGPys9Ti6zS42zgcV8VR_escewIPUfRy0uGovENQN7kFrm9y9zmtVgUahUWlnzKEWXFADiJhBlOttZc_/s1600/index.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="226" data-original-width="200" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgcv5Dbjz-c4vuTs_MA-Tu2hMqjBF-7up7c9aVWzSxktH9Gp-H1XRwLdjNE3WH3iGPys9Ti6zS42zgcV8VR_escewIPUfRy0uGovENQN7kFrm9y9zmtVgUahUWlnzKEWXFADiJhBlOttZc_/s400/index.jpg" width="353" /></a>jusqu'à la
proclamation de la Confédération en 1867. Tant que le système
scolaire restait sous la supervision du Surintendant, on pouvait
avoir confiance qu'il poursuivrait dans la voie engagée avant les
Troubles par les Écoles de Syndic. Mais, en 1867, avec le partage
des pouvoirs et l'article 93 qui fait de l'éducation une juridiction
exclusivement provinciale, la donne était changée. Au début, le
jeune État québécois créa bien un ministère de l'Instruction
publique dont le Premier ministre, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgcv5Dbjz-c4vuTs_MA-Tu2hMqjBF-7up7c9aVWzSxktH9Gp-H1XRwLdjNE3WH3iGPys9Ti6zS42zgcV8VR_escewIPUfRy0uGovENQN7kFrm9y9zmtVgUahUWlnzKEWXFADiJhBlOttZc_/h120/index.jpg">P.-J.-O. Chauveau</a>, en tant que
dernier Surintendant, s'attribua le fauteuil. Ce dernier résista
jusqu'en 1875 aux efforts des évêques; enfin, le ministère fut
finalement supprimé et les évêques devinrent membres d'office du
comité catholique qui, avec le comité protestant, restèrent pour
longtemps l'instance suprême en matière d'éducation.</span></span><br />
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">L'intention
du clergé catholique était de faire des écoles une tête de pont
contre la pénétration du modernisme dans la cité canadienne.
Bourget recruta en France des communautés religieuses d'hommes pour
venir faire l'école aux petits canadiens-français. </span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">Ces <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgN_2NeiLcw7hi6VGMCIgxYYzY_qJ1Vy5pUwn0suuYHuqZXFNZ1q2J4wuEJlcio2hew6GPx81-K_W3vLOE7eBW9xV1eq6w9s5tbHSoiESkXKHDxDwimkpjgXkp4gWwqDAIdXIxmhezI20YL/h120/2749308.jpg">communautés</a>
subissaient alors la persécu<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgN_2NeiLcw7hi6VGMCIgxYYzY_qJ1Vy5pUwn0suuYHuqZXFNZ1q2J4wuEJlcio2hew6GPx81-K_W3vLOE7eBW9xV1eq6w9s5tbHSoiESkXKHDxDwimkpjgXkp4gWwqDAIdXIxmhezI20YL/s1600/2749308.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="311" data-original-width="400" height="310" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgN_2NeiLcw7hi6VGMCIgxYYzY_qJ1Vy5pUwn0suuYHuqZXFNZ1q2J4wuEJlcio2hew6GPx81-K_W3vLOE7eBW9xV1eq6w9s5tbHSoiESkXKHDxDwimkpjgXkp4gWwqDAIdXIxmhezI20YL/s400/2749308.jpg" width="400" /></a></span></span>tion de la République laïque et
anti-</span></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">cléricale. Ils arrivè-</span></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">rent donc au Cana-</span></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">da, papo-</span></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">lâtres,
inquisiteurs et dévorés de ressen-</span></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">timents, avec du matériel
pé-</span></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">dagogique des plus réactionnaires. D'autre part, la
«</span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>"cléricalisation"
du personnel enseignant est favorisé surtout par la progression
extraordinaire des communautés religieuses féminines, dont le
nombre passera, entre 1901 et 1931, de 36 communautés regroupant
6000 religieuses à 73 communautés rassemblant près de 20 000
religieuses; au début des années 1960, on recensera pas moins de
128 communautés comprenant environ 35 000 religieuses</i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">»
(ibid. p. 51). Ces femmes, souvent moins bien formées
didactiquement, étaient sous-payées et vivaient dans des conditions
de pauvresses, surtout en milieu rural, ce qui annihilait toute
possibilité d'améliorer le service aux élèves.</span></span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-size: small;"><br /></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="font-style: normal;">
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhp1Q8-KcpQPm75wrwvYZ0u3-NGGuJV3Gi7kP-VUsSFWO36iXNIPXvUaPOptTRJcNF0UrfJnUxNKiXRuokMdNAWU3_lZE14p1peXXUcDzNH0vqWXpmQsWSLRaryzKg0gFLIiC753UldOwl2/s1600/Pour+la+patrie.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="431" data-original-width="250" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhp1Q8-KcpQPm75wrwvYZ0u3-NGGuJV3Gi7kP-VUsSFWO36iXNIPXvUaPOptTRJcNF0UrfJnUxNKiXRuokMdNAWU3_lZE14p1peXXUcDzNH0vqWXpmQsWSLRaryzKg0gFLIiC753UldOwl2/s400/Pour+la+patrie.jpg" width="231" /></a>L'<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhp1Q8-KcpQPm75wrwvYZ0u3-NGGuJV3Gi7kP-VUsSFWO36iXNIPXvUaPOptTRJcNF0UrfJnUxNKiXRuokMdNAWU3_lZE14p1peXXUcDzNH0vqWXpmQsWSLRaryzKg0gFLIiC753UldOwl2/h120/Pour+la+patrie.jpg">ultramontanisme</a>
condamnait la liberté de conscience et encore plus la liberté
d'expression. Comme pour les sectes protestantes américaines, il se
méfiait de l'instruction, perçue alors comme une menace. Au Canada,
il s'agissait de préserver les valeurs traditionnelles liées à la
ruralité, présentant la vie urbaine et le travail industriel comme
dégradants et sources de vices. Seuls les garçons de la bourgeoisie
pouvait anticiper fréquenter les collèges classiques et accéder
aux secteurs professionnels traditionnels - prêtrise, médecine,
droit -, alors que les enfants des classes populaires avaient peu de
chance de dépasser l'école publique, rendue obligatoire seulement
en 1943. En dehors de collèges classiques gérés par des
communautés religieuses, les différents ministères se doteront
progressivement d'écoles techniques aptes à former le personnel
manquant à la mise en valeur des richesses naturelles du territoire
:</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">«</span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>Pourtant,
cet effort gouvernemental pour adapter le système d'éducation du
Québec aux nouvelles réalités économiques et sociales se fera
sans que soit remise en question la domination de l'Église
catholique sur l'éducation. Et surtout, cet effort, insuffisant,
fragmentaire et mal coordonné, ne permettra pas de rétrécir
l'écart grandissant qui se creuse sur le plan de l'éducation entre
les anglophones et les francophones ni de préparer ces derniers à
relever les défis de l'industrialisation. Les Canadiens français du
Québec deviendront en grand nombre de bons ouvriers et de bons
techniciens, mais ils n'accéderont que très rarement aux postes de
commande dans les entreprises alors en plein essor.</i></span></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>En fait, le
taux de scolarisation des Canadiens français du Québec demeurera
peu élevé tout au long des décennies qui s'échelonnent de la
Confédération à la Seconde Guerre mondiale. Dans les années 1920,
la vaste majorité des élèves du secteur franco-catholique ne
parviendra toujours pas à terminer le cours primaire. La situation
s'améliorera un peu dans les années 1930, mais, même au lendemain
de la guerre 1939-1945, à peine 25% de ces élèves accéderont à
la huitième année, comparativement à 80% des élèves du secteur
protestant.</i></span></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>Le règne
d'airain de l'Église catholique sur l'éducation se traduira par un
dramatique retard historique des jeunes Québécois de langue
française. Ils subiront pendant longtemps les lourdes conséquences
de ce règne qui se perpétuera jusqu'à la fin des années 1950. Il
faudra alors entreprendre rien de moins qu'une "révolution
tranquille" pour s'en libérer</i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">»
(ibid. pp. 64-65).</span></span></div>
</blockquote>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">Si
l'on doit reconnaître que l'Église québécoise menait deux combats
de front; celui contre la modernité qui défiait les structures
sociales, dogmatiques et morales de la catholicité d'une part, et
celui contre l'emprise anglo-protestante du Canada qui s'étendait
sur l'ensemble de la population catholique du pays, cela
justifie-t-il l'attitude d'</span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>éteignoir</i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">
qu'elle a tenue entre 1840 et 1960? À la longue, ces prétextes
deviennent injustifiables, ce que prouve la façon </span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg6KOQXz_j6iQZ9J8q-J4quRRheHtH5Ti4V08PyEmFt_Uxy4GgPUbyKw3hfQZ1RkfoPwv16GHRclydF8e8_e9mst7RVxpcWA0x-aVEOqzxcGUYiuViLq-9Yxp4ysnHfsxMc5J8bgqttSNj3/s1600/2284352-gf.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="550" data-original-width="356" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg6KOQXz_j6iQZ9J8q-J4quRRheHtH5Ti4V08PyEmFt_Uxy4GgPUbyKw3hfQZ1RkfoPwv16GHRclydF8e8_e9mst7RVxpcWA0x-aVEOqzxcGUYiuViLq-9Yxp4ysnHfsxMc5J8bgqttSNj3/s400/2284352-gf.jpg" width="258" /></a>avec laquelle
l'anti-intellectualisme y trouva son nid. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg6KOQXz_j6iQZ9J8q-J4quRRheHtH5Ti4V08PyEmFt_Uxy4GgPUbyKw3hfQZ1RkfoPwv16GHRclydF8e8_e9mst7RVxpcWA0x-aVEOqzxcGUYiuViLq-9Yxp4ysnHfsxMc5J8bgqttSNj3/h120/2284352-gf.jpg">Mathieu Bélisle</a> soulève ce
«<i>paradoxe d'une société aussi religieuse que celle du Québec d'antan est que la religion y a été si dominante et si puissamment instituée qu'elle a pu se passer de l'adhésion véritable des individus qui la professaient. Et si les Québécois ont pu croire en Dieu et se dévouer pour la cause de l'Église, ainsi que je ne doute pas que plusieurs l'ont fait, leur expérience me semble s'être surtout inscrite dans l'ordre du monde fini. C'est pourquoi il est plus à propos de décrire la religion catholique telle qu'elle a été vécue et conçue ici comme une religion prosaïque, une religion qui, si elle a de tout temps reconnu la valeur du sacré et le sens du mystère, ne s'est jamais vraiment cru autorisée à s'en saisir et s'est pour l'essentiel investie dans la vie concrète, dans le proche plutôt que dans le lointain, une religion en somme, qui s'est tout entière placée au service de la vie ordinaire</i>» (M. Bélisle. <i>Bienvenue au pays de la vie ordinaire, </i>Montréal, Léméac, 2017, pp. 121-122). Bref, une religion <i>prosaîque</i>.</span></span><br />
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">Cette religion prosaïque rejoignait le pragmatisme américain, consacrant cette sottise qui clamait <i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhAkia0TgjaeBGv6HozibB-jspra-UuaLWPtLp-TmseO-RIAZKZKs-t-PpyzP81tZKBtk1av5TdBA46qejZk5TabAv3vfqAgk7TOFagmtYVdDVZYdlBYnxk9PRLGwcPX_G4TzBlqXkWba0F/s1600/090828ecole_quebec_8.jpg">qui s'instruit s'enrichit</a>. </i>D'abord, comme si c'était un automatisme exempt de toute contrainte sociale. Mais surtout dans le fait </span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhAkia0TgjaeBGv6HozibB-jspra-UuaLWPtLp-TmseO-RIAZKZKs-t-PpyzP81tZKBtk1av5TdBA46qejZk5TabAv3vfqAgk7TOFagmtYVdDVZYdlBYnxk9PRLGwcPX_G4TzBlqXkWba0F/s1600/090828ecole_quebec_8.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="270" data-original-width="480" height="225" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhAkia0TgjaeBGv6HozibB-jspra-UuaLWPtLp-TmseO-RIAZKZKs-t-PpyzP81tZKBtk1av5TdBA46qejZk5TabAv3vfqAgk7TOFagmtYVdDVZYdlBYnxk9PRLGwcPX_G4TzBlqXkWba0F/s400/090828ecole_quebec_8.jpg" width="400" /></a></span></span>que la vie intellec-</span></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">tuelle ne sert pas à </span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">se renta-</span></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">biliser sur les marchés. Elle ne se justifie pas comme </span></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">marchan-</span></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">dise ou par une application pratique à produire des biens et services. De cette subversion de l'instruction qui la brimait de sa nécessité spirituelle, le vice s'insérait, la détournant de son but premier : la formation de l'individu sacrifiée à sa fonction sociale. La vocation pseudo-humaniste attribuée à l'éducation, qu'elle soit cléricale ou laïque, n'avait rien d'humaniste, mais correspondait en tous points avec n'importe quelle approche anthropologique<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif;">. </span></span></span><br />
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif;">Ce point est toujours actuel, comme le souligne encore Bélisle :</span></span></span><span style="color: black; font-size: small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif;"><span style="font-style: normal;"> «</span></span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>Quelle
place occupent les livres dans la culture québécoise? Quel pouvoir,
quelle autorité leur accorde-t-elle? Ce n’est pas une culture sans
livres ou édifiée contre les livres, cela va de soi, mais je pense
qu’elle est très certainement habitée par le désir plus ou moins
inavouable de se passer </i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>d’eux. </i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">[...]
</span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>Les livres
représentent-ils un danger? À l’époque où les sermons des curés
formaient </i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh4O9gfjTDbrWr6LN1hlwdNL6Q9k6Ll2IAhhxOzUgt25vTe8_dyr8hyphenhyphentn920JV8ou7HGhJhPgwUh4F39kup5YngUVSN7MdcZ1KZgplgwNUEuvsCSDbdyr8hHE1XLzfeKZJvGPnQgNfOp2_o/s1600/19125279871.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1260" data-original-width="758" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh4O9gfjTDbrWr6LN1hlwdNL6Q9k6Ll2IAhhxOzUgt25vTe8_dyr8hyphenhyphentn920JV8ou7HGhJhPgwUh4F39kup5YngUVSN7MdcZ1KZgplgwNUEuvsCSDbdyr8hHE1XLzfeKZJvGPnQgNfOp2_o/s400/19125279871.jpg" width="240" /></a>l’opinion, on s’inquiétait de l’influence des
“<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh4O9gfjTDbrWr6LN1hlwdNL6Q9k6Ll2IAhhxOzUgt25vTe8_dyr8hyphenhyphentn920JV8ou7HGhJhPgwUh4F39kup5YngUVSN7MdcZ1KZgplgwNUEuvsCSDbdyr8hHE1XLzfeKZJvGPnQgNfOp2_o/h120/19125279871.jpg">mauvais livres</a>”, qui risquaient à tout moment d’entraîner
les âmes fragiles sur la voie du péché. Aujourd’hui, ce n’est
évidemment pas dans le monde du péché que nous craignons d’entrer,
mais peut-être dans le domaine de la culture entendue comme un appel
à l’exigence et au dépassement, que nous associons à
l’inauthenticité à une sorte de caprice ou de luxe. C’est quand
nous entrons dans le domaine de la culture que la nature reconnaît
ses insuffisances, où nous acceptons que les livres nous forment et
nous transforment, qu’ils rompent avec l’existence habitudinaire,
nous tient hors du domaine de la vie ordinaire et nous permettent
d’envisager la possibilité d’une autre vie, qu’ils nous
dépouillent de l’homme ancien, comme dirait saint Paul… et
laissent naître l’homme nouveau, accompli et mature, qui,
peut-être, aurait perdu de sa naïveté et de sa fraîcheur, son
côté bon enfant, mais qui en revanche gagnerait en profondeur et en
largeur de vue. Or une telle expérience nous fait peur. Nous
craignons de perdre pied. C’est pourquoi nous continuons de nous
méfier des livres, du moins : de nous méfier du pouvoir, de la
force qu’ils contiennent, comme si nous sentions confusément
qu’ils menaçaient de nous arracher à notre condition</i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">»
(ibid. pp. 156-157). Notre condition? Sans doute, mais bien
davantage à l'angoisse de la vie, lui préférant l'attente de la mort ou
la stagnation qui demeure l'option la plus souhaitable, l'entre-deux
le plus convenable en tout cas.</span></span><br />
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">C'est
précisément dans cet entre-deux que la paresse de l'esprit s'est
imposée dans la </span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><i>psyché</i> québécoise et canadienne-française au
cours du XXe siècle. Cette paresse justifiée </span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">par un ministre de
Duplessis, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgEA1pbQ3NGc_d3TvHSBxBIuaAWvmaTkYGf3FHfMjXGwh791u09kNSPQOG72JNz5gFJCL0CG20Ex01Ou1p1SC3VX1cxFd7-oohe0pw6Npw28h2NMalqCm27TmYnKFzIn4QPiR6HZeayiRX0/h120/Rivard-Photo2.jpg">Antoine Rivard</a> - fils d'Adjutor Rivard, juge et linguiste
-, qui, en </span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif;"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgEA1pbQ3NGc_d3TvHSBxBIuaAWvmaTkYGf3FHfMjXGwh791u09kNSPQOG72JNz5gFJCL0CG20Ex01Ou1p1SC3VX1cxFd7-oohe0pw6Npw28h2NMalqCm27TmYnKFzIn4QPiR6HZeayiRX0/s1600/Rivard-Photo2.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="337" data-original-width="305" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgEA1pbQ3NGc_d3TvHSBxBIuaAWvmaTkYGf3FHfMjXGwh791u09kNSPQOG72JNz5gFJCL0CG20Ex01Ou1p1SC3VX1cxFd7-oohe0pw6Npw28h2NMalqCm27TmYnKFzIn4QPiR6HZeayiRX0/s400/Rivard-Photo2.jpg" width="361" /></a></span></span>1942, déclarait </span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><i>tout
de go </i></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">: «<i>L'instruction? Pas trop! Nos ancêtres nous ont légué un héritage de pauvreté et d'ignorance, et ce serait une trahison que d'instruire les nôtres</i>». C'est ainsi que l'anti-intellectualisme a pu conduire un peuple à sa tragédie. Si les Américains ont pu dépasser les limites de leur anti-intellectualisme, c'était parce qu'ils profitaient d'une démographie d'où pouvait naître une caste de clercs capable d'occuper toutes les disciplines, et de ressources nationales leur garantissant une croissance rapide et une expansion mondiale irrépressible. Le Québec, pour ne s'en tenir qu'à lui, ne disposait pas de pareils avantages. Lorsque des demi-portions d'intellectuels se mirent à accaparer tous les postes disponibles aux lendemains de la Révolution tranquille; qu'ils se profilèrent comme <i>experts </i>dans le but de bénéficier d'avantages forfaitaires, le sort en était jeté. Le paradoxe voulut que le Rapport de la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg8RIf5UaLCw30zJlFy2pPUBJNwhEGDVoUxhj2nXcDMhK-duhS9HvCl-zOMYXrShcsi09QyjMn3xEnWktp2mvox6CFAfHAcEVMSx9ne7e3Qo_ERAZERt__62jyeH5efN9qqLzKJRkYNL1MH/s1600/unnamed.jpg">Commission Parent</a> de 1963-1964, réformant le système d'Éducation du Québec sur un modèle humaniste, fût saboté avant même que l'encre n'en soit séchée. Dans ce panier de </span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="color: black;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif;"><i><span style="color: black;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif;"><span style="font-size: xx-small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg8RIf5UaLCw30zJlFy2pPUBJNwhEGDVoUxhj2nXcDMhK-duhS9HvCl-zOMYXrShcsi09QyjMn3xEnWktp2mvox6CFAfHAcEVMSx9ne7e3Qo_ERAZERt__62jyeH5efN9qqLzKJRkYNL1MH/s1600/unnamed.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="384" data-original-width="512" height="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg8RIf5UaLCw30zJlFy2pPUBJNwhEGDVoUxhj2nXcDMhK-duhS9HvCl-zOMYXrShcsi09QyjMn3xEnWktp2mvox6CFAfHAcEVMSx9ne7e3Qo_ERAZERt__62jyeH5efN9qqLzKJRkYNL1MH/s400/unnamed.jpg" width="400" /></a></span></span></span></i></span></span>crabes, il convenait que plus personne ne pouvait faire confiance à son semblable : «<i>Voilà pourquoi nous n'ac-</i></span></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><i>cordons aucune autorité parti-</i></span></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><i>culière aux auteurs - et plus encore aux auteurs d'ici -, nous ne leur reconnaissons aucune capacité de vision ou d'élucidation, nous ne prenons guère au sérieux ce qu'ils nous disent (si tant est, bien sûr, qu'ils prennent eux-mêmes au sérieux ce qu'ils disent), nous ne voyons pas en eux des êtres capables de nous précéder sur la voie de la sagesse ou seulement de nous enseigner quelque chose que nous ne sachions déjà, et souvent même mieux qu'eux. Il est extrêmement rare, y compris dans les quelques média qui continuent de s'intéresser à la vie littéraire, que le contenu d'une œuvre fasse l'objet d'une discussion approfondie, d'une analyse patiente, exigeante, qui permette de faire voir une vérité qui bouleverse. La discussion se déroule le plus souvent autour des livres, elle sert de prétexte pour parler d'autre chose, de l'actualité, de la cause politique du moment, de sa propre vie, elle est un simple moyen de distraction, elle disperse plutôt que de concentrer. Il est si rare qu'une œuvre soit considérée comme un véritable objet de pensée, il est si inhabituel que le débat porte sur la charge existentielle, sur la valeur d'expérience qu'elle contient, sur son pouvoir de transformation, qu'on peut se demander si les livres ne constituent pas encore aujourd'hui pour notre culture un monde extérieur ou mal assimilé</i>» (ibid. pp. 157-158). </span></span><br />
<span style="font-size: small;"><br /></span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span style="color: black; font-size: small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif;"><span style="font-style: normal;"> </span></span></span><span style="color: black; font-size: small;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif;">
</span></span><span style="font-size: small;">
</span></div>
<div align="CENTER" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm; orphans: 2; text-indent: 0.96cm; widows: 2;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhXQ0YmJ8GisoUNvEmgy0HaCOlypi7eRW2HNF2b_j-6sNzWEPU15pMPL0iNEq2sbo3Ih3ruLItQBm6PTLcdTPKewhGYHM6JkPZzeQzQQFopvecBsh0Aa1pZJpzk3SQz8hxAmmtQMuJV_I65/s1600/index.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="275" data-original-width="183" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhXQ0YmJ8GisoUNvEmgy0HaCOlypi7eRW2HNF2b_j-6sNzWEPU15pMPL0iNEq2sbo3Ih3ruLItQBm6PTLcdTPKewhGYHM6JkPZzeQzQQFopvecBsh0Aa1pZJpzk3SQz8hxAmmtQMuJV_I65/s200/index.jpg" width="133" /></a></span></div>
<span style="font-size: small;"><br /></span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">Enfin, la pire de toutes, ne serait-elle pas la <i>paresse du cœur</i>? La paresse du cœur n'est pas un manque de volonté d'éprouver de l'amour. On peut être inapte à l'amour mais tout à fait volontaire à la haine. La paresse du cœur, c'est l'incapacité d'éprouver toute pulsion psychique qui lierait l'individu aux objets, au monde, mais surtout aux individus. L'amour, l'amitié, l'empathie valent sûrement mieux que la haine, l'inimitié et l'antipathie. Tant que la relation d'objet demeure, tous les espoirs sont permis. Mais lorsque l'<i>acédie </i>s'insinue au point d'épuiser toute énergie contenue chez un individu (voire une collectivité!), alors, vraiment, il y a un problème?</span></span><br />
<span style="font-size: small;"><br /></span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">Le grand théoricien de l'<i>acédie </i>est <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgF_0TbotC0T-5umlgTkT-S9kaRAd4FclCEKX0jHf61VIv6acZ_kuZa-1MCERVFqDp4Dl15wIpVcKCa2GMeSuTwRs7fbz2lKXFNSF0wkQtYhPQP8G40FdtGaFrXuclocPKPCJ82A8M7GVHf/s1600/John_Cassian.jpeg">Jean Cassien</a> (Cassianus) (360-435), Père de l'Église pour qui la vie du moine est particulièrement sujette à ce mal et le définit ainsi dans son traité <i>De </i></span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><i>institutis coenobicum </i>: «<i>Ce démon, dès lors qu'il entreprend d'obséder l'esprit de quelques malheureux, lui inspire de l'horreur pour le lieu où il se trouve, de l'aversion pour sa cellule et </i></span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><i><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif;"><span style="font-style: normal;"><i><span style="color: black;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgF_0TbotC0T-5umlgTkT-S9kaRAd4FclCEKX0jHf61VIv6acZ_kuZa-1MCERVFqDp4Dl15wIpVcKCa2GMeSuTwRs7fbz2lKXFNSF0wkQtYhPQP8G40FdtGaFrXuclocPKPCJ82A8M7GVHf/s1600/John_Cassian.jpeg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1118" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgF_0TbotC0T-5umlgTkT-S9kaRAd4FclCEKX0jHf61VIv6acZ_kuZa-1MCERVFqDp4Dl15wIpVcKCa2GMeSuTwRs7fbz2lKXFNSF0wkQtYhPQP8G40FdtGaFrXuclocPKPCJ82A8M7GVHf/s400/John_Cassian.jpeg" width="278" /></a></i></span></span></i></span></span>du dégoût pour les frères qui vivent avec lui et qui lui semblent à présent négligents et grossiers. Il lui fait paraître au-dessus de ses forces toute activité qui s'exerce entre les parois de sa cellule, il lui interdit d'y demeurer en paix et de s'appliquer à la lecture; et voici le malheureux qui se lamente de ne retirer aucun profit de la vie monacale; avec force soupirs il se plaint que son esprit restera stérile tant qu'il demeurera où il est; d'un ton geignard il se proclame inapte à assumer la moindre activité spirituelle et s'afflige de demeurer toujours au même endroit, immobile et sans force, lui qui aurait pu être utile aux autres et les guider, il n'a rien réalisé ni aidé personne. Il se lance dans un éloge hyperbolique de monastères lointains et introuvables et évoque les lieux où il pourrait, en pleine santé, couler des jours heureux; il décrit des communautés délicieusement fraternelles, imagine des entretiens d'une ardente spiritualité; inversement, tout ce qu'il trouve à portée de sa main lui semble âpre et difficile, ses frères lui paraissent dépourvus de toute qualité, et même la nourriture lui paraît exiger beaucoup d'efforts. Finalement il se convainc de ne pouvoir recouvrer la santé s'il ne quitte sa cellule, et de devoir mourir s'il y demeure. Puis, vers la cinquième ou sixième heure, il se sent tout affaibli et furieusement affamé, comme s'il était épuisé par un long voyage ou un dur labeur, ou alors la tête de droite et de gauche, entre et sort plusieurs fois de sa cellule en fixant des yeux le soleil comme s'il pouvait en ralentir la course; pour finir, une confusion mentale s'abat sur l'insensé, pareille au brouillard qui enveloppe la terre, et le laisse inerte et comme vidé</i>» (Cité in G. Agamben. <i>Stanze, </i>Paris, Rivages, Col. poche, # 257, 1998, pp. 22-23).</span></span><br />
<span style="font-size: small;"><br /></span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">Cette approche de l'acédie est demeurée la même tout au long du Moyen Âge et s'est prolongée jusqu'à l'époque baroque : «<i>Ainsi s'exprime saint<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjXWOAl5P6qEh-JMZUfaUrFj3NBE1b1DS3ZDTyrlQpjOsrYsbZAKyk5tIN50LTqO-y6OlR9ZxrJtCr8ReCNym3Qqslw3ofDzx6x5AoApf6DQlSnMMES4FL5sWHQv37sFPwfmnBi64yopIYU/h120/jean-de-la-croix-10.jpg"> Jean de la Croix</a> dans la </i>Montée </span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjXWOAl5P6qEh-JMZUfaUrFj3NBE1b1DS3ZDTyrlQpjOsrYsbZAKyk5tIN50LTqO-y6OlR9ZxrJtCr8ReCNym3Qqslw3ofDzx6x5AoApf6DQlSnMMES4FL5sWHQv37sFPwfmnBi64yopIYU/s1600/jean-de-la-croix-10.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="475" data-original-width="346" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjXWOAl5P6qEh-JMZUfaUrFj3NBE1b1DS3ZDTyrlQpjOsrYsbZAKyk5tIN50LTqO-y6OlR9ZxrJtCr8ReCNym3Qqslw3ofDzx6x5AoApf6DQlSnMMES4FL5sWHQv37sFPwfmnBi64yopIYU/s400/jean-de-la-croix-10.jpg" width="291" /></a>au Carmel <i>: "Si, en effet, l'âme constate qu'elle ne peut discourir sur les choses de Dieu ni y penser et que de plus, elle n'a pas envie de s'occuper de choses différentes, cet état pourrait procéder de la mélancolie ou de quelque autre humeur provenant de la tête ou du cœur; cette humeur, en effet, cause ordinairement dans nos sens une sorte d'enivrement </i>(empapamiento) <i>ou suspension des facultés, de telle sorte que l'on nepense à rien, que l'on ne veut rien, que l'on n'a envie de penser à rien; on ne songe qu'à goûter les charmes de cet assoupissement </i>(embelesamiento sabroso)<i>". Ce qui nous instruit sur la différence entre la "sécheresse purgative" envoyée par Dieu et la mélancolie, fruit d'une humeur maligne, c'est que, malgré le dégoût et la prostration qui les accompagnent l'une et l'autre, il subsiste, pour la premier, au sein de l'expérience spirituelle, une sollicitude constante pour la gloire de Dieu, jointe à l'affliction de son inutilité manifeste</i>» (Cité in M.-C. Lambotte. <i>Esthétique de la mélancolie, </i>Paris, Aubier, Col. Présence et pensée, 1984, p. 36).</span></span><br />
<span style="font-size: small;"><br /></span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">Toute une psychologie s'est élaborée avec les siècles, associée à la célèbre théorie des humeurs héritée de la médecine hellénique. Saint <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjsKOOrw6KnWuIWWOzm2sb8yecnmvz_bACq7KsWMz8hXMJULAxPpx1xcI0BgdZ3Qh5-szFou286jPHuzSgj2qZ5zGq1zDOsmyTeQBEwK7rews9OCvofuL6Zy4gNdoQDz-k6oj1UpsT1FbeU/h120/Lille_PdBA_fetti_gregoire.jpg">Grégoire le Grand</a> (</span></span><span style="font-size: small;">mort
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif;"><span style="font-style: normal;"> en 604) n'hésitait pas </span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif;"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjsKOOrw6KnWuIWWOzm2sb8yecnmvz_bACq7KsWMz8hXMJULAxPpx1xcI0BgdZ3Qh5-szFou286jPHuzSgj2qZ5zGq1zDOsmyTeQBEwK7rews9OCvofuL6Zy4gNdoQDz-k6oj1UpsT1FbeU/s1600/Lille_PdBA_fetti_gregoire.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1024" data-original-width="800" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjsKOOrw6KnWuIWWOzm2sb8yecnmvz_bACq7KsWMz8hXMJULAxPpx1xcI0BgdZ3Qh5-szFou286jPHuzSgj2qZ5zGq1zDOsmyTeQBEwK7rews9OCvofuL6Zy4gNdoQDz-k6oj1UpsT1FbeU/s400/Lille_PdBA_fetti_gregoire.jpg" width="312" /></a></span></span>à même lui attribuer cinq filles : «<i>D'</i>acedia <i>procèdent en premier lieu </i>malitia, <i>amour-haine ambigu et irrépressible pour le bien comme tel, et </i>rancor, <i>révolte de la mauvaise conscience contre ceux qui exhortent au bien; </i>pusillanimitas, <i>"petitesse d'âme", effacement scrupuleux devant les difficultés et les exigences de la vie spirituelle; </i>desperatio, <i>obscure et présomptueuse certitude d'être condamné d'avance, tendance complaisante à s'abîmer dans sa ruine, comme si rien, pas même la grâce divine, ne pouvait assurer le salut; </i>torpor, <i>obtuse et somnolente stupeur qui paralyse tout geste susceptible d'amener la guérison; et enfin </i>evagatio mentis, <i>fuite de l'âme en avant, course inquiète de rêverie en rêverie qui se traduit par la </i>verbositas, <i>verbiage proliférant vainement sur lui-même, par la </i>curiositas, <i>soif insatiable de voir pour voir qui se perd en possibilités toujours renouvelées, par l'</i>instabilitas loci vel propositi <i>et par l'</i>importunitas mentis, <i>pétulante incapacité de la pensée à se fixer un ordre et un rythme</i>» (G. Agamben. op. cit. pp. 23-24). Le Dante avait ces catégories bien en tête lorsqu'il reprochait aux moines de Saint-Zénon de s'être laissé circonvenir de même qu'il y reconnaissait le trait de caractère des Hébreux dans leur soumission nationale aux conquérants grecs puis romains.</span></span></span><br />
<span style="font-size: small;"><br /></span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">Giorgio Agamben n'hésite pa à faire un rapprochement entre l'interprétation de Grégoire et la philosophie de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi54FjOMzinf6RGPRLcVlckZ1Iy-pSPA59e1aKPhCWKkFmQhIvkFy040vVZQSdvTkv20ZyGl-4CK4K2gTyX4epiVRpVbFnf6CcMRMqNblAQkg5OZfR66C9EGf6nxDeAmmQ9lMkJzC_slwpL/h120/Heidegger_1955.jpg.webp">Heidegger</a> lorsqu'il écrit : «<i>...bien peu auront reconnu, dans </i></span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi54FjOMzinf6RGPRLcVlckZ1Iy-pSPA59e1aKPhCWKkFmQhIvkFy040vVZQSdvTkv20ZyGl-4CK4K2gTyX4epiVRpVbFnf6CcMRMqNblAQkg5OZfR66C9EGf6nxDeAmmQ9lMkJzC_slwpL/s1600/Heidegger_1955.jpg.webp" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1433" data-original-width="1200" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi54FjOMzinf6RGPRLcVlckZ1Iy-pSPA59e1aKPhCWKkFmQhIvkFy040vVZQSdvTkv20ZyGl-4CK4K2gTyX4epiVRpVbFnf6CcMRMqNblAQkg5OZfR66C9EGf6nxDeAmmQ9lMkJzC_slwpL/s400/Heidegger_1955.jpg.webp" width="333" /></a>l'évocation patristique des </i>filiæ acedia, <i>les catégories mêmes dont se sert Heidegger dans sa célèbre analyse de la banalité quotidienne, et de la chute dans l'anonymat et l'inauthenticité du </i>on<i>; analyse qui a servi de référence (point toujours justifiée à dire vrai) à d'innombrables descriptions sociologiques de notre existence dans les sociétés dites de masse. Et pourtant, les termes mêmes concordent. </i>Evagatio mentis <i>devient la fuite dans le di-vertissement des possibilités plus authentiques de l'être-là; </i>verbositas <i>est le "bavardage", qui partout et toujours dissimule ce qu'il devrait révéler, maintenant ainsi l'être-là dans l'équivoque; </i>curiositas <i>est la "curiosité", qui "ne cherche ce qui est neuf que pour sauter derechef vers ce qui est encore plus neuf" et qui, incapable de prendre véritablement en charge ce qui s'offre à elle, se procure par cette "impossibilité où elle est de s'arrêter" (</i>l'instabilitas <i>des Pères) la constante disponibilité de la distraction</i>». (ibid. pp. 24-25). La chose n'a rien d'étonnant considérant que le jeune Heidegger avait produit une thèse philosophique sur le Moyen Âge.</span></span><br />
<span style="font-size: small;"><br /></span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">Avec la progression des temps, la conception médiévale de l'acédie se transforma en notre conception moderne de la mélancolie. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhZENfByULYU2NrefGj-JQKh7mxNvY4HzOBK_Z1zftXtgp5hGnC9GHyfUQ0ZHDSbppsyyVj-o7rf8ZO0-dNVlAZLOHGO8g0D0_1YzR8_SHGclYw8gaeVK1F-8bxAlGO_0jWJB4K10_iNThw/h120/Saint_Thomas_d_Aquin-National_Gallery-Wikimedia_Commons-1.JPG">Thomas d'Aquin</a> (mort en 1274), écrivait dans sa </span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><i><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif;"><span style="font-style: normal;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhZENfByULYU2NrefGj-JQKh7mxNvY4HzOBK_Z1zftXtgp5hGnC9GHyfUQ0ZHDSbppsyyVj-o7rf8ZO0-dNVlAZLOHGO8g0D0_1YzR8_SHGclYw8gaeVK1F-8bxAlGO_0jWJB4K10_iNThw/s1600/Saint_Thomas_d_Aquin-National_Gallery-Wikimedia_Commons-1.JPG" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="622" data-original-width="833" height="297" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhZENfByULYU2NrefGj-JQKh7mxNvY4HzOBK_Z1zftXtgp5hGnC9GHyfUQ0ZHDSbppsyyVj-o7rf8ZO0-dNVlAZLOHGO8g0D0_1YzR8_SHGclYw8gaeVK1F-8bxAlGO_0jWJB4K10_iNThw/s400/Saint_Thomas_d_Aquin-National_Gallery-Wikimedia_Commons-1.JPG" width="400" /></a></i></span></span>Summa theologica, </i>que «<i>l'</i>acedia <i>consiste précisément en un vertigineux et craintif retrait </i>(recessus) <i>devant l'obligation faite à l'homme de se tenir en face de Dieu. C'est pourquoi l'</i>acedia, <i>fuite horrifiée devant ce qui ne peut être éludé, est un mal mortel. </i>[...] <i>Le sens de ce </i>recessus a bono divino<i>, de la fuite de l'homme devant la richesse de ses possibilités spirituelles, recèle cependant une fondamentale ambiguïté, dont le repérage compte parmi les résultats les plus surprenants de la science psychologique médiévale. Que l'</i>acidiosus <i>s'écarte de sa fin divine ne signifie nullement qu'il parvienne à l'oublier ou qu'il cesse, en réalité, de la désirer. Si, en termes théologiques, ce qui lui fait défaut n'est pas le salut mais la voie qui y conduit, en termes psychologiques le </i>recessus <i>traduit moins une éclipse du désir que la mise hors d'atteinte de son objet : </i>il s'agit d'une perversion de la volonté qui veut l'objet, mais non la voie qui y conduit, et qui tout à la fois dérive et barre la route à son propre désir» (ibid. pp. </span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgtW0a-ycbMfTdw7N1jWm4cdAeEOOAHbUXXsdUK_sK5w5D8UU5AGuESJIYI8JVjS1niLmqpDrk3jpJltMUoWpyau2XvI29YVcB9GtHaACVU2mSkUcsgPGqxjXuWODI_9e4cCcWfQY4BhV2a/s1600/images.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="251" data-original-width="201" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgtW0a-ycbMfTdw7N1jWm4cdAeEOOAHbUXXsdUK_sK5w5D8UU5AGuESJIYI8JVjS1niLmqpDrk3jpJltMUoWpyau2XvI29YVcB9GtHaACVU2mSkUcsgPGqxjXuWODI_9e4cCcWfQY4BhV2a/s400/images.jpg" width="320" /></a>25 et 26). Face au réalisme du dominicain, les <i>nominalistes </i>«<i>du côté franciscain, le célèbre prédicateur <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgtW0a-ycbMfTdw7N1jWm4cdAeEOOAHbUXXsdUK_sK5w5D8UU5AGuESJIYI8JVjS1niLmqpDrk3jpJltMUoWpyau2XvI29YVcB9GtHaACVU2mSkUcsgPGqxjXuWODI_9e4cCcWfQY4BhV2a/h120/images.jpg">Jacques de Vitry</a> compose vers 1220 une </i>Historia occidentalis <i>dans laquelle il explique que l'acédie et la tristesse tiennent une grande part dans la multiplication des hérésies, schismes et disputes au sein de l'Église au XIIe siècle : "Les hommes perdaient toute cohésion sous l'emprise de la tristesse et de l'acédie." Les esprits inquiets sont facteurs de division, de discorde, d'anxiété et de désespoir. Face à cette situation, des réformateurs, créateurs de nouveaux ordres, se sont levés, restaurant joie spirituelle et dévotion. Parmi eux, bien sûr, François d'Assise : il ne voulait voir de tristesse sur les visages, car elle reflète souvent l'indifférence, la mauvaise disposition d'esprit et le frein du corps à toutes bonnes œuvres...</i>» (G. Minois. <i>Histoire du mal de vivre, </i>Paris, La Martinière, 2003, p. 62). Face à la limite de la psychanalyse chez Thomas d'Aquin, les Franciscains répondaient encore par une béatitude dérisoire. </span></span><br />
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">Dans un sermon prononcé par un mystique rhénan, le jésuite Suso (XVIIe siècle) énonçait qu'«<i>il y a quatre souffrance différentes qui sont les plus graves que le cœur humain puisse endurer sur terre; elles sont si grandes que personne ne croît en celui qui les a, sauf celui qui les a éprouvées lui-même... Ces quatre souffrances sont les suivantes : doute sur la foi, doute en la miséricorde de Dieu, pensées de révolte contre Dieu et ses saints et tentation de se retirer la vie</i>» (Cité in T. K. Oesterreich. <i>Les possédés, </i>Paris, Payot, Col. Bibliothèque scientifique, 1927, p. 106). Toutes ces </span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-style: normal;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjHraQTb8EThEo-FVSB-EjIdx7qDSrIPnSY2KnRIX5bIGEx59tZ9Df-DABSQqqPt-F_hFkDQ3_FA6zaRIeXu0fSQGyXHEwiR3iPKi-ddAW-w_juegmDxW7SfI6pZKL9LLQYKdTFGXHmC3ND/s1600/hieronymus_bosch_-_st_john_the_baptist_in_the_wilderness_-_wga025461.jpg.webp" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="310" data-original-width="620" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjHraQTb8EThEo-FVSB-EjIdx7qDSrIPnSY2KnRIX5bIGEx59tZ9Df-DABSQqqPt-F_hFkDQ3_FA6zaRIeXu0fSQGyXHEwiR3iPKi-ddAW-w_juegmDxW7SfI6pZKL9LLQYKdTFGXHmC3ND/s400/hieronymus_bosch_-_st_john_the_baptist_in_the_wilderness_-_wga025461.jpg.webp" width="400" /></a></i></span></span>souffrances provenaient de l'acédie qui frappait le monde clos des monastères où se réfugiaient ceux qui se refusaient à la vie pour la donner au Seigneur : «<i>Abîmé dans la </i></span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><i>scandaleuse contemplation d'un but que lui désigne l'impossibilité même de l'atteindre, et qui l'obsède d'autant plus qu'il est hors de portée, l'</i>acidiosus <i>se trouve ainsi dans une situation paradoxale avec, comme dans l'aphorisme de Kafka, "un point d'arrivée, mais aucune voie d'accès", et sans issue, puisque l'on ne peut fuir ce que l'on ne peut pas non plus atteindre. C'est cette plongée dans l'abîme ouvert entre le désir et son insaisissable objet que l'iconographie médiévale a fixée dans le type de l'</i>acedia, <i>représentée comme une femme désolée qui baisse les yeux à terre en se soutenant la tête d'une main, à moins que ce ne soit comme un bourgeois ou un religieux qui appuie sa <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjHraQTb8EThEo-FVSB-EjIdx7qDSrIPnSY2KnRIX5bIGEx59tZ9Df-DABSQqqPt-F_hFkDQ3_FA6zaRIeXu0fSQGyXHEwiR3iPKi-ddAW-w_juegmDxW7SfI6pZKL9LLQYKdTFGXHmC3ND/s1600/hieronymus_bosch_-_st_john_the_baptist_in_the_wilderness_-_wga025461.jpg.webp">détresse</a> sur le coussin que lui tend le démon. Ce que, dans une intention mnémotechnique, le Moyen Âge proposait ainsi à une contemplation édifiante n'était nullement la représentation naturaliste du "coupable sommeil" du paresseux, mais l'exemplaire abaissement du regard et de la tête, symbole du désespoir et de la paralysie de l'âme confrontée à une situation sans issue</i>» (G. Agamben. op. cit. p. 27).</span></span><br />
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<br />
<div style="text-align: center;">
<span style="font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjl0aFr8DPPyjYJx7p3VUNrmriFS9Zdo8IQ7aEeOxBfZbvJX1WgTfOrl4Hx7UYB9fmtI-86ALLDRRFhhV3rC4qa36_wX0DYMHpr85-s59ojPjmumAfLJyd4hUZvYW-5DDMtFwX-gPxJ-z6g/s1600/index.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="138" data-original-width="364" height="151" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjl0aFr8DPPyjYJx7p3VUNrmriFS9Zdo8IQ7aEeOxBfZbvJX1WgTfOrl4Hx7UYB9fmtI-86ALLDRRFhhV3rC4qa36_wX0DYMHpr85-s59ojPjmumAfLJyd4hUZvYW-5DDMtFwX-gPxJ-z6g/s400/index.jpg" width="400" /></a></span></div>
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">Pour Georges Minois, l'acédie est «<i>une "tristesse accablante", paralysante, qui se traduit par un état de torpeur et un incommensurable ennui. Mauvaise tristesse, bien entendu, par opposition à la tristesse légitime provoquée par un mal. C'est "une tristesse par rapport au bien spirituel", et ce dégoût des choses spirituelles cause un mal-être. L'esprit disponible pour d'autres actions : l'acédiaque devient inerte; son esprit n'est plus capable de réagir; il s'ennuie...</i>» (op. cit. p. 24), ce qui montre assez bien comment, à force de tourner à vide sans s'accomplir, le désir en vient à s'épuiser jusqu'à rapetisser l'esprit de qui en est atteint. Il n'était pas rare que l'acédique trouve issu à son mal par le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjl0aFr8DPPyjYJx7p3VUNrmriFS9Zdo8IQ7aEeOxBfZbvJX1WgTfOrl4Hx7UYB9fmtI-86ALLDRRFhhV3rC4qa36_wX0DYMHpr85-s59ojPjmumAfLJyd4hUZvYW-5DDMtFwX-gPxJ-z6g/s1600/index.jpg">suicide</a> : «<i>Au XIIe et au XIIIe siècle, la </i></span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><i><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-style: normal;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhGRrN2_4AaX7NZDe8a6evbOvTDedOFPHKZI0PLUnhyCd5AcLvLM-TX_u_Iqt98R3Ot29eSXUbiv9fve1Rwd9i2xfmCzF-bAfvPpmm3AY6GgbLdr2JNnEwterLRQXFyHLxbftRClK473mvC/s1600/29af636e977b4d4a4369d5427204f70e.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="507" data-original-width="600" height="337" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhGRrN2_4AaX7NZDe8a6evbOvTDedOFPHKZI0PLUnhyCd5AcLvLM-TX_u_Iqt98R3Ot29eSXUbiv9fve1Rwd9i2xfmCzF-bAfvPpmm3AY6GgbLdr2JNnEwterLRQXFyHLxbftRClK473mvC/s400/29af636e977b4d4a4369d5427204f70e.jpg" width="400" /></a></i></span></span>manie du suicide se ranima dans toutes les classes de la société comme un souvenir des temps antiques. </i>[...] <i>Là encore, les monastères furent les théâtres de fréquents suicides. </i></span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><i>Bourquelot parle d'un désespoir qui paraît surtout avoir affecté l'âme des moines, une sorte de maladie qui souvent cherchait son remède dans la mort. Il arrivait souvent, dit-il, "que ces prisonniers volontaires, vivant dans le silence, privés du commerce des autres hommes, de distractions, de jouissances que donne le monde, obligés à la pratique des vertus les plus difficiles, soient pris d'une mélancolie profonde et par dégoût de la vie en finissent avec l'existence. Cette obsession du suicide chez les moines persistera encore au XIVe et XVe siècle. Les morts volontaires devinrent tellement nombreuses que les écrivains ecclésiastiques se préoccupèrent ardemment de cette <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhGRrN2_4AaX7NZDe8a6evbOvTDedOFPHKZI0PLUnhyCd5AcLvLM-TX_u_Iqt98R3Ot29eSXUbiv9fve1Rwd9i2xfmCzF-bAfvPpmm3AY6GgbLdr2JNnEwterLRQXFyHLxbftRClK473mvC/s1600/29af636e977b4d4a4369d5427204f70e.jpg">folie suicidaire</a> qu'ils nommèrent Acedia. Même les grands seigneurs de l'Église en furent atteints, comme l'évêque de Strasbourg qui se pendit en 1484, ou celui de Metz qui s'empoisonna à peu près à la même époque. Excommuniés, on fit descendre leur corps sur le Rhin, enfermés dans un tonneau</i>» (M. Monestier. <i>Le suicide, </i>Paris, J.-C. Simoen, 1976, p. 278).</span></span><br />
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">Avec la Renaissance, on cessa peu à peu de parler d'acédie pour lui préférer le terme de <i>mélancolie. </i>N'étant plus des moines, les intellectuels humanistes et renaissants tournèrent leur regard ailleurs, vers «<i>un texte fameux attribué à Aristote, le </i>Problème<i> XXX, 1 </i>[qui] <i>affirme clairement : "Tous les hommes qui furent </i></span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><i><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-style: normal;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg0XAyGCHT1nSo5u9O9AV3XQPZuFMAds7olEAY6D9ne6Rj3I_devhuiF0FiSYJzuHqP930kTEBctwpRDQMPhJmQuzWocUu7DWyQzPQiW_hQCoE5SV9GbyqMpVFsDnkD4ffWeu0lmbyNVzVb/s1600/NAMA_Epinetron_Bell%25C3%25A9rophon.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1169" data-original-width="1200" height="388" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg0XAyGCHT1nSo5u9O9AV3XQPZuFMAds7olEAY6D9ne6Rj3I_devhuiF0FiSYJzuHqP930kTEBctwpRDQMPhJmQuzWocUu7DWyQzPQiW_hQCoE5SV9GbyqMpVFsDnkD4ffWeu0lmbyNVzVb/s400/NAMA_Epinetron_Bell%25C3%25A9rophon.jpg" width="400" /></a></i></span></span>exception-</i></span></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><i>nels en philosophie, en politique, en poésie ou dans les arts étaient </i>[...] mani-</span></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">festement mélanco-</span></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">liques.<i>" <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg0XAyGCHT1nSo5u9O9AV3XQPZuFMAds7olEAY6D9ne6Rj3I_devhuiF0FiSYJzuHqP930kTEBctwpRDQMPhJmQuzWocUu7DWyQzPQiW_hQCoE5SV9GbyqMpVFsDnkD4ffWeu0lmbyNVzVb/h120/NAMA_Epinetron_Bell%25C3%25A9rophon.jpg">Belléro-</a></i></span></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg0XAyGCHT1nSo5u9O9AV3XQPZuFMAds7olEAY6D9ne6Rj3I_devhuiF0FiSYJzuHqP930kTEBctwpRDQMPhJmQuzWocUu7DWyQzPQiW_hQCoE5SV9GbyqMpVFsDnkD4ffWeu0lmbyNVzVb/s1600/NAMA_Epinetron_Bell%25C3%25A9rophon.jpg">phon</a>, Ajax aussi bien que </i></span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><i>des person-</i></span></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><i>nages histo-</i></span></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><i>riques comme Empédocle, Socrate, Platon et, à des degrés divers tous les grands hommes sont des mélancoliques par nature. Ces êtres exceptionnels, atypiques, "sont condamnés à être malheureux", confirme Aristote au début de sa </i>Métaphysique...» (G. Minois. op. cit. pp. 19-20). La mélancolie n'était pas inconnue des Romains non plus, et Lucrèce, dans <i>De natura rerum </i>a légué «<i>dans ce superbe témoignage sur l'ennui et le mal de vivre qui frappent les riches Romains </i>[...] <i>comment "chacun cherche à se fuir"; mais, ajoute-t-il, "l'homme est à soi-même un compagnon inséparable et auquel il reste attaché tout en le détestant". Si l'homme éprouve le dégoût de lui-même, c'est qu'il ignore le sens de son existence et le sort qui lui est réservé après la mort. "L'homme est un malade qui ne sait pas la cause de son mal..."</i>» (Cité in ibid. p. 24). Ce texte, particulièrement goûté des humanistes, suscita chez eux de nombreuses interrogations anxieuses au point de voir se manifester des symptômes psycho-somatiques les forçant à ne cesser de faire le bilan médical de leur piètre état de santé.<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; text-align: left;"><span style="font-style: normal;"> </span></span></span></span><br />
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; text-align: left;"><span style="font-style: normal;">Agamben a dressé «<i>une liste remise à jour des mélancoliques, depuis ceux que cite Aristote dans le problème XXX (Héraklès, Bellérophon, Héraclite, Démocrite, Maracus) </i>[et </span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; text-align: left;"><span style="font-style: normal;">qui] </span></span><i style="text-align: left;">risquerait d'être fort longue. Après cette première résurgence dans la poésie d'amour </i></span></span><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><i style="text-align: left;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjscZBflrbJVZcqPDtj06h4jCmwVEsZrHDT-T67Y_xAvYhx-nq5F5MDDDhwbsTfNQdarirGqu1LHjaopTQnhn_I-kxA0aq4CJuI9CNbCuxWmL4Amwz1mj14R-dQKXEvBxPzYzTiV2WRy_N6/s1600/2248fa256f0e01244df92f64b002138e89848460.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="550" data-original-width="422" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjscZBflrbJVZcqPDtj06h4jCmwVEsZrHDT-T67Y_xAvYhx-nq5F5MDDDhwbsTfNQdarirGqu1LHjaopTQnhn_I-kxA0aq4CJuI9CNbCuxWmL4Amwz1mj14R-dQKXEvBxPzYzTiV2WRy_N6/s400/2248fa256f0e01244df92f64b002138e89848460.jpg" width="306" /></a>du </i><i style="text-align: left;">XIIIe siècle, le grand retour de la mélancolie s'effectue à partir de l'humanisme. Demeurent exemplaires, parmi les artistes, les cas de Michel-Ange, de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhTf4K62XBe1N0_XjgBgv1YGSTeW__dKevtOQ-YCGWHRgjI2KDV0qJFm9wHpWpe6csRNkcHY7A48f2hSx5vSA2m57hGOEcQMFuFQ4Prdzf9FY4gka7expvjtjVfj_RtmnT7fS3skND9Wsw6/h120/2248fa256f0e01244df92f64b002138e89848460.jpg">Dürer</a>, de Pontormo. Une seconde épidémie se manifeste dans l'Angleterre élisabéthaine : cas exemplaire, celui de J. Donne. Le troisième âge de la mélancolie se situe au XIXe siècle; figurent parmi les victimes Baudelaire, Nerval, De Quincey, Coleridge, Strindberg, Huysmans. Au cours de ces trois époques, une audacieuse polarisation fit de la mélancolie une valeur à la fois positive et négative</i><span style="text-align: left;">» (G. Agamben. op. cit. pp. 39-40, n. 3). N'empêche, acédie ou mélancolie, ou si l'on préfère leurs avatars actuels que sont la dépression, l'ennui ou la cyclothymie, considérées comme maladies mentales, sont à l'origine des manifestations de la paresse du cœur qui finissent par se prolonger dans les paresses du corps et de l'esprit.</span></span></span><br />
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span style="text-align: left;">Mais la paresse du cœur est-elle</span> toujours la source des deux autres? La paresse du cœur ne pourrait-elle provenir de facteurs sociaux ou institutionnels? Certes, comme tous les vices, on fait surgir la paresse de la psychologie de l'individu, puisque c'est là qu'elle se manifeste </span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">le plus ostensiblement, là où on peut l'observer et la suivre dans son développement. Cela ne veut pas nécessairement dire que ses sources résident dans la <i>psyché </i>de l'individu. Elle peut s'être développée à la suite d'un trauma ou d'un deuil comme l'affirme Freud. Elle peut provenir aussi bien du milieu naturel que du milieu social. Les mélancoliques du XIXe siècle ne se sont pas laissés abuser sur ce point : «<i>Ce n'est certes pas une pure coïncidence si, à mesure que la bourgeoisie travestit l'</i>acedia <i>en paresse, les artistes opposent </i></span></span><span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><i><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif;"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhIiRrXjjlvS8mRizWsqzKzxg_Xcf4X34HJH7vLaaJD_20_78Lq8lE8HMjerc43uUc7KSjAV_wGW3qX8g4wXV73gCC3uSX5-Mrq2oeKBAEGXTuqe3QXqavuaV3-zP1LPUwsgc1ZCg63DTRd/s1600/Salome_Dancing_before_Herod_by_Gustave_Moreau.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1500" data-original-width="1074" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhIiRrXjjlvS8mRizWsqzKzxg_Xcf4X34HJH7vLaaJD_20_78Lq8lE8HMjerc43uUc7KSjAV_wGW3qX8g4wXV73gCC3uSX5-Mrq2oeKBAEGXTuqe3QXqavuaV3-zP1LPUwsgc1ZCg63DTRd/s400/Salome_Dancing_before_Herod_by_Gustave_Moreau.jpg" width="286" /></a></span></span>emblématiquement celle-ci (tout comme la stérilité, idéalement incarnée par la lesbienne) à l'éthique capitaliste de la productivité et de l'utile. La poésie de Baudelaire est régie d'un bout à l'autre par l'idée que la "paresse" est le chiffre de la beauté. Un des principaux effets que Moreau cherchait à produire dans sa peinture était "la belle inertie". On ne peut comprendre le retour obsessionnel, dans son œuvre, d'une figure féminine emblématique telle que sa hiératique <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhIiRrXjjlvS8mRizWsqzKzxg_Xcf4X34HJH7vLaaJD_20_78Lq8lE8HMjerc43uUc7KSjAV_wGW3qX8g4wXV73gCC3uSX5-Mrq2oeKBAEGXTuqe3QXqavuaV3-zP1LPUwsgc1ZCg63DTRd/h120/Salome_Dancing_before_Herod_by_Gustave_Moreau.jpg">Salomé</a> si l'on oublie qu'il concevait la féminité comme cryptographie de l'ennui improductif et de l'inertie : "Cette femme ennuyée, fantasque", écrit-il, "à nature animale, se donnant le plaisir, très peu vif pour elle, de voir son ennemi à terre, tant elle est dégoûtée de toute satisfaction de ses désirs. Cette femme se promenant nonchalamment d'une façon végétale..." Il est remarquable que dans les Chimères, le grand tableau inachevé où Moreau voulait représenter les péchés et toutes les tentations de l'homme, apparaisse une figure qui correspond singulièrement à la représentation traditionnelle de</i> l'<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgM7b_1NcxvndYterJbjOkLsnp9lk5dBuZ7K1LO1GhZuwfwySAn7mFT6U2n5IBHo6EbndtMe4StOPaMtgInJFy2WO7PY9Jk7l7qMw6qptzEYImmLMs3Jv2rDcp8MWgutF4tDLS0g7-J11hm/h120/index.jpg">acedia-melancholia</a>» (G. Agamben. op. cit. pp. 31-32, n. 7).</span></span><br />
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<br />
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: center;">
<span style="font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgM7b_1NcxvndYterJbjOkLsnp9lk5dBuZ7K1LO1GhZuwfwySAn7mFT6U2n5IBHo6EbndtMe4StOPaMtgInJFy2WO7PY9Jk7l7qMw6qptzEYImmLMs3Jv2rDcp8MWgutF4tDLS0g7-J11hm/s1600/index.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="196" data-original-width="257" height="152" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgM7b_1NcxvndYterJbjOkLsnp9lk5dBuZ7K1LO1GhZuwfwySAn7mFT6U2n5IBHo6EbndtMe4StOPaMtgInJFy2WO7PY9Jk7l7qMw6qptzEYImmLMs3Jv2rDcp8MWgutF4tDLS0g7-J11hm/s200/index.jpg" width="200" /></a></span></span></div>
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">De ce que nous venons de voir, demandons-nous si le fameux <i>droit à la paresse </i>de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhrZES_ycFlrw9xzckHDzD5XPL81lgcui5gC3atTX14JeVBQBixuAUxqum_cn83GRTABiO71zBXFCICNiIRpuiMZyBenkGAyVHaG4RmFXA8IUbV1IC5hmBwBbl0P_V-qLm2kuP0cFHNItK3/s1600/index.jpg">Paul Lafargue</a> (1883) ne serait-il pas tout à fait légitime? Après tout, que dit Lafargue? Que «<i>dans la société capitaliste, le travail est la cause de toute </i></span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><i><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><i><span style="font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhrZES_ycFlrw9xzckHDzD5XPL81lgcui5gC3atTX14JeVBQBixuAUxqum_cn83GRTABiO71zBXFCICNiIRpuiMZyBenkGAyVHaG4RmFXA8IUbV1IC5hmBwBbl0P_V-qLm2kuP0cFHNItK3/s1600/index.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="297" data-original-width="170" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhrZES_ycFlrw9xzckHDzD5XPL81lgcui5gC3atTX14JeVBQBixuAUxqum_cn83GRTABiO71zBXFCICNiIRpuiMZyBenkGAyVHaG4RmFXA8IUbV1IC5hmBwBbl0P_V-qLm2kuP0cFHNItK3/s400/index.jpg" width="228" /></a></span></i></span></span></span></span>dégénérescence intellectuelle, de toute déformation organique</i>» (P. Lafargue. <i>Le droit à la paresse, </i>Paris, Mille et une nuits, # 30, p. 11). Bref, que la paresse est </span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">causée par le travail. Comment en sommes-nous venus à mépriser la paresse alors que «<i>les Grecs de la grande époque n'avaient, eux aussi, que du mépris pour le travail : aux esclaves seuls il était permis de travailler : l'homme libre ne connaissait que les exercices corporels et les jeux de l'intelligence</i>» (ibid. p. 12), et le Christ, «<i>dans son discours sur la montagne, prêcha la paresse : "Contemplez la croissance des <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiwwuccKZuccgeDcC4Qr4rtJDLu79WKlqCXZxhHuc7l96L9yU1X8cam4US1P-egmeQ5EvXROP7M2KtY8ftPqNYjn3GJFlzfZ91fkcXiMTk0dtvpCwTyxASeHT6qOH3prHKabReNgLJeXD7Q/s1600/Marten_van_Valckenborch_-_Parable_of_the_lily_of_the_field_%2528May%2529.jpg">lis des champs</a>, ils ne travaillent ni ne filent, et cependant, je vous le dis, Salomon dans toute sa gloire, n'a pas été plus brillamment vêtu"</i>» (ibid. p. 13). Qui, en régime capitaliste, finit le plus par souffrir de la paresse sinon le bourgeois? «<i>Une fois accroupie dans la paresse absolue et démoralisée par la jouissance forcée, la bourgeoisie, malgré le mal qu'elle en eut, s'accommoda de son nouveau genre de vie. Avec horreur elle envisagea tout changement. La vue des misérables conditions d'existence acceptées avec résignation par la classe ouvrière et celle de la dégradation organique engendrée par la passion dépravée du travail augmentaient encore sa répulsion pour toute imposition de travail et pour toute restriction de jouissances</i>» (ibid. p. 37). En renversant le jugement moral chrétien et bourgeois, Lafargue déculpabilise la paresse et fait du travail même un vice de qui découlent </span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiwwuccKZuccgeDcC4Qr4rtJDLu79WKlqCXZxhHuc7l96L9yU1X8cam4US1P-egmeQ5EvXROP7M2KtY8ftPqNYjn3GJFlzfZ91fkcXiMTk0dtvpCwTyxASeHT6qOH3prHKabReNgLJeXD7Q/s1600/Marten_van_Valckenborch_-_Parable_of_the_lily_of_the_field_%2528May%2529.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1111" data-original-width="1600" height="277" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiwwuccKZuccgeDcC4Qr4rtJDLu79WKlqCXZxhHuc7l96L9yU1X8cam4US1P-egmeQ5EvXROP7M2KtY8ftPqNYjn3GJFlzfZ91fkcXiMTk0dtvpCwTyxASeHT6qOH3prHKabReNgLJeXD7Q/s400/Marten_van_Valckenborch_-_Parable_of_the_lily_of_the_field_%2528May%2529.jpg" width="400" /></a>tous les autres. Sans doute, trouve-t-on certains sophismes dans l'argumen-</span></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;">taire de Lafargue, mais, au bout du compte, sa critique du régime captialiste et de l'industrialisation du XIXe siècle, de leurs effets pervers psychologiques et moraux, si acerbe soit-elle, demeure douloureusement juste. Avec les acquis de la technologie et de la syndicalisation, les travailleurs d'aujourd'hui peuvent, en bon nombre, s'adonner à un <i>travail paresseux, </i>mais dégrade-t-il moins que le travail abrutissant des <i>factories </i>du XIXe siècle? Les moralistes de la fin du Moyen Âge - dont Dante -, ne voyaient pas la paresse comme nous la voyons depuis l'âge du capitalisme marchand au XVIe siècle. Pour eux, la paresse n'était pas la mère de tous les vices, bien au contraire, et, comme le dit Boschère, d'«<i>une traînée visqueuse de vices, ...le moindre est la paresse</i>» (op. cit. p. 167)</span></span><span style="font-family: "segoe ui" , sans-serif; font-size: small;"><span style="font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="font-family: "hoefler text ornaments"; font-size: medium;">⌛</span></span></span><br />
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<br />
<div style="text-align: right;">
<span style="font-size: small;">Sherbrooke,</span></div>
<div style="text-align: right;">
<span style="font-size: small;">le 25 février 2020 </span></div>
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<span style="font-size: small;"><br /></span>
</div>
</div>
<span style="font-size: small;"><br /></span>
<span style="font-size: small;">
<span style="font-size: xx-small;"><br /></span>
<span style="font-size: xx-small;"><br /></span>
</span><span style="font-size: small;"><br /></span></div>
Coupalhttp://www.blogger.com/profile/14839226309394850656noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8942859135376014620.post-28198985917891917192015-10-28T23:50:00.005-04:002022-07-30T15:47:13.349-04:00Retour sur l'Enfer<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div style="text-align: justify;">
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<h2 style="text-align: center;">
<span style="font-size: small;"><b><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjSDUjzaURN3M0qyaAFcLIk_a3Enq5EeaKvUkUXpU6xYkqosX-6FznN-pExmDvOWQnW7oSWSIhqCeqq-2YH1VBM_moE-RI3sC82Op5zoHOrmBnIXVQTHaZtNIa8-8WoIGF0aN6wBrk69-Q/s1600/4damned5.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" height="278" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjSDUjzaURN3M0qyaAFcLIk_a3Enq5EeaKvUkUXpU6xYkqosX-6FznN-pExmDvOWQnW7oSWSIhqCeqq-2YH1VBM_moE-RI3sC82Op5zoHOrmBnIXVQTHaZtNIa8-8WoIGF0aN6wBrk69-Q/s1600/4damned5.jpg" width="400" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><b>Signorelli. <i>Les Damnés</i></b></td></tr>
</tbody></table>
</b></span></h2>
<h2 style="text-align: center;">
<span style="font-size: large;"><b>RETOUR SUR L'ENFER</b></span></h2>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">
</span><p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.5cm;">Enfant,
je regardais à la télévision une émission de la chaîne française
de Radio-Canada, <i>Le Grand-Duc. </i>Dans une forêt que le noir et
blanc rendait ombrée et mystérieuse, on entendait la messe de saint <span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg8gnrCQH3gOPzjyCkEbCd4TjpiAQhdbIXlaL32nRuV6J2-BBHVpatwy6dUnsqn055ZtFgM5XQiLAiAmWNbFOaasqJAeYopZz842Iitce1bl2IhpMJk12tTCmuutUo8_xQClQwkM9bFGqM/s1600/m7TyzIKIL7bofyW8eEQf1FQ.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg8gnrCQH3gOPzjyCkEbCd4TjpiAQhdbIXlaL32nRuV6J2-BBHVpatwy6dUnsqn055ZtFgM5XQiLAiAmWNbFOaasqJAeYopZz842Iitce1bl2IhpMJk12tTCmuutUo8_xQClQwkM9bFGqM/s1600/m7TyzIKIL7bofyW8eEQf1FQ.jpg" width="266" /></a></span></i></span>Hubert jouée par les cors de chasse. Puis, sous une lumière ciblée,
apparaissait ce qui devait être le diable, en tout cas le conteur.
Ce personnage était joué par le comédien <a href="https://www.blogger.com/#">Jean
Brousseau</a>, le frère du chansonnier Hervé. Ce même acteur
jouait aussi le rôle du jeune docteur Marignon dans les célèbres
<i>Belles Histoires des Pays d’en-haut. </i>Chaque semaine, il nous
racontait une sorte de conte gothique digne de ceux d’Hoffmann ou
de Théophile Gauthier. Puis, par un fondu enchaîné, on entrait
dans la dramatique du conte où des forces obscures agissaient
toujours au cœur de l’intrigue. </p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.5cm;">Bien
entendu, nous n'y retrouvions rien de ce qui fait aujourd’hui la
répugnance dans les films d’horreur où l’hémoglobine coule
à flots dans des scènes de démembrements et de tueries.
C’était un monde – ce monde québécois du début des années
1960 – encore plongé dans son catholicisme tridentin et imbu de superstitieux. Un monde qui aimait se baigner dans le mystère
et le merveilleux plus que le fantastique. La science-fiction, les
audaces technologiques, les mondes utopiques et futurisants
trouvaient guère de place dans <span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEimH2QrkriHsObY8pJgDnDNGsToiQ6mJoRM3mVUgguhrk-o4N8wtGq96H_UnV-Aze9l9T8hZjqcuFeLaSjn8xJeoF-t2t_NosZPOMIs1_EJpof51ogJ4CF6sZ9OQdVVrliNRJxU2NTceqI/s1600/Guelor_le_Grand_Duc.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="213" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEimH2QrkriHsObY8pJgDnDNGsToiQ6mJoRM3mVUgguhrk-o4N8wtGq96H_UnV-Aze9l9T8hZjqcuFeLaSjn8xJeoF-t2t_NosZPOMIs1_EJpof51ogJ4CF6sZ9OQdVVrliNRJxU2NTceqI/w320-h213/Guelor_le_Grand_Duc.jpg" width="320" /></a></span>l’imaginaire populaire de l’époque,
tout à l'opposé de ce qui se passait dans les pays anglo-saxons.
Même les intrigues policières ou d’espionnage prêtaient
davantage à la comédie qu’à l'ombrageux des auteurs de romans
noirs, américains ou britanniques. On prendrait difficilement Pierre
Daignault, l’auteur du célèbre feuilleton <i>Ixe-13, </i>pour un
émule de Ian Flemming! Par contre, les contes médiévaux, les
profondeurs insondables des forêts sauvages de la Nouvelle-France,
le mystère que l’on ne parvenait jamais à percer de la vie
animale, les rituels des sorciers autochtones, tout préparait à
accepter la série où le premier plan montrait ce <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEimH2QrkriHsObY8pJgDnDNGsToiQ6mJoRM3mVUgguhrk-o4N8wtGq96H_UnV-Aze9l9T8hZjqcuFeLaSjn8xJeoF-t2t_NosZPOMIs1_EJpof51ogJ4CF6sZ9OQdVVrliNRJxU2NTceqI/h120/Guelor_le_Grand_Duc.jpg">Grand-Duc</a> qui
donnait le nom à la série.</p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.5cm;">C’est
en pensant à cette série quasi oubliée que j’ai entrepris de
rédiger un blogue centré sur <i>La Divine Comédie </i>de Dante.
Certes, on ne réécrit pas <i>La Divine Comédie. </i>On dialogue
avec elle. Comme Boccace, Marguerite de Navarre, Sade, Eugène
Delacroix, William Bouguereau, James Joyce, Pier Paolo Pasolini,
Umberto Eco et tous ceux qui se sont penchés sur des études ou des
anotations érudites de l’œuvre du Dante, je ne fais que me poser
cette question : Si j’avais à écrire <i>la Divine Comédie,
</i>aujourd’hui, comment en organiserais-je la poétique du récit?</p>
<p align="JUSTIFY" style="break-before: page; line-height: 150%; margin-bottom: 0.5cm; page-break-before: always;"> L'œuvre fondamentale de <a href="https://blog.bookstellyouwhy.com/dante-trip-through-the-after-life-for-one-please">Dante</a> est le produit de traditions
millénaires commencées à l'aube des cultures des civilisations du
Proche-Orient ancien et de la Méditerranée. Au XIII<sup>e</sup>
siècle, au moment où <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi294HuNUn7m8k_IQTS1v7o73hp0m_VDo3U_izehbFo42mT64xQmw0409q45pp_NIgybtfd0fcb16IYyVTtlIGABWuDzAmQbABJm3E14IvIw_cYEgRUcI3e0sBJx0usNieovEd6nuTUgzM/s1600/Dante_Alighieri_1.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi294HuNUn7m8k_IQTS1v7o73hp0m_VDo3U_izehbFo42mT64xQmw0409q45pp_NIgybtfd0fcb16IYyVTtlIGABWuDzAmQbABJm3E14IvIw_cYEgRUcI3e0sBJx0usNieovEd6nuTUgzM/s1600/Dante_Alighieri_1.jpg" width="267" /></a>il rédigea son vaste poème initiatique,
Dante disposait déjà d'un vaste matériel travaillé et retravaillé
par des siècles de fantasmatiques des enfers. Comme le rappelle
Georges Minois, auteur d'une <i>Histoire des enfers, </i><span style="font-style: normal;">«</span><i>C'est
un des plus vieux cauchemars de l'humanité, lié à la peur du monde
inconnu qui s'ouvre à l'issue de la vie</i><span style="font-style: normal;">».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote1sym" name="sdfootnote1anc"><sup>1</sup></a>
Il rappelle de même que «</span><i>l'enfer existe dans toutes les
civilisations, mais il évolue avec chacune d'elles</i><span style="font-style: normal;">»
et que son histoire reflète</span><i> </i><span style="font-style: normal;">«</span><i>les
anxiétés collectives des sociétés en essayant d'apporter une
réponse au problème fondamental du mal moral</i><span style="font-style: normal;">»;<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote2sym" name="sdfootnote2anc"><sup>2</sup></a>
«</span><i>L'enfer est le miroir de nos hontes, de nos remords, du
mal partout répandu. L'enfer nous colle à la peau, tunique
indestructible, peau de caméléon, prenant les couleurs de
l'angoisse du temps</i><span style="font-style: normal;">».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote3sym" name="sdfootnote3anc"><sup>3</sup></a></span></p><p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.5cm;"><span style="font-style: normal;"><i><span style="font-style: normal;"></span></i></span></p><span style="font-style: normal;">Mais
qu'est-ce qui à travers les différentes élabo-rations des lieux
infernaux fait </span><i>sens de l'unité </i><span style="font-style: normal;">des
enfers? «</span><i>Dans son acception la plus générale, l'enfer
est une situation de souffrance subie par un être comme conséquence
d'un mal moral dont il s'est rendu coupable. Cette punition diffère
des peines</i><i>prescrites par la justice humaine : elle est infligée par
des puissances surnaturelles ou réduite du destin vengeur. Le plus
souvent, ces tourments touchent l'être au-delà de la mort, leur
durée, toujours considérable, étant </i><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgjqC4IwUfPT36F1zyde3in2KPclvgNcwX6xz8z2Hb5m9hTAX1aPk-Hh-eFzcOrZD0z7aTJiP42oFw19QPDnfkz-miB_Ev3HZxB4afb95X3dQNNc0u6cS02Zv3kDgobn4KAu15XTvhEJbHDqfNg74HWLVPf-rNCX3grcdIR9FRJjEj37YdgoWdK-bdl4w/s520/AVT_Georges-Minois_9069.jpg" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="343" data-original-width="520" height="211" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgjqC4IwUfPT36F1zyde3in2KPclvgNcwX6xz8z2Hb5m9hTAX1aPk-Hh-eFzcOrZD0z7aTJiP42oFw19QPDnfkz-miB_Ev3HZxB4afb95X3dQNNc0u6cS02Zv3kDgobn4KAu15XTvhEJbHDqfNg74HWLVPf-rNCX3grcdIR9FRJjEj37YdgoWdK-bdl4w/w320-h211/AVT_Georges-Minois_9069.jpg" width="320" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Georges Minois<br /></td></tr></tbody></table><i>parfois éternelle</i><span style="font-style: normal;">».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote4sym" name="sdfootnote4anc"><sup>4</sup></a>
Cette définition de l'<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgjqC4IwUfPT36F1zyde3in2KPclvgNcwX6xz8z2Hb5m9hTAX1aPk-Hh-eFzcOrZD0z7aTJiP42oFw19QPDnfkz-miB_Ev3HZxB4afb95X3dQNNc0u6cS02Zv3kDgobn4KAu15XTvhEJbHDqfNg74HWLVPf-rNCX3grcdIR9FRJjEj37YdgoWdK-bdl4w/s520/AVT_Georges-Minois_9069.jpg">historien</a> nous concerne, nous, aujourd'hui,
comme elle concernait Dante en son temps. Elle fait la somme des
imaginaires depuis l'apparition de l'idée de survie de l'âme; de
l'existence d'un double (l'âme) qui aurait à répondre de la
transgression d'interdits commise sur terre et qui justifierait une
damnation éternelle. Sans l'idée de survie de l'âme, l'enfer est
inconcevable. Sans l'existence de cultures ou de sociétés
étroitement codifiées au niveau des mœurs, il serait tout aussi
inconcevable. Les premières notions d'enfers qui nous soient
parvenues sont, par contre, «</span><i>dénuées de toute idée de
rétribution ou de châtiment. Partout les enfers sont de simples
séjours des morts, de tous les morts, sans distinction. Les formes
en sont diverses, mais l'atmosphère en est toujours inquiétante.
Car, instinctivement, l'homme craint l'au-delà : ce qu'il imagine
dans un premier temps, ce sont bien des enfers, et non un paradis. Un
décalque de la vie présente, une sorte de rêve où disparaît ce
qui donne à l'existence son relief et sa saveur, un royaume des
ombres dans lequel errent des fantômes sans joie. Certes, nul
tourment n'est infligé, mais ces lieux sont bien lugubres</i><span style="font-style: normal;">».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote5sym" name="sdfootnote5anc"><sup>5</sup></a></span><p></p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.5cm;"></p><p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.5cm;"><span style="font-style: normal;">Toutes
les mythologies témoignent de l'incapacité pour les cultures
d'attendre le moment ultime de la mort pour visiter les enfers. En
fait, malgré les cerbères qui en gardent les portes, on y passe
comme</span><span style="font-style: normal;">dans une passoire. La curiosité entraîne ainsi les hommes à
visiter leur future résidence par</span><span style="font-style: normal;"> des </span><i>descentes aux enfers</i><span style="font-style: normal;">
qui, de Gilgamesh à <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhbRv7ZkzL6wzq9jb_iAFwHGf5VuRyfFudqIZ_O66RNfqkVmLNH_54XnO521mnEhPoohHLgb91kVdKdT0zTFg42BAbxyFVYOprAcP-SaRB55CwaoWJEHztur3VnJgo0YGoD4lg8aueMwfh2/h120/index.jpg">Homère</a>, à Virgile, à Jésus même avant Dante
et tant d'autres, </span><span style="font-style: normal;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-style: normal;"><i><span style="font-style: normal;"></span></i></span></span></span></span></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right; margin-left: 1em; text-align: right;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi50ajswAHF0H30kW014XxzCLvr9knQj5huH8Fw6h0MgQ3t1ir8FpKNAItr0e-52FYa8E1UGr-DzvQDei3Rcj9vKxSyU8VeVXnchSWr2NwLMjZXkwwxnZZB13Yz8okA6LytCe4l3hLIavo9eMnH65Y-ALfQzCuSCg6oua6l6zm8bMlF1MeYN7PyPU4wPQ/s239/index.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="211" data-original-width="239" height="282" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi50ajswAHF0H30kW014XxzCLvr9knQj5huH8Fw6h0MgQ3t1ir8FpKNAItr0e-52FYa8E1UGr-DzvQDei3Rcj9vKxSyU8VeVXnchSWr2NwLMjZXkwwxnZZB13Yz8okA6LytCe4l3hLIavo9eMnH65Y-ALfQzCuSCg6oua6l6zm8bMlF1MeYN7PyPU4wPQ/w320-h282/index.jpg" width="320" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Ulysse aux enfers<br /></td></tr></tbody></table>font de ces pèlerins des explorateurs qui
racontent par écrit leurs expériences et leurs rencontres faites
dans les mondes infernaux. Dans la haute-antiquité, il y avait moins
à craindre des enfers que dans le monde chrétien, puisque la vie
aux enfers n'y était que la continuation de la vie terrestre. Aucune
compensation n'étant prévue, «<i>ce sont toujours les mêmes
qui souffrent. En outre, ils se vengent sur les autres, dont le sort
n'est d'ailleurs pas non plus très enviable : ils errent dans
l'obscurité et dans la poussière. Notons l'absence de démons
tourmenteurs. Les enfers ont bien des gardiens, qui veillent à ce
que personne ne s'échappe, mais point n'est besoin d'inventer des
supplices : les "damnés", rongés par leur ressentiment et
se déchirant les uns les autres, sont leurs propres bourreaux</i><span style="font-style: normal;">».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote6sym" name="sdfootnote6anc"><sup>6</sup></a> En ce sens, les enfers n'étaient que le miroir réflexif de la vie
terrestre </span><p></p><p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.5cm;"><span style="font-style: normal;">C'est
dans la civilisation assyro-babylonienne, héritière de Sumer et
d'Akkad, que nous retrouvons les premières exigences morales élevées
capables de faire des enfers un lieu de justice. À l'instar des
codes judiciaires élaborés à partir du II</span><sup><span style="font-style: normal;">e</span></sup><span style="font-style: normal;">
millénaire avant notre ère - tel le fameux code d'Hammourabi -, les
exigences morales «</span><i>supposent..., que les dieux, comme le
roi, punissent les coupables. Et comme celui exercé par la justice
royale, le châtiment est immédiat et terrestre. Il se traduit par
des malheurs divers : accidents, maladies, pauvreté, stérilité.
C'est bien une justice immanente, dont les effets se font sentir</i><i> jusque dans l'au-delà, puisque les malheurs de cette vie se
prolongent après la mort</i><span style="font-style: normal;">».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote7sym" name="sdfootnote7anc"><sup>7</sup></a>
Autant dire que</span><span style="font-style: normal;"><i> </i>l'idée d'un enfer punitif s'est installé d'abord en
ce monde avant qu'il ne soit projeté dans l'au-delà.</span><span style="font-style: normal;"><i> </i>Ceux qui
commettent des péchés en cette vie sont châtiés immédiatement :
«</span><i>"<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgK2NmHYW_RGEJbKN_LSYFu1Hws21lhogd3y1D2Sz13BKJIllGBldH4oalXs2C3Incs4iexvpFaxXsLjnScW5HSVmwfFgKyuf4pu6Mm5kxJe3EQ6W3pGJBhBgeicRbjDG1PvsNhNdnEKPEK/h120/Le+dieu+des+Enfers+Nergal.png">Je</a> suis pécheur et c'est </i><i><span style="font-style: normal;"><span style="font-style: normal;"><i><span style="font-style: normal;"></span></i></span></span></i></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left; margin-right: 1em; text-align: left;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEigbY8tUX5ujaguoaQbQV0w3c879mJbPznQlpLTupJJ-M8e7xmEKLXzwcJmKdKARYUbP6R5mpfqWWHzUMiytRRKYAPnyq8i1Z4MtPMJE0zxZaH_YIfi2k9Sjrtc4AZN_1Pb1rnAEXWtiU0YS8OD09JXO8wlWEyR45uW0z0uxqUOpTM9eREQoe5iet2TyQ/s800/Le%20dieu%20des%20Enfers%20Nergal.png" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="512" data-original-width="800" height="205" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEigbY8tUX5ujaguoaQbQV0w3c879mJbPznQlpLTupJJ-M8e7xmEKLXzwcJmKdKARYUbP6R5mpfqWWHzUMiytRRKYAPnyq8i1Z4MtPMJE0zxZaH_YIfi2k9Sjrtc4AZN_1Pb1rnAEXWtiU0YS8OD09JXO8wlWEyR45uW0z0uxqUOpTM9eREQoe5iet2TyQ/w320-h205/Le%20dieu%20des%20Enfers%20Nergal.png" width="320" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">L'ombre d'Enkidu décrit l'enfer à Gilgamesh<br /></td></tr></tbody></table><i>pourquoi je suis malade",
dit un hymne babylonien. Le prêtre tente d'obtenir la rémission de
ces fautes. En cas d'échec, le malheureux souffrira également dans
l'au-delà</i><span style="font-style: normal;">».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote8sym" name="sdfootnote8anc"><sup>8</sup></a>
«</span><i>Ténèbres et poussières : ces deux éléments
caractérisent les enfers mésopotamiens, dans lesquels les esprits,
ailés, volent au hasard, avec pour nourriture de la boue. Tout
espoir de fuite est vain : sept murailles aux portes verrouillées en
défendent l'accès, à l'image des formidables fortifications
babyloniennes de cette époque</i><span style="font-style: normal;">».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote9sym" name="sdfootnote9anc"><sup>9</sup></a>
À cette image, les Assyriens, apporteront une «</span><i>teinte
plus sauvage et plus terrifiante</i><span style="font-style: normal;">»;
«</span><i>un royaume peuplé de dieux monstrueux, mi-hommes,
mi-animaux. Nedu, le gardien, a une tête de lion, des pieds
d'oiseau, des mains humaines; Mamitu a une tête de chèvre, des
mains et des pieds humains. "Le </i><span style="font-style: normal;">défenseur
du mal </span><i>avait une tête d'oiseau; ses ailes étaient
ouvertes et il volait çà et là; ses pieds et ses mains étaient
humains</i><span style="font-style: normal;">». «</span><i>Saisi par
le dieu infernal, Kummâ raconte : "L'enfer était plein de
terreur; devant le prince, tout était immobile. Il hurla
furieusement et me lança un cri épouvantable comme une tempête
furieuse; son sceptre, qui accompagne la divinité, pleine de
terreur, comme une vipère, il le brandit vers moi pour me tuer"</i><span style="font-style: normal;">».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote10sym" name="sdfootnote10anc"><sup>10</sup></a></span><p></p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.5cm;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhdTdPZUmh1DHqudpvEBqlRSjXefUbF3lYUYih7pDEvIYy14Z2xW3nEyOk6vBkXWGlDFPWsW_ZuYzi8m6o2e7ubcO6_Y_kIeVEDJXT5G4P7yRxKHF1rYOfK_Fpg_uGpdTVcGK3-UZDcefkWKebkUdiv4-P4w5DzYd-vyxQx900VIGU5f-uZC7NaSpX_5A/s431/Assourbanipal_Elam1.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="431" data-original-width="320" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhdTdPZUmh1DHqudpvEBqlRSjXefUbF3lYUYih7pDEvIYy14Z2xW3nEyOk6vBkXWGlDFPWsW_ZuYzi8m6o2e7ubcO6_Y_kIeVEDJXT5G4P7yRxKHF1rYOfK_Fpg_uGpdTVcGK3-UZDcefkWKebkUdiv4-P4w5DzYd-vyxQx900VIGU5f-uZC7NaSpX_5A/w298-h400/Assourbanipal_Elam1.jpg" width="298" /></a></span>Minois
attribue «</span><i>cette dégradation de la vision de l'enfer</i><span style="font-style: normal;">»
à «</span><i>la cruauté des <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiQfotwwIsWy7mpml2TtCQkhqsYmsQbGEh7oOghZOdq9grVydURGr54PGv9PfrnvW32kVT0Rp6qurjUwocMqdjOd5icwOHBfmAZxNeVoad89zthvejdihGUxrlf9EijFasJOzl2veHrRT1D/h120/Assourbanipal_Elam1.jpg">militaires assyriens</a>. Les annales
royales sont remplies des supplices infligés par le souverain à ses
ennemis vaincus : on empale, on coupe les membres, on écorche, on
crève les yeux. Le monde infernal subit les répercussions de ce
déchaînement de férocité; à l'image du monde des vivants, il est
gagné par l'épouvante, d'autant que sur terre les rois s'acharnent
contre les morts afin de leur rendre l'"existence" plus
pénible ou même de provoquer leur anéantissement, leur seconde
mort</i><span style="font-style: normal;">».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote11sym" name="sdfootnote11anc"><sup>11</sup></a>
Cette invention de la </span><i>seconde mort </i><span style="font-style: normal;">complète
la définition primitive des enfers. Non seulement s'agissait-il de
lieux où le damnés se voyaient purifié de ses fautes, mais aussi
là où se déciderait de son éventuelle résurrection (ou
réincarnation) ou de son complet anéantissement.</span></p><p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.5cm;"></p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.5cm;"><span style="font-style: normal;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjkQ1sG0jCP-M4C01NFy03f6c8n5-_LrWNEz-GLSeb5nRLZ5UIQNe5EUNI26DuSRtg2Z4sK7VoMF0MxZ7UKJsKJh6zw5ibdmGkTvEfoHMF_ISxgcAVz9tL3_Yp1-O_Cem0xffrZw9X_0WYujHCeidAK5yScm0wU-Qeakb9h0kbnVEB5ZhYr48h2qEPFWA/s1280/Sheols.webp" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="870" data-original-width="1280" height="218" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjkQ1sG0jCP-M4C01NFy03f6c8n5-_LrWNEz-GLSeb5nRLZ5UIQNe5EUNI26DuSRtg2Z4sK7VoMF0MxZ7UKJsKJh6zw5ibdmGkTvEfoHMF_ISxgcAVz9tL3_Yp1-O_Cem0xffrZw9X_0WYujHCeidAK5yScm0wU-Qeakb9h0kbnVEB5ZhYr48h2qEPFWA/s320/Sheols.webp" width="320" /></a></i>Proche
de ce monde assyro-babylonien végétait le peuple hébreux chez qui
on retrouve le </span><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhv9S4JnE9QjamzDYwO8UXEL-bgS1phaihO2mYgNw2ht9R-xhokCJy8QPvHLYWwvCpmmywFrN8YO_08CZZCXfsbhYcU2uBKxmyhXaBiabJOFPiv41A9XrsFetVtaghhMVnp7zW7Bk1rPEQP/h120/Sheols.webp">shéol</a>, </i><span style="font-style: normal;">«</span><i>lieu
souterrain situé "dans les profondeurs de la Terre"
(Psaumes 63, 10); pour s'y rendre, il faut descendre... Il s'agit
donc d'un vaste trou, qui, suivant les textes, prend l'allure d'un
puits, d'une citerne, d'un gouffre, d'une fosse... Comme chez les
Babyloniens, cette cavité souterraine gigantesque est fermée par
une solide porte; c'est une prison dont on ne peut sortir...
L'obscurité complète, le silence absolu, la boue, la poussière,
les vers et la vermine règnent dans cette demeure. On n'y descend
pas de gaieté de cœur, ainsi que l'exprime Job : <br /></i></p>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><i></i></p><blockquote><p style="margin-bottom: 0cm;"><i>Ne sont-ils pas peu nombreux, les
jours de mon existence?</i></p>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><i>Laisse-moi que je respire un peu,</i></p>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><i>Avant que je n'aille, pour n'en pas
revenir,</i></p>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><i>À la terre d'obscurité et de
ténèbres.</i></p>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><i>Terre d'ombres noires comme la nuit,</i></p>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><i>Ténèbres sans midi, et où la
clarté est comme ombre. (Jo 10, 20-22)</i></p>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><br />
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><i>Qu'ai-je à espérer? Les enfers
sont ma demeure.</i></p>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><i>De ténèbres j'ai capitonné ma
couche.</i></p>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><i>Au charnier, j'ai clamé : "Tu
es mon père"</i></p>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><i>À la vermine : "Ô ma mère, ô
ma sœur!"</i></p>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><i>Où donc est passée mon espérance?</i></p>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><i>Mon espérance, qui l'entrevoit?</i></p>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><i>Au fin fond des enfers elle
sombrera,</i></p>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><i>Quand ensemble, nous nous
prélasserons dans la poussière (Jo. 17, 13-16)</i><span style="font-style: normal;">».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote12sym" name="sdfootnote12anc"><sup>12</sup></a></span></p></blockquote><p style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-style: normal;"><a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote12sym" name="sdfootnote12anc"><sup></sup></a></span></p></div><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;"></div><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<p style="margin-bottom: 0cm;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiF-giA1L6m8IpbPTS3VPFmjtYoVyaTsMvk7K2I_hHgZLvuobzH65oeHOLBDYEhI3WZZJH_K9sFyRqcZLNIbHikymDOZIrHojyr2FajusafTs1sL0lWtUB9dTw5MVsp5Wqerhjj9Unofgva3WvtlfgHNQQeYYIxLIyaQ0ML123KDMfaQhhdGnMTX6bBdg/s400/image_6791504_20220129_ob_71f6b2_naraka03.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="400" data-original-width="314" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiF-giA1L6m8IpbPTS3VPFmjtYoVyaTsMvk7K2I_hHgZLvuobzH65oeHOLBDYEhI3WZZJH_K9sFyRqcZLNIbHikymDOZIrHojyr2FajusafTs1sL0lWtUB9dTw5MVsp5Wqerhjj9Unofgva3WvtlfgHNQQeYYIxLIyaQ0ML123KDMfaQhhdGnMTX6bBdg/s320/image_6791504_20220129_ob_71f6b2_naraka03.jpg" width="251" /></a><span style="font-style: normal;">En
Inde</span>, à la fin du II<sup>e</sup> millénaire avant notre ère,
à l'époque védique, on retrouvait là aussi un trou (<i>karta</i><span style="font-style: normal;">),
une prison (</span><i>vavra</i><span style="font-style: normal;">) ou
un gouffre (</span><i>parshana), </i><span style="font-style: normal;">proche
du shéol hébraïque, le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgfhsZlql63oACQc-ts4OfEFMP-mLzQHN5PJBl_M10yakrxNZshLMc5_X1B2_D7S_KYzgwIpxTLYn8RFOaJWmMbgd70g5pJVtbmRI1EsznFHVRVewpYTiu2XHP4KWZ8NtDCsB4ZqztC32JM/h120/image_6791504_20220129_ob_71f6b2_naraka03.jpg">Naraka</a>, composé de plusieurs endroits spécifiques aux types de péchés commis : «</span><i>Dans cette demeure souterraine, le
</i><span style="font-style: normal;">preta, </span><i>ou trépassé,
mène une vie de fantôme. N'éprouvant plus ni sentiments, ni
sensations, il erre et remonte parfois tourmenter les vivants.
Rien... n'indique l'existence d'un jugement et d'une séparation des
bons et des méchants dans le </i><span style="font-style: normal;">Rig
Veda </span><i>et dans l'</i><span style="font-style: normal;">Atharva
Veda».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote1sym" name="sdfootnote1anc"><sup>13</sup></a>
Dans le monde germanique, proche parent indo-européen, on retrouve
une «</span><i>vision d'un enfer souterrain pour tous, sans
supplices, où les ombres des défunts errent dans une brume froide</i><span style="font-style: normal;">»;
«</span><i>là, le monde des morts est le Hel, ou "endroit
caché", d'où dérivent l'anglais </i><span style="font-style: normal;">hell
</span><i>(enfer), l'allemand </i><span style="font-style: normal;">Hölle
</span><i>(enfer), </i><span style="font-style: normal;">hehlen
</span><i>(dissimuler); c'est aussi un trou un creux (anglais </i><span style="font-style: normal;">hole,
</span><i>allemand </i><span style="font-style: normal;">Höhle</span><i>),
tandis que le latin utilisera </i><span style="font-style: normal;">infernum
</span><i>(lieu d'en bas) dans les traductions de la Bible, et inferi
pour les enfers païens</i><span style="font-style: normal;">».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote2sym" name="sdfootnote2anc"><sup>14</sup></a>
Ces thèmes se retrouveront également parmi les Scandinaves et les
Celtes préchrétiens.</span></p>
<p style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p><p style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-style: normal;">Par
contre, il en allait tout autrement dans l'Hadès des Grecs, où on y
retrouvait deux juges : Rhadamanthe, le héros crétois, renommé
pour sa sagesse et pour sa justice - sans que
l'on sache exactement de quoi il jugeait - </span><span style="font-style: normal;"><span style="font-style: normal;"> et son frère Minos.</span>. Ulysse qui, dans l'</span><i>Odyssée,
</i><span style="font-style: normal;">y fait une courte visite, n'y
voit que des divinités tourmentées par les rancunes de Zeus. Lieu
lugubre, «</span><i>"à Hadès échurent les ténèbres
brumeuses, à Zeus échut le vaste ciel", indique </i><span style="font-style: normal;">L'Iliade.
</span><i>L'entrée se trouve à l'extrémité du monde, là où
coule le fleuve Océan, très loin vers le couchant. </i><span style="font-style: normal;">[...]
</span><i>C'est un monde souterrain très inquiétant : </i><span style="font-style: normal;">L'Iliade
</span><i>parle des "demeures terribles, vastes, qui font
frissonner les dieux mêmes", "chez Hadès, dans les
profondeurs cachées de la Terre". Monde clos - "L'Hadès
aux portes fermées", dit Athéna - qui, dans Hésiode,
ressemble à une jarre gigantesque ou à une caverne, fermé par une
porte solide qu'on ne voit qu'avec effroi : "Je hais comme les
portes d'Hadès", a coutume de dire Achille </i><span style="font-style: normal;">[...].
</span><i>Dans ce monde qui, selon Hésiode et Homère, est humide et
sent le moisi, il existe un étonnant réseau hydrographique : le
fleuve Océan, qui le sépare du monde des vivants, son affluent, le
Styx, et un sous-affluent, le Cocyte; quant à l'Achéron, c'est à
la fois un fleuve de feu et d'eau glaciale</i><span style="font-style: normal;">».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote1sym" name="sdfootnote1anc"><sup>15</sup></a>
Ce qu'il faut retenir, c'est que cet enfer a deux niveaux, car sous
l'Hadès se trouve, en effet, le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhSItz4LS8NvMOSbQRYuar9At1i-I-oo-xBa3uN3USBUiOeu34CuKuGfBBtrqoNF5Gi7zQz_8-BlSMW0fMqQKNchkL_YH7Wfl7w8WaeRucrHsdiyGNor2bSGUneIMTEBuiZYRmL30E46yR-/h120/index.jpg">Tartare</a>, «</span><i>lieu profond,
prison des Titans, dont on ne revient pas. Zeux menace d'y envoyer
les immortels qui lui désobéiraient... La distinction Hadès-Tartare
indique déjà le début d'une différenciation entre les réprouvés
: on la retrouvera dans le christianisme, entre l'enfer supérieur,
d'où dérivera le purgatoire, et l'enfer inférieur, résidence de
Satan</i><span style="font-style: normal;">».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote2sym" name="sdfootnote2anc"><sup>16</sup></a></span></p>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj-CYOazIuZs0ksHlwz-7ZDrYBqfEyNBZPBLM5UxFo2C4pCgQ2qddjq4vWA7DKfCpWKbSmaMPLY_qTlf1x6ChZsUpjgKMIH02MSk5x-eHOseFz2h-eFLH0-Qcf2dKmWBpHc2w-PKWpZ5bq8oteQKqbXlS_OixFDYjOh9SI2QDbM8lqtmsKp1GIQ2GXDDw/s311/index.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="162" data-original-width="311" height="208" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj-CYOazIuZs0ksHlwz-7ZDrYBqfEyNBZPBLM5UxFo2C4pCgQ2qddjq4vWA7DKfCpWKbSmaMPLY_qTlf1x6ChZsUpjgKMIH02MSk5x-eHOseFz2h-eFLH0-Qcf2dKmWBpHc2w-PKWpZ5bq8oteQKqbXlS_OixFDYjOh9SI2QDbM8lqtmsKp1GIQ2GXDDw/w400-h208/index.jpg" width="400" /></a></div><p style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-style: normal;">«</span><i>Aussi
loin que nous puissions remonter, les Égyptiens ont cru à la survie
des morts dans un monde semblable au nôtre, où tous mènent le même
genre d'existence, de manière atténuée, toutefois, et susceptible
de dégradation progressive. Le défunt vit dans son cadre habituel,
il utilise ses meubles et ses objets personnels, mais les différences
sociales sont abolies</i><span style="font-style: normal;">».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote3sym" name="sdfootnote3anc"><sup>17</sup></a>
Plus que dans aucun autre lieu du </span><i>croissant fertile, </i><span style="font-style: normal;">nous
retrouvons chez les Égyptiens, un </span><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgdAXWT2Hg9jVhyqjSsnICSpShOpNTHYdweBmA4aBI6hEx79f3gHvDZ08XCQesCYNqbiB6XluVdGlqtBymoqNQzUEfZaSdPnXGLpIb4pTZ6p4MEJR_okm1OLEGBvA0BYSv-aEUEunmSQdIF/h120/Bookdead.jpg">Livre des morts</a>,
</i><span style="font-style: normal;">véritable examen de conscience
que l'individu récitait comme une litanie pour témoigner de sa
droiture morale. «</span><i>Que signifie cette litanie qui
s'accompagne de formules d'autosatisfaction?</i><span style="font-style: normal;">»,
se demande Minois. Pour l'historien, «</span><i>cette récitation
équivaudrait à une purification, le défunt rejetant hors de
lui-même toutes les formes de mal. D'une civilisation à l'autre, la
liste des péchés apparaît remarquablement constante : négliger
les devoirs envers la divinité, voler, tuer, commettre l'adultère,
tromper les autres, les léser de quelque façon que ce soit, mentir,
de manière générale manquer de solidarité envers les hommes. Ces
fautes ne peuvent être toutes sanctionnées sur terre car beaucoup
sont secrètes, et l'on doit s'en défaire après la mort. La
déclaration d'innocence du </i><span style="font-style: normal;">Livre
des morts </span><i>serait ainsi plutôt l'équivalent d'une
confession et d'un renoncement à toutes les formes du mal. Mais
c'est aussi la reconnaissance de la culpabilité générale des
hommes, chacun à commis au moins une fois dans sa vie ces fautes</i><span style="font-style: normal;">».<sup>18 </sup></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiwU7tk6IHW3DfTpoWj77qwyalIlKGGdRaRxIu-Ny2i-00wY71VH1H6KTJ9QAwxGwbQq6FlcQa9k8XboRr4spafddzWesXeTxUJVVU65q7MED_S50RJVoE8aMgr4ftKeYxHKcZarVfrn5LjOarCjcHlgJeO4cMszim794yYY044B0nd7b86PuzvFHVgVA/s624/Bookdead.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="322" data-original-width="624" height="206" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiwU7tk6IHW3DfTpoWj77qwyalIlKGGdRaRxIu-Ny2i-00wY71VH1H6KTJ9QAwxGwbQq6FlcQa9k8XboRr4spafddzWesXeTxUJVVU65q7MED_S50RJVoE8aMgr4ftKeYxHKcZarVfrn5LjOarCjcHlgJeO4cMszim794yYY044B0nd7b86PuzvFHVgVA/w400-h206/Bookdead.jpg" width="400" /></a></div><p style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-style: normal;">La
particularité du </span><i>Livre des morts, </i><span style="font-style: normal;">c'est
de concevoir que le défunt avait encore un rôle à jouer dans
l'au-delà, affirmant sa rectitude morale qui le rendrait apte à
échapper à l'anéantissement définitif. Il s'agit du démembrement
qui entraînerait, à l'exemple du mythe d'Osiris tué et découpé
par son frère Seth, la destruction de l'unité de la personne.
Aussi, une série de tortures visant à l'anéantissement du méchant
le conduisait à la seconde mort : «</span><i>Tortures variées et
atroces mais non gratuites, et qui ont pour but de le réduire au
néant</i><span style="font-style: normal;">»<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote5sym" name="sdfootnote5anc"><sup>19</sup></a>
:</span></p>
<p style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"></p><blockquote>«<i>L'anéantissement
peut être obtenu par l'action d'Ammit, cet animal monstrueux à la
tête de crocodile et au corps de lion et d'hippopotame qui dévore
les méchants à la suite du jugement, comme on le voit sur des
fresques tardives. Cependant, le processus est souvent </i><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiFoJOuXzWGLHiqDSKnS9cYs7v0avw5cGkrKLQeY5aw3bkBL-SILjDu7ISRVYM6QakIzRuHS8YznqVi-dFoeRiqNU-X4B70tV6Z5isfzG_SSqILpeMbKcKj1ENtG-iMjDvuSx2rrbD0UJfsuYEeaDty2QfLilyMq0vMg5CeeiL3Ut6ycQLvajPYdl0Bxg/s678/HISTORY.webp" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="678" data-original-width="362" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiFoJOuXzWGLHiqDSKnS9cYs7v0avw5cGkrKLQeY5aw3bkBL-SILjDu7ISRVYM6QakIzRuHS8YznqVi-dFoeRiqNU-X4B70tV6Z5isfzG_SSqILpeMbKcKj1ENtG-iMjDvuSx2rrbD0UJfsuYEeaDty2QfLilyMq0vMg5CeeiL3Ut6ycQLvajPYdl0Bxg/s320/HISTORY.webp" width="171" /></a>beaucoup plus
long. Les "damnés", que les Égyptiens appellent les
"morts", par opposition aux "transfigurés", sont
entassés dans des espaces obscurs et restreints; ils sont nus,
boivent leur urine et mangent leurs excréments; la puanteur est
insupportable; plaintes et gémissements sont les seuls bruits de
cette atroce prison où tout se déroule à l'envers et où l'on
marche sur la tête. Dans d'autres représentations, ce processus de
déshumanisation est remplacé ou suivi par un dépeçage actif : la
décapitation est fréquente, en particulier dans les peintures de la
tombe de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhbPcrHUYRwxmJDx4n_QrOKojSb3_J5Y79_H8mmQzxtn6H4mrohdg_W6x4ObgxRVi5bEl5_er_PoWJic1-M7T1O3I_nLlylxC6UWOmzwYWNM-dqwTQ2W8AEpiVPnoJT_rRBtiiNuJwZq7dh/h120/HISTORY.webp">Ramsès IV</a>, où les victimes sont représentées
alternativement en rouge (le sang) et en noir (l'anéantissement);
ailleurs, des épées enflammées découpent les corps attachés à
des poteaux de torture ou enfermés dans des cages; chaque élément
de la personnalité est détruit séparément : le </i>bà, <i>élément
spirituel comparable à l'âme, le cœur, l'ombre elle-même sont
déchirés, piétinés et surtout anéantis par le feu : bouillis
dans des chaudrons, jetés dans des étangs de feu, sur des charbons
ardents, brûlés par des serpents cracheurs de flammes, et ainsi de
suite</i>».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote6sym" name="sdfootnote6anc"><sup>20</sup></a></blockquote><a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote6sym" name="sdfootnote6anc"><sup></sup></a><p></p>
<p style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">Les chrétiens
hériteront beaucoup de cet imaginaire infernal des Égyptiens, mais
ils n'en retiendront que les aspects superficiels alors que pour les
Égyptiens, il y avait là la prémonition d'une destruction totale
des composantes des individus. Ce qu'en héritera l'enfer des
chrétiens, c'est surtout la <i>peine des sens </i>: obscurité,
bruit, puanteur, feu et déchirure des chairs : «<i>L'enfer égyptien
vise à la destruction des méchants, non à leur souffrance
perpétuelle. Il incarne le désordre, comme le montrent les motifs
de condamnation retenus contre eux : ces motifs sont toujours d'un
ordre très général. Peu importe le détail de leurs fautes; ce qui
compte, c'est qu'ils ont favorisé les forces de désordre et mis en
danger le </i>Maat, <i>l'ordre social et cosmique</i>».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote7sym" name="sdfootnote7anc"><sup>21</sup></a>
Les images se mettent en place et à l'approche de notre ère; tous
ces éléments appelés à constituer la vision occidentale de
l'enfer participeront du syncrétisme chrétien.</p>
<p style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">Il est notable qu'à
partir du V<sup>e</sup> siècle avant J.-C, la philosophie grecque
commençât à sérieusement réinterroger l'existence de l'Hadès.
Platon s'efforça de considérer que la mort était suivie d'un
jugement, mais par qui et pour quoi? Les dialogues sont fort
contradictoires sur ces points. Il se montre le plus <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgWnuiCNBLRFP4sOvF8w2gJX7Wpf3f6ZrcH8b8-MmFc51q5aIBLZ8xOlzO7IUbgOEP3Bjd5lpIG9I6bzGRjIdUJDOzlsb1Sx2jfSedKetVBuDkfxxcktZDdv1tnABv6y9YfFSzhPD9PIYe5BC5bAQ6bobUv65emt4ww9L0aDKRrBE_-Q-NcvludR8vagg/s500/510BRDlXPUL.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="313" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgWnuiCNBLRFP4sOvF8w2gJX7Wpf3f6ZrcH8b8-MmFc51q5aIBLZ8xOlzO7IUbgOEP3Bjd5lpIG9I6bzGRjIdUJDOzlsb1Sx2jfSedKetVBuDkfxxcktZDdv1tnABv6y9YfFSzhPD9PIYe5BC5bAQ6bobUv65emt4ww9L0aDKRrBE_-Q-NcvludR8vagg/w250-h400/510BRDlXPUL.jpg" width="250" /></a>précis dans le
<i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj9apob2Ovsnl5FtjLhwWHanFW-udFcQ-_hX3EvU-QgrgTP3U7QYFlzqdmBr-d1c70YL7KPJ5YefQSsjzlFnRXHTENOGUoduFulh04xVYaV-HOf2-qQn4kIZ1MquE50r5TsYXH0P6oNyDhG/h120/510BRDlXPUL.jpg">Phédon</a> </i>où il donne «<i>une description de la géographie
des enfers : dans les profondeurs de la Terre se trouvent une
multitude de cavités plus ou moins grandes, plus ou moins profondes,
communiquant les unes avec les autres, où coulent des fleuves de
boue, de feu, d'eau froide et chaude qui débouchent parfois à
l'extérieur, comme en Sicile. Pendant des siècles se transmettra la
tradition selon laquelle se trouve sur cette île une des entrées
des enfers. Au centre du dispositif figure le Tartare, vers lequel
convergent tous ces fleuves et d'où ils se ramifient, au rythme de
l'infernale respiration. Platon entreprend ensuite la fastidieuse
énumération de ces fleuxves et des mécanismes de leur
courant...</i>».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote8sym" name="sdfootnote8anc"><sup>22</sup></a>
Conscient que tous ne seraient pas convaincus par ses mythes, plus
comptait à ses yeux leur signification que leur exactitude réelle.
Ici, ce n'étaient point les manifestations sadiques des enfers
populaires qui le retenaient plutôt qu'une conception philosophique
de l'enfer et de son rôle au niveau de la prise de conscience de
soi.</p>
<p style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">Ce ne sera point
l'objectif du poète latin Virgile qui entreprendra, à travers son
héros, Énée, une <i>descente aux enfers. </i>Virgile, le guide du
Dante, situait son entrée des enfers dans le marais de l'Achéron,
près de Cannes, en Campanie, le lac Fusaro : «<i>L'entrée se
présente sous la forme d'une </i><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgJHUMG2Rtw1wzPk4BpVS7Z_xglQntkIH4Hd_ZdGwaVCjEkxBf6PL0HWFgbXwAcz7YWwaT_ZNYkMDbUX2hwYdygeZlLSb6tUBwt2Vp9vD56yPE96nSEQMm2SHctIFaktfBDEDO4c8HbuKutNi1SGVOYzI_VNYWTtANJg-pXNvunknqcNhP5urVWYuFN3g/s1800/jan-brueghel-ancien-enee-sibylle-aux-enfers-galerie-colonna-rome-02.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1492" data-original-width="1800" height="265" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgJHUMG2Rtw1wzPk4BpVS7Z_xglQntkIH4Hd_ZdGwaVCjEkxBf6PL0HWFgbXwAcz7YWwaT_ZNYkMDbUX2hwYdygeZlLSb6tUBwt2Vp9vD56yPE96nSEQMm2SHctIFaktfBDEDO4c8HbuKutNi1SGVOYzI_VNYWTtANJg-pXNvunknqcNhP5urVWYuFN3g/s320/jan-brueghel-ancien-enee-sibylle-aux-enfers-galerie-colonna-rome-02.jpg" width="320" /></a>caverne entourée d'eaux noires, d'où
sortent des exhalaisons nauséabondes. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEitjMeuA4zxB2OrTMk8weu_zVOijyT4xr6Zk8YaXoRHZBst7t0U2Ub7w0TYHtlMl-x-spEBkR0SKj5e-XXYMA47H5JHzvFSEzVjs9MeEUD0Q8c94qVOX5dPPTY_Wv1OCpklofHJQ2c13g9W/h120/jan-brueghel-ancien-enee-sibylle-aux-enfers-galerie-colonna-rome-02.jpg">Énée et la Sibylle</a> s'y
engouffrent, puis la descente commence, dans le noir : "Ils
allaient, obscurs, dans la nuit solitaire, à travers l'ombre et à
travers les demeures vides et le vain royaume de Dis : tel, le chemin
qu'on fait dans les bois, par une lune incertaine sous une méchante
lumière, quand Jupiter a enfoui le ciel dans l'ombre et que la
sombre nuit a enlevé aux choses leur couleur". Dans le
vestibule résident de lugubres personnages : le deuil, le remords,
la maladie, la vieillesse, la peur, la faim, la pauvreté, la guerre,
la souffrance, la mort, la prison, la discorde. Allégories fort
significatives : par l'intermédiaire de ces maux, l'enfer a des
prolongements sur terre; l'idée d'un enfer commençant dès la vie
présente naît ainsi dans ces images. À partir de là, certains
philosophes n'hésiteront pas à transférer la maison mère dans ses
succursales terrestres</i>».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote9sym" name="sdfootnote9anc"><sup>23</sup></a>
Dans cette première étape, l'enfer latin ressemblait à celui du
shéol des Hébreux ou des cavernes germaniques. Le véritable enfer
commence lorsque la Sibylle entraîne Énée dans le Tartare :</p><p style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"></p><blockquote>«<i>Le Cnossien
Rhadamanthe exerce en ces lieux son très dur pouvoir; il met les
fourbes à la torture et à la question, et les contraint d'avouer
les forfaits qu'ils se flattaient en vain </i><i>d'avoir cachés chez les
gens d'en haut, et dont ils différaient l'expiation jusqu'à l'heure
tardive de la mort. Tout de suite, armée d'un fouet, la vengeresse
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhbfW0iOMGxgzrC7XgILscQF2uRqDFWBOdfDD-5gcijCw55S6F5596FBZ91_vq8ir6D0gAjMA0JA0hjatJE_QRiKkfR4AbXm6K-ATQMEGV1XVGAfrBqO1ttij4YR0T4GUxxhGsBXgjp5zgP/h120/Tisiphone.webp">Tisiphone</a>, sautant sur les coupables, les flagelle, et, de sa main
gauche, brandissant vers eux ses reptiles torves, </i><i><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgHcYJBxLvQWvBdg0t39WQCDZMsqYfpWwcjVzKwVVUjQxRRhD2AdgBf2oemdfo_HB3rH4VHHWe-x5QT2wb9Ob_niz8aQxwZiEjTwJqi6fytCVnjirXDhENgp1GQ6G2A7XuZTlg-03WQ5_GURJEIEZBLCdrOGbai0gPKr7setXz2IT_VLqa6IEfUbcoVMg/s1627/Tisiphone.webp" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1349" data-original-width="1627" height="266" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgHcYJBxLvQWvBdg0t39WQCDZMsqYfpWwcjVzKwVVUjQxRRhD2AdgBf2oemdfo_HB3rH4VHHWe-x5QT2wb9Ob_niz8aQxwZiEjTwJqi6fytCVnjirXDhENgp1GQ6G2A7XuZTlg-03WQ5_GURJEIEZBLCdrOGbai0gPKr7setXz2IT_VLqa6IEfUbcoVMg/w320-h266/Tisiphone.webp" width="320" /></a></i>appelle la troupe
farouche de ses sœurs [...]. Au-dedans, plus farouche encore se
tient une hydre mons-trueuse aux cinquante gueules noires et béantes.
Puis le Tartare lui-même s'ouvre en profondeur et s'étend sous
l'empire des ombres deux fois autant que le regard mesure d'espace
dans le ciel d'Olympe éthéré [...]. Je pouvais voir encore Tityos,
ce nourrisson de la Terre, mère de toutes choses, dont le corps
recouvre neuf arpents entiers : un monstrueux vautour au bec
recourbé, rongeant son foie immortel et ses entrailles fécondes en
supplices, y fouille pour trouver sa pâture, et habite sous sa
profonde poitrine, et ne laisse point de relâche à ses fibres
toujours renaissantes. À quoi bon te parler des Lapithes, d'Ixion,
de Pirithoos? Les uns roulent un énorme rocher ou pendent écartelés
aux rayons d'une roue; l'infortuné Thésée est assis et demeurera
assis éternellement; Phlégyas, le plus malheureux, les avertis tous
et les prend à témoin, de sa grande voix, dans l'ombre : "Apprenez
par mon exemple à respecter la justice à ne pas mépriser les
dieux"...</i>».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote10sym" name="sdfootnote10anc"><sup>24</sup></a></blockquote><p></p>
<p style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">C'est ainsi que
<i>L'Énéide </i>apparaît bien comme «<i>le premier grand manuel
touristique de l'enfer</i>», pour reprendre l'expression de Minois.<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote11sym" name="sdfootnote11anc"><sup>25</sup></a>
Comme il existait un lien entre l'enfer assyro-babylonien et le code <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjfQI20tlBqgQkMpxMcZKWFoJNtvPf5tVaCUf7l_S0gEW3QpM0_Hnagbl9fPe326XVuSX9GoOdNw7uwFAsn8WwpBaYXx2zCvhCAI3HvAEkryK2YWJ82ikB0GydwWivFuc3CeXxfaghGLmcpjmIXXPfObYWDAD9ekTxU2hTyDhv40mPA93TK9PnrRYRvDQ/s227/index.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="227" data-original-width="222" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjfQI20tlBqgQkMpxMcZKWFoJNtvPf5tVaCUf7l_S0gEW3QpM0_Hnagbl9fPe326XVuSX9GoOdNw7uwFAsn8WwpBaYXx2zCvhCAI3HvAEkryK2YWJ82ikB0GydwWivFuc3CeXxfaghGLmcpjmIXXPfObYWDAD9ekTxU2hTyDhv40mPA93TK9PnrRYRvDQ/w313-h320/index.jpg" width="313" /></a>d'Hammourabi, l'enfer décrit par <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiPZ2Vp_nTEAS2b9pbM_mBCcmpKICrUCgDb24xIL69cHqMKLhST_MZWruOzxQmuEIlcUTq4tv4ausK7iN60CWLeR0u5tqgctf_KZGWAlTSwtmy2OvaKezGMHcN3FJDBj9-VzIgp8mhaHPrC/h120/index.jpg">Virgile</a> apparaît étroitement lié à l'évolution du droit romain au moment
où l'empereur Auguste entendait le resserrer face à la
dissipation des mœurs et l'affaissement moral des Romains : «<i>comme
si les lois humaines étaient sanctionnées par les dieux : tromper
la bonne foi d'un client est expressément condamné par la loi des
douze tables; tuer sa femme et son amant est tout à fait légal, la
loi </i>Julia de adulteriis, <i>de 17 av. J.-C., l'admet encore en
cas de flagrant délit : c'est pourquoi on trouve en enfer non pas le
mari meurtrier, mais sa femme adultère assassinée; ceux qui ont
trahi le serment fait à leur maître sont les esclaves révoltés,
dont l'époque de Virgile s'inquiète; celui qui cède sa patrie pour
de l'or, c'est peut-être Curion, qui a vendu Rome à César; celui
qui fait des lois et les annule, c'est peut-être Antoine. La liste
des forfaits passibles de l'enfer est toujours intimement liée à
l'actualité</i>».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote12sym" name="sdfootnote12anc"><sup>26</sup></a>
Comme on le voit, Dante n'a pas seulement repris la structure
poétique du poète latin, il en a repris également l'esprit, la
portée morale des descriptions des cercles de l'Enfer, et la
profonde signification intellectuelle.</p>
<p style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">C'est au moment où
Virgile entraînait Énée dans les enfers qu'apparût le
christianisme qui devait faire la prospérité du royaume de Satan.
Paradoxalement, on ne retrouve guère d'allusions à l'enfer dans les
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi7dQsSkwUOutZAinQJjrrnEoyMVgHAdzzczISbuGMekFu9ovumpHI8NiOJuDOcfTkrqE6BLR_kZpb3oOIg5ZyUOPGAcOYGXqCF5LkeMhMeVqYsFPRGU25ha5eu-9EEfd7DOuuuZxSzaMDWNsZlPdElsAdxY1dI5M8Bx42p5Ysm1KpTGGaPdxPPyiJ3zQ/s874/descenso-a-los-infiernos.webp" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="581" data-original-width="874" height="213" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi7dQsSkwUOutZAinQJjrrnEoyMVgHAdzzczISbuGMekFu9ovumpHI8NiOJuDOcfTkrqE6BLR_kZpb3oOIg5ZyUOPGAcOYGXqCF5LkeMhMeVqYsFPRGU25ha5eu-9EEfd7DOuuuZxSzaMDWNsZlPdElsAdxY1dI5M8Bx42p5Ysm1KpTGGaPdxPPyiJ3zQ/s320/descenso-a-los-infiernos.webp" width="320" /></a>textes évangéliques et autres écrits canoniques du Nouveau
Testament. On y apprend «<i>quasiment rien </i><i>sur l'enfer, fait
troublant lorsque l'on songe à la place capitale que l'Église
accordera plus tard à cette </i><i>croyance</i>».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote13sym" name="sdfootnote13anc"><sup>27</sup></a>
C'est dans un discours de Pierre à Jérusalem qu'il y est dit
qu'après sa mort, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEipkaqRVyCimC_tuoB0QdxRH1t2c3B2sNqqgcJpnfA3ixKOv7ADw_O_7bFc2PMkCbPB9Hiri6f_8gisIQl09cvJ2KqW3rBWttgg-VzWxy5Xn0d5pIzR0O1TxGWjXl1in5O9zNo44i4NBDLp/h120/descenso-a-los-infiernos.webp">Jésus</a> séjourna aux enfers avant de ressusciter
le troisième jour. Affirmation reprise par Paul dans ses Épîtres
aux Romains et aux Éphésiens, suggérant «<i>également, de façon
très brève, que Jésus, entre le Vendredi saint et le matin de </i><i>Pâques, est allé rendre visite aux morts de l'Ancien Testament qui
attendaient la délivrance. Autant d'allusions ambiguës, dans
lesquelles le terme "enfer" n'est jamais employé</i>»<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote14sym" name="sdfootnote14anc"><sup>28</sup></a>
: «<i>L'expression "descendre aux enfers", qui finira par
devenir officielle, </i><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgiZWBKOpYok8W5OTPt3pya_nNYIk6g77whtjp1Dij-rxAJvyr5DY-HMn0KNQ_95hTXO1p5VdBY_ymNwMUG7jAuxWtUz7t98Zo5ZbPKRF0zfvO9Sq8VenAskaig9dXFSeXjXxxjyFcUykufoZQDGNQZbfRzmlwNBwfiiVtOrPtaLAbu0m4eRjlvej4kpA/s700/Descente-aux-Enfers_Dionisius_icone.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="700" data-original-width="499" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgiZWBKOpYok8W5OTPt3pya_nNYIk6g77whtjp1Dij-rxAJvyr5DY-HMn0KNQ_95hTXO1p5VdBY_ymNwMUG7jAuxWtUz7t98Zo5ZbPKRF0zfvO9Sq8VenAskaig9dXFSeXjXxxjyFcUykufoZQDGNQZbfRzmlwNBwfiiVtOrPtaLAbu0m4eRjlvej4kpA/w285-h400/Descente-aux-Enfers_Dionisius_icone.jpg" width="285" /></a>apparaît pour la première fois au milieu du IV</i><sup><i>e</i></sup><i>
siècle, dans la "quatrième formule de Sirmium", rédigée
par le Syrien Marc d'Aréthuse en 359. Quant au "symbole des
apôtres", qui officialise la forme que l'on apprendra par cœur
pendant des siècles, il est mis au point au V</i><sup><i>e</i></sup><i>
siècle en Gaule et en Espagne, et introduit à Rome, au X</i><sup><i>e</i></sup><i>siècle seulement, par l'empereur Othon I</i><sup><i>er</i></sup><i>, comme symbole baptismal
destiné à remplacer celui de Nicée-Constantinople. L'idée d'une
descente de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgWG7y2FWWMefa-5qTkXOCgDNTx4RdtpqwWw8GShwt-bcYthVYsjlBmB2UVTlW5dbrOa2sgRsA3rBN1wAlJBqbbczJv-We97B_J8N3f5aWGWJAdWCbyy24u_oFMoFgMQOmYsJrxhaJh1tm4/h120/Descente-aux-Enfers_Dionisius_icone.jpg">Jésus aux enfers</a> semble donc un ajout tardif fondé sur
un passage très ambigu des Actes et de saint Paul</i>».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote15sym" name="sdfootnote15anc"><sup>29</sup></a>
Il en ressort, comme le suggère Minois, «<i>que l'idée d'un enfer
pour les méchants, sans doute implicite dans les propos de Jésus,
n'a jamais été développé par lui</i>».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote16sym" name="sdfootnote16anc"><sup>30</sup></a>
Ainsi, dans l'<i>Epistoia apostolorum, </i>composée entre 140 et 160
en Égypte ou en Asie Mineure, «<i>on y voit le Christ descendre aux
limbes pour baptiser les justes et les Prophètes, condition
indispensable à leur salut</i>».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote17sym" name="sdfootnote17anc"><sup>31</sup></a></p>
<p style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">Pourtant, on en
était bien à l'époque où la géographie de l'enfer se précisait;
où la nature des peines qui y conduisaient se définissait.
Phénomène essentiellement de piété populaire, il se grefferait
progressivement à la pastorale chrétienne. C'est dans un texte
apocryphe, l'<i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjxVlyXgH2b9MGG9HH3goq5B18SXesy5IPJjGFUzxFCNAT34zEDEb11l67pxkXKIXC2gOs7NXe5n8PXzXnEA4a4c3y4dJ9fV7Uhn9xAHT2825NxJTEjciU8OqiVQMD1PuB_cHFEgH6dgwF9/h120/1592596319.jpg">Apocalypse de Pierre</a>, </i>qu'apparaît la première
description de l'Enfer des chrétiens, rédigé entre 125 et 150;
rejeté des textes canoniques, il est d'inspiration mazdéenne,
pyghagoricieenne orphique et du judaïsme. Il y est esquissé un
premier classement des peines d'après les types de péché :</p>
<p style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"></p><blockquote><p style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">«<i>Et je vis
aussi un autre lieu en face de celui-là, affreusement triste.
C'était un lieu de châtiment. Ceux qui étaient punis et les anges
qui les châtiaient portaient des vêtements noirs comme l'était
l'air en cet endroit.</i></p>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><i>Certains de ceux qui étaient là
étaient suspendus par la langue : ceux qui avaient blasphémé la
voie de la justice; et sous eux, il y avait un feu qui flambait et
les tourmentait.</i></p>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><i>Il y avait un grand lac rempli de
fange ardente, où se trouvaient certains hommes qui s'étaient
détournés de la justice; et des anges chargés de les tourmenter se
tenaient au-dessus d'eux.</i></p>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi83t3AaZaGnrV4PxWwBbBTVeq__A0djG7hk0r-vy20nVJ2wk716QnVlKDTqQtiqJT7Cprgm0DIdwpb4fbjserJPx1jzG4ttkuBjsWhBRiSUhnURq8myh44secfdFr2Lm9YCd6oz3orlmZ0Qx_x1-UzlEB3_vvMJHvKAbablIna3UqUzN8BU4U5IVrGoQ/s440/1592596319.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="281" data-original-width="440" height="204" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi83t3AaZaGnrV4PxWwBbBTVeq__A0djG7hk0r-vy20nVJ2wk716QnVlKDTqQtiqJT7Cprgm0DIdwpb4fbjserJPx1jzG4ttkuBjsWhBRiSUhnURq8myh44secfdFr2Lm9YCd6oz3orlmZ0Qx_x1-UzlEB3_vvMJHvKAbablIna3UqUzN8BU4U5IVrGoQ/s320/1592596319.jpg" width="320" /></a>D'autres encore, des femmes, étaient
suspen-dues par leur chevelure au-dessus de cette fange incandescente,
c'étaient celles qui s'étaient parées pour l'adultère.</i></p>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><i>Les hommes qui s'étaient unis à
elles dans la souillure de l'adultère étaient suspendus par les
pieds, la tête retombant dans la fange, et disaient : "Nous
n'aurions jamais cru venir en ce lieu".</i></p>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><i>Je voyais les meurtriers et leurs
complices, jetés dans un lieu étroit, plein de reptiles
malfaisants. Ils étaient châtiés par ces bêtes, et ainsi se
tordaient dans ce tourment. Sur eux, il y avait des vers, semblables
à des nuages obscurs. Et les âmes de leurs victimes étaient là et
regardaient le tourment de ces meurtriers, disant : "Ô Dieu,
juste est Ton jugement".</i></p>
<p style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><i>Tout près de
là, je vis un autre lieu resserré, où s'écoulaient le pus et la
puanteur de ceux qui étaient châtiés et y formaient une sorte de
lac. Là gisaient des femmes plongées jusqu'au cou dans cette sanie.
En face d'elles gisaient un grand nombre d'enfants nés avant terme,
qui criaient. De ceux-ci partaient des jets de flamme qui frappaient
les femmes dans les yeux. C'étaient celles qui avaient conçu hors
mariage et tué leurs enfants</i>».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote18sym" name="sdfootnote18anc"><sup>32</sup></a></p></blockquote><p style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote18sym" name="sdfootnote18anc"><sup></sup></a></p>
<p style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">Ce texte posait les
bases de l'imagerie infernale chrétienne et qui devaient être alimentées par l'imaginaire des temps
futurs. Déjà, on y reconnaît les traits caractéristiques du feu,
de la puanteur, des anges (et non encore des démons) persécuteurs
et que l'Enfer est un lieu de prédilection pour les femmes. <i>«Le
feu de l'enfer brûle mais ne consume </i>pas».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote19sym" name="sdfootnote19anc"><sup>33</sup></a>
Hadès cessant d'être un lieu, devenait un <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEihcxbD4prNLUlmZYqmaz2ahwdxGFWyegz7hVfl5IOhB3G81zqa2GMLUqscP1tdz6epdxXi5xLXaeD0OPJViTMj-hQK5iz1pg0Mj4vybOjxV1d3_l5Q8-R7oIpfDaVLHrFg0H0rMkq94LyFbZs0QyxlMivlhEcuD3V7HeRVDqCrwaFvGBUR1cE7sea15w/s450/Satan-illustration-Gustave-Dore-John-Milton-Paradise.webp" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="450" data-original-width="397" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEihcxbD4prNLUlmZYqmaz2ahwdxGFWyegz7hVfl5IOhB3G81zqa2GMLUqscP1tdz6epdxXi5xLXaeD0OPJViTMj-hQK5iz1pg0Mj4vybOjxV1d3_l5Q8-R7oIpfDaVLHrFg0H0rMkq94LyFbZs0QyxlMivlhEcuD3V7HeRVDqCrwaFvGBUR1cE7sea15w/w353-h400/Satan-illustration-Gustave-Dore-John-Milton-Paradise.webp" width="353" /></a>tourmenteur, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgS2SA6N3pdhCoqmn6vcv9SZrpE1Fqmgh5CyWxMkkGNSn0EmTAuv6zcPqDMvp-LUtBkMD6vvjFuWq-6q-sgh2PuI4p5BkrfdpxcLRuuLzM70OCjE2q5oO27yNL_UA-qxQGKLdQCIF7Of_01/h120/Satan-illustration-Gustave-Dore-John-Milton-Paradise.webp">Satan</a>,
d'origine orientale, qui s'y montrait encore passif, victime plutôt que
bourreau, façon de créer un syncrétisme entre les différentes
fois du bassin de la Méditerranée orientale. Au niveau théologique,
comme dans l'Hadès ou le Shéol, les âmes y restent jusqu'au
Jugement Dernier, du moins selon saint Justin. Dans l'enfer, les âmes
des bons sont bien séparées de celles des méchants, ces dernières
vivant jusqu'à la fin du monde dans la peur du châtiment : «<i>Les
peines infernales sont-elles éternelles? Saint Justin semble
hésiter, admettant implicitement que Dieu pourrait y mettre fin par
l'anéantissement des damnés : "Je ne dis pas que toutes les
âmes meurent, écrit le philosophe, ce serait vraiment une bonne
affaire pour les méchants, mais au contraire que les âmes des
hommes pieux restent dans un endroit meilleur, celles des injustes et
des méchants dans un pire, en attendant le temps du jugement. Ainsi,
celles qui ont paru dignes de Dieu ne meurent plus, les autres sont
châtiées, aussi longtemps que Dieu veut qu'elles existent qu'elles
soient châtiées</i>».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote20sym" name="sdfootnote20anc"><sup>34</sup></a>
Justin fait preuve ici de mansuétude à l'égard des damnés,
reconnaissant même que bon nombre d'âmes de païens pouvait aussi
être rédimées par Dieu, ce que refusaient les autres théologiens
de l'époque.</p>
<p style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">Ces récits
exprimaient à travers un catalogue de supplices toute l'agressivité
et la sexualité refoulées par la pastorale chrétienne qui se
mettait en place dans les consciences. «<i>Les besoins du clergé
rejoignent alors ceux des fidèles : pour imposer ses exigences
morales le clergé recourt à ces images terroristes </i><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgSa8DMF--rqnCvty31qteJQQciJ9UMpORVD7OB7YwE-qQhzKPNsSoWAgrQ81xP4CGu_sIsq7B0BXJt-ZiDkwPs7xp3S_ap-OFLMnvURdrGsBitJC3w9LtQTSWmMina8CkxSrsiKGqwc1qde8VyrpWbpitXVowwcpKVpgg8cQSwCX8dfYEFHtmNDmFl7g/s1083/5fcfb72578b387c7399c939c_1.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="784" data-original-width="1083" height="290" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgSa8DMF--rqnCvty31qteJQQciJ9UMpORVD7OB7YwE-qQhzKPNsSoWAgrQ81xP4CGu_sIsq7B0BXJt-ZiDkwPs7xp3S_ap-OFLMnvURdrGsBitJC3w9LtQTSWmMina8CkxSrsiKGqwc1qde8VyrpWbpitXVowwcpKVpgg8cQSwCX8dfYEFHtmNDmFl7g/w400-h290/5fcfb72578b387c7399c939c_1.jpg" width="400" /></a>qui satisfont
symboliquement les désirs refoulés des seconds. Le long succès de
l'<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjX2_TrsEoNogrzabYzpxfNFV_KnH10YRgDBjZSQVNFuIycQwtW2HTzjVNZFtWo8jSWiEl-7GnI3vhbFoVg3-r-DbCYdR6M9N5j2YXA6yp2NdzDS75jjv3veZ5WNbThzFsTocX8AbkNWYy1/h120/5fcfb72578b387c7399c939c_1.jpg">enfer</a> tient en grande partie à cette double nécessité; les
tortures atroces soulèvent peu d'opposition car elles servent les
intérêts complémentaires des uns et des autres. La complicité
inconsciente entre clercs et fidèles dans la perpétration de ces
atrocités est d'autant plus aisée que ces supplices se déroulent
dans l'imaginaire. Les tortionnaires sont les démons, incarnation du
mal, et l'enfer est permis par le bien suprême, Dieu : au sentiment
d'irréel s'ajoute celui d'irresponsabilité totale à l'égard de ce
qui se passe dans l'enfer</i>».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote21sym" name="sdfootnote21anc"><sup>35</sup></a>
Ce que Jean Delumeau appelle <i>la pastorale de la peur. </i>Elle
satisfaisait les humbles auxquels on demandait de sacrifier leur
existence - de vivre de manière austère et mortifiée -, tout en satisfaisant les
puissants et les riches qui s'en servaient pour intimider et menacer
les esprits revêches. Telle se développait la vision proprement populaire de
l'enfer.</p>
<p style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">Tout à côté, on
retrouve une vision plus élevée, plus <i>philosophique </i>de l'enfer. Chez
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgzjTTvTbBT53rc3YHvVlbRVhG3Zl0H7kODXzEDec7avoiU4afEMSgpqYBbqd1PodMQAG6zqrVG7yR-QZvPmrBy40JfhiY_pp5VEROdBDSRW6NcmzmVz8jCEHP5hEjsTQATvXSQ1CrKqmKt/h120/Origen3.jpg">Origène</a> (IV<sup>e</sup> siècle), par exemple, qui «<i>affirme que
la souffrance du damné vient du fait qu'il s'est placé lui-même en
dehors de l'harmonie universelle créée par Dieu, ce qui provoque
dans sa personne un déchirement </i><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgLwgaOthkqSuJd48GovGmaAzrPxITzmaotdE4uoDld7-DXW3tIiebTElT-Pt0Fy5C1YkeGRPAq7QdBMMw1IwMzzwhvSNVl0cvZsh6L34CjJJX8nrTL663pznLvhRN01vneHJMS3v22RPuCwRGBW6ZsoS8hcrlBxyf6KRAiGOPx_fYTpwFcXX11BKiWrg/s343/Origen3.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="343" data-original-width="220" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgLwgaOthkqSuJd48GovGmaAzrPxITzmaotdE4uoDld7-DXW3tIiebTElT-Pt0Fy5C1YkeGRPAq7QdBMMw1IwMzzwhvSNVl0cvZsh6L34CjJJX8nrTL663pznLvhRN01vneHJMS3v22RPuCwRGBW6ZsoS8hcrlBxyf6KRAiGOPx_fYTpwFcXX11BKiWrg/w256-h400/Origen3.jpg" width="256" /></a>insupportable. Dieu ne nous envoie
pas en enfer, c'est l'homme lui-même qui se met en situation d'enfer
par sa mauvaise conduite et qui en souffre</i>»; ainsi, «<i>chaque
pécheur allume pour lui la flamme de son propre feu et qu'il n'est
pas plongé dans un feu qui aurait été allumé par un autre et qui
aurait existé avant lui</i>».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote22sym" name="sdfootnote22anc"><sup>36</sup></a>
L'enfer serait donc le résultat du mauvais emploi du libre-arbitre
laissé à l'individu; le feu et les vers n'étant autre chose que
les remords de la conscience. Mais la grande nouveauté d'Origène
demeure sa doctrine de l'apocatastase, c'est-à-dire de la
restauration universelle de toutes choses dans leur état premier,
purement spirituel; autant dire que tout reviendrait dans sa
situation d'origine au sein du bien suprême de Dieu; que les damnés,
une fois accompli le temps des pénitences, seraient également
sauvés. Son disciple, Didyme l'Aveugle, allant même jusqu'à
affirmer que les anges déchus - les démons - auraient été
rachetés par le Christ et seraient sauvés. Exprimée dans le <i>Contre
Celse, </i>cette doctrine était réservée aux clercs et aux
intellectuels, le petit peuple risquant d'être <i>désorienté </i>en
interprétant mal cet exposé. Minois insiste qu'à partir d'Origène,
«<i>l'enfer populaire et l'enfer savant sont irréductibles l'un à
l'autre</i>».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote23sym" name="sdfootnote23anc"><sup>37</sup></a></p>
<p style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">Les philosophes et
théologiens parlaient en effet de justice, mais le petit peuple,
dévoré par les ressentiments d'une existence pleine d'injustices et
de violence, penchait davantage du côté de la vengeance, et
l'imaginaire de l'<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiAtQVs_zTlxdStyxZmHB3cCfYo4WeAJmAYgrBtiNLxkpm1Xft2G5SyE-TkvFMiAl1jGmzIQP7cZFunySmrgqtBX_3cVV1EgU2F3jxM4K-Y_Qr6q0fmro3YgW3qZMR27c6jeUBpBbu7Odid/h120/est-ce-que-lenfer-existe-dans-toutes-les-religions.jpg">enfer</a> répondait entièrement à ses vœux. Il avait du
mal à accepter le pardon : «<i>Le fidèle ordinaire peut admettre
la pratique du pardon dans cette vie provisoire, à condition que la
condamnation soit définitive dans l'autre monde. Si le pire
criminel, si le diable lui-même peuvent espérer la fin de leurs
peines, alors la vertu ne vaut pas les sacrifices consentis pour
elle</i>»; d'autre part, dans la mesure où l'Empire tendait à se
désagréger et que l'État se faisait totalitaire, les peines sévères
devenaient indispensables au maintien de l'ordre social. L'enfer
<i>éternel</i> devint donc la <i>peine capitale </i>issue du
Jugement Dernier. <br /></p>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg8fH0_4jKcrChOSO0t5n1nS0cO7f2WOayqKe-S7IiNezo6Zn4ZIg0fQ8sBtlPYCtikcw4UZkwmH7XQVYdm1hJn2LUVansiJCnB0jZJphF_AFBJJuRDI0KLOnOD6mstukhMyDkFC17X6wn361KfFxLTK1bfuzxX5EqD5KKtk0QW58K2E9WjFOM_gnqzsQ/s1200/est-ce-que-lenfer-existe-dans-toutes-les-religions.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="630" data-original-width="1200" height="210" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg8fH0_4jKcrChOSO0t5n1nS0cO7f2WOayqKe-S7IiNezo6Zn4ZIg0fQ8sBtlPYCtikcw4UZkwmH7XQVYdm1hJn2LUVansiJCnB0jZJphF_AFBJJuRDI0KLOnOD6mstukhMyDkFC17X6wn361KfFxLTK1bfuzxX5EqD5KKtk0QW58K2E9WjFOM_gnqzsQ/w400-h210/est-ce-que-lenfer-existe-dans-toutes-les-religions.jpg" width="400" /></a></div><p style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">C'est en 632 que
les tribus arabes, converties à l'enseignement de Mahomet, l'islam,
se sont lancées dans le <i>Djihad </i>visant à étendre leur
religion contenue dans le Coran. Autant la <i>Bible </i>se montrait-elle
avare de descriptions de l'enfer, le <i>Coran</i>, lui, abonde en
précisions. C'est un enfer exclusivement populaire où on y retrouve
une synthèse des enfers précédents :</p>
<blockquote><p style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p></blockquote>
<p style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"></p><blockquote><p style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">«<i>Les étages de
l'enfer, ou </i>darakât,<i> correspondent aux différents types de
péchés, depuis les moins graves, en haut, jusqu'à l'hypocrisie, en
bas. À chaque niveau, le tourment essentiel est le feu, sous toutes
ses formes. Comme toujours, la tradition s'est chargée de multiplier
</i><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEinkwdukTzaPzl493KbejLMWjep-0dsmhn8DWiR-F0f_4Tvpqk6XSxw_OVETFdqrbZGkZIh-TyiIGoKOj51K48C_SnOmUsJrIK2I80qSbey-sFIme4_bgVshg2OL8Qc_-Ccrp5yystgw-h2duRtOzBxJVSAQHItoSZB73TvTMoXJoAoh-5FZaPLCzTDsg/s540/Muhammad_and_%20mocking_women%20_in_Hell.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="481" data-original-width="540" height="285" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEinkwdukTzaPzl493KbejLMWjep-0dsmhn8DWiR-F0f_4Tvpqk6XSxw_OVETFdqrbZGkZIh-TyiIGoKOj51K48C_SnOmUsJrIK2I80qSbey-sFIme4_bgVshg2OL8Qc_-Ccrp5yystgw-h2duRtOzBxJVSAQHItoSZB73TvTMoXJoAoh-5FZaPLCzTDsg/s320/Muhammad_and_%20mocking_women%20_in_Hell.jpg" width="320" /></a>les tortures avec un raffine-ment sadique : des charbons ardents sont
placés sous la plante des pied des damnés pour leur faire bouillir
la cervelle; ils porteront des vêtements et des carcans de feu, des
tuniques de goudron enflammé, des babouches de fer incandescent; ils
seront enfermés dans des cercueils de métal chauffé à blanc; des
dragons leur enfonceront des griffes de feu dans les yeux; ils
devront escalader des montagnes brûlantes sous une pluie de
brandons. "Leur nourriture, du feu; leur boisson, du feu; leur
vêtement, du feu; leur lit, du feu", dit Ghâzâli. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi9j99ea3Ws2pT5eis20nffjpVNHliNmwJfSVUu5LGtuQTrDKFcR-b4OlSk_U0zvGIJ_AVrrToUtl3rlhXRg35JR8wu38oFILpK8uCTegIQygC-lXFtRLnzgamQllo4R7XX0Y_3QTwV5PGm/h120/Muhammad_and_+mocking_women+_in_Hell.jpg">Au fond de
l'abîme</a>, un océan de feu; ceux qui émergent sont brutalement
replongés dedans à coups de massue par les gardiens; sur le bord de
cet océan guettent serpents et scorpions géants, qui transpercent
tous ceux qui sortent, aux yeux, sur les lèvres, sur le sexe, et
leur venin brûle atrocement pendant dix ans. Les corps des damnés
sont dilatés de façon monstrueuse afin d'offrir plus de prise aux
diverses souffrances, et ils se renouvellent sans cesse : "Nous
les brûlerons au feu. Chaque fois que leur peau sera cuite, nous
leurs remplacerons leur peau par d'autres, pour qu'ils goûtent le
châtiment". Aux prédicateurs hypocrites on coupe les lèvres
avec des ciseaux de feu, mais elles repoussent sans cesse.</i></p>
<p style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><i>Il existe aussi
des lieux glacés, ainsi que le supplice de la faim et de la soif :
la nourriture infernale est fournie par le fruit de l'arbre </i>zaqqûm,
<i>qui croît au fond de la fournaise. Sur cette plante épineuse
poussent des têtes de démons; lorsqu'on en mange, elles brûlent la
gorge et l'estomac, et pour se rafraîchir, il n'y a que de l'eau
bouillante, à moins que l'on ne préfère un mélange de sang pourri
et de pus qui coule des plaies des damnés; dès que l'on en boit, on
vomit, et il faut recommencer à se nourrir avec les fruits du
</i>zaqqûm. <i>Tous les mille ans, le feu se renforce encore, si
bien qu'il finit par devenir noir, brûlant et ténébreux à la
fois; son combustible, ce sont les damnées et les djinns</i>».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote24sym" name="sdfootnote24anc"><sup>38</sup></a></p></blockquote><p style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"><a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote24sym" name="sdfootnote24anc"><sup></sup></a></p>
<p style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">Malgré cet
imaginaire terrifiant, il faut retenir que l'enfer
musulman n'est pas un enfer total : il y manque le désespoir; les
damnés peuvent attendre le recours d'Allah. La peine du dam - la
séparation totale d'avec Dieu - y est également absente. «<i>Dans
la tradition chrétienne, la pire souffrance est d'être coupé de
Dieu. L'enfer musulman a emprunté et développé les aspects
pittoresques, en y ajoutant un certain piment oriental, mais il reste
superficiel et incomplet. Il lui manque la peine essentielle et une
lueur d'espoir demeure. À tout prendre, il vaut mieux tomber dans
l'enfer musulman que dans l'enfer chrétien, la plus implacable, la
plus totalitaire et la plus désespérante machine à broyer les
méchants que le génie humain ait jamais inventée</i>».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote25sym" name="sdfootnote25anc"><sup>39</sup></a>
Machine qui a été peaufinée entre le XI<sup>e</sup> et le XIII<sup>e</sup>
siècle par les scolastiques européens.</p>
<p style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">Avec les
théologiens de la scolastique, les deux enfers, le populaire et le
philosophique, vont se fondre en un seul. C'est l'enfer tel que peint
par Hiéronymus Bosch (1450-1516) :</p><p style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"></p><blockquote><p style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">«<i>Au XII</i><sup><i>e</i></sup><i>
siècle, des bêtes fantastiques, griffons, dragons, hydres, dévorent
les damnés de Beaulieu; Satan trône près de sa chaudière à
Conques. Frappés par l'inflation de l'horrible qui marque les XIV</i><sup><i>e</i></sup><i>
et XV</i><sup><i>e</i></sup><i> siècles, les historiens ont souvent
minimisé les représentations infernales du XIII</i><sup><i>e</i></sup><i>
siècle. Ils sont pourtant bien là, les démons cornus et hideux
qui, dans les voussures du portail du Jugement dernier d'Amiens,
maltraitent les damnés, les tirent avec des crochets, les étrangent,
les jettent dans la chaudière, et ceux de Reims, qui font bouillir
les âmes, et ceux de Bourges, qui activent le feu tandis que des
crapauds sont suspendus aux mamelles des femmes ou bien pénètrent
dans la bouche des damnés. À </i><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjU8nik2obbCGkbYdMB8KaDCWthHHQyAyk44GFAQen64HAg-r6D3cO-BVOAYTvKXkS7zCmDYeMvGs7JMIxPMYrC1PkT-8FN4NKTNpJnaYmiGZfdABpcL-DtigxHI1vipW3RxQfGnCHycE55FE6akezln8hqLxkm2xlODEEzN6uvbIeztVJ61xhEuZMb1w/s827/fcb46ee463222a0dece71434bd704eec.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="529" data-original-width="827" height="205" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjU8nik2obbCGkbYdMB8KaDCWthHHQyAyk44GFAQen64HAg-r6D3cO-BVOAYTvKXkS7zCmDYeMvGs7JMIxPMYrC1PkT-8FN4NKTNpJnaYmiGZfdABpcL-DtigxHI1vipW3RxQfGnCHycE55FE6akezln8hqLxkm2xlODEEzN6uvbIeztVJ61xhEuZMb1w/s320/fcb46ee463222a0dece71434bd704eec.jpg" width="320" /></a>Amiens, les chevaliers de l'Apo-calypse
annoncent la terreur; à Paris, c'est la mort elle-même, les yeux
bandés, qui arrive à cheval, portant en croupe un cadavre. À
Autun, à <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEibzc30PVUG8BivtoYDQFVSmjpSXN0sbm6rHZ8AJQlRGFcrk2dj0ZuFbqUGsf_fADNzPcI-mLUFTeT3XLVKog77zCCUu7f6VacH4f5jDQXO5Z4XfDY0gdR79dXfyCW9LUuqkAENvizRk_rD/h120/fcb46ee463222a0dece71434bd704eec.jpg">Reims</a>, la troupe lamentable des damnés, toutes conditions
sociales confondues, est enchaînée et entraînée vers la gueule de
l'enfer; Satan se joue d'eux. Les avares, la bourse au cou, sont
mêlés aux impudiques et aux orgueilleux. L'entrée de l'enfer,
c'est la gueule du Léviathan d'où sortent des flammes, dont parle
le livre de Job. Au centre de la scène, saint Michel effectue la
pesée des bonnes et des mauvaises actions, tandis que Satan guette
sa proie et n'hésite pas à appuyer sur le plateau du mal. Le thème
de la balance, qui n'apparaît nulle part dans l'Écriture, est
hérité de l'Égypte et de l'Orient. Les sculpteurs se servent de
toutes les images. Certes, l'enfer n'occupe pas encore la première
place, mais il n'est pas absent, bien loin de là. Il est à sa place
dans la grande histoire du monde. Il représente l'échec,
l'inévitable déchet d'une humanité libre et imparfaite</i>».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote26sym" name="sdfootnote26anc"><sup>40</sup></a></p>
</blockquote><p style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh9fD-HZzz5N7tE5XqJOuVHGl_KeFNw5y7GmnZyUmqDks2EKoXI65mx3cIfw6DONW2_EVBtjjTUJI2dmebKds9ue7nfTzqqnqe5CLmPSZO-8ILmnzCNs-Cr4LCrCTm4BS9TrFm5O0320v--_TMw9JJo6oDR2zYLTQfgZ2zmd32fmJcmLLRJ60n3UNbhUg/s307/index.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="164" data-original-width="307" height="214" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh9fD-HZzz5N7tE5XqJOuVHGl_KeFNw5y7GmnZyUmqDks2EKoXI65mx3cIfw6DONW2_EVBtjjTUJI2dmebKds9ue7nfTzqqnqe5CLmPSZO-8ILmnzCNs-Cr4LCrCTm4BS9TrFm5O0320v--_TMw9JJo6oDR2zYLTQfgZ2zmd32fmJcmLLRJ60n3UNbhUg/w400-h214/index.jpg" width="400" /></a></div><p style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">Mais, bien avant
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjZZ-yrHbKBR0Y3vNNqHVZYSPe5h6zJcSSBw8UJtSFVIXFPBEAJFUF699Yo5yitxsMKW2wr_LuMa69agBoLCciOH6sy4lb2Vdt_J0aLhbVhQQejzL6iu5D-sji3le3K02eaTU0JR40H60r0/h120/index.jpg">Bosch</a>, Dante, déjà, avait élaboré l'esthétique morale de
l'enfer. «<i>Dante n'innove guère</i>», juge Georges Minois. «<i>ses
prédécesseurs ont souvent fait mieux - ou pire - dans le domaine
des horreurs</i>».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote27sym" name="sdfootnote27anc"><sup>41</sup></a>
Pour l'historien, «L'Enfer <i>de Dante est la cathédrale du mal</i>»<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote28sym" name="sdfootnote28anc"></a><a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote28sym" name="sdfootnote28anc"><sup>4</sup></a><sup>2</sup><a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote28sym" name="sdfootnote28anc"></a>
:</p>
<p style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;"></p><blockquote>«<i>L'œuvre de
Dante est à la jonction entre l'enfer populaire et l'enfer
intellectuel et théologique. Au premier, elle emprunte ses images,
au second, sa rigueur logique. Cette alliance du concret et de la
clarté rationnelle est la principale raison de son succès. Les
enfers visités jusque-là étaient de véritables chaos, à la
topographie des plus confuses, véritables paysages de rêves,
peuplés de vallées, fleuves et lacs sans aucun lien les uns avec
les autres, de supplices désordonnés, d'épisodes contradictoires.
Le purgatoire se mêlait à l'enfer de façon inextricable, même si
les visions les plus récentes présentaient une théorique
séparation d'étages. La faune infernale mêlait dragons, monstres
bizarres, animaux réels et démons. Les peines étaient différentes
suivant les fautes mais n'avaient guère de rapport logique avec la
nature des péchés commis. Dante organise, classe, structure,
ordonne : son enfer est géométrique, formé de cercles
concentriques; il a une entrée, un vestibule, des enceintes, des
salles, une sortie, des passages balisés et gardés; suivant les
lieux, on voyage à pied, en barque, à dos de centaure, dans les
mains d'un géant; lacs, fleuves et marais s'ordonnent de façon
logique; les notations de temps sont précises. L'enfer de Dante est
une vaste construction intellectuelle à l'image des sommes
théologiques de son temps; Dante est un Thomas d'Aquin visionnaire;
tous deux classent et subdivisent l'un les images, l'autre les idées.
L'œuvre des deux Italiens marque le sommet de la scolastique. La
</i>Somme <i>et </i>L'Enfer, <i>constructions rationnelles, sont
irréfutables à partir du moment où l'on admet leurs prémisses</i>».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote29sym" name="sdfootnote29anc"><sup>43</sup></a><a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote29sym" name="sdfootnote29anc"></a></blockquote><a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote29sym" name="sdfootnote29anc"><sup></sup></a><p></p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.5cm;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEijbPoXFjhvD_5SWqkgc-Wy8MrYt6A-r84Bp5-GeB6i_CDiYpvE3khkF61Ky5rOh8mYHntJg1sgOpAIdgKlHp-E6Q-skWhY5Wqv7Buof1gaZI43fIkIlRUYtiYDjSPzQgx2cRb0wOlGEOWKaOX_9oD4xZWQ_Zou1jTQzuLWiLl5oqu-eZSN3PRf6U-vdQ/s260/index.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="194" data-original-width="260" height="239" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEijbPoXFjhvD_5SWqkgc-Wy8MrYt6A-r84Bp5-GeB6i_CDiYpvE3khkF61Ky5rOh8mYHntJg1sgOpAIdgKlHp-E6Q-skWhY5Wqv7Buof1gaZI43fIkIlRUYtiYDjSPzQgx2cRb0wOlGEOWKaOX_9oD4xZWQ_Zou1jTQzuLWiLl5oqu-eZSN3PRf6U-vdQ/w320-h239/index.jpg" width="320" /></a>À
une époque où, à côté des cinq grandes cités de la péninsule
italienne (Milan, Venise, Florence, Rome et Naples), voisinaient des
villes moins importantes mais tout aussi dynamiques et modernes, il apparaissait dans l’esprit de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgPddFgdOdqMWuh4syXEQ1Ur5JyrDOUHb3ga0hv6jd-x5rwmMNcIMAVpz1W0qxklLsEIKMJwBaUlbCWvMnxIbVXfal3ObDu4HHj3mvKlpUsHiQBcfYkmGekknrVU57_EHtL4u7HXgIZIqZm/h120/index.jpg">Dante Aligheri</a> (1265-1321), fier citoyen florentin, que les espaces où
il allait distribuer ses cercles de l’Enfer, du Purgatoire et du
Paradis ne seraient pas des espaces géographiques précis, mais
symbolique et cosmologique. Le Paradis n’était situé ni à Rome ni à Florence
et l’Enfer à Naples ou à Ravenne, ville où il devait mourir en
exil, chassé par les florentins partisans de l'intervention de
Charles de Valois dans les affaires italiennes. Dante jugeait
sévèrement les comportements humains, il punissait ou récompensait
selon les vices ou les vertus témoignés par des divinités
païennes, des personnalités historiques ou même des contemporains
qui lui avaient causé quelques torts. Dans la mesure où l’espace
dantesque n’est pas géographique – et lorsqu’il se sert
d’indications géographiques, ce n’est que pour donner un aperçu
superlatif du lieu <a></a><a href="https://www.blogger.com/#">cosmologique</a>
-, Dante pouvait se donner pour guide celui qui, à ses yeux, était
le plus grand poète : Virgile (-70 à -19 av. J.-C.), le poète
latin des <i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi8TTgyG01LWs02ng8oo_ITmd5Ytt0LSi5i3b_qv2Tn0p7NOXPuXJ1HLAwTu8MEXGwc4FrW7IkZZcQuCfGRTEAEMpSkPxKEi0kDTb0A8YrLiEQpYU1CggplHIe_6jJ8uLBMwYMeRWudKjU/s1600/20130513-193040-993898.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="254" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi8TTgyG01LWs02ng8oo_ITmd5Ytt0LSi5i3b_qv2Tn0p7NOXPuXJ1HLAwTu8MEXGwc4FrW7IkZZcQuCfGRTEAEMpSkPxKEi0kDTb0A8YrLiEQpYU1CggplHIe_6jJ8uLBMwYMeRWudKjU/w320-h254/20130513-193040-993898.jpg" width="320" /></a>Bucoliques</i> et des <i>Géorgiques</i>. Virgile était
surtout connu comme le poète officiel de l’empereur Auguste pour
lequel il rédigea son poème épique racontant la fondation de Rome,
l’<i>Énéide, </i>une suite à l’<i>Iliade </i>de Homère, afin
de rattacher la famille de l’empereur à celle du noble troyen Énée
qui aurait échappé à la destruction de Troie. L’effet poétique
que cherchait Dante dans cette curieuse rencontre aux enfers, visait
à confronter le poète latin reconnu pour poser un regard
tendre sur la nature à un milieu brutal, hostile, proprement destructeur. Voilà pourquoi, préférant le <i>dolce still
nuovo</i>, la langue vernaculaire des Florentins, au latin classique
des clercs, Dante se donna les paramètres de son défi littéraire.
Ce faisant, il créait non seulement la littérature italienne
moderne, mais la volonté pour tous les groupes linguistiques de
l’Europe de s’exprimer désormais dans la langue du pays et non
plus dans celle des scripteurs qui gravitaient au service du clergé. C’était une révolution civilisationnelle qui
contribua plus qu’aucune autre à détacher la jeune civilisation
occidentale de sa matrice, l'Église romaine.</p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.5cm;">Dans
l’esprit du Dante, l’Enfer, le Purgatoire et le Paradis ne sont
pas des mondes extérieurs, mais bien <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgc-skT0LfNV24yNkOMijw1g8RbvTrVtRVCVbsZP0cRDkokAo4xJAfo4LcNutqLm5reUujOGqhK-_53YFN3MmUlevMSRly4-XdFNi0eC-hgfCEc-WC5t59PtNuTNFQKgSziZWa0fTW_KCtBcr_0CjNqaWIs00vQ9xIFC2Pcd07CD3WcJn4sGzqqV-Q3Mg/s1200/famous-love-stories-in-history-paolo-and-francesca.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1200" data-original-width="860" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgc-skT0LfNV24yNkOMijw1g8RbvTrVtRVCVbsZP0cRDkokAo4xJAfo4LcNutqLm5reUujOGqhK-_53YFN3MmUlevMSRly4-XdFNi0eC-hgfCEc-WC5t59PtNuTNFQKgSziZWa0fTW_KCtBcr_0CjNqaWIs00vQ9xIFC2Pcd07CD3WcJn4sGzqqV-Q3Mg/w286-h400/famous-love-stories-in-history-paolo-and-francesca.jpg" width="286" /></a>des mondes qui, nés des damnés<a>
</a>ou des élus, les enveloppent comme une aura. Nous créons le monde
dans lequel nous nous enfermons, pour le meilleur et pour le pire.
Plus nous aurons été, au cours de notre bref passage sur terre,
monstrueux et ignobles, plus nous subirons les peines les plus infamantes, les plus spectaculaires et les plus abjectes de l'Enfer.
Il ne s’agit pas, pour le poète, de se vautrer dans un cynisme
mesquin ou ruminer un ressentiment vengeur. Bien au contraire. Dante
éprouve toujours de la pitié et de la compassion pour le sort
pathétique qui atteint les damnés. Parfois il perd conscience quand
il voit les supplices horribles qui s’acharnent sur eux. Ils sont
repentants ou n’ont rien perdu de leur vindicte. Chacun porte la
marque de son pathos (comme<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgOcIpGwJQHB6PKt2iRARgkLA7Y_RtNYb0OGbkiiBygMIdUa5Qp7cQObow6ZLMBYVk2YJdkt8SExTOmSauKl4xfr-ObEj3Ctlc1JeN85W3ZaSfQrWwyuWicLciqphnCnjTShM9eb9HAysU7/h120/famous-love-stories-in-history-paolo-and-francesca.jpg"> Francesca da Rimini et Paolo Malatesta</a>, les amants adultères tués par le
mari jaloux), ou de sa honte (Ugolino della Gherardesca qui,
prisonnier à Pise, aurait vu ses enfants mourir de faim et les
aurait dévorer pour survivre un peu plus longtemps). Tous ces
personnages <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgFxRoP5eatlIyAtZ9wicmJAxrndgqx-0l-V4VWE9yH6L5pOKfVwAj3Eg9xHU16D5hEUxLbjOOKxjj21IVVsVuwTHmCpka6z6YHezepJ9nvGXgkJVw-DeoMFmPR77C8UFhIJ03HxAXdHUPCGrdaa3HzkR9kGPJjYJbzaXmz0JpCGpEykLGVfqntqUbjrQ/s400/Museo_d'Orsay_auguste_rodin,_conte_ugolino_01.JPG" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="300" data-original-width="400" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgFxRoP5eatlIyAtZ9wicmJAxrndgqx-0l-V4VWE9yH6L5pOKfVwAj3Eg9xHU16D5hEUxLbjOOKxjj21IVVsVuwTHmCpka6z6YHezepJ9nvGXgkJVw-DeoMFmPR77C8UFhIJ03HxAXdHUPCGrdaa3HzkR9kGPJjYJbzaXmz0JpCGpEykLGVfqntqUbjrQ/s320/Museo_d'Orsay_auguste_rodin,_conte_ugolino_01.JPG" width="320" /></a>historiques sont désormais oubliés tant ils
appartiennent aux anecdotes des villes italiennes du XIII<sup>e</sup>
siècle.
Aujourd’hui, ils feraient les manchettes du «<i>Allô Police!</i>»<i> </i>et
du «<i>Journal de Montréal</i>»<i>. </i>Ils serviraient, comme Monica
Lewinski, d'héroïnes de faits divers ou, comme Hannibal Lecter, de
figures de cinéma abominables commettant la pire des
transgression. Hannibal-le-cannibale n'est-il pas une version moderne
de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEimmZyFt9JDxzfbkuQBDkVbkrL8O91zypm6OIMaSVdOUPOt-lSrhEG7jDR13wMZOARoD21RESzVuev47YuRM35S6cA_YaadAU17w7EWLSkfdcByaP8WUKL4AH6ePaCejbaqklJ9aONtrFPK/h120/Museo_d%2527Orsay_auguste_rodin%252C_conte_ugolino_01.JPG">Ugolino della Gherardesca</a>? Mais, dans la mesure où le temps du
Dante est celui d'une faune rugissant des entrailles des riches cités
italiennes ambitieuses et belliqueuses; la violence impitoyable et
sanguinaire de ces confrontations justifie la <i>terribilità </i>qui
hante l'espace infernal du poète.</p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.5cm;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjHrKoizzP1C4Em3GTVPl3M3Ejn--XNVfUP2oNyfx8m0fwAN-NPFszOhBxRIMAHwzqxp0sk7gvwSg6l_hYbs3BAuHjhWSO-b6pcteljwTTzckUPNWXnc6H098o_UeC6gpXgwMzBhKsIHiuuflWYNs7M9WEzWS2Et0BFqr076RlFyPNGeUHmGrFeAwMTcA/s816/capture-d_c3a9cran-2017-05-25-c3a0-17-52-30.png" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="816" data-original-width="714" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjHrKoizzP1C4Em3GTVPl3M3Ejn--XNVfUP2oNyfx8m0fwAN-NPFszOhBxRIMAHwzqxp0sk7gvwSg6l_hYbs3BAuHjhWSO-b6pcteljwTTzckUPNWXnc6H098o_UeC6gpXgwMzBhKsIHiuuflWYNs7M9WEzWS2Et0BFqr076RlFyPNGeUHmGrFeAwMTcA/w350-h400/capture-d_c3a9cran-2017-05-25-c3a0-17-52-30.png" width="350" /></a></span></span>C'est
à l'époque de Dante que l'enfer occidental commença à se peupler
de ces <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhFdlcL_LJA2Q4My09bXZYM5l9PyDnaLS3JM3WHfMxIVA2M_Seve0TRMUw3mysRdDLx8kKy3vuMTYlx8KU-HcqqWkGvFT7-KgSStrLkCD2ElUhyI3YcZIQBieu8kMMx1mKTd9S33G6bhGT6/h120/capture-d_c3a9cran-2017-05-25-c3a0-17-52-30.png">bêtes</a> que l'on retrouve dans les tableaux peints par Bosch et
par Breughel; ces a<span style="font-style: normal;">nimaux fantastiques contribuaient à rapprocher l'enfer du monde
terrestre, créant une atmosphère infernale faite de famines,
d'épidémies et de guerres </span><span style="font-style: normal;">semant la dévastation et la mort. «</span><i>Seul
le surréalisme, peut-être, sera apte à créer une atmosphère
infernale, atmosphère d'absence, de temps figé, de silence et de
mort : "Enfers laïques, sans Dieu et sans diable, sans homme
aussi, enfers qui s'ignorent, et qui n'en sont peut-être que plus
épouvantables", écrit Bernard Dorival</i><span style="font-style: normal;">».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote2sym" name="sdfootnote2anc"><sup>44</sup></a>
C'est qu'à ce moment, on commençait à considérer que l'enfer était une réalité beaucoup plus terrestre que surnaturelle. D'ailleurs, l'au-delà commençait à perdre de sa vigueur dans les esprits de plus en plus rationalistes.
Si l'époque des grandes réformes </span><span style="font-style: normal;"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgBWKEnZux9BPpq0jdVhLlQ-uPmYlFrmySOAMXt-yqObgRXG5fGNgU3fBuyTAGLXzcAuxvowQHzXu7y4FnidUymQiF2swThBE4dJfhZBe6arbKOcqmEnUovHB22I5d8s_CCyHwTqaB4YHXSdJCcQ9TBqQkRieotqA4oDndVc5gkUvGpVlK600UpTh1bIg/s500/0000002184L.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="375" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgBWKEnZux9BPpq0jdVhLlQ-uPmYlFrmySOAMXt-yqObgRXG5fGNgU3fBuyTAGLXzcAuxvowQHzXu7y4FnidUymQiF2swThBE4dJfhZBe6arbKOcqmEnUovHB22I5d8s_CCyHwTqaB4YHXSdJCcQ9TBqQkRieotqA4oDndVc5gkUvGpVlK600UpTh1bIg/s320/0000002184L.jpg" width="240" /></a></span>religieuses redonna une vitalité
à la rhétorique sur l'enfer, en retour, les clercs et les artistes
ne s'intéressaient guère au sort des élus, et l'imaginaire du
Paradis devint déficitaire par rapport à l'enrichissement de la
fantasmatique infernale. Si le Christ était descendu aux enfers, comme
le rappelle le Credo, désormais, c'est dans l'enfer de chacun que,
quotidiennement, il redescendait. Qu'importent les cultures, l'enfer se voyait désormais «</span><i>régi par une logique et des sentiments
humains; il dépend étroitement de l'esprit inventif des hommes, qui
se sont surpassés pour imaginer ce que pourrait être la souffrance
absolue</i><span style="font-style: normal;">»,</span><span style="font-style: normal;"><span style="font-style: normal;"><a class="sdfootnoteanc" href="https://www.blogger.com/#sdfootnote2sym" name="sdfootnote2anc"><sup>45</sup></a></span>
miroir amplifié des douleurs terrestres. Au sortir de l'enfer
baroque, le scepticisme philosophique, illustré par <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiZgMqANhSO6dzP_qaZ-wiwepwMcc63YR_eTl6yiSDKq0wjjxPKxU-ATSI7kQDbcxJ8CyPGAWX0GMLTm6KFSUoIhE_MiNkGkaYjWMSAP0goL98VMxxlvZ7hvVgUGHNuPqAhS_WXEOjuvMhB/h120/0000002184L.jpg">Bayle</a>, annonçait
la fin prochaine de l'enfer théologique.</span></p><p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.5cm;"><span style="font-style: normal;">Aux
lendemains des révolutions du XIX</span><sup><span style="font-style: normal;">e</span></sup><span style="font-style: normal;">
siècle, les Églises, sous
l'effet du trauma déchristianisateur, tentèrent de revigorer la
rhétorique de l'enfer. Joseph de </span><span style="font-style: normal;"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi0VBhqgYOZyjatcSTDQOyiV1eKZIvnm9XghhuEB_UBFmpsTdrFLnhpBI7k-4ZUPwX4d1Ylr4Zyg-YQGrJie5ISRt8FhJ9XlgbjYQaC6G5MQq9w5ISL-61w2V29Jmqd_QsRJHuBftCPVdNmsvjUENdX-8-zLq88outy9aGouxo7pmhEnRaPnOq-KxVTUg/s273/index.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="273" data-original-width="184" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi0VBhqgYOZyjatcSTDQOyiV1eKZIvnm9XghhuEB_UBFmpsTdrFLnhpBI7k-4ZUPwX4d1Ylr4Zyg-YQGrJie5ISRt8FhJ9XlgbjYQaC6G5MQq9w5ISL-61w2V29Jmqd_QsRJHuBftCPVdNmsvjUENdX-8-zLq88outy9aGouxo7pmhEnRaPnOq-KxVTUg/w270-h400/index.jpg" width="270" /></a></span>Maistre s'y appliqua avec un talent
propre à renflouer la </span><i>pastorale de la peur. </i><span style="font-style: normal;">«</span><i>Pour
l'abbé Bedouin, curé de Mably, dans la Loire, le simple fait d'être
heureux sur terre mérite l'enfer. Nous sommes ici dans une vallée
de larmes et nous devons passer notre vie à pleurer. Le rire est une
insulte à Dieu...</i><span style="font-style: normal;">».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote4sym" name="sdfootnote4anc"><sup>46</sup></a>
De son côté, le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhvQ9mf2_N61OZn8U2QNWbKMT4V4RvbbllL7_haTxvP4D_rHT_VU3v1lAMqaFyWf-v4FKQtvZHkbydfOhCE1_MVFDza4QCh40Uze4ha16sxmA4ZKB4Gv_JtYGmFazyuUmIB1KQMPPbnaKHN/h120/index.jpg">curé d'Ars</a> prêche des sermons imprégnés de
terreurs : «</span><i>Comme ses confrères, ill envisage la
damnation de la grande majorité de l'humanité, à commencer par les
gens mariés. Comment peut-on envisager d'aller au ciel en étant
soumis tous les soirs à la tentation de l'abominable péché de la
chair?</i><span style="font-style: normal;">».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote5sym" name="sdfootnote5anc"><sup>47</sup></a>
Plus que jamais les fantasmes infernaux confinaient à l'horreur du
sexe. À la fin du XIX</span><sup><span style="font-style: normal;">e</span></sup><span style="font-style: normal;">
siècle, une revue, </span><i>«L'Ami du
clergé», </i><span style="font-style: normal;">disponible auprès de
dix mille abonnés en 1913 (la revue avait été fondée en 1878),
demandait le plus sérieusement du monde où situer l'enfer? «</span><i>Cette
question, répond </i><span style="font-style: normal;">"L'Ami"
</span><i>en 1903, ne doit pas être regardée comme </i><i><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjBa7lwzD_jJMtE_Njly1S-xEPRQ3KA1-j-7Mo_8S8On9CgDc0EJ09OE9jDm2se-AG98sIEWICL9N0llWOOGzErZj-jU2FAzQ7dDPeYo-WwJfgd1aftHxqjOiyf8JoXo4MpfAkDh8Crehi_Kl5UgRWq4GHSrzljaWddxsOqLydgkVxVRyRuYJJRXGwaNw/s275/index.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="183" data-original-width="275" height="213" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjBa7lwzD_jJMtE_Njly1S-xEPRQ3KA1-j-7Mo_8S8On9CgDc0EJ09OE9jDm2se-AG98sIEWICL9N0llWOOGzErZj-jU2FAzQ7dDPeYo-WwJfgd1aftHxqjOiyf8JoXo4MpfAkDh8Crehi_Kl5UgRWq4GHSrzljaWddxsOqLydgkVxVRyRuYJJRXGwaNw/w320-h213/index.jpg" width="320" /></a></span>oiseuse, parce
que par les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgVQq0lmWEGZomh4w8UB9VTtnPY71PGjEKMcbVxbr3DCb9wqe_8vesII4ynEl8KCh-QtbqGBCJCb7U9jz4KvMO1es60SBPij9DWAJ95sCBZRJp74QdPo625QwTUREzK1IVd9EU_6G6e02Ua/h120/index.jpg">volcans</a> et bien d'autres indices on peut non seulement
conjecturer, mais affirmer avec quelque certitude même d'expérience
qu'il y a au centre de la Terre un feu qui ne doit point s'éteindre
et qui est bien autrement terrible que le feu sur la Terre, et qui
peut très bien former ce lac de feu, cet étang de soufre et de feu,
cette fournaise ardente, ce puits de l'abîme, dont parlent sans
cesse nos livres saints et alors nos impies ne pourraient plus
affirmer avec tant d'audace et de certitude que personne ne l'a vu ni
senti"</i><span style="font-style: normal;">».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote6sym" name="sdfootnote6anc"><sup>48</sup></a>
En appeler au témoignage des volcans ramenait à l'enfer hellénique des forges de Vulcain! Cela signifiait que l'imaginaire avait
fait le tour du concept d'enfer.</span></p><p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.5cm;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgkkXM3I063RGZWAS3kVtX1Axsrf5Y9G0aDn3QmIdo4w-rqK62tcYZ2bmnL6QImD2op7ljmKyn62rELnrF4lLN-YreZr5ftiYC6prY6AIvgdBhNVdlkDFFrntdbJYuQe-JDd52QlE36e2C8V503DZB9-p9J77-EB5D7ZNSX4P1L2WRop0Cm730tZGawxQ/s480/img-4-small480.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="432" data-original-width="480" height="288" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgkkXM3I063RGZWAS3kVtX1Axsrf5Y9G0aDn3QmIdo4w-rqK62tcYZ2bmnL6QImD2op7ljmKyn62rELnrF4lLN-YreZr5ftiYC6prY6AIvgdBhNVdlkDFFrntdbJYuQe-JDd52QlE36e2C8V503DZB9-p9J77-EB5D7ZNSX4P1L2WRop0Cm730tZGawxQ/s320/img-4-small480.jpg" width="320" /></a></span>Cette
</span><i>fossilisation, </i><span style="font-style: normal;">comme
l'appelle Minois, se vérifie auprès des dictionnaires théologiques
qui finissent par ne plus comporter d'article "Enfer".
Pourtant, note l'historien. Jamais on aura autant mentionner l'enfer
qu'au XX</span><sup><span style="font-style: normal;">e</span></sup><span style="font-style: normal;">
siècle. </span><span style="font-style: normal;"><span style="font-style: normal;">On a qu'à penser à la première page du quotidien </span><i>«La
Presse» </i><span style="font-style: normal;">de Montréal qui
titrait </span><i>«<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhlwRsB8ed0-RYD9zFQeKv5Jym0XJkwhn_dYein9XqYMZKibrodgwAMTIsJVW2PGGf50FFT4LMEvdne3zH4B9XFMX-pu6RDUR3QshFThSbis90DwG-fJetXppWIqEykTwENuraOtjXB4uD4/h120/img-4-small480.jpg">C'est l'enfer</a>», </i><span style="font-style: normal;">au
lendemain de la première journée de la crise du verglas de janvier
1998 dans le sud-ouest du Québec, ou de l'image que les écologistes donnent du monde sous le
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhxco4AuPpS4tz9eFqtyh3G1XLWyXxpNWS0A3A9vsc3xOCaoXYk8VRKyBqxgpAz2ViMID4A1AIOgFd_3WRqxWcWPHUs5SfvADjJ8JbDAFh0JX0JzTATA3AuEOdCGHfIDOweTGBrCtBvMo93/h120/lenfer-approche-les-meteorologistes-previennent-dune-vague-de-chaleur-devastatrice-va-arriver-sur-le-monde-1-1-2-1200x628.webp">réchauffement climatique</a> à la fin du XXI</span><sup><span style="font-style: normal;">e</span></sup><span style="font-style: normal;">
siècle!</span> Dans </span>«<i>ce siècle où l'on n'y croit plus, ou
presque plus. Le mot lui-même est à la </i><i><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiGtOOadR-07xjE--kMxN3nIeA5kCKcdsN0W2qM1SAH59PXZ0nS-bbQ42-6CkCOU8g8CtBL2_dbAYgfm1LBst2zEYEuKauH5IZlMqjwfBhZLxrB26HJbnrG7aoqJw-Z_tQOSd1lHu5eFghImYOLm5wYhJ9PwJqcFXZJR8T2lAmjrjmtAVKrh35XLvs40g/s1200/lenfer-approche-les-meteorologistes-previennent-dune-vague-de-chaleur-devastatrice-va-arriver-sur-le-monde-1-1-2-1200x628.webp" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="628" data-original-width="1200" height="209" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiGtOOadR-07xjE--kMxN3nIeA5kCKcdsN0W2qM1SAH59PXZ0nS-bbQ42-6CkCOU8g8CtBL2_dbAYgfm1LBst2zEYEuKauH5IZlMqjwfBhZLxrB26HJbnrG7aoqJw-Z_tQOSd1lHu5eFghImYOLm5wYhJ9PwJqcFXZJR8T2lAmjrjmtAVKrh35XLvs40g/w400-h209/lenfer-approche-les-meteorologistes-previennent-dune-vague-de-chaleur-devastatrice-va-arriver-sur-le-monde-1-1-2-1200x628.webp" width="400" /></a></span>mode : "C'est un
enfer!" dit-on à propos de tout et de rien. C'est que, pour
remplacer l'enfer tradi-tionnel, l'homme a trouvé des substituts de
choix grâce à sa puissance technique. Nous ne nous y attarderons
pas : guerres, mondiales ou localisées, camps de concentration et
goulags, en passant par la bombe atomique, chômage de masse, famine
chronique, pollution généralisée, dictatures totalitaires, folie
collective de masses fanatisées ou sciemment abêties, autant
d'enfers artificiels, créés par nos sociétés. À côté de ces
enfers conjoncturels, les sciences humaines ont révélé l'existence
d'enfers structurels, beaucoup plus insidieux, quasiment
indestructibles parce que liés à notre condition d'homme. S'ils ne
sont pas éternels, ces enfers sont aussi durables que l'humanité et
nous collent à la peau comme une tunique de Nessus</i><span style="font-style: normal;">».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote7sym" name="sdfootnote7anc"><sup>49</sup></a></span></p><p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.5cm;"><span style="font-style: normal;">Le
scepticisme à propos de l'enfer ne date pas du XVIII</span><sup><span style="font-style: normal;">e</span></sup><span style="font-style: normal;">
siècle des
philosophes. Dès l'Antiquité classique, le poète <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhPK67IYiIukeqGFj5o4uHfaVre5Cp8cm0Gt_WuxPqKpnlBA0nCk0Kpx3OlovmMKjhwksddUmp8HEeQGwzojD6DVb2DgQQNutjulwn_BbEO9Uf3IuMsMs9uK9PFWdOYqcAZQZ6rZxNvuVNE/h120/index.jpg">Lucrèce</a> (vers
100-55 av. J.-C.), «</span><i>à travers sa grande œuvre, </i><span style="font-style: normal;">De
natura rerum, </span><i>poème </i><i><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjZj-d9_6qHIlaaHso9OufLmnb5u3-APLhELxvG-7rWGL49QWBc_MYzwos_gbEUdRN1fTQhFExCApteRcWsnGdTTIpqwbJKqSlMca6z35LaqZsfAov1raYp40Czv-bvM01ZevQNSxZGpAGf2tKuBms9RTkK8n-z8AXu2D73cGrNPUih85FaHb4wsvoGpw/s253/index.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="253" data-original-width="199" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjZj-d9_6qHIlaaHso9OufLmnb5u3-APLhELxvG-7rWGL49QWBc_MYzwos_gbEUdRN1fTQhFExCApteRcWsnGdTTIpqwbJKqSlMca6z35LaqZsfAov1raYp40Czv-bvM01ZevQNSxZGpAGf2tKuBms9RTkK8n-z8AXu2D73cGrNPUih85FaHb4wsvoGpw/w315-h400/index.jpg" width="315" /></a></span>didactique en six livres dans lequel
il expose la pensée d'Épicure, on entrevoit un homme solitaire et
tranquillement pessimiste, plein de pitié pour l'humanité. Cette
dernière n'a certes rien à craindre dans l'au-delà, où il n'y a
rien : la mort est totale : "Il faut chasser et culbuter cette
crainte de l'Achéron, qui, pénétrant jusqu'au fond de l'homme,
jette le trouble dans la vie, la colore tout entière de la noirceur
de la mort". Lucrèce reproche aux diverses religions d'avoir
créée ces mythes infernaux qui entretiennent notre angoisse, alors que
"c'est le plus souvent la religion elle-même qui enfanta des
actes impies et criminels"</i><span style="font-style: normal;">».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote8sym" name="sdfootnote8anc"><sup>50</sup></a>
C'est cette opinion qui reviendra au XIX</span><sup><span style="font-style: normal;">e</span></sup><span style="font-style: normal;">
siècle, avec la position
de Hegel à ce sujet. Bien que minoritaire la position de Lucrèce
fut reprise à l'orée du christianisme par les gnostiques orientaux
: «</span><i>D'une certaine façon, pour la sensibilité gnostique,
l'enfer, c'est l'existence. Pour quelques gnostiques on peut
d'ailleurs parler d'une véritable angoisse existentielle, idée déjà
aperçue chez Lucrèce et qui réapparaît régulièrement dans
l'histoire. Le gnostique a le sentiment d'être bloqué dans ce
monde, sans possibilité de fuir, car après cette vie l'âme se
réincarne. Le monde matériel, œuvre d'un dieu mauvais, est de
nature infernale : "Qui me sauvera de l'angoisse infernale?"
demande un hymne gnostique. Lieu </i><i><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgxEzAXxKGsqCwG93Xji69qktD-KtbYwCdgcoEqgMradjB95hNfda2g8Z4dQewnZFzOQdrk1sgo4bPq2KxREyBgztW5CkApqmZnPzZRO-nCsEZjntfyy-eyLYEy92Rfsfc3pnUiLccKJHwYSKChbbp1H-9GkDmdSJkJeww2eSLSvBhf5qiSkzesTb44GA/s1656/image.webp" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1060" data-original-width="1656" height="256" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgxEzAXxKGsqCwG93Xji69qktD-KtbYwCdgcoEqgMradjB95hNfda2g8Z4dQewnZFzOQdrk1sgo4bPq2KxREyBgztW5CkApqmZnPzZRO-nCsEZjntfyy-eyLYEy92Rfsfc3pnUiLccKJHwYSKChbbp1H-9GkDmdSJkJeww2eSLSvBhf5qiSkzesTb44GA/w400-h256/image.webp" width="400" /></a></span>d'agitation absurde, soumis aux
puis-sances malfai-santes, le monde ressemble à une forteresse close,
entourée de murs et de fossés, à un cloaque, à une prison
ténébreuse, à un désert, à un <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgxEzAXxKGsqCwG93Xji69qktD-KtbYwCdgcoEqgMradjB95hNfda2g8Z4dQewnZFzOQdrk1sgo4bPq2KxREyBgztW5CkApqmZnPzZRO-nCsEZjntfyy-eyLYEy92Rfsfc3pnUiLccKJHwYSKChbbp1H-9GkDmdSJkJeww2eSLSvBhf5qiSkzesTb44GA/s1656/image.webp">chaos</a>, transposition dans cette
vie des images de l'enfer classique. Infernales sont les lois de la
nature, l'ordre du monde est mauvais, en particulier le temps,
absurde marche à la mort, chaque instant détruisant le précédent.
À ce temps il faut échapper et détruire les lois physiques,
sociales et morales du monde. Pour se soustraire à cet enfer, il
faut être initié à une certaine connaissance ou gnose, qui révèle
à chacun sa nature supérieure et le salut</i><span style="font-style: normal;">».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote9sym" name="sdfootnote9anc"><sup>51</sup></a>
On a là l'essentiel de ce que les différentes pensées ésotériques
véhiculeront jusqu'à nos jours. «</span><i>Tous les hommes
connaissent leur enfer en cette vie; tous sont soumis aux limitations
naturelles et aux angoisses existentielles qui constituent l'essence
de l'enfer. Ici, l'enfer, c'est chacun d'entre nous, c'est ma vie,
c'est moi-même. Cet enfer présent cessera lors de la victoire
générale et définitive du bien, quelle que soit la forme sous
laquelle on envisage cet événement. Nul besoin donc d'élaborer des
supplices futurs pour les méchants puisque la frustration
fondamentale, base essentielle d'un enfer futur, n'existe pas</i><span style="font-style: normal;">».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote10sym" name="sdfootnote10anc"><sup>52</sup></a></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.5cm;"><span style="font-style: normal;">En
Occident, ce ne fut pas avant le XVIII</span><sup><span style="font-style: normal;">e</span></sup><span style="font-style: normal;">
siècle que les philosophes </span><span style="font-style: normal;"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjtfKnMywY2upOTXJ1tT6d1kHbH1rwXlynPfTwTqHv7hjyAInQ3GwokMYDCJM4ppqye2Wtpr0f-ht4hOT6UuviNVIgJczcuU4l9Fpx1G0dkV6mpV7mKDriGhxb1rT3x4N3z53dej1Ba9hbNigH8kmZE0f4g95fUgQBo_s2c2jT7QZSLnNNpOJRO36NjHg/s314/Jean-Fran%C3%A7ois_Marmontel.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="314" data-original-width="260" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjtfKnMywY2upOTXJ1tT6d1kHbH1rwXlynPfTwTqHv7hjyAInQ3GwokMYDCJM4ppqye2Wtpr0f-ht4hOT6UuviNVIgJczcuU4l9Fpx1G0dkV6mpV7mKDriGhxb1rT3x4N3z53dej1Ba9hbNigH8kmZE0f4g95fUgQBo_s2c2jT7QZSLnNNpOJRO36NjHg/w265-h320/Jean-Fran%C3%A7ois_Marmontel.jpg" width="265" /></a></span>reconnurent
l'enfer comme relevant de l'angoisse existentielle. Dans son
</span><i>Bélisaire, </i><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjtfKnMywY2upOTXJ1tT6d1kHbH1rwXlynPfTwTqHv7hjyAInQ3GwokMYDCJM4ppqye2Wtpr0f-ht4hOT6UuviNVIgJczcuU4l9Fpx1G0dkV6mpV7mKDriGhxb1rT3x4N3z53dej1Ba9hbNigH8kmZE0f4g95fUgQBo_s2c2jT7QZSLnNNpOJRO36NjHg/s314/Jean-Fran%C3%A7ois_Marmontel.jpg">Marmontel</a>
«</span><i>s'élève contre l'aspect barbare que révèle la
croyance à l'enfer. Dans un passage resurgit l'idée d'après
laquelle le véritable enfer existe sur terre, dû aux gouvernants,
fauteurs d'injustices et de guerres : "Si la violence et cruauté
lui mettent [à Dieu] la flamme et le fer à la main, si les princes
qui la professent, faisant de ce monde un enfer, tourmentent au nom
d'un Dieu de paix ceux qu'ils devraient aimer et plaindre, on croira
de deux choses l'une : ou que leur religion est barbare, ou qu'ils ne
sont pas dignes d'elle"</i><span style="font-style: normal;">».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote11sym" name="sdfootnote11anc"><sup>53</sup></a>
Un siècle plus tard, si Baudelaire invitait </span><span style="font-style: normal;"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi9NLHm450BsvqPck1cfwJSbsC4v4QdoP6Bzam5yiXFd5pwKcxIID8NmsiOLdW1BkTo-4dET1rzZV7R5P7GpQgAEIXmgPjO5z48RuEFKbZMGEtJ6fsxCbNq6CiDRq8HqbQXPq1zre95rkci_8bypy9dus8l4b6aKYI2UbcIQYV9RQWL-VUIHSOtrOTsNw/s570/07fae333-f026-48a0-8b3d-06e4cff22598_g_570.webp" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="570" data-original-width="415" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi9NLHm450BsvqPck1cfwJSbsC4v4QdoP6Bzam5yiXFd5pwKcxIID8NmsiOLdW1BkTo-4dET1rzZV7R5P7GpQgAEIXmgPjO5z48RuEFKbZMGEtJ6fsxCbNq6CiDRq8HqbQXPq1zre95rkci_8bypy9dus8l4b6aKYI2UbcIQYV9RQWL-VUIHSOtrOTsNw/w233-h320/07fae333-f026-48a0-8b3d-06e4cff22598_g_570.webp" width="233" /></a></span>à la descente et
Rimbaud y passait </span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEitaLa5LsTLqK8FebPGlSJXU7FB6TleFQWUWgt0KdUTXw1daTw9s9p_SeNgwKMXia1pBskfC8XgM6GQu2AAYfHbphVBjCRz6PK61ED0mlNSYnhYnNWsXZIfLKtO2VNYEtUTwqP_xOPT6tf-/h120/07fae333-f026-48a0-8b3d-06e4cff22598_g_570.webp"><i>une saison</i></a><span style="font-style: normal;">,
l'enfer semblait ne plus concerner que les </span><i>poètes maudits,
</i><span style="font-style: normal;">tel Lautréamont. Au XX</span><sup><span style="font-style: normal;">e</span></sup><span style="font-style: normal;">
siècle, dans la foulée de Hegel, Heidegger situait l'enfer dans
l'angoisse existentielle, «</span><i>insistant sur le désespoir
qu'engendre la fusion du moi dans l'anonyme "on" : le moi
est pris dans la conscience de son insuffisance face à son destin,
de ses limites face à la mort et, ainsi, "le frisson de
l'angoisse court sans cesse à travers l'être humain"</i><span style="font-style: normal;">».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote12sym" name="sdfootnote12anc"><sup>54</sup></a><a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote12sym" name="sdfootnote12anc"></a>
Mais c'est Jean-Paul Sartre qui en fixe la définition moderne :</span></p><p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.5cm;"><span style="font-style: normal;"></span></p><blockquote><p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.5cm;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh23I8_t-JnWs7_D8wdgAeIsOYzlM-fu7mVPIkwxKXj_uYheqaE8_pUmNoRYHqD0osHl1HU9mLXWg6oyQ25jDYeU69FahShEKN6IjZsh73YHX2MtzcKWLmRFvdk-xe9z-8J0-FDx7C1DPo1J-f3bnecvF16SumTmqz5WD2VnTb38dsmcv5s590O6Rml8Q/s259/images.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="259" data-original-width="194" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh23I8_t-JnWs7_D8wdgAeIsOYzlM-fu7mVPIkwxKXj_uYheqaE8_pUmNoRYHqD0osHl1HU9mLXWg6oyQ25jDYeU69FahShEKN6IjZsh73YHX2MtzcKWLmRFvdk-xe9z-8J0-FDx7C1DPo1J-f3bnecvF16SumTmqz5WD2VnTb38dsmcv5s590O6Rml8Q/w240-h320/images.jpg" width="240" /></a></span>«</span><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhg-l3MSb3XnM9LocfgRTJAxS1tOmGN3gt8TVrw2PK5_2N21DKCkRl71uayHUksCx9uio_HwW4l7BjZ4mTGAQQfwyVnIydjFJzCQNeavwzmhQrHMiB1o9MI0-gSiFtQj1uqfmweQzYzWKeS/h120/images.jpg">Jean-Paul Sartre</a> a certainement lancé une des grandes formules du siècle
lorsqu'il a écrit : "L'enfer, c'est les aures". Son enfer
se déroule à </i><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi7g_5VRpt5go_jsRQgqkC2XgxmQAv_ruqmQa4cloOggGRJuo9ebYhNxdmiWisuJfhJENO-Yd8H3vR2Bj6aby6vA1_KTxEwgXPudWJ6AwYG8X9XqLeO_Nv1fn8E1z5K_QS9S-SZSjV7uVHO/h120/huisclos.jpg">Huis clos</a>. </span><i>Dans
ce monde dont on ne s'échappe pas. Il n'y a aucune issue hors de la
prison de l'humanité. Et même s'il en existait une, on ne
l'utiliserait pas. Dans le salon où sont enfermés les trois
personnages, la porte est un moment ouverte. Pourtant personne n'en
profite : les damnés se haïssent mais sont inséparables.</i></p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.5cm;"><i>Ils
sont trois, autre condition indispensable. L'enfer est dans la
relation avec l'autre sous le regard d'un troisième. Chacun n'existe
que par les autres et </i><i><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhb6v_PVKXQ4pK108VooG4DJJALDUuei5WRYN6uCcVsRjj42WRf5me7WEzgRaVaY_KkEQFSWq7CZecddALapzwpDMBRYj0wv0OyL835jJ6nQterflyCB0Nr5dqRpBVJxGyuDlbW5gmTuETAmBw96UopdHQOAE7g4uRg7G3SpmTydZtmFYQD3yLCKtw6sw/s250/huisclos.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="250" data-original-width="192" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhb6v_PVKXQ4pK108VooG4DJJALDUuei5WRYN6uCcVsRjj42WRf5me7WEzgRaVaY_KkEQFSWq7CZecddALapzwpDMBRYj0wv0OyL835jJ6nQterflyCB0Nr5dqRpBVJxGyuDlbW5gmTuETAmBw96UopdHQOAE7g4uRg7G3SpmTydZtmFYQD3yLCKtw6sw/w246-h320/huisclos.jpg" width="246" /></a></span>leur regard est un jugement. Dans le salon
infernal, pas de miroir : on ne peut se voir qu'à travers les
autres, qui possèdent notre être : "Vous m'avez volé jusqu'à
mon visage : vous le connaissez et je ne le connais pas", dit
Inès. Dans ces conditions, nul besoin de démons tourmenteurs : la
présence d'autrui suffit à créer l'enfer : "Vous allez vois
comme c'est bête. Bête comme chou! Il n'y a pas de torture
physique, n'est-ce pas? Et cependant nous sommes en enfer. Et
personne ne doit venir. Personne. Nous resterons jusqu'au bout seuls
ensemble. C'est bien ça? En somme, il y a quelqu'un qui manque ici,
c'est le bourreau [...]. Eh bien, ils ont réalisé une économie de
personnel. Voilà tout". Cette souffrance est beaucoup plus
efficace que celle de l'ancien enfer, que regrette Garcin : "Ouvrez!
Ouvrez donc! J'accepte tout : les brodequins, les tenailles, le plomb
fondu, les pincettes, le garrot, tout ce qui brûle, tout ce qui
déchire, je veux souffrir pour de bon. Plutôt cent morsures, plutôt
le fouet, le vitriol, que cette souffrance de tête, ce fantôme de
souffrance qui frôle, qui caresse et qui ne fait jamais assez mal".</i></p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.5cm;"><i><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg5D4XLGZFzdnURlCSCujnVD1UeJPUxcBXpGvkBHbslI1lzlbqk2oixgc0t78He76N8LF5RDuluquvoXPpE7wFIptYpCELzMhchoXzCYJ9c-r1jjX0vzqzHHFxq41CTGxIXO2Eyt8omJJFIPKy7WGJVDGg4vJVmEmPnllAAhn9Sxrbc723tUrLwue2d2w/s932/Capture-d%E2%80%99e%CC%81cran-2020-04-18-a%CC%80-17.02.51.png" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="662" data-original-width="932" height="227" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg5D4XLGZFzdnURlCSCujnVD1UeJPUxcBXpGvkBHbslI1lzlbqk2oixgc0t78He76N8LF5RDuluquvoXPpE7wFIptYpCELzMhchoXzCYJ9c-r1jjX0vzqzHHFxq41CTGxIXO2Eyt8omJJFIPKy7WGJVDGg4vJVmEmPnllAAhn9Sxrbc723tUrLwue2d2w/s320/Capture-d%E2%80%99e%CC%81cran-2020-04-18-a%CC%80-17.02.51.png" width="320" /></a></span>Dans
l'enfer sartrien, chacun se sent dépossédé de lui-même. Nous ne
sommes pas ce que nous voudrions paraître, nous sommes ce que les
autres nous voient être. Les regrets sont inévitables et vains :
"Garcin : - Je suis mort trop tôt. On ne m'a pas laissé le
temps de faire mes actes. Inès : - On meurt toujours trop tôt, ou
trop tard. Et cependant la vie est là, terminée; le trait est tiré,
il faut faire la somme. Tu n'es rien d'autre que ta vie". Il n'y
plus qu'à se résigner : "Alors, c'est ça, l'enfer. Je
n'aurais jamais cru [...]. Vous vous rappelez : le soufre, le bûcher,
le gril [...]. Ah! quelle plaisanterie. Pas besoin de gril : l'enfer,
c'est les autres".</i></p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.5cm;"><i>Dans
cette optique, même ce que nous appelons l'amour est une infernale
illusion, qui n'a jamais rendu heureux personne. Loin d'être la
communion de deux êtres, il s'agit du conflit de deux "moi",
chacun tentant de dominer l'autre et de l'exploiter pour se
dissimuler à soi-même son néant et se donner l'illusion d'un
</i><span style="font-style: normal;">en-soi. </span><i>Se donner est
en fait s'imposer, dans le vain espoir de se trouver soi-même</i><span style="font-style: normal;">».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote13sym" name="sdfootnote13anc"><sup>55</sup></a></span></p></blockquote><p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.5cm;"><span style="font-style: normal;"><a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote13sym" name="sdfootnote13anc"><sup></sup></a></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.5cm;"><span style="font-style: normal;">Chez
Albert Camus, enfin, être et enfer deviennent synonyme : «</span><i>Avoir
conscience de la vanité de </i><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjahDL-TCLMVAmtOM2BUE7pCGNnOIf6bBruSpPYmJKRJpvTaXImF8ubBj8ZVwTCMnaHQwUCr_45SCf15jPL6eBoWlDkK9rylAFiQVeCB_l1E_dKyUNmuMdPzZV7MAbZV5KeG9UEM2ZCrpkT1uqRScPWiYrcG0gWl0MBRa8yyLdQSZ8kX_BiiSMV7_e2Eg/s1440/474350c_1655452520540-enattendantgodot-jeanlouisfernandez-047.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="960" data-original-width="1440" height="266" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjahDL-TCLMVAmtOM2BUE7pCGNnOIf6bBruSpPYmJKRJpvTaXImF8ubBj8ZVwTCMnaHQwUCr_45SCf15jPL6eBoWlDkK9rylAFiQVeCB_l1E_dKyUNmuMdPzZV7MAbZV5KeG9UEM2ZCrpkT1uqRScPWiYrcG0gWl0MBRa8yyLdQSZ8kX_BiiSMV7_e2Eg/w400-h266/474350c_1655452520540-enattendantgodot-jeanlouisfernandez-047.jpg" width="400" /></a>l'existence, d'être jeté dans un monde
sans but, sans fin, sans signifi-cation, être "étranger" à
l'univers et aux autres : c'est cela l'enfer. Tout ce que nous
pouvons faire, c'est appréhender notre condition lucidement et dans
une attitude de défi</i><span style="font-style: normal;">».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote14sym" name="sdfootnote14anc"></a><a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote14sym" name="sdfootnote14anc"><sup>56</sup></a>
L'existentialisme athée de Sartre et de Camus semble apporter le
dernier mot à l'enfer, expérience systématisée d'ailleurs chez
Beckett, dans </span><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgRP0Iw8zb9d-f9PKU6DmebbJcgU9rZAIZ-PDWVTqRQ-u5M7VdNIfFhSaap7QfoN7Km8AxUhvNsO6HxH5R1Wnn7jDVPeeF-EchGzvwYbpxGxIdbGORO4RIKUAnDydmudI7SdqnYlTAf4aE2/h120/474350c_1655452520540-enattendantgodot-jeanlouisfernandez-047.jpg">En attendant Godot</a>. </i><span style="font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgZrNBHuef2tm6uRPGdHAoUWvcGeLWApRHCjKnzzf5YLMVP0CVSqZcnBXx7Td9Dv5nRTDITe1xR5FuTp_Uha9oK_R3EBc7tEF4qiVI2UZMng_zQC-ywdypT7w3x94G20-f6kpoTZIQmvblYSJOeJgMwxxRqtLu8yyn7dyIm0DD-QFgf-9T7Vaoo1HXLkw/s319/Boehme_Portrait_1730.jpeg.jpeg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="319" data-original-width="220" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgZrNBHuef2tm6uRPGdHAoUWvcGeLWApRHCjKnzzf5YLMVP0CVSqZcnBXx7Td9Dv5nRTDITe1xR5FuTp_Uha9oK_R3EBc7tEF4qiVI2UZMng_zQC-ywdypT7w3x94G20-f6kpoTZIQmvblYSJOeJgMwxxRqtLu8yyn7dyIm0DD-QFgf-9T7Vaoo1HXLkw/w276-h400/Boehme_Portrait_1730.jpeg.jpeg" width="276" /></a><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhMmP4fi-FTNetqJH0IgcNBJSxcj5Ecj62l2N4RetpnsGgzFIKmOAY4CXGd2vDZZz9okexBjmTtBrNKQoHG8VLc5dYMLGvUa7gVkRnpHkdKNZwpFme9RBzBd7g24wBpuPV1FPhHvsMN9Hjb/h120/Boehme_Portrait_1730.jpeg.jpeg">Jacob Boehme</a>, au XVII</span><sup><span style="font-style: normal;">e</span></sup><span style="font-style: normal;">
siècle, écrivait : </span><i>«Le Dieu saint et le Dieu du monde
ténébreux ne sont pas deux dieux : il n'y a qu'un Dieu unique; il
est à lui-même tout être, il est le bien et le mal, le ciel et
l'enfer, la lumière et les ténèbres, l'éternité et le temps, le
commencement et la fin</i><span style="font-style: normal;">».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote15sym" name="sdfootnote15anc"><sup>57</sup></a>
La déchéance de l'Être unie le Créateur et sa
créature, les anéantissant tous les deux dans une même négativité.
Désormais et pour toujours, l</span>’Enfer, le Purgatoire et le
Paradis sont simultanément en nous. Ce sont des instances qui
appellent la deuxième topique freudienne, celle du Ça, du Moi et du
Surmoi. L'instance des passions non éduquées, non maîtrisées, qui
conduit à l’auto-destruction et voire, à l'anéantissement pur et
simple de notre monde. Au sommet, l'instance des idéaux de pureté
et de dépassement représentée par Béatrice, dans le poème de
Dante ne semble plus disposer de représentants modernes.</p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">Que
reste-t-il de l'enfer après tout cela? Pourtant, conclut
Minois, «<i>cette merveilleuse construction n'a en aucun temps
fonctionné correctement. Elle a toujours péché par une volonté
excessive de perfection qui a conduit à des contradictions
insolubles : jamais les théologiens n'ont pu expliquer correctement
comment un feu que l'on veut matériel peut agir sur des âmes
immatérielles, comment des damnés qui continuent à penser dans le
temps ne peuvent plus se repentir, comment un Dieu bon et
tout-puissant peut tolérer cet échec éternel de sa création.
L'état de souffrance absolue que voulait décrire l'enfer chrétien
était miné par trop de contradictions internes pour être vraiment
crédible</i><span style="font-style: normal;">».<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote16sym" name="sdfootnote16anc"><sup>58</sup></a>
Les souffrances subjectives de l'enfer intériorisées par les
fidèles à la suite d'une prédication terroriste se sont ajoutées
aux souffrances objectives qui sont le propre du Mal sur terre. Elles
n'ont pas tant exercées cette solution de catharsis que les
prédicateurs les mieux intentionnés lui conféraient. Elles ont
plutôt alourdi la conscience coupable des croyants et la terreur
instinctive des populations qui ne pouvaient accéder à cet enfer
philosophique, produit de la rationalité des scolastiques ou des
philosophes laïcs ou athées.</span></p>
<p align="CENTER" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">*</p>
<p align="CENTER" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">**</p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.5cm;">Si j’avais à écrire <i>La Divine
Comédie…, </i>elle serait sans doute pleine du mystère qui habite l'histoire de l'humanité, tant dans ses individus que dans son ensemble. J'y apporterait la célèbre phrase tirée des <i>Principes de
la philoso</i><i>phie du droit</i> :<i> </i>«<i>Lorsque la
philo</i><i>sophie peint sa grisaille dans la grisaille, une
</i><i><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhO3btXmmLhxHBE_BuGkusJKO1D-KqsUk4eZ3D0BV3j-B32ssii_G0-h_jfBfUN9EBmSmnlJpWPFBlcEi6-YTUiyDhEj53zGAeVjxjzw4vcocqBNd300o9NKNsUiH-FxlBbbDKT9glwttM/s1600/chouette-hulotte-chasse-347541.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="266" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhO3btXmmLhxHBE_BuGkusJKO1D-KqsUk4eZ3D0BV3j-B32ssii_G0-h_jfBfUN9EBmSmnlJpWPFBlcEi6-YTUiyDhEj53zGAeVjxjzw4vcocqBNd300o9NKNsUiH-FxlBbbDKT9glwttM/s1600/chouette-hulotte-chasse-347541.jpg" width="400" /></a></span>manifestation de la vie achève de vieillir. On ne peut pas la
rajeunir avec du gris sur du gris, mais seulement la connaître. Ce
n’est qu’au début du crépuscule que la <a href="https://www.blogger.com/#">chouette
de Minerve</a> prend son envol</i>». Sans doute est-ce à ce moment
précis pour la civilisation, lorsque pointe son crépuscule, que notre regard peut le mieux percer les ombres de sa nuit. Et que c’est parce qu’il
vécut <i>l’automne du Moyen Âge </i>que Dante put <a href="https://www.blogger.com/#">pénétrer</a>,
en ce moment privilégié, le fond de toutes civilisations : «<i>Au
milieu de la course de notre vie, je perdis le véritable chemin, et
je m’égarai dans une forêt obscure : ah! il serait trop
pénible de dire combien cette forêt, dont le souvenir renouvelle ma
crainte, était âpre, touffue et sauvage. Ses horreurs ne sont pas
moins amères que les atteintes de la mort. Pour expliquer l’appui
secourable que j’y rencontrai, je </i><i><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEimTYuqMY6zm0xG7AolFJOvE6xp83srqehn8xUEpi5fyN4Yjg6JrlBjtWKyAeXFbnYDnogSdhbHUM0324_BL5kP-5xZKaAEklE0tJMR1oHKpl0Qk5RDZMYyVTsXIlbEJhX4RKx6Q6oCV24/s1600/446-div2.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="161" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEimTYuqMY6zm0xG7AolFJOvE6xp83srqehn8xUEpi5fyN4Yjg6JrlBjtWKyAeXFbnYDnogSdhbHUM0324_BL5kP-5xZKaAEklE0tJMR1oHKpl0Qk5RDZMYyVTsXIlbEJhX4RKx6Q6oCV24/s1600/446-div2.jpg" width="400" /></a></i></span>dirai quel autre
<a href="https://www.blogger.com/#">spectacle</a> s’offrit à mes yeux. Je ne puis pas bien retracer
comment j’entrai dans cette forêt, tant j’étais accablé de
terreur, quand j’abandonnai la bonne voie. Mais à peine fus-je
arrivé au pied d’une colline où se terminait la vallée qui
m’avait fait ressentir un effroi si cruel, que je levai les yeux et
que je vis le sommet de cette colline revêtu des rayons de l’astre
qui est un guide sûr dans tous les voyages. Alors s’affaiblit la
crainte qui m’avait glacé le cœur pendant la nuit où j’étais
si digne de pitié</i>». De l’angoisse de l'automne, Dante nous
fait passer à l’aurore de la <i>primavera</i>; entendons-nous, à
l’aurore de la modernité. Entre le crépuscule et l’aurore
s’étend l’empire du Grand-Duc⌛
</p><p align="RIGHT" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: "hoefler text ornaments";">Montréal</span></p>
<p align="RIGHT" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: "hoefler text ornaments";">30 juillet 2022</span></p><div id="sdfootnote1">
<p class="sdfootnote" style="margin-left: 0cm; text-indent: 0cm;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote1anc" name="sdfootnote1sym">1</a>
G. Minois. <i>Histoire des enfers, </i><span style="font-style: normal;">Paris,
Fayard, 1991, p. 9.</span></p>
</div>
<div id="sdfootnote2">
<p class="sdfootnote" style="margin-left: 0cm; text-indent: 0cm;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote2anc" name="sdfootnote2sym">2</a>
G. Minois. ibid. p. 9.</p>
</div>
<div id="sdfootnote3">
<p class="sdfootnote" style="margin-left: 0cm; text-indent: 0cm;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote3anc" name="sdfootnote3sym">3</a>
G. Minois. ibid. p. 10.</p>
</div>
<div id="sdfootnote4">
<p class="sdfootnote" style="margin-left: 0cm; text-indent: 0cm;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote4anc" name="sdfootnote4sym">4</a>
G. Minois. ibid. p. 13.</p>
</div>
<div id="sdfootnote5">
<p class="sdfootnote" style="margin-left: 0cm; text-indent: 0cm;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote5anc" name="sdfootnote5sym">5</a>
G. Minois. ibid. p. 14.</p>
</div>
<div id="sdfootnote6">
<p class="sdfootnote" style="margin-left: 0cm; text-indent: 0cm;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote6anc" name="sdfootnote6sym">6</a>
G. Minois. ibid. p. 16.</p>
</div>
<div id="sdfootnote7">
<p class="sdfootnote" style="margin-left: 0cm; text-indent: 0cm;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote7anc" name="sdfootnote7sym">7</a>
G. Minois. ibid. p. 16</p>
</div>
<div id="sdfootnote8">
<p class="sdfootnote" style="margin-left: 0cm; text-indent: 0cm;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote8anc" name="sdfootnote8sym">8</a>
G. Minois. ibid. p. 17.</p>
</div>
<div id="sdfootnote9">
<p class="sdfootnote" style="margin-left: 0cm; text-indent: 0cm;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote9anc" name="sdfootnote9sym">9</a>
G. Minois. ibid. p. 18.</p>
</div>
<div id="sdfootnote10">
<p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote10anc" name="sdfootnote10sym">10</a>G.
Minois. ibid. pp. 18-19.</p>
</div>
<div id="sdfootnote11">
<p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote11anc" name="sdfootnote11sym">11</a>G.
Minois. ibid. p. 19.</p>
</div>
<div id="sdfootnote12">
<p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote12anc" name="sdfootnote12sym">12</a>G.
Minois. ibid. pp. 20-21.</p>
</div>
<div id="sdfootnote1">
<p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="https://www.blogger.com/#sdfootnote1anc" name="sdfootnote1sym">13</a>G.
Minois. ibid. p. 23.</p>
</div>
<div id="sdfootnote2">
<p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="https://www.blogger.com/#sdfootnote2anc" name="sdfootnote2sym"></a>14<a class="sdfootnotesym" href="https://www.blogger.com/#sdfootnote2anc" name="sdfootnote2sym"></a>G.
Minois. ibid. p. 28.</p><p style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<div id="sdfootnote1">
<p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="https://www.blogger.com/#sdfootnote1anc" name="sdfootnote1sym"></a><a class="sdfootnotesym" href="https://www.blogger.com/#sdfootnote1anc" name="sdfootnote1sym">15</a><a class="sdfootnotesym" href="https://www.blogger.com/#sdfootnote1anc" name="sdfootnote1sym"></a>G.
Minois. ibid. p. 26.</p>
</div>
<div id="sdfootnote2">
<p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="https://www.blogger.com/#sdfootnote2anc" name="sdfootnote2sym">16</a>G.
Minois. ibid. p. 27.</p>
</div>
<div id="sdfootnote3">
<p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="https://www.blogger.com/#sdfootnote3anc" name="sdfootnote3sym"></a><a class="sdfootnotesym" href="https://www.blogger.com/#sdfootnote3anc" name="sdfootnote3sym">17</a>G.
Minois. ibid. p. 37.</p>
</div>
<div id="sdfootnote4">
<p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="https://www.blogger.com/#sdfootnote4anc" name="sdfootnote4sym">18</a>G.
Minois. ibid. p. 38.</p>
</div>
<div id="sdfootnote5">
<p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="https://www.blogger.com/#sdfootnote5anc" name="sdfootnote5sym">19</a>G.
Minois. ibid. p. 38.</p>
</div>
<div id="sdfootnote6">
<p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="https://www.blogger.com/#sdfootnote6anc" name="sdfootnote6sym">20</a>G.
Minois. ibid. p. 39.</p>
</div>
<div id="sdfootnote7">
<p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="https://www.blogger.com/#sdfootnote7anc" name="sdfootnote7sym">21</a>G.
Minois. ibid. pp. 39-40.</p>
</div>
<div id="sdfootnote8">
<p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="https://www.blogger.com/#sdfootnote8anc" name="sdfootnote8sym">22</a>G.
Minois. ibid. p. 53.</p>
</div>
<div id="sdfootnote9">
<p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="https://www.blogger.com/#sdfootnote9anc" name="sdfootnote9sym">23</a>G.
Minois. ibid. pp. 55-56.</p>
</div>
<div id="sdfootnote10">24G.
Minois. ibid. pp. 57-58.
</div>
<div id="sdfootnote11">
<p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="https://www.blogger.com/#sdfootnote11anc" name="sdfootnote11sym">25</a>G.
Minois. p. 55.</p>
</div>
<div id="sdfootnote12">
<p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="https://www.blogger.com/#sdfootnote12anc" name="sdfootnote12sym">26</a>G.
Minois. ibid. p. 59.</p>
</div>
<div id="sdfootnote13">
<p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="https://www.blogger.com/#sdfootnote13anc" name="sdfootnote13sym">27</a>G.
Minois. ibid. p. 74.</p>
</div>
<div id="sdfootnote14">
<p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="https://www.blogger.com/#sdfootnote14anc" name="sdfootnote14sym">28</a>G.
Minois. ibid. p. 74.</p>
</div>
<div id="sdfootnote15">
<p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="https://www.blogger.com/#sdfootnote15anc" name="sdfootnote15sym">29</a>G.
Minois. ibid. pp. 74-75.</p>
</div>
<div id="sdfootnote16">
<p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="https://www.blogger.com/#sdfootnote16anc" name="sdfootnote16sym">30</a>G.
Minois. ibid. p. 78.</p>
</div>
<div id="sdfootnote17">
<p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="https://www.blogger.com/#sdfootnote17anc" name="sdfootnote17sym">31</a>G.
Minois. ibid. p. 89.</p>
</div>
<div id="sdfootnote18">
<p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="https://www.blogger.com/#sdfootnote18anc" name="sdfootnote18sym">32</a>Cité
in G. Minois. ibid. p. 86.</p>
</div>
<div id="sdfootnote19">
<p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="https://www.blogger.com/#sdfootnote19anc" name="sdfootnote19sym">33</a>G.
Minois. ibid. p. 97.</p>
</div>
<div id="sdfootnote20">
<p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="https://www.blogger.com/#sdfootnote20anc" name="sdfootnote20sym">34</a>G.
Minois. ibid. pp. 94-95.</p>
</div>
<div id="sdfootnote21">
<p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="https://www.blogger.com/#sdfootnote21anc" name="sdfootnote21sym">35</a>G.
Minois. ibid. pp. 101-102.</p>
</div>
<div id="sdfootnote22">
<p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="https://www.blogger.com/#sdfootnote22anc" name="sdfootnote22sym">36</a>G.
Minois. ibid. p. 105.</p>
</div>
<div id="sdfootnote23">
<p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="https://www.blogger.com/#sdfootnote23anc" name="sdfootnote23sym">37</a>G.
Minois. ibid. p. 106.</p>
</div>
<div id="sdfootnote24">
<p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="https://www.blogger.com/#sdfootnote24anc" name="sdfootnote24sym">38</a>G.
Minois. ibid. pp. 157-158.</p>
</div>
<div id="sdfootnote25">
<p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="https://www.blogger.com/#sdfootnote25anc" name="sdfootnote25sym">39</a>G.
Minois. ibid. p. 160.</p>
</div>
<div id="sdfootnote26">
<p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="https://www.blogger.com/#sdfootnote26anc" name="sdfootnote26sym">40</a>G.
Minois. ibid. p. 168.</p>
</div>
<div id="sdfootnote27">
<p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="https://www.blogger.com/#sdfootnote27anc" name="sdfootnote27sym">41</a>G.
Minois. ibid. p. 174.</p>
</div>
<div id="sdfootnote28">
<p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="https://www.blogger.com/#sdfootnote28anc" name="sdfootnote28sym">42</a>G.
Minois. ibid. p. 184.</p>
</div>
<div id="sdfootnote29">
<p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="https://www.blogger.com/#sdfootnote29anc" name="sdfootnote29sym">43</a>G.
Minois. ibid. p. 174.</p>
</div>
<p style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<div id="sdfootnote1">
<p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="https://www.blogger.com/#sdfootnote1anc" name="sdfootnote1sym"></a><a class="sdfootnotesym" href="https://www.blogger.com/#sdfootnote1anc" name="sdfootnote1sym"></a>44<a class="sdfootnotesym" href="https://www.blogger.com/#sdfootnote1anc" name="sdfootnote1sym"></a><a class="sdfootnotesym" href="https://www.blogger.com/#sdfootnote1anc" name="sdfootnote1sym"></a>G.
Minois. ibid. p. 168.</p>
</div>
<div id="sdfootnote2">
<p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="https://www.blogger.com/#sdfootnote2anc" name="sdfootnote2sym">45</a>G.
Minois. ibid. p. 229.</p>
</div>
<div id="sdfootnote3">
<p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="https://www.blogger.com/#sdfootnote3anc" name="sdfootnote3sym">46</a>G.
Minois. ibid. p. 273.</p>
</div>
<div id="sdfootnote4">
<p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="https://www.blogger.com/#sdfootnote4anc" name="sdfootnote4sym">47</a>G.
Minois. ibid. p. 338.</p>
</div>
<div id="sdfootnote5">
<p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="https://www.blogger.com/#sdfootnote5anc" name="sdfootnote5sym">48</a>G.
Minois. ibid. p. 339.</p>
</div>
<div id="sdfootnote6">
<p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="https://www.blogger.com/#sdfootnote6anc" name="sdfootnote6sym">49</a>G.
Minois. ibid. pp. 357-358.</p>
</div>
<div id="sdfootnote7">
<p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="https://www.blogger.com/#sdfootnote7anc" name="sdfootnote7sym">50</a>G.
Minois. ibid. p. 390.</p>
</div>
<div id="sdfootnote8">
<p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="https://www.blogger.com/#sdfootnote8anc" name="sdfootnote8sym">51</a>G.
Minois. ibid p. 49.</p>
</div>
<div id="sdfootnote9">
<p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="https://www.blogger.com/#sdfootnote9anc" name="sdfootnote9sym">52</a>G.
Minois. ibid. pp. 83-84.</p>
</div>
<div id="sdfootnote10">
<p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="https://www.blogger.com/#sdfootnote10anc" name="sdfootnote10sym">53</a>G.
Minois. ibid. p. 103.</p>
</div>
<div id="sdfootnote11">
<p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="https://www.blogger.com/#sdfootnote11anc" name="sdfootnote11sym">54</a>G.
Minois. ibid. p. 312.</p>
</div>
<div id="sdfootnote12">
<p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="https://www.blogger.com/#sdfootnote12anc" name="sdfootnote12sym"></a>55<a class="sdfootnotesym" href="https://www.blogger.com/#sdfootnote12anc" name="sdfootnote12sym"></a>G.
Minois. ibid. p. 394.</p>
</div>
<div id="sdfootnote13">
<p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="https://www.blogger.com/#sdfootnote13anc" name="sdfootnote13sym">56</a>G.
Minois. ibid. pp. 393-394.</p>
</div>
<div id="sdfootnote14">
<p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="https://www.blogger.com/#sdfootnote14anc" name="sdfootnote14sym">57</a>G.
Minois. ibid. pp. 394-395.</p>
</div>
<div id="sdfootnote15">
<p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="https://www.blogger.com/#sdfootnote15anc" name="sdfootnote15sym">58</a>Cité
in G. Minois. ibid. p. 398.</p>
</div>
<div id="sdfootnote16">
<p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" href="https://www.blogger.com/#sdfootnote16anc" name="sdfootnote16sym">59</a>G.
Minois. ibid. p. 400.</p>
</div></div><div style="text-align: right;">
<span lang="FR-CA" style="font-family: "hoefler text ornaments";">Montréal</span></div>
<div style="text-align: right;">
<span lang="FR-CA" style="font-family: "hoefler text ornaments";">16 septembre 2014 </span></div>
</div>
</div>
Coupalhttp://www.blogger.com/profile/14839226309394850656noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8942859135376014620.post-70518521803754243162015-01-05T23:21:00.002-05:002020-02-22T10:22:07.599-05:00Les sept péchés capitaux : Colère<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
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<br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEigrPrbKJaqghj6kQql9ohZk7hPCSCz5ecUfKFlfN0nitV8V2o3jY8LPql47o4oUgGzKehJbhl-wZs9TvR-qZz2SZqZp96zdPYWlczCR2ZXya-7D5Hea1u0HW8jT2bWIS0d2Yhl1Il3YC0/s1600/colere-hiernymus-bosch.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" height="221" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEigrPrbKJaqghj6kQql9ohZk7hPCSCz5ecUfKFlfN0nitV8V2o3jY8LPql47o4oUgGzKehJbhl-wZs9TvR-qZz2SZqZp96zdPYWlczCR2ZXya-7D5Hea1u0HW8jT2bWIS0d2Yhl1Il3YC0/s1600/colere-hiernymus-bosch.jpg" width="400" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Hiéronymus Bosch. <i>La colère</i></td></tr>
</tbody></table>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt;">LES SEPT PÉCHÉS CAPITAUX : COLÈRE</span></b></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
Toutes grandes
tragédies commencent par une grande <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEigrPrbKJaqghj6kQql9ohZk7hPCSCz5ecUfKFlfN0nitV8V2o3jY8LPql47o4oUgGzKehJbhl-wZs9TvR-qZz2SZqZp96zdPYWlczCR2ZXya-7D5Hea1u0HW8jT2bWIS0d2Yhl1Il3YC0/h120/colere-hiernymus-bosch.jpg">colère</a>. Qu'est-ce qui annonce la fin de
l’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Iliade </i>sinon la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjgzFk8uF6-aMAytMyNrnOryTW6aYokUH4_UOvnZIRJcxnz6MzuaXNbjrN52jaGTkpSHPdpnuQ01wshvd8Uwm-x2Ld-8Ppg2T8s8v0lQles8lyu6Q0lsP0UTb1yLrz5x-Qdoo2PBgYbgck/h120/19-Coypel-La-col%C3%A8re-dAchille.jpg">colère d’Achille</a> à
la nouvelle de la mort de Patrocle? Comment ne pas considérer le sort des tribus
d’Israël par cet acte fondateur qu’est la colère de Moïse qui, en revenant du Sinaï,
se déchaîne jusqu’à <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjgzFk8uF6-aMAytMyNrnOryTW6aYokUH4_UOvnZIRJcxnz6MzuaXNbjrN52jaGTkpSHPdpnuQ01wshvd8Uwm-x2Ld-8Ppg2T8s8v0lQles8lyu6Q0lsP0UTb1yLrz5x-Qdoo2PBgYbgck/s1600/19-Coypel-La-col%C3%A8re-dAchille.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="221" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjgzFk8uF6-aMAytMyNrnOryTW6aYokUH4_UOvnZIRJcxnz6MzuaXNbjrN52jaGTkpSHPdpnuQ01wshvd8Uwm-x2Ld-8Ppg2T8s8v0lQles8lyu6Q0lsP0UTb1yLrz5x-Qdoo2PBgYbgck/s1600/19-Coypel-La-col%C3%A8re-dAchille.jpg" width="400" /></a>briser les Tables de la Loi que lui
aurait dictées Yahweh? De même, la colère de Romulus, colère fratricide, qui
fonde la Ville de Rome et qui se renouvel-</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
lera à travers tous les actes tragiques
qui s'étirent du suicide de Lucrèce jusqu’à la décadence de l’empire dans des jeux
de gladiateurs sordides, des complots militaires sanglants et l’écroulement
sous les coups d’épées de petits groupes migrants de «barbares»? Même rendu
au Purgatoire, Dante lui-même se sent obligé de faire l’introspection de ses
propres colères. Colère politique du gibelin devant les membres du parti
guelfe.</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
Polyen raconte
l’histoire suivante :</div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Thrasymédès, fils de Philomèlos, qui était
amoureux de la fille de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg4XjjVwp_Qve4_uzJkaLUs_dPx20e64LPJYmqk1mNPwSWtqZfA-ZLlb9VDCLBUUIqJ42GWpaY9UfbV0lDlzOLs8njhjSeM9g0jYCcG_aT3DuPAgLlHlJSnzV7PuKVFtJKm0lbW84uJS5k/h120/pisistrate.jpg">Pisistrate</a>, se jeta sur elle au cours d’une procession
et l’embrassa. Ses frères s’indignèrent et estimèrent l’outrage insupportable.
Pisistrate leur dit : “Si nous châtions ceux qui nous font des </i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg4XjjVwp_Qve4_uzJkaLUs_dPx20e64LPJYmqk1mNPwSWtqZfA-ZLlb9VDCLBUUIqJ42GWpaY9UfbV0lDlzOLs8njhjSeM9g0jYCcG_aT3DuPAgLlHlJSnzV7PuKVFtJKm0lbW84uJS5k/s1600/pisistrate.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg4XjjVwp_Qve4_uzJkaLUs_dPx20e64LPJYmqk1mNPwSWtqZfA-ZLlb9VDCLBUUIqJ42GWpaY9UfbV0lDlzOLs8njhjSeM9g0jYCcG_aT3DuPAgLlHlJSnzV7PuKVFtJKm0lbW84uJS5k/s1600/pisistrate.jpg" width="240" /></a>amitiés, à
ceux qui nous détestent, que ferons-nous?” Thrasymédès, de plus en plus
amoureux, s’assura le concours de jeunes gens de son âge et enleva la jeune
fille au cours d’un sacrifice rituel au bord de la mer. Ses compagnons tirèrent
l’épée, dispersant la foule, embarquèrent la jeune fille sur un bateau et se dirigèrent
vers Égine</i></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Sur ces entrefaites, Hippias, un des fils de
Pisistrate, donnait la chasse aux pirates dans le golfe. Considérant la cadence
des rameurs, il prit les fuyards pour des forbans, les poursuivit, les
rejoignit et réussit à délivrer sa sœur. Il ramena les coupables devant son
père, lequel, fait inouï et qui justifie qu’on ait gardé la mémoire, pardonna à
l’amoureux et lui donna même sa fille</i>» (P. Brulé. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">La fille d’Athènes</i>).</div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
Ce récit antique
constitue sans doute un acte de propagande pour le parti de Pisistrate. La
sagesse du tyran était, dans la Grèce archaïque, un trait qui a été effacé par
la rhétorique romaine qui fait du tyran un être détestable qui s’en prend aux
libertés du peuple. C’est Pisistrate qui, à Athènes, pose les bases de la liberté,
bases qui finiront par amener le renversement de sa propre dynastie et ouvrir
la cité à la démocratie. Cet <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj1PEqOcW3EFTw6olNSxJo1nLewOjm8jmun0IaMCWSbH0ySb5YXE_8W5YwQetH5UWuqTIg8Av96v5BDi7QqCEmKIitBHJ3MLRVAOg3OIKgfQNiPK5APnseY2UquiOwDazTQwWV4dQcV5ik/s1600/rameurs.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="246" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj1PEqOcW3EFTw6olNSxJo1nLewOjm8jmun0IaMCWSbH0ySb5YXE_8W5YwQetH5UWuqTIg8Av96v5BDi7QqCEmKIitBHJ3MLRVAOg3OIKgfQNiPK5APnseY2UquiOwDazTQwWV4dQcV5ik/s1600/rameurs.jpg" width="400" /></a>exemple d’un père qui laisse tous ses droits à
l’amour s’oppose à la colère des fils. Celle-ci possède en elle-même une suite
de rencontres tragiques sur un chemin parsemé de morts violentes. Par sa
sagesse – que ferons-nous à celui qui nous hait si nous traitons avec violence
celui qui nous aime? -, Pisistrate détourne <i style="mso-bidi-font-style: normal;">l’hybris</i>
de ses fils. La tyrannie de Pisistrate sera une période de paix et d’enrichissement
des citoyens d’Athènes, de moins en moins guerriers et de plus en plus
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj1PEqOcW3EFTw6olNSxJo1nLewOjm8jmun0IaMCWSbH0ySb5YXE_8W5YwQetH5UWuqTIg8Av96v5BDi7QqCEmKIitBHJ3MLRVAOg3OIKgfQNiPK5APnseY2UquiOwDazTQwWV4dQcV5ik/h120/rameurs.jpg">marchands</a>, car il est impensable que Pisistrate ait donné sa fille à
Thrasymédès sans une certaine contrepartie en échange. La sagesse n’est pas un angélisme.</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
Dante fait un
saut qualitatif quand il enchaîne avec le martyre de saint Étienne : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Je vis ensuite une foule nombreuse enflammée
de colère, qui perçait un jeune homme à coups de flèches, en criant “Mort!
</i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgUrf6zJvUrBPynhAfgXn4A1GZmbH5cnTyvOSXwZ1awKUZqhiwaR4CVgRQ9NlJms4lMTOynIL7ABh1jYmm-7ctNKWdRRamUoS8CDWIHzrp3EF1TlisnvuKaFXBK0FCcWLLrmPIFIa8_n1E/s1600/15+ENLUMINURES+ARAGON+MARTYR+DE+SAINT.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="290" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgUrf6zJvUrBPynhAfgXn4A1GZmbH5cnTyvOSXwZ1awKUZqhiwaR4CVgRQ9NlJms4lMTOynIL7ABh1jYmm-7ctNKWdRRamUoS8CDWIHzrp3EF1TlisnvuKaFXBK0FCcWLLrmPIFIa8_n1E/s1600/15+ENLUMINURES+ARAGON+MARTYR+DE+SAINT.jpg" width="400" /></a>Mort!” Je le voyais succom-</i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">ber à son supplice et tomber à terre; mais de ses
yeux se faisant toujours comme des portes vers le ciel, au milieu de cette
horrible guerre, avec cet accent de tendresse qui obtient la compassion, il
priait le souverain maître de pardonner aux persécuteur</i>». À première vue,
nous pourrions penser que le Dante a en tête le martyre de saint Sébastien,
avec ses flèches et son regard rivé vers le ciel. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgUrf6zJvUrBPynhAfgXn4A1GZmbH5cnTyvOSXwZ1awKUZqhiwaR4CVgRQ9NlJms4lMTOynIL7ABh1jYmm-7ctNKWdRRamUoS8CDWIHzrp3EF1TlisnvuKaFXBK0FCcWLLrmPIFIa8_n1E/h120/15+ENLUMINURES+ARAGON+MARTYR+DE+SAINT.jpg">Saint Étienne</a>, comme nous le
racontent les <i>Actes des Apôtres</i>, mourut lapidé par la foule :</div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgHWnrhaYnL25kca3CtujYYrMjvZiY8iNF7bEzFpLWPt9WgrXpZOzhEdsUbZshHyJWrRGm7pnvjPPGx_mF15VjOi9RcNf-6kb3TkZvc-gwNwVjLtXEVxjVPyoiE8VM3hqUhLeKwK6Ka92U/s1600/martyre-de-saint-etienne---lubin-baugin.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgHWnrhaYnL25kca3CtujYYrMjvZiY8iNF7bEzFpLWPt9WgrXpZOzhEdsUbZshHyJWrRGm7pnvjPPGx_mF15VjOi9RcNf-6kb3TkZvc-gwNwVjLtXEVxjVPyoiE8VM3hqUhLeKwK6Ka92U/s1600/martyre-de-saint-etienne---lubin-baugin.jpg" width="281" /></a>«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Tout rempli de l’Esprit Saint, il fixa son
regard vers le ciel ; il vit alors la gloire de Dieu et Jésus debout à la
droite de Dieu. “Ah! dit-il, je vois les cieux ouverts et le Fils de
l’homme debout à la droite de Dieu”. Jetant alors de grands cris, ils se
bouchèrent les oreilles et, comme un seul homme, se précipitèrent sur lui, le
poussèrent hors de la ville et se mirent à le lapider. Les témoins avaient
déposé leurs vêtements aux pieds d’un jeune homme appelé Saul. Et tandis qu’on
le lapidait, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgHWnrhaYnL25kca3CtujYYrMjvZiY8iNF7bEzFpLWPt9WgrXpZOzhEdsUbZshHyJWrRGm7pnvjPPGx_mF15VjOi9RcNf-6kb3TkZvc-gwNwVjLtXEVxjVPyoiE8VM3hqUhLeKwK6Ka92U/h120/martyre-de-saint-etienne---lubin-baugin.jpg">Étienne</a> faisait cette invocation : “Seigneur Jésus, reçois
mon esprit”. Puis il fléchit les genoux et dit, dans un grand cri :
“Seigneur, ne leur impute pas ce péché”. Et en disant cela, il s’endormit</i>»
(Act. 7 55-60).</div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
Rien ne dit
qu’Étienne fut «jeune», pas plus que Sébastien d’ailleurs. Il avait été élu
parmi les sept diacres chargés de faire œuvre de prosélytisme
auprès des Juifs. C’est donc au cœur même de la Synagogue qu’on l’entendit
faire des <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi7dxLwazDJjmKuTlz2Na3zOiOAA0mLLDD4_rRkl8DBIKdv_tc2oT8ArfYjDo3-OHi0VDPRV-Ap-cRf1vouMccn_BROpGVIR2R9Gw7wcwDFsRvpCIXrRpgatpOKtsub4axJT3TgkoxqBS8/h120/Vittore_Carpaccio._La_vie_de_St._Etienne_La_dispute_de_Saint_Etienne_au_milieu_des_docteurs_dans_le_Sanhedrin._1514._Pinacoteca_di_Brera_Milan._jpeg.jpg">prédications</a> qui soulevèrent la colère du Sanhédrin. Accusé de
proférer des blasphèmes contre Moïse et contre Yahweh, il n’hésita pas à
comparaître devant les prêtres à qui il résuma l’histoire d’Israël en insistant
sur le rôle de prophète qu’avait tenu Moïse et que le Messie annoncé était ce Jésus de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi7dxLwazDJjmKuTlz2Na3zOiOAA0mLLDD4_rRkl8DBIKdv_tc2oT8ArfYjDo3-OHi0VDPRV-Ap-cRf1vouMccn_BROpGVIR2R9Gw7wcwDFsRvpCIXrRpgatpOKtsub4axJT3TgkoxqBS8/s1600/Vittore_Carpaccio._La_vie_de_St._Etienne_La_dispute_de_Saint_Etienne_au_milieu_des_docteurs_dans_le_Sanhedrin._1514._Pinacoteca_di_Brera_Milan._jpeg.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="340" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi7dxLwazDJjmKuTlz2Na3zOiOAA0mLLDD4_rRkl8DBIKdv_tc2oT8ArfYjDo3-OHi0VDPRV-Ap-cRf1vouMccn_BROpGVIR2R9Gw7wcwDFsRvpCIXrRpgatpOKtsub4axJT3TgkoxqBS8/s1600/Vittore_Carpaccio._La_vie_de_St._Etienne_La_dispute_de_Saint_Etienne_au_milieu_des_docteurs_dans_le_Sanhedrin._1514._Pinacoteca_di_Brera_Milan._jpeg.jpg" width="400" /></a>Nazareth que ces mêmes prêtres avaient condamné à mort quelques
années plus tôt. Sermon qui s’acheva par cette virulente accusa-</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
tion : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Nuques raides, oreilles et cœurs
incirconcis, toujours vous résistez à l’Esprit Saint! Tels furent vos pères,
tels vous êtes! Lequel des prophètes vos pères n’ont-ils point persécuté? Ils
ont tué ceux qui prédisaient la venue du Juste, celui-là même que maintenant
vous venez de trahir et d’assassiner, vous qui avez reçu la Loi par le
ministère des anges et ne l’avez pas observée</i>». Une telle colère verbale, à
l’imitation de celles dont Jésus n’hésitait pas à gratifier les mêmes <i style="mso-bidi-font-style: normal;">gardiens de la Loi, </i>engendra la colère
vengeresse : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">À ces mots, leurs
cœurs frémissaient de rage, et ils grinçaient des dents contre Étienne</i>».
Parmi ceux qui assistent à la lapidation, le jeune Saul – dont on ne spécifie
pas s’il participa à la mise à mort -, approuve la sentence. Plus tard, après
avoir été frappé de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjHabvuZyJtbtImaMhVgWtn8cS9rO2P7MpeoVmXeLivJcl6dUrTflC9xjLE0IWT7JD_eRlPs9PY9Y85M2vtPnpcuHOki3szUQc5fuqEelu3bIkcjC_mIAKu-A-2AvfXKqv5HpcfNMyINoM/h120/Conversion_on_the_Way_to_Damascus-Caravaggio_(c.1600-1).jpg">cécité</a> sur le chemin de Damas, Saul se purifia en devenant
Paul, citoyen romain et juif, principal théologien de la nouvelle religion chrétienne.<br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
Comme pour la
fille de Pisistrate, les exégètes ont cherché les raisons profondes du meurtre
d’Étienne. On <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhIeTf-Ai8Wq8339dYwa_xG3T5OMxpvowO0wIhTUURJVnhZ7Ur_anXOIvGwqd3IFMBXZIOn-P8imz4gP1_C9vhn2GAKKMU0rJflCGiaXbmx-uYixhFt6V9f51j87U5Y_wUOTxpex1BrIKo/s1600/Conversion_on_the_Way_to_Damascus-Caravaggio_(c.1600-1).jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhIeTf-Ai8Wq8339dYwa_xG3T5OMxpvowO0wIhTUURJVnhZ7Ur_anXOIvGwqd3IFMBXZIOn-P8imz4gP1_C9vhn2GAKKMU0rJflCGiaXbmx-uYixhFt6V9f51j87U5Y_wUOTxpex1BrIKo/s1600/Conversion_on_the_Way_to_Damascus-Caravaggio_(c.1600-1).jpg" width="303" /></a>l’a situé dans le conflit entre deux factions chrétiennes, les
judéo-chrétiens qui imposaient que le christianisme demeure au sein des exigences
de l’Ancienne Loi, et les pagano-chrétiens, qui, comme Paul, exigeront
l’ouverture du christianisme à tous les croyants, peu importe leurs origines
ethniques. Contrairement à la fourberie des prêtres qui en appelèrent à un
procès devant le procurateur romain pour satisfaire à leur mise à mort du
Christ, cette fois-ci, ces mêmes hommes, appellent à la vendetta pure et
simple. Selon la loi mosaïque, Étienne sera conduit hors les murs de la cité et
sera mis à mort pour blasphèmes. La chose paraît «normale», c’est-à-dire dans
l’ordre de la tradition multiséculaire des Hébreux.</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
Le récit de la
mort d’Étienne instaure une pratique du martyre qui retourne à la tragédie
païenne. Si la mort tragique de Jésus-Christ était sensée mettre un terme à la
tragédie humaine par la rémission des péchés et la rédemption promise, la mort
d’Étienne réinstaure la colère provocatrice que l’on situe à l’origine de la tragédie. Étienne est cause de sa propre mort par son arrogance devant les autorités du cénacle. Aux <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjnYYuzyo3Bx3xMcjcgj0UD9GUbI2SvESyX6Bzepj-UNdHw5vY0N4Az_NHFx5WhXSPs6xooSOOjFbCjIfboEmF7Jg2tnwpbX7UIZqslCXFIBuuz458ZIPXiTmaBI9HdUX2zzhXO8MeJwKU/s1600/600-jesus-sanhedrin041.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="221" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjnYYuzyo3Bx3xMcjcgj0UD9GUbI2SvESyX6Bzepj-UNdHw5vY0N4Az_NHFx5WhXSPs6xooSOOjFbCjIfboEmF7Jg2tnwpbX7UIZqslCXFIBuuz458ZIPXiTmaBI9HdUX2zzhXO8MeJwKU/s1600/600-jesus-sanhedrin041.jpg" width="400" /></a>réponses
pleines d’ubiqui-</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
tés de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjnYYuzyo3Bx3xMcjcgj0UD9GUbI2SvESyX6Bzepj-UNdHw5vY0N4Az_NHFx5WhXSPs6xooSOOjFbCjIfboEmF7Jg2tnwpbX7UIZqslCXFIBuuz458ZIPXiTmaBI9HdUX2zzhXO8MeJwKU/h120/600-jesus-sanhedrin041.jpg">Jésus au Sanhé-</a></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjnYYuzyo3Bx3xMcjcgj0UD9GUbI2SvESyX6Bzepj-UNdHw5vY0N4Az_NHFx5WhXSPs6xooSOOjFbCjIfboEmF7Jg2tnwpbX7UIZqslCXFIBuuz458ZIPXiTmaBI9HdUX2zzhXO8MeJwKU/s1600/600-jesus-sanhedrin041.jpg">drin</a>, Étienne répond promp-<br />
tement. Il
cherche, il vise, il frappe et suscite la colère des prêtres et, si on peut employer
cette expression, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">il court après le
martyre.</i> Il en sera aussi rétribué. Voilà comment s’est établie une certaine stratégie
politique du martyre appelée à animer la première chrétienté sous l’empire romain. Ce
faisant, elle va imprimer profondément sa marque dans la <i>psyché </i>de l’Église et
du comportement chrétien pour les siècles à venir.<br />
<br />
L’émergence du sadisme au sein du christianisme proviendrait non pas tant du désir de vengeance suite aux <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjw5IkgFtA4K7NC7xXHXyIJfTMiFctkh5FTQS6i0_7H_ZAdpFZXe9WTWuNHmRSSMt3AhqD8UVn6ZrX2y03QAptCHnhu6gx5lkSGVcvoYDYOEn7bIduUCTs6FdC9lOnQiRuF14P6uolsutw/s1600/MasoAmer3.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjw5IkgFtA4K7NC7xXHXyIJfTMiFctkh5FTQS6i0_7H_ZAdpFZXe9WTWuNHmRSSMt3AhqD8UVn6ZrX2y03QAptCHnhu6gx5lkSGVcvoYDYOEn7bIduUCTs6FdC9lOnQiRuF14P6uolsutw/s1600/MasoAmer3.jpg" width="298" /></a>persécutions que de l’action inégale des autorités civiles envers la secte en expansion, celle-ci prenant le sang de ses martyrs pour la semence de la foi. Ce serait un cas classique, conforme à l’analyse de T. Reik : «<i>Tout se passe comme si les obstacles qui se dressent devant l’accomplissement du but masochiste rendaient l’individu impatient et stimulaient ses tendances sadiques… Des moyens agressifs sont employés dans le but d’obtenir punition, gronderie, humiliation; la victime par vocation devient un tourmenteur, les rôles paraissent momentanément renversés. Le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjw5IkgFtA4K7NC7xXHXyIJfTMiFctkh5FTQS6i0_7H_ZAdpFZXe9WTWuNHmRSSMt3AhqD8UVn6ZrX2y03QAptCHnhu6gx5lkSGVcvoYDYOEn7bIduUCTs6FdC9lOnQiRuF14P6uolsutw/h120/MasoAmer3.jpg">masochiste</a> se conduit comme la victime d’un sadique. Ce défi, cet appel, cette provocation pour recevoir la satisfaction masochiste désirée, continuent dans leur forme sadique…</i>» (T. Reik. <i>Le masochisme, </i>Paris, Payot, Col. Bibliothèque scientifique, 1953, p. 83). Ce que reprocheraient ainsi les premiers chrétiens envers les païens et les autorités romaines ne serait donc pas la persécution, mais le manque de persécutions, les supplices pas assez sévères pour le goût et les aspirations des néophytes! Ce ne serait pas impossible dans la logique de l’aberration masochiste. La provocation de nombreux martyrs envers leurs juges ou des autorités relativement bien disposés à leur égard serait l’expression d’un sadisme potentiel. Pour Reik, il s’agirait là du «<i>sabotage masochiste</i>» : «<i>En considérant la persévérance obstinée de la provocation, on serait tenté d’attribuer au masochiste qui agit ainsi un caractère tyrannique et despotique. On suppose une volonté forte </i><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhcVGxNzm5erIPCtcoPXDS-RhRUDaZN1w6MtK_kaJrj8_jwXARI0ck3MoiJg5fWoJLfi2R_NpUD29W9TzB0MfxBzxlv9zYdp2Jnt5u9lsWbEkGlJmc5tP_oXKBdGXF7KqKQbuf1hfTWPv4/s1600/1698740703.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhcVGxNzm5erIPCtcoPXDS-RhRUDaZN1w6MtK_kaJrj8_jwXARI0ck3MoiJg5fWoJLfi2R_NpUD29W9TzB0MfxBzxlv9zYdp2Jnt5u9lsWbEkGlJmc5tP_oXKBdGXF7KqKQbuf1hfTWPv4/s1600/1698740703.jpg" width="266" /></a>dans cette provocation qui refuse d’être repoussée et d’accepter une réponse négative. Il est étrange…, que le masochiste dont le caractère normal est celui d’une <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhcVGxNzm5erIPCtcoPXDS-RhRUDaZN1w6MtK_kaJrj8_jwXARI0ck3MoiJg5fWoJLfi2R_NpUD29W9TzB0MfxBzxlv9zYdp2Jnt5u9lsWbEkGlJmc5tP_oXKBdGXF7KqKQbuf1hfTWPv4/h120/1698740703.jpg">soumission</a> complète à son partenaire, d’obéissance absolue, insiste maintenant sur l’obéissance à sa propre volonté, sans s’occuper des désirs du partenaire. Est-ce que ce caractère tyrannique serait seulement le renversement de l’humilité et de la passivité du masochiste? Dans le traitement psychanalytique des masochistes, le trait provocateur devient perceptible soit comme une résistance exaspérée soit comme une obéissance défiante; comme une hostilité directe ou comme d’autres attitudes comparables. L’échelle va du silence obstiné aux remarques et à la conduite insolente. Le but de cette attitude peut être généralement appelé sabotage masochiste</i>» (T. Reik. <i>ibid. </i>p. 84). Ainsi, Tertullien écrivant à Scapula, mentionne un «<i>fonctionnaire romain responsable pour la procédure officielle </i>[qui] <i>considérait leur insistance pour le martyre comme une forme de suicide</i>» (T. Reik. <i>ibid. </i>p. 315).<br />
<br />
Le sadisme de l’Église prendrait donc sa source dans ce <i>sabotage masochiste, </i>pour qui le persécuteur ne fait pas son office de bourreau. Un Père déficient dans sa cruauté entraîne un regain d’agressivité chez le Fils masochiste. Ce sabotage témoigne de la possibilité de voir le potentiel de violence du chrétien se détourner <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj7b2dzTDEatGgfiDyfdFwwxW1DltWFBOtPPcl5WFqde0gabISkCM80C-Ibh0NkrTEcZMIYDwNUsL4WLqpHzOncEyTTfunsMZSw2N2t5VW23e3IdnngkA2dofVuaDCrl7COp8CsKjHO-fs/s1600/posterlux-huber_wolf-clio_team_1753_1808_hubert_robert_l_incendie_de_rome_the_fire_of_rome.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="326" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj7b2dzTDEatGgfiDyfdFwwxW1DltWFBOtPPcl5WFqde0gabISkCM80C-Ibh0NkrTEcZMIYDwNUsL4WLqpHzOncEyTTfunsMZSw2N2t5VW23e3IdnngkA2dofVuaDCrl7COp8CsKjHO-fs/s1600/posterlux-huber_wolf-clio_team_1753_1808_hubert_robert_l_incendie_de_rome_the_fire_of_rome.jpg" width="400" /></a>de lui contre les autres. Au début du XXe siècle, Bouché-Leclercq envisa-<br />
geait sé-<br />
rieuse-<br />
ment, à partir d’un passage ambigu de Tacite à propos de l’<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj7b2dzTDEatGgfiDyfdFwwxW1DltWFBOtPPcl5WFqde0gabISkCM80C-Ibh0NkrTEcZMIYDwNUsL4WLqpHzOncEyTTfunsMZSw2N2t5VW23e3IdnngkA2dofVuaDCrl7COp8CsKjHO-fs/h120/posterlux-huber_wolf-clio_team_1753_1808_hubert_robert_l_incendie_de_rome_the_fire_of_rome.jpg">incendie de Rome en 64</a>, sous Néron («<i>Et personne n’osait combattre l’incendie : de nombreuses voix menaçantes défendaient de l’éteindre, et puis d’autres lançaient ouvertement des torches, en criant qu’ils y étaient autorisés…</i>» (Tacite. <i>Annales, </i>XV, 28, Paris, Garnier-Flammarion, Col. GE # 71, 1965, p. 438), que les chrétiens étaient responsables, par fanatisme eschatologique du sinistre (A. Bouché-Leclercq. <i>L’intolérance religieuse et la politique, </i>Paris, Flammarion, 1911, p. 132). Au-delà de ce débat insoluble, les auteurs païens sentaient bien ce qu’ils considéraient comme le côté anti-social des chrétiens. Celse, dont les écrits nous sont parvenus indirectement par la critique dont en faisaient les chrétiens, aurait, dès le IIe siècle, accusé ceux-ci de «<i>se séparer des autres hommes, de mépriser les lois, les mœurs, la culture de la société où ils vivent</i>» (H. Daniel-Rops. <i>L’Église des Apôtres et des Martyrs, </i>Paris, Fayard, Col. Les Grandes Études historiques, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjRBx6rHj1pB1BMyjplRwlquta-TXWlXRmIqAFLGuOuzFE-7nTRlQ2so84PVuxf0zrK6PMpvBDBgccG_DgfoC0HaQe-JSFm1MrAS8iFksREtjBPEPeOxLgPvhyphenhyphenKcciaAxrHHDpNvcLKQEI/s1600/350px-Siemiradski_Fackeln.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="217" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjRBx6rHj1pB1BMyjplRwlquta-TXWlXRmIqAFLGuOuzFE-7nTRlQ2so84PVuxf0zrK6PMpvBDBgccG_DgfoC0HaQe-JSFm1MrAS8iFksREtjBPEPeOxLgPvhyphenhyphenKcciaAxrHHDpNvcLKQEI/s1600/350px-Siemiradski_Fackeln.jpg" width="400" /></a>1948, pp. 412-414), tandis que le philo-<br />
sophe néo-plato-<br />
nicien Prophyre essayait «<i>de saper la doctrine chrétienne elle-même, la figure du Christ "indigne d’un sage", la foi chrétienne qu’il tient pour irrationnelle et absurde, tout juste bonne pour les âmes déficientes… les excès de saint Paul et la médiocrité de saint Pierre…</i>» (H. Daniel-Rops. <i>ibid. </i>p. 412). L’historien Ammien Marcellin, pour sa part, écrivait de même : «<i>Point de bêtes féroces aussi hostiles aux hommes que le sont entre eux bon nombre de sinistres personnages parmi les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjRBx6rHj1pB1BMyjplRwlquta-TXWlXRmIqAFLGuOuzFE-7nTRlQ2so84PVuxf0zrK6PMpvBDBgccG_DgfoC0HaQe-JSFm1MrAS8iFksREtjBPEPeOxLgPvhyphenhyphenKcciaAxrHHDpNvcLKQEI/h120/350px-Siemiradski_Fackeln.jpg">chrétiens</a></i>» (H. Daniel-Rops. <i>ibid. </i>p. 602), ce qui était étrangement confirmé par saint Jérôme et saint Augustin.
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br />
<span lang="FR-CA" style="font-size: 12.0pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgpIUdcfb0BdvO1w2hn0iI53KkuPY4V8uqNf2BynGfnKwFT1AVrtXGdQpyyoq8sGqTAsnSpWa8VLaSG54l-dmB_ZE3SoBdDTKkK6_S_Igwh2RvTvLHKRY0oe4fhfUuPwlnbAbdS9gYJkUo/s1600/image001.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgpIUdcfb0BdvO1w2hn0iI53KkuPY4V8uqNf2BynGfnKwFT1AVrtXGdQpyyoq8sGqTAsnSpWa8VLaSG54l-dmB_ZE3SoBdDTKkK6_S_Igwh2RvTvLHKRY0oe4fhfUuPwlnbAbdS9gYJkUo/s1600/image001.jpg" width="298" /></a>Toujours au II<sup>e</sup>
siècle, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgpIUdcfb0BdvO1w2hn0iI53KkuPY4V8uqNf2BynGfnKwFT1AVrtXGdQpyyoq8sGqTAsnSpWa8VLaSG54l-dmB_ZE3SoBdDTKkK6_S_Igwh2RvTvLHKRY0oe4fhfUuPwlnbAbdS9gYJkUo/h120/image001.jpg">Pline le Jeune</a>, fonctionnaire romain en Cappadoce, écrivait à son
supérieur, l’Empereur Antonin : «<i>On ne saurait estimer trop haut le service
rendu à l’humanité par les Romains, qui ont supprimé des rites monstrueux où
tuer un homme était le comble de la religion et le manger chose salutaire par
excellence</i>» (Cité in A. Bouché-Leclercq. op. cit. p. 499), et deux siècles plus
tard, l’Empereur apostat <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEikF5QrETtnYEZNfJWI9KWIHJefynKRxCK9QPY06NXcpglhZSLJeaKib-zEvMCdjh2OA6XpFi_NO7QgtVLs8Q8Bikwv8NfrtBs6apwtErIN80NfuiMrc-gzDYUUPSwlBpZ7y6-NY9QydS8/h120/1292283705662865.jpg">Julien</a>, tentant d’effectuer un retour au paganisme
après la révolution constantinienne, écrira d’Antioche, durant l’hiver 362-363,
une longue lettre d’accusation contre les chrétiens : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">De l’impériale plume, le vitriol coula. “La machination chrétienne est
une invention de la malice humaine”, un retour à la barbarie. Les chrétiens
sont des traîtres. Leurs dogmes? des mensonges. Les récits de la Bible? des
absurdités. Le Christ n’a été qu’un homme, une </i></span><span lang="FR-CA" style="font-size: 12.0pt;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">manière d’anarchiste, dont les
principes ruineraient la société, s’ils étaient applicables. Saint Paul est un
imposteur; les martyrs, des </i></span><span lang="FR-CA" style="font-size: 12.0pt;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="font-size: 12.0pt;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"></i></span>maniaques; les moines, des dégoûtants…</i>» </span><span lang="EN-US" style="font-size: 12.0pt; mso-ansi-language: EN-US;">(H. Daniel-Rops. </span><span lang="NL" style="font-size: 12.0pt; mso-ansi-language: NL;">Op. cit. pp. 656-657). </span><span lang="FR-CA" style="font-size: 12.0pt;">Si ces différents </span><span lang="FR-CA" style="font-size: 12.0pt;"><span lang="FR-CA" style="font-size: 12.0pt;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="font-size: 12.0pt;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEikF5QrETtnYEZNfJWI9KWIHJefynKRxCK9QPY06NXcpglhZSLJeaKib-zEvMCdjh2OA6XpFi_NO7QgtVLs8Q8Bikwv8NfrtBs6apwtErIN80NfuiMrc-gzDYUUPSwlBpZ7y6-NY9QydS8/s1600/1292283705662865.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEikF5QrETtnYEZNfJWI9KWIHJefynKRxCK9QPY06NXcpglhZSLJeaKib-zEvMCdjh2OA6XpFi_NO7QgtVLs8Q8Bikwv8NfrtBs6apwtErIN80NfuiMrc-gzDYUUPSwlBpZ7y6-NY9QydS8/s1600/1292283705662865.jpg" width="240" /></a></i></span></i></span>détracteurs sont
diversement informés sur les chrétiens, ils redoutent tous le «fanatisme» de
ceux-ci et lorsqu’ils entendent prêcher les Pères Apologètes : Justin Martyr,
Tatien et surtout Tertullien, ils reprochent au christianisme naissant
l’intolérance envers les autres cultes, une intolérance religieuse
incompréhensible pour ces fonctionnaires de l’État habitués à voir dans la
religion un simple rite formaliste. Comme l’écrit Bouché-Leclercq : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">…le zèle même avec lequel [ils] attaquent,
dans le polythéisme, le culte satanique des idoles ne pouvait manquer de
suggérer aux gouvernants l’idée que, le jour où les chrétiens disposeraient de
la force, ils considéreraient comme un devoir de proscrire les autres religions</i>»
(A. Bouché-Leclercq. op. cit. p. 277). </span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
Cette mise à
mort d’Étienne ouvre, chez Dante, l’étape finale de prise de conscience de sa
prompte attitude qui est celle de la colère. Nous assistons à sa confession
intime qu’il adresse à Virgile et, par delà, à Dieu. Dans son périple, il
rencontre trois guides : Conrad de Palazzo, le bon Gherardo et Guido dit
le simple.</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
Conrad III comte
de Palazzo appartenait à une famille de Brescia liée au parti guelfe. En 1276,
il était à <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhZaegTfIV8tBCwQqWqaYsrUGaJTlKaddUarwypHulXBjMxKizR4G-FNkC_aQwwVO-AlQYgXExXGF19bvJXzHVCBaMfZcm_OpJjVR80Qgwh3Lb7iu9bPGaL5RnFopefIpANhd_duW5sark/s1600/220px-Charles_d'Anjou_comte_de_Provence.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhZaegTfIV8tBCwQqWqaYsrUGaJTlKaddUarwypHulXBjMxKizR4G-FNkC_aQwwVO-AlQYgXExXGF19bvJXzHVCBaMfZcm_OpJjVR80Qgwh3Lb7iu9bPGaL5RnFopefIpANhd_duW5sark/s1600/220px-Charles_d'Anjou_comte_de_Provence.jpg" width="265" /></a>Florence, le vicaire de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhZaegTfIV8tBCwQqWqaYsrUGaJTlKaddUarwypHulXBjMxKizR4G-FNkC_aQwwVO-AlQYgXExXGF19bvJXzHVCBaMfZcm_OpJjVR80Qgwh3Lb7iu9bPGaL5RnFopefIpANhd_duW5sark/h120/220px-Charles_d'Anjou_comte_de_Provence.jpg">Charles Ier d’Anjou</a>. En 1279, il était
podestat de Sienne et capitaine dans les armées qui affrontèrent Trente. En
1288, il était podestat de Piacenza. Noté pour son exceptionnelle noblesse et
un comportement tout à fait honorable dans le feu de la bataille. Un rapport
non confirmé mais qui proviendrait du principal intéressé raconte que dans une
bataille, il perdit ses deux bras, mais qu’il aurait continué à porter
l’étendard de sa ville, criant à ses troupes de suivre les moignons de ses
bras. Gherardo da Camino de Trévise était capitaine-général de la ville de 1283
jusqu’à sa mort, en 1306. Lui aussi fut un exemple de grand courage et de
noblesse d’esprit. Il s’est mérité les éloges du Dante dans son Convivio IV
comme un parangon de noblesse. Apparemment, il était associé et allié de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg1hewaPEzOffkZQYeTSfgBOU-9CGuHTlw6OkvkvyTaxSm5lMFODNt5BJHeSY4cIbRnUQAAontBqKJa79K_bRINDsi4Fwnn7BFs8OMbwucoO-g275UWJmamJ5REizvUZvo-5vdrAr5gaTU/h120/Corso_Donati.jpg">Corso Donati</a>, ennemi politique du Dante qu’il a probablement rencontré quand Corso
était capitaine de Trévise; en effet, Corso devint lui-même podestat de
la ville peu avant sa mort en 1398. Il semble que Gherardo consenti un prêt
monétaire substantiel à Corso avant la mort de Gherardo. Enfin, Guido da Castel
était également un gentilhomme de Trévise, issu de l’une des trois branches du
clan Robert de Reggio nell’Emilia. Il aurait été expulsé de Trévise pour son
appartenance au parti gibelin et liquidé à Vérone, où il prêtait assistance aux
occupants français en leur fournissant quantité généreuse d’armes, de chevaux,
d’argent, etc. Son surnom français relevait d’un <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg1hewaPEzOffkZQYeTSfgBOU-9CGuHTlw6OkvkvyTaxSm5lMFODNt5BJHeSY4cIbRnUQAAontBqKJa79K_bRINDsi4Fwnn7BFs8OMbwucoO-g275UWJmamJ5REizvUZvo-5vdrAr5gaTU/s1600/Corso_Donati.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="282" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg1hewaPEzOffkZQYeTSfgBOU-9CGuHTlw6OkvkvyTaxSm5lMFODNt5BJHeSY4cIbRnUQAAontBqKJa79K_bRINDsi4Fwnn7BFs8OMbwucoO-g275UWJmamJ5REizvUZvo-5vdrAr5gaTU/s1600/Corso_Donati.jpg" width="400" /></a>oxymoron puisque pour les
Français, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Lombard </i>était synonyme de
«gour-<br />
mand», «sournois» ou même de «vile» appliqués générale-<br />
ment aux usuriers.
En l’appelant le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">naïf Lombard, </i>les
Français le payaient donc d’un compliment en retour de ses générosités.
Apparemment, Dante lui-même fut redevable de cette générosité et des
libéralités de cet homme, ayant été reçu une fois par Guido avec grands
honneurs. Les trois vieillards sont pris dans le parti des guelfes, les ennemis
politiques de Dante et le poète les présente comme des hommes honorables et
vertueux. La colère – la colère politique surtout – empêche de reconnaître
l’honorabilité des adversaires et crée des haines qui s’assouvissent dans un
malheur commun, voilà ce dont le poète doit s’affranchir s’il veut monter
l’étape supérieure qui mènera à la porte du Paradis où l’attend Béatrice.<br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
De plus, ces
trois vieillards seraient, pour le poète, les derniers témoins d’un âge où les
qualités civiques étaient les plus hautement appréciées, contrairement au déclin
qui marquerait la génération présente. C’est ce qu’il faut comprendre quand
Gherardo est rappelé comme le père de Gaia, dont la mère, Chiara della Torre, seconde
épouse de Gherardo, était de Milan. Gaia avait épousé un parent de Gherardo,
Tolberto da Camino. Elle serait morte en 1311. Les commentateurs de l’époque
sont partagés sur la réputation de Gaia. Certains la considèrent comme
vertueuse et honnête, d’autres comme vaine et insouciante, qualifiée dans les
«arts amoureux», aussi bien dire lascive et d’une insouciance déréglée. Par
contre, tous sont unanimes lorsqu’il s’agit de vanter sa grande beauté. Dans
l’ensemble, les jugements négatifs l’emportent sur les positifs, car elle
semble posséder une certaine notoriété par ses exploits amoureux. Comme le
sujet de la conversation concerne la dégénérescence de la génération
contemporaine par rapport à celle de ses parents, il apparaît probable que
Dante se rallie aux jugements défavorables.<br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
L’ambiguïté du
portrait de Gaia porte Dante à se pencher sur le sort de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi0vO4ETvpjSWsLM0tqZnIWcD5LvtxnTkzrCAlnqfCjs3KicQTwWrh-IWDZZlpSgIMzJfkwSUGs-FuPPzz62KUZtoPwbyB-f1gZFGlYJRHzTtRnYWEMvgp_d5-rjIa8o3WLpthadFVHzBM/h120/220px-Lavinia_BnF_Fran%C3%A7ais_599_fol._35v.jpg">Lavinia</a>, personnage de
la mythologie <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi0vO4ETvpjSWsLM0tqZnIWcD5LvtxnTkzrCAlnqfCjs3KicQTwWrh-IWDZZlpSgIMzJfkwSUGs-FuPPzz62KUZtoPwbyB-f1gZFGlYJRHzTtRnYWEMvgp_d5-rjIa8o3WLpthadFVHzBM/s1600/220px-Lavinia_BnF_Fran%C3%A7ais_599_fol._35v.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="394" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi0vO4ETvpjSWsLM0tqZnIWcD5LvtxnTkzrCAlnqfCjs3KicQTwWrh-IWDZZlpSgIMzJfkwSUGs-FuPPzz62KUZtoPwbyB-f1gZFGlYJRHzTtRnYWEMvgp_d5-rjIa8o3WLpthadFVHzBM/s1600/220px-Lavinia_BnF_Fran%C3%A7ais_599_fol._35v.jpg" width="400" /></a>romaine. Fille de Latinus (roi des Latins) et d’Amata, elle était
la fiancée de Turnus avant l’arrivée des Troyens, dirigés par Énée sur les
côtes du Latium. Virgile lui-même a enrichi la légende de Lavinia dans son <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Enéide.</i> Lavinia épouse Énée, ce qui
suscite la colère de Turnus, roi de Rutulie à qui Lavinia était promise et,
profitant d’un incident plutôt mineur – la mort d’un cerf (ou d’une biche)
sacré tué par Ascagne, le fils d’Énée –, provoque le conflit au cours duquel il
est tué. Lavinia aurait alors mis au monde un fils posthume du héros, Silvius
(que Virgile attribue à Énée) et par qui descendraient les jumeau Romulus et
Rémus et ainsi jusqu’à Auguste. La colère de Turnus a causé sa propre perte et
n’a fait que serrer les liens entre Énée et Lavinia.<br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
La colère n’est
pas saine, ni pour les victimes de cette colère, ni pour ceux qu’elle anime.
Voilà pourquoi le temps de la colère est celui de la tragédie, dès qu’elle naît
autour du VIe siècle avant notre ère, en Grèce et particulièrement dans la cité
athénienne. L’histoire de la tragédie, c’est l’histoire des colères humaines et
collectives. Des <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjGmABBTLaQDRKBgq2qH7v_pTyaIl_IpdbqC3Bk4uW9NdPXuTI82tk_GPd03GbNkrcKtiCRtkh9UjZgK-9RQwme4vXeUUA4swjxO2VZKPygcQDyoo2hsWXdKNwgKLdiNRtw0-JbGzW332Y/h120/dante_enfer_pic11.jpg">colères</a> individuelles qui se développent, par partis
interposés, en guerres, rébellions, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjGmABBTLaQDRKBgq2qH7v_pTyaIl_IpdbqC3Bk4uW9NdPXuTI82tk_GPd03GbNkrcKtiCRtkh9UjZgK-9RQwme4vXeUUA4swjxO2VZKPygcQDyoo2hsWXdKNwgKLdiNRtw0-JbGzW332Y/s1600/dante_enfer_pic11.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="277" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjGmABBTLaQDRKBgq2qH7v_pTyaIl_IpdbqC3Bk4uW9NdPXuTI82tk_GPd03GbNkrcKtiCRtkh9UjZgK-9RQwme4vXeUUA4swjxO2VZKPygcQDyoo2hsWXdKNwgKLdiNRtw0-JbGzW332Y/s1600/dante_enfer_pic11.jpg" width="400" /></a>massacres, tueries sans fin. Le grand
échec du christia-<br />
nisme demeure cette volonté mythologi-<br />
que de mettre fin à la
tragédie païenne ou juive. Que le peuple palestinien soit aujourd’hui victime de
la colère des zélotes qui entraînèrent celle des empereurs romains et conduisit
au sac de Jérusalem en 70 comme au retour de l’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Exodus </i>en 1947; que le génocide juif par les Allemands sous la
gouverne des nazis soit le résultat de la terrible colère qui s’empara de chaque
Allemand aux lendemains de la vengeance de Versailles de 1919 : toutes ces
colères insondables, tous ces bouts de boudins liés les uns aux autres, remontant à des
siècles, voire des millénaires avant le supplice des victimes actuelles. Les origines
de la tragédie sont bien situées là.<br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
Il m’apparaît
étrange que tant de textes écrits sur la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">naissance
de la tragédie </i>oublient la colère comme motivation première de l’intrigue.
On cherche dans la forme plutôt que dans l’esprit, ou encore dans les
mutations socio-politiques et religieuses, ce qui a conduit à passer de la poésie
épique au genre tragique. Ainsi, chez Jacqueline de Romilly :</div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Par un trait assez remarquable, la naissance
de la tragédie est liée, presque partout, à l’existence de la tyrannie –
c’est-à-dire d’un régime fort, s’appuyant sur le peuple contre </i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgjQPYlzjAuGIVZOOcMXKnhH-_1FxT8mBSubH7xnBh3PQrrJZRHsizKiU-z61KbwyZe_VpAXPU_dEL_Y2AjhJcBSaVf2K6B1VomWpiFmN-01gYh3osln00q7rP2CidsiYNmPch3LlxcK9I/s1600/170px-Parc_de_Versailles,_Bosquet_des_D%C3%B4mes,_Arion,_Jean-Melchior_Raon_01.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgjQPYlzjAuGIVZOOcMXKnhH-_1FxT8mBSubH7xnBh3PQrrJZRHsizKiU-z61KbwyZe_VpAXPU_dEL_Y2AjhJcBSaVf2K6B1VomWpiFmN-01gYh3osln00q7rP2CidsiYNmPch3LlxcK9I/s1600/170px-Parc_de_Versailles,_Bosquet_des_D%C3%B4mes,_Arion,_Jean-Melchior_Raon_01.jpg" width="266" /></a>l’aristocratie.
Les rares textes sur lesquels on se fonde pour tenter de remonter plus haut que
la tragédie attique conduisent tous à des tyrans. Une tradition, attribuée à
Solon, raconte que la première représentation tragique serait due au poète
Arion. Or <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgjQPYlzjAuGIVZOOcMXKnhH-_1FxT8mBSubH7xnBh3PQrrJZRHsizKiU-z61KbwyZe_VpAXPU_dEL_Y2AjhJcBSaVf2K6B1VomWpiFmN-01gYh3osln00q7rP2CidsiYNmPch3LlxcK9I/h120/170px-Parc_de_Versailles,_Bosquet_des_D%C3%B4mes,_Arion,_Jean-Melchior_Raon_01.jpg">Arion</a> vivait à Corinthe sous le règne du tyran Périandre (fin du VIIe
siècle-début du VIe siècle av. J.-C.). Le premier cas pour lequel Hérodote cite
des chœurs “tragiques” est celui des chœurs qui, à Sicyone, chantaient les
malheurs d’Adraste et qui furent “restitués à Dionysos” ; or celui qui les
restitua à Dionysos était Clisthène, tyran de cette ville (début du VIe
siècle). Sans doute n’y a-t-il là encore qu’une ébauche de tragédie. Mais la
vraie tragédie naît de même. Après ces tentatives hésitantes en divers points
du Péloponnèse, un beau jour, la tragédie surgit en Attique : il dut bien
exister auparavant quelques premiers essais, mais il y eut un départ officiel –
qui est comme l’acte de naissance de la tragédie : entre 536 et 533, pour
la première fois, Thespis produisit une tragédie pour la grande fête des
Dionysies. Or c’était l’époque où régnait à Athènes le tyran Pisistrate, le
seul qu’elle ait jamais connu</i>» (J. de Romilly. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">La tragédie grecque, </i>Paris, P.U.F., Col. Sup littératures
anciennes, # 1970, pp. 13-14).</div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
Or, nous avons
vu que Pisistrate n’était pas le tyran de la colère mais celui du bon sens et
de l’apaisement de la colère. Suivons le développement de Mme de Romilly afin
de comprendre ce paradoxe :</div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Entrée dans la vie athénienne par l’effet
d’une décision officielle, s’insérant dans toute une politique d’expansion
populaire, la tragédie apparaît liée, dès ses débuts, à l’activité civique. Et
ce lien ne pouvait que se resserrer lorsque ce peuple, ainsi réuni au théâtre,
fut devenu l’arbitre de ses propres destinées. Il explique que le genre
tragique soit lié à l’épanouissement politique. Et il explique la place
qu’occupent, dans les tragédies grecques, les grands problèmes nationaux de la
guerre et de la paix, de la justice et du civisme. Par l’importance qu’ils leur
accordent, les grands poètes se situent bien, ici encore, dans le prolongement
de l’impulsion première</i>» (J. de Romilly. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 14-15).</div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
La colère, sous
sa forme civique, c’est une affaire de guerre et de paix ou de guerre civile et
de réconciliation nationale. Oubliant les colères individuelles, la tragédie voudrait que la
représentation ne retiennent que le malheur qui s’abat sur les cités qui se
sont laissées emporter par leur colère. Ici, la colère de Clytemnestre,
d’Oreste, d’Électre, d’Œdipe ou de Médée ne sont rien, contrairement à ce
qu’elle peut représenter dans le théâtre occidental aux XVIIe et XVIIIe
siècles de notre ère. Sans négliger la psychologie des personnages, les
tragédiens grecs en sont encore à interroger le sacré derrière la Cité :</div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Il y a d’ailleurs un rapport à l’origine,
entre ces deux aspects de la tragédie. Car Pisistrate, en un sens, c’est
Dionysos. Le tyran athénien avait développé le culte de Dionysos. Il avait
élevé, au pied de l’Acropole, un temple à <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjkMeodqFfez_buFSia8uc8g6d0XMfOvT88koADENHyyhrB84zrDMaohlBh48LviltW6AhlCR-k1IIo_PTonPo3QL25Tsh1m6m6mlMGuHk5n5M4lqVnnQXGr5w9kYLA7fL_Ak5P9KiiiP0/h120/dionysos1.jpg">Dionysos d’Eleuthère</a> ; et il
avait fondé en son honneur cette fête des Dionysies urbaines, qui devait être
celle de la tragédie. Que la tragédie soit entrée sous son règne dans le cadre
officiel du culte de ce dieu symbolise donc l’union des deux grands parrainages
sous lesquels se plaçait cette naissance : celui de Dionysos et celui
d’Athènes.</i></div>
</blockquote>
<div style="text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjkMeodqFfez_buFSia8uc8g6d0XMfOvT88koADENHyyhrB84zrDMaohlBh48LviltW6AhlCR-k1IIo_PTonPo3QL25Tsh1m6m6mlMGuHk5n5M4lqVnnQXGr5w9kYLA7fL_Ak5P9KiiiP0/s1600/dionysos1.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjkMeodqFfez_buFSia8uc8g6d0XMfOvT88koADENHyyhrB84zrDMaohlBh48LviltW6AhlCR-k1IIo_PTonPo3QL25Tsh1m6m6mlMGuHk5n5M4lqVnnQXGr5w9kYLA7fL_Ak5P9KiiiP0/s1600/dionysos1.jpg" width="400" /></a> </div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">On obtient ainsi deux points de départ
jumelés, dont la combinaison semble avoir été essentielle dans la naissance de
la tragédie. Cela ne veut pas dire, malheureusement, que la part de l’un et de
l’autre dans cette combinaison, ni la façon dont elle se fit, nous apparaissent
avec clarté. Et entre les improvisations religieuses des débuts et la
représentation officielle qui seule nous est connue, les transitions font
défaut : l’on en est réduit aux hypothèses et les modalités s’enveloppent
de mystère</i>» (J. de Romilly. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p.
15).</div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
Pour Jacqueline
de Romilly, ce qui est exceptionnel avec la tragédie grecques, c’est que sa
naissance «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">demeure un événement unique,
qui n’a d’équivalent en aucun autre pays et à aucune autre époque</i>» (<i style="mso-bidi-font-style: normal;">ibid. </i>p. 17). Au-delà des spéculations
des hellénistes, force est de constater que la tragédie procède des thèmes
homériques véhiculés par l’épopée archaïque. On a beau dire qu’Eschyle perdit
un bras à la bataille de Salamine, sa pièce <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Les Perses </i>semble unique par son historicité dans le peu du répertoire qui nous est parvenu. Tout le reste relève des conséquences de la guerre de Troie. C’est de
l’épopée que procède le genre tragique, et c’est de l’épopée qu’il a hérité de
la colère comme motivation dynamique. L’helléniste écrit encore :</div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">…les auteurs de tragédies prirent donc la
matière de leurs œuvres dans l’épopée. Et il n’est pas douteux qu’ils y prirent,
du même coup, l’art de construire des personnages et des scènes capables
d’émouvoir. Donner le sentiment de la vie, inspirer terreur et pitié, obliger à
partager une souffrance ou une anxiété – l’épopée l’avait toujours fait et elle
apprit aux tragiques à le faire. Aussi pourrait-on dire que, si la fête a créé
le genre tragique, c’est l’influence de l’épopée qui en a fait un genre
littéraire.</i></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Mais l’épopée ainsi transposée </i>[en
représentation] <i style="mso-bidi-font-style: normal;">devint quelque chose de
nouveau. L’épopée racontait : la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgJ4OmDjDLFlNWMzBvs1tlTZag_go8sj4qAmAK0zU9ozMCMy6HK_vQAJoV8LahbHnV-2ij1446iCY-nM1lNj4GP7OsTWCx92sY7xAXHJUkogNKamenXqoQoAI_X9Ef5dF8-973mXavUOgc/h120/2417753047_small_1.jpg">tragédie montra</a>. Or, cela même implique
une série d’innovations. Dans la tragédie, en effet, tout est là, sous les
yeux, réel, proche, immédiat. On y croit. On a peur. Et nous savons par des
témoignages anciens combien certains spectacles épouvantaient les spectateurs.
La tragédie tire sa force, par rapport à l’épopée, d’être ainsi tangible et
terrible.</i></div>
</blockquote>
<div style="text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgJ4OmDjDLFlNWMzBvs1tlTZag_go8sj4qAmAK0zU9ozMCMy6HK_vQAJoV8LahbHnV-2ij1446iCY-nM1lNj4GP7OsTWCx92sY7xAXHJUkogNKamenXqoQoAI_X9Ef5dF8-973mXavUOgc/s1600/2417753047_small_1.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="377" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgJ4OmDjDLFlNWMzBvs1tlTZag_go8sj4qAmAK0zU9ozMCMy6HK_vQAJoV8LahbHnV-2ij1446iCY-nM1lNj4GP7OsTWCx92sY7xAXHJUkogNKamenXqoQoAI_X9Ef5dF8-973mXavUOgc/s1600/2417753047_small_1.jpg" width="400" /></a> </div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">D’autre part, la limitation imposée à
l’auteur l’obligeait à choisir un épisode, un seul, dont les spectateurs
suivraient le développement dans sa continuité, passant ainsi par toutes les
phases de l’espoir et de la crainte, sans rémission de l’intérêt. La tragédie
tire aussi sa force de cette concentration de l’attention sur une action
unique.</i></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Enfin les conditions mêmes de la
représentation amenaient naturellement les auteurs à grandir plutôt les héros
et les thèmes. Il convient de le rappeler, car notre théâtre (et déjà le
théâtre latin) diffère sur ce point de ce qu’était le théâtre grec. Théâtre de
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEivWciO8wdZ-WsqLxfVmAt58wpyJko1mJiWg_bS8e1kcVlw6ubjYpORlGbPV6LcELNPJn-f54H-qTkXQhIMj9y7BPv9mAMp200NCZ9maPFmimxIPXg1C4KtcopaT6Uf6_GXihORqhroWcE/h120/VP-et-Trag%C3%A9die-grecque-Banni%C3%A8re.jpg">plein air</a>, ce dernier était fait pour des représentations exceptionnelles,
groupant un public énorme. Les visages étaient dissimulés par des masques, les
rôles de femmes tenus par des hommes. Tout ceci exclut d’office un théâtre tout
en nuances, consacré à la psychologie et aux caractères. Contrairement à ce que
les termes pourraient suggérer à un moderne, le théâtre était, chez les Grecs,
moins intime que l’épopée.</i></div>
</blockquote>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEivWciO8wdZ-WsqLxfVmAt58wpyJko1mJiWg_bS8e1kcVlw6ubjYpORlGbPV6LcELNPJn-f54H-qTkXQhIMj9y7BPv9mAMp200NCZ9maPFmimxIPXg1C4KtcopaT6Uf6_GXihORqhroWcE/s1600/VP-et-Trag%C3%A9die-grecque-Banni%C3%A8re.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEivWciO8wdZ-WsqLxfVmAt58wpyJko1mJiWg_bS8e1kcVlw6ubjYpORlGbPV6LcELNPJn-f54H-qTkXQhIMj9y7BPv9mAMp200NCZ9maPFmimxIPXg1C4KtcopaT6Uf6_GXihORqhroWcE/s1600/VP-et-Trag%C3%A9die-grecque-Banni%C3%A8re.jpg" width="400" /></a></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Parce qu’elle montrait au lieu de raconter,
et par les conditions mêmes dans lesquelles elle montrait, la tragédie pouvait
donc tirer des données épiques un effet plus immédiat et une leçon plus
solennelle. Cela s’accordait à merveille avec sa double fonction, religieuse et
nationale : les données épiques ne trouvaient accès au théâtre de Dionysos
que liées à la présence des dieux et au souci de la collectivité, plus
intenses, plus saisissantes, plus chargées de force et de sens</i>» (J. de
Romilly. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 20-21)</div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
Tout cela est
incontestable, pourtant, s’il est possible de donner encore <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Antigone </i>ou <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Œdipe-Roi </i>en représentation sur une scène de théâtre dans un monde moderne, c’est qu’il devait y avoir, dès la création des personnages, une
psychologie qui interpelle les auditeurs de tous les temps, sans ignorer que cette
psychologie moderne n’était certainement pas celle qui interpellait l’auditeur ancien.
Et Jacqueline de Romilly nous donnant l’exemple de l’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Agamemnon </i>d’Eschyle (<!--[if gte mso 9]><xml>
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</xml><![endif]--><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12.0pt;">± 526-456 av. J.-C.)</span> :</div>
<div style="text-align: justify;">
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%;">
«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le meurtre d’Agamemnon, tué par Égisthe ou
bien par Clytemnestre, et le retour d’Oreste revenant venger son père, étaient
des données que connaissait l’</i>Odyssée <i style="mso-bidi-font-style: normal;">et
qu’avait narrées l’</i>Orestie <i style="mso-bidi-font-style: normal;">de
Stésichore. Eschyle n’a donc fait que reprendre une donnée </i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgdGEHoPipulHXSE7pwoV662pkVsvPu_YKzoxNaBygHfkqSe99cErxtqJ315ecnLyFxozlkdLekOvBZmBGSxfmmgehlNuVRhwd_v6KfIgnSQV-NjY3YNLZUYTimaCafnclM6TSkdok0Y9U/s1600/Orestie.gif" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="308" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgdGEHoPipulHXSE7pwoV662pkVsvPu_YKzoxNaBygHfkqSe99cErxtqJ315ecnLyFxozlkdLekOvBZmBGSxfmmgehlNuVRhwd_v6KfIgnSQV-NjY3YNLZUYTimaCafnclM6TSkdok0Y9U/s1600/Orestie.gif" width="320" /></a></i>épique. Mais, avec
lui, tout s’organise : au centre de chacune des deux premières pièces de
son </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgdGEHoPipulHXSE7pwoV662pkVsvPu_YKzoxNaBygHfkqSe99cErxtqJ315ecnLyFxozlkdLekOvBZmBGSxfmmgehlNuVRhwd_v6KfIgnSQV-NjY3YNLZUYTimaCafnclM6TSkdok0Y9U/h120/Orestie.gif">Orestie</a> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">figure un meurtre, qui
est aussi sacrifice et sacrifice expiatoire. On l’attend, on le craint, on y
assiste, puis on le pleure : chaque tragédie présente donc une unité
fortement organisée. Dans la troisième, le meurtre est remplacé par un
jugement, </i><i style="mso-bidi-font-style: normal;">mais le problème n’est pas moins simple ni moins terrible, puisque,
là aussi, on craint </i><i style="mso-bidi-font-style: normal;">sans cesse pour une vie qui est en jeu. – D’autre part, si
le public ne voyait pas ces meurtres, qui s’achevaient dans la demeure, il
assistait directement, à l’horrible affrontement entre la mère et le
fils; il voyait le délire de Cassandre; et – expérience passant, de
loin, tout ce que l’on connaissait – il voyait les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgQ3kTzz5NEjnIJiJkgkNK-pb8_Cs2eKBmOSKI3BaO2Mes4YA7cwhYlZXvk2e9-8vUYOmEtXkXaA_EOcET-1PCg_ektJmi15ZSywJarGg03yDOkSX8SHU7-mRriaPITVMhXuSWtPqYonYw/h120/orestes2-3811.jpg_thumb.jpg">Érinyes</a>, toutes vivantes,
</i><i style="mso-bidi-font-style: normal;">grogner affreusement en s’attachant aux pas du coupable. Chaque tragédie était
donc présence, et présence terrifiante. – Mais présence de quoi? Pas
seulement du meurtre et de la violence car le meurtre était voulu par les dieux
et les Érinyes étaient des divinités : aussi peut-on dire que se
manifestait, dans la suite des trois tragédies, la présence divine. Au niveau
même des faits et des actes humains, la simple structure des pièces impose
certaines questions et tourne l’attention des spectateurs vers les dieux.
Pourquoi, en effet? Pourquoi le meurtre d’Agamemnon? Après ce
premier crime, pourquoi un autre? Où était la faute? Où sera le
châtiment? Que décident les dieux? Cette interrogation hante le
chœur, hante les acteurs. Et les dieux eux-mêmes sont tout près. Ils parlent
par des oracles; ils parlent par la voix d’une visionnaire; on
tremble de deviner leur colère; puis, soudain, surgit l’Érinye, puis
Apollon, puis Athéna. Chaque tragédie prend valeur religieuse. – Et, enfin,
l’ensemble est quelque chose de plus. Athéna, en effet, est la déesse tutélaire
d’Athènes; grâce à son intervention, les Érinyes à leur tour se muent en
divinités protectrices de la cité : elles veilleront sur l’ordre et la
prospérité du pays, où désormais elles s’installent; et, en même temps
qu’elle obtient ce résultat, Athéna donne ses instructions pour que continue
d’exister ce tribunal de l’Aréopage, fondé pour juger Oreste; or, Eschyle
exalte le rôle dévolu à ce tribunal au moment précis où Athènes venait
d’en changer les pouvoirs. L’</i>Orestie, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">par
là, touche à la vie de la cité: elle parle de civisme; son
inspiration prend une portée nationale</i>» (J. de Romilly. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 21 à 23).</div>
</blockquote>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgQ3kTzz5NEjnIJiJkgkNK-pb8_Cs2eKBmOSKI3BaO2Mes4YA7cwhYlZXvk2e9-8vUYOmEtXkXaA_EOcET-1PCg_ektJmi15ZSywJarGg03yDOkSX8SHU7-mRriaPITVMhXuSWtPqYonYw/s1600/orestes2-3811.jpg_thumb.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="305" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgQ3kTzz5NEjnIJiJkgkNK-pb8_Cs2eKBmOSKI3BaO2Mes4YA7cwhYlZXvk2e9-8vUYOmEtXkXaA_EOcET-1PCg_ektJmi15ZSywJarGg03yDOkSX8SHU7-mRriaPITVMhXuSWtPqYonYw/s1600/orestes2-3811.jpg_thumb.jpg" width="400" /></a></div>
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
Contrairement au
théâtre moderne, les personnages sur la scène grecque ne dépassent jamais trois
en même temps. Si l’on accepte le fait que la tragédie procède du sacré dans un monde où le politique n’est pas encore affranchi du religieux, la
fonction sociale de la tragédie est donc pédagogique. Le thème de la pièce
s’adresse au citoyen en chaque homme d’Athènes. «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Au lieu que la tragédie fût consacrée à quelque coup cruel envoyé par
les dieux, sur lequel un chœur angoissé s’interrogeait dans le tremblement,
l’intérêt se centra sur ce qu’étaient et faisaient les hommes; et la
tragédie les montra en lutte avec l’événement qu’ils refusaient ou imposaient.
À cela correspondit, de toute nécessité, un renouvellement des moyens
littéraires</i>» (J. de Romilly. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p.
37). Nous tenons ici, à la fois, le passage qui conduira de la tragédie au
dialogue philosophique au Ve siècle, et le passage du <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Socius au Psyché </i>chez les spectateurs :</div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">La pièce d’Eschyle dans laquelle Oreste
revient et tue sa mère s’appelle les </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh3D1agwsze3zZxUfZL90Air26P3haG1V3W3UfNj7JNlqlLpn5CyvIkSKY3xsRrtMSlwvgWo1vn-Pb5rsIIY4FEZbmqYrgYfN_lBMsseYWLqOYKUIry3zfdZTjNNnPf9X6dtZ4Lv3InpNA/h120/odyssn1.jpg">Choéphores</a>, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">parce que le chœur entrait en portant des libations funéraires, ou </i>choai.
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Les deux pièces de Sophocle et d’Euripide
traitant du même sujet s’appellent toutes deux </i>Électre. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">En effet, la sœur d’Oreste est devenue ici
le centre de l’action. Elle attend son frère, elle le pousse au meurtre, elle
l’y aide; on s’intéresse donc à ce qu’elle sent et à ce qu’elle
fait; on s’émeut de sa misère et de sa fermeté : Électre, dans sa
douleur et sa résolution est devenue, à proprement parler, héroïne de tragédie.
Or ce sont des héros comme elle qui donnent leurs noms à toutes les autres
pièces conservées de Sophocle sauf une, puisque l’on a : </i>Ajax,
Antigone, Œdipe roi, Œdipe à Colone, Philoctète. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">On dirait une galerie de figures grandies par la souffrance et le
courage – grandies par la tragédie. Et à ces noms font pendant ceux des héros
d’Euripide, ou plus souvent, de ses héroïnes : </i>Alceste, Médée, Hécube,
Hélène, Iphigénie à Aulis, Iphigénie en Tauride…<i style="mso-bidi-font-style: normal;"> Les personnages sont désormais le centre de l’intérêt</i>» (J. de
Romilly. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 37-38).</div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh3D1agwsze3zZxUfZL90Air26P3haG1V3W3UfNj7JNlqlLpn5CyvIkSKY3xsRrtMSlwvgWo1vn-Pb5rsIIY4FEZbmqYrgYfN_lBMsseYWLqOYKUIry3zfdZTjNNnPf9X6dtZ4Lv3InpNA/s1600/odyssn1.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="243" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh3D1agwsze3zZxUfZL90Air26P3haG1V3W3UfNj7JNlqlLpn5CyvIkSKY3xsRrtMSlwvgWo1vn-Pb5rsIIY4FEZbmqYrgYfN_lBMsseYWLqOYKUIry3zfdZTjNNnPf9X6dtZ4Lv3InpNA/s1600/odyssn1.jpg" width="400" /></a></div>
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
Sans doute. Mais
ces personnages ne portent pas seulement le pathos victimaire : misère et
fermeté dans le malheur. Tout cela n’est que conséquence. Comme dans la poésie
épique d’Homère, c’est dans leur colère beaucoup plus que dans leurs malheurs
que ces personnages deviennent les moteurs de l’intrigue. Des colères qui ne
reprennent plus celles des dieux, mais sont des colères typiques
d’hommes et de femmes : la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh7PwCjRrDOBgATpmXdQn9uE_UmZQhgCzPwmo5Jb-hm-imfezUGFwIl3Td4npyiGbHDU_WNTcRhFBlvNw-PjV1S3kECmyyYYG5JqgFPvGMg3R8oCyw4OGK1CVmUvtWQLRmoyjUtf0XP_l4/s1600/Antigone-Creon-big.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="210" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh7PwCjRrDOBgATpmXdQn9uE_UmZQhgCzPwmo5Jb-hm-imfezUGFwIl3Td4npyiGbHDU_WNTcRhFBlvNw-PjV1S3kECmyyYYG5JqgFPvGMg3R8oCyw4OGK1CVmUvtWQLRmoyjUtf0XP_l4/s1600/Antigone-Creon-big.jpg" width="400" /></a>révolte d’<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh7PwCjRrDOBgATpmXdQn9uE_UmZQhgCzPwmo5Jb-hm-imfezUGFwIl3Td4npyiGbHDU_WNTcRhFBlvNw-PjV1S3kECmyyYYG5JqgFPvGMg3R8oCyw4OGK1CVmUvtWQLRmoyjUtf0XP_l4/h120/Antigone-Creon-big.jpg">Antigone</a> contre la loi de la Cité qui exige
d’enterrer son frère rebelle hors des murs de la ville, comme la colère d’Œdipe devant
la querelle fratricide de ses fils. Le monde de la vendetta familiale est
derrière, emporté avec la Grèce archaïque. Désormais, la loi de la Cité
prédomine en tout et possède dans la déesse Athéna la légitimité et la légalité
du démos. Les tyrans ne seront pas condamnés tant parce qu’ils sont tyrans que
parce qu’ils n’appartiennent plus au mode de la «modernité» athénienne. Si
Périclès pouvait encore se considérer comme le premier des Athéniens, sa verve
ne suffisait plus à conserver l’unité de la Cité et la guerre du Péloponnèse finit par abattre le monde hérité de la tragédie. Il sera alors dans l’ordre des choses
que Platon appelle le Prince derrière lequel devrait se tenir – mais il ne se
tiendra jamais – le philosophe (et non plus le poète, épique ou tragique qu’il condamnait au bannissement de la Cité).<br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
Dans sa
définition de la tragédie, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiUUypUwlYwncoaU_ull8aqhJLC-8OtdC9QzoZ8yrfHfblOxLH3qVlbh4vI3vksfZsOCnCWGb-8Cr5xJrunIbIt-v2FvbJ9frZtYyOnVa2VH1aiKLsO8Id1QP45fEz-kgtcEonzcbXw_Ns/h120/aristote-2.jpg">Aristote</a> saisira «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">la conscience très nette que l’atmosphère tragique </i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiUUypUwlYwncoaU_ull8aqhJLC-8OtdC9QzoZ8yrfHfblOxLH3qVlbh4vI3vksfZsOCnCWGb-8Cr5xJrunIbIt-v2FvbJ9frZtYyOnVa2VH1aiKLsO8Id1QP45fEz-kgtcEonzcbXw_Ns/s1600/aristote-2.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiUUypUwlYwncoaU_ull8aqhJLC-8OtdC9QzoZ8yrfHfblOxLH3qVlbh4vI3vksfZsOCnCWGb-8Cr5xJrunIbIt-v2FvbJ9frZtYyOnVa2VH1aiKLsO8Id1QP45fEz-kgtcEonzcbXw_Ns/s1600/aristote-2.jpg" width="320" /></a>consiste avant tout
en un rapport entre l’œuvre et le spectateur : la tragédie </i>suscite, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">dit-il, </i>la pitié et la crainte. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Elle n’est pas tragique par ce qu’elle est,
mais par ce qu’elle provoque. Nous ne retrouverons plus de référence à cette
idée fondamentale, ni dans les définitions courantes de la tragédie aux XVIe et
XVIIe siècles, ni dans celles du drame bourgeois, ni dans celles du drame
romantique. Il ne manque à Aristote que d’avoir cherché qu’elle était la
condition de la création d’un tel rapport entre l’œuvre et le spectateur,
condition qui, pour moi, réside dans la possibilité d’identification du
spectateur et du personnage</i>» (P.-A. Touchard. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Dionysos, suivi de l’Amateur de théâtre, </i>Paris, Seuil, 1949 et
1952, p. 27). La proximité du citoyen avec le pouvoir rapproche le destin de la
cité plus près des caractères des Athéniens qu’elle l’éloigne des caprices des
dieux. Les divinités grecques ont commencé à mourir sur les scènes des
amphithéâtres avant que Platon ne les réduise à une simple <i style="mso-bidi-font-style: normal;">idée </i>de la divinité. Ce ne sont plus les
colères et les jalousies des dieux qui entraînent le sort des Perses ou celui
de la famille du roi de Thèbes, mais leurs actions mêmes livrées souvent à
l’<i>hybris</i>, à la querelle, à la démesure des envies. Les Érynies, Apollon et
Athéna ont beau jouer les accusatrices ou le protecteur d’Oreste, les
mécanismes de l’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Orestie </i>demeurent
tous humains. Les colères sont génératrices de révoltes et de conflits. Pendant
que les différentes générations d’Athéniens <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgm1jUqzJcXs0uPn45iMT5XuVX12ytRGG1HUVAlXp8AMqukOiugasCWP1R-5nTzg9Zkz3VRaesZU2b7t0Em7DZcfjPoXY18dOL9yffJrFZOYyiqwJCir1pNxBiWNrZGuocFQLXjs2K9_b4/s1600/220px-Syracuse_theatre2.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgm1jUqzJcXs0uPn45iMT5XuVX12ytRGG1HUVAlXp8AMqukOiugasCWP1R-5nTzg9Zkz3VRaesZU2b7t0Em7DZcfjPoXY18dOL9yffJrFZOYyiqwJCir1pNxBiWNrZGuocFQLXjs2K9_b4/s1600/220px-Syracuse_theatre2.jpg" width="400" /></a>réfléchissent sur ces questions à
travers des scènes imitées de la réalité, les philo-<br />
sophes commen-<br />
cent à disputer
sur les motiva-<br />
tions profondes de ces colères et la sagesse impossible des
citoyens à y remédier. D’où qu’ils finiront tous à graviter dans l’ombre d’un
tyran. Ainsi, Platon dans l’ombre de Dion de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgm1jUqzJcXs0uPn45iMT5XuVX12ytRGG1HUVAlXp8AMqukOiugasCWP1R-5nTzg9Zkz3VRaesZU2b7t0Em7DZcfjPoXY18dOL9yffJrFZOYyiqwJCir1pNxBiWNrZGuocFQLXjs2K9_b4/h120/220px-Syracuse_theatre2.jpg">Syracuse</a> et Aristote dans celle de
Philippe de Macédoine, éducateur de son fils Alexandre. Dans un cas comme dans
l’autre, on ne peut guère crier au succès. Voilà pourquoi, malgré l’éloignement
des temps et le saut qualitatif de la civilisation hellénique à la civilisation
occidentale, les méditations sur la tragédie demeureront essentielles au sein
de l’esprit humain.</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
L’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Agamemnon </i>d’Eschyle est le modèle d'inspiration des
tragédies futures. D’abord, tout se présente bien. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiaFx2lQQe4DrTn1jd5d1cgjsIJK4A7PrXRDSnU1Dz0XoPhIhKcRE8AF2r11z8BbVmyGNenAj0LEgULKhJaAFdlUKi6VQh6S6B1A2wyWRxMzm8IbcTls4pxqJQ5dBrR_2_inydJh-ZM_6I/s1600/MaskOfAgamemnon.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiaFx2lQQe4DrTn1jd5d1cgjsIJK4A7PrXRDSnU1Dz0XoPhIhKcRE8AF2r11z8BbVmyGNenAj0LEgULKhJaAFdlUKi6VQh6S6B1A2wyWRxMzm8IbcTls4pxqJQ5dBrR_2_inydJh-ZM_6I/s1600/MaskOfAgamemnon.jpg" width="400" /></a><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiaFx2lQQe4DrTn1jd5d1cgjsIJK4A7PrXRDSnU1Dz0XoPhIhKcRE8AF2r11z8BbVmyGNenAj0LEgULKhJaAFdlUKi6VQh6S6B1A2wyWRxMzm8IbcTls4pxqJQ5dBrR_2_inydJh-ZM_6I/h120/MaskOfAgamemnon.jpg">Agamemnon</a>, roi d’Argos et de
Mycènes revient dans son royaume après dix ans d’absence à guerroyer contre les
Troyens. Par la volonté de Zeus, les Grecs sont vain-<br />
queurs. Argos doit être en
liesses pour accueillir son roi. Le chœur prévient la reine Clytemnestre de la
victoire. Un héraut annonce l’arrivée prochaine du roi. Mais les spectateurs
savent déjà que malgré ses signes manifestes de fidélité et de bonheur, il y a
des souvenirs impérissables qui demeurent, dont le sacrifice d’Iphigénie, sa fille, par
son père même afin d’apaiser la colère des dieux à son endroit. Clytemnestre en a
gardé une haine vengeresse refoulée. Mais voici qu’Agamemnon amène avec lui la
fille du roi ennemi, Cassandre, dont il a fait sa maîtresse. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgAlQRTg0MO7oA_K-PcNhCyBZoLjGbdY4AKqpkAOKrBOjZJ_6syS4Zo9LrOlPOizaoOw0d4WaVOTYFe1uIWdDFLptC1UKEys-_e67hlC5-FYxEvqbxrFiPUNOqgeF9V07eZFVytsQnPYTM/h120/Pierre-Narcisse-Guerin-Clytemnestra-and-Agamemnon.JPG">Clytemnestre</a>, qui
nourrit sa vengeance, invite la captive à entrer dans le palais, mais
Cassandre, à qui Apollon a donné le dont de prédire l’avenir, sait qu’entrer
dans <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgAlQRTg0MO7oA_K-PcNhCyBZoLjGbdY4AKqpkAOKrBOjZJ_6syS4Zo9LrOlPOizaoOw0d4WaVOTYFe1uIWdDFLptC1UKEys-_e67hlC5-FYxEvqbxrFiPUNOqgeF9V07eZFVytsQnPYTM/s1600/Pierre-Narcisse-Guerin-Clytemnestra-and-Agamemnon.JPG" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="356" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgAlQRTg0MO7oA_K-PcNhCyBZoLjGbdY4AKqpkAOKrBOjZJ_6syS4Zo9LrOlPOizaoOw0d4WaVOTYFe1uIWdDFLptC1UKEys-_e67hlC5-FYxEvqbxrFiPUNOqgeF9V07eZFVytsQnPYTM/s1600/Pierre-Narcisse-Guerin-Clytemnestra-and-Agamemnon.JPG" width="400" /></a>le palais du roi, elle n’en sortira pas vivante, aussi gémit-<br />
elle : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ah! dis plutôt une maison haïe des
dieux, complice de crimes sans nombre, de meurtres qui ont fait couler le sang
d’un frère, de têtes coupées… un abattoir humain au sol trempé de sang! </i>(Eschyle.
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Tragédies, </i>Paris, Les Belles Lettres,
rééd. Livre de poche Col. Classiques # 1611-1612, 1962, p. 275). C’est l’un de
ces moments terribles, pathétiques, proprement tragiques que le dialogue du
chœur et de Cassandre qui refuse de descendre de son char pour pénétrer dans le
palais maudit. Du coup, les liesses de la victoire sont oubliées et le discours
laudatif de Clytemnestre ne tient plus.</div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Le
Coryphée</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’étrangère, je crois, a le nez d’une
chienne : elle flaire la piste et va trouver le sang.</i></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Cassandre</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ah! j’en crois ces témoignages :
ces enfants que je vois pleurer sous le couteau et ces membres rôtis dévorés
par un père!</i><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjzrjuleUZP1IPx4Yc23H9V5X0q8XHr-4qIRzc1BbYpiT8MgBLsPz3sjqmeeCPyNd67VgJqyap42NGQb63KzJkgLtCmzy5XNFvhSVPwG-dTAeOGUtCFZzEbRH_oHa8flCPSbf9Ko_UUVis/s1600/presentation.gif" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="282" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjzrjuleUZP1IPx4Yc23H9V5X0q8XHr-4qIRzc1BbYpiT8MgBLsPz3sjqmeeCPyNd67VgJqyap42NGQb63KzJkgLtCmzy5XNFvhSVPwG-dTAeOGUtCFZzEbRH_oHa8flCPSbf9Ko_UUVis/s1600/presentation.gif" width="400" /></a>Moins qu’une
pré-<br />
diction, Cassan-<br />
dre rappelle ici le meurtre d’Iphi-<br />
génie en des termes
amplifiés qui sèment l’horreur chez les spectateurs. Le Coryphée, lui, ne veut
se souvenir et s’en tient au don de prophétesse qu’il réfute, mais les
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjzrjuleUZP1IPx4Yc23H9V5X0q8XHr-4qIRzc1BbYpiT8MgBLsPz3sjqmeeCPyNd67VgJqyap42NGQb63KzJkgLtCmzy5XNFvhSVPwG-dTAeOGUtCFZzEbRH_oHa8flCPSbf9Ko_UUVis/h120/presentation.gif">gémissements de Cassandre</a> annoncent déjà le crime qui se commet :</div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Cassandre</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ah! misérable, tu oses donc
cela!… Tu baignes l’époux qui partage ton lit, puis – comment dire la
fin?… l’heure est proche, qui la verra – deux bras, l’un après l’autre,
avidement se tendent pour frapper!</i></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Le
Coryphée</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Je comprends moins encore : aux énigmes
succèdent des oracles obscurs, et je reste interdit.</i></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Cassandre</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ah! horreur! horreur! que
vois-je? n’est-ce point un filet d’enfer?… Mais non, le vrai filet,
c’est la compagne de lit devenue complice de meurtre! Allons! que
la troupe attachée à la race salue donc du cri rituel le sacrifice
d’infamie!</i></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Le Coryphée</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Pourquoi sur ce palais provoquer la clameur
de l’Érynie? ta voix cette fois m’épouvante.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
Après l’horreur
vient le pathos de son propre destin qui n’échappe pas au don de
Cassandre : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Hélas!
hélas! infortunée! quel est mon malheureux destin? C’est mon
propre lot de douleurs que je verse à son tour au cratère de mes chants. Où
donc m’as-tu conduite en m’amenant ici, malheureuse? où sinon à la mort –
moi aussi? </i><span lang="EN-US" style="mso-ansi-language: EN-US;">(Eschyle.
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 276-277). </span>Peut-on
imaginer, en effet, pires souffrances que posséder le don de prédire son propre
avenir et ne pouvoir rien faire pour en détourner l’issu? Cassandre prend
donc bien son temps pour gémir sur son destin et émouvoir à coup sûr les
spectateurs qui assistent, du haut des gradins, à la représentation. L’effet
est incontestablement supérieur à celui d’un récit extérieur dans le chant de
l’épopée. Chacun partage sa peine immense, et se sent terrifié par ses
prédictions qui opèrent comme de véritables tortures : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Hélas! hélas! ah!
ah! misère! de nouveau le travail prophétique, terrible, me fait
tourner sur moi-même et m’affole de son horrible refrain – Voyez ces jeunes
hommes assis près du palais, pareils aux formes des songes : on dirait des
enfants tués par des parents; les mains pleines de chairs – leur corps
même offert en pâture! – ils portent une pitoyable charge d’entrailles et
de viscères, qu’un père approcha de sa bouche! Voilà, je vous le déclare,
ce dont quelqu’un médite la vengeance, un lion – mais un lion lâche qui reste à
la maison et, vautré dans le lit, las! y attend le retour du maître – mon
maître, puisqu’il me faut porter un joug d’esclave. Et le chef de la flotte, le
destructeur de Troie, ne sait pas ce que l’odieuse chienne, dont la voix
longuement </i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjcBrdApT1h4UQEDlM2PqJ2XeKvia_rh-lqTHK5iJldmsOtPQWxGsQRr5_zT8J6TQo9QnJtGHw7TcVELZZQnxJHSFuJDMgofyX-HfINhBYksak7k5DdCNLoz3x2Z24jk7lyaNAyhpvJ7yM/s1600/11189_cassandre_clytemnestre.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjcBrdApT1h4UQEDlM2PqJ2XeKvia_rh-lqTHK5iJldmsOtPQWxGsQRr5_zT8J6TQo9QnJtGHw7TcVELZZQnxJHSFuJDMgofyX-HfINhBYksak7k5DdCNLoz3x2Z24jk7lyaNAyhpvJ7yM/s1600/11189_cassandre_clytemnestre.jpg" width="317" /></a>dit et redit l’allégresse, sournoise puissance de mort, lui prépare
pour son malheur! Telle est son effronterie! Femelle tueuse du
mâle, je vois en elle… De quel monstre odieux – dragon à deux têtes, Skylla
gîtée dans les rochers, fléau des marins – devrai-je emprunter le nom pour
donner celui qu’elle mérite à cette mère en furie, sortie de l’Enfer, qui
contre tous les siens ne respire que guerre sans trêve. Ah! le cri de
triomphe qu’elle a poussé, la scélérate : le cri du guerrier devant la
déroute ennemie! Et l’on s’imagine qu’elle exprime ainsi la joie d’un
heureux retour! – Mais, croyez-moi ou non, peu m’importe! ce qui
doit être sera, et, toi, qui bientôt vas en être témoin, plein de pitié, tu
diras que j’étais trop véridique <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjcBrdApT1h4UQEDlM2PqJ2XeKvia_rh-lqTHK5iJldmsOtPQWxGsQRr5_zT8J6TQo9QnJtGHw7TcVELZZQnxJHSFuJDMgofyX-HfINhBYksak7k5DdCNLoz3x2Z24jk7lyaNAyhpvJ7yM/h120/11189_cassandre_clytemnestre.jpg">prophétesse</a></i>». Ce à quoi le Coryphée, de
plus en plus vaincu par la crainte, répond : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Tu as parlé du festin préparé à Thyeste avec les chairs de ses
enfants : j’ai compris et j’ai frissonné, et la terreur me prend, à ouïr
la vérité crue et sans images. Mais, au reste de tes propos, mon esprit, égaré,
court hors de la carrière</i>» (Eschyle. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid.
</i>pp. 280-281).</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgGlGMh7rP0vAmhQOv126jy06lyt2n09JkMONb-nIFUqU-0DLi6JFm-lAaxrNW1b-kE554k7eKcN3v23CSL0477mcknTl8S6Uv6-w3TgP_6csG78ibM_pEnuKtf9i-YtLa6WEK_Wcs_lbQ/s1600/screen-shot-2012-12-27-at-12-09-25-pm.png" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="311" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgGlGMh7rP0vAmhQOv126jy06lyt2n09JkMONb-nIFUqU-0DLi6JFm-lAaxrNW1b-kE554k7eKcN3v23CSL0477mcknTl8S6Uv6-w3TgP_6csG78ibM_pEnuKtf9i-YtLa6WEK_Wcs_lbQ/s1600/screen-shot-2012-12-27-at-12-09-25-pm.png" width="400" /></a>Tous les films
d’horreur, même les plus <i style="mso-bidi-font-style: normal;">cheaps </i>fonc-<br />
tionnent
encore sur cette technique théâtrale. La prédiction se ressent par une suite
d’effets sonores, d’arrivées de personnages hirsutes, de successions de décors
inquiétants, puis l’horreur qui se montre de face. Tout en nous
prévenant ouvertement du sort qui attend l<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgGlGMh7rP0vAmhQOv126jy06lyt2n09JkMONb-nIFUqU-0DLi6JFm-lAaxrNW1b-kE554k7eKcN3v23CSL0477mcknTl8S6Uv6-w3TgP_6csG78ibM_pEnuKtf9i-YtLa6WEK_Wcs_lbQ/h120/screen-shot-2012-12-27-at-12-09-25-pm.png">'héroïne</a>, on prie encore pour
qu’elle s’en sorte du malheur vers lequel elle s’avance :</div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Cassandre</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Je dis que tu verras la mort d’Agamemnon.</i></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Le
Coryphée</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ah! tais-toi, malheureuse!
laisse dormir ta voix!</i></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Cassandre</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Nul ne saurait guérir les maux que je
prédis.</i></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Le
Coryphée</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">S’ils doivent voir le jour; mais les
dieux nous en gardent!</i></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Cassandre</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Tu peux faire des vœux : eux préparent
le meurtre. </i><span lang="EN-US" style="mso-ansi-language: EN-US;">(Eschyle. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 282).</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br />
Puis Cassandre,
s’enveloppant la tête, entre dans le palais, mais avant, elle hésite une
dernière fois :</div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Cassandre
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">(Avec horreur)</i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ah! Ah!</i></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Le
Coryphée</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Pourquoi ce cri? quel monstre se forge
dans ton âme?</i></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Cassandre</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ce palais sent le meurtre et le sang
répandu. </i><span lang="EN-US" style="mso-ansi-language: EN-US;">(Eschyle. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 284).</span><br />
<br />
<div style="text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh1EhcLCIbyjZt15Bx25PCYPs0RdmDBsR0b_Bma6wPEDv3sthigs1szYZ-n8FN6tNwTKQ6-wQGxSftq69C5e-Cg-2uhomvdG8XeI8SVGR1PrNFUMc5YWcayyuby2xzQ2cPq6FeeQ5KVq-g/s1600/murder+agamemnon+guten+image4.png" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="220" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh1EhcLCIbyjZt15Bx25PCYPs0RdmDBsR0b_Bma6wPEDv3sthigs1szYZ-n8FN6tNwTKQ6-wQGxSftq69C5e-Cg-2uhomvdG8XeI8SVGR1PrNFUMc5YWcayyuby2xzQ2cPq6FeeQ5KVq-g/s1600/murder+agamemnon+guten+image4.png" width="400" /></a></div>
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
Une fois la
porte refermée sur Cassandre, on entend tout à coup derrière la porte l’<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh1EhcLCIbyjZt15Bx25PCYPs0RdmDBsR0b_Bma6wPEDv3sthigs1szYZ-n8FN6tNwTKQ6-wQGxSftq69C5e-Cg-2uhomvdG8XeI8SVGR1PrNFUMc5YWcayyuby2xzQ2cPq6FeeQ5KVq-g/h120/murder+agamemnon+guten+image4.png">appel d’Agamemnon</a>. De la prédiction (du dit), on passe à la monstration (du fait
annoncé) :</div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Agamemnon</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Hélas! un coup mortel a déchiré ma
chair!</i></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Le
Coryphée</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Écoutez! qui crie-là, atteint d’un
coup mortel?</i></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Agamemnon</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Hélas! deux fois hélas! encore
un autre coup!</i></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Le
Coryphée</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le crime est accompli : croyez-en les
plaintes du roi! Allons, amis, réunissons ici de sûrs conseils.</i><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
Les débats du
conseil opèrent comme une pédagogie du pouvoir offert aux spectateurs :</div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Deuxième
Choreute</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Mon avis, le voici : crier aux
citoyens : “À l’aide! ici, tous! au palais!</i></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Troisième
Choreute</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Et le mien : y bondir nous-mêmes au
plus vite et surprendre le crime l’épée sanglante encore.</i></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Quatrième
Choreute</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Oui, je partagerai tout avis de ce
genre : agir d’abord, ce n’est plus l’heure d’hésiter.</i></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Cinquième
Choreute</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">On peut attendre et voir; ce n’est là
qu’un début, l’annonce de la tyrannie qu’ils préparent à la cité.</i></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Sixième
Choreute</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Parce que nous balançons! Eux, foulent
aux pieds la gloire d’hésiter et ne laissent pas s’endormir leurs bras.</i></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Septième
Choreute</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Je ne sais vraiment quel conseil
formuler; même à qui veut agir il appartient de consulter d’abord.</i></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Huitième
Choreute</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">C’est aussi mon avis : car je ne crois
pas que des mots puissent ressusciter un mort.</i></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Neuvième
Choreute</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Quoi donc! uniquement pour prolonger
nos jours, plier devant des maîtres qui souillent ce palais!</i></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Dixième
Choreute</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Intolérable honte! mourir vaut encore
mieux; la mort est plus douce que la tyrannie.</i></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Onzième
Choreute</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Oui, mais pourquoi, sans autre indice qu’une
plainte, vouloir prophétiser la mort de notre roi!</i></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Douzième
Choreute</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ce n’est que lorsqu’on sait que l’on doit
s’indigner : conjecturer n’est pas savoir.</i></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Le
Coryphée</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ma voix donne du moins le nombre à cet
avis : savoir exactement le sort fait à l’Atride.</i><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">La porte centrale s’ouvre. On aperçoit
Agamemnon, nu, étendu sur un large voile ensanglanté. Cassandre est couchée à
ses côtés. Près des deux cadavres, Clytemnestre est debout, une épée à la main.
</i><span lang="EN-US" style="mso-ansi-language: EN-US;">(Eschyle. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 286-287).</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
Après les chants
à la gloire du roi, aux hommages rendus par Clytemnestre, la torture intérieure
subie par Cassandre, l’échange des membres du chœur apparaît comme une
véritable discussion démocratique après un coup de sort sur le gouvernement de
la Cité. Les révolutionnaires de 1789 reprendront certains thèmes de ce
débat : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">à qui veut agir, il
appartient de consulter d’abord; la mort est plus douce que la
tyrannie; ce n’est que lorsqu’on sait que l’on doit s’indigner… </i>Puis,
du coup se révèle l’horreur annoncée : le double meurtre d’Agamemnon et de
Cassandre par Clytemnestre. La colère, qui s’était tenue coi jusqu’alors, se <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhB-RO9LYPM6i-VxUBSAFrg5q9pb1-YEAps4lklUr-YvGkLW1-mmdrO2Iy8LkmNusaId3qmwQ52Z71VaDX11P4E_13lQboVgI18VIgkirQm2nJ7iHozF-g9w7g8M3nfnhkEAme4VshhdzA/s1600/collier_clytemnestre.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhB-RO9LYPM6i-VxUBSAFrg5q9pb1-YEAps4lklUr-YvGkLW1-mmdrO2Iy8LkmNusaId3qmwQ52Z71VaDX11P4E_13lQboVgI18VIgkirQm2nJ7iHozF-g9w7g8M3nfnhkEAme4VshhdzA/s1600/collier_clytemnestre.jpg" width="368" /></a>crie dans toute son immensité dans le monologue de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhB-RO9LYPM6i-VxUBSAFrg5q9pb1-YEAps4lklUr-YvGkLW1-mmdrO2Iy8LkmNusaId3qmwQ52Z71VaDX11P4E_13lQboVgI18VIgkirQm2nJ7iHozF-g9w7g8M3nfnhkEAme4VshhdzA/h120/collier_clytemnestre.jpg">Clytemnestre</a> qui suit : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">La nécessité tout à l’heure m’a dicté bien
des mots : je ne rougirai pas de les démentir. Lorsque, sur ceux qu’on
hait en semblant les aimer, on se prépare à assouvir sa haine, est-il d’autre
moyen de dresser assez haut les panneaux du Malheur pour qu’ils défient tout
bond qui voudrait les franchir ? Cette rencontre-là, longtemps j’y ai
songé : elle est donc venue, la revanche – enfin! et je demeure où
j’ai frappé : cette fois, c’est fini! – J’ai tout fait, je ne le
nierai pas, pour qu’il ne pût ni fuir ni écarter la mort. C’est un réseau sans
issue, un vrai filet à poissons que je tends autour de lui, une robe au faste
perfide. Et je frappe – deux fois – et, sans un geste, en deux gémissements, il
laisse aller ses membres; et, quand il est à bas, je lui donne encore un
troisième coup, offrande votive au Zeus Sauveur des morts qui règne sous la
terre. Gisant, il crache alors son âme, et le sang qu’il rejette avec violence
sous le fer qui l’a percé m’inonde de ses noires gouttes, aussi douces pour mon
cœur que la bonne rosée de Zeus pour le germe au sein du bouton. – Voilà les
faits, citoyens respectés dans Argos : qu’ils vous plaisent ou non, moi,
je m’en fais gloire! Si même il était admis qu’on versât des libations
sur un cadavre, ce serait bien justice ici – plus que justice même : tant
cet homme avait pris plaisir en ce palais à remplir d’exécrations le cratère
qu’à son tour il a dû lui-même vider d’un seul trait!</i>» <span lang="EN-US" style="mso-ansi-language: EN-US;">(Eschyle. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 287-288). </span>Sans remords ni regrets, Clytemnestre
avoue son forfait et s’en montre fière au grand scandale du Coryphée : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Celui-ci est Agamemnon mon époux; ma
main en a fait un cadavre et l’ouvrage est de bonne ouvrière. Voilà</i>». Après
l’effroi, la terreur et l’horreur, la colère a abattu sa carte en vomissant un
flot de sang hors du corps <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhOW3dC_LXo2RPmmz1B2j7T5Zff95K_iBUi92fsadoSHq35ITwAGAINv0mPdBcxrltAYKhAZqSuUmDWIBElFTrZeTF_oNayut6KXJA370VDnljO86PFy-zCHEJmo407uGygg_NHNozbUNc/s1600/assassinat.gif" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhOW3dC_LXo2RPmmz1B2j7T5Zff95K_iBUi92fsadoSHq35ITwAGAINv0mPdBcxrltAYKhAZqSuUmDWIBElFTrZeTF_oNayut6KXJA370VDnljO86PFy-zCHEJmo407uGygg_NHNozbUNc/s1600/assassinat.gif" width="258" /></a>d’Agamemnon. La raison? Écoutez la réponse de
l’assassin au chœur : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ainsi, tu me
condamnes aujourd’hui à l’exil, à la haine d’Argos, aux imprécations d’un
peuple, tandis que contre lui tu ne t’insurgeais guère, quand, insouciant comme
un homme qui prend une victime dans les brebis sans nombre de ses troupeaux
laineux, il immolait sa propre fille, l’enfant chérie de mes entrailles – pour
enchanter les vents de Thrace! N’était-ce pas lui qu’il fallait jeter
hors de cette ville, afin qu’il payât ses souillures? Et pour moi, rien
qu’à entendre ce que j’ai fait, tu deviens un juge implacable. Mais voici la
seule menace que je te permette, moi – car je suis prête à te la retourner –
c’est d’en appeler à la force : vainqueur, tu seras mon maître;
mais, si le Ciel en décide autrement, de tardives leçons t’apprendront la
sagesse</i>» (Eschyle. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 289).
Que voilà l’erreur politique suprême de Clytemnestre! Mère dont l’enfant avait
été immolée par le père et qui criait vengeance et pouvait émouvoir la sympathie
des spectateurs, sa froideur, puis l’aveu d’avoir agi avec un amant complice et
cette dernière menace d’exercer la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhOW3dC_LXo2RPmmz1B2j7T5Zff95K_iBUi92fsadoSHq35ITwAGAINv0mPdBcxrltAYKhAZqSuUmDWIBElFTrZeTF_oNayut6KXJA370VDnljO86PFy-zCHEJmo407uGygg_NHNozbUNc/h120/assassinat.gif">tyrannie</a> la condamnent définitivement au
regard du public.</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
Cette première
phase de l’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Agamemnon </i>entraîne toutes
les autres qui suivront, la colère se transmettant de Clytemnestre à sa fille
Électre, qui la transmet à son tour à <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgnGuPGhcGC7XNaAgZxABTP-eIgqj5TZIQ6lxWf9tx3VSmhVtpZsW2VOXgufpLCW6YuZvV5h7oLn7lpubBe6qwXkAbBoldxi_R_YiVZnnZ4rxUQzEGIXQtCM_praLbOEyxZqW7QSq4Cu34/h120/e4a7f6cdbe94f2ea8448a7bc34403b2f.400x400x1.jpg">Oreste</a> qui finira par tuer l’amant de sa
mère puis <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgnGuPGhcGC7XNaAgZxABTP-eIgqj5TZIQ6lxWf9tx3VSmhVtpZsW2VOXgufpLCW6YuZvV5h7oLn7lpubBe6qwXkAbBoldxi_R_YiVZnnZ4rxUQzEGIXQtCM_praLbOEyxZqW7QSq4Cu34/s1600/e4a7f6cdbe94f2ea8448a7bc34403b2f.400x400x1.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgnGuPGhcGC7XNaAgZxABTP-eIgqj5TZIQ6lxWf9tx3VSmhVtpZsW2VOXgufpLCW6YuZvV5h7oLn7lpubBe6qwXkAbBoldxi_R_YiVZnnZ4rxUQzEGIXQtCM_praLbOEyxZqW7QSq4Cu34/s1600/e4a7f6cdbe94f2ea8448a7bc34403b2f.400x400x1.jpg" width="400" /></a>sa mère elle-<br />
même. La première tragédie historique commen-<br />
ce par un
matri-<br />
cide, le crime sans doute tenu pour le plus odieux parmi les tabous – une
sorte d’inceste inversé. Car on ne tue pas impunément sa mère. Edouard III
d’Angleterre pourra bien faire mourir le beau Mortimer, amant de sa mère, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">la louve de France, </i>la reine Isabelle
complice dans le meurtre de son royal époux, le roi Edouard II, mais il ne se
vengera pas en la tuant mais en la confinant, non sans respect, au fond d’un
château, loin de la cour, pour le reste de ses jours. Eschyle, ce Shakespeare
de l’Antiquité, osera franchir le tabou du matricide et Oreste sera poursuivi
par la vengeance des <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhAxvyUR1SlkvF0zKl-3Ea31pIbS1bsCr90hcM38TPSSSeTXDqyDluh2cXFmrU7GZtsHFbWR2DocJqqbAEk2U9xGVAKiYRwVURZcwCpRwDaZgHENW_csSg0YmKGCGRdNvXpVW1pYGCDEH4/h120/280px-William-Adolphe_Bouguereau_(1825-1905)_-_The_Remorse_of_Orestes_(1862).jpg">Érynies</a> jusqu’à ce que Apollon transforme les furies en
bienveillantes, les Euménides et qu’Athéna prenne Oreste sous son aile et impose
un procès «juste et équitable» qui réconciliera personnages et spectateurs. Le
courroux des dieux, la tradition de la vengeance, les tourments intérieurs
d’Oreste seront choses du passé <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhAxvyUR1SlkvF0zKl-3Ea31pIbS1bsCr90hcM38TPSSSeTXDqyDluh2cXFmrU7GZtsHFbWR2DocJqqbAEk2U9xGVAKiYRwVURZcwCpRwDaZgHENW_csSg0YmKGCGRdNvXpVW1pYGCDEH4/s1600/280px-William-Adolphe_Bouguereau_(1825-1905)_-_The_Remorse_of_Orestes_(1862).jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="352" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhAxvyUR1SlkvF0zKl-3Ea31pIbS1bsCr90hcM38TPSSSeTXDqyDluh2cXFmrU7GZtsHFbWR2DocJqqbAEk2U9xGVAKiYRwVURZcwCpRwDaZgHENW_csSg0YmKGCGRdNvXpVW1pYGCDEH4/s1600/280px-William-Adolphe_Bouguereau_(1825-1905)_-_The_Remorse_of_Orestes_(1862).jpg" width="400" /></a>car, en tuant Clytemnestre, Oreste avait sauvé
Argos de la tyrannie. Après qu’Athéna ait absous Oreste, celui-ci répond :
«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ô Pallas, toi qui viens de sauver ma
maison, j’avais perdu jusqu’au sol de mes pères, et tu me l’as rendu. Et l’on
dira dans la Grèce : “Le voici de nouveau citoyen d’Argos et maître de son
patrimoine, grâce à Pallas et grâce à Loxias” – et grâce à l’arbitre suprême,
au dieu Sauveur, qui, ayant égard au meurtre paternel et voyant celles-ci
plaider pour ma mère, m’accorde le salut. Mais à ce pays, à ton peuple, pour
l’avenir et la durée sans fin des jours, voici, moi, le serment que je fais, au
moment de rentrer dans ma demeure : Jamais un roi placé au gouvernail
d’Argos ne portera en ces lieux des armes vouées au triomphe. Moi-même alors du
fond de mon tombeau, à ce transgresseur de la foi qu’ici je te jure, par
d’irrémédiables revers, décourageant sa marche et plaçant sur sa route des
présages de deuil, je me chargerai de faire </i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjfpRcQNJeN6JSGVZU2Sy23Z8f3l4sH2BD44tp6tMFl_f4FcmOk_YiEPxIshVxxKWkc2Adi3k1kD-57g7tnAq3az0K1R1jO50GoWnh04eA7F72PSb4uoAKytXv5UF5hCqnENC0Ab9P_gck/s1600/Pallas.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjfpRcQNJeN6JSGVZU2Sy23Z8f3l4sH2BD44tp6tMFl_f4FcmOk_YiEPxIshVxxKWkc2Adi3k1kD-57g7tnAq3az0K1R1jO50GoWnh04eA7F72PSb4uoAKytXv5UF5hCqnENC0Ab9P_gck/s1600/Pallas.jpg" width="400" /></a>regretter son entreprise. Mais, en
revanche, si mes serments sont observés, si mon pays à la cité de Pallas ne
cesse de rendre l’homma-</i><br />
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">ge de ses armes alliées, alors, je lui serai clément.
Adieu donc! adieu, Pallas, adieu, peuple d’Athènes, puissent tes
attaques, irrésistibles à tes ennemis, sauver la ville et glorifier tes
armes!</i>» <span lang="EN-US" style="mso-ansi-language: EN-US;">(Eschyle. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 390). </span>Mais le dernier
mot n’appartiendra pas à Oreste mais bien à la véritable héroïne de la
tragédie, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjfpRcQNJeN6JSGVZU2Sy23Z8f3l4sH2BD44tp6tMFl_f4FcmOk_YiEPxIshVxxKWkc2Adi3k1kD-57g7tnAq3az0K1R1jO50GoWnh04eA7F72PSb4uoAKytXv5UF5hCqnENC0Ab9P_gck/h120/Pallas.jpg">Pallas Athéna</a>, dont un cortège célèbre la sagesse et la
pacification : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">La paix, pour le
bonheur de ses foyers, est aujourd’hui acquise au peuple de Pallas, et ainsi
s’achève l’accord de la Parque avec Zeus dont l’œil voit tout. – (Au peuple.)
Et maintenant lancez le cri rituel en réponse à notre chant</i>» (Eschyle. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 398).</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
C’est la colère
de Clytemnestre, mûrie pendant toutes ces années, qui entraîne la suite de la
tragédie jusqu’à la fin où l'idée de justice finit par se substituer à la vengeance et
la nécessité pour la Cité de remplacer les règles automatiques tribales par un
nouveau système civique de justice. La finesse avec laquelle Clytemnestre feint publiquement
le bonheur de revoir son époux, le roi, alors que sa décision est déjà prise de
l’assassiner en privé montre sans doute la froideur d’une colère bien contenue
et illustre le dicton qui veut que <i style="mso-bidi-font-style: normal;">la
vengeance soit un plat qui se mange crue. </i>Quel contraste avec le portrait
que le philosophe trace du colérique. En l’occurrence, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi-4-MqyeVEMkoB4mqP76Hw_3JZcbcADLz_9t53hKMGpiWsQu2M_BwKOzUalKV__DaLhLmEEkDHpJM40reZdACybg5olIzPHq8oQHu0HNrtBfAtMhhZy4m3BYSNv8ckhyjzLJOz7sFUepg/h120/busto_lucio_anneo_seneca_louvre.jpg">Sénèque</a> (-4 à 65 apr.
J.-C.) : </div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Tu exiges de moi Novatus, que j’écrive
comment on peut dompter la colère : c’est à bon droit que tu me parais
redouter principalement cette passion, de toutes la plus hideuse, la plus effrénée.
Les autres, en effet, ont en elles quelque chose de calme et de paisible :
celle-ci est tout agitation, elle est toute à l’impétuosité de son
ressentiment, ivre de </i><i style="mso-bidi-font-style: normal;">guerre, de sang, de supplices, transportée de fureurs
surhumaines, sans souci </i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEivc6EjficY0c4nrEMvZ7gJdcEXQMb3bQyijXK9GLaYd-r1d08uJox6cZQXx7PJr-vXDWzocZd9upMlQUO0N6b_wG9fXJ62Fwj9Xi2ZST1BT6q31hDxG9ATpNeED_aFg5_Q0z4EX-APlvXb/s1600/busto_lucio_anneo_seneca_louvre.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEivc6EjficY0c4nrEMvZ7gJdcEXQMb3bQyijXK9GLaYd-r1d08uJox6cZQXx7PJr-vXDWzocZd9upMlQUO0N6b_wG9fXJ62Fwj9Xi2ZST1BT6q31hDxG9ATpNeED_aFg5_Q0z4EX-APlvXb/s1600/busto_lucio_anneo_seneca_louvre.jpg" width="271" /></a>d’elle-même, pourvu qu’elle nuise à d’autres,
s’élançant au milieu des glaives, et avide de vengeances, qui, à leur suite,
entraînent un vengeur. Aussi, quelques sages ont-ils défini la colère une
courte folie. Car non moins impuissante à se maîtriser, elle oublie toute
bienséance, méconnaît toute affection; elle est opiniâtre et acharnée à
ce qu’elle poursuit, sourde aux conseils de la raison, s’emportant contre des
fantômes, inhabile à reconnaître le juste et le vrai, semblable en tout à ces
ruines qui se brisent sur ce qu’elles écrasent. Mais, pour te convaincre qu’il
n’y a plus de raison chez l’homme dominé par la colère, observe tous ses
dehors. Car, de même que la folie a des signes certains, le visage hardi et
menaçant, le front triste, le regard farouche, la démarche précipitée, les
mains convulsives, le teint changeant, la respiration fréquente et s’échappant
avec violence; ainsi l’<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgzY7C_V74Lpfk-Q5icPM9CU51-lw4U4gH4s6lS44jX27f6X0MMkjwedpU7RzmPJZjgZqRHCNZ6NIQ9ignGfsFK1sT8NZ7Ww6AXq7_FooRXS5UqwOJOHJ93vn3lHyV9NcwNZnos-ue87UM/h120/54059fdb1c98c68828a2155a.jpg">homme en colère</a> présente les </i><i style="mso-bidi-font-style: normal;">mêmes symptômes. Ses
</i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgouaVO6ZLnfkw0EYcJfai0HM_OhR0ZVQdfD4zhFmjqKCbuWk1CiV08W5YJFw5dh7xaYMfeHXvlSsdiRnn9ptVV31eQpWtXUISSc6SfhF9w4cZRLNiHpDbYf3zy7FFIzZuUm4qXuSPnNTQs/s1600/54059fdb1c98c68828a2155a.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgouaVO6ZLnfkw0EYcJfai0HM_OhR0ZVQdfD4zhFmjqKCbuWk1CiV08W5YJFw5dh7xaYMfeHXvlSsdiRnn9ptVV31eQpWtXUISSc6SfhF9w4cZRLNiHpDbYf3zy7FFIzZuUm4qXuSPnNTQs/s1600/54059fdb1c98c68828a2155a.jpg" width="198" /></a>yeux s’enflamment, étincellent; un rouge éclatant couvre son visage, le sang
bouillonne dans les cavités de son cœur, ses lèvres tremblent, ses dents se
serrent, ses cheveux se dressent et se hérissent, sa respiration est gênée et
bruyante, ses articulations craquent en se tordant; il gémit, il
rugit; sa parole s’embarrasse de sons entrecoupés; ses mains
s’entrechoquent fréquemment; ses pieds battent la terre; tout son
corps est agité, tous ses gestes sont des menaces : tel est le portrait
hideux et repoussant de celui que décompose et gonfle la colère. On ne saurait
dire si ce vice est plus odieux que difforme. Les autres peuvent se cacher, se
nourrir en secret : la colère se révèle, se produit sur le visage;
et plus elle est vive, plus elle éclate à découvert…</i>» (Sénèque. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">De la colère, </i>Livre I, §1). </div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
On le devine
tout de suite, le portrait que trace Sénèque est purement fantaisiste, sinon
caricatural. Si, comme Eschyle, il tente de susciter la terreur par l’aspect,
puis l’horreur des gestes des colériques, la subtilité du philosophe est moins
grande que celle du tragédien qui a su nous confirmer que la colère pouvait
aussi bien se dissimuler que n’importe quelle autre passion. Que si Clytemnestre
s’était avancée vers Agamemnon avec un regard farouche et un pas précipité, le
roi se serait tenu sur ses gardes. Les yeux <i style="mso-bidi-font-style: normal;">enflammés
</i>de Clytemnestre l’auraient trahie. Ce portrait effrayant de l’homme en
colère s’explique par les conséquences funestes de cette passion :</div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Veux-tu maintenant considérer ses effets et
ses <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjXyIW-YqqZAf_sPp1qgul7qB3NmfvCYgj_pODxxouDki3P5C6_jBlZEJm7LxCUoFN29s5fRnexGUSkvO-hZUgp9FXwjOT7tt_NoxWZB1RdWj7HRQwI922aMEmnpa25iSz1Vd2ws3DZxp4/h120/mamelouk-2mai.jpg">ravages</a>? Jamais fléau ne coûta plus au genre humain. Je te montrerai
les meurtres, les empoisonnements, les mutuelles </i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjXyIW-YqqZAf_sPp1qgul7qB3NmfvCYgj_pODxxouDki3P5C6_jBlZEJm7LxCUoFN29s5fRnexGUSkvO-hZUgp9FXwjOT7tt_NoxWZB1RdWj7HRQwI922aMEmnpa25iSz1Vd2ws3DZxp4/s1600/mamelouk-2mai.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="245" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjXyIW-YqqZAf_sPp1qgul7qB3NmfvCYgj_pODxxouDki3P5C6_jBlZEJm7LxCUoFN29s5fRnexGUSkvO-hZUgp9FXwjOT7tt_NoxWZB1RdWj7HRQwI922aMEmnpa25iSz1Vd2ws3DZxp4/s1600/mamelouk-2mai.jpg" width="320" /></a>accusations des complices, la
désolation des villes, la ruine de nations entières, les têtes de leurs chefs
vendues à l’encan, la torche incendiaire portée dans les maisons, la flamme
franchissant l’enceinte des murailles, et de vastes étendues de pays étincelant
de feux ennemis. Vois ces nobles cités dont à peine on reconnaît la
place; c’est la colère qui les a renversées. Vois ces vastes solitudes
qui s’étendent au loin, désertes et sans habitations, c’est la colère qui a
fait ce vide. Vois tous ces hommes puissants transmis à notre mémoire, “comme
exemples d’un fatal destin”. La colère frappe l’un dans son lit; la
colère égorge l’autre dans le sanctuaire du banquet; elle immole celui-ci
devant les tables de la loi, sous les yeux de la foule qui se presse dans le
Forum; elle contraint celui-là à livrer son sang à un fils parricide, un
roi à présenter la gorge au fer d’un esclave, cet autre à étendre ses membres
sur une croix. Et jusqu’ici je n’ai parlé que de victimes isolées. Que sera-ce
si, laissant de côté ceux contre qui la colère s’est individuellement
déchaînée, tu portes tes regards sur des assemblées détruites par le glaive,
sur tout un peuple livré pêle-mêle au fer du soldat, sur des nations entières
confondues dans une même ruine, vouées à une même mort… comme ayant abandonné
tout souci de nous, ou renoncé à l’autorité. Dis donc pourquoi le peuple
s’irrite contre les gladiateurs si injustement, que c’est pour lui une offense
s’ils ne meurent pas de bonne grâce, qu’il se croit méprisé, et, par son air,
ses gestes, ses violences, de spectateur devient ennemi. Ce sentiment, quel
qu’il soit, n’est certes pas la </i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgmZAZJOLWwpLUaprw0pKqC0GtTdFAai650LTW1oRofkW4Z8UrJukzCupvMoWPZA9eH72yZs33fk34E4b7KUWq2DjFKaIvXUlTGvIUdaNdBxTI3r9X19bk-qIDdLu1Awvhnly9A4Nh9To8/s1600/8_mz2k0.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="145" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgmZAZJOLWwpLUaprw0pKqC0GtTdFAai650LTW1oRofkW4Z8UrJukzCupvMoWPZA9eH72yZs33fk34E4b7KUWq2DjFKaIvXUlTGvIUdaNdBxTI3r9X19bk-qIDdLu1Awvhnly9A4Nh9To8/s1600/8_mz2k0.jpg" width="320" /></a>colère, mais il y ressemble. C’est celui des
enfants, qui, s’ils tombent, veulent qu’on <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgmZAZJOLWwpLUaprw0pKqC0GtTdFAai650LTW1oRofkW4Z8UrJukzCupvMoWPZA9eH72yZs33fk34E4b7KUWq2DjFKaIvXUlTGvIUdaNdBxTI3r9X19bk-qIDdLu1Awvhnly9A4Nh9To8/h120/8_mz2k0.jpg">batte la terre</a>, et souvent ne savent
pas contre quoi ils se fâchent : seulement ils se fâchent sans raison et
sans offense, mais non sans quelque apparence d’offense, ni sans quelqu’envie
de punir. Aussi se laissent-ils tromper à des coups simulés; des prières
et des larmes feintes les apaisent, et une douleur fausse disparaît devant une
fausse vengeance</i>» (Sénèque <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ibid </i>§2).</div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
Sénèque touche
au point qui distingue la fin du début de la civilisation hellénique :
alors qu’Eschyle produit une trilogie tragique dont le but est de montrer la
colère et ses ravages avec une issue heureuse qui serait la justice substituée
à la vengeance qui réconcilierait les partis, les combats de l’arène
entretiennent les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgW2voRnJpuLGb9NunjEH2aGXFODOhhQDpi3CZtlf1iRkQny-NwiR6cla-15yl5HWUxoItgAx4mm6Z-zF1bKwC7JA1qvZxrcwuhJuqg3kegxupwvR73sJaADQXq_QJ8IqWNj1_m2jm9LIs/s1600/12.assassinat-caligula.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="206" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgW2voRnJpuLGb9NunjEH2aGXFODOhhQDpi3CZtlf1iRkQny-NwiR6cla-15yl5HWUxoItgAx4mm6Z-zF1bKwC7JA1qvZxrcwuhJuqg3kegxupwvR73sJaADQXq_QJ8IqWNj1_m2jm9LIs/s1600/12.assassinat-caligula.jpg" width="400" /></a>ressentiments et exaspèrent les colères au point de conduire à
des crimes person-<br />
nels ou politiques. Au Siècle de Périclès s'oppose le Siècle d’Auguste, tout plein de colères qui rongent la dynastie royale des Julio-Claudiens où les ambitions,
les jalousies, la mégalomanie des Princes conduisent à des usurpations du
pouvoir (Tibère) et à des assassinats de rois par un esclave (<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgW2voRnJpuLGb9NunjEH2aGXFODOhhQDpi3CZtlf1iRkQny-NwiR6cla-15yl5HWUxoItgAx4mm6Z-zF1bKwC7JA1qvZxrcwuhJuqg3kegxupwvR73sJaADQXq_QJ8IqWNj1_m2jm9LIs/h120/12.assassinat-caligula.jpg">Caligula</a>, Néron).
Sénèque périra lui-même des conséquences de la conjuration de Pison et devra se
suicider sur ordre de l’empereur Néron.<br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
La synthèse
d’Eschyle et de Sénèque se retrouve dans le théâtre shakespearien. Les colères
sont dissimulées sous des apparences feintes de réconciliations ouvrant à des
fureurs exprimées par de terribles visages. Les Français du XVIIe siècle,
qui trouvaient ce théâtre brutal et sauvage, essaient de reconduire la tragédie
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEietE4IFmJ927u6IGSNKce6R9D2c7Pdzua4fG8fOr9rgF3Wb3Pa3GMLh2xe4wXOGEIV9DK5T0uEUvrEMYjJ5n68JZ-_YxM-dtDsF7zJEdQpZ0N9GI31YohZE9NYx-z4Vk0-Loo5zV8-WMA/s1600/tartuffefin.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="270" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEietE4IFmJ927u6IGSNKce6R9D2c7Pdzua4fG8fOr9rgF3Wb3Pa3GMLh2xe4wXOGEIV9DK5T0uEUvrEMYjJ5n68JZ-_YxM-dtDsF7zJEdQpZ0N9GI31YohZE9NYx-z4Vk0-Loo5zV8-WMA/s1600/tartuffefin.jpg" width="400" /></a>antique dans les normes établies par la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Poétique
</i>d’Aristote. Mais <i style="mso-bidi-font-style: normal;">le mythe de Tristan </i>est
passé par là et la vocation didactique de la tragédie se résume souvent à une
morale qui clôt la pièce, telle celle à <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEietE4IFmJ927u6IGSNKce6R9D2c7Pdzua4fG8fOr9rgF3Wb3Pa3GMLh2xe4wXOGEIV9DK5T0uEUvrEMYjJ5n68JZ-_YxM-dtDsF7zJEdQpZ0N9GI31YohZE9NYx-z4Vk0-Loo5zV8-WMA/h120/tartuffefin.jpg">la fin du </a><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEietE4IFmJ927u6IGSNKce6R9D2c7Pdzua4fG8fOr9rgF3Wb3Pa3GMLh2xe4wXOGEIV9DK5T0uEUvrEMYjJ5n68JZ-_YxM-dtDsF7zJEdQpZ0N9GI31YohZE9NYx-z4Vk0-Loo5zV8-WMA/h120/tartuffefin.jpg">Tartuffe</a> </i>de Molière qui, pour être une comédie n’en est pas moins
un récit tragique. La justice du Roi met à jour la fourberie dévote de Tartuffe
et Géronte rentre en possession de ses biens et de son honneur. De plus en plus, les
colères sont provoquées par des dépits amoureux. Même le grand Racine
n’échappe pas à cette règle nouvelle. Sénèque aussi avait écrit, après
Euripide, une pièce sur Phèdre et ses relations troubles avec son beau-fils,
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiobI3b9-qfZ_4Hq1CqUV4xDgr7yCGCLYDIlGj2quWBFtXw4geV5ATv-Hp-irOXs1NZRLcfVYJwSEQBQKqGqeiKqmmCGi_P8fDFY0ZcC7sxpL89zJ3fmv_1CCzsTgdKyTTvldSzVLTGuQ8/s1600/AVT_Jean-Racine_7891.jpeg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiobI3b9-qfZ_4Hq1CqUV4xDgr7yCGCLYDIlGj2quWBFtXw4geV5ATv-Hp-irOXs1NZRLcfVYJwSEQBQKqGqeiKqmmCGi_P8fDFY0ZcC7sxpL89zJ3fmv_1CCzsTgdKyTTvldSzVLTGuQ8/s1600/AVT_Jean-Racine_7891.jpeg" width="332" /></a>Hippolyte, fils de son époux Thésée. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiobI3b9-qfZ_4Hq1CqUV4xDgr7yCGCLYDIlGj2quWBFtXw4geV5ATv-Hp-irOXs1NZRLcfVYJwSEQBQKqGqeiKqmmCGi_P8fDFY0ZcC7sxpL89zJ3fmv_1CCzsTgdKyTTvldSzVLTGuQ8/s1600/AVT_Jean-Racine_7891.jpeg">Jean Racine</a> (1639-1699), après s’être
mesuré au mythe d’Iphigénie, plonge à son tour dans celui de <i>Phèdre</i> (1677).
Comme bien souvent dans la structure tragique moderne, la colère résulte d’un
amour non payé de retour. Ici, celui de Phèdre pour Hippolyte. Hippolyte
déteste sa belle-mère, Phèdre et rêve d’amour pour Aricie, une fille du clan ennemi
de son père. Deux colères sont appelées à naître de ces quiproquo. D’abord
celle de Thésée pour son fils qu’il juge traître à sa cause, ensuite celle de
Phèdre pour son beau-fils lorsqu’elle apprend qu’il est amoureux d’une autre
femme. Le génie de Racine consiste à présenter la naissance des deux colères
l’une à la suite de l’autre; enchaînées l’une à l’autre. Comme souvent dans ces cas-là, c’est une servante,
Œnone, qui ment à Thésée en disant qu’Hippolyte a essayé de séduire <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg0Vh3CCNze1ufWdcPYW6Jd7zEmaUoc93ncsHvDJsfJeu7zRh7pSbi35HuJVSGbxAxIkKwe6owZwdhs620vL_U3yA6xweDT-DKheKZDI96OQxuucmTpfM5X8OrE4OJ-7UnEcw9Pego_-VE/h120/page9-160px-Racine_-_Ph%C3%A8dre_et_Hippolyte,_C._Barbin,_1677.djvu.jpg">Phèdre</a> en
son absence (Acte IV, scène 2) :</div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Thésée</div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg0Vh3CCNze1ufWdcPYW6Jd7zEmaUoc93ncsHvDJsfJeu7zRh7pSbi35HuJVSGbxAxIkKwe6owZwdhs620vL_U3yA6xweDT-DKheKZDI96OQxuucmTpfM5X8OrE4OJ-7UnEcw9Pego_-VE/s1600/page9-160px-Racine_-_Ph%C3%A8dre_et_Hippolyte,_C._Barbin,_1677.djvu.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg0Vh3CCNze1ufWdcPYW6Jd7zEmaUoc93ncsHvDJsfJeu7zRh7pSbi35HuJVSGbxAxIkKwe6owZwdhs620vL_U3yA6xweDT-DKheKZDI96OQxuucmTpfM5X8OrE4OJ-7UnEcw9Pego_-VE/s1600/page9-160px-Racine_-_Ph%C3%A8dre_et_Hippolyte,_C._Barbin,_1677.djvu.jpg" width="221" /></a>Ah! le voici. Grands Dieux! à ce noble maintien</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Quel œil ne serait pas trompé comme le mien?</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Faut-il que sur le front d’un profane adultère</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Brille de la vertu le sacré caractère?</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Et ne devrait-on pas à des signes certains</i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Reconnaître le cœur des perfides humains?</i></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Hippolyte</div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Puis-je vous demander quel funeste nuage, </i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Seigneur, a pu troubler votre auguste visage?</i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">N’osez-vous confier ce secret à ma
foi?</i></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Thésée</div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Perfide, oses-tu bien te montrer devant moi?</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Monstre, qu’a trop longtemps épargné le tonnerre,</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Reste impur des brigands dont j’ai purgé la terre.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Après que le transport d’un amour plein d’horreur</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Jusqu’au lit de ton père a porté sa fureur,</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Tu m’oses présenter une tête ennemie,</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Tu parais dans des lieux pleins de ton infamie,</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Et ne vas pas chercher, sous un ciel inconnu,</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Des pays où mon nom ne soit point parvenu.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Fuis, traître. Ne viens point braver ici ma haine,</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Et tenter un courroux que je retiens à peine.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">C’est bien assez pour moi de l’opprobre éternel</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">D’avoir pu mettre au jour un fils si criminel,</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Sans que ta mort encor, honteuse à ma mémoire,</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">De mes nobles travaux vienne souiller la gloire.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Fuis; et si tu ne veux qu’un châtiment soudain</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">T’ajoute aux scélérats qu’a punis cette main,</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Prends garde que jamais l’astre qui nous éclaire</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ne te vois en ces lieux mettre un pied téméraire.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Fuis, dis-je; et sans retour précipitant tes pas,</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">De ton horrible aspect purge tous mes États.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Et toi, Neptune, et
toi, si jadis mon courage</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">D’infâmes assassins nettoya ton rivage,</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Souviens-toi que pour prix de mes efforts heureux,</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Tu promis d’exaucer le premier de mes vœux.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Dans les longues rigueurs d’une prison cruelle</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Je n’ai point imploré ta puissance immortelle.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Avare du secours que j’attends de tes soins,</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Mes vœux t’ont réservé pour de plus grands besoins :</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Je t’implore aujourd’hui. Venge un malheureux père,</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">J’abandonne ce traître à toute ta colère;</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Étouffe dans son sang ses désirs effrontés :</i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<div style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Thésée à tes fureurs connaîtra tes bontés.</i></div>
<div style="text-align: center;">
<br />
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEitfOIRTVcjfCbBE2gqPX1DiqIVp7D6tvp2sfnhPLmLnQuyb0-YfDBVpKG-iq94I6J4SPTwI4b-sYRgpsE03jyFJazC1bBtRg00eJI4tnf0FETQXq-ZAdpIDGE4s-S7zYv88MISqSTDC_c/s1600/PHEDRE-ET-HIPPOLYTE-PAR-PIERRE-NARCISSE-GUERIN3.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="290" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEitfOIRTVcjfCbBE2gqPX1DiqIVp7D6tvp2sfnhPLmLnQuyb0-YfDBVpKG-iq94I6J4SPTwI4b-sYRgpsE03jyFJazC1bBtRg00eJI4tnf0FETQXq-ZAdpIDGE4s-S7zYv88MISqSTDC_c/s1600/PHEDRE-ET-HIPPOLYTE-PAR-PIERRE-NARCISSE-GUERIN3.jpg" width="400" /></a></div>
</div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEitfOIRTVcjfCbBE2gqPX1DiqIVp7D6tvp2sfnhPLmLnQuyb0-YfDBVpKG-iq94I6J4SPTwI4b-sYRgpsE03jyFJazC1bBtRg00eJI4tnf0FETQXq-ZAdpIDGE4s-S7zYv88MISqSTDC_c/h120/PHEDRE-ET-HIPPOLYTE-PAR-PIERRE-NARCISSE-GUERIN3.jpg">Hippolyte</a></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">D’un amour criminel Phèdre accuse Hippolyte!</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Un tel excès d’horreur rend mon âme interdite;</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Tant de coups imprévus m’accablent à la fois,</i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Qu’ils m’ôtent la parole et m’étouffent la
voix.</i></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Thésée</div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Traître, tu prétendais qu’en un lâche silence</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Phèdre ensevelirait ta brutale insolence.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Il fallait, en fuyant, ne pas abandonner</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le fer qui dans ses mains aide à te condamner;</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ou plutôt il fallait, comblant ta perfidie,</i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Lui ravir tout d’un coup la parole et la
vie.</i></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Hippolyte</div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">D’un mensonge si noir justement irrité,</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Je devrais faire ici parler la vérité,</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Seigneur; mais je supprime un secret qui vous touche.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Approuvez le respect qui me ferme la bouche;</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Et sans vouloir vous-même augmenter vos ennuis,</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Examinez ma vie, et songez qui je suis.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Quelques crimes toujours précèdent les grands crimes.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Quiconque a pu franchir les bornes légitimes</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Peut violer enfin les droits les plus sacrés;</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ainsi que la vertu, le crime a ses degrés;</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Et jamais on n’a vu la timide innocence</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Passer subitement à l’extrême licence.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Un jour seul ne fait point d’un mortel vertueux</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Un perfide assassin, un lâche incestueux.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Élevé dans le sein d’une chaste héroïne,</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Je n’ai point de son sang démenti l’origine.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Pitthée, estimé sage entre tous les humains,</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Daigna m’instruire encore au sortir de ses mains.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Je ne veux point me peindre avec trop d’avantage;</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Mais si quelque vertu m’est tombée en partage.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Seigneur, je crois surtout avoir fait éclater</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjoGaAnd6s53DRok46Sjdyq8iVDu9TbkaIrdQBSVUrhH4g6jiD3Eb87qEP85sDNT-9o6Bp7fiZQuHLJxVpq9383zLwL0Hd5IlkNtIOKLJ2dwMJWFXfu2TjZPRjm2nPJhtgOn7UFwrEcPTU/s1600/280px-Phedre_hippolyte_1678_title_page.JPG" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjoGaAnd6s53DRok46Sjdyq8iVDu9TbkaIrdQBSVUrhH4g6jiD3Eb87qEP85sDNT-9o6Bp7fiZQuHLJxVpq9383zLwL0Hd5IlkNtIOKLJ2dwMJWFXfu2TjZPRjm2nPJhtgOn7UFwrEcPTU/s1600/280px-Phedre_hippolyte_1678_title_page.JPG" width="223" /></a></i>La haine des forfaits qu’on ose m’imputer.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">C’est par là qu’Hippolyte est connu dans la Grèce.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">J’ai poussé la vertu jusques à la rudesse.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">On sait de mes chagrins l’inflexible rigueur.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le jour n’est pas plus pur que le fond de mon cœur.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Et l’on veut qu’Hippolyte, épris d’un feu
profane…</i></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Thésée</div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Oui, c’est ce même <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjoGaAnd6s53DRok46Sjdyq8iVDu9TbkaIrdQBSVUrhH4g6jiD3Eb87qEP85sDNT-9o6Bp7fiZQuHLJxVpq9383zLwL0Hd5IlkNtIOKLJ2dwMJWFXfu2TjZPRjm2nPJhtgOn7UFwrEcPTU/h120/280px-Phedre_hippolyte_1678_title_page.JPG">orgueil</a>, lâche, qui te condamne.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Je vois de tes froideurs le principe odieux :</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Phèdre seule charmait tes impudiques yeux;</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Et pour tout autre objet ton âme indifférente</i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Dédaignait de brûler d’une flamme innocente.</i></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Hippolyte</div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Non, mon père, ce cœur (c’est trop vous le céder)</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">N’a point d’un chaste amour dédaigné de brûler.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Je confesse à vos pieds ma véritable offense :</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">J’aime. J’aime, il est vrai, malgré votre défense.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiCbgVuBXqzVa02Xsy8YM7mzp7hSYZcD_ZYfhApCF9QdmGiNHOMrxri0RAWJaUJT1nbpHZ9PB_D_UpM_SCs0YCp_8gq315o1A3KY_LeGWE01npZa7NaFP0T8ExI2_u0g03jJxws1PmMmek/h120/f2.lowres.png">Aricie</a> à ses lois tient mes vœux asservis;</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">La fille de Pallante a vaincu votre fils.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Je l’adore, et mon âme, à vos ordres rebelle,</i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ne peut ni soupirer ni brûler que pour elle.</i><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
Ici, on se
souvient comment Pisistrate avait résolu le dilemme de sa fille embrassée par un
garçon lors d’une cérémonie religieuse à Athènes. Thésée n’aura pas du tout la
même réaction :</div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Thésée</div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Tu l’aimes? Ciel! Mais non, l’artifice est grossier</i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Tu te feins criminel pour te justifier.</i></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Hippolyte</div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiCbgVuBXqzVa02Xsy8YM7mzp7hSYZcD_ZYfhApCF9QdmGiNHOMrxri0RAWJaUJT1nbpHZ9PB_D_UpM_SCs0YCp_8gq315o1A3KY_LeGWE01npZa7NaFP0T8ExI2_u0g03jJxws1PmMmek/s1600/f2.lowres.png" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiCbgVuBXqzVa02Xsy8YM7mzp7hSYZcD_ZYfhApCF9QdmGiNHOMrxri0RAWJaUJT1nbpHZ9PB_D_UpM_SCs0YCp_8gq315o1A3KY_LeGWE01npZa7NaFP0T8ExI2_u0g03jJxws1PmMmek/s1600/f2.lowres.png" width="283" /></a>Seigneur, depuis six mois, je l’évite, et je l’aime.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Je venais en tremblant vous le dire à vous-même.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Hé quoi! de votre erreur rien ne vous peut tirer?</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Par quel affreux serment faut-il vous rassurer?</i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Que la terre, le ciel, que toute la nature…</i></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Thésée</div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Toujours les scélérats ont recours au parjure.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Cesse, cesse, et m’épargne un importun discours,</i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Si ta fausse vertu n’a point d’autre
secours.</i></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Hippolyte</div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Elle vous paraît fausse et pleine d’artifice</i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Phèdre au fond de son cœur me rend plus de
justice.</i></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Thésée</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ah! que ton impudence excite mon
courroux!</i></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Hippolyte</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Quel temps à mon exil, quel lieu
prescrivez-vous?</i></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Thésée</div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Fusses-tu par-delà les colonnes d’Alcide,</i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Je me croirais encor trop voisin d’un
perfide.</i></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Hippolyte</div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Chargé du crime affreux dont vous me soupçonnez,</i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Quels amis me plaindront, quand vous
m’abandonnez?</i></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Thésée</div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Va chercher des amis dont l’estime funeste</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Honore l’adultère, applaudisse à l’inceste,</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Des traîtres, des ingrats sans honneur et sans loi,</i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Dignes de protéger un méchant tel que toi.</i></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Hippolyte</div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Vous me parlez toujours d’inceste et d’adultère!</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Je me tais. Cependant Phèdre sort d’une mère,</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Phèdre est d’un sang, Seigneur, vous le savez trop bien,</i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">De toutes ces horreurs plus rempli que le
mien.</i></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Thésée</div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Quoi! ta rage à mes yeux perd toute retenue?</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Pour la dernière fois, ôte-toi de ma vue.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Sors, traître. N’attends pas qu’un père furieux</i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Te fasse avec opprobre arracher de ces
lieux.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
Thésée, ici, ne
voile pas sa rage. Elle éclate au grand jour, d’abord suite à l’accusation
d’inceste avec Phèdre, ensuite d’apprendre qu’il est amoureux de la fille de
son ennemi juré. Ce deuxième aveu est encore plus insupportable que le premier,
d’où l’obsession de Thésée d’en appeler toujours à l’adultère et à l’inceste.
Ce n’est qu’une fois ramené à lui seul qu’il livre le pathos qui le
mine (Scène III) :</div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Thésée</div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEizKyxjqHTGd_Vbe-JC0gzWPDm8fMN2ueuS4dIvc8_UKGBTlzH3QckxeX93FnMeg-yD-z3XumBLYS18g2mVTenBrImxlAl27HXVeP-vEpDjwctNfsW_G_aIbZbW4aASReaQgjPW-GyWpwc/h120/Court_Hippolyte.jpg">Misérable</a>, tu cours à ta perte infaillible.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Neptune, par le fleuve aux Dieux mêmes terribles</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">M’a donné sa parole, et va l’exécuter.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Un Dieu vengeur te suit, tu ne peux l’éviter.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Je t’aimais; et je sens que malgré ton offense,</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Mes entrailles pour toi se troublent par avance.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Mais à te condamner tu m’as trop engagé.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Jamais père en effet fut-il plus outragé?</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Justes Dieux, qui voyez la douleur qui m’accable,</i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ai-je pu mettre au jour un enfant si
coupable?</i><br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEizKyxjqHTGd_Vbe-JC0gzWPDm8fMN2ueuS4dIvc8_UKGBTlzH3QckxeX93FnMeg-yD-z3XumBLYS18g2mVTenBrImxlAl27HXVeP-vEpDjwctNfsW_G_aIbZbW4aASReaQgjPW-GyWpwc/s1600/Court_Hippolyte.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="303" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEizKyxjqHTGd_Vbe-JC0gzWPDm8fMN2ueuS4dIvc8_UKGBTlzH3QckxeX93FnMeg-yD-z3XumBLYS18g2mVTenBrImxlAl27HXVeP-vEpDjwctNfsW_G_aIbZbW4aASReaQgjPW-GyWpwc/s1600/Court_Hippolyte.jpg" width="400" /></a></div>
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
Voilà pour la première
colère : celle du père offensé. Mais aussitôt, dès la scène suivante,
Racine enchaîne avec la seconde colère appelée à perdre Hippolyte : le dépit amoureux (Scène IV) :</div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgBaAQd0u29cEkY0MkIgMaW_b7Q_FBAeWecfSa7rMEEkGa99X9BuiiwbvcESekrF8uUMS-lI7W9kHIbvslWu6O1IIMrlrnOW_hcfqnc6Pzdsz6FQr7PRYUispRFk02CRbhra0y7jqXTexA/h120/xJean_Racine_-_Phedre.jpg.pagespeed.ic.PU8MVqcMra.jpg">Phèdre</a></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Seigneur, je viens à vous, pleine d’un juste effroi.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgBaAQd0u29cEkY0MkIgMaW_b7Q_FBAeWecfSa7rMEEkGa99X9BuiiwbvcESekrF8uUMS-lI7W9kHIbvslWu6O1IIMrlrnOW_hcfqnc6Pzdsz6FQr7PRYUispRFk02CRbhra0y7jqXTexA/s1600/xJean_Racine_-_Phedre.jpg.pagespeed.ic.PU8MVqcMra.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgBaAQd0u29cEkY0MkIgMaW_b7Q_FBAeWecfSa7rMEEkGa99X9BuiiwbvcESekrF8uUMS-lI7W9kHIbvslWu6O1IIMrlrnOW_hcfqnc6Pzdsz6FQr7PRYUispRFk02CRbhra0y7jqXTexA/s1600/xJean_Racine_-_Phedre.jpg.pagespeed.ic.PU8MVqcMra.jpg" width="309" /></a>Votre voix redoutable a passé jusqu’à moi.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Je crains qu’un prompt effet n’ait suivi la menace.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">S’il en est temps encore, épargnez votre race,</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Respectez votre sang, j’ose vous en prier.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Sauvez-moi de l’horreur de l’entendre crier;</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ne me préparez point la douleur éternelle</i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">De l’avoir fait répandre à la main
paternelle.</i></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Thésée</div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Non, Madame, en mon sang ma main n’a point trempé,</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Mais l’ingrat toutefois ne m’est point échappé.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Une immortelle main de sa perte est chargée</i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Neptune me la doit, et vous serez vengée.</i></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Phèdre</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Neptune vous la doit? Quoi? vos
vœux irrités…</i></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Thésée</div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Quoi! Craignez-vous déjà qu’ils ne soient écoutés?</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Joignez-vous bien plutôt à mes vœux légitimes.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Dans toute leur noirceur retracez-moi ses crimes;</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Échauffez mes transports trop lents, trop retenus.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Tous ses crimes encor ne vous sont pas connus;</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Sa fureur contre vous se répand en injures :</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Votre bouche, dit-il, est pleine d’imposture;</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Il soutient qu’Aricie a son cœur, a sa foi,</i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Qu’il l’aime.</i></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Phèdre</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Quoi, Seigneur!</i></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Thésée</div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="mso-tab-count: 2;"> </span><span style="mso-tab-count: 2;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;">Il l’a dit devant
moi,</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Mais je sais rejeter un frivole artifice.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Espérons de Neptune une prompte justice</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Je vais moi-même encore, au pied de ses autels,</i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le presser d’accomplir ses serments
immortels.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
Phèdre,
maintenant, vient de recevoir le coup auquel elle ne s’attendait pas : se voir
préférer la fille d’un ennemi! Sa colère à l'égard d'Hippolyte va prendre le relais de celle de son époux
(Scène V) :</div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Phèdre</div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Il sort. Quelle nouvelle a frappé mon oreille?</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiwn7OAM2BhZd0TxMPRHwAWcWAOPL80k56PBgwgm8ptpFO2q2rdDFPTNuql2W2ScT11VwOIkD_g2nqT6MXi9zn1ZzByCXszpRE587EnZOA8ybPm6JLo7qoZgcoB86aaAUAmuDPLFkNyo40/s1600/anne-louis-girodet-de-roussy-trioson-phaedra-oenone-and-hippolytus-illustration-from-act-ii-scene-5-of-phedre-by-jean-racine-1824.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiwn7OAM2BhZd0TxMPRHwAWcWAOPL80k56PBgwgm8ptpFO2q2rdDFPTNuql2W2ScT11VwOIkD_g2nqT6MXi9zn1ZzByCXszpRE587EnZOA8ybPm6JLo7qoZgcoB86aaAUAmuDPLFkNyo40/s1600/anne-louis-girodet-de-roussy-trioson-phaedra-oenone-and-hippolytus-illustration-from-act-ii-scene-5-of-phedre-by-jean-racine-1824.jpg" width="300" /></a></i>Quel feu mal étouffé dans mon cœur se réveille?</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Quel coup de foudre, ô ciel! et quel funeste avis!</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Je volais toute entière au secours de son fils;</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Et m’arrachant des bras d’Œnone épouvantée,</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Je cédais au remords dont j’étais tourmentée.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Qui sait même où m’allait porter ce repentir?</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Peut-être à m’accuser j’aurais pu consentir;</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Peut-être, si la voix ne m’eût été coupée,</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’affreuse vérité me serait échappée.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Hippolyte est sensible, et <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiwn7OAM2BhZd0TxMPRHwAWcWAOPL80k56PBgwgm8ptpFO2q2rdDFPTNuql2W2ScT11VwOIkD_g2nqT6MXi9zn1ZzByCXszpRE587EnZOA8ybPm6JLo7qoZgcoB86aaAUAmuDPLFkNyo40/h120/anne-louis-girodet-de-roussy-trioson-phaedra-oenone-and-hippolytus-illustration-from-act-ii-scene-5-of-phedre-by-jean-racine-1824.jpg">ne sent rien pour moi</a>!</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Aricie a son cœur! Aricie a sa foi!</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ah, Dieux! Lorsqu’à mes vœux l’ingrat inexorable</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">S’armait d’un œil si fier, d’un front si redoutable,</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Je pensais qu’à l’amour son cœur toujours fermé</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Fût contre tout mon sexe également armé.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i>Une autre cependant a fléchi son audace;</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Devant ses yeux cruels une autre a trouvé grâce,</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Peut-être a-t-il un cœur facile à s’attendrir.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Je suis le seul objet qu’il ne saurait souffrir;</i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Et je me chargerais du soin de le
défendre?</i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
Dès lors la
colère de Phèdre s'exprime devant les spectateurs (Scène VI) :</div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Phèdre</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Chère Œnone, sais-tu ce que je viens
d’apprendre ?</i></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Œnone</div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Non; mais je viens tremblante, à ne vous point mentir.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">J’ai pâli du dessein qui vous a fait sortir :</i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">J’ai craint une fureur à vous-même fatale.</i></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Phèdre</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg6KIkF1Z6fRccw8dubeafXafnFGYm_WmR-uz2F-hAiNvpTQgyHjcp7iR2GH9-Rb5gkpkwN3VzxWN1OycwaPMPF2PoQLxLv56h8yXrIYgwqXXUwUtbqoBKASekXKP0uMrTK7BzQueDIyYE/h120/phaedra_and_oenone_illustratio.jpg">Œnone</a>, qui l’eût cru? j’avais une
rivale.</i></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Œnone</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg6KIkF1Z6fRccw8dubeafXafnFGYm_WmR-uz2F-hAiNvpTQgyHjcp7iR2GH9-Rb5gkpkwN3VzxWN1OycwaPMPF2PoQLxLv56h8yXrIYgwqXXUwUtbqoBKASekXKP0uMrTK7BzQueDIyYE/s1600/phaedra_and_oenone_illustratio.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg6KIkF1Z6fRccw8dubeafXafnFGYm_WmR-uz2F-hAiNvpTQgyHjcp7iR2GH9-Rb5gkpkwN3VzxWN1OycwaPMPF2PoQLxLv56h8yXrIYgwqXXUwUtbqoBKASekXKP0uMrTK7BzQueDIyYE/s1600/phaedra_and_oenone_illustratio.jpg" width="296" /></a>Comment?</i></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Phèdre</div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Hippolyte aime, et je n’en puis
douter.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ce farouche ennemi qu’on ne pouvait dompter,</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Qu’offensait le respect, qu’importunait la plainte,</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ce tigre, que jamais je n’abordai sans crainte,</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Soumis, apprivoisé, reconnaît un vainqueur :</i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Aricie a trouvé le chemin de son cœur.</i></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Œnone</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Aricie?</i></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Phèdre</div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Ah! douleur non
encore éprouvée!</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">À quel nouveau tourment je me suis réservée!</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Tout ce que j’ai souffert, mes craintes, mes transports,</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">La fureur de mes feux, l’horreur de mes remords,</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Et d’un refus cruel l’insupportable injure</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">N’était qu’un faible essai du tourment que j’endure.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ils s’aiment! Par quel charme ont-ils trompé mes yeux?</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Comment se sont-ils vus? Depuis quand? Dans quels
lieux?</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Tu le savais. Pourquoi me laissais-tu séduire?</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">De leur furtive ardeur ne pouvais-tu m’instruire?</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Les a-t-on vus souvent se parler, se chercher?</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Dans le fond des forêts allaient-ils se cacher?</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Hélas! ils se voyaient avec pleine licence.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le ciel de leurs soupirs approuvait l’innocence;</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ils suivaient sans remords leur penchant amoureux;</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Tous les jours se levaient clairs et sereins pour eux.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Et moi, triste rebut de la nature entière,</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Je me cachais au jour, je fuyais la lumière.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">La mort est le seul Dieu que j’osais implorer.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">J’attendais le moment où j’allais expirer;</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Me nourrissant de fiel, de larmes abreuvée,</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Encor dans mon malheur de trop près observée,</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Je n’osais dans mes pleurs me noyer à loisir;</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Je goûtais en tremblant ce funeste plaisir,</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Et sous un front serein déguisant mes alarmes,</i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Il fallait bien souvent me priver de mes
larmes.</i></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
Œnone</div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Quel fruit recevront-ils de leurs vaines amours?</i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ils ne se verront plus.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
Et comme
Clytemnestre après le meurtre d’Agamemnon, alors qu’elle tient encore l’épée
rougie du sang de son époux et roi entre ses mains, Phèdre laisse éclater toute sa colère qu’on sentait
bien monter dans la dernière tirade :</div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-tab-count: 2;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Ils
s’aimeront toujours.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Au moment que je parle, ah! mortelle pensée!</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ils bravent la fureur d’une amante insensée.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Malgré ce même exil qui va les écarter,</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ils font mille serments de ne point quitter.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Non, je ne puis souffrir un bonheur qui m’outrage,</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEji99TO-2XyuPJxE76F1cQeR7cfB-eJEreGl83VxeKCpaxjTXY73340FOnTy7C_Alf9GxKYed_Kfj3IkVpOe2uQIcczXWLvUQ9lJ229PHowTq6HmOG5SPxVwWIgHmpzD2dpbuJW8n8cIJQ/h120/Ph%C3%A8dre.jpg">Œnone</a>. Prends pitié de ma jalouse rage.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Il faut perdre Aricie. Il faut de mon époux</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Contre un sang odieux réveiller le courroux.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Qu’il ne se borne pas à des peines légères :</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le crime de la sœur passe celui des frères.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Dans mes jaloux transports je le veux implorer</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Que fais-je? Où
ma raison se va-t-elle égarer?</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Moi jalouse! Et Thésée est celui que j’implore!</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Mon époux est vivant, et moi je brûle encore!</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Pour qui? Quel est le cœur où prétendent mes vœux?</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Chaque mot sur mon front fait dresser mes cheveux,</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Mes crimes désormais ont comblé la mesure.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Je respire à la fois l’inceste et l’imposture.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEji99TO-2XyuPJxE76F1cQeR7cfB-eJEreGl83VxeKCpaxjTXY73340FOnTy7C_Alf9GxKYed_Kfj3IkVpOe2uQIcczXWLvUQ9lJ229PHowTq6HmOG5SPxVwWIgHmpzD2dpbuJW8n8cIJQ/s1600/Ph%C3%A8dre.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="236" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEji99TO-2XyuPJxE76F1cQeR7cfB-eJEreGl83VxeKCpaxjTXY73340FOnTy7C_Alf9GxKYed_Kfj3IkVpOe2uQIcczXWLvUQ9lJ229PHowTq6HmOG5SPxVwWIgHmpzD2dpbuJW8n8cIJQ/s1600/Ph%C3%A8dre.jpg" width="320" /></a></i>Mes homicides mains, promptes à me venger,</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Dans le sang innocent brûlent de se plonger.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Misérable! et je vis? et je soutiens la vue</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">De ce sacré Soleil dont je suis descendue?</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">J’ai pour aïeul le père et le maître des Dieux;</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le ciel, tout l’univers est plein de mes aïeux.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Où me cacher? Fuyons dans la nuit infernale.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Mais que dis-je? Mon père y tient l’urne fatale;</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le Sort, dit-on, l’a mise en ses sévères mains :</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Minos juge aux enfers tous les pâles humains.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ah! combien frémira son ombre épouvantée,</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Lorsqu’il verra sa fille à ses yeux présentée,</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Contrainte d’avouer tant de forfaits divers,</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Et des crimes peut-être inconnus aux enfers!</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Que diras-tu, mon père, à ce spectacle horrible?</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Je crois voir de ta main tomber l’urne terrible,</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Je crois te voir, cherchant un supplice nouveau,</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Toi-même de ton sang devenir le bourreau.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Pardonne. Un Dieu cruel a perdu ta famille :</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Reconnais sa vengeance aux fureurs de ta fille.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Hélas! du crime affreux dont la honte me suit</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Jamais mon triste cœur n’a recueilli le fruit.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Jusqu’au dernier soupir, de malheurs poursuivie.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Je rends dans les tourments une <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhz5N1hgKuVMf3LvYyTSxzA4LhN0Q-K8l_Fu0fxBsgrS8Xzrbx_KVsBO7a8FrKP-VhicD0fwyMa0NJXh0g-q-zWDRcTCuEwxP_mJALhbm_Fg2rQu1zI9U4ifrpnSqkHUdNQgmkMJmtCFwQ/h120/phedre-cabanel.jpg">pénible vie</a>.
</i>(J. Racine. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Théâtre complet, t. 2, </i>Paris,
L.G.F. Col. Livre de poche classique, # 1157-1158, 1964, pp. 274 à 282).</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhz5N1hgKuVMf3LvYyTSxzA4LhN0Q-K8l_Fu0fxBsgrS8Xzrbx_KVsBO7a8FrKP-VhicD0fwyMa0NJXh0g-q-zWDRcTCuEwxP_mJALhbm_Fg2rQu1zI9U4ifrpnSqkHUdNQgmkMJmtCFwQ/s1600/phedre-cabanel.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="272" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhz5N1hgKuVMf3LvYyTSxzA4LhN0Q-K8l_Fu0fxBsgrS8Xzrbx_KVsBO7a8FrKP-VhicD0fwyMa0NJXh0g-q-zWDRcTCuEwxP_mJALhbm_Fg2rQu1zI9U4ifrpnSqkHUdNQgmkMJmtCFwQ/s1600/phedre-cabanel.jpg" width="400" /></a></div>
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
La tragédie de
Racine renoue avec le tragique antique. Pourtant, Racine doit prendre 4 actes
pour préparer le terrain d’où surgiront les colères de Thésée et de Phèdre qui
condamneront Hippolyte et Aricie, alors que Eschyle ouvrait <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Agamemnon </i>sur le terreau même de la
colère de Clytemnestre.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Il est vrai que
d’un auteur l’autre, les personnages suivent leurs émois en attribuant aux
dieux la fatalité de leurs destins, mais les personnages de Racine se mentent
plus à eux-mêmes qu’aux autres. Phèdre accuse Œnone de ne pas lui avoir révélé
les amours d’Hippolyte et d’Aricie comme Thésée, avant elle, préférait croire à
l’inceste de son <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhRqkKmf14IzvEYKMpG_Uk_ZYMFC1RoZoN4Csx2DWMWkTAfqF49AFp1IkyZCyWbt13E8efz34hwhBw5avftfaJQWsTUbnJeLQqgKU-x7tkZ0FBwfkwuslr6KrHf53LTIARCO8TCXZLcqfI/s1600/phedre9.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhRqkKmf14IzvEYKMpG_Uk_ZYMFC1RoZoN4Csx2DWMWkTAfqF49AFp1IkyZCyWbt13E8efz34hwhBw5avftfaJQWsTUbnJeLQqgKU-x7tkZ0FBwfkwuslr6KrHf53LTIARCO8TCXZLcqfI/s1600/phedre9.jpg" width="306" /></a>fils plutôt qu’à ses aveux d’amour pour la fille de son ennemi
héréditaire. Pourtant, Thésée ne peut ignorer que l’aveu d’Hippolyte est plus
compromettant que les bavardages d’une dame de compagnie de sa femme, de même
que Phèdre ne pouvait se voiler les yeux au point de ne pas voir qu’Hippolyte
la détestait et ne pouvait l’aimer. Les dieux sont de bonnes excuses et rien de
tels alors que les invoquer pour appliquer la vengeance puisque ce sont eux qui
ont placé Thésée et Phèdre dans leurs malheurs. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhRqkKmf14IzvEYKMpG_Uk_ZYMFC1RoZoN4Csx2DWMWkTAfqF49AFp1IkyZCyWbt13E8efz34hwhBw5avftfaJQWsTUbnJeLQqgKU-x7tkZ0FBwfkwuslr6KrHf53LTIARCO8TCXZLcqfI/h120/phedre9.jpg">Phèdre, comme Thésée</a>, refusent
d’agir, poursuivant leurs colères jusqu’au bout, quitte à sacrifier les jeunes
amants à leurs frustrations intimes. Thésée passe vite sur le fait qu’en sa <i style="mso-bidi-font-style: normal;">race</i> réside l’ordre de la cité, ce
qu’Eschyle n’aurait pas oublié si facilement. Nous touchons ici un point de
divergence essentiel entre la tragédie antique et la tragédie moderne. La
tragédie grecque s’adressait au <i style="mso-bidi-font-style: normal;">demos, </i>à
l’ensemble de la population en vue de l’éduquer politiquement des
transformations en train de s’opérer dans l’Athènes qui s’éloigne des
combattants et des guerriers pour s’embourgeoiser dans le commerce et
l’expansion coloniale, tandis que la tragédie française s’adresse à la
noblesse, à une caste d’ordre supérieur qui entoure le Roi et veut entendre les
déceptions qui parsèment la vie d’un monarque de droit absolu. Le monde de la
noblesse d’épée cède progressivement devant celui de la noblesse de robe qui
hante les Parlements et les officines de l’administration royale. Les désordres
de la Cité semblent toucher un peu moins la sécurité de l’ordre bourgeois qui
s’installe tranquillement aux commandes de l’État et que la Révolution viendra
confirmer après des expériences révolutionnaires et impérialistes
incomparables.</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
Le monde de la
bourgeoisie a sa version aseptisée de la tragédie : le mélodrame. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi6mOSXuM7qVYWbsldeR6X6ryaeYkpDbJjb2tA22bWINGb08AeDx2uouKxn4J_2GVMGjhC83MiL4ewYrMBqVKhdv0u1bZ7dgTBWFfVwFCtKKEbZro4yn0bodWLw_Z-1G_5KJqfhbcbcZadT/h120/aff_ruy_blas-02.jpg">Hugo</a>,
Musset, Dumas règneront avec des pièces qui, comme le fameux <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Cromwell, </i>sont des manifestes
littéraires plutôt que <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi6mOSXuM7qVYWbsldeR6X6ryaeYkpDbJjb2tA22bWINGb08AeDx2uouKxn4J_2GVMGjhC83MiL4ewYrMBqVKhdv0u1bZ7dgTBWFfVwFCtKKEbZro4yn0bodWLw_Z-1G_5KJqfhbcbcZadT/s1600/aff_ruy_blas-02.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi6mOSXuM7qVYWbsldeR6X6ryaeYkpDbJjb2tA22bWINGb08AeDx2uouKxn4J_2GVMGjhC83MiL4ewYrMBqVKhdv0u1bZ7dgTBWFfVwFCtKKEbZro4yn0bodWLw_Z-1G_5KJqfhbcbcZadT/s1600/aff_ruy_blas-02.jpg" width="287" /></a>des spectacles jouables, ramassant plus d’une centaine
d’acteurs sur la scène et jouant sur les sentiments à la limite de l’hystérie
et de la félonie. Les Allemands – Gœthe avec <i>Faust</i>, Kleist et Büchner –
réussiront mieux à conserver au théâtre romantique ses lointaines attaches
helléniques. Avec les horreurs du XXe siècle, l’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Agamemnon </i>d’Eschyle reprendra une influence sur un certain théâtre moderne. Claudel et Eliot d’un côté de l’Atlantique, O’Neill de
l’autre se ressourceront aux origines de la tragédie grecque et en particulier de l’<i>Orestie</i>.<br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhdlgNuXNLK1QzPKeXwWmUYb6pjpW_AXJ1Xzj79Q3pq1go62uc8mBWIACif1var6qRucgNDGML_ZnJkZ5tYm8FLJYb_bcMDf9CIApkFQSTNIq-8T0H1UMVgSYAb0fSLquG_iqnwn1DdBjsB/h120/AVT_Paul-Claudel_284.jpeg">Paul Claudel</a>
(1868-1955) a commencé par traduire l’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Orestie</i>
d’Eschyle avec plus ou moins de bonheur. Il a tenté une plate imitation de l’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Agamemnon </i>avec une pièce <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhdlgNuXNLK1QzPKeXwWmUYb6pjpW_AXJ1Xzj79Q3pq1go62uc8mBWIACif1var6qRucgNDGML_ZnJkZ5tYm8FLJYb_bcMDf9CIApkFQSTNIq-8T0H1UMVgSYAb0fSLquG_iqnwn1DdBjsB/s1600/AVT_Paul-Claudel_284.jpeg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhdlgNuXNLK1QzPKeXwWmUYb6pjpW_AXJ1Xzj79Q3pq1go62uc8mBWIACif1var6qRucgNDGML_ZnJkZ5tYm8FLJYb_bcMDf9CIApkFQSTNIq-8T0H1UMVgSYAb0fSLquG_iqnwn1DdBjsB/s1600/AVT_Paul-Claudel_284.jpeg" width="310" /></a>dont le canevas
est plutôt moralisateur, l’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Échange </i>(1893-1894),
qu’il publie alors qu’il est ambassadeur aux États-Unis. C’est «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">la tragédie du couple et du rachat, du
mystère de la rencontre et du hasard; Léchy Elbernon, actrice et femme
publique, récemment abandonnée par le richard Thomas Pollock Nageoire,
plusieurs fois divorcé, exerce sa vengeance en faisant brûler la maison de
Nageoire et en devenant l’amante de Louis Laine, qu’elle fait assommer dans un
acte de désœuvrement, toujours dans l’intention de ruiner Nageoire qui a donné
de l’argent à Louis Laine en échange de sa femme. Cette tragédie apprend au
richard que l’argent n’achète pas tout et ne vaut pas tout</i>» (M. Lebel.<i style="mso-bidi-font-style: normal;"> Mythes anciens et drame moderne, </i>Montréal,
Éditions Pauline & A.D.É., 1977, p. 57). Claudel n’était pas encore devenu
un parfait tragédien, c’est le moins qu’on puisse dire! (Nageoire = requin [de la finance], un peu trop potache!) Par contre, comme
Eschyle, Claudel est l’auteur d’une trilogie où l’influence d’Eschyle est
plus sérieuse : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’Otage, Le Pain dur
</i>et le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Père humilié.</i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Dans l’</i>Otage, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">il y a un conflit entre l’ancien Régime et l’État issu de la Révolution
française, entre l’Église et l’État. Toussaint Turelure, braconnier d’origine,
fils du sorcier Quiriace et de la servante Suzanne, qui ont longtemps servi les
Coûfontaine, descendant de serfs, épouse Sygne, la seule survivante – les
autres ont tous été guillotinés en ’93 -; pour sauver le pape, le roi,
son cousin Georges et les biens ancestraux, pour rester fidèle à l’amour du
Christ et pour respecter son devoir </i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiuYY0yUkOODE55HG1AlDEANjvg2FIVD5hBBk7dmawbqGPqyBRFD8sy25W72iHr0JhV8kyU68BEXf8X9CKbymcWlfcxru7hpGC3VnXbulMvy_59Gw4L7AWC7DqAxTrMX_VH-HNAmcb7Nrhg/s1600/camille-claudel-le-psaume-1889.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiuYY0yUkOODE55HG1AlDEANjvg2FIVD5hBBk7dmawbqGPqyBRFD8sy25W72iHr0JhV8kyU68BEXf8X9CKbymcWlfcxru7hpGC3VnXbulMvy_59Gw4L7AWC7DqAxTrMX_VH-HNAmcb7Nrhg/s1600/camille-claudel-le-psaume-1889.jpg" width="328" /></a>féodal, elle fait le sacrifice de sa vie,
elle consent à devenir la femme de Toussaint Turelure. De même qu’Iphigénie
sacrifie sa vie pour assurer à son père un heureux voyage à Troie, de même
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiuYY0yUkOODE55HG1AlDEANjvg2FIVD5hBBk7dmawbqGPqyBRFD8sy25W72iHr0JhV8kyU68BEXf8X9CKbymcWlfcxru7hpGC3VnXbulMvy_59Gw4L7AWC7DqAxTrMX_VH-HNAmcb7Nrhg/h120/camille-claudel-le-psaume-1889.jpg">Sygne</a> sacrifie sa vie par amour du devoir féodal et par amour du Christ. Sygne
est donc </i>L’Otage. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">La journée de la
rentrée du Roi à Paris, qui est reçu par le baron Turelure en personne, a lieu
le baptême du premier et unique enfant de Sygne, Louis Turelure, que l’on va
revoir dans </i>Le Pain dur <i style="mso-bidi-font-style: normal;">et </i>Le
Père humilié. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ce jour-là même, elle
meurt, à côté de son cousin, Georges de Coûfontaine, sous les coups d’une balle
tirée par des estaffettes au service du comte de Turelure. Ainsi se termine
cette terrible revanche du parvenu sur le passé, l’abbaye et le titre des
Coûfontaine devenant l’entière propriété du nouveau comte de Turelure</i>» (M.
Lebel. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 58-59). Voici donc
l’original <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Agamemnon </i>de Claudel. Mais
cet Agamemnon et Iphigénie a peu à voir avec la première partie
de l’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Orestie </i>d’Eschyle. Contrairement
à Eschyle qui conduit le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">demos </i>vers
le civisme de l’Athènes rayonnante de l’Antiquité, Claudel souffle sur la
nostalgie de l’Ancien Régime et du pouvoir clérical contre la brutalité et la
barbarie d’un menu peuple qui n’a pas les qualités nécessaires pour accéder à
ce civisme antique.<br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
«Le Pain dur <i style="mso-bidi-font-style: normal;">est le développement des prémisses et des
conséquences de </i>L’Otage, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">tout comme
les </i>Choéphores <i style="mso-bidi-font-style: normal;">sont le développement
de l’</i>Agamemnon. Le Pain dur <i style="mso-bidi-font-style: normal;">marque le
triomphe de l’âge de fer, du matérialisme; l’atmosphère y est lourde, on
n’y parle que de constructions de chemins de fer, de terrains à vendre,
d’argent, de succession, de femmes; c’est le monde complètement dépourvu
de toute spiritualité. C’est le drame de la vengeance. Louis Turelure, qui
avait été baptisé à la fin de </i>L’Otage, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">a
maintenant atteint l’âge mûr. Exilé en Algérie par son père, nouvel Oreste,
Louis Turelure arrive un jour à la maison paternelle, au domaine des
Coûfontaine, dont son père est maintenant le </i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhozj7HmkB0l7TVeVA-9hHI5YHJrp-xrooNC5bNS10hAzLmKwqVLXYI76BD0nPygF_xbeIH1McNIy1ySgFAmq0YOlGH43801bSpGGZ9qeP2UMets-HmvXgcSIAvBhEWHifMOak8Kvmw4XbM/s1600/pain_dur-francois-passerini8_0f1fa1.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="371" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhozj7HmkB0l7TVeVA-9hHI5YHJrp-xrooNC5bNS10hAzLmKwqVLXYI76BD0nPygF_xbeIH1McNIy1ySgFAmq0YOlGH43801bSpGGZ9qeP2UMets-HmvXgcSIAvBhEWHifMOak8Kvmw4XbM/s1600/pain_dur-francois-passerini8_0f1fa1.jpg" width="400" /></a>propriétaire. Louis Turelure et le
père, Toussaint, qui est mainte-</i><br />
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">nant un vieillard, se haïssent mutuelle-</i><br />
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">ment. Au
cours d’une entrevue célèbre, qui rappelle de près celle d’Oreste et de
Clytemnestre, le père meurt, victime d’une crise cardiaque. Louis tue son père,
un vieillard, en partie pour se venger de l’héritage, que son père lui a
enlevé, en partie pour se venger de son père qui veut épouser la personne même
que Louis aime, Sichel ou Rachel. Au reste, deux femmes, Sichel et Lumir, puis
un homme, Louis, sont bien décidés à avoir la tête du vieillard. Toussaint
Turelure. Lumir, une Polonaise seule au monde, enfant perdue qui ne vit que
pour sa patrie, a seule le don de faire vibrer les autres âmes; mais elle
n’a pas de place dans cet univers terre à terre; elle part pour la
Pologne, sa patrie; c’est l’exil de l’âme. Alors Sichel, la juive, épouse
Louis Turelure. L’antique abbaye des Coûfontaine est liquidée. On va jusqu’à
déloger <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhozj7HmkB0l7TVeVA-9hHI5YHJrp-xrooNC5bNS10hAzLmKwqVLXYI76BD0nPygF_xbeIH1McNIy1ySgFAmq0YOlGH43801bSpGGZ9qeP2UMets-HmvXgcSIAvBhEWHifMOak8Kvmw4XbM/h120/pain_dur-francois-passerini8_0f1fa1.jpg">le Christ </a>du mur et à le vendre quatre francs le kilo. À la fin du </i>Pain
dur, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">les hommes vont essayer de vivre
sans Dieu</i>» (M. Lebel. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p.
59).<br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Monde dépourvu de toute spiritualité, </i>où
le matérialisme entraîne dans l’ascension sociale les femmes et les Juifs. La
statue du Christ est vendu au kilo, comme une pièce de viande et Louis, nouveau
Oreste, tue un vieillard qui serait la cause de tous les malheurs du monde.
Comme on le voit, le théâtre de Claudel ne fait pas dans la dentelle. Enfin, «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">autant </i>L’Otage <i style="mso-bidi-font-style: normal;">et </i>Le Pain dur <i style="mso-bidi-font-style: normal;">sont des
drames d’action, autant </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjH2Gsbamg-LsKivImYvAoKN2PvBD7k9XpMDiCjILtBVA1j4zXXKMh9uQrR_mwpmibPS8sdJ7x1xFt0aIHbhW6EjPoQjqv28o8OvhbTtQueFq0U2aqb8_HjpfB6fSSXH-6AkeRtjtoC_ljT/h120/affichefiinaleperehumilie.jpg">Le Père humilié</a> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">est
un drame lyrique : c’est la revanche même du lyrisme, c’est le drame du
rachat et de la rédemption. La scène se passe maintenant à Rome, siège de la
Paix, comme jadis Athènes était, au </i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjH2Gsbamg-LsKivImYvAoKN2PvBD7k9XpMDiCjILtBVA1j4zXXKMh9uQrR_mwpmibPS8sdJ7x1xFt0aIHbhW6EjPoQjqv28o8OvhbTtQueFq0U2aqb8_HjpfB6fSSXH-6AkeRtjtoC_ljT/s1600/affichefiinaleperehumilie.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjH2Gsbamg-LsKivImYvAoKN2PvBD7k9XpMDiCjILtBVA1j4zXXKMh9uQrR_mwpmibPS8sdJ7x1xFt0aIHbhW6EjPoQjqv28o8OvhbTtQueFq0U2aqb8_HjpfB6fSSXH-6AkeRtjtoC_ljT/s1600/affichefiinaleperehumilie.jpg" width="301" /></a>temps d’Eschyle, la cité de la Justice.
Nous ne sommes donc plus dans l’abbaye de Coûfontaine, puisqu’elle a été
liquidée; nous sommes maintenant dans Rome, en 1869-1870, où l’on
respire, par une après-midi d’été, le parfum des fleurs funéraires. Le poète y
montre la nécessité de refaire une fraternité sous l’autorité spirituelle du
Pape, le Père commun. Pensée de Coûfontaine, une jeune juive aveugle, fille de
Louis Turelure, aujourd’hui comte de Coûfontaine et ambassadeur de France à
Rome, rencontre par hasard dans le jardin Orian de Homodarnes, qui devient
amoureux de cette aveugle. Mais Orian meurt au combat; c’est la guerre de
l’indépendance de l’Italie. Son frère, Orso, transmet la douloureuse nouvelle à
Pensée et lui lit même le testament d’Orian, qui demande à son frère de prendre
soin de Pensée, enceinte depuis quatre mois. L’acte d’absolution et la mort
d’Orian effacent la faute. Orso et Pensée se marieront un jour. Ainsi la faute
sera lavée et purifiée. Telle est la fin de la trilogie de Claudel, qui se
termine par les promesses d’un fruit nouveau et mystérieux, par la purification
et le sacrifice</i>» (M. Lebel. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp.
59-60). Maurice Lebel voit dans ce mélodrame, à la limite de la caricature, un rapprochement
avec <i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’Orestie </i>d’Eschyle. Il faut
faire de louables efforts. Ou c’est l’œuvre d’un potache qui a une plume
merveilleuse mais a du mal à trouver des noms à ses personnages qui ne portent
pas à rire, ou c’est un trilogie surfaite pour des raisons politiques ou
idéologiques. George Steiner, qui tient Claudel pour l'un des deux grands tragédiens du XXe siècle (avec Brecht), souligne :<br />
<blockquote class="tr_bq">
«<i>Claudel est un écrivain exaspérant. Il est pompeux, intolérant, emphatique, dilettante, prolixe - tout ce que vous voudrez. Nombre de ses pièces sont démesurément enflées, et il y a dans toutes des passages de véhémence stérile. Il piétine à travers le théâtre comme un taureau irrité, décousant et bousculant tout et finalement se jetant contre le mur dans un grand craquement de cornes. Mais n'importe. Il reste assez de grandeur, assez de pure invention pour faire de Claudel un des deux grands dramaturges lyriques du siècle. Avec Claudel reviennent au théâtre la fantaisie, l'ampleur, le flamboiement des mots, toutes choses assoupies depuis Shakespeare et Calderon. Sa manière est baroque; elle joint à folle profusion le tragique et le comique, le solennel et le bouffon, le sacré et le profane. Alors que le poète classique travaille avec économie, Claudel tend à une énormité délibérée. C'est une haute vague qui se brise et nous envoie sa mitraille de mots et d'images étincelantes. Souvent, il en résulte du désordre, de l'éparpillement; mais parfois ces grandes marées de mots ont la force persuasive de la musique</i>» (G. Steiner. <i>La mort de la tragédie, </i>Paris, Seuil, Col. Pierres vives, 1965, p. 241).</blockquote>
Les mots. Le théâtre de Claudel ne pourrait être que cela : un théâtre de mots, enflés comme sa personnalité. <i>«Les pièces de Claudel font violence à la logique du temps et de l'espace. Claudel recourbe l'arc du temps pour mettre en présence des personnages et des événements qui, historiquement, sont séparés </i><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEigD5gdEB_PwI9nx5cAcDjBXjyGBOdr_ycNVMXfvQi8RtZZeeOAdIP5tuGGzl8wfn9-bxGL84XwBa1TLIthvrToA3pERwKvv2VhRteref9IkfIvx4z_10URf0ZDkwi4ohHnIxebkHxMeNEj/s1600/george-steiner-4.JPG" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEigD5gdEB_PwI9nx5cAcDjBXjyGBOdr_ycNVMXfvQi8RtZZeeOAdIP5tuGGzl8wfn9-bxGL84XwBa1TLIthvrToA3pERwKvv2VhRteref9IkfIvx4z_10URf0ZDkwi4ohHnIxebkHxMeNEj/s1600/george-steiner-4.JPG" width="281" /></a>par un demi-siècle</i>», poursuit <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEigD5gdEB_PwI9nx5cAcDjBXjyGBOdr_ycNVMXfvQi8RtZZeeOAdIP5tuGGzl8wfn9-bxGL84XwBa1TLIthvrToA3pERwKvv2VhRteref9IkfIvx4z_10URf0ZDkwi4ohHnIxebkHxMeNEj/h120/george-steiner-4.JPG">Steiner</a> sur sa lancée. Il aurait voulu militer contre la Révolution, appuyer la Restauration, celle des Bourbons. Spirituellement, il n'a de chrétien que l'apparence baroque du saint-sulpicien du XVIIe siècle. Steiner va encore plus loin lorsqu'il écrit que «<i>Claudel était moins un chrétien qu'une sorte particulière et assez terrifiante de catholique romain. Il était de l'époque grégorienne plutôt que de l'époque actuelle de l'Église; les flammes de l'enfer semblaient faire naître en lui une sombre approbation, presque du plaisir devant la grandeur vengeresse des voies divines. Il y a dans ses pièces et dans ses commentaires sur l'Écriture des pages qu'on croirait exhumées d'une bibliothèque de moines, œuvre de quelque Abbé tyrannique ruminant sur les dépravations de l’homme</i>…<i>» </i>(G. Steiner. <i>ibid. </i>p. 245). <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgEiRhOvDQZPn6GMDl1h88ifCpV2J1cuqmR0duivhnO1a0wPQv9I3UHruo9qtc8h5OlV8cBNEHzwdI3N9aj1Y5owba7RzLbawB5tySvq6_vlva-wTYO0A8Q5h2fbjN3NpW1lyiRER9R5ecC/h120/CPF86634914.jpeg">Jacques Madaule</a>, qui est lui aussi un adepte du théâtre de
Claudel, écrit à la toute fin de son essai : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’avenir seul… décidera si l’œuvre énorme qui monte vers </i>Le Soulier
de satin <i style="mso-bidi-font-style: normal;">et s’achève en lui est le
commencement d’un théâtre </i><i style="mso-bidi-font-style: normal;">nouveau, dans lequel, dépassant la psychologie, le
pittoresque et l’anecdote, les problèmes </i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgEiRhOvDQZPn6GMDl1h88ifCpV2J1cuqmR0duivhnO1a0wPQv9I3UHruo9qtc8h5OlV8cBNEHzwdI3N9aj1Y5owba7RzLbawB5tySvq6_vlva-wTYO0A8Q5h2fbjN3NpW1lyiRER9R5ecC/s1600/CPF86634914.jpeg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgEiRhOvDQZPn6GMDl1h88ifCpV2J1cuqmR0duivhnO1a0wPQv9I3UHruo9qtc8h5OlV8cBNEHzwdI3N9aj1Y5owba7RzLbawB5tySvq6_vlva-wTYO0A8Q5h2fbjN3NpW1lyiRER9R5ecC/s1600/CPF86634914.jpeg" width="400" /></a></i>essentiels seront posés sous leur
forme la plus dénudée; ou bien si, au contraire, elle ne fut qu’un effort
génial mais aberrant pour briser des conventions qui n’étaient pas seulement le
fruit d’une longue tradition mais résultaient de la nature même des choses.
Dans ce cas le théâtre de Claudel, nourri de la culture la plus authentiquement
classique, descendu tout droit à travers les siècles d’Eschyle et de la Bible,
ne serait qu’un gigantesque bloc erratique, incapable d’orienter l’humanité
dans de nouveaux chemins</i>» (J. Madaule. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Claudel
dramaturge, </i>Paris, L’Arche, Col. Travaux # 32, 1956-1981, pp. 153-154). Je
ne crois pas qu’il faille attendre bien des siècles pour trouver la
réponse.<br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
Un autre
dramaturge moderne inspiré d’Eschyle serait <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhd7UvfuX5WhtLtBcUq5LiW8x7X7CAVSMqe2zioFqEANkGcNiT73XXyhT7H49n-xLqBJh-Z-bPvy3SZEVbgNdQxYo5uJ-MzZPYEujX0IHBT9nhjCzLfC6R5sWTWJnSGehO3kdKYl8kw56ay/h120/Eugene-ONeill-007.jpg">Eugene O’Neill</a> (1888-1953), ce que
Maurice Lebel soulève avec la pièce <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Mourning
Becomes Electra </i>(1931), <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le deuil sied
à Électre, </i>construite elle aussi en <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhd7UvfuX5WhtLtBcUq5LiW8x7X7CAVSMqe2zioFqEANkGcNiT73XXyhT7H49n-xLqBJh-Z-bPvy3SZEVbgNdQxYo5uJ-MzZPYEujX0IHBT9nhjCzLfC6R5sWTWJnSGehO3kdKYl8kw56ay/s1600/Eugene-ONeill-007.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhd7UvfuX5WhtLtBcUq5LiW8x7X7CAVSMqe2zioFqEANkGcNiT73XXyhT7H49n-xLqBJh-Z-bPvy3SZEVbgNdQxYo5uJ-MzZPYEujX0IHBT9nhjCzLfC6R5sWTWJnSGehO3kdKYl8kw56ay/s1600/Eugene-ONeill-007.jpg" width="400" /></a>trois pièces : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">La première tragédie, </i>Home coming <i style="mso-bidi-font-style: normal;">(4 actes), la deuxième </i>The Hunted <i style="mso-bidi-font-style: normal;">(5 actes), la troisième </i>The Haunted <i style="mso-bidi-font-style: normal;">(4 actes), expriment par leurs titres mêmes,
de façon très concrète, les thèmes d’Eschyle. </i>Home coming <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ou le retour, c’est </i>Agamemnon; The
Hunted <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ou les pourchassés, ce sont les </i>Choéphores;
The Haunted <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ou les Hantés ou les
(obsédés), ce sont les </i>Euménides. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’action
se passe dans un petit port de la Nouvelle-Angleterre</i>» (M. Lebel. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 61). Voyons si Lebel réussit
mieux à unir O’Neill avec Eschyle :</div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
«Home coming <i style="mso-bidi-font-style: normal;">nous fait assister au retour du général
Mannon à son foyer et à sa mort, qui a lieu le matin même de son arrivée.
Madame Mannon, nouvelle Clytemnestre, vit en concubinage avec le capitaine
Grant, nouvel Égisthe; la fille, Lavinia, nouvelle Électre, aime son père
et déteste sa mère; Orin, nouvel Oreste, est parti pour la guerre;
il aime sa mère. Le général <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgNCQdJsiszFnbW3DDd-pY0zssFW9P_VDtqJ_6vsb-jMNHoN2rVr8aH9h7pJoyZwq_WTzn6fRpm0f0W0QfhNECEYSotK_IwXwnx7FZb6N9BO9hI3Zr4V4JVGc_qTTyBTaMvCLVDGzh-2T-S/h120/le-deuil-sied-a-electre_417975_11685.jpg">Mannon</a>, nouvel Agamemnon, meurt, empoisonné, le
matin même de son arrivée, victime d’un complot de la part de sa femme et du
capitaine Grant. L’histoire de cette tragédie ressemble, quant au fond, à celle
de l’</i>Agamemnon <i style="mso-bidi-font-style: normal;">d’Eschyle.</i></div>
</blockquote>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgNCQdJsiszFnbW3DDd-pY0zssFW9P_VDtqJ_6vsb-jMNHoN2rVr8aH9h7pJoyZwq_WTzn6fRpm0f0W0QfhNECEYSotK_IwXwnx7FZb6N9BO9hI3Zr4V4JVGc_qTTyBTaMvCLVDGzh-2T-S/s1600/le-deuil-sied-a-electre_417975_11685.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="296" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgNCQdJsiszFnbW3DDd-pY0zssFW9P_VDtqJ_6vsb-jMNHoN2rVr8aH9h7pJoyZwq_WTzn6fRpm0f0W0QfhNECEYSotK_IwXwnx7FZb6N9BO9hI3Zr4V4JVGc_qTTyBTaMvCLVDGzh-2T-S/s1600/le-deuil-sied-a-electre_417975_11685.jpg" width="400" /></a></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
The Hunted <i style="mso-bidi-font-style: normal;">est le drame de la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg5LaWbwLmFCd48Kp1JrbjtFJWSef-PoQnadLErlyI7KRNFT_XgSMJnBQowNdhL8k6cqCUPIsCEq109Am9XV14HBEiwoOJs8Xq9R5JCkIUZCA-LJvhMSe4CBrtrHOh8keQPAhkrLXyBmTZI/h120/le-deuil-sied-a-electre_417972_48364.jpg">double vengeance</a> d’Orin
et de Lavinia, comme le thème des </i>Choéphores <i style="mso-bidi-font-style: normal;">est celui de la double vengeance d’Oreste et d’Électre. Orin tue le
capitaine Grant; sa mère, apprenant la nouvelle, commet le suicide,
tandis que chez Eschyle, c’est le fils lui-même qui tue sa mère. Restent seuls
le frère et la sœur, Orin et Lavinia. O’Neill a introduit ici un élément
nouveau, que l’on ne trouve pas dans Eschyle; c’est celui de l’amour.
Eschyle ne nous parle pas des sentiments amoureux respectifs d’Oreste et
d’Électre. Ici, Orin aime Hazel tandis que Lavinia aime Peter. À ces
différences près, le thème de </i>The Hunted <i style="mso-bidi-font-style: normal;">est celui des </i>Choéphores.</div>
</blockquote>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg5LaWbwLmFCd48Kp1JrbjtFJWSef-PoQnadLErlyI7KRNFT_XgSMJnBQowNdhL8k6cqCUPIsCEq109Am9XV14HBEiwoOJs8Xq9R5JCkIUZCA-LJvhMSe4CBrtrHOh8keQPAhkrLXyBmTZI/s1600/le-deuil-sied-a-electre_417972_48364.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="315" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg5LaWbwLmFCd48Kp1JrbjtFJWSef-PoQnadLErlyI7KRNFT_XgSMJnBQowNdhL8k6cqCUPIsCEq109Am9XV14HBEiwoOJs8Xq9R5JCkIUZCA-LJvhMSe4CBrtrHOh8keQPAhkrLXyBmTZI/s1600/le-deuil-sied-a-electre_417972_48364.jpg" width="400" /></a></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
The Haunted <i style="mso-bidi-font-style: normal;">nous présente Orin et Lavinia en
croisière; les deux criminels sont des êtres errants; c’est un
symbole, comme dans Eschyle et Claudel, où la mer, qu’O’Neill connaît si bien –
lui qui a bourlingué dans sa jeunesse sur toutes les mers – représente le
mouvant, l’instable, la passion. Ils ont beau errer et voyager, ils sont hantés
par les conséquences de leurs crimes; la hantise, incidemment, est le
principal ressort de l’œuvre dramatique d’O’Neill. Le passé ne saurait être
rayé d’un trait de plume; nos actes nous suivent. Et puis, l’hérédité
pèse lourdement sur le caractère des deux héros. Lavinia, jeune et belle,
ressemble étrangement à sa mère; Orin, lui, énergique et militaire,
ressemble fort à son père. Tel est l’élément nouveau chez O’Neill. Lavinia ne
veut pas que son frère épouse Hazel; alors Orin se tue de désespoir.
Hazel, inconsolable de la mort de son fiancé, Orin, conseille à <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjFnB65esFuzbSwveA9YYkSds-BBX9GrxHaMnGOMBI6-aCQpn_u0a5TFrAQMU7klVY5C8VrdP1eQ4Xv0igbw4vCIjhwTiiL73Q2Ae5kxWBVY_DOJ9nLgmWvzK40e1cNzxS3_23lorhXTmCe/h120/04.jpg">Lavinia</a> de ne
pas épouser Peter, ce à quoi elle consent. Lavinia va donc rester seule dans la
maison hantée des Mannon. Ainsi finit cette tragédie, fondée sur l’hérédité, le
freudisme et la psychologie nouvelle. Lavinia sacrifie son amour pour Peter et
va vivre seule dans la maison ancestrale; sacrifice purement humain et
volontaire</i>» (M. Lebel. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp.
61-62).</div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjFnB65esFuzbSwveA9YYkSds-BBX9GrxHaMnGOMBI6-aCQpn_u0a5TFrAQMU7klVY5C8VrdP1eQ4Xv0igbw4vCIjhwTiiL73Q2Ae5kxWBVY_DOJ9nLgmWvzK40e1cNzxS3_23lorhXTmCe/s1600/04.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjFnB65esFuzbSwveA9YYkSds-BBX9GrxHaMnGOMBI6-aCQpn_u0a5TFrAQMU7klVY5C8VrdP1eQ4Xv0igbw4vCIjhwTiiL73Q2Ae5kxWBVY_DOJ9nLgmWvzK40e1cNzxS3_23lorhXTmCe/s1600/04.jpg" width="310" /> </a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
Il est évident
que si <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le deuil sied à Électre </i>est
poétiquement inspiré d’Eschyle, la finale est loin d’être sous les augures des
Bienveillantes. Si le besoin d’avouer la faute afin d’obtenir le pardon ne
parvient pas à s’exprimer autrement que dans le suicide et l’isolement à
perpétuité dans le manoir des souvenirs et du crime, l’accession à
la paix, qui est l’issue de l’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Orestie, </i>échappe
à O’Neill. Non seulement le monde est désormais vidé du dieu des chrétiens,
mais il l’est de tous les dieux, et la psychanalyse utilisée par l’auteur s’avère inefficace pour ramener la paix dans l’âme troublée d’Orin et de Lavinia. Contrairement à
sa lointaine éponyme, aucune cité nouvelle ne jaillira de ses fruits.</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
Enfin, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhe-XmZ2cfN1fZ5ec0yzQPqath5EyXd7RL2hgpXQ-fgQCOLrdF-C0tCjOPbl4Wi9Pxj8hURicGXB5sKR-rYMWvm201xFf5emr2qN9vbYPK7ZT_YwU8smu0mJWZrvogvespYZiZhyaQwSMrl/h120/t-s-eliot-1.jpg">T. S. Eliot</a> (1888-1965) est l’auteur d’une œuvre dramatique intitulée <i style="mso-bidi-font-style: normal;">The Family Reunion </i>jouée pour la
première fois en 1939. Il est permis de rapprocher cette pièce du <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Deuil sied à Électre </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhe-XmZ2cfN1fZ5ec0yzQPqath5EyXd7RL2hgpXQ-fgQCOLrdF-C0tCjOPbl4Wi9Pxj8hURicGXB5sKR-rYMWvm201xFf5emr2qN9vbYPK7ZT_YwU8smu0mJWZrvogvespYZiZhyaQwSMrl/s1600/t-s-eliot-1.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="333" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhe-XmZ2cfN1fZ5ec0yzQPqath5EyXd7RL2hgpXQ-fgQCOLrdF-C0tCjOPbl4Wi9Pxj8hURicGXB5sKR-rYMWvm201xFf5emr2qN9vbYPK7ZT_YwU8smu0mJWZrvogvespYZiZhyaQwSMrl/s1600/t-s-eliot-1.jpg" width="400" /></a>d’O’Neill et, bien
entendu, de l’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Orestie. La Réunion de
famille </i>est la seconde des trois pièces d’Eliot, la première étant la plus
célèbre, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Meurtre dans la cathédrale, </i>racontant le conflit entre le roi d’Angleterre Henri II et Thomas Becket, et la
troisième, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Cocktail Party. </i>«The
Family Reunion,<i style="mso-bidi-font-style: normal;"> dont l’action se passe en
quelques heures, un jour de mars, dans un manoir du nord de l’Angleterre,
comprend deux actes; le premier, dans le salon après le thé, le second,
dans la bibliothèque après le dîner. L’auteur a essayé d’obtenir le maximum
d’effet dans le minimum de temps. Le héros, Harry Lord Monchensy, revient à la
maison pour assister à l’anniversaire de naissance de sa mère; on compte
aussi sur lui pour administrer le domaine ancestral, qui est menacé de
disparaître. Lourd est l’héritage du passé qui pèse sur la famille quand il
revient. Le héros, Harry, s’est débarrassé de son épouse en la jetant
par-dessus bord sur un navire en plein océan; son père avait déjà essayé,
mais sans succès, d’empoisonner sa femme, donc la mère d’Harry, Amy;
Agatha, la sœur d’Amy, qui était aimée du père, avait expédié ce dernier en
exil où il était mort depuis quelque temps. Quand le rideau se lève, la mère
d’Harry vit séparée depuis longtemps de son mari; Harry lui-même,
criminel, est veuf; Agatha, sa tante, dirige le domaine en </i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhxXsWsLN9DuiLwbYYUI4K6m3OZwGEsxK-Qn3CJ-v0vT0hM2A6t5t5bJ2xeR3VcH1f77r_ANswk_XAJyQI1Zt88bhBAPCBwxwyaeMY-p2kYBqXg6oB4j_GOWR0QXretQ-Up-ZoP_Lp2VjJA/s1600/famreview460.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhxXsWsLN9DuiLwbYYUI4K6m3OZwGEsxK-Qn3CJ-v0vT0hM2A6t5t5bJ2xeR3VcH1f77r_ANswk_XAJyQI1Zt88bhBAPCBwxwyaeMY-p2kYBqXg6oB4j_GOWR0QXretQ-Up-ZoP_Lp2VjJA/s1600/famreview460.jpg" width="400" /></a>souverai-</i><br />
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">ne. La
malédic-</i><br />
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">tion poursuit Harry à cause de son crime et à cause du crime de son
père. Il est comme hanté et poursuivi par les Euménides, qui apparaissent à
plusieurs reprises; seuls les deux criminels, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhxXsWsLN9DuiLwbYYUI4K6m3OZwGEsxK-Qn3CJ-v0vT0hM2A6t5t5bJ2xeR3VcH1f77r_ANswk_XAJyQI1Zt88bhBAPCBwxwyaeMY-p2kYBqXg6oB4j_GOWR0QXretQ-Up-ZoP_Lp2VjJA/h120/famreview460.jpg">Harry et Agatha</a>, peuvent
les voir et leur parler. Leur entrevue est la scène la plus dramatique de la
pièce, parce que ces deux êtres, bien faits pour se comprendre, parlent le même
langage et ont seuls des visions. On voit alors une répétition presque
identique des gestes faits par des personnes unies par le sang. De même
qu’Agatha avait éliminé le mari de sa sœur, de même </i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgc9WumVoMDR0jThh-C0zw9Y7IjmeoUUBWsUfBCVqwKERRIoDn-9IqUozkWmKnks-EmmZzrhTDmrotyL0B0GUZ_z6ZIys35CIrx5yD3FyE6YQte6-aPjr5kyjDSEhrvmmRDfKaiRVRy7s6i/s1600/51aMGd9-ZBL._SY445_.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgc9WumVoMDR0jThh-C0zw9Y7IjmeoUUBWsUfBCVqwKERRIoDn-9IqUozkWmKnks-EmmZzrhTDmrotyL0B0GUZ_z6ZIys35CIrx5yD3FyE6YQte6-aPjr5kyjDSEhrvmmRDfKaiRVRy7s6i/s1600/51aMGd9-ZBL._SY445_.jpg" width="287" /></a>Agatha élimine maintenant
le fils de sa sœur. Harry, en effet, repart de la maison, après y avoir passé
quelques heures, et cela, sur les instances d’Agatha, dans le dessein de se
faire missionnaire et de racheter ainsi le passé par le sacrifice. Sa <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgc9WumVoMDR0jThh-C0zw9Y7IjmeoUUBWsUfBCVqwKERRIoDn-9IqUozkWmKnks-EmmZzrhTDmrotyL0B0GUZ_z6ZIys35CIrx5yD3FyE6YQte6-aPjr5kyjDSEhrvmmRDfKaiRVRy7s6i/h120/51aMGd9-ZBL._SY445_.jpg">mère</a>,
cardiaque, apprenant la nouvelle du départ de son fils, meurt subitement. Ainsi
la malédiction prend fin; les Euménides deviennent bienveillantes.
L’expiation et le sacrifice mettent fin à la tragédie</i>» (M. Lebel. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 64-65). T. S. Eliot est le
seul à faire entrer le surnaturel sur scène par la présence des Euménides. Chez Claudel, le
surnaturel est bien présent, mais comme pensée divine agissant à travers les consciences. Enfin, le monde d’O’Neill se prête peu aux apparitions surnaturelles!
Deux Oresties catholiques et une freudienne! Nous mesurons mieux la
distance qui sépare notre temps de celui où vécut d’Eschyle.<br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
La colère semble
avoir perdu de sa pertinence dans ces détours modernes de la tragédie
antique. Les colères de Clytemnestre, de Thésée et de Phèdre semblent être
choses du passé. Non que les personnages modernes n’éprouvent pas de sauts
d’humeur, mais la mystique chrétienne, la morale catholique et la thérapie
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjCIHapJxeamTirOx35L65rFweKK4McwqIgnazy8bLRNnGOoLtydRrMZufVUc_AV0FcOjf_ZikTrpDqecOt46AakVhIQZlXPf6t_vBBpq6kXfcTyJvSC5SvWcEmWxQ4KMJb4oWrS8iq2Cou/s1600/PAR020315166REW250px.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjCIHapJxeamTirOx35L65rFweKK4McwqIgnazy8bLRNnGOoLtydRrMZufVUc_AV0FcOjf_ZikTrpDqecOt46AakVhIQZlXPf6t_vBBpq6kXfcTyJvSC5SvWcEmWxQ4KMJb4oWrS8iq2Cou/s1600/PAR020315166REW250px.jpg" width="266" /></a>freudienne ont fini par envahir complètement les raisons d’être de la tragédie.
Là où Oreste sort vainqueur de son droit de justice envers sa mère meurtrière
et Athéna rétablit la paix à Argos, les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjCIHapJxeamTirOx35L65rFweKK4McwqIgnazy8bLRNnGOoLtydRrMZufVUc_AV0FcOjf_ZikTrpDqecOt46AakVhIQZlXPf6t_vBBpq6kXfcTyJvSC5SvWcEmWxQ4KMJb4oWrS8iq2Cou/h120/PAR020315166REW250px.jpg">Turlure</a> sont dévorés par le
matérialisme et Orian <i>doit </i>mourir à la guerre pour laisser sa femme, Pensée,
épouser son frère et légitimer la nouvelle branche des Coûfontaine; Orin
<i>doit </i>se suicider et Lavinia se flétrir parmi les fantômes de sa résidence ancestrale tandis que Harry <i>doit</i>
expier son crime en allant se porter missionnaire parmi les <i style="mso-bidi-font-style: normal;">païens. </i>Pour tant de dettes et autant d'impuissance à se réconcilier avec ses gestes, un déficit spirituel répond au déficit moral, aussi, rien ne ramène la paix, sinon
que la mort. Ce que «montre» cet itinéraire, c'est combien il est devenu impossible, aujourd’hui, d’écrire
une tragédie grecque parce qu'il y manque les sources indispensables à ses origines : la sacralité du groupe, la haute dignité personnelle, l'osmose de la Cité et de l'individu, la passion de la chose publique et …la colère!<br />
<br />
Car, en effet, où est passée cette colère du peuple qu’on retrouvait à l’aube de toutes les révolutions depuis les soulèvements paysans du Moyen Âge jusqu’aux grandes révolutions du XVIIIe et du XIXe siècle? Cette grande colère du <i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhoY7wQyhYJ_CGS6AXgMgq_pXi70FSMzWGDZki07ZC5PxKg93nMrNEd24mYBGOuok4Rrj9xU_YsfaGqtZWuxMGLOhmH9Z3dPyN-PD-23eeasFVbfcQcDRxGZpESuIJWySyYuNv6r9ZXcTyb/h120/PERE-DUCHESNE_1790.jpg">Père Duchesne</a> </i>avec laquelle le journaliste Jacques Hébert faisait la une de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhoY7wQyhYJ_CGS6AXgMgq_pXi70FSMzWGDZki07ZC5PxKg93nMrNEd24mYBGOuok4Rrj9xU_YsfaGqtZWuxMGLOhmH9Z3dPyN-PD-23eeasFVbfcQcDRxGZpESuIJWySyYuNv6r9ZXcTyb/s1600/PERE-DUCHESNE_1790.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhoY7wQyhYJ_CGS6AXgMgq_pXi70FSMzWGDZki07ZC5PxKg93nMrNEd24mYBGOuok4Rrj9xU_YsfaGqtZWuxMGLOhmH9Z3dPyN-PD-23eeasFVbfcQcDRxGZpESuIJWySyYuNv6r9ZXcTyb/s1600/PERE-DUCHESNE_1790.jpg" width="257" /></a>son journal? Cette colère s’est transportée dans l’ironie, le cynisme et l’histrionisme de la <i>société du spectacle</i>. À cette vision terrible, qui faisait trembler l’auditeur de Sénèque lorsqu’il entendait sa description du colérique, a succédé un rictus qui passe pour un rire de bon cœur. L’humour est plein des ressentiments, des mépris et de la hargne qui animaient jadis la colère et lui donnaient sa laideur caractéristique et, au lieu de retourner cette colère contre ceux qu’on tient responsables, on s’échappe à travers un banquet qui a peu de choses de véritablement philosophiques, mais beaucoup de scatologies, de blasphèmes et de platitudes qu’on reconnaîtrait difficilement comme provenant de la bouche hurlante du colérique.<br />
<br />
Pourtant. Il m'apparaît significatif qu'au milieu des années soixante du XXe siècle, au moment où George Steiner publiait <i>La mort de la tragédie, </i>Jean-Marie Domenach sortait <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjzXUr0kysmDhDTn9JLkJihXpgh1qLITmKMuGUUM3wfaKwPiJJS9vwdWgjYMbDFwuN9iHTaTuczifqrZDt0tgnht6sc3zvWzuqTuxu_065-KgQl2spZOZ7QVstLiqVZH3XJ6kmk2eP3KBKC/s1600/R160062727.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjzXUr0kysmDhDTn9JLkJihXpgh1qLITmKMuGUUM3wfaKwPiJJS9vwdWgjYMbDFwuN9iHTaTuczifqrZDt0tgnht6sc3zvWzuqTuxu_065-KgQl2spZOZ7QVstLiqVZH3XJ6kmk2eP3KBKC/s1600/R160062727.jpg" width="265" /></a>presqu'en même temps <i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjzXUr0kysmDhDTn9JLkJihXpgh1qLITmKMuGUUM3wfaKwPiJJS9vwdWgjYMbDFwuN9iHTaTuczifqrZDt0tgnht6sc3zvWzuqTuxu_065-KgQl2spZOZ7QVstLiqVZH3XJ6kmk2eP3KBKC/h120/R160062727.jpg">Le retour du tragique</a>. </i>La mort de la tragédie ne signifierait donc pas la disparition du tragique mais sa transformation telle que Camus et Domenach croyaient le reconnaître dans le monde politique. Nietzsche et Dostoïevski sont les Eschyle de ce nouveau tragique et en cela, ils ont été reconnus comme Eschyle, Sophocle et Euripide en leur temps. Toutefois, au siècle de l’indifférence et de
l’inconsistance, comme toutes les grandes passions, les grandes colères ne seraient-elles pas en voie de se redéfinir par de nouveaux fanatismes qui risqueraient de balayer nos formes actuelles de liberté et de démocratie de la surface de la Terre?<span style="font-family: "hoefler text ornaments"; mso-ascii-font-family: "Times New Roman";">⌛</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div align="right" class="MsoNormal" style="text-align: right;">
Montréal</div>
<div align="right" class="MsoNormal" style="text-align: right;">
4 janvier 2015</div>
</div>
Coupalhttp://www.blogger.com/profile/14839226309394850656noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8942859135376014620.post-47923466948595447062014-11-14T22:23:00.000-05:002014-11-14T22:23:35.557-05:00Les sept péchés capitaux : Envie<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjqC-INZ0Mf5nrSk4uQIozyb4fEF0hDpWu-pPLOn9PROt0Z4yYI7hIYlxpHChwBmXWX5A2z-aSLKwA04WrCxIrtTzg90q7_p4XSFTNseWmJzTWVVxjDUzqR_qSrCsYmfhGHnf4pwVCoxKc/s1600/web_Envie--672x359.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjqC-INZ0Mf5nrSk4uQIozyb4fEF0hDpWu-pPLOn9PROt0Z4yYI7hIYlxpHChwBmXWX5A2z-aSLKwA04WrCxIrtTzg90q7_p4XSFTNseWmJzTWVVxjDUzqR_qSrCsYmfhGHnf4pwVCoxKc/s1600/web_Envie--672x359.jpg" height="213" width="400" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Hyeronimus Bosch. L'envie</td></tr>
</tbody></table>
<div align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span lang="FR-CA" style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;">LES
SEPT PÉCHÉS CAPITAUX : ENVIE</span></b><br />
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i>Parce que votre cœur s’attache à une telle sorte de biens que, plus on est d’hommes à les partager, moins on possède, l’<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEis5OAt2PUN7nWEwMkEqteqqwOiyRQ3CxozZxa0AvF5PTEESKI80yrE-idnItzD9DPud6rzBqzM1lxFYMIXSTQt8rBRG7P1DmA1Y-e9wx4IJTJZM0gGmiRdv1uIWXftOosg7eBvXF-iwqw/h120/web_Envie--672x359.jpg">envie</a> excite en vous une flamme dévorante</i>», fait dire Dante à son maître Virgile, </span><span lang="FR-CA">dans le chant XV du Purgatoire. Comme toutes les passions, l’envie esst assimilée à une flamme, l’une des </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhurpke8LMqulvPfECtgM1jWkR36mO_I2c10rKDpzYMnQSfre9IepGdU7JpNMVOZJC2MEvh52NUhUKdimsSSBV9icy2Ia4ZuKywrMriOGWhjfTCw7VwnLOCfwFhFqXx3_Ki3P5_rdndVTo/s1600/Sapia.JPG" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhurpke8LMqulvPfECtgM1jWkR36mO_I2c10rKDpzYMnQSfre9IepGdU7JpNMVOZJC2MEvh52NUhUKdimsSSBV9icy2Ia4ZuKywrMriOGWhjfTCw7VwnLOCfwFhFqXx3_Ki3P5_rdndVTo/s1600/Sapia.JPG" height="320" width="318" /></a>plus dévorantes. L’envie aussi suscite le plaisir honteux, le <i>schadenfreude </i>des Allemands. Et le poète raconte Sapia, une noble Siennoise aux <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhurpke8LMqulvPfECtgM1jWkR36mO_I2c10rKDpzYMnQSfre9IepGdU7JpNMVOZJC2MEvh52NUhUKdimsSSBV9icy2Ia4ZuKywrMriOGWhjfTCw7VwnLOCfwFhFqXx3_Ki3P5_rdndVTo/h120/Sapia.JPG">paupières cousues</a> de manière à la rendre aveugle. Née vers 1210, Sapia était la femme de Chinibaldo Sarrasins, seigneur de Castiglioncello à Monterriggioni, et tante paternelle de Provenzano Salvani rencontré dans un cercle antérieur. Est-ce parce qu’elle détestait la politique de Salvani, chef des gibelins de Sienne, qu’elle doit son exil à Colle. Là, les Florentins ayant été mis en déroute par les Siennois, où fut vaincu Salvani, elle en manifesta une joie exubérante! Après la mort de son mari, elle se fit dame patronnesse en fondant, en 1265, un hospice pour les pèlerins à Santa Maria, situé au pied de Castiglioncello, avant d’être transféré à la République de Sienne. Sapia, selon la tradition, aurait été assassinée par un tireur à Sienne, Via delle Volte, derrière le Palazzo Luci (1278).</span><br />
<br />
<span lang="FR-CA">C’est elle dont Dante fait exprimer le <i>schadenfreude </i>le plus virulent :</span><br />
<blockquote class="tr_bq">
<span lang="FR-CA">«<i>Je fus Siennoise; j’expie avec ces coupables ma vie criminelle, en pleurant celui que je désire si vivement. Je ne pus pas être sage, quoiqu'on m'appelât </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEistM8_3PreoS41xC0xvTxl-z6j9ip21iTyYbZQbNbJEaSR16f-kOrDyBDFfC_yO91_XugOXcpAMryIHAxKCl7zN85OpRugAtZVNxbjCknlR6ye8zU68TGvB6bnbNVbEqYaLWNc_Z7nDIQ/h120/426px-Pur_13_dore.jpg">Sapia</a>,<i> et je me réjouis </i></span><span lang="FR-CA"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh-bh-4604YKoHZWQJwkX3t2diQYUaQeiRIofv0MseAmeWt-8HbHtK9bq8XmFf9R82v8rUl1KIduFJEa3bSZI1fJq4C34WZmqQDYN8eDdFKFNw05fuyvkzvoXwnDbOmZjDzX_ojdFVBxqI/s1600/426px-Pur_13_dore.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh-bh-4604YKoHZWQJwkX3t2diQYUaQeiRIofv0MseAmeWt-8HbHtK9bq8XmFf9R82v8rUl1KIduFJEa3bSZI1fJq4C34WZmqQDYN8eDdFKFNw05fuyvkzvoXwnDbOmZjDzX_ojdFVBxqI/s1600/426px-Pur_13_dore.jpg" height="400" width="283" /></a>plus du malheur des autres que de mon propre bonheur. Pour que tu ne croies pas que je t'en impose, écoute combien je fus insensée. Lorsque je penchais déjà vers le déclin de mes jours, mes concitoyens étaient près de </i>Colle, <i>en présence de leurs ennemis, et je priai Dieu de leur envoyer ce qu'il voulait lui-même. Ils furent battus et jetés dans les pas amers de la fuite; et en apprenant leur déroute, j'en conçus une telle joie, qu'élevant vers Dieu ma face téméraire, je criai : "Maintenant je ne te redoute plus". J'imitai le merle qui se fie au premier beau temps. Sur la fin de ma vie, je voulus me mettre en paix avec Dieu, et je n'aurais pas obtenu même une place dans ce séjour, si Pierre Pettinagnon, qui se dévoua tendrement en ma faveur, n'eut intercédé pour mes fautes dans ses saintes oraisons</i>».</span></blockquote>
Habitée déjà par l'orgueil, l'envie du mal par vengeance contre les siens finit par forger à Sapia une personnalité qu'elle expia par des œuvres de bienfaisance.<br />
<br />
Deux autres personnages dressent un autre aspect de l’envie. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiY_JpvN7rfL4gemQfFoEo2MYsci7IwWk9q04gaFEyovyuULt4uLFi7hc_pBIak39D87TSSSCJrYfqabwIQA6Z8v12s8Jipo7d6ZdOLzJ3eB8cZAA3Ij0gGBROJ886bEL_4qm79Kx44HtU/h120/pur_canto14.jpg">Guido del Duca et Fulciéri de’ Calboli</a>, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiY_JpvN7rfL4gemQfFoEo2MYsci7IwWk9q04gaFEyovyuULt4uLFi7hc_pBIak39D87TSSSCJrYfqabwIQA6Z8v12s8Jipo7d6ZdOLzJ3eB8cZAA3Ij0gGBROJ886bEL_4qm79Kx44HtU/s1600/pur_canto14.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiY_JpvN7rfL4gemQfFoEo2MYsci7IwWk9q04gaFEyovyuULt4uLFi7hc_pBIak39D87TSSSCJrYfqabwIQA6Z8v12s8Jipo7d6ZdOLzJ3eB8cZAA3Ij0gGBROJ886bEL_4qm79Kx44HtU/s1600/pur_canto14.jpg" height="333" width="400" /></a>petit-fils de Riniéri de’ Calboli de Forli. C’est le petit-fils de Riniéri qui est au centre de la discussion entre Dante, Guido et Riniéri. Fulciéri était un homme politique qui occupa plusieurs fonctions de podestat à Florence, puis à Bologne. Il était podestat de Florence en 1303 lorsque la ville était en état de crise suite à l’expulsion des guelfes blancs en 1302 qui tentèrent de reprendre la ville alliée aux forces de Bologne et aux gibelins de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiK38oN0sXPHHI1aebIRPO828zYazxX-gXHl2dgQj5rs3XKUmmsejmcyHIl9Qt8AGDQAzH8sxHD0LqmJ44H8XWz_wpDF2pOG5BhY5-gAm0lFW72Iej5Ta3LehlPO1sOQVEg_WNdCZjgjVY/h120/Dante_e_Scarpetta_Ordelaffi,_affresco_di_Pompeo_Randi.JPG">Scarpetta Ordelaffi</a>, protecteur du poète exilé. Les deux partis s’affrontèrent au nord de Borgo San Lorenzo, dans le bourg de Puliciano où se trouait un château que Florence avait fortifié pour tenir le siège. Dans la nuit du 12 au 13 mars 1303, Fulcieri parvint à mettre en déroute les armées de Ordelaffi, faisant de nombreux prisonniers. Le podestat décida d’user d’une <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiK38oN0sXPHHI1aebIRPO828zYazxX-gXHl2dgQj5rs3XKUmmsejmcyHIl9Qt8AGDQAzH8sxHD0LqmJ44H8XWz_wpDF2pOG5BhY5-gAm0lFW72Iej5Ta3LehlPO1sOQVEg_WNdCZjgjVY/s1600/Dante_e_Scarpetta_Ordelaffi,_affresco_di_Pompeo_Randi.JPG" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiK38oN0sXPHHI1aebIRPO828zYazxX-gXHl2dgQj5rs3XKUmmsejmcyHIl9Qt8AGDQAzH8sxHD0LqmJ44H8XWz_wpDF2pOG5BhY5-gAm0lFW72Iej5Ta3LehlPO1sOQVEg_WNdCZjgjVY/s1600/Dante_e_Scarpetta_Ordelaffi,_affresco_di_Pompeo_Randi.JPG" height="315" width="400" /></a>répression féroce en faisant exécuter avec cruauté de nombreux partisans, parmi lesquels sans doute des amis de Dante. C’est l’objet de la conversation entre Guido del Duca et Riniéri de’ Calboli qui compare Fulcieri à une bête sauvage: «<i>Je vois ton fils qui chasse ces loups sur la rive du fleuve cruel, et qui les met en fuite. Il vend leur chair toute vivante, ensuite il les tue comme de vieilles bêtes; il arrache ainsi à beaucoup d’entre eux la vie, et à lui, l’honneur. Il sort, teint de sang, de la triste forêt, et il la laisse telle que d’ici à mille ans elle ne pourra reverdir</i>». Fulcieri continuera sa vie durant à lutter contre les Ordelaffi, lutte qu'il mènera avec son fils, Paolo de' Calboli afin de prendre le contrôle de Forli et des environs. L'année précédant sa mort, enfin, sous la pression de Florence, il finit par se réconcilier avec ses vieux ennemis.<br />
<br />
En ce qui a trait à Guido del Duca, Dante lui fait dire: «<i>mon sang fut tellement brûlé par l'<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi3cZ3AGAtkQAOT8zNgUoX0GswLc5jxNvz_TT9uWBj-Asd620kaT2OSPyPqgA0EjCyJZ5s4iRE6fEZn-R26D4F2M5SKS7Yl2M1-B60Y7zyav-4uxaHSW7kB2L8CRav3vcsdZeuqAKjHjlw/h120/AVQ-A-000165-0031.jpg">envie</a>, que si </i><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi3cZ3AGAtkQAOT8zNgUoX0GswLc5jxNvz_TT9uWBj-Asd620kaT2OSPyPqgA0EjCyJZ5s4iRE6fEZn-R26D4F2M5SKS7Yl2M1-B60Y7zyav-4uxaHSW7kB2L8CRav3vcsdZeuqAKjHjlw/s1600/AVQ-A-000165-0031.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi3cZ3AGAtkQAOT8zNgUoX0GswLc5jxNvz_TT9uWBj-Asd620kaT2OSPyPqgA0EjCyJZ5s4iRE6fEZn-R26D4F2M5SKS7Yl2M1-B60Y7zyav-4uxaHSW7kB2L8CRav3vcsdZeuqAKjHjlw/s1600/AVQ-A-000165-0031.jpg" height="320" width="176" /></a>j'eusse su qu'un homme avait eu lieu de se réjouir, on m'eût vu devenir pâle et livide. Voilà le fruit du grain coupable que j'ai semé. Ô hommes! Pourquoi vous attachez-vous à des biens qui nécessitent un </i>empêchement de bonne intelligence? <i>Celui-ci est Riniéri, l'honneur et la gloire de la maison de Calboli, où personne ne s'est fait héritier de ses vertus. Entre le Pô et la montagne, la mer et le Reno, ses descendants sont non seulement dépourvus de tout ce qui est utile pour bien penser et bien vouloir, mais dans l'intérieur même, ils n'offrent qu'un amas de rejetons vénéneux qu'on ne pourrait extirper qu'avec effort</i>». Dante pensant ici, sûrement, à Fulcieri. Chez Guido comme chez Fulcieri, la même envie dévore les individus appelés à semer le mal et le désastre.<br />
<br />
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjUgy084X7GYeWNwFFDgUVymcQunBE0QoPSmS7C7JiPgszWaRb3NzC_iyVDEH_kBIHLdrIgc_vVQLFkXQr0CxlnMnBN0eTENeMcYXbQ4N_Mujg1ZQ_DoVhlU4NOVL0iep5wUJsEBnMOBUI/h120/descartes.jpg">René Descartes</a> (1596-1650) écrit (art. 182. <i>De l'envie</i>) dans <i>Les Passions de l'âme </i>(1649) : «<i>Ce qu'on nomme communément envie est un vice qui consiste en une perversité de nature qui fait que certaines gens se fâchent du bien qu'ils voient arriver </i><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjUgy084X7GYeWNwFFDgUVymcQunBE0QoPSmS7C7JiPgszWaRb3NzC_iyVDEH_kBIHLdrIgc_vVQLFkXQr0CxlnMnBN0eTENeMcYXbQ4N_Mujg1ZQ_DoVhlU4NOVL0iep5wUJsEBnMOBUI/s1600/descartes.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjUgy084X7GYeWNwFFDgUVymcQunBE0QoPSmS7C7JiPgszWaRb3NzC_iyVDEH_kBIHLdrIgc_vVQLFkXQr0CxlnMnBN0eTENeMcYXbQ4N_Mujg1ZQ_DoVhlU4NOVL0iep5wUJsEBnMOBUI/s1600/descartes.jpg" height="400" width="375" /></a>aux autres hommes; mais je me sers ici de ce mot pour signifier une passion qui n'est pas toujours vicieuse. L'envie donc, en tant qu'elle est une passion, est une espèce de tristesse mêlée de haine qui vient de ce qu'on voit arriver du bien à ceux qu'on pense en être indignes : ce qu'on ne peut penser avec raison que des biens de fortune; car pour ceux de l'âme ou même du corps, en tant qu'on les a de naissance, c'est assez en être digne que de les avoir reçus de Dieu avant qu'on fût capable de commettre aucun mal</i>». On le voit, la notion d'envie chez Descartes s'inspire encore de celle qu'employait Dante, mais Descartes y ajoute une valeur morale : le bien accordé à des personnes indignes, ou que l'on juge indigne. Descartes établit un lien entre le (ou les) bien(s) et la dignité (ou l'indignité) de celui à qui il(s) sont attribués par la grâce de Dieu. De là, l'envie semble se dédoubler. D'une part, il y a l'envie - conservons-lui ce sens - qui concerne les <i>avoirs, </i>les biens. De l'autre, il y a ce qu'on appelle la jalousie et qui concerne l'individu et ses qualités propres qui le mettent en mérite ou démérite de recevoir ces biens et qui s'accroche à l'<i>être. </i>Envie et jalousie sont généralement confondus, comme dans l'allégorie de Bosch, mais même s'ils relèvent d'un même «vice», ils se distinguent fondamentalement au niveau ontologique.<br />
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;">
Comme le montre <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjS-5DDTikfUd8q6JxU9d9bQRrB-g4v9dvHJmuHDHIplGQriAJ0zlrU6YOuM6TtirdcOY2dyCFCPD070T6b__ZEbxj0z4xp7GnGfFYIhLFkWnX2udydGx3hlULW1KAzqsDx1iq-JI8Pgiw/h120/Stendhal-big.jpg">Stendhal</a> (1783-1842) dans son essai, <i>De l'amour </i>(1822), le bien reçu transforme la nature de celui qui <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjS-5DDTikfUd8q6JxU9d9bQRrB-g4v9dvHJmuHDHIplGQriAJ0zlrU6YOuM6TtirdcOY2dyCFCPD070T6b__ZEbxj0z4xp7GnGfFYIhLFkWnX2udydGx3hlULW1KAzqsDx1iq-JI8Pgiw/s1600/Stendhal-big.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjS-5DDTikfUd8q6JxU9d9bQRrB-g4v9dvHJmuHDHIplGQriAJ0zlrU6YOuM6TtirdcOY2dyCFCPD070T6b__ZEbxj0z4xp7GnGfFYIhLFkWnX2udydGx3hlULW1KAzqsDx1iq-JI8Pgiw/s1600/Stendhal-big.jpg" height="400" width="308" /></a>le reçoit : «<i>Dans cet état la fureur naît facilement; l'on ne se rappelle plus qu'en amour : posséder n'est rien, c'est jouir qui fait tout; l'on exagère le bonheur du rival, l'on exagère l'insolence que lui donne ce bonheur, et l'on arrive au comble des tourments, c'est-à-dire à l'extrême malheur empoisonné encore d'un reste d'espérance</i>». Pour Stendhal, «<i>la jalousie étant le plus grand de tous les maux, on trouvera qu'exposer sa vie est une diversion agréable. Car alors nos rêveries ne sont pas toutes empoisonnées, et tournant au noir…; l’on peut se figurer quelquefois qu’on tue ce rival</i>». Il y a donc une dialectique de l’envie et de la jalousie, de l’avoir et de l’être, qui active le «vice» et fait le malheur de l’envieux (ou du jaloux, au choix). Du plaisir que l’on prend à voir l’autre humilié, on se sent humilié par le plaisir qu’il reçoit et dont nous sommes privés. De l’envie de ses biens, nous passons à l’envie de son être, de sa <i>capacité </i>de jouissance qui ne peut être partagé.</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;">
<br /></div>
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi03UHiW8EDP7GwtBVNI4fvcEOvuAvwXQxhRX-PsHY9GDhNKCDV2UUMrjKYPLqDK8PYBx4NTv7vMN89RIkFZS27enuVfKsSJ88WfQmmzLFez125PU9DWTZBvZV6y0v4MKl46pM6TYsB6CQ/s1600/22_2.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi03UHiW8EDP7GwtBVNI4fvcEOvuAvwXQxhRX-PsHY9GDhNKCDV2UUMrjKYPLqDK8PYBx4NTv7vMN89RIkFZS27enuVfKsSJ88WfQmmzLFez125PU9DWTZBvZV6y0v4MKl46pM6TYsB6CQ/s1600/22_2.jpg" height="376" width="400" /></a>Si nous regardons mainte-<br />
nant à l’échelle de l’Histoire, nous dé-<br />
couvrons une dia-<br />
lectique semblable dans la modernité à travers le phéno-<br />
mène du colonialisme. La colonisation ancienne, celle en vigueur aux XVIIe-XVIIIe siècles, n’était pas portée par une idéologie comme au XIXe siècle. Elle était une simple entreprise de prédation qui confinait à l’envie de posséder toujours plus de richesses, essentiellement métalliques - <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi03UHiW8EDP7GwtBVNI4fvcEOvuAvwXQxhRX-PsHY9GDhNKCDV2UUMrjKYPLqDK8PYBx4NTv7vMN89RIkFZS27enuVfKsSJ88WfQmmzLFez125PU9DWTZBvZV6y0v4MKl46pM6TYsB6CQ/h120/22_2.jpg">or</a> et argent -, et au moindre coût possible. On pouvait ainsi procéder de façons très simples, devant des civilisations déjà fort développées, comme en Inde, en Chine et au Japon, par l’établissement de comptoirs pour faire du trafic commercial. Cette colonisation reposait sur ce qu’on appelle les trois M (Militaires, Missionnaires, Marchands), qui reproduisent les ordres tri-fonctionnels indo-européens. La colonisation devint plus complexe dès qu’il s’agira d’établir des colonies de peuplement, comme dans les Amériques. Les résultats différèrent selon les rapports entre les métropoles et le degré de développement des groupes autochtones. Après les conquêtes ibériques des civilisations mésoaméricaines (Aztèque, Maya, Inca), tout un continent marqué par <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjYSZ1R39ovI931DH1K0Sg5TVUzHVBgs6zWgUxKo7ihKV46uAnlCTMN2wt9T6TNr_JT4yCfFm7UP-ERjYbs5LoD7VZGEGZm-M0dIo-FBHaVq0CIEjTxsdbtF4k4SjJo0k5FWsbwje224f4/s1600/2539386676_small_1.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjYSZ1R39ovI931DH1K0Sg5TVUzHVBgs6zWgUxKo7ihKV46uAnlCTMN2wt9T6TNr_JT4yCfFm7UP-ERjYbs5LoD7VZGEGZm-M0dIo-FBHaVq0CIEjTxsdbtF4k4SjJo0k5FWsbwje224f4/s1600/2539386676_small_1.jpg" height="290" width="400" /></a>un haut degré de métissage ethnique, sans pour autant s’épar-<br />
gner des hiérar-<br />
chies sociales et raciales, donna un nouveau type de civilisa-<br />
tion - ni occi-<br />
dentale, ni non-occidentale - qu'aucun colonialisme ultérieur ne parvint à égaler. En Amérique septentrionale, les rapports furent différents. Ils reposèrent sur l’implantation de comptoirs jusqu'à ce que des usurpations de territoires aux autochtones en viennent à amener une guerre de conquête. Le métissage fut restreint et des <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjYSZ1R39ovI931DH1K0Sg5TVUzHVBgs6zWgUxKo7ihKV46uAnlCTMN2wt9T6TNr_JT4yCfFm7UP-ERjYbs5LoD7VZGEGZm-M0dIo-FBHaVq0CIEjTxsdbtF4k4SjJo0k5FWsbwje224f4/h120/2539386676_small_1.jpg">guerres sanguinaires</a> et exterminatrices suivirent qui «nettoyèrent» ethniquement le territoire pour laisser place aux nouveaux venus. Cette entreprise exterminatrice fut surtout menée par les conquérants anglo-saxons. Les Français, pour leur part, échouèrent à peupler leurs colonies de métropolitains et, par le fait même, préférèrent passer des ententes avec les autochtones. Les conquêtes anglo-saxonnes finirent par confiner les francophones dans leurs «réserves» (Québec, Acadie, Nouvelle-Orléans) à l’image des réserves amérindiennes. Les barrières étanches resteront toujours préférables à l’extermination pure et simple.<br />
<br />
À partir du milieu du XIXe siècle, après un temps où la colonisation passa pour être une mauvaise économie aux yeux du libéralisme commercial, l’orgueil des nations se mit à réinvestir dans les invasions de territoires, les conquêtes de peuples incapables de résister à la technologie militaire des envahisseurs, et les exploitations <span lang="FR-CA" style="color: black; mso-bidi-font-size: 12.0pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiVNDWRnOtQNApkTIPyzEsjopZA9CHed18SDc6Y4nqDmEAlo6FiO2vd3RnQrZob8tRX5GWGoPEBFLqsnJbcIWjmxD2CVh4ybYykHJqgsM-2wsf1D7s39PCKTfXC1X3MK0hLg239eR2767M/s1600/british-raj-crayford.gif" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiVNDWRnOtQNApkTIPyzEsjopZA9CHed18SDc6Y4nqDmEAlo6FiO2vd3RnQrZob8tRX5GWGoPEBFLqsnJbcIWjmxD2CVh4ybYykHJqgsM-2wsf1D7s39PCKTfXC1X3MK0hLg239eR2767M/s1600/british-raj-crayford.gif" height="346" width="400" /></a></span>de ressources naturelles toujours plus variées. De là est né le colonia-<br />
lisme, stade primitif de l’impéria-<br />
lisme. En Amérique latine, la colonisa-<br />
tion ibérique fut remplacée par l’impérialisme commercial et financier de la Grande-Bretagne, puis des États-Unis; en Inde, les Anglais fondèrent le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiVNDWRnOtQNApkTIPyzEsjopZA9CHed18SDc6Y4nqDmEAlo6FiO2vd3RnQrZob8tRX5GWGoPEBFLqsnJbcIWjmxD2CVh4ybYykHJqgsM-2wsf1D7s39PCKTfXC1X3MK0hLg239eR2767M/h120/british-raj-crayford.gif">British Raj</a> qu’une école d’administration métropolitaine, organisée dans ce but, finit par remplacer l’administration gaffeuse de la Compagnie des Indes orientales. En Chine, la satellisation du pays passa par l’établissement de <i>concessions </i>réservées aux pays européens qui venaient établir des relations commerciales avec l’Empire du Milieu. Au Japon, la modernisation s’effectua par le haut, alors que le gouvernement Meiji envoya ses principaux intellectuels se former dans les différents pays d’Europe afin d’y ramener le savoir-faire, évitant ainsi une colonisation de l’archipel. Les pays du Moyen-Orient étaient, pendant ce temps, sous la férule du régime ottoman et les groupes arabes supportaient de plus en plus difficilement cette tutelle, de sorte que l’empire - <i>l’homme malade de l’Europe </i>- commença à se disloquer et à laisser aux intérêts européens le soin de s’établir sur son territoire. Il en fut <span lang="FR-CA" style="color: black; mso-bidi-font-size: 12.0pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjTt1wuaFlxr-lON4FOS6KX8uEQQ_23p9rRPLxuM7zliLd0850PC6i4LIls8d6Q8o8x9UwdeZ1sJDH54m6zmQDCnAU_xoIbzeBL8XNz51AUfqld9UAGyhi_yXXEZXd1PGsAipWxGpIlkB0/s1600/1891.Baku.Nobel.oil.field.FitzLyon135.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjTt1wuaFlxr-lON4FOS6KX8uEQQ_23p9rRPLxuM7zliLd0850PC6i4LIls8d6Q8o8x9UwdeZ1sJDH54m6zmQDCnAU_xoIbzeBL8XNz51AUfqld9UAGyhi_yXXEZXd1PGsAipWxGpIlkB0/s1600/1891.Baku.Nobel.oil.field.FitzLyon135.jpg" height="225" width="400" /></a></span>ainsi pour la construc-<br />
tion du canal de Suez, de l’établis-<br />
sement des voies ferrées et surtout de la ponc-<br />
tion du <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgOJQWEd5Hi6V7hNBafrmIEdmHXasip8Kh-YKwyaRvhSNkgv4dpoDac_eQjbWHKula2ZK08L0WYO_KgP0exthmp2C1z2W6P1unhaynDWzropdfKbUsS6HBG_kct3TU_LgK17Uu6iZp15JA/h120/1891.Baku.Nobel.oil.field.FitzLyon135.jpg">pétrole</a> - l'or noir - à partir de la Grande Guerre. Il en fut de même pour l'Iran. Si toutes ces civilisations subisssaient <i>le fardeau de l'homme blanc </i>(<i>sic!</i>), il est difficile de parler de colonisation comme l'avait connue les Amériques. La notion moderne d'impérialisme financier convient davantage à la situation de développement tandis que des gouvernements coloniaux supplantent les régimes locaux convertis au service de l'administration impériale. Le véritable colonialisme, c'est en Afrique que nous le retrouvons; en Afrique blanche, dès la conquête de l'Algérie par les Français à partir de 1830; l'Afrique noire à partir des lendemains de la constitution des régimes stables établis après le <i>printemps des peuples </i>en 1848.<br />
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La dialectique de l'envie et de la jalousie se traduit, au niveau historique, par la dialectique de la colonisation et de la décolonisation. La colonisation dans sa version contemporaine, c'est l'idéologie du <i>colonialisme, </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhi_LDV8wsczGZEZS83cLDAWKu0b3l3anKAGegQX-lgR_a_k74gfSPfSZT5QGpVIyPY9AZi1d3V6MSx4PQcNS2PQYNg0-zInIJiScztNUpSRJUNVcOUfNIVRAqP5byF2GqXYdkCbTD5Ztk/s1600/Kipling_nd.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhi_LDV8wsczGZEZS83cLDAWKu0b3l3anKAGegQX-lgR_a_k74gfSPfSZT5QGpVIyPY9AZi1d3V6MSx4PQcNS2PQYNg0-zInIJiScztNUpSRJUNVcOUfNIVRAqP5byF2GqXYdkCbTD5Ztk/s1600/Kipling_nd.jpg" height="400" width="345" /></a>c'est-à-dire pratiquée sous un slogan à l'apparence humanitaire tel que <i>le fardeau de l'homme blanc, </i>selon la formule britannique exprimée par <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhi_LDV8wsczGZEZS83cLDAWKu0b3l3anKAGegQX-lgR_a_k74gfSPfSZT5QGpVIyPY9AZi1d3V6MSx4PQcNS2PQYNg0-zInIJiScztNUpSRJUNVcOUfNIVRAqP5byF2GqXYdkCbTD5Ztk/h120/Kipling_nd.jpg">Rudyard Kipling</a> (1865-1936), le chantre de la conquête de l'Afrique noire, ou de <i>la mission civilisatrice </i>des Français, qui s'adresse essentiellement au Maghreb, au Levant (la zone du Liban), l'Égypte, le Vietnam, les îles du Pacifique). Les Américains, avec le <i>Manifest Destiny </i>partagent une idéologie colonialiste qui appelle autant au refoulement des Amérindiens que des Mexicains établis sur le territoire acquis après la victoire de 1848, du Texas à la Californie. Les motivations envieuses des puissances occidentales sont simples une fois que l'on soulève la rhétorique des discours et des formules : l'envie. Cette envie décrite par Dante et Descartes, cette passion qui brûle d'une cupidité fiévreuse de tout posséder au monde pour les intérêts des bourgeoisies nationales. Le colonialisme est bien une idéologie de l'<i>avoir</i>, une justification à retirer aux autres leurs richesses pour les empêcher d'en profiter et assumer ainsi sa puissance sur le monde entier.<br />
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En même temps que la colonisation se développait, la décolonisation se forgeait. Celle-ci se composa, parmi <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgpHgaNYBmVubnVA7e-SEFppMxZBhaFGK5WzSgJpUaSFs0ofwVdtNP9MV-mMtoofZvb4jROT4hWWlskJgAsLR5MuQDwate620lCzzZx-C_ZpyakeUQ80QVGkRtTtJ-ZY8scF8bUlHsVkBI/s1600/AVT2_Bruckner_1444.jpeg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgpHgaNYBmVubnVA7e-SEFppMxZBhaFGK5WzSgJpUaSFs0ofwVdtNP9MV-mMtoofZvb4jROT4hWWlskJgAsLR5MuQDwate620lCzzZx-C_ZpyakeUQ80QVGkRtTtJ-ZY8scF8bUlHsVkBI/s1600/AVT2_Bruckner_1444.jpeg" height="400" width="303" /></a>les peuples colonisés ou même dominés par l'impérialisme, d'une triade que <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgpHgaNYBmVubnVA7e-SEFppMxZBhaFGK5WzSgJpUaSFs0ofwVdtNP9MV-mMtoofZvb4jROT4hWWlskJgAsLR5MuQDwate620lCzzZx-C_ZpyakeUQ80QVGkRtTtJ-ZY8scF8bUlHsVkBI/h120/AVT2_Bruckner_1444.jpeg">Pascal Bruckner</a> appliquait aux Occidentaux en peine pour leur culpabilité face aux souffrances du Tiers-Monde. Le premier ingrédient de la décolonisation en tant qu'idéologie de libération repose sur une <i>solidarité, </i>moins entre les décolonisés eux-mêmes qu'avec le colonisateur. Ayant été développé et ayant vécu pendant plus d'un siècle sous la gouvernance d'une puissance occidentale, les colonisés, devant la résistance que les métropoles opposaient à leur indépendance, a fait naître une affection puérile à la base d'une «solidarité» naturelle avec celles-ci, de sorte que même sortis de la tutelle internationale de Paris ou de Londres, les nouveaux pays libérés vont continuer d'entretenir des «relations privilégiées» avec leur ancienne métropole. Il ne s'agit pas là seulement du passage du colonialisme à l'impérialisme financier. Il s'agit également d'une attitude psychologique des collectivités d'en appeler à l'aide au développement les anciens tuteurs. Selon le triptyque proposé par Bruckner, la solidarité est le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgpqOnYeUeg_Dki5MO7mMvHphJgcvXRQv-Qn6uMUUni9LqJmhZdmjWQQx2mL83nF6ykCFm425Zm02UtbdckWNEGeB9LjDqN_UqPAnfDFdzJs9ZsNZadshFo3wAsev7bG_63Y8DyurP1tKw/s1600/4664.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgpqOnYeUeg_Dki5MO7mMvHphJgcvXRQv-Qn6uMUUni9LqJmhZdmjWQQx2mL83nF6ykCFm425Zm02UtbdckWNEGeB9LjDqN_UqPAnfDFdzJs9ZsNZadshFo3wAsev7bG_63Y8DyurP1tKw/s1600/4664.jpg" height="400" width="285" /></a>maintien d'un lien organique - <i>la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgpqOnYeUeg_Dki5MO7mMvHphJgcvXRQv-Qn6uMUUni9LqJmhZdmjWQQx2mL83nF6ykCFm425Zm02UtbdckWNEGeB9LjDqN_UqPAnfDFdzJs9ZsNZadshFo3wAsev7bG_63Y8DyurP1tKw/h120/4664.jpg">modalité d'être-ensemble</a> </i>- qui peut générer aussi bien une dépendance des dominants du nouvel État usant d'une rhétorique de chantage affectif auprès des anciennes métropoles et de l'audience internationale, qu'une réaction violente des populations qui finit par s'étendre contre toute la race blanche -, mais ce qui est plus grave, dynamiter de l'intérieur les structures du nouveau pays libéré. Tout cela nourrit des haines souvent aveugles et organisées sur des surgeons métissés de traditionalismes et de technologies avant-gardistes.<br />
<br />
Le second ingrédient, c'est la compassion, ou <i>la modalité de<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhn6SzUxGWrq1rObxdbmpi9zKk_etYpBcW1BtYACRvMwO9JFe0_vmA8DitH5gGTB3_ycRxAJGYuYNHvvwxLL-LLe2GLwY_Hz7j5XwLlFvyDbbhxoXJTDbWeqDH-8fEzVglDDU-_kekuKJs/h120/democracy1.jpg"> l'être à la place</a>. </i>C'est la réanimation des castes ou des tribus dirigeantes qui ont longtemps servies de rois-nègres aux colonisateurs. Avec la décolonisation, ces castes ou ces tribus envisagent de se transformer en classes bourgeoises et poursuivre le règne et les privilèges des <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhn6SzUxGWrq1rObxdbmpi9zKk_etYpBcW1BtYACRvMwO9JFe0_vmA8DitH5gGTB3_ycRxAJGYuYNHvvwxLL-LLe2GLwY_Hz7j5XwLlFvyDbbhxoXJTDbWeqDH-8fEzVglDDU-_kekuKJs/s1600/democracy1.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhn6SzUxGWrq1rObxdbmpi9zKk_etYpBcW1BtYACRvMwO9JFe0_vmA8DitH5gGTB3_ycRxAJGYuYNHvvwxLL-LLe2GLwY_Hz7j5XwLlFvyDbbhxoXJTDbWeqDH-8fEzVglDDU-_kekuKJs/s1600/democracy1.jpg" height="266" width="400" /></a>anciens maîtres. Cette nouvelle bour-<br />
geoisie autochto-<br />
ne prend vite la tête de l'armée, des cadres de l'admi-<br />
nistration, des représentants politiques et hésite à couper tous liens avec les anciennes métropoles puisqu'elle veut, précisément, être à la place des anciens dominants. Elle forme, inconsciemment, un pont entre l'avoir et l'être; entre l'<i>être-ensemble</i> et l'<i>être-comme</i>, entre la solidarité et l'identique. D'où l'importation des formes institutionnelles occidentales - parlements, présidence, sénats, écoles, corporations, etc. - auxquels s'inséreront les anciens colonisés avec l'ambition de remplacer totalement l'ancien dominant et exclure ses gardes-chiourmes qui sont restés après l'indépendance pour assurer la transition d'un régime à l'autre.<br />
<br />
Le troisième ingrédient, c'est le mimétisme, ou <i>la modalité de l'être-comme, </i>lorsque l'identité ancienne qui a supporté l'exploitation et la domination se sera transformée en la réplique de l'identité nouvelle, imitée de la <span style="mso-ansi-language: FR;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgURRGVOicLRKbWw8qLNjz1mK1aniLz_eFDKnb96z1xhtgIqwczVD0SxFImuzuanGMhZ-b4NWPkrv0QsADEwF7gS1jsxqCn9txLMfJHvRuXa1RUlZ9EpbHumr5hmtwD3GccABVMoYFtceA/s1600/Hegel_portrait_by_Schlesinger_1831.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgURRGVOicLRKbWw8qLNjz1mK1aniLz_eFDKnb96z1xhtgIqwczVD0SxFImuzuanGMhZ-b4NWPkrv0QsADEwF7gS1jsxqCn9txLMfJHvRuXa1RUlZ9EpbHumr5hmtwD3GccABVMoYFtceA/s1600/Hegel_portrait_by_Schlesinger_1831.jpg" height="400" width="316" /></a></span>personnalité du colonisateur ou du métropolitain. Ce mimétisme <i>à l'identique </i>fait disparaître les traits culturels ancestraux sous un vernis, d'épaisseurs différentes selon les clans ou les cultures, légué par l’occupation coloniale. Ici, l'envie entre de plain-pied dans la sphère ontologique puisqu'il s'agit d'une pure jalousie de l'ancien maître. Les colonisés restent des colonisés, mais s'identifient maintenant à la personnalité de l'ancien maître. Si l'on reprend la dialectique célèbre du maître et de l'esclave de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgURRGVOicLRKbWw8qLNjz1mK1aniLz_eFDKnb96z1xhtgIqwczVD0SxFImuzuanGMhZ-b4NWPkrv0QsADEwF7gS1jsxqCn9txLMfJHvRuXa1RUlZ9EpbHumr5hmtwD3GccABVMoYFtceA/h120/Hegel_portrait_by_Schlesinger_1831.jpg">Hegel</a>, ici l'esclave ne s'est pas tant libéré qu'il a parfaitement intériorisé la personnalité du maître sans jamais perdre réellement son état d'esclave. Ou, si vous préférez, la mauvaise foi du garçon de café que l'on retrouve dans <i>L'Être et le Néant </i>de<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjw3AQ9yJAi6uE8D_jAZnrAW9Ib-RAMyXIVUvV5BgOH1Uzf_ure2d6RrHdcPtCyqlBMJod1csbhyphenhyphen4DhXwxxQ2DiftgUq5zybQY7sYojAvNOsqDdLy2bqm-fUgOlT13pqdOnRjext_-Bmow/h120/sartre3.jpg"> Jean-Paul Sartre</a>. Attablé à un café, Sartre observe le comportement du garçon de café : <span lang="FR-CA" style="color: black; mso-bidi-font-size: 12.0pt;">«</span><i><span style="font-family: "Lucida Grande"; mso-ansi-language: FR;"> </span></i><i><span style="mso-ansi-language: FR;">Il a le geste vif et
appuyé, un peu trop précis, un peu trop rapide, il vient vers les consommateurs
d’un pas un peu trop vif, il s’incline avec un peu trop d’empressement, sa
voix, ses yeux expriment un intérêt un peu trop plein de sollicitude pour la
commande du client, </span></i><i><span style="mso-ansi-language: FR;"><span style="mso-ansi-language: FR;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjw3AQ9yJAi6uE8D_jAZnrAW9Ib-RAMyXIVUvV5BgOH1Uzf_ure2d6RrHdcPtCyqlBMJod1csbhyphenhyphen4DhXwxxQ2DiftgUq5zybQY7sYojAvNOsqDdLy2bqm-fUgOlT13pqdOnRjext_-Bmow/s1600/sartre3.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjw3AQ9yJAi6uE8D_jAZnrAW9Ib-RAMyXIVUvV5BgOH1Uzf_ure2d6RrHdcPtCyqlBMJod1csbhyphenhyphen4DhXwxxQ2DiftgUq5zybQY7sYojAvNOsqDdLy2bqm-fUgOlT13pqdOnRjext_-Bmow/s1600/sartre3.jpg" height="400" width="284" /></a></span>enfin le voilà qui revient, en essayant d’imiter dans sa
démarche la rigueur inflexible d’on ne sait quel automate, tout en portant son
plateau avec une sorte de témérité de funambule [...]. Toute sa conduite nous
semble un jeu [...]. Il joue, il s’amuse. Mais à quoi joue-t-il</span></i><i><span style="font-family: "Lucida Grande"; mso-ansi-language: FR;"> </span></i><i><span style="mso-ansi-language: FR;">? Il ne faut pas l’observer longtemps pour s’en
rendre compte</span></i><i><span style="font-family: "Lucida Grande"; mso-ansi-language: FR;"> </span></i><i><span style="mso-ansi-language: FR;">: il
joue à être garçon de café</span></i><i><span style="mso-ansi-language: FR;">».</span></i> <span style="mso-ansi-language: FR;">On
l’aura compris, l’<i>être-comme</i> cherche toujours à en faire plus que l’original.
Il cherche à se persuader lui-même qu’il se confond si parfaitement avec le maître
qu’il est bien devenu maître, alors que dans la réalité, il est passé sous un
nouveau mode d’exploitation occidentale : l’impérialisme financier. Or,
pour reprendre la réflexion sartrienne, il n’est pas, par essence, Occidental.
En fait, son essence lui échappe. Il ne peut avoir conscience que de son
existence <i style="mso-bidi-font-style: normal;">en soi, </i>en tant
qu’instrument d’un processus de domination, ce <i>surgissement</i> contingent
et aléatoire dans le monde des vivants. Ce qu’il est, réellement, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">l’être pour soi</i>, reste tout autant
aliéné et manipulé que sous l’ancien régime colonial. D’où l’échec retentissant
de la décolonisation pour les anciens colonisés, plus d’un demi-siècle plus tard.</span><br />
<br /></div>
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;">Le colonialisme trouve sa confirmation au péché de
l’envie dans le portrait qu'<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhcRCmR3Fh3zazor0GTdMZSxlvBzswbA8R2qpNtCw-Qbwgx0o5UkA2m1k5DB0n3ZeqqR9tUeggGo67dcraQj5GN267D-3SGYrpwE99WSL0cx-bAEduyuCm3Q-IhraXHcsDm6x0L-NS2UMo/h120/Albert-Memi.jpg">Albert Memmi</a> (né en 1920), en trace dans son <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Portrait
du colonisateur, </i>lorsqu'il<i style="mso-bidi-font-style: normal;"> </i>rappelle que ceux qui s’engageaient dans l’expérience
coloniale étaient motivés par le fait qu’«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">on
y gagne plus, on y dépense moins. On rejoint la colonie parce </i></span><span style="mso-ansi-language: FR;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhcRCmR3Fh3zazor0GTdMZSxlvBzswbA8R2qpNtCw-Qbwgx0o5UkA2m1k5DB0n3ZeqqR9tUeggGo67dcraQj5GN267D-3SGYrpwE99WSL0cx-bAEduyuCm3Q-IhraXHcsDm6x0L-NS2UMo/s1600/Albert-Memi.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhcRCmR3Fh3zazor0GTdMZSxlvBzswbA8R2qpNtCw-Qbwgx0o5UkA2m1k5DB0n3ZeqqR9tUeggGo67dcraQj5GN267D-3SGYrpwE99WSL0cx-bAEduyuCm3Q-IhraXHcsDm6x0L-NS2UMo/s1600/Albert-Memi.jpg" height="400" width="266" /></a>que les
situations y sont assurées, les traitements élevés, les carrières plus rapides
et les affaires plus fructueuses</i>» (A. Memmi. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Portrait du colonisé, </i>Montréal, Éditions de l’Étincelle, 1966, p.
30). Ce qui veut dire qu’au-delà des compagnies prédatrices des ressources
naturelles et à l’origine de l’exploitation des colonisés, tous, y compris les
fonctionnaires (grands et petits), les sous-traitants, les petits commerçants
au détail comme au gros, n’ont vu, essentiellement, dans l’expérience coloniale
que l’aspect pécunier. Tout le reste ne fut qu’idéologies et justifications <i style="mso-bidi-font-style: normal;">a posteriori </i>: «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">C’est que les têtes pensantes de la
bourgeoisie et de la colonie avaient compris que l’essentiel de la colonisation
n’était ni le prestige du drapeau, ni l’expansion culturelle, ni même la
direction administrative et le salut d’un corps de fonctionnaires. Ils admirent
qu’on pût concéder sur tout si le fond, c’est-à-dire les avantages économiques,
était sauvé</i>» (A. Memmi. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p.
31).</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;">Mais s’en tenir à cette évidence ne suffit pas à
bien retrouver la nature de l’envie telle que poètes et philosophes nous
ont appris à la reconnaître. Il y manque ce <i style="mso-bidi-font-style: normal;">schadenfreude
</i>qui fait de l’envie un vice majeur. Ce goût du plaisir honteux s’est
développé chez le colonisateur par l’expérience même de la colonisation :
«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Comment pourrait-il longtemps ne pas
voir la misère du colonisé et la relation de cette misère à son aisance?
Il s’aperçoit que ce profit si facile ne l’est tant que parce qu’il est arraché
à l’autre. En bref, il fait deux acquisitions en une : il découvre
l’existence du colonisé et du même coup </i></span><span style="mso-ansi-language: FR;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiBP74fT_ujeE-rzi2QjNyHUGmLtncbEKN5FpFIXMPV-w-0tFyFf1JVm_Z-FXMw2T45cIdYDTnnGRMmXDzMyqjn_MlZ_oBr_jfbpRoBJOOP65YsJz9n1KRufXcLbFdloC1-5F-KAsJfOws/s1600/img-3.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiBP74fT_ujeE-rzi2QjNyHUGmLtncbEKN5FpFIXMPV-w-0tFyFf1JVm_Z-FXMw2T45cIdYDTnnGRMmXDzMyqjn_MlZ_oBr_jfbpRoBJOOP65YsJz9n1KRufXcLbFdloC1-5F-KAsJfOws/s1600/img-3.jpg" height="400" width="305" /></a>son propre privilège</i>» (A. Memmi. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 31-32). Ce rapport malsain, la
bourgeoisie occidentale avait refusé de le voir à travers l’exploitation
industrielle qui permettait aux actionnaires des capitaux de s’enrichir du
travail d’une masse prolétarisée, appauvrie et maltraitée. Dans la colonie, le
rapport saute immédiatement aux yeux; impossible de le dissimuler. La diversité de races entre colonisateurs et colonisés
classifie sans critique l’aspect «naturel» de la répartition des avantages. Ce
que Memmi appelle <i style="mso-bidi-font-style: normal;">l’usurpation</i> à
travers la campagne militaire qui a fait tomber un territoire étranger sous la
coupe de la métropole se trouve aussitôt justifié : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Comment l’usurpation peut-elle essayer de passer pour légitimité?
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiBP74fT_ujeE-rzi2QjNyHUGmLtncbEKN5FpFIXMPV-w-0tFyFf1JVm_Z-FXMw2T45cIdYDTnnGRMmXDzMyqjn_MlZ_oBr_jfbpRoBJOOP65YsJz9n1KRufXcLbFdloC1-5F-KAsJfOws/h120/img-3.jpg">Deux démarches</a> semblent possibles : démontrer les mérites éminents de
l’usurpateur, si éminents qu’ils appellent une telle récompense; ou
insister sur les démérites de l’usurpé, si profonds qu’ils ne peuvent que
susciter une telle disgrâce. Et ces deux efforts sont en fait inséparables. Son
inquiétude, sa soif de justification exigent à la fois, qu’il se porte lui-même
aux nues, et qu’il enfonce l’usurpé plus bas que terne</i>» (A » Memmi. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 64). Ici, l’envie fait le lit
de la jalousie du colonisé qui voit dans le colonisateur cet «être supérieur»
que ce dernier s’est créé suite à sa réussite colonisatrice. En fait, cette
justification est répandue dans l’ensemble de l’Occident, même ceux chez qui on
serait amené à penser une vision plus subtile du fait colonial.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;">Memmi a d’ailleurs raison de considérer que les
deux démarches finissent par se rencontrer. C’est ainsi que Marx et Engels
justifient le triomphe des États-Unis sur le Mexique dans la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjQdusIyUB2pfNL67M7VTtAPluQWO-XERk6i2s0yFL0I15BlNo0mbXLeUyMwV2LY-_3Kbg9YsGzHmv6USiC9SSaBMuymLr1nYyCJ6ZEq5LV6DRhSFE94ZwE6Lao_prjLY0dnUCdCt98wzc/h120/280px-Mexico_nebel.jpg">guerre de 1848</a> où
une immense portion du territoire mexicain tombe entre les mains du Président
Polk :: «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">…est-ce un malheur que la
</i></span><span style="mso-ansi-language: FR;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjQdusIyUB2pfNL67M7VTtAPluQWO-XERk6i2s0yFL0I15BlNo0mbXLeUyMwV2LY-_3Kbg9YsGzHmv6USiC9SSaBMuymLr1nYyCJ6ZEq5LV6DRhSFE94ZwE6Lao_prjLY0dnUCdCt98wzc/s1600/280px-Mexico_nebel.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjQdusIyUB2pfNL67M7VTtAPluQWO-XERk6i2s0yFL0I15BlNo0mbXLeUyMwV2LY-_3Kbg9YsGzHmv6USiC9SSaBMuymLr1nYyCJ6ZEq5LV6DRhSFE94ZwE6Lao_prjLY0dnUCdCt98wzc/s1600/280px-Mexico_nebel.jpg" height="261" width="400" /></a>splendide Californie soit arrachée aux Mexicains paresseux qui ne savaient
qu’en faire? Est-ce un malheur que les énergi-</i></span><br />
<span style="mso-ansi-language: FR;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">ques Yankees, en exploitant
rapidement les mines d’or qu’elle recèle augmentent les moyens monétaires,
qu’ils concentrent en peu d’années sur cette rive éloignée de l’Océan Pacifique
une population dense et un commerce étendu, qu’ils fondent de grandes villes,
qu’ils créent de nouvelles liaisons maritimes, qu’ils établissent une voie
ferrée de New York à San Francisco, qu’il ouvrent vraiment pour la première
fois l’Océan Pacifique à la civilisation et que, pour la troisième fois dans
l’histoire, ils donnent au commerce mondial une nouvelle direction? </i>(F.
Engels. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Neue Rheinische Zeitung</i>,
janvier-février 1849). Ici, le dénigrement des colonisés (les Mexicains)
précède même la mise en valeur des <i style="mso-bidi-font-style: normal;">énergiques
Yankees.</i></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;">Contrairement à l’exemple exposé par Hegel dans
sa <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Phénoménologie, </i>dans lequel le maître ignore l'esclave alors que l’esclave tire de sa position
d’objet – d’étant – la dialectique qui lui permettra de se reconnaître en tant
que sujet, le colonisateur a besoin du colonisé pour se définir positivement et
ainsi dominer sa haine de soi, la haine de la médiocrité bourgeoise de son existence, de son aliénation forcée à sa condition face aux métropoliltains :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">En vérité,
la distance entre le maître et le serviteur n’est jamais assez grande. Presque
toujours, le colonialiste se livre également à la dévalorisation systématique
du colonisé.</i></span></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-ansi-language: FR;">Ah!
là-dessus, il n’est pas nécessaire de le pousser : il est plein de son
sujet, qui déchire sa conscience et sa vie. Il cherche à l’écarter de sa
pensée, à imaginer la colonie sans le colonisé. Une <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiellgvAuTXu8AwQV_ByJaoXLg16QmPH_Y1HZM_vgl-F0IDNIbHjQghCLlRplReM-LlbzLMLU7BjJN7TXsoLdVaWFigLNgbjKATohRj2MoBT3qRjDoSamWOsaXTtGquT4dsagR7I8uqsDE/h120/troupes-coloniales-4.jpg">boutade</a>, plus sérieuse
qu’elle n’en a l’air, affirme que “Tout serait </span></i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-ansi-language: FR;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiellgvAuTXu8AwQV_ByJaoXLg16QmPH_Y1HZM_vgl-F0IDNIbHjQghCLlRplReM-LlbzLMLU7BjJN7TXsoLdVaWFigLNgbjKATohRj2MoBT3qRjDoSamWOsaXTtGquT4dsagR7I8uqsDE/s1600/troupes-coloniales-4.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiellgvAuTXu8AwQV_ByJaoXLg16QmPH_Y1HZM_vgl-F0IDNIbHjQghCLlRplReM-LlbzLMLU7BjJN7TXsoLdVaWFigLNgbjKATohRj2MoBT3qRjDoSamWOsaXTtGquT4dsagR7I8uqsDE/s1600/troupes-coloniales-4.jpg" height="400" width="276" /></a>parfait… s’il n’y avait pas les
indigènes”. Mais le colonialiste se rend compte que, sans le colonisé, la
colonie n’aurait plus aucun sens. Cette insupportable contradiction le remplit
d’une fureur, d’une haine toujours prête à se déchaîner sur le colonisé,
occasion innocente mais fatale de son drame. Et pas seulement s’il est policier
ou un spécialiste de l’autorité, dont les habitudes professionnelles trouvent
en colonie des possibilités inespérées d’épanouissement. J’ai vu avec
stupéfaction de paisibles fonctionnaires, des enseignants, courtois et bien disants
par ailleurs, se muer subitement, sous des prétextes futiles, en monstres
vociférants. Les accusations les plus absurdes sont portées contre le colonisé.
Un vieux médecin m’a confié, avec un mélange de hargne et de gravité, que le
“colonisé ne sait pas respirer"; un professeur m’a expliqué doctement
que : “Ici, on ne sait pas marcher, on fait de tout petits pas, qui ne
font pas avancer”, d’où cette impression de piétinement, caractéristique,
paraît-il, des rues en colonie. La dévaluation du colonisé s’étend ainsi à tout
ce qui le touche. À son pays. Qui est laid, trop chaud, étonnamment froid,
malodorant, au climat vicieux, à la géographie si désespérée qu’elle le
condamne au mépris et à la pauvreté, à la dépendance pour l’éternité.</span></i></div>
</blockquote>
<div style="text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiecRu4pxPof2C0NiqIv3u0FYljB85OD4HKcCAvztSYLS6IAt9Uff7UsMa68eNAd57PxU1HUTHE5BM_8FsxEn-UuOSlqWzx2q2YEO2zMOP0pBwReNbmPIi5bXg-i2G__lUMheDxJ1L0X54/s1600/fonck3.jpeg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiecRu4pxPof2C0NiqIv3u0FYljB85OD4HKcCAvztSYLS6IAt9Uff7UsMa68eNAd57PxU1HUTHE5BM_8FsxEn-UuOSlqWzx2q2YEO2zMOP0pBwReNbmPIi5bXg-i2G__lUMheDxJ1L0X54/s1600/fonck3.jpeg" height="262" width="400" /></a></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-ansi-language: FR;">Cet
abaissement du colonisé, qui doit expliquer son <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiecRu4pxPof2C0NiqIv3u0FYljB85OD4HKcCAvztSYLS6IAt9Uff7UsMa68eNAd57PxU1HUTHE5BM_8FsxEn-UuOSlqWzx2q2YEO2zMOP0pBwReNbmPIi5bXg-i2G__lUMheDxJ1L0X54/h120/fonck3.jpeg">dénuement</a>, sert en même temps
de repoussoir à la positivité du colonialiste. Ces accusations, ces jugements
irrémédiablement négatifs sont toujours portés par </span></i><span style="mso-ansi-language: FR;">référence à la métropole, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">c’est-à-dire, nous avons vu par quel détour, par référence au
colonialiste lui-même. Comparaisons morales ou sociologiques, esthétiques ou
géographiques, explicites insultantes ou allusives et discrètes, mais toujours
en faveur de la métropole et du colonialiste. </i>Ici, les gens d’ici les mœurs
de ce pays, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">sont toujours inférieurs, et
de loin, en vertu d’un ordre fatal et préétabli</i>» (A. Memmi. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 74-75)</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;">Le colonisateur ressemblerait donc davantage au
garçon de café décrit par Sartre. Il amplifie son comportement, il surévalue sa
présence dans un monde marqué par la déchéance ethnique ou géographique. </span><span style="mso-ansi-language: FR;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgma-zOun7j7kuZXrgab0H_QmLbEWURwO1egJIlmt0CcyEsgOFRU7A8tRlnHbGcRSKy02oqV9rkNn3ueJBxcb2rck1rkvf9YglYz03lyESWK3a536aqTqLzItGiDAyi8S829efUAUX4FIs/s1600/venushottentote.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgma-zOun7j7kuZXrgab0H_QmLbEWURwO1egJIlmt0CcyEsgOFRU7A8tRlnHbGcRSKy02oqV9rkNn3ueJBxcb2rck1rkvf9YglYz03lyESWK3a536aqTqLzItGiDAyi8S829efUAUX4FIs/s1600/venushottentote.jpg" height="245" width="400" /></a>Il
lit Montes-</span><br />
<span style="mso-ansi-language: FR;">quieu pour se trouver une expli-</span><br />
<span style="mso-ansi-language: FR;">cation des <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgma-zOun7j7kuZXrgab0H_QmLbEWURwO1egJIlmt0CcyEsgOFRU7A8tRlnHbGcRSKy02oqV9rkNn3ueJBxcb2rck1rkvf9YglYz03lyESWK3a536aqTqLzItGiDAyi8S829efUAUX4FIs/h120/venushottentote.jpg">malfor-</a></span><br />
<span style="mso-ansi-language: FR;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgma-zOun7j7kuZXrgab0H_QmLbEWURwO1egJIlmt0CcyEsgOFRU7A8tRlnHbGcRSKy02oqV9rkNn3ueJBxcb2rck1rkvf9YglYz03lyESWK3a536aqTqLzItGiDAyi8S829efUAUX4FIs/s1600/venushottentote.jpg">mations</a> du colonisé.
Il cultivera le racisme pour marquer une essence transcendantale que
l’anthropologie «scientifique» et la biologie finiront par accréditer comme des
faits objectifs. D’où l’orgueil, l’arrogance, la vanité outrancière des
colonisateurs. Même rendus à l’ère du tiers-mondisme, les héritiers de ces
préjugés considéreront que la décolonisation ne peut se faire sans l’aide des
métropolitains. Après avoir amené la civilisation, la distribution de la
liberté se fera en sus, presque comme un cadeau volontaire des métropolitains!</span><br />
<span style="mso-ansi-language: FR;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;">Le colonisateur a donc une subjectivité aliénée à
une fonction, celle précisément de maintenir la colonie, et </span><span style="mso-ansi-language: FR;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgSlLMeLaN6b-nPvBEzY_SLBhiA0Am6dq-2uBdHodGNnGOQOTEYJU5kWTAQG8aCk85XQm9f7rfrFEDr654q7Vmj3xRGjX1XxcKL5a9aBv6EVigKkvlPcLzKMwkjXrX4e6fohsDtAvxtI10/s1600/0000-5454.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgSlLMeLaN6b-nPvBEzY_SLBhiA0Am6dq-2uBdHodGNnGOQOTEYJU5kWTAQG8aCk85XQm9f7rfrFEDr654q7Vmj3xRGjX1XxcKL5a9aBv6EVigKkvlPcLzKMwkjXrX4e6fohsDtAvxtI10/s1600/0000-5454.jpg" height="400" width="288" /></a>surtout les
colonisés, dans son statut d’exploitation. L’individu s’absorbe complètement en sa fonction, voilà pourquoi le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgSlLMeLaN6b-nPvBEzY_SLBhiA0Am6dq-2uBdHodGNnGOQOTEYJU5kWTAQG8aCk85XQm9f7rfrFEDr654q7Vmj3xRGjX1XxcKL5a9aBv6EVigKkvlPcLzKMwkjXrX4e6fohsDtAvxtI10/h120/0000-5454.jpg">médecin</a> donne des diagnostics absurdes et le professeur
vocifère. Une fois le vernis éclaté, la frustration et les ressentiments
sautent au grand jour. Aussi, Memmi pourra dire que les coloniaux sont
essentiellement conservateurs et parfois même fascistes. L’équivalent du
cabaret du serveur – l’étant – étant l’ensemble des ressources qui font envies
et des colonisés qui nuisent au bon ordre des choses. L’éruption des révoltes
apparaît comme un retour de la sauvagerie chez les autochtones et, comme
l’enseigne l’hygiène de l’époque, il faut exterminer tous les germes qui
peuvent causer la débilité, voire la mort de la Civilisation en marche. Nous détenons
ici la clé de ce que nous raconte l’histoire du colonialisme.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;">Le philosophe Bertrand Russell (1872-1970) raconte comment la
révolte des Métabélés en Afrique du Sud a été traité de cette façon, mais il
raconte aussi comment, contrairement à l’espoir des colonisateurs, les «étants»
ont commencé à acquérir une notion de subjectivité à l’issue de cette
opération : «<i>En 1896, après que Jameson eût été fait prisonnier par les Boers, les Matabélés firent une tentative désespérée pour </i></span><span style="mso-ansi-language: FR;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj12CWbSkPi4CfP7o-sM9M9AROsuUU4K7Z4MHU07P292KnyCpoaebhhflQObTuGAYH_rLhLso0pbq0ozCq19dX4ulOVmIAKJgIma3S6uFu4_hiOwUnjxAbbCwf0IKezSZyOKaZ2pa4RKe8/s1600/250px-After_mlimo.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj12CWbSkPi4CfP7o-sM9M9AROsuUU4K7Z4MHU07P292KnyCpoaebhhflQObTuGAYH_rLhLso0pbq0ozCq19dX4ulOVmIAKJgIma3S6uFu4_hiOwUnjxAbbCwf0IKezSZyOKaZ2pa4RKe8/s1600/250px-After_mlimo.jpg" height="400" width="307" /></a>recouvrer leur liberté par une rébellion; mais ils furent naturellement <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj12CWbSkPi4CfP7o-sM9M9AROsuUU4K7Z4MHU07P292KnyCpoaebhhflQObTuGAYH_rLhLso0pbq0ozCq19dX4ulOVmIAKJgIma3S6uFu4_hiOwUnjxAbbCwf0IKezSZyOKaZ2pa4RKe8/h120/250px-After_mlimo.jpg">vaincus</a>, et à partir de ce moment, ils ne causèrent plus d'ennuis. Un tribut de deux livres par an fut imposé à chaque indigène, qui devait gagner ces livres en travaillant pour un salaire. Ainsi, les deux problèmes du revenu et des salaires furent résolus ensemble. Mais les Matabélés, selon un missionnaire bien connu, Monsieur Carnegie, ne sont pas reconnaissants, et disent : "Nous n'avons plus de pays; nous n'avons plus de bétail; notre peuple est dispersé; nous n'avons aucun but dans la vie; nos femmes nous abandonnent; l'homme blanc en fait ce qu'il veut; nous sommes les esclaves de l'homme blanc; nous ne sommes personne, et n'avons ni droits ni lois d'aucune sorte"</i>» (B. Russell. <i>Histoire des idées au XIXe siècle, </i>Paris, Gallimard, Col. Bibliothèque des Idées, 1951, p. 363). On ne pouvait mieux exprimer la <i>table rase </i>ontologique que le colonialisme faisait subir aux peuples vaincus et colonisés, créant ainsi le nid de la jalousie qui devait y croître progressivement et montrer ses effets pervers lors des lendemains de l'Indépendance. </span><br />
<br />
<span style="mso-ansi-language: FR;">Si le colonisé est celui qui subit la plus profonde transformation ontologique, le colonisateur, de son côté, subit également une modification de sa personnalité. Une fois que les convoitises en richesses, en propriétés et en commerces sont satisfaites, il y a encore beaucoup de place pour les fantasmes et les jalousies. </span><span style="mso-ansi-language: FR;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhWNjoZWP4zZqsKVIUtjvbnPVv-kLrsVmozLkIwZxIBbc_jEOOlrawlcMhMH58_Ze1h2VOb8ubdl4E0CQuPTBVcDH0dtI1QgWkrSfeLlf80BQ9jQIV5hwDi505KQY2LeQt4HxXgGxlegWE/s1600/Algerian-male-circa-1900.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhWNjoZWP4zZqsKVIUtjvbnPVv-kLrsVmozLkIwZxIBbc_jEOOlrawlcMhMH58_Ze1h2VOb8ubdl4E0CQuPTBVcDH0dtI1QgWkrSfeLlf80BQ9jQIV5hwDi505KQY2LeQt4HxXgGxlegWE/s1600/Algerian-male-circa-1900.jpg" height="400" width="273" /></a>L'historien américain Peter Gay rappelle que le XIXe siècle «<i>fut une période de colonisation frénétique; les grandes puissances et celles qui aspiraient à le devenir s'engageant dans une véritable course pour annexer les territoires considérés comme essentiels à leurs ambitions stratégiques ou logistiques. Qu'ils y fussent envoyés en mission officielle ou qu'ils eussent choisi de s'y rendre de leur propre initiative, les aventuriers avaient toute latitude d'y organiser leurs affaires dans une relative impunité. Dans ces régions lointaines qui attiraient peu les visiteurs, ils pouvaient donner libre cours à leurs pulsions agressives. Jusqu'aux missionnaires et aux explorateurs qui confondirent assez souvent agressivité et attirance sexuelle. Les homosexuels ressentirent un trouble profond devant le corps des <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhWNjoZWP4zZqsKVIUtjvbnPVv-kLrsVmozLkIwZxIBbc_jEOOlrawlcMhMH58_Ze1h2VOb8ubdl4E0CQuPTBVcDH0dtI1QgWkrSfeLlf80BQ9jQIV5hwDi505KQY2LeQt4HxXgGxlegWE/h120/Algerian-male-circa-1900.jpg">indigènes mâles</a> et les hétérosexuels s'émerveillèrent de celui de leurs <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiaMXdkOV7hFe55bwwqY19LV7QHwFVcO75bD2yGe-0h2gbbi2nVPUDHnvkHIaysJ6yJ8Qgthiomqi1dGdwLYe3JejBXCl2tgRbR5y10kxqIun7rVn-x-s8mEigu8TaA-oxZFwJLOpF61Ps/h120/Reiser_-_Jeune_barbarine.jpg">compagnes</a>, chacun, à son retour, rapportant au pays des récits enfiévrés enjolivés de seins, de jambes et de fesses nues. La conduite de ces coloniaux, marquée au minimum par l'arrogance et trop souvent par le sadisme le plus brutal, se justifiait par des raisons éducatives. Certains en étaient même intimement convaincus. La jungle, les climats tropicaux, les villages tribaux n'étaient pas faits pour </i></span><span style="mso-ansi-language: FR;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiaMXdkOV7hFe55bwwqY19LV7QHwFVcO75bD2yGe-0h2gbbi2nVPUDHnvkHIaysJ6yJ8Qgthiomqi1dGdwLYe3JejBXCl2tgRbR5y10kxqIun7rVn-x-s8mEigu8TaA-oxZFwJLOpF61Ps/s1600/Reiser_-_Jeune_barbarine.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiaMXdkOV7hFe55bwwqY19LV7QHwFVcO75bD2yGe-0h2gbbi2nVPUDHnvkHIaysJ6yJ8Qgthiomqi1dGdwLYe3JejBXCl2tgRbR5y10kxqIun7rVn-x-s8mEigu8TaA-oxZFwJLOpF61Ps/s1600/Reiser_-_Jeune_barbarine.jpg" height="400" width="246" /></a>des marchands timorés et des bourgeois rangés. Ceux qui pouvaient s'adapter à ces régions et à ces conditions étaient des hommes dotés de qualités athlétiques et d'un caractère assez souvent autodestructeur. C'étaient des boucaniers de l'ère industrielle, des gens sans foi ni loi, dotés d'une hypertrophie de l'ego parfaitement authentique ou soigneusement entretenue</i>» (P. Gay. <i>La culture de la haine, </i>Paris, Plon, 1998, p. 97). En fait d'homosexuels pâmés devant le corps des colonisés, on peut penser au maréchal Lyautey, Oscar Wilde et André Gide se donnaient rendez-vous en Algérie; côté hétérosexuel, on pense à Pierre Loti et à Gauguin. Une certaine vision de l'<i>être-ensemble, </i>vision océanique infantile ou cosmopolitique idéaliste, pouvait naître du statut du colonisateur qui dépassait celui de l'aliénation à la fonction, mais cette modalité se pratiquait surtout par des métropolitains qui n'avaient que fort peu, sinon pas d'attache du tout, avec le milieu des affaires coloniales. L'exotisme des colonisations faisait rêver ceux qui vivaient loin de l’enfer colonial. </span><br />
<br />
<span style="mso-ansi-language: FR;">On voit très mal l'armée partager une expérience d'<i>être-ensemble </i>avec les indigènes dans le contexte de l'expansion coloniale. Car la conquête - l'<i>usurpation </i>- ne fut pas menée par les marchands ni les missionnaires, mais bien par les militaires. Aussi bien les Anglais en Inde que les Américains dans l'Ouest, c'est l'armée la tête de pont de la conquête coloniale. Pourtant, la modalité de l’<i>être-ensemble </i>surgit lorsque l'historien britannique Theodore Zeldin rappelle la façon dont l’armée assura son établissement en Algérie:</span><br />
<blockquote class="tr_bq">
<span style="mso-ansi-language: FR;"> «<i>L’empire fut conquis par des soldats (ou, dans le cas de l’Indochine, par la marine), aussi l’armée exerça-t-elle pendant longtemps une influence déterminante sur la manière de traiter les indigènes. Son objectif principal était de garder les colonies sous son seul contrôle. Elle s’opposait non seulement aux indigènes mais aussi aux Français qui </i></span><span style="mso-ansi-language: FR;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjIZhIo1-GcT-eJAunFSiAuTGkPU1vQ0ni9m8zGjKR2VBP3GitTDTY-6HuTft2gURnjSybmJeqzvG4yVYSZzhcqKqDxTfAALtTotbfKIQXrXXSUVZSyGTOkP2CK5Bl3z0B_0IDwtzT9fls/s1600/bugeaudalg.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjIZhIo1-GcT-eJAunFSiAuTGkPU1vQ0ni9m8zGjKR2VBP3GitTDTY-6HuTft2gURnjSybmJeqzvG4yVYSZzhcqKqDxTfAALtTotbfKIQXrXXSUVZSyGTOkP2CK5Bl3z0B_0IDwtzT9fls/s1600/bugeaudalg.jpg" height="295" width="320" /></a>voulaient s’installer ou faire de l’argent dans le sillage de la conquête : elle prit donc la défense des indigènes qu’il fallait protéger de l’exploitation des colons. […] <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjIZhIo1-GcT-eJAunFSiAuTGkPU1vQ0ni9m8zGjKR2VBP3GitTDTY-6HuTft2gURnjSybmJeqzvG4yVYSZzhcqKqDxTfAALtTotbfKIQXrXXSUVZSyGTOkP2CK5Bl3z0B_0IDwtzT9fls/h120/bugeaudalg.jpg">Bugeaud</a> avait le plus profond mépris pour les colons, en qui il voyait la lie de la société française : il essaya de protéger les Arabes de leurs déprédations, et d’utiliser de préférence l’armée à l’aménagement du territoire : il la transforma en une vaste entreprise de travaux publics, lui faisant construire des routes et défricher la terre : il se fit leur allié contre les spéculateurs de la ville. Il respecta la tradition, et conserva donc le système arabe de l’impôt. Ainsi l’armée devint-elle non seulement celle qui avait conquis les indigènes, mais aussi celle qui les protégeait des capitalistes et des intermédiaires qui essayaient, eux aussi, de les exploiter. Quand les indigènes cessèrent de résister les armes à la main, l’armée devint l’avocate du paternalisme</i>» (T. Zeldin. <i>Histoire des passions française, t. 5: Anxiété et hypocrisie, </i>Paris, Seuil, Col. Points-Histoire, # H55, 1981, p. 185).</span></blockquote>
Bugeaud était un homme qui tenait son armée bien en main. Lyautey pouvait faire face aux tracasseries administratives de la métropole et conserver le respect du roi du Maroc. Par contre un Custer était un <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiGYe7lgk_aulSsl-AokQo4B6qBoXzg4nOqF4xhRYMXaASiPuzfq-PR4O37E0Z1hDs46ZopeKxQlAJFWquKyCI2q-p3xnLrmvUWO3ZCA0NHEfxO8hxH1vUVq6hPIYmsuQmfkO4B09ljIhI/s1600/Joseph_Conrad.PNG" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiGYe7lgk_aulSsl-AokQo4B6qBoXzg4nOqF4xhRYMXaASiPuzfq-PR4O37E0Z1hDs46ZopeKxQlAJFWquKyCI2q-p3xnLrmvUWO3ZCA0NHEfxO8hxH1vUVq6hPIYmsuQmfkO4B09ljIhI/s1600/Joseph_Conrad.PNG" height="400" width="270" /></a>officier tête brûlée et sa défaite à Little Big Horn (1876) fut le résultat de son outrecuidance et de son mépris des Sioux. Ainsi, lorsqu’une armée se trouvait démunie d’un commandement sachant tenir ses hommes et négocier avec les indigènes, les pires horreurs pouvaient en découler. C’est ce que raconte <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiGYe7lgk_aulSsl-AokQo4B6qBoXzg4nOqF4xhRYMXaASiPuzfq-PR4O37E0Z1hDs46ZopeKxQlAJFWquKyCI2q-p3xnLrmvUWO3ZCA0NHEfxO8hxH1vUVq6hPIYmsuQmfkO4B09ljIhI/h120/Joseph_Conrad.PNG">Joseph Conrad</a> (1857-1924) dans son roman <i>Au cœur des ténèbres </i>(1899). Ce roman s’inspira, en partie, d’un fait dramatique qui se déroulait en Afrique centrale à peu près au même moment, et qui se confond avec son intrigue :<br />
<blockquote class="tr_bq">
«<i>C’est en mai 1898 que le général Lebon, ministre de la Guerre, confie à deux "brillants officiers" (Gaffarel), la direction de la mission "Afrique centrale" destinée à visiter les pays situés entre le Soudan français et le Tchad, afin d’assurer à la France le contrôle du cœur de l’Afrique. Partisans de la manière forte, Voulet, fils de médecin, et Chanoine, fils du général un instant (septembre-octobre 1898) ministre de la Guerre, réunissent à Sassané-Haoussa, à 100 kilomètres en amont de Say, le 1er janvier 1899, une expédition de près de 2 000 hommes, qui devra, pour une large part, vivre sur le terrain. La moindre résistance de la population se traduit par des exécutions, y compris femmes et enfants; aussi la mission trouve-t-elle, le plus souvent, villages déserts et puits bouchés. L’échec menaçant, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjBcvpd7LxGu8gG2Fo7wCC2-1-iUa9BS1if9B_diaELI040Z9XrkPF_U6R34pjDaZZZMchzEfphTZvlAmWeIDzAgxVvYnWoV29moWx-9k4iYIWPHRyMbe83QvWdyvsa4EhGQRNGlBYCrZc/h120/Voulet+y+Chanoine.jpg">Voulet et Chanoine</a> décident, malgré leurs instructions, d’aller au plus court, à travers un territoire attribué à l’Angleterre : ils décident de rompre tout contact avec leurs chefs, et les exactions et atrocités s’amplifient : le 9 mai 1899, la ville de Birni N’Konni (10 000 habitants) est rayée de la carte, tandis qu’en juillet 150 femmes et enfants sont tués à Koran-Halgo.</i></blockquote>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjBcvpd7LxGu8gG2Fo7wCC2-1-iUa9BS1if9B_diaELI040Z9XrkPF_U6R34pjDaZZZMchzEfphTZvlAmWeIDzAgxVvYnWoV29moWx-9k4iYIWPHRyMbe83QvWdyvsa4EhGQRNGlBYCrZc/s1600/Voulet+y+Chanoine.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjBcvpd7LxGu8gG2Fo7wCC2-1-iUa9BS1if9B_diaELI040Z9XrkPF_U6R34pjDaZZZMchzEfphTZvlAmWeIDzAgxVvYnWoV29moWx-9k4iYIWPHRyMbe83QvWdyvsa4EhGQRNGlBYCrZc/s1600/Voulet+y+Chanoine.jpg" height="215" width="400" /></a></div>
<blockquote class="tr_bq">
<i>Pendant ce temps, une description des méthodes employées par la mission vient à la connaissance des ministres des Colonies, par l’intermédiaire d’une lettre adressée à sa fiancée, par le lieutenant Peteau, expulsé de la mission, fin janvier, pour inaptitude et indiscipline. En avril, le gouvernement décide, si ces faits sont prouvés, de déférer Voulet et Chanoine en conseil de guerre, et chargent le colonel Klobb de rechercher la mission et d’en prendre le commandement. Assisté du lieutenant Meynier, Klobb rejoint la mission, </i><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh6ma097pTXB70seiHG2D4KSfxr1YTXcLlwKNXKpnGhpjw-fEn_-VqecTbY81LhiKid6V30lvvs41KXdKMrr83VOB-J-iMqRmjiQAf_V2pX8sZID1nsDDB8hlNPbU-CszZvMeq-E0VJ15o/s1600/tiraill2.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh6ma097pTXB70seiHG2D4KSfxr1YTXcLlwKNXKpnGhpjw-fEn_-VqecTbY81LhiKid6V30lvvs41KXdKMrr83VOB-J-iMqRmjiQAf_V2pX8sZID1nsDDB8hlNPbU-CszZvMeq-E0VJ15o/s1600/tiraill2.jpg" height="255" width="320" /></a>qui fonce vers l’est, près du bois de Dankori, le 14 juillet : Voulet fait <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh6ma097pTXB70seiHG2D4KSfxr1YTXcLlwKNXKpnGhpjw-fEn_-VqecTbY81LhiKid6V30lvvs41KXdKMrr83VOB-J-iMqRmjiQAf_V2pX8sZID1nsDDB8hlNPbU-CszZvMeq-E0VJ15o/h120/tiraill2.jpg">ouvrir le feu</a>, Klobb est tué et Meynier blessé. Il tient ensuite à ses troupes un discours étrange : "Quant à moi, je suis hors-la-loi, je renie ma famille, mon pays, je ne suis plus Français, je suis un chef noir. L’Afrique est grande, j’ai six cents hommes qui me sont dévoués; pour me prendre, il faudra cinq mille hommes et vingt millions; je ne crains rien. Je ne regrette rien de ce que j’ai fait… En somme, mon action de ce matin n’est autre chose qu’un coup d’État. Si nous étions à Paris, je serais aujourd’hui le maître de la France". Peut-être une "soudanite" aiguë a-t-elle aggravé les choses, mais "il est fort possible que [Voulet et Chavoine] aient cru que leur troupe de spadassins, dévouée corps et âme après un tel acte, leur permettrait d’atteindre le Tchad sans coup férir et de s’y tailler un vaste territoire dont la cession à la France effacerait leurs crimes. Pensées presque normales chez des officiers imbus de leur rôle, sûrs de leurs soutiens à Paris, et n’ayant pas l’impression d’avoir outre-passé leur mission en transformant leur colonne en force infernale". Ce commentaire illustre bien, en effet, la vraie question posée par cette affaire : comment définir les termes d’"exactions" et d’"abus" dans le contexte d’une conquête coloniale?</i></blockquote>
<div style="text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh2hINFSmVBOWl_AO9v8MOEyUGsztjYJiNL-8d1Kh5FZ2WsKz-2By9hBgfiwA4BDZ_H6h2DBRtYipWmOcAehv8c6axratOJwWjM3zB38etYmJpcgncopkjklA4cKl8dvfbUZW5eFIIjyR0/s1600/Photos1906_Voulet_Chanoine_graves_Maijirgui_Niger.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh2hINFSmVBOWl_AO9v8MOEyUGsztjYJiNL-8d1Kh5FZ2WsKz-2By9hBgfiwA4BDZ_H6h2DBRtYipWmOcAehv8c6axratOJwWjM3zB38etYmJpcgncopkjklA4cKl8dvfbUZW5eFIIjyR0/s1600/Photos1906_Voulet_Chanoine_graves_Maijirgui_Niger.jpg" height="320" width="400" /></a></div>
<blockquote class="tr_bq">
<i>Voulet et Chanoine comptaient sans leurs tirailleurs qui ne pensaient, eux, qu’au retour au pays; cet espoir leur étant enlevé, Chanoine est <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh2hINFSmVBOWl_AO9v8MOEyUGsztjYJiNL-8d1Kh5FZ2WsKz-2By9hBgfiwA4BDZ_H6h2DBRtYipWmOcAehv8c6axratOJwWjM3zB38etYmJpcgncopkjklA4cKl8dvfbUZW5eFIIjyR0/h120/Photos1906_Voulet_Chanoine_graves_Maijirgui_Niger.jpg">tué</a> le 16 juillet, Voulet le 17. </i><i>Reconstituée, la mission prend Zinder et met la ville à sac, le 29 juillet. Mais devant la révolte qui gronde, Pallier ramène le gros des troupes au Soudan, tandis que Joualland et Meynier, avec 200 tirailleurs, atteignent le lac de Tchad en octobre, où les rejoindra la mission Foureau-Lamy. Puis, ensemble, ils remonteront le Chari, feront leur jonction avec Gentil, à Mandiafa, le 11 avril 1900</i>» (J. Thobie et G. Meynier. <i>Histoire de la France coloniale, t. 2: l’apogée, </i>Paris, Presse Pocket, 1996, pp. 167-169).</blockquote>
Il est incontestable que l’affaire Voulet-Chanoine est une exception dans <i>le livre noir du colonialisme, </i>mais elle représente l’esprit colonialiste poussé à son extrême. Les textes que nous avons des deux officiers <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhGCrVO1RowdClf4Jk-5APLrWkGWjuGmCjZPAC9H2CFJGGSIGYo7-avwQpKGQVtWT72rBmz-KYSMK5ew3bMjzJCQ7JcCzeJLx0cN3hEkRbbSYAJwMLs91O0WsmaZm3jlv0cOP-TVBL5JWs/s1600/184_voulet1.gif" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhGCrVO1RowdClf4Jk-5APLrWkGWjuGmCjZPAC9H2CFJGGSIGYo7-avwQpKGQVtWT72rBmz-KYSMK5ew3bMjzJCQ7JcCzeJLx0cN3hEkRbbSYAJwMLs91O0WsmaZm3jlv0cOP-TVBL5JWs/s1600/184_voulet1.gif" height="400" width="226" /></a>expriment la pensée profonde de la civilisation occidentale devant le monde inconnu et inquiétant de l’Afrique. La violence est la mesure de toutes choses selon <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhGCrVO1RowdClf4Jk-5APLrWkGWjuGmCjZPAC9H2CFJGGSIGYo7-avwQpKGQVtWT72rBmz-KYSMK5ew3bMjzJCQ7JcCzeJLx0cN3hEkRbbSYAJwMLs91O0WsmaZm3jlv0cOP-TVBL5JWs/h120/184_voulet1.gif">Voulet</a> : «<i>Au mieux, il pratique l’arrachage des culture de mil, au pire il brûle et tue, n’hésitant pas à détruire et à raser des villages entiers, comme il le signale lui-même dans un rapport au gouverneur du Soudan en 1896 : "Les trois villages de Ouélé, Boré et Gassam qui, au cours de cette marche en pays Samo, nous ont attaqués, ont été entièrement détruits et rasés"</i>» (M. Pierre. «L’affaire Voulet-Chanoine», in L’Histoire : <i>Le temps des colonies, </i>Seuil, Coll. # 11, 2001, p. 18). <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi3_pV9YhMhWkkM188lpccI_raut00mBKd0BhTSEYKmgt3-UYyvCILcZc4dEU8a45To63UM1Jn-CWNJBumgPPmGpPdHFjmf8-LoZlG6N8axfEroc9E3xHwvNzjX-fR4XSTHeTwM7jgp1Ks/h120/Julienchanoine.JPG">Chanoine</a> ne fait pas non plus dans la dentelle, mais ses considérations complètent de façon «pratique» ce que les manuels véhiculent de manière purement théorique : « <i>"Trève de </i><i><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi3_pV9YhMhWkkM188lpccI_raut00mBKd0BhTSEYKmgt3-UYyvCILcZc4dEU8a45To63UM1Jn-CWNJBumgPPmGpPdHFjmf8-LoZlG6N8axfEroc9E3xHwvNzjX-fR4XSTHeTwM7jgp1Ks/s1600/Julienchanoine.JPG" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi3_pV9YhMhWkkM188lpccI_raut00mBKd0BhTSEYKmgt3-UYyvCILcZc4dEU8a45To63UM1Jn-CWNJBumgPPmGpPdHFjmf8-LoZlG6N8axfEroc9E3xHwvNzjX-fR4XSTHeTwM7jgp1Ks/s1600/Julienchanoine.JPG" height="400" width="336" /></a></i>diplomatie et de conciliation avec des barbares qui ne comprennent que la force […]". Il ne faut pas hésiter à imposer des corvées aux habitants, à les forcer enfin à travailler. Au demeurant, ce sont là propos courants à une époque où les ouvrages consacrés à l’Afrique confortent cette vision : "Le nègre sauvage et barbare est capable de toutes les turpitudes et, malheureusement, Dieu sait pour quoi, il semble être condamné dans son pays d’origine à la sauvagerie, à la barbarie à perpétuité […]. Le manque de toute idée de progrès, de toute morale ne lui permet pas de se rendre compte de la valeur incalculable, de la puissance infinie du travail, et ses seules lois sont des passions brutales, ses appétits féroces, les caprices de son imagination déréglée" [A. Dubarry]</i>» (M. Pierre. <i>ibid. </i>p. 19)<i>.</i><br />
<br />
Comment expliquer cet enfièvrement de violences et de destructions? «<i>Voulet est-il subitement devenu fou? En réalité, tout comme Chanoine, les deux hommes n’ont pas supporté l’éventualité d’être relevés de leurs fonctions par un homme pour lequel ils ont peu d’estime et refusent, après tant </i><i><i><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEghuk8HRgWtJ2qwyAWsbkytDqQKB_bqTdYKwtBSfECaR2kePnjYb5cPTYucXrvyausILImP3qc8xKUUM5DPJpmqSCHy9feG-1A7jW8ya3yqTuhaSEBhnAOgPzPkop17H5sewxehIyFlGjU/s1600/terr-afr.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEghuk8HRgWtJ2qwyAWsbkytDqQKB_bqTdYKwtBSfECaR2kePnjYb5cPTYucXrvyausILImP3qc8xKUUM5DPJpmqSCHy9feG-1A7jW8ya3yqTuhaSEBhnAOgPzPkop17H5sewxehIyFlGjU/s1600/terr-afr.jpg" height="272" width="400" /></a></i></i>d’efforts, de se voir privés de la gloire. Il est aussi possible qu’ils aient cru que leur troupe de spadas-</i><br />
<i>sins, dévoués corps et âmes après un tel acte, leur permettrait d’atteindre le Tchad sans coup férir et de s’y tailler un vaste territoire dont la cession à la France effacerait leurs crimes. Pourtant, aucun des subalternes blancs, horrifiés par les conséquences du meurtre de Klobb, n’accepte de les suivre dans leur projet insensé. Les tirailleurs ayant compris que les autres officiers désavouent leurs </i><i>chefs et, devinant l’importance d’un acte qui les met en état de rébellion, sont désorientés. Peu d’entre eux sont tentés par l’aventure et beaucoup deviennent méfiants et hostiles. À l’issue d’un incident violent lors de la défection d’une partie de la troupe, Chanoine est tué. Voulet s’enfuit avec six hommes qui finissent par l’abandonner. Il se présente, seul, le 17 juillet au matin, devant les avant-postes de la colonne rassemblée dans le village de Maygiri. Il y est tué par une sentinelle</i>» (M. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhT5RMYmv3r4x4oRckprMfscTMfHiciNUT1nb1OPT2jBbqdak6tTMQYeUbd0YW3vQw4dq85Sxk23AOvIOKPOUdrCB3GRnR0_H-1-0dUV48s3MdrdkfyvtK6xXOsir_0vA-ffhdPtz8EqqI/s1600/Mission_Voulet-Chanoine_1899.jpeg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhT5RMYmv3r4x4oRckprMfscTMfHiciNUT1nb1OPT2jBbqdak6tTMQYeUbd0YW3vQw4dq85Sxk23AOvIOKPOUdrCB3GRnR0_H-1-0dUV48s3MdrdkfyvtK6xXOsir_0vA-ffhdPtz8EqqI/s1600/Mission_Voulet-Chanoine_1899.jpeg" height="285" width="400" /></a>Pierre. <i>ibid. </i>p. 21). Au-delà de la violence des deux officiers en rupture de ban, il y a là une sonde plongée au cœur de l’aventure coloniale, comme certains esprits subtiles le réalisèrent dès l’époque: «<i>L’affaire reste d’actualité pendant plusieurs mois, faisant ainsi écrire à Jean Rodes dans La Revue blanche du 1er novembre 1899 : "De tels hommes, lâchés en maîtres dans un pays où les distances et la difficulté des relations rendent impossible tout contrôle, sous un climat qui porte à leur plus haut degré d’exaspération les passions et les vices, deviennent vite de redoutables <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEghuk8HRgWtJ2qwyAWsbkytDqQKB_bqTdYKwtBSfECaR2kePnjYb5cPTYucXrvyausILImP3qc8xKUUM5DPJpmqSCHy9feG-1A7jW8ya3yqTuhaSEBhnAOgPzPkop17H5sewxehIyFlGjU/h120/terr-afr.jpg">monstres</a>"</i>» (M. Pierre. <i>ibid. </i>p. 21). Les nations occidentales, de la même manière mais avec plus de lourdeur mais non moins d’efficacité, se voyaient lâchés en maîtres sur l’ensemble de la planète, et s’il n’y avait eu les communications modernes (par navires à vapeur, par chemins de fer, par télégraphe puis par téléphone, ensuite par machines à essences), l’arbitrarité des colonisateurs aurait été encore plus <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhT5RMYmv3r4x4oRckprMfscTMfHiciNUT1nb1OPT2jBbqdak6tTMQYeUbd0YW3vQw4dq85Sxk23AOvIOKPOUdrCB3GRnR0_H-1-0dUV48s3MdrdkfyvtK6xXOsir_0vA-ffhdPtz8EqqI/h120/Mission_Voulet-Chanoine_1899.jpeg">sanglante</a>. Voilà comment les Maoris de Nouvelle-Zélande frôlèrent l’extinction.<br />
<br />
Lorsque Voulait lançait : «<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjEOpHnG68_NDndgwoU-1T5ZlNq0-6atTToiNpiCL81BQ3frvndSlRKcIK9rgc9UXeu39ZaJ03vS7PYigetkW8f7G54TQSF-ZglvWcFmBl79GXsDdUIfF4hEe_XX_Si01AKNdluefdmTIw/h120/rois-africains-roi-africain-7-img.jpg"><i>Je suis un chef noir</i></a>», il n’exprimait plus une simple envie de richesse ou de possessions territoriales, mais surtout une jalousie profonde à partir de ceux-là mêmes qu’il exterminait pour <b><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjEOpHnG68_NDndgwoU-1T5ZlNq0-6atTToiNpiCL81BQ3frvndSlRKcIK9rgc9UXeu39ZaJ03vS7PYigetkW8f7G54TQSF-ZglvWcFmBl79GXsDdUIfF4hEe_XX_Si01AKNdluefdmTIw/s1600/rois-africains-roi-africain-7-img.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjEOpHnG68_NDndgwoU-1T5ZlNq0-6atTToiNpiCL81BQ3frvndSlRKcIK9rgc9UXeu39ZaJ03vS7PYigetkW8f7G54TQSF-ZglvWcFmBl79GXsDdUIfF4hEe_XX_Si01AKNdluefdmTIw/s1600/rois-africains-roi-africain-7-img.jpg" height="400" width="391" /></a>prendre leur</b> place. Non du roi nègre en lui-même, mais de ce qu’il représen-<br />
tait comme esprit de liberté et pouvoir absolu. Sans doute, Voulet et Chanoine ne compre-<br />
naient rien aux rites tribaux africains, mais <i>ils s’imaginaient </i>que le chef noir était un être absolu et c’était à ce statut ontologique que les deux hommes aspiraient. Ils étaient en passe de devenir des dieux, aussi laissaient-ils libre cours à leurs perversités meurtrières. Ce qui inquiéta les autorités coloniales, c’était que ces extrémistes échappaient au contrôle de la véritable envie motrice du colonialisme. Leurs exactions n’étaient nullement articulées à l’exploitation économique des terres usurpées, contrairement à l’apologétique du travail rédigée par Chanoine. Ils vivaient sous la modalité de l’<i>être à la place </i>du chef noir et non de l’<i>être-ensemble </i>de l’entreprise inscrite par Bugeaud. C’est-à-dire soumis aux objectifs de l’exploitation économique de la colonie. Autrement, les horreurs accomplies pour des fins d’exploitation envieuse passent-elles inaperçues jusqu’à ce qu’elles soient dénoncées sous un flux médiatique, soulevant alors des cris d’indignation qui masquent la cruauté par l’hypocrisie. Tel fut le célèbre cas de la colonie léopoldienne du Congo : «<i>…les </i><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgdKnPkW5ylZU4TmF5bYbzK6cKJ9FpK7-vcnxLdQAypnmMZHRWoJIK8logaBsfgHNN_PS9gv3lGyz1_4rtlIuge-gSsrqg62iP8hNiMtrbPMG7rqMxRu78XGbpEnThsk4PMBiEHrVZsZRI/s1600/Leopold-II.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgdKnPkW5ylZU4TmF5bYbzK6cKJ9FpK7-vcnxLdQAypnmMZHRWoJIK8logaBsfgHNN_PS9gv3lGyz1_4rtlIuge-gSsrqg62iP8hNiMtrbPMG7rqMxRu78XGbpEnThsk4PMBiEHrVZsZRI/s1600/Leopold-II.jpg" height="400" width="368" /></a>atrocités commises dans ce pays avaient soulevé le premier scandale de dimension internationale de l’ère du télégraphe et de la photographie. Scandale au parfum étonnamment plus proche de notre époque qu’il n’y paraît, car s’y mêlent bains de sang à échelle industrielle, royauté, sexe, pouvoir de la célébrité, rivalités entre groupes de pression et campagnes de presse déchaînées dans une demi-douzaine de pays des deux côtés de l’Atlantique. De plus, contrairement à de nombreux autres grands prédateurs de l’histoire, de Gengis Khan aux conquistadores espagnols, le roi <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgdKnPkW5ylZU4TmF5bYbzK6cKJ9FpK7-vcnxLdQAypnmMZHRWoJIK8logaBsfgHNN_PS9gv3lGyz1_4rtlIuge-gSsrqg62iP8hNiMtrbPMG7rqMxRu78XGbpEnThsk4PMBiEHrVZsZRI/h120/Leopold-II.jpg">Léopold II </a>ne vit jamais une goutte de sang versée sous l’emprise de la fureur. Il ne mit même jamais les pieds au Congo. Ce détail présente également un aspect très moderne, comparable à la situation du pilote de bombardier dans la stratosphère. Par-delà les nuages, il n’entend jamais les cris, pas davantage qu’il ne voit les maisons en ruine ou les chairs lacérées</i>» (A. Hochschild. <i>Les fantômes du roi Léopold, </i>Paris, Tallandier, Col. Texto, 1998, pp. 18-19).<br />
<br />
Dans le Congo du roi Léopold, on ne se contentait pas de tuer ou d’exterminer; on torturait pour accroître le rythme de la production. On torturait, s’il le fallait, et ce, dès l’enfance :<br />
<blockquote class="tr_bq">
«<i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEis5qrjhZ5QtxVxB1gDQnt_tyCnCNi22d3gA6Bm36Nl-6TAdLst940nDT3oajPHAHTJkXCzxM239g1VHdm7ycrJ5_JstKRy150U4IKbkfPRvGRhNqePRE1Qow5l4kR3sKtcpNuuj6Tbo10/h120/f4.highres.png">Stanislas Lefranc</a>, catholique fervent et monarchiste, était un procureur belge venu occuper un poste de magistrat au Congo. Un dimanche à Léopoldville, il entendit à une heure matinale les cris désespérés d’un grand nombre d’enfants.</i> </blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>En découvrant d’où venaient ces hurlements, Lefranc trouva "environ trente gamins, dont plusieurs de sept ou huit ans, alignés et, en attendant leur tour, contemplant, terrorisés, leurs camarades que l’on fustigeait. La plupart de ces gamins […] au </i><i><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEis5qrjhZ5QtxVxB1gDQnt_tyCnCNi22d3gA6Bm36Nl-6TAdLst940nDT3oajPHAHTJkXCzxM239g1VHdm7ycrJ5_JstKRy150U4IKbkfPRvGRhNqePRE1Qow5l4kR3sKtcpNuuj6Tbo10/s1600/f4.highres.png" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEis5qrjhZ5QtxVxB1gDQnt_tyCnCNi22d3gA6Bm36Nl-6TAdLst940nDT3oajPHAHTJkXCzxM239g1VHdm7ycrJ5_JstKRy150U4IKbkfPRvGRhNqePRE1Qow5l4kR3sKtcpNuuj6Tbo10/s1600/f4.highres.png" height="400" width="270" /></a></i>paroxysme de la douleur, gigotaient si affreusement que les soldats chargés de les maintenir par les mains et les pieds étaient obligés de les soulever du sol. […] Vingt-cinq fois, la chicotte cingla chacun de ces enfants". La veille au soir, apprit Lefranc, plusieurs enfants avaient ri en présence d’un homme blanc, qui avait alors donné l’ordre d’appliquer cinquante coups de fouet à tous les enfants domestiques de la ville. La seconde série de vingt-cinq coups devait leur être infligée le lendemain matin à 6 heures. Lefranc parvint à les faire supprimer; mais on lui demanda de ne plus émettre de protestations interférant avec la discipline.</i></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>Lefranc avait vu en action un instrument essentiel du Congo de Léopold, qui dans l’esprit des populations du territoire serait bientôt assimilé au gouvernement blanc au même titre que le bateau à vapeur ou la carabine. Il s’agissait de la chicotte - un fouet en peau d’hippopotame séchée au soleil, en forme de longue lanière vrillée aux arêtes acérées. En général, la chicotte était appliquée sur les fesses nues de la victime. Ses coups laissaient des cicatrices permanentes; plus de vingt-cinq coups pouvaient faire perdre conscience, et cent coups ou davantage - punition qui n’avait rien de rare - se révélaient souvent fatals.</i></blockquote>
<div style="text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjryZMc0UW6QjI29ZbzcdNLGnHfquMEu1p4md4tXuB8vzy6WAtvYgj6DYRdl-d26NTPxVlm94wlBEveLcojMsw2MqA-J9ceVISGispoYjbzIOZYIlmBM66UGPmsESRZmjkkJZxc6V3wmEc/s1600/congo-chicotte.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjryZMc0UW6QjI29ZbzcdNLGnHfquMEu1p4md4tXuB8vzy6WAtvYgj6DYRdl-d26NTPxVlm94wlBEveLcojMsw2MqA-J9ceVISGispoYjbzIOZYIlmBM66UGPmsESRZmjkkJZxc6V3wmEc/s1600/congo-chicotte.jpg" height="327" width="400" /></a></div>
<blockquote class="tr_bq">
<i>Lefranc allait assister à bien d’autres flagellations à la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjryZMc0UW6QjI29ZbzcdNLGnHfquMEu1p4md4tXuB8vzy6WAtvYgj6DYRdl-d26NTPxVlm94wlBEveLcojMsw2MqA-J9ceVISGispoYjbzIOZYIlmBM66UGPmsESRZmjkkJZxc6V3wmEc/h120/congo-chicotte.jpg">chicotte</a>. Pourtant, la description qu’il en fit, dans des pamphlets et des articles de journaux publiés en Belgique ne suscita </i><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEibdNoIjhrGkc4I8ppvxkFxCbMONXvDDh4R82pecNZ_kRuYsQZn-JDEh7eGN07FM8eic8On3x_wchzYZFhcT0K3NP4n9oVCrhwjnJfkQ1ORnbAAvcNk4f5py-_Uh_1tKrw4ph32Omhbw_E/s1600/scarring-from-chicotte-on-child-176x3001.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEibdNoIjhrGkc4I8ppvxkFxCbMONXvDDh4R82pecNZ_kRuYsQZn-JDEh7eGN07FM8eic8On3x_wchzYZFhcT0K3NP4n9oVCrhwjnJfkQ1ORnbAAvcNk4f5py-_Uh_1tKrw4ph32Omhbw_E/s1600/scarring-from-chicotte-on-child-176x3001.jpg" height="400" width="234" /></a>que peu de réactions. "Le chef de la station sélectionne les victimes. […] Tremblants, hagards, ils s’étendent le visage contre le sol […] deux de leurs compagnons, parfois quatre, les saisissent par les pieds et les mains pour leur enlever leurs culottes de coton. […] Chaque fois que le tortionnaire soulève la chicotte, une <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEibdNoIjhrGkc4I8ppvxkFxCbMONXvDDh4R82pecNZ_kRuYsQZn-JDEh7eGN07FM8eic8On3x_wchzYZFhcT0K3NP4n9oVCrhwjnJfkQ1ORnbAAvcNk4f5py-_Uh_1tKrw4ph32Omhbw_E/h120/scarring-from-chicotte-on-child-176x3001.jpg">barre rouge</a> apparaît sur la peau des pitoyables victimes, qui, si fermement soient-elles tenues, se contorsionnent affreusement en sursautant… Aux premiers coups, les malheureuses victimes poussent des hurlements horribles qui se transforment vite en gémissements sourds. […] Combien raffiné de la méchanceté, certains officiers, j’en ai été témoin, exigent que le supplicié, lorsqu’il se relève, haletant, exécute gracieusement le salut militaire"</i>» (A. Hochschild. <i>ibid. </i>pp. 205-206).</blockquote>
Cette cruauté gratuite à l’égard des enfants n’était que la pointe de l’iceberg. L’exploitation coloniale était une torture en soi et plongeait ses racines encore plus profondément dans le monde de l’exploitation du caoutchouc :<br />
<blockquote class="tr_bq">
«<i>Tandis que la terreur liée au caoutchouc se répandait dans la forêt tropicale, elle imprima dans la mémoire des gens des souvenirs qui saigneraient jusqu’aux restants de leurs jours. Un prêtre catholique qui a noté des histoires orales un demi-siècle plus tard cite un homme, Tswambé, parlant d’un fonctionnaire de l’État particulièrement haï qui </i><i><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhtPUpvak9kSJ-wDLSjVkpfpbtyMdAbFHftIDdWKixIMT6xwgOEeZZJMkp27ym7uaG2KXwia66EogO9iTyHX34hFb-SM17Y6uQMT8GGLv5Ulvut9AtvByesm9Q9yWvKPYDfx2H2E1M_bUw/s1600/177+copy.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhtPUpvak9kSJ-wDLSjVkpfpbtyMdAbFHftIDdWKixIMT6xwgOEeZZJMkp27ym7uaG2KXwia66EogO9iTyHX34hFb-SM17Y6uQMT8GGLv5Ulvut9AtvByesm9Q9yWvKPYDfx2H2E1M_bUw/s1600/177+copy.jpg" height="320" width="265" /></a></i>s’appelait Léon Fiévez et qui terrorisait un district le long du fleuve, à cinq cents kilomètres au nord du Stanley Pool : "Tous les Noirs considéraient cet homme comme le diable de l’équateur. De tous les cadavres sur le terrain, on devait trancher les mains. Il voulait voir le nombre de mains coupées par chaque soldat, qui devait les apporter dans des paniers. […] Un village qui refusait de fournir le caoutchouc était complètement rasé. Jeune homme, j’ai vu le soldat Molili [de Fiévez], qui gardait à l’époque le village </i><i>de Boyeka, prendre un grand filet, y mettre dix indigènes qui avaient été arrêtés, attacher de grosses pierres au filet et le faire basculer dans le fleuve. […] Le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhtPUpvak9kSJ-wDLSjVkpfpbtyMdAbFHftIDdWKixIMT6xwgOEeZZJMkp27ym7uaG2KXwia66EogO9iTyHX34hFb-SM17Y6uQMT8GGLv5Ulvut9AtvByesm9Q9yWvKPYDfx2H2E1M_bUw/h120/177+copy.jpg">caoutchouc</a> cause ces tourments; c’est pourquoi nous ne voulons plus entendre prononcer son nom. Les soldats obligeaient les hommes jeunes à tuer ou à violer leurs propres mères et leurs propres sœurs". Un officier de la Force publique qui traversa le poste de Fiévez en 1894 cite la description que fit lui-même Fiévez de ce qu’il faisait quand les villages voisins ne fournissaient pas à ses troupes le poisson et le manioc qu’il avait demandés : "Je leur fais </i><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjavgwH9YHM-D0Tw8zhecVFfN-r62PIo-B_peJOvOAxlDQ1YHb_4Y0rYx-KC1MYX5-R4o4DS3q6IUVvgLKMQwISxJ4C9Its2r7kzyFU-E0y0XvEC5EO9_2srMYh6dBbWD96oyE8lzJrVo4/s1600/640px-MutilatedChildrenFromCongo.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjavgwH9YHM-D0Tw8zhecVFfN-r62PIo-B_peJOvOAxlDQ1YHb_4Y0rYx-KC1MYX5-R4o4DS3q6IUVvgLKMQwISxJ4C9Its2r7kzyFU-E0y0XvEC5EO9_2srMYh6dBbWD96oyE8lzJrVo4/s1600/640px-MutilatedChildrenFromCongo.jpg" height="400" width="261" /></a>la guerre. Un exemple a suffi : cent têtes tranchées, et depuis lors les vivres abondent dans la station. Mon but est en somme humanitaire. J’ai supprimé cent existences, mais cela permet à cinq cents autres de vivre". En suivant des règles de base "humanitaires" qui comprenaient la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjavgwH9YHM-D0Tw8zhecVFfN-r62PIo-B_peJOvOAxlDQ1YHb_4Y0rYx-KC1MYX5-R4o4DS3q6IUVvgLKMQwISxJ4C9Its2r7kzyFU-E0y0XvEC5EO9_2srMYh6dBbWD96oyE8lzJrVo4/h120/640px-MutilatedChildrenFromCongo.jpg">section de mains</a> et de têtes, des sadiques comme Fiévez s’en donnaient à cœur joie. Le chef de la station de M’Bima se servait de son revolver pour faire des trous dans les lobes des oreilles des Africains. Raoul de Premorel, un agent travaillant le long de la rivière Kasaï, se plaisait à faire ingurgiter de grosses doses d’huile de castor à ceux qu’il trouvait malingres. Lorsque les villageois, dans une tentative désespérée pour satisfaire au quota de poids, remirent du caoutchouc mélangé avec de la terre ou des cailloux, un agent, Albéric Detiège, les obligea à le manger. Deux porteurs n’ayant pas utilisé les latrines assignées, un commissaire du district, Jean Verdussen, leur donna l’ordre de parader à la tête des troupes, le visage couvert d’excréments</i>» (A. Hochschild. <i>ibid. </i>pp. 279-280).</blockquote>
Tout cela annonçait bien ce que seront les horreurs des camps de concentration nazis. Hannah Arendt a donc tout à fait raison de placer dans le colonialisme aussi bien que dans l’antisémitisme les origines de l’État totalitaire. L’État colonial est déjà un État totalitaire, qu’il soit sous la trique du <i>Colonial Office </i>anglais ou du Ministère des Colonies à Paris. Lorsque les métropoles sentaient naître une pointe de résistance au progrès «de la Civilisation», elles réagissaient avec la barbarie la plus extrême.<br />
<br />
Mais encore, l’État pouvait bien financer l’administration et l’armée, pourvoir à l’éducation et au culte, mais les véritables <i>sponsors </i>du colonialisme restaient les agences financières, banques ou entreprises d’exploitation des ressources naturelles, mais aussi dans le but d’élargir le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiFCbzVYonFEKYeXwhgUmSSN2bRregY8ipB7LFVPlp92ViAaT-9vfoALWYmrOQS4n3_yVxs_vfS8AVG1GpbvV14GWcm_rK0Vpdemj2fpCJyWCUt2eJvHsroIByT_AIHVxNzuK2M0WSuQw0/h120/carte.jpg">marché</a> à même les colonies. C’est pour le marché étendu des colonies que les institutions travaillaient, même si banques et compagnies <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiFCbzVYonFEKYeXwhgUmSSN2bRregY8ipB7LFVPlp92ViAaT-9vfoALWYmrOQS4n3_yVxs_vfS8AVG1GpbvV14GWcm_rK0Vpdemj2fpCJyWCUt2eJvHsroIByT_AIHVxNzuK2M0WSuQw0/s1600/carte.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiFCbzVYonFEKYeXwhgUmSSN2bRregY8ipB7LFVPlp92ViAaT-9vfoALWYmrOQS4n3_yVxs_vfS8AVG1GpbvV14GWcm_rK0Vpdemj2fpCJyWCUt2eJvHsroIByT_AIHVxNzuK2M0WSuQw0/s1600/carte.jpg" height="247" width="400" /></a>débour-saient peu dans l’entre-<br />
prise : «<i>À partir de 1880, l’ex-</i><br />
<i>pansion coloniale de la France connaît une accélération décisive. En moins de 30 ans, la superficie des territoires contrôlés passe de 900 000 </i><!--[if gte mso 9]><xml>
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</xml><![endif]--><i><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;">km²</span> à près de 12 millions et leur population de 3 millions à 50 millions d’habitants. Or, dès 1896, quinze ans après le début des conquêtes, l’empire, dans sa totalité, dispute déjà à l’Union économique belgo-luxembourgeoise et à l’Allemagne la place de deuxième partenaire commercial de la France, derrière la Grande-Bretagne. De 1902 à 1904, en 1907 et en 1908, l’empire se hisse au deuxième rang des partenaires commerciaux de la France. De la fin des conquêtes à la veille de la Première Guerre mondiale, il se maintient constamment aux premières places, justifiant ainsi les espoirs de Jules Ferry qui estimait que "la politique coloniale - (était) - fille de la politique industrielle</i>» (J. Marseille. <i>Empire colonial et capitalisme français, </i>Paris, Seuil, Col. Points-Histoire, # H126, 1984, pp. 40-41).<br />
<br />
C’est le marché qui crée les empires comme, un siècle plus tôt, il a créé les nations. La prédation était une caractéristique du premier système colonial sous le mercantilisme des rois absolus des XVIIe-XVIIIe siècles. Le nouveau système colonial est essentiellement commercial. L’envie se multiplie selon les règles du capitalisme : par des intérêts sur la valeur d’échange. Ce marché comprend moins les colonisés (ce qui ne <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgo394DJfeu5tnFlYP00_8QNxBnuLDw8WIjxcWv56Xcmx4tUfxXxKSf5awITyci5rkSOEFPYKET9EothyphenhyphenimBt0EFPErhF5cqxZGdn7LqIDSwxPBA5KAFkj0YZGdgwlitau7IeX2gyspwqA/s1600/250px-British_Indian_Empire_1909_Imperial_Gazetteer_of_India.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgo394DJfeu5tnFlYP00_8QNxBnuLDw8WIjxcWv56Xcmx4tUfxXxKSf5awITyci5rkSOEFPYKET9EothyphenhyphenimBt0EFPErhF5cqxZGdn7LqIDSwxPBA5KAFkj0YZGdgwlitau7IeX2gyspwqA/s1600/250px-British_Indian_Empire_1909_Imperial_Gazetteer_of_India.jpg" height="326" width="400" /></a>viendra qu’après la Seconde Guerre mondiale, au moment où le système est prêt à s’effon-<br />
drer) que les colons dont les familles sont maintenant nombreuses. On verra ces familles devenir les tristement célèbres Pieds-Noirs lors de la Guerre d’Algérie, quand ils seront tenus pour des parias par les métropolitains mêmes! C’est l’Empire britannique ici qui a créé cet <i>être-ensemble </i>toujours de plus en plus <i>être à la place, </i>car il s’agit bien de <i>substituer </i>à l’empire déjà existant (tout comme en Inde) un empire proprement occidental. Après la prise des <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgo394DJfeu5tnFlYP00_8QNxBnuLDw8WIjxcWv56Xcmx4tUfxXxKSf5awITyci5rkSOEFPYKET9EothyphenhyphenimBt0EFPErhF5cqxZGdn7LqIDSwxPBA5KAFkj0YZGdgwlitau7IeX2gyspwqA/h120/250px-British_Indian_Empire_1909_Imperial_Gazetteer_of_India.jpg">Indes</a>, cédées au traité de Paris de 1763 de la France à l’Angleterre, la nouvelle colonie entrait dans l’ère industrielle qui enveloppait la métropole londonienne :<br />
<blockquote class="tr_bq">
«<i>Le principal objet de ce commerce, depuis la fin du XVIIe siècle, c’étaient alors les luxueuses cotonnades du Bengale, dont l’<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgpN7hcnIT_fcPFI0-7UkBLc74JO255-gM22DgIDbs6h35VFU8n_uJY-sMddFNIBAOqHcuWvlOtC5rfw1ElzgO6EJLoOqj0IXop6gRGdY5hstymAxixnFhvdzb0JZCuDC7Ma1k1Z2N1pmc/h120/East_India_House_by_Thomas_Shepherd_c.1828..jpg">East India Company</a> était devenue la </i><i>princi</i><i>pale </i><i><i></i>pourvoyeuse en Europe comme en Asie et notamment en Chine. Après 1765, la Compagnie posta ses agents dans tous les meilleurs centres de production textile du </i><i><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgpN7hcnIT_fcPFI0-7UkBLc74JO255-gM22DgIDbs6h35VFU8n_uJY-sMddFNIBAOqHcuWvlOtC5rfw1ElzgO6EJLoOqj0IXop6gRGdY5hstymAxixnFhvdzb0JZCuDC7Ma1k1Z2N1pmc/s1600/East_India_House_by_Thomas_Shepherd_c.1828..jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgpN7hcnIT_fcPFI0-7UkBLc74JO255-gM22DgIDbs6h35VFU8n_uJY-sMddFNIBAOqHcuWvlOtC5rfw1ElzgO6EJLoOqj0IXop6gRGdY5hstymAxixnFhvdzb0JZCuDC7Ma1k1Z2N1pmc/s1600/East_India_House_by_Thomas_Shepherd_c.1828..jpg" height="135" width="200" /></a></i>Bengale, en tolérant qu’ils usent de méthodes coercitives pour s’assurer l’exclusivité de l’activité des <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjtOlHiaMA6X0ThNb72RS-68FEFTlahZVXN0ndIlKZ6a3EppfL_yMksV8bNl8R1ddJJmU8gEcwAlOJTqiN8g28Spr5yLj3Hs6Qz8a1lZzfkORmGhCpEBcSnDSygKQiFHW_um29uvHacD4s/h120/moghol7-tisseuses.jpg">tisserands</a>, transformés du coup en employés à domicile, et mettre hors jeu le négoce indigène. La vraie concurrence, toutefois, vint de l’industrie textile anglaise elle-même. Dès la fin du XVIIIe siècle, elle commença à chasser les calicots du Bengale du marché métropolitain, aidée par la protection douanière obtenue par le lobby textile de Manchester. À partir des années 1820, en apprenant à maîtriser ses coûts pour être compétitive, elle les évinça de leurs autres débouchés européens, puis des marchés asiatiques. Du moins l’autre article majeur du négoce traditionnel de l’EIC, le fil de soie, resta-t-il préservé de toute concurrence métropolitaine. À côté de ces activités anciennes, il en surgit de nouvelles. La plus importante fut l’exportation de l’indigo, que </i><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjtOlHiaMA6X0ThNb72RS-68FEFTlahZVXN0ndIlKZ6a3EppfL_yMksV8bNl8R1ddJJmU8gEcwAlOJTqiN8g28Spr5yLj3Hs6Qz8a1lZzfkORmGhCpEBcSnDSygKQiFHW_um29uvHacD4s/s1600/moghol7-tisseuses.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjtOlHiaMA6X0ThNb72RS-68FEFTlahZVXN0ndIlKZ6a3EppfL_yMksV8bNl8R1ddJJmU8gEcwAlOJTqiN8g28Spr5yLj3Hs6Qz8a1lZzfkORmGhCpEBcSnDSygKQiFHW_um29uvHacD4s/s1600/moghol7-tisseuses.jpg" height="152" width="200" /></a>l’EIC achetait chaque année en grande quantité à des planteurs privés européens installés au Bengale et au Bihar, pour le revendre à Londres, d’où il repartait dans toute l’Europe et </i><i>au-delà : c’était alors la principale de ces marchandises qui lui servaient à transférer ses fonds en métropole. Les planteurs, qui faisaient cultiver l’indigo par les paysans contre des avances en argent liquide avaient souvent recours, surtout dans les premiers temps, à la contrainte physique, voire à la violence, pour que ces cultivateurs acceptent et remplissent les contrats. Un collecteur britannique du district de Faridpur; au Bengale, alla jusqu’à écrire : "Pas une caisse d’indigo n’arrive en Angleterre qui ne soit tachée de sang humain"</i>» (T. Beaufils. «Le colonialisme aux Indes néerlandaises», in M. Ferro. <i>Le livre noir du colonialisme, </i>Paris, Pluriel, 2004, pp. 376-377). </blockquote>
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
Cette étape qui correspond à tout ce qu'on a vu dans les conquêtes militaires françaises et belges s'acheva plus rapidement pour la colonie britannique des Indes. Les administrateurs de l'EIC agissaient comme tout monopole, bloquant l'entrée des capitaux des spéculateurs métropolitains. En retour, elle seule devait veiller à la gestion et aux pacifications du territoire. Après la longue paralysie occasionnée par les guerres de la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiwesjCxULH20CudhHofBhefHpNnG7JSdoC_OcLKoZSVUuK4CDycXAHGalEFA6u7UMpPoBfrKHD3LBVb9TeV9YXg-_4EOd1NQxHw7gtz8mj_MBkzxicLYRWdxlST2FY4xv2d1p9ZuMNIBw/s1600/new_085_(2)-1__41283_zoom.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiwesjCxULH20CudhHofBhefHpNnG7JSdoC_OcLKoZSVUuK4CDycXAHGalEFA6u7UMpPoBfrKHD3LBVb9TeV9YXg-_4EOd1NQxHw7gtz8mj_MBkzxicLYRWdxlST2FY4xv2d1p9ZuMNIBw/s1600/new_085_(2)-1__41283_zoom.jpg" height="360" width="400" /></a>Révolu-<br />
tion et de l'Empire français, l'achève-<br />
ment de la conquête du territoi-<br />
re indien coïncida, en 1818, avec l'écrase-<br />
ment définitif des résistants <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiwesjCxULH20CudhHofBhefHpNnG7JSdoC_OcLKoZSVUuK4CDycXAHGalEFA6u7UMpPoBfrKHD3LBVb9TeV9YXg-_4EOd1NQxHw7gtz8mj_MBkzxicLYRWdxlST2FY4xv2d1p9ZuMNIBw/h120/new_085_(2)-1__41283_zoom.jpg">Marathes</a>. C'est alors que l'Inde «<i>commença véritablement à se transformer sous son influence en économie coloniale au sens moderne de l'expression, c'est-à-dire en économie structurellement dépendante, source de matières premières pour une industrie métropolitaine en pleine expansion, et marché non protégé pour les produits de cette industrie, que l'abaissement des coûts de production rendait compétitifs avec les productions locales. Le commerce extérieur fut le principal instrument de cette transformation, même s'il ne représentait qu'une fraction mineure de l'activité économique totale du pays. Entre 1815 et la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiNT6TnNeJ4UQCv87LIT9N7IGxZLZxy3zjhmYPZW2U9pKkxHuv9lTxrzaU8V-DZbuITGo42uuK4U8EXoEUf16m48S51RNeNlb4ZQd-m6Jz6b-KPm11n_yx_6tPAcrKILyuPQITZvjIR2bo/h120/CipayesLucknow1857.jpg">Grande Rébellion de 1857</a>, les échanges extérieurs du sous-continent firent tout de même plus que quadrupler en valeur comme en volume</i>» (T. Beaufils. in <i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiNT6TnNeJ4UQCv87LIT9N7IGxZLZxy3zjhmYPZW2U9pKkxHuv9lTxrzaU8V-DZbuITGo42uuK4U8EXoEUf16m48S51RNeNlb4ZQd-m6Jz6b-KPm11n_yx_6tPAcrKILyuPQITZvjIR2bo/s1600/CipayesLucknow1857.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiNT6TnNeJ4UQCv87LIT9N7IGxZLZxy3zjhmYPZW2U9pKkxHuv9lTxrzaU8V-DZbuITGo42uuK4U8EXoEUf16m48S51RNeNlb4ZQd-m6Jz6b-KPm11n_yx_6tPAcrKILyuPQITZvjIR2bo/s1600/CipayesLucknow1857.jpg" height="222" width="400" /></a>ibid. </i>pp. 380-381). Ici, l'expres-<br />
sion de l'envie est totale par la destruc-<br />
tion même d'une industrie autochtone indienne florissante. La définition du marché impérialiste cède donc de l'<i>être-ensemble </i>en <i>être à la place </i>du colonisé. On brise les capacités de production traditionnelles pour enrôler à leur tour les colonisés dans l'armée de production industrielle. Les produits de la métropole en surnombre arrivent d'abord par <i>dumping</i>, avant que l'on comprenne qu'il est possible de fabriquer directement pour le marché colonial. En ce sens, Ferry avait raison, la politique coloniale est un corollaire indispensable de la politique industrielle. La production industrielle anglaise vit de la destruction de la production indienne, la supplante et finit par se substituer complètement à elle. Producteurs et consommateurs deviennent ainsi des Occidentaux dont le socle demeure l'immense société indienne sur laquelle ils prolifèrent.<br />
<br />
La culture du coton indien sera remplacée par une autre culture, celle d'un produit alors licite en Angleterre : l'opium. Les opiacés produits par les champs indiens vont approvisionner le commerce mondial jusqu'à ce qu'une campagne de tempérance vint à dénoncer les effets nocifs dus à la consommation de ce produit. Or, que faire de ces récoltes dont la métropole ne veut plus? Trouver, sinon <b>inventer </b>un nouveau débouché qui ouvrira ses portes au commerce de l'opium. La Chine toute proche ferait un marché idéal si les Chinois se convertissaient à la consommation des opiacés. Dotée d'institutions mandchous partiellement débiles, les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXyeZd2AleJdRnqSZo0aazFMABM866guUhxBo_RsxzjTPuKL9vgGKEF2Un6NarOtOT47viWs6dvE26vjlPnGjTSyRwlYvSVIamC7B7StlnRcMxiu2pgNT1xjZWi9EeFghJRttmOzBUFVI/s1600/fumerie+opium.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXyeZd2AleJdRnqSZo0aazFMABM866guUhxBo_RsxzjTPuKL9vgGKEF2Un6NarOtOT47viWs6dvE26vjlPnGjTSyRwlYvSVIamC7B7StlnRcMxiu2pgNT1xjZWi9EeFghJRttmOzBUFVI/s1600/fumerie+opium.jpg" height="256" width="400" /></a>Chinois ont résisté au commerce de l'opium en prohibant son utilisation depuis le XVIIIe siècle. Mais la corruption des fonctionnaires chinois rend possible un afflux constant de cette drogue en provenance des Indes, désormais gouvernées par l'EIC. L'approvisionnement des <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXyeZd2AleJdRnqSZo0aazFMABM866guUhxBo_RsxzjTPuKL9vgGKEF2Un6NarOtOT47viWs6dvE26vjlPnGjTSyRwlYvSVIamC7B7StlnRcMxiu2pgNT1xjZWi9EeFghJRttmOzBUFVI/h120/fumerie+opium.jpg">fumeries d'opium</a> est un commerce très lucratif. Dès 1813, une caisse d'opium indien se vend 2 400 roupies. C'est à Lingding oû, de 1821 à 1839, la EIC décide de contourner l'interdiction et augmente ses ventes illégales d'opium en Chine; de 100 tonnes vers 1800 à 2 600 tonnes en 1838, le commerce des Britanniques en Chine devient excédentaire. On trouverait environ 2 millions de fumeurs d'opium en Chine en 1835.<br />
<br />
C'est alors que l'empereur <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg2G3cT5oQiUAChV_kkbqf5hz3tFmf8nKN5sFjV1asZJ5ZYI49Ci9Nefm8JkXUZwUrti6NiRqMzQMJTX6N789Oro8AYG4CLcZv16b2J8wuK-trqgkDDol2xn8cGBEkdl1r80xTGWjhJnng/h120/XuanZong.DaoGuang-.jpg">Daoguang</a> (1820-1850) prend la décision, après moult conseils, de fermer le commerce étranger de l'opium. Le gouverneur Lin Zexu, des provinces de Hubei et du Hunan, agit avec <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg2G3cT5oQiUAChV_kkbqf5hz3tFmf8nKN5sFjV1asZJ5ZYI49Ci9Nefm8JkXUZwUrti6NiRqMzQMJTX6N789Oro8AYG4CLcZv16b2J8wuK-trqgkDDol2xn8cGBEkdl1r80xTGWjhJnng/s1600/XuanZong.DaoGuang-.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg2G3cT5oQiUAChV_kkbqf5hz3tFmf8nKN5sFjV1asZJ5ZYI49Ci9Nefm8JkXUZwUrti6NiRqMzQMJTX6N789Oro8AYG4CLcZv16b2J8wuK-trqgkDDol2xn8cGBEkdl1r80xTGWjhJnng/s1600/XuanZong.DaoGuang-.jpg" height="400" width="236" /></a>rigueur. Il s'installe à Canton, établi la liste des fumeurs d'opium, des tenanciers de fumeries et des vendeurs. Pis. Il confisque tous les stocks en ville. Il s'adresse à la reine Victoria pour que cesse le trafic anglais de l'opium en Chine. Le 3 juin 1839, la drogue saisie est détruite, soit 20 291 caisses (1 188 tonnes) et un édit est affiché avertissant que tous les navires entrant au port seront désormais fouillés. À Londres, le Premier ministre, Lord Melbourne, sent sa fibre libérale profondément vexée. Il convainc le Parlement d'envoyer un corps expéditionnaire à Canton, déclenchant du même coup la première Guerre de l'Opium. Au Royaume-Uni même, environ 300 sociétés commerciales sont derrière l'action gouvernementale. En Chine, les navires marchands résistent aux jonques chinoises chargées de faire l'inspection. Lin Zexu décide <i>de fermer pour toujours </i>l'accès du port de Canton aux Britanniques. Une <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgsMtBkRYGt-eTQ1iSfwuSk-4juHnXPN8RXHzsqLQmF9hf_3BKQbLTU9LthZvWEQdBXrUoMtdZ4N2Jw6HL-x7fQ7LcE-EpjS-5ayQ5DCBml1yHSw9b9uMHNbVCBtiaaqmt7oW14o0JG840/h120/guerreopium2.jpg">armada</a> britannique arrive en avril 1840. Canton est bombardé et l'archipel voisin de Zhoushan est occupé. C'est alors qu'apparaît la <i>diplomatie de la canonnière </i>que l'amiral américain Perry utilisera pour ouvrir le port de Nagasaki au Japon quelques années plus tard. Le gouvernement chinois cède sous la pression. Lin Zexu tombe en disgrâce et est condamné à l'exil. Le traité du 29 août 1842 imposera la cession <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgsMtBkRYGt-eTQ1iSfwuSk-4juHnXPN8RXHzsqLQmF9hf_3BKQbLTU9LthZvWEQdBXrUoMtdZ4N2Jw6HL-x7fQ7LcE-EpjS-5ayQ5DCBml1yHSw9b9uMHNbVCBtiaaqmt7oW14o0JG840/s1600/guerreopium2.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgsMtBkRYGt-eTQ1iSfwuSk-4juHnXPN8RXHzsqLQmF9hf_3BKQbLTU9LthZvWEQdBXrUoMtdZ4N2Jw6HL-x7fQ7LcE-EpjS-5ayQ5DCBml1yHSw9b9uMHNbVCBtiaaqmt7oW14o0JG840/s1600/guerreopium2.jpg" height="213" width="400" /></a>de Hong Kong à l'Angleter-<br />
re, l'ouvertu-<br />
re de cinq ports au commerce britanni-<br />
que, des indemnités de guerre de 21 millions de yuans, soit 1/3 des recettes du gouvernement impérial chinois, des droits de douanes négociés entre les deux pays, un droit de juridiction consulaire en cas de litige entre Chinois et Britanniques, c'est une juridiction britannique qui tranchera sur la base des lois britanniques, enfin la célèbre clause de la nation la plus favorisée. Quelques années plus tard, la France et les États-Unis obtiendront les mêmes droits de la part du gouvernement chinois. Un tel conflit de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjL0M2zRXs_IzPDklHOxAi1Ug0LYFWiucujj9U56X4hvRTNIKdl9YVVh6o87j3_udEI_a9zhEPKOYanADuN-ma_TDDT2YKnSzDzuuCjK8ga48srOJun__3WQOABc5-HKVaKg5s4ShirxkA/s1600/3877f.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjL0M2zRXs_IzPDklHOxAi1Ug0LYFWiucujj9U56X4hvRTNIKdl9YVVh6o87j3_udEI_a9zhEPKOYanADuN-ma_TDDT2YKnSzDzuuCjK8ga48srOJun__3WQOABc5-HKVaKg5s4ShirxkA/s1600/3877f.jpg" height="243" width="400" /></a>civilisa-<br />
tions entre l'Oc-<br />
cident et l'Extrême-Orient devait accélérer la décom-<br />
position de l'immense Empire du Milieu. L'opium devenait le symbole de la violation de l'espace et des mœurs des Chinois. Une <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjL0M2zRXs_IzPDklHOxAi1Ug0LYFWiucujj9U56X4hvRTNIKdl9YVVh6o87j3_udEI_a9zhEPKOYanADuN-ma_TDDT2YKnSzDzuuCjK8ga48srOJun__3WQOABc5-HKVaKg5s4ShirxkA/h120/3877f.jpg">seconde</a> Guerre de l’Opium se déroulera entre 1856 et 1860 opposant la Chine à la France et au Royaume-Uni pour les mêmes raisons commerciales. La défaite de la Chine sera encore plus cuisante et l’on doit mettre sur le compte de cette seconde guerre la montée du mouvement des Taipings qui vont mettre à feu et à sang le sud de la Chine au cours des années à venir.<br />
<br />
La progression du colonialisme vers l’impérialisme pur et simple conduit le monde occidental à se <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhdrzq70NCgZMVZALKMcmQB4nilI49PTPZU05gfJN35TkAvFIx-N6jNi03pVmJr8IdHt-4wOkRJRzipaNHw_D-UFOuemraf9PzVFDcDN1lkxDXnerDNiBZv3Uio3kXxN_gxf9dtdPbvgVk/h120/74.jpg">substituer</a> au reste du monde non-occidental, et ce pour des raisons essentiellement économiques. Le discours de la <i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhdrzq70NCgZMVZALKMcmQB4nilI49PTPZU05gfJN35TkAvFIx-N6jNi03pVmJr8IdHt-4wOkRJRzipaNHw_D-UFOuemraf9PzVFDcDN1lkxDXnerDNiBZv3Uio3kXxN_gxf9dtdPbvgVk/s1600/74.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhdrzq70NCgZMVZALKMcmQB4nilI49PTPZU05gfJN35TkAvFIx-N6jNi03pVmJr8IdHt-4wOkRJRzipaNHw_D-UFOuemraf9PzVFDcDN1lkxDXnerDNiBZv3Uio3kXxN_gxf9dtdPbvgVk/s1600/74.jpg" height="197" width="400" /></a>mission civilisa-</i><br />
<i>trice, </i>qui vise à justifier au nom d’un certain pa-<br />
ternalisme humani-<br />
taire les dépenses douteuses de l’État en matière d’expansion coloniale, maintient toutefois une séparation ethnique et culturelle entre les Occidentaux et les autres peuples. Chaque métropole a son chantre de l’aventure coloniale. En Angleterre, c’est le célèbre Rudyard Kipling, auteur du <i>Livre de la Jungle </i>et de <i>Kim, </i>qui font rêver la jeunesse victorienne :<i> </i><br />
<blockquote class="tr_bq">
<blockquote class="tr_bq">
<i>Assumez le Fardeau de l’Homme Blanc,</i><br />
<i>Envoyez les meilleurs de vos enfants,</i><br />
<i>Condamnez vos fils à l’exil,</i><br />
<i>Pour qu’ils soient les serviteurs de leurs captifs,</i><br />
<i>Pour qu’ils veillent, pesamment harnachés,</i><br />
<i>Sur des peuples agités et sauvages,</i><br />
<i>Peuples à peine domptés, impatients,</i><br />
<i>Mi démons, mi-enfants. </i></blockquote>
</blockquote>
Mais, comme le souligne Jacques Chastenet, «<i>déjà dans ces vers, comme dans l’attitude générale des </i><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhB82rEBMaanyvspQfV-0oKc7yNXvym7lYMo3aaZMLiKBNptnN1jIWc2wJAqXNA1YUVCoZhfrJUEVMpI156JlnifkYC90ISnhXIwx5yYWHR1IUSZmCmI8ow1gzfBM2iUfWDpG7GSDdNyXI/s1600/AY3W4B-1.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhB82rEBMaanyvspQfV-0oKc7yNXvym7lYMo3aaZMLiKBNptnN1jIWc2wJAqXNA1YUVCoZhfrJUEVMpI156JlnifkYC90ISnhXIwx5yYWHR1IUSZmCmI8ow1gzfBM2iUfWDpG7GSDdNyXI/s1600/AY3W4B-1.jpg" height="400" width="285" /></a>Anglais à l’égard de leurs possessions ultra-marines, se révèle une <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhB82rEBMaanyvspQfV-0oKc7yNXvym7lYMo3aaZMLiKBNptnN1jIWc2wJAqXNA1YUVCoZhfrJUEVMpI156JlnifkYC90ISnhXIwx5yYWHR1IUSZmCmI8ow1gzfBM2iUfWDpG7GSDdNyXI/h120/AY3W4B-1.jpg">autocomplaisance</a> et un mépris des "races inférieures" presque inconnues cinquante ans auparavant. Le temps viendra où les indigènes se lasseront de bienfaits tombant de si haut et envisageront de décharger "l’Homme Blanc" de ce "fardeau" qui est aussi, après tout, une besace abondante d’or</i>» (J. Chastenet. <i>Le siècle de Victoria, </i>Paris, Fayard, Col. Les Grandes Études historiques, 1947, p. 293).<br />
<br />
Alors que le ministre au <i>Colonial Office, </i>Joseph Chamberlain faisait l’éloge de la <i>More Great Britain </i>pour parler des liens étroits des colonies avec la métropole anglaise, son vis-à-vis français, Jules Ferry, préférait l’expression de <i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjRg5V6jscOQYj2gJYlLpFppRWzShX5okFJoDmnFWGJreXBILvvGP3QsJ6kh5-H2V3UwaVTUuTD0gfsTL0E7Zdp40yEBXZDEo5IQZMlDo92eDW2Xx_aCDuS4BdomatHNoJajH0mOqL-pxI/h120/mission-civilisatrice1.jpg">mission civilisatrice</a> </i>héritée directement de l’ancien missionnariat catholique - des catholiques <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjRg5V6jscOQYj2gJYlLpFppRWzShX5okFJoDmnFWGJreXBILvvGP3QsJ6kh5-H2V3UwaVTUuTD0gfsTL0E7Zdp40yEBXZDEo5IQZMlDo92eDW2Xx_aCDuS4BdomatHNoJajH0mOqL-pxI/s1600/mission-civilisatrice1.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjRg5V6jscOQYj2gJYlLpFppRWzShX5okFJoDmnFWGJreXBILvvGP3QsJ6kh5-H2V3UwaVTUuTD0gfsTL0E7Zdp40yEBXZDEo5IQZMlDo92eDW2Xx_aCDuS4BdomatHNoJajH0mOqL-pxI/s1600/mission-civilisatrice1.jpg" height="400" width="272" /></a>auxquels le même Ferry livrait une guerre par la laïcisation de l’enseignement -, pour justifier sa politique d’expansion, surtout en Indochine. Après la Révolution de 1848 qui abolit l’esclavage dans les colonies, «<i>…l’universalisme républicain a maintenu depuis ses origines un rapport pour le moins ambigu avec la question coloniale. À partir de la IIIe République, celui-ci a pris la forme d’une alliance intime, lorsque le discours public français a fait siens les impératifs coloniaux, en présentant officiellement l’engagement expansionniste du pays comme une mission morale, comme un précieux instrument de diffusion de l’"évangile" révolutionnaire et de réalisation de la vocation à l’universel du pays. Dès lors et jusqu’à l’époque des décolonisations, la "mission civilisatrice" a constitué un chapitre important de la pensée d’État française. Par elle, l’universalisme républicain, contrairement à toute prétention de neutralité ethnico-culturelle, a été le premier vecteur de justification des politiques racialisées que le pays a imposées dans ses colonies</i>» (D. Constantini. <i>Mission civilisatrice, </i>Paris, La Découverte, 2008, p. 14). Ce thème allait se diffuser en Allemagne lorsque les Allemands s’engageront dans la colonisation du Cameroun ou de l’Afrique du Sud-Est.<br />
<br />
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgTZQi7YgsWgs8_bfZCjBkbWJYhEzkO9TsjCpjxjOjrUfc8hPwWn3XweswD58s5jlslE_EB_2nTyvyt4NBkRn1xd3MxefFK9W6i3aNKkeSZLKkp1nfzB_-Nx6vaQLxyMcL9sG-pJ10PKRs/h120/ferryp1.jpg">Jules Ferry</a> (1832-1893) accentuait surtout la différence radicale entre la barbarie et la Civilisation, la civilisation étant le produit du legs hellénique. Les Français, descendants des gallo-romains, avaient déjà livré bien des guerres aux barbares Francs et même si les derniers, les Germains, avaient gagné la récente guerre <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgTZQi7YgsWgs8_bfZCjBkbWJYhEzkO9TsjCpjxjOjrUfc8hPwWn3XweswD58s5jlslE_EB_2nTyvyt4NBkRn1xd3MxefFK9W6i3aNKkeSZLKkp1nfzB_-Nx6vaQLxyMcL9sG-pJ10PKRs/s1600/ferryp1.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgTZQi7YgsWgs8_bfZCjBkbWJYhEzkO9TsjCpjxjOjrUfc8hPwWn3XweswD58s5jlslE_EB_2nTyvyt4NBkRn1xd3MxefFK9W6i3aNKkeSZLKkp1nfzB_-Nx6vaQLxyMcL9sG-pJ10PKRs/s1600/ferryp1.jpg" height="320" width="308" /></a>de 1870, la compensation coloniale s’imposait pour remonter le moral de la République comme l’orgueil des Français. Bismarck, le chancelier allemand, comprenait fort bien la chose qui encourageait les aventures françaises en Afrique noire et en Indochine. Le conflit national se transposait donc en conflit colonial, car «<i>"[…] une guerre contre les ’barbares’ n’est pas une guerre. […] cette guerre n’en est pas une puisqu’elle n’est pas livrée à une nation européenne mais contre un peuple ’non-civilisé’ [observe G. Manceron]. C’est à partir d’une conception semblable du rapport entre peuples colonisateurs et peuples colonisés que la IIIe République a pu concevoir la colonisation comme un "devoir moral", comme une "mission providentielle" accomplie au nom de et pour servir l’universalité des principes républicains : "Si nous avons le droit d’aller chez ces barbares - dit Jules Ferry au Parlement français -, c’est parce que nous avons le devoir de les civiliser"</i>» (D. Constantini. <i>ibid. </i>p. 59). La République, qui avait établi l’égalité des citoyens devant la loi ne semblait pas prête à exporter sa magnanimité aux peuples sans les avoir «civilisés», c’est-à-dire <i>mis à sa main. </i><br />
<br />
L’idée coloniale devint donc un vernis sensé conserver la légitimité de l’usurpation tout en la justifiant dans le but d’étendre un marché afin d’écouler la surproduction nationale. Cette nécessaire redéfinition du colonialisme marquait un contraste avec celui qui avait accompagné, en 1830, la conquête et la colonisation de l’Algérie. Comme le remarque Dino Constantini :<br />
<blockquote class="tr_bq">
«<i>L’abolition de l’esclavage ne marque pas la fin de l’exception coloniale, mais sa transformation décisive. La nation ne cesse de se fracturer, mais la ligne de séparation ne se fait plus selon la distinction des couleurs par le biais de l’odieuse et rétrograde institution de l’esclavage, mais sur la base d’une procédure tautologique d’exclusion de la citoyenneté de groupes identifiés à partir de caractéristiques culturelles déclarées inassimilables. Libérée de l’embarras provoqué par la survivance de l’esclavage, la France pense pouvoir être en toute bonne conscience à la fois républicaine et coloniale. </i><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi8eZWpdJ06kiShrdrcxwEkd09_UnDOrjFetzaBB2P7FRpV0tnzutUcdB_Ke6iCudpOtGNIiy-DEP9JRyoUshD7nzAKoHp7cutTvR2LZWawqyT3rP8OiDI_2QGyy7zTpeoLag1hqP1YDp4/s1600/affrec6.gif" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi8eZWpdJ06kiShrdrcxwEkd09_UnDOrjFetzaBB2P7FRpV0tnzutUcdB_Ke6iCudpOtGNIiy-DEP9JRyoUshD7nzAKoHp7cutTvR2LZWawqyT3rP8OiDI_2QGyy7zTpeoLag1hqP1YDp4/s1600/affrec6.gif" height="400" width="262" /></a>L’universalisme républicain pense même pouvoir trouver dans la colonisation un puissant vecteur d’exportation de ses propres principes dans le monde entier. C’est alors que naît, dans son sens historique le plus décisif, l’utopie d’une <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi8eZWpdJ06kiShrdrcxwEkd09_UnDOrjFetzaBB2P7FRpV0tnzutUcdB_Ke6iCudpOtGNIiy-DEP9JRyoUshD7nzAKoHp7cutTvR2LZWawqyT3rP8OiDI_2QGyy7zTpeoLag1hqP1YDp4/h120/affrec6.gif">"République coloniale"</a>. Dans une semblable utopie la colonisation, loin de représenter une offense à l’unité du genre humain, apparaît comme un instrument décisif de l’universalisation des principes républicains. Si la République est l’unique communauté légitime, car la seule capable de fournir une protection efficace aux droits de l’homme et la seule en mesure de réaliser l’égalité naturelle entre les hommes, le colonialisme devient l’instrument par lequel le projet républicain peut être étendu au monde entier. Le monopole de l’universel, auquel la République prétend, trouve dans le colonialisme la modalité de sa propre application. La symbiose entre colonialisme et universalisme apparaît ainsi non seulement historique mais théorique. Si l’on veut bien prendre au sérieux cette symbiose, le régime d’exception sur lequel s’appuie la colonisation doit être considéré comme une redéfinition de la notion d’humanité obtenue par une réduction des droits humains à des droits du citoyens</i>» (D. Constantini. <i>ibid. </i>p. 67).</blockquote>
Le colonialisme s’engageait dans la voie du discours sur le progrès, progrès signifiant civilisation. C’était avant tout les sciences et les techniques qui imposaient cette expansion. L’expansion des industries chimiques, les besoins grossissants en métaux de diverses natures, l’explosion démographique des villes et la migration des ruraux vers les cités pour s’enfourner dans les usines, commandaient tous, comme Ferry le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhI9amo6Ho4CmdYkQ0VSJI8jH9XafsAlch6thJKspF1yFibLHQCYvCnUQ7u7LPkQvoIDz5E4Ve0J-S1heFakjmlo_RPRdsh7LQsl5xOR2lvo8IBQEFqkdKeZNrKloUuRstP6MsxzhnAOT8/s1600/14897323.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhI9amo6Ho4CmdYkQ0VSJI8jH9XafsAlch6thJKspF1yFibLHQCYvCnUQ7u7LPkQvoIDz5E4Ve0J-S1heFakjmlo_RPRdsh7LQsl5xOR2lvo8IBQEFqkdKeZNrKloUuRstP6MsxzhnAOT8/s1600/14897323.jpg" height="400" width="333" /></a>concevait, le <i>marché colonial </i>: «<i>Seuls les pays les plus <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhI9amo6Ho4CmdYkQ0VSJI8jH9XafsAlch6thJKspF1yFibLHQCYvCnUQ7u7LPkQvoIDz5E4Ve0J-S1heFakjmlo_RPRdsh7LQsl5xOR2lvo8IBQEFqkdKeZNrKloUuRstP6MsxzhnAOT8/h120/14897323.jpg">avancés</a>, ceux scientifiquement et techniquement plus développés, organisés socialement de la façon la plus rationnelle, en pratique seuls les États occidentaux - ou ceux qui ont adopté les "traits essentiels" de l’Occident, parmi lesquels la capacité de se faire l’acteur d’une expansion de type colonial est certainement décisive - participent, selon cette définition, de la véritable civilisation et peuvent donc se dire civilisés. Seuls les pays occidentaux doivent ainsi être pensés comme capables de colonisation en tant qu’expansion civilisée. Ils détiennent donc le monopole à la fois de la civilisation et de la colonisation. Selon A. Girault, la capacité de coloniser est en effet le signe distinctif permettant de reconnaître les sociétés humaines les plus accomplies : "Il semble que les nations supérieures en civilisation ont colonisé comme poussées par une force naturelle"</i>» (D. Constantini. <i>ibid. </i>p. 84) Le paradoxe est que la modalité de l’<i>être à la place </i>finissait par refermer sur elle-même l’ontologie du sujet occidental, du maître du monde; le tout avec l’innocence d’esprit la plus pure qui soit : «<i>La colonisation en tant qu’expansion civilisée est l’acte politique par lequel un peuple évolué prend en charge la civilisation du monde. Selon G. Hardy, la colonisation est "avant tout le principal organe de transmission des acquisitions de l’esprit humain aux parties de la planète que leur situation géographique ou leur volonté d’isolement tenaient à l’écart des courants de civilisation"</i>» (D. Constantini. <i>ibid. </i>p. 87). Les colonisés n’avaient plus qu’à se <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiq78X-jFurzRjINi5y6r8xiTSCiXIf554Zt8SBIRvd8TTFGTEbalcyf36smckVbCJnhodzpS4YNKDq-WFUrWsKkWFyIBAazELSMRLGkpzy2yfCLGttyx8DkJLgRWbdfsZVjKHPIac9EkY/s1600/Couv_122482.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiq78X-jFurzRjINi5y6r8xiTSCiXIf554Zt8SBIRvd8TTFGTEbalcyf36smckVbCJnhodzpS4YNKDq-WFUrWsKkWFyIBAazELSMRLGkpzy2yfCLGttyx8DkJLgRWbdfsZVjKHPIac9EkY/s1600/Couv_122482.jpg" height="267" width="400" /></a>joindre au credo scientifique et technique du progrès pour devenir <i>comme</i>, mais jamais <i>à la place </i>des civilisés; cependant ils pouvaient faire un pas vers le progrès en sortant de la sauvagerie et de la barbarie. Cette vision, les colonisés les plus proches des agents coloniaux vont y souscrire. Ils vont même participer volontiers, avec sincérité, à ce credo républicain, mais sans en saisir la différence de sens. Ils vont même jouer à devenir des bourgeois, revêtant les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiq78X-jFurzRjINi5y6r8xiTSCiXIf554Zt8SBIRvd8TTFGTEbalcyf36smckVbCJnhodzpS4YNKDq-WFUrWsKkWFyIBAazELSMRLGkpzy2yfCLGttyx8DkJLgRWbdfsZVjKHPIac9EkY/h120/Couv_122482.jpg">attributs symboliques</a> de l’Occidental - la toge et la perruque des avocats; le sarrau blanc des médecins; la trique pour les enseignants; le complet-cravate et l’attaché-caisse pour les affairistes. Aussi, y aura-t-il beaucoup de déception, lorsqu’aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale, les métropoles se refuseront à lâcher leur emprise sur leurs colonies.<br />
<br />
Les colonisés, en effet, pensèrent renverser à leur profit la situation qu'avait fait naître le colonialisme, mais les dommages qu'ils avaient subits étaient psychologiquement plus graves que chez les colonisateurs. Comment n'aurait-il pas été normal que les colonisés ne suivent pas le modèle de l'<i>être à la place </i>du colonisateur, ce que la modalité mythique du l'<i>être-ensemble </i>leur ouvrait? «<i>Leur ambition constante, et </i><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi7_ggkirBai19f5s2Xmv7iu5BbmbHKVat2jn3WKNjTlvcKvWuQyUa-5_iCn1NZsSP5xsaSmix5LcN6EvaMCA07WVJ4qSRnSiZHZJ2xmcmYFmhVlGfoh6ibg507dda0xXx4wEQviZQSoXE/s1600/loadimg.php.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="241" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi7_ggkirBai19f5s2Xmv7iu5BbmbHKVat2jn3WKNjTlvcKvWuQyUa-5_iCn1NZsSP5xsaSmix5LcN6EvaMCA07WVJ4qSRnSiZHZJ2xmcmYFmhVlGfoh6ibg507dda0xXx4wEQviZQSoXE/s400/loadimg.php.jpg" width="400" /></a>combien justifiée, est d'é-</i><br />
<i>chapper à leur condition de colonisé, charge supplé-</i><br />
<i>mentaire dans un bilan déjà lourd. Pour cela, ils s'efforcent de ressembler au colonisateur, dans l'espoir avoué qu'il cesse de les reconnaître différents de lui. D'où leurs efforts pour oublier le passé, pour changer d'habitudes collectives, leur adoption enthousiaste de la langue, de la culture et des mœurs occidentales. Mais si le colonisateur ne décourage pas toujours ouvertement ces candidats à sa ressemblance, il ne leur a jamais permis non plus de la réussir. Ils vivent ainsi une pénible et constante <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi7_ggkirBai19f5s2Xmv7iu5BbmbHKVat2jn3WKNjTlvcKvWuQyUa-5_iCn1NZsSP5xsaSmix5LcN6EvaMCA07WVJ4qSRnSiZHZJ2xmcmYFmhVlGfoh6ibg507dda0xXx4wEQviZQSoXE/h120/loadimg.php.jpg">ambiguïté</a>; refusés par le colonisateur, ils partagent en partie la situation concrète du colonisé, ont avec lui des solidarités de fait; par ailleurs, ils refusent les faveurs du colonisé comme appartenant à un monde déchu, auquel ils espèrent échapper avec le temps</i>» (A. Memmi. <i>op. cit. </i>p. 37). Mais très vite, l’<i>être à la place </i>exige d’atteindre l’étape ontologique supérieure de l’<i>être-comme. </i>Ce qui veut dire non seulement l’émancipation de la tutelle coloniale, la création d’un pays ou <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgHIIETGhQO5NZ_kXIwSZMFQ86__VnyJbo08PLRJR5urL3U_fTa4IJq8FyE51jnkmSXW490MxefqOsWT92haMnJWz9mIcmfyFGvPTDOX05Y9K39baMIIjSdf8StOoDBbH44dWNNioJDAAs/s1600/1900-Chine-pousse-pousse.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="258" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgHIIETGhQO5NZ_kXIwSZMFQ86__VnyJbo08PLRJR5urL3U_fTa4IJq8FyE51jnkmSXW490MxefqOsWT92haMnJWz9mIcmfyFGvPTDOX05Y9K39baMIIjSdf8StOoDBbH44dWNNioJDAAs/s400/1900-Chine-pousse-pousse.jpg" width="400" /></a>d’une nation à l’imitation des paroisses nationales européen-<br />
nes, mais de devenir<i> </i>des sujets identiques au statut des colonisateurs. Bref, la jalousie<i> </i>accompagne les retombées des colonisations dans la poche des colonisés de la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgHIIETGhQO5NZ_kXIwSZMFQ86__VnyJbo08PLRJR5urL3U_fTa4IJq8FyE51jnkmSXW490MxefqOsWT92haMnJWz9mIcmfyFGvPTDOX05Y9K39baMIIjSdf8StOoDBbH44dWNNioJDAAs/h120/1900-Chine-pousse-pousse.jpg">couche supérieure</a> de la société, car l’envie de posséder la liberté et leur pays ne suffit pas: «<i>Les assimilés de fraîche date se situent généralement bien au-delà du colonisateur moyen. Ils pratiquent une surenchère colonisatrice ; étalent un mépris orgueilleux du colonisé et rappellent avec insistance leur noblesse d’emprunt, que vient démentir souvent une brutalité roturière et leur avidité. Trop étonnés encore de leurs privilèges, ils les savourent et les défendent avec inquiétude et âpreté. Et lorsque la colonisation vient à être en péril, ils lui fournissent ses défenseurs les plus dynamiques, ses troupes de choc, et quelquefois ses provocateurs</i>» (A. Memmi. <i>ibid. </i>p. 37). C’est tout cela qui finira pas ne plus passer après la Seconde Guerre mondiale.<br />
<br />
Quelle que soit la mansuétude avec laquelle les colonisateurs regardaient leurs rois-nègres, il y avait un <i>a priori </i>qu’ils ne pouvaient effacer de leur esprit : les colonisés sont <i>paresseux </i>comparés à leur propre dynamisme de développeurs :<br />
<blockquote class="tr_bq">
«<i>Lorsque le colonisateur affirme, dans son langage, que le colonisé est un <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiEsqx-awo7CR_HBBH6X01BjaxNdUpihUQv04MI7vCqBuLyiqcG7_S5f2HOMUWxWqtn1TJ9-9gDTnwzNAOgNrhTcvjxUEBV5Y46wU7_7N8S1eY3fopNMLtzJMhCYLAiyR2u6QWtDFKxGk4/h120/Banania.jpg">débile</a>, il suggère par là que cette déficience appelle la protection. D’où, sans rire - je l’ai entendu souvent - la notion de protectorat. Il est dans l’intérêt même du colonisé qu’il soit exclu </i><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiEsqx-awo7CR_HBBH6X01BjaxNdUpihUQv04MI7vCqBuLyiqcG7_S5f2HOMUWxWqtn1TJ9-9gDTnwzNAOgNrhTcvjxUEBV5Y46wU7_7N8S1eY3fopNMLtzJMhCYLAiyR2u6QWtDFKxGk4/s1600/Banania.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiEsqx-awo7CR_HBBH6X01BjaxNdUpihUQv04MI7vCqBuLyiqcG7_S5f2HOMUWxWqtn1TJ9-9gDTnwzNAOgNrhTcvjxUEBV5Y46wU7_7N8S1eY3fopNMLtzJMhCYLAiyR2u6QWtDFKxGk4/s400/Banania.jpg" width="282" /></a>des fonctions de direction; et que ces lourdes responsabilités soient réservées au colonisateur. Lorsque le colonisateur ajoute, pervers, aux instincts mauvais, voleur, un peu sadique, il légitime ainsi sa police et sa juste sévérité. Il faut bien se défendre contre les dangereuses sottises d’un irresponsable; et aussi, souci méritoire, le défendre contre lui-même! De même pour l’absence de besoins du colonisé, son inaptitude au confort, à la technique, au progrès, son étonnante familiarité avec la misère; pourquoi le colonisateur se préoccuperait-il de ce qui n’inquiète guère l’intéressé? Ce serait, ajoute-t-il avec une sombre et audacieuse philosophie, lui rendre un mauvais service que de l’obliger aux servitudes de la civilisation. Allons! Rappelons-nous que la sagesse est orientale, acceptons, comme lui, la misère du colonisé. De même encore, les auteurs dits sérieux : elle appelle à la fois tout ce que le colonisé doit au colonisateur, que tous ces bienfaits sont perdus, et qu’il est vain de prétendre amender le colonisé</i>» (A. Memmi. <i>ibid. </i>p. 85).</blockquote>
Les déboires actuels de l’Afrique semblent confirmer cette «sagesse» et la réhabilitation de la colonisation est en voie de s’imposer parmi la plus grande majorité de la population occidentale. Le retour à l’état de colonie serait un bienfait, même si les anciens «protectorats» sont toujours sous la coupe de l’économie occidentale. La «vision négative» «<i>provient de l’irresponsabilité, de la prodigalité du colonisé, qui n’a pas le sens de </i><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjzu0e-NO-Dme9pUAAv0NznlMSLDzdigPnRsNeIXt1cYeKeFT7Emw0IW_vXNbsnpZeBIVkiV00ABpVcFsNDUlJpff1OrTj00aVBXgonzYPlFJhRvx_S5Y2yoM1MgsXacQYbU5UkxuXApM4/s1600/batik-africain-la-fete-au-village.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="266" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjzu0e-NO-Dme9pUAAv0NznlMSLDzdigPnRsNeIXt1cYeKeFT7Emw0IW_vXNbsnpZeBIVkiV00ABpVcFsNDUlJpff1OrTj00aVBXgonzYPlFJhRvx_S5Y2yoM1MgsXacQYbU5UkxuXApM4/s400/batik-africain-la-fete-au-village.jpg" width="400" /></a>la prévision, de l’éco-</i><br />
<i>nomie. Du notable au fellah, les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjzu0e-NO-Dme9pUAAv0NznlMSLDzdigPnRsNeIXt1cYeKeFT7Emw0IW_vXNbsnpZeBIVkiV00ABpVcFsNDUlJpff1OrTj00aVBXgonzYPlFJhRvx_S5Y2yoM1MgsXacQYbU5UkxuXApM4/h120/batik-africain-la-fete-au-village.jpg">fêtes</a> sont belles et généreu-</i><br />
<i>ses, en effet, mais non la suite! Le colonisé se ruine, emprunte et finalement paye avec l’argent des autres! Parle-t-on, au contraire, de la modestie de la vie du colonisé? de la non moins fameuse absence de besoins? Ce n’est pas davantage une preuve de sagesse, mais de stupidité. Comme si, enfin, tout trait reconnu ou inventé </i>devait <i>être l’indice d’une négativité</i>» (A. Memmi. <i>ibid. </i>p. 86). C’est oublier que dans le premier cas, le colonisé resserre la chaîne qui l’étouffe avec les dettes qu’on lui fabrique pour mieux l’appauvrir, tandis que dans le second cas, son aliénation l’empêche de bien comprendre tous les rouages techniques et financiers qui font son malheur. Le colonisé n’est guère mieux que le plateau de service du garçon de café dans la fable de Sartre :<br />
<blockquote class="tr_bq">
«<i>Le colonisé, lui, ne se sent ni responsable ni coupable, ni sceptique, il est hors de jeu. En aucune manière il n’est plus sujet de l’histoire; bien entendu il en subit le poids, souvent </i><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi3CUlLFtJLxx1BIuwAX3ESnbLmNTzvnfkf4Oh0WArJ5t1MwGrJ-rlaaIzvziTR-0zsTif42Y3wWBhtq0WBatH0mIck8A7httZxoUBmAKNAr2C-anjFapRh0vhy1btXpecPkf0vge4DpIU/s1600/combat-sanglant-dans-le-sud-ouest-africain-1904.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi3CUlLFtJLxx1BIuwAX3ESnbLmNTzvnfkf4Oh0WArJ5t1MwGrJ-rlaaIzvziTR-0zsTif42Y3wWBhtq0WBatH0mIck8A7httZxoUBmAKNAr2C-anjFapRh0vhy1btXpecPkf0vge4DpIU/s400/combat-sanglant-dans-le-sud-ouest-africain-1904.jpg" width="285" /></a>plus cruellement que les autres, mais toujours comme objet. Il a fini par perdre l’habitude de toute participation active à l’histoire et ne la réclame même plus. Pour peu que dure la colonisation, il perd jusqu’au souvenir de sa liberté; il oublie ce qu’elle coûte ou n’ose plus en payer le prix. Sinon, comment expliquer qu’une <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi3CUlLFtJLxx1BIuwAX3ESnbLmNTzvnfkf4Oh0WArJ5t1MwGrJ-rlaaIzvziTR-0zsTif42Y3wWBhtq0WBatH0mIck8A7httZxoUBmAKNAr2C-anjFapRh0vhy1btXpecPkf0vge4DpIU/h120/combat-sanglant-dans-le-sud-ouest-africain-1904.jpg">garnison</a> de quelques hommes puissent tenir dans un poste de montagne? Qu’une poignée de colonisateurs souvent arrogants puissent vivre au milieu d’une foule de colonisés? Les colonisateurs eux-mêmes s’en étonnent, et de là vient qu’ils accusent le colonisé de lâcheté. L’accusation est trop désinvolte, en vérité; ils savent bien que s’ils étaient menacés, leur solitude serait vite rompue : toutes les ressources de la technique, téléphone, télégramme, avion, mettraient à leur disposition, en quelques minutes, des moyens effroyables de défense et de destruction. Pour un </i><i>colonisateur tué, des centaines, des milliers de colonisés ont été, ou seront exterminés. L’expérience a été assez souvent renouvelée - peut-être provoquée - pour avoir convaincu le colonisé de l’inévitable et terrible sanction. Tout a été mis en œuvre pour effacer en lui le courage de mourir et d’affronter la vue du sang</i>» (A. Memmi. <i>ibid. </i>p. 93).</blockquote>
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj6fRsWSQx-o1Xb5hexH33ngNuiRDhKOwNm8YfEXw_vYGDodiK2fd0dvZUaB5P7iQ4ebD5xBHJ6BhpVf6wn5W5Cay1HuahROVX3CajIRGD4Qos6LYJWfhTkLGoOPPBUAlC_zXzT6eYfosw/s1600/colonisateur+sadique.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj6fRsWSQx-o1Xb5hexH33ngNuiRDhKOwNm8YfEXw_vYGDodiK2fd0dvZUaB5P7iQ4ebD5xBHJ6BhpVf6wn5W5Cay1HuahROVX3CajIRGD4Qos6LYJWfhTkLGoOPPBUAlC_zXzT6eYfosw/s640/colonisateur+sadique.jpg" width="500" /></a></div>
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La fragilité du colonisé équivaut à celle du pot de terre. Aussi, sont-ils bien, comme le chantait <i>L’Internationale, </i>ces <i>damnés de la terre </i>- ce qui sera le titre du célèbre manifeste de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiPH0fdlBiRoUIf1JMkNTVwRsWSkgzgFJ-OsiuCT5piH4pyls3FgwreCJjesh5Z5Z3YwDq9_CO4mT5J7zwh7_jTD7BUvboxi8jGDLiNhIku-3rgdsNKGPJLQxsL8O1m9alrFPj7YhKJRc0/h120/220px-Frantzfanonpjwproductions.jpg">Frantz Fanon</a>. Alors, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiPH0fdlBiRoUIf1JMkNTVwRsWSkgzgFJ-OsiuCT5piH4pyls3FgwreCJjesh5Z5Z3YwDq9_CO4mT5J7zwh7_jTD7BUvboxi8jGDLiNhIku-3rgdsNKGPJLQxsL8O1m9alrFPj7YhKJRc0/s1600/220px-Frantzfanonpjwproductions.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiPH0fdlBiRoUIf1JMkNTVwRsWSkgzgFJ-OsiuCT5piH4pyls3FgwreCJjesh5Z5Z3YwDq9_CO4mT5J7zwh7_jTD7BUvboxi8jGDLiNhIku-3rgdsNKGPJLQxsL8O1m9alrFPj7YhKJRc0/s400/220px-Frantzfanonpjwproductions.jpg" width="295" /></a>il ne restera plus, pour eux, ce que Memmi appellent «les valeurs-refuges», c’est-à-dire la famille, les fêtes communautaires et la religion. Refoulé du progrès libéral et capitaliste, le colonisé tend à se replier vers son passé primitif. Les idéologues de la décolonisation, libéraux comme marxistes, auront beau jeter les cendres de leur idéologie sur ces braises arriérées, cela n’empêchera pas les flammes de ressortir, dès la fin du XXe siècle, pour pallier aux échecs de la transition «à l’occidentale» des nouveaux pays indépendants. Ce repli «stratégique» était, pour l’époque, un moyen de résistance : «<i>Tant qu’il supporte la colonisation, la seule alternative possible pour le colonisé est l’assimilation ou la pétrification</i>», remarquait justement Memmi (<i>ibid. </i>p. 99). Et pour le tirer de sa pétrification tout en lui interdisant l’assimilation, les institutions coloniales travailleront à extirper de lui toutes ses références historiques. D’où que, selon le même auteur, «<i>le colonisé semble condamné à perdre progressivement la mémoire</i>» (<i>ibid. </i>p. 99).</div>
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<br /></div>
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Le colonisateur applique, à sa façon, cette autre strophe de <i>L’Internationale : du passé, faisons table </i><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg5WsgFuH8aRrOT3N6rjDhiR6fsh3ISM5-i2Drx8whZuq1Rwx7JpulxE2qve4LSPzOzE87jaYcARC-BR1X8lQuUna5TeuWxYskLtSqsylUtHmsUoLLcM-sUc1YIfqbgm9V2Xvkm39u_VHU/s1600/EM_5.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="265" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg5WsgFuH8aRrOT3N6rjDhiR6fsh3ISM5-i2Drx8whZuq1Rwx7JpulxE2qve4LSPzOzE87jaYcARC-BR1X8lQuUna5TeuWxYskLtSqsylUtHmsUoLLcM-sUc1YIfqbgm9V2Xvkm39u_VHU/s400/EM_5.jpg" width="400" /></a>rase. </i>Ou plus exactement, «coloni-<br />
sons l'Histoire» : «<i>La cité se met-elle en fête? Ce sont les fêtes du colo-</i><br />
<i>nisateur, même re-</i><br />
<i>ligieuses, qui sont célébrées avec éclat : Noël et Jeanne d'Arc, le Carnaval et le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg5WsgFuH8aRrOT3N6rjDhiR6fsh3ISM5-i2Drx8whZuq1Rwx7JpulxE2qve4LSPzOzE87jaYcARC-BR1X8lQuUna5TeuWxYskLtSqsylUtHmsUoLLcM-sUc1YIfqbgm9V2Xvkm39u_VHU/h120/EM_5.jpg">Quatorze Juillet</a>…, ce sont les armées du colonisateur qui défilent, celles-là mêmes qui ont écrasé le colonisé, et le maintiennent en place et l’écraseront encore s’il le faut </i>(A. Memmi. <i>ibid. </i>p. 100). Triste tropique. Ce sera l’une des tâches spécifiques de l’Éducation que la République donnera à ses coloniaux de substituer à <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhwcxaGTl2mIgMwh-kmx7AQMOi24MK_a_H3c-IHECGAeKdbatLv6owv6cAFnwAM-S-RB4iWIlhDw-KcIgdfrpW01fGdvWYajYkGkfr9v1c-oLIWOuchVgiUEbYUjtzlo6wuT58pANUMxkQ/s1600/ju501-cfcb2.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhwcxaGTl2mIgMwh-kmx7AQMOi24MK_a_H3c-IHECGAeKdbatLv6owv6cAFnwAM-S-RB4iWIlhDw-KcIgdfrpW01fGdvWYajYkGkfr9v1c-oLIWOuchVgiUEbYUjtzlo6wuT58pANUMxkQ/s400/ju501-cfcb2.jpg" width="385" /></a>leurs héros nationaux, les héros des métro-<br />
politains : «<i>…la mémoire qu’on lui constitue n’est sûrement pas celle de son peuple. L’histoire qu’on lui apprend n’est pas la sienne. Il sait qui fut Colbert ou Cromwell mais non qui fut Khaznadar; qui fut Jeanne d’Arc mais non la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhwcxaGTl2mIgMwh-kmx7AQMOi24MK_a_H3c-IHECGAeKdbatLv6owv6cAFnwAM-S-RB4iWIlhDw-KcIgdfrpW01fGdvWYajYkGkfr9v1c-oLIWOuchVgiUEbYUjtzlo6wuT58pANUMxkQ/h120/ju501-cfcb2.jpg">Kahena</a>. Tout semble s’être passé ailleurs que chez lui; son pays et lui-même sont en l’air, ou n’existent que par référence aux Gaulois, aux Francs, à la Marne; par référence à ce qu’il n’est pas, au christianisme, alors qu’il n’est pas chrétien, à l’Occident qui s’arrête devant son nez, sur une ligne d’autant plus infranchissable qu’elle est imaginaire. Les livres l’entretiennent d’un univers qui ne rappelle en rien le sien…</i>» (A. Memmi. <i>ibid. </i>p. 101).<br />
<br />
D’autre part, et c’est peut-être là l’aliénation suprême, «<i>le colonisé n’est sauvé de l’analphabétisme que pour tomber dans le dualisme linguistique. S’il a cette chance</i>» (A. Memmi. <i>ibid. </i>p. 102) :<br />
<blockquote class="tr_bq">
«<i>La possession de deux langues n’est pas seulement celle de deux outils, c’est la participation à deux royaumes psychiques et culturels. Or ici, </i>les deux univers symbolisés, portés par les deux langues, sont en conflit : <i>ce sont ceux du colonisateur et du colonisé.</i></blockquote>
<div style="text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj8edlxwamOfhJ9tay4zr99hhPGYoncehPgHiVDdQ92lGeA2OCPAvYAhyphenhyphen6Dmq_QbAsZ_UTc8uwi5UPqYhqc878ML9AG_QUSp_QKACngSGokRmICPJFXRZHN_o-hCXr19B7xZUF-210hQII/s1600/ecole_aof_1900.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="247" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj8edlxwamOfhJ9tay4zr99hhPGYoncehPgHiVDdQ92lGeA2OCPAvYAhyphenhyphen6Dmq_QbAsZ_UTc8uwi5UPqYhqc878ML9AG_QUSp_QKACngSGokRmICPJFXRZHN_o-hCXr19B7xZUF-210hQII/s400/ecole_aof_1900.jpg" width="400" /></a></div>
<blockquote class="tr_bq">
<i>En outre, la langue maternelle du colonisé, celle qui est nourrie de ses sensations, ses passions et ses rêves, celle dans laquelle se libèrent sa tendresse et ses étonnements, celle enfin qui recèle la plus grande charge affective, celle-là précisément est </i>la moins valorisée. <i>Elle n’a aucune dignité dans le pays ou dans le concert des peuples. S’il veut obtenir un métier, construire sa place, exister dans la cité et dans le monde, il doit d’abord se plier à la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj8edlxwamOfhJ9tay4zr99hhPGYoncehPgHiVDdQ92lGeA2OCPAvYAhyphenhyphen6Dmq_QbAsZ_UTc8uwi5UPqYhqc878ML9AG_QUSp_QKACngSGokRmICPJFXRZHN_o-hCXr19B7xZUF-210hQII/h120/ecole_aof_1900.jpg">langue des autres</a>, celle des colonisateurs, ses maîtres. Dans le conflit linguistique qui habite le colonisé, sa langue maternelle est l’humiliée, l’écrasée. Et ce mépris, objectivement fondé, il finit par le faire sien. De lui-même, il se met à écarter cette langue infirme, à la cacher aux yeux des étrangers, à ne paraître à l’aise que dans la langue du colonisateur. En bref, le bilinguisme colonial n’est ni une diglossie, où coexistent un idiome populaire et une langue de puriste, appartenant tous les deux au même univers affectif, ni une simple richesse polyglotte qui bénéficie d’un clavier supplémentaire mais relativement neutre; c’est un </i>drame linguistique» (A. Memmi. <i>ibid. </i>pp. 102-103).</blockquote>
Il n’est donc pas sans signification que l’<i>amour du colonisateur </i>soit payé en retour par la <i>haine du colonisé </i>envers lui-même. C’est dans le terreau de cette haine que s’enracine l’<i>être-comme </i>qui va conduire à l’indépendance et à la décolonisation. Contrairement à ce que suppose la dialectique de Hegel, l’esclave ne prendra conscience de lui-même qu’en s’identifiant au maître :<br />
<blockquote class="tr_bq">
«<i>Cet emportement vers les valeurs colonisatrices ne serait pas tant suspect, cependant, s’il ne comportait un tel envers. Le colonisé ne cherche pas seulement à s’enrichir des vertus du colonisateur. Au nom de ce qu’il souhaite devenir, il s’acharne à s’appauvrir, à s’arracher de lui-même. Nous retrouvons, sous une autre forme, un trait déjà signalé. L’écrasement du colonisé est compris dans les valeurs colonisatrices. Lorsque le colonisé </i><i><i><i><i><i><i></i></i></i></i></i>adopte ces valeurs, il adopte en inclusion sa propre condamnation. Pour se libérer, du </i><i>moins le croit-il, il accepte de se détruire. Le phénomène est comparable à </i><i><i><i><i><i></i></i></i></i>la </i><i>négrophobie du nègre, ou à l’antisémitisme du juif. Des négresses se désespèrent </i><i><i><i><i><i><i><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhurjz3B7JMw8USnjnkvZa_pf3cIMYmee10EH-Z7o1QsT6cyTc2lhliDUrt-3Njp_AADg3Cw59bADQUWZlFUQDPXueAR7BegRAg_Yn_Jedh6mt4aiQF-g23CmvChfRuEOPeK2NR10K3wmw/s1600/-The-Man-in-my-life-michael-jackson-26201514-2560-1860.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="232" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhurjz3B7JMw8USnjnkvZa_pf3cIMYmee10EH-Z7o1QsT6cyTc2lhliDUrt-3Njp_AADg3Cw59bADQUWZlFUQDPXueAR7BegRAg_Yn_Jedh6mt4aiQF-g23CmvChfRuEOPeK2NR10K3wmw/s320/-The-Man-in-my-life-michael-jackson-26201514-2560-1860.jpg" width="320" /></a></i></i></i></i></i></i>à </i><i><i><i><i></i></i></i>se </i><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhurjz3B7JMw8USnjnkvZa_pf3cIMYmee10EH-Z7o1QsT6cyTc2lhliDUrt-3Njp_AADg3Cw59bADQUWZlFUQDPXueAR7BegRAg_Yn_Jedh6mt4aiQF-g23CmvChfRuEOPeK2NR10K3wmw/h120/-The-Man-in-my-life-michael-jackson-26201514-2560-1860.jpg">défriser</a> les cheveux, qui refrisent toujours, et se torturent la peau pour la blanchir un peu. Beaucoup de juifs, s’ils le pouvaient, s’arrache</i><i>raient l’âme; cette âme dont on leur dit qu’elle est mauvaise irrémédiablement. On a déclaré au colonisé que sa musique, c’est des miaulements de chat; sa peinture du sirop de sucre. Il répète que sa musique est vulgaire et sa peinture écœurante. Et si cette musique le remue tout de même, l’émeut plus que les subtils exercices occidentaux qu’il trouve froids et compliqués, si cet unisson des couleurs changeantes et légèrement ivres lui <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgIaoFL4pkfd7gB-4jnDfLhJXmt5kcYVidIq1Tm2yIxdX81DZgH4DgtKtJEBMV5m-PA7E9L3G9mYJurNJKVl_D2DCNhFaypCYpMclsHmXro3vO3ciUNQ1ZwukgEKP823BAGWC5N00bsORU/h120/tableau-africain-2.jpg">réjouissent l’œil</a>, c’est malgré sa volonté. Il s’en indigne contre lui-même, s’en cache aux yeux des étrangers, ou affirme des répugnances si fortes qu’elles en sont comiques. Les femmes de la bourgeoisie préfèrent le bijou médiocre en provenance d’Europe au joyau le plus pur de leur tradition. Et ce sont les touristes qui s’émerveillent devant les produits de l’artisanat séculaire. Enfin, nègre, juif ou colonisé, il faut ressembler de plus en plus au blanc, au non-juif, au colonisateur. De même que beaucoup de gens évitent de promener leur parenté pauvre, le colonisé en mal d’assimilation cache son passé, ses traditions, toutes ses racines enfin, devenues infamantes</i>» (A. Memmi. <i>ibid. </i>p. 113).</blockquote>
<div style="text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgIaoFL4pkfd7gB-4jnDfLhJXmt5kcYVidIq1Tm2yIxdX81DZgH4DgtKtJEBMV5m-PA7E9L3G9mYJurNJKVl_D2DCNhFaypCYpMclsHmXro3vO3ciUNQ1ZwukgEKP823BAGWC5N00bsORU/s1600/tableau-africain-2.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgIaoFL4pkfd7gB-4jnDfLhJXmt5kcYVidIq1Tm2yIxdX81DZgH4DgtKtJEBMV5m-PA7E9L3G9mYJurNJKVl_D2DCNhFaypCYpMclsHmXro3vO3ciUNQ1ZwukgEKP823BAGWC5N00bsORU/s400/tableau-africain-2.jpg" width="400" /></a> </div>
<div style="text-align: center;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Nous ne sommes plus dans l’envie la plus vulgaire, celle du colonisateur, dont le cœur est dévoré par l’or et par l’argent, par les profits et la rentabilité des investissements. Nous sommes passés au niveau ontologique de l’Être. Et, «<i>dans le cadre colonial, l’assimilation </i>[se] <i>révèle impossible</i>», car «<i>consentirait-il à tout, </i>[le colonisé] <i>n’en serait pas sauvé. Pour s’assimiler, il ne suffit pas de donner congé à son groupe, il faut en </i><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiGXPynmkDY6YuK1uUEZ2UwegzdKhvIjMvhQK7oh0xHMQZgMys9DMO9HO2FB41w4o-p_U4Fn7DmyA3r79UsASGg0eaJ8rYo2MtYg7H_bgxNkXtoiCetHYckjERactKbk9sC5qYdFcexYzA/s1600/apartheid.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="242" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiGXPynmkDY6YuK1uUEZ2UwegzdKhvIjMvhQK7oh0xHMQZgMys9DMO9HO2FB41w4o-p_U4Fn7DmyA3r79UsASGg0eaJ8rYo2MtYg7H_bgxNkXtoiCetHYckjERactKbk9sC5qYdFcexYzA/s400/apartheid.jpg" width="400" /></a>pénétrer un autre : </i>or il rencontre le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiGXPynmkDY6YuK1uUEZ2UwegzdKhvIjMvhQK7oh0xHMQZgMys9DMO9HO2FB41w4o-p_U4Fn7DmyA3r79UsASGg0eaJ8rYo2MtYg7H_bgxNkXtoiCetHYckjERactKbk9sC5qYdFcexYzA/h120/apartheid.jpg">refus du colonisa-</a></div>
<div style="text-align: justify;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiGXPynmkDY6YuK1uUEZ2UwegzdKhvIjMvhQK7oh0xHMQZgMys9DMO9HO2FB41w4o-p_U4Fn7DmyA3r79UsASGg0eaJ8rYo2MtYg7H_bgxNkXtoiCetHYckjERactKbk9sC5qYdFcexYzA/h120/apartheid.jpg">teur</a>» (A. Memmi. <i>ibid. </i>p. 114). Car il est impossible pour le colonisateur, sans endommager sa propre subjectivité, de se reconnaître l’égal du colonisé. Pour cette raison, il a inventé des idéologies nourries d’une anthropologie biaisée qui énonce des thèses racistes. Le colonisé est d’une autre <i>nature </i>que la sienne, une nature qui plus est, s’est démontrée, aux yeux de l’histoire, inférieure. D’où que, dans sa quête de parvenir à un statut paritaire avec l’occupant, avec l’usurpateur, «<i>c’est le colonisé qui, le premier souhaite l’assimilation, et c’est le colonisateur qui la lui refuse</i>» (A. Memmi. <i>ibid. </i>p. 115). Et c’est l’assimilation refusée qui va faire entrer le colonisé dans le statut d’esclave, conscience de son asservissement, et lui faire <span lang="FR-CA" style="color: black; mso-bidi-font-size: 12.0pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjfWkmiBqwe-zuJ13vQGJxw2G4teQoNbrCK6nUvTw02JKORklJorcW0-HRlIV-AFimw63LnABcz6UJYYXxboGwt5thjjZRBPADCJQ_wP5QsfwF0g_H8oWGLBhUj9iyPU6Spd3IsfwAjCK8/s1600/ElliottErwitt-ok-1-180242_L.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="256" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjfWkmiBqwe-zuJ13vQGJxw2G4teQoNbrCK6nUvTw02JKORklJorcW0-HRlIV-AFimw63LnABcz6UJYYXxboGwt5thjjZRBPADCJQ_wP5QsfwF0g_H8oWGLBhUj9iyPU6Spd3IsfwAjCK8/s400/ElliottErwitt-ok-1-180242_L.jpg" width="400" /></a></span>développer des idéologies où, de l’<i>être-comme, </i>il en viendra à se considé-</div>
<div style="text-align: justify;">
rer, par pure <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjfWkmiBqwe-zuJ13vQGJxw2G4teQoNbrCK6nUvTw02JKORklJorcW0-HRlIV-AFimw63LnABcz6UJYYXxboGwt5thjjZRBPADCJQ_wP5QsfwF0g_H8oWGLBhUj9iyPU6Spd3IsfwAjCK8/s1600/ElliottErwitt-ok-1-180242_L.jpg">compen-</a><br />
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjfWkmiBqwe-zuJ13vQGJxw2G4teQoNbrCK6nUvTw02JKORklJorcW0-HRlIV-AFimw63LnABcz6UJYYXxboGwt5thjjZRBPADCJQ_wP5QsfwF0g_H8oWGLBhUj9iyPU6Spd3IsfwAjCK8/s1600/ElliottErwitt-ok-1-180242_L.jpg">sation</a>, comme <i>être su-</i><br />
<i>périeur </i>aux co-<br />
lonisateurs, ce qu’une foule de tiers-mondistes occidentaux accepteront comme une évidence indiscutable. Pour être tout à fait légitime dans la mouvance dialectique de la colonisation, le dépassement de l’envie du colonisateur par la jalousie du colonisé a été l’une des causes internes majeures de l’échec des indépendances. Certes, on a beaucoup insisté sur les facteurs exogènes : les conflits internationaux dans le cadre de la Guerre Froide; la rivalité des impérialismes financiers occidentaux; le paternalisme des organismes d’aide au développement; l’action occulte des faiseurs de rois-nègres (la C.I.A. comme le K.G.B.)… et bien d’autres choses encore. Mais l’échec des Indépendances est avant tout intérieur et lié au processus même de la décolonisation.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
Était-il nécessaire, pour <i>décoloniser l’histoire </i>- pour reprendre le titre d’une étude de Mohamed C. Sahli -, de passer par une amplification démesurée de l’histoire pré-coloniale? Sans doute, dira-t-on qu’il <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjSULB1Uc8JI5jyBsAFrqYAt40fyziFS6MA84g2rXzZnuLGmYmM_ju7Oilx9D7Mq9ymNy81XSwg2to65roTQvf2tu5DAIaZ1W_ca4Sra_Hzxl231mW1w5T0uRsmQiQfQ4u7cXLYnvCTpWo/s1600/senghor.gif" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjSULB1Uc8JI5jyBsAFrqYAt40fyziFS6MA84g2rXzZnuLGmYmM_ju7Oilx9D7Mq9ymNy81XSwg2to65roTQvf2tu5DAIaZ1W_ca4Sra_Hzxl231mW1w5T0uRsmQiQfQ4u7cXLYnvCTpWo/s400/senghor.gif" width="387" /></a>s’agissait-là d’une nécessité psycho-<br />
logique après tant de siècles «d’ensauva-<br />
gement» (Aimé Césaire) des peuples colonisés. Cette com-<br />
pensation culturelle faisait sûrement bien s’étaler de nombreuses queues de paons, mais elle couvrait une fausse assurance qui n’échappait pas aux observateurs occidentaux. Le concept de <i>négritude </i>devenait un racisme positif qui faisait contre-poids au <i>fardeau de l’homme blanc. </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjSULB1Uc8JI5jyBsAFrqYAt40fyziFS6MA84g2rXzZnuLGmYmM_ju7Oilx9D7Mq9ymNy81XSwg2to65roTQvf2tu5DAIaZ1W_ca4Sra_Hzxl231mW1w5T0uRsmQiQfQ4u7cXLYnvCTpWo/h120/senghor.gif">Léopold Senghor</a>, député français du Sénégal, «<i>exposa ses vues dans une revue d’un niveau culturel élevé, </i>Présence africaine, <i>fondée en 1947 avec la collaboration d’Alioune Diop en réaction contre les traditions assimilationnistes de la France il y exaltait l’africanisme et la philosophie de la "négritude". Dans cette revue les élites africaines s’attachèrent aussi à réfuter le vieux préjugé de "l’Afrique continent barbare"; ils rappelèrent les aspects brillants de son passé pré-colonial, les empires médiévaux du Soudan, la floraison des arts plastiques, de la poésie, les institutions sociales remarquablement équilibrées. Par-dessus tout, ils cherchèrent à donner leur véritable sens aux événements africains des luttes coloniales déformés par les Européans, car disait Cheik Anta Diop : "L’histoire est le levain de la conscience nationale"</i>» (H. Grimal. <i>La Décolonisation 1919-1963, </i>Paris, Armand Colin, Col. U, 1965, p. 345). L’anthropologue<span lang="FR-CA"> </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEheok9IUN6BVl9Y5LDHv6FMviCR4OkkDTHxkqUvKrugoWbHH4J8DvDZq-T1juBMsdX09-koJD5G9HnoJ1r2b6czRNj776IuUQ41IsgINYgVPRIXCfxvvcloJ5oq8b2PJfNNcUvkWB1bORc/s1600/hqdefault.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEheok9IUN6BVl9Y5LDHv6FMviCR4OkkDTHxkqUvKrugoWbHH4J8DvDZq-T1juBMsdX09-koJD5G9HnoJ1r2b6czRNj776IuUQ41IsgINYgVPRIXCfxvvcloJ5oq8b2PJfNNcUvkWB1bORc/s400/hqdefault.jpg" width="400" /></a><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEheok9IUN6BVl9Y5LDHv6FMviCR4OkkDTHxkqUvKrugoWbHH4J8DvDZq-T1juBMsdX09-koJD5G9HnoJ1r2b6czRNj776IuUQ41IsgINYgVPRIXCfxvvcloJ5oq8b2PJfNNcUvkWB1bORc/h120/hqdefault.jpg">Cheikh Anta Diop</a> (1923-1986), dont les travaux et les con-</span><br />
<span lang="FR-CA">clusions sont toujours
contestés, supposait qu’étant le berceau de l’huma-</span><br />
<span lang="FR-CA">nité, les Africains avaient
découvert, bien avant les Occidentaux, les plus grands systèmes révélés par les arts et la
science ultérieure. Par leur diffusion dans l'ensemble du bassin méditerranéen et du Proche-Orient, les Noirs auraient apporté la civilisation au monde. Bien que ses théories eurent un écho
davantage dans le monde intellectuel occidental que dans l’ensemble des peuples
colonisés, une certaine classe de la société se laissa emporter par ces
amplifications culturelles. La négritude devenait une valeur positive contre
toutes les valeurs négatives véhiculées par les colonisateurs. Cette
valorisation eut ses correspondants en Extrême-Orient, en particulier en Chine,
où le maoïsme, outre son action politique, stimula une «révolution culturelle»
qui avait pour but d’apprêter le marxisme <i style="mso-bidi-font-style: normal;">à
l’orientale </i>tout en fermant les </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEin4iPWPj5yQj-n9kTN9J1wnI0srXIkq4vcyHEY2H5tpRCY6m8sw-ElqGfVV9neSwa1WI7Q72QAIWnnuxUXtocmuh4579_K2VYLC8etuDntLOWwPWOsXO6gtNMBg7TIzcz-4wFHIzYMXOI/s1600/independancedayalgeria.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEin4iPWPj5yQj-n9kTN9J1wnI0srXIkq4vcyHEY2H5tpRCY6m8sw-ElqGfVV9neSwa1WI7Q72QAIWnnuxUXtocmuh4579_K2VYLC8etuDntLOWwPWOsXO6gtNMBg7TIzcz-4wFHIzYMXOI/s400/independancedayalgeria.jpg" width="281" /></a>frontières aux influences,
même soviétiques. De la compensation culturelle à l’engagement militant pour
l’indépendance d’abord, puis pour ériger des sociétés civiles libres dont
beaucoup s’inspiraient des thèses socialistes, voire communistes développées
dans les collèges métropolitains, il n’y avait qu’un pas, qui fut vite franchi. Après la
libération de l’Indochine de la tutelle française; après la sanglante guerre
d’<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEin4iPWPj5yQj-n9kTN9J1wnI0srXIkq4vcyHEY2H5tpRCY6m8sw-ElqGfVV9neSwa1WI7Q72QAIWnnuxUXtocmuh4579_K2VYLC8etuDntLOWwPWOsXO6gtNMBg7TIzcz-4wFHIzYMXOI/h120/independancedayalgeria.jpg">Algérie</a> qui eut ses répercussions de violence jusque dans la métropole, après
l’indépendance accordée à l’Inde et au Pakistan, les anciennes colonies
échappèrent les unes après les autres aux mains de leurs oppresseurs. Tout cela
aurait été conforme aux vœux des indépendantistes de toutes fibres s’il n’y
avait eu l’immense gâchis laissé par les colonisateurs en prenant leur
billet de retour pour la métropole:</span></div>
</div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Voyez, indiscrète jeunesse,
où l’incontinence porte ceux qui suivent ses étendards, et comme les voluptés
de la chair et du sang </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"></span></i></span>traînent à leur suite des carnages de chair et des
ruisseaux de sang. Quelle horrible </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"></span>boucherie, quelle montagne eût-on fait de tant
de corps! Que de choses à </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjt2QeY1YlUhLYDlJuf4iQJxRDzx8cezgjPT_2AdssimoZ3jhvrCR8zHmE30kPzS5vSxTUd0ekIpgyYK1EBlgn1OKt-oV0T2vnoZWMJvQ6oOhMfc6BFoRaCydWkiImdx7uVyXSAEId0Eks/s1600/Philippe_de_Champaigne_-_Portrait_of_Bishop_Jean-Pierre_Camus_-_WGA4719.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjt2QeY1YlUhLYDlJuf4iQJxRDzx8cezgjPT_2AdssimoZ3jhvrCR8zHmE30kPzS5vSxTUd0ekIpgyYK1EBlgn1OKt-oV0T2vnoZWMJvQ6oOhMfc6BFoRaCydWkiImdx7uVyXSAEId0Eks/s320/Philippe_de_Champaigne_-_Portrait_of_Bishop_Jean-Pierre_Camus_-_WGA4719.jpg" width="249" /></a>considérer sur ce sanglant théâtre! L’envie d’un
frère qui joue le principal ressort de tous </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">ces désastres, l’aveuglement d’une
fille, l’inconsidération d’un jeune homme, l’infidélité d’un serviteur, la
force de la volupté, la cruauté d’un père, la nonchalance d’une gouvernante, la
témérité d’un frère voulant venger le déshonneur de sa sœur, et en somme la
rage et la fureur du désespéré… Que de morts entassés, que de personnages
amoncelés sur cette scène! Qui ne voit qu’à étendre cette occurrence tragique
un juste volume serait étroit! Je laisse au lecteur à méditer sur la variété de
ces horribles succès, et admoneste ceux qui se laissent emporter à la volupté
de se faire sages par cet exemple</i>».</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Ainsi écrivait le moraliste <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjt2QeY1YlUhLYDlJuf4iQJxRDzx8cezgjPT_2AdssimoZ3jhvrCR8zHmE30kPzS5vSxTUd0ekIpgyYK1EBlgn1OKt-oV0T2vnoZWMJvQ6oOhMfc6BFoRaCydWkiImdx7uVyXSAEId0Eks/h120/Philippe_de_Champaigne_-_Portrait_of_Bishop_Jean-Pierre_Camus_-_WGA4719.jpg">Jean-Pierre Camus</a> (1584-1652) dans ses <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Occurrences remarquables de Monseigneur de
Belley </i>en 1628. Cette admonestation convient assez bien à l’ensemble des horreurs qui
marquèrent les pays «libérés» de la colonisation et des luttes de pouvoir entre
partis civils et partis militaires; entre tribus; entre compagnies privées et
États qui s’en suivirent. L’incontinence des rapaces et des cupides trouvèrent bientôt dans
l’impérialisme une source d’extorsion de matières premières et du maintien
du salariat </span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj3AVcuEcc254kZkrIe4a-iLRfN6L3rXzLv0JbWyrIbKPoJcdg8a9BH2bd0nlsUaJCoCitqF0_OVqtKN-HOI6z279pPlz79gYd6dyUshKJwC4OeLURfBrJOosIGIdkhytQ_reNiL0KCeNY/s1600/Biafran-Children-10_1.gif" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="262" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj3AVcuEcc254kZkrIe4a-iLRfN6L3rXzLv0JbWyrIbKPoJcdg8a9BH2bd0nlsUaJCoCitqF0_OVqtKN-HOI6z279pPlz79gYd6dyUshKJwC4OeLURfBrJOosIGIdkhytQ_reNiL0KCeNY/s400/Biafran-Children-10_1.gif" width="400" /></a></span>à un niveau proche de l’esclava-</span><br />
<span lang="FR-CA">ge, et ce, sans plus recourir aux dépenses des métro-</span><br />
<span lang="FR-CA">poles : les Français au
Tchad et au Sénégal; les Por-</span><br />
<span lang="FR-CA">tugais en Angola; les Britanniques en Asie centrale et les
Américains partout ne </span><span lang="FR-CA">cessent depuis d’intervenir dans les affaires intérieures des États indépendants, libres et souverains! Viennent en tête les ethnocides dus à la faim ou à la
guerre. Le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj3AVcuEcc254kZkrIe4a-iLRfN6L3rXzLv0JbWyrIbKPoJcdg8a9BH2bd0nlsUaJCoCitqF0_OVqtKN-HOI6z279pPlz79gYd6dyUshKJwC4OeLURfBrJOosIGIdkhytQ_reNiL0KCeNY/h120/Biafran-Children-10_1.gif">Biafra</a>, État sécessionniste du Nigeria entre 1967 et 1970, fut
réduit par la famine. Les pays d’Amérique latine, tour à tour sous la férule de
compagnies comme General Food ou Monsanto sans oublier les minières du monde entier. Les diamants du Congo, qui
favorisèrent le règne de cette brute immonde de Mobutu Sese Seko toujours entouré de ses agents de sécurité belges. L’affreux <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjsRwq4oMEGvn9O56bZrlG_QEyU2WVYPwfoQUQSlcFRtQdEBoR41OlB_jRZwRnYz38SXeFJbUda3Rex1z5EiDI9uMLUOm5JDxXbVQS-naqiT7JdqXl5qt-u1d3Gsuit7T0ReiaSoEFznRM/h120/736663_sans-titre.jpg">génocide</a>
rwandais où, du 7 avril 1994 à juillet de la même année, 800 000 personnes, en majorité de la tribu Tutsi, furent sauvagement massacrées par les Hutus qui
formaient le gouvernement du Rwanda, gouvernement </span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjsRwq4oMEGvn9O56bZrlG_QEyU2WVYPwfoQUQSlcFRtQdEBoR41OlB_jRZwRnYz38SXeFJbUda3Rex1z5EiDI9uMLUOm5JDxXbVQS-naqiT7JdqXl5qt-u1d3Gsuit7T0ReiaSoEFznRM/s1600/736663_sans-titre.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="263" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjsRwq4oMEGvn9O56bZrlG_QEyU2WVYPwfoQUQSlcFRtQdEBoR41OlB_jRZwRnYz38SXeFJbUda3Rex1z5EiDI9uMLUOm5JDxXbVQS-naqiT7JdqXl5qt-u1d3Gsuit7T0ReiaSoEFznRM/s400/736663_sans-titre.jpg" width="400" /></a></span>soudaine-</span><br />
<span lang="FR-CA">ment déstabilisé par l’assas-</span><br />
<span lang="FR-CA">sinat de son président.
Derrière le «géno-</span><br />
<span lang="FR-CA">cide», c’était donc une guerre civile pour l’occupation du
pouvoir d’un État qui n’avait cessé d’être le jouet des anciens colonisateurs
belges et des tribus ou clans pour la possession du pouvoir… et des richesses. Le massacre d’hommes de femmes, de vieillards et d’enfants se déroula devant les yeux horrifiés des
Casques bleus de l’O.N.U., gelés sur place par les ordres de New York, et des journalistes secoués par la rapidité avec laquelle les horreurs se déchaînèrent. À côté, les festins
cannibalesques d’Idi Amin Dada en Ouganda (1971-1979) et les farandoles
grotesques et sanglantes de Jean-Bedel Bokassa en République centrafricaine
(1966-1976), étaient rabaissées au niveau de Guignol. La
description que donne ainsi <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Wikipedia </i>du
sacre de l’empereur Bokassa I<sup>er</sup> est tout simplement
surréaliste :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Bokassa se couronna
finalement empereur le 4 décembre 1977, soit deux jours après la date anniversaire
de celui de Napoléon Bonaparte, 173 ans auparavant (Napoléon I<sup>er</sup><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>a été sacré empereur le 2 décembre 1804). La
cérémonie eut lieu au palais des sports de Bangui. Le sacre se déroula au cours
d’une cérémonie à laquelle assistèrent 5 000 invités, dont le ministre français
de la Coopération Robert Galley. Aucun chef d’État ne s’y rendit, excepté le
Premier ministre de l’Île Maurice. Pour marquer l’événement, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiEo_S0fvFm_zOlzp33LDxYfCcbi-jKapbYjl4Ngr1YurHTZmDvpH-URxKuxXmthOx21dQj0tvh-LrsUXi02S6ht4WfTq-AD3GLv4oLnTZM-XwFTM0IIAW05toXThW_KI97wijeAILedjA/h120/bangui-7-decembre-1997-le-sacre-de-jean-bedel-bokassa-afp.jpg">Bokassa</a> revêtit
une réplique du costume que portait Napoléon I<sup>er</sup> lors de son sacre,
une épaisse </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiEo_S0fvFm_zOlzp33LDxYfCcbi-jKapbYjl4Ngr1YurHTZmDvpH-URxKuxXmthOx21dQj0tvh-LrsUXi02S6ht4WfTq-AD3GLv4oLnTZM-XwFTM0IIAW05toXThW_KI97wijeAILedjA/s1600/bangui-7-decembre-1997-le-sacre-de-jean-bedel-bokassa-afp.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiEo_S0fvFm_zOlzp33LDxYfCcbi-jKapbYjl4Ngr1YurHTZmDvpH-URxKuxXmthOx21dQj0tvh-LrsUXi02S6ht4WfTq-AD3GLv4oLnTZM-XwFTM0IIAW05toXThW_KI97wijeAILedjA/s320/bangui-7-decembre-1997-le-sacre-de-jean-bedel-bokassa-afp.jpg" width="290" /></a>cape écarlate doublée de fourrure d’hermine blanche et d’une robe
incrustée de perles sur laquelle étaient brodés en fils d’or des soleils et des
abeilles. La cérémonie fut très fastueuse : 10 000 pièces d’orfèvrerie,
200 uniformes d’apparat, 600 smokings et pas moins de 60 000 bouteilles de
Champagne et de Bourgogne. De nombreux artisans et créateurs français furent
mis à contribution par l’intermédiaire de Jean-Pierre Dupont. Un trône
monumental fut créé par le sculpteur Olivier Brice, empruntant le symbole de
l’aigle à Napoléon. La garde-robe impériale fut conçue par Pierre Cardin. La
couronne en or pur, confectionnée par le joaillier Claude Arthus-Bertrand,
comportait 7 000 carats de diamants, dont l’un de 60 carats était estimée à
près de cinq millions de dollars quand le salaire moyen en Centrafarique était
d’environ 100 dollars! À la fin de la cérémonie, le nouvel empereur remonta les
rues de Bangui à bord d’un <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhX8Jf3X8xp42Qs9AgLNp47bMeTrUPmifBXTYn9ZCKmwdfqyfhHcgM-DJBosXrnZDNcERbmgLHK26PHsaSv1mWnFi5Me2fkColVDI5kdNvr_rS18i3S0X5tnujWKjDQKtoIvxORLyOCiCY/h120/4540349042.jpeg">carrosse de bronze</a> et d’or tiré péniblement par huit
chevaux importés du haras national du Pin, situé en Normandie, envoyés par
l’Élysée. Deux chevaux moururent lors du trajet ce qui contraignit la famille
impériale à parcourir les derniers mètres en limousine. On chiffra la cérémonie
à quelque 100 millions de francs, financés en partie par le “cher cousin”
Mouammar Kadhafi. Son titre complet était “Empereur de Centrafrique par la
volonté du peuple centrafricain, uni au sein du parti politique national :
le MESAN” (Mouvement pour l’évolution sociale de l’Afrique noire). Ce dernier
épisode lui valut une réputation de mégalomane. Bokassa justifiait ses actions
en déclarant que la création d’une monarchie aiderait la Centrafrique à se
distinguer des autres pays africains à gagner le respect des autres pays du
monde. Il prétendit mettre en place une monarchie constitutionnelle, mais son
régime demeura une dictature redoutable et violente.</i></span></div>
</blockquote>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhX8Jf3X8xp42Qs9AgLNp47bMeTrUPmifBXTYn9ZCKmwdfqyfhHcgM-DJBosXrnZDNcERbmgLHK26PHsaSv1mWnFi5Me2fkColVDI5kdNvr_rS18i3S0X5tnujWKjDQKtoIvxORLyOCiCY/s1600/4540349042.jpeg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="225" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhX8Jf3X8xp42Qs9AgLNp47bMeTrUPmifBXTYn9ZCKmwdfqyfhHcgM-DJBosXrnZDNcERbmgLHK26PHsaSv1mWnFi5Me2fkColVDI5kdNvr_rS18i3S0X5tnujWKjDQKtoIvxORLyOCiCY/s400/4540349042.jpeg" width="400" /></a></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Un film de son couronnement
a été réalisé par le service cinématographique de l’Armée française sur
commande de la France pour les archives personnelles de Bokassa. Des bobines de
ce film furent stockées avec précaution dans les archives de l’ECPAD car le
générique présente l’annonce de son sacre sous forme de lettres roses
pailletées de diamants. Le service d’animation de l’ECPAD voulait en effet
montrer sa capacité à créer de nouvelles techniques d’effets spéciaux et ainsi
annoncer le faste de la cérémonie. L’affaire des diamants incita les dirigeants
de l’ECPAD à placer le film au coffre sous la mention “diffusion restreinte”
jusqu’à sa déclassification en juin 2008</span></i><span lang="FR-CA">».</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Bokassa se voulait <i style="mso-bidi-font-style: normal;">comme </i>Napoléon,
aussi agit-il tout comme l’empereur. Il réprima dans le sang des manifestations
d’étudiants; il participa au massacre de cent enfants dans la prison de Bangui,
lesquels avaient été arrêtés pour avoir protesté contre le coût trop élevé des
uniformes scolaires imposés par l’empereur. Dans la nuit du 29 septembre
suivant, comme l’empereur Bokassa se trouvait en Libye, un coup d’État le
</span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgZcjve08Eu8-W4bS4xrPk-dUq1e8nMVGdmjNYFapwhpXAVZUpPnUJJOzH-er8ojlzCycYbjJEXKgc8w3xFQjua-cOfbaGgeJJ5Iiv84FBYSqbydAI1uupng-tVnfJ2nDbKj6-uveqQ610/s1600/actu-monde-Valery-Giscard-D-Estaing-avec-Jean-Bedel-Bokassa-Jean-Bedel-Bokassa-Valery-Giscard-D-Estaing_articlephoto-5518e.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="232" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgZcjve08Eu8-W4bS4xrPk-dUq1e8nMVGdmjNYFapwhpXAVZUpPnUJJOzH-er8ojlzCycYbjJEXKgc8w3xFQjua-cOfbaGgeJJ5Iiv84FBYSqbydAI1uupng-tVnfJ2nDbKj6-uveqQ610/s400/actu-monde-Valery-Giscard-D-Estaing-avec-Jean-Bedel-Bokassa-Jean-Bedel-Bokassa-Valery-Giscard-D-Estaing_articlephoto-5518e.jpg" width="400" /></a>renversa. Le 10 octobre suivant, le journal <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le
Canard enchaîné </i>révéla l’affaire des diamants qui contribua à la défaite du
Président français <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgZcjve08Eu8-W4bS4xrPk-dUq1e8nMVGdmjNYFapwhpXAVZUpPnUJJOzH-er8ojlzCycYbjJEXKgc8w3xFQjua-cOfbaGgeJJ5Iiv84FBYSqbydAI1uupng-tVnfJ2nDbKj6-uveqQ610/h120/actu-monde-Valery-Giscard-D-Estaing-avec-Jean-Bedel-Bokassa-Jean-Bedel-Bokassa-Valery-Giscard-D-Estaing_articlephoto-5518e.jpg">Giscard d’Estaing</a>, tandis que Bokassa se réfugiait en Côte d’Ivoire,
avant de venir habiter son château d’Hardricourt en France. Bokassa retourna en
République Centrafrique en 1986 où il fut arrêté, jugé pour trahison, meurtres,
cannibalisme et détournement de fonds. Un an plus tard, condamné à la peine
capitale, sa sentence fut commuée en prison à vie, puis à 10 ans de réclusion,
enfin amnistié par André Kolingba en 1993. Il mourut trois ans plus tard d’une crise
cardiaque. </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEglrF6F1nZZlznz2lRISRPLDj-eGhCQ97qF38wfNRwaZXLQaQwZz2cq11n7FM926YPftIuiTX1VTHWhWirKFPKSXCZz96J8YXbHP_EZk7SCKUWumpuZmW4zAw3yyzxrA_YA4509V-rLYLM/s1600/dfrr.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEglrF6F1nZZlznz2lRISRPLDj-eGhCQ97qF38wfNRwaZXLQaQwZz2cq11n7FM926YPftIuiTX1VTHWhWirKFPKSXCZz96J8YXbHP_EZk7SCKUWumpuZmW4zAw3yyzxrA_YA4509V-rLYLM/s400/dfrr.jpg" width="300" /></a>L’aspect <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEglrF6F1nZZlznz2lRISRPLDj-eGhCQ97qF38wfNRwaZXLQaQwZz2cq11n7FM926YPftIuiTX1VTHWhWirKFPKSXCZz96J8YXbHP_EZk7SCKUWumpuZmW4zAw3yyzxrA_YA4509V-rLYLM/h120/dfrr.jpg">guignolesque</a> des «règnes» d’Amin Dada, de Khadafi et de Bokassa ne doit
pas nous faire oublier que le rôle de l’envie dans la décolonisation ne se
limite pas à eux. L’envie tient toute entière dans le processus même de la
décolonisation qui se révèle désormais moins comme une émancipation des
métropoles occidentales, comme on pouvait encore le penser au cours des années
1960-1970, mais bien comme une mutation de l’impérialisme même. Entre le
mimétisme des institutions occidentales, encouragé par la pression de l’aide au
développement par les corporations financières issues de Bretton Woods
et le rapetissement du refoulé à l’intérieur des rites de clans, de religion et
de fêtes ostentatoires, les nouveaux dirigeants des pays issus des partages
coloniaux n’avaient aucune tradition semblable à celles de l’Europe auxquelles ils pouvaient se rattacher. Aussi, n’eurent-ils guère d’autres choix que d’essayer de les plagier.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Prenons le cas de la Syrie, aujourd’hui pays arabe déchiré par une
guerre civile dont un aspect se transforme en véritable mouvement millénariste
avec un «califat» islamique génocidaire et fondamentaliste. Découpé par les
accords Sykes-Picot en mai 1916 dans l’<i>homme malade de l’Europe</i>, c’est-à-dire
l’empire ottoman maintenant devenu la Turquie et figurant parmi les vaincus de
la Grande Guerre de 1914-1918, la Syrie </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgiy2Bxy5LhnwzdHaTU_S9L7kgZhCfaIAojDXs-UtKJxyABL-fQWn_U6Bkoje_oyFfzS-uk63V5UK1eDvh64wH8bOZtdkRzPHWfmm90UTUywfHrQ8KKqqi428wW4Q3kUFw-7yZroBSa_RQ/s1600/aleppo26.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="260" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgiy2Bxy5LhnwzdHaTU_S9L7kgZhCfaIAojDXs-UtKJxyABL-fQWn_U6Bkoje_oyFfzS-uk63V5UK1eDvh64wH8bOZtdkRzPHWfmm90UTUywfHrQ8KKqqi428wW4Q3kUFw-7yZroBSa_RQ/s400/aleppo26.jpg" width="400" /></a>tomba, selon le mandat de la Société
des Nations, sous la tutelle de la France qui en fit un <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgiy2Bxy5LhnwzdHaTU_S9L7kgZhCfaIAojDXs-UtKJxyABL-fQWn_U6Bkoje_oyFfzS-uk63V5UK1eDvh64wH8bOZtdkRzPHWfmm90UTUywfHrQ8KKqqi428wW4Q3kUFw-7yZroBSa_RQ/h120/aleppo26.jpg">protec-</a></span><br />
<span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgiy2Bxy5LhnwzdHaTU_S9L7kgZhCfaIAojDXs-UtKJxyABL-fQWn_U6Bkoje_oyFfzS-uk63V5UK1eDvh64wH8bOZtdkRzPHWfmm90UTUywfHrQ8KKqqi428wW4Q3kUFw-7yZroBSa_RQ/s1600/aleppo26.jpg">torat</a>. L’Irak et
la Palestine allèrent de même à l’Angleterre. Durant toute la période de
l’Entre-deux-Guerres et encore sous la Seconde Guerre mondiale, la Syrie resta
une «colonie» de la France. Elle défia même Vichy et se rallia à De Gaulle et à
la France Libre. Après la guerre, la faiblesse de la France et la sympathie de
De Gaulle pour les colonies qui lui ont été d’un grand secours durant les
heures sombres de l’Occupation, rendent l’indépendance à un pays qui n’avait
jamais existé mais qui était l’héritier des anciens grands empires assyro-babyloniens. La première phase de l'indépendance n’est pas un simple
transfert de pouvoirs comme on peut se l’imaginer :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">En avril 1946, l’heure est à
la liesse populaire dans une Syrie qui célèbre une <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjSoax2hVli9GiVpP_vClZ78Sx15ePVXykgGxnBSTW83I1N2e_wP1KPiDNCUvQKthvOEe9xFhrvRd74NYFt0ttWdR7v4bFsnL8CGg_FRlC4C2gDt6u4IWIPy5Lt9wMQUJWBWzIOsI1TOuE/h120/4+Kouatlyceremony.jpg">indépendance</a> tant attendue
après des siècles de domination étrangère. Cette indépendance apparaît même
beaucoup plus réelle que celle des pays arabes voisins, car, à l’exception du
Liban, la présence britannique demeure très forte dans la région. Les Syriens
doivent donc organiser leur vie politique, choisir leurs dirigeants et leur
mode de gouvernement, décider de leurs alliances puisqu’ils vivent un moment où
une rupture irréversible avec le passé oblige à tout imaginer et édifier.
Pendant quinze années, la jeune république indépendante connaît hésitations,
brusques changements d’orientation, coups d’État et accès périodiques de
violence. Ces quelques années sont toutefois la seule période où elle connaît
une vie démocratique parlementaire, même si elle est imparfaite. En 1963, un
système de gouvernement durable sera mis en place, mais ce sera alors un régime
autoritaire et répressif dominé par le parti Baas.</i></span></div>
</blockquote>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjSoax2hVli9GiVpP_vClZ78Sx15ePVXykgGxnBSTW83I1N2e_wP1KPiDNCUvQKthvOEe9xFhrvRd74NYFt0ttWdR7v4bFsnL8CGg_FRlC4C2gDt6u4IWIPy5Lt9wMQUJWBWzIOsI1TOuE/s1600/4+Kouatlyceremony.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="277" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjSoax2hVli9GiVpP_vClZ78Sx15ePVXykgGxnBSTW83I1N2e_wP1KPiDNCUvQKthvOEe9xFhrvRd74NYFt0ttWdR7v4bFsnL8CGg_FRlC4C2gDt6u4IWIPy5Lt9wMQUJWBWzIOsI1TOuE/s400/4+Kouatlyceremony.jpg" width="400" /></a></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">L’accession à
l’indépendance n’apporte pas de changement immédiat dans la classe au pouvoir.
Les grandes figures du Bloc national, principal artisan de l’indépendance,
demeurent à la tête de l’État. Leurs mérites sont reconnus mais ils sont bien
peu préparés à la tâche qui les attend dans un pays en pleine transformation
sociale et politique et marqué par des années d’agitation. Ils représentent les
classes aisées et ils héritent d’une démocratie parlementaire inspirée par la
IIIe République française, parfaitement inadaptée à un pays du tiers-monde. Ces
hommes, bien qu’artisans de la libération nationale, n’ont pas de compétences
pour gérer un État. Il leur manque les connaissances économiques indispensables
et il leur faudrait un programme social répondant aux aspirations de la
population. En outre, ils sont bien souvent rivaux.</span></i></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi-XMAGuQmXBxnb4UAAbQmHjf_pgbfNLDsbeuIebZweIn6hxDD3bqRFgDq13BBMicUTL-roL4YWznCnhY0uT2MTkYaB9cYYLuMRv4gFNYEfpAjBFAsGJgUJjYIwPNtALoipt2ZzWblXEeo/s1600/President_Choukri_Kouatly_AFP.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi-XMAGuQmXBxnb4UAAbQmHjf_pgbfNLDsbeuIebZweIn6hxDD3bqRFgDq13BBMicUTL-roL4YWznCnhY0uT2MTkYaB9cYYLuMRv4gFNYEfpAjBFAsGJgUJjYIwPNtALoipt2ZzWblXEeo/s400/President_Choukri_Kouatly_AFP.jpg" width="296" /></a>Première manifestation de
ces tiraillements, le Bloc national éclate en deux partis en 1947. Il laisse
place au Parti national animé par le président <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi-XMAGuQmXBxnb4UAAbQmHjf_pgbfNLDsbeuIebZweIn6hxDD3bqRFgDq13BBMicUTL-roL4YWznCnhY0uT2MTkYaB9cYYLuMRv4gFNYEfpAjBFAsGJgUJjYIwPNtALoipt2ZzWblXEeo/h120/President_Choukri_Kouatly_AFP.jpg">Choukri Kouatly</a>, implanté
surtout à Damas, qui manifeste à ses débuts un conservatisme plutôt orienté
vers l’Égypte. L’autre émanation du Bloc national, le Parti du peuple, répond
aux préoccupations de la bourgeoisie d’affaires d’Alep, tournée vers Bagdad et
Mossoul, et convaincue que son intérêt est de fournir à la Mésopotamie un
débouché vers la Méditerranée. Ce parti est dirigé par Maarouf Dawalibi, un
professeur originaire d’Alexandrette</span></i><span lang="FR-CA">» (X. Baron. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Histoire de la Syrie, </i>Pairs, Tallandier,
Col. Texto, 2014, pp. 125-126).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Ce qui empêche la Syrie d’apparaître immédiatement comme un État
viable, comme le souligne Baron, c’est le manque de formation d’une élite ayant
une formation administrative et économique capable de gérer un État imité de la
République française. Contrairement à la Syrie, l’Inde et le Pakistan seront
plus rapidement </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgL1ODUqdBDjkRPrtnX6Y_je2YUjB3eCh7C5ozmSYklO75bDiRC_nj14k6s5vx4r9vKgLjgStb3ENhE8j9o49x4BVFI6Qc5HYrVLZ6aeVJm2efpbtOk4FZZav-z75fA6kIlz_fx1DXAqXY/s1600/Biographie-Nehru.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgL1ODUqdBDjkRPrtnX6Y_je2YUjB3eCh7C5ozmSYklO75bDiRC_nj14k6s5vx4r9vKgLjgStb3ENhE8j9o49x4BVFI6Qc5HYrVLZ6aeVJm2efpbtOk4FZZav-z75fA6kIlz_fx1DXAqXY/s400/Biographie-Nehru.jpg" width="328" /></a>viables, et ce, malgré les guerres civiles et les conflits
internationaux, car depuis le début du siècle, une caste d’administration
d’origine indienne avait été formée dans les Écoles d’administration de
l’Empire. Ainsi du brahmane <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgL1ODUqdBDjkRPrtnX6Y_je2YUjB3eCh7C5ozmSYklO75bDiRC_nj14k6s5vx4r9vKgLjgStb3ENhE8j9o49x4BVFI6Qc5HYrVLZ6aeVJm2efpbtOk4FZZav-z75fA6kIlz_fx1DXAqXY/h120/Biographie-Nehru.jpg">Jawaharlal Nehru</a> (1889-1964) qui avait été formé à
Harrow School et à Cambridge et qui devint le premier Premier ministre de
l’Inde libre en 1947. Les deux États rivaux, découpés à même le
British Raj, entre les territoires occupés par les Mogols musulmans et le
sous-continent indien de tradition hindouiste, devinrent rapidement de grandes
puissances industrielles et militaires, possesseurs d’armes nucléaires et cela
au moment où la Guerre Froide établissait un dangereux équilibre de la terreur. Tel ne
fut pas le cas des anciens pays découpés à même l’Empire ottoman.
L’investissement dans l’appareil militaire pour pallier aux ratés économiques
devait se montrer dérisoire lorsque l’intrusion d’Israël, piloté par les États-Unis, dans le territoire palestinien galvanisa l’union des puissances
arabes :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’événement qui provoque
l’effondrement des vieilles structures en Syrie est la guerre de Palestine
déclenchée par la proclamation de l’indépendance d’Israël, le 14 mai 1948.
L’armée syrienne s’engage dans le conflit dès le 15 mai, aux côtés d’autres
États arabes. Les déclarations enflammées de certains dirigeants arabes
annonçant une rapide et </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhOH-zZz9k8SVoH0PD1ND4r3srqhW2kd0vZzlpVAVrlkewF9835BxsHgtJ5wVWCgUFZhvVVT8c_Erd6hB9CDKF0DLzst9e7YaEKaZJMQmi-ykwYGy-JNgJZc99bWyGM35JJamyBGKs5D2Q/s1600/350px-Arab_volunteers.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="143" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhOH-zZz9k8SVoH0PD1ND4r3srqhW2kd0vZzlpVAVrlkewF9835BxsHgtJ5wVWCgUFZhvVVT8c_Erd6hB9CDKF0DLzst9e7YaEKaZJMQmi-ykwYGy-JNgJZc99bWyGM35JJamyBGKs5D2Q/s200/350px-Arab_volunteers.jpg" width="200" /></a>foudroyante victoire n’empêchent pas la déroute de
leurs <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhOH-zZz9k8SVoH0PD1ND4r3srqhW2kd0vZzlpVAVrlkewF9835BxsHgtJ5wVWCgUFZhvVVT8c_Erd6hB9CDKF0DLzst9e7YaEKaZJMQmi-ykwYGy-JNgJZc99bWyGM35JJamyBGKs5D2Q/h120/350px-Arab_volunteers.jpg">armées</a>, mal équipées, mal commandées, désunies et en nombre inférieur aux
forces adverses. Le traumatisme que provoque cette défaite au sein des
populations arabes affecte en particulier les jeunes officiers syriens prompts
à rejeter la responsabilité de l’échec sur leurs dirigeants politiques. Le
pouvoir est d’autant plus atteint que des scandales éclatent. Ainsi, des armes
achetées par la Syrie et destinées au front syrien tombent entre les mains
d’Israël. Des abus de confiance, des actes de corruption, des détournements de
biens publics sont révélés. Le parti Baas, formation qui privilégie le secret
avant de tenir son premier congrès en 1947, mène avec succès une campagne
d’agitation antigouvernementale qui rencontre, dans un tel climat, un écho
favorable dans la population et dans certains secteurs de l’armée</i>» (X.
Baron. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 126-127)<i>.</i></span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">À partir de ces défaites humiliantes et de la férocité des combats,
la démocratie syrienne avançait à grands pas vers la dictature militaire,
elle-même instable. On devine assez vite le parti que l’Union soviétique
pensait </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEha14eVPYqiTChoUOehYPVHvPjTlubjJBjGtG3rl8QvdMf6hog5MNvndNZyrW8_XE8w2qxbcTUF8PiMDvWGPf1VmSKBarImhmqm3d7jIm2_T5xhro5OrcLCLx3PRgH2gJXco5bRWI2z4jI/s1600/nasser.gif" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEha14eVPYqiTChoUOehYPVHvPjTlubjJBjGtG3rl8QvdMf6hog5MNvndNZyrW8_XE8w2qxbcTUF8PiMDvWGPf1VmSKBarImhmqm3d7jIm2_T5xhro5OrcLCLx3PRgH2gJXco5bRWI2z4jI/s400/nasser.gif" width="313" /></a>tirer de l’aide aux pays arabes. Les relations entre Moscou et Le Caire
au temps du généralissime <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEha14eVPYqiTChoUOehYPVHvPjTlubjJBjGtG3rl8QvdMf6hog5MNvndNZyrW8_XE8w2qxbcTUF8PiMDvWGPf1VmSKBarImhmqm3d7jIm2_T5xhro5OrcLCLx3PRgH2gJXco5bRWI2z4jI/h120/nasser.gif">Nasser</a> risquaient de faire tomber tout le
Moyen-Orient aux mains du communisme. Israël devenait plus que jamais,
maintenant équipé de la bombe atomique, la garantie du capitalisme occidental
dans la région. Une compétition s’établissait entre les deux superpuissances pour
le contrôle aussi bien de la Syrie que de l’Iran, aussi bien de l’Iraq que de
l’Égypte. Les dirigeants occidentaux convinrent qu’appuyer des régimes
militaires dictatoriaux valait mieux que faire la fine bouche devant les
manquements aux droits de l’homme et à la démocratie. Sur leur tombe fleurirent
les Frères Musulmans et autres partis religieux intégristes de l’Islam dont le
terrorisme avait été, depuis l’époque des croisades, le moyen de maintenir le
désordre dans les campagnes et dans les villes.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Le mimétisme du <i style="mso-bidi-font-style: normal;">comme si </i>réussit
dans d’autres pays encore moins bien équipés au niveau d’une élite économique
et intellectuelle mais capables de produire des aventuriers aptes à singer les
parades militaires et les décorations colorées des commandements occidentaux.
Tel fut cet ancien aide-cuisinier qu’était Amin Dada (1928-2003) lorsqu’il
vivait à Jinja, où était cantonné un régiment des <i style="mso-bidi-font-style: normal;">King’s African Rifles </i>de l’armée coloniale britannique d’Afrique.
Auparavant, il n’était que simple portier dans un hôtel de la ville! Idi Amin
Dada a donc commencé sa carrière militaire dans les forces répressives de la
décolonisation. Au Kenya, son bataillon fut engagé dans la répression des Mau
Mau. Son analphabétisme ne nuisit pas à son </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhiDYfDVKWd6ZbLWELl0Ns8PVw_NAiMJe5yJNtmosJgZ6qLiNM8uKxMRzj2RzP0KDJfgGGlbkgRqGp7K4-_0DfJP89A-tifMeGtQtuYSQ7iZlj7Jp4Z5RDGSKaiwE4xAy74uwvclxa7OKA/s1600/idi_amin2.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="352" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhiDYfDVKWd6ZbLWELl0Ns8PVw_NAiMJe5yJNtmosJgZ6qLiNM8uKxMRzj2RzP0KDJfgGGlbkgRqGp7K4-_0DfJP89A-tifMeGtQtuYSQ7iZlj7Jp4Z5RDGSKaiwE4xAy74uwvclxa7OKA/s400/idi_amin2.jpg" width="400" /></a>ascension dans les grades de l’armée.
Dans sa lutte contre les Turkana, dans l’Ougan-</span><br />
<span lang="FR-CA">da, il commit des actes atroces
de tortures et d’assassi-</span><br />
<span lang="FR-CA">nats qui ne passèrent pas inaperçus mais, protégé par
les officiers britanniques, il s’en tira avec une seule réprimande. Il se fit
connaître alors par ses exploits d’athlète : natation et surtout la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhiDYfDVKWd6ZbLWELl0Ns8PVw_NAiMJe5yJNtmosJgZ6qLiNM8uKxMRzj2RzP0KDJfgGGlbkgRqGp7K4-_0DfJP89A-tifMeGtQtuYSQ7iZlj7Jp4Z5RDGSKaiwE4xAy74uwvclxa7OKA/h120/idi_amin2.jpg">boxe</a>.
Avec l’indépendance, en 1962, la carrière militaire d’Idi Amin est encouragée
par le tout nouveau président, Milton Obote, mais ce dernier finit par
s’apercevoir qu’Amin Dada a détourné plusieurs millions de dollars des fonds de
l’armée. Pour éviter l’arrestation, il profite qu’Obote est à Singapour pour
exercer un coup d’État en 1971. Obote pratiquait une politique tournée vers le
socialisme, Amin Dada est donc perçu d’un bon œil par l’ensemble des
puissances occidentales. Durant huit ans, il sera à la tête d’une tyrannie
sanguinaire. Progressivement </span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiqzT3UAasmranxAgJ1Sd9FvnZ9bG_ZikHtxDvBLxyVD9CtzExv8Wku-K-ZXeXY9F8Mi3R5feguLrvIfrTjudi1R7vFCxrAjeJcRTE9G4pMUnuy9Pf3nPu3_cmdyq9WqjwIBwa-Ucl2X-w/s1600/114977-004-9E1739C3.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="262" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiqzT3UAasmranxAgJ1Sd9FvnZ9bG_ZikHtxDvBLxyVD9CtzExv8Wku-K-ZXeXY9F8Mi3R5feguLrvIfrTjudi1R7vFCxrAjeJcRTE9G4pMUnuy9Pf3nPu3_cmdyq9WqjwIBwa-Ucl2X-w/s400/114977-004-9E1739C3.jpg" width="400" /></a></span>envahi par la paranoïa, il persécute les ethnies
Acholis et Lango, dont Obote est issu. Il chasse 60 000 Asia-</span><br />
<span lang="FR-CA">tiques,
principalement des Indo-pakistanais, qui étaient un rouage important de
l’économie du pays. Pire, Ami Dada se rapproche de Khadafi et, par le fait
même, de l’influence soviétique. Les Occidentaux commencent à s’inquiéter et
déplorent de ramasser les dégâts causés par la soldatesque et les escadrons de
la mort ougandais. Le Kenya est bientôt menacé. Mais c’est le <i>blitzkrieg </i>israélien d’<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiqzT3UAasmranxAgJ1Sd9FvnZ9bG_ZikHtxDvBLxyVD9CtzExv8Wku-K-ZXeXY9F8Mi3R5feguLrvIfrTjudi1R7vFCxrAjeJcRTE9G4pMUnuy9Pf3nPu3_cmdyq9WqjwIBwa-Ucl2X-w/h120/114977-004-9E1739C3.jpg">Entebbe</a>
qui va donner le coup de grâce au dictateur. Le 27 juin 1976, un avion français
reliant Tel Aviv à Paris est détourné par des membres de l’Organisation de
Libération de la Palestine. Amin Dada invite les terroristes à venir poser
l’appareil à </span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEin-Jip_Hf2apy32hMsgkFniEa8IbAlUKAsxf173dRRWoN_KCIoD_bXKkVrUjxBuG1fXNyStARHObM3EENUkHOViU3XC3BvQZ44t6_Rq1sgRy7aCVfDeyAhHoidinggZ0If2DgIeadWgVQ/s1600/30572709_122399225273.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEin-Jip_Hf2apy32hMsgkFniEa8IbAlUKAsxf173dRRWoN_KCIoD_bXKkVrUjxBuG1fXNyStARHObM3EENUkHOViU3XC3BvQZ44t6_Rq1sgRy7aCVfDeyAhHoidinggZ0If2DgIeadWgVQ/s400/30572709_122399225273.jpg" width="310" /></a></span>Entebbe. Protégés par l’armée ougandaise, les Palestiniens
semblent à l’abri lorsqu’un coup de force opéré par des commandos israéliens
parvient à libérer la grande majorité des otages. Trois sont tués dans
l’assaut, dont un par des balles israéliennes, et une vieille femme transportée
dans un hôpital avant l’assaut, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEin-Jip_Hf2apy32hMsgkFniEa8IbAlUKAsxf173dRRWoN_KCIoD_bXKkVrUjxBuG1fXNyStARHObM3EENUkHOViU3XC3BvQZ44t6_Rq1sgRy7aCVfDeyAhHoidinggZ0If2DgIeadWgVQ/h120/30572709_122399225273.jpg">Dora Bloch</a>, âgée de 75 ans, est assassinée sur
ordre d’Ide Amin. La destruction d’une partie de la flotte aéroportée
ougandaise achève de pousser le dictateur aux extrêmes. Une purge de 200
officiers et hauts fonctionnaires, l’assassinat de l’archevêque anglican de
Kampala et de deux ministres suivront. Le dictateur achève de sombrer dans la
démence. Il n’est plus qu’un passionné de voitures de course, de boxe et de
films de Walt Disney.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Cette fantaisie ne fait pas que traduire un métissage
culturel anglo-africain, il fait ressortir l’aspect de la décolonisation animée par le
désir d’occidentalisation. Ainsi, Amin Dada se fait confectionner des vêtements
spéciaux afin de porter de nombreuses <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjQlbWfMmemBp-plK51475Qg61C2qSruOoZIUN7uYRYY90AJ-N5Fc9z4e-M2ewQxS7a2wkJyjcoTP0uWcGl7shDxxOP5gL_XaKO2xA1iBgtGN_tNaQTV9PwanswsIHslTFPIsFnZBcaZ7k/h120/91b63f20070504112906422.jpg">décorations</a> de la Seconde Guerre mondiale
dont la Military Cross et la Victorious Cross, copiée à l’identique de la
Victoria Cross britannique. Il s’attribue des titres dont celui de </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjQlbWfMmemBp-plK51475Qg61C2qSruOoZIUN7uYRYY90AJ-N5Fc9z4e-M2ewQxS7a2wkJyjcoTP0uWcGl7shDxxOP5gL_XaKO2xA1iBgtGN_tNaQTV9PwanswsIHslTFPIsFnZBcaZ7k/s1600/91b63f20070504112906422.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjQlbWfMmemBp-plK51475Qg61C2qSruOoZIUN7uYRYY90AJ-N5Fc9z4e-M2ewQxS7a2wkJyjcoTP0uWcGl7shDxxOP5gL_XaKO2xA1iBgtGN_tNaQTV9PwanswsIHslTFPIsFnZBcaZ7k/s400/91b63f20070504112906422.jpg" width="359" /></a>«roi
d’Écosse»! Après une querelle diplomatique avec la Grande-Bretagne, il se
confère la décoration de «Conquérant de l’Empire britannique». Son nouveau
titre est digne de la vieille noblesse européenne, mais avec une marque risible
de caricature grotesque : «Son Excellence le Président à vie, Maréchal
Alhaji Dcoteur Idi Amin Dada, titulaire de la Victoria Cross, DSO, titulaire de
la Military Cross et Conquérant de l’Empire britannique». Des visions lui
dictent sa politique et le maréchal pourrait être atteint d’une neurosyphilis
dégénérative. Alors que l’économie ougandaise décline de plus en plus, des
mutineries éclatent dans le sud du pays, les soldats mutins passant en
Tanzanie. En octobre 1978, les deux pays entrent en guerre, mais très vite la
Tanzanie de Julius Nyerere contre-attaque et bientôt Idi Amine doit fuir la
capitale. Le dictateur, qui serait responsable de 100 à 500 000 victimes,
probablement 300 000, finit ses jours en exil, en Arabie Saoudite.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">On ne peut pas ne pas voir derrière ces violences inouïes la
continuité des violences exercées par les colonisateurs au cours des siècles
précédents. Ayant appris que la vie des colons ne valait pas cher, les
héritiers de la décolonisation avaient assimilé cette leçon au point de
continuer à l’appliquer eux-mêmes</span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"> à leurs propres
compatriotes</span> après leur «libération»,. La décolonisation, en tant qu<i>'être-comme</i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"> </i>de la phase du </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj_WHY-6_BpMCTUXIOB-rNZUnKuVgnOJKBoZjwnqW9xYKp-Oyp_99BwYde6nxZcKvA9lKk_ngIf_ysXLM57c6w8Rl0XNPAGUVHKPejFm0aoGh0_jYznpjhcAvCQn2AHV_xYbcu9onufz7U/s1600/Historia+comparada,+Pinochet-Franco+y+la+violaci%C3%B3n+de+derechos+humanos+bajo+la+dictadura..jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="256" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj_WHY-6_BpMCTUXIOB-rNZUnKuVgnOJKBoZjwnqW9xYKp-Oyp_99BwYde6nxZcKvA9lKk_ngIf_ysXLM57c6w8Rl0XNPAGUVHKPejFm0aoGh0_jYznpjhcAvCQn2AHV_xYbcu9onufz7U/s400/Historia+comparada,+Pinochet-Franco+y+la+violaci%C3%B3n+de+derechos+humanos+bajo+la+dictadura..jpg" width="400" /></a>mimétisme et transfert</span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"> des fonctions sociales</span> des
métropo-</span><br />
<span lang="FR-CA">litains sur les nouveaux gouver-</span><br />
<span lang="FR-CA">nants, se diffuse dans toutes les nouvelles institutions. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj_WHY-6_BpMCTUXIOB-rNZUnKuVgnOJKBoZjwnqW9xYKp-Oyp_99BwYde6nxZcKvA9lKk_ngIf_ysXLM57c6w8Rl0XNPAGUVHKPejFm0aoGh0_jYznpjhcAvCQn2AHV_xYbcu9onufz7U/h120/Historia+comparada,+Pinochet-Franco+y+la+violaci%C3%B3n+de+derechos+humanos+bajo+la+dictadura..jpg">Pinochet</a> et Perón au Chili et en Argentine sont de nouveaux <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj_WHY-6_BpMCTUXIOB-rNZUnKuVgnOJKBoZjwnqW9xYKp-Oyp_99BwYde6nxZcKvA9lKk_ngIf_ysXLM57c6w8Rl0XNPAGUVHKPejFm0aoGh0_jYznpjhcAvCQn2AHV_xYbcu9onufz7U/h120/Historia+comparada,+Pinochet-Franco+y+la+violaci%C3%B3n+de+derechos+humanos+bajo+la+dictadura..jpg">Franco</a>.
Les parlementaires de Nairobi portent la perruque et la toge des députés et
plaideurs britanniques. Les Afrikaners pratiquent un racisme anthropologique
européen du XIXe siècle. Et le Congo? Il peut sembler loin, en effet, le temps
où l’on coupait les bras des indigènes qui n’apportaient pas assez d’hévéa à la
compagnie de caoutchouc au temps du bienfaisant roi Léopold en ce jour de juin
1960, où la Première République du Congo est proclamée. Pourtant, toute la
période de la colonisation, même lorsqu’elle passa sous la tutelle du
gouvernement de Bruxelles, ne fut pas paisible et innocente. Comme dans tous
les pays où se produisit un mouvement indépendantiste, des questions ne
cessaient d’être soulevées parmi l’élite beaucoup plus que parmi l’ensemble de
la société congolaise : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’indépendance
était-elle souhaitée? Quand était-elle souhaitée? Et comment fallait-il
s’imaginer le Congo indépendant? Cette dernière question portait à la fois sur
l’organisation intérieure du pays (devait-il être unitaire ou fédéral?) et sur
les relations </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">extérieures avec la Belgique (devaient-elles être totalement
indépendantes ou fallait-il </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhrjaakHVTHF5DpV-GPxoy7UYorEkCyBqK0lMvPil53o6QKFsXCnmr3sTJs0XAX7AZh-TjTB8OX0sKljhTk_IJnL0N75Fp_dKgv3AOVBYBAhq_iX7BE4kmyvp04fxUiTmhuiWrfC4TtKho/s1600/INDEPENDANCE_CONGOBELGE_AFP_0.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="225" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhrjaakHVTHF5DpV-GPxoy7UYorEkCyBqK0lMvPil53o6QKFsXCnmr3sTJs0XAX7AZh-TjTB8OX0sKljhTk_IJnL0N75Fp_dKgv3AOVBYBAhq_iX7BE4kmyvp04fxUiTmhuiWrfC4TtKho/s400/INDEPENDANCE_CONGOBELGE_AFP_0.jpg" width="400" /></a></i></span>tout de même un lien constitutionnel sous une forme
ou sous une autre?). Les réponses à ces trois questions faisaient émerger des
positions radicalement différentes. D’un côté de la table, on pouvait par
exemple défendre avec ardeur une indépendance inconditionnelle et immédiate, en
rompant tous les liens avec la Belgique et en maintenant l’unité du Congo,
tandis que de l’autre côté on était favorable à une décolonisation lente, en
conservant un lien avec la mère patrie et en octroyant une grande autonomie aux
diverses provinces</i>» (D. van Reybrouck. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Congo
Une histoire, </i>s.v., Actes Sud, 2012, p. 250). Ces questions, pratiquement
tous les pays en voie de décolonisation se les sont posées. Au Congo, elles
s’imposèrent de façons tragiques dès les premiers jours de l’<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhrjaakHVTHF5DpV-GPxoy7UYorEkCyBqK0lMvPil53o6QKFsXCnmr3sTJs0XAX7AZh-TjTB8OX0sKljhTk_IJnL0N75Fp_dKgv3AOVBYBAhq_iX7BE4kmyvp04fxUiTmhuiWrfC4TtKho/h120/INDEPENDANCE_CONGOBELGE_AFP_0.jpg">indépendance</a>.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Les métropoles européennes, voyant venir l’indépendance de leurs
colonies, tâchèrent de ménager la chèvre et le chou devant l’inévitable. Des
négociations se déroulaient dans toutes les capitales européennes :
Londres, Paris, Amsterdam, Lisbonne et Bruxelles. Ce n’est pas au Congo que la
chose devait se décider, mais dans la capitale belge. Les négociateurs tels
Kasavubu, Lumumba, Tshombe faisaient de constant aller </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEinq3WZSBCJGpoOCI4Akri6vvoM0o8_A5d38j4sKiJ2mdf1r7NPlvl_UMpWUJqf27jjITXW-RdJ0UMaK4uEh9ZPMJ_TEtiCUFMpP32fTQRYiZKiQUM_udyoJjSBN8J6U7NT863usiOZY0o/s1600/2eb1188cffefcb2cd33a8ca9481f523c.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="288" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEinq3WZSBCJGpoOCI4Akri6vvoM0o8_A5d38j4sKiJ2mdf1r7NPlvl_UMpWUJqf27jjITXW-RdJ0UMaK4uEh9ZPMJ_TEtiCUFMpP32fTQRYiZKiQUM_udyoJjSBN8J6U7NT863usiOZY0o/s400/2eb1188cffefcb2cd33a8ca9481f523c.jpg" width="400" /></a>et retour de Kinshasa à Bru-</span><br />
<span lang="FR-CA">xelles. Le monde des affaires suscita une <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEinq3WZSBCJGpoOCI4Akri6vvoM0o8_A5d38j4sKiJ2mdf1r7NPlvl_UMpWUJqf27jjITXW-RdJ0UMaK4uEh9ZPMJ_TEtiCUFMpP32fTQRYiZKiQUM_udyoJjSBN8J6U7NT863usiOZY0o/h120/2eb1188cffefcb2cd33a8ca9481f523c.jpg">Table ronde éco-</a></span><br />
<span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEinq3WZSBCJGpoOCI4Akri6vvoM0o8_A5d38j4sKiJ2mdf1r7NPlvl_UMpWUJqf27jjITXW-RdJ0UMaK4uEh9ZPMJ_TEtiCUFMpP32fTQRYiZKiQUM_udyoJjSBN8J6U7NT863usiOZY0o/s1600/2eb1188cffefcb2cd33a8ca9481f523c.jpg">nomique</a> à Bruxelles en vue de normaliser le sort du capitalisme dans
le futur État libre du Congo. Cet immense territoire aux ressources naturelles
diversifiées et riches, qui jouissait d’un capitalisme sauvage tout azimut,
pouvait-il bénéficier d’un transfert économique de la métropole à la colonie? «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Avec l’indépendance à l’horizon, beaucoup de
chefs d’entreprise craignaient que les jours de leur autonomie et de leurs
excellentes relations avec les autorités ne soient comptés. Ils continuèrent
d’exercer leurs activités sur place, mais ils choisirent un siège social en
Belgique, ce qui assujettissait leur entreprise au droit belge et non au droit
congolais. Avec ce transfert, le Trésor congolais voyait disparaître une part
importante des recettes fiscales</i>» (D. van Reybrouck. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 284). Mais…</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhbfiUpHZtFO7Fwph6Zggkwzo53fWPKRqMh_pXo6FO_o8kvvMcqX7HR2gcoRqjnFjR-Pb-5e01Wc2NVlc29jvgHdHd2ehyphenhyphenL4vGwl2p8iJKeqikc9c7YC_6whzx0LOihWP3QC5zEdNTK0t4/s1600/421_001.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="276" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhbfiUpHZtFO7Fwph6Zggkwzo53fWPKRqMh_pXo6FO_o8kvvMcqX7HR2gcoRqjnFjR-Pb-5e01Wc2NVlc29jvgHdHd2ehyphenhyphenL4vGwl2p8iJKeqikc9c7YC_6whzx0LOihWP3QC5zEdNTK0t4/s400/421_001.jpg" width="400" /></a></div>
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le pire était encore à venir,
mais cela ne se produisit que quelques semaines plus tard. Le 27 juin 1960,
trois jours avant l’indépendance, le Parlement belge a dissous – avec </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">l’accord
du gouvernement congolais qui plus est – le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhbfiUpHZtFO7Fwph6Zggkwzo53fWPKRqMh_pXo6FO_o8kvvMcqX7HR2gcoRqjnFjR-Pb-5e01Wc2NVlc29jvgHdHd2ehyphenhyphenL4vGwl2p8iJKeqikc9c7YC_6whzx0LOihWP3QC5zEdNTK0t4/h120/421_001.jpg">Comité spécial du Katanga</a>. Une
bévue monumentale pour le Congo! Le nouvel État perdait ainsi le contrôle de la
gigantesque Union minière, moteur de l’économie nationale. Comment cela
avait-il pu se produire? Le CSK était en réalité une société publique qui au
Katanga attribuait des concessions aux entreprises privées, en échange
d’actions. Il avait ainsi une participation majoritaire dans l’Union minière,
et donc le pouvoir de décision. Dans la pratique, il faisait peu usage du droit
que lui conférait cette participation : l’État colonial se fiait le plus
souvent à la compétence des milieux d’affaires. Maintenant que le Congo
menaçait de devenir indépendant, le danger existait que le nouvel État se mêle
réellement des activités de l’Union minière et de toutes ses filiales. En
supprimant le CSK, on avait supprimé ce risque. Les délégués congolais à la
Table ronde économique n’y virent pas d’inconvénient, tant ils éprouvaient de
l’aversion pour ce moloch du capitalisme </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">occidental, et le futur gouvernement
de Lumumba reprit ce même raisonnement… Le Congo en restait pour une part
propriétaire mais obtenait, en tant qu’<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh_SUiG0xtcOIBfH8IucN7acDBBRyhposhouNxtF1_FCxuV4a3EnKtCtAAF8liLn6-L2OGBGZYC8CPxEevAK_8QkpjDHzBBekTwbP4xsVTwEd1cM174wImSlv9GaDAXgxthJhJ8a8wR-ag/h120/350px-Lubumbashi05.jpg">actionnaire</a> minoritaire, bien moins de
pouvoir et de gains que les grands trusts belges, comme la Générale. Par là
même, il était non seulement privé de plusieurs millions de dollars, mais aussi
de la possibilité de mettre l’industrie au service du pays.</i></span></div>
</blockquote>
<div style="text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh_SUiG0xtcOIBfH8IucN7acDBBRyhposhouNxtF1_FCxuV4a3EnKtCtAAF8liLn6-L2OGBGZYC8CPxEevAK_8QkpjDHzBBekTwbP4xsVTwEd1cM174wImSlv9GaDAXgxthJhJ8a8wR-ag/s1600/350px-Lubumbashi05.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="236" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh_SUiG0xtcOIBfH8IucN7acDBBRyhposhouNxtF1_FCxuV4a3EnKtCtAAF8liLn6-L2OGBGZYC8CPxEevAK_8QkpjDHzBBekTwbP4xsVTwEd1cM174wImSlv9GaDAXgxthJhJ8a8wR-ag/s400/350px-Lubumbashi05.jpg" width="400" /></a></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Dansant dans l’ignorance,
le pays approchait du gouffre de l’indépendance. Il était en possession des
clés politiques, mais celles de l’économie furent mises à l’abri en Belgique.
Le lendemain de ce coup invraisemblablement roué, les deux pays signèrent
néanmoins un “traité d’amitié” qui parlait d’aide et de soutien</span></i><span lang="FR-CA">» (D. van Reybrouck. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp.
285-286).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Tout se mettait en place, avant même l’indépendance, pour que l'indépendance échoue. Comme nous l’avons vu pour le cas syrien, le Congo se
voyait dépossédé d’une partie de ses instruments économiques avant même qu’il
ne puisse se constituer en véritable État. Pourtant, la société congolaise, disloquée entre la minorité des très riches colonisateurs Blancs et
l’effroyable majorité de colonisés Noirs, n’était pas une société démunie
d’<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg8vHZ6DYia08ZvpYJ6pdY4vZUscSWQQ9hRisVcFC4Jh5qIQks4Tpvby71yPMpXb8xbEasPUcILFYkHuqI3nAxqFjHE3xxvniAX1iubwzlZYNS0TiJPikII2SUUlttJV37cU-aqnNo8zF4/h120/urbanisa2radio.jpg">infrastructures </a>:</span><br />
<br />
<div style="text-align: center;">
<span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg8vHZ6DYia08ZvpYJ6pdY4vZUscSWQQ9hRisVcFC4Jh5qIQks4Tpvby71yPMpXb8xbEasPUcILFYkHuqI3nAxqFjHE3xxvniAX1iubwzlZYNS0TiJPikII2SUUlttJV37cU-aqnNo8zF4/s1600/urbanisa2radio.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="236" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg8vHZ6DYia08ZvpYJ6pdY4vZUscSWQQ9hRisVcFC4Jh5qIQks4Tpvby71yPMpXb8xbEasPUcILFYkHuqI3nAxqFjHE3xxvniAX1iubwzlZYNS0TiJPikII2SUUlttJV37cU-aqnNo8zF4/s400/urbanisa2radio.jpg" width="400" /></a> </span></div>
</div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le premier gouvernement du
Congo héritait de la Belgique un pays doté d’une infrastructure bien
développée : plus de quatorze mille kilomètres de voies ferrées avaient
été construits et plus de cent quarante mille kilomètres de routes et de rues,
il y avait plus de quarante aéroports ou aérodromes et plus de cent centrales
hydroélectriques et à vapeur, une industrie moderne était sur pied (numéro un
mondial pour le diamant industriel, troisième producteur de cuivre de la
planète), ainsi qu’un début de système de santé publique (trois cents hôpitaux
pour les autochtones, des centres médicaux et des maternités) et le taux
d’alphabétisation était très élevé (1,7 millions d’élèves à l’école primaire en
1959) – des réalisations qui par rapport à d’autres colonies africaines étaient
sans aucun doute impressionnantes. L’armée avait en outre enregistré
d’importants succès à l’occasion des deux guerres mondiales. Mais
l’infrastructure n’est pas tout. Thomas Kanza, le très jeune ministre qui avait
étudié la psychologie, savait que ces succès étaient relatifs pour beaucoup
d’Africains : “Ceux-ci, contrairement à ce qui est communément admis par
les Européens, ont souffert plus du manque de sincère sympathie, de considération
et d’amour de la part des colonisateurs que de l’absence d’écoles, de routes et
d’usines”</i>» (D. van Reybrouck. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p.
288).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">En fait, ce que veut dire <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhl7JeP4pXK1OuOIIp46GyTUy6xXiygIfkn_hUfx39iaK7GouBfilVlmqjNqPe6zqUHKLar3_Qg_jLDFApcewnFXH0IKJb0ZUkivvvvbJujJe1R9lmd0Docxy8cmro7vSo9gwT1QATBgow/h120/visions-of-independence-3.jpg">Kanza</a> en mentionnant «l’amour», c’est la
reconnaissance de l’égalité d'espèce entre </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhl7JeP4pXK1OuOIIp46GyTUy6xXiygIfkn_hUfx39iaK7GouBfilVlmqjNqPe6zqUHKLar3_Qg_jLDFApcewnFXH0IKJb0ZUkivvvvbJujJe1R9lmd0Docxy8cmro7vSo9gwT1QATBgow/s1600/visions-of-independence-3.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="266" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhl7JeP4pXK1OuOIIp46GyTUy6xXiygIfkn_hUfx39iaK7GouBfilVlmqjNqPe6zqUHKLar3_Qg_jLDFApcewnFXH0IKJb0ZUkivvvvbJujJe1R9lmd0Docxy8cmro7vSo9gwT1QATBgow/s400/visions-of-independence-3.jpg" width="400" /></a>le colonisateur et le colonisé. La
double nature avait fait naître l’envie et le nar-</span><br />
<span lang="FR-CA">cissisme mégalo-</span><br />
<span lang="FR-CA">mane des
colonisa-</span><br />
<span lang="FR-CA">teurs tandis que les colonisés héritaient de la jalousie et de
l’incapacité fondamentale de pouvoir s’évaluer égaux, sinon meilleurs que leurs
dominants. Le départ ou même le retrait apparent des anciens colonisateurs
laissaient une population traumatisée avec un héritage trop lourd à porter : </span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">En outre, à quoi servait un
pays entièrement équipé si personne ne savait comment s’y prendre? Le jour de
l’indépendance, le pays comptait seize diplômés de l’université. Certes des
centaines d’infirmières et d’employés de l’administration avaient bénéficié
d’une bonne formation, mais la Force publique n’avait pas un seul officier
noir. Il n’y avait pas un seul médecin indigène, pas un seul ingénieur, pas un
seul juriste, agronome ou économiste.</i></span></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">“La Belgique n’avait pas
d’expérience de la colonisation”, a dit <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiqFMCl-JZVcmHaRMn3DdZ7aCfAUbTcwUPvMFB9ZTHIVGg1fxatfd7ZuAy4xaJI068QtsJrKO6YorbHq04WIcCut2yT03SH-d0mFRLnHDP2yZE_kDAY7GpTh0gRjkuJ_vKuMqNZATFoxfM/h120/losembe.jpg">Mario Cardoso</a> pendant notre déjeuner
raffiné au Memling, “mais elle avait encore moins d’expérience de la
</span></i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiqFMCl-JZVcmHaRMn3DdZ7aCfAUbTcwUPvMFB9ZTHIVGg1fxatfd7ZuAy4xaJI068QtsJrKO6YorbHq04WIcCut2yT03SH-d0mFRLnHDP2yZE_kDAY7GpTh0gRjkuJ_vKuMqNZATFoxfM/s1600/losembe.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiqFMCl-JZVcmHaRMn3DdZ7aCfAUbTcwUPvMFB9ZTHIVGg1fxatfd7ZuAy4xaJI068QtsJrKO6YorbHq04WIcCut2yT03SH-d0mFRLnHDP2yZE_kDAY7GpTh0gRjkuJ_vKuMqNZATFoxfM/s200/losembe.jpg" width="166" /></a>décolonisation. Pourquoi fallait-il que tout se passe si vite? Si seulement ils
avaient attendu cinq ans, le premier lot d’officiers congolais aurait eu fini
ses études. Il n’y aurait alors pas eu de mutinerie dans l’armée”. De 1955 à
1960, le pouvoir colonial chercha fébrilement à mettre en œuvre des réformes
qui lui permettent de faire face à la grande agitation sociale, mais ses
mesures se révélèrent insuffisantes et tardives. La décolonisation fut par
conséquent une véritable fuite en avant que personne ne pouvait maîtriser. En
ne cédant que tard aux exigences compréhensibles d’une élite frustrée,
Bruxelles déchaîna des forces qui dépassaient très largement ses capacités à
gérer la situation. Cela valait cependant aussi pour la jeune élite qui avait
non seulement pointé du doigt et canalisé le mécontentement social des classes
intérieures, mais l’avait aussi dramatisé et amplifié jusqu’à ce qu’il atteigne
des proportions face auxquelles elle ne savait elle-même plus quoi faire. La
chronologie des événements fit ressortir un paradoxe que l’on pouvait tout au
plus constater, mais pas résoudre : la décolonisation commençait bien trop
tard, l’indépendance arrivait bien trop tôt. L’émancipation accélérée du Congo
fut une tragédie déguisée en comédie dont la fin ne pouvait être que
désastreuse</span></i><span lang="FR-CA">». (D. van Reybrouck. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 288-289)<i>.</i></span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">En transférant les actions minoritaires des richesses à l’État
congolais, l’impérialisme pariait également sur l’inexistence même des
traditions institutionnelles capables de les gérer. Van Reybrouck le signale
fermement :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le Congo belge n’avait pas eu
de Parlement, pas fait l’expérience d’une culture d’opposition
institutionnalisée, de concertation, de recherche d’un consensus,
d’apprentissage du compromis. Tout se décidait à Bruxelles. Le pouvoir colonial
sur place n’était qu’une administration chargée d’exécuter les instructions.
Les divergences d’opinions, qui ne pouvaient que porter atteinte au prestige du
colonisateur, étaient dissimulées à la population indigène. Tout-puissant,
inattaquable, le plus haut représentant du pouvoir, le gouverneur général
coiffé de son <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjD73bc3dl5aMajTdqM6sTEUNbo4iN4qREjFl1U4JgSRVdt3O8Jw9lRk9W_yyPN48Ah_ECLmHVqTMmbSMpv_XyCuRKLl1stac7MQYd7xwRkwO18Jh2xLGF-8pi5yTHVK-w0rvjyjE1zj4c/h120/503911833_small.jpg">casque blanc couvert de plumes de vautour,</a> présentait plutôt les
caractéristiques d’un chef traditionnel d’un royaume féodal africain que celles
d’un haut fonctionnaire d’un régime démocratique. Faut-il s’étonner que la
première génération de politiciens congolais se soit débattue avec les
principes démocratiques? Faut-il s’étonner qu’ils aient ressemblé à des
prétendants au trône cherchant à s’entretuer plutôt qu’à des dirigeants élus?
Autrefois, dans les royaumes de la savane, la passation des pouvoirs royaux
avait toujours donné lieu à de violentes luttes de pouvoir. En 1960, il n’en
fut pas autrement</i>» (D. van Reybrouck. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid.
</i>p. 307).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjD73bc3dl5aMajTdqM6sTEUNbo4iN4qREjFl1U4JgSRVdt3O8Jw9lRk9W_yyPN48Ah_ECLmHVqTMmbSMpv_XyCuRKLl1stac7MQYd7xwRkwO18Jh2xLGF-8pi5yTHVK-w0rvjyjE1zj4c/s1600/503911833_small.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" height="273" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjD73bc3dl5aMajTdqM6sTEUNbo4iN4qREjFl1U4JgSRVdt3O8Jw9lRk9W_yyPN48Ah_ECLmHVqTMmbSMpv_XyCuRKLl1stac7MQYd7xwRkwO18Jh2xLGF-8pi5yTHVK-w0rvjyjE1zj4c/s400/503911833_small.jpg" width="400" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Gouverneur général accueillant le roi des Belges.</td></tr>
</tbody></table>
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Plus modestement qu’en République Centrafrique ou en Ouganda, la
succession aux colonisateurs se fit à travers leur apparat symbolique : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ne s’agissait-il pas, en définitive, de
décider de celui qui allait prendre la succession du roi Baudouin? <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiW7lQOXFClKTrBHoT3CgdPvGQHeVWETMZFdNufFM8zh_G-Ra3PRQVVxPP71atEE8PvQVVImijrjvAChYOj5m2gHyRgRYKPZ5XGyu0X9r4xOdXdgZnT8t0usMe4g0mN-zWm-lAENQD8u9g/h120/Kasavubu_Joseph.jpg">Kasavubu</a> fut
le premier et le seul président de la Première </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiW7lQOXFClKTrBHoT3CgdPvGQHeVWETMZFdNufFM8zh_G-Ra3PRQVVxPP71atEE8PvQVVImijrjvAChYOj5m2gHyRgRYKPZ5XGyu0X9r4xOdXdgZnT8t0usMe4g0mN-zWm-lAENQD8u9g/s1600/Kasavubu_Joseph.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiW7lQOXFClKTrBHoT3CgdPvGQHeVWETMZFdNufFM8zh_G-Ra3PRQVVxPP71atEE8PvQVVImijrjvAChYOj5m2gHyRgRYKPZ5XGyu0X9r4xOdXdgZnT8t0usMe4g0mN-zWm-lAENQD8u9g/s400/Kasavubu_Joseph.jpg" width="354" /></a></span>République. L’uniforme de gala
qu’il se fit confectionner était une parfaite imitation de celui de Baudouin.
Léopoldville et le Bas-Congo le soutenaient massivement. Sa position à la tête
de l’État fut rarement remise en cause ouvertement. Pourtant, il fut écarté en
1965 par Mobutu. Quelque temps après, il s’avéra que la tenue de gala de Mobutu
s’inspirait elle aussi de celle de Baudouin</i>» (D. van Reybrouck.<i style="mso-bidi-font-style: normal;">ibid. </i>p. 307). Lumumba, chef de
gouvernement, confronté à ce vide de personnel autochtone dans les fonctions
publiques nomma un officier belge à la tête de l’armée, le général Janssens,
qui entendit imposer les règles de formation en métropole à une armée déjà
étourdie par les fêtes de l’indépendance. Dès le 5 juillet 1960, jour où
Janssens se rendit à la caserne Léopold-II pour donner à ses hommes un cour de
discipline militaire, une mutinerie éclata qui ne tarda pas à se propager dans
la ville et même en dehors de la capitale : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Des centaines de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgOHunRR-UwKzLNGml_kSELEen9FxGnZnu-ERtUps0zuD8UkUdWOGZc-xjP-PwQpojIe5CciNeJAWT5AzeJGkEo63uUNDUV2xsdh8t7UIVtnVD-k9IbWjLHe5K3zU5dYBAsiMPyhHsSkE4/h120/4285533.image.jpg">soldats</a> s’insurgèrent. Ils rossèrent leurs officiers,
les contraignirent à se mettre à l’abri au mess avec femmes et enfants et ils
</i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgOHunRR-UwKzLNGml_kSELEen9FxGnZnu-ERtUps0zuD8UkUdWOGZc-xjP-PwQpojIe5CciNeJAWT5AzeJGkEo63uUNDUV2xsdh8t7UIVtnVD-k9IbWjLHe5K3zU5dYBAsiMPyhHsSkE4/s1600/4285533.image.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="286" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgOHunRR-UwKzLNGml_kSELEen9FxGnZnu-ERtUps0zuD8UkUdWOGZc-xjP-PwQpojIe5CciNeJAWT5AzeJGkEo63uUNDUV2xsdh8t7UIVtnVD-k9IbWjLHe5K3zU5dYBAsiMPyhHsSkE4/s400/4285533.image.jpg" width="400" /></a></span>occupèrent le dépôt de munitions. À l’extérieur de la caserne, le long de la
route en direction de la capitale, de graves émeutes se produi-</i></span><br />
<span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">sirent dans la
région de Madimba-Inkisi. Les soldats s’en prirent cette fois non pas à des
officiers blancs, mais à des civils blancs. Plusieurs femmes européennes furent
violentées. L’une d’elles fut violée seize fois en l’espace de cinq heures, en
présence de son mari, de sa mère et de ses enfants. Les rumeurs à ce sujet
n’allaient atteindre la capitale que quelques jours plus tard</i>» (D. van
Reybrouck. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 310-311). Pour
venir à bout de la mutinerie, Lumumba commença par élever les grades des
soldats dans l’armée; puis il écarta «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Janssens
et nomma à sa place Victor Landula en tant que commandant en chef des forces
armées, avec pour chef d’état-major Joseph-Désiré Mobutu. Une africanisation du
sommet de la hiérarchie militaire devait pouvoir remonter le moral des troupes!
Dans le même élan, il prit sa troisième mesure : une africanisation
accélérée et radicale du corps des officiers</i>» (D. van Reybrouck. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 311).</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Toutes ces élévations de grades de personnels non encore formés à
leurs charges devaient se retourner contre <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhi8J6Y6p66Vq03vs0UXQ9HRXn4aLkpzN3SFrM3T69wRnXeFNOUtlnbN9wUMBjl-PFfE5HPBY1j5Qk4IeALTmpDUk_gRWRSdgL__SE9W6gDLDPCarBKSCdgvjOBb4sJpv7mj0jCpsTv4Qw/h120/ob_3d199f_2079308231-4.jpg">Lumumba</a> : «<i>Si ces décisions
permirent d’apaiser quelque peu les tensions, le résultat fut </i></span><span lang="FR-CA"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhi8J6Y6p66Vq03vs0UXQ9HRXn4aLkpzN3SFrM3T69wRnXeFNOUtlnbN9wUMBjl-PFfE5HPBY1j5Qk4IeALTmpDUk_gRWRSdgL__SE9W6gDLDPCarBKSCdgvjOBb4sJpv7mj0jCpsTv4Qw/s1600/ob_3d199f_2079308231-4.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhi8J6Y6p66Vq03vs0UXQ9HRXn4aLkpzN3SFrM3T69wRnXeFNOUtlnbN9wUMBjl-PFfE5HPBY1j5Qk4IeALTmpDUk_gRWRSdgL__SE9W6gDLDPCarBKSCdgvjOBb4sJpv7mj0jCpsTv4Qw/s400/ob_3d199f_2079308231-4.jpg" width="398" /></a>désastreux :
la république du Congo qui venait de voir le jour n’avait, au bout d’une
semaine, plus d’armée efficace. On avait retiré au nouvel État son plus solide
pilier</i>» (D. van Reybrouck. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p.
311). Après le pilier économique, voilà donc l’État congolais privé de son monopole
de la violence. En fait, le nouveau gouvernement se trouvait devant les mêmes
problèmes qui harcelaient jadis le gouvernement colonial, aussi y portait-il les
mêmes solutions dommageables : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Les
tentatives de Lumumba pour maîtriser la mutinerie rappellent les tentatives
belges de pacification du mécontentement social dans les années 1950 :
confronté à la contestation d’une partie de la population, il prit lui aussi
des décisions précipitées s’appuyant sur des concessions considérables qui lui
permettraient, espérait-il, d’acheter la paix sociale. Mais, là aussi, le
résultat fut précisément l’inverse de celui escompté. Le ressentiment,
impossible à endiguer, ne faisait que s’amplifier</i>» (D. van Reybrouck. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 312).</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">La conséquence inéluctable de tout ceci fut la guerre civile :
«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Non seulement les troubles de juillet
1960 dévastèrent l’armée, l’administration et l’économie, mais ils aboutirent
de surcroît à un conflit armé. Le 9 juillet à Elisabethville, il y eut pour la
première fois des morts : cinq Européens, dont le consul italien, furent
abattus. Cela ne pouvait plus durer, décida la nuit même le ministre belge de
la Défense Arthur Gilson. Contre l’avis du ministre des Affaires étrangères
Pierre Wigny et sans en informer </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg8Jo6iMlb2KpMS0oN7tsi5fbXajMLV_cGb7p7ybOtYMkVN7kwwZ36EtxA0ammmv-WzVmOwhLJzgtRWTOVdUW6AmfnD1tgyh6Bflv6JnBgKzLeJAePdMcAzD7ZTLkqXawmgFHDsZXebX9s/s1600/p13leger__600_x_600__01.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="283" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg8Jo6iMlb2KpMS0oN7tsi5fbXajMLV_cGb7p7ybOtYMkVN7kwwZ36EtxA0ammmv-WzVmOwhLJzgtRWTOVdUW6AmfnD1tgyh6Bflv6JnBgKzLeJAePdMcAzD7ZTLkqXawmgFHDsZXebX9s/s400/p13leger__600_x_600__01.jpg" width="400" /></a>l’ambas-</i></span><br />
<span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">sadeur de Belgique à Léopold-</i></span><br />
<span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">ville, il
donna le feu vert pour une interven-</i></span><br />
<span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">tion militaire. La vie de compa-</i></span><br />
<span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">triotes était
en danger, tel était son raisonnement. Le 10 juillet, tôt le matin, des avions
de l’armée de l’air belge décollèrent avec des troupes de la base aérienne de
Kamina à destination d’Elisabethville. Ce jour-là, à Luluabourg, une unité de
para-commandos fut larguée pour libérer des Belges. La décision était à tout
point de vue fâcheuse</i>» (D. van Reybrouck. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 317). En effet, à peine un peu plus d’un mois après la
proclamation de l’indépendance, voici les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg8Jo6iMlb2KpMS0oN7tsi5fbXajMLV_cGb7p7ybOtYMkVN7kwwZ36EtxA0ammmv-WzVmOwhLJzgtRWTOVdUW6AmfnD1tgyh6Bflv6JnBgKzLeJAePdMcAzD7ZTLkqXawmgFHDsZXebX9s/h120/p13leger__600_x_600__01.jpg">forces armées</a> de l’ancienne métropole
qui s’invitaient dans la crise congolaise, donnant signe à l’ensemble du pays
que le gouvernement avait perdu tout contrôle. Lumumba ne savait plus vers qui
se tourner. Devant la crise, il congédia le Parlement :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">La pagaille était complète.
Au Congo, on ne gouvernait pas, on se querellait. L’intérêt national était
assujetti aux luttes de pouvoir. Dans ce chaos, le colonel Mobutu, chef
d’état-major de l’armée, intervint pour mettre un terme aux disputes. Le même
jour, le 14 septembre 1960, il commit son premier coup d’État, avec l’accord et
le soutien de la CIA. Il raconta à la presse que l’armée prenait le pouvoir
jusqu’à la fin de l’année. Lumumba et Kasavubu furent `neutralisés”. Mais alors
que Kasavubu finit par avoir le droit de rester au pouvoir en devenant une
sorte de président cérémoniel, Lumumba fut assigné à résidence dans son logement
de fonction de la capitale. L’amitié entre Mobutu et Lumumba était
définitivement terminée</i>» (D. van Reybrouck. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 328).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Patrice Lumumba (1925-1961) était parvenu à incarner la lutte pour l’indépendance
du Congo. Il avait été </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhbNHZKnRff0MuzcjPIZy-rZsPfI3U6-agrDkr8wcvzCaqHfmOWgBfytygDOPE7BlQ5D7Vl2OtQ2BIiplhNJdqvla5rxTVpyf4DN9kQjMBP3b7-FC-_I-WCtoWXOORwqL1y2rCptJkrnA0/s1600/mobutu.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhbNHZKnRff0MuzcjPIZy-rZsPfI3U6-agrDkr8wcvzCaqHfmOWgBfytygDOPE7BlQ5D7Vl2OtQ2BIiplhNJdqvla5rxTVpyf4DN9kQjMBP3b7-FC-_I-WCtoWXOORwqL1y2rCptJkrnA0/s400/mobutu.jpg" width="317" /></a>accueilli comme un messie. L’état de crise qui suivit
l’indépendance lui fut reprocher, bien injustement. Ne sachant vers qui demander le soutien, il alla jusqu’à adresser une
invitation à Moscou, ce qui fit réagir sévèrement les Américains. Finalement, il se
plaça sous la protection des Casques bleus de l’O.N.U. qui ne pouvaient que le
protéger à l’intérieur de sa résidence. Lors d’un vote à l’O.N.U. devant décider qui, de Lumumba (représenté par le jeune psychologue Thomas Kanza) ou de Kasavubu
resterait à la tête du pays, la majorité des votes se portèrent sur Kasavubu
qui s’était déplacé pour affirmer qu’il était seul à représenter l’autorité
congolaise. Choisir Kasavubu, Lumumba le savait, équivalait choisir <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhbNHZKnRff0MuzcjPIZy-rZsPfI3U6-agrDkr8wcvzCaqHfmOWgBfytygDOPE7BlQ5D7Vl2OtQ2BIiplhNJdqvla5rxTVpyf4DN9kQjMBP3b7-FC-_I-WCtoWXOORwqL1y2rCptJkrnA0/h120/mobutu.jpg">Mobutu</a>.
Cela signifiait également sa perte :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Il était encore enfermé chez
lui dans la capitale. Quand la nouvelle du vote à New York lui parvint, il
comprit que ses jours à Léopoldville étaient comptés. Les casques bleus dans
son jardin allaient-ils encore le protéger maintenant que l’ONU avait voté
contre lui? Il devait, et il allait, rejoindre ses partisans à Stanleyville.
C’était la nuit, au mois de novembre, en pleine saison des pluies. Un orage
tropical extraordinairement violent obligea les soldats congolais à se mettre à
l’abri. Leur attention s’était relâchée. Lumumba se cacha à l’arrière d’une
Chevrolet et se fit conduire à l’extérieur sous une pluie diluvienne.</i></span></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Les routes congolaises
étaient à ce moment encore en parfait état. Si son chauffeur avait continué à
rouler pendant quarante-huit heures, ils auraient pu atteindre Stanleyville.
Cependant, la nuit de sa libération, Lumumba resta dans la capitale pour
s’adresser au peuple. Même en chemin, il s’arrêta dans les villages, heureux de
constater l’accueil chaleureux des villageois. Mais c’était la saison des
pluies. Dans la capitale, Mobutu apprit la fuite de Lumumba et voulut à tout
prix l’empêcher de rejoindre Gizenga. Cela entraînerait forcément son retour
sur la scène politique et la CIA et ses conseillers belges n’en avaient aucune
envie. Les Nations Unies refusèrent d’aider à traquer le fuyard, mais une
compagnie aérienne européenne fournit un avion et un pilote habitué à effectuer
des </span></i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjr8KnkqEXVjmM0LtWDz6-y7PADvL2N3KdCys2_tHlb9J6Xwab9L_JcI2A6OX79nVkfD4htcYDNBQHQzV7l1vMbTD3pK4gcr2HXrCKVWpn8bNioqGZs_qQvR-f8lDhwciFR6-jqiCQkIS8/s1600/Patrice-Lumumba-15.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="132" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjr8KnkqEXVjmM0LtWDz6-y7PADvL2N3KdCys2_tHlb9J6Xwab9L_JcI2A6OX79nVkfD4htcYDNBQHQzV7l1vMbTD3pK4gcr2HXrCKVWpn8bNioqGZs_qQvR-f8lDhwciFR6-jqiCQkIS8/s200/Patrice-Lumumba-15.jpg" width="200" /></a>vols de reconnaissance à basse altitude. Ils repérèrent rapidement le
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjr8KnkqEXVjmM0LtWDz6-y7PADvL2N3KdCys2_tHlb9J6Xwab9L_JcI2A6OX79nVkfD4htcYDNBQHQzV7l1vMbTD3pK4gcr2HXrCKVWpn8bNioqGZs_qQvR-f8lDhwciFR6-jqiCQkIS8/h120/Patrice-Lumumba-15.jpg">convoi</a>, qui se composait de trois voitures et d’un camion. Le 1<sup>er</sup>
décembre, les soldats de Mobutu arrêtèrent Lumumba et sa suite alors qu’ils
essayaient de traverser la Sankuru près de Mweka. Lumumba fut transporté par
avion au camp Hardy près de Thysville, la caserne où quelques mois plus tôt
l’armée s’était mutinée. À partir de ce mooment-là, Lumumba cessa de bénéficier
de la protection des Nations Unies, il était prisonnier du régime de
Léopoldville. Quand il arriva, sans lunettes et attaché, quelqu’un lui enfonça
une boule de papier dans la bouche : le texte de son célèbre discours </span></i><span lang="FR-CA">[prononcé lors de l’Indépendance].</span></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Que devaient faire de lui
Kasavubu et Mobutu? Le garder en détention éternellement…? Ne valait-il pas
mieux le transférer au Katanga? Ou au Kasaï? Des provinces hostiles, certes,
mais qui présentaient un intérêt justement pour cette raison. Il n’aurait pas
de partisans là-bas. Car là où il était pour le moment, les troubles avaient
recommencé. À Thysville, le 12 janvier, les soldats se mutinèrent à nouveau.
Cela provoqua une certaine </span></i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjSDZ9zDhMin6uEG2a5Bcu16fqVZEksG0hdFE5P41xleSyY9fxuYDE7mXbJd8tWNcZhhKM3SEctzt1IyJhPvJJIOaKG48ReUsUFzik_YwipQyjmTfVm6ywBvKfIY9YP2lW0nEwb0cT3s2M/s1600/LM-CHRONIQUES-2013-lumumba-2013-04-02-FR-2-300x212.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="141" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjSDZ9zDhMin6uEG2a5Bcu16fqVZEksG0hdFE5P41xleSyY9fxuYDE7mXbJd8tWNcZhhKM3SEctzt1IyJhPvJJIOaKG48ReUsUFzik_YwipQyjmTfVm6ywBvKfIY9YP2lW0nEwb0cT3s2M/s200/LM-CHRONIQUES-2013-lumumba-2013-04-02-FR-2-300x212.jpg" width="200" /></a>agitation. Le gouvernement belge, en la personne du
ministre d’Aspremont, approuva le projet de transférer <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjSDZ9zDhMin6uEG2a5Bcu16fqVZEksG0hdFE5P41xleSyY9fxuYDE7mXbJd8tWNcZhhKM3SEctzt1IyJhPvJJIOaKG48ReUsUFzik_YwipQyjmTfVm6ywBvKfIY9YP2lW0nEwb0cT3s2M/h120/LM-CHRONIQUES-2013-lumumba-2013-04-02-FR-2-300x212.jpg">Lumumba</a> au Katanga,
quelle qu’en soient les conséquences, du moment qu’il était loin de la
capitale, quelque part où les mutins ne pouvaient pas le libérer. En appuyant
le projet, il pouvait en outre renouer les relations avec Kasavubu. La Belgique
souhaitait en effet rétablir les relations diplomatiques avec Léopoldville.
Elle ne voulait pas donner l’impression de s’intéresser uniquement au Katanga. À
contrcœur, Tschombe accepta la venue de Lumumba et de deux autres prisonniers
politiques. Le ministre d’Aspremont finit par les y envoyer.</span></i></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Le 17 janvier 1961 à 16 50
atterrit à Elisabethville le DC-4 qui transportait Lumumba et ses deux fidèles,
Mpolo et Okito. Pendant le vol, on les avait frappés et torturés. Une centaine
de soldats armés les attendaient; ils étaient sous le commandement du capitaine
belge Gat. Aussitôt après, un convoi les emmena à la maison Brouwez, une villa
vide à l’écart, appartenant à un Belge, à quelques kilomètres de l’aéroport. La
garde à l’extérieur et à l’intérieur de la villa était assurée par la police
militaire, sous les ordres de deux officiers belges. Les prisonniers y reçurent
la visite d’au moins trois ministres </span></i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh01aUwpY4Btt_C7Hrj9q_9zuAkebM_SOqOsk2OSnzj6YLTZSzq6DDfubcqtLh0wZb4jvGEXNDmP1KD4hFC_kU9tPBQWn3RnWKiUsZ6uQYPaDAZ378qE9NaGJ7OnWL_n-Ma8aq0-8oX6KA/s1600/39799-004-62AE665B.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh01aUwpY4Btt_C7Hrj9q_9zuAkebM_SOqOsk2OSnzj6YLTZSzq6DDfubcqtLh0wZb4jvGEXNDmP1KD4hFC_kU9tPBQWn3RnWKiUsZ6uQYPaDAZ378qE9NaGJ7OnWL_n-Ma8aq0-8oX6KA/s320/39799-004-62AE665B.jpg" width="263" /></a>katangais – Munongo, Kibwe et Kitenge,
chargés des Affaires intérieures, des Finances et des Travaux publics – qui les
torturèrent également. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh01aUwpY4Btt_C7Hrj9q_9zuAkebM_SOqOsk2OSnzj6YLTZSzq6DDfubcqtLh0wZb4jvGEXNDmP1KD4hFC_kU9tPBQWn3RnWKiUsZ6uQYPaDAZ378qE9NaGJ7OnWL_n-Ma8aq0-8oX6KA/h120/39799-004-62AE665B.jpg">Tshombe</a> n’était pas là. Il était allé au cinéma voir un
film au titre d’un cynisme invraisemblable vu les circonstances : </span></i><span lang="FR-CA">Liberté, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">produit par le </i>Réarmement
moral. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ensuite, il eut une réunion avec
ses ministres. Aucun Européen n’était présent. La réunion dura de 18 h 30 à 20
h 00, mais toutes les dispositions pratiques pour la suite de la soirée
semblaient avoir été réglées d’avance. La décision de transférer Lumumba au
Katanga était un plan commun des autorités de Léopoldville, de leurs
conseillers et des autorités de Bruxelles; mais la décision de Lumumba fut
prise par les autorités katangaises. Ce fut surtout le ministre Godefroid
Munongo qui joua à cet égard un rôle déterminant. Il était le petit-fils de
Msiri, le marchand d’esclaves afro-arabe qui au XIXe siècle s’était approprié
le royaume de Lunda.</i></span></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Après la réunion, la
délégation ministérielle retourna à la villa Brouwez. Les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjyKE0s_af8gJ5gOIbg702YHncV-B9xSNjynpXynWSvSvoYmjvkUlo7qXyr3ffKxpe4Rgb6xUpZtNNk30VgRAV6_1XMkn4t0vNkul7jPXi58xMOlApO47TrSctbSYHW_iMJe_f38fBzjFc/h120/tumblr_inline_mzpnkswPHe1s3zxwj.jpg">prisonniers</a> furent
chargés à l’arrière d’un véhicule, qui partit accompagné d’autres voitures et
de deux jeep de l’armée. La nuit était tombée entre-temps. Le convoi prit la
direction du nord-ouest en empruntant une route plate à travers la savane vers Jadotville.
Dans la lueur des phares, à gauche et à droite, de l’herbe, des broussailles,
la forme d’une termitière. Au bout de trois quarts d’heure, les véhicules
quittèrent la route principale. Dans la savane boisée sur le côté de la route,
ils aperçurent une fosse peu profonde fraîchement creusée. Des policiers et des
gendarmes noirs en uniforme étaient présents, mais aussi quelques messieurs en
costume : le président Tshombe, les ministres Munongo, Kibwe et
quelques-uns de leurs collègues. Quatre Belges participèrent aussi à
l’exécution. Franz Verscheure, commissaire de police et conseiller de la police
katangaise, Julien Gat, capitaine de la gendarmerie katangaise, François Son,
son brigadier subalterne, et le lieutenant Gabriel Michels. Les trois prisonniers
furent amenés tour à tour au bord de la fosse. Cela faisait à peine cinq heures
qu’ils étaient au Katanga. Ils avaient été roués de coups et torturés. À peine
quatre mètres plus loin attendait le peloton d’exécution : quatre
volontaires katangais armés de mitrailleuses. À trois reprises, une salve
assourdissante retentit dans la nuit. Lumumba fut le dernier à être exécuté. À
21 h 43, le corps du Premier ministre, le premier élu démocratiquement au
Congo, bascula dans la fosse.</span></i></div>
</blockquote>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjyKE0s_af8gJ5gOIbg702YHncV-B9xSNjynpXynWSvSvoYmjvkUlo7qXyr3ffKxpe4Rgb6xUpZtNNk30VgRAV6_1XMkn4t0vNkul7jPXi58xMOlApO47TrSctbSYHW_iMJe_f38fBzjFc/s1600/tumblr_inline_mzpnkswPHe1s3zxwj.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="266" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjyKE0s_af8gJ5gOIbg702YHncV-B9xSNjynpXynWSvSvoYmjvkUlo7qXyr3ffKxpe4Rgb6xUpZtNNk30VgRAV6_1XMkn4t0vNkul7jPXi58xMOlApO47TrSctbSYHW_iMJe_f38fBzjFc/s400/tumblr_inline_mzpnkswPHe1s3zxwj.jpg" width="400" /></a></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">La mort de Lumumba fut longtemps
gardée secrète. Pour effacer toutes les traces, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhw9smfpeIKhi26JkvwNg86FZL4ZTJoz3cFwEcdeAt5odJGjEmQ-lZBO4tMzPe-bUzyuduHn7hxwK8FedZh79lmhwvfzXuGunnKGh-k2j80pIb1Bq7APb9E_OUORWS5kQ7laW_MTB8jWbg/h120/Soete-0.gif">Gérard Soete</a>, un Belge qui
était officier de la police katangaise, a exhumé peu de temps après les
dépouilles des trois victimes. On dit qu’une main, peut-être celle de Lumumba,
</span></i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhw9smfpeIKhi26JkvwNg86FZL4ZTJoz3cFwEcdeAt5odJGjEmQ-lZBO4tMzPe-bUzyuduHn7hxwK8FedZh79lmhwvfzXuGunnKGh-k2j80pIb1Bq7APb9E_OUORWS5kQ7laW_MTB8jWbg/s1600/Soete-0.gif" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="196" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhw9smfpeIKhi26JkvwNg86FZL4ZTJoz3cFwEcdeAt5odJGjEmQ-lZBO4tMzPe-bUzyuduHn7hxwK8FedZh79lmhwvfzXuGunnKGh-k2j80pIb1Bq7APb9E_OUORWS5kQ7laW_MTB8jWbg/s200/Soete-0.gif" width="200" /></a>sortait encore de terre. Soete a scié les corps en morceaux, qu’il a dissous
dans un tonneau d’acide sulfurique. Il a retiré de la mâchoire supérieure de
Lumumba deux dents serties d’or, et découpé trois doigts de sa main. Chez lui,
à Bruges, il a conservé pendant des années une petite boîte qu’il montrait
parfois à ses visiteurs. Elle contenait les dents et une balle. Bien des années
plus tard, il les a jetées dans la mer du Nord</span></i><span lang="FR-CA">» (D.
van Reybrouck. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 330 à 333).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Évidemment, cet assassinat n’arrangea pas les affaires du Congo. </span><br />
<br />
<span lang="FR-CA">Plutôt que d’être la première phase de l’indépendance d’un pays, la
décolonisation s’avère une troisième phase de l’impérialisme après l’usurpation
et la colonisation. La décolonisation devient une forme de satellisation des
anciennes colonies gravitant non plus seulement autour d’une métropole, mais d’une
civilisation – la civilisation occidentale – tout entière. Ce n’était pourtant
pas là le projet de libération escompté :</span><br />
<br />
<div style="text-align: center;">
<span lang="FR-CA"> </span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhRKeSCAE-nPkH2aUmipPsZZ5TUtM_IpOeJGwKsmYwLvkRKvQY0LRBrh19Z4NBI5uY_MX5PNqo4-DvcLpoatpRiEhOrqZfN1N8F_eSsKJCCoYywtZXULutlueNyo_652-rqQ5IwZG5Z8YM/s1600/75c38f98-8416-11df-b9f8-00144feabdc0.img.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="252" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhRKeSCAE-nPkH2aUmipPsZZ5TUtM_IpOeJGwKsmYwLvkRKvQY0LRBrh19Z4NBI5uY_MX5PNqo4-DvcLpoatpRiEhOrqZfN1N8F_eSsKJCCoYywtZXULutlueNyo_652-rqQ5IwZG5Z8YM/s400/75c38f98-8416-11df-b9f8-00144feabdc0.img.jpg" width="400" /></a></div>
</div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Tout le monde savait qu’il y
aurait un peu d’improvisation pendant les premiers temps de l’<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhRKeSCAE-nPkH2aUmipPsZZ5TUtM_IpOeJGwKsmYwLvkRKvQY0LRBrh19Z4NBI5uY_MX5PNqo4-DvcLpoatpRiEhOrqZfN1N8F_eSsKJCCoYywtZXULutlueNyo_652-rqQ5IwZG5Z8YM/h120/75c38f98-8416-11df-b9f8-00144feabdc0.img.jpg">indépendance</a>. Il
était clair que tout n’allait pas se passer le plus simplement du monde. Mais de
là à penser que durant les six premiers mois de son existence, le Congo allait
connaître une grave mutinerie dans l’armée, une fuite massive des Belges restés
sur place, une invasion de l’armée belge, une intervention militaire des
Nations Unies, le soutien politique de l’Union soviétique, une phase d’extrême
tension de la guerre froide, une crise constitutionnelles sans égale, deux
sécessions portant sur un tiers de son territoire et par-dessus le marché le
sort réservé à son Premier ministre, qui allait être fait prisonnier, s’enfuir,
être rattrapé, torturé et tué, non, tout cela, vraiment personne ne l’avait
prévu.</i></span></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Et cela n’arrangea en rien
la situation. À présent, on appelle la période entre 1960 et 1965 la Première
République, mais à l’époque elle évoquait plutôt le Jugement dernier. Le pays
se décomposa, fut confronté à une guerre civile, à des pogroms ethniques, deux
coups d’État, trois rébellions et six chefs de gouvernement (<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiTKfISud5KMPvh87-cS1_e1YMBlYmYksTlB8yHDmhh75dW_ZpzQ_CvxaforbKbqj0tdRl-tDhWj5RGKpPBvb4U42LAt_yXrhkSTLZt5TsuPTAzSR4ETo1Fkvu_GGrU3-GMIcVFdKRUNI8/h120/Firma+Acta.jpg">Lumumba</a>, Ileo,
Bomboko, </span></i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiTKfISud5KMPvh87-cS1_e1YMBlYmYksTlB8yHDmhh75dW_ZpzQ_CvxaforbKbqj0tdRl-tDhWj5RGKpPBvb4U42LAt_yXrhkSTLZt5TsuPTAzSR4ETo1Fkvu_GGrU3-GMIcVFdKRUNI8/s1600/Firma+Acta.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="159" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiTKfISud5KMPvh87-cS1_e1YMBlYmYksTlB8yHDmhh75dW_ZpzQ_CvxaforbKbqj0tdRl-tDhWj5RGKpPBvb4U42LAt_yXrhkSTLZt5TsuPTAzSR4ETo1Fkvu_GGrU3-GMIcVFdKRUNI8/s200/Firma+Acta.jpg" width="200" /></a>Adoula, Tshombe et Kimba), dont certainement deux et peut-être même
trois furent assassinés : Lumumba, tué d’une balle en 1961; Kimba, pendu
en 1966; Tshombe, trouvé mort dans une cellule de prison en Algérie en 1969. Même
le secrétaire général des Nations Unies, Dag Hammarskjöld, l’homme placé à la tête
d’un “gouvernement mondial” indécis, perdit la vie dans des circonstances qui
ne furent jamais élucidées : un cas unique dans le multilatéralisme d’après-guerre.
Quant aux morts au sein de la population congolaise, ils ne se comptaient même
plus.</span></i></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">La Première République du
Congo fut une époque apocalyptique durant laquelle tout ce qui pouvait tourner
mal tourna mal. Sur le plan politique ou militaire, le pays sombra dans un
chaos total inextricable, sur le plan économique la situation n’avait qu’une
interprétation possible : tout allait de mal en pis. Pourtant, le pays n’était
pas en proie à des pulsions irrationnelles incontrôlées. Les catastrophes des
cinq premières années ne furent pas la conséquence d’une réémergence de la
barbarie, de la réapparition d’une quelconque forme de primitivisme réprimé pendant
les années coloniales, sans parler </span></i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEguMsW69i_0G195o8kmiW-6yIqcxLNhgJ9-1CAqhJvXP-uDVVgvI0vQYCfDA1yF7E0tCUYPF-ciAif8Dpv4Y2F2baf-DE28B4sFMiY13OU3MVubKzIVvcAccTV3QcByJOKNeoNjvnnD3nI/s1600/Dragon_Rouge_-_DN144a.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="202" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEguMsW69i_0G195o8kmiW-6yIqcxLNhgJ9-1CAqhJvXP-uDVVgvI0vQYCfDA1yF7E0tCUYPF-ciAif8Dpv4Y2F2baf-DE28B4sFMiY13OU3MVubKzIVvcAccTV3QcByJOKNeoNjvnnD3nI/s320/Dragon_Rouge_-_DN144a.jpg" width="320" /></a>d’une “âme bantoue” hermétique. Non, là
encore, le chaos fut engendré par la logique plutôt que par la déraison, ou,
pour être plus précis : par la confrontation de logiques contradictoires.
Le président, le Premier ministre, l’armée, les rebelles, les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEguMsW69i_0G195o8kmiW-6yIqcxLNhgJ9-1CAqhJvXP-uDVVgvI0vQYCfDA1yF7E0tCUYPF-ciAif8Dpv4Y2F2baf-DE28B4sFMiY13OU3MVubKzIVvcAccTV3QcByJOKNeoNjvnnD3nI/h120/Dragon_Rouge_-_DN144a.jpg">Belges</a>, les
Nations Unies, les Russes, les Américains : chacun adoptait une logique
secrètement cohérente et compréhensible mais souvent contradictoire avec celle
des autres. Comme au théâtre, la tragédie de l’Histoire était ici aussi non pas
une affaire d’êtres raisonnables contre des êtres insensés, des bons contre des
méchants, mais de personnes toutes persuadées lors de leurs rencontres que
leurs propres intentions étaient bonnes et raisonnables. Des idéalistes s’opposaient
à d’autres idéalistes, mais les idéaux défendus avec trop de fanatisme
conduisent à l’aveuglement, l’aveuglement des bons. L’Histoire est un plat
abominable préparé avec les meilleurs ingrédients</span></i><span lang="FR-CA">»
(D. van Reybrouck. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp.
305-306).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Comme plus tard lors du génocide rwandais, derrière les affrontements ethniques se cachaient les tentacules des rivalités politiques, des intérêts
impérialistes qui contrôlaient les cordons de l’économie nationale et qui veillaient à l’appauvrissement
en-deçà de toutes limites de la condition des anciens colonisés. Alors que pour
</span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi9pNcL2aZ-ltxwU5X1eq1nj0f-xWHY5R_M1WxXTI074cifGb6Qiapgv_B-g8tmgVfD_c9ODso43EoSCp8d77t-NrYUNs7GcWWwx75oGkOpMFi0KdGSu_l16HZCSNupS5ubGc6JckHW_uo/s1600/1953514.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi9pNcL2aZ-ltxwU5X1eq1nj0f-xWHY5R_M1WxXTI074cifGb6Qiapgv_B-g8tmgVfD_c9ODso43EoSCp8d77t-NrYUNs7GcWWwx75oGkOpMFi0KdGSu_l16HZCSNupS5ubGc6JckHW_uo/s400/1953514.jpg" width="281" /></a>ceux-ci, l’indépendance devait signifier la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi9pNcL2aZ-ltxwU5X1eq1nj0f-xWHY5R_M1WxXTI074cifGb6Qiapgv_B-g8tmgVfD_c9ODso43EoSCp8d77t-NrYUNs7GcWWwx75oGkOpMFi0KdGSu_l16HZCSNupS5ubGc6JckHW_uo/h120/1953514.jpg">libération</a> et passer par une voie
nécessaire qui conduirait à <i>être</i><i style="mso-bidi-font-style: normal;">-comme </i>les
anciennes métropoles, des puissances riches, libres et modernes; pour les
anciennes métropoles, la décolonisation devenait un nouveau mode d’asservissement
des colonisés. Les Bokassa, Amin Dada et Mobutu n’étaient plus que des
caricatures sanglantes de rois nègres de la période coloniale, se croyant
désormais hissés au-delà même des archétypes des rois et des empereurs
européens que l’enseignement de l’histoire des colonisateurs avait
insidieusement versés dans l’Imaginaire des colonisés afin d’assurer leur
supériorité raciale. Afin d’éviter que la jalousie des colonisés se retournent
contre les métropolitains tout en continuant à assouvir les envies immodérées
de pouvoir et de richesse, la décolonisation fut le passage du colonialisme à
travers les institutions nationales des pays indépendants. Désormais, le budget
des armées nationales, jadis dépensé pour le maintien des colonies se trouva
notablement réduit, voire transféré aux Trésors des pays indépendants, tandis
que les Trésors des puissances occidentales s’accrurent des bénéfices de l’exploitation
de ces pays dont le budget national se voyait grevé d’un faible pourcentage de
revenu inférieur aux dépenses de l’entretien des infrastructures. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le développement du sous-développement </i>devenait
la tare des indépendances et la décolonisation rentable pour toutes les
puissances occidentales. L’envie des colonisateurs était la première responsable
de la jalousie des colonisés. La seule différence, c’est que l’envie se borne à
l’<i>avoir</i> extérieur, alors que la jalousie dévore l’<i>être</i> de l'intérieur.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">L’instabilité structurelle des nouveaux pays indépendants, en Orient
mais surtout en Afrique, entraîna un mouvement de reflux des nouveaux peuples décolonisés
vers leurs anciennes métropoles. L’effondrement dans les guerres civiles, les
rivalités ethniques, l’appauvrissement avec l’analphabétisation, les épidémies
(du Sida à l’Ébola), les famines et le pourrissement des infrastructures
léguées par les métropoles, conduisit à une <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Völkerwanderung</i> du Sud vers le Nord. Cette alternative à l’indépendance
était une autre façon pour les ex-colonisés de devenir <i style="mso-bidi-font-style: normal;">comme </i>les maîtres. S’occidentaliser en trouvant moyen d’échapper
aux horreurs de </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgqNhPnZfheD8yxGm3dXJty-XXYuyL7vFdhkqSGgtcleRNv3X3ukuw7lRLHGggjy9x1WaxLOg6iOAcvaIOcNm4onDe1Q91BPK7KWguBj6u0o4xa4C_sggLHmxzbJsQif-wFzmdjQQus-M0/s1600/pillage-rome.gif" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="276" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgqNhPnZfheD8yxGm3dXJty-XXYuyL7vFdhkqSGgtcleRNv3X3ukuw7lRLHGggjy9x1WaxLOg6iOAcvaIOcNm4onDe1Q91BPK7KWguBj6u0o4xa4C_sggLHmxzbJsQif-wFzmdjQQus-M0/s400/pillage-rome.gif" width="400" /></a>leurs pays pour regagner les métropoles et s’y établir comme
citoyens. Telle est la probléma-</span><br />
<span lang="FR-CA">tique que le titre d’un livre célèbre en son
temps de Jean-</span><br />
<span lang="FR-CA">Christo-</span><br />
<span lang="FR-CA">phe Ruffin, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’empire
et les nouveaux <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgqNhPnZfheD8yxGm3dXJty-XXYuyL7vFdhkqSGgtcleRNv3X3ukuw7lRLHGggjy9x1WaxLOg6iOAcvaIOcNm4onDe1Q91BPK7KWguBj6u0o4xa4C_sggLHmxzbJsQif-wFzmdjQQus-M0/h120/pillage-rome.gif">barbares</a>, </i>évoque la période où l’empire romain recevait
de sa périphérie l’apport de tous ses conquis. Cette <i style="mso-bidi-font-style: normal;">limes </i>imaginaire se traduit dans les faits par les plus grandes
disparités économiques entre le revenu moyen d’un individu parmi les plus
pauvres d’un ou l’autre des pays du Nord par rapport au revenu moyen des
habitants des pays du Sud. Ce qu’on appelait dans les années 70, le Tiers-Monde perdit son nom en se répandant de plus en plus dans les trois-quarts du monde, si on considère l’appauvrissement
des régions mêmes des pays situés au Nord. Il apparaît donc normal qu’un vaste
mouvement de déplacement des populations jamais connu auparavant se mette en marche.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">La première immigration vient donc des régions, du plat pays, vers
les grandes villes, les métropoles qui deviennent des mégapoles dont le niveau
de population dépasse parfois celui de certains pays du Sud : New York et
son agglomération comptent 22 085 649 habitants; Tokyo 13,35 millions, Moscou 11,5 d’individus; Mexico 8, 851; Paris (et sa grande banlieue) 10 460
118; Londres 8,308 millions… Les premiers migrants à habiter ces villes
provenaient des provinces souvent dépeuplées pour des raisons économiques. À
cela s’ajoutent les immigrants du Sud, les anciens colons venus retrouver en
métropole un </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgeAI60hUfwxSNuiy2jGOhrfMR2Lk2rvLShiz7MFXBTXn0oMfFUn6sJFVffuJjXuynpZRMnVCLSDMdJ_1W0Sfk9wvLi9ai_hkbTbc6KDasKtQRHe9LASvieI8ULTsPkpHKLvwpWGibbRsc/s1600/brukseli_me_kritika_per_shkak_.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="250" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgeAI60hUfwxSNuiy2jGOhrfMR2Lk2rvLShiz7MFXBTXn0oMfFUn6sJFVffuJjXuynpZRMnVCLSDMdJ_1W0Sfk9wvLi9ai_hkbTbc6KDasKtQRHe9LASvieI8ULTsPkpHKLvwpWGibbRsc/s400/brukseli_me_kritika_per_shkak_.jpg" width="400" /></a>semblant de sécurité, d’enrichis-</span><br />
<span lang="FR-CA">sement et d’édu-</span><br />
<span lang="FR-CA">cation.
Contrai-</span><br />
<span lang="FR-CA">rement aux années 70 et 80 lorsqu’il y avait une part d’im-</span><br />
<span lang="FR-CA">migration
politique due aux troubles des guerres civiles des nouveaux pays indépendants,
depuis les années 1980, il s’agit surtout d’une immigration économique. Les
divers problèmes qui affectent </span><span lang="FR-CA">les zones Sud obligent des <i style="mso-bidi-font-style: normal;">boat peoples </i>à s’engager à traverser la Méditerranée pour se retrouver
parqués à l’île de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgeAI60hUfwxSNuiy2jGOhrfMR2Lk2rvLShiz7MFXBTXn0oMfFUn6sJFVffuJjXuynpZRMnVCLSDMdJ_1W0Sfk9wvLi9ai_hkbTbc6KDasKtQRHe9LASvieI8ULTsPkpHKLvwpWGibbRsc/h120/brukseli_me_kritika_per_shkak_.jpg">Lampeduza</a> relevant de l’Italie. Des catastrophes de
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjN9zFsgbk_VZvok4nKWbq_JyrbegtBuTn5nEQIF_TJf-n11IsjrwMYv2gklbyw8k8h4nqjmJMBWzXcJc-_VjwHMjsSw11rcbFZA8VcaAoXKLBR16VNzqkx7iumDb-LPiyDSww1xvf3P7I/h120/immigration-clandistine.jpg">traversiers surpeuplés</a> qui font naufrages en Indonésie, aux Philippines et même
sur les côtes de l’Atlantique et de la Méditerranée nous disent la grande
détresse de ces gens qui se sont souvent endettés pour payer le prix du voyage
pour atteindre le «paradis» du Nord. Les chiffres que donnent Catherine Wihtol
de Wenden sont effarants : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">les
migrations ont triplé en moins de </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjN9zFsgbk_VZvok4nKWbq_JyrbegtBuTn5nEQIF_TJf-n11IsjrwMYv2gklbyw8k8h4nqjmJMBWzXcJc-_VjwHMjsSw11rcbFZA8VcaAoXKLBR16VNzqkx7iumDb-LPiyDSww1xvf3P7I/s1600/immigration-clandistine.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="173" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjN9zFsgbk_VZvok4nKWbq_JyrbegtBuTn5nEQIF_TJf-n11IsjrwMYv2gklbyw8k8h4nqjmJMBWzXcJc-_VjwHMjsSw11rcbFZA8VcaAoXKLBR16VNzqkx7iumDb-LPiyDSww1xvf3P7I/s400/immigration-clandistine.jpg" width="400" /></a>quarante ans. On les estimait à 77 millions
en 1975, elles sont </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">aujour-</i></span><br />
<span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">d’hui de l’ordre de 200 millions. Ajoutons-y les 740
millions de migrations internes liées aux déplacements de populations provoqués
par les guerres. Un autre chiffre donne la mesure de la rupture : il y a
quarante ans, une vingtaine de pays tout au plus étaient concernés; aujourd’hui,
il n’est pas une région du monde qui ne soit touchée, soit comme terre d’accueil,
soit comme terre de transit. Certains pays en voie de développement ont même
changé de statut, n’étant plus exclusivement tournés vers l’émigration mais
affectés par les trois flux à la fois, l’émigration, l’immigration et le
transit. Le Maroc, l’Algérie, la Turquie et le Mexique sont dans ce cas depuis
les années 1990</i>» (C. Wihtol de Wenden. «Le nouveau paysage migratoire», in
L’Histoire. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Les Grandes migrations, </i>Collection
# 46, 2009, p. 85).</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Si <i style="mso-bidi-font-style: normal;">les hommes vont là où il y
a une source d’enrichissement possible, </i>doit-on penser que l’appauvrissement
de la Terre est en soi suffisante pour expliquer ces millions d’individus qui
transitent depuis 30 ans vers les grandes métropoles du monde? Mme Whitol de
Wenden ne peut passer sous silence que cette migration économique va du Sud
vers le Nord et est la conséquence d’une décolonisation qui a </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjRJyc-oQpLoZe6a6zcrPT-56s_EXnxLK1XlBa5onRoJG5Bgv-tV8lFy6TM3YnpatEtWCxd-2kOP-qb3mEvVkZkdp9zS6g41V1QpoC0Wj8LKQeqkk8U-M6pypC7yyGgnALC-mUKQzsqViU/s1600/img-16-small580.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="297" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjRJyc-oQpLoZe6a6zcrPT-56s_EXnxLK1XlBa5onRoJG5Bgv-tV8lFy6TM3YnpatEtWCxd-2kOP-qb3mEvVkZkdp9zS6g41V1QpoC0Wj8LKQeqkk8U-M6pypC7yyGgnALC-mUKQzsqViU/s400/img-16-small580.jpg" width="400" /></a>mal tourné pour
les pays indé-</span><br />
<span lang="FR-CA">pendants : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Jusqu’aux
années 1980, les pays qui avaient accédé à </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">l’indépen-</i></span><br />
<span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">dance vingt ans plus tôt,
vivaient dans une bulle euphorique. Ils s’en sortiraient économiquement,
croyaient-ils, car l’histoire les avait en quelque sorte légitimés. Si l’on
partait, c’était avec l’idée de revenir un jour, le temps d’amasser un capital
et d’en distraire une partie pour sa famille</i>». Ceci est sans doute vraie
mais pas totalement. Nous y reconnaissons davantage l’<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjRJyc-oQpLoZe6a6zcrPT-56s_EXnxLK1XlBa5onRoJG5Bgv-tV8lFy6TM3YnpatEtWCxd-2kOP-qb3mEvVkZkdp9zS6g41V1QpoC0Wj8LKQeqkk8U-M6pypC7yyGgnALC-mUKQzsqViU/h120/img-16-small580.jpg">immigration</a> de pays comme
l’Italie ou l’Allemagne au début du XXe siècle, pays surpeuplés et dont les
richesses ne suffisaient plus pour satisfaire les familles nombreuses. C’était
l’époque où New York les attendait avec sa Statue de la Liberté et le poème d’Emma
Lazarus. Dans les années précédent 1980, nous l’avons dit, l’immigration était
politique; fuyant des dictateurs sanguinaires ou entrevoyant le four de l’indépendance,
les migrants cherchaient à retrouver la sécurité et la «richesse» du temps où l’ordre
colonial maintenait un semblant de paix dans les colonies. Et Mme Whitol de
Wenden de poursuivre : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Mais,
depuis, le désenchantement </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">s’est installé, et les gens sont convaincus que l’avenir
</i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjxiA9es4ASo_qvYvqdXngac_9xazimEU6ueLfgid-oazvNPp4-WWB3Dp5bFZgb8NRXiBNBRUYRzMYTEGK_oGOzXIU0oAcdW6UA7LJbj7EwIvTe-VnAUydq0WshSZVy6weDw-OFG6sRg3g/s1600/Boris.JPG" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="227" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjxiA9es4ASo_qvYvqdXngac_9xazimEU6ueLfgid-oazvNPp4-WWB3Dp5bFZgb8NRXiBNBRUYRzMYTEGK_oGOzXIU0oAcdW6UA7LJbj7EwIvTe-VnAUydq0WshSZVy6weDw-OFG6sRg3g/s400/Boris.JPG" width="400" /></a></i></span>est bouché à l’intérieur de leurs frontières, que de leur vivant ils ne connaî-</i></span><br />
<span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">tront
pas de change-</i></span><br />
<span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">ment, que leur salut, donc, passe par une émigration qui pourra être
définitive. Par ailleurs, la migration doit être analysée comme une manière de
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjxiA9es4ASo_qvYvqdXngac_9xazimEU6ueLfgid-oazvNPp4-WWB3Dp5bFZgb8NRXiBNBRUYRzMYTEGK_oGOzXIU0oAcdW6UA7LJbj7EwIvTe-VnAUydq0WshSZVy6weDw-OFG6sRg3g/h120/Boris.JPG">réajustement</a> des grands déséquilibres de plus en plus béants entre régions
riches et régions pauvres, que ce soit en termes de revenu par habitants, d’espérance
de vie, de niveau d’éducation et d’exposition aux risques de toute nature :
risques liés aux guerres civiles, à l’instabilité politique, aux catastrophes environnementales,
aux maladies, au chômage. La migration est aussi une assurance contre ces
risques</i>» (C. Wihtol de Wenden. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p.
85).</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhkq7oXJ82ytICzzzfO-xT5Y5k8BJp7gGMzq-xdzBrPCHvE29DB-S2Dxlj-AHEcztOIOouvvfcfcXXFvb591M7p_erwT1xX69DESG8I3viyVPXdNXqjdy7jIYSXJlmfPYFPALxP_IIs1-g/s1600/Migrations3-Les-migrations-au-coeur-des-changements-du-monde.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="266" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhkq7oXJ82ytICzzzfO-xT5Y5k8BJp7gGMzq-xdzBrPCHvE29DB-S2Dxlj-AHEcztOIOouvvfcfcXXFvb591M7p_erwT1xX69DESG8I3viyVPXdNXqjdy7jIYSXJlmfPYFPALxP_IIs1-g/s400/Migrations3-Les-migrations-au-coeur-des-changements-du-monde.jpg" width="400" /></a></div>
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Les produits culturels, américains laissent miroiter aux
gens du Sud et de l'Est que les <i style="mso-bidi-font-style: normal;">burgers</i> poussent
dans les arbres en Amérique. Ainsi voit-on beaucoup de Latino-Américains de la
région andine émigrer vers l’Amérique du Nord, l’Europe de l’Ouest et même le
Japon, alors que les Latino-Américains du Mexique et de l’Amérique centrale
vont vers les États-Unis et le Canada. Plus assurément que les paroles oiseuses du pape Jean-Paul II, cette lubie a forcé les peuples slaves à basculer du côté du capitalisme libéral. Les peuples africains du golfe de Guinée
préfèrent l’Afrique du Sud ou transitent par le Maghreb vers la France, et
certains vers le Québec. Il en est de même de l’émigration maghrébine. L’Arabie
et les États du Golfe attirent davantage les Indonésiens et les migrants du
sous-continent indien. Bref, depuis 1980, le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhkq7oXJ82ytICzzzfO-xT5Y5k8BJp7gGMzq-xdzBrPCHvE29DB-S2Dxlj-AHEcztOIOouvvfcfcXXFvb591M7p_erwT1xX69DESG8I3viyVPXdNXqjdy7jIYSXJlmfPYFPALxP_IIs1-g/h120/Migrations3-Les-migrations-au-coeur-des-changements-du-monde.jpg">panorama migratoire</a> a beaucoup
changé : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’axe sud-nord, celui dont
on parle le plus, ne concerne qu’un tiers de l’ensemble des flux avec 61
millions de migrants. Il y en a désormais presque autant sur l’axe sud-sud :
60 millions. Les migrations nord-nord touchent 50 millions d’individus. Tandis
que l’axe nord-sud et l’axe est-ouest concernent chacun 14 millions de
personnes</i>» (C. Wihtol de Wenden. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid.
</i>p. 87).</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Mais ce qui est le plus tragique, c’est la façon dont les anciens
colonisés se débarrassent volontiers de leurs propres concitoyens. Ainsi, l’immigration
cache une expulsion des pays d’origine : </span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Dans nombre de pays du tiers
monde</i>, poursuit Mme Wihtol de Wenden, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">une
pratique nouvelle s’est installée. Jusqu’à très récemment, les gens étaient
cantonnés chez eux, car les autorités, le plus souvent des dictatures,
craignaient d’exporter leur mauvaise image de marque en s’ouvrant au monde.
Maintenant ces gouvernants, qui n’ont rien perdu de leur autoritarisme, tirent
avantage d’une délivrance plus généreuse des passeports à leurs citoyens D’abord,
les expatriés renvoient à leurs proches une partie de ce qu’ils gagnent, on l’a
vu, et contribuent au fonctionnement de l’économie locale. Ensuite, c’est une
façon d’éloigner des foyers de contestation possible mais aussi des chômeurs en
puissance.</i></span></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Enfin, ces pays,
inexistants pour la plupart sur la scène internationale, développent, grâce à
leur diaspora, une diplomatie parallèle, principalement axée sur la défense des
droits de leurs nationaux à l’étranger. Je pense là à un pays comme l’Érythrée.
Ainsi avons-nous désormais un paysage migratoire très différent de celui qui
existait au XIXe siècle avec des Européens de l’Ouest qui partaient faire
fortune en dehors de chez eux : dans les colonies, les comptoirs de
commerce, dans les nouveaux mondes et sur les terres à défricher et à peupler
comme l’Australie et la Nouvelle-Zélande. De nos jours, les Européens ne
quittent plus leurs terres d’origine, les migrants viennent de pays jusque-là
refermés sur eux-mêmes, qui ont ouvert leurs frontières, mais ils se heurtent
aux politiques d’immigration mises en place par les régions d’accueil pour en
contrôler le flux</span></i><span lang="FR-CA">» (C. Wihtol de Wenden. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 88-89).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Les émigrants modernes du Sud sont trop jeunes pour avoir connu «<a href="https://www.movieposter.com/posters/archive/main/91/MPW-45826">l’heureux temps des colonies</a>», ils ne peuvent donc jalouser les Occidentaux et faire <i style="mso-bidi-font-style: normal;">comme s’</i>ils étaient d’entre eux. Par
contre, la culture de la </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgTtUj8KEHB40eG7xIEyDP_MDWlnynndavY-U6156FMNBJFByvltMy3i0JswInvgLCULgwBfZkaUukMAi4yR3ADC8A18Y7U08K96XaeypPUkGNS7wo0KqMMYQf9VtADQG7-Nx85fvmAkHQ/s1600/MPW-45826.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgTtUj8KEHB40eG7xIEyDP_MDWlnynndavY-U6156FMNBJFByvltMy3i0JswInvgLCULgwBfZkaUukMAi4yR3ADC8A18Y7U08K96XaeypPUkGNS7wo0KqMMYQf9VtADQG7-Nx85fvmAkHQ/s400/MPW-45826.jpg" width="261" /></a>rapacité véhiculée par l’impérialisme culturel
américain a créé une nouvelle envie qui est de faire fortune en Occident,
pour soi-même. À moins d’avoir bénéficié d’une fortune d’un parent
haut-fonctionnaire corrompu de la dictature en place, l’arrivée en terre d’accueil
est plutôt brutale. Les gouvernements occidentaux distinguent désormais les immigrants selon qu’ils sont économiques (sauver leurs
fortunes d’un régime dictatorial ou communiste) ou sociaux (venir servir de
main-d’œuvre en Occident pour fuir les persécutions locales). Les lois d’immigration
occidentales jouent donc sur un double registre et tous les immigrants ne sont
pas égaux aux yeux des sociétés d'accueil. En fait, cette migration des anciennes colonies
est une suite normale au colonialisme du passé. À l’époque des colonies, des
aventuriers partaient d’Occident, usurpaient les pouvoirs locaux, faisaient de
la prédation des ressources naturelles et abaissaient les colonisés au statut d’esclaves
ou de main-d’œuvre servile. La décolonisation a renversé le flux. Maintenant, l’immigration
se substitue à l’ancien abaissement esclavagiste ou servile et les Occidentaux
n’ont même plus besoin de défrayer les frais de transport! C’est ce qu’on
appelle le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">progrès</i>. Ces immigrants
sont plus souvent qu’autrement campés dans des quartiers (les banlieues) où se fomentent des <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhsxDJu8de3urT7qgrcvjNdZhz3gG-iR-g7JMRNtmrYGwwYjNqFFP5s9ykWVSuLeW4AhZtUGICTkEgwudDaDoY42j58lkyOHTb7_eG1ircIHTq5nGW0w61Jt61oGibWHsDMtUF866fZ50U/h120/france+riots.jpg">émeutes</a> et qui
sont </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhsxDJu8de3urT7qgrcvjNdZhz3gG-iR-g7JMRNtmrYGwwYjNqFFP5s9ykWVSuLeW4AhZtUGICTkEgwudDaDoY42j58lkyOHTb7_eG1ircIHTq5nGW0w61Jt61oGibWHsDMtUF866fZ50U/s1600/france+riots.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="206" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhsxDJu8de3urT7qgrcvjNdZhz3gG-iR-g7JMRNtmrYGwwYjNqFFP5s9ykWVSuLeW4AhZtUGICTkEgwudDaDoY42j58lkyOHTb7_eG1ircIHTq5nGW0w61Jt61oGibWHsDMtUF866fZ50U/s400/france+riots.jpg" width="400" /></a>déjà de véritables ghettos où les ressentiments ruminés font jaillir de petites
pègres qui se font la guerre pour le trafic de drogues ou de prostituées. Les
caïds deviennent des symboles de réussites et sont l’objet de nouvelles
jalousies de cette jeunesse laissée pour compte. Le vieux drame qui affecta au
tournant du XXe siècle les immigrants d’origine italienne, irlandaise ou
chinoise se rejoue, mais avec des groupes ethniques venus d’Asie, d’Afrique,
voire de Russie! Enfin, les clauses favorables et l’adaptation du droit des
États indépendants aux normes occidentales rendent la prédation des ressources
naturelles toujours aussi prometteuse. La décolonisation aura, en définitive, été
une formidable affaire pour les <i>minorités dominantes </i>occidentales, mais un nouveau fléau pour toutes les sociétés!</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"></span></span>Voilà où nous conduit l’envie comme péché capital collectif. Si l’Occident
s’est montré la civilisation la </span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjjixYDNzLpJGfMVMldSdezM4btG9ZynqIkAQAZ_hwloQXInkWFnNKmpSE2Rm0X77upaye27HZW_undG8hrfZJ7Q8uuhnwtvnVXvrm7YpyahV5PNZNpNq3PoZkN-2Mzo886f4h4SE67dAM/s1600/BO00908.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjjixYDNzLpJGfMVMldSdezM4btG9ZynqIkAQAZ_hwloQXInkWFnNKmpSE2Rm0X77upaye27HZW_undG8hrfZJ7Q8uuhnwtvnVXvrm7YpyahV5PNZNpNq3PoZkN-2Mzo886f4h4SE67dAM/s400/BO00908.jpg" width="258" /></a></span></span></span>plus </span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"></span>envieuse, l’envie n’a épargné aucune
civilisation, aucune culture. Elle n’a prise que des formes adaptées aux mœurs
locales. Son effet le plus malsain a été, après avoir suscité des rêves cupides, comme ceux qui </span><span lang="FR-CA">animaient les Conquistadores, les prospecteurs, les compagnies, d'instiller dans l'esprit des colonisés des jalousies intérieures dévorantes et souvent incontrôlables. Aux rêves de jeunesse; à ceux qui conduisirent le jeune Rimbaud se faire marchand dans la Méditerranée orientale, ou Pierre Loti, se laisser bercer par la
houle de la mer en quête des paradis érotiques chantés par Baudelaire :</span><br />
<blockquote class="tr_bq">
<span lang="FR-CA"><i>Là, tout n'est qu'ordre et beauté,</i></span><br />
<span lang="FR-CA"><i>Luxe, calme et volupté.</i></span></blockquote>
<span lang="FR-CA">ont répondu des irruptions de violences raciales, de conflits internationaux et de migrations désespérées. La
nostalgie de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">la coloniale </i>ne s'est jamais fredonnée sur l'air de <i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjjixYDNzLpJGfMVMldSdezM4btG9ZynqIkAQAZ_hwloQXInkWFnNKmpSE2Rm0X77upaye27HZW_undG8hrfZJ7Q8uuhnwtvnVXvrm7YpyahV5PNZNpNq3PoZkN-2Mzo886f4h4SE67dAM/h120/BO00908.jpg">La petite Tonkinoise</a>, </i>mais bien sur les trois strophes triomphales de Verlaine (rendant hommage à Rimbaud) :</span><br />
<blockquote class="tr_bq">
<span lang="FR-CA"><i>L'histoire t'a sculpté triomphant de la mort</i></span><br />
<span lang="FR-CA"><i>Et jusqu'aux purs excès jouissant de la vie, </i> </span><br />
<i>Tes pieds blancs posés sur la tête de l'Envie</i><span lang="FR-CA" style="font-family: "Hoefler Text Ornaments";">⌛</span></blockquote>
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 141.75pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div align="right" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: right;">
<span lang="FR-CA">Montréal</span></div>
<div align="right" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: right;">
<span lang="FR-CA">10 novembre 2014</span><span lang="FR-CA" style="color: black; mso-bidi-font-size: 12.0pt;"></span></div>
</div>
Coupalhttp://www.blogger.com/profile/14839226309394850656noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8942859135376014620.post-77133711205179788322014-10-21T01:12:00.000-04:002014-11-09T19:16:35.274-05:00Les sept péchés capitaux : Orgueil<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
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<br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgokq-f4n2-5ca2xxVISrn231c3ByXW87ndtfJ2r-zFntMOUwsEw82xdMCNVhBLV0xRefnljML_HzN0RaBEBA1Bw54Ws_n0HHCPT-X7lFdzpG4iTA9ETCJuOUGL6Ode1sHb2kV0ivw-QH0/s1600/6a00d834525e1869e201a3fcc8a9ad970b-800wi.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgokq-f4n2-5ca2xxVISrn231c3ByXW87ndtfJ2r-zFntMOUwsEw82xdMCNVhBLV0xRefnljML_HzN0RaBEBA1Bw54Ws_n0HHCPT-X7lFdzpG4iTA9ETCJuOUGL6Ode1sHb2kV0ivw-QH0/s1600/6a00d834525e1869e201a3fcc8a9ad970b-800wi.jpg" height="400" width="385" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span class="st">Hieronymus Bosch. <i>L'orgueil</i></span></td></tr>
</tbody></table>
<div align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span lang="FR-CA" style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;">LES
SEPT PÉCHÉS CAPITAUX : ORGUEIL</span></b></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Contrairement au lieu commun qui, pour pasticher Descartes, est le
mieux partagé du monde, ce n’est pas la paresse qui est la mère de tous les
vices, mais bien l’<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgokq-f4n2-5ca2xxVISrn231c3ByXW87ndtfJ2r-zFntMOUwsEw82xdMCNVhBLV0xRefnljML_HzN0RaBEBA1Bw54Ws_n0HHCPT-X7lFdzpG4iTA9ETCJuOUGL6Ode1sHb2kV0ivw-QH0/h120/6a00d834525e1869e201a3fcc8a9ad970b-800wi.jpg">orgueil</a>. D’où que l’orgueil est le premier des sept péchés
capitaux. Il est le socle de la montagne qui conduit au Paradis selon Dante. Si
tous nous ne sombrons pas par notre orgueil, tous nous en sommes habités.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">La littérature universelle est friande de caractères qui manifestent
un orgueil démesuré. Depuis Adam et Ève dans la Bible ou les combattants grecs
de la Guerre de Troie chez Homère, les grands livres de l’humanité foisonnent
de personnages orgueilleux. Voyez<span style="mso-spacerun: yes;">
</span>Shakespeare! Il est dans toutes les pièces : tragiques, </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgrLIBiKmY0kInJLmgWGo1TFiIgBF9n0yaX34GSKV53hZ75Yw8rmQvDzjje4HXIVpAx5L84OWBZyGVzTgjGo4hgxu9nmuCU8o8GqUqRr9fiSWLQMPl6yJbrFSwyKd1aA1tINzeiFOZT7hs/s1600/milton_1722930c.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgrLIBiKmY0kInJLmgWGo1TFiIgBF9n0yaX34GSKV53hZ75Yw8rmQvDzjje4HXIVpAx5L84OWBZyGVzTgjGo4hgxu9nmuCU8o8GqUqRr9fiSWLQMPl6yJbrFSwyKd1aA1tINzeiFOZT7hs/s1600/milton_1722930c.jpg" height="250" width="400" /></a>historiques ou
comiques.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le Satan du <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Paradise Lost </i></span><span lang="FR-CA"><span style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"> (1667)</span> </span>de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgrLIBiKmY0kInJLmgWGo1TFiIgBF9n0yaX34GSKV53hZ75Yw8rmQvDzjje4HXIVpAx5L84OWBZyGVzTgjGo4hgxu9nmuCU8o8GqUqRr9fiSWLQMPl6yJbrFSwyKd1aA1tINzeiFOZT7hs/h120/milton_1722930c.jpg">John Milton</a> (1608-</span><br />
<span lang="FR-CA">1674) est
incon-</span><br />
<span lang="FR-CA">testable-</span><br />
<span lang="FR-CA">ment un modèle de l'orgueil-</span><br />
<span lang="FR-CA">leux parfait. Le voici défait par les armées de chérubins du
Tout-Puissant : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Toutefois malgré
ces foudres, malgré tout ce que le Vainqueur dans sa rage peut encore
m’infliger, je ne me repens point, je ne change </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhpSExGvvyMrjsO7I8McRBX_9w9ZrrlTVyUr_8t76zBPl9cL9ezHFBj77o_2XDVXTK5USwNMwfRti-7lS9QK4ubJcUShKD_o4HX_eMMkAyJcPGzFrnA3kALD6J9TosjKh8Rq-VmGG-lF4k/s1600/Paradise_Lost_402.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhpSExGvvyMrjsO7I8McRBX_9w9ZrrlTVyUr_8t76zBPl9cL9ezHFBj77o_2XDVXTK5USwNMwfRti-7lS9QK4ubJcUShKD_o4HX_eMMkAyJcPGzFrnA3kALD6J9TosjKh8Rq-VmGG-lF4k/s1600/Paradise_Lost_402.jpg" height="325" width="400" /></a>point : rien (quoique
changé dans mon éclat extérieur) ne changera cet esprit fixe, ce haut dédain né
de la cons-</i></span><br />
<span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">cience du mérite offensé, cet esprit qui me porta à m’élever contre
le Plus Puissant, entraînant dans ce conflit furieux la force innombrable
d’Esprits armés qui osèrent mépriser sa domination : ils me préférèrent à
LUI, opposant à son pouvoir suprême un pouvoir contraire; et dans une bataille
indécise au milieu des plaines du ciel ils ébranlèrent son trône». </i>Le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhpSExGvvyMrjsO7I8McRBX_9w9ZrrlTVyUr_8t76zBPl9cL9ezHFBj77o_2XDVXTK5USwNMwfRti-7lS9QK4ubJcUShKD_o4HX_eMMkAyJcPGzFrnA3kALD6J9TosjKh8Rq-VmGG-lF4k/h120/Paradise_Lost_402.jpg">Satan</a>
de Milton, en affirmant la <b>constance</b> de son esprit, malgré la défaite dans le
combat céleste, nous dit la qualité même de tous péchés capitaux<i>.</i></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgrYIPp_6p6dN6i5btkDcQPaHN8VYpbvlTd4F4levkKwovLHby7kZkW5Je2x5VN6xL8z4oQIPrjpbNTyF3LUNQhEfPknO8qHLgsk1XxZj_1e7_e9Y3kGTp6J2JcK_ROgNizfPp6V4-CcZM/h120/Paradise_Lost_1.jpg">Satan</a> le révolté transporte ses ambitions dans le monde nouveau
qu’il sera appelé à dominer : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Qu’importe
la perte du champ de bataille : tous n’est pas perdu. Une volonté
insurmontable, l’étude de la </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgrYIPp_6p6dN6i5btkDcQPaHN8VYpbvlTd4F4levkKwovLHby7kZkW5Je2x5VN6xL8z4oQIPrjpbNTyF3LUNQhEfPknO8qHLgsk1XxZj_1e7_e9Y3kGTp6J2JcK_ROgNizfPp6V4-CcZM/s1600/Paradise_Lost_1.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgrYIPp_6p6dN6i5btkDcQPaHN8VYpbvlTd4F4levkKwovLHby7kZkW5Je2x5VN6xL8z4oQIPrjpbNTyF3LUNQhEfPknO8qHLgsk1XxZj_1e7_e9Y3kGTp6J2JcK_ROgNizfPp6V4-CcZM/s1600/Paradise_Lost_1.jpg" height="400" width="316" /></a>vengeance, une haine immortelle, un courage qui ne
cédera, ni ne se soumettra jamais, qu’est-ce autre chose que n’être pas
subjugué? Cette gloire, jamais sa colère ou sa puissance ne me l’extorquera. Je
ne me courberai point; je ne demanderai point grâce d’un genou suppliant; je ne
déifierai point son Pouvoir qui, par la terreur de ce bras, a si récemment
douté de son empire. Cela serait bas en effet! Cela serait une honte et une
ignominie au-dessous même de notre chute! Puisque par le Destin, la force des
Dieux, la Substance céleste ne peut périr, puisque l’expérience de ce grand
événement, dans les armes non affaiblies, ayant gagné beaucoup en prévoyance,
nous pouvons, avec plus d’espoir de succès, nous déterminer à faire, par ruse
ou par force, une guerre éternelle, irréconciliable, à notre grand Ennemi qui
triomphe maintenant, et qui, dans l’excès de sa joie, régnant seul, tient la
tyrannie du ciel</i>». Après la caractéristique universelle du péché capital,
voici la particularité de l’orgueil : à la constance s’ajoute
l’entêtement, la persistance dans la rébellion.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">À Dieu tyran du Ciel, Satan n’a plus que l’Enfer où il se trouve
précipité pour exercer sa propre Puissance. Il sera le Dieu de l’Enfer. «<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEivqNIKB9FcL9jNhZCUVFAFPzYNLBc9QEnBuS4v3MXNx9g86iV-AxTMLg75SAcKnLeBeiGaIXkfQY3pJ33PRXxB6_SYQPYSSgILZgmBGo_Odo2YfMDLThdFqTT6hLcNcnJaB2xnSXk7Wfg/h120/GustaveDoreParadiseLostSatanProfile.jpg">Adieu, champs fortunés</a> où la joie habite
pour toujours! Salut, horreurs! salut, </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEivqNIKB9FcL9jNhZCUVFAFPzYNLBc9QEnBuS4v3MXNx9g86iV-AxTMLg75SAcKnLeBeiGaIXkfQY3pJ33PRXxB6_SYQPYSSgILZgmBGo_Odo2YfMDLThdFqTT6hLcNcnJaB2xnSXk7Wfg/s1600/GustaveDoreParadiseLostSatanProfile.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEivqNIKB9FcL9jNhZCUVFAFPzYNLBc9QEnBuS4v3MXNx9g86iV-AxTMLg75SAcKnLeBeiGaIXkfQY3pJ33PRXxB6_SYQPYSSgILZgmBGo_Odo2YfMDLThdFqTT6hLcNcnJaB2xnSXk7Wfg/s1600/GustaveDoreParadiseLostSatanProfile.jpg" height="400" width="352" /></a></i></span>monde infernal! Et toi, profond Enfer,
reçois ton nouveau possesseur. Il t’apporte un esprit que ne changeront ni le
temps ni le lieu. L’esprit est à soi-même sa propre demeure; il peut faire en
soi un Ciel de l’Enfer, un Enfer du Ciel. Qu’importe où je serai si je suis
toujours le même et ce que je dois être, tout, quoique moindre que celui que le
tonnerre a fait plus grand? Ici du moins nous serons libres. Le Tout-Puissant
n’a pas bâti ce lieu pour l’envier; il ne voudra pas nous en chasser. Ici nous
pourrons régner en sûreté; et à mon avis, régner est digne d’ambition même en
Enfer; mieux vaut régner dans l’Enfer que servir dans le Ciel</i>». Et sans
doute est-ce là la caractéristique de la profonde modernité du Satan de Milton.
L’orgueil refuse la servitude et, en ce sens, le mal conduit au bien tout à
fait à la façon dont le pensait saint Augustin. La voie du monde terrestre lui
est donc ouverte : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Satan élève une
si grande voix, que tout le creux de l’Enfer en retentit. </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEin0Ok00eojHFWc81mZqJTTxSUezl9hV7rphJrP-HKvGtluXutbjU3s5dshu8jDXvNJwYtCtF0GrqcbDiUqPPK_jO8hQkX8zWffjv6PphVLpmTtIE2FGQ32_zCXTWNoRVWon0356HKD_6A/s1600/PL06.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEin0Ok00eojHFWc81mZqJTTxSUezl9hV7rphJrP-HKvGtluXutbjU3s5dshu8jDXvNJwYtCtF0GrqcbDiUqPPK_jO8hQkX8zWffjv6PphVLpmTtIE2FGQ32_zCXTWNoRVWon0356HKD_6A/s1600/PL06.jpg" height="640" width="428" /></a>“Princes, potentats,
guerriers, fleurs du ciel jadis à vous, main-</i></span><br />
<span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">tenant perdu! Une stu-</i></span><br />
<span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">peur telle que
celle-</i></span><br />
<span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">ci peut-</i></span><br />
<span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">elle saisir des Es-</i></span><br />
<span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">prits éter-</i></span><br />
<span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">nels, ou avez-</i></span><br />
<span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">vous choisi ce lieu
après les fati-</i></span><br />
<span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">gues de la bataille, pour reposer votre valeur lassée, pour la
douceur que vous trouvez à dormir ici, comme dans les vallées du ciel? ou bien,
dans cette abjecte posture, avez-vous juré d’adorer le Vainqueur? Il contemple
à présent chérubins et séraphins, roulant dans le gouffre, armes et enseignes
brisées, jusqu’à ce que bientôt ses rapides ministres découvrent des portes du
ciel leur avantage, et descendant, nous <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEin0Ok00eojHFWc81mZqJTTxSUezl9hV7rphJrP-HKvGtluXutbjU3s5dshu8jDXvNJwYtCtF0GrqcbDiUqPPK_jO8hQkX8zWffjv6PphVLpmTtIE2FGQ32_zCXTWNoRVWon0356HKD_6A/h120/PL06.jpg">foulent aux pieds</a> ainsi languissans, ou
nous attachent à coups de foudre au fond de cet abîme. Éveillez-vous!
levez-vous! ou soyez à jamais tombés!</i>”» (Traduction de Chateaubriand,
1836). Le monde entier va être désormais le lieu de bataille entre le Vainqueur
et l’Ennemi et les puissants de ce monde seront ceux qui décideront quel
royaume ils vont prétendre continuer. La tyrannie du ciel ou les ambitions des
ténèbres?</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Après avoir rencontré le Satan de Milton, les figures de l’orgueil
chez Dante peuvent nous apparaître bien fades. Sur trois chants du Purgatoire
réservés à l’orgueil, nous rencontrons des orgueilleux bien timorés </span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgoxgRhHDdHDd4NAZXgRumEoi8qa81j1pbUdgZ9RvVgE_-Ag4yyah1724jroUTU_1r9C85npyEvbrl78zxR972jqPIw_3S9lgX0vGEL2Dr-QrZICrJWuvgw91sTuM2tU8rp7NEMhzV52zo/s1600/Cenni_di_Pepo,_dit_Cimabue_-_La_Vierge_et_l'Enfant_en_majest%C3%A9_entour%C3%A9s_de_six_anges,_1270.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgoxgRhHDdHDd4NAZXgRumEoi8qa81j1pbUdgZ9RvVgE_-Ag4yyah1724jroUTU_1r9C85npyEvbrl78zxR972jqPIw_3S9lgX0vGEL2Dr-QrZICrJWuvgw91sTuM2tU8rp7NEMhzV52zo/s1600/Cenni_di_Pepo,_dit_Cimabue_-_La_Vierge_et_l'Enfant_en_majest%C3%A9_entour%C3%A9s_de_six_anges%2C_1270.jpg" height="400" width="251" /></a></span>comparés au
<i>Possesseur</i> de l’Enfer. Une première ombre se dit être Humbert, comte de
Santafiora, fils de </span><span lang="FR-CA">Guillaume Aldobrandeschi, riche seigneur de Sienne. Ce que
l’on sait de lui, c’est que Humbert était fort arrogant au point que les
Siennois le firent assassiner à Campagnatio, dans les Maremmes. Si Odérigi de
Gubbio, peintre enlumineur, Cimabuë et Giotto sont cités, c’est moins à cause
de leur orgueil que de la haute réputation qui les portait. Dante nous dit
que la renommée ne doit pas nous intoxiquer car elle est fugitive : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ô vaine gloire des avantages humains! plante
fragile! comme, </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">à peine élevée, elle commence à se dessécher, si elle n’est pas
</i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgBFJuuehhNCzIX5Fu3nRRG5oUCXh2diRz5eeHrsRuv2y-kSH0iU8xt_jzvFaMWcs8X38z6A4sAnW5o6esD0vBXWTbUNpdPIen1EFCuzCHT9nkd4C_wIG3xmAj0xXoaNBLehjd_XOnUpEY/s1600/giotto_virgin_child_detail.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgBFJuuehhNCzIX5Fu3nRRG5oUCXh2diRz5eeHrsRuv2y-kSH0iU8xt_jzvFaMWcs8X38z6A4sAnW5o6esD0vBXWTbUNpdPIen1EFCuzCHT9nkd4C_wIG3xmAj0xXoaNBLehjd_XOnUpEY/s1600/giotto_virgin_child_detail.jpg" height="400" width="338" /></a></i></span>fortifiée par une longue suite d’années! <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgoxgRhHDdHDd4NAZXgRumEoi8qa81j1pbUdgZ9RvVgE_-Ag4yyah1724jroUTU_1r9C85npyEvbrl78zxR972jqPIw_3S9lgX0vGEL2Dr-QrZICrJWuvgw91sTuM2tU8rp7NEMhzV52zo/h120/Cenni_di_Pepo,_dit_Cimabue_-_La_Vierge_et_l'Enfant_en_majest%C3%A9_entour%C3%A9s_de_six_anges,_1270.jpg">Cimabué</a> crut, dans la peinture, être
devenu maître du champ; maintenant <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgBFJuuehhNCzIX5Fu3nRRG5oUCXh2diRz5eeHrsRuv2y-kSH0iU8xt_jzvFaMWcs8X38z6A4sAnW5o6esD0vBXWTbUNpdPIen1EFCuzCHT9nkd4C_wIG3xmAj0xXoaNBLehjd_XOnUpEY/h120/giotto_virgin_child_detail.jpg">Giotto</a> a obtenu le cri de la célébrité, et
la renommée de celui-là est obscurcie. C’est ainsi qu’un autre Guido a enlevé
au premier de ce nom la gloire d’avoir ennobli la langue, et peut-être est-il
né un troisième qui détrônera celui-ci</i>». Pour le Dante, ce nouveau génie
porte le nom de Francesco de Bologne qui eut plus de réputation qu’Odérigi! Il
en va de même de Guido, fils de Cavalcante Cavalcanti, dont la réputation a
supplanté Guido Guinicelli de Bologne, poète et philosophe distingué.
L’orgueil et la vanité se retrouvent chez les étourdis qui croient que la
célébrité est un gage d'immortalité.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Le désir d’immortalité ne frappe pas seulement les poètes, les
philosophes et les artistes. Il frappe avant tout les chefs militaires qui
voudraient que leur nom supplante ceux d’Alexandre le Grand et de Jules César
dans la mémoire des hommes. Mais que représente à côté de ces grands noms un
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEihFQP7vWAj9XvMFRKsUlfJk9PDPhGcmAOedvpBMMAvhPHsNQImoatTMofAZ8Fli71Md3l2Jk02Lro8ehkWkUkIt2Y-yaE3vED1C1R0F7FNadjnh1P7IXYdV5MBfvFc7-PAjMn2pczErro/h120/Cassioli_81_331_1.jpg">Provenzano Salvani</a>? Ce </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEihFQP7vWAj9XvMFRKsUlfJk9PDPhGcmAOedvpBMMAvhPHsNQImoatTMofAZ8Fli71Md3l2Jk02Lro8ehkWkUkIt2Y-yaE3vED1C1R0F7FNadjnh1P7IXYdV5MBfvFc7-PAjMn2pczErro/s1600/Cassioli_81_331_1.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEihFQP7vWAj9XvMFRKsUlfJk9PDPhGcmAOedvpBMMAvhPHsNQImoatTMofAZ8Fli71Md3l2Jk02Lro8ehkWkUkIt2Y-yaE3vED1C1R0F7FNadjnh1P7IXYdV5MBfvFc7-PAjMn2pczErro/s1600/Cassioli_81_331_1.jpg" height="261" width="400" /></a>seigneur, qui avait une grande influence à Sienne après
que la cité eut défait les Florentins à la bataille de Monte Aperto, apprit un
jour qu’un de ses amis avait été fait prisonnier par Charles Ier roi de la
Pouille qui demandait une rançon de 10,000 florins d’or. Salvani alla
s’installer au milieu de la place publique de Sienne en priant les Siennois de
jeter de l’argent sur un tapis qu’il avait fait apporter devant lui. Dante nous
dit que ce faisant, Provenzano déposait ici «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">toute honte, et se soumit au point de demander, en tremblant de tous
ses membres, des secours pour arracher aux horreurs de la captivité son ami qui
languissait dans les prisons de Charles</i>». Cette honte était, elle, la
rançon de sa superbe après la défaite des Florentins.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">L’orgueil conduit à la désobéissance, à l’image du Satan de Milton.
Il sème la division et la lutte fratricide, </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhZhHlZBf2gL3oEs-exoMRLHDQVxZvcN9AIbnITANXXU7fO8CbX884S-XmEyN-vmaW3PswzuvUaVZk_PLDe2Yi89LkUExGV_BR16pKclt-zENbEsxPAaYTY7Ys2ZVZK0gukXrHHzfiO6G8/s1600/eriphyle_polynice.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhZhHlZBf2gL3oEs-exoMRLHDQVxZvcN9AIbnITANXXU7fO8CbX884S-XmEyN-vmaW3PswzuvUaVZk_PLDe2Yi89LkUExGV_BR16pKclt-zENbEsxPAaYTY7Ys2ZVZK0gukXrHHzfiO6G8/s1600/eriphyle_polynice.jpg" height="400" width="388" /></a>comme pour le fils de Salomon,
Roboam, contre lequel 11 des 12 tribus d’Israël se soulevèrent; ou encore la mère
d’Alcméon, alors que son époux Amphiaraüs se cachait pour éviter d’aller à la
guerre de Thèbes. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhZhHlZBf2gL3oEs-exoMRLHDQVxZvcN9AIbnITANXXU7fO8CbX884S-XmEyN-vmaW3PswzuvUaVZk_PLDe2Yi89LkUExGV_BR16pKclt-zENbEsxPAaYTY7Ys2ZVZK0gukXrHHzfiO6G8/h120/eriphyle_polynice.jpg">Eriphile</a> trahit son époux et reçue pour prix de sa trahison,
une parure d’un grand prix. Alcméon, furieux et voulant venger son père, tua sa
mère, et lui fit payer de son sang sa funeste parure. Dante énumère aussi le
cas de Sennachérib, roi des Assyriens, assassiné dans un temple par deux de ses
fils, tandis qu’il sacrifiait aux idoles.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">L’orgueil conduit surtout à l’intoxication de la victoire. C’est ce
qui arrive à <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi5bQUkh8JVtOGXWA3V6xGKYXGrggCxawCJIYMGwBclCx8D5S56-kcHz16DO_ftc_YGqwCeMp9KKFfA6G3QoyJ66XWYrjv7I3Ufx6M5bz3Q1qlnU1QOoKcv3v6SUVzVRJM-R_MjL-OPKLU/h120/cyrus-the-great_fr.jpg">Cyrus</a>, le grand roi des Perses à qui l’on doit la fondation de
l’Empire achéménide et la libération des Juifs détenus à Babylone depuis que
Nabuchodonosor II les y avait amenés de force. Dante suit ici le récit qu’en
donne Hérodote et qui est le seul à partir duquel les biographes de Cyrus
racontent sa mort. Dans le poème, Dante fait dire à l’adversaire de </span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi5bQUkh8JVtOGXWA3V6xGKYXGrggCxawCJIYMGwBclCx8D5S56-kcHz16DO_ftc_YGqwCeMp9KKFfA6G3QoyJ66XWYrjv7I3Ufx6M5bz3Q1qlnU1QOoKcv3v6SUVzVRJM-R_MjL-OPKLU/s1600/cyrus-the-great_fr.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi5bQUkh8JVtOGXWA3V6xGKYXGrggCxawCJIYMGwBclCx8D5S56-kcHz16DO_ftc_YGqwCeMp9KKFfA6G3QoyJ66XWYrjv7I3Ufx6M5bz3Q1qlnU1QOoKcv3v6SUVzVRJM-R_MjL-OPKLU/s1600/cyrus-the-great_fr.jpg" height="400" width="332" /></a></span>Cyrus, la
reine Tomyris : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Tu as eu soif de
sang, et je t’emplis de sang</i>». Grand conquérant du Proche-Orient, Cyrus
planifiait une guerre en Scythie contre les Messagètes. Leur reine, Tomyris,
avait été demandée en mariage par Cyrus. Comprenant que le Roi des rois était
plus intéressé par son royaume que par elle, elle refusa l’offre et Cyrus
confirma sa ruse en préparant son armée à envahir le royaume. Voyant cela,
Tomyris défia Cyrus en lui offrant le choix du terrain. Ou bien, elle
reculerait de trois jours de marche son armée pour laisser son territoire
envahir par les armées perses; ou bien ce seraient les Perses qui reculeraient
de trois jours de marche pour laisser les soins à l’armée des Messagètes
d’entrer sur le territoire grec. Le conseil convoqué par Cyrus lui aurait
suggéré de reculer pour laisser entrer les troupes ennemies et de les écraser
sur le sol grec, mais Crésus, le roi des Mèdes capturé par les Perses, proposa
un avis contraire en flattant l’orgueil du roi :</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
</div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; tab-stops: 399.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Mais quelqu’un était là qui
blâma ce conseil et fut d’avis contraire, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjDt-rw7HoJb19qMqs06ixKs6SaIzbFT5s-tEl-YLIyxpkon4BBeeS9BGLj8JdRJhk_Bl_sSEw-wCbmm7chpmtaqVBcl6sQdO51JKOmcp8TKoAkT7lahvu8L4mvkYxkFBaaGjdyF_9G1Zw/h120/croesus.jpg">Crésus le Lydien</a>, qui dit à
Cyrus : “Seigneur, je te l’ai déclaré déjà : puisque Zeus m’a donné à
toi, je veux, si je vois qu’un danger menace ta maison, faire tous mes efforts
pour le détourner. Or mon malheur, qui est cruel, m’a enseigné une grande
leçon. Si tu crois être immortel et commander une armée d’immortels, te dire ma
pensée ne servirait de rien; si tu reconnais que tu es un homme, toi aussi, et
que tu commandes à des hommes, laisse-moi te dire ceci </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjDt-rw7HoJb19qMqs06ixKs6SaIzbFT5s-tEl-YLIyxpkon4BBeeS9BGLj8JdRJhk_Bl_sSEw-wCbmm7chpmtaqVBcl6sQdO51JKOmcp8TKoAkT7lahvu8L4mvkYxkFBaaGjdyF_9G1Zw/s1600/croesus.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjDt-rw7HoJb19qMqs06ixKs6SaIzbFT5s-tEl-YLIyxpkon4BBeeS9BGLj8JdRJhk_Bl_sSEw-wCbmm7chpmtaqVBcl6sQdO51JKOmcp8TKoAkT7lahvu8L4mvkYxkFBaaGjdyF_9G1Zw/s1600/croesus.jpg" height="320" width="294" /></a>d’abord : la
fortune des hommes est une roue et ne laisse pas toujours les mêmes au sommet.
J’ai donc, sur l’affaire qui nous occupe, une opinion contraire à celle de tes
conseillers. Si nous acceptons d’attendre l’ennemi sur cette terre, j’y vois un
danger : vaincu, tu perds ton empire entier, car, de toute évidence, les
Messagètes victorieux, loin de se retirer, marcheront sur tes provinces;
vainqueur ta victoire n’est pas aussi grande que si tu les battais sur leurs
terres et les poursuivais dans leur fuite; et je dirai pour toi ce que je
disais pour eux : vainqueur des troupes qu’on t’opposera, tu marcheras au
cœur des États de Tomyris. Aux raisons que je t’expose, ajoute ceci : se
serait une honte insupportable pour Cyrus pour le fils de Cambyse, de reculer
devant une femme. Donc, je propose que nous passions le fleuve pour avancer
aussi loin que reculeront les Massagètes, puis tenter d’en triompher par le
moyen suivant : les Massagètes, me dit-on, ignorent les douceurs de la vie
des Perses et n’ont jamais connu l’abondance et le luxe. Abattons donc du
bétail à profusion et accommodons-le pour servir à ces hommes simples un
banquet dans notre camp, avec des cratères de vin pur à profusion et les mets
les plus variés; puis laissons dans le camp les éléments les plus faibles de
l’armée, et ramenons le reste des troupes sur le fleuve. Si je ne m’abuse, les
Massagètes, en voyant tant de bonnes choses, se jetteront sur elles : à
nous alors de montrer notre valeur</i>”» (Hérodote. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’Enquête, t. 1, </i>Paris, Gallimard, Col. Folio, # 1651, 1964, pp.
151-152 (Livre I, § 207).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; tab-stops: 399.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi0u39YPxP611F96niLJ0KOVdC5p2DYaNWUinK4tE9trdXhFPn_Fzhna38aT2ClpZn7MSIVVKr8y7m-xJQzeDeweQxQAOn0rUd8kn5ak3nqJEiJTE6FM90x5cptVYrLsfS7nusaJjAAdgQ/s1600/tomyris.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi0u39YPxP611F96niLJ0KOVdC5p2DYaNWUinK4tE9trdXhFPn_Fzhna38aT2ClpZn7MSIVVKr8y7m-xJQzeDeweQxQAOn0rUd8kn5ak3nqJEiJTE6FM90x5cptVYrLsfS7nusaJjAAdgQ/s1600/tomyris.jpg" height="400" width="323" /></a>Cyrus écouta donc la proposition de Crésus, sans penser que sa ruse
enragerait davantage les Messagètes et les animerait d'une véritable guerre
d’extermination. Car la ruse réussit fort bien. Les Perses entrèrent en terre
de Scythie, organisèrent le fameux banquet qui attira les soldats de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi0u39YPxP611F96niLJ0KOVdC5p2DYaNWUinK4tE9trdXhFPn_Fzhna38aT2ClpZn7MSIVVKr8y7m-xJQzeDeweQxQAOn0rUd8kn5ak3nqJEiJTE6FM90x5cptVYrLsfS7nusaJjAAdgQ/h120/tomyris.jpg">Tomyris</a>.
Puis, une fois le festin fini et les Messagètes endormis, l’armée perse leur
tomba dessus et les massacrèrent, ne gardant comme prisonnier que le fils de
Tomyris, Spargapisès :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; tab-stops: 399.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Quand la reine apprit le sort
de ses troupes et de son fils, elle envoya un héraut dire à Cyrus : “Homme
altéré de sang, ne te vante pas de ton succès, si tu le dois au fruit de la
vigne – ce fruit qui vous égare, lorsque vous vous en gorgez, au point que le
vin descendu dans vos membres fait remonter à vos lèvres un torrent de paroles
viles – et si par ce poison ta ruse a triomphé de mon fils, et non ta force en
un combat loyal. Maintenant, voici un bon conseil, écoute mes paroles :
rends-moi mon fils et quitte ce pays, sans nul châtiment malgré ton insulte au
tiers de mon armée. Sinon, par le Soleil, Maître des Massagètes, je te jure
bien que, si altéré de sang sois-tu, je t’en rassasiera, moi!”</i>» (Hérodote. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 154 (Livre I, § 212).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; tab-stops: 399.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Évidemment, Cyrus n’écouta pas le conseil que lui donnait Tomyris.
Pis. Une fois Spargapisès remis de son ivresse, il lui détacha les liens et le
fils de la reine en profita pour se suicider :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; tab-stops: 399.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ainsi mourut ce prince.
Lorsque Cyrus eut repoussé son conseil, Tomyris réunit contre lui toutes ses
forces et le combat s’engagea. Ce fut, de toutes les batailles qui mirent aux
prises des Barbares, la plus acharnée, à mon avis. Voici, m’a-t-on dit, comment
elle se déroula : ils se tinrent tout d’abord à distance et se lancèrent
des flèches; puis, quand ils eurent épuisé tous leurs traits, ils combattirent
corps à corps avec leurs lances et leurs dagues. Ils restèrent longtemps aux
prises sans qu’aucun des deux partis songeât à fuir; enfin les Messagètes
l’emportèrent. La plus grande partie de l’armée perse périt là, ainsi que
Cyrus, qui mourut après vingt-neuf ans de règne. Tomyris fit remplir une outre
de sang humain et rechercher le corps du roi parmi les cadavres des Perses;
quand on l’eut retrouvé, elle fit plonger sa <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgIn5Wc28KKE6M12_meQ70GVBAJCZRAQc3NHkoS3z00a4v4lVabR3sGN4I_RjAt8A8MCG-oDD2YPUoxScNHvGGxFiezWEqHssIlJpzHK9kR58eYk4nxNQzKPAwARSg2E7m41-LXGZ9UZc0/h120/8262d91cead4dc4b35db97aa88035c03.jpg">tête</a> dans l’outre et, en
outrageant son corps elle prononça ces mots : “Oui, toute vivante et
victorieuse que je sois, c’est toi qui m’as perdue, puisque ta lâche ruse m’a
pris mon fils. Mais je vais, moi, te rassasier de sang, comme je t’en avais
menacé”. – On rapporte diversement les circonstances de la mort de Cyrus, mais
cette version me semble la plus digne de foi</i>» (Hérodote. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 155 (Livre I, § 214).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; tab-stops: 399.0pt; text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgIn5Wc28KKE6M12_meQ70GVBAJCZRAQc3NHkoS3z00a4v4lVabR3sGN4I_RjAt8A8MCG-oDD2YPUoxScNHvGGxFiezWEqHssIlJpzHK9kR58eYk4nxNQzKPAwARSg2E7m41-LXGZ9UZc0/s1600/8262d91cead4dc4b35db97aa88035c03.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgIn5Wc28KKE6M12_meQ70GVBAJCZRAQc3NHkoS3z00a4v4lVabR3sGN4I_RjAt8A8MCG-oDD2YPUoxScNHvGGxFiezWEqHssIlJpzHK9kR58eYk4nxNQzKPAwARSg2E7m41-LXGZ9UZc0/s1600/8262d91cead4dc4b35db97aa88035c03.jpg" height="292" width="400" /></a></div>
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; tab-stops: 399.0pt; text-align: justify;">
<br />
<span lang="FR-CA">Pour Gérard Israël, le sort de la bataille se décida au milieu de la
mêlée :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; tab-stops: 399.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">À un moment pourtant le
destin bascula. Dans les rangs perses l’ardeur diminuait. Cyrus lui-même
semblait frappé par une lourdeur, une fatigue peu communes…</i></span></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; tab-stops: 399.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Les Massagètes de Tomyris,
portés par l’idée de vaincre le maître du monde, redoublaient de violence,
voulant à la fois défendre leur indépendance, sauver l’honneur de leur reine
insultée par Cyrus et venger leur prince et ses camarades morts par trahison,
sans avoir combattu, livrés aux effets diaboliques du vin.</span></i></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; tab-stops: 399.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Les Perses et leurs alliés
commençaient à perdre du terrain. Les derniers assauts étaient de plus en plus
meurtriers. Peu d’hommes restaient encore debout. Puis, brusquement, il y eut
le silence. Et la bataille s’arrêta. Les Perses étaient écrasés.</span></i></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; tab-stops: 399.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhRMvj0MFcXTnaQC1sXGgLspkwkWGeJr4BiDYPwywd7sKV7y7zkYFSEjTC6rR5pt_X0ydpkqsFOkImz0e6mpPrg3aIHTcMNyFvH1r8imWaOntEH8_oG92XALsBE4AuroIwsvYdF2_nRZKI/s1600/ME0000059034_3.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhRMvj0MFcXTnaQC1sXGgLspkwkWGeJr4BiDYPwywd7sKV7y7zkYFSEjTC6rR5pt_X0ydpkqsFOkImz0e6mpPrg3aIHTcMNyFvH1r8imWaOntEH8_oG92XALsBE4AuroIwsvYdF2_nRZKI/s1600/ME0000059034_3.jpg" height="400" width="300" /></a>Le soir venu, Cambyse
partit à la recherche du corps de son père. Seuls quelques membres de la garde
royale l’entouraient.</span></i></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; tab-stops: 399.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">En face, les Massagètes
fêtaient leur victoire et <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhRMvj0MFcXTnaQC1sXGgLspkwkWGeJr4BiDYPwywd7sKV7y7zkYFSEjTC6rR5pt_X0ydpkqsFOkImz0e6mpPrg3aIHTcMNyFvH1r8imWaOntEH8_oG92XALsBE4AuroIwsvYdF2_nRZKI/h120/ME0000059034_3.jpg">Tomyris</a> menaçait, si elle retrouvait le corps de
Cyrus, de le “noyer dans un bain de sang…”</span></i></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; tab-stops: 399.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Dans la nuit noire, la
petite troupe de ceux qui avaient naguère conquis le monde, réduite à une
dizaine d’hommes, repassait, conduite par Cambyse, l’Oxus aux flots impétueux.
Ces hommes qui n’avaient jamais connu la défaite emportaient la dépouille du
grand roi, le roi de la Totalité, celui qui avait découvert la vérité du
pouvoir, qui avait compris que les maîtres du destin des hommes n’obéissaient
pas seulement à leurs impulsions ou à leur bon vouloir, qu’ils ont obligation
de libérer les peuples que si le roi est au-dessus des hommes, c’est pour
apaiser leurs angoisses face à l’inconnu pour leur assurer le bien-être et la
liberté</span></i><span lang="FR-CA">» (G. Israël. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Cyrus le Grand, </i>Paris, Fayard, 1987, p. 332)<i>.</i></span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; tab-stops: 399.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Il est plus que douteux que le travail des rois soit de libérer les
peuples. Mais dans la mesure où la défaite de Cyrus marquait la fin de
l’auto-détermination de la civilisation Perse, l’empire achéménide devenait un
État universel dont la tâche sera d’assumer la décadence de la civilisation
devant «le miracle grec» qui était en train de s’opérer.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; tab-stops: 399.0pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; tab-stops: 399.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Les orgueilleux ambitionnent un niveau d’invincibilité qui ne relève
plus de la nature humaine. «<i>Je giflerais le </i></span><span lang="FR-CA"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj57PrrJzBr4AQ9NsFSUfHr_n5D5tfb1gAxmA-51bmdJRY5JKvzclK5w2s9FfP47wy9b22b8F_EIbSI0r-zijI3DmCjJE_D5XogRJcNFub7T58LtOvHiNYMnvukmEPeZQ3zt_YC2RzjDsg/s1600/90764829_o.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj57PrrJzBr4AQ9NsFSUfHr_n5D5tfb1gAxmA-51bmdJRY5JKvzclK5w2s9FfP47wy9b22b8F_EIbSI0r-zijI3DmCjJE_D5XogRJcNFub7T58LtOvHiNYMnvukmEPeZQ3zt_YC2RzjDsg/s1600/90764829_o.jpg" height="225" width="400" /></a>soleil s’il m’insultait</i>» fait dire
Melville au capitaine <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj57PrrJzBr4AQ9NsFSUfHr_n5D5tfb1gAxmA-51bmdJRY5JKvzclK5w2s9FfP47wy9b22b8F_EIbSI0r-zijI3DmCjJE_D5XogRJcNFub7T58LtOvHiNYMnvukmEPeZQ3zt_YC2RzjDsg/h120/90764829_o.jpg">Achab</a>, dans <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Moby
Dick. </i>Et c’est là l’intoléra-</span><br />
<span lang="FR-CA">ble pour un esprit chrétien.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Pis, c’est un crime de lèse-divinité. À
l’image de l’Ennemi, du Satan de Milton. Or, l’institution humaine qui s’est le
plus intoxiquée de sa victoire, n’est-ce pas celle qui place en premier, parmi
les péchés capitaux, l’orgueil? L’Église chrétienne?</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; tab-stops: 399.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Parce qu’elle a triomphé en se l’assimilant les croyances païennes.
Parce que son pontife a pris les atours de l’imperium romain. Parce qu’elle
s’est donnée une vision œcuménique, universelle et totale. Pour toutes ces
raisons et surtout parce qu’elle se dit l’incarnation en mouvement du Verbe
dans le prolongement des </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg1FIujxTfGF2xcn7xF-Z7LcWmMuU3bkM6kSDeVgxFGF1nQRoKfWfE98EsD5hgS5SMLitp__r5YY-A1t1D0PjuXb3-j0YAEu8TPw1ukGWQ7ncPc7VOZVygKEUEtzKaDro2MTLtCfpuXqF8/s1600/remise-descles-le-perugin-copie-1.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg1FIujxTfGF2xcn7xF-Z7LcWmMuU3bkM6kSDeVgxFGF1nQRoKfWfE98EsD5hgS5SMLitp__r5YY-A1t1D0PjuXb3-j0YAEu8TPw1ukGWQ7ncPc7VOZVygKEUEtzKaDro2MTLtCfpuXqF8/s1600/remise-descles-le-perugin-copie-1.jpg" height="265" width="400" /></a>Évangiles, l’Église est la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg1FIujxTfGF2xcn7xF-Z7LcWmMuU3bkM6kSDeVgxFGF1nQRoKfWfE98EsD5hgS5SMLitp__r5YY-A1t1D0PjuXb3-j0YAEu8TPw1ukGWQ7ncPc7VOZVygKEUEtzKaDro2MTLtCfpuXqF8/h120/remise-descles-le-perugin-copie-1.jpg">pierre angulaire</a> de
l’orgueil des deux civilisa-</span><br />
<span lang="FR-CA">tions chré-</span><br />
<span lang="FR-CA">tiennes, et en particulier de la
civilisa-</span><br />
<span lang="FR-CA">tion chré-</span><br />
<span lang="FR-CA">tienne occidentale. Si le passage du Moyen Âge à la modernité
lui a fait perdre de son prestige, la croyance des clercs en leur mission
surnaturelle ne cesse de se contracter devant les assauts de tout ce que
représente la modernité : la liberté de conscience, le libéralisme, le
socialisme, la laïcité… Le parfum, employé abondamment au concile de Vatican II,
ne parvient plus à dissimuler les fortes odeurs de rance qui se
dégagent du corps ecclésiastique. Il est symptomatique que celui qui a le plus
médité sur les <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Degrés de l’humilité et de
l’orgueil </i>(1127), Bernard de Clairvaux (1090-1153), soit l’incarnation la
plus vivante de cet orgueil.</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; tab-stops: 399.0pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; tab-stops: 399.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Sous tous ses angles, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhwcVt9tUpuHmC9c8cBQIs6CcPO_Kw7rAMKJ6n72TkUeeMuCVcpwAeePT81nazyPiW957uaCJHuf-QTBSA2vlfD6GbScKaRIRW-4ytOY6gocuezLUgjZXsQPYSe7cVjeLtbGR2YX5CNRmY/h120/220px-Stained_glass_St_Bernard_MNMA_Cl3273.jpg">Bernard</a> nous apparaît comme un personnage
haïssable au plus haut degré. Jeune </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhwcVt9tUpuHmC9c8cBQIs6CcPO_Kw7rAMKJ6n72TkUeeMuCVcpwAeePT81nazyPiW957uaCJHuf-QTBSA2vlfD6GbScKaRIRW-4ytOY6gocuezLUgjZXsQPYSe7cVjeLtbGR2YX5CNRmY/s1600/220px-Stained_glass_St_Bernard_MNMA_Cl3273.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhwcVt9tUpuHmC9c8cBQIs6CcPO_Kw7rAMKJ6n72TkUeeMuCVcpwAeePT81nazyPiW957uaCJHuf-QTBSA2vlfD6GbScKaRIRW-4ytOY6gocuezLUgjZXsQPYSe7cVjeLtbGR2YX5CNRmY/s1600/220px-Stained_glass_St_Bernard_MNMA_Cl3273.jpg" height="400" width="263" /></a>homme ayant bénéficié d’une bonne éducation
latine, Bernard adhère à l’ordre établi à Citeaux avant de fonder sa propre
abbaye, à Clairvaux, où se pratique l’un des rites les plus ascétiques qui
soient. Clairvaux devient vite la rivale de Cluny. L’abbé de Clairvaux n'hésite pas à se mêler de choses intellectuelles, jusqu’à déclencher la célèbre Querelle des Universaux
en s’opposant au philosophe Pierre Abélard. Bernard craint la diffusion des hérésies à travers la
pensée critique qui jaillit des nouvelles universités. Aussi se sent-il le
garant de l’orthodoxie de la chrétienté occidentale, surtout lorsque l’Église
passe à travers des conflits sévères avec les puissances temporelles. De la
même façon, il s’en prend aux décisions politiques qui vont à l’encontre de
l’autorité romaine. Mais de toutes ses préoccupations, c’est celle de la
Croisade qui le retient davantage. Ayant vécu son enfance sous l’enthousiasme
et les triomphes de la première Croisade, Bernard veut relancer l’entreprise.
Il profite de la convocation du roi Louis VII de ses barons et de ses clercs à
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEghyphenhyphendLtMVMy6PIIZvBM7BPUYAkLQHmcew0zOLiJxbXtZxKK4Pale3hGotwUgtEOLbzxBcPihE7GH2g3M1Qs5L0FtkeCrUPH3mw5arDaa6mzB51Qo_kI8VeaUaAKi17KqM-2IXaJ-y3-Xuo/h120/Saint-Bernard_pr%C3%AAchant_la_2e_croisade,_%C3%A0_V%C3%A9zelay,_en_1146.jpg">Vézelay</a> pour monter à la tribune, en plein air, et, rappelant la remontée de
l’Islam : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">les circonstances
douloureuses du sac d’Edesse, l’archevêque massacré avec tous ses prêtres, les
saintes reliques dispersées, les crimes de tout genre, l’ébranlement profond de
tout </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEghyphenhyphendLtMVMy6PIIZvBM7BPUYAkLQHmcew0zOLiJxbXtZxKK4Pale3hGotwUgtEOLbzxBcPihE7GH2g3M1Qs5L0FtkeCrUPH3mw5arDaa6mzB51Qo_kI8VeaUaAKi17KqM-2IXaJ-y3-Xuo/s1600/Saint-Bernard_pr%C3%AAchant_la_2e_croisade,_%C3%A0_V%C3%A9zelay,_en_1146.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEghyphenhyphendLtMVMy6PIIZvBM7BPUYAkLQHmcew0zOLiJxbXtZxKK4Pale3hGotwUgtEOLbzxBcPihE7GH2g3M1Qs5L0FtkeCrUPH3mw5arDaa6mzB51Qo_kI8VeaUaAKi17KqM-2IXaJ-y3-Xuo/s1600/Saint-Bernard_pr%C3%AAchant_la_2e_croisade,_%C3%A0_V%C3%A9zelay,_en_1146.jpg" height="400" width="291" /></a>l’œuvre demi-séculaire des premiers Croisés, la “grant pitié” des
Chrétiens d’Orient</i>» (J. Calmette & H. David. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Saint Bernard, </i>Paris, Fayard, Col. Grandes Études historiques,
1953, pp. 233-234), Bernard voulait répéter le coup de l’appel d’Urbain II à
Clermont en 1095 qui lança la première croisade. Cette croisade aurait dû être
menée sous l’esprit cistercien qui animait l’abbé de Clairvaux, mais la milice
chrétienne était moins spirituelle que profane. De France, le message de
Vézelay se répand dans l’ensemble de la chrétienté, et Bernard force les rois
et l’empereur à y participer. Commencée en 1147, la Croisade mettra deux ans à
montrer qu’elle est un échec total. Comme toujours dans de tels cas, les
défaites matérielles appellent des victoires morales et Bernard multiplie
écrits et sermons pour défendre sa vision orthodoxe du catholicisme.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; tab-stops: 399.0pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; tab-stops: 399.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Il sera récompensé par une apparition mystique de la Vierge Marie.
Du moins, c’est lui qui nous le dit dans l’un de ses sermons appelés à
implanter le culte marial encore peu développé en Occident : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Seul, un des </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjgx279RKfy4LVerBTaFiD0GD9lO7Egx-rX1oiYUmP-rxeWsMFBsRZqeWPmNe8lAiftPZgx8DHqQWHCuIWofLOF0IqxpqDaY1EE6v6IE97n8_zv0P4ar8xn_sCNLFnNTqk0HmvHnJpwykk/s1600/BernardClairvaux.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjgx279RKfy4LVerBTaFiD0GD9lO7Egx-rX1oiYUmP-rxeWsMFBsRZqeWPmNe8lAiftPZgx8DHqQWHCuIWofLOF0IqxpqDaY1EE6v6IE97n8_zv0P4ar8xn_sCNLFnNTqk0HmvHnJpwykk/s1600/BernardClairvaux.jpg" height="400" width="275" /></a></i></span>faits légendaires de cette
</i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">catégorie mérite ici une mention explicite, d’une part en tant qu’il répond à
l’une des beautés de l’éloquence bernardine et, par ailleurs, en raison du
parti qu’en ont tiré plus tard les artistes chrétiens : c’est celui de la
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjgx279RKfy4LVerBTaFiD0GD9lO7Egx-rX1oiYUmP-rxeWsMFBsRZqeWPmNe8lAiftPZgx8DHqQWHCuIWofLOF0IqxpqDaY1EE6v6IE97n8_zv0P4ar8xn_sCNLFnNTqk0HmvHnJpwykk/h120/BernardClairvaux.jpg">Lactation</a>. Penchée sur le saint moine en extase, Marie presse des doigts son
sein découvert, d’où quelques gouttes roulent sur les lèvres de son chantre
inspiré</i>» (J. Calmette & H. David. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid.
</i>p. 351). Aujourd’hui, on serait tenté de rire d’un tel rêve infantile refoulé dans notre inconscient, mais le rêve – sinon le délire – est hautement pris au
sérieux, non seulement par le moine mais par l’ensemble de l’Église chrétienne.
Les musulmans auront les terres désertiques et stériles de la Palestine; les
Chrétiens boiront le lait et le miel à la source même de Marie. Le culte marial
ne dérivera jamais de sa fonction compensatrice dans les moments où l’Église
sera mise en péril, sa puissance temporelle amoindrie et sa crédibilité morale déconsidérée.</span><br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; tab-stops: 399.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Voilà pourquoi il ne faut pas s’étonner, lorsqu’on recourt à
l’esprit critique - que Bernard combattait en son </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj3JJ04sylwb9n8BaEpJ9iVJQta9xkAHPFKYvgWnA6iFVOrljnMNMmRvZUiK4ugF_qWm_k7MhoJJs-CjWGMIX9KGwXYtgJ9uscod9t86nbK8vxrcklt00QOp-lYqDNPyTpDR-0XorUNiR4/s1600/Hierarchie-de-l-Eglise.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj3JJ04sylwb9n8BaEpJ9iVJQta9xkAHPFKYvgWnA6iFVOrljnMNMmRvZUiK4ugF_qWm_k7MhoJJs-CjWGMIX9KGwXYtgJ9uscod9t86nbK8vxrcklt00QOp-lYqDNPyTpDR-0XorUNiR4/s1600/Hierarchie-de-l-Eglise.jpg" height="400" width="232" /></a>temps et la curie romaine en
des temps plus récents -, que les douze degrés de l’orgueil s’appliquent à
l’Église romaine avec une facilité qui ne peut passer inaperçue. Derrière la démarche de Bernard s'esquisse une introspection en profondeur de l'institution elle-même. Et son histoire
n’est que celle de l’orgueil. L'orgueil d’une institution humaine à prétention
surnaturelle et qui entend contrôler les mœurs individuelles et les
comportements collectifs, non tant selon une règle qui serait aussi stricte à
l’Évangile que la charia au Coran, mais selon les dits et écrits investis de l’<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj3JJ04sylwb9n8BaEpJ9iVJQta9xkAHPFKYvgWnA6iFVOrljnMNMmRvZUiK4ugF_qWm_k7MhoJJs-CjWGMIX9KGwXYtgJ9uscod9t86nbK8vxrcklt00QOp-lYqDNPyTpDR-0XorUNiR4/h120/Hierarchie-de-l-Eglise.jpg"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">auctoritas </i>romaine</a>; du pape et de ses
vassaux jusqu’aux prêtres, vicaires et diacres les plus humbles.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; tab-stops: 399.0pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; tab-stops: 399.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Ainsi, pour Bernard, le premier degré de l’orgueil est la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">curiosité. </i>Mais de quelle curiosité s’agit-il? «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Voici un <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiHOYstFZrzhrN1c5HyRPgzhmwU-wC3VyTLpAtiEIKZUJnM4BtNoLoQKoJXeeFDbwp0q8rYhgNuJrZQZ7XrJott8t8e1OJCgktI1PBpq5xaBB9T-gexdxB35qR7XV4xuXljNhNiLUz3K_s/h120/phantom-monks-of-benedictine-college.jpg">moine</a> en qui vous avez confiance : partout où il est,
debout, marchant, assis, il </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiHOYstFZrzhrN1c5HyRPgzhmwU-wC3VyTLpAtiEIKZUJnM4BtNoLoQKoJXeeFDbwp0q8rYhgNuJrZQZ7XrJott8t8e1OJCgktI1PBpq5xaBB9T-gexdxB35qR7XV4xuXljNhNiLUz3K_s/s1600/phantom-monks-of-benedictine-college.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiHOYstFZrzhrN1c5HyRPgzhmwU-wC3VyTLpAtiEIKZUJnM4BtNoLoQKoJXeeFDbwp0q8rYhgNuJrZQZ7XrJott8t8e1OJCgktI1PBpq5xaBB9T-gexdxB35qR7XV4xuXljNhNiLUz3K_s/s1600/phantom-monks-of-benedictine-college.jpg" height="400" width="236" /></a>promène ses regards de tous les côtés, lève la tête
et dresse les oreilles : les mouvements de l’homme extérieur vous révèlent
les changements survenus dans l’homme intérieur. Car l’homme méchant fait des
signes des yeux, il frappe du pied, et parle avec les doigts : l’agitation
inusitée du corps trahit la récente maladie de l’âme. En se relâchant de son
attention sur lui-même, il s’occupe curieusement des autres. Cette âme s’ignore
elle-même, elle se répand au-dehors, et on l’envoie paître les chevreaux. Ces
chevreaux, symboles du péché, désignent assez bien les yeux et les
oreilles : car, comme la mort est entrée dans le monde par le péché, aussi
c’est par ces fenêtres qu’elle pénètre dans l’âme</i>». Le style littéraire de
saint Bernard est efficace par sa précision et sa métaphore animale du pécheur.
Qu’il mette un méchant moine en scène n’est pas de l’ironie. Bernard essaie
toujours d’identifier les méchants moines qui se faufilent parmi son troupeau à
Clairvaux. Mais <i style="mso-bidi-font-style: normal;">en se relâchant de son
attention sur lui-même, il s’occupe curieusement des autres. </i>Et là, il
désigne l’orgueil profond de l’institution cléricale.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; tab-stops: 399.0pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; tab-stops: 399.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Cette curiosité n’est pas tant le sacrement de Pénitence, qui ne
concerne que les fidèles, mais celui de la confesse, vue de
l’institution inquisitrice qui essaie de fouiller l’âme jusqu’en ses racines
les plus profondes, non pas pour la guérir de ses angoisses ou de ses névroses, mais pour détecter
les ennemis de l’intérieur qu’il </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhUtew8SGqC6TjZ5OO_oRWQ0lr0swK2YzPwYL0_awbI6W6FZhiwj9w3iVb-8RXFqgZPyQjRIwlYP7_rCxcLCaURB8fqvNaqz_ezkXFIY5RRu3HxlYrZXnNWpBXl0g8Q8jQDrNA8ziPmtg8/s1600/concile.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhUtew8SGqC6TjZ5OO_oRWQ0lr0swK2YzPwYL0_awbI6W6FZhiwj9w3iVb-8RXFqgZPyQjRIwlYP7_rCxcLCaURB8fqvNaqz_ezkXFIY5RRu3HxlYrZXnNWpBXl0g8Q8jQDrNA8ziPmtg8/s1600/concile.jpg" height="321" width="400" /></a>faudra soumettre, dominer, ou exclure avec l’aide du «bras séculier». Rares sont les insti-</span><br />
<span lang="FR-CA">tutions de justice
qui n’ont pas eu, au sein de leurs procé-</span><br />
<span lang="FR-CA">dures, des mesures pour limiter ce type
d’enquête à qui tous sont soumis, et encore plus ceux qu’on se prendrait à
considérer comme ayant eu la vie la plus sainte!<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Pour Jean Delumeau, cela relèverait de la «pastorale de la peur»
qui s’est établie avec le Concile de Trente (1445-1563). Ce n’est là qu’un
paroxysme qui s’est confondu avec la paranoïa occidentale depuis 1204-1453.
Pour faire d’une histoire longue une histoire courte, rappelons que le
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhUtew8SGqC6TjZ5OO_oRWQ0lr0swK2YzPwYL0_awbI6W6FZhiwj9w3iVb-8RXFqgZPyQjRIwlYP7_rCxcLCaURB8fqvNaqz_ezkXFIY5RRu3HxlYrZXnNWpBXl0g8Q8jQDrNA8ziPmtg8/h120/concile.jpg">quatrième concile du Latran</a> (1215) (constitution 21) «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">avait statué que “tous les fidèles de l’un et l’autre sexes, parvenus à
l’âge de discrétion” devaient confesser “tous leurs péchés […] au moins une
fois par an”. Dans le </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">document “doctrinal” sur la confession, les pères de
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiNU3IqX3cdB3OILpEoRNKAzlrq4DZrZVaEGK4C6e4w706nEy3cd7UWbCm4aO8iAhAUzZcVMeDAlchMX5o5cNSMwce6jsZ8boX6rqI-uly9tfemwk0qTVSOT-pDtw0shKQoB1XrHVLIedU/h120/1005654-Concile_de_Trente.jpg">Trente</a> furent moins catégoriques. Ils ne rendirent obligatoire que l’aveu (au
prêtre) de “tous les péchés mortels“. “Quant aux péchés véniels qui </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiNU3IqX3cdB3OILpEoRNKAzlrq4DZrZVaEGK4C6e4w706nEy3cd7UWbCm4aO8iAhAUzZcVMeDAlchMX5o5cNSMwce6jsZ8boX6rqI-uly9tfemwk0qTVSOT-pDtw0shKQoB1XrHVLIedU/s1600/1005654-Concile_de_Trente.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiNU3IqX3cdB3OILpEoRNKAzlrq4DZrZVaEGK4C6e4w706nEy3cd7UWbCm4aO8iAhAUzZcVMeDAlchMX5o5cNSMwce6jsZ8boX6rqI-uly9tfemwk0qTVSOT-pDtw0shKQoB1XrHVLIedU/s1600/1005654-Concile_de_Trente.jpg" height="270" width="400" /></a>n’excluent
pas la grâce de Dieu et en lesquels nous tombons souvent (encore que la
confes-</i></span><br />
<span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">sion en soit utile), ils peuvent être tus sans faute et expiés par de
nombreux autres remèdes […]. Rien d’autre dans l’Église ne peut être exigé du
pénitent […], sinon que chacun confesse les péchés par lesquels ils se
souviendra d’avoir offensé mortellement son Dieu et Seigneur” (session XVI,
chap. v). En revanche, le canon 8 déclara : “Si quelqu’un dit que la
confession de tous les péchés, telle que l’Église l’observe, est impossible
[…], ou que les fidèles des deux sexes, tous et chacun, n’y sont pas tenus une
fois l’an, selon la prescription du grand concile du Latran […], qu’il soit
anathème</i>» (J. Delumeau. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’aveu et le
pardon, </i>Paris, Fayard, rééd. Livre de poche, col. références # 2935, 1992,
pp. 13-14).</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; tab-stops: 399.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">En fait, la curiosité de l’Église sur les secrets de la pénitence ne
cesse de s’accroître. Les prêtres expédient-ils trop vite les confessions? Des
rédacteurs de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">manuels de confession </i>vont
s’appliquer à rédiger de gros volumes afin de permettre à chaque prêtre de
sonder l’âme</span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"> de leurs ouailles</span>, toutes oreilles et tous yeux grands ouverts,. Dans un autre
ouvrage, Delumeau nous décrit comment la perversion liée à la curiosité
orgueilleuse telle que décrite par Bernard de Clairvaux s’est développée à
partir de ces manuels :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">…les “<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgSct5xy0dDsVZhLd_i1n4pxGs5BT27GiQzy8OvMRcbjbeTlRgwrsG5sEdE2S4HEII9E6DWkWRkuzwgzuZR7LITe1BsN0Q_E3IVvM-CqJ2ebfAVTDcqfFFO9qawYdmcjBiUAo4cDxTzHjI/h120/Bouvier-Mgr-Les-Mysteres-Du-Confessionnal-Manuel-Secret-Des-Confesseurs-Suivi-De-La-Cle-D-or-Et-Du-Traite-De-Chastete-Livre-888593369_ML.jpg">Manuels de confession</a>”
sont … la plupart du temps susceptibles d’une double utilisation, par le prêtre
et par le fidèle. De façon didactique, ils enseignent comment administrer et
comment recevoir le sacrement de pénitence. Doctrine pénitentielle et </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgSct5xy0dDsVZhLd_i1n4pxGs5BT27GiQzy8OvMRcbjbeTlRgwrsG5sEdE2S4HEII9E6DWkWRkuzwgzuZR7LITe1BsN0Q_E3IVvM-CqJ2ebfAVTDcqfFFO9qawYdmcjBiUAo4cDxTzHjI/s1600/Bouvier-Mgr-Les-Mysteres-Du-Confessionnal-Manuel-Secret-Des-Confesseurs-Suivi-De-La-Cle-D-or-Et-Du-Traite-De-Chastete-Livre-888593369_ML.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgSct5xy0dDsVZhLd_i1n4pxGs5BT27GiQzy8OvMRcbjbeTlRgwrsG5sEdE2S4HEII9E6DWkWRkuzwgzuZR7LITe1BsN0Q_E3IVvM-CqJ2ebfAVTDcqfFFO9qawYdmcjBiUAo4cDxTzHjI/s1600/Bouvier-Mgr-Les-Mysteres-Du-Confessionnal-Manuel-Secret-Des-Confesseurs-Suivi-De-La-Cle-D-or-Et-Du-Traite-De-Chastete-Livre-888593369_ML.jpg" /></a>formation
spirituelle sont fournies à l’intérieur d’un cadre qui englobe les trois phases
successives de l’acte sacramentel : la préparation du pénitent (accueil,
exhortations), ses aveux, et enfin les conséquences de ceux-ci (satisfaction à
enjoindre et absolution). Mais à l’intérieur de ce plan obligé l’interrogatoire
(coté confesseur) et l’aveu (côté fidèle) retiennent particulièrement
l’attention des auteurs. L’examen de conscience est conduit par référence aux
sept péchés capitaux, aux dix commandements, aux cinq sens, parfois aussi aux
douze articles du </i>Credo. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">À quoi
certains “Manuels" ajoutent encore, pour faire bonne mesure,
d’autres paramètres : les huit Béatitudes, les six ou sept œuvres
corporelles de miséricorde, les </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhdDO6OjlPy_L-wt1iz0e6N81Blxdb8TtzUxnykKzgLXy4kniwWCwiMFfuT8pPMxt-u5l9yEGzrYPpoC-JaQ34WjIVLpGAXCcNRqpivl7_HszUXL-6e7ssfe2C-aFFl2-c2VIOhJz0Htik/s1600/0510antonin1.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhdDO6OjlPy_L-wt1iz0e6N81Blxdb8TtzUxnykKzgLXy4kniwWCwiMFfuT8pPMxt-u5l9yEGzrYPpoC-JaQ34WjIVLpGAXCcNRqpivl7_HszUXL-6e7ssfe2C-aFFl2-c2VIOhJz0Htik/s1600/0510antonin1.jpg" height="640" width="256" /></a></span>quatre vertus cardinales, les trois vertus
théologales, etc. Ainsi, à mesure que les ouvrages se multiplient, la réflexion
pénitentielle accroît sa recherche des circonstances – souvent aggravantes – du
péché et multiplie les points de vue selon lesquels envisager la faute. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhdDO6OjlPy_L-wt1iz0e6N81Blxdb8TtzUxnykKzgLXy4kniwWCwiMFfuT8pPMxt-u5l9yEGzrYPpoC-JaQ34WjIVLpGAXCcNRqpivl7_HszUXL-6e7ssfe2C-aFFl2-c2VIOhJz0Htik/h120/0510antonin1.jpg">Saint Antonin</a>, Pacifique de Novarre et, à leur suite, beaucoup de rédacteurs de
“Manuels” anonymes intègrent à l’examen de conscience des considérations
relatives au statut professionnel du pénitent et à ses devoirs d’état. Mais
surtout la manie scolastique de la subdivision, sa propension à catégoriser,
raffiner et compliquer conduisent, en particulier dans les “Manuels” anonymes, à
une inflation prodigieuse du nombre des péchés. Cette évolution rencontre,
confirme et accentue un mouvement plus large qui conduit une civilisation
inquiète à se pencher sans cesse davantage sur la culpabilité. Dès lors,
l’interrogatoire du pénitent ne sera jamais assez poussé, ni l’examen de
conscience assez minutieux. On s’en rend compte à la lecture d’une </i>Confession
generalis, brevis et utilis <i style="mso-bidi-font-style: normal;">qui énumère,
par ordre de gravité croissante, les différentes <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg-HPkxnVo-aURH4MReVX-mz-d4XzXtXPJuJsRmmc51nF2G5YiGzeBDZoA-merfBG2baiHitl6S_rU1OJvOnruLHVKqHQl-vQt6GPpWUIb36I85PUFtSwPTFW59yBf9RCh8OI_SXOHSrc4/h120/alexandra-manukyan-manukyan_lg_secrets-and-confession-img.jpg">fautes sexuelles</a> – un sujet
sur lequel l’Église a toujours voulu que les fidèles fussent très vigilants </i>[…].
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Les seize catégories de péchés se
présentent ainsi : 1) le baiser impur; 2) le toucher impur; 3) la
fornication; 4) la débauche, souvent entendue comme la séduction d’une vierge;
5) l’adultère (lorsque les deux partenaires sont mariés); 7) le </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">sacrilège
volontaire (quand un des partenaires a prononcé des vœux religieux); 8) le </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg-HPkxnVo-aURH4MReVX-mz-d4XzXtXPJuJsRmmc51nF2G5YiGzeBDZoA-merfBG2baiHitl6S_rU1OJvOnruLHVKqHQl-vQt6GPpWUIb36I85PUFtSwPTFW59yBf9RCh8OI_SXOHSrc4/s1600/alexandra-manukyan-manukyan_lg_secrets-and-confession-img.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg-HPkxnVo-aURH4MReVX-mz-d4XzXtXPJuJsRmmc51nF2G5YiGzeBDZoA-merfBG2baiHitl6S_rU1OJvOnruLHVKqHQl-vQt6GPpWUIb36I85PUFtSwPTFW59yBf9RCh8OI_SXOHSrc4/s1600/alexandra-manukyan-manukyan_lg_secrets-and-confession-img.jpg" height="320" width="320" /></a></span></i></span>rapt
et le viol d’une vierge; 9) le rapt et le viol d’une femme mariée (péché plus
grave que le précédent puisqu’il se complique d’un adultère; 10) le rapt et le
viol d’une nonne; 11) l’inceste; 12) la masturbation, premier des péchés contre
nature; 13) les positions inconvenantes (même entre époux); 14) les relations
sexuelles non naturelles; 15) la sodomie; 16) la bestialité</i>» (J. Delumeau. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le péché et la peur, </i>Paris, Fayard, 1983,
pp. 225-226).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">N'oubliant pas qu’une telle classification touche à tous les
péchés capitaux, nous comprenons mieux pourquoi ces manuels sont si étoffés! Comme dans
toutes consciences, le péché progresse. L’orgueil se développe et la pénitence
du pécheur a été vite débordée par la curiosité malsaine du confesseur.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Le second degré de l’orgueil, toujours selon Bernard de Clairvaux,
est la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">légèreté d’esprit. </i>Précisons
ce que Bernard veut dire : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le
religieux qui, oublieux de lui-même, observe curieusement les autres, y admire
des supérieurs et méprise des inférieurs. Il trouve dans les uns un sujet
d’envie, dans les autres un </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiygOQvWK4QFIhZ3OfbcQH2Iam6o17kTJycO1FL8Eg3jn2yRvDjhrOUX7GVFuKl9AMlv_WD-gWnh4xMhwIPeHoeBbmtq87lt_0s4oKfTTIEXl6dkr9BkuPKbpLzsnrzyJAGPsSG1_gYlUA/s1600/eglise+mondaine.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiygOQvWK4QFIhZ3OfbcQH2Iam6o17kTJycO1FL8Eg3jn2yRvDjhrOUX7GVFuKl9AMlv_WD-gWnh4xMhwIPeHoeBbmtq87lt_0s4oKfTTIEXl6dkr9BkuPKbpLzsnrzyJAGPsSG1_gYlUA/s1600/eglise+mondaine.jpg" height="190" width="320" /></a>objet de raillerie</i>». Dès la fin du Moyen Âge,
il était demandé aux confesseurs d’interroger le pénitent «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">s’il s’afflige ou s’est affligé des avantages du prochain, ou s’il a
été joyeux de son infortune</i>» (J. Delumeau. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 236). Évidemment, la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiygOQvWK4QFIhZ3OfbcQH2Iam6o17kTJycO1FL8Eg3jn2yRvDjhrOUX7GVFuKl9AMlv_WD-gWnh4xMhwIPeHoeBbmtq87lt_0s4oKfTTIEXl6dkr9BkuPKbpLzsnrzyJAGPsSG1_gYlUA/h120/eglise+mondaine.jpg">richesse</a> est à la base de niveau
d’orgueil puisqu’il s’obstine à positionner le pécheur entre ceux qu’il envie
(donc les plus fortunés) et ceux qu’il méprise (les plus misérables). Une
historienne, Mme Vincent-Cassy «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">ne
découvre que 3 représentations de l’envie au XIIIe siècle et 4 au XIVe mais 45
au XVe</i>» (J. Delumeau. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p.
237). Ce niveau d’orgueil a donc bénéficié de la poussée du capitalisme et des
opérations marchandes à partir de la Renaissance. L’Église se veut parmi les
riches (même lorsqu’elle se dit l’Église des pauvres) mais méprise les pauvres
(par vanité de ses privilèges sociaux).</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Très tôt l’Église chrétienne dut définir sa relation avec l’argent.
Le «rendez à César…» ne suffisait plus pour </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEihnrY2oOgM5qrZtGYoAyZu20B_rrNwuYSeOGb9DdjTEyDmIecBOa6WMr8OcpYtFcVLvuBGqvNx1x09xH1HPSqhErWji7_B-aIVzinVBnRsUA2Idl9OR5J28s8BYFWbNB2Ly0djLl271gE/s1600/clb_110204.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEihnrY2oOgM5qrZtGYoAyZu20B_rrNwuYSeOGb9DdjTEyDmIecBOa6WMr8OcpYtFcVLvuBGqvNx1x09xH1HPSqhErWji7_B-aIVzinVBnRsUA2Idl9OR5J28s8BYFWbNB2Ly0djLl271gE/s1600/clb_110204.jpg" height="400" width="292" /></a>caractériser les relations de
l’Église avec le monde des affaires matérielles. Les Actes des Apôtres nous
rapportent que <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEihnrY2oOgM5qrZtGYoAyZu20B_rrNwuYSeOGb9DdjTEyDmIecBOa6WMr8OcpYtFcVLvuBGqvNx1x09xH1HPSqhErWji7_B-aIVzinVBnRsUA2Idl9OR5J28s8BYFWbNB2Ly0djLl271gE/h120/clb_110204.jpg">Ananias et sa femme Saphira</a> avaient vendu leur maison et gardés
pour eux une partie du prix plutôt que de le partager avec la communauté
chrétienne. Après avoir été sermonnés par l’apôtre Pierre, ils tombèrent morts
aux pieds de celui à qui le Christ avait confié les clés du Paradis (Acte V,
1-11). Mais ce communisme primitif n’a pas dépassé le temps de l’Église
primitive. Aux temps des catacombes romaines, le christianisme attire de riches
veuves. Les prédicateurs de la nouvelle religion collent avec art les classes
urbaines aisées. Philippe Simonnot raconte ainsi :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">La conversion de
l’aristocratie au christianisme facilite l’apparition d’un nouveau mécénat. Ces
largesses ne profitent pas exclusivement à la construction d’églises. Un
certain Maximum invoque l’inspiration divine pour offrir des bains. Mais ce qui
compte vraiment, ce sont les donations assez généreuses pour permettre la
fondation d’une église : c’est-à-dire le terrain, la construction, le
matériel liturgique et même l’entretien du culte et du clergé. En 401-402,
Longinianus, un préfet de Rome en fonction, élève à </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">ses frais un baptistère à
côté de Sainte-Anastasie, au Vélabre. Un peu plus tôt, le préfet du prétoire
Tétronius Probus a fait aménager son mausolée familial au chevet même de </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj9FnueVq7RPf7J_UspVfK5BUjOQoXmgKtoeOfGM1Tzwp3efkri5kTbsje_4UspYMA9YTazDpi4LMUNiz1TewqQx_JZ2DraCuAopt4xMc7msh4Y7NNmpyICJjBNVhG5pOirsGf3I3Wkijk/s1600/SaintInnocent.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj9FnueVq7RPf7J_UspVfK5BUjOQoXmgKtoeOfGM1Tzwp3efkri5kTbsje_4UspYMA9YTazDpi4LMUNiz1TewqQx_JZ2DraCuAopt4xMc7msh4Y7NNmpyICJjBNVhG5pOirsGf3I3Wkijk/s1600/SaintInnocent.jpg" height="320" width="240" /></a>la
basilique Saint-Pierre. Une matrone nommée Vestina a laissé au pape <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj9FnueVq7RPf7J_UspVfK5BUjOQoXmgKtoeOfGM1Tzwp3efkri5kTbsje_4UspYMA9YTazDpi4LMUNiz1TewqQx_JZ2DraCuAopt4xMc7msh4Y7NNmpyICJjBNVhG5pOirsGf3I3Wkijk/h120/SaintInnocent.jpg">Innocent Ier</a> (r. 401-417) un patrimoine où le pontife puise le nécessaire à la
construction d’une église et de quoi assurer son entretien. Il y trouve aussi
une boulangerie, des thermes, une maison, un bureau d’octroi, etc. Après 410,
s’il y a encore des païens parmi les nobles romains, ils sont en minorité et
deviennent bientôt l’exception. Une telle évolution en l’espace d’un
demi-siècle conduit à une esquisse de rapprochement politique entre l’évêque et
le sénat de Rome</i>» (P. Simonnot. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Les
papes, l’Église et l’argent, </i>Paris, Bayard, 2005, pp. 161-162). </span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Ce n’est donc pas en évangélisant les pauvres que l’Église s’est
hissée dans la société romaine, mais bien en enviant le monde aristocratique
des riches romains. Et les pauvres dans tout cela? Il ne faut pas prendre à la
légère ce qu’en dit l’évêque <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiJfp9rqcOqb5fhXIxKD1M4VHNXA_Wn31AWLt_fXqy5Av2zfrBpWaxiu-VGu6ZxQy-EYTT_u6UdAOlw8h7q2h4bBakv9bmfTx2nO_q2X9Lo38irlKqyt17YG5ozRy07AD3KFiTEwPKdBfI/h120/TheodoretOfCyr.jpg">Théodoret de Cyr</a> (±393-† </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiJfp9rqcOqb5fhXIxKD1M4VHNXA_Wn31AWLt_fXqy5Av2zfrBpWaxiu-VGu6ZxQy-EYTT_u6UdAOlw8h7q2h4bBakv9bmfTx2nO_q2X9Lo38irlKqyt17YG5ozRy07AD3KFiTEwPKdBfI/s1600/TheodoretOfCyr.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiJfp9rqcOqb5fhXIxKD1M4VHNXA_Wn31AWLt_fXqy5Av2zfrBpWaxiu-VGu6ZxQy-EYTT_u6UdAOlw8h7q2h4bBakv9bmfTx2nO_q2X9Lo38irlKqyt17YG5ozRy07AD3KFiTEwPKdBfI/s1600/TheodoretOfCyr.jpg" height="400" width="269" /></a>vers 460). Bien avant
Bernard, Théodoret </span><span lang="FR-CA">maudissait les envieux : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ces “contrôleurs de la sagesse de Dieu”, ainsi que les appelle
Théodoret, “ouvrent leur bouche contre la Providence divine” et “écument leur
rage contre les riches, indignés carrément qu’une si grande inégalité règne
dans ce monde”. Ils “calomnient le bon ordre”, ils “se tourmentent fort
pourquoi tous les hommes n’abondent en richesse”, ils “veulent qu’ils habitent
tous dans des palais et parent leurs corps de soie et d’étoffes de grand prix”
et, chose plus grave, “non seulement accusent la pauvreté, mais aussi déplorent
la servitude et se lamentent de ce que le gouvernement exige des impôts et de
beaucoup d’autres choses concernant la vie présente”</i>» (G. Walter. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Les origines du communisme, </i>Paris,
Payot, Col. P.B.P. # 252, 1975, p. 131). Il est en effet difficile de condamner
ceux qui soutiennent la construction des églises, y ajoutant un thermes à
proximité, voire un bureau d’octroi!</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Pour réfuter ces infâmes critiques, Théodoret use d’un sophisme
couramment répandu, jusque dans la doctrine sociale de l’Église. Pauvres et
riches sont égaux devant Dieu, et si inégalités sociales existent, c’est pour le
mieux être des pauvres : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ce n’est pas,
d’après Théodoret, le riche qui dicte ses conditions au pauvre. C’est au
pauvre, au contraire, qu’appartient le dernier mot et c’est lui qui est en
quelque sorte le maître du marché : “Le pauvre est assis en pleine place
publique, où il fait des souliers, met </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh_0P8bNzpq8dXhINcOaYStx737-5NpR2GqQ0YTgN0Er-mq8LBcQzUymtQkNm-DdXX8bOrlQjr4MhoUAPkT1B2zXCgK2Ha6HV22wItJqfUUxh9eHvFPq7urOuWXo4t05onc45RysW5bxjs/s1600/GZnt_xeQM7gbAj2Ogfn7gEw1X4I@300x248.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh_0P8bNzpq8dXhINcOaYStx737-5NpR2GqQ0YTgN0Er-mq8LBcQzUymtQkNm-DdXX8bOrlQjr4MhoUAPkT1B2zXCgK2Ha6HV22wItJqfUUxh9eHvFPq7urOuWXo4t05onc45RysW5bxjs/s1600/GZnt_xeQM7gbAj2Ogfn7gEw1X4I@300x248.jpg" height="330" width="400" /></a>l’or et l’argent en œuvre, taille un
vêtement ou fait autre chose semblable. Le riche, orgueil-</i></span><br />
<span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">leux de ses biens, et
qui hausse les épaules par-des-</i></span><br />
<span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">sus la tête et met les mains au côté, suivi d’une
foule de </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">serviteurs, vient à ce pauvre qui demeure assis cousant le cuir, ou
faisant quelque autre chose de son état. Alors le riche divise avec lui et
demeurant debout montre par sa <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh_0P8bNzpq8dXhINcOaYStx737-5NpR2GqQ0YTgN0Er-mq8LBcQzUymtQkNm-DdXX8bOrlQjr4MhoUAPkT1B2zXCgK2Ha6HV22wItJqfUUxh9eHvFPq7urOuWXo4t05onc45RysW5bxjs/h120/GZnt_xeQM7gbAj2Ogfn7gEw1X4I@300x248.jpg">présence</a> que le métier du pauvre a un usage
nécessaire”</i>» (G. Water. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp.
134-135). Telle est la vraie <i style="mso-bidi-font-style: normal;">doctrine
sociale </i>de l’Église où l’envie et le mépris se complètent partagés par un
sophisme vaseux. Il appartiendra à l’évêque de Nîmes, Fléchier, grand
prédicateur à la cour de Louis XIV de dire ouvertement, sans faux
semblants : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Dieu a créé le riche
afin qu’il rachète ses péchés en secourant le pauvre; il a créé le pauvre afin
qu’il s’humilie par le secours qu’il reçoit du riche</i>» (Cité in P. Jaccard. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Histoire sociale du travail, </i>Paris,
Payot, Col. Bibliothèque historique, 1960, p. 191).</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Le troisième degré d’orgueil est celui que Bernard appelle <i style="mso-bidi-font-style: normal;">la joie inepte. </i>Cette joie mal placée (<i>shadenfreude</i>),
on la retrouve à plusieurs reprises dans l’histoire de l’Église, surtout quand
le parti catholique abat des adversaires hérétiques ou païens. Il n’y a ici
qu’à penser à la médaille que le pape Grégoire XIII fit frapper pour célébrer
le massacre des protestants à Paris en 1572 :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA"><span style="mso-bidi-font-style: normal;">«</span><i style="mso-bidi-font-style: normal;">Les rapports de Salviati ne
furent pas les premiers à informer le Saint-Siège. Le secrétaire de Mandelot
avait envoyé un courrier à M. de Jou, commandeur de Saint-Antoine, qui avertit
d’abord le cardinal de Lorraine. C’était le 2 septembre. Le Cardinal, hors de
lui, courut chez le Pape en compagnie de l’ambassadeur Férals.</i></span></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgQD6OwJ52SIPHF3jnNaPGP56JRJ5qE7TNhjyknBcYbt38rJeafOjOHx1HYBD1NWQQ0LyLebsEz9eAN24HSwViJuznNNHmxvobxftDEq0F6AhtKtB4Q5mznSrYsf0LW0vRRUXe6Vd-5CfE/s1600/1572-medaille-saint-barthelemy-gregoire-xiii.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgQD6OwJ52SIPHF3jnNaPGP56JRJ5qE7TNhjyknBcYbt38rJeafOjOHx1HYBD1NWQQ0LyLebsEz9eAN24HSwViJuznNNHmxvobxftDEq0F6AhtKtB4Q5mznSrYsf0LW0vRRUXe6Vd-5CfE/s1600/1572-medaille-saint-barthelemy-gregoire-xiii.jpg" height="400" width="200" /></a>Grégoire XIII fit éclater
son enthousiasme. Sans écouter Férals qui conseillait d’attendre les dépêches
officielles, il ordonna d’allumer des feux de joie.</span></i></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">[…]</span></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Le 8 septembre, Grégoire
XIII, à Saint-Louis-des-Français, remercia solennellement le ciel “d’avoir
délivré non seulement le roi de France, mais encore tout son royaume et le
Saint-Siège du péril qui les menaçait si Coligny avait réalisé son dessein
d’assassiner Charles IX, de se faire nommer roi, de soutenir les rebelles
néerlandais et de marcher sur l’Italie pour détruire les États de l’Église et
la métropole de Romoe”. Telles étaient les inventions du cardinal de Lorraine.</span></i></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Jamais événement ne fut
célébré à Rome avec tant d’éclat. Jubilé d’actions de grâces, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgQD6OwJ52SIPHF3jnNaPGP56JRJ5qE7TNhjyknBcYbt38rJeafOjOHx1HYBD1NWQQ0LyLebsEz9eAN24HSwViJuznNNHmxvobxftDEq0F6AhtKtB4Q5mznSrYsf0LW0vRRUXe6Vd-5CfE/h120/1572-medaille-saint-barthelemy-gregoire-xiii.jpg">médailles commémoratives</a>, salves d’artillerie, </span></i><span lang="FR-CA">Te Deum <i style="mso-bidi-font-style: normal;">se répondant d’une église à l’autre,
procession grandiose, commande au peintre Vasari d’une fresque murale qui
perpétuerait les scènes du 24 août, rien ne manqua</i>» (P. Erlanger. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le massacre de la Saint-Barthélemy, </i>Paris,
Gallimard, Col. Trente journées qui ont fait la France, # 12, 1960, pp. 200 et
201).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">C’était ainsi que la cour pontificale célébrait le massacre de 3 000
protestants (et quelques catholiques) à Paris et jusqu’à 10 000 dans toute la
France. Ce type de célébration inepte s’est reproduit à plusieurs reprises au
cours de l’Histoire. À Rome, le 1<sup>er</sup> décembre 1989, le pape <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiCDhoDF0nAx8Rg9XMsrsRSh-800d5TRMZDmad-HZDkiqYSxa9P4tg3ZZp6gUPsdFQNR9Kv4R8qv2HzoA_7HetXmMxlf8xiUWMGP8aVrmanH6BUYW8PbLAK5Jy81Xje3F19on-cFqeE4-Q/h120/pope_raisa_250.jpg">Jean-Paul II reçoit en grandes pompes Mikhaïl et Raissa </a></span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiCDhoDF0nAx8Rg9XMsrsRSh-800d5TRMZDmad-HZDkiqYSxa9P4tg3ZZp6gUPsdFQNR9Kv4R8qv2HzoA_7HetXmMxlf8xiUWMGP8aVrmanH6BUYW8PbLAK5Jy81Xje3F19on-cFqeE4-Q/s1600/pope_raisa_250.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiCDhoDF0nAx8Rg9XMsrsRSh-800d5TRMZDmad-HZDkiqYSxa9P4tg3ZZp6gUPsdFQNR9Kv4R8qv2HzoA_7HetXmMxlf8xiUWMGP8aVrmanH6BUYW8PbLAK5Jy81Xje3F19on-cFqeE4-Q/s1600/pope_raisa_250.jpg" height="321" width="400" /></a><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiCDhoDF0nAx8Rg9XMsrsRSh-800d5TRMZDmad-HZDkiqYSxa9P4tg3ZZp6gUPsdFQNR9Kv4R8qv2HzoA_7HetXmMxlf8xiUWMGP8aVrmanH6BUYW8PbLAK5Jy81Xje3F19on-cFqeE4-Q/h120/pope_raisa_250.jpg">Gorbatchev</a> dans la
salle du Trône. Un demi-mil-</span><br />
<span lang="FR-CA">liard de téléspec-</span><br />
<span lang="FR-CA">tateurs assistent en direct à
l’événe-</span><br />
<span lang="FR-CA">ment. Pendant une heure et demie, le pape impose ses thèmes :
liberté religieuse en URSS, liberté de conscience (afin de permettre aux
non-communistes de s’opposer à la dictature du Soviet Suprême), légalisation des
uniates d’Ukraine. Gorbatchev, de son côté, «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">souligne que la “nouvelle pensée” est une vraie révolution pour
l’URSS : “On ne saurait prétendre détenir la vérité absolue, ni tenter de
l’imposer aux autres”, explique Gorbatchev, reniant ainsi, une fois pour
toutes, la doctrine marxiste-léniniste. Mais le Soviétique a une idée derrière
la tête. À écouter certains milieux à l’Ouest, dit-il, la “rénovation” du
communisme devrait se faire “uniquement sur la base des valeurs occidentales”.
Or, explique-t-il, c’est le meilleur moyen pour faire échouer la perestroïka!
Les Américains ne pourraient-ils pas “respecter les intérêts et les traditions”
de l’URSS et laisser aux Soviétiques “le choix de tel ou tel système
politique”?</i>» (B. Lecomte. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Jean-Paul
II, </i>Paris, Gallimard, Col. Folio, # 4335, 2006, pp. 493-494). Évidemment,
si Gorbatchev suppose que la vérité n’appartient pas au marxisme-léninisme, son
vis-à-vis croit, au contraire, qu’elle appartient à l’Évangile dont il a le monopole de l'interprétation car, comme
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhlpIMcf1yM1_Zpwr_RR6YMUt9PpYEGrm3CHgC32hwc_KiXaYZKNjakXs_zAJ8uDeOF_6MIjoEbmuCXrr_I4OztCe3PxioPKtUTXyqELDFy01h4DvHfX3KBpye4nM1oTR059rtiVl56hp0/h120/6a00d83451619c69e201287716cd20970c.jpg">Jean-Paul II</a> l'énoncera clairement, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">la
vérité n’est pas démocratique. </i>Il s’agit </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhlpIMcf1yM1_Zpwr_RR6YMUt9PpYEGrm3CHgC32hwc_KiXaYZKNjakXs_zAJ8uDeOF_6MIjoEbmuCXrr_I4OztCe3PxioPKtUTXyqELDFy01h4DvHfX3KBpye4nM1oTR059rtiVl56hp0/s1600/6a00d83451619c69e201287716cd20970c.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhlpIMcf1yM1_Zpwr_RR6YMUt9PpYEGrm3CHgC32hwc_KiXaYZKNjakXs_zAJ8uDeOF_6MIjoEbmuCXrr_I4OztCe3PxioPKtUTXyqELDFy01h4DvHfX3KBpye4nM1oTR059rtiVl56hp0/s1600/6a00d83451619c69e201287716cd20970c.jpg" height="400" width="360" /></a>bien d’une abdication idéologique.
Et Jean-Paul II dira ce que le visiteur attendait de lui : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Personne ne doit prétendre que les
changements en Europe [de l’Est] devraient se faire selon le modèle occidental</i>»
(B. Lecomte. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 494).
Gorbatchev, en retour, concède : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Nous
accepterons tout accord que vous réaliserez avec l’Église orthodoxe</i>», ce
qui est, évidemment, une «subtilité» très soviétique considérant le vieux
schisme millénaire des deux Églises. Quoi qu’il en soit, les fonctionnaires
soviétiques caressent l’orgueil de l’Église et de son pape et la curie romaine
pavoise : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">En attendant que Gorbatchev
et Jean-Paul II aient terminé leur tête à tête, le nouveau ministre soviétique
des Affaires étrangères, Edouard Chevardnadze, s’est penché vers le cardinal
Casaroli : “Sans vous [le Vatican] il n’y aurait pas eu tout cela!” C’est
exactement ce que Mikhaïl Gorbatchev exprimera lui-même, deux ans plus tard,
dans un article de </i>La Stampa <i style="mso-bidi-font-style: normal;">:
“Nous pouvons affirmer aujourd’hui que tout ce qui s’est passé en Europe de
l’Est au cours de ces dernières années n’aurait pas été possible sans la
présence de ce pape, sans le rôle éminent – y compris sur le plan politique –
qu’il a joué sur la scène mondiale”</i>» (B. </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg_Go7uFxF1uowP61jb9m8o6xd_dxAsXAsS6BUA1QQfti_3W0Rn9dPFm98Jny5C8ZbiEEgTEVVJQs7ArD7HiQVioDQBcem2mb_lBFBe_nvjbRWP-gB_yWIuUdVx5NkFYunuOrFCCLzCBHI/s1600/22368_une-tsar.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg_Go7uFxF1uowP61jb9m8o6xd_dxAsXAsS6BUA1QQfti_3W0Rn9dPFm98Jny5C8ZbiEEgTEVVJQs7ArD7HiQVioDQBcem2mb_lBFBe_nvjbRWP-gB_yWIuUdVx5NkFYunuOrFCCLzCBHI/s1600/22368_une-tsar.jpg" height="173" width="400" /></a>Lecomte. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 495). À la toute fin de cette année 1991, Gor-</span><br />
<span lang="FR-CA">batchev sera
éjecté du pouvoir et remplacé par un alcoolique qui ouvrira les portes toutes
grandes aux investisseurs occidentaux tandis que l’effondrement intérieur de la
Russie ramènera une <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg_Go7uFxF1uowP61jb9m8o6xd_dxAsXAsS6BUA1QQfti_3W0Rn9dPFm98Jny5C8ZbiEEgTEVVJQs7ArD7HiQVioDQBcem2mb_lBFBe_nvjbRWP-gB_yWIuUdVx5NkFYunuOrFCCLzCBHI/h120/22368_une-tsar.jpg">Église orthodoxe</a> plus intraitable que jamais et un
système mafieux issu tout droit de la décomposition de la bureaucratie
soviétique, mais converti au capitalisme sauvage. On ne pouvait célébrer sa
joie de façon aussi inepte.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Au quatrième degré d’orgueil, Bernard de Clairvaux parle de la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">jactance, </i>c’est-à-dire ce bavardage,
cette oralité liée à la symbolique maternante de l’Église romaine. Pontifier ne
suffit pas, il faut jacasser, sermonner, discourir, enseigner, cultiver la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">doxa </i>chrétienne. Aujourd’hui,
l’utilisation de la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">langue de bois </i>curiale,
qui multiplie les «papes de transition» ou autres formules du genre, nous informe que les
homosexuels <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ont des qualités à offrir à la
communauté chrétienne. </i><span style="mso-bidi-font-style: normal;">Aux longues formules consacrées, comme tout État, l'Église</span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"> </i>préfère la concision d’un message vide.
En fait de jactance, Jean-Paul II n’était pas le dernier venu à user de
sophismes pour réussir la quadrature du cercle, surtout en matière de questions
sociales. Par exemple : comment, dans les pays dictatoriaux d’Amérique latine, concilier le
rejet de la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">théologie de la libération </i>et
le discours de l’Église avec les pauvres?</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Le voici, en 1989 à Puebla, au Mexique d’où il s’adresse à
l’ensemble des pays latino-américains : </span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Les dictatures se sont
durcies. Et les évêques du continent se sont profondément divisés. Il y a ceux
qui défendent le clergé engagé, parfois les armes à la main, dans la voie de la
théologie de la libération – l’expression a été popularisée par le théologien
péruvien </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj6Ih6SOmg9mQAisAbN4DKIMNsH7fXDcLytKc6stDy8WnBGEJm-QJY-SXX5WZg85qmxvvHYGC-H-LUTsN2jgG3yL1SDojbBYoP07ADPHnHEXtRhL0vXWUQfIYZBkzCJDIGHzpn7kROp50k/s1600/gustavo-gutierrez-cuadrada-380x380%5B1%5D.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj6Ih6SOmg9mQAisAbN4DKIMNsH7fXDcLytKc6stDy8WnBGEJm-QJY-SXX5WZg85qmxvvHYGC-H-LUTsN2jgG3yL1SDojbBYoP07ADPHnHEXtRhL0vXWUQfIYZBkzCJDIGHzpn7kROp50k/s1600/gustavo-gutierrez-cuadrada-380x380%5B1%5D.jpg" height="200" width="200" /></a><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj6Ih6SOmg9mQAisAbN4DKIMNsH7fXDcLytKc6stDy8WnBGEJm-QJY-SXX5WZg85qmxvvHYGC-H-LUTsN2jgG3yL1SDojbBYoP07ADPHnHEXtRhL0vXWUQfIYZBkzCJDIGHzpn7kROp50k/h120/gustavo-gutierrez-cuadrada-380x380%5B1%5D.jpg">Gustavo Gutiérrez</a> – et ceux qui tentent d’endiguer ce qu’ils
considèrent comme une dérive idéologique et politique, quitte à collaborer
parfois avec des pouvoirs iniques et brutaux. Les uns et les autres attendent
avec impatience ce que va dire le nouveau chef de l’Église catholique. La
situation politique et sociale est si grave, dans toute l’Amérique latine,
qu’il semble exclu de réconcilier les deux camps. À la Curie, on avait carrément
recommandé au nouveau pape de ne pas se rendre sur place, mais Jean-Paul II a
personnellement pris la décision de faire le voyage.</i></span></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Le pape venu de l’Est sait
ce qu’il va dire à tous ces prêtres généreux et populaires, </span></i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiOSOi-JSrMTuce2hI6qi0-mwosmr8smvM7MUyhJhYkT77eRJN-qkCP4_RktMHp1ok28CZtx1RLOAvN3ID9Dp8JM4PsD8RcpLek10vTTg8FJXpEg0fDoueYtbhMN9TtOBHwsaJRYfqUftU/s1600/68bfffdda2045bb58f1ad29afaf08b3c.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiOSOi-JSrMTuce2hI6qi0-mwosmr8smvM7MUyhJhYkT77eRJN-qkCP4_RktMHp1ok28CZtx1RLOAvN3ID9Dp8JM4PsD8RcpLek10vTTg8FJXpEg0fDoueYtbhMN9TtOBHwsaJRYfqUftU/s1600/68bfffdda2045bb58f1ad29afaf08b3c.jpg" height="320" width="198" /></a>plongés au cœur
d’une injustice sociale flagrante, mais qui entraînent peu à peu leur Église
sur une ligne politique marxiste et révolutionnaire. Fort de trente années de
confrontation avec le communisme, l’ancien archevêque de Cracovie n’a pas
l’intention de garder sa langue dans sa poche. Quelques semaines avant le
voyage, l’archevêque mexicain Menez Arceo, de Cuernavaca, avait demandé
audience au pape. Le cardinal Villot, secrétaire d’État, avait mis en garde
Jean-Paul II sur son appartenance aux “Prêtres pour le socialisme”. Le Saint-Père
avait répondu avec humeur : “Le socialisme, je connais!”</span></i></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">À <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiOSOi-JSrMTuce2hI6qi0-mwosmr8smvM7MUyhJhYkT77eRJN-qkCP4_RktMHp1ok28CZtx1RLOAvN3ID9Dp8JM4PsD8RcpLek10vTTg8FJXpEg0fDoueYtbhMN9TtOBHwsaJRYfqUftU/h120/68bfffdda2045bb58f1ad29afaf08b3c.jpg">Puebla</a>, sans fioritures,
Jean-Paul II condamne la vision familière et excessive d’un “Jésus
politiquement </span></i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgLZblz4fQec0OwWUw_Q62pDRVk0SAp2p9xn-I1oDF-ILV9DlSdiVruIKikMqeYand5bcI_18JtjH0oXmvHqvG8flXOmuW-hL1pxaePdKFwgq1rBW9d4Gz6Mb46LGuLR8kXVVhxDXeR3WQ/s1600/faces_revolutionary.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgLZblz4fQec0OwWUw_Q62pDRVk0SAp2p9xn-I1oDF-ILV9DlSdiVruIKikMqeYand5bcI_18JtjH0oXmvHqvG8flXOmuW-hL1pxaePdKFwgq1rBW9d4Gz6Mb46LGuLR8kXVVhxDXeR3WQ/s1600/faces_revolutionary.jpg" height="320" width="226" /></a>engagé, combattant les puissants, partisan de la lutte des
classes”. L’orateur ne mâche pas ses mots : “Cette notion d’un Christ
politicien, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgLZblz4fQec0OwWUw_Q62pDRVk0SAp2p9xn-I1oDF-ILV9DlSdiVruIKikMqeYand5bcI_18JtjH0oXmvHqvG8flXOmuW-hL1pxaePdKFwgq1rBW9d4Gz6Mb46LGuLR8kXVVhxDXeR3WQ/h120/faces_revolutionary.jpg">révolutionnaire</a> et dissident n’est pas conforme à l’enseignement de
l’Église!” Dans un silence pesant, Jean-Paul II rappelle que le Christ
condamnait le recours à la violence. La solution marxiste n’est pas la bonne,
souligne-t-il, car elle réduit l’humanisme à un matérialisme
“anthropologiquement erroné”. La doctrine sociale de l’Église, en revanche,
fait de l’homme non pas un rouage des structures et des contradictions
sociales, mais un artisan de son destin économique et politique. L’Église, en
mettant la dignité humaine au-dessus de tout, n’a pas besoin de se référer à
tel système ou telle idéologie pour prôner “la libération authentique” de
l’homme. Qu’on se le dise</span></i><span lang="FR-CA">» (B. Lecomte. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 536-537).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Évidemment, le pape qui saluait l’abaissement de l’idéologie
marxiste-léniniste comme porteuse de la Vérité n’hésite pas à affirmer que «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Cette notion d’un Christ politicien,
révolutionnaire et dissident n’est pas conforme à l’enseignement de l’Église</i>».
C’est toujours le monopole de la Vérité détenu par Rome, possesseur de l’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">auctoritas </i>de dire qui est Dieu, que pense Dieu, que veut
Dieu. En dénonçant l’orgueil de
Satan qui refuse la tyrannie, même divine, l’Église s’enfonce dans un orgueil
encore plus pernicieux : celui du </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgRyKdfh5zrP72s4VvZ9Rf5g7HJF5u-cRoZUy47XW5ENY0QS3GCc0FoVWeGYkDdqG52xoI3IEloNjEH2rsqoPeWkqWgiDIceihjgQJoYa90QA9NQlFzc3AakfdyKfd73JC_VxDzJHLza6o/s1600/0301v43b.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgRyKdfh5zrP72s4VvZ9Rf5g7HJF5u-cRoZUy47XW5ENY0QS3GCc0FoVWeGYkDdqG52xoI3IEloNjEH2rsqoPeWkqWgiDIceihjgQJoYa90QA9NQlFzc3AakfdyKfd73JC_VxDzJHLza6o/s1600/0301v43b.jpg" height="400" width="358" /></a>mensonge idéologique. Le Père dominicain
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgRyKdfh5zrP72s4VvZ9Rf5g7HJF5u-cRoZUy47XW5ENY0QS3GCc0FoVWeGYkDdqG52xoI3IEloNjEH2rsqoPeWkqWgiDIceihjgQJoYa90QA9NQlFzc3AakfdyKfd73JC_VxDzJHLza6o/h120/0301v43b.jpg">M.-D. Chenu</a> n’avait-il pas, dès 1979, dénoncé l’utilisation idéologique de la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">doctrine sociale de l’Église </i>que propose
Jean-Paul II comme alternative à la théologie de la libération? «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Irruption évangélique, par laquelle la
morale chrétienne a partie liée à une dynamique du changement social, prenant
sa source dans le Mystère fondateur du christianisme</i>», et non dans
l’enseignement de l’Église que l’évolution historique finit toujours par
déborder. «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Non pas éthique de la loi
naturelle, mais théologie de l’Incarnation et de l’assomption des réalités
terrestres. Les ”théologiens de la libération” émanant du messianisme des
opprimés, ne se construisent pas sur les dossiers de la “doctrine sociale”</i>»
(M. D. Chenu. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">La «doctrine sociale» de
l’Église comme idéologie, </i>Paris, Cerf, 1979, p. 93). Car la théologie de la
libération n’était pas qu’une variante catholique du marxisme-léninisme avec
lequel elle est incompatible. Elle avait moins pour but de faire des pays
d’Amérique latine des petites URSS ou des petites Chines qu’agir pour la
transformation du régime même, ce à quoi s’opposait de toutes façons l’Église. C’est ce double
standard de la jactance curiale qui fait de l’Église une entité orgueilleuse et
vaine :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Il ne s’agit… pas, pour
l’Église, de proposer un “modèle” préétabli, un projet de société, une
“troisième voie”, qui se trouverait en concurrence idéologique avec d’autres
régimes sociaux, le libéral ou le communiste, et par lequel une Église-chrétienté
exercerait sa religion comme la forme déterminante de la civilisation.
Consciemment ou non, les tenants et acteurs de la “doctrine sociale” sont
pénétrés du mythe de la chrétienté. Bernanos dénonçait dans le christianisme
social “l’alibi d’une faillite de la chrétienté”. Conception
juridico-sociétaire qui n’est qu’un avatar de la </i>potestas indirecta» (M. D.
Chenu. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 93-94).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Ainsi, dans cette tournée de l’Amérique latine, voici notre pape rendu à
Cuilapan, au sud du Mexique, «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">où
l’attendent, sur fond de montagne aride, des dizaines de milliers de </i>campesinos
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">et d’</i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhnVHMNAmVDkjeYU_uCCiUSWPWA0_oDcysEFBzZdZnESEsNd_Dqk8dWSu7a713dv7FeK8iCIxQBH5E4fO5J1WnXeyKcza6qK4B2oEH-Avhdx-7RmT-dDakGpwPDsq-tgWvvVxrS90mxMnY/h120/RNS-JPII-MEXICO042114.jpg">indios</a> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">venus à pied des quatre coins de l’Oaxaca et du Chiapas, à la frontière
guatémalthèque. La veille, on a </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhnVHMNAmVDkjeYU_uCCiUSWPWA0_oDcysEFBzZdZnESEsNd_Dqk8dWSu7a713dv7FeK8iCIxQBH5E4fO5J1WnXeyKcza6qK4B2oEH-Avhdx-7RmT-dDakGpwPDsq-tgWvvVxrS90mxMnY/s1600/RNS-JPII-MEXICO042114.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhnVHMNAmVDkjeYU_uCCiUSWPWA0_oDcysEFBzZdZnESEsNd_Dqk8dWSu7a713dv7FeK8iCIxQBH5E4fO5J1WnXeyKcza6qK4B2oEH-Avhdx-7RmT-dDakGpwPDsq-tgWvvVxrS90mxMnY/s1600/RNS-JPII-MEXICO042114.jpg" height="340" width="400" /></a>transmis au pape le salut que les Indiens lui
ont préparé : “Le bétail est mieux traité que nous”, a écrit l’auteur du
texte, au nom de tous ses frères depuis si longtemps humiliés et opprimés</i>»
(B. Lecomte. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Op. cit. </i>p. 537). Nous
sommes ici au cœur du Mexique révolutionnaire. Le Mexique des Indiens et des
paysans révoltés jadis sous la conduite d’Emiliano Zapata. Touché par cette
missive, le pape lance : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le pape
actuel veut être solidaire de votre cause, qui est la cause des humbles, la
cause des pauvres! Le pape est aux côtés de ces masses populaires presque
toujours abandonnées à un niveau de vie indigne et parfois traitées et
exploitées durement</i>» (B. Lecomte. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid.
</i>p. 537). Joli constat. Que fait-on maintenant? «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le pape veut être votre voix, la voix de ceux qui ne peuvent pas
parler, ou qui sont contraints au silence! […] Le monde rural en désarroi, le
travailleur dont la sueur arrose même son propre accablement ne peuvent
attendre davantage la reconnaissance pleine et entière de leur dignité, qui
n’est pas inférieure à celle de toute autre catégorie sociale [Ces travailleurs
ruraux] ont le droit de ne pas être dépossédés de </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhMPzPAC6Bi5XAgVhsssTO8DgamG_18v__aAWPnzEmd0xxQ8_U-O4w_XQEvzVq25VtJyHERRB3XqB789fHh3NwRBK5sE4WfcrbYP4mAUvQy63CUHs9KcG3riXRHvOOpM7fUGw0bXwqgR8o/s1600/arton59514e0ec.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhMPzPAC6Bi5XAgVhsssTO8DgamG_18v__aAWPnzEmd0xxQ8_U-O4w_XQEvzVq25VtJyHERRB3XqB789fHh3NwRBK5sE4WfcrbYP4mAUvQy63CUHs9KcG3riXRHvOOpM7fUGw0bXwqgR8o/s1600/arton59514e0ec.jpg" height="400" width="287" /></a>leurs maigres biens par suite
de machinations qui sont parfois du vol pur et simple! […] Et maintenant, à
vous, responsables des peuples, classes dirigeantes, la conscience humaine, la
conscience des peuples, le cri de l’abandonné, la voix de Dieu surtout, la voix
de l’Église, vous répètent avec moi : ce n’est pas juste, ce n’est pas
humain, ce n’est pas chrétien de perpétuer ainsi certaines situations aussi
évidemment injustes!</i>» (B. Lecomte. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid.
</i>pp. 537-538). Et Lecomte d’ajouter : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">En deux discours complémentaires, à Puebla et Cuilapan, tout est dit.
Jean-Paul II s’engage sans ambiguïté du côté des pauvres, contre l’injustice,
tout en condamnant fermement la théologie de la libération</i>». Cette parole,
celle de Jean-Paul II qui, à elle seule, aurait fait s’écrouler le mur de Berlin,
faut-il croire, n’a pas été entendu, puisqu’en 1994 commençait la longue
guerre du <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhMPzPAC6Bi5XAgVhsssTO8DgamG_18v__aAWPnzEmd0xxQ8_U-O4w_XQEvzVq25VtJyHERRB3XqB789fHh3NwRBK5sE4WfcrbYP4mAUvQy63CUHs9KcG3riXRHvOOpM7fUGw0bXwqgR8o/h120/arton59514e0ec.jpg">Chiapas</a>…</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">En 1983, lorsqu’il se rend au Nicaragua où le régime pro-communiste sandiniste
est au pouvoir depuis 1979, Jean-Paul II sent qu’il se rend dans l’antre de
l’Ennemi. Accueilli à Managua de la manière qu’exige le </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjiYP9Beo3dYMBQDsw4luz2dHb_6OwgSvhCR-eN0WUPfHaukL1czB_0t5HMhFCWJWb9s5Q-uH6_dMEzHt2uIOOyq6gskbCdQg0ivYzKD_tSEyDmtvGkxbp-Y0STxgldS0pLMVgPIDJ9ajY/s1600/Cardenas.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjiYP9Beo3dYMBQDsw4luz2dHb_6OwgSvhCR-eN0WUPfHaukL1czB_0t5HMhFCWJWb9s5Q-uH6_dMEzHt2uIOOyq6gskbCdQg0ivYzKD_tSEyDmtvGkxbp-Y0STxgldS0pLMVgPIDJ9ajY/s1600/Cardenas.jpg" height="400" width="322" /></a>protocole,</span><span lang="FR-CA"> sur le tarmac même de l'aéroport qu'il vient de baiser, le pape tance <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjiYP9Beo3dYMBQDsw4luz2dHb_6OwgSvhCR-eN0WUPfHaukL1czB_0t5HMhFCWJWb9s5Q-uH6_dMEzHt2uIOOyq6gskbCdQg0ivYzKD_tSEyDmtvGkxbp-Y0STxgldS0pLMVgPIDJ9ajY/h120/Cardenas.jpg">Mgr Cardenal</a> venu recevoir la bénédiction papale. Jean-Paul II lui reproche
sa participation au gouvernement révolutionnaire en tant que
ministre de la culture. Cette attitude passe très mal auprès de la population nicaraguayenne et du monde entier qui n'ont pas oublié les décennies de terreur exercées par l'ancienne dictature des Somoza. Ici, contrairement au séjour mexicain, la foule conspue le
souverain pontife lors de la messe qu'il peine à prononcer le soir même :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">En arrivant à l’esplanade où
il doit dire la messe devant quelque huit cent mille personnes, le pape
découvre, tout comme le nonce Montezemolo au comble de la fureur, d’immenses
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjJTprdaWppY07Bm1ZVTSqZNqiE3Ob03kHrWVA9EkVYZw2fkDDiloLAKJ96BUF5nbCkL-dgaFTGKp_b18rrbqPVZLCQjl9_ovKVUdyn8rTqg6c2ezCWpA7JjI0eUgR6k4hZ7OpJ-TpF8PE/h120/PAR286146.jpg">portraits</a> repeints à neuf de Marx, Lénine, Sandino et d’autres révolutionnaires
mythiques. “Ne vous en faites pas, dit tranquillement le pape : quand je
serai sur le podium, personne ne regardera ces panneaux”. L’organisateur du
voyage, le père Tucci, s’aperçoit aussi avec inquiétude que le gouvernement a
garni tous les premiers rangs de sympathisants sandinistes prêts à vociférer sur
ordre de leur chef et que les fonctionnaires du Parti “tiennent” la sono. La
suite n’est pas difficile à prévoir : pendant l’homélie, à l’instigation
d’Ortega qui brandit lui-même le poing en criant des slogans révolutionnaires,
tous ces militants dociles se mettent à couvrir la voix du pape :</i></span></div>
</blockquote>
<div style="text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjJTprdaWppY07Bm1ZVTSqZNqiE3Ob03kHrWVA9EkVYZw2fkDDiloLAKJ96BUF5nbCkL-dgaFTGKp_b18rrbqPVZLCQjl9_ovKVUdyn8rTqg6c2ezCWpA7JjI0eUgR6k4hZ7OpJ-TpF8PE/s1600/PAR286146.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjJTprdaWppY07Bm1ZVTSqZNqiE3Ob03kHrWVA9EkVYZw2fkDDiloLAKJ96BUF5nbCkL-dgaFTGKp_b18rrbqPVZLCQjl9_ovKVUdyn8rTqg6c2ezCWpA7JjI0eUgR6k4hZ7OpJ-TpF8PE/s1600/PAR286146.jpg" height="264" width="400" /></a></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: .5in; mso-list: l0 level1 lfo1; tab-stops: list .5in; text-align: justify; text-indent: -.25in;">
<span lang="FR-CA" style="mso-font-width: 0%;">-<span style="font: 7.0pt "Times New Roman";">
</span></span><span lang="FR-CA">Poder popular! Poder popular!</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: .5in; mso-list: l0 level1 lfo1; tab-stops: list .5in; text-align: justify; text-indent: -.25in;">
<span lang="FR-CA" style="mso-font-width: 0%;">-<span style="font: 7.0pt "Times New Roman";"> </span></span><span lang="FR-CA">Silencio! <i style="mso-bidi-font-style: normal;">crie le Saint-Père, excédé, en direction des premiers rangs.</i></span></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Sans succès. Son micro ne
marche plus. Le pape brandit alors sa crosse au-dessus de sa tête pour saluer
ostensiblement tous les fidèles relégués derrière cette meute braillarde. Et,
pour la première fois, craignant une profanation des hosties, il décide de ne
pas distribuer la communion à la foule. La messe s’achève par une dernière
avanie : en guise de chant de sortie, les fidèles ont la surprise
d’entendre les haut-parleurs diffuser à tue-tête l’hymne sandiniste</span></i><span lang="FR-CA">» (B. Lecomte. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p.
541).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Jean-Paul II, le pape de la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">société
du spectacle; </i>le pape de la jactance, craignait le martyre comme la peste.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Le cinquième pallier de l’orgueil est la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">singularité. «C’est une honte à celui, qui en sa jactance se vante de
surpasser les autres, de n’en pas faire plus qu’eux, afin de prouver sa
supériorité</i>». Ce que le cas de Jean-Paul II vient d’illustrer cruellement.
Prophétiquement, Bernard de Clairvaux écrit : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ce n’est pas qu’il travaille à devenir meilleur : il se borne à le
paraître : il désire moins de mieux vivre, que d’en avoir </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhusOZTg9FLNYQ6F329d-HDkcXRM81TKXzszLserrswO39CpHxLb2GkSuFJs0TYRJcFRLutXvyzjRIrMuGI9_6XQq4xXRdf3UGi3-5gT-SVfUol6UlJBZRkX65hqCkp7s3wlr2AVYo_V2A/s1600/220px-Pope_Gregory_VII.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhusOZTg9FLNYQ6F329d-HDkcXRM81TKXzszLserrswO39CpHxLb2GkSuFJs0TYRJcFRLutXvyzjRIrMuGI9_6XQq4xXRdf3UGi3-5gT-SVfUol6UlJBZRkX65hqCkp7s3wlr2AVYo_V2A/s1600/220px-Pope_Gregory_VII.jpg" height="383" width="400" /></a>l’air, afin de
pouvoir dire : </i>Je ne suis pas comme le reste des hommes». L’Église
s’est toujours elle-même définie comme une espèce spécifique de société : la
com-</span><br />
<span lang="FR-CA">munion des fidèles. Mais en étant l’Église militante mêlée avec tous les
autres types de status (propriétaire foncier, État, culture ethnocentrique), il a fallu tout au long de son
histoire qu’elle négocie avec les autres puissances – rois, empereurs, peuples
et même d’autres Églises – sa situation hiérarchique. De Constantin à
Mussolini, on ne compte plus les «accords» ou «concordats» passés entre les sociétés
civiles ou politiques et l’Église. Un épisode charnière de l'opposition des deux glaives, au XIe
siècle, est la Querelle des investitures qui opposa l’empereur Henri
IV Hohenstaufen au pape <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhusOZTg9FLNYQ6F329d-HDkcXRM81TKXzszLserrswO39CpHxLb2GkSuFJs0TYRJcFRLutXvyzjRIrMuGI9_6XQq4xXRdf3UGi3-5gT-SVfUol6UlJBZRkX65hqCkp7s3wlr2AVYo_V2A/h120/220px-Pope_Gregory_VII.jpg">Grégoire VII</a> Hildebrand (1015/1020-1085). Provenant de
Cluny, Grégoire VII avait la volonté de faire de l’Europe une réplique grandeur
universelle de l’abbaye bénédictine, le pape agissant comme Père Abbé de
l’Europe. La Querelle des Investitures avait pour source l’ambition de
l’empereur de désigner les évêques et archevêques de ses diocèses que le pape
n’aurait plus qu’à approuver par la suite. À cela se mêlait également les
revenus des propriétés ecclésiastiques qui iraient tout droit dans les coffres de
l’Empire. Pour contrer cette infraction, Grégoire VII opposa le texte qui définit le plus la
singularité de l’Église, le <i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiG6Wwo3GzNTtPzkzlIVUsEIUthtiWMhwSq1DIiYGrX8eGnPZkTwjCW40xAS4Lf7I7IQJopIn0iA4pfJ0oFuhQhyE-dbKon65Sc7EGagMvvgCfnlN6-sPJgshqJYESm0p2OlJuUdxTOYHo/h120/DictatusPapaeRegisterColor.jpg">Dictatus Papæ</a>
</i>en 1075. </span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">1. L’Église romaine a été
fondée par le Seigneur seul.</i></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">2. Seul, le pontife romain
est dit à juste titre universel.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">3. Seul, il peut disposer
ou absoudre les évêques.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">4. Son </span></i><span lang="FR-CA">légat, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">dans un concile, est
au-dessus de tous les évêques, même s’il leur est inférieur par l’ordination,
et il peut prononcer contre eux une sentence de déposition.</i></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">5. Le pape peut déposer les
absents.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">6. On ne doit pas habiter
sous le même toit que ceux qui sont </span></i><span lang="FR-CA">excommuniés <i style="mso-bidi-font-style: normal;">par lui.</i></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">7. Seul il peut, selon
l’opportunité, établir de nouvelles lois, comme de nouvelles communautés,
transformer une </span></i><span lang="FR-CA">collégiale <i style="mso-bidi-font-style: normal;">en abbaye et vice versa, diviser un évêché riche ou unir des évêchés
pauvres.</i></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">8. Seul, il peut user des
insignes impériaux.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">9. Le pape est le seul
homme dont tous les princes baisent les pieds.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiG6Wwo3GzNTtPzkzlIVUsEIUthtiWMhwSq1DIiYGrX8eGnPZkTwjCW40xAS4Lf7I7IQJopIn0iA4pfJ0oFuhQhyE-dbKon65Sc7EGagMvvgCfnlN6-sPJgshqJYESm0p2OlJuUdxTOYHo/s1600/DictatusPapaeRegisterColor.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiG6Wwo3GzNTtPzkzlIVUsEIUthtiWMhwSq1DIiYGrX8eGnPZkTwjCW40xAS4Lf7I7IQJopIn0iA4pfJ0oFuhQhyE-dbKon65Sc7EGagMvvgCfnlN6-sPJgshqJYESm0p2OlJuUdxTOYHo/s1600/DictatusPapaeRegisterColor.jpg" height="400" width="283" /></a>10. Il est le seul dont le
nom soit prononcé dans toutes les églises.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">11. Son nom est unique dans
le monde.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">12. Il lui est permis de
déposer les empereurs.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">13. Il lui est permis de
transférer les évêques d’un siège à un autre selon la nécessité.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">14. Il peut ordonner un
clerc de n’importe quelle église, où il veut.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">15. Celui qui a été ordonné
par lui peut recevoir l’église d’un autre mais non faire la guerre; il ne doit
pas recevoir d’un autre évêque d’un grade supérieur.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">16. Aucun synode ne doit
être appelé général sans son ordre.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">17. Aucun texte canonique
n’existe en dehors de son autorité.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">18. Sa sentence ne doit
être réformée par personne et seul, il peut réformer la sentence de tous.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">19. Il ne doit être jugé
par personne.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">20. Personne ne doit se
risquer à condamner celui qui fait appel au siège apostolique.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">21.Les affaires graves
concernant n’importe quelle église doivent être portées devant lui.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">22. L’Église romaine n’a
jamais erré, comme l’atteste l’Écriture, et elle ne pourra jamais errer.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">23. Le pontife romain, s’il
est canoniquement ordonné, est indubitablement, par les mérites de saint
Pierre, établi dans la sainteté, au témoignage de saint Ennodius, évêque de
Pavie, d’accord avec de nombreux Pères, comme on peut le voir dans le décret du
bienheureux pape Symmaque.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">24. Sur l’ordre et avec
l’autorisation du pape, il est permis à des sujets de porter une accusation</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">25. Il peut, en dehors
d’une assemblée synodale, déposer ou absoudre les évêques.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">26. Celui qui n’est pas en
harmonie avec l’Église romaine ne doit pas être considéré comme catholique.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">27. Le pape peut délier du
serment de fidélité les sujets d’un prince tombé dans l’impiété</span></i><span lang="FR-CA">» (Cité in J. Loew et M. Meslin. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Histoire
de l’Église par elle-même, </i>Paris, Fayard, 1978, pp. 242-243).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">On comprend vite dans le contexte de la féodalité, que l’article 27
pouvait faire couler beaucoup de sueur </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjX2On4-e3QkST5eeUlIAg8H86cCxDCqDV3wvRLpH7OT2Tkte0foiU8NeAS1We-yBKNIizY22PMuZCi8270tTMZ3qZT2tm11QWHjvL3LAzH-k9zSOzOMUTfvZm2Uy8shvkGpMX2kXZcUeA/s1600/pape_pie_ix.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjX2On4-e3QkST5eeUlIAg8H86cCxDCqDV3wvRLpH7OT2Tkte0foiU8NeAS1We-yBKNIizY22PMuZCi8270tTMZ3qZT2tm11QWHjvL3LAzH-k9zSOzOMUTfvZm2Uy8shvkGpMX2kXZcUeA/s1600/pape_pie_ix.jpg" height="400" width="235" /></a>froide dans le dos des empereurs et des
rois car, sitôt excommunié, tous les vassaux et les serfs de ses domaines
étaient libérés de leur suzerain. Ce césaro-papisme où le
pape s’attribuait un pouvoir temporel au-dessus du <i style="mso-bidi-font-style: normal;">potestas</i> des princes européens marqua pour toujours la suite de
l’histoire de l’Église. Les papes qui, s’identifiant à la cause de Dieu, ne
pouvaient même concevoir qu’une quelconque puissance terrestre puisse les
dominer. Huit cents ans plus tard, le pape <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjX2On4-e3QkST5eeUlIAg8H86cCxDCqDV3wvRLpH7OT2Tkte0foiU8NeAS1We-yBKNIizY22PMuZCi8270tTMZ3qZT2tm11QWHjvL3LAzH-k9zSOzOMUTfvZm2Uy8shvkGpMX2kXZcUeA/h120/pape_pie_ix.jpg">Pie IX</a>, en guerre contre la
modernité, dépossédé par l’État italien de ses territoires sur lesquels il
exerçait depuis Charlemagne une autorité temporelle, se braqua dans le dogme
de l’infaillibilité pontificale, lointain avatar du <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Dictatus Papæ</i>.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Voté au concile Vatican I en 1870, le dogme de l’infaillibilité du
pape signifie que le Pontife romain est <i style="mso-bidi-font-style: normal;">infaillible
toutes les fois et seulement lorsque sont réalisées cumulativement les trois
conditions<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>ou «rquisiti» établies par
le Concile : </i>par rapport au <i style="mso-bidi-font-style: normal;">sujet
</i>– à l’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">objet </i>– et au <i style="mso-bidi-font-style: normal;">mode d’enseignement</i>. À savoir <i style="mso-bidi-font-style: normal;">:</i></span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">1) Qu’il parle comme chef </i>(tête)<i style="mso-bidi-font-style: normal;"> de l’Église universelle, </i>car son
infaillibilité est <i style="mso-bidi-font-style: normal;">personnelle, </i>en ce
sens qu’elle appartient <i style="mso-bidi-font-style: normal;">à tous </i>et <i style="mso-bidi-font-style: normal;">à chacun des pontifes romains, </i>aucun
d’entre eux n’étant exclu – <i style="mso-bidi-font-style: normal;">distincte de
l’impeccabilité et de la sainteté </i>– appartenant en propre au pape, mais <i style="mso-bidi-font-style: normal;">seulement en tant que pape, </i>comme <i style="mso-bidi-font-style: normal;">personne publique, dans l’accomplissement de
son office de magistère dans l’Église universelle, en vertu de son office
propre de pasteur et docteur de tous les chrétiens </i>– donc <i style="mso-bidi-font-style: normal;">incommunicable.</i></span></div>
</blockquote>
<div style="text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhUyzt30fU4LikkCE_IUhy6HPM9aXL2os7A-xSBFWvr86F_IVEKm-OCyMDeNuxo1BlV-Feiiq_1eCpUOuEaXVj2aoYjr_np7ZgzOG6vPfMo4YGwP8lSWXJpTXT-O-m8xyM6vCUCUa19z_o/s1600/vatican-assemblee-1870-119120_2.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhUyzt30fU4LikkCE_IUhy6HPM9aXL2os7A-xSBFWvr86F_IVEKm-OCyMDeNuxo1BlV-Feiiq_1eCpUOuEaXVj2aoYjr_np7ZgzOG6vPfMo4YGwP8lSWXJpTXT-O-m8xyM6vCUCUa19z_o/s1600/vatican-assemblee-1870-119120_2.jpg" height="272" width="400" /></a></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">2) </span></i><span lang="FR-CA">Que son enseignement <i style="mso-bidi-font-style: normal;">porte sur
une doctrine relative à la foi et aux mœurs. </i>Cette formule, dans le langage
théologique, est consacrée par l’usage qu’en a fait le Concile de Trente et
qu’a repris le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhUyzt30fU4LikkCE_IUhy6HPM9aXL2os7A-xSBFWvr86F_IVEKm-OCyMDeNuxo1BlV-Feiiq_1eCpUOuEaXVj2aoYjr_np7ZgzOG6vPfMo4YGwP8lSWXJpTXT-O-m8xyM6vCUCUa19z_o/h120/vatican-assemblee-1870-119120_2.jpg">Concile du Vatican</a>. Elle indique toute la doctrine chrétienne
spéculative et pratique, c’est-à-dire la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">croyance
</i>et l’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">action humaines, </i>selon les
exigences de la révélation divine. En d’autres termes, l’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">objet </i>de l’infaillibilité pontificale, ce sont <i style="mso-bidi-font-style: normal;">toutes les vérités en quelque manière révélées </i>et elles seules. Au
pape appartient en propre le titre de “gardien et maître de la parole révélée”
dans le même sens que cette expression est attribuée à l’Église.</span></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">3)</span></i><span lang="FR-CA"> Que, dans son enseignement sur lesdites matières (foi et mœurs) <i style="mso-bidi-font-style: normal;">le pape entende prononcer un jugement
définitif. </i>Il faut qu’il emploie une forme d’où ressorte manifestement son
intention de porter une sentence définitive sur telle doctrine, la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">proposant comme à retenir par l’Église
universelle. </i>“Le terme propre s’appelle <i style="mso-bidi-font-style: normal;">définir :
</i>‘definit’ qui a pour corrélative la formule <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ex cathedra. </i>Donc le pape est infaillible <i style="mso-bidi-font-style: normal;">quand </i>il parle <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ex cathdra, </i>quand
il “définit”.</span></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Ces trois conditions sur
lesquelles le Concile a particulièrement insisté pour… dissiper toute crainte
que le Concile ne veuille attribuer au pape la toute-puissance qui n’appartient
qu’à Dieu; les effets de l’infaillibilité ne forment qu’une seule chose, de
sorte que non seulement s’il en manque une, manquent aussi les deux autres,
mais encore qu’aucune de ces conditions ne peut être réalisée sens plein sans
les autres</span></i><span lang="FR-CA">» (P. Fernessole. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Pie IX, t. 2 : 1855-1878, </i>Paris, Lethielleux, 1963, pp.
299-300).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjEh47DLLmBFwWHUIn2wo1Zb6nDSfY8YI3HomMlkyPxjzTO9Kqn4giH8VxVj27Qtx1plGe3hGGy9YqeuyDopkNBSxgZODZ-ZZd7Yp2vdCFpKltKPv05gwNW1mny5rcgG4gi7g53nQlRAzo/s1600/Proclamation-Assomption-01.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjEh47DLLmBFwWHUIn2wo1Zb6nDSfY8YI3HomMlkyPxjzTO9Kqn4giH8VxVj27Qtx1plGe3hGGy9YqeuyDopkNBSxgZODZ-ZZd7Yp2vdCFpKltKPv05gwNW1mny5rcgG4gi7g53nQlRAzo/s1600/Proclamation-Assomption-01.jpg" height="190" width="400" /></a></div>
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br />
<span lang="FR-CA">Non seulement le dogme de l’Infaillibilité du pape refuse
d’identifier la toute puissance divine avec l’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">auctoritas </i>du Souverain Pontife, mais en plus il limite les cadres
dans lesquels cette parole est désormais encadrée. Pour tous les chrétiens de
la fin du XIXe siècle où la liberté de pensée était devenue valeur courante, la
crainte d’un abus d’autorité d’un pape réactionnaire était bien réelle. De
fait, la seule fois où un pape s’est prononcé par voie d’infaillibilité depuis
1870, c’est Pie XII lorsqu’en 1950, il promu le dogme de l’<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjEh47DLLmBFwWHUIn2wo1Zb6nDSfY8YI3HomMlkyPxjzTO9Kqn4giH8VxVj27Qtx1plGe3hGGy9YqeuyDopkNBSxgZODZ-ZZd7Yp2vdCFpKltKPv05gwNW1mny5rcgG4gi7g53nQlRAzo/h120/Proclamation-Assomption-01.jpg">Assomption</a> de la
Vierge Marie, et ce, après consultation des évêques du monde entier. Jamais le
pape ne s’est prononcé de manière infaillible sur les questions morales comme
l’autorise la proclamation de Vatican I.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Le sixième degré d’orgueil répertorié par saint Bernard est l’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">arrogance : </i>«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Il croit ce qu’il entend dire; il loue tout ce qu’il fait, et ne sonde
guère ses intentions, ou plutôt il les oublie, pour suivre l’opinion</i>».
Bref, l’orgueilleux cherche l’approbation en se montrant arrogant, voire détestable.
Ce qui serait assez conforme au portrait qu’a laissé de lui saint Bernard! Tant d’omniscience et d’omnipotence ne pouvait conduire l’Église
qu’à faire l’étalage de son orgueil, ce qui la faisait avancer un degré de plus dans son
évolution psychologique. À l’instar des empires passés, elle suscita des goûts
pharaoniques en matière d’arts plastiques. L’art paléochrétien est encore
modeste, convertissant la beauté païenne en beauté chrétienne, </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgMBxs8ID1gNfDU91oS0chYv3Wd5w2DIYq8KLmyiFQ0CAqPCJJul2D5d9JgbafJAd-fjUtcyon3nnHo9nTdtFhXo2D3br6jrJ9xzoYhKugu48nQ5UE4lb1oI4d8DsZSQRwRuTt3NIDxBOM/s1600/cluny.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgMBxs8ID1gNfDU91oS0chYv3Wd5w2DIYq8KLmyiFQ0CAqPCJJul2D5d9JgbafJAd-fjUtcyon3nnHo9nTdtFhXo2D3br6jrJ9xzoYhKugu48nQ5UE4lb1oI4d8DsZSQRwRuTt3NIDxBOM/s1600/cluny.jpg" height="277" width="400" /></a>aussi bien avec
le Cantique des Cantiques que les temples romains. Mais avec l’effondre-</span><br />
<span lang="FR-CA">ment de l’Empire,
à l’ouest, et les longs siècles de barbaries où l’institution apprit à survivre,
voire à s’allier avec des rois guerriers puis le nouvel empereur d’Occident, la
quantité de ses possessions terriennes, en particulier des abbayes où ne
travaillaient pas que des moines mais aussi des serfs, fit converger vers Rome des richesses importantes. Une multinationale comme
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgMBxs8ID1gNfDU91oS0chYv3Wd5w2DIYq8KLmyiFQ0CAqPCJJul2D5d9JgbafJAd-fjUtcyon3nnHo9nTdtFhXo2D3br6jrJ9xzoYhKugu48nQ5UE4lb1oI4d8DsZSQRwRuTt3NIDxBOM/h120/cluny.jpg">Cluny</a>, qui érigeait des abbayes d’obédiences dans toute l’Europe, pouvait se
permettre des constructions capables de rassembler des milliers d’individus à
l’intérieur et autour. Mais le clergé régulier étant tenu à l’austérité et au
dépouillement.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgZG8rXE7bqrlXgSLWY-YihpKcDikD_W9pHKPfCtb6iBeD5pw7g116NIcV9vfjfs1nzxxA1PWNbU0agSjGxZEzvwsEfhwRthuBuQZP-UTj-UylIUMKH8Pj-uKqrmC91elMrMZmUENqjOPs/s1600/220px-Saint_Denis_F%C3%A9lix_Benoist_1844_1845.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgZG8rXE7bqrlXgSLWY-YihpKcDikD_W9pHKPfCtb6iBeD5pw7g116NIcV9vfjfs1nzxxA1PWNbU0agSjGxZEzvwsEfhwRthuBuQZP-UTj-UylIUMKH8Pj-uKqrmC91elMrMZmUENqjOPs/s1600/220px-Saint_Denis_F%C3%A9lix_Benoist_1844_1845.jpg" height="400" width="262" /></a>C’est par l’architecture d’abord que cet orgueil se manifesta dans
le monde occidental. La cathédrale, rappelle Georges Duby, est l’église de
l’évêque ou de l’archevêque; c’est aussi l’église de la Cité. Dans un esprit
anthropologique, il est donc normal que l’église magnifie la cité autant que la
gloire du Christ. En 1130, rappelle notre historien, la plus royale des églises
n’était pas une cathédrale mais un monastère. Après les siècles de
dépouillement bénédictin du temps de Cluny, un nouvel esprit profita de la
stabilisation de l’Europe pour interpréter l’art en fonction de la vanité de
l’Église et des rois qui gravitaient autour. Le monastère en question est
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgZG8rXE7bqrlXgSLWY-YihpKcDikD_W9pHKPfCtb6iBeD5pw7g116NIcV9vfjfs1nzxxA1PWNbU0agSjGxZEzvwsEfhwRthuBuQZP-UTj-UylIUMKH8Pj-uKqrmC91elMrMZmUENqjOPs/h120/220px-Saint_Denis_F%C3%A9lix_Benoist_1844_1845.jpg">Saint-Denis-en-France</a> et son abbé, Suger, va lancer le manifeste du nouvel art
chrétien d’Occident :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Il est né de la volonté d’un
homme, Suger. Ce moine qui n’était pas de haute noblesse, était l’ami d’enfance
du roi. Cette amitié le poussa jusqu’au sommet de l’autorité politique. Abbé,
il percevait mieux que personne les valeurs symboliques du monastère dont il
avait pris la conduite. Il voyait sa charge comme un honneur, et le plus haut –
par conséquent vouée au faste. Bénédictin, sa conception de la vocation
monastique n’était pas de pauvreté ni de refus absolu du monde : <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjahvdjzjIWgthfK6CZQm6IwG40tmJVl_964lIsc9nBTEBsTO2V0L9IUsd5IzNHvG029Tz8qpWoS00fNqfL3VuxWTe_RzzsA_yun4TmrRe0oDWyaO8gIApzUCZU7JKOamKWfuamuQZy0DA/h120/images.jpg">Suger</a> se
tenait dans la voie clunisienne. Établie au faîte des hiérarchies terrestres,
l’abbaye, pour lui comme pour Hugues de Cluny, devait faire </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjahvdjzjIWgthfK6CZQm6IwG40tmJVl_964lIsc9nBTEBsTO2V0L9IUsd5IzNHvG029Tz8qpWoS00fNqfL3VuxWTe_RzzsA_yun4TmrRe0oDWyaO8gIApzUCZU7JKOamKWfuamuQZy0DA/s1600/images.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjahvdjzjIWgthfK6CZQm6IwG40tmJVl_964lIsc9nBTEBsTO2V0L9IUsd5IzNHvG029Tz8qpWoS00fNqfL3VuxWTe_RzzsA_yun4TmrRe0oDWyaO8gIApzUCZU7JKOamKWfuamuQZy0DA/s1600/images.jpg" height="400" width="203" /></a>rayonner les
splendeurs pour la plus grande gloire de Dieu. “Que chacun suive sa propre
opinion. Pour moi je déclare que ce qui m’a paru surtout juste, c’est que tout
ce qu’il y a de plus précieux doit servir par-dessus tout à la célébration de
la Sainte Eucharistie. Si les coupes d’or, si les fioles d’or, si les petits
mortiers d’or servaient selon la parole de Dieu et l’ordre du Prophète à
recueillir le sang des boucs, des veaux et d’une génisse rouge, combien
davantage, pour recevoir le sang de Jésus-Christ, doit-on disposer les vases
d’or, les pierres précieuses et tout ce que l’on tient pour précieux dans la
création. Ceux qui nous critiquent objectant qu’en cette célébration doivent
suffire une âme sainte, un esprit pur, une intention fidèle, et certes, nous
l’admettons, c’est cela vraiment qui importe avant tout. Mais nous affirmons
aussi que l’on doit servir par les ornements extérieurs des vases sacrés, et
plus qu’en toute autre chose dans le service du saint sacrifice, en toute
pureté intérieure, en toute noblesse extérieure”. Soucieux de cette noblesse
extérieure, Suger consacra les richesses de son monastère à composer un cadre
splendide pour le déroulement des liturgies. Entre 1135 et 1144, contre les
tenants de la pauvreté totale qui l’attaquaient, il entreprit de reconstruire
l’église abbatiale et de l’orner, travaillant pour l’honneur de Dieu, pour
celui de saint Denis, mais aussi pour l’honneur des rois de France, les morts
ses hôtes, le vivant son ami et son bienfaiteur</i>» (G. Duby. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le Temps des cathédrales, </i>Paris,
Gallimard, Col. Bibliothèque des histoires, 1976, p. 122).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Suger n’était pas le seul à penser ainsi. L’art féodal, dont le
château et la cathédrale sont les deux axes de la représentation des deux
glaives, devait participer à l’instauration d’un nouvel ordre social enfin
stabilisé :</span><br />
<blockquote class="tr_bq">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Tout se passe comme si
les seigneurs, ne pouvant plus se référer à l’ordre social ancien et aux
anciennes valeurs qui lui étaient liées, étant encore mal assurés sinon
toujours de leur pouvoir du moins de son bien-fondé, avaient ressenti une
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg205svSC0Ieqs57XlMB1WI4U4AAiB91c0BdQs2DWvaIjFHtJrAdj8Q4IFHBKZ4RWqzH3XzqqB620ZB0iTuLccC4w9kHPKI29-eITDTI1a-TEqCw0JCPw6YWTjGPdf0ZMR9VZYMHYIz-W0/h120/EGLISE_ROMANE_DE_SAINT-ROBERT_3.jpg">inquiétude</a>, inquiétude sociale, inquiétude pour l’avenir sur terre ou dans le
ciel, et cherchaient en favorisant les églises à en faire un outil idéologique
à leur service, susceptible de justifier leur domination tant aux yeux du
peuple qu’aux leurs mêmes. Par la suite, au cours des XIe et XIIe siècles,
quand le système féodal se sera consolidé et aura élaboré ses valeurs et sa
morale propres, les générosités des seigneurs envers l’Église se raréfieront
laissant la place à des regrets et même à de l’animosité comme en témoigne
cette menace proférée par un grand seigneur à l’encontre des gens d’Église dans
la chanson de Garin le Lorain.</i></span></blockquote>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg205svSC0Ieqs57XlMB1WI4U4AAiB91c0BdQs2DWvaIjFHtJrAdj8Q4IFHBKZ4RWqzH3XzqqB620ZB0iTuLccC4w9kHPKI29-eITDTI1a-TEqCw0JCPw6YWTjGPdf0ZMR9VZYMHYIz-W0/s1600/EGLISE_ROMANE_DE_SAINT-ROBERT_3.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg205svSC0Ieqs57XlMB1WI4U4AAiB91c0BdQs2DWvaIjFHtJrAdj8Q4IFHBKZ4RWqzH3XzqqB620ZB0iTuLccC4w9kHPKI29-eITDTI1a-TEqCw0JCPw6YWTjGPdf0ZMR9VZYMHYIz-W0/s1600/EGLISE_ROMANE_DE_SAINT-ROBERT_3.jpg" height="265" width="400" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Église romane de Saint-Robert (Auvergne)</td></tr>
</tbody></table>
</div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">“En Gaule sont vingt mille
chevaliers dont les clercs ont les fours et les moulins : qu’ils y
pensent ou par le Seigneur Dieu, les choses prendront un autre tout”.</span></i></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">On retrouve un phénomène
analogue à la fin du XIIe siècle quand les premiers bourgeois enrichis, mal
assurés de leur nouveau pouvoir et soucieux de se justifier sur le plan
idéologique, vont multiplier à leur tour les dons aux églises</span></i><span lang="FR-CA">» (A. Scobeltzine. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’art
féodal et son enjeu social, </i>Paris, Gallimard, Col. Tel, # 134, 1973, pp. 193-194).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">On aura compris que le premier ordre architectural – l’art roman –
équivalait à l’inquiétude des nouveaux seigneurs féodaux, tandis que le second
– l’art gothique – répondait aux inquiétudes de la bourgeoisie qui devait finir
par mettre fin au millénaire médiéval. «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Les
nouvelles cathédrales naquirent dans une société dont l’idéal de sainteté
demeurait, pour quelque temps encore, monastiques</i>» (G. Duby. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Op. cit. </i>p. </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjCkeIloyzauxxiYvAKiNWrCkB5Fxm0Q6MZH4F0CeUNyRRC3iZr9y1EhC4crgcqq8JGmzMt5x_ci2IetAxZ80gssaprPS9ELXrF5MjwFNvNZG9283xw5X-shdKpUwlVM7_8BNDS2Sqkm8k/s1600/MEZQUITA_CATEDRAL_EXTERIOR_06.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjCkeIloyzauxxiYvAKiNWrCkB5Fxm0Q6MZH4F0CeUNyRRC3iZr9y1EhC4crgcqq8JGmzMt5x_ci2IetAxZ80gssaprPS9ELXrF5MjwFNvNZG9283xw5X-shdKpUwlVM7_8BNDS2Sqkm8k/s1600/MEZQUITA_CATEDRAL_EXTERIOR_06.jpg" height="300" width="400" /></a>144). Les croisades
entraînè-</span><br />
<span lang="FR-CA">rent des contacts non seulement militaires, mais également d’ordre
intellec-</span><br />
<span lang="FR-CA">tuel avec la civili-</span><br />
<span lang="FR-CA">sation syrienne musulmane. Les mathématiques, que les Arabes avaient importées de leur
conquête du monde indien, bouleversaient non seulement les armes de jets, mais
aussi les splendides constructions architecturales qu’on retrouvait du royaume de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjCkeIloyzauxxiYvAKiNWrCkB5Fxm0Q6MZH4F0CeUNyRRC3iZr9y1EhC4crgcqq8JGmzMt5x_ci2IetAxZ80gssaprPS9ELXrF5MjwFNvNZG9283xw5X-shdKpUwlVM7_8BNDS2Sqkm8k/h120/MEZQUITA_CATEDRAL_EXTERIOR_06.jpg">Grenade</a> jusqu’à Jérusalem. Dans une Europe enrichie par l’activité
méditerranéenne, le style roman ne pouvait satisfaire la nouvelle noblesse
tributaire des joyaux de Constantinople, à défaut d’avoir pu s’établir
durablement sur Jérusalem.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjCB_OD58hDdMJSmvKjtbU5eAcvabs6sdU9UBVFFzh5GCTtMk3MdnAX4r-CfoNuhOi5iJROg67Z02I68uGZNFHiqOFShiFZUkKdzbecKSKpYeBQzFt4s8BQ7dSXJ_-ZPm7K_SwXvLdjFxM/s1600/people_13_Innocent_III.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjCB_OD58hDdMJSmvKjtbU5eAcvabs6sdU9UBVFFzh5GCTtMk3MdnAX4r-CfoNuhOi5iJROg67Z02I68uGZNFHiqOFShiFZUkKdzbecKSKpYeBQzFt4s8BQ7dSXJ_-ZPm7K_SwXvLdjFxM/s1600/people_13_Innocent_III.jpg" height="400" width="266" /></a>C’est le pape <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjCB_OD58hDdMJSmvKjtbU5eAcvabs6sdU9UBVFFzh5GCTtMk3MdnAX4r-CfoNuhOi5iJROg67Z02I68uGZNFHiqOFShiFZUkKdzbecKSKpYeBQzFt4s8BQ7dSXJ_-ZPm7K_SwXvLdjFxM/h120/people_13_Innocent_III.jpg">Innocent III</a> (r. 1198-1216), sous le règne duquel le
césaro-papisme inauguré par Grégoire VII atteignit son apogée, qui allait donner
l’impulsion pour le siècle à venir de la nécessité de l’art religieux
ostentatoire. De là naîtra l’ordre gothique : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le système de pensée gothique…, a dû être largement soutenu et impulsé
par une bonne partie du clergé séculier, qui y a trouvé les principes d’ordre
et les modèles grâce auxquels il a pu élargir son pouvoir au milieu des
conflits qui parcouraient le monde féodal, et notamment, reprendre, à partir de
la deuxième partie du XIIe siècle, le rôle de leader idéologique qui lui avait
été ravi par les monastères bénédictins à l’époque précédente</i>» (A.
Scobeltzine. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Op. cit. </i>p. 300).</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">tour de force </i>accompli
par l’art gothique illustre l’omnipotence même du chrétien sur la nature. Ses
architectes défient les grandeurs naturelles : </span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">En l’espace de trois siècles,
de 1050 à 1350, la France a extrait plusieurs millions de tonnes de pierres
pour édifier 80 cathédrales, 500 grandes églises et quelques dizaines de
milliers d’églises paroissiales. La France a charrié plus de pierres en ces
trois siècles que l’ancienne Égypte en n’importe quelle période de son histoire
– bien que la Grande Pyramide, à elle seule, ait un volume de 2 500 000 m³.</i></span></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Les fondations des grandes
cathédrales s’enfoncent jusqu’à 10 mètres de profondeur – c’est le niveau moyen
d’une station de métro parisien – et forment dans certains cas une masse de
pierre aussi considérable que celle de la partie visible au-dessus du sol.</span></i></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Il y avait au Moyen-Âge une
église pour 200 habitants environ; la surface couverte par les édifices du
culte était donc considérable par rapport aux dimensions modestes des villes;
nous savons que dans les villes de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjwYW6J6-oyZdZK1r42uCDm1wI-dR9bOs1dl_ePf1wzQlYj6uYIKQ39mBJ_IdARb0qChjzYHBlHMZ_mJlRQ3oiNBYSB54us_ZLqtWfBmaKYvxiS6oQZMVYjpGCGRwwsjCteLv6RiLaZ6iU/h120/Nave-Jul07-DP0120sAAR900.jpg">Norwich</a>, Lincoln et York, cités de 5 000 à
10 000 habitants, il y avait respectivement 50, 49 et 41 églises. De graves
problèmes se sont toujours posés aux ambitieux qui voulaient reconstruire leur
église sur une superficie plus vaste : il fallait souvent démolir une ou
deux églises voisines et construire des logements modernes pour les habitants
expropriés.</span></i></div>
</blockquote>
<div style="text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjwYW6J6-oyZdZK1r42uCDm1wI-dR9bOs1dl_ePf1wzQlYj6uYIKQ39mBJ_IdARb0qChjzYHBlHMZ_mJlRQ3oiNBYSB54us_ZLqtWfBmaKYvxiS6oQZMVYjpGCGRwwsjCteLv6RiLaZ6iU/s1600/Nave-Jul07-DP0120sAAR900.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjwYW6J6-oyZdZK1r42uCDm1wI-dR9bOs1dl_ePf1wzQlYj6uYIKQ39mBJ_IdARb0qChjzYHBlHMZ_mJlRQ3oiNBYSB54us_ZLqtWfBmaKYvxiS6oQZMVYjpGCGRwwsjCteLv6RiLaZ6iU/s1600/Nave-Jul07-DP0120sAAR900.jpg" height="308" width="400" /></a> </div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">La surface de la cathédrale
d’Amiens, qui couvrait 7 700 m², permettait à toute la population, soit environ
10 000 habitants, d’assister à la même cérémonie. Pour faire une comparaison à
l’échelle de notre temps, il faut imaginer qu’aujourd’hui, dans une ville d’un
million d’habitants, on élève, au cœur de la cité, un stade assez vaste pour
accueillir un million de personnes. Or le plus grand stade du monde n’a que 180
000 places.</span></i></div>
</blockquote>
<div style="text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjrbms3MVJl_5qxiCdrFgris81XadxyU2Gz-TNG3PJs7qNNOJEqclcH0qpkxu00XlqapKdKxNvgPIVdnWBQ_enqXXBjlbybW8UhDpdLq6AwTHqGd_PmKBi9_tqIDBcCBoLToPIZMEmtSj4/s1600/Strasbourg-Cathedrale.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjrbms3MVJl_5qxiCdrFgris81XadxyU2Gz-TNG3PJs7qNNOJEqclcH0qpkxu00XlqapKdKxNvgPIVdnWBQ_enqXXBjlbybW8UhDpdLq6AwTHqGd_PmKBi9_tqIDBcCBoLToPIZMEmtSj4/s1600/Strasbourg-Cathedrale.jpg" height="301" width="400" /></a></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">La hauteur des nefs, des
tours et des flèches nous étonne. Dans le chœur de la cathédrale de Beauvais,
un architecte pourrait élever un immeuble de 14 étages avant d’atteindre la
voûte, à 48 mètres du sol. Pour égaler les hommes de Chartres qui, au XIIe
siècle, lancèrent la flèche de leur cathédrale à 105 mètres, l’actuelle
municipalité devrait édifier un gratte-ciel de 30 étages; et pour égaler les
Strasbourgeois qui lancèrent leur <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjrbms3MVJl_5qxiCdrFgris81XadxyU2Gz-TNG3PJs7qNNOJEqclcH0qpkxu00XlqapKdKxNvgPIVdnWBQ_enqXXBjlbybW8UhDpdLq6AwTHqGd_PmKBi9_tqIDBcCBoLToPIZMEmtSj4/h120/Strasbourg-Cathedrale.jpg">flèche</a> à 142 mètres, il faudrait construire
un gratte-ciel de 40 étages</span></i><span lang="FR-CA">» (J. Gimpel. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Les bâtisseurs de cathédrales, </i>Paris,
Seuil, Col. Le temps qui court, # 11, 1958, pp. 3-4).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">De plus, contrairement aux églises romanes, les églises gothiques
seront puissamment ornementées. Les </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiCyu-wbAdSnqt4TT7fOMqPeTwNaRzCnsv5EfsIdarxV7TtN-VRsKl84F8zAwcEo3taPjoNYlSmuGAbT1V0enmApD5tuPLvPQYJl6zXS-n8Ilp8884HIi37MWhaBsNR0EWTwUgo-0RsvHc/s1600/duomo.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiCyu-wbAdSnqt4TT7fOMqPeTwNaRzCnsv5EfsIdarxV7TtN-VRsKl84F8zAwcEo3taPjoNYlSmuGAbT1V0enmApD5tuPLvPQYJl6zXS-n8Ilp8884HIi37MWhaBsNR0EWTwUgo-0RsvHc/s1600/duomo.jpg" height="280" width="400" /></a>façades seront sculptées; le mobilier orné
et doré; les vitraux mettront en valeur la puissance de la lumière par des jeux
figuratifs de couleurs chatoyantes. À l’art massif du roman succédera l’art
aérien du <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiCyu-wbAdSnqt4TT7fOMqPeTwNaRzCnsv5EfsIdarxV7TtN-VRsKl84F8zAwcEo3taPjoNYlSmuGAbT1V0enmApD5tuPLvPQYJl6zXS-n8Ilp8884HIi37MWhaBsNR0EWTwUgo-0RsvHc/h120/duomo.jpg">gothique</a>; au pilier, la colonne; à la pesanteur, la légèreté de la
grâce : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">La domination de la masse
pesante par une activité maîtresse d’elle-même qui s’élève paisiblement dans
les airs, la domination de la matière par une expression immatérielle de
mouvement, voilà le but rêvé par l’art médiéval de la voûte et atteint par le
gothique de la maturité</i>» </span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg45qfyhK4LZTySmWLZOwjg1adbj7L7Xhbnj48hwyBtADKnfDJqRA0HzU7RUXMxNEwlNXzIBpnJxEgaXT5JBnOi4_lDNp_rxbYOHkWMIURYgSAi5O600shmCTh5g1cqg4Go3CkjDgY4raQ/s1600/20314.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg45qfyhK4LZTySmWLZOwjg1adbj7L7Xhbnj48hwyBtADKnfDJqRA0HzU7RUXMxNEwlNXzIBpnJxEgaXT5JBnOi4_lDNp_rxbYOHkWMIURYgSAi5O600shmCTh5g1cqg4Go3CkjDgY4raQ/s1600/20314.jpg" height="265" width="400" /></a></span>(W. Worringer. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’art
gothique, </i>Paris, Gallimard, Col. Idées/</span><br />
<span lang="FR-CA">Arts, # 13, 1967, p. 185). Les
églises de la Renais-</span><br />
<span lang="FR-CA">sance et de l’âge <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg45qfyhK4LZTySmWLZOwjg1adbj7L7Xhbnj48hwyBtADKnfDJqRA0HzU7RUXMxNEwlNXzIBpnJxEgaXT5JBnOi4_lDNp_rxbYOHkWMIURYgSAi5O600shmCTh5g1cqg4Go3CkjDgY4raQ/h120/20314.jpg">baroque</a> verront se développer le
raffinement, mais aussi la sensualité que la peinture peut apporter en sus à
l’élévation mystique. L’âge baroque sera l’âge de l’ornementation la plus
exquise mais aussi la plus maniérée. Avec la Révolution industrielle et la
réaction anti-moderniste romaine, la vérité des intentions profondes de
l’orgueil clérical se révélera au grand jour. À des églises construites sur des
matériaux nouveaux comme l’acier, s’ajouteront des fausses colonnes, des voûtes
strictement ornementales, des tableaux kitsch. Mais toujours en essayant
d’imiter le grandiose gothique et cela dans des régions quasi désertes.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Prenons les majestueuses églises canadiennes, souvent construites au
milieu de plaines à peine peuplées. C’est la basilique <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhifTD6RIDlyx4p8NH8LyJBdMMHnk0ermNypunxAB4TbOOqXpKVi77Xnx32jSiUv2M-HzOdHAp-69lcCzECaoZwcbTnoiPWxYqJYUJc08TEZaQgp4Vy4UZeL_LDB-J_52kKBdAkeKf-1xM/h120/photo_basilique1g.jpg">Notre-Dame de Montréal</a>
dont la structure d’acier est camouflée par la pierre grise de Montréal. Conçue
par l’architecte irlandais James O’Donnell de New York, elle fut construite
entre 1824 et </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhifTD6RIDlyx4p8NH8LyJBdMMHnk0ermNypunxAB4TbOOqXpKVi77Xnx32jSiUv2M-HzOdHAp-69lcCzECaoZwcbTnoiPWxYqJYUJc08TEZaQgp4Vy4UZeL_LDB-J_52kKBdAkeKf-1xM/s1600/photo_basilique1g.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhifTD6RIDlyx4p8NH8LyJBdMMHnk0ermNypunxAB4TbOOqXpKVi77Xnx32jSiUv2M-HzOdHAp-69lcCzECaoZwcbTnoiPWxYqJYUJc08TEZaQgp4Vy4UZeL_LDB-J_52kKBdAkeKf-1xM/s1600/photo_basilique1g.jpg" height="400" width="341" /></a>1829, date de l’inauguration officielle. Entre 1841 et 1843,
l’architecte John Ostell ajouta les deux tours latérales dont la hauteur est de
69 m. La tour de l’ouest, nommée <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Persévérance
</i>abrite le gros bourdon, pesant 10 900 kg, tandis que la tour de l’est, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Tempérence, </i>abrite un carillon de 10
cloches. En 1831, la population de Montréal s’élevait à 27, 297 habitants. Dix
ans plus tard, au moment de l’érection des deux tours, à 40,356. Ce style
néo-gothique se répandra dans les villages des alentours, ainsi à Varennes, la
basilique Sainte-Anne construite entre 1884 et 1887, et même dans l’Ouest
canadien, avec la cathédrale de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEht1zDm46lc47ay7dXJ0ej3JNfKb4VrAzF3Z23JkJ8zvT3Qv2dbd874HfAQW7XJuvOANJvQga65mCK_ISRlZNCcgGEzF7mwa52_P9FWmZzUKqZkcF15f3zRf-Y2J1o2_0K_hxWiH1DutwU/h120/CUSB_13.jpg">Saint-Boniface du Manitoba</a>. La mégalomanie de
l’évêque Bourget de Montréal atteint la limite du kitsch décadent lorsqu’il se
commande une nouvelle cathédrale, </span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEht1zDm46lc47ay7dXJ0ej3JNfKb4VrAzF3Z23JkJ8zvT3Qv2dbd874HfAQW7XJuvOANJvQga65mCK_ISRlZNCcgGEzF7mwa52_P9FWmZzUKqZkcF15f3zRf-Y2J1o2_0K_hxWiH1DutwU/s1600/CUSB_13.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEht1zDm46lc47ay7dXJ0ej3JNfKb4VrAzF3Z23JkJ8zvT3Qv2dbd874HfAQW7XJuvOANJvQga65mCK_ISRlZNCcgGEzF7mwa52_P9FWmZzUKqZkcF15f3zRf-Y2J1o2_0K_hxWiH1DutwU/s1600/CUSB_13.jpg" height="188" width="400" /></a></span></span>Marie-Reine </span><span lang="FR-CA">du Monde, modèle réduit de
Saint-Pierre de Rome, érigée entre 1875 et 1894. En 1891, la population de
Montréal était de 176,263 habitants. La disproportion entre la population et le
gigantisme des cathédrales jouait d’un effet de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">contrapoposto</i> dont </span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"></span>le but était d’amplifier la grandeur de l’Église
par rapport à la modestie du petit peuple. L’adaptation à la culture québécoise
(qui font substituer les 12 apôtres de Saint-Pierre par les 13 saints patrons
des paroisses de Montréal) donne un reflet particulier, plus un mirage
d’originalité qu’une véritable portée créatrice sur l’œuvre imitée, mais jamais
émulée.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Le septième degré de l’orgueil est la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">présomption. </i>Plus que de prendre la première place dans les
assemblées et de répondre lorsqu’on ne l’a pas interrogé, le présomptueux
exhibe son omniscience. De même, l'Église, en matière de connaissance et de raison, a fait preuve – et continue de faire preuve – d’une présomption impudente.
Éduquée dans la loi naturelle de la philosophie antique, l’Église des premiers
siècles </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhc21YVlvHD5sjJD9FpdyFaMZfmHRpZhwZwkm3vebnSdIdxSdqkBc7K2_eK-PxaW1byxqGtKeC7vJN8rXmrkvjO2RRFRNnZCkqtjyCl_VqccMILcgh-AI5ozVgC41rnOt-m7lQtSrJ-Xaw/s1600/la_dissection_j_de_ketham_1493.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhc21YVlvHD5sjJD9FpdyFaMZfmHRpZhwZwkm3vebnSdIdxSdqkBc7K2_eK-PxaW1byxqGtKeC7vJN8rXmrkvjO2RRFRNnZCkqtjyCl_VqccMILcgh-AI5ozVgC41rnOt-m7lQtSrJ-Xaw/s1600/la_dissection_j_de_ketham_1493.jpg" height="400" width="261" /></a>a assimilé cette loi naturelle à la création divine. Ce n’est qu’au
XIIIe siècle, après saint Thomas d’Aquin, que l’Église s’ouvrit aux
connaissances encyclopédiques d’un Aristote par exemple, de même qu’à la
médecine de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhc21YVlvHD5sjJD9FpdyFaMZfmHRpZhwZwkm3vebnSdIdxSdqkBc7K2_eK-PxaW1byxqGtKeC7vJN8rXmrkvjO2RRFRNnZCkqtjyCl_VqccMILcgh-AI5ozVgC41rnOt-m7lQtSrJ-Xaw/h120/la_dissection_j_de_ketham_1493.jpg">Galien</a> ou à l’astro-géographie de Ptolémée. En conséquence, cette
science antique apportait la connaissance objective de la création. Tant que les
connaissances relevaient davantage de la spéculation plutôt que d’une méthode
empirique, il suffisait d’expliquer tous phénomènes naturels par son rapport à
ce qu’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Aristote dixit. </i>Tout le reste
tombait dans la contre-nature ou dans le mystère divin (l’Incarnation dans le corps d'une
vierge en est le meilleur exemple). Lorsque l’esprit critique commença à se
manifester, à la fin du Moyen Âge, la réaction cléricale se développa,
considérant les découvertes scientifiques qui contredisaient la loi naturelle
comme potentiellement porteuses d’hérésies propres à menacer l’intégrité du
dogme.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">On connaît les grands procès religieux de l’Église contre les
découvertes scientifiques majeures : Copernic, Galilée, Darwin, Freud…
Règle générale, l’Église regarde la science d’un œil satisfaisant, tant que ne
s’y mêlent pas des discours qui frôlent l’hérésie (Bruno), le schisme (Colet)
ou l’athéisme (Servet). Il faut aussi situer ces éclats de colère dans les
contextes difficiles par lesquels </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgZKvr5bddEhRtIh7yaJBkn-lsTPUOXJP0C6xdTyTrOt36u42iIZt4nFzDoMWvKiO4VpxnuSM10L6Ql0Bq3Jce8Hn3B7N2yVuItR81t6ZgkLrzoyiBPzWKOIIFmYYmv5QaV1rsf_hP3Hz0/s1600/Nikolaus_Kopernikus.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgZKvr5bddEhRtIh7yaJBkn-lsTPUOXJP0C6xdTyTrOt36u42iIZt4nFzDoMWvKiO4VpxnuSM10L6Ql0Bq3Jce8Hn3B7N2yVuItR81t6ZgkLrzoyiBPzWKOIIFmYYmv5QaV1rsf_hP3Hz0/s1600/Nikolaus_Kopernikus.jpg" height="400" width="343" /></a>passe l’Église. La thèse de Copernic apparaît
au moment où l’Église subit le conflit entre le Concile et la papauté; Galilée au
moment où se répand la Réformation, Darwin publie ses traités au moment de la
crise anti-moderniste, tandis que le freudisme présente la religion comme une <i style="mso-bidi-font-style: normal;">illusion. </i>Une Église inquiète, instable
et en quête de restauration ne saurait sentir ces vérités autrement que comme
des menaces à l’intégrité du dogme par lequel elle règne sur les consciences
depuis toujours. C’est ce qui permet à Georges Minois d’écrire, à propos des
circonstances contextuelles, que c'est ce qui a sauvé : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgZKvr5bddEhRtIh7yaJBkn-lsTPUOXJP0C6xdTyTrOt36u42iIZt4nFzDoMWvKiO4VpxnuSM10L6Ql0Bq3Jce8Hn3B7N2yVuItR81t6ZgkLrzoyiBPzWKOIIFmYYmv5QaV1rsf_hP3Hz0/h120/Nikolaus_Kopernikus.jpg">Nicolas Copernic</a>, approuvé par les plus hautes instances
de l’Église dans la première moitié du XVIe siècle, et mis à l’Index en
1616 : ce qui apparaissait comme une légitime hypothèse en 1543 devient
une thèse “insensée et absurde en philosophie, formellement hérétique”
soixante-dix ans plus tard. Rien ne pourrait mieux exprimer le formidable recul
effectué par l’Église après le concile de Trente dans le domaine scientifique.</i>»
(G. Minois. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’Église et la science, t.
1 : De saint Augustin à Galilée, </i>Paris, Fayard, 1990, p.325)<i>.</i></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">En effet, l’Église accepte au départ la cosmologie de Copernic qui
ne fait que rectifier la cosmologie de Ptolémée sans faire pour autant, comme
dit Alexandre Koyré, d’un monde clos un univers infini. Il est plus </span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgZ99e-0cBA2GChhnqeuVfBs3RkPQPoF9WeQG1KdZIeRUwr4nTnF4BbiC_iYUb9m-kBKI0Iv3LHrSp-k_YP3lAACwQVD0Poe5ZIThy1hHMyGtFtT4BNeH4Qp4hlp_0iu1EJSQo6kKqBaq0/s1600/1314155-Le_syst%C3%A8me_du_monde_selon_Copernic.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgZ99e-0cBA2GChhnqeuVfBs3RkPQPoF9WeQG1KdZIeRUwr4nTnF4BbiC_iYUb9m-kBKI0Iv3LHrSp-k_YP3lAACwQVD0Poe5ZIThy1hHMyGtFtT4BNeH4Qp4hlp_0iu1EJSQo6kKqBaq0/s1600/1314155-Le_syst%C3%A8me_du_monde_selon_Copernic.jpg" height="338" width="400" /></a></span>facile,
lorsqu’on s’attribue l’assimi-</span><br />
<span lang="FR-CA">lation au Tout-Puis-</span><br />
<span lang="FR-CA">sant, régner sur un monde clos
que sur un univers infini qu’il faudra toujours chercher à refermer d’une
manière ou d’une autre. L<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgZ99e-0cBA2GChhnqeuVfBs3RkPQPoF9WeQG1KdZIeRUwr4nTnF4BbiC_iYUb9m-kBKI0Iv3LHrSp-k_YP3lAACwQVD0Poe5ZIThy1hHMyGtFtT4BNeH4Qp4hlp_0iu1EJSQo6kKqBaq0/h120/1314155-Le_syst%C3%A8me_du_monde_selon_Copernic.jpg">’héliocentrisme</a> ne fait que placer le </span><span lang="FR-CA">soleil à la
place de la Terre dans la hiérarchie des gravitations, mais la représentation
de l’univers demeure compatible avec l’idée que les clercs s’en faisaient
depuis toujours. Ce que l’idée d’un univers infini apporté, entre autres, par
le cardinal Nicolas de Cues et sur lequel spécula Giordano Bruno, c’est la possibilité
que dans un univers infini il y aurait d’autres mondes parallèles aux nôtres, à
l’exemple de ces sociétés païennes découvertes par les grandes explorations du
XVIe siècle. Nous passons ici de l’imaginaire du merveilleux (surnaturel) à
l’anticipation fantastique (rationnel). En ouvrant l’univers, les élèves de
Copernic ouvrent l’Imaginaire de la </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgffwS5_tU5Xzh4UN79SqjU_5HiH-1wJk9HUG_2V3GpcZON8L22Lv9YsRxSTXbfz3YjFBOlMgQ_faRgCXDy0JugN08WjtRMjprRtMdRc5-fOq8-JKnx3jCrpOnVV2fUzqE6NURA8I0NaZQ/s1600/bruno.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgffwS5_tU5Xzh4UN79SqjU_5HiH-1wJk9HUG_2V3GpcZON8L22Lv9YsRxSTXbfz3YjFBOlMgQ_faRgCXDy0JugN08WjtRMjprRtMdRc5-fOq8-JKnx3jCrpOnVV2fUzqE6NURA8I0NaZQ/s1600/bruno.jpg" height="400" width="330" /></a>représentation mentale des Occidentaux.
Voilà ce qui est condamné dans le procès de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgffwS5_tU5Xzh4UN79SqjU_5HiH-1wJk9HUG_2V3GpcZON8L22Lv9YsRxSTXbfz3YjFBOlMgQ_faRgCXDy0JugN08WjtRMjprRtMdRc5-fOq8-JKnx3jCrpOnVV2fUzqE6NURA8I0NaZQ/h120/bruno.jpg">Bruno</a> : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le centre de sa doctrine est de caractère panthéiste : Dieu est
immanent au monde, il est la force spirituelle qui anime la matière et se cache
en son sein. Comme l’a montré Paul Henri Michel, Bruno situe au niveau des
atomes l’intervention de l’esprit, de l’âme du monde; l’atome est centre de
vie, il est le point dans lequel vient s’insérer l’esprit et il est co-éternel
à Dieu. Les atomes, travaillés du dedans, ne se combinent pas par hasard ni de
façon désordonnée, mais suivant une volonté organisatrice allant vers des
structures de plus en plus complexes et de plus en plus parfaites. Bruno
rejette donc en partie Démocrite et Épicure; par cette intuition, il préfigure
la thèse fondamentale de la gnose de Princeton</i>» (G. Minois. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Iibd. </i>P. 340). Bruno est condamné à mort
par le Saint-Office et brûlé à Rome en février 1600.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Dans son sillage, les savants devront se montrer prudents dans la
rédaction de leurs traités scrutés à la loupe. D’où qu’on en revient à
Copernic. L’héliocentrisme s’oppose à un épisode connu de la Bible, ce moment
où </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgnUZalAOBDHKFKcoUS2wF9jAZYREZad0XsJVT3xgOQjLBZl6VHl5JyvJMEmJD7TzwNwUkkYLkbstvVIpE3RYbNdgDUE91II5w7aNFfkNfO2YRZn3wrtU00krJzPatFkF8nMDoHJk3k1mE/s1600/robert-bellarmin-face.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgnUZalAOBDHKFKcoUS2wF9jAZYREZad0XsJVT3xgOQjLBZl6VHl5JyvJMEmJD7TzwNwUkkYLkbstvVIpE3RYbNdgDUE91II5w7aNFfkNfO2YRZn3wrtU00krJzPatFkF8nMDoHJk3k1mE/s1600/robert-bellarmin-face.jpg" height="400" width="304" /></a>Josué avait fait arrêter la course du soleil. C’est sans doute un détail
mineur mais qui prend son importance dans le statut qu’on doit adopter envers
l’«hypothèse» de Copernic. C’est ce que précise le Jésuite, le cardinal
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgnUZalAOBDHKFKcoUS2wF9jAZYREZad0XsJVT3xgOQjLBZl6VHl5JyvJMEmJD7TzwNwUkkYLkbstvVIpE3RYbNdgDUE91II5w7aNFfkNfO2YRZn3wrtU00krJzPatFkF8nMDoHJk3k1mE/h120/robert-bellarmin-face.jpg">Bellarmin</a>, féru de sciences et de théologie : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Dans une lettre du 12 avril 1615, répondant au carme Foscarini<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>qui avait pris le parti de Copernic, le
cardinal Bellarmin, la plus grande autorité théologique de son temps, précise
de façon très claire la position de l’Église : l’héliocentrisme est tout à
fait licite comme hypothèse; il est par contre formellement interdit d’affirmer
sa vérité absolue, car cela contredirait l’Écriture. Mais le porte n’est pas
fermée : si un jour on arrive à fournir des preuves, ce dont le cardinal
doute, alors nous dirons que nous avons mal compris les passages de l’Écriture</i>»
(G. Minois. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 373-374).
Bellarmin pense en critique épistémologique : tant que des preuves
confirmant l’hypothèse de Copernic ne sont pas apportées, il convient de
retenir le système copernicien comme hypothétique et non véridique. Or faut-il
que le temps des </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgT9oQmL4bfh-nqqrc5qrevyY80E8NDBr91gbgvcZ7k04Rsb2y-MZeRY_Jb8GW7MnzPYQt5CWe7Rj-ZpuRCaCixNAaKaFvKpNEtTJ5N2OZmkNTUdMGBFzs__vb2bbucrniKGWuK8-P7OAk/s1600/ciel-rouage.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgT9oQmL4bfh-nqqrc5qrevyY80E8NDBr91gbgvcZ7k04Rsb2y-MZeRY_Jb8GW7MnzPYQt5CWe7Rj-ZpuRCaCixNAaKaFvKpNEtTJ5N2OZmkNTUdMGBFzs__vb2bbucrniKGWuK8-P7OAk/s1600/ciel-rouage.jpg" height="308" width="400" /></a>preuves s’amènent puisqu’un an plus tard, c’est la
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgT9oQmL4bfh-nqqrc5qrevyY80E8NDBr91gbgvcZ7k04Rsb2y-MZeRY_Jb8GW7MnzPYQt5CWe7Rj-ZpuRCaCixNAaKaFvKpNEtTJ5N2OZmkNTUdMGBFzs__vb2bbucrniKGWuK8-P7OAk/h120/ciel-rouage.jpg">condam-</a></span><br />
<span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjDUmleYVV3sovW8n-K9sYDfC80ND3BPiFif8C1dMRiK7mZ6tyqJGCQmhaZWunEA7WdJgcU1QQlx4NQrnii_otEtmJp4g8mUprb6e1FQRSsYb4NuOFwxUYBt_63GjoM1X_bwaQ3ryRKAgk/h120/ciel-rouage.jpg">nation</a> : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">…le 24 février 1616,
la doctrine de Copernic est con-</i></span><br />
<span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">damnée en bonne et due forme. À l’unanimité, les
théologiens du Saint-Office déclarent “insensée et absurde en philosophie,
formellement hérétique en tant qu’elle contredit expressément de nombreux
passages de la Sainte Écriture, selon la propriété des mots et le sens des
saints Péres et des docteurs théologiens”, la proposition suivante : “Le
soleil est le centre du monde et par conséquent immobile de mouvement local”.
La deuxième proposition, condamnée comme “au moins erronée dans la foi”, est
“que la terre n’est pas le centre du monde, ni immobile, mais se meut sur
elle-même tout entière par un mouvement diurne</i>» (G. Minois. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 375).</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">La raison de cette réaction est claire. Si, comme le suppose non
sans ironie le cardinal Bellarmin, l’hypothèse </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEii8s9098SAc1TMAlJpmpWRKeGdcYD5AcQiaF3OBsKHsKj1TVWtbsMRdBbTgSDw9rl8qUES4rEUGs-2lSbmGWD5i-vktaCezWmcjDcGyp-iA51SZHuRu5pMbLJE0OetZhUTuy1pQGnqdxw/s1600/Galileo-sustermans.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEii8s9098SAc1TMAlJpmpWRKeGdcYD5AcQiaF3OBsKHsKj1TVWtbsMRdBbTgSDw9rl8qUES4rEUGs-2lSbmGWD5i-vktaCezWmcjDcGyp-iA51SZHuRu5pMbLJE0OetZhUTuy1pQGnqdxw/s1600/Galileo-sustermans.jpg" height="368" width="400" /></a>de Copernic est prouvée, il
faudra rectifier le jugement que l’on porte sur l’épisode de Josué. Dès lors,
c’est l’ou-</span><br />
<span lang="FR-CA">verture implicite à tous les doutes qui entourent les énoncés de la
Bible, ancien et nouveau Testaments confondus. Or, il y a un savant qui, par
l’invention technique de la lunette, peut montrer le cours des planètes autour
du soleil. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEii8s9098SAc1TMAlJpmpWRKeGdcYD5AcQiaF3OBsKHsKj1TVWtbsMRdBbTgSDw9rl8qUES4rEUGs-2lSbmGWD5i-vktaCezWmcjDcGyp-iA51SZHuRu5pMbLJE0OetZhUTuy1pQGnqdxw/h120/Galileo-sustermans.jpg">Galileo Galilée</a>. En mai 1612, il a publié, non pas en latin mais en
italien, un <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Discorso </i>dans lequel il
prend partie pour le système de Copernic. En 1616, on lui impose le silence.
Mais si Galilée est prudent, il est aussi susceptible, et il récidive avec le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Saggiatore </i>en 1622 qu’il dédie au
nouveau pape, Urbain VIII :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Mais la forme faisait passer
une théorie scientifique qui n’avait rien d’anodin. Superficiellement, il
s’agissait de l’explication des comètes. Trois d’entre elles étaient apparues à
la fin de 1618 et au début de 1619, et le jésuite Grassi, à la suite de Tycho
Brahé, avait montré qu’elles ne pouvaient pas avoir une orbite circulaire. En
ridiculisant </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjq0jrXBjAamVnCFlng55yGoZjkH_cZPSSu3SET6vLekJgnFf20rX2jEHhvxztc1bQ15c91WFkbF1XMGutUIoBhwDdvTkAwV5Vgj_EW9hlvtB5c1J4hLrikLEoeGcoSnrUw7njUsFRycLE/s1600/258px-Assayertitle.png" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjq0jrXBjAamVnCFlng55yGoZjkH_cZPSSu3SET6vLekJgnFf20rX2jEHhvxztc1bQ15c91WFkbF1XMGutUIoBhwDdvTkAwV5Vgj_EW9hlvtB5c1J4hLrikLEoeGcoSnrUw7njUsFRycLE/s1600/258px-Assayertitle.png" height="320" width="235" /></a>cette affirmation, Galilée soutenait indirectement le système de
Copernic, dont il n’avait plus le droit de parler depuis 1616, et qui voit, à
tort, des orbites circulaires partout. Plus profondément, le </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjq0jrXBjAamVnCFlng55yGoZjkH_cZPSSu3SET6vLekJgnFf20rX2jEHhvxztc1bQ15c91WFkbF1XMGutUIoBhwDdvTkAwV5Vgj_EW9hlvtB5c1J4hLrikLEoeGcoSnrUw7njUsFRycLE/h120/258px-Assayertitle.png">Saggiatore</a> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">fondait sa théorie sur une explication
corpusculaire de la lumière et de tous les phénomènes perceptibles, sauf le
son. C’était le retour de l’atomisme contre la physique des qualités
d’Aristote. Tous les vieux fantômes, Démocrite, Occam, Telesio, Bruno,
remontaient à la surface; récemment, en 1621, le premier médecin et philosophe
de l’université de Pise, Esteban Rodrigo de Castro, avait lui aussi soutenu
cette théorie dans son </i>De meteoris microcosmi libri quatuor. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’atome reprenait l’offensive, soutenu par
la prestigieuse Académie dei Lincei dont le patron et mécène, le prince Cesi,
avait de vastes projets éditoriaux d’une encyclopédie de la nouvelle science</i>»
(G. Minois. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 379).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Le Saint-Office, toujours agacé par les écrits de Galilée,
rappellent le premier jugement qui interdisait à l’astronome de tenir pour
équivalent le système de Copernic avec celui d’Aristote. Un <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiQyTy5Qibv_ZIP-AY1zScKp5hyphenhyphenaJiwxEGyFWxlE7e-6UdNOO3xLc1qinbSQbKx_mF3akm-uwgalAj6gfOserQDNwRpHzMwQ6_x9RhMY94Czz0GdXX_E4NiB20-CNIImYqYWv0z4eIAE4c/h120/10-dos2-doc5-proces_Galilee.jpg">procès</a> est ouvert
</span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiQyTy5Qibv_ZIP-AY1zScKp5hyphenhyphenaJiwxEGyFWxlE7e-6UdNOO3xLc1qinbSQbKx_mF3akm-uwgalAj6gfOserQDNwRpHzMwQ6_x9RhMY94Czz0GdXX_E4NiB20-CNIImYqYWv0z4eIAE4c/s1600/10-dos2-doc5-proces_Galilee.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiQyTy5Qibv_ZIP-AY1zScKp5hyphenhyphenaJiwxEGyFWxlE7e-6UdNOO3xLc1qinbSQbKx_mF3akm-uwgalAj6gfOserQDNwRpHzMwQ6_x9RhMY94Czz0GdXX_E4NiB20-CNIImYqYWv0z4eIAE4c/s1600/10-dos2-doc5-proces_Galilee.jpg" height="256" width="400" /></a>après la publica-</span><br />
<span lang="FR-CA">tion d’un troisième ouvrage, le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Dialogo, </i><span style="mso-bidi-font-style: normal;">d</span>ans lequel<i style="mso-bidi-font-style: normal;"> </i>Galilée
revient sur le système de Copernic, mais en le considérant seulement comme pure
hypothèse. Il présente le tout dans une satire entre trois personnages
stéréotypés où le défenseur du système ptoléméen (donc l’Église) est montré de manière plutôt ridicule. Cette fois-ci, il va falloir que le savant
se rétracte ouvertement et reconnaisse la fausseté de l’héliocentrisme et de
ses hypothèses publiées dans son livre. Galilée pliera le genou, sera condamné
à l’emprisonnement perpétuel commué aussitôt en résidence surveillée par le
pape. La sensation causée par la condamnation de Galilée n’empêcha pas les
astronomes protestants de poursuivre leur enquête sur l’héliocentrisme et les
travaux de Kepler et de Newton d’aller encore plus loin, ceux-ci étant
inatteignables </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgqHPlS38OZBHQX2775vl_nW3St22omsFP2r9-noRBLc-6Sbe0Ymt5wGUaD4T08AARqGtBUxQcDPOYm-eJvHdI-xNz1LgOneX0DfuIYXk6T8ov9ZwII1ikt9ZMAGJePFHWyB4NWOFFtk4E/s1600/9782070704194-galilee-heretique-pietro-redondi_g.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgqHPlS38OZBHQX2775vl_nW3St22omsFP2r9-noRBLc-6Sbe0Ymt5wGUaD4T08AARqGtBUxQcDPOYm-eJvHdI-xNz1LgOneX0DfuIYXk6T8ov9ZwII1ikt9ZMAGJePFHWyB4NWOFFtk4E/s1600/9782070704194-galilee-heretique-pietro-redondi_g.jpg" height="320" width="193" /></a>par le Saint-Office. Ce sont les philosophes du Siècle des
Lumières qui vont ériger en symbole de l’obscurantisme religieux le cours et
l’issu du procès intenté à Galilée. L’aristotélisme, réduit progressivement à
l’ombre de lui-même avec les travaux des astronomes, des biologistes, des
médecins et autres naturalistes, ne pouvaient plus confirmer le dogme. Voilà
pourquoi on retient moins aujourd’hui la thèse de la confrontation des deux
systèmes (héliocentrique et géocentrique) que la question des atomes car elle
en viendrait, même si Galilée lui-même ne soulève pas la question, à contredire
le mystère eucharistique, le plus important de la vie du chrétien. Telle est la
découverte du chercheur <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgqHPlS38OZBHQX2775vl_nW3St22omsFP2r9-noRBLc-6Sbe0Ymt5wGUaD4T08AARqGtBUxQcDPOYm-eJvHdI-xNz1LgOneX0DfuIYXk6T8ov9ZwII1ikt9ZMAGJePFHWyB4NWOFFtk4E/h120/9782070704194-galilee-heretique-pietro-redondi_g.jpg">Pietro Redondi</a> qui a tant fait couler d’encre voilà 30
ans :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Mais venons-en maintenant à
la véritable dénonciation. On y déclare que si les atomes de Galilée sont
substantiels, comme les “homéomeries” d’Anaxagore, la doctrine de Galilée n’est
pas compatible avec l’existence des accidents eucharistiques établie par le
second canon de la XIIIe session du concile de Trente.</i></span> </div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">
Un grand principe “expérimental”, de valeur philosophique et théologique, était
la permanence miraculeuse de la chaleur, de la couleur, de la saveur, de
l’odeur et des autres accidents sensibles du pain et du vin après la
Consécration, qui transformait toute leur substance en le corps et le sang de
Jésus-Christ. Si nous interprétons ces accidents comme le veut le </span></i><span lang="FR-CA">Saggiatore, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">c’est-à-dire avec
les “particules minimes” de substance, alors, même après la Consécration, ce
seront des particules de la substance du pain eucharistique qui produiront ces
sensations. Il resterait ainsi, si nous adoptons les idées du </i>Saggiatore <i style="mso-bidi-font-style: normal;">en physique, des particules de substance du
pain dans l’hostie consacrée, mais cela est une erreur frappée d’anathème par
le concile de Trente</i>» (P. Redondi. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Galilée
hérétique, </i>Paris, Gallimard, Col. Bibliothèque des histoires, 1985, p.
182).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Bref, les atomes restant les atomes, le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh91X3v89u8hGpyyIK-XSlAubitzXiLoJZao11ugW7kIslNrR9PJO5GSr1nVEGBqP7Pg-wHkSSU29ZMkaw7CpJZ5rYp1Q0FQj0qlBRhVU5pJ-UieVhilyQOfkw3o7mRrilMyFdoL1VTqsk/h120/Disputa_del_Sacramento_(Rafael).jpg">transubstantiation</a>, objet au
centre de la querelle entre luthériens et catholiques, ne pouvait s’effectuer,
le pain restant du pain et le vin du vin. Parce qu’une grande partie des </span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh91X3v89u8hGpyyIK-XSlAubitzXiLoJZao11ugW7kIslNrR9PJO5GSr1nVEGBqP7Pg-wHkSSU29ZMkaw7CpJZ5rYp1Q0FQj0qlBRhVU5pJ-UieVhilyQOfkw3o7mRrilMyFdoL1VTqsk/s1600/Disputa_del_Sacramento_(Rafael).jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh91X3v89u8hGpyyIK-XSlAubitzXiLoJZao11ugW7kIslNrR9PJO5GSr1nVEGBqP7Pg-wHkSSU29ZMkaw7CpJZ5rYp1Q0FQj0qlBRhVU5pJ-UieVhilyQOfkw3o7mRrilMyFdoL1VTqsk/s1600/Disputa_del_Sacramento_(Rafael).jpg" height="287" width="400" /></a></span>pièces
du procès ont été détruites au cours des siècles, pour éviter le bûcher à
Galilée, Urbain VIII en serait resté à l’interdiction de professer le système
de Copernic pour dissimuler la véritable querelle scientifique qui menaçait les
positions prises par le concile de Trente dans sa lutte contre les réformés.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Avec Darwin, on n’en était plus aux subtilités atomistiques. C’était
carrément la validité des fondements bibliques qui étaient en cause. La théorie
de l’évolution, qui divergeait de celle des générations spontanées de Cuvier,
s’en prenait à ce qui était le plus universellement connu de l’enseignement
chrétien : la création du </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg4nY14YpFaPrkQOmDy0LPwjSlvNyLpTgw-q4LZ2bxZ9NxgVNhVnPkv5PgHRB-ny9qWRaENLnSfm3tu46N6VtsI5l_UJeWsP9cRRDzng4JMaMxDAaHudD2d7TNTeaCrzs2S8l_Ie_ttdbQ/s1600/Origin_of_Species_title_page.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg4nY14YpFaPrkQOmDy0LPwjSlvNyLpTgw-q4LZ2bxZ9NxgVNhVnPkv5PgHRB-ny9qWRaENLnSfm3tu46N6VtsI5l_UJeWsP9cRRDzng4JMaMxDAaHudD2d7TNTeaCrzs2S8l_Ie_ttdbQ/s1600/Origin_of_Species_title_page.jpg" height="400" width="248" /></a>monde en six jours. En 1859 paraissait <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg4nY14YpFaPrkQOmDy0LPwjSlvNyLpTgw-q4LZ2bxZ9NxgVNhVnPkv5PgHRB-ny9qWRaENLnSfm3tu46N6VtsI5l_UJeWsP9cRRDzng4JMaMxDAaHudD2d7TNTeaCrzs2S8l_Ie_ttdbQ/h120/Origin_of_Species_title_page.jpg"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">On the Origin of Species by Means of Natural Selection</i></a> qui devint vite un <i style="mso-bidi-font-style: normal;">best-seller
</i>en Angleterre. L’ouvrage fut rapidement traduit dans toutes les langues
occidentales. Enfin, en 1871, Darwin tirait les conclusions «morales» de son
approche scientifique dans <i style="mso-bidi-font-style: normal;">The Descent of
Man, and Selection in Relation to Sex</i>. Il faut dire qu’en plein puritanisme
victorien, la présence seule du mot «sexe» suffisait à alarmer toutes les
susceptibilités des bien pensants. Évidemment, on tira des études de Darwin ce
qui n’y était pas, comme l’idée que «l’homme descendrait du singe». Mais
l’Église n’attendit pas de telles idioties pour censurer et condamner
l’ouvrage. Comme au temps de Galilée, tous les penseurs chrétiens qui
entendaient défendre en entier ou en partie les thèses de Darwin furent
immédiatement condamnés au silence. Le ton, si c’était possible, était encore plus
violent qu’aux attaques menées contre l’astronome. Ainsi, le père de Scoraille
parle-t-il de «fictions répugnantes» dans un article publié
dans la revue jésuite, les <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Études :</i></span><br />
<blockquote class="tr_bq">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">“L’apparition successive des
animaux par voie d’évolution progressive, d’ascension d’une espèce inférieure à
une autre espèce supérieure, de transformation enfin, a donc été </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhJJlTHaH_WtqzH7Z6NlGZSLiTh8wS_-tiwewbplh1EP1MbdcxMy8A0gxr71Mxgwws1IFLTASNZQH78mZzCRsUTbOfWkDzOW44PdZLQ-K-rfrPaZs-Wp6xNf29IXLc-Prx3U6RFJjcy4is/s1600/DarwinSinge.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhJJlTHaH_WtqzH7Z6NlGZSLiTh8wS_-tiwewbplh1EP1MbdcxMy8A0gxr71Mxgwws1IFLTASNZQH78mZzCRsUTbOfWkDzOW44PdZLQ-K-rfrPaZs-Wp6xNf29IXLc-Prx3U6RFJjcy4is/s1600/DarwinSinge.jpg" height="320" width="236" /></a>exposée et
soutenue. C’est déjà beaucoup trop, mais ce n’est pas tout. Le système a été
</i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">étendu jusqu’à l’espèce humaine inclusivement : l’opinion a été émise que
le corps du premier homme aurait été élaboré, non par l’action immédiate des
mains divines, mais par la série de ces transformations animales dont il serait
le dernier terme; qu’il suffisait d’admettre la création initiale de la matière
avec ses forces évolutionnelles, l’influence permanente de la Providence, et la
création finale de l’âme pour rester dans les limites d’une irréprochable
orthodoxie. Dieu, cependant, d’après cette hypothèse, aurait saisi dans sa
formation même le fruit de quelque <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhJJlTHaH_WtqzH7Z6NlGZSLiTh8wS_-tiwewbplh1EP1MbdcxMy8A0gxr71Mxgwws1IFLTASNZQH78mZzCRsUTbOfWkDzOW44PdZLQ-K-rfrPaZs-Wp6xNf29IXLc-Prx3U6RFJjcy4is/h120/DarwinSinge.jpg">génération simienne</a> pour lui infuser la
première âme spirituelle, et une femelle animale aurait enfanté, nourri, élevé
un homme véritable, notre ancêtre et celui de Jésus-Christ. Ce n’est ni le
lieu, ni le moment d’examiner ce que valent scientifiquement ces fictions
répugnantes”.</i></span></blockquote>
</div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Rien de très scientifique
dans tout cela. La réaction du père de Scoraille est un haut-le-cœur à la
pensée qu’une femelle animale ait pu engendrer un homme et que la généalogie du
Christ puisse donc comporter des singes. Ce sont ces arguments de décence,
combinés avec l’accusation de sacrilège que l’on retrouve le plus
souvent : l’homme a été fait “à l’image de Dieu”, ce qui exclut </span></i><span lang="FR-CA">a priori <i style="mso-bidi-font-style: normal;">une origine animale;
la Bible le déclare formellement : il y a eu un couple initial entièrement
humain, créé </i>directement, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">sans aucun
intermédiaire animal, et ce premier couple est responsable du péché originel.
Quant à ceux qui cherchent des arguments scientifiques à <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiatRsPSo1g7s5UsNveT0lw18AH9GxjvBPdCkQ1tcTdlweGhvPOTOpk3rQifb18ymdPQoTh0Mp8UgfgLKcPH6WY_lJf8S5-q3A_ldM0TKcKuUXddRjAVVR9DuyMhyphenhyphen_27zaRuIjGzF-hgAM/h120/anatomie_comparative_evolutionnisme_creationnisme_scientifique_0000.jpg">opposer à l’évolutionnisme</a>, ils s’appuient essentiellement sur le fait que les chaînons
manquants n’existent pas, que l’on constate une stabilité générale des espèces,
sur de très longues périodes : comme à l’époque de Copernic et de Galilée,
on oppose le sens commun, l’expérience quotidienne, le “bon sens” à la nouvelle
théorie. Le père de Scoraille publiait une lettre d’un abbé montrant que le
transformisme était en contradiction avec les faits, et déclarant que dans dix
ans cette théorie aurait disparu. Le père Vigouroux accumulait dans ses cinq
volumes des </i>Livres saints et la critique rationaliste <i style="mso-bidi-font-style: normal;">tous les faits qui semblaient contredire l’évolutionnisme</i>» (G.
Minois. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’Église et la science, t.
2 : De Galilée à Jean-Paul II</i>, Paris, Fayard, 1991, pp. 228-229).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg5UrURnt8npc_VYvA5YpH-jIeJgSLk-FACVKSk2vFHDrPn-8_MtM8XEFvoYFV_f_1foMWxbv5_TvHswWmJosz5PsHtWqTfuikSAxGPnyVmTxKdLLjIJhmRN-A-1fSiCZwRURh1q9qJIwg/s1600/anatomie_comparative_evolutionnisme_creationnisme_scientifique_0000.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg5UrURnt8npc_VYvA5YpH-jIeJgSLk-FACVKSk2vFHDrPn-8_MtM8XEFvoYFV_f_1foMWxbv5_TvHswWmJosz5PsHtWqTfuikSAxGPnyVmTxKdLLjIJhmRN-A-1fSiCZwRURh1q9qJIwg/s1600/anatomie_comparative_evolutionnisme_creationnisme_scientifique_0000.jpg" height="291" width="400" /></a><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg5UrURnt8npc_VYvA5YpH-jIeJgSLk-FACVKSk2vFHDrPn-8_MtM8XEFvoYFV_f_1foMWxbv5_TvHswWmJosz5PsHtWqTfuikSAxGPnyVmTxKdLLjIJhmRN-A-1fSiCZwRURh1q9qJIwg/s1600/anatomie_comparative_evolutionnisme_creationnisme_scientifique_0000.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"></a></div>
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">L’évolutionnisme n’avait donc qu’à rentrer dans le manifeste
anti-moderniste de Pie IX pour être exclu <i style="mso-bidi-font-style: normal;">de </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">facto </i>de la pensée chrétienne, et tout au long du XXe siècle, sans jamais
parvenir à y réussir </span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"></i></span>parfaitement, des esprits, comme le père <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhg_S9ly-neBb3OfHewruXPefHHvQ8KG1jVeHQwJNylPNzFE7grSGmuZ8qQdLjRMTJY5o6cFdUR_IqaHkOa9fceIPRwVaNoT88goiIAZtQVW49Di-TPZLbWSsIbjqY5YuonkokFiC40Jls/h120/533674d2814e5.jpg">Teilhard de Chardin</a> (1881-1955), auront à lutter au plus </span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhg_S9ly-neBb3OfHewruXPefHHvQ8KG1jVeHQwJNylPNzFE7grSGmuZ8qQdLjRMTJY5o6cFdUR_IqaHkOa9fceIPRwVaNoT88goiIAZtQVW49Di-TPZLbWSsIbjqY5YuonkokFiC40Jls/s1600/533674d2814e5.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhg_S9ly-neBb3OfHewruXPefHHvQ8KG1jVeHQwJNylPNzFE7grSGmuZ8qQdLjRMTJY5o6cFdUR_IqaHkOa9fceIPRwVaNoT88goiIAZtQVW49Di-TPZLbWSsIbjqY5YuonkokFiC40Jls/s1600/533674d2814e5.jpg" height="282" width="400" /></a></i></span></span>profond de leur conscience entre les
découver-</span><br />
<span lang="FR-CA">tes empi-</span><br />
<span lang="FR-CA">riques qui confir-</span><br />
<span lang="FR-CA">maient un aspect ou l’autre de la théorie et
leur foi envers le message biblique. Jamais Darwin ne voulut exclure Dieu du
processus de la création, mais cela relevait de la théologie et non des
sciences naturelles qui le concernaient; un siècle plus tard, Richard Dawkins,
dans la tradition de l’évolutionnisme, pourra intituler l’un de ses ouvrages <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Pour en finir avec Dieu.</i></span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Mais ce n’est pas au sein du catholicisme que la théorie de Darwin
causa les plus vives émotions populaires. Avec le célèbre «procès du singe»
tenu aux États-Unis, il apparut que, même en se scindant d’avec l’Église
</span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgKbIRCteS50EG_ddnLvBbP2R-d8APVWsAzMR1fy35qDCU_J7LkAZZURrt6SlbZn6S49-42ZlZ1xit1u17GvGNTCtf5mfnQK-_7-wlbgnHJtaeybMNDgPt3bNbb8ATTwEPrQKuHp9kl9PM/s1600/JohnScopes.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgKbIRCteS50EG_ddnLvBbP2R-d8APVWsAzMR1fy35qDCU_J7LkAZZURrt6SlbZn6S49-42ZlZ1xit1u17GvGNTCtf5mfnQK-_7-wlbgnHJtaeybMNDgPt3bNbb8ATTwEPrQKuHp9kl9PM/s1600/JohnScopes.jpg" height="400" width="310" /></a>romaine, les Églises protestantes en avaient conservé son péché d’orgueil.
L’affaire en question – le procès Scopes – concerne l’enseignement de la
théorie de Darwin dans les écoles du Tennessee. Un jeune enseignant, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgKbIRCteS50EG_ddnLvBbP2R-d8APVWsAzMR1fy35qDCU_J7LkAZZURrt6SlbZn6S49-42ZlZ1xit1u17GvGNTCtf5mfnQK-_7-wlbgnHJtaeybMNDgPt3bNbb8ATTwEPrQKuHp9kl9PM/h120/JohnScopes.jpg">Thomas Scopes</a> (1900-1970), professeur de sciences naturelles à Dayton, est mis en
accusation en 1925 par des fondamentalistes religieux pour avoir dérogé à la
loi Butler qui interdit expressément l’enseignement des théories
évolutionnistes. Ils en appellent au grand tribun de l’Amérique profonde,
William Jennings Bryan, ancien candidat démocrate à la présidence, pour les
représenter. Face à eux, un avocat téméraire connu pour gagner ses procès, Clarence Darrow, est engagé par l’Union pour la défense des libertés civiles afin de défendre Scopes.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Il faut considérer que la loi Butler, adoptée par la législature du
Tennessee en 1924, était le fruit d’un enseignant qui voyait dans
l’évolutionnisme la source d’un venin dangereux pour les esprits chrétiens. Il
s’agissait d’interdire «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">à tout enseignant
d’Université, d’École normale ou de toute autre école publique financée
entièrement ou partiellement par les fonds de l’État, d’enseigner une théorie
qui nie l’histoire de la Création divine de l’homme, telle qu’elle est
enseignée dans la Bible, et qui prétend que l’homme descend d’un ordre
inférieur d’animaux</i>» (Cité in D. Lecourt. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’Amérique entre la Bible et Darwin, </i>Paris, P.U.F., Col. Quadrige,
# 256, 1992, p. 21. Plus qu’un incident localisé, l’affaire Scopes entrait dans
une vaste stratégie anti-évolutionniste planifiée dans tout le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Bible Belt, </i>c’est-à-dire dans le Sud-Est
des États-Unis :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le vote de cette loi faisait
partie intégrante d’une vaste mobilisation anti-évolutionniste engagée depuis
cinq années déjà. On avait ainsi vu en 1921 le pasteur baptiste J. W. Porter
faire <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjDD32auqn0_yLJpWJXBenTSqTAJxe8L31sIz4rFKPp2X8gQT54f7AwprBy5q20RKCf2EL3g1uAh18j0IMs_zn8OS8DjjmorXUIH9muO95RlWpNjVbE7gBtXGgmkGI1lDNhYGp2UEy7kIc/h120/evol.jpg">campagne</a> contre l’enseignement de la théorie de l’évolution à
l’Université de l’État du Kentucky. Une proposition de loi visant à l’interdire
avait été déposée l’année suivante à la Chambre et au Sénat, lequel l’avait
rejetée, mais de justesse puisque par une seule voix de majorité. De même, en
1923, une proposition du même type avait été déposée en Alabama, puis au Texas;
la Chambre des représentants de Floride adoptant au même moment une résolution
déclarant “inconvenant et subversif… d’enseigner l’athéisme, l’agnosticisme, le
darwinisme ou toute autre hypothèse qui présuppose un lien consanguin entre
l’homme et une autre espèce”. En juillet 1924, la Chambre de Géorgie avait été
saisie à son tour, mais elle avait rejeté le projet de loi; en janvier 1925,
c’était au tour de la Chambre de Caroline du Nord…</i></span></div>
</blockquote>
<div style="text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjDD32auqn0_yLJpWJXBenTSqTAJxe8L31sIz4rFKPp2X8gQT54f7AwprBy5q20RKCf2EL3g1uAh18j0IMs_zn8OS8DjjmorXUIH9muO95RlWpNjVbE7gBtXGgmkGI1lDNhYGp2UEy7kIc/s1600/evol.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjDD32auqn0_yLJpWJXBenTSqTAJxe8L31sIz4rFKPp2X8gQT54f7AwprBy5q20RKCf2EL3g1uAh18j0IMs_zn8OS8DjjmorXUIH9muO95RlWpNjVbE7gBtXGgmkGI1lDNhYGp2UEy7kIc/s1600/evol.jpg" height="305" width="400" /></a></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">À cette pression
législative organisée, il faut ajouter une série de décisions qui donnent une
idée de l’intensité de cette campagne. En avril 1923, cinq professeurs du
Kentucky Wesleyan College (méthodiste) avaient été licenciés pour avoir défendu
devant leurs élèves une formule de compromis selon laquelle l’évolution ne
contredisait pas la Bible. En juin, le gouverneur de l’Oklahoma avait avalisé
l’interdiction faite à l’État d’acheter des manuels scolaires jugés
coupables d’évolutionnisme. De même, en janvier 1924, le gouverneur de la
Caroline du Nord avait interdit l’usage de deux manuels de biologie qui
enseignaient l’un que l’homme “descendait du singe”, l’autre qu’homme et singe
étaient “cousins”</span></i><span lang="FR-CA">» (D. Lecourt. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 22).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">On a trop peu souligné le fait que le procès Scopes se déroula sur fond de montée du racisme aux lendemains de la Grande Guerre et de la recrudescence des actes de violence du Ku-Klux-Klan. Aussi, l’affaire concernait moins la culpabilité de Scopes que la
constitutionnalité de la loi Butler. Ce qui allait devenir le célèbre <i style="mso-bidi-font-style: normal;">procès du singe </i>s’ouvrit le 10 juillet
1925 sous le regard de plusieurs centaines de journalistes appelés à couvrir
cet événement inusité : un tribunal de province investit du rôle du
Saint-Office. </span><span lang="FR-CA">Près de 3000 visiteurs convergèrent vers Dayton, «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">le tout dans une atmosphère de kermesse et
de </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhD2XpsAyxDg8PDQfDY0vFu-jr8_eERmBLHlOLXHO-6sSRYYOC5OXQnW0cOe9wKISieFFADlADcvRieWgHKf9lLAhiqfwbc75GumsVIpz9jakgy-5OUK5Y55gE-oG-QnCOC3DMciGXvbss/s1600/William-Jennings-Bryan-lower-left-with-fan-and-Clarence-Darrow-centre-right-arms-folded-in-a-Dayton-Tennessee-courtroom-during-the-Scopes-trial-July-1925.1.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhD2XpsAyxDg8PDQfDY0vFu-jr8_eERmBLHlOLXHO-6sSRYYOC5OXQnW0cOe9wKISieFFADlADcvRieWgHKf9lLAhiqfwbc75GumsVIpz9jakgy-5OUK5Y55gE-oG-QnCOC3DMciGXvbss/s1600/William-Jennings-Bryan-lower-left-with-fan-and-Clarence-Darrow-centre-right-arms-folded-in-a-Dayton-Tennessee-courtroom-during-the-Scopes-trial-July-1925.1.jpg" height="297" width="400" /></a></span>bonne humeur qui ne laissa pas de sur-</i></span><br />
<span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">prendre les reporters du Nord, lesquels
s’atten-</i></span><br />
<span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">daient à ne rencon-</i></span><br />
<span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">trer à Dayton que des masses paysannes incultes et
fanatisées. L’humour même se mit de la partie, puisqu’on fit des affaires en
vendant, dit-on, des quantités respectables de singes en peluche!</i>» (D.
Lecourt. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 23). Ce fut, en
effet, un véritable <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhD2XpsAyxDg8PDQfDY0vFu-jr8_eERmBLHlOLXHO-6sSRYYOC5OXQnW0cOe9wKISieFFADlADcvRieWgHKf9lLAhiqfwbc75GumsVIpz9jakgy-5OUK5Y55gE-oG-QnCOC3DMciGXvbss/h120/William-Jennings-Bryan-lower-left-with-fan-and-Clarence-Darrow-centre-right-arms-folded-in-a-Dayton-Tennessee-courtroom-during-the-Scopes-trial-July-1925.1.jpg"><i>show</i></a>. D’un côté, l’impeccable Bryan, orateur démagogique,
enfant du Bible Belt, et Clarence Darrow, non moins médiatique, reconnu pour
avoir défendu deux psychopathes d’origine juive dans une histoire de pédophilie
et de meurtre, Richard Loeb et Nathan Leopold à qui il parvint d’éviter la
peine capitale.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left; margin-right: 1em; text-align: left;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhTdcOVkvEJ6Ka9i3VTYJ29HLv-QLxY3QtNCKbYWS_BCnNdMcstmQnf-trpxbaK7Dx7bs8mHJHxKfV0-EBXVUqJ0wQpFXoCOHBpsuhySjxpuTqb1xgyqt6Z-rDOh0QE9PvYtvwc665XlyU/s1600/Scopes_trial.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhTdcOVkvEJ6Ka9i3VTYJ29HLv-QLxY3QtNCKbYWS_BCnNdMcstmQnf-trpxbaK7Dx7bs8mHJHxKfV0-EBXVUqJ0wQpFXoCOHBpsuhySjxpuTqb1xgyqt6Z-rDOh0QE9PvYtvwc665XlyU/s1600/Scopes_trial.jpg" height="313" width="400" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Clarence Darrow (gauche) et W. J. Bryan (droite)</td></tr>
</tbody></table>
<span lang="FR-CA">Alors que le procès s’enlisait dans les techni-</span><br />
<span lang="FR-CA">calités, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhTdcOVkvEJ6Ka9i3VTYJ29HLv-QLxY3QtNCKbYWS_BCnNdMcstmQnf-trpxbaK7Dx7bs8mHJHxKfV0-EBXVUqJ0wQpFXoCOHBpsuhySjxpuTqb1xgyqt6Z-rDOh0QE9PvYtvwc665XlyU/h120/Scopes_trial.jpg">Bryan</a> fit une
décla-</span><br />
<span lang="FR-CA">ration fort explicite des buts de la poursui-</span><br />
<span lang="FR-CA">te : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">notre seul but, c’est de faire valoir le
droit des parents à protéger la religion de leurs enfants contre les efforts
entrepris au nom de la science pour ébranler leur foi en une religion
surnaturelle. On ne s’attaque pas à la liberté d’expression, ni à la liberté de
pensée, ni à la liberté de presse, ni au libre échange des idées. Mais les
parents ont sûrement le droit de sauvegarder la santé religieuse de leurs
enfants</i>» (Cité in G. Golding. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le
procès du singe, </i>Bruxelles, Éditions Complexe, Col. Mémoire du Siècle, # MS
17, 1982, pp. 62-63). Le pape n’aurait pas dit autrement. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgyTo9N8aFrMoIL7wMW3avbS4PIRGaZFiQCfWh-ifNxYarivL_rbMhnlc-DYrXOVMeoDu7FCW7t7zZ7MI_kf6C83PHoyc0Bb-wCZU_aKklmiwdj1YUSaaHr7lLB7ftYRkux3RCU_woyxCQ/h120/ClarenceDarrow_Scopestrial.jpg">Darrow</a>, lui, s’amusa
avec les témoins, citant des extraits contradictoires qu’ils puisaient dans la
Bible. La scène la plus pathétique fut lorsque Darrow eut l’audace de faire
comparaître Bryan comme témoin! Comme le juge </span><span lang="FR-CA">Raulston refusait d’examiner les
arguments </span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgyTo9N8aFrMoIL7wMW3avbS4PIRGaZFiQCfWh-ifNxYarivL_rbMhnlc-DYrXOVMeoDu7FCW7t7zZ7MI_kf6C83PHoyc0Bb-wCZU_aKklmiwdj1YUSaaHr7lLB7ftYRkux3RCU_woyxCQ/s1600/ClarenceDarrow_Scopestrial.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgyTo9N8aFrMoIL7wMW3avbS4PIRGaZFiQCfWh-ifNxYarivL_rbMhnlc-DYrXOVMeoDu7FCW7t7zZ7MI_kf6C83PHoyc0Bb-wCZU_aKklmiwdj1YUSaaHr7lLB7ftYRkux3RCU_woyxCQ/s1600/ClarenceDarrow_Scopestrial.jpg" height="320" width="400" /></a></span>scientifiques, Darrow comprit qu’il n’avait pas d’autres choix que
d’attaquer la Bible en faisant témoigner son plus fervent défenseur. Bryan fut
donc appelé en tant que spécialiste de la Bible! Il aurait pu refusé, mais son
orgueil le poussa à accepter le défi. Une fois assis sur le siège des témoins,
Darrow le cuisina pendant une heure et demie, enchaînant les questions sur la
rationalité de la Bible : si Adam et Ève étaient seuls au monde, comment
leur fils Caïn a-t-il pu trouver une femme?<span style="mso-spacerun: yes;">
</span>Ou encore, les poissons ont-ils été noyés eux aussi le jour du Déluge?.
Enfin, comment les jours de 24 heures s’écoulaient-ils avant la création du Soleil
le quatrième jour? Évidemment, Bryan était tombé dans le piège et ne pouvait
répondre à ces questions pour la forme. Mais c’est lors de son plaidoyer qu’il
secoua l’auditoire : </span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">“Mon ami le procureur dit que
John Scopes sait bien pourquoi il est là aujourd’hui”, fit </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhNdutTygsndJf_fVoEHDEaJuGMjNYby0OpRpXk7IabUvzSjhkJcqurmepWxqLL3jQfcIjYwMbnEyMN70OTwd7Z0PBxsF2StjZcK8tyy2NW6jUTOOx9wMoO5-l-X5OBEGmCh9JO9yYd2rs/s1600/75ca0cc0f24df07df9a7266429d5ac31.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhNdutTygsndJf_fVoEHDEaJuGMjNYby0OpRpXk7IabUvzSjhkJcqurmepWxqLL3jQfcIjYwMbnEyMN70OTwd7Z0PBxsF2StjZcK8tyy2NW6jUTOOx9wMoO5-l-X5OBEGmCh9JO9yYd2rs/s1600/75ca0cc0f24df07df9a7266429d5ac31.jpg" height="320" width="270" /></a>Darrow, toujours
l’air détendu. “Oui, je sais pourquoi il est là”, et sa voix changea
brusquement de registre, pour devenir agressive et mordante, “il est là parce
que les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhNdutTygsndJf_fVoEHDEaJuGMjNYby0OpRpXk7IabUvzSjhkJcqurmepWxqLL3jQfcIjYwMbnEyMN70OTwd7Z0PBxsF2StjZcK8tyy2NW6jUTOOx9wMoO5-l-X5OBEGmCh9JO9yYd2rs/h120/75ca0cc0f24df07df9a7266429d5ac31.jpg">fondamentalistes</a> en veulent à tous ceux qui pensent. Je sais qu’il est
là parce que l’ignorance et la bigoterie sévissent partout, et à elles deux,
Votre Honneur, elles représentent une force terrible”. Puis l’orage
d’indignation passée, la décontraction souriante refit surface. “Permettez-moi
de vous montrer un véritable acte d’accusation, messieurs, au cas où vous
auriez besoin d’en dresser un autre. Une petite plaisanterie, si vous le voulez
bien”.</i></span></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Darrow les tenait
maintenant; c’était bien fini les petits sommes, l’ennui et les sorties
furtives pour “voir ce qui se passe sur place”. Certain d’avoir captivé
l’attention de l’assistance entière, Darrow reprit son plaidoyer en faveur de
la tolérance. Tout le monde sait, dit-il, “qu’il n’y a pas deux machines
humaines pareilles ni deux êtres humains qui aient eu les mêmes expériences, et
leurs idées de la vie et de la philosophie émergent de leur perception des
expériences rencontrées sur le chemin de la vie. Si vous voulez maintenir un
état de liberté, il est impossible de façonner les opinions d’une personne à
partir des opinions d’une autre – seule la tyrannie peut faire cela”.</span></i></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">"Cette loi”,
s’indigna Darrow, “fait de la Bible la mesure de l’<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiIDE0GjPIECrJepJDsf6RQ5ND_ltvjZsJhHJ2jvq4tZmAUzLoFaALnlxBlC4Q7AH1JDyLE7LQzJ4RbjkMuj0v8jlCh80fcbC0jHposYDSlikvPgsL4ZiQQCwQtp9NmQv2AsCtBcPT-DDo/h120/5922758_orig.jpg">intelligence</a> et de
</span></i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiIDE0GjPIECrJepJDsf6RQ5ND_ltvjZsJhHJ2jvq4tZmAUzLoFaALnlxBlC4Q7AH1JDyLE7LQzJ4RbjkMuj0v8jlCh80fcbC0jHposYDSlikvPgsL4ZiQQCwQtp9NmQv2AsCtBcPT-DDo/s1600/5922758_orig.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiIDE0GjPIECrJepJDsf6RQ5ND_ltvjZsJhHJ2jvq4tZmAUzLoFaALnlxBlC4Q7AH1JDyLE7LQzJ4RbjkMuj0v8jlCh80fcbC0jHposYDSlikvPgsL4ZiQQCwQtp9NmQv2AsCtBcPT-DDo/s1600/5922758_orig.jpg" height="320" width="239" /></a>l’instruction de quelqu’un. Vos mathématiques sont-elles bonnes? Voyez, I Élie,
ii. Votre philosophie est-elle bonne? Voyez I Samuel, iii. Votre astronomie
est-elle bonne? Voyez Genèse, chapitre II, verset 7. Votre chimie est-elle
bonne? Voyez, eh bien, chimie, voyez Deutéronome, iii, 6 ou tout autre
chapitre qui parle de soufre”. Les citations étaient improvisées, bien entendu
– il n’y a pas de livre d’Élie – mais Darrow se fit comprendre. En érigeant la
Bible en autorité universelle, compétente en toute chose, la loi Butler était
devenue “un travestissement de la langue, de la justice et de la Constitution”.</span></i></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Se tournant vers le juge
Raulston, l’avocat leva les bras et dit : “Votre Honneur sait que l’on a
allumé des feux en Amérique, afin d’enflammer la bigoterie et la haine…”</span></i><span lang="FR-CA">» (G. Golding. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp.
67-68) </span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiCsmDtrWvHqvI4SCsq5KVnbtrVdtawu9TfrWlYsk5tVXptu_FNhcbcuzXjncTcueiWmheMvJ4Ytui0C6OTbksLjufhP0rWaJY2YD_CMggtTar0lu018gJns0Lwm9wtCVH5fzxr1hdS7hc/h120/scopes02m.jpg">Raulston</a>, qui était partisan du créationnisme, interrompit la
plaidoirie enflammée de Darrow pour suspendre </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiCsmDtrWvHqvI4SCsq5KVnbtrVdtawu9TfrWlYsk5tVXptu_FNhcbcuzXjncTcueiWmheMvJ4Ytui0C6OTbksLjufhP0rWaJY2YD_CMggtTar0lu018gJns0Lwm9wtCVH5fzxr1hdS7hc/s1600/scopes02m.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiCsmDtrWvHqvI4SCsq5KVnbtrVdtawu9TfrWlYsk5tVXptu_FNhcbcuzXjncTcueiWmheMvJ4Ytui0C6OTbksLjufhP0rWaJY2YD_CMggtTar0lu018gJns0Lwm9wtCVH5fzxr1hdS7hc/s1600/scopes02m.jpg" height="400" width="275" /></a>la séance. Lors du jugement,
Raulston considère que Scopes a bien violé la loi Butler et le condamne à payer
l'amende minimale de $ 100. Le 14 juillet 1927, la Cour suprême de Nashville
annula le jugement au motif que l'amende aurait dû être fixée par le jury et
non par le seul juge. Le procureur renonce à un second procès, ce qui prive
Darrow de la possibilité de faire appel devant cette Cour sur la
constitutionnalité de la loi. Le <i>Butler Act</i> restera en vigueur jusqu’en 1967!
Il est ironique que les créationnistes qui condamnent la théorie darwinienne au
niveau naturel soient les mêmes qui défendent l’idéologie du darwinisme social
qui veut que <i style="mso-bidi-font-style: normal;">the brightest and the
fittest </i>dominent la société puisqu’ils sont, précisément, les mieux adaptés
à l’économie et à l’enrichissement? Faut-il croire que l’Église catholique n’a
pas le monopole du double standard des valeurs?</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Le freudisme étant considéré comme une «science juive», l’Église a
tout fait pour ignorer son existence. Freud n’a pas suscité la colère comme
Galilée, ni la hargne méprisante de Darwin. De fait, il a frappé l’Église près
de trois quarts de siècle après ses premiers </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi_5sgNkdimyCRde36Okvs53C55FJxSkqydjds0j8taTNvNyhanWuCzk3l5CEONfYMPH5cZahd2EXlJOlh46ILfP3BO7lwUpVYnKvMJUR0KKb9nextXH17vnvcphRT9zrLCVY6yHyPfJ9s/s1600/100618_1011_eugen_drewermann.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi_5sgNkdimyCRde36Okvs53C55FJxSkqydjds0j8taTNvNyhanWuCzk3l5CEONfYMPH5cZahd2EXlJOlh46ILfP3BO7lwUpVYnKvMJUR0KKb9nextXH17vnvcphRT9zrLCVY6yHyPfJ9s/s1600/100618_1011_eugen_drewermann.jpg" height="253" width="320" /></a>énoncés. C’est <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi_5sgNkdimyCRde36Okvs53C55FJxSkqydjds0j8taTNvNyhanWuCzk3l5CEONfYMPH5cZahd2EXlJOlh46ILfP3BO7lwUpVYnKvMJUR0KKb9nextXH17vnvcphRT9zrLCVY6yHyPfJ9s/h120/100618_1011_eugen_drewermann.jpg">Eugen Drewermann</a>
(né en 1940), théologien et psychanalyste, qui a causé le trouble dans la
conscience de l’Église comme Galilée en avait causé un dans sa représentation
de l’univers et Darwin dans l’évolution des espèces. Ordonné prêtre en 1966,
onze ans plus tard il publie sa thèse en trois volumes, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Strukturen des Bösen </i>(Structures du Mal), sur les onze premiers
chapitres de la Genèse en utilisant tour à tour la psychologie des profondeurs
de Jung, et la philosophie de Kant, Hegel, Kierkegaard et Sartre. Pour
Drewermann, il s’agissait de renouveler la vision de la doctrine du péché
originel : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">saisi d’angoisse devant
sa liberté, l’homme fuit sa condition d’être limité, mais responsable. </i>On
était là devant Eric Fromm autant que C. G. Jung.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Drewermann entre en conflits avec les exégètes historico-critiques
qui l’accusent de détruire les bases historiques de la foi chrétienne. Rome les
appuie. Interdit d’enseignement à l’université catholique par </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEir10zqshDNClzqFOduOPBSIUEYc3-NAqTobYOTFPj9NRoAJz8kheF9srOa4MWbK472nMhkoqXYH9KMk-QnaS3d1FFs0ARwFnoygqQXhLSAXIKFzSQd18OUkAcwYryVmaGr36M8vYN-2MU/s1600/AVT_Pape-Benoit-XVI_521.jpeg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEir10zqshDNClzqFOduOPBSIUEYc3-NAqTobYOTFPj9NRoAJz8kheF9srOa4MWbK472nMhkoqXYH9KMk-QnaS3d1FFs0ARwFnoygqQXhLSAXIKFzSQd18OUkAcwYryVmaGr36M8vYN-2MU/s1600/AVT_Pape-Benoit-XVI_521.jpeg" height="400" width="325" /></a>l’archevêque de
Paderborn en 1994 à la suite du succès de son livre <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Fonctionnaires de Dieu </i>(paru en 1989), il est privé de sa chaire au
séminaire universitaire et ne peut plus célébrer ou conférer les sacrements.
C’est l’université publique de Paderborn qui va lui ouvrir une chaire de
sociologie et anthropologie de la civilisation. Produit de l’esprit œcuménique
de Vatican II, Drewermann est chaud partisan du dialogue interreligieux,
s’étant opposé malgré l’ordre romain, à la création de la conscription en
Allemagne en 1956, dans le cadre de la Guerre Froide. Sa notion de «bureaucrate
consacré» a été critiquée par <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEir10zqshDNClzqFOduOPBSIUEYc3-NAqTobYOTFPj9NRoAJz8kheF9srOa4MWbK472nMhkoqXYH9KMk-QnaS3d1FFs0ARwFnoygqQXhLSAXIKFzSQd18OUkAcwYryVmaGr36M8vYN-2MU/h120/AVT_Pape-Benoit-XVI_521.jpeg">Benoît XVI</a> dont on devine l’incompatibilité avec
la démarche intellectuelle de Drewermann.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Ce végétarien, adversaire du capitalisme et de la croissance
économique (insensée), de l’intérêt des <i style="mso-bidi-font-style: normal;">minorités
dominantes</i>, partisan de l’euthanasie autant qu’il a lutté contre la guerre
du Golfe et les attaques israéliennes au Liban, il se veut un porte-parole
d’une nouvelle gauche post-communiste. Si le cas Drewermann n’a pas suscité autant d’éclat que les affaires Galilée et Darwin, il témoigne toujours de cette présomption de l’Église
d’avoir le dernier mot, même dans les domaines qui ne sont pas les siens.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Le huitième degré de l’orgueil ajoute peu de choses sinon que
l’orgueilleux <i style="mso-bidi-font-style: normal;">persiste</i> à soutenir ses
fautes. </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiC5VIPCEl1S6wmr0QSgovWlfRyRtnXKEIipAf2lATwtMI6sj46jy69VO3wpTgAAv0QLY6v3NwvnWm7PCR4XS6QYAzHXCoWfpHfwpj2OPROWhDinqJ_tOLAmNGzOcfm5ZtP3FW_aFFSQ0s/s1600/44.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiC5VIPCEl1S6wmr0QSgovWlfRyRtnXKEIipAf2lATwtMI6sj46jy69VO3wpTgAAv0QLY6v3NwvnWm7PCR4XS6QYAzHXCoWfpHfwpj2OPROWhDinqJ_tOLAmNGzOcfm5ZtP3FW_aFFSQ0s/s1600/44.jpg" height="400" width="263" /></a>Aujourd’hui, il semblerait que l’aveu soit devenu un exercice courant
dans le monde clérical. Jean-Paul II avait ouvert le bal. Tout au long des
années 1990 et surtout au <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiC5VIPCEl1S6wmr0QSgovWlfRyRtnXKEIipAf2lATwtMI6sj46jy69VO3wpTgAAv0QLY6v3NwvnWm7PCR4XS6QYAzHXCoWfpHfwpj2OPROWhDinqJ_tOLAmNGzOcfm5ZtP3FW_aFFSQ0s/h120/44.jpg">jubilé de l’an 2000</a>, le pape demande pardon pour les
erreurs du passé. Ainsi, en 1994, dans <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Tertio
Millennio adveniente </i> : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Il
est donc juste que, le deuxième millénaire du christianisme arrivant à son
terme, l'Église prenne en charge, avec une conscience plus vive, le péché de
ses enfants, dans le souvenir de toutes les circonstances dans lesquelles, au
cours de son histoire, ils se sont éloignés de l'esprit du Christ et de son Évangile,
présentant au monde, non point le témoignage d'une vie inspirée par les valeurs
de la foi, mais le spectacle de façons de penser et d'agir qui étaient de
véritables formes de contre-témoignage et de scandales</i>». Aussi,
demandera-t-il pardon pour les croisades, la croisade albigeoise comprise; le
péché de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhsJQggb9cZWNtBpRrRoVO9X2eN6Lwnu4lPBXgYNCUgLRypZYWQLr8xoAe-amTw8mbRXzLkFYoOZHInYZTPLwS0tZwYgR-Q-BihgRco5X0G792rPCQG1VoFRxc3ZFRvzoWx39SoUnl7NiY/h120/jubileedoor.jpg">division</a> entre Églises chrétiennes; l’épuration ethnique des
aborigènes d’Australie; la condamnation de Jan Hus; sur les conflits avec
</span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhsJQggb9cZWNtBpRrRoVO9X2eN6Lwnu4lPBXgYNCUgLRypZYWQLr8xoAe-amTw8mbRXzLkFYoOZHInYZTPLwS0tZwYgR-Q-BihgRco5X0G792rPCQG1VoFRxc3ZFRvzoWx39SoUnl7NiY/s1600/jubileedoor.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhsJQggb9cZWNtBpRrRoVO9X2eN6Lwnu4lPBXgYNCUgLRypZYWQLr8xoAe-amTw8mbRXzLkFYoOZHInYZTPLwS0tZwYgR-Q-BihgRco5X0G792rPCQG1VoFRxc3ZFRvzoWx39SoUnl7NiY/s1600/jubileedoor.jpg" height="400" width="372" /></a>l’Église d’Orient; les massacres et l’acculturation des Amérindiens; les excès
et moyens pris par l’Inquisition; le procès Galilée; le silence de la shoah…
Bref, le vaticaniste Luigi Accatoli a recensé quelque quarante textes où le
pape demande pardon (B. Lecomte. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Op. cit.
</i>p. 826). Ce sont des fautes qui remontent assez loin dans le passé, mais
lorsqu’il s’agit des abus sexuels dans les communautés enseignantes de par le
monde, l’Église, tout en condamnant la pédophilie, essaie autant que faire se
peut d’échapper aux procès civils qui lui coûteraient fort cher. Demander pardon en repentance coûte bien peu comparées aux réparations que demandent les victimes, et l'Église étant pauvre, n'a pas d'argent pour compenser ceux et celles qui ont souffert par la faute de son péché d'orgueil.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Cela conduit au neuvième degré qui est la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">confession simulée</i>. Jusqu’où est-on en droit d’interroger la
sincérité de la repentance de l’Église ou l’exercice de la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">purification de la mémoire </i>de l’an 2000? Ces dix années
préparatoires au jubilé de l’an 2000 se sont passées dans des voyages de propagande
vaticane. </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjDhoIY8Di13hGv78uFrB4VESvo3vVr_LAHOo1OHjuTmPn010K7QMsgYvxRr6-FjXaYJahreStuuFrGFbA2CH_lgKlQckPPBRnl4-TVVq2stBTtuYYStcjD_Z5TrbCifjOgq-OjCmO97v8/s1600/Pope_John_Paul_II_(1979).jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjDhoIY8Di13hGv78uFrB4VESvo3vVr_LAHOo1OHjuTmPn010K7QMsgYvxRr6-FjXaYJahreStuuFrGFbA2CH_lgKlQckPPBRnl4-TVVq2stBTtuYYStcjD_Z5TrbCifjOgq-OjCmO97v8/s1600/Pope_John_Paul_II_(1979).jpg" height="263" width="400" /></a>Chaque arrêt était l’occasion de demander pardon pour une faute
historique commise. Ces céré-</span><br />
<span lang="FR-CA">monies ne sont pas innocen-</span><br />
<span lang="FR-CA">tes au succès mé-</span><br />
<span lang="FR-CA">diatique
remporté par Jean-Paul II qui a un sens aigu de la propagande hérité des pays communistes. Il essaie constamment de
convertir la jeunesse du monde à soutenir l’Église : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Je veux m’adresser aux jeunes : vous
êtes l’avenir du monde, l’espérance de l’Église, vous êtes mon espérance!</i>»
(Cité in B. Lecomte. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 832)
et, pour ce faire, les cérémonies dans les stades ou </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhD-WLouBaLnnmIR7csI4vccuDQ6ySMtY1wHv6byxFAwkgJfH1U-n7x7F31t11588SWxof0m4uqFEVMFZK9ecuZ7RB1ILssPY1jptqOaw8BPeXzTZnIl5a9M6urnNTQYl8YLfEZzcOKnlI/s1600/014JPIIArmsOutstretched.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhD-WLouBaLnnmIR7csI4vccuDQ6ySMtY1wHv6byxFAwkgJfH1U-n7x7F31t11588SWxof0m4uqFEVMFZK9ecuZ7RB1ILssPY1jptqOaw8BPeXzTZnIl5a9M6urnNTQYl8YLfEZzcOKnlI/s1600/014JPIIArmsOutstretched.jpg" height="400" width="320" /></a>sur les places publiques
où apparaîtra le Saint-Père sont orchestrées comme des <i>show rock</i>. C’est au <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjDhoIY8Di13hGv78uFrB4VESvo3vVr_LAHOo1OHjuTmPn010K7QMsgYvxRr6-FjXaYJahreStuuFrGFbA2CH_lgKlQckPPBRnl4-TVVq2stBTtuYYStcjD_Z5TrbCifjOgq-OjCmO97v8/h120/Pope_John_Paul_II_(1979).jpg"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">Madison Square Garden </i></a>qu’il apparaît, le
3 octobre 1979, lors de son premier voyage à New York. «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Alors que les haut-parleurs diffusent le thème ultra-populaire de </i>Star
Wars <i style="mso-bidi-font-style: normal;">interprété par un orchestre local,
le pape monte sur l’estrade et se met… à imiter le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhD-WLouBaLnnmIR7csI4vccuDQ6ySMtY1wHv6byxFAwkgJfH1U-n7x7F31t11588SWxof0m4uqFEVMFZK9ecuZ7RB1ILssPY1jptqOaw8BPeXzTZnIl5a9M6urnNTQYl8YLfEZzcOKnlI/h120/014JPIIArmsOutstretched.jpg">batteur</a>. Puis il lève le
pouce, à l’américaine, vers ces dizaines de milliers d’adolescents ravis. Les
cadeaux se succèdent : un tee-shirt, une guitare, un blue-jean. Jean-Paul
II arbore un large sourire. La foule est survoltée : - <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiAt-U4FqZzp2P3YMrf0MYUa7y1YCnWCR-SjpjHj0uAjSdw-PvPKJLSLGSSBMbRyywiIjs0yEdo7Y9zP9kXVMqsgFPs-Y8EOydMIipsKcDjUkIjHlf2waaXJu0_613URhIKn_5qu31WCFQ/h81/jpii_weloveyou_blog_610x1381.jpg">John Paul Two, we love you!</a> John Paul Two, we love you! Et le pape de répondre, la main posée sur
le micro : - Wou-hou-hwou, John Paul II loves you!</i>» (B. Lecomte. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 832-833). Le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Time </i>titre <i style="mso-bidi-font-style: normal;">John Paul II Superstar. </i>Et il en va ainsi de visite en visite. Même
à Paris, où il est reçu froidement par les autorités, Jean-Paul II suscite la
ferveur d’une certaine jeunesse. Il faut bien dire d’une <i>certaine</i>, car lui-même
reconnaît qu’il y a parfois des dérapages :</span><br />
<br />
<div style="text-align: center;">
<span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiAt-U4FqZzp2P3YMrf0MYUa7y1YCnWCR-SjpjHj0uAjSdw-PvPKJLSLGSSBMbRyywiIjs0yEdo7Y9zP9kXVMqsgFPs-Y8EOydMIipsKcDjUkIjHlf2waaXJu0_613URhIKn_5qu31WCFQ/s1600/jpii_weloveyou_blog_610x1381.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiAt-U4FqZzp2P3YMrf0MYUa7y1YCnWCR-SjpjHj0uAjSdw-PvPKJLSLGSSBMbRyywiIjs0yEdo7Y9zP9kXVMqsgFPs-Y8EOydMIipsKcDjUkIjHlf2waaXJu0_613URhIKn_5qu31WCFQ/s1600/jpii_weloveyou_blog_610x1381.jpg" height="90" width="400" /></a> </span></div>
</div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Aucun de ces échanges n’est
gratuit pour le Saint-Père. À preuve cette anecdote qu’il rappellera à André
Frossard : au <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhtxvq528db-UdvHjw3ZlT7euED9CozedRUGKpz5cb26k72kOZWxZqFLP2DirlF_4imsyz93oLTBQuOZKNx6ArqEiOvghid-u_wpiBxRBsQqAIZTBSByM8kzrwT14SxUu-GpDDzZSi0_Nk/h120/PAR228139.jpg">Parc des Princes,</a> alors que les questions étaient plus ou
moins <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjPwZEFflytZAcKMTsJcqRxT2HiTli-uhirVL5IZnASNT5UZL26xVLUUw5w_-guWEOBq1uKT_iI4AKcwKSnuQkJzTRHh7FOJfC7EyYrjgISsFWvgz1XfvdCl2tRDRs-7KnZ9hYZdQTp6lA/h120/cover326x326.jpeg">prévues à l’avance</a>, voilà qu’un jeune homme monte à la tribune, un papier
à la </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhtxvq528db-UdvHjw3ZlT7euED9CozedRUGKpz5cb26k72kOZWxZqFLP2DirlF_4imsyz93oLTBQuOZKNx6ArqEiOvghid-u_wpiBxRBsQqAIZTBSByM8kzrwT14SxUu-GpDDzZSi0_Nk/s1600/PAR228139.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhtxvq528db-UdvHjw3ZlT7euED9CozedRUGKpz5cb26k72kOZWxZqFLP2DirlF_4imsyz93oLTBQuOZKNx6ArqEiOvghid-u_wpiBxRBsQqAIZTBSByM8kzrwT14SxUu-GpDDzZSi0_Nk/s1600/PAR228139.jpg" height="133" width="200" /></a>main, se déclare athée et pose une question au pape : “Saint-Père, en
qui croyez-vous? Pourquoi croyez-vous? Qu’est-ce qui vaut le don de notre vie?
Quel est ce Dieu que vous adorez?” Mais, dans le tumulte de cette soirée, le
pape, qui écoute déjà parmi bien d’autres la question posée par une jeune
handicapée, oublie de répondre au jeune homme. De retour à Rome, il y repense,
s’en repent, et il écrit au cardinal Marty pour qu’il retrouve le jeune homme et
lui transmette ses excuses. Des mois plus tard, il s’en veut encore. Et en
parle longuement à Frossard : “Sa question ne figurait pas sur la liste
qui m’avait été remise. Or le problème qu’il soulevait était fondamental”</i>»
(B. Lecomte. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 836)<i>.</i></span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjPwZEFflytZAcKMTsJcqRxT2HiTli-uhirVL5IZnASNT5UZL26xVLUUw5w_-guWEOBq1uKT_iI4AKcwKSnuQkJzTRHh7FOJfC7EyYrjgISsFWvgz1XfvdCl2tRDRs-7KnZ9hYZdQTp6lA/s1600/cover326x326.jpeg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjPwZEFflytZAcKMTsJcqRxT2HiTli-uhirVL5IZnASNT5UZL26xVLUUw5w_-guWEOBq1uKT_iI4AKcwKSnuQkJzTRHh7FOJfC7EyYrjgISsFWvgz1XfvdCl2tRDRs-7KnZ9hYZdQTp6lA/s1600/cover326x326.jpeg" height="400" width="400" /></a></div>
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br />
<span lang="FR-CA">Bref, comme dans une soirée <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Rock, </i>rien
n’est laissé à l’improvisation. L’<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjGdJL49V8mlxZbulqhFB0bpo3tQ1vpFvS7VohP5BSJgHxchE6NNwCTZQfHnPYwZdsMt480XVE9sDVNSC1SMyzeHNAMgT-aINa5hLga8JWT9SI0rIuTDU2dyVSjvc7oq1d17DcSfJsY1Dg/h120/1984_stade_olympique_002.jpg">émotionnalisme</a> à l’américaine remplace la
pensée critique qui dominait les lendemains de Vatican II. Le pape sait que ses
nouveaux adversaires ne sont plus les dogmatiques, froids et antipathiques
porteurs de la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">doxa</i>
marxiste-léniniste, mais le télé-évangélisme protestant qui gagne de la ferveur auprès des foules, partout dans le monde.</span><br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjGdJL49V8mlxZbulqhFB0bpo3tQ1vpFvS7VohP5BSJgHxchE6NNwCTZQfHnPYwZdsMt480XVE9sDVNSC1SMyzeHNAMgT-aINa5hLga8JWT9SI0rIuTDU2dyVSjvc7oq1d17DcSfJsY1Dg/s1600/1984_stade_olympique_002.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjGdJL49V8mlxZbulqhFB0bpo3tQ1vpFvS7VohP5BSJgHxchE6NNwCTZQfHnPYwZdsMt480XVE9sDVNSC1SMyzeHNAMgT-aINa5hLga8JWT9SI0rIuTDU2dyVSjvc7oq1d17DcSfJsY1Dg/s1600/1984_stade_olympique_002.jpg" height="253" width="400" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<br /></div>
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Le dixième degré de l’orgueil est la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">rébellion</i>. Ces rébellions qui ont donné les grandes périodes de
réformations depuis les gnostiques dans l’Antiquité jusqu’aux sectes protestantes
au cours des derniers siècles. Ce sont souvent les catholiques qui se veulent
le plus intégristes qui finissent par rompre avec l’appareil institutionnel. L'Église connaît sa force réelle par rapport aux aspirations parfois démoniques de ses
disciples. Le cas de Tertullien est fort représentatif de ce besoin de
rébellions qui peut animer un esprit orthodoxe. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEip0vMLap_WVwdtMF4CZTEZhyphenhyphengDxY2jfMoUEK0eHE9WGEEKd4rbsqAhcSleh7jX9vSQI3hiF6qIlAX75-AqHajLkn8aQOQAH4ieHjP-SHhHMrqmcFlQBBbDDONRsAKqtA6TGQ818bPnQjw/h120/Tertullien.jpg">Tertullien</a> (150 ou 160 - ±222), est né à Carthage et est d’origine
berbère, probablement comme plus tard Augustin. Père de l’Église d’Occident, nous
lui devons le premier le concept de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">trinité.
</i>Homme intelligent, il </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEip0vMLap_WVwdtMF4CZTEZhyphenhyphengDxY2jfMoUEK0eHE9WGEEKd4rbsqAhcSleh7jX9vSQI3hiF6qIlAX75-AqHajLkn8aQOQAH4ieHjP-SHhHMrqmcFlQBBbDDONRsAKqtA6TGQ818bPnQjw/s1600/Tertullien.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEip0vMLap_WVwdtMF4CZTEZhyphenhyphengDxY2jfMoUEK0eHE9WGEEKd4rbsqAhcSleh7jX9vSQI3hiF6qIlAX75-AqHajLkn8aQOQAH4ieHjP-SHhHMrqmcFlQBBbDDONRsAKqtA6TGQ818bPnQjw/s1600/Tertullien.jpg" height="400" width="336" /></a>se fait toutefois polémiste d’un goût douteux
lorsqu’il dénonce les cultes païens ou l’hérésie marcionite. À la fin de sa
vie, il rejoindra l’hérésie montaniste avant de s’exclure lui-même des
hérétiques. Comme l’écrit Charles-André Julien : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Nous ignorons les conditions de sa conversion. Elle dut être provoquée,
comme tous les acte de sa vie, par sa logique passionnée. Dès qu'il voyait une
vérité, il s'y livrait corps et âme, sans ménagement, sans compromission.
C'était un extrémiste et un minoritaire. Il n'aimait pas les doctrines
triomphantes qui pactisent avec le siècle. Son esprit se complaisait dans
l'absolu, son tempérament dans la lutte. Avec cela, pamphlétaire admirable,
armé pour la polémique comme pas un et s'y donnant tout entier. Un Berbère
converti, mais qui, sous le placage chrétien, gardait toutes les passions,
toute l'intransigeance, toute l'indiscipline du Berbère</i>» (C.-H. Julien. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Histoire de l’Afrique du Nord, t. 1, </i>Paris,
Payot, Col. Bibliothèque historique, 1951, p. 226). Car notre homme ne sera
jamais un modéré. Lisons «<i>les pamphlets que Tertullien, devenu hérétique à son tour, jetait à la tête des modérés qui désapprouvaient son zèle farouche, ceux qu'il appelle dédaigneusement des "psychiques", c'est-à-dire, dans la langue de S. Paul, des "animaux". Ce sont des goinfres libidineux, qui ont pour Dieu leur ventre, pour autel leur estomac, pour prêtre leur cuisinier : qu'on ne leur parle pas d'inspirés qui prophétisent; ils ne connaissent d'autre Esprit-Saint que le fumet des plats, et roter est leur façon de prophétiser. Les agapes de ces gens-là sont des ripailles qui engendrent le dévergondage. "Vous y tenez surtout", dit le forcené, "parce que, grâce à elles, nos jeunes gens dorment avec leurs sœurs". Les psychiques refusaient les honneurs du martyre aux exaltés qui le recherchaient; Tertullien, en revanche, traite de lâcheté leur prudence. Leurs martyrs ne savent pas souffrir, pour soutenir leur courage, on installe dans les prisons des débits où on les enivre. Il en cite un qui, prisonnier en chambre, choyé, ayant bonne table et le bain à sa disposition, est allé à l’audience hébété par un vin drogué qu’on lui avait fait prendre que les </i></span><span lang="FR-CA"><i><span lang="FR-CA"><span style="color: black;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgG32MbREPvZThgBGbG4VdFcK1U7XyaquLkRcIMHlgsO74O7sLVA1eIfgqkgskN4KprIGAGfT4bqJR0hP4TG85jzltr32y7eBs-2AJX4J1sKBGXHaRPyb-iYjM8gLNRjBbLA2aoPWazUik/s1600/luther_01.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgG32MbREPvZThgBGbG4VdFcK1U7XyaquLkRcIMHlgsO74O7sLVA1eIfgqkgskN4KprIGAGfT4bqJR0hP4TG85jzltr32y7eBs-2AJX4J1sKBGXHaRPyb-iYjM8gLNRjBbLA2aoPWazUik/s1600/luther_01.jpg" height="400" width="273" /></a></i></span></span>ongles de fer lui faisaient l’effet d’un chatouillement. Incapable de répondre aux questions du président autrement que par des rotes et des hoquets; il mourut en reniant la foi. D’autres se font mettre en prison ou envoyer au bagne pour la forme, afin d’en sortir avec un prestige qui leur permette de faire trafic d’indulgences et de réconcilier avec l’Église des individus souillés de ténébreuses débauches" </i>(A. Bouché-Leclercq. <i>L’intolérance religieuse et la politique, </i>Paris, Flammarion, 1911, p. 299). Évidemment, les modérés ne sont jamais des rebelles. Il faut atteindre les extrémités, d’un bord comme de l’autre, pour reconnaître ceux qui témoignent faiblement, avec couardise, la vérité. Ainsi, pour </span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><span style="color: black;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgG32MbREPvZThgBGbG4VdFcK1U7XyaquLkRcIMHlgsO74O7sLVA1eIfgqkgskN4KprIGAGfT4bqJR0hP4TG85jzltr32y7eBs-2AJX4J1sKBGXHaRPyb-iYjM8gLNRjBbLA2aoPWazUik/h120/luther_01.jpg">Luther</a></span></span>. Rome est-elle la Grande Babylone. Calvin ne parlera pas autrement. Pour bien des adeptes des sectes protestantes, Rome, le Vatican, l’Opus Dei sont le nid de tous les complots paranoïaques. Ils sont plus catholiques que le pape, dirions-nous.</span><br />
<span lang="FR-CA"><br /></span>
<span lang="FR-CA">L’exemplarité de Tertullien nous conduit aux deux derniers degrés de l’orgueil. Celui de <i>la liberté du péché, </i>le onzième, car ayant fait sécession avec le monde et avec l’Histoire, l’orgueilleux rebelle n’a ni supérieur à redouter, ni frères à respecter. Il peut donc se livrer à tous ses désirs, avec d’autant plus de liberté qu’il jouit d’une sécurité plus entière, ce que la honte et la crainte l’empêcheraient de faire, comme suppose Bernard de Clairvaux. Cet égocentrisme sans limite repose bien sur des fondements pervers où le sado-masochisme est le terreau le plus fertile : <i>"Chez Tertullien apparaît… un accent mis sur le péché, cette attitude allait marquer l’Occident. Il parle du </i>vicium originis <i>(péché originel), qu’il assimile à la sexualité. Ce faisant, il inaugure une tendance qui se perpétuera dans le christianisme romain : le mépris du sexe et l’idée que le péché se cache partout" </i>(P. Tillich. <i>Histoire de la pensée chrétienne, </i>Paris, Payot, Col. </span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA" style="color: black; mso-bidi-font-size: 12.0pt;"></span>Bibliothèque historique, 1970, p. 119). La hantise de la faute suppose la commission irrépressible du </span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA" style="color: black; mso-bidi-font-size: 12.0pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg2yrAMMxxG-rbtcZ8Jabud1fxR7du5CD9KmbUAH6-TJs8F-0ml06EZvuR16uw-y7kGsw-mdMvtm1g32NsRzhZOOsJyn7EPy8o243djvKqG6bpkUNTyHOR0hMXKTlWXM5yWYHwYAGFzme8/s1600/procession.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg2yrAMMxxG-rbtcZ8Jabud1fxR7du5CD9KmbUAH6-TJs8F-0ml06EZvuR16uw-y7kGsw-mdMvtm1g32NsRzhZOOsJyn7EPy8o243djvKqG6bpkUNTyHOR0hMXKTlWXM5yWYHwYAGFzme8/s1600/procession.jpg" height="245" width="400" /></a></span></span>péché. C’est parce qu’il est lui-même pécheur, lui-même rebelle, lui-même orgueil-</span><br />
<span lang="FR-CA">leux jusqu’à assumer la liberté de pécher à sa guise, que Tertullien fantasme si bien, si voluptueusement pourrait-on dire, le tourment du pécheur! <i>«Tertullien, toujours sévère, excessif même parfois insista sur les rites de cette pénitence. Des mots ne suffisent plus. Le pénitent devrait se prosterner, s’</i></span><span lang="FR-CA"><i><span lang="FR-CA" style="color: black; mso-bidi-font-size: 12.0pt;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg2yrAMMxxG-rbtcZ8Jabud1fxR7du5CD9KmbUAH6-TJs8F-0ml06EZvuR16uw-y7kGsw-mdMvtm1g32NsRzhZOOsJyn7EPy8o243djvKqG6bpkUNTyHOR0hMXKTlWXM5yWYHwYAGFzme8/h120/procession.jpg">humilier</a></i></span>, se coucher sous la cendre, s’envelopper le corps de haillons, abandonner son âme à la tristesse. "Le pénitent gémit, pleure, mugit jour et nuit vers le ciel, se roule aux pieds des prêtres". La seconde entrée dans l’Église [après le baptême] était moins glorieuse, plus douloureuse que la première. Saint Ambroise (349-397), évêque de Milan, put dire que l’Église proposait l’eau et les armes : l’eau du baptême et les larmes de la pénitence</i>» (G. Bechtel. <i>La chair, le diable et le confesseur, </i>Paris, Plon, Col. Pluriel, 1996, pp. 67-68).<i> </i></span><br />
<span lang="FR-CA"><span style="color: black;"> </span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br />
<span lang="FR-CA">Au douzième degré, le péché est devenu une habitude, sinon la
qualité même de l’orgueilleux. Son plaisir est dans la souffrance comme pour
l’hédoniste dans la sexualité, la nourriture, les beaux vêtements. Il finirait
par dire <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Dieu n’existe pas </i>s’il ne
s’était pas déjà assimilé à Sa Volonté. La façon dont <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhPbqpEIP29t9ZsQQi44hZmxcHCPytybshFUEQpYeLwLu6EzkZ3VjbHWOwEYyyH2PKbnv2ZEXGoQkj1XlIV00JMCR5doEbySPmE2q-JDBnB6MmfjYKRJ44_mXFBCWusDDGfGwsWDWwtFzg/h120/St-Bernard-2.jpg">Bernard de Clairvaux</a>
</span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhPbqpEIP29t9ZsQQi44hZmxcHCPytybshFUEQpYeLwLu6EzkZ3VjbHWOwEYyyH2PKbnv2ZEXGoQkj1XlIV00JMCR5doEbySPmE2q-JDBnB6MmfjYKRJ44_mXFBCWusDDGfGwsWDWwtFzg/s1600/St-Bernard-2.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhPbqpEIP29t9ZsQQi44hZmxcHCPytybshFUEQpYeLwLu6EzkZ3VjbHWOwEYyyH2PKbnv2ZEXGoQkj1XlIV00JMCR5doEbySPmE2q-JDBnB6MmfjYKRJ44_mXFBCWusDDGfGwsWDWwtFzg/s1600/St-Bernard-2.jpg" height="322" width="400" /></a>évoque le douzième degré vise à camoufler de façon idéologi-</span><br />
<span lang="FR-CA">que le sort de
l’Église chré-</span><br />
<span lang="FR-CA">tienne qu’il com-</span><br />
<span lang="FR-CA">prend si bien à travers ce «moine» dont il suit la
trajectoire depuis le tout début. Ce dernier est maintenant hors de l’Église
et, hors de l’Église point de salut.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Il
est devenu «l’impie». «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le douzième degré
peut donc s’appeler l’habitude du péché, qui ôte la crainte de Dieu et nous en
inspire le mépris</i>». Nous voilà revenu à l’Ennemi, au Satan de Milton. À
celui qui, aux yeux de Tertullien, mérite toutes les souffrances que les
martyrs – les Témoins – ont souffert depuis le Christ.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoFootnoteText" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
Tertullien
a vécu à l’ère des grandes persécutions. Le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgmx4mnEWVcVdT47nSo7DkeTKZw9cpQNVvUDBsoBxBtxH10tVkvZUyyuDTp2KHwxoPZ88tzC-XtwE_YU2ImCNHRasw-MMGx6-Z1zglqhyX8nFERxjjEi5OptpJFvvsdnzxK7LBlWk3g6xs/h120/martyr10.jpg">martyre</a> des autres l’enchante sans
que lui-même ne se sente précipité jusqu’à gifler un fonctionnaire de l’Empire
persécuteur. En tant que Père Apologète, il est le <span style="color: black;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgmx4mnEWVcVdT47nSo7DkeTKZw9cpQNVvUDBsoBxBtxH10tVkvZUyyuDTp2KHwxoPZ88tzC-XtwE_YU2ImCNHRasw-MMGx6-Z1zglqhyX8nFERxjjEi5OptpJFvvsdnzxK7LBlWk3g6xs/s1600/martyr10.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgmx4mnEWVcVdT47nSo7DkeTKZw9cpQNVvUDBsoBxBtxH10tVkvZUyyuDTp2KHwxoPZ88tzC-XtwE_YU2ImCNHRasw-MMGx6-Z1zglqhyX8nFERxjjEi5OptpJFvvsdnzxK7LBlWk3g6xs/s1600/martyr10.jpg" height="363" width="400" /></a></span>symbole parfait du péché
d’orgueil poussé jusqu’au douzième degré, et ce, après avoir si bien exposé le mystère
de la Trinité. Ses fantasmes masochistes se transforment en pures visions sadiques des tortures éternelles qui affligeront les païens en Enfer. Nul mieux que Tertullien, en effet, n’a exprimé cet orgueil masochiste des premiers chrétiens à travers son adresse <i>(Apôtres I)</i> tel que cité par Reik : «<i>Nous disons devant tous, et déchirés et sanglants sous les tortures, nous clamons : "Nous adorons Dieu à travers le Christ". Il décrit l’attitude typique du chrétien devant le tribunal : "S’il est désigné, il s’en glorifie, s’il est accusé, il ne se défend pas, s’il est interrogé, il confesse volontairement, s’il est condamné, il rend grâces"</i>» Il ajoute : «<i>quoique très pénibles, [ces tortures] furent supportées avec calme par beaucoup et ont été ardemment désirées pour l’amour de la gloire et de la renommée</i>» (T. Reik. <i>Le masochisme, </i>Paris, Payot, Col. Bibliothèque scientifique, 1953, pp. 318-319).<br />
<br />
La rhétorique du martyre sert de reflet aux supplices des pécheurs, des modérés et des couards. Un Luther, dans ses <i>Conversations de table, </i>aura la même médisance cruelle contre les Juifs que Tertullien contre les comédiens qui s’agitent dans les flammes de l’Enfer : «<i>En lui, a écrit K. Hall, c’est l’esprit occidental qui s’exprime clairement pour la première fois</i>» <span style="color: black;">(</span>Cité in H. von Campenhaussen. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Les Pères latins</i>, s.v., Ed. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXYbWT8rMy19PwJCQyYoMK6yRSbaYdd5YFEgSs4UfbKNi2uat9elPfadUNktweILQgYtipKtXcFe4U1h2_CCiBnr8Z8hy9rLlvE0qO5egcNR58MP-yQcHGn2qu3PIrQK08DkyffVWccHY/s1600/martyr11.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXYbWT8rMy19PwJCQyYoMK6yRSbaYdd5YFEgSs4UfbKNi2uat9elPfadUNktweILQgYtipKtXcFe4U1h2_CCiBnr8Z8hy9rLlvE0qO5egcNR58MP-yQcHGn2qu3PIrQK08DkyffVWccHY/s1600/martyr11.jpg" height="400" width="396" /></a>de L’Orante, rééd. Seuil, Col. Livre de
Vie, # 96, 1967, p. 46). L’une de ses phrases, «<i>Facio quia absurdum</i>» («Ce que je fais est absurde»), reflète assez bien sa person-<br />
nalité extrémiste. Dans son traité de 197, <i>De l’Apologétique, </i>il écrit : «<i>Qui ne désire pas souffrir, afin d’obtenir de Dieu son pardon complet en échange de son sang? Car cet échange procure le pardon de son sang?</i>» (Cité in T. Reik. <i>op. cit.</i> p. 315); dans son <i>Épitre </i>(25), il écrit encore : «<i>Que peut-il arriver de plus glorieux, de plus béni… que de confesser sa croyance en Dieu sous la menace de la mort, devant le </i><i><span style="color: black;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"> <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXYbWT8rMy19PwJCQyYoMK6yRSbaYdd5YFEgSs4UfbKNi2uat9elPfadUNktweILQgYtipKtXcFe4U1h2_CCiBnr8Z8hy9rLlvE0qO5egcNR58MP-yQcHGn2qu3PIrQK08DkyffVWccHY/h120/martyr11.jpg">bourreau</a></i></span>? De confesser le Christ…, avec un esprit encore libre quoique sur le point de s’envoler, parmi les tortures féroces, variées et raffinées des puissances de ce monde, quand le corps est roué et coupé en morceaux? Que de monter au Ciel en laissant le monde derrière soi?</i>» (Cité in T. Reik. <i>ibid, </i>pp. 315-316). Ou dans sa lettre à Scapula (1), où il affirme que «<i>nous assurant de par notre accord même, la condamnation nous donne plus de plaisir que l’acquittement</i>»! (Cité in T. Reik. <i>ibid. </i>p. 316). De <i>L’Apologétique </i>(197) à <i>De Corona </i>(211), la pensée de Tertullien ne cessera d’affirmer l’orgueil de son masochisme par une négation constante de la réalité sociale romaine, se conformant ainsi aux reproches de Celse :<i> </i>«"<i>Rien ne nous est plus étranger que l’intérêt public; nous ne </i><i><span style="color: black;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"></i></span>reconnaissons qu’une république commune à tous : le monde"; "la seule chose qui importe aux </i><i><i><span style="color: black;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgogs_QCHIEmFpL0zRfA5b9jNTCrqGqFWZl1wzONYpv0TVXihq22gQFUonKNu9qF9Kn4fCn2hIiN1LgbywMF2y8PJfZh4j-W4Gzjn2A0Z_6KZkIJKYbSc1JIj7KC7y7fmuQs-ydwJoaZBE/s1600/frikolaos2.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgogs_QCHIEmFpL0zRfA5b9jNTCrqGqFWZl1wzONYpv0TVXihq22gQFUonKNu9qF9Kn4fCn2hIiN1LgbywMF2y8PJfZh4j-W4Gzjn2A0Z_6KZkIJKYbSc1JIj7KC7y7fmuQs-ydwJoaZBE/s1600/frikolaos2.jpg" height="335" width="400" /></a></i></span></i>chrétiens dans ce monde, c’est de le quitter au plus vite". Ailleurs, il évoque les possibi-</i><br />
<i>lités de </i><i><span style="color: black;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgogs_QCHIEmFpL0zRfA5b9jNTCrqGqFWZl1wzONYpv0TVXihq22gQFUonKNu9qF9Kn4fCn2hIiN1LgbywMF2y8PJfZh4j-W4Gzjn2A0Z_6KZkIJKYbSc1JIj7KC7y7fmuQs-ydwJoaZBE/h120/frikolaos2.jpg">vengean-</a></i></span></i><br />
<i><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgogs_QCHIEmFpL0zRfA5b9jNTCrqGqFWZl1wzONYpv0TVXihq22gQFUonKNu9qF9Kn4fCn2hIiN1LgbywMF2y8PJfZh4j-W4Gzjn2A0Z_6KZkIJKYbSc1JIj7KC7y7fmuQs-ydwJoaZBE/h120/frikolaos2.jpg">ce</a> </i>que les chrétiens pourraient utiliser s’il leur était permis de rendre le mal pour le mal : une désertion en masse des soldats chrétiens, une nuit d’incendie pour laquelle "quelques torches suffiraient". Aux yeux des autorités, de tels passage justifiaient toutes les méfiances. Dans son autre traité (Ad Nationes), que l’on date de la même année (197), il va plus loin. "Il nous faut, disait-il, lutter contre les institutions des ancêtres, l’autorité des traditions, les lois des maîtres du monde, les argumentations des jurisconsultes, contre le temps, la coutume, la nécessité, contre les exemples, les prodiges, les miracles qui ont fortifié cette foi bâtarde". Le polythéisme imprégnait toute la vie sociale : la refuser, c’était lutter contre la société païenne, et Tertullien allait jusqu’au bout de ce raisonnement. Son intransigeance allait croissant, jusqu’à </i><i><span style="color: black;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj5OARuSZlnTH-HoGnC0sXcC5MTG0N4AQ9Cyw0kq922keeHlB0s-PNb9_pLbHbfe3okKv2hAjE-0FNbX-SOM3BEdMC8z6ul7VAJqCUixGacPVe-ZSZ5o71c7u1i0AcLQcosUbQ10JLDIA0/s1600/Montanus1.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj5OARuSZlnTH-HoGnC0sXcC5MTG0N4AQ9Cyw0kq922keeHlB0s-PNb9_pLbHbfe3okKv2hAjE-0FNbX-SOM3BEdMC8z6ul7VAJqCUixGacPVe-ZSZ5o71c7u1i0AcLQcosUbQ10JLDIA0/s1600/Montanus1.jpg" height="400" width="265" /></a></i></span>l’amener à partir de 207, à s’opposer aux pasteurs de l’Église qu’il jugeait trop indulgents et tolérants, et à passer à la secte </i><i><span style="color: black;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj5OARuSZlnTH-HoGnC0sXcC5MTG0N4AQ9Cyw0kq922keeHlB0s-PNb9_pLbHbfe3okKv2hAjE-0FNbX-SOM3BEdMC8z6ul7VAJqCUixGacPVe-ZSZ5o71c7u1i0AcLQcosUbQ10JLDIA0/h120/Montanus1.jpg">montaniste</a></i></span>, qui groupait alors des chrétiens extrémistes. Il finit d’ailleurs par se brouiller avec ces derniers, et il fonda sa propre secte des Tertullianistes, qui persista à Carthage jusqu’au temps de saint Augustin. Dans son traité De l’idolâtrie qu’on date de 211, il pousse ses conceptions jusqu’aux plus folles conséquences : pour lui, aucun métier n’est compatible avec le christianisme. Le commerce sera interdit, car il est fondé sur la cupidité, et les marchandises vendues peuvent toujours être portées en offrande dans un temple par un client païen. L’agriculture et l’élevage seront pareillement proscrits, car les produits de la terre où les bêtes du troupeau peuvent être offerts en sacrifice aux faux dieux, ce qu’un chrétien ne peut accepter. Tertullien considère donc qu’une communauté chrétienne digne de ce nom ne peut que mendier ou mourir de faim. "…Tu es étranger à ce monde, tu es citoyen de la Jérusalem céleste" (De Corona, 13)</i>» (C. Lepelley. <i>L’empire romain et le christianisme, </i>Paris, Flammarion, Questions d’histoire, 1969, pp. 43-44). Là aussi cette rhétorique anti-sociale allait, pour employer l’heureuse expression de Lewis Mumford, «<i>jusqu’à transférer les rituels sadiques de l’arène romaine à la conception chrétienne de l’enfer, en tant que décret suprême de la justice divine, faisant du spectacle de la torture éternelle des pécheurs damnés l’une des suprêmes joies des justes en paradis</i>» (L. Mumford. <i>Le mythe de la machine, t. 2 : Le Pentagone de la puissance, </i>Paris, Fayard, Col. Le Phénomène scientifique, 1974, p. 579). Ce dont témoignent ses fantasmes du <span style="color: black;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg-WQ0X1DzP7LwMwx1andtdJI2OXES545PXsdMBYQfJMTrtPT4sZNoaWHxGNBPLc7nQsY1_3BF07mJVpt13nrjI6UwHLiMpaGx0M5XzPe5DeExNAURov0H9W3Yr81_gKx47pdRDZchh4-w/h120/peinture1.jpg">Jugement Dernier</a></span> : «<i>Ce sera une représentation d’une tout autre envergure! Là, nous </i><i><span style="color: black;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg-WQ0X1DzP7LwMwx1andtdJI2OXES545PXsdMBYQfJMTrtPT4sZNoaWHxGNBPLc7nQsY1_3BF07mJVpt13nrjI6UwHLiMpaGx0M5XzPe5DeExNAURov0H9W3Yr81_gKx47pdRDZchh4-w/s1600/peinture1.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg-WQ0X1DzP7LwMwx1andtdJI2OXES545PXsdMBYQfJMTrtPT4sZNoaWHxGNBPLc7nQsY1_3BF07mJVpt13nrjI6UwHLiMpaGx0M5XzPe5DeExNAURov0H9W3Yr81_gKx47pdRDZchh4-w/s1600/peinture1.jpg" height="250" width="400" /></a></i></span>aurons de quoi nous étonner, et de quoi rire aussi! Quelle bonne plaisante-</i><br />
<i>rie, et quelle jouissan-</i><br />
<i>ce, pour moi, d’aper-</i><br />
<i>cevoir cette foule de rois, qu’on disait avoir été reçus dans le ciel et que voici condamnés à gémir, en compagnie de Jupiter et de ses soi-disant témoins de ces événements, dans les </i><i><span style="color: black;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgHfBg6glr20oEJ9TjwD_I_PsEWkkjVHKOe_HeDqc2LpQ5rhPDDqRFgrVU84j2ignxUiXDYy-XSg_qvxo3s2Hy6JKHx4-WtiEOj8mQ2ygsg7jt3dfb3D4XL1EFUxG5ZduZNbsA6aew9Ozc/h120/Memling-Jugement-Enfer.jpg">abîmes des ténèbres</a></i></span>! - Mais j’aperçois aussi les gouverneurs, ceux qui ont persécuté le nom du Seigneur, les voici en train de fondre dans les flammes plus cruelles que celles naguère joyeusement employées à sévir contre les chrétiens! À qui le tour? Nous les voyons, ces sages philosophes, qui savaient si bien nous raconter que Dieu ne s’occupe pas du monde, que l’âme n’existe certainement pas, ou que, du moins, elle ne </i><i><span style="color: black;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgHfBg6glr20oEJ9TjwD_I_PsEWkkjVHKOe_HeDqc2LpQ5rhPDDqRFgrVU84j2ignxUiXDYy-XSg_qvxo3s2Hy6JKHx4-WtiEOj8mQ2ygsg7jt3dfb3D4XL1EFUxG5ZduZNbsA6aew9Ozc/s1600/Memling-Jugement-Enfer.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgHfBg6glr20oEJ9TjwD_I_PsEWkkjVHKOe_HeDqc2LpQ5rhPDDqRFgrVU84j2ignxUiXDYy-XSg_qvxo3s2Hy6JKHx4-WtiEOj8mQ2ygsg7jt3dfb3D4XL1EFUxG5ZduZNbsA6aew9Ozc/s1600/Memling-Jugement-Enfer.jpg" height="300" width="400" /></a></i></span>reviendra sûrement jamais dans le corps, eh bien! là, sous les yeux de leurs disciples, qui brûlent avec eux, ils sont déjà d’un joli rouge!… Voilà pour vous une fameuse occasion d’entendre vos grands tragédiens : leur voix n’a jamais été aussi belle qu’à présent, pour gémir sur leur propre misère! Et vos mimes, c’est maintenant que vous devez les observer, le feu donne à leurs articulations une souplesse nouvelle! C’est aussi le moment de regarder les conducteurs de chars, </i><i><span style="color: black;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"> <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgEfv17W7a7Y3vTra7XkL5s8IUDn3JPF50FGg3Wvqq7eAO_QOinCSOITsLXCy_X6JTP8kAGMqZYBTIpFfuVJipDBGVJ5nxByJRAWQS_iNdVnGHrQzBc1lzuTgZTeG0NS4rbmxV6-zwb_Fo/h120/enfer-1.jpg">rouges</a></i></span> de la plante des pieds à la racine des cheveux, dans cette roue de flammes! Et c’est alors qu’apparaît celui qui fut tourné en dérision, battu, couvert de crachats, abreuvé de fiel et de vinaigre, le Seigneur, </i><i><span style="color: black;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgEfv17W7a7Y3vTra7XkL5s8IUDn3JPF50FGg3Wvqq7eAO_QOinCSOITsLXCy_X6JTP8kAGMqZYBTIpFfuVJipDBGVJ5nxByJRAWQS_iNdVnGHrQzBc1lzuTgZTeG0NS4rbmxV6-zwb_Fo/s1600/enfer-1.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgEfv17W7a7Y3vTra7XkL5s8IUDn3JPF50FGg3Wvqq7eAO_QOinCSOITsLXCy_X6JTP8kAGMqZYBTIpFfuVJipDBGVJ5nxByJRAWQS_iNdVnGHrQzBc1lzuTgZTeG0NS4rbmxV6-zwb_Fo/s1600/enfer-1.jpg" height="400" width="388" /></a></i></span>dans toute sa majesté, au milieu de ses anges et des saints ressuscités, dressés devant les Juifs perfides et ses persé-</i><br />
<i>cuteurs de tout temps! Un tel spectacle, il n’est sur terre ni préteur, ni consul, ni prêtre capable de le monter, et pourtant, d’une certaine façon, nous l’avons déjà, en esprit, sous les yeux, sans attendre que commence enfin dans l’éternel royaume de Dieu, "ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu" (I Co. 2, 9). Et voilà, je pense, qui nous donnera une autre qualité de plaisir que le cirque et le théâtre!</i>» (Cité in H. von Campenhaussen. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Op. cit.</i> p. 38).</div>
<div class="MsoFootnoteText" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoFootnoteText" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
Avec le
trajet de Tertullien s’achève la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjhDMar5_I7pjaPhKwWgghVoB9S0B5JuDEiFAYvHPVWicLt0Z62wIT6uE4A9zx6rjCdkYNQtJd1q4X532vgxx_TBcj1Y7h3aQFFl8qFhIqiHhn0VrreIHpTLCDajCTWftYSLgxremkXbdc/h120/110802064148543851.gif">déchéance</a> entraînée par l’orgueil. L’Église
chrétienne a été le modèle du péché d’orgueil tout au long de son existence et
l’a mené jusqu’à son propre isolement, son incapacité actuelle à comprendre les
crises qui secouent le monde, son impuissance à <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjhDMar5_I7pjaPhKwWgghVoB9S0B5JuDEiFAYvHPVWicLt0Z62wIT6uE4A9zx6rjCdkYNQtJd1q4X532vgxx_TBcj1Y7h3aQFFl8qFhIqiHhn0VrreIHpTLCDajCTWftYSLgxremkXbdc/s1600/110802064148543851.gif" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjhDMar5_I7pjaPhKwWgghVoB9S0B5JuDEiFAYvHPVWicLt0Z62wIT6uE4A9zx6rjCdkYNQtJd1q4X532vgxx_TBcj1Y7h3aQFFl8qFhIqiHhn0VrreIHpTLCDajCTWftYSLgxremkXbdc/s1600/110802064148543851.gif" height="392" width="400" /></a>pouvoir y interve-<br />
nir
sérieu-<br />
sement, même au nom de la morale de la justice, de la charité et de
l’amour. Toutes les autres institu-<br />
tions occiden-<br />
tales qui ont suivi au cours des siècles l’ont imitée :
l’État, l’Empire, les Cités, les gouvernements, les corporations, les partis et
les syndicats. Partout l’orgueil de l’institution l’emporte sur les fondements
nécessaire pour le vivre-ensemble qui en sont ses seules justifications. Pendant dix ans, le pape Jean-Paul II a revisité l'Histoire de l'Église pour dénicher toutes les victimes qui avaient eu à souffrir d'une manière ou d'une autre de l'Épouse du Chriat. À la fin de l'exercice, il n'en avait omis qu'un; le plus important de tous :
l’orgueil<span style="font-family: "Hoefler Text Ornaments";">⌛</span><br />
<br /></div>
<div align="right" class="MsoFootnoteText" style="text-align: right;">
Montréal</div>
<div align="right" class="MsoFootnoteText" style="text-align: right;">
18 octobre 2014</div>
</div>
Coupalhttp://www.blogger.com/profile/14839226309394850656noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8942859135376014620.post-53614489000328906402014-10-14T00:10:00.001-04:002014-10-14T00:12:50.103-04:00Aux âmes mal nées…<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
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<br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgxGcNSpTkdErkZC4MIAxvUHhowD7J7GbBFHnnHt76oJHYdvttjLcfw9N5SbBFZjgRXirbLimJ6GA3d8dbRFmRmoCLvE42i1noJkeMTBH1egZE2279msSLSfZgfoDBTMDUeNyFe3Ea5nzo/s1600/179852.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgxGcNSpTkdErkZC4MIAxvUHhowD7J7GbBFHnnHt76oJHYdvttjLcfw9N5SbBFZjgRXirbLimJ6GA3d8dbRFmRmoCLvE42i1noJkeMTBH1egZE2279msSLSfZgfoDBTMDUeNyFe3Ea5nzo/s1600/179852.jpg" height="397" width="400" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Le Bal des Ardents, 28 janvier 1393</td></tr>
</tbody></table>
<div align="center" class="MsoNormal" style="mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: center;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span lang="FR-CA" style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;">AUX ÂMES MAL
NÉES…</span></b></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Le Dante ne filtre aucune de ses humeurs,
recourant à l’ironie, la méchanceté et le mépris lorsqu'il désigne tel ou tel individu qu'il rencontre, en Enfer ou au Purgatoire. Plus souvent, il le fait en </span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg9ey5WO1aPCa9R-sW7GDn-zrHUs372DQ3lydxUBewNZr9Ku321YTxJBsijQg7pCbQRcQ4-w6N_K0imglJtsfWcH-WCNtPY4GbKbQKXklidDIgpMXkUYiREqlLsgOOwjpuMl8Oy5ZNqZTk/s1600/rodolphe_Ier_habsbourg.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg9ey5WO1aPCa9R-sW7GDn-zrHUs372DQ3lydxUBewNZr9Ku321YTxJBsijQg7pCbQRcQ4-w6N_K0imglJtsfWcH-WCNtPY4GbKbQKXklidDIgpMXkUYiREqlLsgOOwjpuMl8Oy5ZNqZTk/s1600/rodolphe_Ier_habsbourg.jpg" height="400" width="282" /></a></span>situant l'individu dans un cercle où il apparaît plus ou moins ridicule ou pathétique. Observons-le lorsqu’il tient
une proie.<span style="mso-spacerun: yes;"> Là</span>, </span><span lang="FR-CA">l’empereur <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg9ey5WO1aPCa9R-sW7GDn-zrHUs372DQ3lydxUBewNZr9Ku321YTxJBsijQg7pCbQRcQ4-w6N_K0imglJtsfWcH-WCNtPY4GbKbQKXklidDIgpMXkUYiREqlLsgOOwjpuMl8Oy5ZNqZTk/h120/rodolphe_Ier_habsbourg.jpg">Rodolphe Ier</a>
(1218-1291), le premier des Habsbourg à être élu</span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"> roi
de Rome, en fait empereur romain-germa-nique,</span> par les princes-électeurs, prenant le relais des
Hohenstaufen. Il se fait surnommer Rodolphe le Batailleur car il travaille
essentiellement à élargir son territoire, réussissant la conquête de
l’Autriche, qui devait devenir le centre du futur empire. On le voit guerroyer
contre Béla IV roi de Hongrie puis Ottokar II, qui détenait précisément
l’Autriche. Ottokar, ayant refusé de jurer fidélité à Rodolphe, est tué à la
bataille de Marchfeld, en 1278. De 1273 à 1291, année de sa mort, Rodolphe Ier
aurait pu travailler à l’union des villes italiennes, mais ne l’a pas fait,
voilà pourquoi Dante le condamne au Purgatoire!</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Ici, les Français, à qui
il reproche de soutenir le pape et, par le fait même, les guelfes ses ennemis
personnels. Il leur tient rigueur de leurs interventions en terre italienne, la
conquête de la Sicile, le meurtre ignoble de Conradin, adolescent encore mais batailleur,
le dernier représentant de la dynastie impériale des Hohenstaufen. Il est
certain que la figure centrale est Philippe (IV) le Bel, mais paradoxalement,
Dante identifie les principaux membres de sa famille, en </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgQG4lPuPIpekRPtpNf9_QLwsEvWA2PKYo0KWADCePOTJ0XMNHcLtk9ZbrGxt9ABkPLtFnAQeMFPzK8R2OYFF6TSow-5Yudq8kUj1Axu_xDqA7iKHVNLuHZ6F6ox9d1hSc9SpRc2yalVbs/s1600/couronnement-de-philippe-iii-le-hardi-normal.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgQG4lPuPIpekRPtpNf9_QLwsEvWA2PKYo0KWADCePOTJ0XMNHcLtk9ZbrGxt9ABkPLtFnAQeMFPzK8R2OYFF6TSow-5Yudq8kUj1Axu_xDqA7iKHVNLuHZ6F6ox9d1hSc9SpRc2yalVbs/s1600/couronnement-de-philippe-iii-le-hardi-normal.jpg" height="370" width="400" /></a>commençant par
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgQG4lPuPIpekRPtpNf9_QLwsEvWA2PKYo0KWADCePOTJ0XMNHcLtk9ZbrGxt9ABkPLtFnAQeMFPzK8R2OYFF6TSow-5Yudq8kUj1Axu_xDqA7iKHVNLuHZ6F6ox9d1hSc9SpRc2yalVbs/h120/couronnement-de-philippe-iii-le-hardi-normal.jpg">Philippe III le Hardi</a> (1245-</span><br />
<span lang="FR-CA">1285). Comme Louis XVI, bien des siècles plus tard,
Philippe n’était pas prévu pour succéder à son père, le roi Louis IX (saint
Louis). Accédant au pouvoir à quinze ans, Philippe est décrit comme un être
faible, présentant beaucoup moins d'aptitudes que son frère, étant de caractère
doux, soumis, timide et versatile, presque écrasé par la forte personnalité
de ses parents. À un prince fort va succéder un prince faible. Accompagnant son
père à la croisade, il est atteint de la même fièvre que celle qui devait emporter le
roi. Il continue toutefois de combattre les Sarrasins. Sans grande personnalité ni
volonté claire, c’est un homme pieux, mais bon cavalier et sa vaillance au
combat pare avec toutes ses faiblesses, d’où son surnom du Hardi. Mais il est
incapable de commander les troupes et c’est son oncle, Charles Ier d’Anjou, qui
négociera la paix avec le sultan hafside de Tunis.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Philippe sera roi de<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>1270 à 1285. Quinze années où le roi préfère
affirmer son héritage par des mariages plutôt que par des combats. Mais, quand
il ne peut reculer, il convoque l’ost et parvient à dominer ses ennemis, le
comte d’Armagnac et le comte de Foix. Le premier se rend, mais le second est
battu et </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEguCZja1Lr97yEi5XF6aro_R4KYrosR1XVtiR7etEhluLs1QkoNVQLZ2w1Nylex68P3FXR5jS606KbCP_EgZRCdgke_xK0EX0gSYdrivqK1ojVRAF0moo9rK3OUkGyP5T1x7jRKP19TiLs/s1600/Tour_Ferrande_-_Cl%C3%A9ment_IV_&_Charles_1er_de_Sicile.JPG" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEguCZja1Lr97yEi5XF6aro_R4KYrosR1XVtiR7etEhluLs1QkoNVQLZ2w1Nylex68P3FXR5jS606KbCP_EgZRCdgke_xK0EX0gSYdrivqK1ojVRAF0moo9rK3OUkGyP5T1x7jRKP19TiLs/s1600/Tour_Ferrande_-_Cl%C3%A9ment_IV_&_Charles_1er_de_Sicile.JPG" height="400" width="330" /></a>emprisonné. Toutefois, incapable de rancune, Philippe lui rendra ses
terres. Pour les autres provinces ou villes, Philippe préfère négocier que
combattre. Philippe profite d’ailleurs de la faiblesse de ses ennemis naturels,
l’Angleterre et le Saint-Empire. Son oncle, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEguCZja1Lr97yEi5XF6aro_R4KYrosR1XVtiR7etEhluLs1QkoNVQLZ2w1Nylex68P3FXR5jS606KbCP_EgZRCdgke_xK0EX0gSYdrivqK1ojVRAF0moo9rK3OUkGyP5T1x7jRKP19TiLs/h120/Tour_Ferrande_-_Cl%C3%A9ment_IV_&_Charles_1er_de_Sicile.JPG">Charles d’Anjou</a>, a tenté l’aventure
en Sicile mais le tout s’est achevé dans le terrible massacre des Vêpres
siciliennes en 1282. À la mort de son oncle, au début de 1285, qui s’était
engagé dans une croisade d’Aragon, son rival en Sicile, Philippe reprend cette
guerre à son compte. Il attaque sans succès la Catalogne. À la défaite militaire
s’ajoute la dysenterie, dont le roi lui-même est atteint et en meurt à Perpignan,
le 5 octobre, au moment où son armée est en pleine retraite. À côté du père de
Philippe le Bel, voici Henri, roi de Navarre, dont la fille Jeanne a épousé le
roi maudit. Philippe et Jeanne médisent sur le roi de France. Tout à côté, on
retrouve d’autres proches des Capétiens. Béatrix et Marguerite sont filles de
Bérenger V comte de Provence. L’une épousa Louis IX et l’autre Charles d’Anjou.
Toutes sont donc des aïeules de Philippe le Bel.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhWU0RZTdCIltG9Tv_EQxpS6FHNsFS88L0jxlGWKkuM26wLN2T6TWDY3URHELTmKrMs9g7Qv-rrP4VC0KiXdrA4L_U0fUSJs8EKwIMOo0vGB41Rxja8Ax-g5coNbIPnjMn_9SPMbRQYw_M/s1600/medium.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhWU0RZTdCIltG9Tv_EQxpS6FHNsFS88L0jxlGWKkuM26wLN2T6TWDY3URHELTmKrMs9g7Qv-rrP4VC0KiXdrA4L_U0fUSJs8EKwIMOo0vGB41Rxja8Ax-g5coNbIPnjMn_9SPMbRQYw_M/s1600/medium.jpg" height="400" width="278" /></a>Mais on retrouve
également <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhWU0RZTdCIltG9Tv_EQxpS6FHNsFS88L0jxlGWKkuM26wLN2T6TWDY3URHELTmKrMs9g7Qv-rrP4VC0KiXdrA4L_U0fUSJs8EKwIMOo0vGB41Rxja8Ax-g5coNbIPnjMn_9SPMbRQYw_M/h120/medium.jpg">Pierre III roi d’Aragon</a> (1240-1285), l’adversaire de Philippe le Hardi.
Il partage le Purgatoire avec son ennemi parce qu’il l’a remplacé sur le trône
de Sicile, se faisant à son tour le soutien du pape contre les gibelins. Mais
il y a un autre aspect sur lequel insiste Dante : à sa mort, en 1285,
Pierre III laissa son royaume à son fils aîné, Alphonse III qui régna seulement
cinq ans, de 1285 à 1291, année de sa mort, alors que son frère Jacques
recevait la Sicile. La mort précoce d’Alphonse fit revenir entre les mains de
son frère Jacques, l’Aragon, Valence et Barcelone. Autant Pierre III avait été un grand
roi, autant son fils joua de malchance et mourut précocement.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Plus étonnant de
retrouver</span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"> dans cette compagnie</span> le roi </span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"></span>d’Angleterre <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj4gGDZTOvMRtJLR0W0SfW6J-NmCpiJcw-22qpAM1nyrg8e4Og5WV3gr6ugo88SEKDYbpXbOXdB2cwF2srYMzgNg1ahIRdN8QjDvywZcJGacXKAapbJDx5kGt9RPiuhaVKFiEy4nRAzB-U/h120/henry3.jpg">Henry III</a> (1207-1272). Fils
du roi Jean sans Terre, Henry accéda au trône en 1216. Ce qui le place parmi
les autres figurants du Purgatoire, c’est sa faiblesse même. Comme Philippe le
Hardi, Henry est un roi pieux qui aime organiser de somptueuses cérémonies
religieuses. Pour ce qui est des faits d’armes, c’est un roi malchanceux. Il ne
peut reprendre la Normandie et </span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj4gGDZTOvMRtJLR0W0SfW6J-NmCpiJcw-22qpAM1nyrg8e4Og5WV3gr6ugo88SEKDYbpXbOXdB2cwF2srYMzgNg1ahIRdN8QjDvywZcJGacXKAapbJDx5kGt9RPiuhaVKFiEy4nRAzB-U/s1600/henry3.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj4gGDZTOvMRtJLR0W0SfW6J-NmCpiJcw-22qpAM1nyrg8e4Og5WV3gr6ugo88SEKDYbpXbOXdB2cwF2srYMzgNg1ahIRdN8QjDvywZcJGacXKAapbJDx5kGt9RPiuhaVKFiEy4nRAzB-U/s1600/henry3.jpg" height="400" width="286" /></a></span></span>ses possessions françaises, ce qui se confirme en 1242
à la défaite de Tallebourg. Allié à l’empereur Frédéric II, il échouera
cependant à placer son fils sur le trône de Sicile malgré d’importantes
dépenses auprès du pape. Au moment où il prépare une croisade au Levant, il
doit affronter le soulèvement de Gascogne. Tout cela coûte beaucoup
d’argent. À la fin de 1250, les lourds impôts qui servent à financer la
diplomatie d’Henry III, diplomatie plutôt inefficace, suscite une coalition de barons
menés par Simon V de Montfort qui conduit à un coup d’État contraignant le roi à
accepter ce qu’on appela <i style="mso-bidi-font-style: normal;">les provisions
d’Oxford, </i><span style="mso-bidi-font-style: normal;">dont le but est de limiter </span>les pouvoirs du roi tout en créant un conseil de 24
membres. L’année suivante, le traité de Paris met fin à la vieille querelle
entre Capétiens et Plantagenêts. Henry III ne conserve que ses territoires du
Sud-Ouest de la France, saint Louis, par contre, obtient toutes les autres terres,
y compris la Normandie. À l’intérieur, les provisions d’Oxford et le conseil
des 24 ne suffisent pas à calmer les barons qui s’engagent dans un second
conflit en 1264. Henry est battu et capturé par Simon à la bataille de Lewes.
Son fils Edward est également fait prisonnier, mais il parvient à s’échapper
puis à vaincre les rebelles à la bataille d’Evesham en 1265. Libéré, Henry III
mène une répression brutale des rebelles que l’Église parvient toutefois à calmer. Au
final, Henry sort affaibli de ces temps de troubles. Il meurt en 1272, après un long
règne marqué par les confusions intérieures et les échecs diplomatiques. </span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Vient ensuite <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgK4Awxt2lF-dbJZAOHipqoWhJuf1SMyZ0ReZqdrQskFjFYCV8aMHv4jn7xUikXgrzfUtvErrBWy8TZdKGz7VkKcZG5NBxB_EItofpbG0mRnN20jwmn8FUlG_iv96DyiDbSXX4yClBI4KE/h120/medium.png">Guillaume VII de Montferrat</a>, dit le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Grand Marquis</i>
(Trino ±1240-1292). Voilà encore un allié de Charles d’Anjou dans sa lutte
contre les gibelins. Peu fidèle, Guillaume s’allie avec Alphonse X de Castille
qui le nomme vicaire général de Lombardie. Il forme une ligue anti-angevine
contre Charles d’Anjou </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgK4Awxt2lF-dbJZAOHipqoWhJuf1SMyZ0ReZqdrQskFjFYCV8aMHv4jn7xUikXgrzfUtvErrBWy8TZdKGz7VkKcZG5NBxB_EItofpbG0mRnN20jwmn8FUlG_iv96DyiDbSXX4yClBI4KE/s1600/medium.png" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgK4Awxt2lF-dbJZAOHipqoWhJuf1SMyZ0ReZqdrQskFjFYCV8aMHv4jn7xUikXgrzfUtvErrBWy8TZdKGz7VkKcZG5NBxB_EItofpbG0mRnN20jwmn8FUlG_iv96DyiDbSXX4yClBI4KE/s1600/medium.png" height="320" width="290" /></a>en unissant Pavie, Asti et Gênes. Bon capitaine, il
obtient victoire sur victoire, malgré le peu de soutien que lui apporte son
allié castillan. Il est à la tête d’une véritable ligue transalpine lorsqu’il
réunit Pavie, Vercelli, Novare, Alexandrie, Tortona, Alba, Gênes, Turin, Asti,
Brescia, Crémone et Lodi. Cette puissance considérable commence toutefois à se
retourner contre lui. Guillaume abandonne Milan à l’un de ses vicaires, d’où le
Visconti l’avait nommé capitaine de ses troupes lorsque Alexandrie et Astie se
rebellent contre lui. Le 21 juin 1280, il est fait prisonnier par Thomas III de
Piémont et, pour obtenir sa liberté, doit lui remettre Turin, Zrugliasco et
Collerno ainsi qu’une lourde rançon en or. De ce jour date la naissance du
Piémont sous la dynastie de la famille savoyarde. Les malheurs s’acharneront
sur Guillaume de Montferrat, en commençant par la destitution de son podestat
de Milan en 1281. N’empêche. Guillaume s’obstine. C’est la conquête et la perte
constante d’Alexandrie jusqu’à ce que Asti corrompe, par une forte somme
d’argent, les Alexandriens pour qu’ils se soulèvent contre Guillaume. Ceux-ci ne
pouvant le vaincre de front, se serviront de ruse et de trahison. Ils
l’invitent à entrer dans l’enceinte de la ville avec une petite escorte pour
négocier. Guillaume est alors capturé et enfermé dans une cage de fer. Il passera
de vie à trépas un an plus tard, le 6 février 1292, peut-être de faim ou
empoisonné, prisonnier de ses ennemis. Alexandrie restituera son corps à ses
sujets où il sera enterré dans l’abbaye cistercienne de Santa Maria de Lucedio.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;">Guillaume
de Montferrat est tout sauf un faible et un pieux résigné. C’est un combattant
féodal dans le pur sens du terme, assoiffé de conquêtes et de pouvoir. Mais,
aux yeux de Dante, il se situe du côté du mauvais parti.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;">Les
tribulations de Dante le conduisent à Nino de Pise (1265-1296). Citoyen de
Pise, fils du juge Giovanni Visconti de Gallura à qui il succède en 1275, il
est, lui aussi, partisan des guelfes. Dante, qui l’a connu, </span><span style="mso-ansi-language: FR;"><span style="mso-ansi-language: FR;"><span style="mso-ansi-language: FR;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjL5Zcs4bP799l1UTubMUtJ-5oQhXqNxMsuVGsPqrINJWEdNYzzxpDX11fu23xz_M_cckCEe2SGQlCmqpWv4gWhOetf-lzFgfJhHSERwUcNEwTI08phmoItU7VpE8onyY0MQhcYEWFEJ7U/s1600/SARDEGNA.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjL5Zcs4bP799l1UTubMUtJ-5oQhXqNxMsuVGsPqrINJWEdNYzzxpDX11fu23xz_M_cckCEe2SGQlCmqpWv4gWhOetf-lzFgfJhHSERwUcNEwTI08phmoItU7VpE8onyY0MQhcYEWFEJ7U/s1600/SARDEGNA.jpg" height="296" width="400" /></a></span></span>reconnaît toutefois
que c’est un homme ferme, juste et intègre. En 1286, le jeune Nino tente
d’opérer une révolution sociale à Pise. Il réforme le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Breve Communis Pisani </i>et le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Breve
populi Pisani </i>afin d’instaurer un </span><span style="mso-ansi-language: FR;"><span style="mso-ansi-language: FR;"></span>gouvernement seigneurial restreint. Le
but est d’entraver l’organisation des corporations de «7 arts majeurs» afin de
favoriser celles, plus populaires et artisanales, des «Arts mineurs». Il
s’oppose ainsi à la politique de son grand-père Ugolin della Gherardesca et se
présente comme un défenseur des libertés des corporations. Les édiles de Pise s’opposent à sa
réforme et l’assiègent dans la tour de Caprona avant de le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjL5Zcs4bP799l1UTubMUtJ-5oQhXqNxMsuVGsPqrINJWEdNYzzxpDX11fu23xz_M_cckCEe2SGQlCmqpWv4gWhOetf-lzFgfJhHSERwUcNEwTI08phmoItU7VpE8onyY0MQhcYEWFEJ7U/h120/SARDEGNA.jpg">chasser de Pise</a> en
1288, alors que les gibelins se sont momentanément alliés avec le grand-père
de Nino. Revenu en Sardaigne, Nino Visconti tente en vain en 1294 de s’imposer,
mais meurt prématurément en 1296. L’accueil chaleureux de Dante à l’égard de Nino
nous dit qu’au-delà des querelles de partis, le poète savait distinguer les
grandes qualités de ses adversaires.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;">Il en
va de même de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhH1q6pLsPxKpYR5tHtOl9WcjxUdfchkZtTDafjHC9h7gbB41JZUlsacCyngjIFqEvZqvvwpPXy3Zi5pUVpQ_nXOtleuGdT0qkN2C485KUsy4DvIVMEh-_aMktdoZWj2a5tN4DlZChP9hQ/h120/corrado_03.jpg">Corrado Malaspina</a> dit le jeune († 1254) dont il loue la gloire,
la courtoisie, l’esprit </span><span style="mso-ansi-language: FR;"><span style="mso-ansi-language: FR;"></span>chevaleresque et la tolérance. Ce sont les petits-fils
de Corrado, les cousins Monello et Franceschino qui accueillirent Dante à
Fosdinovo puis à Mulazzo en 1306 où il le chargèrent de conclure la paix avec
</span><span style="mso-ansi-language: FR;"><span style="mso-ansi-language: FR;"><span style="mso-ansi-language: FR;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhH1q6pLsPxKpYR5tHtOl9WcjxUdfchkZtTDafjHC9h7gbB41JZUlsacCyngjIFqEvZqvvwpPXy3Zi5pUVpQ_nXOtleuGdT0qkN2C485KUsy4DvIVMEh-_aMktdoZWj2a5tN4DlZChP9hQ/s1600/corrado_03.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhH1q6pLsPxKpYR5tHtOl9WcjxUdfchkZtTDafjHC9h7gbB41JZUlsacCyngjIFqEvZqvvwpPXy3Zi5pUVpQ_nXOtleuGdT0qkN2C485KUsy4DvIVMEh-_aMktdoZWj2a5tN4DlZChP9hQ/s1600/corrado_03.jpg" height="373" width="400" /></a></span></span>l’évêque de Luni (6 octobre 1306). Pourquoi cet ancêtre généreux se trouve-t-il
au Purga-</span><br />
<span style="mso-ansi-language: FR;">toire? Encore là, les érudits ne s’en-</span><br />
<span style="mso-ansi-language: FR;">tendent pas. Grangier croit que
Malaspina est au Purgatoire parce que s’occupant de l’administration de ses
états, il avait différé sa pénitence. Toutefois, lorsque Dante lui fait dire :
«<i>J’épuise ici l’amour que je portais aux miens</i>» pourrait laisser croire à une
certaine faiblesse face au népotisme. Il n’y a pas qu’envers Dante que les
Malespina se seraient montrés généreux! Faiblesse toute naturelle en période de
féodalité ou de tyrannie comme on en trouvait tant dans l’Italie de l’époque.
Mais faiblesse quand même. Quoi qu’il en soit, dans la suite du Purgatoire,
Virgile et Dante seront désormais accompagnés de Sordello, le troubadour
rencontré plus tôt, Nino de Pise et Conrad (Corrado) de Malaspina.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;">Que
peut-on conclure de ces rencontres sinon que Dante rassemble ici des princes
faibles ayant hérité de royaumes gouvernés par des princes forts, ou des
princes faibles, mais dont la faiblesse porte à engendrer </span><span style="mso-ansi-language: FR;"><span style="mso-ansi-language: FR;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiKXqgo-jCg-VMT8jw2QZAQhvBkRUMaHPBcMryi3_9sHUZ8OpQw0h9yqfdyiRYBEtuzAAUN-9XpYanPflj30Pc9GQiJ9FFkGgRaZCseSnkr-F5DuFS1QbXlX95axgUOpeIwsx6t-u4fi6s/s1600/PURGATORIO+CANTO+IX+PARTICOLARE.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiKXqgo-jCg-VMT8jw2QZAQhvBkRUMaHPBcMryi3_9sHUZ8OpQw0h9yqfdyiRYBEtuzAAUN-9XpYanPflj30Pc9GQiJ9FFkGgRaZCseSnkr-F5DuFS1QbXlX95axgUOpeIwsx6t-u4fi6s/s1600/PURGATORIO+CANTO+IX+PARTICOLARE.jpg" height="400" width="288" /></a></span>des êtres malfaisants
comme Philippe le Bel, ou mélancoliques comme Henry III
d’Angleterre ou <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiKXqgo-jCg-VMT8jw2QZAQhvBkRUMaHPBcMryi3_9sHUZ8OpQw0h9yqfdyiRYBEtuzAAUN-9XpYanPflj30Pc9GQiJ9FFkGgRaZCseSnkr-F5DuFS1QbXlX95axgUOpeIwsx6t-u4fi6s/h120/PURGATORIO+CANTO+IX+PARTICOLARE.jpg">Corrado de Malaspina.</a> L’esprit réformateur d’un Nino de Pise
ou le népotisme d’un Corrado de Malaspina sont sans doute des fautes de moindre
importance, mais elles ont suffit à les camper au Purgatoire. La reconnaissance
de Dante pour ses protecteurs ou les hommes dont les qualités dominent l’esprit
de parti y sont sans doute pour beaucoup, mais la proximité des condamnations
n’en demeure pas moins.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;">Machiavel<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>(1469-1527) s’est penché sur ce difficile
problème de successions de caractères. Dans ses <i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhKcZ7jntHAOJ23ZtW7cqHsBUMByLSr33cnc_wiToy8qdFYhyYfJsUmoU6X41a_yPExC2GS19OVexuAI-KN3DLABT1mg0i1QnyYFNhpwkKF_XmSBqo1ZD5lp-ziCp74obqNNBIBf54d1-E/h120/books.jpg">Discours sur la première décade de Tite-Live</a> </i>écrits </span><span style="mso-ansi-language: FR;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhKcZ7jntHAOJ23ZtW7cqHsBUMByLSr33cnc_wiToy8qdFYhyYfJsUmoU6X41a_yPExC2GS19OVexuAI-KN3DLABT1mg0i1QnyYFNhpwkKF_XmSBqo1ZD5lp-ziCp74obqNNBIBf54d1-E/s1600/books.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhKcZ7jntHAOJ23ZtW7cqHsBUMByLSr33cnc_wiToy8qdFYhyYfJsUmoU6X41a_yPExC2GS19OVexuAI-KN3DLABT1mg0i1QnyYFNhpwkKF_XmSBqo1ZD5lp-ziCp74obqNNBIBf54d1-E/s1600/books.jpg" height="400" width="248" /></a>entre 1512 et
1517, en parallèle avec <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le Prince, </i>qui
est de 1513, nous nous trouvons dans le même esprit sur la conquête et la
conservation du pouvoir d’État. Dans les chapitre 19 et 20, maître Nicolas s’arrête sur
les questions de successions. Dans le chapitre 20, il postule <i style="mso-bidi-font-style: normal;">qu’une succession de deux grands princes
produit de grands effets; et que, comme les républiques bien constituées ont
nécessairement une succession d’hommes vertueux, elles doivent s’étendre et
s’augmenter considérablement</i>. Personne ne contestera le fait que la suite
d’un plan politique s’accomplit avantageusement si les princes maintiennent une
même conduite avec une vigueur comparable. Si l’exemple de Philippe de
Macédoine et d’Alexandre le Grand illustre assez bien ce principe; qu’en
sera-t-il d’une république dont la vertu des citoyens saura reconnaître les
princes les plus vertueux pour la conduire? D’où l’idéal qu’il pose à travers
la République romaine après le renversement des rois étrusques. Les Brutus,
Mucius Scævola et autres Cincinnatus seront des modèles à imiter de dirigeants
honnêtes, capables, entièrement dévoués à la Cité et à ses libertés.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;">Mais
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEit2cfJeCSozx3T-R0dNvUz7nExXol8F5ID1LMIUmmXQxGGagfixNmYfINEYoKecOHykdYlcEmWpwxx3l8uDpqFxkOsqk5npWCl1QGLMacA9wgEGcUuA9QefyK-x64HyMqXwWaifIxKUws/h120/3144562960_1_6_LO8Nrr5Z.jpg">Machiavel </a>commence avec la thèse : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">qu’un
État qui a un excellent commencement peut se soutenir sous un prince faible;
mais sa perte est inévitable, quand le successeur de ce prince faible est
faible comme lui. </i>Ici, nous retrouvons la pensée du Dante dans les deux
chants du Purgatoire que nous venons d’évoquer. Des rois faibles, pieux et sans
autorité sur leurs populations produiront d’autres princes tout aussi </span><span style="mso-ansi-language: FR;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEit2cfJeCSozx3T-R0dNvUz7nExXol8F5ID1LMIUmmXQxGGagfixNmYfINEYoKecOHykdYlcEmWpwxx3l8uDpqFxkOsqk5npWCl1QGLMacA9wgEGcUuA9QefyK-x64HyMqXwWaifIxKUws/s1600/3144562960_1_6_LO8Nrr5Z.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEit2cfJeCSozx3T-R0dNvUz7nExXol8F5ID1LMIUmmXQxGGagfixNmYfINEYoKecOHykdYlcEmWpwxx3l8uDpqFxkOsqk5npWCl1QGLMacA9wgEGcUuA9QefyK-x64HyMqXwWaifIxKUws/s1600/3144562960_1_6_LO8Nrr5Z.jpg" height="353" width="400" /></a>faibles,
ou pire, des tyrans. Ce sont les princes fermes, belliqueux même, qui fondent
des États et les portent sur le berceau de la Cité. Un prince faible ne peut
fonder une cité sinon que dans la discorde et la guerre civile. Machiavel
précise : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">D’où l’on voit qu’avec
des qualités moins éminentes que son prédécesseur, un prince jouissant des
travaux de celui auquel il succède peut maintenir un État, qui se soutient
encore par le génie de ce même prédécesseur; mais si le règne de celui-ci est
de longue durée, ou que son successeur ne reprennent pas le génie mâle et
vigoureux du premier, la ruine de l’État est inévitable</i>» (N. Machiavel. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Discours sur la première décade de
Tite-Live, </i>Paris, Flammarion, Col. Champs, # 149, 1985, p. 82). À la
succession de Romulus, Numa et Tullus, les premiers rois étrusques, Machiavel
voit la continuité essentielle à l’établissement de Rome, jusqu’à ce que les rois
voient leur descendance s’étioler. Plus exactement, la succession de David
pousse en avant l’incomplétude de la tradition dynastique hébraïque :</span><br />
<blockquote class="tr_bq">
<span style="mso-ansi-language: FR;">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Si, au contraire, deux princes se succèdent,
également remarquables par leur caractère et leur valeur, on les voit opérer
les plus grandes choses, et porter leur nom jusqu’au ciel. </i></span><span style="mso-ansi-language: FR;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhryvHgdPvYL-YyCwvmIX3USH8_CCooaB5OD5wGIUdfGaEjSmEmI4p3JMo_z4fVJkNLBLxUiLHNVxcAchpIAQpLKg5XmRW7CDbQDrG7U6tVZkR2rgcR71ncfAYLDU4nPjH-z0gmWbtRQv4/h120/David_et_Salomon,_vitrail_roman,_Cath%C3%A9drale_de_Strasbourg.jpg"><span style="mso-ansi-language: FR;"></span></a><span style="mso-ansi-language: FR;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhryvHgdPvYL-YyCwvmIX3USH8_CCooaB5OD5wGIUdfGaEjSmEmI4p3JMo_z4fVJkNLBLxUiLHNVxcAchpIAQpLKg5XmRW7CDbQDrG7U6tVZkR2rgcR71ncfAYLDU4nPjH-z0gmWbtRQv4/s1600/David_et_Salomon,_vitrail_roman,_Cath%C3%A9drale_de_Strasbourg.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhryvHgdPvYL-YyCwvmIX3USH8_CCooaB5OD5wGIUdfGaEjSmEmI4p3JMo_z4fVJkNLBLxUiLHNVxcAchpIAQpLKg5XmRW7CDbQDrG7U6tVZkR2rgcR71ncfAYLDU4nPjH-z0gmWbtRQv4/s1600/David_et_Salomon,_vitrail_roman,_Cath%C3%A9drale_de_Strasbourg.jpg" height="200" width="195" /></a></span>David fut sans
contredit un homme très recommandable, et par son courage et par ses
connaissances et par son jugement. Après avoir vaincu, dompté tous ses voisins,
il laissa à son fils Salomon un royaume paisible, qu’il put conserver en y
entretenant les arts de la paix et non de la guerre, en jouissant sans peine
des talents et des travaux de son père; mais il ne put le transmettre ainsi à
Roboam son fils. Celui-ci n’avait ni la valeur de son aïeul, ni la fortune de
son père; aussi ce ne fut qu’avec peine qu’il resta héritier de la sixième
parti de leur États</i>» (N. Machiavel. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid.
</i>p. 82). </span></blockquote>
<span style="mso-ansi-language: FR;">Saint Louis fut sans doute un roi fort, mais Philippe III n’était
hardi qu’au combat, non à la gouvernance de l’État. Il apparaît donc normal que
Philippe le Bel ait été un roi décadent. Mais l’Idéologique perturbe ici le bon
jugement du Dante, car Philippe le Bel sera plutôt doté de l'ambition de son
aïeul plus que de la combativité de </span><span style="mso-ansi-language: FR;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgkJnsd9hh6HgQKPPm7QF5gLqYvld42mkcM8acHSFxexhD_JoitsmP2kqY6cpxBs8iVX3vSmu3v4IMpHplShyTARHPEOHnhpMUnGTPX7yaiwHH8FdBERhcvxId-Xdu9U7SFC3oOZH3ORpw/s1600/PhilippeLeBel-Statue.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgkJnsd9hh6HgQKPPm7QF5gLqYvld42mkcM8acHSFxexhD_JoitsmP2kqY6cpxBs8iVX3vSmu3v4IMpHplShyTARHPEOHnhpMUnGTPX7yaiwHH8FdBERhcvxId-Xdu9U7SFC3oOZH3ORpw/s1600/PhilippeLeBel-Statue.jpg" height="400" width="292" /></a>son père et ce n’est qu’après lui, avec la succession
sans héritiers de ses trois fils, que les conflits dynastiques menèrent à la
Guerre de Cent Ans. Il y a là, sans doute, une faiblesse chez <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgkJnsd9hh6HgQKPPm7QF5gLqYvld42mkcM8acHSFxexhD_JoitsmP2kqY6cpxBs8iVX3vSmu3v4IMpHplShyTARHPEOHnhpMUnGTPX7yaiwHH8FdBERhcvxId-Xdu9U7SFC3oOZH3ORpw/h120/PhilippeLeBel-Statue.jpg">Philippe le Bel</a>
qui n’apparaît pas dans sa façon dont il constitua l’appareil de l’État pour
le rendre encore plus uni et plus puissant. Mais ses procédés, parce que
douteux, laissèrent une dimension inaperçu par le «roi de fer»
et dont les résultats négatifs se présenteront sous son fils aîné, Louis X le Hutin, avec la question de la
succession féminine. Le poignard dans le flanc de l’État, c’est Philippe
lui-même qui le planta dans l’affaire de la Tour de Nesle et la confrontation
avec la papauté et les Templiers. D’où la conclusion de Machiavel : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Je dis donc, d’après ces exemples, qu’après
un excellent prince, un État peut se soutenir sous un prince faible; mais
que sa perte est inévitable quand ce prince faible a un successeur faible comme
lui; à moins que ces États, comme celui de la France, ne soient soutenus
par la force de leurs anciennes constitutions; et j’appelle princes
faibles ceux qui sont incapables de faire la guerre</i>» (N. Machiavel. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 83). Incapables de la gagner
surtout, comme Philippe III le Hardi ou Henry III d’Angleterre. On comprend ici
qu’une filiation de pensée unit Machiavel à Dante. On aura également remarqué que Machiavel parle en termes politiques de <i>succession </i>et non d'<i>hérédité</i>. Si ça se trouve, considérant l'ensemble de l'œuvre, il préférerait une élection au sein d’une ploutocratie (comme l’élection pontificale ou le doge de Venise) voire même un coup de force par un <i>condottieri </i>ambitieux, habile et combattant que les risques d’une hérédité appelée à se tarer avec les générations. C'est la progression vers l'État absolutiste qui va donner à la succession le caractère héréditaire qui remplacera les coups de force militaires par la volonté divine - ou pour mieux dire, le hasard - de la primogéniture.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;">Des
princes faibles sont des princes sans vigueur ou dont la vigueur est détournée
de son but, c’est-à-dire la conservation de l’État et de ses territoires. Depuis
Dante et Machiavel, nombreux ont été des rois puissants </span><span style="mso-ansi-language: FR;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEilOMASQuwSj1rCfMf-KcJ56VDXT5_-JxavpDH4jtWQyqgsGRyODn46jA1AgJGY4COcyhy1GNGuLssVZ6Ca3H8PrFiJnPbjyv-9bBYoAp-AxE3R3Lggvt53P_rkDdtRiveKWE3QX2ssZhg/s1600/Louis-XV.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEilOMASQuwSj1rCfMf-KcJ56VDXT5_-JxavpDH4jtWQyqgsGRyODn46jA1AgJGY4COcyhy1GNGuLssVZ6Ca3H8PrFiJnPbjyv-9bBYoAp-AxE3R3Lggvt53P_rkDdtRiveKWE3QX2ssZhg/s1600/Louis-XV.jpg" height="400" width="336" /></a>dotés d’une progéniture
inapte à leur succéder. Louis XIV fut ainsi, à l’exemple de David, un roi
belliqueux et désirant étendre son empire sur toutes choses dans son royaume,
et même à l’extérieur. Si on omet la période perturbée de la Régence, on passe
à <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEilOMASQuwSj1rCfMf-KcJ56VDXT5_-JxavpDH4jtWQyqgsGRyODn46jA1AgJGY4COcyhy1GNGuLssVZ6Ca3H8PrFiJnPbjyv-9bBYoAp-AxE3R3Lggvt53P_rkDdtRiveKWE3QX2ssZhg/h120/Louis-XV.jpg">Louis XV</a> qui, après une vie de raffinements culturels et de défaites
militaires, finit par se ressaisir vers la fin de son règne en abolissant les
Parlements, ces cours de justice d’Ancien Régime qui s’opposaient ouvertement à
l’application de ses lois. Ce faisant, il faisait ce que Machiavel considérait
comme une erreur magistrale : il pillait sur la constitution même du
Royaume. De Louis XV on passa à Louis XVI dont l’inaptitude à régner se révéla
assez vite pour laisser aux forces centripètes d’accélérer le </span><span style="mso-ansi-language: FR;"><span style="mso-ansi-language: FR;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEggJ5dQU9qQYl43_0-PaLpMVmwRSCHzSzaJIUfOD1NY8IYtTECqupfqopnOQJj5TL5bSNuXqlydFhxAbDVAd8Oy9tfIxCw9vx_JnHl1uFAFeX53YDvbmvzHtsOL2dTFubou-6Yx6BEBM2o/s1600/220px-James_I_de_Critz_Mirror_of_GB.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEggJ5dQU9qQYl43_0-PaLpMVmwRSCHzSzaJIUfOD1NY8IYtTECqupfqopnOQJj5TL5bSNuXqlydFhxAbDVAd8Oy9tfIxCw9vx_JnHl1uFAFeX53YDvbmvzHtsOL2dTFubou-6Yx6BEBM2o/s1600/220px-James_I_de_Critz_Mirror_of_GB.jpg" height="400" width="296" /></a></span>déclenchement de
la Révolution, et ce, en partant de la noblesse elle-même! On pourrait dire
qu’il en fut ainsi de la suite Henry VII, Henry VIII et Elizabeth en
Angleterre. Le premier amassa une fortune pour son royaume que le second
dilapida dans des guerres qui s’accompagnèrent de la percée de la Réformation
religieuse. L’Angleterre était presque sur le point de retomber dans les
rivalités du temps de la Guerre des Deux Roses lorsque la reine Elizabeth,
appuyée de conseillers habiles et sans scrupules ramena, le Royaume dans la
stabilité et l’enrichissement. À sa mort, sa couronne passa à son parent d’Écosse, le fils de Mary Stuart, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEggJ5dQU9qQYl43_0-PaLpMVmwRSCHzSzaJIUfOD1NY8IYtTECqupfqopnOQJj5TL5bSNuXqlydFhxAbDVAd8Oy9tfIxCw9vx_JnHl1uFAFeX53YDvbmvzHtsOL2dTFubou-6Yx6BEBM2o/h120/220px-James_I_de_Critz_Mirror_of_GB.jpg">Jacques Ier</a> d’Angleterre qui n’avait pas la
même capacité de maintenir son pouvoir dans l’union des intérêts. Avec son
fils, Charles, la guerre civile éclata jusqu’au régicide et à la dictature
tyrannique des Puritains de Cromwell. </span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;">Bien
entendu, des circonstances nombreuses accompagnent ces déchéances
générationnelles qui fait que d’un prince faible peut naître aussi un roi </span><span style="mso-ansi-language: FR;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiOlZC0hGLCaEFALa1V4r987KjHzzNWNHS22AMsTpwzyh3AiyBeOHvAzho14YRxZdAk0SzAUBqZZpuhYCIWmb7cT4PunVMTqCcijGOzwNBCRF-MeMgrjzc7OgRyWS1n08AeL19aSNFfmYI/s1600/Edward_II.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiOlZC0hGLCaEFALa1V4r987KjHzzNWNHS22AMsTpwzyh3AiyBeOHvAzho14YRxZdAk0SzAUBqZZpuhYCIWmb7cT4PunVMTqCcijGOzwNBCRF-MeMgrjzc7OgRyWS1n08AeL19aSNFfmYI/s1600/Edward_II.jpg" height="392" width="400" /></a>puissant,
comme on le vit à la mort de Charles VII et sa suc-</span><br />
<span style="mso-ansi-language: FR;">cession par trois rois qui
apporte-</span><br />
<span style="mso-ansi-language: FR;">ront l’expan-</span><br />
<span style="mso-ansi-language: FR;">sion à la France : Louis XI, Charles VIII et Louis XII.
De même, après la destitution puis l’assas-</span><br />
<span style="mso-ansi-language: FR;">sinat du faible <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiOlZC0hGLCaEFALa1V4r987KjHzzNWNHS22AMsTpwzyh3AiyBeOHvAzho14YRxZdAk0SzAUBqZZpuhYCIWmb7cT4PunVMTqCcijGOzwNBCRF-MeMgrjzc7OgRyWS1n08AeL19aSNFfmYI/h120/Edward_II.jpg">Edward II</a> en
Angleterre, son fils, Edward III, parvint à dominer les intrigues de sa mère,
«la louve de France», et de son amant, Mortimer, pour ensuite défier ouvertement
son suzerain, le roi de France, Philippe VI de Valois qui assurait la succession
de la dynastie des Capétiens après la mort du dernier fils de Philippe le Bel.
C’est lui qui, par son long règne de vingt-deux ans </span><span style="mso-ansi-language: FR;"><span style="mso-ansi-language: FR;">(1328-1350)</span>, allait donner
à l’Angleterre sa puissance au point de dominer militairement et politiquement
une France divisée par des querelles dynastiques. Son fils aura cependant moins de
chance.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;">Richard
II (1367-1400) était à la fois le fils d’un roi batailleur, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiWZ-IWiqyZVwYLVdTni1py_8VOSd5b3V8nlGcZgFsXFHjfSx0d0xm-iLNELVKtbzQ6qqxdl_IZRAfND2RieExMTzJb-7No6dA-YnhKNXWZbyzPIMo9aa5UxDWiORW-K8IvHtK6zZFOapE/h120/250px-Edward-III-king-England.jpg">Edward III</a> et neveu d’un
oncle que sa vaillance militaire et ses grands exploits appelaient le Prince
Noir. Ils avaient tous les deux déclarés la guerre </span><span style="mso-ansi-language: FR;"><span style="mso-ansi-language: FR;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiWZ-IWiqyZVwYLVdTni1py_8VOSd5b3V8nlGcZgFsXFHjfSx0d0xm-iLNELVKtbzQ6qqxdl_IZRAfND2RieExMTzJb-7No6dA-YnhKNXWZbyzPIMo9aa5UxDWiORW-K8IvHtK6zZFOapE/s1600/250px-Edward-III-king-England.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiWZ-IWiqyZVwYLVdTni1py_8VOSd5b3V8nlGcZgFsXFHjfSx0d0xm-iLNELVKtbzQ6qqxdl_IZRAfND2RieExMTzJb-7No6dA-YnhKNXWZbyzPIMo9aa5UxDWiORW-K8IvHtK6zZFOapE/s1600/250px-Edward-III-king-England.jpg" height="400" width="392" /></a></span>à la dynastie des Valois
pour re-</span><br />
<span style="mso-ansi-language: FR;">vendiquer la légitimité du trône de France, Edward étant le petit-fils
par la mère de Philippe le Bel. Edward et son frère avaient mené
la première partie de la guerre de Cent Ans, défaisant les Français, entre 1337 et 1364.
Les grandes batailles de l’Écluse, Crécy et Poitiers ont toutes eu lieu sous
son règne. Mais aussi l’intervalle de la Grande Peste de 1348, qui a dépeuplé
les deux royaumes et forcé un temps d’arrêt aux armées. Le Prince Noir meurt le premier,
puis le roi Édouard en 1377. Richard se méritera le titre d’être le dernier des
Plantagenêts. Un an plus tard expira la trêve plusieurs fois reportée entre
les deux partis. Cette fois-ci, la France se trouvait dominée par un puissant
roi, Charles V le Sage. Trois ans plus tard, ce roi mourut à son tour, laissant un enfant
faible sur le trône, Charles VI le Bien Aimé. Richard II et Charles VI apparaissent
presque en même temps, illustrant la thèse de Machiavel de la succession par des princes faibles.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjXJ2v5WxwFMvqmsYSoEWbG-8yCRzLGh1ugfeOWU0RH7-X90W81LLjo0MC6iIhYCWuIVDhDzID31ZPKifpDIL7qmCys0GaFYVe_JM_WmLyQnRc91oMKS47B_57kg6KHgBmdDcugWWCitUQ/h120/Richard-II.jpg">Richard II</a> n’avait que dix ans à son accession au trône d’Angleterre. La régence fut
conduite par des conseillers franchement incompétents, haïs et méprisés de sorte
qu’il y eut soulèvement dans le East-Anglie et des comtés du centre (1381). Une
foule se forma qui décida de marcher vers Londres. «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ce fut une révolte, </i></span><span style="mso-ansi-language: FR;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjXJ2v5WxwFMvqmsYSoEWbG-8yCRzLGh1ugfeOWU0RH7-X90W81LLjo0MC6iIhYCWuIVDhDzID31ZPKifpDIL7qmCys0GaFYVe_JM_WmLyQnRc91oMKS47B_57kg6KHgBmdDcugWWCitUQ/s1600/Richard-II.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjXJ2v5WxwFMvqmsYSoEWbG-8yCRzLGh1ugfeOWU0RH7-X90W81LLjo0MC6iIhYCWuIVDhDzID31ZPKifpDIL7qmCys0GaFYVe_JM_WmLyQnRc91oMKS47B_57kg6KHgBmdDcugWWCitUQ/s1600/Richard-II.jpg" height="320" width="263" /></a>plus ou moins concertée et préparée par John Ball et
ses agents contre la petite noblesse, les hommes de loi et les riches hommes
d’Église. Ce que les rebelles revendiquaient avant tout c’était la
transformation de toutes les redevances serviles du pays en une rente de quatre
pences par acre ; beaucoup réclamaient également la confiscation des biens
d’Église, le libre usage des forêts, l’abolition des lois sur le gibier et des
mises hors-la-loi, programme “à la Robin Hood”, tout à fait suggestif de la vie
que venaient d’adopter récemment certains de ceux qui étaient à la tête de la
révolte</i>» (G. M. Trevelyan. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Précis
d’histoire de l’Angleterre, </i>Paris, Payot, Col. Bibliothèque historique,
1955, p. 178). Ce qui a mis le feu aux poudres est la «<i>Pool Tax</i>», nouveau moyen
de pressurer les pauvres afin de financer la guerre française. Cet événement va
marquer le règne du jeune Richard. Le règne de Richard II sera celui de la grande
révolte paysanne.</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Les premières révoltes, qui étaient au début
le fait d’artisans, de serfs, de tenanciers, furent à l’occasion guidées, dans
leur développement, par des petits nobles, des prêtres, tel le célèbre <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhyrB6yvelbbBWRnHCxvfxc3zoYB3ejU__f0VRZFW3i3vCkaUwKqLkV5MIdT9tCYQYxknQAB5R1lorePYFOyooFthur4T4Z0PLnX54xbiEU4uADMkERLkSA1qqKlEaUmBvWJfv_GUpP0fY/h120/john_ball.jpg">John Ball</a>, et aussi par des bourgeois riches, avides de revanche sur des adversaires
politiques : plusieurs </i>aldermen <i style="mso-bidi-font-style: normal;">de
la Cité de Londres furent ainsi accusés justement d’avoir favorisé les
insurgés. Les chefs les plus connus sont des humbles : Wat Tyler, placé le
7 juin à la tête des révoltés du Kent, est d’origine obscure, peut-être un
ancien valet d’armes; Jack Straw, son émule, est encore moins bien connu; dans
le Norfolk le teinturier Georffrey Lister, chef incontesté des rebelles qui
s’emparèrent de Norwich, était très pauvre. Rares sont, au contraire, les </i>knights
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">qui se mirent à la tête des révoltés; on
citera Roger Bacon, l’un des principaux lieutenants de Lister et porte-parole
des rebelles à Yarmouth.</i></span></div>
</blockquote>
<div style="text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhyrB6yvelbbBWRnHCxvfxc3zoYB3ejU__f0VRZFW3i3vCkaUwKqLkV5MIdT9tCYQYxknQAB5R1lorePYFOyooFthur4T4Z0PLnX54xbiEU4uADMkERLkSA1qqKlEaUmBvWJfv_GUpP0fY/s1600/john_ball.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhyrB6yvelbbBWRnHCxvfxc3zoYB3ejU__f0VRZFW3i3vCkaUwKqLkV5MIdT9tCYQYxknQAB5R1lorePYFOyooFthur4T4Z0PLnX54xbiEU4uADMkERLkSA1qqKlEaUmBvWJfv_GUpP0fY/s1600/john_ball.jpg" height="400" width="385" /></a></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-ansi-language: FR;">Au départ, les violences essentielles sont
exercées sur les juges royaux, les </span></i><span style="mso-ansi-language: FR;">sheriffs, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">les asséeurs de l’impôt.
Comme lors de la Grande Peur de 1789, on livre assaut aux abbayes, aux
châteaux, on brûle les archives, on détruit les rôles des impositions, on exige
des chartes d’affranchissement, la concession d’avantages variés. On pille les
maisons de riches détestés, on s’attaque de préférence aux établissements
religieux.</i></span> </div>
</blockquote>
<div style="text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg9Q6sORnX_0MiaqkMl2oZVPdJOqhgsLYljMpUz_gZyQVQOkOMCW-g2xFdB0_tHMFqD0Di2XKNW84MqYkWzwMx7mL0S242RSkY061skbLuMyBP9PtyzdGUpvhV-R_wL6Z6ggrzCmWKVVgw/s1600/John_Ball_encouraging_Wat_Tyler_rebels_from_ca_1470_MS_of_Froissart_Chronicles_in_BL.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg9Q6sORnX_0MiaqkMl2oZVPdJOqhgsLYljMpUz_gZyQVQOkOMCW-g2xFdB0_tHMFqD0Di2XKNW84MqYkWzwMx7mL0S242RSkY061skbLuMyBP9PtyzdGUpvhV-R_wL6Z6ggrzCmWKVVgw/s1600/John_Ball_encouraging_Wat_Tyler_rebels_from_ca_1470_MS_of_Froissart_Chronicles_in_BL.jpg" height="313" width="400" /></a></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-ansi-language: FR;">De la jacquerie et des révoltes localisées, on
glisse vers la révolution véritable. À partir du 11 juin, des milliers de
rebelles, certains chroniqueurs parlent de 60 000, venus de l’Essex et du Kent,
marchent sur Londres. Au soir du 12, ils campent sur la colline de Blackheath,
à proximité immédiate de la capitale, et John <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg9Q6sORnX_0MiaqkMl2oZVPdJOqhgsLYljMpUz_gZyQVQOkOMCW-g2xFdB0_tHMFqD0Di2XKNW84MqYkWzwMx7mL0S242RSkY061skbLuMyBP9PtyzdGUpvhV-R_wL6Z6ggrzCmWKVVgw/h120/John_Ball_encouraging_Wat_Tyler_rebels_from_ca_1470_MS_of_Froissart_Chronicles_in_BL.jpg">Ball les fanatise</a> par ses
sermons. Le lendemain, Richard II, venu à leur demande négocier avec eux se
retire rapidement sur le conseil de son entourage. À partir du 13, Londres est
envahie par des bandes furieuses : des palais, des établissements religieux,
les maisons des Flamands sont pillés, leurs occupants parfois massacrés, et la
plèbe de Londres assiste les envahisseurs. Le 14 juin, deux événements
contradictoires se produisent : Richard II se rend à une nouvelle entrevue
avec ses sujets rebelles et, à Mile-End, réussit à les convaincre de sa bonne
volonté et leur promet un prompt relèvement de leur situation; pendant ce
temps, à Londres, on massacre le chancelier Sudbury, le trésorier Hales et
d’autres conseillers du roi, vainement réfugiés dans la Tour. Le 15 juin, Wat
Tyler, qui juge insuffisantes les concessions de Richard II et rêve peut-être
d’une révolution plus globale, d’un véritable changement de régime, provoque
l’entrevue de Smithfield : il y est <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgwt-7NAG9mCiEHZfjukKF4fY9MqOUGfFJaHemC6lJZFafb2ar8J7i2pxAY8rjIL7_TUy3CMcE1TfXQMsOXHep3KhnsUxs91VKcnG6ZKTLxU5Sm-un4rG7x90tG-vYgQOT5LOesjgOsV6Y/h120/DeathWatTyler.jpg">tué par l’escorte</a> du roi, alors qu’il
s’était imprudemment exposé. C’est le signal de la revanche des hommes
d’ordre : inquiets, les bourgeois de Londres s’arment contre les insurgés et, avec
leur aide, Richard II n’a aucune peine à disperser ces derniers, en évitant
d’ailleurs de verser inutilement le sang</span></i><span style="mso-ansi-language: FR;">» (R. Marx. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’Angleterre des
révolutions, </i>Paris, Armand Colin, Col. U prisme # 12, 1971, pp. 56-58).</span></div>
</blockquote>
<div style="text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgwt-7NAG9mCiEHZfjukKF4fY9MqOUGfFJaHemC6lJZFafb2ar8J7i2pxAY8rjIL7_TUy3CMcE1TfXQMsOXHep3KhnsUxs91VKcnG6ZKTLxU5Sm-un4rG7x90tG-vYgQOT5LOesjgOsV6Y/s1600/DeathWatTyler.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgwt-7NAG9mCiEHZfjukKF4fY9MqOUGfFJaHemC6lJZFafb2ar8J7i2pxAY8rjIL7_TUy3CMcE1TfXQMsOXHep3KhnsUxs91VKcnG6ZKTLxU5Sm-un4rG7x90tG-vYgQOT5LOesjgOsV6Y/s1600/DeathWatTyler.jpg" height="292" width="400" /></a> </div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;">Inutile
de préciser qu’Edward et le Prince Noir n’auraient jamais laissé une telle
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiFf0y3VWLiFWB3VKpHQVs9V2yITDayPJm4eTAgxfZmrU8IVmKYcV3hu5AXZo7jEgEVHZHD03GZei8bt_bBeGtRkCPHx9hTeSnkPDxFICFQ6dVfKb0u6SOibo6QwAgyZHHdk8HKhbDiLis/h120/image046.jpg">rébellion de paysans</a> se développer. Richard n’était pas le roi de la situation. «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le roi était à la Tour et ses sujets l’y
bloquèrent. La situation </i></span><span style="mso-ansi-language: FR;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-ansi-language: FR;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiFf0y3VWLiFWB3VKpHQVs9V2yITDayPJm4eTAgxfZmrU8IVmKYcV3hu5AXZo7jEgEVHZHD03GZei8bt_bBeGtRkCPHx9hTeSnkPDxFICFQ6dVfKb0u6SOibo6QwAgyZHHdk8HKhbDiLis/s1600/image046.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiFf0y3VWLiFWB3VKpHQVs9V2yITDayPJm4eTAgxfZmrU8IVmKYcV3hu5AXZo7jEgEVHZHD03GZei8bt_bBeGtRkCPHx9hTeSnkPDxFICFQ6dVfKb0u6SOibo6QwAgyZHHdk8HKhbDiLis/s1600/image046.jpg" height="307" width="400" /></a></span>fut sauvée… mais par des moyens assez vils. Richard II
se rencontra avec les rebelles à Mile End et fit promesse de leur pardonner et
d’émanciper les vilains, promesse que ses conseillers n’avaient nulle intention
de tenir (14 juin). Il fut ainsi facile d’abuser les plus modérés des rebelles
qui nourrissaient une foi naïve dans le roi, considéré comme distinct de son
Conseil, de son Parlement, des légistes, de l’Église et de la chevalerie. Et
cependant la Couronne d’Angleterre s’identifiait avec les intérêts de ceux-ci</i>»
(G. M. Trevelyan. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Op. cit. </i>p. 178).
Même si la révolte continua à se développer en régions, dès qu’elle eût perdu
son emprise sur Londres, elle était perdue.<span style="mso-spacerun: yes;">
</span>«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Devant l’emploi d’un mélange de
force et de cajolerie, les insurgés se dispersèrent rapidement</i>» (G. M.
Trevelyan. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 178). Ce qu’il avait concédé lors des rencontres à Mile-End et à </span><span style="mso-ansi-language: FR;"><span style="mso-ansi-language: FR;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEheHhQqPO5ZWMiA69EtF-akLNn-n2JOIRsIzaIqM5b2ffpB27ZgW_bP0xepsXDE5PH4lIr8Aa2AUuoBh_oEB3UzIS7Ob4yn1DD6yKvCIeXbGjJr9-JrMxzn4ye1fnMsTy1fJEEGRzsnx_I/s1600/Death+Wat+Tyler.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEheHhQqPO5ZWMiA69EtF-akLNn-n2JOIRsIzaIqM5b2ffpB27ZgW_bP0xepsXDE5PH4lIr8Aa2AUuoBh_oEB3UzIS7Ob4yn1DD6yKvCIeXbGjJr9-JrMxzn4ye1fnMsTy1fJEEGRzsnx_I/s1600/Death+Wat+Tyler.jpg" height="300" width="400" /></a></span>Smithfield, il le
révoqua : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Quelques jours plus tard,
le roi révoqua les chartes, disant qu’on les avait obtenues par la force,
contre la loi, interdit tout ras-</i></span><br />
<span style="mso-ansi-language: FR;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">semble-</i></span><br />
<span style="mso-ansi-language: FR;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">ment public et chargea Tresilian, le
nouveau Chief-Justice, de parcourir les comtés pour juger les rebelles. John
Ball, Jack Straw, Grindcob et presque tous les chefs des paysans, environ cent,
furent pris, déclarés coupables, et pendus, chargés de chaînes, pour servir
d’exemple aux autres</i>». (F. York Powell & T. F. Tout. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Histoire d’Angleterre, </i>Paris, Payot,
Col. Bibliothèque historique, 1932, p. 297). </span><span style="mso-ansi-language: FR;">Même si
Richard essaya de limiter le sang versé, la répression fut quand même brutale et le sang répandu de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEheHhQqPO5ZWMiA69EtF-akLNn-n2JOIRsIzaIqM5b2ffpB27ZgW_bP0xepsXDE5PH4lIr8Aa2AUuoBh_oEB3UzIS7Ob4yn1DD6yKvCIeXbGjJr9-JrMxzn4ye1fnMsTy1fJEEGRzsnx_I/h120/Death+Wat+Tyler.jpg">Wat Tyler</a> ne pouvait suffire à épancher la soif des nobles qui se sentaient pris à revers par leurs propre paysannerie.</span><br />
<br />
<span style="mso-ansi-language: FR;">Richard
avait à peine repris son pouvoir qu’une nouvelle ère de troubles s’ouvrait avec
la diffusion du «lollardisme», ces réformateurs chrétiens inspirés de la pensée
de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh4ueRNsTDwnj-UYpcZztsHnA4UUJNwBOI_hKa5N9_3jWt2LrbVRLzj7298Ux9dtgg1qoSyty41PJRW2Q5eANfE9UwEJ92lHOLPWloBXpeiwnhyphenhyphen9IAgZc-LckyAK8_FXMNseXxFjBqlJSc/h120/WycliffeYeamesLollards_01.jpg">John Wycliffe</a>, maître d’école d’Oxford. </span><span style="mso-ansi-language: FR;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh4ueRNsTDwnj-UYpcZztsHnA4UUJNwBOI_hKa5N9_3jWt2LrbVRLzj7298Ux9dtgg1qoSyty41PJRW2Q5eANfE9UwEJ92lHOLPWloBXpeiwnhyphenhyphen9IAgZc-LckyAK8_FXMNseXxFjBqlJSc/s1600/WycliffeYeamesLollards_01.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh4ueRNsTDwnj-UYpcZztsHnA4UUJNwBOI_hKa5N9_3jWt2LrbVRLzj7298Ux9dtgg1qoSyty41PJRW2Q5eANfE9UwEJ92lHOLPWloBXpeiwnhyphenhyphen9IAgZc-LckyAK8_FXMNseXxFjBqlJSc/s1600/WycliffeYeamesLollards_01.jpg" height="300" width="400" /></a>Chassés des milieux cléricaux, ils
se ré-</span><br />
<span style="mso-ansi-language: FR;">pandaient parmi le peuple et commen-cèrent une pré-</span><br />
<span style="mso-ansi-language: FR;">dication qui devait
atteindre son paroxysme sous le règne des Tudor. Pendant ce temps, la guerre en
France avait repris. Richard ne guerroie pas comme son père ou son oncle. Il
envoie des expéditions menées par des généraux ou des amiraux en Flandres
(Despenser) et en Castille (Jean de Gaunt)<span style="mso-spacerun: yes;">
</span>qui demeurent indécises. Des troubles dynastiques, plus graves, venaient
le contrarier. Le duc de Gloucester, son jeune oncle, s’oppose au roi et à ses proches.
Gloucester contrôle le Parlement et entend décider de l’entourage du roi. Ce
dernier résiste. Gloucester et Arundel menacent de le déposer <i style="mso-bidi-font-style: normal;">s’il ne gouvernait pas selon les vœux du
Parlement. </i>Richard s’incline : </span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">il céda, envoya les sceaux à l’évêque d’Ely
et permit aux Lords, de juger Suffolk et de le condamner pour détournement des
fonds publics; il consentit, sous réserve de ses droits, à la nomination d’un
Conseil de onze membres qui collaborerait avec les ministres et qui siégerait
un an pour surveiller les serviteurs et les trésors du roi et réformer tous les
actes non prévus par le droit coutumier ou ecclésiastique ni par les lois
forestières. Mais, dès que l’assemblée se fut séparée, Richard relâcha Suffolk
et parcourut à cheval le pays avec ses amis pour essayer de se gagner des
partisans au prochain parlement. Les juges lui donnèrent leur avis; à savoir
que le nouveau Conseil était illégal, que le roi aussi avait le droit de
choisir et de renvoyer ses ministres et que ceux qui l’avaient menacé et qui
avaient établi le Conseil avaient agi en traîtres. Le roi rendit cette
déclaration publique…</i>» (F. York Powell & T. F. Tout. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 302-303).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;">Bref,
Richard essaya de jouer le même tour </span><span style="mso-ansi-language: FR;"><span style="mso-ansi-language: FR;">à la haute
noblesse </span>qu’il avait joué aux paysans de son royaume. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhRMMqqXDWNz8m8xejHhegszaIEJQY15C7rN0MXIG5NZy11Q_4dthRjZkMlwovl1N4Tu0i989skyLoMFyO9EqwNrWfbGBLKc1-0iflaqBNY1YdxWU1HnQ7xGbzPUf86no4f1iBLnGhxsjQ/h120/Thomas-Woodstock-Duke-Gloucester-1487067.jpg">Gloucester</a> ne se laissa pas intimider par l’entreprise
et se retourna avec Arundel, très en faveur auprès de la </span><span style="mso-ansi-language: FR;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhRMMqqXDWNz8m8xejHhegszaIEJQY15C7rN0MXIG5NZy11Q_4dthRjZkMlwovl1N4Tu0i989skyLoMFyO9EqwNrWfbGBLKc1-0iflaqBNY1YdxWU1HnQ7xGbzPUf86no4f1iBLnGhxsjQ/s1600/Thomas-Woodstock-Duke-Gloucester-1487067.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhRMMqqXDWNz8m8xejHhegszaIEJQY15C7rN0MXIG5NZy11Q_4dthRjZkMlwovl1N4Tu0i989skyLoMFyO9EqwNrWfbGBLKc1-0iflaqBNY1YdxWU1HnQ7xGbzPUf86no4f1iBLnGhxsjQ/s1600/Thomas-Woodstock-Duke-Gloucester-1487067.jpg" height="400" width="308" /></a>population après avoir
capturé des vaisseaux français chargés de vins de bordeaux. Ce furent bientôt
les conseillers du roi qui se trouvèrent accusés de trahison et deux furent
pendus tandis que les juges qui s’étaient prononcés pour le roi furent exilés
en Irlande. Désormais, Richard dut régner avec son oncle Gloucester à son
côté. Il lui faudra attendre 1397-1398 pour écraser le parti de Gloucester.
Richard ambitionnait mettre un terme à la guerre en France en épousant la fille
de Charles VI. Gloucester avait évidemment tout fait pour empêcher ce mariage,
mais en vain. Richard s’émancipait et prenait de l’assurance : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Gloucester, attribuant l’indulgence de
Richard à la crainte, poussa la violence jusqu’à traiter ouvertement et
injustement son neveu de lâche et de fainéant, au cours d’un banquet, parce
qu’il n’avait pas fait la guerre à la France et que, sur la foi d’un traité, il
avait cédé Brest et Cherbourg à leurs propriétaires, le duc de Bretagne et le
roi de Navarre. Le roi retint encore son bras </i></span><span style="mso-ansi-language: FR;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-ansi-language: FR;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjI2_9HlezLDjSsr37VVl9TEBJn6Mc-asJNTkKQMh7H7gKzH9m7i1A7GBUYDKVBJ-x4jHMbYWsqRTlFYDz8NPyqCqiRQO2sEL9T0olWcaETH-KmgcUY_t37RuH1brsAwB7Z1ApC7p2wfMA/s1600/Thomas_of_Woodstock.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjI2_9HlezLDjSsr37VVl9TEBJn6Mc-asJNTkKQMh7H7gKzH9m7i1A7GBUYDKVBJ-x4jHMbYWsqRTlFYDz8NPyqCqiRQO2sEL9T0olWcaETH-KmgcUY_t37RuH1brsAwB7Z1ApC7p2wfMA/s1600/Thomas_of_Woodstock.jpg" height="400" width="355" /></a></span>jusqu’au moment où le comte de
Nottingham, qui s’était querellé avec Gloucester, lui apprit que son oncle
complotait avec Warwick et les deux Arundels de l’emprisonner, pour reprendre
le gouverne-</i></span><br />
<span style="mso-ansi-language: FR;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">ment…</i>» (F. York Powell & T. F. Tout. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 309). Le roi fit arrêter Gloucester et chargea un groupe
de nobles de l’accuser de trahison devant le Parlement. Arundel fut
décapité et Gloucester <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjI2_9HlezLDjSsr37VVl9TEBJn6Mc-asJNTkKQMh7H7gKzH9m7i1A7GBUYDKVBJ-x4jHMbYWsqRTlFYDz8NPyqCqiRQO2sEL9T0olWcaETH-KmgcUY_t37RuH1brsAwB7Z1ApC7p2wfMA/h120/Thomas_of_Woodstock.jpg">étouffé</a> dans une auberge de Calais sur ordre de
Nottingham. Tous les ennemis de Richard étaient ainsi proscrits ou éliminés.
Rien de tout cela ne fut fait avec ouverture et courage, mais par traîtrise et
abus de pouvoirs. Richard en sorti plus faible que fort :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Richard gouverna au moyen des hommes qui
avaient dirigé pour lui les Communes : le président Bushy, Scrope, Bagot
et Green et intimida ses ennemis par ses gardes du Cheschire, qui l’aimaient du
fond du cœur et avaient coutume de lui dire : “Dors en paix, mon petit
Richard, nous prendrons soin de toi, et si tu avais épousé la fille de Sir
Perkin de Lee, tu aurais pu braver tous les seigneurs d’Angleterre”. Pourtant,
il n’avait pas l’esprit tranquille, il regrettait la mort </i></span><span style="mso-ansi-language: FR;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiYSQamfGoSeGs4jreQNlriFFQf8lvWMQcECCzD9ADfjMrQ6_BrK-1gq4ZLd37VQPA4xrVfxxQvrt4PsyiNxFgnthyphenhyphenFUWBbqc7egBWWJQldBth7DziR788FRU2Xq2JANKqcXoaWUCWCc9s/s1600/FitzAlan_1.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiYSQamfGoSeGs4jreQNlriFFQf8lvWMQcECCzD9ADfjMrQ6_BrK-1gq4ZLd37VQPA4xrVfxxQvrt4PsyiNxFgnthyphenhyphenFUWBbqc7egBWWJQldBth7DziR788FRU2Xq2JANKqcXoaWUCWCc9s/s1600/FitzAlan_1.jpg" height="200" width="200" /></a>d’<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiYSQamfGoSeGs4jreQNlriFFQf8lvWMQcECCzD9ADfjMrQ6_BrK-1gq4ZLd37VQPA4xrVfxxQvrt4PsyiNxFgnthyphenhyphenFUWBbqc7egBWWJQldBth7DziR788FRU2Xq2JANKqcXoaWUCWCc9s/h120/FitzAlan_1.jpg">Arundel</a> et avait
toujours peur de quelque nouveau complot contre lui; il savait bien que les
Londoniens (avec qui il s’était querellé en 1392, parce qu’ils ne voulaient pas
lui prêter d’argent) ne l’aimaient pas et que nombre de seigneurs se méfiaient
de lui. Aussi essaya-t-il de raffermir son pouvoir; il fit des emprunts forcés,
obligea Londres et dix-sept comtés à se rançonner eux-mêmes pour lui verser des
sommes élevées, appelées “Plaisance”, et persuada de nombreux marchands et
gentilshommes de signer en blanc des chartes qu’il remplissait à son gré, de
promesses de fidélité. De plus, il chercha à se gagner des amis en leur donnant
son insigne : un cerf blanc en argent, qu’ils portaient sur le bras ou au
cou, comme marque de sa faveur spéciale et de sa protection. Comme il était
riche et bien gardé, qu’il était homme à risquer beaucoup pour gagner les
bonnes grâces de tous, il aurait pu, avec le temps, triompher de la haine qu’on
avait pour lui et gouverner longtemps et équitablement s’il ne s’était mis à dos
la puissante maison de Lancastre par son manque de loyauté</i>» (F. York Powell
& T. F. Tout. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 310). </span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjo6bGo7CY2E4DnhgLMJCVRqd1TdSz6baPmMglfDn4GuCoPdF79_lkapl1IBqvv0gHkCeVP-g_Bnv1XSDo7H-3P98Vz25p4j18khvPTLHLAT4xlo_ZV_64Gk2D5Kk0YR-WVnzsZSVifv_k/s1600/henri4.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjo6bGo7CY2E4DnhgLMJCVRqd1TdSz6baPmMglfDn4GuCoPdF79_lkapl1IBqvv0gHkCeVP-g_Bnv1XSDo7H-3P98Vz25p4j18khvPTLHLAT4xlo_ZV_64Gk2D5Kk0YR-WVnzsZSVifv_k/s1600/henri4.jpg" height="400" width="307" /></a><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjo6bGo7CY2E4DnhgLMJCVRqd1TdSz6baPmMglfDn4GuCoPdF79_lkapl1IBqvv0gHkCeVP-g_Bnv1XSDo7H-3P98Vz25p4j18khvPTLHLAT4xlo_ZV_64Gk2D5Kk0YR-WVnzsZSVifv_k/h120/henri4.jpg">Henry de Lancastre</a> était l’homme le plus populaire d’Angleterre, se trouvant à
l’écart des querelles intestines alors qu’il participait à des croisades en
Lithuanie et à Jérusalem. Plutôt que de se le rallier, Richard décida de le
combattre afin d’obtenir ses propriétés dans le Saint-Empire. Sur les entre
faits, Richard s’était embarqué pour l’Irlande. Henry en profita pour passer de
la Bretagne à l’Angleterre et se rallier un parti avec des nobles frustrés par
la politique de Richard. Son règne allait s’achever dans la débandade :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Richard envoya Salisbury rassembler des
troupes à Conway, promettant de le suivre tout de suite; pourtant trois semaines
s’écoulèrent avant qu’il débarquât à Beaumaris. Ses propres soldats s’enfuirent
et il tomba dans le désespoir, maudissant la déloyauté de l’Angleterre en
disant : “Hélas! Quelle foi y a-t-il en ce monde trompeur?” Au lieu
d’aller à Bordeaux, où on l’aurait accueilli et aidé, il abandonna son trésor
et s’enfuit à Conway sous un déguisement. Il n’y trouva aucun secours, car les
soldats de Salisbury étaient rentrés chez eux, fatigués de l’attendre. Avant
qu’il eût conçu de nouveaux plans, trompé par un faux serment de
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjqhQxrrGIP0mqXu5wJry3wYnLx-r7aQofOR96okydazCY1Up7vDTSJK-QjYj04Llwosgi2jSeJijSDg5juIEI9Uk0KAU8drRt1jFZaNMNs-5PyVQ0ViQPyNLmsxWcnCVqn9Rh3NuFW30w/h120/170px-Richard_II_arrest.jpg">Northumberland</a>, il quitta sa citadelle et fut amené à Flint. “Sot que j’étais!”
s’écrie-t-il quand il se vit trahi. “J’ai sauvé la vie de </i></span><span style="mso-ansi-language: FR;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjqhQxrrGIP0mqXu5wJry3wYnLx-r7aQofOR96okydazCY1Up7vDTSJK-QjYj04Llwosgi2jSeJijSDg5juIEI9Uk0KAU8drRt1jFZaNMNs-5PyVQ0ViQPyNLmsxWcnCVqn9Rh3NuFW30w/s1600/170px-Richard_II_arrest.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjqhQxrrGIP0mqXu5wJry3wYnLx-r7aQofOR96okydazCY1Up7vDTSJK-QjYj04Llwosgi2jSeJijSDg5juIEI9Uk0KAU8drRt1jFZaNMNs-5PyVQ0ViQPyNLmsxWcnCVqn9Rh3NuFW30w/s1600/170px-Richard_II_arrest.jpg" height="320" width="276" /></a>cet Henry de
Lancastre trois fois, oui, je l’ai épargné, même quand son propre père aurait
voulu sa mort, pour crime de trahison! Le proverbe est bien vrai qui dit :
ton pire ennemi est celui que tu sauves de la potence”. Quand il vit Lancastre,
il sourit et s’écria : “Soyez le bienvenu, beau cousin!” – “Je suis rentré
en Angleterre avant l’époque fixée, sire, répondit Lancastre en s’inclinant,
parce que votre peuple se plaint de ce que vous l’avez gouverné durement depuis
vingt ans ou plus; mais maintenant, s’il plaît à Dieu, je vous aiderai à mieux
exercer le pouvoir”. – “Votre volonté est la nôtre”, répliqua Richard. Et ils
partirent pour Londres. À Liehfield, le roi essaya de s’échapper, mais on le
reprit et à partir de ce moment on le garda de près. Les Londoniens
accueillirent Henry avec joie; toutefois, ils crièrent et murmurèrent quand on
mena le roi à la Tour. Avant que le parlement convoqué eût pu se réunir,
Richard, ne voyant pas d’autre issue pour l’instant, consentit à signer une
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjfuTQZRPfhyphenhyphenmtqzS86YhkiD5d7PwB-h3iQ1ytGJAuEyaaYWxeWVzaT4KVONQ5QvcaXZ-6Eu79CrhWlrwWnWcKKLrPwSjhWqyEzENijpx_LWv2FLjEdQZFtrG0MQ4GLA4HJg6GxlTC5hGE/h120/Richard201.jpg">renonciation</a> à la couronne. On adressa de nouvelles lettres de convocation pour
la réunion d’un parlement dans les six jours. Pendant la séance, la
renonciation fut lue en anglais et en latin et acceptée. Puis on donna lecture
de trente-trois actes d’accusation contre Richard. </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjfuTQZRPfhyphenhyphenmtqzS86YhkiD5d7PwB-h3iQ1ytGJAuEyaaYWxeWVzaT4KVONQ5QvcaXZ-6Eu79CrhWlrwWnWcKKLrPwSjhWqyEzENijpx_LWv2FLjEdQZFtrG0MQ4GLA4HJg6GxlTC5hGE/s1600/Richard201.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjfuTQZRPfhyphenhyphenmtqzS86YhkiD5d7PwB-h3iQ1ytGJAuEyaaYWxeWVzaT4KVONQ5QvcaXZ-6Eu79CrhWlrwWnWcKKLrPwSjhWqyEzENijpx_LWv2FLjEdQZFtrG0MQ4GLA4HJg6GxlTC5hGE/s1600/Richard201.jpg" height="320" width="233" /></a></span>On le chargeait : </i>a)
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">d’avoir mal agi envers l’archevêque
Arundel et les “accusateurs”; </i>b) <i style="mso-bidi-font-style: normal;">d’avoir
rempli le Parlement de partisans, par l’entremise des sheriffs, et de l’avoir
amené à lui abandonner ses droits légitimes; </i>c) <i style="mso-bidi-font-style: normal;">d’avoir humilié la couronne libre d’Angleterre en demandant au pape
d’approuver les actes du Parlement; </i>d) <i style="mso-bidi-font-style: normal;">d’avoir
perçu, contrairement à la loi, des impôts, emprunts pourvoirie et rançons; </i>e)
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">d’avoir violé les lois concernant les
sheriffs, les officiers royaux et les juges; </i>f) <i style="mso-bidi-font-style: normal;">d’avoir fait un testament inique; </i>g) <i style="mso-bidi-font-style: normal;">d’avoir dit et soutenu que la loi était son bon plaisir, qu’il pouvait
la changer à son gré et que la vie, les terres et les biens de tous étaient à
sa merci, sans jugement. Un vote du Parlement décréta que ces accusations
étaient justifiées et suffisaient pour déposer le roi; on envoya sept
commissaires pour le lui annoncer…</i>» (F. York Powell & T. F. Tout. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 311 à 313).</span></div>
</blockquote>
<div style="text-align: justify;">
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</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Les accusations montrent
que le temps n’était pas encore venu pour l’absolutisme royal. Que l’Europe en
était encore au Moyen Âge. En ce 30 septembre 1399, le roi Richard II se trouva
déchu de son trône, préliminaire à ce que sera la guerre civile dite Guerre des
Deux-Roses (1455-1485). L’action du duc de Lancastre fut de mettre le pied de la
Rose Rouge à l’étrier du pouvoir :</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
<span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"></span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
<span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"></span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
<span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"></span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
<span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiYasfJg9tRt3b58fw0wlmba2f31opWyIzV8sSQmAROEAALbHpMdf1_gnnsd8U3A8FKkfMiJ42oK93bKUrOvF5-1RBxhLcd0X8BFNSMWAo-h-XM-3UZnHDO0cF5ZNtXg04gMmhodt7aJ1c/s1600/Richard-II-1.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiYasfJg9tRt3b58fw0wlmba2f31opWyIzV8sSQmAROEAALbHpMdf1_gnnsd8U3A8FKkfMiJ42oK93bKUrOvF5-1RBxhLcd0X8BFNSMWAo-h-XM-3UZnHDO0cF5ZNtXg04gMmhodt7aJ1c/s1600/Richard-II-1.jpg" height="225" width="400" /></a></span></span> </span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Dès que le trône fut déclaré vacant, le duc
de Lancastre se leva et, se signant, déclara : “Au nom de Dieu, moi, Henry
de Lancastre, je réclame ce royaume et la couronne, avec toutes ses possessions
et dépendances, et j’entends en tant que descendant légitime du roi Henry et
par le pouvoir que Dieu m’a donné, avec l’aide de mes parents et amis,
recouvrer ledit royaume, que le manque de gouvernement et l’oubli des lois
allaient perdre”. Et il montra le sceau que Richard lui avait donné à Flint.
Là-dessus, les Trois États, séparément d’abord, puis ensemble, acceptèrent de
le reconnaître pour roi. Henry s’agenouilla et pria quelque temps au milieu
d’eux; puis deux archevêques le conduisirent au trône. </i>[…] <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le lendemain, 1<sup>er</sup> octobre, Sir
William Thirning, président des sept commissaires, se rendit à la Tour pour
dire à Richard : “Sire, vous vous rappelez bien que vous avez résigné et
abjuré le titre de roi et de maître avec toutes les dignités qui en découlent”.
– “Oui”, dit Richard, “mais je n’ai pas renoncé à l’honneur religieux du sacre
royal que je ne peux ni résigner, ni abjurer”. – Thirning répondit que les
États et le peuple avaient définitivement accepté et ratifié son abandon et sa
renonciation, “et d’ailleurs, Sire”, dit-il, “à la demande des États et du
peuple, certaines fautes commises par votre gouvernement ont été lues au Parlement,
entendues et comprises par tous lesdits États, qui les ont jugées si évidentes
et si manifestes que, pour ces deux raisons et pour d’autres encore, tenant
compte de vos propres paroles d’abandon et renonciation, où vous reconnaissiez
ouvertement que vos démérites vous rendaient indigne et incapable de gouverner
(comme il est dit plus longuement ici), ils ont jugé qu’il était juste et
raisonnable de vous déposer”. – “Non, non, s’écria Richard, ce n’est pas à
cause de mon incapacité, mais parce que mon gouvernement ne plaisait pas au
peuple”. – “Je ne fais qu’employer votre expression, Sire, répondit Thirning”.
– “Bien, répliqua Richard en souriant, je ne chercherai pas plus loin; après
tout, j’espère que mon cousin sera un bon maître pour moi”. Ce sont les
dernières paroles que prononça librement</i></span><span lang="FR-CA" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><!--[if gte mso 9]><xml>
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</xml><![endif]--></i></span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"> le roi emprisonné. Le 27 octobre, les Lords et le conseil le
condamnèrent à la prison perpétuelle et, deux jours après, l’envoyèrent de la
Tour à Pomfret. La fin de sa vie est restée jusqu’ici ignorée</span></i><span lang="FR-CA">» (</span><span style="mso-ansi-language: FR;">F. York Powell & T.
F. Tout. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 313-314).</span></div>
</blockquote>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEil1ZgU2O7zawnhW1hka_WAsg458ViN0m641HV0W5ZaWmSbS0KqBm3H5_DPZ0L7vVupJB2GCZ4KxwQLnLzHOfeuVBeGxPwNj5R5GiG_UJFqk7088JrVGwWC4Ka3RlSaJS2CIJzpXgE3cKE/s1600/Richard-II.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;">v<img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEil1ZgU2O7zawnhW1hka_WAsg458ViN0m641HV0W5ZaWmSbS0KqBm3H5_DPZ0L7vVupJB2GCZ4KxwQLnLzHOfeuVBeGxPwNj5R5GiG_UJFqk7088JrVGwWC4Ka3RlSaJS2CIJzpXgE3cKE/s1600/Richard-II.jpg" height="261" width="400" /></a></div>
<br />
<span style="mso-ansi-language: FR;">Évidemment,
plus personne ne doute que Richard mourut peu après dans sa prison, sans doute
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEil1ZgU2O7zawnhW1hka_WAsg458ViN0m641HV0W5ZaWmSbS0KqBm3H5_DPZ0L7vVupJB2GCZ4KxwQLnLzHOfeuVBeGxPwNj5R5GiG_UJFqk7088JrVGwWC4Ka3RlSaJS2CIJzpXgE3cKE/h120/Richard-II.jpg">assassiné</a>. Henry de Lancastre était devenu Henry IV d’Angleterre et allait
reprendre la guerre en France. Pour F. York Powell & T. F. Tout, le
caractère de Richard II ressemble à celui des rois faibles, dont Henry III tel
que projeté au Purgatoire par le Dante :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Richard fut perdu, comme le disait <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgaJzPvA0k9BfJnTAjZrdzxVEnq2BDpPN-wT8xvg5xQH9Ptb_G_aCf0VBUUZHhN7mQ25Ey3rz44WoEIyx3w0djeyRO_lJPBQLPt-3_GToZjpLEbERCtMkJj98G2pa0ySYbp37HibFtDWfc/h120/220px-William_Langland.jpg">William Langland</a>, par manque de bons conseils. Il n’était pas oisif et frivole comme
Édouard II, dépensier et sans ressources comme Henri </i></span><span style="mso-ansi-language: FR;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgaJzPvA0k9BfJnTAjZrdzxVEnq2BDpPN-wT8xvg5xQH9Ptb_G_aCf0VBUUZHhN7mQ25Ey3rz44WoEIyx3w0djeyRO_lJPBQLPt-3_GToZjpLEbERCtMkJj98G2pa0ySYbp37HibFtDWfc/s1600/220px-William_Langland.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgaJzPvA0k9BfJnTAjZrdzxVEnq2BDpPN-wT8xvg5xQH9Ptb_G_aCf0VBUUZHhN7mQ25Ey3rz44WoEIyx3w0djeyRO_lJPBQLPt-3_GToZjpLEbERCtMkJj98G2pa0ySYbp37HibFtDWfc/s1600/220px-William_Langland.jpg" height="200" width="191" /></a>III; c’était un homme
fort, bien doué, beau, brave, généreux, intelligent, pitoyable, capable d’agir
courageusement et vivement quand il le voulait. Son règne ne fut jamais exempt
de difficultés et de dangers: querelles de famille, hostilité à
l’étranger, mécontentement en Angleterre : tel est l’héritage de troubles
que lui apporta la couronne; mais il était sur le point de retrouver la
sécurité, quand deux ou trois faux-pas, faits dans l’intérêt de ses amis plutôt
que dans le sien ou dans celui de son peuple, le perdirent. Il fut mal avisé
quand, par désir de paix, il laissa sans punition les méfaits irritants de ses
frères, de ses officiers et de ses gardes; mal avisé quand, par amour pour les
arts, la magnificence et la vie somptueuse, il entretint une vaste cour et
patronna poètes, peintres et architectes, alors qu’il savait que son peuple
n’aimait dépenser de l’argent que pour la guerre; mal avisé quand, impatienté
par les incessants complots et trahisons de ses parents, il employa un langage
hautain et mit ses prérogatives de roi au-dessus de la loi ; encore plus
mal avisé quand il essaya de bien gouverner sans consulter les volontés du
peuple qu’il devait diriger, quand il exila ses favoris, abolit ses privilèges,
se moqua de ses plus chères croyances et piétina les droits auxquels il tenait.
Toutefois, Richard n’était pas un tyran brutal et cruel; si sa chance ne
l’avait pas abandonné, il aurait pu renier les sottises et réparer les fautes
où sa jeunesse et celle de ses conseillers l’avaient entraîné; il eut régné
alors plus heureusement que celui qui le supplanta. Pourtant, une occasion de
se rattraper lui fut offerte; il n’en profita pas, et le peuple anglais,
peut-être avec raison, ne voulut pas lui en fournir une autre; mais il avait
quelques bons amis qui ne purent oublier son beau visage et sa générosité et
qui déplorèrent son sort</i>» (F. York Powell & T. F. Tout. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 314-315). </span><br />
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</xml><![endif]--><span lang="FR-CA" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"></i></span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;"><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiZXWKGWFSdhsQLAfAtZBv8NWPUqwg8s-_wKU2FXG3orUplNPLOVM2UhhfDpTnjewIS_BOqAHJwWA0CwSaWmGBIGuWRqoZPy5MEqzNmJSGrmAxtfQQFXn9kJJhOkztAa0_7PrPsSTltPgA/s1600/v2-David+Tennant+will+play+Richard+II.jpeg" height="640" width="328" /></span></span>William
Shakespeare ne pouvait passer à côté d’un si beau sujet. L</span><span lang="FR-CA">a pièce homonyme présente <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiZXWKGWFSdhsQLAfAtZBv8NWPUqwg8s-_wKU2FXG3orUplNPLOVM2UhhfDpTnjewIS_BOqAHJwWA0CwSaWmGBIGuWRqoZPy5MEqzNmJSGrmAxtfQQFXn9kJJhOkztAa0_7PrPsSTltPgA/h120/v2-David+Tennant+will+play+Richard+II.jpeg">Richard II</a></span><!--[if gte mso 9]><xml>
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</xml><![endif]--><span lang="FR-CA"> comme un roi
irresponsable, cruel et rancunier. Ce n’est qu’une fois destitué et emprisonné
qu’il accède à un semblant de splendeur et de dignité. Tout cela, bien entendu
n’est qu’une fiction et Shakespeare fait de nombreuses omissions et prend
quelques libertés dans la rédaction de son œuvre. Le dernier des Plantagenêts
marquait la fin de la première dynastie typiquement anglaise quoiqu’elle se
crût également rattachée aux anciennes possessions françaises de Normandie, d’Aquitaine
et de l’Ouest jusqu’aux Pyrénées. C’est la Guerre de Cent Ans qui devait, à la
fin, rompre cette prétention et ramener le peuple anglais à son vrai
territoire, celui de l’archipel de Grande-Bretagne. Et il convient de souligner
le hasard que face à Richard II se trouvait un roi aussi, sinon plus faible que
lui, qui lui donna sa propre fille en mariage en vue de créer un état de paix
entre les deux royaumes. Mais ce vœux était prématuré.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA"><br /></span></div>
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Nous aurions tendance à
considérer les faibles comme les forts dans la mesure où ils tendaient à une
paix entre les deux puissances au moment où la </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiLxv4sjFUlQ6bwbfqd68JJdIaOnYdO5FY8CrMWp_-3HlhEzB4yU1WBnlIl5Rcv0_ZUBhcdC3YXU7sAst47IDHdCpoyvHvZlLgczlhA4vm1LSPCXIzbVCQaL0yuHJXnSpzlQu6j1tDMwI0/s1600/charlesv.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiLxv4sjFUlQ6bwbfqd68JJdIaOnYdO5FY8CrMWp_-3HlhEzB4yU1WBnlIl5Rcv0_ZUBhcdC3YXU7sAst47IDHdCpoyvHvZlLgczlhA4vm1LSPCXIzbVCQaL0yuHJXnSpzlQu6j1tDMwI0/s1600/charlesv.jpg" height="400" width="353" /></a>Guerre de Cent Ans pouvait être
interrompue. Mais c’est oublier que nous sommes à l’époque de la féodalité
encore, avec ses<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>codes et la façon de
se représenter comme société et comme valeurs. Après le règne belliqueux de Edward III, voici que la France avait su se relever grâce à <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiLxv4sjFUlQ6bwbfqd68JJdIaOnYdO5FY8CrMWp_-3HlhEzB4yU1WBnlIl5Rcv0_ZUBhcdC3YXU7sAst47IDHdCpoyvHvZlLgczlhA4vm1LSPCXIzbVCQaL0yuHJXnSpzlQu6j1tDMwI0/h120/charlesv.jpg">Charles V</a>, roi
couronné en période d’instabilité sociale. Étienne Marcel, le prévôt des
marchands de Paris, n’avait-il pas fait tuer deux maréchaux proches du roi dans
ses propres appartements et en sa présence?<span style="mso-spacerun: yes;">
</span>La révolte d’Étienne Marcel, avant d’être réprimée avec autant de
violence que celle de John Ball et de Wat Tyler de l’autre côté de la Manche, s’étouffe
d’elle-même avec le revirement de la population parisienne qui tue le prévôt.
Là aussi, la révolte urbaine eut son écho dans les provinces avec des
jacqueries que Charles V réprime par les Grandes Compagnies, des troupes de
mercenaires d’une brutalité sans nom. Mais Charles parvient à reconsolider son
armée et à reconquérir une partie des terres enlevées par le roi d’Angleterre.</span><br />
<br />
<span lang="FR-CA">Charles meurt seulement
trois ans après Edward III, en 1380. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhyjdQ9YjsyGxpPolewpAT1rFZuacjLFf2rY6ClYCeeUopX0NAGLOPYldjaWX1-QHF20SZyNsVqhJf6DCV55Ed5deh4Dsr4Oz6c1lyTM00a4Ot4yjkrpqLKeDM_cbIdevcRuT4f6a4pakc/h120/Charles_VI_of_France.jpg">Charles VI</a> (1368-1422) n’a que douze ans.
Un conseil de régence établi par son père, le défunt roi, est la cause d’une
première instabilité. Alors que le Valois semble si faible, toutes les maisons
vassales sentent le moment propice pour s’emparer du trône. Là </span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhyjdQ9YjsyGxpPolewpAT1rFZuacjLFf2rY6ClYCeeUopX0NAGLOPYldjaWX1-QHF20SZyNsVqhJf6DCV55Ed5deh4Dsr4Oz6c1lyTM00a4Ot4yjkrpqLKeDM_cbIdevcRuT4f6a4pakc/s1600/Charles_VI_of_France.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhyjdQ9YjsyGxpPolewpAT1rFZuacjLFf2rY6ClYCeeUopX0NAGLOPYldjaWX1-QHF20SZyNsVqhJf6DCV55Ed5deh4Dsr4Oz6c1lyTM00a4Ot4yjkrpqLKeDM_cbIdevcRuT4f6a4pakc/s1600/Charles_VI_of_France.jpg" height="400" width="335" /></a></span>aussi des
révoltes fiscales accompagnent l’arrivée au pouvoir du jeune prince, aussi
le régent Philippe II de Bourgogne s’occupe-t-il de pacifier et
rectifier les chartes contestées. Sa maîtrise des affaires du Royaume lui donne
de l’assurance. En attendant, Charles, qui n’est pas un enfant malingre,
poursuit son éducation. Il a une ferveur religieuse qui le pousse à des
dévotions envers la Vierge Marie. Il joue aux dames et aux échecs et la vie de
cour n’est pas négligée pour autant. Enfin, Charles développe un goût prononcé
pour la chasse. Charles est toujours un enfant et il partage les curiosités que
développe tout enfant. Son maître, Philippe de Mézières, choisi par Charles V
avant sa mort, aurait préféré une plus grande réserve :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Loin de rester distant comme l’aurait souhaité <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhAX_PhIkjc8KiSKBCnhMQxbtTAWNKlyJRLZW7AADJDR7602Jnsip2exBYzXjumHJCXvjr3kQIm1vs0XOmH9BVt-TYBu3r9fSOuW-dR5nTHSS1IuPwbbKxrlBeJio0jrSvAvwgoOBEThKQ/h120/richard2mezieres2.jpg">Philippe de Mézières</a>,
l’adolescent est à l’aise avec tous et curieux de tout. Il regarde les faucheurs
faner ses prés du château de Compiègne, où, peut-être fier de montrer sa force
comme on peut l’être à treize ans, il donne un coup de main aux maçons. Il va
voir les charpentiers qui travaillent à la Bastille Saint-Antoine, rend visite
aux verriers de la forêt de Chevreuse et les regarde faire le verre. De telles
occupations ne sont pas simple amusement, mais encore un aspect de l’office
royal.</i></span></div>
</blockquote>
<div style="text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhAX_PhIkjc8KiSKBCnhMQxbtTAWNKlyJRLZW7AADJDR7602Jnsip2exBYzXjumHJCXvjr3kQIm1vs0XOmH9BVt-TYBu3r9fSOuW-dR5nTHSS1IuPwbbKxrlBeJio0jrSvAvwgoOBEThKQ/s1600/richard2mezieres2.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhAX_PhIkjc8KiSKBCnhMQxbtTAWNKlyJRLZW7AADJDR7602Jnsip2exBYzXjumHJCXvjr3kQIm1vs0XOmH9BVt-TYBu3r9fSOuW-dR5nTHSS1IuPwbbKxrlBeJio0jrSvAvwgoOBEThKQ/s1600/richard2mezieres2.jpg" height="317" width="400" /></a> </div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Roi des Français et pas seulement des princes et des clercs, Charles
doit laisser venir à lui tous ses sujets et même aller à eux, en les visitant
dans leurs travaux.</span></i></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">C’est ainsi que Charles apprend le métier de roi. C’est ainsi qu’il
devient un guerrier adroit et fort, un prince courtois dans une cour fastueuse,
un chevalier dévoué à la Croix. Ni le duc de Bourgogne qui avait guidé son
adolescence, ni ses sujets n’étaient déçus. </span></i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiFQoQ4BuG0Q7rK-GUdf4Ewra_UgqjZaN5Mrv_KHx4qW8vFv5cR6fOpIXrfr45nwdHGcOPEB9cd4F_bealu_crdk_-7q-1K6DpzZp6P8jsnhMBmDg_KsrL2v3o84Mc38JgESKV0m9Ngbmo/s1600/250px-Christine_de_Pisan_and_her_son.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiFQoQ4BuG0Q7rK-GUdf4Ewra_UgqjZaN5Mrv_KHx4qW8vFv5cR6fOpIXrfr45nwdHGcOPEB9cd4F_bealu_crdk_-7q-1K6DpzZp6P8jsnhMBmDg_KsrL2v3o84Mc38JgESKV0m9Ngbmo/s1600/250px-Christine_de_Pisan_and_her_son.jpg" height="200" width="187" /></a></span>Pourquoi alors les critiques de
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiFQoQ4BuG0Q7rK-GUdf4Ewra_UgqjZaN5Mrv_KHx4qW8vFv5cR6fOpIXrfr45nwdHGcOPEB9cd4F_bealu_crdk_-7q-1K6DpzZp6P8jsnhMBmDg_KsrL2v3o84Mc38JgESKV0m9Ngbmo/h120/250px-Christine_de_Pisan_and_her_son.jpg">Christine de Pizan</a> et du Religieux de Saint-Denis, pourquoi les regrets du
“Vieil Pèlerin”? C’est qu’il y avait deux modèles du prince idéal, celui des
clercs, longuement décrit dans les livres et que Charles V, roi des avocats et
des intellectuels, avait admirablement incarné, et celui des chevaliers qui
guidait le jeune Charles VI. Ce prince-là est beau et preux, il est un roi
généreux et seigneur fidèle. Il ressemble aux héros de romans de chevalerie.</span></i></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">C’est au prince des chevaliers qu’allait la préférence des peuples.
Ne l’ont-ils pas montré par les surnoms qu’ils ont donnés de leur vivant aux
rois et aux ducs, à Philippe le Bel et à Philippe le Hardi, à Jean le Bon,
c’est-à-dire le Brave, et à Jean sans Peur?</span></i><span lang="FR-CA">» (F.
Autrand. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Charles VI, </i>Paris, Fayard,
1986, pp. 31-32.</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA">Charles VI semble donc,
mieux que son père encore, avoir tous les éléments pour être un grand roi et
venir à bout des rivalités dynastiques et des complots qui ne cesseront de
l’entourer durant les quarante-deux années que durera son règne – l’un des plus
longs de la France. Personne ne semblait deviner la tare héréditaire qui
sommeillait en lui. Comme le rappelle
Françoise Autrand, sa biographe :</span></span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Des relations entre Charles VI et sa mère, nous ne savons rien. Mais il
faut retenir qu’en 1373, à trente-cinq ans, elle avait souffert d’une maladie
mentale. Charles avait alors cinq ans : “La reine de France fut malade par
un caraut ou empoisonnement, si qu’elle en perdit son bons sens et son bon
mémoire. Le roi qui<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>moult l’aimait en
fit mainte pèlerinage, et, la merci Notre-Seigneur, elle revint en bonne santé
et en bon sens”. Quand elle mourut, le dauphin avait dix ans.</i></span></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Le jeune prince eut à souffrir de la rigueur d’une seule
personne : <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhAxY2jdQGURf1blVCdAcD6cve3Y7kOc22cUriVhUtrpSBUqFz6fVNY8L3G0Aerb0r_EQarF0VG2pOvRQEb37Pmt4GEz7DRaXt6sI1Qfbo7j8e0UJ_OmAgP75nib5Vhziijv8IxO3iKxFs/h120/220px-Statue.cardinal.de.la.Grange.png">Jean de La Grange</a>, </span></i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhAxY2jdQGURf1blVCdAcD6cve3Y7kOc22cUriVhUtrpSBUqFz6fVNY8L3G0Aerb0r_EQarF0VG2pOvRQEb37Pmt4GEz7DRaXt6sI1Qfbo7j8e0UJ_OmAgP75nib5Vhziijv8IxO3iKxFs/s1600/220px-Statue.cardinal.de.la.Grange.png" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhAxY2jdQGURf1blVCdAcD6cve3Y7kOc22cUriVhUtrpSBUqFz6fVNY8L3G0Aerb0r_EQarF0VG2pOvRQEb37Pmt4GEz7DRaXt6sI1Qfbo7j8e0UJ_OmAgP75nib5Vhziijv8IxO3iKxFs/s1600/220px-Statue.cardinal.de.la.Grange.png" height="400" width="211" /></a>cardinal d’Amiens. Le fait a dû frapper les
contemporains, car il nous est parvenu de deux côtés différents. Conseiller
très écouté de Charles V, évêque d’Amiens, Jean de La Grange, devenu cardinal,
résidait à la cour pontificale d’Avignon d’où il revenait souvent à Paris pour
voir le roi. Lors d’une de ses visites, le dauphin, alors âgé de dix ans, se
tenait auprès de son père. À la vue du prélat, l’enfant se mit à se signer en
criant à son père : “Chassez ce diable! Fuyez ce diable!” Des gens de la
cour, en effet, lui avaient fait croire que le cardinal avait “un diable privé
qui lui disait les choses passées et à venir”. Courroucé et mécontent, Jean de
La Grange pria le roi de faire dire au dauphin qui lui avait raconté cette
fable : “Monseigneur le dauphin répondit : ‘Tout le monde le dit’ et
‘que, pour Dieu, le roi n’approchât point de lui!” Onques n’en voulut dire
autre chose. Ni pour beau parler, ni pour menace ne voulut onques dire qui lui
avait dit”</span></i><span lang="FR-CA">» (F. Autrand. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 35).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"></span>Charles VI<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>comme nous l’avons déjà vu, partage avec
Richard II d’Angleterre l’espoir d’en finir avec la guerre. De ce côté-ci de la
Manche, cette volonté paraît tout aussi extraordinaire que de l’autre
côté : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">La </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjI0p-wEBHsuqxo-n7utlFB074SJMe4JPZ-nbHWiUOcPQ0C52ESgE9Zx14rUx7Zk2RH0FjnMgtO0OfHfJAyXBAZwwlGGr4ROAHJEjDMi1KaXUBM3n-767aoe4ihIP80HlLylg2DGvtRO3A/s1600/200px-Olivier_de_Clisson_tomb.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjI0p-wEBHsuqxo-n7utlFB074SJMe4JPZ-nbHWiUOcPQ0C52ESgE9Zx14rUx7Zk2RH0FjnMgtO0OfHfJAyXBAZwwlGGr4ROAHJEjDMi1KaXUBM3n-767aoe4ihIP80HlLylg2DGvtRO3A/s1600/200px-Olivier_de_Clisson_tomb.jpg" height="400" width="299" /></a></span></span>paix après la guerre, les
économies après les grandes tailles, la conquête des cœurs après la pression
fiscale : la direction de la politique française a tourné à angle droit</i>»
(F. Autrand. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p.165). Moins
qu’aux caprices des rois, c’est à la situation interne de leurs pays respectifs
qu’il faut attribuer ce changement de direction. À vingt ans, Charles,
selon <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjI0p-wEBHsuqxo-n7utlFB074SJMe4JPZ-nbHWiUOcPQ0C52ESgE9Zx14rUx7Zk2RH0FjnMgtO0OfHfJAyXBAZwwlGGr4ROAHJEjDMi1KaXUBM3n-767aoe4ihIP80HlLylg2DGvtRO3A/h120/200px-Olivier_de_Clisson_tomb.jpg">Olivier de Clisson</a>, «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">est moult
agréable et de bon entrain et jeune et gaillard prince</i>». De fait, Charles
VI est plus vigoureux et plus volontaire que Richard II :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Charles est grand, larges d’épaules. Il a le teint clair, les yeux
vifs, les cheveux blonds. Il est robuste et sportif, bon tireur et bon
cavalier. Cinq campagnes militaires l’ont entraîné à la vie de plein air. Il ne
craint ni le mauvais temps ni la mer. Froissart raconte qu’il a le pied marin
et qu’il s’en vantait auprès de Clisson, au camp de l’Écluse :
“Connétable, j’ai déjà monté en mon vaisseau, je m’y plais beaucoup et crois
que je serai bon marinier : la mer ne me fait pas mal”. Au moral, le
Religieux de Saint-Denis remarque qu’il est affable et de contact facile. Il a
la mémoire des visages et des noms. Il a aussi celle du bien et du mal qu’on
lui fait. Il se met rarement en colère, parle avec douceur et modération. Le
Religieux déplore l’intérêt trop vif qu’il porte aux femmes mais ajoute que,
dans ses aventures, le roi n’apporta jamais le scandale ni l’injure.</i></span></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">[…]</span></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Le portrait de Charles qui se dessine entre les pages du </span></i><span lang="FR-CA">Songe du Vieil Pèlerin <i style="mso-bidi-font-style: normal;">que Philippe
de Mézières écrivit en cette année 1388-1389 où le roi avait vingt ans, apporte
d’autres détails. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgIk3yTLbDVMq1t6ZS4q7GnfCM79p6QaSezBld9uF4sCkX0pDBFQAD3oppGhrl0cb3VP3C_nTyC5kRBv6V8esUf1_yOncCsHeCLY_Rmmo_vm7ZoBRbDVq5HoVCh6n5nkTEkOXDwgnOMyWY/h120/charles6.jpg">Charles</a> a “belle forme humaine, sain, bel, fort, droit et
léger”. Il est bien pourvu de mémoire et d’intelligence. Il ne jure pas, mais
laisse trop ses familiers jurer en sa présence “sans rein et sans vergogne”.
Cela c’est pour le connétable. Il ne s’intéresse </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgIk3yTLbDVMq1t6ZS4q7GnfCM79p6QaSezBld9uF4sCkX0pDBFQAD3oppGhrl0cb3VP3C_nTyC5kRBv6V8esUf1_yOncCsHeCLY_Rmmo_vm7ZoBRbDVq5HoVCh6n5nkTEkOXDwgnOMyWY/s1600/charles6.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgIk3yTLbDVMq1t6ZS4q7GnfCM79p6QaSezBld9uF4sCkX0pDBFQAD3oppGhrl0cb3VP3C_nTyC5kRBv6V8esUf1_yOncCsHeCLY_Rmmo_vm7ZoBRbDVq5HoVCh6n5nkTEkOXDwgnOMyWY/s1600/charles6.jpg" height="199" width="320" /></a></span>guère à l’astrologie, la
sorcellerie, la magie, mais doit bien s’en garder. Cela, c’est pour Louis, le
frère du roi. Son défaut c’est de passer la nuit à la fête et à la danse, après
sa dure journée de travail et de manquer de sommeil. Déjà, il souffre
d’insomnies. Et puis il y a les femmes. Philippe a beau lui recommander de
“boire l’eau de sa propre citerne” et de “s’enivrer saintement des belles mamelles”
d’Isabeau, Charles aime trop la compagnie des autres, “des belles femmes
estranges” et le vieux maître doit lui répéter que, dans cette délicate
affaire, “on ne peut mieux avoir la victoire que fuir”.</i></span></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Mais Charles est jeune. Tel qu’il est, il plaît aux Français. Sa
prise de pouvoir les a réjouis. Beaucoup plus qu’au jour de son avènement, ils
sont, le jour de ses vingt ans, prêts à crier : “Nouveau roi, nouvelle loi,
nouvelle joie!”</span></i><span lang="FR-CA">» (F. Autrand. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 177-178).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Charles VI avait donc,
dès le départ, toutes les caractéristiques prédisposant à un règne fort et
énergique, sinon dans la continuité de la politique de reconquête de son père,
du moins dans sa volonté de prendre un tournant politique garantissant à ses
peuples le «bon gouvernement» qu’il est en droit d’attendre de son propre roi. C’est ainsi qu’il apparaît en 1488, au moment où
il atteint à sa majorité. Quatre ans plus tard, nous sommes en présence d’un
autre homme :</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<blockquote class="tr_bq">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">La crise de la forêt du Mans…, le bal des Ardents, la rechute, suivie
par l’alternance de crises et de rémissions, ainsi commencent, en 1392, pour
Charles VI, trente années d’une vie de souffrance et, pour la France, trente
années de difficultés politiques. Entre le malheur du roi et celui du royaume,
le lien a paru évident aux contemporains comme aux historiens. Pourtant les uns
et les autres ne voient pas les choses d’un même regard</i>» (F. Autrand. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 289).</span></blockquote>
<span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXEJAyDOc6_hvtScG-2SWsWA1fsWr33c-r60npIL8663KwscU0K0bC6GNBwg1OGgPoDEJd8UZSiOfCDTvOAFds0O1RQKxzFQlU2He05yWxH2zs85kBW4PRfRaVDmgQ1mFLGu1XxgzsWWM/s1600/220px-Carlo_VI_di_Francia,_Maestro_di_Boucicaut,_codice_Ms._Fran%C3%A7ais_165_della_Biblioteca_Universitaria_di_Ginevra.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXEJAyDOc6_hvtScG-2SWsWA1fsWr33c-r60npIL8663KwscU0K0bC6GNBwg1OGgPoDEJd8UZSiOfCDTvOAFds0O1RQKxzFQlU2He05yWxH2zs85kBW4PRfRaVDmgQ1mFLGu1XxgzsWWM/s1600/220px-Carlo_VI_di_Francia,_Maestro_di_Boucicaut,_codice_Ms._Fran%C3%A7ais_165_della_Biblioteca_Universitaria_di_Ginevra.jpg" height="400" width="323" /></a>Pour les historiens, les
liens sont présentés selon une logique structurelle : la folie du roi;
l’affaiblissement de son autorité; le désordre féodal avec la conquête
anglaise, la guerre civile opposant Armagnacs et Bourguignons… Charles le Bien
Aimé, comme on l’appelait à l’origine, est devenu <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXEJAyDOc6_hvtScG-2SWsWA1fsWr33c-r60npIL8663KwscU0K0bC6GNBwg1OGgPoDEJd8UZSiOfCDTvOAFds0O1RQKxzFQlU2He05yWxH2zs85kBW4PRfRaVDmgQ1mFLGu1XxgzsWWM/h120/220px-Carlo_VI_di_Francia,_Maestro_di_Boucicaut,_codice_Ms._Fran%C3%A7ais_165_della_Biblioteca_Universitaria_di_Ginevra.jpg">Charles le Fol</a>. Pour les gens
de l’époque, la pitié est plus forte que les reproches :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Les gens du Moyen Âge liaient bien autrement la folie du roi et la
crise du royaume. Les malheurs qui les frappaient n’épargnaient pas leur
souverain. Éprouvés par la misère et par la guerre, ils se reconnaissaient dans
leur roi souffrant, et, dans ses traits douloureux, ils voyaient le visage du
Christ de la Passion. Jamais ils ne l’appelèrent autrement que Charles le Bien
Aimé. Et si l’on voulait être fidèle à leurs pensées, il faudrait intituler ce
récit non pas “la folie du roi”, mais “la Passion du roi Charles, le Bien
Aimé”. Ce ne sont là, dira-t-on, que de ces bons sentiments avec lesquels on
fait de la mauvaise politique. Reste à savoir si la France, parvenue à ce
moment de son Histoire, avait besoin d’un souverain à poigne ou d’une nation
incarnée dans la personne de son roi.</i></span></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Tel est, à long terme, l’enjeu de l’histoire de Charles VI et de sa
folie. Mais avant d’en arriver à ces conclusions, il faut répondre aux
questions qui se posent à nous comme aux hommes du XIVe siècle, questions
médicales : quelle est la maladie du roi? Quelles en sont les causes? les
remèdes? Questions politiques : qui va gouverner et, les structures
politiques étant ce qu’elles sont, quelles seront les conséquences, pour le
royaume et la monarchie, de la maladie du roi?» </span></i><span lang="FR-CA">(F.
Autrand. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 289-290).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">La crise de la forêt du
Mans a été raconté, non sans brio, par Michelet :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">C’était le milieu de l’été, les jours brûlants, les lourdes chaleurs
d’août. Le roi était </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjfp-dYYLZ2pvI8xuG7YXM8EyLsWMT4gIev-esPvvcBKv9q06huv3XipMttXf05Gt0QOM6liaIm1WKJHlu8S4xZG4GY0-FABmvWn8AIElSXKUr-VQZAXhqzE-LvMjgMjLo6ufegwK2JqVE/s1600/220px-Folie_Charles_VI_for%C3%AAt_du_Mans.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjfp-dYYLZ2pvI8xuG7YXM8EyLsWMT4gIev-esPvvcBKv9q06huv3XipMttXf05Gt0QOM6liaIm1WKJHlu8S4xZG4GY0-FABmvWn8AIElSXKUr-VQZAXhqzE-LvMjgMjLo6ufegwK2JqVE/s1600/220px-Folie_Charles_VI_for%C3%AAt_du_Mans.jpg" height="195" width="200" /></a>enterré dans un habit de velours noir, la tête chargée
d’un chaperon écarlate, aussi de velours. Les princes traînaient derrière
sournoisement et le laissaient seul, afin, disaient-ils, de lui faire moins de
poussière. Seul, il traversait les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjfp-dYYLZ2pvI8xuG7YXM8EyLsWMT4gIev-esPvvcBKv9q06huv3XipMttXf05Gt0QOM6liaIm1WKJHlu8S4xZG4GY0-FABmvWn8AIElSXKUr-VQZAXhqzE-LvMjgMjLo6ufegwK2JqVE/h120/220px-Folie_Charles_VI_for%C3%AAt_du_Mans.jpg">ennuyeuses forêts</a> du Maine, de méchants bois
pauvres d’ombrage, les chaleurs étouffées des clairières, les mirages
éblouissants du sable à midi.</i></span></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Comme il traversait ainsi la forêt, un <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiOj7qUUgU3Zb70JFYGGNefzHKKYSEP4CaL6aE13zfNL9l_te3Qfrh1AlCr8v7_R0O0d10NpGFw_ZfByD8sEgukqBautnxUMZ9a1kHdqx66bePsCEfjpOvCchvQn4AoqmrF3-gCpGlCQr8/h120/charlesVI.jpg">homme de mauvaise mine</a>, sans
autre vêtement qu’une cotte blanche, se jette tout à coup à la bride du cheval
du roi, criant d’une voix terrible : “Arrête, noble roi, ne passe outre,
tu es trahi!”</span></i></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiOj7qUUgU3Zb70JFYGGNefzHKKYSEP4CaL6aE13zfNL9l_te3Qfrh1AlCr8v7_R0O0d10NpGFw_ZfByD8sEgukqBautnxUMZ9a1kHdqx66bePsCEfjpOvCchvQn4AoqmrF3-gCpGlCQr8/s1600/charlesVI.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiOj7qUUgU3Zb70JFYGGNefzHKKYSEP4CaL6aE13zfNL9l_te3Qfrh1AlCr8v7_R0O0d10NpGFw_ZfByD8sEgukqBautnxUMZ9a1kHdqx66bePsCEfjpOvCchvQn4AoqmrF3-gCpGlCQr8/s1600/charlesVI.jpg" height="400" width="283" /></a></span></i>On lui fit lâcher la bride, mais on le laissa suivre le roi et crier
une demi-heure.</span></i></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Il était midi, et le roi sortait de la forêt pour entrer dans une
plaine de sable où le soleil frappait d’aplomb. Tout le monde souffrait de la
chaleur. Un page qui portait la lance royale s’endormit sur son cheval, et la
lance, tombant, alla frapper le casque que portait un autre page. À ce bruit
d’acier, à cette lueur, le roi tressaille, tire l’épée, et, piquant des deux,
il crie : “Sus, sus aux traîtres? ils veulent me livrer!” Il courait ainsi
l’épée nue sur le duc d’Orléans. Le duc échappa, mais le roi eut le temps de
tuer quatre hommes avant qu’on pût l’arrêter. Il fallut attendre qu’il se fût
lassé; alors un de ses chevaliers vint le saisir par-derrière. On le désarma,
on le descendit de cheval, on le coucha doucement par terre. Les yeux lui
roulaient étrangement dans la tête, il ne reconnaissait personne et ne disait
mot</span></i><span lang="FR-CA">» (Michelet, cité in F. Autrand. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 290-291)</span>.</div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">D’abord, qui était cet
étrange <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjdBK_IQpzMwb_DXRGPY4cIoKROcnG67fB3ogWZmtGyYugu9GjOalupLLxynMEY3kL2BVzVSVlxx45sarsomJ7njHoKYnsQahyphenhyphenfOACWFwcYZHKcp0sHsA8zX1TtejsjePlnSw2aT03ZOj4/h120/Charles-VI-Fou.jpg">personnage</a>? Un fou? Un anachorète à qui on aurait soufflé ce qu’il
avait à dire </span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjECI657jkTkOtc5V7s-DuMDyWr8WeUSa5ZOvbe6VwsddJTpiI5-zM-0Dl9GKrV9xRwnyUeAcMQYIC4l-3g0kh9wepjh3bHigw_Jntw2ES5TFBO2lDMFet_ka6Faim7u_GVg-ljPRtr2V8/s1600/Charles-VI-Fou.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjECI657jkTkOtc5V7s-DuMDyWr8WeUSa5ZOvbe6VwsddJTpiI5-zM-0Dl9GKrV9xRwnyUeAcMQYIC4l-3g0kh9wepjh3bHigw_Jntw2ES5TFBO2lDMFet_ka6Faim7u_GVg-ljPRtr2V8/s1600/Charles-VI-Fou.jpg" height="243" width="400" /></a></span>au roi? Cette dernière explication est retenue par le chroni-</span><br />
<span lang="FR-CA">queur du temps, Froissart. Tous s’en-</span><br />
<span lang="FR-CA">tendent sur l’aver-</span><br />
<span lang="FR-CA">tissement de l’appa-</span><br />
<span lang="FR-CA">rition.</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Que cette rencontre soit à l’origine de la crise, tous s’accordent à le
dire, même si chacun donne son explication. Pour le Religieux, elle agit comme
un choc psychologique : “Elle lui causa une forte terreur”… “L’homme qu’on
ne put écarter par les menaces ni par la terreur… clamait d’une voix terrible”.
Un effet de terreur sur une “imagination troublée”. Aux yeux de Froissart,
c’est une machination politique qui tourne mal : “Cette parole entra en la
tête du roi qui était faible…, son esprit frémit et se sang mêla tout”. Avec le
chroniqueur des </i>Quatre premiers Valois, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">on
quitte le domaine du rationnel pour entrer en pleine magie. “Le roi se voulut
délivrer du fol” en le frappant de son épée… En dépit de l’avertissement, il a
franchi la limite interdite, il est entré dans la forêt où tout peut arriver…</i>»
(F. Autrand. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 292-293).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjEw1TfxfiJ2LVTrgenBMf7Aq-GIHU2B3L1zTum8nMZ2YB712I8jRH-1rbLZp1IEDSWuScXSf2mT6zRqL3MBAEB34U7jiS4dlS3fo1TxAJM0UTySp8WR3bLlum0c2Kj6eLmROHwj1aSplc/s1600/GuillaumeJouvenelUrsins.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjEw1TfxfiJ2LVTrgenBMf7Aq-GIHU2B3L1zTum8nMZ2YB712I8jRH-1rbLZp1IEDSWuScXSf2mT6zRqL3MBAEB34U7jiS4dlS3fo1TxAJM0UTySp8WR3bLlum0c2Kj6eLmROHwj1aSplc/s1600/GuillaumeJouvenelUrsins.jpg" height="400" width="267" /></a></span>De ceci découle la
réponse à la question médicale :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">La crise? “Un accès de manie aiguë”, disent les savants, une crise de
“fureur” (le Religieux), de “frénésie” (<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjEw1TfxfiJ2LVTrgenBMf7Aq-GIHU2B3L1zTum8nMZ2YB712I8jRH-1rbLZp1IEDSWuScXSf2mT6zRqL3MBAEB34U7jiS4dlS3fo1TxAJM0UTySp8WR3bLlum0c2Kj6eLmROHwj1aSplc/h120/GuillaumeJouvenelUrsins.jpg">Juvénal des Ursins</a>). Le roi “perdit
l’esprit” (le Religieux), “se desvoya”, “se marvoya ou désespéra” (</i>Chronique
des Quatre premiers Valois<i style="mso-bidi-font-style: normal;">). “Son esprit
frémit et se sang mêla tout” (Froissart). “Le cerveau lui a tourné” (l’Italien
d’Avignon). Chacun a son mot pour désigner la crise, mais, attentifs au discours
du malade qui criait : “On veut me livrer à mes ennemis!” “Je suis trahi”
(l’Italien d’Avignon), tous sont unanimes sur le contenu du délire
maniaque : Charles se voit encerclé d’ennemis qui veulent le tuer. Il
attaque pour se défendre. Il frappe. Il tue</i>» (F. Autrand. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 293-294).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Dans le jargon actuel,
nous dirons que Charles VI est frappé d’une crise de paranoïa. La nouvelle fait
le tour </span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhEROCauyzqhan-yr1fCJ3i4wGSi6rFXURXDh6SaDHI_HybfPVkkquOBNSQVnkrhLB6k3_6yhN0WcCy9_9thmszbvXLoOqTIR1mLrg6V_LJ4o6J1wYI1c2vATXiq_kdwepo-o2VeUylQrM/s1600/203BFolieCharlesVI_WEB.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhEROCauyzqhan-yr1fCJ3i4wGSi6rFXURXDh6SaDHI_HybfPVkkquOBNSQVnkrhLB6k3_6yhN0WcCy9_9thmszbvXLoOqTIR1mLrg6V_LJ4o6J1wYI1c2vATXiq_kdwepo-o2VeUylQrM/s1600/203BFolieCharlesVI_WEB.jpg" height="225" width="400" /></a></span>du Royaume. La réponse à la question politique sera que faire de la
maladie du roi? Pour Charles VI, la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhEROCauyzqhan-yr1fCJ3i4wGSi6rFXURXDh6SaDHI_HybfPVkkquOBNSQVnkrhLB6k3_6yhN0WcCy9_9thmszbvXLoOqTIR1mLrg6V_LJ4o6J1wYI1c2vATXiq_kdwepo-o2VeUylQrM/h120/203BFolieCharlesVI_WEB.jpg">pros-</a></span><br />
<span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhEROCauyzqhan-yr1fCJ3i4wGSi6rFXURXDh6SaDHI_HybfPVkkquOBNSQVnkrhLB6k3_6yhN0WcCy9_9thmszbvXLoOqTIR1mLrg6V_LJ4o6J1wYI1c2vATXiq_kdwepo-o2VeUylQrM/h120/203BFolieCharlesVI_WEB.jpg">tration</a> a succédé à l’excitation
délirante. Il reste sans connaissance, sans mouvement, comme mort. Ses médecins
avaient bien reconnu, avant qu’il ne parte en campagne pour recouvrer la
Bretagne, qu’il était mal en point. Le roi s’est surmené au cours des années
précédentes. Du coup, tout s’effondre au niveau politique : </span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhEROCauyzqhan-yr1fCJ3i4wGSi6rFXURXDh6SaDHI_HybfPVkkquOBNSQVnkrhLB6k3_6yhN0WcCy9_9thmszbvXLoOqTIR1mLrg6V_LJ4o6J1wYI1c2vATXiq_kdwepo-o2VeUylQrM/s1600/203BFolieCharlesVI_WEB.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><br /></a></span></div>
</div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le lendemain, il faut prendre des décisions, donner des ordres. L’armée
est licenciée. Les soldes sont payées largement. Ordre est donné aux gens
d’armes de retourner “chacun en son hôtel doucement et courtoisement, sans
faire nulle violence sur le pays”. Puis, par crainte des troubles que la
nouvelle peut faire éclater dans le pays, des chevaucheurs sont envoyés à
toutes les bonnes villes pour leur recommander de monter une garde vigilante.
Le roi, leur fait-on dire sans plus, “n’est pas bien disposé”</i>» (F. Autrand.
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 295).</span></div>
</blockquote>
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<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgbvaCYsD-QrytESh5Ftoka_47-3gipO9rP25O1X-mZl8kjPbs-uPC-Z7DsOvf1zthpp4UOKRXUPA4gBQio8yTnIPjOUFjfWfOJWf75SavwrE_9RSXOa6rGdyaXOVsjrqKJ1nJFG-MTROY/s1600/640px-Philippe_II_de_Bourgogne.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgbvaCYsD-QrytESh5Ftoka_47-3gipO9rP25O1X-mZl8kjPbs-uPC-Z7DsOvf1zthpp4UOKRXUPA4gBQio8yTnIPjOUFjfWfOJWf75SavwrE_9RSXOa6rGdyaXOVsjrqKJ1nJFG-MTROY/s1600/640px-Philippe_II_de_Bourgogne.jpg" height="200" width="158" /></a></span></span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi5LV5Z0TwZU4IScAu_FY_cKz7Djo6XZFVXDOKQFxJ2lhjd4EYAkjfCwmnkFn9-ZrBGTpvkdWNrffyH9ehOgLJwd74u6LJ1a1T1fljb_anl0YJH0LgO69rU9rnLmRcEPaNwzVuv10vVD7g/s1600/Duc_de_Berry.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi5LV5Z0TwZU4IScAu_FY_cKz7Djo6XZFVXDOKQFxJ2lhjd4EYAkjfCwmnkFn9-ZrBGTpvkdWNrffyH9ehOgLJwd74u6LJ1a1T1fljb_anl0YJH0LgO69rU9rnLmRcEPaNwzVuv10vVD7g/s1600/Duc_de_Berry.jpg" height="200" width="193" /></a></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgbvaCYsD-QrytESh5Ftoka_47-3gipO9rP25O1X-mZl8kjPbs-uPC-Z7DsOvf1zthpp4UOKRXUPA4gBQio8yTnIPjOUFjfWfOJWf75SavwrE_9RSXOa6rGdyaXOVsjrqKJ1nJFG-MTROY/h120/640px-Philippe_II_de_Bourgogne.jpg">Philippe de Bourgogne</a> et
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi5LV5Z0TwZU4IScAu_FY_cKz7Djo6XZFVXDOKQFxJ2lhjd4EYAkjfCwmnkFn9-ZrBGTpvkdWNrffyH9ehOgLJwd74u6LJ1a1T1fljb_anl0YJH0LgO69rU9rnLmRcEPaNwzVuv10vVD7g/h120/Duc_de_Berry.jpg">Louis d’Orléans</a>, les parents du roi, commencent alors cette rivalité des partis
qui devait animer la dernière phase de la guerre de Cent Ans : les
Bourguignons et les Armagnacs. Les premiers ne tarderont pas à faire alliance
avec le roi d’Angleterre. Peu à peu, le roi se rétablit. Il retrouve l’appétit,
le sommeil. Il sort de la confusion mentale et reconnaît les gens et les
choses. Il reste cependant très faible. Maître Guillaume de Hercigny, le
médecin appelé pour soigner le roi, lui fait faire de l’exercice, des
distractions qu’il aime, remonter à cheval, chasser. Il passera tout le mois de
septembre au grand air, dans les bois, au milieu des chevaux et des chiens. Il
poursuit le gibier, suit du regard l’épervier, chasse l’alouette. Reprenant
goût à la vie, il réclame sa femme, la perfide Isabeau de Bavière, et son fils,
le dauphin Charles. Il s’agit d’oublier la violence de la crise du roi :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Crise aiguë, perte de connaissance, confusion mentale, cette succession
d’états paraît inexplicable. Les médecins ont beau dire que c’est un
épanchement de bile noire qui a troublé la raison du roi, on ne peut croire
qu’une telle maladie a des causes naturelles. Le roi n’a pas été empoisonné,
soit, mais alors, c’est pire encore, il a été ensorcelé, “entaraudé”. Ainsi
parlent les seigneurs et le peuple.</i></span></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Pour d’autres, l’origine du malheur, à coup sûr, est surnaturelle.
Qu’avait donc fait le royaume pour s’attirer un tel châtiment de Dieu? Et après
cette première punition, de quelles autres “verges cruelles” n’allait-il pas le
frapper? Quel fléau allait-il survenir? Quelle peste? Quelle guerre? Dieu
n’aime plus la France.</span></i></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Devant la folie du roi, pris d’angoisse, les Français n’épargnent
rien pour apaiser la colère divine. Les villes organisent des prières
publiques. “À Paris, à Rouen, écrit le chroniqueur des </span></i><span lang="FR-CA">Quatre premiers Valois, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">on fit
des processions en grande dévotion, le peuple tout nu-pieds. Et l’on fit
chanter des messes pour prier pour le roi. Et semblablement fut fait ainsi par
les autres bonnes villes et en plat pays”. Paris, Rouen, c’étaient les villes
qui dix ans plus tôt s’étaient mises en révolte ouverte contre le roi. Déjà en
ce temps-là, un conseiller du roi avait semé l’inquiétude dans les esprits en
évoquant “les dangers où le peuple se mettait de faire de telles commotions”,
dangers vagues, bien pires qu’une lourde amende ou la décapitation de quelques
gros bourgeois. Après la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjJjtCwybcR1_geqgTRm18WG9d2e3Zv2OkjyrvUsaCPwA3Jrsivo0tdwuSDChNUiVBwkLxewh3wdPXPwMd7P-h72lBfJrIU8fBDsHzwF_7tV_PG94F7_DJrin2eikD1zAPg2RW2ESXEsHc/h120/BV5T8ajKt1_JcGKetr6HelRULGI.png">colère </a>du roi, celle de Dieu n’allait-elle pas
s’abattre sur la ville? N’est-ce pas cette peur confuse, soufflée par
certains, qui poussait les citadins, nu-pieds, dans les rues, à prier pour le
roi?</i>» (F. Autrand. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 298).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjJjtCwybcR1_geqgTRm18WG9d2e3Zv2OkjyrvUsaCPwA3Jrsivo0tdwuSDChNUiVBwkLxewh3wdPXPwMd7P-h72lBfJrIU8fBDsHzwF_7tV_PG94F7_DJrin2eikD1zAPg2RW2ESXEsHc/s1600/BV5T8ajKt1_JcGKetr6HelRULGI.png" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjJjtCwybcR1_geqgTRm18WG9d2e3Zv2OkjyrvUsaCPwA3Jrsivo0tdwuSDChNUiVBwkLxewh3wdPXPwMd7P-h72lBfJrIU8fBDsHzwF_7tV_PG94F7_DJrin2eikD1zAPg2RW2ESXEsHc/s1600/BV5T8ajKt1_JcGKetr6HelRULGI.png" height="255" width="400" /></a></div>
<span lang="FR-CA">Et c’est ainsi que le
délire paranoïaque de Charles VI entraîne une démoralisation tranquille de la
population de ses royaumes. Le sentiment de culpabilité et l’attente d’un
courroux encore plus sévère hantent les Français. Le destin ne tardera pas à
répondre à l’attente intolérable. Cela se passera à l’occasion d’une fête qui
tourne mal.</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Aux premiers froids, le roi, rétabli, s’est installé à Paris, à l’Hôtel
Saint-Pol, avec la reine. On s’amuse à Saint-Pol, pendant les longues soirées
d’hiver, on danse, on carole.</i></span></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhFkajGnHOZI56R2k3JS2RIhvjEAc3QTQQm0hl-OHXeGtJyGnt3RbFibdVdUHaH2oDJOHwrOH0_v_UYIrh_gH4GoNnQfdrz3MSLGgTgfZRV9fIRtp478xrEERNHL0VUHpyJHRqzJ1EJ_zg/s1600/Isabeau_de_Baviere_(detail).jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhFkajGnHOZI56R2k3JS2RIhvjEAc3QTQQm0hl-OHXeGtJyGnt3RbFibdVdUHaH2oDJOHwrOH0_v_UYIrh_gH4GoNnQfdrz3MSLGgTgfZRV9fIRtp478xrEERNHL0VUHpyJHRqzJ1EJ_zg/s1600/Isabeau_de_Baviere_(detail).jpg" height="320" width="248" /></a></span>Ce jour-là, le mardi 28 janvier 1393, on fête les noces d’une dame
d’honneur de la reine. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhFkajGnHOZI56R2k3JS2RIhvjEAc3QTQQm0hl-OHXeGtJyGnt3RbFibdVdUHaH2oDJOHwrOH0_v_UYIrh_gH4GoNnQfdrz3MSLGgTgfZRV9fIRtp478xrEERNHL0VUHpyJHRqzJ1EJ_zg/h120/Isabeau_de_Baviere_(detail).jpg">Isabeau</a> aimait beaucoup cette Catherine qui était
allemande et parlait allemand avec elle. Pour cette amie, deux fois veuve, elle
avait trouvé un troisième mari et invité aux noces toute la cour. La journée
passe en fêtes et en banquets. Vient le soir et l’heure du bal. Les musiciens
s’avancent. Trompettes, flûtes, tambourins et chalumeaux se mettent à jouer et
la danse commence.</span></i></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Tout à coup six sauvages font irruption au milieu des danseurs, six
hommes poilus comme des bêtes, vêtus de costumes collants couverts d’étoupe, le
visage caché par un masque velu. Ils arrivent en file, attachés l’un à l’autre,
“à la queue le leu”, comme marchent, dit-on, les loups et les bêtes sauvages.
Ils se jettent dans le bal en poussant des grognements, courent et sautent, en
faisant des gestes obscènes, hurlent comme des loups. Puis comme il convient à
des <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgmaKBZlQ1c72bCkwvZ8O6oTxeqODm6QlYvYLujjViEiP1JWFBvp8jtE9elTbrFqnPswtIOpOdTdyaS0Dx2_db_USeXAaCY5Iresw3-9sznsQB6pssXm6MDmG-pxmEEP8swloZmk7x9bYg/h120/Le_Bal_des_Ardents.jpg">sauvages</a>, ils se mettent à danser la sarrasine.</span></i></div>
</blockquote>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgmaKBZlQ1c72bCkwvZ8O6oTxeqODm6QlYvYLujjViEiP1JWFBvp8jtE9elTbrFqnPswtIOpOdTdyaS0Dx2_db_USeXAaCY5Iresw3-9sznsQB6pssXm6MDmG-pxmEEP8swloZmk7x9bYg/s1600/Le_Bal_des_Ardents.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgmaKBZlQ1c72bCkwvZ8O6oTxeqODm6QlYvYLujjViEiP1JWFBvp8jtE9elTbrFqnPswtIOpOdTdyaS0Dx2_db_USeXAaCY5Iresw3-9sznsQB6pssXm6MDmG-pxmEEP8swloZmk7x9bYg/s1600/Le_Bal_des_Ardents.jpg" height="297" width="400" /></a></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">On se doutait que le roi faisait partie de ces joyeux drilles. Qui
étaient les autres? On le sut vite : le comte de Joigny et le sire de
Nantouillet, Yvain de Foix, bâtard de Gaston Fébus, Charles de Poitiers, fils
du comte de Valentinois, et un chevalier du duc de Bourbon, Hugues de Guisay.
Mais comment reconnaître l’un de l’autre sous cet identique affublement?
Surtout qu’on n’y voit pas très clair. Yvain de Foix, craignant le feu, a
demandé au roi de faire écarter les torches. “En nom Dieu, Yvain, vous parlez
bien et sagement et ce sera fait”, répond Charles qui appelle l’huissier
d’armes qui gardait la porte : `Va-t-en en la chambre où les dames sont et
commande de par le roi que toutes les torches se retirent à part et que nul ne
se boute entre six hommes sauvages qui doivent là venir”. Les torches sont donc
rangées le long des murs et les sauvages font leur sarabande dans l’ombre.</span></i></div>
</blockquote>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi9wjfr2qY6_usGMevPyrWz2nCKFfi5lLticSvEVQoNSdtW4mTZiuJhF_MaWLaPTs5zekrV53nNj7wOk1qeBin7lm55RkMsq2KT6aW0U-NhltMQhZncMOWkJaZfqwW6rhc0N1uz-k6e2vE/s1600/bal+des+ardents.png" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi9wjfr2qY6_usGMevPyrWz2nCKFfi5lLticSvEVQoNSdtW4mTZiuJhF_MaWLaPTs5zekrV53nNj7wOk1qeBin7lm55RkMsq2KT6aW0U-NhltMQhZncMOWkJaZfqwW6rhc0N1uz-k6e2vE/s1600/bal+des+ardents.png" height="365" width="400" /></a></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Et le duc d’Orléans? Où est-il?Le voici qui arrive accompagné de
quatre chevaliers et de dix porteurs de torches. Il arrache une torche à son
valet, l’approche d’un des masques. Le costume tout fait de poix, de touffes de
lin, d’étoupe, s’embrase. Le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi9wjfr2qY6_usGMevPyrWz2nCKFfi5lLticSvEVQoNSdtW4mTZiuJhF_MaWLaPTs5zekrV53nNj7wOk1qeBin7lm55RkMsq2KT6aW0U-NhltMQhZncMOWkJaZfqwW6rhc0N1uz-k6e2vE/h120/bal+des+ardents.png">feu passe de l’un à l’autre</a>, en un instant. Les
flammes brûlent ensemble le vêtement collant et la peau des malheureux. Le feu
prend si vite qu’Yvain de Foix ne peut atteindre la porte où deux de ses valets
guettent en tenant des draps mouillés. Plus heureux, Nantouillet court à la
cuisine voisine et se jette dans le cuveau de la vaisselle. L’horreur du
spectacle met en délire l’imagination du Religieux de Saint-Denis : “Le
feu pénétra leurs parties intérieures, jusqu’à l’intérieur du nombril. Leurs
organes génitaux avec leurs verges viriles qui tombaient par morceaux
ensanglantaient le pavé de la salle”.</span></i></span></i> </div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">La reine, épouvantée aux premiers cris, s’était enfuie avec ses
dames dans une salle retirée. Le roi allait-il donc mourir? Était-il mort? Elle
savait qu’il était l’un des six </span></i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgqhjqz7OH8mAljpBEvmuS2mVZbeqpzb9lljyu7Oj9cVGA8cTkrMuD5sVV0zwZ6YgNS8ioIq8ADpgqOO3xsFXHXLiRUev87C4XfMFUvtAF_TI3wBQHPuXRsnA1qLUkQ0rBgrydra_8hPmw/s1600/Charles_VI_Bal_des_Ardents_detail.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgqhjqz7OH8mAljpBEvmuS2mVZbeqpzb9lljyu7Oj9cVGA8cTkrMuD5sVV0zwZ6YgNS8ioIq8ADpgqOO3xsFXHXLiRUev87C4XfMFUvtAF_TI3wBQHPuXRsnA1qLUkQ0rBgrydra_8hPmw/s1600/Charles_VI_Bal_des_Ardents_detail.jpg" height="400" width="271" /></a>sauvages et que c’était pour Catherine, son
Allemande, qu’on avait mené un tel train. Isabeau tombe à terre, à moitié morte
de peur. Elle ne retrouve ses sens que lorsqu’elle voit le roi, sauf et
rhabillé accouru pour la rassurer. Charles devait à une femme d’avoir échappé
au feu. La duchesse de Berry, en effet, l’avait sauvé en <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgqhjqz7OH8mAljpBEvmuS2mVZbeqpzb9lljyu7Oj9cVGA8cTkrMuD5sVV0zwZ6YgNS8ioIq8ADpgqOO3xsFXHXLiRUev87C4XfMFUvtAF_TI3wBQHPuXRsnA1qLUkQ0rBgrydra_8hPmw/h120/Charles_VI_Bal_des_Ardents_detail.jpg">le roulant dans le drap</a> épais de sa longue traîne. Savait-elle qu’elle sauvait le roi? Froissart dit
que non : “Qui êtes-vous? Il est heure que vous vous nommiez!
Demande-t-elle au chevalier qu’elle retient dans ses bras. – Je suis le roi!”.
Même si elle n’avait pas reconnu Charles, la duchesse, qui faisait partie de la
bande des jeunes princes, était dans le secret du divertissement prévu. Comme
Isabeau, donc, elle savait le roi en péril de mort et aussitôt après l’avoir
protégé des flammes, elle l’envoie rassurer la reine. Charles, alors, s’en va
dans sa chambre, se fait ôter son déguisement et revêtir son vêtement du jour.
Inquiet d’Isabeau et de l’enfant qu’elle porte – la reine finit un troisième
mois de grossesse -, il court auprès de sa femme qu’il accompagne jusqu’à sa
chambre pour la réconforter</span></i><span lang="FR-CA">» (F. Autrand. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 299-300). </span><br />
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</div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Cet épisode fameux, le
Bal des Ardents, a inspiré à Edgar Poe l’un de ses meilleurs contes, <i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgvJwrW6k242MaRINv0nVLNZbBGVtVBTNSKWiJuqnOTNwtFF-RMeuuozK4djuzEC2nAv82a5PQzqUttaoWdV93iggi_14wcWGeVkGMyo1o9kGdvUTYU1GUTUSYnFT6YrjJ8QLKN1r9uoCA/h120/james-ensor-hop-frogs-revenge.jpeg">Hop Frog</a>. </i>Pour le moment, la population,
apprenant la nouvelle, est en colère. Les oncles, de Berry et de Bourgogne,
</span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgvJwrW6k242MaRINv0nVLNZbBGVtVBTNSKWiJuqnOTNwtFF-RMeuuozK4djuzEC2nAv82a5PQzqUttaoWdV93iggi_14wcWGeVkGMyo1o9kGdvUTYU1GUTUSYnFT6YrjJ8QLKN1r9uoCA/s1600/james-ensor-hop-frogs-revenge.jpeg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgvJwrW6k242MaRINv0nVLNZbBGVtVBTNSKWiJuqnOTNwtFF-RMeuuozK4djuzEC2nAv82a5PQzqUttaoWdV93iggi_14wcWGeVkGMyo1o9kGdvUTYU1GUTUSYnFT6YrjJ8QLKN1r9uoCA/s1600/james-ensor-hop-frogs-revenge.jpeg" height="400" width="303" /></a></span>décident de montrer le roi au peuple. Une procession expiatrice, le roi en
tête, est menée dans les rues de Paris. Chaque jour, on se mit à célébrer une
messe pour chacune des quatre victimes de la farandole. Comment apaiser le
courroux divin après ce second événement tragique. Charles éprouva une certaine
frayeur, après l’événement, mais son esprit ne chavira pas définitivement comme
la légende le laisse sous-entendre. Ce n’est que quelques mois plus tard que la
faiblesse du roi va définitivement s’établir :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le roi a perdu la raison. Et cette fois pour longtemps. La crise
commence à la mi-juin 1393. Elle dure jusqu’en janvier 1394. Charles guérit,
puis rechute. À chaque rémission l’espoir renaît, mais peu à peu l’évidence
s’impose : le roi est malade. Dès 1396, le Religieux de Saint-Denis,
résigné, parle de la “maladie habituelle” du roi. Les crises reviennent
périodiquement. Elles durent quelques jours, quelques semaines, au pire
quelques mois. En un clin d’œil, Charles perd la raison. Il ne sait plus qui il
est, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgFa3VCEHzx_qh0VPZ5kAb7Rhuc4yf-O3Dlpu_tEPQSWeUBn4-CgZJMN1jb1SW8nnctmPSBm3Xx0RfURiR_zqmIh66WQDaYffHsDSrbJFMEjHzpgfwN4aEtnkE14KVk5gRvGkJSHRDioWM/h120/photo-dr.jpg">ne reconnaît pas</a> ses proches. Pris de fureur, il frappe, il brise, il
court, il hurle. Puis c’est la prostration. Abattu, Charles refuse de manger,
de dormir, de se laver. Abîmé dans ses songeries confuses, il perd le contact
du présent et de la réalité, est incapable de raisonner, d’agir. Enfin le mal
disparaît aussi mystérieusement qu’il est venu. Charles, comme s’il s’éveillait
d’un cauchemar, retrouve son bon sens et sa droite volonté et aussi sa
personnalité de simple chevalier au cœur bon. Bien conscient de sa maladie,
Charles, après la crise, garde le souvenir des affreuses souffrances qu’il
vient d’endurer et se désespère quand il sent revenir l’accès</i>» (F. Autrand.
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 304).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgFa3VCEHzx_qh0VPZ5kAb7Rhuc4yf-O3Dlpu_tEPQSWeUBn4-CgZJMN1jb1SW8nnctmPSBm3Xx0RfURiR_zqmIh66WQDaYffHsDSrbJFMEjHzpgfwN4aEtnkE14KVk5gRvGkJSHRDioWM/s1600/photo-dr.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgFa3VCEHzx_qh0VPZ5kAb7Rhuc4yf-O3Dlpu_tEPQSWeUBn4-CgZJMN1jb1SW8nnctmPSBm3Xx0RfURiR_zqmIh66WQDaYffHsDSrbJFMEjHzpgfwN4aEtnkE14KVk5gRvGkJSHRDioWM/s1600/photo-dr.jpg" height="370" width="400" /></a></div>
<br />
<span lang="FR-CA">On devine dans quel état
d’esprit le roi de France est appelé à finir ses jours. À lire les récits des
différentes crises, la maladie évolue nettement au fil des années. Toujours,
les crises de paranoïa désigne son frère, le duc d’Orléans, comme voulant
l’assassiner. Mais cela n’est qu’un prétexte :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhcyswOw-4xerCpYbUucmPTu-wsoZOK9PWZ5hWoeCx6HVvdN0BlvHcRZ6P2h9q1ZzKsIr9Q_J7Cr4XmLp4ndPKK2EKBis8l3IEhttOsY_RlkOpLkVSuKsb0EleR9AB1eoJ9Jof-EDVX6ok/s1600/640px-Louis_Ier_d'Orl%C3%A9ans.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhcyswOw-4xerCpYbUucmPTu-wsoZOK9PWZ5hWoeCx6HVvdN0BlvHcRZ6P2h9q1ZzKsIr9Q_J7Cr4XmLp4ndPKK2EKBis8l3IEhttOsY_RlkOpLkVSuKsb0EleR9AB1eoJ9Jof-EDVX6ok/s1600/640px-Louis_Ier_d'Orl%C3%A9ans.jpg" height="320" width="229" /></a></span></i></span>«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">En 1407, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhcyswOw-4xerCpYbUucmPTu-wsoZOK9PWZ5hWoeCx6HVvdN0BlvHcRZ6P2h9q1ZzKsIr9Q_J7Cr4XmLp4ndPKK2EKBis8l3IEhttOsY_RlkOpLkVSuKsb0EleR9AB1eoJ9Jof-EDVX6ok/h120/640px-Louis_Ier_d'Orl%C3%A9ans.jpg">Louis</a> mourut et Charles ne guérit pas. Désormais sans objet,
la violence destructrice du pauvre roi se tourna contre lui-même. Au reste,
depuis quelque temps déjà, la maladie avait évolué dans ce sens. Les crises de
furie – les accès maniaques -, </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"></span>moins fréquentes, sont remplacées par un état de
prostration – les accès mélancoliques. Quand il est en crise, Charles, prenant
en haine son propre corps, refuse de se laver, de se changer, de se laisser
couper les cheveux et faire la barbe. Refusant le monde extérieur, il repousse
ceux qui l’approchent. Il vit hors du temps, ne connaissant pas le jour et la
nuit ni les heures qui rythment la journée. Il repousse ses repas, mais quand à
la longue il a faim, il se jette goulûment sur la nourriture.</i></span></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">[…]</span></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Vers la fin novembre 1405, Charles était plongé dans un état de
dépression profonde qui durait depuis quatre mois. Impossible de le laver et
même de lui faire quitter ses </span></i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhJE7f4bw50Zh6WlEJpTp0Id9oI2dvGyJLOP4TIhDYli_lX6CtbNLGhdHa97XpGvfDSnbT7dnWGT1enowYD1UffdZm5tHezxO-wsV-5W6f8SVmm38Gk8Panl4z-2XOnLTJibPQR_WBSe3Q/s1600/CharlesVI-Maladie.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhJE7f4bw50Zh6WlEJpTp0Id9oI2dvGyJLOP4TIhDYli_lX6CtbNLGhdHa97XpGvfDSnbT7dnWGT1enowYD1UffdZm5tHezxO-wsV-5W6f8SVmm38Gk8Panl4z-2XOnLTJibPQR_WBSe3Q/s1600/CharlesVI-Maladie.jpg" height="320" width="275" /></a>vêtements pour se mettre au lit ou se changer, ni
de gré ni de force. Il était, dit Juvénal des Ursins, “tout plein de poux, de
vermine et d’ordure”. De plus, il avait, sans qu’on le sache, un morceau de fer
“au plus près de la chair… qui lui avait tout pourri la pauvre chair". Avait-il
brisé une lame en se donnant un coup de couteau sans que le voient ceux qui le
gardaient? Nul ne le sait. Le médecin prévint les ducs du danger que courait
Charles à rester dans un tel état. Mais que faire? Impossible de le prendre de
force. Charles tuera ceux qui voudront le toucher. Il faut une ruse. À la nuit
tombante, dix compagnons, déguisés, une cuirasse sous leur vêtement de crainte des
blessures, le visage noirci, pénètrent dans la chambre du roi. Ébahi, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhJE7f4bw50Zh6WlEJpTp0Id9oI2dvGyJLOP4TIhDYli_lX6CtbNLGhdHa97XpGvfDSnbT7dnWGT1enowYD1UffdZm5tHezxO-wsV-5W6f8SVmm38Gk8Panl4z-2XOnLTJibPQR_WBSe3Q/h120/CharlesVI-Maladie.jpg">Charles</a>
les voit venir à lui, le prendre, sans écouter ses paroles, le déshabiller et
le changer. Ainsi les hommes noirs réussirent-ils à “changer sa chemise et ses
draps, à lui faire prendre des bains, à se laisser raser la barbe, enfin à
manger et à dormir à des heures réglées”</span></i><span lang="FR-CA"> (F.
Autrand. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 316-317).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjCqttHjM6Cu2jZ5CQB3ueUpMjVcMLYIroedOJlqQhdDdPwg37eFpssaqkdhPYI9IX06yK_J3UBe0d-YMKVZRCY33us2t_RHolCApZbt6JWuKPo5eBmC1Tn-bToZNVqZipgEvApviY_CK8/s1600/assassinat-1.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjCqttHjM6Cu2jZ5CQB3ueUpMjVcMLYIroedOJlqQhdDdPwg37eFpssaqkdhPYI9IX06yK_J3UBe0d-YMKVZRCY33us2t_RHolCApZbt6JWuKPo5eBmC1Tn-bToZNVqZipgEvApviY_CK8/s1600/assassinat-1.jpg" height="400" width="312" /></a></span>Paranoïa et mélancolie se
traduisent, politiquement, par l’insécurité et l’instabilité de la situation
internationale de la France. La Guerre de Cent Ans reprend de plus belle,
doublée d’une guerre civile entre les partisans du nouveau et jeune duc de
Bourgogne, Jean sans Peur qui assassine <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjCqttHjM6Cu2jZ5CQB3ueUpMjVcMLYIroedOJlqQhdDdPwg37eFpssaqkdhPYI9IX06yK_J3UBe0d-YMKVZRCY33us2t_RHolCApZbt6JWuKPo5eBmC1Tn-bToZNVqZipgEvApviY_CK8/h120/assassinat-1.jpg">Louis d’Orléans</a> le jeune frère du roi,
à Paris. Charles est peut-être délivré de la présence inquiétante de son frère,
mais ce meurtre ne ralentit pas la plongée dans la démence du roi :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Au bout de plusieurs années, les accès répétés de mélancolie eurent
raison de la personnalité de Charles, tandis que les désastres du royaume
brisaient les derniers ressorts de son énergie. Azincourt marque un tournant.
C’est après la défaite qui a détruit son armée, le 25 octobre 1415, et dépeuplé
sa cour que Charles perd tout contact avec la réalité, même en dehors des
crises. À la fin de l’année 1415, en plein désastre, Charles voulait encore
organiser des tournois et prenait très mal les reproches que lui valait cette
initiative déplacée. Sa lucidité, sa volonté, qu’il avait conservées si
longtemps pendant les périodes de rémission, sont alors abolies. En 1418 quand
le duc de Bourgogne prend Paris, en 1420 quand on discute le traité de Troyes,
Charles est indifférent. Pierre de Fénin qui était proche de lui en ces
dernières années le dit dans ses </i>Chroniques : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">“Le roi était de tout content, et de Bourguignons et d’Armagnacs, et
peu lui <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj8N4UBwz0McEkY7swwqHKv-9bnlx86I1rqGR5TiOB6yifOcWHA6o3gFky6GLIChooa35US-rX-DkxHRPBwqcPX_AS8IrcxGJu-aFb-gUjPFii24N0zezK4NeB4XAB-Rq6ocCh0NLonh6U/h120/charles-VI-fou.jpg">chaloit comme tout allait</a>”. À la fin, dans Paris occupé par les
Anglais, son propre fils chassé, sa fille mariée à son adversaire devenu régent
du royaume de France, Charles joue aux échecs, joue à la paume au bois de
Vincennes, avec ses pages Tassin, Robinet et Cerise</i>» (F. Autrand. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 317).</span></div>
</blockquote>
<div style="text-align: center;">
<span lang="FR-CA"></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj8N4UBwz0McEkY7swwqHKv-9bnlx86I1rqGR5TiOB6yifOcWHA6o3gFky6GLIChooa35US-rX-DkxHRPBwqcPX_AS8IrcxGJu-aFb-gUjPFii24N0zezK4NeB4XAB-Rq6ocCh0NLonh6U/s1600/charles-VI-fou.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj8N4UBwz0McEkY7swwqHKv-9bnlx86I1rqGR5TiOB6yifOcWHA6o3gFky6GLIChooa35US-rX-DkxHRPBwqcPX_AS8IrcxGJu-aFb-gUjPFii24N0zezK4NeB4XAB-Rq6ocCh0NLonh6U/s1600/charles-VI-fou.jpg" height="301" width="400" /></a></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<br />
<span lang="FR-CA">Dans ce contexte, Charles
finit par sombrer dans la folie en 1414 jusqu’à sa <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiPFOQ1DxQBALqJT4E2x49-_JkmrCL48t93DEEAuZIAwRqsdoewobHZIVSODmsmFZtAnTAYMHQP1WJc0dPJsfaqqsYyxA-B9RIPQiyydbYsVTzaNhEmbwsmU8K_Pc0mbR7ufOse3yLflYw/h120/mort_charles_VI.gif">mort</a>, le 21 octobre 1422. La
faiblesse de Richard II résidait dans son caractère; celle de Charles VI dans sa
santé mentale. Dans les deux cas, l’effet publique du drame fut le même :
crises sociales depuis longtemps en attente d’éclater; rivalités </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiPFOQ1DxQBALqJT4E2x49-_JkmrCL48t93DEEAuZIAwRqsdoewobHZIVSODmsmFZtAnTAYMHQP1WJc0dPJsfaqqsYyxA-B9RIPQiyydbYsVTzaNhEmbwsmU8K_Pc0mbR7ufOse3yLflYw/s1600/mort_charles_VI.gif" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiPFOQ1DxQBALqJT4E2x49-_JkmrCL48t93DEEAuZIAwRqsdoewobHZIVSODmsmFZtAnTAYMHQP1WJc0dPJsfaqqsYyxA-B9RIPQiyydbYsVTzaNhEmbwsmU8K_Pc0mbR7ufOse3yLflYw/s1600/mort_charles_VI.gif" height="308" width="400" /></a>dynastiques;
effondrement moral du peuple et surtout des armées. La légalité se voyait
déserter la légitimité. La destitution de Richard mit fin à la dynastie des
Plantagenêts sur le trône d’Angleterre tandis que l’esseulement de Charles VI
conduisit à une querelle dynastique entre la prétention d’Henry V d’Angleterre
et le dauphin Charles, fils de Charles VI et futur Charles VII, dénoncé par sa
propre mère, Isabeau de Bavière, comme n’étant pas de son mari, le roi. Voilà
pourquoi le pays perdu par une putain devra être sauvé par une vierge. Elle
portera le nom de Jeanne d’Arc.</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Un facteur sur lequel
nous n’avons pas assez appuyé dans ces deux exemples, celui de Richard II et de
Charles VI, c’est comment les régences ont pour effet d’affaiblir le pouvoir de
l’héritier du trône. Ces périodes intermédiaires attirent les
intrigants et sèment les dissensions, autant à l’intérieur du conseil de
régence que parmi la population. Après une période où des rois ont régné quasi
sans partage – Edward III et Charles V -, les périodes de régence
affaiblissent le trône sur lequel montera un successeur moins confiant. Certes,
il y a eut des périodes de grandes régences. Celle de Mazarin par exemple, qui,
malgré la haine de la noblesse et ses complots contre le cardinal-ministre,
conduisit Louis XIV à devenir le roi que l’on connaît. Mais ce cas est
l’exception qui confirme la règle.</span><br />
<br />
<span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjfxEvbJdPweyw-3gNXaDrEaP-GkZsOrbmhMKJhuHWQwhIG4bae3IdTtLB3y4QIb18OZSGnAOYVxydka_P16TjAG0WburAxHrPIreNgosuA7aNidFq2zKHXUghNxjBrVV7wFId8MwtVv9A/h120/1005527-Fran%C3%A7ois_Ier.jpg">François Ier</a> était un roi
puissant mais malheureux. Son adversaire, Charles-Quint disposait de richesses
pour dominer l’Europe que le roi de France ne possédait pas. Son fils, futur Henri II, le détestait </span><span lang="FR-CA">pour la libert</span>é de qui, lui et son frère aîné,
avaient été échangés étant enfants, lorsque le roi fut capturé à la bataille de Pavie. De 1526 à
1530, soit durant quatre ans, ils resteront les «invités» du roi d’Espagne, Charles-Quint. Henri en reviendra traumatisé et marquera toujours une
hypocondrie. Son règne parachève la Renaissance française </span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjfxEvbJdPweyw-3gNXaDrEaP-GkZsOrbmhMKJhuHWQwhIG4bae3IdTtLB3y4QIb18OZSGnAOYVxydka_P16TjAG0WburAxHrPIreNgosuA7aNidFq2zKHXUghNxjBrVV7wFId8MwtVv9A/s1600/1005527-Fran%C3%A7ois_Ier.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjfxEvbJdPweyw-3gNXaDrEaP-GkZsOrbmhMKJhuHWQwhIG4bae3IdTtLB3y4QIb18OZSGnAOYVxydka_P16TjAG0WburAxHrPIreNgosuA7aNidFq2zKHXUghNxjBrVV7wFId8MwtVv9A/s1600/1005527-Fran%C3%A7ois_Ier.jpg" height="400" width="321" /></a></span></span>dans tout son éclat
et si ce ne fut le malheureux coup de lance au cours d’un tournoi qui perça sa
visière et lui creva l’œil à mort, son règne aurait continué d’être grand. La
reine, son épouse, était Catherine de Médicis qui lui avait donné une bonne
progéniture de dix enfants, dont sept survivaient. Catheri-</span><br />
<span lang="FR-CA">ne avait été le choix
de François, d’où qu’Henri n’en était pas amoureux. Sa maîtresse, la célèbre
Diane de Poitiers, se comportait en reine virtuelle. À la mort d’Henri, le
grand problème du Royaume est l’expansion de la religion réformée. Fidèle
catholique, Henri s’engage dans la lutte contre les Huguenots et des
protestants commencent à monter les marches du bûcher. Pour cette raison, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiafEnVYicNJWJm3HCnfuJ97WIb0PsvzCcdqihOlxKzWy77CF0B6VPPJLlMloSjepDeC089-5qNdhAeFJgt_m2SEfeM4EcPiamjFYAZ3SQg14VzcpO66KFkigZHBc5_SuoGywGOLz7pKK8/h120/henri-II.jpg">Henri</a>
avait confié la régence, survenant sa mort, à la famille de Guise, championne
du catholicisme et alliée de l’Espagne : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Les Guise gouvernent désormais au nom du jeune François II. Ils
poursuivent une politique répressive contre les réformés. Les protestants
parisiens essaient en vain d’intervenir auprès de la reine Catherine afin
qu’elle fasse arrêter le procès d’Anne du Bourg : sinon Dieu qui a châtié
le feu roi par une mort inattendue pourrait étendre sa vengeance sur elle et
ses enfants. Mais Catherine n’a guère de crédit sur l’entourage de son jeune
fils. Le cardinal de Lorraine </i>[frère de </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiafEnVYicNJWJm3HCnfuJ97WIb0PsvzCcdqihOlxKzWy77CF0B6VPPJLlMloSjepDeC089-5qNdhAeFJgt_m2SEfeM4EcPiamjFYAZ3SQg14VzcpO66KFkigZHBc5_SuoGywGOLz7pKK8/s1600/henri-II.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiafEnVYicNJWJm3HCnfuJ97WIb0PsvzCcdqihOlxKzWy77CF0B6VPPJLlMloSjepDeC089-5qNdhAeFJgt_m2SEfeM4EcPiamjFYAZ3SQg14VzcpO66KFkigZHBc5_SuoGywGOLz7pKK8/s1600/henri-II.jpg" height="400" width="280" /></a>François de Guise] <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ordonne au Parlement d’en finir et, par
arrêt du 23 décembre 1559, Du Bourg, convaincu du crime d’hérésie, est condamné
à être pendu et brûlé en place de Grève</i>» (I. Cloulas. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Henri II</i>, Paris, Fayard, 1985, p. 597). De fait, Catherine n’est
pas régente. Mère possessive et habile politique, Catherine n’en arrivera pas
moins à dominer ses enfants : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Sous
François II, Marie Stuart et les Guise la contraindront à un effacement réel,
quoique moins complet qu’il ne peut sembler de prime abord. À partir de Charles
IX, elle régnera vraiment, avec, sous Henri III, des périodes d’éclipse, où
elle en sera réduite à recourir à l’activité brouillonne de François d’Anjou </i>[son
dernier fils]. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Elle ne renoncera qu’à
l’heure de la mort à la politique, passion de toute sa vie</i>» (J. Héritier. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Catherine de Médicis, </i>Paris, Librairie
Académique Perrin, 1985, p. 70).</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Le dauphin François est
né le 19 janvier 1544 et n’a donc que quinze ans en 1559, au moment où le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhki7WnobVWZ5V5782gTLVS9MmuS9yfW6D__Es47VIlYINtFiy1OcINFSd4-DjL7coTX3JHO74xoxbC7Na0suyoQauHEJfkuyAxpGs1LThPAKyND2Z52nI2bxRFeutA2_Fp-hANT31CwlQ/h120/Mort+Henri+II.PNG">coup de lance</a> d’un preux chevalier envoie son père dans l’autre monde. C’est un
enfant chétif. «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">La santé de François II
avait toujours été déplorable. Depuis </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhki7WnobVWZ5V5782gTLVS9MmuS9yfW6D__Es47VIlYINtFiy1OcINFSd4-DjL7coTX3JHO74xoxbC7Na0suyoQauHEJfkuyAxpGs1LThPAKyND2Z52nI2bxRFeutA2_Fp-hANT31CwlQ/s1600/Mort+Henri+II.PNG" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhki7WnobVWZ5V5782gTLVS9MmuS9yfW6D__Es47VIlYINtFiy1OcINFSd4-DjL7coTX3JHO74xoxbC7Na0suyoQauHEJfkuyAxpGs1LThPAKyND2Z52nI2bxRFeutA2_Fp-hANT31CwlQ/s1600/Mort+Henri+II.PNG" height="161" width="400" /></a>son </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">enfance il était sujet à des
vertiges, il ne pouvait se moucher, son oreille gauche “faisait l’office du
</i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">nez”. Son tempérament cassant, autoritaire et coléreux se ressentait de ses
souffrances physiques : il conjurait ses névroses par de longues parties
de chasse en Sologne, dans le Perche, dans le bois de Vincennes. C’est à la veille
d’une de ces randonnées qu’il prit froid, en novembre 1560 à Orléans, et que
commença son affreuse agonie de dix-sept jours, au cours de laquelle, une
tumeur s’étant formée derrière l’oreille, le pus s’écoulait par le tympan et la
bouche</i>» (I. Cloulas. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Catherine de
Médicis, </i>Paris, Fayard, 1979, p. 128). Marie Stuart, jeune fille âgée d’à
peine deux ans de plus que le roi, était apparentée aux Guise. Il fut donc
facile pour la régence de manipuler le roi et sa jeune épouse au nom du parti
catholique. Catherine, étant catholique elle-même, parvenait à s’accommoder
même si la frustration ne cessait de la ronger de l’intérieur. Stefan Zweig écrit :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjoFJCdOtva1JeRuEKQWz-c9Q-1k1Z4LS03sShKU_bcOTRerMt-kGilJXlpf5FE1fmd_3eYtRNLKIcgqN9vBm1b6-IStzM2qIusIrTjqxNJFcSmPQnNV26jUEqwukFWPurj9Ni2YS7_CFI/h120/francoisII.jpg">François II</a> est malade, dès le début de
son règne il est marqué pour une mort précoce. Ce pâle adolescent au visage
rond et bouffi vous regarde avec des yeux anxieux, lourds et las, les yeux d’un
individu réveillé en sursaut; une croissance soudaine et anormale vient encore
affaiblir davantage sa résistance. Les médecins </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjoFJCdOtva1JeRuEKQWz-c9Q-1k1Z4LS03sShKU_bcOTRerMt-kGilJXlpf5FE1fmd_3eYtRNLKIcgqN9vBm1b6-IStzM2qIusIrTjqxNJFcSmPQnNV26jUEqwukFWPurj9Ni2YS7_CFI/s1600/francoisII.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjoFJCdOtva1JeRuEKQWz-c9Q-1k1Z4LS03sShKU_bcOTRerMt-kGilJXlpf5FE1fmd_3eYtRNLKIcgqN9vBm1b6-IStzM2qIusIrTjqxNJFcSmPQnNV26jUEqwukFWPurj9Ni2YS7_CFI/s1600/francoisII.jpg" height="400" width="272" /></a>veillent constamment sur sa
santé et lui recommandent vivement de se ménager; mais ce jeune homme est
possédé d’un orgueil insensé, il ne veut pas être inférieur à sa femme qui,
svelte et nerveuse, se livre avec passion à la chasse et aux sports. Il se
force à accomplir de rudes chevauchées et de nombreux efforts physiques afin de
se donner l’illusion de la santé et de la virilité; mais on ne trompe pas la
nature. Son sang, funeste héritage de son grand-père François Ier, demeure
irrémédiablement pauvre et vicié, il a sans cesse des accès de fièvre, quand le
temps est mauvais il faut qu’il garde la chambre, ombre lamentable qu’entourent
de soins une foule de docteurs. Un aussi triste sire inspire à sa cour plus de
pitié que de respect; dans le peuple au contraire, de fâcheux bruits
circulent : il serait atteint de la lèpre et pour guérir il se baignerait
dans le sang de petits enfants fraîchement égorgés; les paysans jettent de
sombres regards à ce garçon blême et chétif lorsqu’il passe lentement à cheval
devant eux. Les courtisans, gens prévoyants, ne tardent pas à se grouper autour
de la reine mère et de Charles, l’héritier du trône. On ne peut pas tenir
longtemps les rênes du pouvoir avec des mains aussi débiles; de temps à autre
l’enfant-roi, de son écriture raide et maladroite, appose bien un “François” au
bas de documents et de décrets, mais en réalité ce sont les parents de Marie
Stuart, les Guises qui gouvernent à sa place; François II est suffisamment
occupé par la lutte qu’il mène pour conserver aussi longtemps que possible le
peu de force et de vie qui est en lui</i>» (S. Zweig. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Marie Stuart, </i>Paris, Grasset, rééd. Livre de poche, Col.
historique, # 337-338, s.d., pp. 47-48). Enfin, «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">François II s’affaiblit de jour en jour, le sang vicié qui coule dans
ses veines lui martèle douloureusement les tempes et bourdonne dans ses
oreilles. Il ne peut plus monter à cheval, il ne peut plus marcher et il faut
le transporter d’un endroit à l’autre. Finalement l’humeur lui jaillit de
l’oreille, les médecins se déclarent impuissants et le 6 décembre 1560 le malheureux
garçon a fini de souffrir</i>» (S. Zweig. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid.
</i>p. 50).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">S’il est permis de ne pas
trop insister sur «le sang vicié» hérité de celui de François Ier, il est
possible, toutefois, de voir en François II un roi moins débile qu’il n’y
paraît. Jean Héritier rappelle que «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">François
II n’était pas l’imbécile que se représente une tradition aussi fausse que
tenace, dont l’origine est dans les pamphlets protestants et les plaidoyers en
faveur des Bourbons ou des Montmorency, comme le </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgl9zxq3-0ukX6qJ7ttwtx1GUVFfmOyEPpk9xYL561FNgzM53U3py9LP1hbdRF5xENZDqBLpvMTIgafNO4x4Ga5Vl-AoXlqccVnw_vDqLGYlcJXVbFwz-5bNcbBassA0zTnLRL-p01__og/s1600/Marie_Stuart.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgl9zxq3-0ukX6qJ7ttwtx1GUVFfmOyEPpk9xYL561FNgzM53U3py9LP1hbdRF5xENZDqBLpvMTIgafNO4x4Ga5Vl-AoXlqccVnw_vDqLGYlcJXVbFwz-5bNcbBassA0zTnLRL-p01__og/s1600/Marie_Stuart.jpg" height="400" width="320" /></a></i></span>célèbre recueil de Louis
Régnier de La Planche, sur l’</i>État de France, tant de la République que de
la religion. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Sans être supérieur par
l’intelligence, il n’apparaissait point sot, et ne manquait pas de culture.
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgl9zxq3-0ukX6qJ7ttwtx1GUVFfmOyEPpk9xYL561FNgzM53U3py9LP1hbdRF5xENZDqBLpvMTIgafNO4x4Ga5Vl-AoXlqccVnw_vDqLGYlcJXVbFwz-5bNcbBassA0zTnLRL-p01__og/h120/Marie_Stuart.jpg">Marie Stuart</a>, dont il était éperdument amoureux, sans posséder encore les moyens
physiques de se comporter en époux, le dominait d’une manière absolue. Cette
déesse, venue du Septentrion, le courbait sous le joug des Guises, avec tant de
charme qu’il s’imaginait avoir les plus dévoués des parents, là où ne se
trouvaient, en réalité, que les plus ambitieux des protecteurs. Fort malsain,
névropathe excessif dans sa passion pour la chasse, il ne fut qu’un enfant
infirme devenu roi, et qui se croyait un homme. La dominante de son caractère –
qui se retrouvera chez son frère Charles IX – était la violence, qu’il prenait
pour de la force. Ses végétations adénoïdes, son otite suppurée étaient si
graves qu’il en mourut. Les contemporains s’étonnaient d’une affection mal
connue de la médecine d’alors. L’origine tuberculeuse de cette affection est
certaine, étant donnés ses fréquents accès de fièvre quarte, signalés par son
entourage et ses frénésies de toutes sortes. Impuissant, avec cela, car La
Planche n’a pu inventer qu’“il avait les parties génératives constipées et
empêchées, sans faire aucune action”</i>» (J. Héritier. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Op. cit. </i>pp. 95-96). Lorsque François II mourut de sa mastoïdite
aiguë, les Guise comprirent qu’ils perdaient l’influence qu’ils avaient tenue
de l’oreille du roi.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Le frère de François,
Charles, monte donc sur le trône. Or Charles n’a que dix ans à la mort de son
frère. Forte de l’expérience passée dans l’ombre de son défunt époux et des
vexations subies sous le règne de son </span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgj6ZmFXNNpWNSxSX4_6AUuOLFhisFqxl6rwFhlV1sqf4-cupzhyphenhyphen_OwgVeBC5bCieyB9DEgGtI1Mx80bTWPCJRtn4HXpUu7lYtgpHjJuIS1wrZfpbpQBj2EJ5itQnvcmaqt86zhRtuKvNQ/s1600/photo.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgj6ZmFXNNpWNSxSX4_6AUuOLFhisFqxl6rwFhlV1sqf4-cupzhyphenhyphen_OwgVeBC5bCieyB9DEgGtI1Mx80bTWPCJRtn4HXpUu7lYtgpHjJuIS1wrZfpbpQBj2EJ5itQnvcmaqt86zhRtuKvNQ/s1600/photo.jpg" height="400" width="326" /></a></span>défunt fils, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgj6ZmFXNNpWNSxSX4_6AUuOLFhisFqxl6rwFhlV1sqf4-cupzhyphenhyphen_OwgVeBC5bCieyB9DEgGtI1Mx80bTWPCJRtn4HXpUu7lYtgpHjJuIS1wrZfpbpQBj2EJ5itQnvcmaqt86zhRtuKvNQ/h120/photo.jpg">Catherine</a> se sent maintenant
placée non seulement pour jouer son rôle de gouvernante des enfants royaux,
mais également pour assurer la politique de la régence. Dans le Royaume, les
choses vont de mal en pis. Des partis sont organisés, catholique avec les
Guise, protestants avec la personnalité dominante de l’amiral de Coligny. Nous
sommes en pleine guerre de religions. Évidemment, les puissances étrangères
subventionnent en sous-mains les partis. Philippe d’Espagne pour les
catholiques; Elizabeth d’Angleterre pour les protestants. Comme au temps de
Charles VI, le Royaume est déchiré par la guerre civile et la menace étrangère. Il faut admirer la hardiesse avec laquelle la politique de
Catherine parvint à contenir les partis à l’intérieur et à sous-tirer
satisfaction des puissances menaçantes. Le 17 août 1563, Charles IX proclame sa
majorité. Il sera désormais le roi de France, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">mais le roi était, en fait, tout à sa mère </i>(I. Cloulas. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Op. cit. </i>1979, p. 183).</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">La cour de Charles IX est
plus joyeuse et plus colorée que celle de son malheureux frère. Issue d’une
famille de banquier qui dominait Florence depuis plus d’un demi-siècle,
habituée dans sa jeunesse des fêtes et des triomphes, Catherine «italianisait»
sa cour.</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le roi <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiDdcU06DHi3dj9aCU4eP2zmh2RBQseaax3g8TjHx05Jhh_j_JF9Ne-_QIMRU_F16NG9QbI8UR-f9ZCzywtNGAaZJRco-GhVuj86nCKQUIMXDlc072i-otvz8lQQG3W1vohNJOpGEbb7t8/h120/charles9.jpg">Charles IX</a> est un adolescent timide de quatorze ans, de mœurs
très pures, </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiDdcU06DHi3dj9aCU4eP2zmh2RBQseaax3g8TjHx05Jhh_j_JF9Ne-_QIMRU_F16NG9QbI8UR-f9ZCzywtNGAaZJRco-GhVuj86nCKQUIMXDlc072i-otvz8lQQG3W1vohNJOpGEbb7t8/s1600/charles9.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiDdcU06DHi3dj9aCU4eP2zmh2RBQseaax3g8TjHx05Jhh_j_JF9Ne-_QIMRU_F16NG9QbI8UR-f9ZCzywtNGAaZJRco-GhVuj86nCKQUIMXDlc072i-otvz8lQQG3W1vohNJOpGEbb7t8/s1600/charles9.jpg" height="320" width="259" /></a>paraissant aimer surtout les armes et le cheval. Il était assez
grand, mais maigre et pâle de teint. Déjà au début de son règne, l’ambassadeur
vénitien Jean Michel disait qu’il était un enfant admirable, avec de très beaux
yeux, grâcieux de gestes, mais peu robuste. Il était porté sur les exercices physiques,
trop violents pour lui, car il avait la respiration courte. Suriano, le
successeur de Michel, confirme cette faiblesse de complexion et s’inquiète de
la prédiction de Nostradamus qui a dit à la reine qu’elle verrait tous ses
enfants sur le trône. Le devin semblait condamner le jeune roi à mourir
prématurément</i>» (I. Cloulas. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp.
189-190).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Charles a quand même des
dons artistiques, la peinture et la ciselure surtout. «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Bon et affable, il porte à Catherine un amour filial exemplaire. Il lui
montrera cet amour jusqu’à la fin, malgré le </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhOrxT0mwoM66B-7gKjBX7o0ft62tFcJGloIRVSlcqg2z4P35AsLFcIRyuWNA_4SqZsha8GC8QW3sTO0iZv5VOeI70spI4VQtWQqv2FODnTJwcss3PXIIDShIbiryPjIVtF0rtudwyVvwo/s1600/cls-16-1564inscriptio1561charles9clouet.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhOrxT0mwoM66B-7gKjBX7o0ft62tFcJGloIRVSlcqg2z4P35AsLFcIRyuWNA_4SqZsha8GC8QW3sTO0iZv5VOeI70spI4VQtWQqv2FODnTJwcss3PXIIDShIbiryPjIVtF0rtudwyVvwo/s1600/cls-16-1564inscriptio1561charles9clouet.jpg" height="400" width="325" /></a>développement de la tuberculose
congénitale qui le rend de plus en plus névropathe approchant, par crises, de
la démence. Il sera toujours conscient et reconnaissant des services et du
dévouement de sa mère</i>» (I. Cloulas. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid.
</i>p. 183). Mais il y a là plus de façade que de franchise. Si Zweig
attribuait la maladie dégénérative de François II au <i style="mso-bidi-font-style: normal;">sang vicié </i>de François Ier et des Valois, Philippe Erlanger affirme
que «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">l’atavisme Médicis vaut à <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhOrxT0mwoM66B-7gKjBX7o0ft62tFcJGloIRVSlcqg2z4P35AsLFcIRyuWNA_4SqZsha8GC8QW3sTO0iZv5VOeI70spI4VQtWQqv2FODnTJwcss3PXIIDShIbiryPjIVtF0rtudwyVvwo/h120/cls-16-1564inscriptio1561charles9clouet.jpg">Charles IX</a>
de redoutables infirmités physiques et morales. Le Roi est tuberculeux. De
surcroît, il souffre d’un déséquilibre qui se traduit par des crises de rage
frénétiques, une propension aux jeux sadiques (avant la lettre) et le goût du
sang. À la chasse, il n’emploie guère les armes à feu pour le plaisir
d’enfoncer son couteau dans une chair vivante. Rien ne l’amuse plus que de
sangler ses compagnons à coups d’étrivières ou de parcourir sa capitale sous le
masque afin de molester les passants. Ce violent, exaspéré de sa faiblesse,
voudrait agir, se soustraire enfin à la protection maternelle</i>» (P.
Erlanger. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le Massacre de la
Saint-Barthélemy, </i>Paris, Gallimard, Col. Trente journées qui ont fait la
France, 1960, p. 59). Henri Noguères est du même avis : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">cet être maladif, dont la faiblesse n’est
que trop visible, affecte dans son langage la rudesse et la grossièreté d’un
valet d’écurie, ponctuant chaque phrase d’un sonore juron</i>». Certes, «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Charles IX est d’abord un <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjHuX5wesUxF0He9RyAx0QM4kEw-EKrsL-PdN88K7ioZgN4_vHSnkAQvilvtCX_lmvRBCLhsIrDGQrWOsN2FOnQOmf097vxaGUb6v5FUe76rWd1t37XNb5c4LbacAmUQ7K0hrmYo769jvc/h120/Monvoisin-Charles_IX.JPG">malade</a>. La
</i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjHuX5wesUxF0He9RyAx0QM4kEw-EKrsL-PdN88K7ioZgN4_vHSnkAQvilvtCX_lmvRBCLhsIrDGQrWOsN2FOnQOmf097vxaGUb6v5FUe76rWd1t37XNb5c4LbacAmUQ7K0hrmYo769jvc/s1600/Monvoisin-Charles_IX.JPG" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjHuX5wesUxF0He9RyAx0QM4kEw-EKrsL-PdN88K7ioZgN4_vHSnkAQvilvtCX_lmvRBCLhsIrDGQrWOsN2FOnQOmf097vxaGUb6v5FUe76rWd1t37XNb5c4LbacAmUQ7K0hrmYo769jvc/s1600/Monvoisin-Charles_IX.JPG" height="318" width="400" /></a></span></i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"></span></span>tuberculose qui le ronge a peu à peu transfor-</i></span><br />
<span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">mé l’enfant séduisant, aimable et
doux, qui avait conquis ses sujets lors du grand voyage de la Cour à travers le
royaume, en un adolescent, puis un homme, irritable, emporté, capable, comme
tous les faibles, des pires violences. Et plus le mal gagne, plus s’accentuent
les vices qu’il engendre. Si Charles IX aime la chasse, la paume, le manège,
les exercices violents, s’il se plaît à forger des armes, s’il boit et mange
comme un guerrier, et blasphème comme un soudard, c’est parce qu’il souffre de
se sentir physiquement diminué. Mais la vie qu’il mène, les fatigues qu’il
s’impose, les excès auxquels il se livre, ne font qu’aggraver encore son état –
et, du même coup, développent ses complexes</i>» (H. Noguères. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">La Saint-Barthélemy, </i>Paris, Robert
Laffont, Col. Ce jour-là, 1959, pp. 38-39). De plus, comme Charles VI était
jaloux de son jeune frère Louis d’Orléans, Charles IX partage le même complexe
envers son puîné, le duc d’Anjou, futur Henri III.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh3qT8GUu28BnsXWSNZbhQ83MSE2bMHMBP2vJmN3yCKKkpRJFIOnoYuNMHbze6GkbY9U5qhF8upAC8F-cibbtm_qA0geLjb-9Tug8sANvbfEV7YaFcBCsMHT5yi1bcTklcrApv4BrrgXMs/s1600/Fran%C3%A7ois_Clouet_-_Admiral_Gaspard_II_de_Coligny.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh3qT8GUu28BnsXWSNZbhQ83MSE2bMHMBP2vJmN3yCKKkpRJFIOnoYuNMHbze6GkbY9U5qhF8upAC8F-cibbtm_qA0geLjb-9Tug8sANvbfEV7YaFcBCsMHT5yi1bcTklcrApv4BrrgXMs/s1600/Fran%C3%A7ois_Clouet_-_Admiral_Gaspard_II_de_Coligny.jpg" height="400" width="282" /></a></span>Avec la succession des
rois, les Guise ont également changé de génération. Le maître du parti
catholique n’est plus François mais Henri de Guise, de même que son frère a
remplacé son oncle au titre de cardinalat. Les Guise sont puissants et forme
une Ligue qui constitue un véritable groupe de pression populaire qui presse les
flancs du roi. D’autre part, l’amiral de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh3qT8GUu28BnsXWSNZbhQ83MSE2bMHMBP2vJmN3yCKKkpRJFIOnoYuNMHbze6GkbY9U5qhF8upAC8F-cibbtm_qA0geLjb-9Tug8sANvbfEV7YaFcBCsMHT5yi1bcTklcrApv4BrrgXMs/h120/Fran%C3%A7ois_Clouet_-_Admiral_Gaspard_II_de_Coligny.jpg">Coligny</a> demeure à la tête du
parti réformé. Il parvient même à obtenir l’oreille du roi, malgré les
réticences et les craintes de Catherine. Toutefois, à travers lui, Charles IX trouve une
figure paternelle qui lui permet de contrebalancer le pouvoir affectif de sa
mère. Tout le drame personnel du roi va se jouer dans ce tiraillement qui n’est
pas insignifiant au regard des causes de la Saint-</span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjNGdUcy8W8uWBBqnYG7C5pnh0A5XRYCoFZZJO8kWhX0SARmJK6ZCNERBbcQrF2yctj4kPY49poFPaCq2bBNH-eKEzYdx671QsibI4ooBpkUKSa9WgB6GOk5IAKx-IVRdvV79_pzx8Noys/s1600/Le+massacre+de+la+Saint-Barth%C3%A9lemy+et+l'assassinat+de+Coligny+1572+-+D%C3%A9partement+des+estampes+et+de+la+photographie+de+la+BnF..jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjNGdUcy8W8uWBBqnYG7C5pnh0A5XRYCoFZZJO8kWhX0SARmJK6ZCNERBbcQrF2yctj4kPY49poFPaCq2bBNH-eKEzYdx671QsibI4ooBpkUKSa9WgB6GOk5IAKx-IVRdvV79_pzx8Noys/s1600/Le+massacre+de+la+Saint-Barth%C3%A9lemy+et+l'assassinat%2Bde%2BColigny%2B1572%2B-%2BD%C3%A9partement%2Bdes%2Bestampes%2Bet%2Bde%2Bla%2Bphotographie%2Bde%2Bla%2BBnF..jpg" height="266" width="400" /></a>Barthélemy (1572). Les
princi-</span><br />
<span lang="FR-CA">paux chefs aristocra-</span><br />
<span lang="FR-CA">tiques sont invités à Paris pour assister au mariage
de Henri de Navarre avec la sœur du roi, Marguerite (la Reine Margot). Les
Guise travaillent à un coup de force : enfermer les protestants et
profiter des noces – les noces vermeilles – pour les massacrer alors que les
portes de la capitale seront fermées. Il est vrai qu’au début de l’affaire, il
s’agissait d’un simple attentat contre la vie de Coligny, mais, non seulement
l’<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjNGdUcy8W8uWBBqnYG7C5pnh0A5XRYCoFZZJO8kWhX0SARmJK6ZCNERBbcQrF2yctj4kPY49poFPaCq2bBNH-eKEzYdx671QsibI4ooBpkUKSa9WgB6GOk5IAKx-IVRdvV79_pzx8Noys/h120/Le+massacre+de+la+Saint-Barth%C3%A9lemy+et+l'assassinat+de+Coligny+1572+-+D%C3%A9partement+des+estampes+et+de+la+photographie+de+la+BnF..jpg">attentat</a> échoue et Coligny en sort-il blessé – et grandi – dans l’esprit des
gens, mais le roi accourt à son appel : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Si la blessure est pour vous, la douleur est pour moi…</i>». Coligny en
profite pour chauffer la vanité du roi.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Le roi est revenu plein de
colère au Louvre. Mais cette colère, qui se porte contre les catholiques, peut
très bien être déroutée de son but. C’est ce que comprend fort bien Catherine
qui connaît son fils. Elle appelle ses conseillers, et surtout l’ancien
précepteur de Charles, Retz, dont la mission est de convaincre le roi que ce
sont Coligny et les protestants qui trament un complot contre lui. Il s’agit de
faire changer d’objet la colère fixe du roi :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">- L’Amiral rassemble des armes en sa maison! s’écrie la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj4hm6JlkNBusQGiSHfV2H0-FF67m-kFQqo8oUPJB2k6TKJIVrZkKEhZ_iV6YAAm8ZbhDLgt-b9OfXKk-8W39nugJKnHXb1vRHoIzGc73RDFiszOwIQdAXXjB4wilrqE9Vf7ho22pXYXIA/h120/charles_IX_catherine_medicis.gif">Reine Mère</a>.</i></span></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj4hm6JlkNBusQGiSHfV2H0-FF67m-kFQqo8oUPJB2k6TKJIVrZkKEhZ_iV6YAAm8ZbhDLgt-b9OfXKk-8W39nugJKnHXb1vRHoIzGc73RDFiszOwIQdAXXjB4wilrqE9Vf7ho22pXYXIA/s1600/charles_IX_catherine_medicis.gif" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj4hm6JlkNBusQGiSHfV2H0-FF67m-kFQqo8oUPJB2k6TKJIVrZkKEhZ_iV6YAAm8ZbhDLgt-b9OfXKk-8W39nugJKnHXb1vRHoIzGc73RDFiszOwIQdAXXjB4wilrqE9Vf7ho22pXYXIA/s1600/charles_IX_catherine_medicis.gif" height="320" width="230" /></a>Charles répond “qu’il a donné à ce sujet un permis”.</span></i> </div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-font-width: 0%;">-<span style="font: 7.0pt "Times New Roman";">
</span></span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">L’Amiral
vous hait, vous et votre maison, moi, Monsieur et les autres!</span></i></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Morvillier, pleurant abondamment, déclare que, si tout cela est
vrai, il faut suivre l’avis de la Reine.</span></i></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Les nerfs de Charles ne tiennent plus, sa raison vacille. Retz, le
connaissant bien, étourdit son imagination par la grandeur théâtrale d’un acte
qui frappera l’univers, la postérité, l’histoire de stupeur et d’admiration.
Catherine fait jouer de nouveau le ressort sentimental. Le Roi n’ose agir? Il a
peur des huguenots? Eh bien! elle le quitte…</span></i></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Dans le cerveau malade de Charles les instincts sanguinaires
brusquement éveillés se mêlent à la sauvage jalousie fraternelle et aux vieux
sentiments chevaleresques qui s’insurgent contre la trahison envers Coligny.</span></i></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEieJJI3Nz2bQe1XGsPsGARtppCLEj9F4AhULzKTF9fiUzBQ7LknrP0Rmt_6tpSmDqB21D6jtIMy3KiYQLopnlpEQh76qesKJO9vo3FJ4futcuYE6Y6Zf0Iiht0keqOQMrtrVxXp6XttDJU/s1600/barthc3a9lc3a9my.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEieJJI3Nz2bQe1XGsPsGARtppCLEj9F4AhULzKTF9fiUzBQ7LknrP0Rmt_6tpSmDqB21D6jtIMy3KiYQLopnlpEQh76qesKJO9vo3FJ4futcuYE6Y6Zf0Iiht0keqOQMrtrVxXp6XttDJU/s1600/barthc3a9lc3a9my.jpg" height="251" width="320" /></a></span>Alors, pour la seconde
fois, se produisit ce que nul n’avait prévu. N’ayant pu trancher le nœud
gordien en tuant un homme, Catherine veut en sacrifier une douzaine.</span></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Eh bien! par la mort Dieu, soit! lui crie son fils, mais </span></i><span lang="FR-CA">qu’on les tue tous pour qu’il n’en reste pas un pour me le reprocher
après!</span></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">La route du <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEieJJI3Nz2bQe1XGsPsGARtppCLEj9F4AhULzKTF9fiUzBQ7LknrP0Rmt_6tpSmDqB21D6jtIMy3KiYQLopnlpEQh76qesKJO9vo3FJ4futcuYE6Y6Zf0Iiht0keqOQMrtrVxXp6XttDJU/h120/barthc3a9lc3a9my.jpg">crime mène à la folie</a> et – pis encore en politique – à
l’absurdité</span></i><span lang="FR-CA">» (P. Erlanger. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Op. cit. </i>p.151)</span></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Charles IX qui, au cours de sa misérable existence, a tant traqué de
bêtes aux abois, est, à son tour, forcé, épuisé. Depuis deux heures, ses nerfs
malades ont été soumis à la plus effroyable des épreuves. Sa mère, son frère,
ces conseillers qui l’entourent, le serrent, le harcèlent, tous ont pesé
habilement – impitoyablement aussi – sur les ressorts qui pouvaient déclencher
en son cerveau taré la fureur homicide. Le voici qui se dresse, il ne parle
pas, il crie, il hurle à tue-tête, comme s’il lui fallait, enfin, après toutes
les autres, entendre le son de sa propre voix :</span></i></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">- Tuez-les, par la mort-Dieu, mais tuez-les tous, qu’il n’en survive
aucun pour me le reprocher! Allez, donnez-y ordre promptement…</span></i><span lang="FR-CA">» (H. Noguères. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Op. cit. </i>p.
109).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiY4EL5LJ2d_Aa8qgETcDQRPM8YzRNG2xgowl5fXmyN5C5AZdMRK9PGxH4SNyLJYXzXh36SkqVMFVgq8IVoTeGRAWlbcQoIKwiznLkGdeX2L9FtaPRHAD_RqzeeFR57hI32z2MaQzUI0Jc/s1600/Le+massacre+de+la+Saint-Barth%C3%A9lemy+-+Fran%C3%A7ois+Dubois,+c.1572-1584+-+Mus%C3%A9e+cantonal+des+Beaux-Arts,+Lausanne.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiY4EL5LJ2d_Aa8qgETcDQRPM8YzRNG2xgowl5fXmyN5C5AZdMRK9PGxH4SNyLJYXzXh36SkqVMFVgq8IVoTeGRAWlbcQoIKwiznLkGdeX2L9FtaPRHAD_RqzeeFR57hI32z2MaQzUI0Jc/s1600/Le+massacre+de+la+Saint-Barth%C3%A9lemy+-+Fran%C3%A7ois+Dubois,+c.1572-1584+-+Mus%C3%A9e+cantonal+des+Beaux-Arts,+Lausanne.jpg" height="240" width="400" /></a></div>
<span lang="FR-CA">S’il est une chose de
certaine parmi tout ce scénario maintes fois reproduit du récit de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiY4EL5LJ2d_Aa8qgETcDQRPM8YzRNG2xgowl5fXmyN5C5AZdMRK9PGxH4SNyLJYXzXh36SkqVMFVgq8IVoTeGRAWlbcQoIKwiznLkGdeX2L9FtaPRHAD_RqzeeFR57hI32z2MaQzUI0Jc/h120/Le+massacre+de+la+Saint-Barth%C3%A9lemy+-+Fran%C3%A7ois+Dubois,+c.1572-1584+-+Mus%C3%A9e+cantonal+des+Beaux-Arts,+Lausanne.jpg">la Saint-Barthélemy</a>, c’est que le roi ne monta pas sur le toit du palais pour
abattre de l’arquebuse les protestants dans les rues. Cette épreuve pesa
lourdement sur la santé mentale et physique du roi. Cet ordre le tuait aussi
bien que les milliers de protestants qui furent massacrés en cette nuit de la
Saint-Barthélemy.</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Charles IX, comme l’on sait, n’avait plus que deux ans à vivre. Encore
ces deux années furent-elles marquées par d’effroyables souffrances physiques
et morales. Et quand enfin, le 30 mai 1574, le roi entra en agonie “après une
dernière sueur de sang”, il avait eu le temps d’expier l’effroyable crime
auquel sa mère et son frère l’avaient poussé</i>» (H. Noguères. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 282).</span></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Conspirations et guerres civiles ne tardèrent pas à reprendre, Charles
IX, sorti de son </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEicZu9tiv6gwqwBqyqa2_gXVLaZ6XnVhdOndpXQg6Hm0MysIug7yL_8QJClFNW15vVn3xxP_TkRW7UhKpwjZneTQ1wfx_iOQhHp6HPNNRS4berlZ5wfkVFHMZQHKfUCsHhcSBzWTRkTDeg/s1600/0.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEicZu9tiv6gwqwBqyqa2_gXVLaZ6XnVhdOndpXQg6Hm0MysIug7yL_8QJClFNW15vVn3xxP_TkRW7UhKpwjZneTQ1wfx_iOQhHp6HPNNRS4berlZ5wfkVFHMZQHKfUCsHhcSBzWTRkTDeg/s1600/0.jpg" height="150" width="200" /></a>horrible ivresse, restait <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEicZu9tiv6gwqwBqyqa2_gXVLaZ6XnVhdOndpXQg6Hm0MysIug7yL_8QJClFNW15vVn3xxP_TkRW7UhKpwjZneTQ1wfx_iOQhHp6HPNNRS4berlZ5wfkVFHMZQHKfUCsHhcSBzWTRkTDeg/h120/0.jpg">accablé</a> sous le poids de ses crimes.
Emporté par la phtisie, il mourut à vingt-quatre ans, baigné de sueurs
sanglantes qui, comme l’accident fatal de son père, parurent aux protestants un
signe de la colère céleste. Ses derniers mots furent : - Eh! ma mère!</i>»
(P. Erlanger. Op. cit. p. 224).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Les récits controversés
de cette mort, déjà spectaculaire en soi, servirent la propagande des
partis :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjdLUanmPUH_4RJo4GjyUxm1k-KbueOHj13R_Rkj6EB9kPQmtFMPbWFpASkgdyhVwEJzmFvx5ErOsCrbXL6Vc3v2p520v7BN67VOlPhin1O4i3tvaHUQNIDBy15_1WkQ0xbawe6Ff-U5Vs/h120/3_krp7l.jpg">Charles IX</a> n’avait pas encore vingt-quatre ans (il est né le 27 juin
1550) lorsqu’il </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjdLUanmPUH_4RJo4GjyUxm1k-KbueOHj13R_Rkj6EB9kPQmtFMPbWFpASkgdyhVwEJzmFvx5ErOsCrbXL6Vc3v2p520v7BN67VOlPhin1O4i3tvaHUQNIDBy15_1WkQ0xbawe6Ff-U5Vs/s1600/3_krp7l.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjdLUanmPUH_4RJo4GjyUxm1k-KbueOHj13R_Rkj6EB9kPQmtFMPbWFpASkgdyhVwEJzmFvx5ErOsCrbXL6Vc3v2p520v7BN67VOlPhin1O4i3tvaHUQNIDBy15_1WkQ0xbawe6Ff-U5Vs/s1600/3_krp7l.jpg" height="320" width="261" /></a></span>s’éteignit le 30 mai 1574, jour de Pentecôte, miné par la
tuberculose qui avait déjà emporté son frère aîné François en décembre 1560.
Les contemporains furent très impressionnés par les spectaculaires hémorragies
dont il fut victime avant l’issue fatale. Sa vie durant, il avait souffert de
fréquents saignements de nez; puis, sous l’effet de la maladie, il se mit à
cracher le sang, parfois abondamment : à la fin d’avril, il faillit être
étouffé par des vomissements sanglants.</i></span></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Pour les hommes de ce temps, la manière dont on mourait était le
révélateur de la qualité d’une vie; elle constituait la preuve ultime, celle
qui ne peut tromper. Les protestants et les catholiques les plus militants
voulurent donc mettre en évidence dans la mort du monarque les indices
permettant de démontrer la réprobation divine qui pesait sur sa personne ou au
contraire son élection. L’événement est ainsi devenu un enjeu polémique majeur</span></i><span lang="FR-CA">» (A. Jouanna. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">La
Saint-Barthélemy, </i>Paris, Gallimard, Col. Les journées qui ont fait la
France, 2007, p.283).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Charles aurait confié à
son chirurgien, Ambroise Paré, peu après la Saint-Barthélemy, qu’il était <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiLlRdWhwUmzuOYu5XHxk0ZD82vwNJcvUxdNwqypxsNPhxw4hq4i2vXcBR3X3FS_NJmw5G2fzxIgoUFU__qFxw4FW4W-VanvFxhLp6LyDAoS4H_63jK1gIt3zKxCMKhmKdIp3Pu9PfjRJw/h120/mort_charles_IX_lehugeur.gif">hanté</a>
par des visions de «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">faces hydeuses et
couvertes de sang</i>», obsédé par ces «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">corps
massacrés</i>». Tout cela fait </span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiLlRdWhwUmzuOYu5XHxk0ZD82vwNJcvUxdNwqypxsNPhxw4hq4i2vXcBR3X3FS_NJmw5G2fzxIgoUFU__qFxw4FW4W-VanvFxhLp6LyDAoS4H_63jK1gIt3zKxCMKhmKdIp3Pu9PfjRJw/s1600/mort_charles_IX_lehugeur.gif" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiLlRdWhwUmzuOYu5XHxk0ZD82vwNJcvUxdNwqypxsNPhxw4hq4i2vXcBR3X3FS_NJmw5G2fzxIgoUFU__qFxw4FW4W-VanvFxhLp6LyDAoS4H_63jK1gIt3zKxCMKhmKdIp3Pu9PfjRJw/s1600/mort_charles_IX_lehugeur.gif" height="400" width="323" /></a></span>partie de la <i>légende noire</i> du roi. Pour les
catholiques, au contraire, Charles serait mort sereinement, sans angoisses ni
tourments, comme le raconte Arnaud Sorbin : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Et bien peu après, survenant un doux sommeil, l’ame deslogea de son
tabernacle terrestre : le deslogements de laquelle fut exprimé par deux ou
trois petites souspirs, sans que le bon Prince feist semblant d’endurer passion
quelconque […] Car estant trespassé, sa face estoit plus belle qu’elle ne
soulooit estre avant qu’ils trespassat, et non à la mode des hommes de mauvaise
foy, et pire conscience, desquels après la mort le visage demeure affre
[affreux], hideux et défiguré</i>» (Cité in A. Jouanna. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 286).</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">La mort de Charles IX
ouvrit le trône au duc d’Anjou, le troisième des quatre frères. Henri, pour le
moment élu roi de Pologne, est vite rappelé à Paris à la mort de son aîné.
Désormais, il sera roi de France sous le titre d’Henri III. Le duc d’Anjou était
le fils favori de Catherine. Son plus beau et aussi celui qui paraissait en
meilleure santé : </span><br />
<blockquote class="tr_bq">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ce qui prédomine,
chez le nouveau roi, dont on s’accorde à louer la bravoure, l’intelligence, la
culture, l’art de bien dire, le bel et agréable aspect, les manières douces et
affables, est une frivolité sans pareille. Les événements révéleront que
l’extraordinaire et déconcertant personnage, qui régnera sur la France quinze
ans, se libérant, de plus en plus, de la tutelle de sa mère, n’est pas moins
fait pour justifier certains éloges de Du Perrier, que les portraits sans
indulgence des Vénitiens, et même les caricatures des libellistes, les récits
singuliers des chroniqueurs.</i></span></blockquote>
</div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Protéiforme, dégénéré supérieur, étonnant mélange de grandeur royale
et de personnelle indignité, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhUYXMthWPht-AjBqM-yePOIZwwmDyTS1HmpJeHNHKxTSFKHXWgxK-78KmllD29wsdqnhyphenhyphenr_Q7yhdedwXzzYsHGGdPRd-XU1UkPp1udBIj7iXX61sJeLyaEU7kLdKUjuG2oM1G7Vm4TxNQ/h120/Henri+III.jpg">Henri III</a> échappe à l’historien, pour ne relever
que du psychologue et du psychologue curieux de pathologie mentale. Tout en
contrastes, son ambivalence offre le pire et le meilleur, aussi bien l’un après
l’autre qu’en même temps. Légiste et danseur, et </span></i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhUYXMthWPht-AjBqM-yePOIZwwmDyTS1HmpJeHNHKxTSFKHXWgxK-78KmllD29wsdqnhyphenhyphenr_Q7yhdedwXzzYsHGGdPRd-XU1UkPp1udBIj7iXX61sJeLyaEU7kLdKUjuG2oM1G7Vm4TxNQ/s1600/Henri+III.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhUYXMthWPht-AjBqM-yePOIZwwmDyTS1HmpJeHNHKxTSFKHXWgxK-78KmllD29wsdqnhyphenhyphenr_Q7yhdedwXzzYsHGGdPRd-XU1UkPp1udBIj7iXX61sJeLyaEU7kLdKUjuG2oM1G7Vm4TxNQ/s1600/Henri+III.jpg" height="320" width="242" /></a>non moins furieuse</span></i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">ment acharné
au bal qu’à sa table de travail, selon ses humeurs; homme de guerre, et joueur
de bilboquet; éleveur de guenuches, de petits chiens, et fondateur d’académie,
car immense est sa culture; aussi passionné pour la beauté des femmes que pour
celle des hommes; mari exemplaire, autant qu’infidèle; passant du moine, qui se
flagelle, au politique, subtil et profond. Étudié à travers les nuances,
perpétuellement changeantes, et d’une infinie complexité, de son esprit, de son
caractère, de son tempérament, tels que permettent de les apercevoir ses
lettres, ses discours, confrontés aux témoignages les plus divers, Henri III
relève, avant tout, de la clinique. Ses contemporains ne pouvaient vraiment
rien comprendre à ce prince. Henri III semble sorti de l’imagination d’un
romancier pervers (tel que Péladan et Proust, s’ils avaient été historiens,
l’eussent pris pour héros de prédilection), autant que du génie de sa mère,
aussi digne d’être admiré par les historiens admirateurs de Machiavel et de
Guichardin, que flétri par les successeurs des satiristes de </span></i><span lang="FR-CA">L’Île des Hermaphrodites. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’Henri
III de Paul de Saint-Victor, et sa “double orgie sacrée et profane”,
l’Héliogabale de la Renaissance, est presque aussi conforme à la réalité que
celui de Pierre Champion, qui “demeure calme, légifère, réorganise son conseil,
travaille avec ses serviteurs” de Pierre Lafue, et de M. Philippe Erlanger,
saluant justement le roi mort pour la France</i>» (J. Héritier. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Op. cit. </i>pp. 415-416).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">En fait, Henri est un
personnage typique de l’âge baroque et non de la Renaissance. À la vie
planifiée et fidèle de son père Henri II – fidèle à sa maîtresse Diane comme à
son épouse Catherine – sans susciter d’oxymoron dans ses comportements, Henri est
protéiforme à l’infini. Bisexuel et versatile politiquement, il reste le
meilleur élève de sa mère car il ne semble pas dévoré par les tares
héréditaires ou la tuberculose. Si, au tout début, Henri essaya de jouer son
rôle le plus dignement possible, il se lassa bientôt des audiences et des rites
de la vie monarchique. Son côté ambigu se détacha de ses comportements
personnels pour se diffuser dans son attitude royale : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Lors
du sacre, quand l’officiant plaça la couronne sur sa tête, il se plaignit
qu’elle le blessait. De plus en plus souvent, il allait révéler son goût des
frivolités et des </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXp0Ut93UwsfnVYwcsTQp4IdzkTtIJq50yQDAmfodm87zeJLQk17_PgHBl6KfSF3U9ZwtI9zPM3ep-PQhsRA3t0ZiC_ZByIv4Xd34PEPKneiEhJgxxsXXuf-3qi5KqRS2G7-L_4FEqCIQ/s1600/41984d868faa7c628cf57c831a3a9d0778e5db65_250x300_Q75.jpeg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXp0Ut93UwsfnVYwcsTQp4IdzkTtIJq50yQDAmfodm87zeJLQk17_PgHBl6KfSF3U9ZwtI9zPM3ep-PQhsRA3t0ZiC_ZByIv4Xd34PEPKneiEhJgxxsXXuf-3qi5KqRS2G7-L_4FEqCIQ/s1600/41984d868faa7c628cf57c831a3a9d0778e5db65_250x300_Q75.jpeg" height="400" width="333" /></a></span>parures et se livrer sans contrainte à ses caprices et à la
joie de la médisance. Loin de l’avoir aguerri, le séjour polonais lui servait à
justifier son désir d’échapper désormais à toutes les contraintes. Intelligent
et cultivé, ayant assez de jugement et de patience pour entendre et lire les
rapports d’affaires et rédiger lettres et commandements, il s’en lassa
rapidement et ne vint plus au Conseil. Il préférait à la compagnie des austères
conseillers celle de braves et beaux jeunes gentilshommes, qu’on appela ses
“<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXp0Ut93UwsfnVYwcsTQp4IdzkTtIJq50yQDAmfodm87zeJLQk17_PgHBl6KfSF3U9ZwtI9zPM3ep-PQhsRA3t0ZiC_ZByIv4Xd34PEPKneiEhJgxxsXXuf-3qi5KqRS2G7-L_4FEqCIQ/h120/41984d868faa7c628cf57c831a3a9d0778e5db65_250x300_Q75.jpeg">mignons</a>”, parmi lesquels on distinguait Villequier, du Guast, Quélus (ou
Caylus), Saint-Maigrin, d’Épernon, Maugiron et enfin d’Arques, dont il fera
plus tard un duc de Joyeuse et son beau-frère</i>» (I. Cloulas. Op. cit. 1979, pp.
383-384). Plus la situation s’envenimait entre catholiques et protestants, plus
la vie de cour se résumait en intrigues et en suspicion. Bientôt, on en fut à
parler de la guerre des trois Henri. Henri de Guise, partisan catholique; Henri
de Navarre, partisan protestant, enfin Henri III, partisan de l’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">auctoritas </i>royale, le plus faible
militairement des trois.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Devons-nous à
l’ambivalence, au côté «protéiforme» d’Henri III le fait d’avoir pu s’imposer
dans les guerres de religions? À vingt-trois ans, Henri était déjà connu de
l’Europe entière. «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Fortune rare, </i>reconnaît
Erlanger, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">le jeune monarque ne décevait
pas ses admirateurs en se présentant à leur vue. Sa grâce, la pureté de son
visage, l’harmonie de ses gestes lui conquéraient d’emblée les sympathies. Il
savait captiver ses adversaires, mêmes par un fluide particulier, un charme un
peu trouble, mais irrésistible </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjmpnqgWD7ZtOizTQe7psPz5g3AmUQdMzAf8iAk3zzs60so5uw0Yt5cuUSnLi0P3mLRrmBqSGnMeK9uyhr4KIpDQimdUOik5DUeI57zTQfJfzXccA6EMJhWqmlb4ki2RiB1Hg5jW5hqye4/s1600/fete_3.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjmpnqgWD7ZtOizTQe7psPz5g3AmUQdMzAf8iAk3zzs60so5uw0Yt5cuUSnLi0P3mLRrmBqSGnMeK9uyhr4KIpDQimdUOik5DUeI57zTQfJfzXccA6EMJhWqmlb4ki2RiB1Hg5jW5hqye4/s1600/fete_3.jpg" height="265" width="400" /></a>dont aucune image n’a pu nous transmet-</i></span><br />
<span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">tre
l’essence</i>» (P. Erlanger. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Henri III, </i>Gallimard,
rééd. Livre de poche, Col historique, # 3257, 1948, p. 205. Contrairement au
violent Charles IX, Henri III «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">se détourn</i>[ait]
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">autant des exercices physiques. “Il
n’aime aucune espèce d’amusements et d’exercices fatigants, constatait Michiele
en 1575, tels que la chasse, le jeu de paume, le manège; par conséquent, il n’a
aucun goût pour les joutes, les tournois et autres choses semblables” </i>(P.
Chevallier. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Henri III, </i>Paris, Fayard,
1985, p. 409). Ce qui est plutôt inquiétant pour une période aussi troublée.
Pourtant, Henri s’est montré fier combattant et a marqué des succès dans les
guerres de religions. Mais il préférerait de loin la paix. «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Élégant, délicat et raffiné, il était rebuté
par la vie aux armées</i>». On l’imagine mal parler, à la manière de son frère,
avec moult jurons et blasphèmes! Il aime les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjmpnqgWD7ZtOizTQe7psPz5g3AmUQdMzAf8iAk3zzs60so5uw0Yt5cuUSnLi0P3mLRrmBqSGnMeK9uyhr4KIpDQimdUOik5DUeI57zTQfJfzXccA6EMJhWqmlb4ki2RiB1Hg5jW5hqye4/h120/fete_3.jpg">fêtes</a>, les beaux vêtements, les bijoux, les
petits chiens, la </span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg9GaO2tn1hCG2S8fWApGz-OYJjWFvTsKWUpnj-bL6skF_JRhPn7KZU4PX7tmKuPZPO_a-b3m3psJAXEuk6t3Mq4f3bg_LvBe-YMOCzfyAu6jTTTHxD0Jjnhb3JJQl-e-yRQJDDBC2MMfs/s1600/henri-iii-roi-orgiaque.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg9GaO2tn1hCG2S8fWApGz-OYJjWFvTsKWUpnj-bL6skF_JRhPn7KZU4PX7tmKuPZPO_a-b3m3psJAXEuk6t3Mq4f3bg_LvBe-YMOCzfyAu6jTTTHxD0Jjnhb3JJQl-e-yRQJDDBC2MMfs/s1600/henri-iii-roi-orgiaque.jpg" height="292" width="400" /></a></span>propreté et les parfums. Il est vrai que les «mignons» ne
sont pas si dociles qu’on pourrait le penser. Ce sont de farouches duellistes
et Henri est lui même une fine lame. Ces favoris du roi ne seraient qu’une
simple cohorte de courtisans ayant obtenu la confiance du roi à une époque où
la confiance ne se prêtait pas à tous avec la même conviction. L’allusion à
l’<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg9GaO2tn1hCG2S8fWApGz-OYJjWFvTsKWUpnj-bL6skF_JRhPn7KZU4PX7tmKuPZPO_a-b3m3psJAXEuk6t3Mq4f3bg_LvBe-YMOCzfyAu6jTTTHxD0Jjnhb3JJQl-e-yRQJDDBC2MMfs/h120/henri-iii-roi-orgiaque.jpg">homosexualité</a> du roi serait, pour Pierre Chevallier par exemple, que le
résultat d’une suite de ragots lancés par les partisans protestants ou
catholiques afin de discréditer le roi. Avant lui, Erlanger ne voyait dans les
«mignons» que des <i>vizirs</i>. Nier les pratiques homosexuelles de Henri III est un
incontournable d’une historiographie qui doit protéger le plus l’intégrité
paternelle de l’État à travers ceux qui l’incarnent.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Mais la question de
l’homosexualité a peu à voir sous l’angle où nous abordons la faiblesse des
princes. Restait que pour Catherine, son troisième fils – surtout après la mort
du quatrième – semblait être celui qui </span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjRXdyaM23Ji71VJOZmv4xNNMVgK4Jdjl_6AZvWfSvScJx09znRQeUZrtlLiEW8WCwmIi-Bbc2OsIQL1X1UXP3gExuZ3CNunojtdL1Ql_y76B4kMchzDEdi5W_pIMwGg4QeiKa3L5umFNs/s1600/assassinat_guise_gravure.gif" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjRXdyaM23Ji71VJOZmv4xNNMVgK4Jdjl_6AZvWfSvScJx09znRQeUZrtlLiEW8WCwmIi-Bbc2OsIQL1X1UXP3gExuZ3CNunojtdL1Ql_y76B4kMchzDEdi5W_pIMwGg4QeiKa3L5umFNs/s1600/assassinat_guise_gravure.gif" height="263" width="400" /></a></span>allait enfin procréer et assurer la
continuité des Valois. «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Sa santé,
longtemps chance-</i></span><br />
<span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">lante, s’était raffermie vers la seizième année, sans pourtant
lui laisser une pleine indépendance. Miron lui imposait des horaires rigoureux,
une parfaite régularité de vie. Point d’excès de table : deux repas
seulement et de l’eau rougie pour boisson. Les saisons le gouvernaient. Épanoui
par l’éclosion des beaux jours, il souffrait de la brume, des frimas, devenait
irascible. Plus tard, il devait avoir une plaie au pied que les médecins ne
surent comment fermer. On lui fit une fois plonger la jambe en la gueule d’un
bœuf fraîchement égorgé! Il gardait aussi son abcès de fixation au bras, sa
fistule à l’œil</i>» (P. Erlanger. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Op.
cit. </i>1948, p. 206). C’était sans compter les interminables conflits
religieux. Voulant écarter définitivement le danger que représentait la Ligue,
Henri III invita dans son château de Blois, Henri de Guise où sa garde
personnelle, les Quarante-Cinq, le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjRXdyaM23Ji71VJOZmv4xNNMVgK4Jdjl_6AZvWfSvScJx09znRQeUZrtlLiEW8WCwmIi-Bbc2OsIQL1X1UXP3gExuZ3CNunojtdL1Ql_y76B4kMchzDEdi5W_pIMwGg4QeiKa3L5umFNs/h120/assassinat_guise_gravure.gif">poignarda</a> à mort. Un étage au-dessus, la
vieille régente, Catherine de </span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjWI055ZhDzZUqu_mfi-6zKV1ORAY7AJJ3zwJaD9zKZ-TFCCgOJ5HJeMRQZq1BICW7YulUWJwGAfossylhAzj-bCoN2tFYCl9mRxmtg5-vdzu3Q2o9OqPcUnXTKKnSlBOwpyS4-O6r9PGQ/s1600/700208696.JPG" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjWI055ZhDzZUqu_mfi-6zKV1ORAY7AJJ3zwJaD9zKZ-TFCCgOJ5HJeMRQZq1BICW7YulUWJwGAfossylhAzj-bCoN2tFYCl9mRxmtg5-vdzu3Q2o9OqPcUnXTKKnSlBOwpyS4-O6r9PGQ/s1600/700208696.JPG" height="235" width="400" /></a></span>Médicis, se mourait. Pendant ce temps, le frère
du «Balafré», le cardinal de Guise fut arrêté puis assassiné. Henri désirait
s’entrete-</span><br />
<span lang="FR-CA">nir avec son dernier adversaire, Henri de Navarre, chef de la faction
protestante, quand il fut <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjWI055ZhDzZUqu_mfi-6zKV1ORAY7AJJ3zwJaD9zKZ-TFCCgOJ5HJeMRQZq1BICW7YulUWJwGAfossylhAzj-bCoN2tFYCl9mRxmtg5-vdzu3Q2o9OqPcUnXTKKnSlBOwpyS4-O6r9PGQ/h120/700208696.JPG">assassiné </a>d’un coup de poignard porté au bas-ventre
par un moine qu’il recevait en audience sur sa chaise percée. Condamné, Henri
fit venir l’autre Henri et lui passa la succession, n’ayant aucun héritier en
vue. Et c’est dans cette circonstance tragi-comique que le roi de Navarre
devint Henri IV et que la famille des Bourbons succéda à celle des Valois sur
le trône de France.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Ces rois qui vécurent
sous la Renaissance et encore sous l’âge baroque français complétèrent le
programme de construction et d’édification de l’État et de la culture
française. Grâce à Catherine de Médicis, la France </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjm4Mxns6N6PBhIDmwTNTk5CUUKHorwvbQQR7iJyJzWg2H3b6mkjx9nYfmFiDYYNboh04ELrUENRVEO-1Ek43b4W4qXWz_MPWb4cDN8xBumbEspINYEv8yQO9dtyRuBVAa63xO-Zk91ZS4/s1600/220px-King_Henry_IV_of_France.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjm4Mxns6N6PBhIDmwTNTk5CUUKHorwvbQQR7iJyJzWg2H3b6mkjx9nYfmFiDYYNboh04ELrUENRVEO-1Ek43b4W4qXWz_MPWb4cDN8xBumbEspINYEv8yQO9dtyRuBVAa63xO-Zk91ZS4/s1600/220px-King_Henry_IV_of_France.jpg" height="400" width="336" /></a>devint la première élève de
l’Italie des Vinci et des Michel-Ange. Si François Ier et Henri II eurent à
combattre un prince puissant, Charles-Quint, leur progéniture fut plongée dans
la crise religieuse suscitée partout en Europe par la Réforme. Ils
n’avaient pas la force physique ni morale pour assumer tant de responsabilités
historiques et de mainmise sur leurs peuples au moment où <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjm4Mxns6N6PBhIDmwTNTk5CUUKHorwvbQQR7iJyJzWg2H3b6mkjx9nYfmFiDYYNboh04ELrUENRVEO-1Ek43b4W4qXWz_MPWb4cDN8xBumbEspINYEv8yQO9dtyRuBVAa63xO-Zk91ZS4/h120/220px-King_Henry_IV_of_France.jpg">Henri IV</a> allait
démontrer qu’il fallait apaiser les passions en conciliant </span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"> à la fois </span>la force
et la négociation. Il faudra attendre la politique absolutiste du cardinal de
Richelieu et celle de Louis XIV pour qu’on en arrive à extirper la semence des querelles
religieuses, et toujours sans pouvoir satisfaire tous les partis. Finalement,
c’est le temps qui arrangera les choses, mais la monarchie ne sera plus là pour
s’attribuer le succès final.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Si les Anglais et les
Français ont eu à déplorer des successions faibles, l’Espagne a connu de
longues et </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiYteYs9e-AjXR_n5FL4g0BbzcwMlGQ-NdBxN6VqF9egWMwN2n52PExCMc_CKxOnmdA8evAdHJqYDsbYVsxtWNgYEtn-PHR6kvcn97IwBu64XkveHgHl2eZiIRVVoeNOFwbFxrReWwATMM/s1600/La-vie-ets-un-songe.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiYteYs9e-AjXR_n5FL4g0BbzcwMlGQ-NdBxN6VqF9egWMwN2n52PExCMc_CKxOnmdA8evAdHJqYDsbYVsxtWNgYEtn-PHR6kvcn97IwBu64XkveHgHl2eZiIRVVoeNOFwbFxrReWwATMM/s1600/La-vie-ets-un-songe.jpg" height="266" width="400" /></a>douloureuses dégénérescences de familles régnantes. Les Bourbons au</span><br />
<span lang="FR-CA">XVIIIe-</span><br />
<span lang="FR-CA">XIXe siècle, mais avant, les Habs-</span><br />
<span lang="FR-CA">bourg eux-</span><br />
<span lang="FR-CA">mêmes connurent des épisodes
navrants. Pendant que Catherine de Médicis gouvernait ses fils, de l’autre côté
des Pyrénées, Philippe II était pris avec son fils, don Carlos, qui devait devenir
le sujet de la tragédie de Schiller puis de l’opéra de Verdi et dont le destin
ne fut sans doute pas étranger à la création de l’une des pièces les plus
connues du répertoire théâtral espagnol : <i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiYteYs9e-AjXR_n5FL4g0BbzcwMlGQ-NdBxN6VqF9egWMwN2n52PExCMc_CKxOnmdA8evAdHJqYDsbYVsxtWNgYEtn-PHR6kvcn97IwBu64XkveHgHl2eZiIRVVoeNOFwbFxrReWwATMM/h120/La-vie-ets-un-songe.jpg">La vie est un songe</a> </i>de Calderòn (1635).</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><span class="st"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh5MZ0MgEeGdZutyH0NMcolv0HN-E8QFlZCm1B0rje49_7DV9JqWrdfZLscPW-U72tTEijrSxl4M_r6RtlNufNmCrk3M-K3b0i0hQlBpYwj4Pro1gZV68LA7HeeSSU5XYDJosPHjg7LAOc/s1600/Titian-Tiziano-Vecelli-Portrait-of-Philip-II.JPG" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh5MZ0MgEeGdZutyH0NMcolv0HN-E8QFlZCm1B0rje49_7DV9JqWrdfZLscPW-U72tTEijrSxl4M_r6RtlNufNmCrk3M-K3b0i0hQlBpYwj4Pro1gZV68LA7HeeSSU5XYDJosPHjg7LAOc/s1600/Titian-Tiziano-Vecelli-Portrait-of-Philip-II.JPG" height="400" width="220" /></a></span></span>Don Carlos, ou <span class="st">Charles d'Autriche (1545-1568), heureusement, ne fut jamais appelé à
occuper le trône </span></span><span lang="FR-CA"><span class="st">d’Espagne ni celui d’Autriche. À la manière dont <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh5MZ0MgEeGdZutyH0NMcolv0HN-E8QFlZCm1B0rje49_7DV9JqWrdfZLscPW-U72tTEijrSxl4M_r6RtlNufNmCrk3M-K3b0i0hQlBpYwj4Pro1gZV68LA7HeeSSU5XYDJosPHjg7LAOc/h120/Titian-Tiziano-Vecelli-Portrait-of-Philip-II.JPG">Philippe II</a>
résolut le problème vivant que posait son propre fils, il répond aux questions
posées par Machiavel dans les <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Discours de
la première décade de Tite-Live. </i>Philippe n’avait que 18 ans lorsque naquit
don Carlos. Sa mère, Marie Manuelle de Portugal, était à la fois sa cousine
paternelle et maternelle. La consanguinité joua certainement un rôle dans le
destin de l’enfant. </span>Elle mourut quatre jours après avoir donné naissance
à don Carlos, probablement suite à des complications ou à des négligences <i style="mso-bidi-font-style: normal;">post-partum</i>. Le célèbre docteur Cabanès
nous raconte ainsi les premières années du fils de Philippe II :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Dès ses premières années l’infant révéla des instincts singuliers. Non
seulement il mordait, mais encore il mangeait, dit le texte espagnol </i>[<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Relazioni</i> d’Alberi, faite au Sénat de
Venise le 19 janvier 1563], <i style="mso-bidi-font-style: normal;">les seins de
ses nourrices : trois d’entre elles faillirent être les victimes de la
boulimie de ce petit ogre.</i></span></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Jusqu’à l’âge de trois ans, on ne l’entendit pas prononcer une seule
parole, à ce point qu’on le crut muet; le premier mot qui sortit de sa bouche
fut non! On s’empressa d’en donner connaissance à son grand’père</span></i><span lang="FR-CA"> [Charles-Quint], <i style="mso-bidi-font-style: normal;">qui en
plaisanta. Don Carlos avait 21 quand on lui coupa le filet de la langue; on a
retrouvé le compte de la somme qui fut payée à l’opérateur.</i></span></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Longtemps il garda le parler difficile et lent; il ne s’exprimait
qu’en termes tronqués et saccadés.</span></i></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Nous connaissons son régime de vie à douze ans; il est parfaitement
réglé. Il se livre déjà aux sports en faveur : il joue au truc et au
palet, fait un peu d’escrime; quelquefois il monte à cheval, mais comme “il est
trop évaporé pour pouvoir le faire sans danger”, on ne lui permet que rarement
cet exercice.</span></i></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Malgré ce régime, son état n’était guère satisfaisant. Quelqu’un qui
le dépeint de </span></i><span lang="FR-CA">visu <i style="mso-bidi-font-style: normal;">fait ressortir son teint blême, qu’il attribue à un excès de bile, dont
les médecins, selon lui, ne se préoccupent pas assez</i>» (Docteur Cabanès. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le mal héréditaire : Les descendants de
Charles-Quint, </i>Paris, Albin Michel, s.d., pp. 246-247).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi6sNWObUwDaP83_US2eDgbZMrGDRGasLo-IvnBrPjByV6WqbWflTNpF67P2rq-7zccbftxcRpddfBcpGsovsc642gW_k1Is2NcB9bu8UhGR-rwZzQJtqWNt2eweB3EwCbzCbLXz8fI6z4/s1600/220px-Don_Carlos_Spanien.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi6sNWObUwDaP83_US2eDgbZMrGDRGasLo-IvnBrPjByV6WqbWflTNpF67P2rq-7zccbftxcRpddfBcpGsovsc642gW_k1Is2NcB9bu8UhGR-rwZzQJtqWNt2eweB3EwCbzCbLXz8fI6z4/s1600/220px-Don_Carlos_Spanien.jpg" height="400" width="377" /></a>L'infant <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi6sNWObUwDaP83_US2eDgbZMrGDRGasLo-IvnBrPjByV6WqbWflTNpF67P2rq-7zccbftxcRpddfBcpGsovsc642gW_k1Is2NcB9bu8UhGR-rwZzQJtqWNt2eweB3EwCbzCbLXz8fI6z4/h120/220px-Don_Carlos_Spanien.jpg">don Carlos</a>, privé de sa
mère morte à sa naissance et d’un père en plein ap-</span><br />
<span lang="FR-CA">prentis-</span><br />
<span lang="FR-CA">sage du gouverne-</span><br />
<span lang="FR-CA">ment,
restait un inconnu pour les courtisans. Aussi, com-</span><br />
<span lang="FR-CA">prend-t-on facilement l’effet
qu’il eut lors de ses premières apparitions officielles, comme le rapporte
Federico Baardoero au Sénat de Venise :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le prince a une grosse tête, hors de proportions avec son corps. Ses
cheveux sont noirs et il est faible de constitution. Il témoigne d’une âme
cruelle et, parmi les faits probants qu’on en pourrait citer, il y en a un,
répété et significatif : c’est que parfois, au cours de ses chasses, quand
on lui apporte un lièvre ou un animal de ce genre, il prend plaisir à les faire
rôtir vivants. Et, comme on lui avait offert un long serpent, qui le mordit au
doigt, il lui coupa la tête d’un coup de dents. Tout indique qu’il sera
audacieux, et il semble avoir pour les femmes un goût excessif. Il donne des
signes d’un grand orgueil, puisqu’il ne peut se présenter devant son père le
béret à la main et qu’il appelle son père mon frère et son aïeul mon père; et il
est irascible au suprême degré et passionné dans ses opinions. Il se complait à
dire tant de choses originales que son professeur les a recueillies dans un
petit livre qu’il a envoyé à l’Empereur</i>» (Cité in O. Ferrara. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Philippe II, </i>Paris, Albin Michel, 1961,
p. 125).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Du sadisme-oral de la
petite enfance, don Carlos, en vieillissant, ressemble de plus en plus à un
psychopathe. Son goût de la violence et de la guerre dépasse celui-là même de
son père. Adolescent, il est victime de </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgRXhlCytPQjJ_zGa7Z-K4-g-muJHey7BQfZ8S7G8q9-b6z-ZTykaEFY2xYKMzZZr7O4qS1rK025bT4S8GN1xNNotY2r15TCXRdFFqFEht7bpLlOgknJG_S5kZtCA6R5eCXwrFwdgP1e8U/s1600/John_of_Austria_portrait.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgRXhlCytPQjJ_zGa7Z-K4-g-muJHey7BQfZ8S7G8q9-b6z-ZTykaEFY2xYKMzZZr7O4qS1rK025bT4S8GN1xNNotY2r15TCXRdFFqFEht7bpLlOgknJG_S5kZtCA6R5eCXwrFwdgP1e8U/s1600/John_of_Austria_portrait.jpg" height="400" width="340" /></a>plusieurs fièvres qui n’améliorent pas
les choses, et lors de la cérémonie de prestation de serment d’Élisabeth de
Valois, la nouvelle reine, tous remarquent à quel point son teint pâle et son
maintien disgracieux font contraste avec la tournure élégante et la bonne mine
du fils naturel de Charles-Quint, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgRXhlCytPQjJ_zGa7Z-K4-g-muJHey7BQfZ8S7G8q9-b6z-ZTykaEFY2xYKMzZZr7O4qS1rK025bT4S8GN1xNNotY2r15TCXRdFFqFEht7bpLlOgknJG_S5kZtCA6R5eCXwrFwdgP1e8U/h120/John_of_Austria_portrait.jpg">don Juan d’Autriche</a>. Toujours fiévreux, les
médecins, impuissants, suggérèrent à Philippe II de l’envoyer dans un lieu au
bord de la mer. Le bref rétablissement de l’infant est interrompu par une
maladresse sordide qui aggrava son cas : voulant se rendre auprès d’une des
filles du concierge, il déboula un escalier dans la pénombre et se fit une
fracture du crâne. Il prit un certain temps à s’en remettre. Mais, lorsque
rétabli, les accès de fièvres le reprennent. Pour Cabanès, ce sont ces fièvres
qui encouragèrent les goûts morbides et sadiques de don Carlos :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’ambassadeur Soranzo nous dépeint <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjUHICpieJvYO1TusqPI5E7HciTUGrx-t-MOFRU7aPqnU5qOTswjBx5ZNrMbbd5CjEOi7Z9A-jeadULu3LQISIuelbPCFfnEgMTOGzrM2x-xBTjFQFDpe3rIlcUXYxm5-24ese7WlGS5MU/h120/m507704_91de763_p.jpg">don Carlos</a>, alors âgé de 19 ans,
“d’une nature si colère, qu’il est des plus difficiles à se laisser gouverner.
Il n’écoute personne et ne tient compte de rien… Il estime fort peu aussi le
roi, lequel dissimule et feint de ne pas trop s’apercevoir de ses actions.
Cependant, lorsqu’il lui manifeste son ressentiment, aussitôt </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjUHICpieJvYO1TusqPI5E7HciTUGrx-t-MOFRU7aPqnU5qOTswjBx5ZNrMbbd5CjEOi7Z9A-jeadULu3LQISIuelbPCFfnEgMTOGzrM2x-xBTjFQFDpe3rIlcUXYxm5-24ese7WlGS5MU/s1600/m507704_91de763_p.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjUHICpieJvYO1TusqPI5E7HciTUGrx-t-MOFRU7aPqnU5qOTswjBx5ZNrMbbd5CjEOi7Z9A-jeadULu3LQISIuelbPCFfnEgMTOGzrM2x-xBTjFQFDpe3rIlcUXYxm5-24ese7WlGS5MU/s1600/m507704_91de763_p.jpg" height="320" width="242" /></a></span>Son Altesse se
précipite au lit avec une fièvre ardente, conséquence immédiate de la colère à
laquelle il est sujet”. Le narrateur ajoute qu’“il est cruel. Il porte une
haine particulière à ceux qui le servent et, n’était la crainte du roi, il en
changerait continuellement (de serviteur). Fort peu ont su le prendre et
conquérir sa bonne grâce”. Le jeune prince nous est encore montré “capricieux
de choses singulières : ainsi de se faire faire des vêtements à l’infini,
d’acheter des joyaux sans vouloir qu’ils soient estimés, de faire graver son
portrait dans des rubis et des diamants; puis, a-t-il porté l’anneau huit
jours, il ne se soucie plus de le voir… Il affecte de prendre en dédain toutes
les choses qui plaisent au roi… Le roi l’a fait entrer dans le Conseil d’État,
il l’a accompagné en personne et l’a fait asseoir; mais, à peine assis, le
prince est sorti soudainement”. Les ministres se refusaient-ils à exécuter ses
volontés, il les accablait d’outrages</i>» (Docteur Cabanès. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Op. cit. </i>p. 254-255).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Son aspect physique
devient plus rebutant au fur et à mesure qu’il atteint la majorité :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le représentant de l’Empereur d’Autriche à Madrid, chargé de renseigner
son maître sur son futur gendre, en trace un portrait des moins
flatteurs : “Le prince n’est pas large des épaules, ni d’une grande
taille; l’une de ses épaules est un peu plus haute que l’autre. Sa poitrine
rentre. Il a une petite bosse à la hauteur de l’estomac. Sa jambe gauche est
beaucoup plus longue que la droite, et il se sert moins facilement du côté
droit que du côté gauche. Il a les cuisses assez fortes, mais mal
proportionnées, et il est faible des jambes. Sa voix est grêle et aiguë, il
éprouve de la gêne quand il commence à parler et les mots sortent difficilement
de sa bouche…”</i>» (Docteur Cabanès. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid.
</i>pp. 255-256).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Comme il se doit, dans le
Royaume de Philippe II et à l’âge baroque, le sadique polymorphe cultive
l’extase religieuse :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">En matière de religion, cette exaltation confinait à l’angoisse, au
délire du scrupule. Il n’y avait rien qu’il n’imaginât pour apaiser les
inquiétudes de sa conscience. Voyant s’approcher l’époque du jubilé, il
appréhendait de donner au peuple un mauvais exemple, en s’abstenant de la
communion. Au lieu de prendre une détermination toute simple, en accord avec
ses sentiments religieux, il jugea nécessaire d’assembler un grand nombre de
frères au monastère de Saint-Jérôme, et de leur demander “si, ayant dans l’âme
une haine justifiée d’ailleurs, on pouvait communier. Il lui fut répondu que
non; alors, s’interrogeant de nouveau, il voulut savoir si, du moins, on
pouvait communier avec une hostie non consacrée, pour que le peuple crût qu’on
communiait. Les religieux répondirent encore que non, et que ce serait
commettre un grand sacrilège; et ainsi le prince ne se présenta pas à la
communion”</i>» (Docteur Cabanès. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p.
257).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhzkGymr6FF_hGJ2rgx5sgA5KSIg33lAgxfhz9Q3MVO7gBtPmk1_qnPl_R7xwujoH8T2qCcV5PzFJrNclP3Gd40rMaoX8pZ0_N-BTcvOapO12f-zaixsZGkuk8kvcmcGcwGXGCAgTcFZVQ/s1600/d5282849l.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhzkGymr6FF_hGJ2rgx5sgA5KSIg33lAgxfhz9Q3MVO7gBtPmk1_qnPl_R7xwujoH8T2qCcV5PzFJrNclP3Gd40rMaoX8pZ0_N-BTcvOapO12f-zaixsZGkuk8kvcmcGcwGXGCAgTcFZVQ/s1600/d5282849l.jpg" height="400" width="297" /></a>Goinfre et libidineux,
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhzkGymr6FF_hGJ2rgx5sgA5KSIg33lAgxfhz9Q3MVO7gBtPmk1_qnPl_R7xwujoH8T2qCcV5PzFJrNclP3Gd40rMaoX8pZ0_N-BTcvOapO12f-zaixsZGkuk8kvcmcGcwGXGCAgTcFZVQ/h120/d5282849l.jpg">don Carlos</a> devient toujours plus violent et plus sadique :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Il n’est pas moins de six tentatives de meurtre qui n’aient été
imputées à don Carlos, et la plupart, il faut bien le dire, sur des preuves
irrécusables. On cite de ce prince des traits de brutalité qui sont d’un
extravagant : des petites filles battues par ses ordres, et dont on fut
ensuite obligé d’indemniser les parents; des traitements barbares infligés à
des chevaux.</i></span></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Était-il mécontent d’un de ses serviteurs, il le rouait de coups, ou
menaçait de le jeter par la fenêtre; il osa même frapper du poing un
gentilhomme de la chambre, qui n’avait pas craint de lui présenter des
remontrances parce qu’il écoutait aux portes. Mais voici plus fort. Certain
jour, on lui avait apporté des bottines qu’il trouva trop étroites; son
majordome, qui les avait commandées, était à portée de main, il le souffleta,
puis il sonna le gentilhomme de service. Celui-ci ayant un peu tardé à venir,
l’infant se jeta sur lui quand il se présenta et voulut le précipiter dans les fossés
du château; aux cris, les domestiques accoururent; alors, le prince leur
ordonna de couper en morceaux les bottines du malheureux, de les faire cuire,
et ceci dépasse toute imagination, il voulut contraindre l’infortuné cordonnier
à les manger! “Il les fit mettre en petites pièces et fricasser comme tripes de
bœuf, et les lui fit manger toutes devant lui, en sa chambre, de cette façon”</span></i><span lang="FR-CA">» (Docteur Cabanès. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp.
260-261).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi3dBYZunvkqOezCgMdd6poVu7FLZ8H5Ecitlfy-5GSniGoImhkZpvk9urHCQz7tlvKVmeK4WX9GYPSuh_ZQGlr0neo1XgbyvydPuPbK5OXuqoDlF34dB5vicwPQbrc9f3V7tqLP312XHY/s1600/280px-Diego_Velazquez_-_Infante_Don_Carlos.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi3dBYZunvkqOezCgMdd6poVu7FLZ8H5Ecitlfy-5GSniGoImhkZpvk9urHCQz7tlvKVmeK4WX9GYPSuh_ZQGlr0neo1XgbyvydPuPbK5OXuqoDlF34dB5vicwPQbrc9f3V7tqLP312XHY/s1600/280px-Diego_Velazquez_-_Infante_Don_Carlos.jpg" height="400" width="233" /></a></div>
<span lang="FR-CA">Dans ses moments de
lucidité, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi3dBYZunvkqOezCgMdd6poVu7FLZ8H5Ecitlfy-5GSniGoImhkZpvk9urHCQz7tlvKVmeK4WX9GYPSuh_ZQGlr0neo1XgbyvydPuPbK5OXuqoDlF34dB5vicwPQbrc9f3V7tqLP312XHY/h120/280px-Diego_Velazquez_-_Infante_Don_Carlos.jpg">don Carlos</a> pouvait faire preuve de tendresse, mais il s’amouracha de
sa belle-mère, Élisabeth de Valois l’épouse de son père. Ce drame œdipien fut
doublé de violences incontrôlées sur les grands ducs de la cour. Il menaça le
duc d’Albe d’un poignard et se précipita, l’épée à la main, contre don Juan. Philippe
II comprit qu’il ne pouvait tenir don Carlos pour son successeur. C’est là
qu’il décida de passer à la nécessité qui fait loi :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Dans la nuit du 18 au 19 janvier (1568), entre onze heures et minuit,
exactement, le roi sortait, sans gardes, de son cabinet, vêtu de son costume
ordinaire; il était précédé d’un homme portant un flambeau et suivi de quatre
autres, munis de clous et de marteaux. Dans cet appareil, tous ces personnages
pénétrèrent dans la chambre de don Carlos, dont la porte était entr’ouverte.
Philippe II, avant d’être vu de son fils, qui lui tournait le dos, s’emparait
de l’épée et du poignard, suspendus au chevet du lit sur lequel était étendu
l’infant. Puis, le roi donna l’ordre d’enlever tous les objets de fer ou
d’acier qui se trouvaient dans la pièce, jusqu’aux chenets de la cheminée,
tandis que deux de ses affidés enclouaient toutes les fenêtres; l’héritier de
la monarchie espagnole était désormais prisonnier d’État</i>» (Docteur Cabanès.
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 266).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Devant un tel geste
extraordinaire, toutes les cours d’Europe furent émues. Même Charles VI,
dans ses moments d’égarement, n’eut à subir un tel traitement. D’autre part,
les princes espagnols comprenaient que Philippe ne pouvait faire
autrement : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Comme le disait
Philippe, dans une lettre au roi de Portugal : “J’ai dû préférer le bien
de mes peuples à toutes les autres considérations humaines”. Donc, ce n’est pas
un châtiment qu’a voulu infliger Philippe II à don Carlos, c’est une
claustration définitive, pour éviter les inconvénients qui pouvaient résulter
des troubles mentaux de son fils</i>» (Docteur Cabanès. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 268).</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjGes8tWlzzzoLUZdu-JDqZZc5b7_zSqaRv1QMYw5vTZDv6VqzeU3PQRta3oVRxoHINqY-hxBvLh2glI3TIcCuPGLw0Iv9Ij5GsQkXnmjLIOhxrrpFrhNExOtrZiglfMbSg6hBABA7V5TY/s1600/3pa310.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjGes8tWlzzzoLUZdu-JDqZZc5b7_zSqaRv1QMYw5vTZDv6VqzeU3PQRta3oVRxoHINqY-hxBvLh2glI3TIcCuPGLw0Iv9Ij5GsQkXnmjLIOhxrrpFrhNExOtrZiglfMbSg6hBABA7V5TY/s1600/3pa310.jpg" height="400" width="263" /></a>La <i style="mso-bidi-font-style: normal;">légende noire, </i>qui entache la réputation de Philippe II et qui
fut concoctée dans les officines de Londres et de Amsterdam, amplifie des
ragots cruels à l’égard du roi d’Espagne; elle inspirera le drame poétique de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjGes8tWlzzzoLUZdu-JDqZZc5b7_zSqaRv1QMYw5vTZDv6VqzeU3PQRta3oVRxoHINqY-hxBvLh2glI3TIcCuPGLw0Iv9Ij5GsQkXnmjLIOhxrrpFrhNExOtrZiglfMbSg6hBABA7V5TY/h120/3pa310.jpg">Schiller</a> de même que l'opéra de Verdi. Mais son véritable tort fut de ne pas
aimer son fils ou tout simplement de ne pas avoir participé à son éducation comme un père et un roi auraient dû y participer.
Paolo Tiepolo, autre observateur vénitien, rapporte que :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">…étant enfant, non seulement il mordit, mais encore il mangea les seins
de trois nourrices, qui en moururent. Il ne parla pas avant cinq ans, et le
premier mot qu’il prononça, ce fut “Non”, ce qui ravit son grand-père
Charles-Quint, lequel – en plaisantant – fit remarquer que cette spontanéité
était utile pour renvoyer tous les solliciteurs. En grandissant, il n’a voulu
ni étudier, ni s’adonner aux exercices physiques, mais seulement faire du mal
aux autres : c’est ainsi<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>que,
lorsqu’on lui présente des gens de peu d’importance, il leur fait souffrir le
martyre, et il y en a même un qu’il a voulu châtrer… Il n’aime personne, que
l’on sache, et il déteste un grand nombre de gens… Il est brutal et entêté dans
ses opinions; son élocution est pénible et lente, et il emploie des mots
déformés et tronqués… Il ne comprend rien aux choses du monde</i>» (Cité in O.
Ferrara. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Op. cit. </i>p.126).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjm8ll-wuzia5wFOQumchJ1ovgHF4ojCwjlJY4MXSHc6f-Xz8lw5q8vHA7BT2e1RzMN3F7LdW48jNBSRR7Nhyphenhyphen4cSvhRp-Bl499YSh6BNxcpEVRSWzrapjdX6aq3-BVnjL6UbC65YJ0PJNw/s1600/250px-Tizian_060.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjm8ll-wuzia5wFOQumchJ1ovgHF4ojCwjlJY4MXSHc6f-Xz8lw5q8vHA7BT2e1RzMN3F7LdW48jNBSRR7Nhyphenhyphen4cSvhRp-Bl499YSh6BNxcpEVRSWzrapjdX6aq3-BVnjL6UbC65YJ0PJNw/s1600/250px-Tizian_060.jpg" height="400" width="297" /></a></span>Ceci parut lorsque la
révolte des Pays-Bas protestants força Philippe II à une politique répressive
sans précédent. Don Carlos ne vit là que l’occasion de s’enfuir de l’Espagne
pour s’établir dans les Pays-Bas et y jouer le rôle que le roi son père confia
de préférence au <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjm8ll-wuzia5wFOQumchJ1ovgHF4ojCwjlJY4MXSHc6f-Xz8lw5q8vHA7BT2e1RzMN3F7LdW48jNBSRR7Nhyphenhyphen4cSvhRp-Bl499YSh6BNxcpEVRSWzrapjdX6aq3-BVnjL6UbC65YJ0PJNw/h120/250px-Tizian_060.jpg">duc d’Albe</a>. Les caprices de don Carlos ne touchaient plus que
le domaine privé; ils menaçaient l’ordre politique :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Son comportement devient de plus en plus inquiétant. Il y a d’abord une
affaire obscure sur laquelle nous sommes mal renseignés : pour parer à un
éventuel soulèvement des morisques du royaume de Grenade, Philippe II aurait
décidé de lever une milice de quarante mille hommes; or don Carlos se serait
mis en rapport avec les officiers chargés du recrutement; le roi, informé,
aurait arrêté la mise en place de la milice, de peur de fournir à son fils une
armée qu’il aurait pu retourner contre lui. Plus sérieuse paraît une autre
péripétie. Don Carlos n’a pas renoncé </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhcTJW6A5K7Q3a6ORSJYQ9jWz_4u1yfrAxbqvOaCalEJbGdiMclVw8XXHgwSd97kzVnwDD48S72GI0mBAXGEWgJnnLeO1_pbxTO4tpXZnpNvxGIKcWs4J5WO5cVhkydkoipJ2YkTUy9MWc/s1600/n061p18.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhcTJW6A5K7Q3a6ORSJYQ9jWz_4u1yfrAxbqvOaCalEJbGdiMclVw8XXHgwSd97kzVnwDD48S72GI0mBAXGEWgJnnLeO1_pbxTO4tpXZnpNvxGIKcWs4J5WO5cVhkydkoipJ2YkTUy9MWc/s1600/n061p18.jpg" height="320" width="260" /></a>à partir pour les Pays-Bas. On lui prête
même l’intention de prendre la tête des rebelles qui, selon lui, auraient des
raisons de se plaindre de Philippe II. Il écrit aux Grands pour leur demander
de l’argent afin de l’aider à quitter l’Espagne et à se rendre en Allemagne
épouser sa cousine Anne. Deux jours avant la Noël 1567, cherchant à mettre ce
plan à exécution, don Carlos prie don Juan d’Autriche de lui trouver un bateau.
Naturellement, don Juan se rend immédiatement à l’Escorial pour informer le
roi… C’est alors que Philippe II prend la décision d’agir à la fois dans
l’intérêt du prince et pour le salut public. Il consulte des juristes et des
théologiens : Gallo, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhcTJW6A5K7Q3a6ORSJYQ9jWz_4u1yfrAxbqvOaCalEJbGdiMclVw8XXHgwSd97kzVnwDD48S72GI0mBAXGEWgJnnLeO1_pbxTO4tpXZnpNvxGIKcWs4J5WO5cVhkydkoipJ2YkTUy9MWc/h120/n061p18.jpg">Melchor Cano</a>, le docteur navarrais, Martin de
Azpilcueta …Les avis sont formels : le désaccord entre le roi et son fils
représente une menace grave; on ne peut prendre le risque de créer des
divisions dans le royaume; il faut donc empêcher le prince de quitter l’Espagne</i>»
(J. Pérez. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’Espagne de Philippe II, </i>Paris,
Fayard, 1999, pp. 290-291)</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Ceci permet de comprendre
l’intérêt que portait Philippe II aux papiers que l’on pouvait saisir dans les
appartements de don Carlos. La paranoïa du complot nourrit toujours
l’arrière-pensée des princes et des rois. Le silence entourant le sort de don
Carlos servira plus tard à édifier la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">légende
noire :</i></span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">On affirme que le prince est dans les fers, qu’il a essayé à plusieurs
reprises de se suicider, qu’il est protestant, qu’il a comploté de tuer le roi.
On dit qu’il est fou furieux, ou que c’est un martyr qui souffre injustement.
Ses gardiens lui imposent un régime étrange. Il est tantôt gavé de nourriture,
tantôt soumis à un jeûne sévère. Ils l’exposent </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj6okzOUTQSsuxCBKVsKfIR3qQJBG86C5tjvZZmsa0J5cnap0FMAmFGXp68OAR1Dwg-R8lze-NxZHydvTIAfZMFR3PCUA4hfxriA8UFZbqMur_fizVeW0gcmzlHV2FFjJCYS-c7YIaLIIM/s1600/Rui_3.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj6okzOUTQSsuxCBKVsKfIR3qQJBG86C5tjvZZmsa0J5cnap0FMAmFGXp68OAR1Dwg-R8lze-NxZHydvTIAfZMFR3PCUA4hfxriA8UFZbqMur_fizVeW0gcmzlHV2FFjJCYS-c7YIaLIIM/s1600/Rui_3.jpg" height="176" width="200" /></a>alternativement au froid et à
la chaleur. C’est du moins ce qu’on imagine. Philippe, en tout cas, fait
instruire un procès de trahison dont il confie la direction à <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj6okzOUTQSsuxCBKVsKfIR3qQJBG86C5tjvZZmsa0J5cnap0FMAmFGXp68OAR1Dwg-R8lze-NxZHydvTIAfZMFR3PCUA4hfxriA8UFZbqMur_fizVeW0gcmzlHV2FFjJCYS-c7YIaLIIM/h120/Rui_3.jpg">Ruy Gómez</a>, mais
cette instruction est peut-être le seul document d’État du règne de Philippe II
qui ne soit pas conservé au château fort de Simancas, où le roi fait déposer
ses archives</i>» (I. Cloulas. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Philippe
II, </i>Paris, Fayard, 1992, p. 243).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Quoi qu’il en soit,
Philippe II se conduit maintenant comme s’il n’avait jamais eu de fils. En tous
cas, il n’a plus d’héritier mâle. Il aura fallut attendre six mois avant que le
sort de don Carlos soit scellé. </span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Don Carlos meurt le 24 juillet 1568 à l’alcazar de Madrid. A-t-il été
assassiné? Rien ne permet de l’affirmer. Notre source principale est un témoin
qu’on ne saurait récuser : l’ambassadeur de France Fourquevaulx; il n’a
aucune raison de ménager l’Espagne et Philippe II; ses rapports sont
confidentiels; il peut s’exprimer librement et éventuellement faire état de
rumeurs. Or, à aucun moment Fourquevaulx ne laisse entendre que don Carlos a
été exécuté ou assassiné; celui-ci aurait provoqué lui-même sa mort par ses
habitudes alimentaires. Depuis quelque temps, le prince faisait une sorte de
grève de la </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEicA_Q-o1_hdWYmuQJY5iw0vt8ugy6M9iZBstlajBNZ3kcwm4YUrmUr-ZMkBeTf8EbSxscVALbXWsfqckPtZhhjIcpwxWLm0ipDktu-pq3Qjh-GkKFnsT8V8D_cHqltS7QG4ZND5yjEIvw/s1600/historia-de-felipe-ii-rey-de-espana.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEicA_Q-o1_hdWYmuQJY5iw0vt8ugy6M9iZBstlajBNZ3kcwm4YUrmUr-ZMkBeTf8EbSxscVALbXWsfqckPtZhhjIcpwxWLm0ipDktu-pq3Qjh-GkKFnsT8V8D_cHqltS7QG4ZND5yjEIvw/s1600/historia-de-felipe-ii-rey-de-espana.jpg" height="400" width="258" /></a>faim; pendant trois ou quatre jours, il cessait de s’alimenter,
puis se mettait à manger comme un ogre. En même temps, il absorbait des
quantités d’eau glacée. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi0XwPuK6SqoVN37dAoXIbN1gVTy4YpxjDrId3J2OKy_E7tp9ZV5bAcij_qM4WP06ycKaY9L-CAVrODqEiaSz21Riwjxgaf1edkwAQcbeYCAda5kItBRIn_WTt46V-T4JudvHeaAOKV1Bw/h120/historia-de-felipe-ii-rey-de-espana.jpg">Cabrera de Córdoba</a> ajoute que le prince se roulait tout
nu sur les carreaux de sa chambre, puis se couchait dans des draps imbibés d’eau
glacée. Ces scènes se passaient à Madrid, au mois de juillet, en pleine
canicule… Vers le 15 juillet, don Carlos commence une nouvelle grève de la
faim; il ne mange plus que des prunes crues, tout en continuant à boire glacé.
Telle serait, selon l’ambassadeur de France, la cause de sa mort, version
confirmée par Cabrera de Córdoba : pareil régime aurait provoqué de la
fièvre, des vomissements, de la diarrhée. Les médecins le purgent, mais sans
grand effet. On avertit le roi qui se rend aussitôt auprès de son fils, mais
sans se laisser voir de peur d’exciter sa colère; il lui donne discrètement sa
bénédiction avant de se retirer. Cabrera de Córdoba évoque, dans une formule
saisissante, ce qu’ont dû être les sentiments de Philippe II quand il a su que
son fils allait mourir : la douleur du père, le soulagement du roi
apprenant que don Carlos ne ferait plus courir de danger à la monarchie… Le
prince a le temps de faire son testament et de recevoir les derniers
sacrements. Il meurt le 24 juillet, à quatre heures du matin</i>» (J. Pérez. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Op. cit. </i>p.p. 292-293).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Fourquevaulx spécifie
qu’«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">on l’a fait confesser, doutant qu’il
meure de faiblesse, car d’autre mal n’a; il n’y a point de fièvre. Le roi son
père en est bien marri, car, s’il mourait, le monde en parlerait diversement. S’il
vit, j’entends qu’on lui prépare le château d’Arevalos pour y loger au large en
sûreté</i>», et il prie Catherine de Médicis de faire célébrer solennellement
les obsèques de don Carlos. (I. Cloulas. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Op.
cit. </i>1992, pp. 248-249).</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Les preuves de l’assassinat
de don Carlos, si elles existent, sont restées introuvables. D’autre part,
certains traitements, dont celui des douches glacées, ressemblent à ce qu’on
utilisait pour «soigner» ceux que la déraison égarait. Quoi qu’il en soit, les
grèves de la faim suivit de boulimies sont en ligne directe avec le
comportement de l’infant dans sa prime jeunesse. Mais, doit-on écarter tous
soupçons inconscients de la part de Philippe II? <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgYFmtyVCcDsKeV9b610rt5_1GK6eLYV2XHPk268rwF8HDzHOIuGsCacwL-Bb62NKikVWfKDeLnp7h3_V3K5E72xztotZWBanu4g39RvTVcLPi62RZXKYgBMyrnk2q96p8dkaGzIsFHvss/h120/4810_1.jpg">Orestes Ferrara</a> nous éclaire
sur ce point :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">La détention fut rendue de jour en jour plus sévère. La Maison du
Prince fut totalement dissoute. Don Carlos dut abandonner jusqu’aux murs entre
lesquels il avait habité : une tour lui fut donnée comme unique résidence.
L’ambassadeur Cavalli, dans ses dépêches à la Sérénissime, donne les nouvelles les
plus précises sur le prisonnier : l’amélioration de </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">sa santé à un certain moment,
sa grève de la faim, pour laquelle Philippe II déclina toute responsabilité en
ces termes : `Quand il aura faim, il mangera”. Le Roi alla jusqu’à établir
un formulaire pour un Prince en disgrâce, en fixant la façon dont il devait être
servi. Puis il l’autorisa à se confesser et à communier, ce que don Carlos fit
avec beaucoup de soin et de foi, ce pendant que le père expliquait que cette
autorisation ne </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgYFmtyVCcDsKeV9b610rt5_1GK6eLYV2XHPk268rwF8HDzHOIuGsCacwL-Bb62NKikVWfKDeLnp7h3_V3K5E72xztotZWBanu4g39RvTVcLPi62RZXKYgBMyrnk2q96p8dkaGzIsFHvss/s1600/4810_1.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgYFmtyVCcDsKeV9b610rt5_1GK6eLYV2XHPk268rwF8HDzHOIuGsCacwL-Bb62NKikVWfKDeLnp7h3_V3K5E72xztotZWBanu4g39RvTVcLPi62RZXKYgBMyrnk2q96p8dkaGzIsFHvss/s1600/4810_1.jpg" height="400" width="256" /></a></i></span>signifiait pas qu’on le considérât comme jouissant de toutes
ses facultés. De temps en temps, l’incertitude désespérait le prisonnier. À un
certain moment, il tenta de se suicider en avalant un diamant, mais sans y
réussir. Il expulsa la pierre… Ainsi le temps passait.</i></span></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Le 15 juillet, après avoir mangé abondamment, - selon la version
officielle, - le Prince ne se sentit pas bien. Le repas pantagruélique,
ajoute-t-on, s’était terminé par un pâté de quatre perdrix fort épicé; après
quoi il avait bu de l’eau froide en abondance. Une indigestion s’ensuivit, avec
vomissements et violentes coliques, sans que le médecin pût agir, en raison de l’opposition
du malade, qui refusa tous les médicaments. Cette même version consigne d’autre
part que don Carlos était, depuis peu, devenu plus sain d’esprit; en effet, l’Ambassadeur
Cavalli eut la phrase la plus pathétique pour décrire cette heure : “Le
bon sens qui lui avait manqué pendant la vie, Dieu notre Seigneur le lui
octroya à la fin en surabondance”. Il se confessa et dicta un nouveau testament.
Mais il fut condamné par les médecins, et cela cinq jours après être tombé
malade et huit jours avant sa mort. Il mourut le 28 juillet; voici la version
de sa fin : le jeune moribond avait demandé quelques heures de vie encore,
pour pouvoir fêter le jour de Saint-Jacques, et le Tout-Puissant (toujours
selon la version officielle) les lui accorda. Finalement, il put achever son
existence avec sérénité, en prononçant la phrase de Charles Quint : “Il
est temps, mon Père, aidez-moi!”</span></i><span lang="FR-CA">» (O. Ferrara. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Op. cit. </i>pp. 136-137).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Philippe II, qui s'est toujours montré d'une égale fidélité à l'esprit, sinon à la lettre, de Machiavel, saisissait parfaitement que non seulement son fils n'était pas en mesure de lui succéder, mais son comportement même devenait un danger pour l'intégrité de son État. La succession devenait plus importante que la filiation du successeur. Il avait des filles pour lui succéder - il n'y a pas d'équivalent à la loi salique en Espagne - et le roi pouvait espérer encore avoir un fils pour la primogéniture. Devant les menaces et les dangers qui pouvaient viser l'Espagne, Philippe faisait surtout confiance en lui-même.</span><br />
<br />
<span lang="FR-CA">Les historiens de la
droite traditionaliste, inspirés de la pensée de Bainville, savent que les régences
sont des moments de faiblesses dans la succession au trône; pour les historiens
de gauche, elles sont des occasions pour laisser les éruptions populaires se
manifester. L’immaturité ou la jeunesse du roi laissent aux John Ball et </span><span lang="FR-CA">Wat
Tyler, aux jacqueries, aux frondes, aux partis de protestants et de
catholiques, la voie large ouverte pour faire avancer leurs intérêts de
groupes. La réaction devient automatique : la répression. Celles qui marquèrent
aussi bien le règne de Richard II que celui de Charles IX. La faiblesse des
rois conduit à la mauvaise éducation de leurs propres fils et agace les dents
de leurs petits-fils. À des saint Louis, Edward III, Charles V, François Ier et
Charles-Quint, on trouve, deux générations plus tard, les trois fils de
Philippe le Bel – les </span><span lang="FR-CA"><i><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj5NGFpTQea5I-FB2ZBqYGyUnrAaWTQDgRIScyE3LgJukZIlTVV2y7DQ9QuX5adnJf6UMsPzQtffDKWxFSDenr4wetiSB8Fw5aqAYyvj4Q2WsQ46rclJEwoM0PDpPs_ooJrB4lQzbNZMS0/s1600/2007-04-03_buddenbrooks.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj5NGFpTQea5I-FB2ZBqYGyUnrAaWTQDgRIScyE3LgJukZIlTVV2y7DQ9QuX5adnJf6UMsPzQtffDKWxFSDenr4wetiSB8Fw5aqAYyvj4Q2WsQ46rclJEwoM0PDpPs_ooJrB4lQzbNZMS0/s1600/2007-04-03_buddenbrooks.jpg" height="400" width="283" /></a></span>rois maudits</i> – qui signifieront la fin de la dynastie des
Capétiens directs; la fin des Plantagenêts avec la mort de Richard II; la fin
des Valois avec les trois fils de Henri II et de Catherine de Médicis; avec le
danger de la dynastie des Habsbourg, passagèrement sans héritier mâle sur le trône d'Espagne. Des
princes forts peuvent engendrer des princes forts ou faibles, mais s’ils
engendrent des princes faibles, la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj5NGFpTQea5I-FB2ZBqYGyUnrAaWTQDgRIScyE3LgJukZIlTVV2y7DQ9QuX5adnJf6UMsPzQtffDKWxFSDenr4wetiSB8Fw5aqAYyvj4Q2WsQ46rclJEwoM0PDpPs_ooJrB4lQzbNZMS0/h120/2007-04-03_buddenbrooks.jpg">dégénérescence</a> de la dynastie est embrayée vers
sa fin historique. Là est le drame de l’État, là repose également l’espérance
des peuples et du progrès de la civilisation. Aux âmes mal nées, l'incompétence n'attend point le nombre des années</span><span lang="FR-CA" style="font-family: "Hoefler Text Ornaments";">⌛</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<br /></div>
<div align="right" class="MsoNormal" style="mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: right;">
<span lang="FR-CA">Montréal</span></div>
<div align="right" class="MsoNormal" style="mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: right;">
<span lang="FR-CA">12 octobre 2014</span><span lang="FR-CA" style="font-family: "Hoefler Text Ornaments";"></span></div>
</div>
Coupalhttp://www.blogger.com/profile/14839226309394850656noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8942859135376014620.post-62150590082150332912014-10-05T23:21:00.001-04:002014-10-06T02:21:10.036-04:00Négligences<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div style="text-align: justify;">
<!--[if gte mso 9]><xml>
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</div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiBgl-Ci9xI2mGzMlISDuuqEL29sHzUOSVkUV_0rsn-enmPWR1jRw7egCGvOk8H9B_nK-SLL0Aqn-V1iaCgKzEEtJzcEw47k4j3xEre3qHEu0s95D2_j1s0D8lDd16Z1eZnZQ6IyHVtioU/s1600/Pelee_1902_3.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiBgl-Ci9xI2mGzMlISDuuqEL29sHzUOSVkUV_0rsn-enmPWR1jRw7egCGvOk8H9B_nK-SLL0Aqn-V1iaCgKzEEtJzcEw47k4j3xEre3qHEu0s95D2_j1s0D8lDd16Z1eZnZQ6IyHVtioU/s1600/Pelee_1902_3.jpg" height="400" width="340" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Jeune Martiniquais regardant les ruines de Saint-Pierre, 1902</td></tr>
</tbody></table>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span lang="FR-CA" style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;">NÉGLIGENCES</span></b><br />
<br />
<div style="text-align: right;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span lang="FR-CA" style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;">À ma Clarissa</span></b></div>
<div style="text-align: right;">
<span style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span lang="FR-CA" style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span style="font-size: small;">Ma petite chatte si douce et si aimante</span></span></span></div>
<div style="text-align: right;">
<span style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span lang="FR-CA" style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span style="font-size: small;">Pour échapper au Purgatoire et</span></span></span></div>
<div style="text-align: right;">
<span style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span lang="FR-CA" style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span style="font-size: small;"><span style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span lang="FR-CA" style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span style="font-size: small;">Se retrouver </span></span></span>au Paradis des chats,</span></span></span></div>
<div style="text-align: right;">
<span style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span lang="FR-CA" style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span style="font-size: small;">Sous le grand arbre d'Angelopoulos.</span></span></span><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span lang="FR-CA" style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"> </span></b></div>
</div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span lang="FR-CA" style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><br /></span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Les petites négligences entraînent parfois de grandes catastrophes.
Et les plus grandes, des catastrophes encore plus énormes. Jumelées à la
violence, elles drainent des flots de cadavres vers les trois mondes
d’outre-tombe. C’est ainsi que l’Anté-Purgatoire de Dante est approvisionné
durant deux chants par des figures peu allumées. Tous ces noms, aujourd’hui oubliés, témoignaient pour le
poète de la bêtise de son temps. Il y entend, tour à tour, les plaintes de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjVWzEFrhtMiFMkHzPmdyyffYBjg0BLwHgc05xIiH_X52Z0Kg7qTDE_Tpyt80guomSux9WHF5Q8JKayycoTUQwnP-49nLASsUwMgrhoGbpfBmSyuNHljqD6w2hPoq0l74WP-c1t_m7yQyc/h120/67013.jpg">Jacopo del Cassero</a> (1260-1298) de Fano, implacable ennemi d’Azzon III d’Este, marquis de Ferrare.
Ce dernier ayant essayé d’obtenir la seigneurie de Bologne à l’aide de
largesses et de belles paroles, les Bolonais</span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA">, craignant un gouvernement tyrannique,</span> prirent peur et chassèrent ses
émissaires. Ils lui préférèrent Jacopo
del Cassero comme podestat. Celui-ci, pour mieux </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjVWzEFrhtMiFMkHzPmdyyffYBjg0BLwHgc05xIiH_X52Z0Kg7qTDE_Tpyt80guomSux9WHF5Q8JKayycoTUQwnP-49nLASsUwMgrhoGbpfBmSyuNHljqD6w2hPoq0l74WP-c1t_m7yQyc/s1600/67013.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjVWzEFrhtMiFMkHzPmdyyffYBjg0BLwHgc05xIiH_X52Z0Kg7qTDE_Tpyt80guomSux9WHF5Q8JKayycoTUQwnP-49nLASsUwMgrhoGbpfBmSyuNHljqD6w2hPoq0l74WP-c1t_m7yQyc/s1600/67013.jpg" height="257" width="400" /></a>torpiller les projets du
seigneur de Ferrare, répandit contre lui les accu-</span><br />
<span lang="FR-CA">sations les plus ou-</span><br />
<span lang="FR-CA">tragean-</span><br />
<span lang="FR-CA">tes.
Le temps de sa magis-</span><br />
<span lang="FR-CA">trature étant expiré, del Cassero fut mandé à Milan par
Maffeo Visconti pour y remplir d’identiques fonctions. C’est lorsqu’il se
rendait dans cette ville, passant à Oriaco, entre Venise et Padoue, qu’il fut
assailli et tué par les sicaires d’Azzon. C’est ainsi que Portirelli nous
livre l’histoire du podestat. On raconte qu’en s’enfuyant, del Cassero
se serait embarrassé les pieds dans les boues et les joncs d’un marais où il avait cherché
un refuge, devenant ainsi une proie facile pour ses poursuivants. Il est certain que la stratégie de Cassero lui valut une haine
indéfectible de la part d’Azzon III et que sa mort gratuite et violente en fut le résultat. Répandre inutilement du mal sur un ennemi n’est pas
le meilleur moyen de se faire apprécier, et les campagnes négatives dont nous
sommes témoins aujourd’hui lors de scrutins démocratiques n’aident pas à faire
apprécier la qualité de jugement des électeurs qui y adhèrent.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Une autre est la femme de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhsiDwb4iw5xSwHpPV5ZcrBzGkehalT6KpgR4L2KhyHC83tZzMO3tSBzzUb5B9jqboX-eefn9rwWo9UO63E8lMNR3YJx8JbhkmGv2yU6UWUSzI3yq6__KMxpV6klI18xFfpxkO50OF7d2k/h120/cache-cache_194d8721736f745d388d69d112de08bc_335976a0d8c637a78e3aaedf3a6e0987.jpg">Nello della Pietra</a>, de la famille des
Tolomei. On raconte qu’un jour d’été, dans la Maremme, elle était à la fenêtre.
Un homme de la maison la saisit par les jambes et la précipita dans la rue, sur
l’ordre de son mari qui la soupçonnait d’adultère. Elle se présente à Dante
sous le nom de la Pia. </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhsiDwb4iw5xSwHpPV5ZcrBzGkehalT6KpgR4L2KhyHC83tZzMO3tSBzzUb5B9jqboX-eefn9rwWo9UO63E8lMNR3YJx8JbhkmGv2yU6UWUSzI3yq6__KMxpV6klI18xFfpxkO50OF7d2k/s1600/cache-cache_194d8721736f745d388d69d112de08bc_335976a0d8c637a78e3aaedf3a6e0987.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhsiDwb4iw5xSwHpPV5ZcrBzGkehalT6KpgR4L2KhyHC83tZzMO3tSBzzUb5B9jqboX-eefn9rwWo9UO63E8lMNR3YJx8JbhkmGv2yU6UWUSzI3yq6__KMxpV6klI18xFfpxkO50OF7d2k/s1600/cache-cache_194d8721736f745d388d69d112de08bc_335976a0d8c637a78e3aaedf3a6e0987.jpg" height="400" width="293" /></a>L’historien Tomassi a voulu discréditer la légende en
affirmant, dans son <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Histoire de Sienne, </i>que
le comte Nello, son époux, ne se porta contre elle à un tel excès que pour
satisfaire son désir de passer à de secondes noces en épousant la comtesse
Marguerite de Santa Fiora, jeune et riche. Néanmoins, une autre version, la
plus accréditée peut-être parce qu’elle est la plus odieuse, la Pia,
coupable envers son mari, aurait été surprise et emmenée par lui dans la
Maremme. Alors livrée à l’action lente, mais certaine de cet air pestilentiel,
elle aurait expié, par une longue agonie suivie de la mort, l’outrage fait à un
époux respectable. Ce supplice atroce, commis avec un tel sang-froid, n’est
pourtant pas repris par tous. Bref, le Dante nous laisse dans l’incertitude,
sinon que la Pia fut bien tuée par son époux. Adultère ou convoitise de la part
de l’une ou de l’autre? le résultat est le même. Les uns n’existent que dans la
mesure où ils sont utiles pour les caprices des autres.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Une autre âme en peine du Purgatoire est Benicasa d’Arezzo,
jurisconsulte. Étant vicaire du podestat de Sienne, il fit mourir Tacco, frère
de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgZSVYyaYxmVig4dFp3XrviqiUX2OsNA1AGa6q6fws9L-vKSgY6_rxfh20yUChqdw_YfxqKG_c07lntgX341TpeUXKDhtlK8ZV-Q9rqyPkms7KlVzBA595e44gECRNPMqO34w-rD3NdC9o/h120/stam130106.gif">Ghino Tacco</a> et Turino de Turrita, son neveu, pour avoir chapardé dans les
rues. Pour le venger, Ghino, qui était également voleur de grands chemins, vint
à Rome où Benincasa était </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgZSVYyaYxmVig4dFp3XrviqiUX2OsNA1AGa6q6fws9L-vKSgY6_rxfh20yUChqdw_YfxqKG_c07lntgX341TpeUXKDhtlK8ZV-Q9rqyPkms7KlVzBA595e44gECRNPMqO34w-rD3NdC9o/s1600/stam130106.gif" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgZSVYyaYxmVig4dFp3XrviqiUX2OsNA1AGa6q6fws9L-vKSgY6_rxfh20yUChqdw_YfxqKG_c07lntgX341TpeUXKDhtlK8ZV-Q9rqyPkms7KlVzBA595e44gECRNPMqO34w-rD3NdC9o/s1600/stam130106.gif" height="388" width="400" /></a>auditeur de rote et le tua sur son siège même, lui
coupant la tête qu’il emporta hors de Rome en s’enfu-</span><br />
<span lang="FR-CA">yant : «<i>C’estoit, dit
Grangier, un grand voleur, mais libéral tout outre, si bien qu’il ne desroboit
à autre intention que pour donner aux uns et aux autres; n’ayant jamais tué ou
permis que l’on tuast un prisonnier qui venoit entre ses mains, mais vouloit
qu’eux-mesmes se missent à rançon, et puys leur en rendoit une bonne partie; ce
qu’entendant le pape Boniface, le fit venir à Romme, et l’honora du titre de
chevalier, lui donnant moyen de vivre honorablement suivant sa qualité</i>». Ce
fait servit de précédent pour ses successeurs, car on a vu des bandits
célèbres, achetés par le gouvernement trop faible pour les punir, être parfois
chargés de la police des chemins où ils avaient exercé leurs brigandages. On a
qu’à penser à Vidocq, ancien bandit recruté sous la Restauration comme chef de
police.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjZ6ly5dxkLU394ISiRNbGqRQROTOgb_0FWF39ueEycbiVu43H4PvpeDB774N219gdOh89KKG0olvVhdmh7a_v2SOGRST9VIqP8dcnLbtKmthdIsIWzUF0TMkOnTwrJc5l6XBMYqPsZPOw/s1600/balzo2.gif" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjZ6ly5dxkLU394ISiRNbGqRQROTOgb_0FWF39ueEycbiVu43H4PvpeDB774N219gdOh89KKG0olvVhdmh7a_v2SOGRST9VIqP8dcnLbtKmthdIsIWzUF0TMkOnTwrJc5l6XBMYqPsZPOw/s1600/balzo2.gif" height="320" width="320" /></a>Ce type de meurtre sanglant et vindicatif alterne, parmi <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjZ6ly5dxkLU394ISiRNbGqRQROTOgb_0FWF39ueEycbiVu43H4PvpeDB774N219gdOh89KKG0olvVhdmh7a_v2SOGRST9VIqP8dcnLbtKmthdIsIWzUF0TMkOnTwrJc5l6XBMYqPsZPOw/h120/balzo2.gif">ceux</a> qui entourent Dante, avec des actes de
violence où la passion conduit de manière burlesque à des destins tragiques.
Voici Cione ou Ciacco de’ Tarlati, d’une famille noble et puissante d’Arezzo.
En poursuivant les Bostoli, ses ennemis, son cheval l’emporta dans l’Arno où il
se noya. J’ignore si le vocable «tarla, ou tarlais» pour désigner un maladroit
ne viendrait pas de ce Cione de’ Tarlati! Puis, c’est au tour de Frederigo
Novello, fils du comte Guiddode Battifolle. Il aurait été tué traitreusement,
selon Volpi, par un de la famille Bostoli, surnommé <i style="mso-bidi-font-style: normal;">il Fornainolo, </i>le Boulanger.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Et le cortège continue de défiler. Voici Farinata degli Scoringiani
de Pise, fils de Mazzucco, qui donna une leçon de grandeur d’âme en ce que ce
dernier fit vœu d’entrer dans un couvent, après avoir assisté avec les </span><span lang="FR-CA">autres
religieux aux funérailles de son fils. Il aurait été jusqu’à baiser la main de
l’assassin. On prétend également qu’il fit un discours pour exhorter ses
parents et ses concitoyens au pardon mutuel des injures. Ce </span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj09D6whP-wS5fyrI9VtKF2vhVMtF5FIpoKVstpisQYLVZgL4x9nI0Wbuk21HyRfuTKlCgJ6XucGhWUvo6v_1M1ZnVRhHBKr4XOctZWKJFLwZ2B4XpDsKnc8O08yAqy7Sj8qGPIVe2yR6Y/s1600/Museo_collegiata_(26).JPG" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj09D6whP-wS5fyrI9VtKF2vhVMtF5FIpoKVstpisQYLVZgL4x9nI0Wbuk21HyRfuTKlCgJ6XucGhWUvo6v_1M1ZnVRhHBKr4XOctZWKJFLwZ2B4XpDsKnc8O08yAqy7Sj8qGPIVe2yR6Y/s1600/Museo_collegiata_(26).JPG" height="266" width="400" /></a></span>haut niveau de
compor-</span><br />
<span lang="FR-CA">tement, au stade de Kohlberg, était peu courant à une époque où la loi du
talion pré-</span><br />
<span lang="FR-CA">dominait et la vendetta la façon la plus courante de résoudre les
conflits entre familles. Puis vient le comte Orso. On disait d’Orso qu’il
était de la famille des Alberti et qu’il fut tué en trahison par les siens.
D’autres, au contraire, prétendent qu’il ait été fils du comte Napoléone de
Carbaïa, et disent qu’il fut tué par son oncle, le comte <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj09D6whP-wS5fyrI9VtKF2vhVMtF5FIpoKVstpisQYLVZgL4x9nI0Wbuk21HyRfuTKlCgJ6XucGhWUvo6v_1M1ZnVRhHBKr4XOctZWKJFLwZ2B4XpDsKnc8O08yAqy7Sj8qGPIVe2yR6Y/h120/Museo_collegiata_(26).JPG">Alberto de Mangona</a>.
Tous ces noms n’ont cessé d’intriguer les enquêteurs de la petite histoire
italienne tant elle foisonne de noms et de crimes locaux sordides.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Notons pour terminer ce florilège, le nom de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiVH33iygCgSHewQoFAWRP3NiLLW2sXFb3fCdLKJDKgrqD1nH-duywUTAKZ87oZlNU3PSmUTB6MFnHts5JpRNeQbgwDPnQxxF7jFh-BMw5nf35Q-1DvyIQXMJvBwSyEUXXYKGxBN7Fs_fU/h120/220px-Pierre_de_la_Brosse.jpg">Pierre de La Brosse</a> (±
1230), d’abord barbier (d’où son nom) du roi Louis IX (saint Louis), puis
chambellan et favori de Philippe le Hardi. Il fut accusé par Marie de Brabant,
seconde épouse de Philippe, d’avoir voulu la séduire, et sur cette accusation,
condamné à être <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiVH33iygCgSHewQoFAWRP3NiLLW2sXFb3fCdLKJDKgrqD1nH-duywUTAKZ87oZlNU3PSmUTB6MFnHts5JpRNeQbgwDPnQxxF7jFh-BMw5nf35Q-1DvyIQXMJvBwSyEUXXYKGxBN7Fs_fU/h120/220px-Pierre_de_la_Brosse.jpg">pendu</a> (30 juin 1278). Le fait de séduction n’est pas prouvé, mais
la haute fortune de la Brosse devait exciter </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiVH33iygCgSHewQoFAWRP3NiLLW2sXFb3fCdLKJDKgrqD1nH-duywUTAKZ87oZlNU3PSmUTB6MFnHts5JpRNeQbgwDPnQxxF7jFh-BMw5nf35Q-1DvyIQXMJvBwSyEUXXYKGxBN7Fs_fU/s1600/220px-Pierre_de_la_Brosse.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiVH33iygCgSHewQoFAWRP3NiLLW2sXFb3fCdLKJDKgrqD1nH-duywUTAKZ87oZlNU3PSmUTB6MFnHts5JpRNeQbgwDPnQxxF7jFh-BMw5nf35Q-1DvyIQXMJvBwSyEUXXYKGxBN7Fs_fU/s1600/220px-Pierre_de_la_Brosse.jpg" height="400" width="376" /></a>l’envie. De plus, n’avait-il pas
accusé lui-même la reine, sans preuves, d’avoir empoisonné le prince Louis,
l’aîné des enfants royaux du premier mariage? La reine Marie n’avait donc fait
qu’user de représailles. Selon Achille Jubinal, Pierre de La Brosse n’aurait
pas la basse extraction qu’on lui aurait attribué. Ses ancêtres auraient pris
leur nom d’un lieu noble en Touraine, appelé <i style="mso-bidi-font-style: normal;">la Broce, </i>et lui-même, loin d’avoir été le barbier de saint Louis,
était intitulé dans une ordonnance du roi, rendue en 1248, «escuyer ou officier
domestique en la maison royale». Après avoir épousé Philippa de Saint-Venant,
il reçut du roi la châtellenie de Nogent-le-Roi; puis le monarque le nomma
chambellan, charge dans laquelle il fut confirmé par Philippe le Hardi. On
terminera ce tour d’horizon avec<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>cette <i style="mso-bidi-font-style: normal;">âme lombarde </i>qui se nommerait Sordel ou
Sordello. Né à Mantoue (qui n’est pas en Lombardie pourtant), nous ne savons
</span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj2cYmu9RL3As4UlIvLRvyhYTsarG1LFG-HogMgi9_2zL7bozpJ0SfxW3n9r4acPCqqldPVYM93JCZsdglA_ma8lgUzDGXi3MKgwuyEtHfvvS-s9pru7RgLYlyDWQ4PffBdu5OEDILtfjg/s1600/0207sordello.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj2cYmu9RL3As4UlIvLRvyhYTsarG1LFG-HogMgi9_2zL7bozpJ0SfxW3n9r4acPCqqldPVYM93JCZsdglA_ma8lgUzDGXi3MKgwuyEtHfvvS-s9pru7RgLYlyDWQ4PffBdu5OEDILtfjg/s1600/0207sordello.jpg" height="400" width="302" /></a>pratiquement rien de lui. On soupçonne qu’il fut gibelin et bien considéré de
son parti. De génération en génération, les historiens, les auteurs de recueils
d’anecdotes ou de chants ont galvaudé une vie de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj2cYmu9RL3As4UlIvLRvyhYTsarG1LFG-HogMgi9_2zL7bozpJ0SfxW3n9r4acPCqqldPVYM93JCZsdglA_ma8lgUzDGXi3MKgwuyEtHfvvS-s9pru7RgLYlyDWQ4PffBdu5OEDILtfjg/h120/0207sordello.jpg">Sordello</a>. Ce qui reste de
certain à travers ce fatras, c’est qu’il a été un des troubadours italiens qui se
sont le plus illustrés dans la langue et dans la poésie des Provençaux. Son
chant élégiaque sur la mort de Blacas, chevalier également renommé comme preux
et comme troubadour, indique qu’il florissait au commencement du règne de saint
Louis, c’est-à-dire à l’époque où la littérature du midi brillait de tout son
éclat. On n’hésita pas à lui associer des faits merveilleux et qui rendait
encore moins crédible ce qu’on racontait sur son compte. Sa rencontre au
Purgatoire par le Dante est celle d’un poète avec un autre poète après un
cortège d’hommes militaires et de princes fous ou assassins.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">À travers toutes ces anecdotes, un peu déjà à la manière de
Machiavel, Dante nous montre les différentes </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhn4UqiGBDlgfc1mSUy5DdP2rRtyRBRJ7DDPsD4P6dD1chQ_OhcoGKOE8OhY_vADuOjFdIc4uFzY34I0ZAjbuK_lwg_5EOtjEleKZHtvb1i7hIdvMTDl7rW13qaMm_bGW_L1okTfKMtjM4/s1600/D-Dante-Alighieri.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhn4UqiGBDlgfc1mSUy5DdP2rRtyRBRJ7DDPsD4P6dD1chQ_OhcoGKOE8OhY_vADuOjFdIc4uFzY34I0ZAjbuK_lwg_5EOtjEleKZHtvb1i7hIdvMTDl7rW13qaMm_bGW_L1okTfKMtjM4/s1600/D-Dante-Alighieri.jpg" height="400" width="283" /></a>négligences qui conduisent à des
morts tragiques, et de là au Purgatoire. Voici un podestat qui s’attire une
</span><span lang="FR-CA">haine personnelle inutile et qui le conduira à la mort; un autre est tué et
décapité loin de chez lui par la vengeance d’un bandit pour le meurtre de son
frère; une femme est tirée par les jambes par un mari cocu ou en attente d’un
second mariage. Un arriviste est tué par la jalousie d’une reine qui ne peut
supporter son arrogance et ses accusations. Les faits sont malheureux, mais
mineurs dans l’ensemble sur le parcours de la grande Histoire. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhn4UqiGBDlgfc1mSUy5DdP2rRtyRBRJ7DDPsD4P6dD1chQ_OhcoGKOE8OhY_vADuOjFdIc4uFzY34I0ZAjbuK_lwg_5EOtjEleKZHtvb1i7hIdvMTDl7rW13qaMm_bGW_L1okTfKMtjM4/h120/D-Dante-Alighieri.jpg">Dante</a> le sait. Mais
il n’en a cure. Comme Machiavel plus tard, il se veut un moraliste. Non du
pouvoir certes – il ne veut pas enseigner comment prendre le contrôle de l’État
ni le maintenir contre ses ennemis -, mais il veut montrer qu’en toutes
situations, il faut être avisé des conséquences possibles des gestes posés. Y
déroger, c’est de la pure négligence. Pire, dirait Talleyrand, des fautes à ne
pas commettre.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjFWHM8Wd_LlxO254VeRov0Iiliam78RgOL24lMSoN3pGze_a3sXMecniRTl35hkNyEV7eKO7DefA8aUfPWg-BVvDpPr-eQQpkvLTPk7UbwfPwLRhTV99IYbeI2vL1XccoqNbYs5O_5bgE/s1600/Death-mask-of-Machiavelli-244x300.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjFWHM8Wd_LlxO254VeRov0Iiliam78RgOL24lMSoN3pGze_a3sXMecniRTl35hkNyEV7eKO7DefA8aUfPWg-BVvDpPr-eQQpkvLTPk7UbwfPwLRhTV99IYbeI2vL1XccoqNbYs5O_5bgE/s1600/Death-mask-of-Machiavelli-244x300.jpg" height="400" width="325" /></a>Il en est ainsi des princes qui ont des ambitions spirituelles et
qui ne voient pas au bon fonctionnement de l’État et des mœurs. Pour <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjFWHM8Wd_LlxO254VeRov0Iiliam78RgOL24lMSoN3pGze_a3sXMecniRTl35hkNyEV7eKO7DefA8aUfPWg-BVvDpPr-eQQpkvLTPk7UbwfPwLRhTV99IYbeI2vL1XccoqNbYs5O_5bgE/h120/Death-mask-of-Machiavelli-244x300.jpg">Machiavel</a>,
ce serait là le comble de l’incompétence. Qui ambitionne les choses de ce monde
ne doit pas se laisser divertir par celles de l’autre. L’État est chose
terrestre et profondément humaine. Ceux qui placent les aspirations au-dessus
des contraintes, si noble que soit l’intention, courent de risques sérieux de
voir tout s’effondrer autour d’eux et finalement les emporter – avec leurs
rêves impossibles – dans le cours du fleuve du temps.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Il en a été ainsi, déjà, avec la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">première
</i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgI6a5Zfs5N_oGtDwAwknicZcGRYoU3iSjVknr2ktcgKXMflv9Lq_tAWH-wuDDvIezqPBTMYToxjADAIBywSo7UxOUpu2EYjfq3Al0Qr9Vd_rAtnUM6WgG-dJh30qW_JpqxtlOc9ESGISY/s1600/Amenhotep+III,+quartzite+rouge.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgI6a5Zfs5N_oGtDwAwknicZcGRYoU3iSjVknr2ktcgKXMflv9Lq_tAWH-wuDDvIezqPBTMYToxjADAIBywSo7UxOUpu2EYjfq3Al0Qr9Vd_rAtnUM6WgG-dJh30qW_JpqxtlOc9ESGISY/s1600/Amenhotep+III,+quartzite+rouge.jpg" height="400" width="300" /></a></span>individualité de l’histoire. </i>Le pharaon Aménophis IV était l'héritier d’un puissant roi, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgI6a5Zfs5N_oGtDwAwknicZcGRYoU3iSjVknr2ktcgKXMflv9Lq_tAWH-wuDDvIezqPBTMYToxjADAIBywSo7UxOUpu2EYjfq3Al0Qr9Vd_rAtnUM6WgG-dJh30qW_JpqxtlOc9ESGISY/h120/Amenhotep+III,+quartzite+rouge.jpg">Aménophis III</a>, qui régnait sur un empire, le royaume d'Égype, </span><span lang="FR-CA">qui avait été étendu par son père jusqu'au Proche-Orient. Sa mère, la reine Tiyi le surprotégeait à cause des difformités physiques dont il souffrait. Un peu pour toutes ces raisons, il
porta son attention sur le monde des esprits. Après tout, le pharaon
n’était-il pas, parmi les princes de ce monde, seul à partager avec l’empereur de
l’Empire du Soleil Levant, le privilège d’être un dieu vivant? Aux heures les
plus glorieuses du Nouvel Empire (± 1500 à 1000 av. J.-C.), la dynastie des
Aménophis, la XVIIIe dynastie (1552 à 1292 av. J.-C.), prédisposa l'Égypte a devenir un puissant empire international sous la<span style="mso-spacerun: yes;">
</span>XIXe dynastie – celle des Ramsès – qui s'étendra sur une partie du Moyen-Orient
ancien.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjo-gYh-kffTVTQgqelocBMRHJaV8GaenK_hXem_g16dXC-ps_q1Z0wdB2BMermH6KoLAOnyVPmoFHvn6EsTm1n_9xgUw_FDgsCNL7B-CUFoTpHaqYLBwD76oFQBop1R0qHMs_8WFnbrCY/h120/img_0591.jpg">Aménophis IV</a> a été inconnu des égyptologues jusqu’au début du XXe
siècle, lorsqu’on excava un site abandonné entre le Nil et les hauts plateaux et que les </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjo-gYh-kffTVTQgqelocBMRHJaV8GaenK_hXem_g16dXC-ps_q1Z0wdB2BMermH6KoLAOnyVPmoFHvn6EsTm1n_9xgUw_FDgsCNL7B-CUFoTpHaqYLBwD76oFQBop1R0qHMs_8WFnbrCY/s1600/img_0591.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjo-gYh-kffTVTQgqelocBMRHJaV8GaenK_hXem_g16dXC-ps_q1Z0wdB2BMermH6KoLAOnyVPmoFHvn6EsTm1n_9xgUw_FDgsCNL7B-CUFoTpHaqYLBwD76oFQBop1R0qHMs_8WFnbrCY/s1600/img_0591.jpg" height="400" width="245" /></a>archéologues tombèrent sur des documents relevant de sa
chancellerie. On y apprit alors l’extraordinaire histoire qui devait hanter
tout le XXe siècle, celui d’un prince qui voulut opérer une <i style="mso-bidi-font-style: normal;">révolution par en haut</i> dès la haute
Antiquité. Aménophis IV, dérogeant à son père, Aménophis III, chasseur de
lions, se tourna vers le monde de l’esprit, de la poésie et de la beauté. Il se
révolta contre l’un des plus puissants clergés de l’Histoire, le clergé d’Amon,
en en appelant au dieu soleil de l’Ancien Empire, Atoum. Le dieu Amon devint
alors le dieu Aton, et le pharaon son unique et véritable prophète. Voilà
pourquoi nombre d’auteurs virent en lui le fondateur du monothéisme. Cette
révolution pourrait évoquer la querelle des Investitures, mais jamais l’Empereur du
Saint-Empire germanique ne voulut spolier le Dieu des chrétiens et soumettre
spirituellement l’Église à sa main. Cette comparaison montre la puissance
potentielle contenue dans la réforme d’Akhenaton – puisque c’est le nom que
prit le pharaon – et qui devait provoquer des bouleversements dans l’administration et
la diplomatie égyptienne.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgl0YHtqpmT3Sej0gczSmH5d9Vj6mO0QmeQKL0HOL98X2K_TGB7y5Pg9K6pmpHYmG0bYzGMKEUL8AaYBhIfQru2iAWRCLfg1QisNxdL_v0POQOsnfpAhRcuyJrdQOlqsxm2dSzsNBqekC4/s1600/MenharvestinggrapesDetailofawallpaintinginthetombofNakhtscribeandpriestunderPharaohThutmosisIV18thDynasty16th-14thBCEinthecemeteryofSheikhAb.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgl0YHtqpmT3Sej0gczSmH5d9Vj6mO0QmeQKL0HOL98X2K_TGB7y5Pg9K6pmpHYmG0bYzGMKEUL8AaYBhIfQru2iAWRCLfg1QisNxdL_v0POQOsnfpAhRcuyJrdQOlqsxm2dSzsNBqekC4/s1600/MenharvestinggrapesDetailofawallpaintinginthetombofNakhtscribeandpriestunderPharaohThutmosisIV18thDynasty16th-14thBCEinthecemeteryofSheikhAb.jpg" height="328" width="400" /></a>Le règne d’Amé-</span><br />
<span lang="FR-CA">nophis III avait été un règne de grandeur et
l’<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgl0YHtqpmT3Sej0gczSmH5d9Vj6mO0QmeQKL0HOL98X2K_TGB7y5Pg9K6pmpHYmG0bYzGMKEUL8AaYBhIfQru2iAWRCLfg1QisNxdL_v0POQOsnfpAhRcuyJrdQOlqsxm2dSzsNBqekC4/h120/MenharvestinggrapesDetailofawallpaintinginthetombofNakhtscribeandpriestunderPharaohThutmosisIV18thDynasty16th-14thBCEinthecemeteryofSheikhAb.jpg">affi-</a></span><br />
<span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgAaXRq2CYgCtJJPJZZsx3b-tPPqlmIxp1RW8n5QVACedbWck4BnALYAh6cC-uGzMFf3eNcoKlpIMHxcSVzCRMGof1bnqo3VyeiUM1MxjPXmT649Vy3TbuIG_fH7EXEHgNWIoAVYdU9K-c/h120/MenharvestinggrapesDetailofawallpaintinginthetombofNakhtscribeandpriestunderPharaohThutmosisIV18thDynasty16th-14thBCEinthecemeteryofSheikhAb.jpg">nement</a> de la pro-</span><br />
<span lang="FR-CA">duction culturelle n’avait jamais été aussi subtile dans
les arts de l’ancienne Égypte. Déjà, le terreau était préparé pour une
«révolution amarnienne», c’est-à-dire une révolution à tous les niveaux de la
civilisation. L’égyptologue allemand Adolphe Erman le reconnaît ouvertement
lorsqu’il écrit :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">…toutes sortes d’idées
commençaient à fermenter dans l’esprit du peuple égyptien, car la grande
révolution, qui devait éclater sous le règne de son successeur, ne peut se
comprendre autrement. On était las de vivre dans des conditions d’existence
héritées des temps antérieurs et qui apparaissaient comme des mensonges aux
gens les mieux disposés. On ne voulait plus écrire dans une langue vieillie
depuis longtemps; on ne voulait plus représenter les hommes sous un aspect
gracieux et avec des visages au sourire aimable, puisqu’on était capable de
rendre les traits d’un visage dans toute leur vérité; et, avant tout, on était
las de servir une religion traînant après elle tant de choses qui ne
signifiaient plus rien pour des gens de bons sens </i>[Ed. Meyer… voit dans ce
mouvement une révolution des classes cultivées]<i style="mso-bidi-font-style: normal;">. On voulait adorer et aimer la divinité dont on voyait et sentait les
bienfaits : le soleil. C’était donc à la vérité qu’aspirait cette nouvelle
génération. </i></span></div>
</blockquote>
<div style="text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgjiJnRc3Rb317UAFHsYkPn9BxGyP4MpRE2nN2MbQFSGr4KU_0acNZ-l60ea8Bejh4I0ztSpXZFCyqG8owaAQkJZ7XlxfuCRbVgg9CbchMjNd4nkwLZD0QXcW4mT1P-uSTqpGr_fItCChg/s1600/7.Nebamun_tomb.png" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgjiJnRc3Rb317UAFHsYkPn9BxGyP4MpRE2nN2MbQFSGr4KU_0acNZ-l60ea8Bejh4I0ztSpXZFCyqG8owaAQkJZ7XlxfuCRbVgg9CbchMjNd4nkwLZD0QXcW4mT1P-uSTqpGr_fItCChg/s1600/7.Nebamun_tomb.png" height="151" width="400" /></a> </div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le fait que vers la fin du règne d'Aménophis III un temple du soleil fut construit à Karnak prouve assez que cette nouvelle orientation remonte à ce règne. Et certes, ce mouvement était général </i><span style="mso-bidi-font-style: normal;">[Ed. Meyer mentionne avec raison que de tels mouvements ne pouvaient être déclenchés par les prêtres eux-mêmes]. […] <i>Tous les intellectuels durent applaudir le jeune héritier du trône, lorsqu’il eut l’audace, à son av</i></span></span><i>ènement, d’inaugurer l’ère nouvelle. On ne pouvait mesurer l’abîme qu’une telle décision devait creuser</i>» (A. Erman. <i>La religion des Égyptiens, </i>Paris, Payot, Col. Bibliothèque historique, 1952, pp. 138-139).</div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Les transformations en train de s’opérer rappelle ce qui
arrivera plus tard à la religion grecque, lorsqu’on cessa de croire en la
surnaturalité des dieux pour centrer sur la métaphysique le principe de
divinité. Aux dieux des cités succédait le dieu unique de Platon. Unique, mais
plus abstrait aussi : </span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjRcmjXPVzvUZt-wTYYnN55BhN3hagwXHj2vhO4rHceY-V0VTOknbsgsHYfj5IZF6mwuvWummISI8bEyZpXOLRTnj4G5zYHyVXrHWDeLAix1L4pDuQ_jixM6JwnIw37Y7zerXtTSlDNZuM/s1600/horus.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjRcmjXPVzvUZt-wTYYnN55BhN3hagwXHj2vhO4rHceY-V0VTOknbsgsHYfj5IZF6mwuvWummISI8bEyZpXOLRTnj4G5zYHyVXrHWDeLAix1L4pDuQ_jixM6JwnIw37Y7zerXtTSlDNZuM/s1600/horus.jpg" height="400" width="216" /></a>«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Il devait
paraître plus compréhensible au peuple que l’on ne représentât plus comme
autrefois le dieu du soleil sous l’aspect d’un homme à tête de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjRcmjXPVzvUZt-wTYYnN55BhN3hagwXHj2vhO4rHceY-V0VTOknbsgsHYfj5IZF6mwuvWummISI8bEyZpXOLRTnj4G5zYHyVXrHWDeLAix1L4pDuQ_jixM6JwnIw37Y7zerXtTSlDNZuM/h120/horus.jpg">faucon</a>, mais
tout simplement avec l’image de l’astre lui-même. Du soleil émanent des rayons
terminés par des <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhCcDPyxF1J1y6apOBDTA6aQ9MPo5LL-pcjco0zkHxo1mTpFrKUq-ChfSk8F_6FLZfvoYhgWJsZmt7TWXV-VGJiIyDvY1Vl7PEJfjRyN_DmiF1cM22OkEmRz6VkKVNzBPMzwNvXtBH0lTo/h120/aton_image.jpg">mains</a>; ces mains signifient que le soleil donne à l’homme la
vie et tout ce qui est bon. Quelquefois seulement est fixé au bord inférieur du
disque son vieil emblème, le serpent, comme dernier vestige des anciennes
représentations.</i></span></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Le véritable
contenu de cette nouvelle croyance nous </span></i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhCcDPyxF1J1y6apOBDTA6aQ9MPo5LL-pcjco0zkHxo1mTpFrKUq-ChfSk8F_6FLZfvoYhgWJsZmt7TWXV-VGJiIyDvY1Vl7PEJfjRyN_DmiF1cM22OkEmRz6VkKVNzBPMzwNvXtBH0lTo/s1600/aton_image.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhCcDPyxF1J1y6apOBDTA6aQ9MPo5LL-pcjco0zkHxo1mTpFrKUq-ChfSk8F_6FLZfvoYhgWJsZmt7TWXV-VGJiIyDvY1Vl7PEJfjRyN_DmiF1cM22OkEmRz6VkKVNzBPMzwNvXtBH0lTo/s1600/aton_image.jpg" height="217" width="320" /></a></span>est livré par toutes sortes d’hymnes et
de prières, que nous pouvons lire dans les tombeaux de Tell el Amarna. Il ne
s’y trouve rien qui touche à la dogmatique et à la théologie et pour elle le
dieu du soleil n’est que l’aimable créateur et soutien de tous les êtres
vivants…</span></i><span lang="FR-CA">» (A. Erman. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 139).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Voilà ce qui représentait la préoccupation première du
nouveau pharaon, pour ne pas dire sa seule préoccupation. Il composa des hymnes
sublimes à la gloire du soleil, Aton. Il se présenta lui-même comme le </span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg576ty8dZtr8AZXpFjQPYl3J1Ts19qmiOXwEFob-K3RhwblfcZ63aI7qXfHynC1WdBinBHExwAEkbnez28RBR5KROr773JLIgIHz4oafm9G6bQNSoGz4nPTBNenXiaJZl7-A7gkE-Y8dU/s1600/Aten_disk.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg576ty8dZtr8AZXpFjQPYl3J1Ts19qmiOXwEFob-K3RhwblfcZ63aI7qXfHynC1WdBinBHExwAEkbnez28RBR5KROr773JLIgIHz4oafm9G6bQNSoGz4nPTBNenXiaJZl7-A7gkE-Y8dU/s1600/Aten_disk.jpg" height="400" width="357" /></a><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg576ty8dZtr8AZXpFjQPYl3J1Ts19qmiOXwEFob-K3RhwblfcZ63aI7qXfHynC1WdBinBHExwAEkbnez28RBR5KROr773JLIgIHz4oafm9G6bQNSoGz4nPTBNenXiaJZl7-A7gkE-Y8dU/h120/Aten_disk.jpg">grand prêtre</a> </i>du dieu, l’«Unique de Rè»,
son favori. C’est le vieux dieu des ancêtres, Rè-Hor-akhti qui prend un nom nouveau
et se rend étranger au clergé d’Amon. La révolution culturelle opérée par
Aménophis IV-Akhenaton poursuivait celle amorcée sous son père. On construisit des
temples nouveaux, chefs-d’œuvre de l’antiquité égyptienne. Le réalisme apparut
dans les fresques. L’orfèvrerie produisit des œuvres inégalées avec l’or qui
feront l’envie des pilleurs de tombes. Enfin, le pharaon annonça qu’il allait quitter Thèbes, la capitale, pour se rendre dans sa cité d’Akhet•aton (<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Horizon du soleil</i>) – lieu qui porte
aujourd’hui le nom de Tell el Amarna -, construite sur les hauts plateaux
éloignés.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Le clergé d’Amon aurait pu se rallier facilement au
nouveau culte d’Aton. Et c’est là que le pharaon commit sa première négligence.
Il exigea que le nom d’Amon soit effacé de toutes les cartouches où il apparaissait. Le serein pharaon qui priait le soleil et chantait les oiseaux et
la nature, devint un prêtre de plus en plus intolérant :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Subitement
éclate, dans une véritable furie contre Amon, un mouvement dont les traces se
voient aujourd’hui encore partout en Égypte, après trois mille trois cents ans.
Partout où se rencontre le nom d’Amon, il est <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj6j9GjuOUVbe_BLwzVYN8ZXFIj0N7vQzvtKoMrqDty9RSvij2CZCMfUTrnrf2KYUkTiHIjEzS6LDDxM4ZzrXhcxVJW1RVYy5idVu_PhcO6Z1E4vu_L-Nb8Q7zClh3PTw7F31EuQOnhCRU/h120/2011_05_Karnak_0021_web.JPG">martelé</a>. On ne peut croire que
cette persécution </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj6j9GjuOUVbe_BLwzVYN8ZXFIj0N7vQzvtKoMrqDty9RSvij2CZCMfUTrnrf2KYUkTiHIjEzS6LDDxM4ZzrXhcxVJW1RVYy5idVu_PhcO6Z1E4vu_L-Nb8Q7zClh3PTw7F31EuQOnhCRU/s1600/2011_05_Karnak_0021_web.JPG" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj6j9GjuOUVbe_BLwzVYN8ZXFIj0N7vQzvtKoMrqDty9RSvij2CZCMfUTrnrf2KYUkTiHIjEzS6LDDxM4ZzrXhcxVJW1RVYy5idVu_PhcO6Z1E4vu_L-Nb8Q7zClh3PTw7F31EuQOnhCRU/s1600/2011_05_Karnak_0021_web.JPG" height="133" width="200" /></a>d’Amon soit l’œuvre du roi seulement; il dut y avoir une
foule de fana</i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">tiques, qui envahirent tous les temples et tous les tombeaux pour
effacer le nom haï d’Amon, sans se soucier des outrages que l’on faisait subir
aux plus beaux monuments. Comme toujours, quand il se passe de telles folies,
le côté ridicule ne manque pas. Ne vous semble-t-il pas comique que le savant
scribe du roi ait parcouru, dans son bureau des archives, les lettres écrites
en cunéiformes des souverains asiatiques, pour voir si le nom d’Amon n’était
pas à supprimer quelque part, bien que personne ne fût capable de les lire à
part lui? Il n’est pas moins comique de constater comment n’importe quel mot
inoffensif qui montrait quelque analogie avec le nom d’Amon devait être
sacrifié au fanatisme des sectateurs de la foi nouvelle</i>» (A. Erman. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 144-145).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiUg5nq-14Hp11cvzgS86zqwfHpzwOJjgiD2NpAnZnGX89xZAqj3f7krKMMGNVJe1W0qPsc-pEKMvEevm254Uhk41RPTXHb9mmI1ho_zgJJVqbnpaVSlKFUv2K1tKmJgd5Cv3orAldCCng/h120/Imagem23.jpg">Akhet•aton</a> devait être, comme Brasilla au XXe siècle, la
capitale fantasmée d’un esprit qui avait perdu tout sens des réalités. Tous les
artistes de l’Égypte y furent engagés : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ensuite commença, à un endroit où il </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiUg5nq-14Hp11cvzgS86zqwfHpzwOJjgiD2NpAnZnGX89xZAqj3f7krKMMGNVJe1W0qPsc-pEKMvEevm254Uhk41RPTXHb9mmI1ho_zgJJVqbnpaVSlKFUv2K1tKmJgd5Cv3orAldCCng/s1600/Imagem23.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiUg5nq-14Hp11cvzgS86zqwfHpzwOJjgiD2NpAnZnGX89xZAqj3f7krKMMGNVJe1W0qPsc-pEKMvEevm254Uhk41RPTXHb9mmI1ho_zgJJVqbnpaVSlKFUv2K1tKmJgd5Cv3orAldCCng/s1600/Imagem23.jpg" height="297" width="400" /></a></span>n’y avait rien aupa-</i></span><br />
<span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">ravant, la
construc-</i></span><br />
<span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">tion d’une grande ville, avec des temp-</i></span><br />
<span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">les, des palais et de longues rues
bordées de maisons et de jardins et tous les architectes et tous les sculpteurs
prirent part au grand œuvre. L’art eut là tout le champ libre pour se
développer à sa guise, en faisant table rase de toutes les traditions et en
s’efforçant d’atteindre la vérité. Que cette vérité ait pu se manifester de
manières très diverses suivant le tempérament des différents artistes qu’à côté
des merveilleux portraits trouvés par Borchardt dans l’atelier d’un sculpteur
il pût y avoir aussi de véritables caricatures, c’est là une conséquence
logique de cette émancipation de l’art</i>» (A. Erman. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 147).</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhBuCxCHMGsbjYKF-u4nQ7b2REUYx1bjn6y-2RAEIhO4t4tfbOwRSmxILeRKnINHUDL50kaY6lBfH-BuyNOTJ9f_xfjqPjUhgK9NsLFVN2etie_jlyMxTR5TvwbaH8vWKt9Lyt6HLegP94/s1600/nefertiti1.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhBuCxCHMGsbjYKF-u4nQ7b2REUYx1bjn6y-2RAEIhO4t4tfbOwRSmxILeRKnINHUDL50kaY6lBfH-BuyNOTJ9f_xfjqPjUhgK9NsLFVN2etie_jlyMxTR5TvwbaH8vWKt9Lyt6HLegP94/s1600/nefertiti1.jpg" height="400" width="283" /></a></span>Akh•en•aton avait épousé une princesse d’origine
mitanienne dit-on, ce que les égyptologues modernes contestent. Reconnue
jusqu’à nos jours par les bustes qui en sont restés pour son exceptionnelle
beauté : <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhBuCxCHMGsbjYKF-u4nQ7b2REUYx1bjn6y-2RAEIhO4t4tfbOwRSmxILeRKnINHUDL50kaY6lBfH-BuyNOTJ9f_xfjqPjUhgK9NsLFVN2etie_jlyMxTR5TvwbaH8vWKt9Lyt6HLegP94/h120/nefertiti1.jpg">Neferti•ti</a>, ne donna que des filles à son royal époux qui,
contrairement à la tradition machiste orientale, firent la joie du pharaon.
Dans l’entourage du pharaon, des personnages douteux se profilaient à
l’arrière-plan. D’abord, la reine-mère <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiuM2m4xoG6BRgCmefsolUUcRXAK2xNjGUJUUyqzdljnE0udk6jycpANAR0h1MWmw8_h-Pn806ieiIIaNIy2wvzJqwXtvzsYxyfj9WC3mm6c96xbtzEDwnJr5aMu2sNUoZxjxRqlANr00Y/h120/tiyi2.jpg">Tiyi</a>, dominatrice et castatrice. Elle
établira sa résidence dans la nouvelle ville d’Akhet•aton où elle finit par
mourir. Si Akh•en•aton n’est pas le pacifiste </span><span lang="FR-CA">qu’on a voulu croire, il n’a pas
été non plus le chef de </span><span lang="FR-CA">guerre qu’il a voulu laisser paraître. Ainsi,
l’influence de l’Égypte recule-t-elle au Proche-Orient alors que les royaumes
du Mitanni et du Hatti se livrent des guerres </span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiuM2m4xoG6BRgCmefsolUUcRXAK2xNjGUJUUyqzdljnE0udk6jycpANAR0h1MWmw8_h-Pn806ieiIIaNIy2wvzJqwXtvzsYxyfj9WC3mm6c96xbtzEDwnJr5aMu2sNUoZxjxRqlANr00Y/s1600/tiyi2.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiuM2m4xoG6BRgCmefsolUUcRXAK2xNjGUJUUyqzdljnE0udk6jycpANAR0h1MWmw8_h-Pn806ieiIIaNIy2wvzJqwXtvzsYxyfj9WC3mm6c96xbtzEDwnJr5aMu2sNUoZxjxRqlANr00Y/s1600/tiyi2.jpg" height="400" width="327" /></a></span>sanglantes. «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le recul en Syrie et la perte de l’influence égyptienne dans les États
vassaux dut avoir pour effet de provoquer certains troubles dans d’autres
secteurs asiatiques où l’influence de l’Égypte se faisait sentir. De tels
revers étaient probablement inévitables après le succès incontesté que les
armées égyptiennes avaient connu depuis l’époque de Touthmôsis III, mais ce fut
une malchance pour Akhenaton que le déclin de la puissance égyptienne en Asie
ait commencé en un temps où son nouveau dieu Aton assumait la charge du
bien-être de l’Égypte et de ses dépendances</i>» (C. Aldred. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Akhenaton, </i>Paris, Tallandier, 1973, pp.
240-241). Une telle situation dut rapprocher le camp des officiers militaires
de celui des prêtres d’Amon.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Les lettres découvertes lors des fouilles de Tell el
Amarna entre 1887 et 1891 apportèrent des informations intéressantes sur la
situation diplomatique de l’Égypte au moment de la révolution amarnienne.</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Lorsqu’Akh•en•aton
était monté sur le trône, le roi des Hittites était <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgReh8vIBXFhl-Aoc03RQt8IQlgVxgdCqXLUzUh3KBFZxKu0cg_cYHHgaTeoR2l1hOeGGoyKoiAB07jxrPGABrzEgFUKql9Yuc7ur-dL3CEe13cMSbW4dl5O4QEzW_yWkLSKBIdNBJJZgE/h120/Suppiluliuma.jpg">Suppilluliuma</a>, lequel était
en passe de devenir un ami de l’Égypte. Mais certains de ses sujets
traversèrent la frontière de Mitanni et furent repoussés par Tusratta, le roi
de ce pays. Cet </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgReh8vIBXFhl-Aoc03RQt8IQlgVxgdCqXLUzUh3KBFZxKu0cg_cYHHgaTeoR2l1hOeGGoyKoiAB07jxrPGABrzEgFUKql9Yuc7ur-dL3CEe13cMSbW4dl5O4QEzW_yWkLSKBIdNBJJZgE/s1600/Suppiluliuma.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgReh8vIBXFhl-Aoc03RQt8IQlgVxgdCqXLUzUh3KBFZxKu0cg_cYHHgaTeoR2l1hOeGGoyKoiAB07jxrPGABrzEgFUKql9Yuc7ur-dL3CEe13cMSbW4dl5O4QEzW_yWkLSKBIdNBJJZgE/s1600/Suppiluliuma.jpg" height="400" width="250" /></a>incident mit du froid entre Suppiluliuma et le pharaon et, bien
que celui-ci envoyât une ambassade à la Cité de l’Horizon, les relations épistolaires
entre les deux monarques cessèrent bientôt. […] Bientôt nous voyons ces
Hittites, dans l’impossibilité d’envahir le pays de Mitanni, se diriger le long
de la route orientale et prendre possession du pays d’Amki, situé sur la mer
entre les monts Amanus et le Liban. Ce mouvement aurait pu être arrêté par
Aziru, un prince amorrite qui régnait sur le territoire s’étendant entre l’Amki
et le Mitanni et dont le devoir était, en tant que vassal égyptien, d’arrêter
les incursions des Hittites vers le sud. Mais Aziru était aussi ambitieux et
aussi dépourvu de bonne foi que l’avait été avant lui son père Abdashirta et
ses relations avec les Hittites et les Égyptiens dans les années qui suivirent
révélèrent chez lui une absence totale de scrupules. Sa politique fut de
dresser une nation contre l’autre et d’étendre la portée de son pouvoir au
détriment des deux à la fois</i>» (A. Weigall. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le pharaon Akh•en•aton</i>, Paris, Payot, Col. Bibliothèque historique,
1936, pp. 187-188).</span></div>
</blockquote>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Ce n’est là qu’un indice de la perte de prestige que
l’armée égyptienne subissait devant l’arrogance des puissances étrangères. Quoi
qu’il en soit des supposées intentions pacifistes d’Akh•en•aton, il est vrai
que l’armée égyptienne fut employée d’une façon autrement démoralisante
durant son court règne :</span><br />
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhGjP3kpy-IrBagIEzramsk19hslH5o66t4iID4ZYZYTPO2GW44ZL3zbdJCNYSWBVEtmfLttwtSKT8IlSUz4zYw1ygDc5eLJ49bJjdUrjr3mP_QRGBwq4H24tdAIdsB4fDHSk2y89T48Go/s1600/nubian-tribute.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhGjP3kpy-IrBagIEzramsk19hslH5o66t4iID4ZYZYTPO2GW44ZL3zbdJCNYSWBVEtmfLttwtSKT8IlSUz4zYw1ygDc5eLJ49bJjdUrjr3mP_QRGBwq4H24tdAIdsB4fDHSk2y89T48Go/s1600/nubian-tribute.jpg" height="278" width="400" /></a></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">«<i>Après les temps d’intenses campagnes militaires de Thoutmosis III et d’Aménophis II, les armées égyptiennes avaient recruté de plus en plus d’auxiliaires : lanciers sémites, archers </i></span></span><span style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><i><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhGjP3kpy-IrBagIEzramsk19hslH5o66t4iID4ZYZYTPO2GW44ZL3zbdJCNYSWBVEtmfLttwtSKT8IlSUz4zYw1ygDc5eLJ49bJjdUrjr3mP_QRGBwq4H24tdAIdsB4fDHSk2y89T48Go/h120/nubian-tribute.jpg">nubiens</a></i></span>, frondeurs libyens et "escarmoucheurs" bédouins. Les commissaires égyptiens devaient recruter ces mercenaires, y compris des bandes errantes d’Apirou coupeurs de gorge, afin de soutenir les vassaux loyaux dans leur effort pour maintenir la paix pharaonique. Ce que les temps exigeaient, c’était la présence de Pharaon, puissant seigneur de la guerre à la tête de ses troupes, avec ses chars et ses archers, pour remporter la victoire sur les insolents et les perfides et soutenir le moral des loyaux et des résolus.</i></span></span></div>
</blockquote>
<div style="text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj8DDf_CjXoj5y7eBU5tayW82GyqLdqP_V7DwAwWZ-7MRfXSOuDgb_rG4LiGxeZbqNUxt6u6sZrTozN9viCYS5oxUWhhbytKXZYLyOAZOc9f-r-SXGc679A1LCwvQfYtD3n1aKKj23Mq1Y/s1600/amenhotep2-3.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj8DDf_CjXoj5y7eBU5tayW82GyqLdqP_V7DwAwWZ-7MRfXSOuDgb_rG4LiGxeZbqNUxt6u6sZrTozN9viCYS5oxUWhhbytKXZYLyOAZOc9f-r-SXGc679A1LCwvQfYtD3n1aKKj23Mq1Y/s1600/amenhotep2-3.jpg" height="205" width="320" /></a></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<div style="text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Mais l’habitude
qu’avaient les pharaons de faire de temps à autre des promenades triomphales à
travers les territoires qu’ils contrôlaient et de régler à cette occasion les
querelles des souverains locaux, cette habitude était apparemment tombée en
désuétude pendant la dernière partie du règne d’Aménophis III et le règne de
son fils. L’armée, qui </span></i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">avait été entraînée en <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj8DDf_CjXoj5y7eBU5tayW82GyqLdqP_V7DwAwWZ-7MRfXSOuDgb_rG4LiGxeZbqNUxt6u6sZrTozN9viCYS5oxUWhhbytKXZYLyOAZOc9f-r-SXGc679A1LCwvQfYtD3n1aKKj23Mq1Y/h120/amenhotep2-3.jpg">combattant</a> sur le champ de
bataille sous le commandement de pharaons vaillants, était devenue un
instrument de police intérieure centralisé; elle était désormais plus
préoccupée de travailler dans les carrières et de réaliser de grands projets de
construction que de combattre sur des théâtres d’opérations étrangers. La
diminution du rôle joué par les personnels des anciens temples réduisait
également la perception des impôts auprès des fermiers des domaines des
temples, et rendait plus nécessaire le recours à une soldatesque rapace pour
les collecter. Cela créait des abus auxquels il faudrait par la suite mettre
fin d’une main de fer. Une armée démoralisée par l’inaction et qui négligeait
les vertus martiales n’était pas en position de partir en campagne, même menée
par un chef dynamique; d’où le recours à des mercenaires qui manquaient de
discipline, comme par exemple les turbulentes troupes nubiennes qui surgirent
dans le palais d’Abdicheba, le prince de Jérusalem, qu’ils étaient censés
protéger et qu’ils assassinèrent presque. Il n’est pas surprenant par
conséquent d’entendre parler dans les Lettres d’Amarna de défaites et de
retraites<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>non seulement en Syrie, mais
plus au sud, dans le centre de la Palestine, où une menace sérieuse se
développait avec les ambitions d’un chef de guérilla des Apirou, Labaya de
Sichem. Lui du moins trouva la mort dans une escarmouche qui l’opposa aux
forces royales; mais ses fils, qui lui succédèrent n’étaient pas moins
factieux. Vers la fin du règne, l’agitation qui régnait à Gezer mettait en
danger toute la position égyptienne dans le centre de la Palestine et il
semblerait qu’hommes et matériel étaient disposés pour une campagne sérieuse;
celle-ci a dû être organisée sous un règne postérieur, car rien n’indique
qu’Akhenaton lui-même soit jamais parti en campagne à la manière de ses
prédécesseurs</span></i><span lang="FR-CA">» (C. Aldred. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Akhenaton, </i>Paris, Seuil, 1997, pp. 275-276). </span></div>
</div>
</blockquote>
<div style="text-align: center;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"></span></i><span lang="FR-CA"> </span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">À cela, Cyril Aldred tient compte des difficultés intérieures
durant le court laps de temps que dura le règne d’Akh•en•aton :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i>Si la situation était menaçante en Asie, en particulier
du fait de l’impuissance ou de la nonchalance des Égyptiens, à l’intérieur du
pays elle n’était pas moins sombre. La peste faisait rage au Proche-Orient.
Nous apprenons par le roi d’Alachia que Nergal, dieu de la pestilence,
séjournait dans son pays (Chypre?), réduisant ainsi la production de lingots
de </i></span><span lang="FR-CA"><i><span lang="FR-CA"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg0QBO9MMyXfWc4TUIfh8wuLQBJlmH1c9MM93wAG_PQgnRTo4XGbFaOTl0vRRMgeNmg48s8wpXQK_U7X2CiI0scNvWf7qoSdUrFDFOVTsfr3Sl7pOr4D85JpNHESW_iFIyfVEmd5DGJjbQ/s1600/GD-EG-KomOmbo016.JPG" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg0QBO9MMyXfWc4TUIfh8wuLQBJlmH1c9MM93wAG_PQgnRTo4XGbFaOTl0vRRMgeNmg48s8wpXQK_U7X2CiI0scNvWf7qoSdUrFDFOVTsfr3Sl7pOr4D85JpNHESW_iFIyfVEmd5DGJjbQ/s1600/GD-EG-KomOmbo016.JPG" height="400" width="265" /></a></i></span>cuivre destinés au pharaon. La peste est également mentionnée sur le continent,
à Byblos et à Soumoura. Par la suite, elle se répandit à partir de la région
d’Amqa au Liban jusque dans les terres hittites, où elle coûta la vie à
Souppilouliouma. Étant donné les </i></span><span lang="FR-CA"><i>relations étroites qui existaient entre
l’Égypte et les régions côtières du Levant, les allées et venues de soldats, de
prisonniers, de fonctionnaires et de commerçants, sans compter l’importation de
servantes, de spécialistes des travaux d’aiguilles, de musiciennes, et d’esclaves
dans les cercles de la cour, il serait surprenant que les Égyptiens aient pu
échapper aux épidémies. Les 700 statues, ou plus, érigées par Aménophis III pour
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg0QBO9MMyXfWc4TUIfh8wuLQBJlmH1c9MM93wAG_PQgnRTo4XGbFaOTl0vRRMgeNmg48s8wpXQK_U7X2CiI0scNvWf7qoSdUrFDFOVTsfr3Sl7pOr4D85JpNHESW_iFIyfVEmd5DGJjbQ/h120/GD-EG-KomOmbo016.JPG">Sekmet</a>, déesse égyptienne de la peste, sont très significatives; il s’agit d’une
mesure prophylactique pour écarter la maladie de la nation, tout comme le roi
hittite cherchait à écarter le courroux divin de son peuple en offrant des “prières
contre la peste” aux dieux offensés.</i></span></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA"><i>La première mort notable, à ce moment-là, fut peut-être
celle de la seconde fille </i></span><span lang="FR-CA"><i>d’Akhenaton, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEifWGPcfZ22Nk34U_MkahV3ycr1oFZY38t_qoanBoF7PQ8wtXLSLU4os4EGvYFZ9aFAI21LiaE3RZ0c4A9BTGvP_N5lYd_tOSWcT-kf1CViDepccs4oL9Uhwq8tNrqNxSMpDOfY2-JbyfA/h120/med_gallery_1872_911_1396117133_2442.jpg">Maketaton</a>, dont la veillée funéraire est
repré</i></span><span lang="FR-CA"><i>sentée dans la chambre gamma de la tombe royale; on y voit un corps étendu
sur un lit dans une chambre du </i></span><span lang="FR-CA"><i><span lang="FR-CA"><i></i></span>palais. La princesse est déplorée par la cour tout entière et surtout par Akhenaton et </i></span><span lang="FR-CA"><i><span lang="FR-CA"><i><span lang="FR-CA"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEifWGPcfZ22Nk34U_MkahV3ycr1oFZY38t_qoanBoF7PQ8wtXLSLU4os4EGvYFZ9aFAI21LiaE3RZ0c4A9BTGvP_N5lYd_tOSWcT-kf1CViDepccs4oL9Uhwq8tNrqNxSMpDOfY2-JbyfA/s1600/med_gallery_1872_911_1396117133_2442.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEifWGPcfZ22Nk34U_MkahV3ycr1oFZY38t_qoanBoF7PQ8wtXLSLU4os4EGvYFZ9aFAI21LiaE3RZ0c4A9BTGvP_N5lYd_tOSWcT-kf1CViDepccs4oL9Uhwq8tNrqNxSMpDOfY2-JbyfA/s1600/med_gallery_1872_911_1396117133_2442.jpg" height="320" width="320" /></a></i></span></i></span>Néfertiti qui pleurent, se lamentent et
répandent de la poussière sur leur tête.. Pourtant, Maketaton ne mourut pas de
maladie, mais en donnant naissance à un enfant, comme cela apparaît avec
évidence du fait de la présence d’une nourrice allaitant un bébé juste devant
la chambre mortuaire; que deux flabellifères l’assistent dénote bien le rang
élevé de l’enfant. L’effacement du texte à cet endroit nous a privés du nom de
l’enfant, à supposer qu’il y ait jamais été inscrit; mais on peut de toute
façon douter que le bébé ait survécu longtemps, car il n’existe aucune autre
mention de son existence</i><i style="mso-bidi-font-style: normal;">» </i><span style="mso-bidi-font-style: normal;">(C. Aldred. </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i><span style="mso-bidi-font-style: normal;">pp. 277-278).</span></span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEifTT9qyBo0BL1Ohn64oReDtKs4WMsK1pbANnW4alU4QItLgMSGPKJYHeDHrhCqRM27DaN9FJ0UbQhEwH2K5Q96_Aakva3ql43LKXUNAjMRbdHcOfIT4qX1haiwy-KR3sWh-S4GIP-GuHc/s1600/smenkhare.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEifTT9qyBo0BL1Ohn64oReDtKs4WMsK1pbANnW4alU4QItLgMSGPKJYHeDHrhCqRM27DaN9FJ0UbQhEwH2K5Q96_Aakva3ql43LKXUNAjMRbdHcOfIT4qX1haiwy-KR3sWh-S4GIP-GuHc/s1600/smenkhare.jpg" height="400" width="333" /></a>Cette disparition n’était que la première. Puis vint la
reine Tiyi, et peut-être, vers l’an 14 du règne, Néferti•ti elle-même. C’est
ensuite qu’Akh•en•aton aurait commencé à «épouser» ses filles. Un co-régent,
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEifTT9qyBo0BL1Ohn64oReDtKs4WMsK1pbANnW4alU4QItLgMSGPKJYHeDHrhCqRM27DaN9FJ0UbQhEwH2K5Q96_Aakva3ql43LKXUNAjMRbdHcOfIT4qX1haiwy-KR3sWh-S4GIP-GuHc/h120/smenkhare.jpg">Smenkharé</a>, déclaré «aimé d’Akhenaton», pour sa part, laisse perplexe. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Puis, à la dix-septième année de son règne turbulent, ce
fut au tour du pharaon lui-même de disparaître dans des conditions nébuleuses.
Arthur Weigall a brossé un tableau non dénué de pathétique racontant cette mort
tragique : </span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Mais à quoi bon
s’assurer un successeur au pouvoir quand ce pouvoir a été ébranlé jusqu’en son
fondement et semble près de s’effondrer tout à fait? Akh•en•Aton est incapable
de retarder ou d’empêcher la catastrophe imminente; de toutes parts se groupent
les forces qui vont l’écraser. Son gouvernement est désorganisé. Les complots
et les projets des prêtres d’Amon annoncent un succès prochain. Le courroux des
clergés des autres dieux d’Égypte suspend sa menace au-dessus du palais comme
un nuage de tempête. Les soldats, impatients de marcher sur la Syrie, comme au
temps du grand Touthmosis III, s’irritent d’être forcés à l’inaction et
assistent avec une agitation grandissante au démembrement de l’empire.</i></span></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Dans les rues de
la ville, on voit passer des messagers fourbus s’empressant vers le palais; les
dépêches dont ils sont porteurs ne sont plus des appels au secours de rois ou
de généraux en détresse, mais l’annonce de la chute des dernières cités de
Syrie et du massacre de leurs derniers chefs. Les restes épars des garnisons
emboîtent le pas, tant </span></i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjiqpNshPUD8IjVt1FwKwppl5tyDmGUaQfRIrsmFCeYzxtx4tRwIdbC-s7ejuod8LhhtniiAWdGGLIM829oN_Hxf8C7ChvLcaYAerE3ajWe2DEg1FGszJkpQsdXWx196VmtkjjpahgGcCY/s1600/220px-Museum_of_Anatolian_Civilizations_1320169_nevit.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjiqpNshPUD8IjVt1FwKwppl5tyDmGUaQfRIrsmFCeYzxtx4tRwIdbC-s7ejuod8LhhtniiAWdGGLIM829oN_Hxf8C7ChvLcaYAerE3ajWe2DEg1FGszJkpQsdXWx196VmtkjjpahgGcCY/s1600/220px-Museum_of_Anatolian_Civilizations_1320169_nevit.jpg" height="150" width="200" /></a>bien que mal, de ces messagers, et s’en reviennent sur
les bords du Nil, poursuivis jusqu’aux frontières mêmes de l’Égypte par les
Asiatiques triomphants. Du nord, les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjiqpNshPUD8IjVt1FwKwppl5tyDmGUaQfRIrsmFCeYzxtx4tRwIdbC-s7ejuod8LhhtniiAWdGGLIM829oN_Hxf8C7ChvLcaYAerE3ajWe2DEg1FGszJkpQsdXWx196VmtkjjpahgGcCY/h120/220px-Museum_of_Anatolian_Civilizations_1320169_nevit.jpg">Hittites</a> se déversent en Syrie; du sud,
les Khabiri envahissent en masse le pays. Comme à travers un rideau qui se
déchire sur le spectacle d’une mêlée tumultueuse, le regard aperçoit soudain le
fourbe Aziru, les mains encore rouges du sang de Ribaddi et de bien d’autres
princes loyaux, se précipiter avec férocité sur une cité, en écraser une autre.
Il a finalement jeté son masque et cherche à apaiser, avec le tribut promis à
l’Égypte, les hordes montantes des Hittites, dont il est bien obligé d’admettre
la suzeraineté. </span></i></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Les contributions
ayant cessé, le trésor égyptien fut vite épuisé, car le gouvernement du pays
souffrait trop de la confusion générale pour oser prélever lui-même des taxes
et s’occuper de l’exploitation des mines d’or. La construction de la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgrtBH_7769WK19ceshleB-U1hrVh93JFlrzHkRAP1GZjLY4JHOe0EL_4KOsCGYLyQ6wqsfWxy_kPKBoe1d5iDWFzUYyEUDIsj3wIcr7WtDftVsJsuqn2ifurNNBgq2BB-PxVIAiM5cRt8/h120/tell_el-amarna_temple01.jpg">Cité de l’Horizon</a> avait coûté les yeux de la tête et le roi ne savait plus où se
tourner pour obtenir de l’argent. Dans l’espace de quelques années, l’Égypte
avait été réduite, de puissance mondiale qu'elle était, à la situation d’un petit
État, de la plus riche contrée connue à la condition d’un royaume insolvable.</span></i></div>
</blockquote>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgrtBH_7769WK19ceshleB-U1hrVh93JFlrzHkRAP1GZjLY4JHOe0EL_4KOsCGYLyQ6wqsfWxy_kPKBoe1d5iDWFzUYyEUDIsj3wIcr7WtDftVsJsuqn2ifurNNBgq2BB-PxVIAiM5cRt8/s1600/tell_el-amarna_temple01.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgrtBH_7769WK19ceshleB-U1hrVh93JFlrzHkRAP1GZjLY4JHOe0EL_4KOsCGYLyQ6wqsfWxy_kPKBoe1d5iDWFzUYyEUDIsj3wIcr7WtDftVsJsuqn2ifurNNBgq2BB-PxVIAiM5cRt8/s1600/tell_el-amarna_temple01.jpg" height="238" width="400" /></a></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Dans les derniers
moments de sa vie, lorsqu’il eut constaté l’effondrement complet de ses
espoirs, Akh•en•Aton dut offrir à ses proches le spectacle pitoyable d’un homme
prostré, à la mâchoire tombante, aux yeux fixement ouverts. Il avait sacrifié
la Syrie à ses principes, mais son sacrifice était vain puisque ses doctrines
n’avaient même pas pris racine en Égypte. Il savait maintenant que la religion
atonienne ne lui survivrait pas et que la révélation au monde de l’amour divin
était prématurée. Les psaumes en l’honneur d’Aton n’en continuaient pas moins à
résonner à ses oreilles, les hymnes au Dieu qui l’avait abandonné à pénétrer
dans le palais avec le parfum des fleurs; les oiseaux qu’il aimait chantaient
aussi joyeusement dans les jardins luxuriants qu’ils l’avaient fait lorsqu’ils
inspirèrent au roi un passage de son grand poème. Mais le désespoir s’était
abattu sur lui et déjà les ombres de la mort commençaient à l’encercler. Le
malheur d’avoir échoué l’avait déprimé aussi profondément qu’eussent pu le
jeter bas les montagnes mêmes de l’ouest; son pauvre corps affaibli ne pouvait
plus supporter l’idée même de tout ce qu’il avait perdu.</span></i></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">L’histoire nous
raconte seulement qu’au moment où son empire s’écroula, Akh•en•Aton mourut. Les
médecins qui ont examiné son corps déclarent que sa mort est due sans doute à
une attaque. Mais par l’imagination nous entendons à travers les siècles
retentir un cri de complet désespoir et nous voyons la maigre silhouette de ce
“bel enfant de l’Aton” s’abattre sur le pavement décoré du palais et s’allonger
parmi les pavots rouges et les papillons gracieux qui s’y trouvaient peints</span></i><span lang="FR-CA">» (A Weigall. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Op. cit. </i><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>pp. 209-211).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">La mort d’Akh•en•Aton fut comme la levée d’un obstacle
qui obstruait l’Égypte. Le bref règne de </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjFB1w6ouPKnq0pR6xGc8lF-tkS_x7qE8bXP-q1AZXx8iHAWaI8Plmh-w6lNSpvSLjwAjKWdRcEmIcx3FUGJ3c628o1vJPbQqiP15B57YE8F7FESHh8a3jtC6b8w02ZzUWxmzAZtA-eJrI/s1600/toutankhamon20masque20fune9raire03.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjFB1w6ouPKnq0pR6xGc8lF-tkS_x7qE8bXP-q1AZXx8iHAWaI8Plmh-w6lNSpvSLjwAjKWdRcEmIcx3FUGJ3c628o1vJPbQqiP15B57YE8F7FESHh8a3jtC6b8w02ZzUWxmzAZtA-eJrI/s1600/toutankhamon20masque20fune9raire03.jpg" height="400" width="400" /></a>Smenkharé, suivi de celui de
Tout•ankh•aton, gendre</span><br />
<span lang="FR-CA">d’Akh•en•</span><br />
<span lang="FR-CA">aton, qui ramena son nom à <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjFB1w6ouPKnq0pR6xGc8lF-tkS_x7qE8bXP-q1AZXx8iHAWaI8Plmh-w6lNSpvSLjwAjKWdRcEmIcx3FUGJ3c628o1vJPbQqiP15B57YE8F7FESHh8a3jtC6b8w02ZzUWxmzAZtA-eJrI/h120/toutankhamon20masque20fune9raire03.jpg">Tout•ankh</a></span><br />
<span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi7Og4q7Yx5kzp98fy-ZO7L-xql_NN8NOwT6JeUG9kh-2tVUrZRVygBRoDfg-hNi_UXjFQCusFn9DUV9_GCfwtvuRMyOSLxIZkNxOLoNk8KYWwUvIdAnfoxY17zDAnzlyhSKL55n6oyaJA/h120/toutankhamon20masque20fune9raire03.jpg">•amon</a>
signifia le triomphe du clergé d’Amon. Aussitôt, toutes les traces du pharaon
hérétique furent <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhh-octLaxnA4aWGkKJ5NIwNn-rrPYhH-QiwXHlzrPRSpNsc8WgNYESvKBm6rYfbIMNrcYbjEt1z0jQH5j6US3KyXt98msfZqyZ_PxDh-AtTz1HnGo1CaYOjgXoI_HaI1smGvrvuOWS-eo/h120/tiyi-houya.jpg">effacées</a>. La cité d’Akhet•aton fut désertée et les documents
de la chancelleries abandonnées aux sables du désert, de même que les œuvres
d’art que les égyptologues redécouvrirent à la fin du XIXe siècle. Longtemps,
Aménophis IV ne fut qu’un pharaon parmi d’autres dans la succession anonyme des
rois de la XVIIIe dynastie. Quel ne fut pas l’étonnement des savants de
</span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhh-octLaxnA4aWGkKJ5NIwNn-rrPYhH-QiwXHlzrPRSpNsc8WgNYESvKBm6rYfbIMNrcYbjEt1z0jQH5j6US3KyXt98msfZqyZ_PxDh-AtTz1HnGo1CaYOjgXoI_HaI1smGvrvuOWS-eo/s1600/tiyi-houya.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhh-octLaxnA4aWGkKJ5NIwNn-rrPYhH-QiwXHlzrPRSpNsc8WgNYESvKBm6rYfbIMNrcYbjEt1z0jQH5j6US3KyXt98msfZqyZ_PxDh-AtTz1HnGo1CaYOjgXoI_HaI1smGvrvuOWS-eo/s1600/tiyi-houya.jpg" height="242" width="400" /></a>découvri-</span><br />
<span lang="FR-CA">rent ce pan censuré de l’histoire égyp-</span><br />
<span lang="FR-CA">tienne! Le corps du pharaon
maudit fut découvert dans la tombe de sa mère, la reine Tiyi. Après le meurtre
(semble-t-il avéré) de Tout•ankh•amon, vers l’âge de 19 ans, avec le vieux
pharaon Aÿ et son successeur Hor•em•heb, les soldats retournèrent en campagne
vers la Syrie. Le clergé d’Amon renfloua à nouveau ses précieuses cassettes
d’or. Tout cela n’avait été qu’une aventure sans lendemain, l’Égypte retrouvant
sa puissance mondiale sous la dynastie suivante des <span class="st">Ramesside</span>s.</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Si nous pouvions partager la personnalité d’<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiKKi7iqR2kF7JQimtDxnbK-RRpWK0Ht4JNr0GtbXd74Y516rt7k7ATnSGAS3A177C9tV8O86t-at8TBI61VaHmF9kQGMHcseVFlBQOinIRIuTsCQGr7vPqeiSjZ4FynxHBJI0v-FtV3IA/h120/crane-akhenaton-trouve-dans-la-tombe-kv35-de.jpg">Akh•en•aton</a>
en deux, nous trouverions incontestablement le </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiKKi7iqR2kF7JQimtDxnbK-RRpWK0Ht4JNr0GtbXd74Y516rt7k7ATnSGAS3A177C9tV8O86t-at8TBI61VaHmF9kQGMHcseVFlBQOinIRIuTsCQGr7vPqeiSjZ4FynxHBJI0v-FtV3IA/s1600/crane-akhenaton-trouve-dans-la-tombe-kv35-de.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiKKi7iqR2kF7JQimtDxnbK-RRpWK0Ht4JNr0GtbXd74Y516rt7k7ATnSGAS3A177C9tV8O86t-at8TBI61VaHmF9kQGMHcseVFlBQOinIRIuTsCQGr7vPqeiSjZ4FynxHBJI0v-FtV3IA/s1600/crane-akhenaton-trouve-dans-la-tombe-kv35-de.jpg" height="391" width="400" /></a>fanatique religieux et l’âme
sensible. Les deux ont concouru à précipiter la civili-</span><br />
<span lang="FR-CA">sation égyp-</span><br />
<span lang="FR-CA">tienne vers
une fin pré-</span><br />
<span lang="FR-CA">maturée. Si le pharaon avait survécu quelques années encore,
il aurait plongé son empire en pleine guerre civile de manière concomitante avec une
invasion des Hittites et de leurs satellites. L’histoire moderne de l’Amérique
latine a connu un exemplaire de chacune de ces deux sous-personnalités :
une en Équateur et l’autre au Mexique. Et leur présence à la tête de leur pays
engendra des troubles, voire une guerre civile des plus meurtrière du XXe
siècle.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Les fanatiques religieux sont à la mode présentement,
surtout dans les mondes musulmans et indiens. Ils ne doivent pas nous faire
oublier les fanatiques chrétiens, et pour un temps – très long – les fanatiques
catholiques. Livrés à eux-mêmes, ils sont insupportables. Portés au pouvoir,
leur fanatisme devient <i style="mso-bidi-font-style: normal;">cruel et
étouffant. </i>On connaît assez bien l’histoire du moine dominicain Savonarole
à Florence (1452-1498) qui faillit mettre un frein à la Renaissance par son
«puritanisme» exacerbé. Dans le cas du président de la </span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi8XqBjPFl1aIz4yivBieZi7UGEqfClCDKEIB2vHWpviuZnWp51gCkkKxoYeIyVAofS0NdCJxuP5CXotk-KnkaPqB6wa5rt4dyhAXyM0TyiESu8-ZynLNQsRGQ5Ngkn5px-bpBd_WMaj9w/s1600/Gabriel_Garc%C3%ADa_Moreno_(Reino_de_Quito).jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi8XqBjPFl1aIz4yivBieZi7UGEqfClCDKEIB2vHWpviuZnWp51gCkkKxoYeIyVAofS0NdCJxuP5CXotk-KnkaPqB6wa5rt4dyhAXyM0TyiESu8-ZynLNQsRGQ5Ngkn5px-bpBd_WMaj9w/s1600/Gabriel_Garc%C3%ADa_Moreno_(Reino_de_Quito).jpg" height="400" width="325" /></a></span>République de
l’Équateur, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi8XqBjPFl1aIz4yivBieZi7UGEqfClCDKEIB2vHWpviuZnWp51gCkkKxoYeIyVAofS0NdCJxuP5CXotk-KnkaPqB6wa5rt4dyhAXyM0TyiESu8-ZynLNQsRGQ5Ngkn5px-bpBd_WMaj9w/h120/Gabriel_Garc%C3%ADa_Moreno_(Reino_de_Quito).jpg">Gabriel García Moreno</a> (1821-1875), le pays fut livré à la
théocratie la plus dictatoriale. Président du pays à deux reprises (1861-1865)
et 1869-1875), ce fervent catholique alla jusqu’à consacrer son pays au
Sacré-Cœur en 1873. L’arrivée de García Moreno au pouvoir, supporté par les
grands propriétaires fonciers et le patronat, mit un terme à une période
d’instabilité politique : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Grand par
la sincérité absolue et la probité de l’homme, le gouvernement de García Moreno
avait été cruel et étouffant pour la bourgeoisie cultivée qui s’inspirait d’un
autre idéal</i>» (V.-L. Tapié. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Histoire
de l’Amérique latine au XIXe siècle, </i>Paris, Aubier, s.d., p. 227). García
Moreno avait quand même réunifié son pays en 1860 en chassant de Guayaquil le
général Franco qui bénéficiait du soutien du dictateur du pays voisin, le Pérou.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Sa grande erreur fut de négliger l’équilibre précaire de son
pouvoir. S’il parvint à rétablir l’ordre dans le pays; à améliorer les finances
publiques, à permettre une période de relative prospérité pour les quinze
années qu’il fut au pouvoir, son principal appui demeurait l’Église catholique.
Il signa ainsi un concordat très favorable au clergé équatorien. Pour l’époque,
c’était un cas assez exceptionnel dans cette partie du monde et le «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">patronat pris très au sérieux, puis
soigneusement remis en vigueur par le “gouvernement </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiKY3WAty9IRcgy3bgNzLdULy70Z-elYuRPNTZn6fxcBnHQV3FzhPeYm0ygXRWqF9gb9WDNxxDCEIeiQvIgrMs9xFsNTE4z05KkQVtf6lWZ_rP4pRKIfKsBXyW87jcI2BKGtQTe0oWFGq0/s1600/juan.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiKY3WAty9IRcgy3bgNzLdULy70Z-elYuRPNTZn6fxcBnHQV3FzhPeYm0ygXRWqF9gb9WDNxxDCEIeiQvIgrMs9xFsNTE4z05KkQVtf6lWZ_rP4pRKIfKsBXyW87jcI2BKGtQTe0oWFGq0/s1600/juan.jpg" height="400" width="288" /></a>théocratique” de García
Moreno</i>» (F. Chevalier. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’Amérique
latine : De l’indépendance à nos jours, </i>Paris, P.U.F., Col. Nouvelle
Clio, # 44, 1977, p. 422) marqua un rare exemple de prospérité «libérale». Or,
cette <i style="mso-bidi-font-style: normal;">bourgeoisie cultivée </i>qui
souffrait le plus la théocratie de García Moreno était essentiellement libérale
et, mue par les pamphlets de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiKY3WAty9IRcgy3bgNzLdULy70Z-elYuRPNTZn6fxcBnHQV3FzhPeYm0ygXRWqF9gb9WDNxxDCEIeiQvIgrMs9xFsNTE4z05KkQVtf6lWZ_rP4pRKIfKsBXyW87jcI2BKGtQTe0oWFGq0/h120/juan.jpg">Juan Montalvo</a> (1833-1889), se rassembla autour de
son ami, Eloy Alfaro qui menait un véritable duel avec le président-dictateur.
Montalvo publia un pamphlet <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Contre</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">la tyrannie perpétuelle, </i>interdit bien
sûr par la censure. Mais la brochure pénètra «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">clandestinement, malgré la police, en Équateur, </i>[et] <i style="mso-bidi-font-style: normal;">produit une véritable fermentation
intellectuelle et politique hostile au terrible dictateur clérical qui termina
sa vie sous le couteau d’un assassin</i>» (L. Manigat. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’Amérique latine au XXe siècle 1889-1929, </i>Paris, Éditions
Richelieu, s.d., p. 161). Et, pour les anticléricaux poussés dit-on par l’action
subtile de la Franc-Maçonnerie, avoir proclamé la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Royauté sociale du Christ </i><span style="mso-bidi-font-style: normal;">suffisait seul à </span>susciter
l’exaspération.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">On peut toujours évoquer le contexte de la guerre au modernisme que
livrait la papauté de Pie IX pour expliquer ce geste de l’idéaliste réformateur.
Les biographies, nombreuses pour un chef d’État d’un si petit pays, seront
rédigées par des Jésuites et autres religieux au cours des années qui suivront
son assassinat, le présentant comme un modèle de martyr contemporain. Un
Daniel-Rops, par exemple, ne peut rester insensible devant le modèle García
Moreno comme chef d’État catholique, ne voyant en lui que «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">le seul chef d’État qui eût protesté contre la prise de Rome par
Victor-Emmanuel</i>» (H. Daniel-Rops. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Un
combat pour Dieu, </i>Paris, Fayard, Col. Les Grandes Études historiques, 1963,
p. 149). Tout cela fausse les perspectives de cet idéaliste fanatique. D’abord,
qui était García Moreno?</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;">«<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgnn4UNyKkY1q_Ee25oA6X4iOAz8pH60WtwfKv8vl-ZsW999ctTienZKu-vHBtwLvyOpgWwuFXVW_Q60bq66Rshyphenhyphen1VYo4bHFTHqssOuIGPNLkezN7BBuriJsB9XJlc210wxzhU_SyTsiVY/h120/Garcia_moreno,_joven_a.jpg"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">Gabriel </i></a></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgnn4UNyKkY1q_Ee25oA6X4iOAz8pH60WtwfKv8vl-ZsW999ctTienZKu-vHBtwLvyOpgWwuFXVW_Q60bq66Rshyphenhyphen1VYo4bHFTHqssOuIGPNLkezN7BBuriJsB9XJlc210wxzhU_SyTsiVY/h120/Garcia_moreno,_joven_a.jpg"><span lang="FR-CA">García</span></a><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-ansi-language: FR;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgnn4UNyKkY1q_Ee25oA6X4iOAz8pH60WtwfKv8vl-ZsW999ctTienZKu-vHBtwLvyOpgWwuFXVW_Q60bq66Rshyphenhyphen1VYo4bHFTHqssOuIGPNLkezN7BBuriJsB9XJlc210wxzhU_SyTsiVY/h120/Garcia_moreno,_joven_a.jpg"> Moreno</a>
était né à Guayaquil en 1821, d’une famille d’origine castillane. Il tenait de
ses ancêtres l’esprit de domination qui caractérise le Castillan et la solidité
de </span></i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-ansi-language: FR;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgnn4UNyKkY1q_Ee25oA6X4iOAz8pH60WtwfKv8vl-ZsW999ctTienZKu-vHBtwLvyOpgWwuFXVW_Q60bq66Rshyphenhyphen1VYo4bHFTHqssOuIGPNLkezN7BBuriJsB9XJlc210wxzhU_SyTsiVY/s1600/Garcia_moreno,_joven_a.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgnn4UNyKkY1q_Ee25oA6X4iOAz8pH60WtwfKv8vl-ZsW999ctTienZKu-vHBtwLvyOpgWwuFXVW_Q60bq66Rshyphenhyphen1VYo4bHFTHqssOuIGPNLkezN7BBuriJsB9XJlc210wxzhU_SyTsiVY/s1600/Garcia_moreno,_joven_a.jpg" height="400" width="241" /></a>la foi chrétienne. D’une précoce intelligence, il fit d’excellentes études à
l’Université de Quito et s’imposa à ses camarades par cette étonnante énergie
qui apparaît bien comme le caractère fondamental de sa nature. Il savait se
gouverner lui-même : la discipline à laquelle il se contraignit, les actes
de volonté qu’il accomplit révèlent une maîtrise de l’âme extraordinaire,
presque effrayante chez un jeune homme. Durant un séjour à Paris, il subit une
crise de doute religieux dont il triompha. Il étudia les sciences
mathématiques, physiques et chimiques, pour lesquelles il était fort bien doué.
Mais il se proposa d’être avant tout un juriste et un journaliste; à son
gré, c’était par les </span></i><span style="mso-ansi-language: FR;">Sciences
morales et politiques <i style="mso-bidi-font-style: normal;">que devait se
former l’élite d’une nation et tout particulièrement d’un État comme l’Équateur
qui, pour </i>un million d’habitants <i style="mso-bidi-font-style: normal;">n’en
comptait guère plus de </i>30,000 de race blanche. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">À Paris, il se lia d’amitié avec le chimiste et agronome Boussignault
qui explora l’Équateur, la Colombie, la Plata et fit l’ascension du Chimborazo.
Il lui dut certainement ce goût très vif pour les sciences qu’il conserva
toujours et qui l’éleva au premier rang des intelligences américaines. </i>[…] <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Disciple résolu du Christ, il s’initiait à
la doctrine sociale du catholicisme</i>» (J.-T. Bertrand. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Histoire de l’Amérique espagnole, t. 2 : Les guerres de
l’Indépendance. La période contemporaine. </i>Paris, Éditions Spes, 1928, pp.
261-262). </span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;"><span style="mso-ansi-language: FR;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEie9D9C5_rr8lNdFSE7PYNJCkxDujHrGOp60OBN37Q1LIpjAw7M6I4Z5bLlh6HgDMywnzGeoLFkm0Mre4gZDv4XjodGvLxixICAZe9eXD3uLGLmg0mIsc3T__VXbW4GYJAPisYrc0LmPQ0/s1600/426px-Jos%C3%A9_Mar%C3%ADa_Urbina0001.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEie9D9C5_rr8lNdFSE7PYNJCkxDujHrGOp60OBN37Q1LIpjAw7M6I4Z5bLlh6HgDMywnzGeoLFkm0Mre4gZDv4XjodGvLxixICAZe9eXD3uLGLmg0mIsc3T__VXbW4GYJAPisYrc0LmPQ0/s1600/426px-Jos%C3%A9_Mar%C3%ADa_Urbina0001.jpg" height="400" width="283" /></a></span>Il ne
fait aucun doute que </span><span lang="FR-CA">García</span><span style="mso-ansi-language: FR;"> Moreno était un homme courageux, surtout
lorsqu’il livra la lutte au président <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEie9D9C5_rr8lNdFSE7PYNJCkxDujHrGOp60OBN37Q1LIpjAw7M6I4Z5bLlh6HgDMywnzGeoLFkm0Mre4gZDv4XjodGvLxixICAZe9eXD3uLGLmg0mIsc3T__VXbW4GYJAPisYrc0LmPQ0/h120/426px-Jos%C3%A9_Mar%C3%ADa_Urbina0001.jpg">Urvina</a>, considéré comme l’agent des
Francs-Maçons. Et comme tous les présidents, dictateurs ou autres chefs d’État
des Amériques latines, il voulait un exécutif fort et stable. Sa vision
théocratique n’était pas un simple relent idéologique. Ce qui désarme chez lui,
c’est la conviction profonde qui l’anime :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;">«</span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">García</span></i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-ansi-language: FR;"> Moreno
fut un vrai chef, selon l’idéal espagnol et selon l’idéal chrétien. Il se
considéra comme le </span></i><span style="mso-ansi-language: FR;">vicaire de
Dieu, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">chargé de diriger vers le bien le
peuple qui l’avait choisi. Aussi n’hésitait-t-il point à user d’une rigueur
parfois extrême à l’encontre des fauteurs de désordre. Il s’estimait </i>responsable
devant ses concitoyens <i style="mso-bidi-font-style: normal;">et leur rendait
compte clair, scrupuleux et très concret de sa gestion, dans ses </i>Messages <i style="mso-bidi-font-style: normal;">annuels. Il s’estimait surtout </i>responsable
devant Dieu. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">À elle seule, cette
conscience très nette et très loyale de la double responsabilité des hommes
politiques, suffirait à le différencier des autres </i>caudillos. Elle donne à
chacun de ses actes publics une signification et une portée originale, un
retentissement profond» (J.-T. Bertrand. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid.
</i>p. 263).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiynpx_Ti6Fp2VxMiQk4e7Sp5lBRLSd9rnecsU143d02jE5c8ny1n0Tf8QuQfXov9_EsbM-QZwgo4gYBrS3xsYtiwLR53bYH-eVlJIOUc1owDJmlNXjs5SBbmxf1frExHn5V1lQkQbbh6g/s1600/le_Play_age.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiynpx_Ti6Fp2VxMiQk4e7Sp5lBRLSd9rnecsU143d02jE5c8ny1n0Tf8QuQfXov9_EsbM-QZwgo4gYBrS3xsYtiwLR53bYH-eVlJIOUc1owDJmlNXjs5SBbmxf1frExHn5V1lQkQbbh6g/s1600/le_Play_age.jpg" height="320" width="281" /></a>Il faut
reconnaître que, contrairement à Akh•en•aton, </span><span lang="FR-CA">García</span><span style="mso-ansi-language: FR;"> Moreno ne négligea pas les intérêts matériels de
son pays. Sa formation de savant positiviste faisait sans doute un étrange
contraste avec sa dévotion catholique, mais à l’époque où le sociologue français <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiynpx_Ti6Fp2VxMiQk4e7Sp5lBRLSd9rnecsU143d02jE5c8ny1n0Tf8QuQfXov9_EsbM-QZwgo4gYBrS3xsYtiwLR53bYH-eVlJIOUc1owDJmlNXjs5SBbmxf1frExHn5V1lQkQbbh6g/h120/le_Play_age.jpg">Frédéric Le Play</a>
travaillait à développer l’idéologie corporatiste et le paternalisme social, </span><span lang="FR-CA">García</span><span style="mso-ansi-language: FR;"> Moreno comprenait
très bien l’importance des infrastructures dans le développement économique de
son pays : </span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<blockquote class="tr_bq">
<span style="mso-ansi-language: FR;">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Vouloir la volonté divine et coopérer à
l’avènement du Sacré Cœur de Jésus, du Christ-Roi, n’empêchait point </i></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhPbzASve74coZMi-UgE_j6dobnjxt58JUwfrmOI0KBeC_YKBGgu8-oeBYSNfVOyWgCAOvYPiYzqOqBFNYw9emyFzH4RDJuy2Lly6lIWPHw0YzxRrfknyvK_23ZdaVhVu6vKC2GInrsSbs/h120/A011_GM_Portrait.jpg"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">García</span></i></a><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-ansi-language: FR;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhPbzASve74coZMi-UgE_j6dobnjxt58JUwfrmOI0KBeC_YKBGgu8-oeBYSNfVOyWgCAOvYPiYzqOqBFNYw9emyFzH4RDJuy2Lly6lIWPHw0YzxRrfknyvK_23ZdaVhVu6vKC2GInrsSbs/h120/A011_GM_Portrait.jpg"> Moreno</a>
de songer </span></i><span style="mso-ansi-language: FR;">au pain quotidien, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">à la prospérité matérielle de sa patrie et
de travailler à relever l’Équateur de l’humiliante misère où l’avaient jeté les
incessantes guerres civiles. Il amortit dans une assez large mesure, la dette
publique. En quatre ans, les excédents de recettes passèrent de </i>1,400,000
pesos à 2,900,000. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le président pouvait
annoncer dans son </i>Message <i style="mso-bidi-font-style: normal;">de l’an
1872, que le résultat avait été obtenu – sans renier aucune des dettes de la
Nation, ni diminuer les traitements ou les pensions justement dus. “Non
seulement, </i></span><span style="mso-ansi-language: FR;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-ansi-language: FR;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhPbzASve74coZMi-UgE_j6dobnjxt58JUwfrmOI0KBeC_YKBGgu8-oeBYSNfVOyWgCAOvYPiYzqOqBFNYw9emyFzH4RDJuy2Lly6lIWPHw0YzxRrfknyvK_23ZdaVhVu6vKC2GInrsSbs/s1600/A011_GM_Portrait.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhPbzASve74coZMi-UgE_j6dobnjxt58JUwfrmOI0KBeC_YKBGgu8-oeBYSNfVOyWgCAOvYPiYzqOqBFNYw9emyFzH4RDJuy2Lly6lIWPHw0YzxRrfknyvK_23ZdaVhVu6vKC2GInrsSbs/s1600/A011_GM_Portrait.jpg" height="320" width="261" /></a></span>ajoutait-il, je ne demande pas l’augmentation des impôts, mais
j’exige qu’on supprime du rôle des dépenses l’indemnité promise lors de la
libération des esclaves à leurs propriétaires, puisque cette dette est
entièrement soldée”. On avait payé </i>227,000 pesos <i style="mso-bidi-font-style: normal;">de la Dette étrangère, on avait dépensé </i>442,000 pesos <i style="mso-bidi-font-style: normal;">pour le seul ministère de l’</i>Instruction
publique ; <i style="mso-bidi-font-style: normal;">on en avait employé un </i>million
deux cent mille <i style="mso-bidi-font-style: normal;">en travaux d’utilité
publique : routes, ponts, digues, etc… Tous ceux qui ont voyagé dans les
Andes savent combien est difficile et dangereux le chemin du port de Guayaquil
à la ville de Quito, laquelle se trouve à l’altitude, de 2, 850 mètres. </i></span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">García</span></i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-ansi-language: FR;"> Moreno
résolut de donner à sa patrie </span></i><span style="mso-ansi-language: FR;">la
grande artère indispensable. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Et en 1873,
il pouvait dire, dans son Message : “</i>La route du Sud <i style="mso-bidi-font-style: normal;">a déjà plus de 260 kilomètres, avec cent
ponts et quatre cents viaducs. Il ne manque pour unir le point terminal au port
de Guayaquil, qu’une petite ligne ferrée, qui va être entreprise”. Voilà, en
résumé l’œuvre de celui que Juan Montalvo appelait “</i><b style="mso-bidi-font-weight: normal;">un monstre abominable</b>, un fléau de l’humanité, la terreur des
pusillanimes, la ruine des hommes courageux, ennemi de Dieu et des hommes, que
l’on peut impunément tuer comme un tigre ou une couleuvre”» (J.-T. Bertrand. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 265-266).</span></blockquote>
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;">Ce sont
ces excès de rhétoriques qui devaient précipiter la fin du dictateur. Il venait
à peine d’être réélu président pour un troisième mandat, le 4 août 1875, que le
surlendemain, au moment où il sortait de la cathédrale, il était assassiné par
un sicaire nommé Rayo. En effet, le 6 août 1875, au sortir de la messe (à
</span><span style="mso-ansi-language: FR;"><span style="mso-ansi-language: FR;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEik347FKEAXyv2OuVYCnqsZKhyphenhyphenv6hy35-YiiMt6T08IPS00_WiZdI7kYdUzW1Tc35n3DQJMxEOcGZSLA1hiyofhICBHO2rKnq1YylRr5IYMSmBP2MilMLcQnXOjQ7I-vAsARuigFhAsLhQ/s1600/garcia-moreno-catholic-president-of-ecuador-is-assassinated-giclee-print-c12366794.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEik347FKEAXyv2OuVYCnqsZKhyphenhyphenv6hy35-YiiMt6T08IPS00_WiZdI7kYdUzW1Tc35n3DQJMxEOcGZSLA1hiyofhICBHO2rKnq1YylRr5IYMSmBP2MilMLcQnXOjQ7I-vAsARuigFhAsLhQ/s1600/garcia-moreno-catholic-president-of-ecuador-is-assassinated-giclee-print-c12366794.jpg" height="298" width="400" /></a></span>laquelle il se rendait tous les jours), </span><span lang="FR-CA">García</span><span style="mso-ansi-language: FR;"> Moreno se vit attaqué par quatre hommes armés de
machettes et de pistolets. Faustino Rayo, Robert Andrade, Abelardo Moncayo et
Manuel Cornejo. Il tenta de leur résister, mais il <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEik347FKEAXyv2OuVYCnqsZKhyphenhyphenv6hy35-YiiMt6T08IPS00_WiZdI7kYdUzW1Tc35n3DQJMxEOcGZSLA1hiyofhICBHO2rKnq1YylRr5IYMSmBP2MilMLcQnXOjQ7I-vAsARuigFhAsLhQ/h120/garcia-moreno-catholic-president-of-ecuador-is-assassinated-giclee-print-c12366794.jpg">succomba</a> très vite, n’ayant
que le temps de justifier : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Dios no
muere!</i>» (Dieu ne meurt pas!). Les quatre meurtriers, membres de cette <i style="mso-bidi-font-style: normal;">bourgeoisie éclairée </i>frustrée par la
ferveur religieuse du président, voire même un membre de l’armée et un
ex-jésuite (Moncayo). Cornejo se vit comme un modèle à la Plutarque, se
sacrifiant contre un dictateur (il sera exécuté le 27 août). Rayo, lui, sera
exécuté sur le champ. C’était un maroquinier, ancien employé du gouvernement de
</span><span lang="FR-CA">García</span><span style="mso-ansi-language: FR;"> Moreno
dans province de Napo. Le matin même du meurtre, on l’aurait vu discuter du
prix d’une selle avec sa future victime.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;">Les
suites de l’assassinat de </span><span lang="FR-CA">García</span><span style="mso-ansi-language: FR;"> Moreno entraînèrent leur cortège de suppositions,
de supputations et de paranoïa complotiste. La plupart provenant du parti
catholique. On insinua que le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Kulturkampf
</i>allemand, la politique religieuse anti-catholique de Bismarck à l’époque,
aurait financé un complot maçonnique international, aidé en cela par le
dictateur du Pérou. D’un autre côté, on ne cesse d’interroger la façon quasi
</span><span style="mso-ansi-language: FR;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjhqrpOQyHkBfbSOyjBVF8roDU4JHXbZN2tNDbU159bL7aEA2lW9BMcQ5X3XHqGGg7GfEk0jlcWvQWHmCPTrn8c2usqgUdoZPP1wEhc3zBizVGdOTDa3XWZHeR0pC0INDlL0WeCDnxTmjE/s1600/a014_Photo.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjhqrpOQyHkBfbSOyjBVF8roDU4JHXbZN2tNDbU159bL7aEA2lW9BMcQ5X3XHqGGg7GfEk0jlcWvQWHmCPTrn8c2usqgUdoZPP1wEhc3zBizVGdOTDa3XWZHeR0pC0INDlL0WeCDnxTmjE/s1600/a014_Photo.jpg" height="400" width="281" /></a>automatique avec laquelle furent exécutés Rayo et Cornejo et les inégalités de
traitement dans la poursuite des personnes impliquées. Il restait toujours le
pamphlétaire Montalvo qui s’attribua, non sans remords, la responsabilité du
crime : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Mi pluma lo mató </i>(C’est
ma plume qui l’a tué). À l’homme à la poigne de fer succéda un président
intermédiaire vite renversé par une junte militaire. Dans la foulée de
l’anticléricalisme qui avait voué à la mort García Moreno, l’archevêque de
Quito, la capitale, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjhqrpOQyHkBfbSOyjBVF8roDU4JHXbZN2tNDbU159bL7aEA2lW9BMcQ5X3XHqGGg7GfEk0jlcWvQWHmCPTrn8c2usqgUdoZPP1wEhc3zBizVGdOTDa3XWZHeR0pC0INDlL0WeCDnxTmjE/h120/a014_Photo.jpg">José Ignacio Checa y Barba</a>, le 30 mars 1877, alors qu’il
célébrait la messe dans la même cathédrale où García Moreno avait été assassiné
sur les marches y conduisant, sentit un vif malaise et dut céder l’office. Il
sortit en se précipitant. Atteint de fortes douleurs abdominales et vomissant,
il s’effondra mort dans une ruelle en clamant «</span><span style="mso-ansi-language: FR;"><span class="st"><i>¡Hidos mios, he sido envenenado!</i></span>» (<i>Mes enfants, j'ai été empoisonné!)</i>. De fait, on
trouva de la </span><span class="st"><span lang="FR-CA">strychnine</span></span><span style="mso-ansi-language: FR;"> dans le calice où il avait bu ce qu’il croyait
être le sang du Christ.</span><br />
<br />
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</o:shapelayout></xml><![endif]--><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Quelle
fut la véritable négligence de García Moreno? Nous l’avons dit. La
surestimation de son pouvoir moral appuyé sur ses réussites politiques et économiques.
Mais à une époque où la liberté de conscience et le droit à la parole étaient
de plus en plus considérés comme des droits fondamentaux, la tyrannie et la censure ne
pouvaient plus être subies sans résistance poussée jusqu'à l'agressivité. L’individu peut avoir la liberté en affaires et viser
des fortunes faramineuses; il peut accéder à la forme de démocratie la plus
libérale où ses représentants gèrent son pays dans les intérêts de la
bourgeoisie plus que du peuple. Mais lorsque quelqu’un lui dit quoi penser et ne
pas penser; quoi dire et quoi taire, il se rebelle comme s’il souffrait d’une
contrainte intolérable. Tant de libertés permises et cette seule obstruction créent
un contraste qui rend la vie misérable pour beaucoup. Comme le constatait
Rousseau, l’homme préfère décider de lui-même à qui il doit confier les chaînes qui entraveront sa
liberté.</span><br />
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;">La
seconde sous-personnalité tirée de l’exemple du pharaon Akh•en•aton est celle
chez qui l’hyper-sensibilité devient un obstacle au maintien au pouvoir. On peut
être brave comme García Moreno, vaincre un dictateur </span><span style="mso-ansi-language: FR;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjrWTgOu64-DRen6PQ-L3ot6gSBEcYvuHGVStrumQ20bUugrS7WQrb3V0QNCKBLDGUn4bhErad1Uk8Hg-k15B_o9don89Aj7tf2lV-ZB905oEaVqvjcjBz-MQoCfJQr7s-xw3cxMe63ldg/s1600/Francisco_I_Madero.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjrWTgOu64-DRen6PQ-L3ot6gSBEcYvuHGVStrumQ20bUugrS7WQrb3V0QNCKBLDGUn4bhErad1Uk8Hg-k15B_o9don89Aj7tf2lV-ZB905oEaVqvjcjBz-MQoCfJQr7s-xw3cxMe63ldg/s1600/Francisco_I_Madero.jpg" height="400" width="335" /></a>comme Porfirio Díaz au
Mexique, en se faisant <i style="mso-bidi-font-style: normal;">l’Apôtre de la
Révolution, </i>mais cela n’a pas été suffisant pour <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjrWTgOu64-DRen6PQ-L3ot6gSBEcYvuHGVStrumQ20bUugrS7WQrb3V0QNCKBLDGUn4bhErad1Uk8Hg-k15B_o9don89Aj7tf2lV-ZB905oEaVqvjcjBz-MQoCfJQr7s-xw3cxMe63ldg/h120/Francisco_I_Madero.jpg">Francisco Ignacio Madero González</a> (1873-1913). Élève des Jésuites, ayant étudié aux États-Unis, ce
richissime entrepreneur voulait établir une démocratie à l’américaine par des
moyens pacifiques et évincer la dictature de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgGyBuNQhlFQRaNRJrrpNTY9anCOMfzS2UQVSocwldp9J1yzV5S6M0TW_M4EEoD6tyWvMKnOaXaFOdPnlQzu4kIidRxD8PVInbPL8K_1FRsxQXd6rVnB2H6lwzI8ysDYSY-ZhyphenhyphenHNzR2wa0/h120/porfirio.jpg">Porfirio Díaz</a>, dont les élections
se succédaient sans oppositions. D’où son slogan à succès : </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgGyBuNQhlFQRaNRJrrpNTY9anCOMfzS2UQVSocwldp9J1yzV5S6M0TW_M4EEoD6tyWvMKnOaXaFOdPnlQzu4kIidRxD8PVInbPL8K_1FRsxQXd6rVnB2H6lwzI8ysDYSY-ZhyphenhyphenHNzR2wa0/s1600/porfirio.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgGyBuNQhlFQRaNRJrrpNTY9anCOMfzS2UQVSocwldp9J1yzV5S6M0TW_M4EEoD6tyWvMKnOaXaFOdPnlQzu4kIidRxD8PVInbPL8K_1FRsxQXd6rVnB2H6lwzI8ysDYSY-ZhyphenhyphenHNzR2wa0/s1600/porfirio.jpg" height="400" width="337" /></a></span>sufragio efectivo, no
reelección</span></i><span lang="FR-CA"> (suffrage effectif et pas de
réélection). Diaz était président de la République mexicaine depuis 1876 et on
était en 1910. Madero fonda le Parti national anti-réélectionnis-</span><br />
<span lang="FR-CA">te, Persécuté par Diaz, forcé de se cacher aux États-Unis, Madero rédigea son
programme économique et social, le Plan de San Luis Potozi (de l’endroit où il
fut publié au Mexique). Le Plan était essentiellement politique, mais Madero y ajouta une partie sur la condition des agriculteurs qu’il
entendait améliorer. La paysannerie mexicaine était pauvre, étranglée par les
grands propriétaires fonciers qui soutenaient Díaz depuis quarante ans. En 1910,
Diaz crut faire un bon coup, misant sur sa popularité, en autorisant des
élections libres où Madero pouvait se présenter. À son grand étonnement, il fut
battu. Ne voulant céder le pouvoir, une vaste coalition s’organisa pour l'en
chasser. </span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">En mai 1911, il devient évident que Diaz est perdu. Madero descend
lentement mais sûrement. Pancho Villa enlève d’assaut Ciudad Juarez. Zapata,
dont la cause s’est étendue de Morelos aux états voisins, s’empare du nœud
ferroviaire de Cuautla. Les troupes, les garnisons, l’armée de Diaz se mutinent
et se débandent. Les “trois glorieuses” de Mexico achèvent la victoire. En
réalité, il s’agit des deux dernières journées révolutionnaires des 24 et 25 mai.
La première journée est une importante manifestation rassemblant des milliers
de citoyens lançant des slogans révolutionnaires et hostiles à Diaz; la seconde
est marquée par la fusillade de la place de la Reforma, à partir de quoi, le
contrôle de la situation échappe à l’octogénaire qui, abandonné et désormais sans
défense, démissionne et part pour l’exil. “Liberté, constitution, élections
libres et honnêtes, terre, eau, écoles, le Mexique aux Mexicains, justice
sociale, etc.” : tout cela triomphe confusément, charrié par des slogans
au cri desquels s’annonce l’ère de la révolution. Le 7 juin 1911 Madero fait
une <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjZvnI-pQEFPMChQYYQ9DHIYOd3u8Hz1_oQomWe-WgNl8L3HHYPl931s6bh3XvZsooL-ZdaCO6snXSktMHcmCTwAXi7w62-EViAn8bHgQMjOno7bNzlqlZs-_EzulGCFn11dZAGpaMuBUg/h120/1911-Nov6-Madero_2.JPG">entrée triomphale</a> dans la capitale en liesse; Madero le Sans Tache, Madero
l’Incorruptible, Madero le Rédempteur. Le héros du jour se trouve au confluent
de différents courants revendicatifs des différentes classes composant la
coalition victorieuse</i>» (L. Manigat. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Op.
c it</i>. p. 197).</span></div>
</blockquote>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjZvnI-pQEFPMChQYYQ9DHIYOd3u8Hz1_oQomWe-WgNl8L3HHYPl931s6bh3XvZsooL-ZdaCO6snXSktMHcmCTwAXi7w62-EViAn8bHgQMjOno7bNzlqlZs-_EzulGCFn11dZAGpaMuBUg/s1600/1911-Nov6-Madero_2.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjZvnI-pQEFPMChQYYQ9DHIYOd3u8Hz1_oQomWe-WgNl8L3HHYPl931s6bh3XvZsooL-ZdaCO6snXSktMHcmCTwAXi7w62-EViAn8bHgQMjOno7bNzlqlZs-_EzulGCFn11dZAGpaMuBUg/s1600/1911-Nov6-Madero_2.JPG" height="287" width="400" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Madero n’était ni un
bandit préoccupé de sa seule personne comme Pancho Villa, ni un révolutionnaire
social comme Zapata. C’était un bourgeois fortuné mais qui n’était pas dénué
d’une vision sociale. Sa plate-forme électorale contre Diaz lors de l’élection
de 1910 suffit à nous convaincre : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le
26 avril, Madero et Vásquez Gómez présentent leur plate-forme pour un programme
de gouvernement : non-réélection, suffrage direct, liberté politique,
liberté de presse, liberté de l’enseignement; amélioration des conditions de
vie </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">des ouvriers (création de centres d’apprentissage, lois sur les pensions et
des indemnités sur les accidents de travail); fondation de colonies agricoles;
tentative de solution du problème indien; lutte contre les monopoles et les
privilèges; encouragement à la grande et surtout à la petite agriculture, ainsi
qu’à l’irrigation; mexicanisation du personnel des chemins de fer; réforme de
l’armée et enseignement militaire obligatoire; renforcement des bonnes
relations avec les pays étrangers, en </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhIuyz8DUK57pn0mYfUsFRc-puMesoTLvjhAqHTSB4DzvKfjATzmxGG5AFgBpZb2QgUZfLvtOEKBDNgUQexacry-TBsBLyQlDziMZFA85-s6PiyXOf8AqATRgoszKsjkzyNSgEj7yY5_-U/s1600/madero_francisco.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhIuyz8DUK57pn0mYfUsFRc-puMesoTLvjhAqHTSB4DzvKfjATzmxGG5AFgBpZb2QgUZfLvtOEKBDNgUQexacry-TBsBLyQlDziMZFA85-s6PiyXOf8AqATRgoszKsjkzyNSgEj7yY5_-U/s1600/madero_francisco.jpg" height="400" width="376" /></a></span></i></span>particulier ceux d’Amérique centrale;
investisse-</i></span><br />
<span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">ment des fonds publics au bénéfice du pays; impôts équitablement
répartis</i>» (A. Nunes. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Les révolutions
du Mexique, </i>Paris, Flammarion, Col. Questions d’histoire, # 37, 1975, p.
70). <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhIuyz8DUK57pn0mYfUsFRc-puMesoTLvjhAqHTSB4DzvKfjATzmxGG5AFgBpZb2QgUZfLvtOEKBDNgUQexacry-TBsBLyQlDziMZFA85-s6PiyXOf8AqATRgoszKsjkzyNSgEj7yY5_-U/h120/madero_francisco.jpg">Madero</a> anticipait ainsi le Plan de San Luis Potosi, publié alors qu’il
était en exil, six mois plus tard. Ce programme semait de grandes attentes
socialement contradictoires dans toute la société. Diaz, qui tout au long de
son «règne» avait bénéficié du soutien des Américains, forçait Madero a
chercher de l’appui auprès des autres pays latino-américains. Aussi, lorsque
Diaz ne fut plus qu’un mauvais souvenir, Madero put rentrer à Mexico dans la
gloire et la liesse et organiser les premières élections vraiment libres de
l’histoire du Mexique. «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Madero fit son
entrée à Mexico en juin; il y fut reçu dans un enthousiasme qui dépassait de
bien loin ls ovations données jadis aux chefs militaires. Le petit homme à la voix
aiguë était devenu un demi-dieu qui avait délivré le peuple de la servitude.
Comme le fit remarquer Francisco Bulnes, il rivalisait avec la Vierge de
Guadalupe. Sa candidature à la présidence de la république ne rencontrait pas
d’opposition…</i>» (H. B. Parkes. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Histoire
du Mexique, </i>Paris, Payot, Col. Bibliothèque historique, 1971, p. 334).</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<div style="text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">On vit alors s'esquisser un certain profil christique au personnage de Madero, profil christique
qu’on ne retrouve pas chez García Moreno :</span></div>
<span lang="FR-CA"> </span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<div style="text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le chef le plus désintéressé qu’ait eu le Mexique depuis Morelos avait
substitué à son Parti antiréélectionniste un Parti constitutionnel
progressiste, qui prit pour programme le Plan de San Luis Potosi, complété par
diverses mesures tendant à instituer un suffrage direct, à mieux assurer la
liberté individuelle et l’égalité fiscale, à développer la petite propriété. La
Convention du parti désigna Madero et <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgY7w9pZ9ioaX_FDLRJikFHKfYPUsQ4ObGN4tuJAP5LFvPEPNOgZKNBMQ33Vc4yAdtHarof-NCaSDbOMdkrJ2Z8NlZRKju_uW3fyFWm1vBLQoB2PeRy7k5d_BoD5_quVFYtn2X-aH1xCRM/h120/jose-maria-pino-suarez-.jpeg">Pino Suárez</a>, avocat et journaliste, comme
candidats à la présidence et à la vice-présidence. Ils furent élus, Madero avec
90% des voix. Leur triomphe était celui des classes moyennes qui aspiraient à
participer à la direction du pays. Mais, dépourvus d’expérience politique,
Madero et les madéristes </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgY7w9pZ9ioaX_FDLRJikFHKfYPUsQ4ObGN4tuJAP5LFvPEPNOgZKNBMQ33Vc4yAdtHarof-NCaSDbOMdkrJ2Z8NlZRKju_uW3fyFWm1vBLQoB2PeRy7k5d_BoD5_quVFYtn2X-aH1xCRM/s1600/jose-maria-pino-suarez-.jpeg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgY7w9pZ9ioaX_FDLRJikFHKfYPUsQ4ObGN4tuJAP5LFvPEPNOgZKNBMQ33Vc4yAdtHarof-NCaSDbOMdkrJ2Z8NlZRKju_uW3fyFWm1vBLQoB2PeRy7k5d_BoD5_quVFYtn2X-aH1xCRM/s1600/jose-maria-pino-suarez-.jpeg" height="320" width="277" /></a>s’étaient laissé prendre de vitesse par les hommes du
Porfiriat, retranchés dans les ministères, le Congrès et les législatures des
états, face aux gouverneurs mis en place par la Révolution. Libérée par Madero,
la presse ne se privait pas de l’attaquer. Les conservateurs se moquaient de ce
petit homme à barbiche, végétarien, abstinent et adepte du spiritisme, de sa
sensibilité maladive, de son idéalisme utopique. Les révolutionnaires
vainqueurs se divisaient. Les frères Vázquez Gómez reprochaient au président
son indulgence envers les officiers et les fonctionnaires fédéraux et sa propension
à s’entourer de membres de sa famille liés avec les </i>Cientificos<i style="mso-bidi-font-style: normal;">. D’autres, comme Orozco et Zapata,
poussaient aux réformes sociales dont Madero ne semblait pas comprendre
l’urgence. Une demi-douzaine de partis politiques s’étaient formés : un
Parti catholique dont les succès brillants aux élections législatives de 1912
furent en grande partie annulés sous la pression de ses adversaires, ce qui le
rendit hostile à Madero, un Parti républicain qui soutint B. Reyes, un Parti
libéral national qui le combattit, mais se distingua du Parti libéral mexicain
des frères Flores Magón. Finalement, Madero dut faire face à deux catégories de
dangers : des </i><span style="mso-bidi-font-style: normal;">pronunciamientos </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;">de type classique et des soulèvements qui
tendaient à exploiter la victoire de la révolution politique en la doublant
d’une révolution sociale. Pris entre ceux qui essayaient de perpétuer l’ordre
ancien et les révolutionnaires qui le poussaient à modifier tout de suite les
structures de la société, il tenta vainement de maintenir un équilibre impossible</i>»
(F. Weymuller. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Histoire du Mexique, </i>Paris,
Horvath, Col. Histoire des pays, s.d., p. 277).</span></div>
</div>
</blockquote>
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</xml><![endif]-->
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">On ne pouvait mieux
synthétiser la situation de Madero au moment où il se voyait placé à la tête du
Mexique. </span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"></span></span>La presse, qui aurait dû lui être reconnaissante, fut la première à
tabler sur ses défauts, les rendant </span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj4SiMcvt4bCzrl168J1aQ-3YEgdHamFOxFddly2jcqbUtz9p0iImb_ZaI6Fx2ERFuJcvsxilLYCAXhebXdTquLLv3X1Qtn_I1pgxIwOd9XyCcyq7kEtJ-jyYhAXURBMDp3vVsHvPMRp1o/s1600/madero-2.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj4SiMcvt4bCzrl168J1aQ-3YEgdHamFOxFddly2jcqbUtz9p0iImb_ZaI6Fx2ERFuJcvsxilLYCAXhebXdTquLLv3X1Qtn_I1pgxIwOd9XyCcyq7kEtJ-jyYhAXURBMDp3vVsHvPMRp1o/s1600/madero-2.jpg" height="396" width="400" /></a></span></span></span></span>ainsi plus </span><span lang="FR-CA">ridi-</span><br />
<span lang="FR-CA">cules aux yeux de la
popula-</span><br />
<span lang="FR-CA">tion. «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Madero, généreux mais naïf,
était une cible facile pour les flèches empoi-</i></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">sonnées des jour-</i></span><br />
<span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">nalistes de
l’ancien régime</i>» (J. S. Herzog. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">La
révolution mexicaine, </i>Paris, Maspero, Col. FM/petite collection maspero, #
185, 1968, p. 155). <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj4SiMcvt4bCzrl168J1aQ-3YEgdHamFOxFddly2jcqbUtz9p0iImb_ZaI6Fx2ERFuJcvsxilLYCAXhebXdTquLLv3X1Qtn_I1pgxIwOd9XyCcyq7kEtJ-jyYhAXURBMDp3vVsHvPMRp1o/h120/madero-2.jpg">Madero</a> pensait qu’il avait été porté par les ailes de la
liberté, alors que, comme le mentionne Parkes, il «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">ne comprit jamais à quel point c’était aux mécontentements qu’il devait
d’être devenu héros national</i>» (H. B. Parkes. </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="NL" style="mso-ansi-language: NL;">Op. cit. </span></i><span lang="NL" style="mso-ansi-language: NL;">p. 335). </span><span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Francesco I Madero (I comme innocent
croyaient médire ses ennemis</i>» (J. Meyer. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">La révolution mexicaine, </i>Paris, Tallandier, Col. Texto, 2010, p.
38)<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Et Parkes de préciser :</span><span lang="FR-CA" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"><span lang="FR-CA" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"> </span></span><br />
<blockquote class="tr_bq">
<span lang="FR-CA" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"><span lang="FR-CA" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Avec ou sans programme, il était d’ailleurs
incapable de gouverner le Mexique. Il voulait donner à toute la population
l’intégrité des droits démocratiques, à une époque où les trois quarts de ses
membres étaient illettrés; il voulait administrer dans une atmosphère de conciliation
et de bonté pendant que les généraux et les propriétaires terriens préparaient
des coups d’État. Tandis qu’il rêvait de régénérer son pays par la simple
puissance d’un exemple analogue à celui du Christ, son entourage était animé
</i></span></span><span lang="FR-CA" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"><span lang="FR-CA" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi8Y5FXAr-tnwQ2s2V8l9BCmBZySKA4Oj95qQYYNBbvBJyqsyvWSyupTi8Ygfcj4mtgcEV2nYBU0EwgCfLLCSi-cHCuxKT5e1yj4bccoTR8xbBDMN3i3nrLf31WfZC5NtI8DYODLNWcOIY/s1600/gam.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi8Y5FXAr-tnwQ2s2V8l9BCmBZySKA4Oj95qQYYNBbvBJyqsyvWSyupTi8Ygfcj4mtgcEV2nYBU0EwgCfLLCSi-cHCuxKT5e1yj4bccoTR8xbBDMN3i3nrLf31WfZC5NtI8DYODLNWcOIY/s1600/gam.jpg" height="320" width="257" /></a></i></span>d’intentions bien différentes. Sa famille s’était installée avec lui au Palais
National; il donna des fonctions dans son cabinet à plusieurs de ses parents,
répondant aux accusations de despotisme qu’il les avait choisis à cause de leur
honnêteté; or, pendant qu’il faisait ses apologies de la liberté, son frère
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhLSkIXFmvFFKv3XPsnECo1LGH5gNTTzlyRtxwPa2cgyuFkgechtmL8Yy3k0gatouxof5PNJd0lFpdasFfAWcOdF_mM5oiuU-HKiob3O9mwT8aYWYlssREDOxXQDe91RDcrAzy1qjhFDXk/h120/gam.jpg">Gustavo</a> s’érigeait en </i>boss, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">en
directeur politique du gouvernement, commandant au congrès et intervenant dans
les élections, son oncle Ernesto et son cousin Rafael Hernández administraient
les départements du Trésor et du </i>Fomento <i style="mso-bidi-font-style: normal;">selon leurs opinions de </i>cientificos. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ainsi, le gouvernement de Madero ne fut ni vraiment idéaliste, ni
effectivement dictatorial et, dès que l’absence de tout programme </i></span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">apparut avec évidence, sa popularité s’évanouit autour de lui avec
la soudaineté d’une catastrophe. Sa voix aiguë, ses façons maniérées et
nerveuses, son inhabileté à recevoir les délégations, les larmes qu’il répandit
à un concert public, pendant l’ouverture de “1812”, de Tchaïkowski, sa foi dans
les prophéties faites au cours de séances spiritualistes, tout cela contribuait
à le rendre victime de la moquerie générale</span></i><span lang="FR-CA">» (H. B.
Parkes. </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="NL" style="mso-ansi-language: NL;">Op. cit. </span></i><span lang="NL" style="mso-ansi-language: NL;">p. 336).</span>
</span></blockquote>
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Voilà ce qui constituait
la tragédie de la négligence politique car, poursuit Leslie Manigat : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Là où il faut une carrure solide d’homme
d’État, avec de l’envergure, il y a un apôtre idéaliste, avec de la bonne
volonté. Là où il faut un audacieux réaliste, il y a un timide spiritualiste.
Là où il faut un homme de décision pour trancher, il y a un rêveur qui
temporise. Là où il faut un tacticien sachant utiliser en sa faveur les
rapports de force, il y a un homme de principes qui entreprend de moraliser. Là
où il faut savoir donner le pouvoir à l’imagination, il y a un visionnaire qui
s’en remet à son étoile!</i>» (L. Manigat. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Op.
cit. </i>p. 197). </span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<br />
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</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgexKSWlFJ5Ke2DbFbVKI9a5wJYofBRRyfiXjryh3frhCg_fBy14IgIPreCU4_mmdVc1HF59BbtqI_zVdcHQwlkrP5qf8f_P6wi9cEF4olO1EZIg_PrHLtIMeUf_hm_Mns9xHgi5v4ePWs/s1600/emiliano-zapata-3.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgexKSWlFJ5Ke2DbFbVKI9a5wJYofBRRyfiXjryh3frhCg_fBy14IgIPreCU4_mmdVc1HF59BbtqI_zVdcHQwlkrP5qf8f_P6wi9cEF4olO1EZIg_PrHLtIMeUf_hm_Mns9xHgi5v4ePWs/s1600/emiliano-zapata-3.jpg" height="200" width="151" /></a>Parce que la plupart des
grands problèmes sociaux demeurent sans solutions, des soulèvements éclatent
ici et là durant les années 1912 et 1913. Les ouvriers </span><span lang="FR-CA">des villes, et en
particulier du secteur pétrolier, à dominance anglo-américaine, se syndicalisent
et deviennent des forces <i style="mso-bidi-font-style: normal;">rouges </i>de
contestation du </span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"></span>gouvernement libéral. Les agriculteurs, déçus par la non
application du Plan </span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjdZYwu33fdzaxZOLIsyHBq03fcSoS16GI4_RvjFM9JQfiT-Jixx_vccoW_T6APyHMQm6yWSNVW6ZGL5iqwWFK3TcA4q18C5jXERc_sojzEwhOR9nMoWZH0orD6NqrGEzeyQTANVgpTDRQ/s1600/pancho-villa-4.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjdZYwu33fdzaxZOLIsyHBq03fcSoS16GI4_RvjFM9JQfiT-Jixx_vccoW_T6APyHMQm6yWSNVW6ZGL5iqwWFK3TcA4q18C5jXERc_sojzEwhOR9nMoWZH0orD6NqrGEzeyQTANVgpTDRQ/s1600/pancho-villa-4.jpg" height="200" width="121" /></a></span></span>de San Luis Potosi prennent les armes, et les indiens du
Morelos sont les plus vindicatifs avec, à leur tête, leur chef <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgexKSWlFJ5Ke2DbFbVKI9a5wJYofBRRyfiXjryh3frhCg_fBy14IgIPreCU4_mmdVc1HF59BbtqI_zVdcHQwlkrP5qf8f_P6wi9cEF4olO1EZIg_PrHLtIMeUf_hm_Mns9xHgi5v4ePWs/h120/emiliano-zapata-3.jpg">Emiliano Zapata</a>.
Au nord, c’est <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjdZYwu33fdzaxZOLIsyHBq03fcSoS16GI4_RvjFM9JQfiT-Jixx_vccoW_T6APyHMQm6yWSNVW6ZGL5iqwWFK3TcA4q18C5jXERc_sojzEwhOR9nMoWZH0orD6NqrGEzeyQTANVgpTDRQ/h120/pancho-villa-4.jpg">Pancho Villa</a> qui reprend du service, financé sans doute par des
intérêts américains. Madero essaie de discuter avec tout le monde. Les généraux
putchistes condamnés à la peine de mort sont graciés par un président qui ne croit
pas à la violence. </span><br />
<br />
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Madero n’était pas le doux idéaliste, le spirite disciple de Tolstoï,
le rêveur évangélique que l’on a dit; il était tout cela, mais il voulait
lucidement trouver l’équilibre, entre deux éléments contraires, la </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgW1DZ62yFx9CC40Qccsdlzyh-OWiHHBBPLJ1BPuQIYNX5Bbr_2lmKWwbz6YSNJ2gAz_70ajdG83-JhC2weF74dZUiMRHesY1Ng_fIx9LobU1ajhru3PXqFN5ZlZJFYzdePyQ8Ve5BRO-I/s1600/Henry-Lance-Wilson_US-ambassador-to-Mexico.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgW1DZ62yFx9CC40Qccsdlzyh-OWiHHBBPLJ1BPuQIYNX5Bbr_2lmKWwbz6YSNJ2gAz_70ajdG83-JhC2weF74dZUiMRHesY1Ng_fIx9LobU1ajhru3PXqFN5ZlZJFYzdePyQ8Ve5BRO-I/s1600/Henry-Lance-Wilson_US-ambassador-to-Mexico.jpg" height="400" width="312" /></a>liberté et
l’autorité, il exigeait des élections générales, la liberté illimitée de la
presse et de réunion; il ne voulait pas que la vie publique s’éteigne de
nouveau et se limite à une douzaine de chefs de parti et à leurs troupes
parlementaires, il ne voulait pas de retour à la clique, même élargie, même
rajeunie</i>» (J. Meyer. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Op. cit. </i>p.
42). Mais les conditions d’analphabétisme et de népotisme «bien placé» rendaient
la chose impossible. La présidence de Madero allait durer seize mois au cours
desquels les crises sociales intérieures allaient venir à bout, aidées en cela par l’intervention américaine de l’ambassadeur <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgW1DZ62yFx9CC40Qccsdlzyh-OWiHHBBPLJ1BPuQIYNX5Bbr_2lmKWwbz6YSNJ2gAz_70ajdG83-JhC2weF74dZUiMRHesY1Ng_fIx9LobU1ajhru3PXqFN5ZlZJFYzdePyQ8Ve5BRO-I/h120/Henry-Lance-Wilson_US-ambassador-to-Mexico.jpg">Henry Lane Wilson</a> qui avait
l’oreille du président Taft, et dont le but premier était de protéger les intérêts
américains menacés par la politique nationaliste de Madero.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">L’inévitable <i style="mso-bidi-font-style: normal;">coup d’État </i>allait se réaliser entre le
9 et 18 février 1913, ce que l'on a appelé plus tard, la <i>décade tragique</i> :</span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"></i></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<blockquote class="tr_bq">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">À la chambre des députés, parlait del Bosque, tandis qu’un public
agressif se pressait aux galeries : “Si M. Madero avait quelques
connaissances économiques, il aurait fermé les vannes du Trésor d’où coulent à
flots les millions gaspillés”. “Si M. Madero était un homme d’État, il en
aurait fini avec le Droit marqué par le crime et la corruption porfiriste, si
M. Madero…” “Si ma grand-mère avait des roulettes, elle serait une charrette!”
criait-on d’une galerie. “Que nous a apporté la révolution? Désastre, ruine,
banditisme, assassinat. Qu’est-ce que le Plan de San Luis? Logomachie!” Et un
madériste de répondre à la tribune : “Oui, Messieurs, le crime de Madero
c’est de ne pas avoir invité au gouvernement tous les cuistres et tous les
charlatans qui pendant la dictature ont léché les pieds du tyran”.
(Applaudissements suivis d’un tumulte général. Les députés se retirent, le
public se bat jusqu’à l’arrivée de la police.) Toute la capitale parlait
maintenant de la chute imminente de Madero; les cadets de Cavalerie et deux
régiments avaient libéré Reyes et Díaz </i>[auteurs de tentatives de
<i>pronunciamiento </i>qui avaient échoués. Madero avait gracié les deux rebelles], <i style="mso-bidi-font-style: normal;">le premier était tombé en attaquant le
palais national, le second s’était enfermé dans la citadelle avec 350 hommes;
au commandant de la place, blessé, avait été substitué Victoriano Huerta.
Commençait alors la “décade tragique”, que certains malins appelaient
“magiques”. Le général </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgtXvOT2w7sIJookLPBrIxT3LQIKGYCCqRAPqKwt-7fk4zFpxMMOlu7nu7JPtHzZpqT7ATw0cI4AGN-FD_ThpbbVHJMoytmRan63sUgTVFeMIiyyP7ayEtkPwLLaf0XpzOERjD2r2qXroo/s1600/14876-Gen--Felix-Diaz.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgtXvOT2w7sIJookLPBrIxT3LQIKGYCCqRAPqKwt-7fk4zFpxMMOlu7nu7JPtHzZpqT7ATw0cI4AGN-FD_ThpbbVHJMoytmRan63sUgTVFeMIiyyP7ayEtkPwLLaf0XpzOERjD2r2qXroo/s1600/14876-Gen--Felix-Diaz.jpg" height="400" width="292" /></a>Blanquet, secrètement féliciste, faisait massacrer les
régiments maderistes, en les envoyant sous le feu des mitrailleuses rebelles,
dûment prévenues. Huerta attendait, araignée dans sa toile. L’ambassadeur
américain, fort plein de lui-même, sentait que </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">l’heure était historique et
cherchait à passer à l’histoire. Il commença par réunir le corps diplomatique
pour demander à Madero de démissionner afin d’éviter plus de souffrances aux
civils; en effet, Huerta faisait bombarder la citadelle avec une telle
inefficacité que seuls les immeubles avoisinants étaient touchés. Reyistes et
Felicistes des classes moyennes étaient dans la rue, attendaient le dénouement.
La nuit, Huerta rencontrait les chefs rebelles à l’ambassade américaine et
laissait les autres tirer les marrons du feu. Pour conclure le pacte, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgtXvOT2w7sIJookLPBrIxT3LQIKGYCCqRAPqKwt-7fk4zFpxMMOlu7nu7JPtHzZpqT7ATw0cI4AGN-FD_ThpbbVHJMoytmRan63sUgTVFeMIiyyP7ayEtkPwLLaf0XpzOERjD2r2qXroo/h120/14876-Gen--Felix-Diaz.jpg">Felix Díaz</a> lui demanda en gage la personne de Gustavo Madero, qui veillait sur la
sûreté du président. Huerta invita Gustavo à déjeuner, lui promettant de
prendre la citadelle dans l’après-midi du même jour, et le livra aux félicistes
qui le massacrèrent. Et l’œil de verre de Gustavo passa de main en main comme
un trophée. La révolution sanglante commençait</i>» (J. Meyer. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 47-48).</span></blockquote>
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"></span>La mort du frère du
président était, en effet, le début de ce qui allait suivre, c’est-à-dire la
brutalité gratuite de la Révolution mexicaine. Gustavo Madero avait été l’une
des victimes de la presse anti-madériste. «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’hebdomadaire
satirique </i>multicolor <i style="mso-bidi-font-style: normal;">eut une grande
part dans la baisse de prestige de Madero et des deux ministres
révolutionnaires Abraham González et Manuel Bonilla. Les dessinateurs
humoristes de cette publication, Santiago R. de la Vega et Ernesto Garcia
Cabral, devinrent bientôt célèbres pour leur verve et leur perfidie. Le
quotidien catholique </i>El País, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">qui avait
contribué au triomphe de la révolution, devint très rapidement virulent à son
égard et à celui de son chef sans épargner le frère de celui-ci, Gustavo
Madero, qu’il appelait “Ojo Parado” </i>[œil fixe] <i style="mso-bidi-font-style: normal;">parce qu’il avait un œil de verre. Ce surnom cruel et infâme se
généralisa bientôt dans tout le pays</i>» (J. S. Herzog. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Op. cit. </i>pp. 107-108). </span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">La situation envenimée
démontrait l’incapacité de Madero à faire comme ses prédécesseurs, c’est-à-dire
à prendre la tête des forces armées.</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Quant à la situation militaire, </i>ajoute Jesus Silva Herzog, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">elle appelle quelques observations. Les
rebelles de la citadelle étaient pratiquement encerclés et l’on aurait pu
aisément éviter qu’ils reçoivent des vivres. Dans tout le reste du pays,
l’armée fédérale demeura fidèle au gouvernement pendant toute la durée de la
“décade tragique”. Les forces commandées par Huerta étaient supérieures à
celles de Díaz dès l’arrivée du </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">général Angeles, et il était possible
d’augmenter encore les effectifs de la capitale grâce </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh-U0wCsLr1QZLJ7lrcg4vzuMZ4IhyphenhyphendnitzQncUVnK-Z5gH7RAxv2_LZvk7Es6IWspuHetCxl-9vjoqQ93_XkiQeCTPUnKs__Wc6R035ewVUqJQe76NJI-1LClYPwvbn8hKmcya57RBdVE/s1600/220px-Madero_1913.png" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh-U0wCsLr1QZLJ7lrcg4vzuMZ4IhyphenhyphendnitzQncUVnK-Z5gH7RAxv2_LZvk7Es6IWspuHetCxl-9vjoqQ93_XkiQeCTPUnKs__Wc6R035ewVUqJQe76NJI-1LClYPwvbn8hKmcya57RBdVE/s1600/220px-Madero_1913.png" height="320" width="307" /></a>aux troupes qui étaient
en garnison dans d’autres villes. D’après l’opinion des experts, la citadelle
aurait pu être investie en l’espace de quelques heures. En réalité, le général
en chef commença dès les premiers instants à tresser les fils de la trahison.
Certains proches collaborateurs de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh-U0wCsLr1QZLJ7lrcg4vzuMZ4IhyphenhyphendnitzQncUVnK-Z5gH7RAxv2_LZvk7Es6IWspuHetCxl-9vjoqQ93_XkiQeCTPUnKs__Wc6R035ewVUqJQe76NJI-1LClYPwvbn8hKmcya57RBdVE/h120/220px-Madero_1913.png">Madero</a> conçurent très vite des soupçons sur
la conduite de Huerta et le lui firent savoir; mais le président, toujours naïf
et bienveillant, ne prêta pas foi à ses véritables amis; il estimait peut-être
que le cœur humain ne pouvait embrasser tant de perversité, et il paya très
cher sa crédulité et sa profonde ignorance des hommes, les seuls vraiment
cruels parmi tous les animaux de la création.</i></span></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">D’après les estimations approximatives, la “décade tragique” fit
deux mille morts et six mille blessés, sans distinction entre les combattants
et les citoyens pacifiques, victimes de leur curiosité. Ce fut une lutte
stérile et sanglante, en même temps que criminelle et déshonorante</span></i><span lang="FR-CA">» (J. S. Herzog. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p.
155).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Voilà pourquoi Gustavo
fut parmi les premières victimes du carnage :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Dans la journée du 18 furent arrêtés Gustavo Madero et Adolfo Bassó. Ce
dernier était un marin de valeur et intendant des résidences présidentielles.
Il avait défendu avec </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjWAlgftwu8OwpqTdbs_2feWTnM9TcSU1ExynxA2p7WF-Qs6ngu7kNX9GW-3XQS_F3HZoaBUkXGxs-7-yKS4Q7M71OTA_jNZ2FM7xv4XKPh1G6tq_YjUoyR5mDKhGmtfX0xvKMYaiHc9Do/s1600/225px-V_Huerta.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjWAlgftwu8OwpqTdbs_2feWTnM9TcSU1ExynxA2p7WF-Qs6ngu7kNX9GW-3XQS_F3HZoaBUkXGxs-7-yKS4Q7M71OTA_jNZ2FM7xv4XKPh1G6tq_YjUoyR5mDKhGmtfX0xvKMYaiHc9Do/s1600/225px-V_Huerta.jpg" height="320" width="280" /></a>courage le Palais national contre l’attaque du général
Reyes. Sur l’ordre de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjWAlgftwu8OwpqTdbs_2feWTnM9TcSU1ExynxA2p7WF-Qs6ngu7kNX9GW-3XQS_F3HZoaBUkXGxs-7-yKS4Q7M71OTA_jNZ2FM7xv4XKPh1G6tq_YjUoyR5mDKhGmtfX0xvKMYaiHc9Do/h120/225px-V_Huerta.jpg">Huerta</a>, Bassó et Gustavo Madero furent livrés à la
soldatesque de la citadelle qui, après une si facile victoire, était assoiffée
de sang et d’alcool. Gustavo Madero fut insulté et injurié par les soldats
ivres. L’un d’eux creva le seul œil qui lui restait d’un coup de bayonnette</i><span style="mso-bidi-font-style: normal;"> [sic!]</span><i style="mso-bidi-font-style: normal;">,
puis, aveugle et titubant, il fut achevé à l’arme blanche et au revolver.
D’après l’ingénieur Alberto J. Pani, son cadavre était couvert de trente-sept
blessures. Bassó fut passé par les armes, pour délit de loyauté envers le
gouvernement qu’il avait servi. Il mourut avec une sérénité admirable en
contemplant l’étoile polaire qui, d’après ses dernières paroles, l’avait si
souvent guidé au cours de ses voyages en mer. Manuel Oviedo, chef politique de
Tacubaya, madériste convaincu, fut également assassiné. Mais l’orgie de sang ne
faisait que commencer</i>» (J. S. Herzog. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid.
</i>pp. 155-156).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgITxuUIvQL3Uf-0X85JPZkVG_Ls0HBE44x5c6YMISJen_ia-ml9FQ9W4gun64Qp6YOmJLbcaNEUkCYgSQPIW2Q0p0oZB3j1rNgwjxs-cJbgO9nQCB7WOBSqfUxx2f0JRNs7P2c3nm9hqE/s1600/145230-004-024E75D5.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgITxuUIvQL3Uf-0X85JPZkVG_Ls0HBE44x5c6YMISJen_ia-ml9FQ9W4gun64Qp6YOmJLbcaNEUkCYgSQPIW2Q0p0oZB3j1rNgwjxs-cJbgO9nQCB7WOBSqfUxx2f0JRNs7P2c3nm9hqE/s1600/145230-004-024E75D5.jpg" height="246" width="400" /></a><span lang="FR-CA">Pendant ce temps, le
président Madero et le vice-</span><br />
<span lang="FR-CA">président Suárez était capturé par Huerta. Leur
sort ne fut pas fixé immédiatement :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Quant à Madero, Huerta avait encore<span style="mso-spacerun: yes;"> à
</span>l’utiliser; avant d’être tué, le malheureux président devait permettre à
l’usurpateur d’être investi de l’autorité légale. Madero et Pino Suárez furent
donc amenés, par la promesse d’une amnistie pour eux et pour leurs compagnons,
à donner leur démission; c’était là une faute que Madero n’aurait jamais dû
commettre, mais qui, comme toutes ses fautes, fut causée par son désir d’éviter
les effusions de sang et par sa trop grande confiance dans la bonté de la nature
humaine. La présidence échut alors à Pedro Lascurain, qui fut alors persuadé de
nommer Huerta ministre des affaires étrangères, puis de démissionner à son
tour. Avant d’accepter, toutefois, il pria Huerta de promettre que Madero
aurait la vie sauve. Huerta ouvrit sa chemise, en tira des médailles de la
Vierge de Guadalupe et du Sacré-Cœur de Jésus, qu’il portait à son cou et jura
le plus solennellement du monde que Madero serait autorisé à se retirer en
exil. Les démissions furent alors transmises au congrès qui, surpris par la
légalité du procédé et aussi intimidé par les troupes dont disposait Huerta,
l’accepta comme président à la quasi-unanimité.</i></span></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgOixI0yGwFVGwUxnM_2eDgwe2VAW1uYbYJS_t_rdD9NWlkP8fXgaV_JpeuiaEWKdGe_U1fwvPlNMQAG7NrOFwanhBLmPXOaobNX2402EwZVDKaFPDTJ0dEETF21vX4aUhwpmeWr_GZmvs/h120/tumblr_md3m47gmXD1r6d6jqo1_r1_400.jpg">Madero et Pino Suárez</a> s’attendaient à être envoyés à Veracruz; leurs
femmes et leurs enfants allèrent les attendre à la gare Colonia. Huerta,
cependant, continua de les garder au Palais, ne libérant qu’Angeles. Des
diplomates étrangers et des membres de la famille </span></i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Madero prièrent Henry Lane
Wilson d’intercéder auprès du nouveau président; mais </span></i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgOixI0yGwFVGwUxnM_2eDgwe2VAW1uYbYJS_t_rdD9NWlkP8fXgaV_JpeuiaEWKdGe_U1fwvPlNMQAG7NrOFwanhBLmPXOaobNX2402EwZVDKaFPDTJ0dEETF21vX4aUhwpmeWr_GZmvs/s1600/tumblr_md3m47gmXD1r6d6jqo1_r1_400.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgOixI0yGwFVGwUxnM_2eDgwe2VAW1uYbYJS_t_rdD9NWlkP8fXgaV_JpeuiaEWKdGe_U1fwvPlNMQAG7NrOFwanhBLmPXOaobNX2402EwZVDKaFPDTJ0dEETF21vX4aUhwpmeWr_GZmvs/s1600/tumblr_md3m47gmXD1r6d6jqo1_r1_400.jpg" height="320" width="241" /></a>l’ambassadeur se contenta
de répondre qu’il ne pouvait intervenir dans les affaires intérieures du
Mexique. Il dit à Huerta de faire pour le mieux dans l’intérêt de la paix
</span></i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">nationale et il déclara à ses amis que la vraie place de Madero était dans un
asile d’aliénés et que Pino Suárez était un criminel qui mériterait d’être
fusillé. Le 22 au soir, les deux hommes furent extraits du Palais et, sur le
chemin du pénitencier, furent invités à sortir de leurs voitures et fusillés.
On annonça officiellement qu’une troupe armée avait tenté de les enlever et
qu’ils avaient été tués accidentellement dans la confusion générale. Henry Lane
Wilson fit savoir à Washington qu’il était disposé à accepter cette explication
et pria les consuls américains au Mexique d’user de leur influence en faveur du
nouveau gouvernement</span></i><span lang="FR-CA">» (H. B. Parkes. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Op. cit. </i>pp. 343-344).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">La pureté des sentiments
de Madero contraste avec les autres protagonistes de la «décade
tragique» : le traître Huerta, l’ambitieux Díaz, le conspirateur Wilson,
l’incapable Angeles. Pour filouter même la Vierge de la Guadalupe, Huerta mis
en scène une exécution arbitraire :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le 22, aux environs de minuit, Madero et Pino Suárez furent conduits
hors du Palais national et immédiatement séparés; puis on les fit monter dans
des automobiles différentes sous prétexte de les transférer à la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj60VMFCrDXDvh0UHtNt0vdMvH4VxDpbcV4rdU9PuDasYjBbuxOVTBjlPjLWiBOGPh8nzGC6IbWEFRqDpp2j3RIf6-EnXt5T1pxVWG15KWDcO_2vWuAaoEQRyUTTdr3tDkls-775YInTSU/h120/caida_madero_02.gif">maison d’arrêt</a>
pour leur plus grande </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">commodité. Parvenus non loin de la prison, ils furent
lâchement assassinés, au </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj60VMFCrDXDvh0UHtNt0vdMvH4VxDpbcV4rdU9PuDasYjBbuxOVTBjlPjLWiBOGPh8nzGC6IbWEFRqDpp2j3RIf6-EnXt5T1pxVWG15KWDcO_2vWuAaoEQRyUTTdr3tDkls-775YInTSU/s1600/caida_madero_02.gif" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj60VMFCrDXDvh0UHtNt0vdMvH4VxDpbcV4rdU9PuDasYjBbuxOVTBjlPjLWiBOGPh8nzGC6IbWEFRqDpp2j3RIf6-EnXt5T1pxVWG15KWDcO_2vWuAaoEQRyUTTdr3tDkls-775YInTSU/s1600/caida_madero_02.gif" height="133" width="200" /></a></i></span>moment </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">où ils descendaient de voiture, par les agents
qui les conduisaient. Celui qui assassina Madero était un certain Francisco
Cárdenas, major des forces rurales. Un groupe de gendarmes commandé par le
féliciste Cecilio Ocón simula une attaque des véhicules, et c’est à ce
moment-là que le crime fut perpétré. Le lendemain matin, les journaux en
donnèrent une version officielle : au moment où Madero et Pino Suárez
étaient conduits en prison, un groupe de leurs partisans avait tenté de les
libérer et une lutte au révolver se serait engagé entre ceux-ci et les
policiers qui les conduisaient. Les deux hommes politiques auraient été tués
pendant ce combat. Personne ne le crut. Et, avec une indignation plus ou moins
manifeste, le coupable fut immédiatement désigné comme étant Victoriano Huerta </i>(J.
S. Herzo. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Op. cit. </i>p. 163).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Si García Moreno a pu devenir
le martyr de la cause catholique contre l’irréligion, Madero devint le martyr
</span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh8V_vqed-y2cIvElf80358sav93v2CwmreuEMqPEQ1LcYK2nTkQB4b2CAjmwYEQOsFgiq5fcATyP_sjQAqB23jd1kgNakKiLhmOvejV149tO2fmRvlUdNJ7Munsv5eIfnyBAqUXvK7DCI/s1600/madero-1.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh8V_vqed-y2cIvElf80358sav93v2CwmreuEMqPEQ1LcYK2nTkQB4b2CAjmwYEQOsFgiq5fcATyP_sjQAqB23jd1kgNakKiLhmOvejV149tO2fmRvlUdNJ7Munsv5eIfnyBAqUXvK7DCI/s1600/madero-1.jpg" height="320" width="320" /></a>de la démocratie et l’apôtre de la liberté. Le crime avait été perpétré avec la
complicité de l’ambassadeur </span><span lang="FR-CA">Wilson, qui avait refusé d’écouter les
supplications de l’<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh8V_vqed-y2cIvElf80358sav93v2CwmreuEMqPEQ1LcYK2nTkQB4b2CAjmwYEQOsFgiq5fcATyP_sjQAqB23jd1kgNakKiLhmOvejV149tO2fmRvlUdNJ7Munsv5eIfnyBAqUXvK7DCI/h120/madero-1.jpg">épouse </a>de Madero, le complot entre Huerta et Díaz s’étant
fomenté à l’ambassade même. Le député Luis Manuel Rojas lança un «J’accuse»
d’un courage téméraire contre l’ambassadeur qui fut finalement rappelé par le
nouveau président des États-Unis. Huerta pouvait toujours penser que la mort de
Madero allait ramener l’ordre traditionnel qui avait régné durant les mandats
incontestés de Porfirio Díaz, mais il allait en être autrement et les dix jours
de conspirations contre le mandat de Madero se transformèrent en dix années de
guerres civiles cruelles et meurtrières.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Nous voyons régulièrement
les individus être négligents, incompétents ou inadaptés à leurs positions
politiques et à leurs rôles sociaux. Il ne viendrait à personne d’accuser une
population, un peuple, d’être négligent, incompétent, voire inadapté. Alors que
les démagogues de toutes couleurs plastronnent que le peuple a toujours raison,
ce serait-là une indélicatesse morale, une erreur de jugement, voire une
accusation de «racisme» contre l’espèce tout entière. Pourtant, les
collectivités sont aussi responsables de leur destin que les individus et une
collectivité négligente se rend responsable des malheurs (comme des bonheurs)
qui fondent sur elle. C’est le cas des pascuans.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Dans son livre devenu un
best-seller, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Collapse, how society choose
to fail or succed </i>paru en 2005 et immédiatement traduit dans de nombreuses
langues, le biogéographe américain <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjzIcze_syODD9CNcmQUv_E05W4Zza1zxIKCSLpTSUxSO2yH7k22bs_gEFzyHuzmbgmQN1chGpLbJdVyvekcw3Cw4Qi-0bH-ERFWVwY66iu_DvCEKVFvN8SL2gCFmYPsjtfVohMb1uXYTE/h120/jared-diamond.jpg">Jared Diamond</a> passe en revue un ensemble de
sociétés afin de comparer, un peu à la manière de Toynbee, les diverses actions de l’homme
sur </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjzIcze_syODD9CNcmQUv_E05W4Zza1zxIKCSLpTSUxSO2yH7k22bs_gEFzyHuzmbgmQN1chGpLbJdVyvekcw3Cw4Qi-0bH-ERFWVwY66iu_DvCEKVFvN8SL2gCFmYPsjtfVohMb1uXYTE/s1600/jared-diamond.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjzIcze_syODD9CNcmQUv_E05W4Zza1zxIKCSLpTSUxSO2yH7k22bs_gEFzyHuzmbgmQN1chGpLbJdVyvekcw3Cw4Qi-0bH-ERFWVwY66iu_DvCEKVFvN8SL2gCFmYPsjtfVohMb1uXYTE/s1600/jared-diamond.jpg" height="300" width="400" /></a>son environnement. En bon scienti-</span><br />
<span lang="FR-CA">fique, Diamond choisit des sociétés
insulaires ou isolés dans leur milieu géogra-</span><br />
<span lang="FR-CA">phique (de l’<i>î</i>le de Pâques à
l’Islande), des civilisations qui ont connu un «effondrement» (c’est le titre
français du livre) après une période d’expansion maxima (les Incas ou les
Normands). Au moment où les questions concernant le réchauffement climatique et
ses effets sur les différentes populations concernent la planète entière, le but idéologique du livre n’est
pas innocent. Comme il l’écrit à propos de l’île de Pâques : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’isolement de l’île de Pâques en fait
l’exemple le plus flagrant d’une société qui a contribué à sa propre
destruction en surexploitant ses ressources</i>» (J. Diamond. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Effondrement, </i>Paris, Gallimard, Col.
Folio-essais, # 513, 2006, p. 183). Même si Jared Diamond ne pense pas que la
fin du monde est pour demain, la mise en garde est là. D’où ce besoin de
distinguer ce que certaines sociétés ont réussi de celles qui ont échoué. Et le
cas de l’île de Pâques est intéressant dans la mesure où les Polynésiens qui
l’ont colonisé ont épuisé les ressources naturelles de l’île.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">On ne peut guère mieux
trouver un «échantillon de civilisation» que le petit archipel perdu dans l’est
de l’Océan Pacifique et qui appartient aujourd’hui au Chili :</span><br />
<br />
<div style="text-align: center;">
<span lang="FR-CA"> </span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiW1vRm38ZskMgxuPKDuG7Ej-M0jSRf2KNsc4OwlFFHp3agPOOMwFxYv_Otjmsua_KubV72lC9WOadmEfzxV2iBjBA3sjGq444X7W5A5fTvEI0X8wlVEOy4JjGX-LF8DTVpfDfCxL5f2aU/s1600/Ile-de-paques.png" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiW1vRm38ZskMgxuPKDuG7Ej-M0jSRf2KNsc4OwlFFHp3agPOOMwFxYv_Otjmsua_KubV72lC9WOadmEfzxV2iBjBA3sjGq444X7W5A5fTvEI0X8wlVEOy4JjGX-LF8DTVpfDfCxL5f2aU/s1600/Ile-de-paques.png" height="283" width="400" /></a></div>
</div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiW1vRm38ZskMgxuPKDuG7Ej-M0jSRf2KNsc4OwlFFHp3agPOOMwFxYv_Otjmsua_KubV72lC9WOadmEfzxV2iBjBA3sjGq444X7W5A5fTvEI0X8wlVEOy4JjGX-LF8DTVpfDfCxL5f2aU/h120/Ile-de-paques.png">île de Pâques</a> est une île triangulaire composée de trois volcans qui
ont émergé de l’océan très près les uns des autres, il y a de cela un ou
plusieurs millions d’années, et qui sont restés en sommeil durant toute la
période d’occupation humaine de l’île. Le plus ancien volcan, le Poike, est
entré en éruption il y a environ six cent mille ans (peut-être même il y a
trois millions d’années) et forme à présent l’angle sud-est du triangle, tandis
que l’éruption du Rano Kau, survenue ultérieurement, a formé l’angle sud-ouest.
Il y a environ deux cent mille ans, l’éruption du <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj4cg4Q8TE1AOOvnE1usWEH58GS3L2ujIi3gpDzTr-3NtAOIN0lox8vejK3N5HO5WQ3ajwrR2lSdOcL69Thyphenhyphenh2ifl-2RBJLuLxfanJhW7cjWSYATapc6I7AJegkfbeDpUC_4Zt7Lz4Fgw8/h120/Ma%CA%BBunga_Terevaka.jpg">Terevaka</a>, le plus jeune
volcan situé près de l’angle nord du triangle, a recouvert de lave 95% de
l’île.</i></span></div>
</blockquote>
<div style="text-align: center;">
<span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj4cg4Q8TE1AOOvnE1usWEH58GS3L2ujIi3gpDzTr-3NtAOIN0lox8vejK3N5HO5WQ3ajwrR2lSdOcL69Thyphenhyphenh2ifl-2RBJLuLxfanJhW7cjWSYATapc6I7AJegkfbeDpUC_4Zt7Lz4Fgw8/s1600/Ma%CA%BBunga_Terevaka.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj4cg4Q8TE1AOOvnE1usWEH58GS3L2ujIi3gpDzTr-3NtAOIN0lox8vejK3N5HO5WQ3ajwrR2lSdOcL69Thyphenhyphenh2ifl-2RBJLuLxfanJhW7cjWSYATapc6I7AJegkfbeDpUC_4Zt7Lz4Fgw8/s1600/Ma%CA%BBunga_Terevaka.jpg" height="225" width="400" /></a></span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">La surface de l’île, qui est de cent soixante et onze kilomètres
carrés, et son altitude maximale, qui est de cinq cent neuf mètres, sont
modestes comparées au reste de la Polynésie. La <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEizxVW2sG0BCVlOPpNWme64DJLJiRZ7v27GWdp7yeNXwnsl5N0c3H1gvxvKXzqE06O9mFdglgguXmk63Hm_TdbpvEMy0gn5e8M9eaOBSc1frpiDoyf1O0Jm11Rm8s82LwsHGMr3gIPYsnY/h120/25798.jpg">topographie</a> de l’île est
globalement peu accidentée : on y retrouve pas les vallées profondes
auxquelles sont habitués les visiteurs des îles hawaïennes. Sauf au niveau du
cratère des volcans et des cônes de scories, dont les pentes sont assez raides,
j’ai pu, sur presque toute l’île, marcher sans aucun risque et sans faire de
détours pour atteindre n’importe quel point dans les environs, alors qu’à Hawaï
ou dans les îles Marquises, je me serais très vite trouvé au-dessus d’une
falaise.</span></i></div>
</blockquote>
<div style="text-align: center;">
<span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEizxVW2sG0BCVlOPpNWme64DJLJiRZ7v27GWdp7yeNXwnsl5N0c3H1gvxvKXzqE06O9mFdglgguXmk63Hm_TdbpvEMy0gn5e8M9eaOBSc1frpiDoyf1O0Jm11Rm8s82LwsHGMr3gIPYsnY/s1600/25798.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEizxVW2sG0BCVlOPpNWme64DJLJiRZ7v27GWdp7yeNXwnsl5N0c3H1gvxvKXzqE06O9mFdglgguXmk63Hm_TdbpvEMy0gn5e8M9eaOBSc1frpiDoyf1O0Jm11Rm8s82LwsHGMr3gIPYsnY/s1600/25798.jpg" height="265" width="400" /></a></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<blockquote class="tr_bq">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Sa situation subtropicale à une latitude de vingt-sept degrés sud –
à une distance au sud de l’équateur approximativement identique à celle qui
sépare Miami et Taïpei de l’équateur au nord – adoucit le climat de l’île,
tandis que ses origines volcaniques récentes lui assurent des sols fertiles. En
eux-mêmes, ces atouts combinés auraient dû faire de Pâques un paradis
miniature, épargné par les problèmes qui accablent la plupart des autres
régions du globe. Et pourtant, la géographie de l’île a posé un certain nombre
de difficultés aux hommes qui l’ont colonisée</span></i><span lang="FR-CA">» (J.
Diamond. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 118-119).</span></blockquote>
<span lang="FR-CA">À lire cette description
géographique, on se croirait transporté sur l’une des planètes du <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Petit Prince. </i>Trop éloignée de
l’équateur pour produire des fruits tropicaux, l’île est également soumise à
des vents qui causent </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi-9-wyczSTt1m0m6UHmYmzkOV9LH06HskN0xSHytovpNkZ5fAAXb7DPpO4lCIrn9-OcR_agoEGrcAwvHyJgqO818lqlnepwqhjyiPrlmLfs9zs5KCY0X4Az2cBgOQeepiV4q2_YECYp7w/s1600/hotu_matua.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi-9-wyczSTt1m0m6UHmYmzkOV9LH06HskN0xSHytovpNkZ5fAAXb7DPpO4lCIrn9-OcR_agoEGrcAwvHyJgqO818lqlnepwqhjyiPrlmLfs9zs5KCY0X4Az2cBgOQeepiV4q2_YECYp7w/s1600/hotu_matua.jpg" height="272" width="400" /></a></span><span lang="FR-CA">des problèmes aux agri-</span><br />
<span lang="FR-CA">culteurs qui survivent toujours sur
l’île. Enfin, l’île est épargnée par les fortes pluviosités qui font des îles
du Pacifique Sud des archipels luxuriants. Les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi-9-wyczSTt1m0m6UHmYmzkOV9LH06HskN0xSHytovpNkZ5fAAXb7DPpO4lCIrn9-OcR_agoEGrcAwvHyJgqO818lqlnepwqhjyiPrlmLfs9zs5KCY0X4Az2cBgOQeepiV4q2_YECYp7w/h120/hotu_matua.jpg">premiers Polynésiens</a> à accéder à
l’île ne le firent qu’entre 400 et 1200 de notre ère. Entre les deux dates,
l’an 900 semble la plus probable, quoique rien n’interdit de penser que l’île
fut plusieurs fois atteintes par des pirogues provenant de l’ouest de l’Océan
Pacifique. Par contre 900 semble la date la plus plausible pour une véritable
colonisation de l’île. De quoi vivaient ces nouveaux indigènes?</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Au moment de l’arrivée des <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg6WwYBWU6nva5SAXUhvcpuPD2bQBI14NWK6FMtdU9YdD1L8vEGGpUtMUNnZznrbxki7uXkQSDo_PAcmCMuabt2HtpKJqzeWnfYa4jvi6adMC7p45HTjhKvDYhMzzrgDHLOib2uwJtrF1A/h120/2951590961_1_3.jpg">Européens</a>, ils vivaient essentiellement de
l’agriculture, cultivant la patate douce, l’igname, le taro, la banane et la
canne à sucre, et de l’élevage </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">de leur seul animal domestique, le poulet.
L’absence d’une barrière de corail ou </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"></i></span>d’un lagon impliquait qu’ils mangeaient
moins de poisson et de crustacés que les habitants des autres îles
Polynésiennes. Des oiseaux de mer, des oiseaux terrestres et des marsouins
purent être consommés par les premiers colons, mais ces espèces </i>[…]<i style="mso-bidi-font-style: normal;">, diminuèrent ou disparurent par la suite.
Le régime des insulaires était donc très riche en glucides, d’autant qu’ils
compensaient les faibles ressources en eau douce de l’île en buvant de grandes
quantités de jus de canne à sucre</i>» (J. Diamond. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 128).</span></div>
</blockquote>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg6WwYBWU6nva5SAXUhvcpuPD2bQBI14NWK6FMtdU9YdD1L8vEGGpUtMUNnZznrbxki7uXkQSDo_PAcmCMuabt2HtpKJqzeWnfYa4jvi6adMC7p45HTjhKvDYhMzzrgDHLOib2uwJtrF1A/s1600/2951590961_1_3.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg6WwYBWU6nva5SAXUhvcpuPD2bQBI14NWK6FMtdU9YdD1L8vEGGpUtMUNnZznrbxki7uXkQSDo_PAcmCMuabt2HtpKJqzeWnfYa4jvi6adMC7p45HTjhKvDYhMzzrgDHLOib2uwJtrF1A/s1600/2951590961_1_3.jpg" height="280" width="400" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"></i></span></i></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<br />
<span lang="FR-CA">Aussi intéressantes sont
les observations démographiques de l’évolution de cette population :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">On a calculé le chiffre de population maximal de l’île de Pâques avec
différentes méthodes. </i>[…] <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le résultat
est une fourchette de six mille à trente mille personnes, ce qui donne une
moyenne de quatre-vingt-dix à quatre cent cinquante habitants au mile carré [de
trente-cinq à cent soixante-treize habitants au kilomètre carré]. Certaines
zones de l’île, comme la péninsule de Poike et les régions les plus élevées,
étaient moins facilement cultivables, la densité de population devait donc être
plus importante sur les meilleures terres, mais sans doute pas beaucoup plus,
car les fouilles archéologiques montrent qu’une grande partie des terres était
utilisée.</i></span></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">[…] <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Par ailleurs, les premiers recensements fiables de la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi9AVeQ-5CO6-Obyo_79UTOu8sTCZikFH5_UPpqTGzP4ijxrXVkaCP_7DeyIFWJVDOqvDlI0wV1nPKT2SMY4cuSmKbY0USsJEw8omatmf2omw5ivz8nhUYz5dypaRnFx5eYWd4efGMnFDQ/h120/Ile_de_Paques_1872_by_Pierre_Loti.jpg">population</a> de
l’île de Pâques qui </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi9AVeQ-5CO6-Obyo_79UTOu8sTCZikFH5_UPpqTGzP4ijxrXVkaCP_7DeyIFWJVDOqvDlI0wV1nPKT2SMY4cuSmKbY0USsJEw8omatmf2omw5ivz8nhUYz5dypaRnFx5eYWd4efGMnFDQ/s1600/Ile_de_Paques_1872_by_Pierre_Loti.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi9AVeQ-5CO6-Obyo_79UTOu8sTCZikFH5_UPpqTGzP4ijxrXVkaCP_7DeyIFWJVDOqvDlI0wV1nPKT2SMY4cuSmKbY0USsJEw8omatmf2omw5ivz8nhUYz5dypaRnFx5eYWd4efGMnFDQ/s1600/Ile_de_Paques_1872_by_Pierre_Loti.jpg" height="320" width="234" /></a>aient été effectués l’ont été par des missionnaires qui
s’étaient installés en 1864, immédiatement après une épidémie de variole qui
avait décimé la majeure partie de la population. Et cette épidémie elle-même
avait été précédée par la capture d’environ mille cinq cents insulaires par des
marchands d’esclaves péruviens en 1862-1863, par deux épidémies de variole
attestées survenues en 1836 et par d’autres épidémies dont on est pratiquement
sûr qu’elles furent déclenchées par les arrivées régulières d’Européens à
partir de 1770, et enfin par une chute vertigineuse de la population qui
commença au début du XVIIe siècle…</i>» (J. Diamond. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 129-130).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Bref, la population
d’origine serait passée, au XIXe siècle, de 2,500 personnes à seulement 111 en
1877. À la variole s’ajoutèrent la tuberculose et la syphilis. Puis, il y a les
1,500 insulaires capturés par les pirates péruviens. Alfred Métraux a raconté,
jadis, l’horreur de cet épisode : </span><br />
<blockquote class="tr_bq">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’année 1862 fut décisive dans l’histoire de l’île de Pâques. Elle vit
la fin de sa civilisation dont la plupart des aspects devaient nous devenir, en
plein XIXe siècle, aussi lointains et imprécis que si nous en étions séparés
par la<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>nuit des temps.</i></span></blockquote>
</div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">En 1859, l’exploitation des gisements de guano sur la côte du Pérou
constituait une entreprise fort prospère, qui ne rencontrait d’autre obstacle
que le manque de main-d’œuvre. La fatigue, l’alimentation défectueuse et les
épidémies décimaient les malheureux travailleurs asservis à cette dure besogne
sur des îlots arides et brûlés par le </span></i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">soleil. Les Compagnies recrutaient leurs
ouvriers à l’aide d’aventuriers qui recouraient, selon les circonstances, à la
force ou à la ruse. Ces chasseurs d’esclaves d’un nouveau genre entreprirent
une <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgVU_TfFaHK6VUfpxXzMl4t5Qx1tGkEk1nYrraWmXq5IRZRw_G4DWK8N3LR0qTGTxhqus6bIWUm4QOxUH_r2GxX6Py8z-tkAE2wywu7Uq6XT4AuMO4-wYzZqiEKQMK04cCUq8HRTTNT6Fw/h120/jpgHO_hCCNsWe.jpg">expédition</a> en règle contre l’île de Pâques qui était, de toutes les îles
polynésiennes, la plus proche du Pérou. Une flottille arriva devant la baie
d’Hanga-roa le 12 décembre 1862. Les quelques insulaires, qui sans défiance,
étaient montés à bord, furent aussitôt saisis, enchaînés et jetés à fond de
cale. Comme personne ne se présentait plus, les négriers péruviens débarquèrent
et à coups de fusil rabattirent vers le rivage tous les indigènes qu’ils purent
atteindre. Dans leur épouvante, ceux-ci n’offrirent qu’une faible résistance.</span></i></div>
</blockquote>
<div style="text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgVU_TfFaHK6VUfpxXzMl4t5Qx1tGkEk1nYrraWmXq5IRZRw_G4DWK8N3LR0qTGTxhqus6bIWUm4QOxUH_r2GxX6Py8z-tkAE2wywu7Uq6XT4AuMO4-wYzZqiEKQMK04cCUq8HRTTNT6Fw/s1600/jpgHO_hCCNsWe.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgVU_TfFaHK6VUfpxXzMl4t5Qx1tGkEk1nYrraWmXq5IRZRw_G4DWK8N3LR0qTGTxhqus6bIWUm4QOxUH_r2GxX6Py8z-tkAE2wywu7Uq6XT4AuMO4-wYzZqiEKQMK04cCUq8HRTTNT6Fw/s1600/jpgHO_hCCNsWe.jpg" height="300" width="400" /></a></div>
<blockquote class="tr_bq">
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<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Une autre version de la razzia donne des détails différents :
les traitants péruviens auraient attiré les Pascuans vers le bord de la mer par
un étalage de présents, puis, à un signal donné, les auraient massacrés et
capturés en grand nombre. En 1914, lors du voyage de Mrs Routledge, il y avait
encore quelques vieillards qui se souvenaient de ces scènes. Ils décrivaient
les coups de fusil, la fuite des femmes et des enfants et les lamentations des
captifs maintenus contre le sol, pendant qu’on les ligotait comme des bêtes. En
un mot, toute l’horreur des razzias d’esclaves en Afrique noire. Dans leur
épouvante, ceux-ci n’offrirent qu’une faible résistance.</span></i></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Ce misérable chargement de chair humaine arriva au Pérou et fut
immédiatement vendu aux Compagnies d’exploitation de guano. En quelques mois,
les maladies, les mauvais traitements et la nostalgie réduisirent les 1,000 ou
900 indigènes emmenés en servitude à </span></i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh9bg69snXTwkUpinrsLg1PeHAUYVZZd-QH39x3bdj8ZkD0LQWWhiFPCx6i5sQTFGKcfJ9NZ08eEXUFqy11vgjoeK0IyH42ouH6ILjTTy1Iz-tnw_puTMXavjqNhX0WXkJoI6kfEG5WAXE/s1600/image002.gif" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh9bg69snXTwkUpinrsLg1PeHAUYVZZd-QH39x3bdj8ZkD0LQWWhiFPCx6i5sQTFGKcfJ9NZ08eEXUFqy11vgjoeK0IyH42ouH6ILjTTy1Iz-tnw_puTMXavjqNhX0WXkJoI6kfEG5WAXE/s1600/image002.gif" height="320" width="214" /></a>une centaine. Grâce à l’intervention de
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh9bg69snXTwkUpinrsLg1PeHAUYVZZd-QH39x3bdj8ZkD0LQWWhiFPCx6i5sQTFGKcfJ9NZ08eEXUFqy11vgjoeK0IyH42ouH6ILjTTy1Iz-tnw_puTMXavjqNhX0WXkJoI6kfEG5WAXE/h120/image002.gif">Mgr Jaussen</a>, le Gouvernement français fit au Pérou des représentations
auxquelles les Anglais s’associèrent. Des ordres officiels furent donnés pour
le rapatriement de la poignée de Pascuans qui avaient survécu à ces mois de
travaux forcés. Ils furent mis à bord d’un bateau qui devait les ramener dans
leur île, mais la plupart moururent en cours de route de la tuberculose ou de
la petite vérole. Une quinzaine seulement regagna l’île pour le plus grand
malheur de la population qui y était demeurée : peu de temps après leur
retour, la petite vérole dont ils portaient les germes, se déclara dans l’île
et la transforma en un vaste charnier. Les cadavres étaient si nombreux que, ne
pouvant être ensevelis dans les mausolées familiaux, ils étaient jetés dans les
fissures de rocher ou traînés dans des couloirs souterrains. </span></i><span lang="FR-CA">[…]</span></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">À cette épidémie meurtrière, s’ajoutèrent les guerres
intestines : l’ordre social fut sapé, les champs restèrent sans
propriétaires et l’on se battit pour s’en assurer la possession. Puis ce fut la
famine; la population tomba à environ 600 individus. La plupart des membres de
la classe sacerdotale disparut en emportant les secrets du passé. Quand,
l’année suivante, les premiers missionnaires s’établirent dans l’île, ils n’y
trouvèrent plus </span></i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiWAnaxYyW3R9Dffny834FsYRAQsHqNC50zQCqnD7pQC1Cop74YTFstkc9P6mkYDp1vfoUMAxpUeLXoTsxdbvIoKJZA6C7pjKA5o674IYSANvv7741hQvrgXOJv2XDbwljVm2qXBqOoVAg/h120/rapanui-mettant-des-pirogues-traditionnelles-a-l-eau_2167_w.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiWAnaxYyW3R9Dffny834FsYRAQsHqNC50zQCqnD7pQC1Cop74YTFstkc9P6mkYDp1vfoUMAxpUeLXoTsxdbvIoKJZA6C7pjKA5o674IYSANvv7741hQvrgXOJv2XDbwljVm2qXBqOoVAg/s1600/rapanui-mettant-des-pirogues-traditionnelles-a-l-eau_2167_w.jpg" height="212" width="320" /></a></span></i>qu’une civilisation agonisante : le système religieux et
social était détruit et une lourde apathie s’était emparée des rescapés de ce
désastre. Ce<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiWAnaxYyW3R9Dffny834FsYRAQsHqNC50zQCqnD7pQC1Cop74YTFstkc9P6mkYDp1vfoUMAxpUeLXoTsxdbvIoKJZA6C7pjKA5o674IYSANvv7741hQvrgXOJv2XDbwljVm2qXBqOoVAg/h120/rapanui-mettant-des-pirogues-traditionnelles-a-l-eau_2167_w.jpg"> pe</a><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiWAnaxYyW3R9Dffny834FsYRAQsHqNC50zQCqnD7pQC1Cop74YTFstkc9P6mkYDp1vfoUMAxpUeLXoTsxdbvIoKJZA6C7pjKA5o674IYSANvv7741hQvrgXOJv2XDbwljVm2qXBqOoVAg/h120/rapanui-mettant-des-pirogues-traditionnelles-a-l-eau_2167_w.jpg">uple</a> sans passé et sans avenir, brisé physiquement et
moralement, allait être gagné au Christianisme sinon sans efforts, du moins en
peu de temps</span></i><span lang="FR-CA">» (A. Métraux. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’île de Pâques, </i>Paris, Gallimard, Col. Tel, # 46, 1941, pp.
36-37).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">En 1960, on recensait
plus de 1 000 habitants, dont la moitié d’origine Rapa-Nui. Mais la véritable
augmentation démographique vint surtout de l’immigration chilienne, puis de
Polynésiens, descendants d’ouvriers agricoles de Polynésie française. Enfin,
les habitants saisonniers, c’est-à-dire les touristes. Tout cela est
incontestablement dramatique, mais pour Jared Diamond, l’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">effondrement </i>de l’île de Pâques avait commencé bien avant et pour
des raisons propres à la manière dont l’île avait été développée.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Là où l’énigme des
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEitZepqZhVc5HOZfNj13BaMYiWc4TFPonxXZs-LCLScazkxQKSStNhbVKQRMxCk77SmfkJ4leic0Ohh6r_55yadP0zcsxPCpRIV0WeO4Yk2Sqtor4bEWoeVYatzwYLSIQ6TKaDQRjw8IRA/h120/111218055450923579.jpg">statues</a> géantes de l’île de Pâques a entraîné tant de divagations, une
seconde analyse de </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEitZepqZhVc5HOZfNj13BaMYiWc4TFPonxXZs-LCLScazkxQKSStNhbVKQRMxCk77SmfkJ4leic0Ohh6r_55yadP0zcsxPCpRIV0WeO4Yk2Sqtor4bEWoeVYatzwYLSIQ6TKaDQRjw8IRA/s1600/111218055450923579.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEitZepqZhVc5HOZfNj13BaMYiWc4TFPonxXZs-LCLScazkxQKSStNhbVKQRMxCk77SmfkJ4leic0Ohh6r_55yadP0zcsxPCpRIV0WeO4Yk2Sqtor4bEWoeVYatzwYLSIQ6TKaDQRjw8IRA/s1600/111218055450923579.jpg" height="388" width="400" /></a>leur fabrication nous permet de compren-</span><br />
<span lang="FR-CA">dre mieux le lent
dépéris-</span><br />
<span lang="FR-CA">sement des Pascuans, dont l’inter-</span><br />
<span lang="FR-CA">vention occiden-</span><br />
<span lang="FR-CA">tale ne fut que le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">coup de grâce.</i> Lorsque nous con-</span><br />
<span lang="FR-CA">sidérons
le patrimoine archéologique de l’île, nous découvrons que celle-ci comprend
environ 887 statues de basalte volcanique, les <i>moaï</i> de 4 m de hauteur moyenne
et près de 300 terrasses empierrées au pied de ces statues, les <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ahû</i>. Ces <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ahû </i>auraient servi d’appuis afin de hisser les statues de pierre
après les avoir acheminées des carrières vers les rives océanes. Diamond estime
d’abord un premier fait non sans importance : </span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Tout ce travail de construction de statues et de plates-formes fut
certainement très coûteux en termes de ressources alimentaires, dont le
stockage, le transport et la distribution devaient être assurés par les chefs
commanditaires des statues. Il fallait nourrir vingt sculpteurs pendant un
mois, qui peut-être étaient également payés en nourriture, puis il fallait
nourrir une équipe de cinquante à cinq cents transporteurs, et enfin il fallait
nourrir une même équipe d’hommes chargés de l’érection des statues alors </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">qu’ils
effectuaient un travail physique très dur qui augmentait d’autant leur
consommation de nourriture. Il y eut probablement aussi de nombreuses
célébrations au sein du clan possesseur de l’<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgTz9RNuLDysZ7lWj8K6c-XNA2EnEqdwLQE5kNvomyMFH5Z4_lN7i9UixhuUFuTMLethbUp2-JFDBZdrqNNObUq50ArzvNF694MW2d_8SNMBpfsQwOS_35RCfKfNsedD6k_-lACOW0t-Fc/h120/Paques_description.jpg">ahu</a> et dans les clans dont il
fallait traverser le territoire pour </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"></i></span>transporter les statues. Les archéologues
qui ont les premiers tenté de calculer la quantité de travail effectué, les
calories brûlées et donc la quantité de nourriture consommée n’ont pas pris en
considération le fait que la statue elle-même ne constituait que la plus petite
partie des opérations : un ahu était environ vingt fois plus lourd que ses
statues et il fallait également transporter toutes les pierres qui serviraient
à le construire</i>» (J. Diamond. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Op.
cit. </i>p. 151).</span></div>
</blockquote>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjaDs_1cqBekNNlMSn8MIg8x2rdkwGXBVOT4BcOiUe5DBaw5jKQ3oK9ydpznXQJO0EsF32A8pJ7jvSD6RBzcAWHyMHml8BLA82HCOeT-KumK1JF4uuYIXackANzd20TJVifzYfSwK_oXmo/s1600/Paques_description.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjaDs_1cqBekNNlMSn8MIg8x2rdkwGXBVOT4BcOiUe5DBaw5jKQ3oK9ydpznXQJO0EsF32A8pJ7jvSD6RBzcAWHyMHml8BLA82HCOeT-KumK1JF4uuYIXackANzd20TJVifzYfSwK_oXmo/s1600/Paques_description.jpg" height="277" width="400" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Bref, le travail
nécessaire à l’érection des formidables statues fit augmenter les besoins
alimentaires de la population d’environ 25% au cours des 300 ans correspondant
à la période intensive de construction. Et que ces trois siècles coïncidaient
avec les siècles au cours desquels une agriculture de plantation sur les hautes
</span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEisorBGXcrDcwD7OSLVMSDHvHYNVA2_Z6qyRh2WqDQVwzB3CFUhszEpLcnIsfFJ3FzoNZnTYCnBjJQrMyjkFIQKy1y_NMOnXUvhFU9dicvUVcgPp2SAdVieBTsROpSbXNIBNPLBiRBhWkc/s1600/l-ahu-tongariki.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEisorBGXcrDcwD7OSLVMSDHvHYNVA2_Z6qyRh2WqDQVwzB3CFUhszEpLcnIsfFJ3FzoNZnTYCnBjJQrMyjkFIQKy1y_NMOnXUvhFU9dicvUVcgPp2SAdVieBTsROpSbXNIBNPLBiRBhWkc/s1600/l-ahu-tongariki.jpg" height="300" width="400" /></a>terres intérieures de l’île produisit un important excédent de nourriture par
rapport aux quantités disponi-</span><br />
<span lang="FR-CA">bles aupa-</span><br />
<span lang="FR-CA">ravant. Si l’on considère que la période
de construction des <i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEisorBGXcrDcwD7OSLVMSDHvHYNVA2_Z6qyRh2WqDQVwzB3CFUhszEpLcnIsfFJ3FzoNZnTYCnBjJQrMyjkFIQKy1y_NMOnXUvhFU9dicvUVcgPp2SAdVieBTsROpSbXNIBNPLBiRBhWkc/h120/l-ahu-tongariki.jpg">moaï</a> </i>s’étend du XIe siècle jusque vers 1600, l’on constate
également une progression dans le gigantisme des statues d’une période à l’autre. Les dernière
statues seraient restées à mi-chemin, inachevées. Ces monolithes pesant
plusieurs tonnes, devaient requérir un nombre imposants de guerriers et nécessiter des
cultivateurs pour la production de tout cet excès de nourriture. Mais cet
accroissement de dépenses énergétiques n’est qu’un premier indice troublant :</span><br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi2eQUmIqw6UC0Rm8N8mjzDAd_G1mLd1yjyHBfwmFQyoCzYQG1igqhUFFo9vUbHSlYZwnUP3DNlitC-TVSwl-cEAMGtHtNUObqEcd-JyqWaTkEeOg_bCbIUwvFnXy9W_qx4ZEDAZUAj870/s1600/Ile-de-paque-statue-moai_thumb1.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi2eQUmIqw6UC0Rm8N8mjzDAd_G1mLd1yjyHBfwmFQyoCzYQG1igqhUFFo9vUbHSlYZwnUP3DNlitC-TVSwl-cEAMGtHtNUObqEcd-JyqWaTkEeOg_bCbIUwvFnXy9W_qx4ZEDAZUAj870/s1600/Ile-de-paque-statue-moai_thumb1.jpg" height="207" width="400" /></a></span></div>
</div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">La construction et l’érection des statues exigeaient non seulement de
grandes quantités de nourriture mais également de grandes quantités de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi2eQUmIqw6UC0Rm8N8mjzDAd_G1mLd1yjyHBfwmFQyoCzYQG1igqhUFFo9vUbHSlYZwnUP3DNlitC-TVSwl-cEAMGtHtNUObqEcd-JyqWaTkEeOg_bCbIUwvFnXy9W_qx4ZEDAZUAj870/h120/Ile-de-paque-statue-moai_thumb1.jpg">grosses cordes</a> (fabriquées en Polynésie à partir d’écorce d’arbre ligneuse) grâce
auxquelles cinquante à cinq cents hommes pouvaient remorquer des statues pesant
de dix à quatre-vingt-dix tonnes, ainsi qu’un nombre important de grands arbres
solides dans lesquels on pouvait tailler les </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">traîneaux, les rails et les
leviers. Mais sur l’île de Pâques que découvrirent Roggeveen, puis d’autres
visiteurs européens, il y avait très peu d’arbres, et ceux qu’ils y virent
étaient tous chétifs et mesuraient moins de trois mètres cinquante :
c’était en fait l’île la moins arborée de toute la Polynésie. Où se trouvaient
alors les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi-VMi2EIhzCPv0PkxYd8Cpsy5ri25ej-iN-6Ts3-iSfuB14a1v00xCt2m8J-tiUa65w47weLtbXFfP33sMaAHlHBfL11T66_-pPC4M_FQUPIxjnFbDWvsx5yQXff058o_QOaciHwlaRyU/h120/ile-paques-ahu-uri-urenga.jpg">arbres</a> qui fournirent la corde et le bois nécessaires?</i>» (J.
Diamond. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 152).</span></div>
</blockquote>
<div style="text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi-VMi2EIhzCPv0PkxYd8Cpsy5ri25ej-iN-6Ts3-iSfuB14a1v00xCt2m8J-tiUa65w47weLtbXFfP33sMaAHlHBfL11T66_-pPC4M_FQUPIxjnFbDWvsx5yQXff058o_QOaciHwlaRyU/s1600/ile-paques-ahu-uri-urenga.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi-VMi2EIhzCPv0PkxYd8Cpsy5ri25ej-iN-6Ts3-iSfuB14a1v00xCt2m8J-tiUa65w47weLtbXFfP33sMaAHlHBfL11T66_-pPC4M_FQUPIxjnFbDWvsx5yQXff058o_QOaciHwlaRyU/s1600/ile-paques-ahu-uri-urenga.jpg" height="266" width="400" /></a> </div>
<div style="text-align: center;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Là est en effet la
question indispensable pour comprendre la suite des événements. Des analyses
récentes et minutieuses des grains de pollens enfouis sur l’île, dont une espèce
non identifiée de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjbpBKIPn-hXYG6f1JtPv_gWgxZ5BmXEjEQKRdMCs-dMfNuNpIDbIQZPV5Z1mJZL6AExLxd5attcMY1Q1xWlPnTwmDhPcodp-eguf0giy24W7_Rei174U8xx_FhPmlL1JxhGOR4TLrpewY/h120/03+IledePaques.jpg">palmier</a> que l’île ne </span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjbpBKIPn-hXYG6f1JtPv_gWgxZ5BmXEjEQKRdMCs-dMfNuNpIDbIQZPV5Z1mJZL6AExLxd5attcMY1Q1xWlPnTwmDhPcodp-eguf0giy24W7_Rei174U8xx_FhPmlL1JxhGOR4TLrpewY/s1600/03+IledePaques.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjbpBKIPn-hXYG6f1JtPv_gWgxZ5BmXEjEQKRdMCs-dMfNuNpIDbIQZPV5Z1mJZL6AExLxd5attcMY1Q1xWlPnTwmDhPcodp-eguf0giy24W7_Rei174U8xx_FhPmlL1JxhGOR4TLrpewY/s1600/03+IledePaques.jpg" height="172" width="400" /></a></span>possède plus au-</span><br />
<span lang="FR-CA">jourd’hui, montre que n'a survécu aucune espèce
indigène à ce jour. Bref, l’île de Pâques, au moment où les premiers Polynésiens
l’accostèrent, vers l’an 1000, était couverte de palmiers dont le tronc pouvait
atteindre un diamètre supérieur à deux mètres! Outre des palmiers, l’île aurait
eu aussi cinq autres espèces d’arbres disparus, et seize autres espèces
végétales qui se rapprochent des espèces encore répandues sur l’île. La
végétation de l’île de Pâques était donc tout à fait comparable à n’importe
quelle autre île de l’Océan Pacifique Sud. Et ce qui vaut pour la flore vaut
également pour la faune :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le zooarchéologue David Steadman s’est quant à lui penché sur six mille
quatre cent trente-trois os d’oiseaux et d’autres vertébrés retrouvés sur
d’anciens dépotoirs sur la plage d’Anakena, qui fut probablement le premier
lieu de débarquement et le premier site </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgTg490o85bFOsNSLjEn9FczzraG2sEMIgpPr5J4rz-Lt74Li7jayKbN8m_CaviMx2DDofz_-P86EAuupMu9waeCCJKO4a4l4kl43xGwyhrmEMWutSuBH2_1GsLjkvIJWcjULP-BjSvj5E/s1600/PETA-small-1.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgTg490o85bFOsNSLjEn9FczzraG2sEMIgpPr5J4rz-Lt74Li7jayKbN8m_CaviMx2DDofz_-P86EAuupMu9waeCCJKO4a4l4kl43xGwyhrmEMWutSuBH2_1GsLjkvIJWcjULP-BjSvj5E/s1600/PETA-small-1.jpg" height="320" width="290" /></a>de colonisation humaine de l’île de
Pâques. </i>[…] <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Steadman a appris à
distinguer jusqu’aux os d’une dizaine d’espèces de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgTg490o85bFOsNSLjEn9FczzraG2sEMIgpPr5J4rz-Lt74Li7jayKbN8m_CaviMx2DDofz_-P86EAuupMu9waeCCJKO4a4l4kl43xGwyhrmEMWutSuBH2_1GsLjkvIJWcjULP-BjSvj5E/h120/PETA-small-1.jpg">pétrels</a> très proches les
unes des autres. Il a ainsi prouvé que l’île de Pâques, qui aujourd’hui
n’abrite pas la moindre espèce d’oiseau terrestre indigène, était autrefois
habitée par au moins six espèces, parmi lesquelles une espèce de héron, deux
râles proches du poulet, deux perroquets et une effraie. Plus impressionnant
encore, l’île comptait un total prodigieux d’au moins vingt-cinq espèces
d’oiseaux de mer lorsque ceux-ci étaient en période de nidification, elle était
donc autrefois le site de reproduction le plus riche de toute la Polynésie et
probablement de tout le Pacifique. On y trouvait des albatros, des fous, des
frégates, des fulmars, des pétrels, des prions, des puffins, des océanites, des
sternes et des phaétons, attirés par la situation éloignée de l’île </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi-mequi-VtFGHnuM7Pk-PWMhmPMf3px8l-UpFpPJan_nS4_pU4yBwT9dYOJdmAw0y36-NdHMw5oXf_yTNmbcyqVyhbRKb-KCHbpY0N59PFDodzAomirD3BHKlODyWEWNIEDOKtkzYEcS8/s1600/Galapagos-phoques.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi-mequi-VtFGHnuM7Pk-PWMhmPMf3px8l-UpFpPJan_nS4_pU4yBwT9dYOJdmAw0y36-NdHMw5oXf_yTNmbcyqVyhbRKb-KCHbpY0N59PFDodzAomirD3BHKlODyWEWNIEDOKtkzYEcS8/s1600/Galapagos-phoques.jpg" height="117" width="200" /></a></span>de Pâques
et par l’absence totale de prédateurs qui en firent un site idéal de
reproduction, jusqu’à l’arrivée des humains. David Steadman a également
découvert quelques os de phoques, qui aujourd’hui se reproduisent dans les
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi-mequi-VtFGHnuM7Pk-PWMhmPMf3px8l-UpFpPJan_nS4_pU4yBwT9dYOJdmAw0y36-NdHMw5oXf_yTNmbcyqVyhbRKb-KCHbpY0N59PFDodzAomirD3BHKlODyWEWNIEDOKtkzYEcS8/h120/Galapagos-phoques.jpg">Galapagos</a> et sur les îles Juan Fernandez à l’est de l’île, mais on ne peut dire
avec certitude si ces quelques os de phoques retrouvés sur l’île de Pâques ont
été laissés par de véritables colonies de reproduction ou seulement par
quelques individus de passage</i>» (J. Diamond. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 156-157).</span><span lang="FR-CA"></span></div>
</blockquote>
<div style="text-align: justify;">
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</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Outres ces diverses
espèces, on a retrouvé des fossiles de dauphins, probablement chassés au harpon
d’une certaine distance des côtes. Par contre, la faible part que représentent
les fossiles de poissons dans le régime alimentaire des Pascuans contraste
fortement avec la consommation courante dans les autres îles où le poisson est une denrée abondante. Diamond
trouve une explication à cette anomalie : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’île de Pâques est la seule île polynésienne dont les sites
archéologiques révèlent plus d’os de rats que d’os de poissons»</i>.
Finalement :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Les premiers colons de l’île de Pâques purent donc consommer la chair
des marsouins, </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhO4HUKpBbi1BuhGGe3TittEHh2iXxE39DnoCnOMRzyHe9nPe5puViL3nTWmIpp5FpcWQVEPa5o2sBlAdiEtDvw1kxF7c7Rc7DFlQv6-hf4L3STN0br0ty44-cL4zkbJi1-RcWR7zRTbvI/s1600/RattExu6.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhO4HUKpBbi1BuhGGe3TittEHh2iXxE39DnoCnOMRzyHe9nPe5puViL3nTWmIpp5FpcWQVEPa5o2sBlAdiEtDvw1kxF7c7Rc7DFlQv6-hf4L3STN0br0ty44-cL4zkbJi1-RcWR7zRTbvI/s1600/RattExu6.jpg" height="145" width="320" /></a>des poissons, des crustacés, des oiseaux et des <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhO4HUKpBbi1BuhGGe3TittEHh2iXxE39DnoCnOMRzyHe9nPe5puViL3nTWmIpp5FpcWQVEPa5o2sBlAdiEtDvw1kxF7c7Rc7DFlQv6-hf4L3STN0br0ty44-cL4zkbJi1-RcWR7zRTbvI/h120/RattExu6.jpg">rats</a>, mais ce
n’était pas tout. J’ai déjà mentionné des traces laissées par quelques phoques,
mais d’autres os attestent encore de la présence occasionnelle de tortues de
mer et peut-être de grands lézards. Tous ces mets délicieux étaient cuisinés
sur des feux dont on a pu montrer qu’ils étaient nourris grâce au bois des
forêts de l’île qui disparurent par la suite</i>» (J. Diamond. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 158).</span></div>
</blockquote>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">C’est dire que l’île de
Pâques jouissait d’un écosystème clos mais parfaitement bien équilibré, jusqu’à
l’arrivée des Polynésiens. Mais quelque chose de particulier dut se produire
pour que tout cela se renverse :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Sur l’ensemble des îles du Pacifique, seule Pâques finit par voir
disparaître tous ses oiseaux terrestres. Sur les vingt-cinq – ou plus – espèces
d’oiseaux de mer qui précédemment se reproduisaient sur l’île de Pâques,
vingt-quatre ne se reproduisent désormais plus sur l’île elle-même, en raison
de la surexploitation des terres et de la prédation par les rats, neuf espèces
environ sont à présent condamnées à se reproduire sur quelques îlots rocheux au
large des côtes de l’île et quinze espèces ont été éliminées, y compris sur ces
îlots. Même les coquillages furent surexploités, si bien que la population
finit par consommer moins de grosses porcelaines, qui étaient très appréciées,
et plus d’escargots noirs, plus petits et ne constituant qu’une nourriture de
second choix. La taille des coquilles de porcelaines aussi bien que d’escargots
retrouvés dans les dépotoirs diminue au fil du temps car les habitants avaient
effectué un ramassage excessif des pus gros individus</i>» (J. Diamond. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ibid. </i>p. 159)</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
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<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Agriculture extensive;
nourriture excessive; consommation intensive; statues colossales. La négligence
par les </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjDyvkV-97v4AWDyFZl9PAgG9JxTw3ouTjWwSIuvbE-1rnyaI1IM4VrqlLdNQAtUYOnD0caHxdYfWR8HzjC2mpkiGmQm02aXoDjg1FSawQAgZu4Z6QUf2KnctLN7eULWPvSjJzcbrC7m5Q/s1600/1556641_7_0043_les-moais-de-la-plage-d-anakena-sur-l-ile.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjDyvkV-97v4AWDyFZl9PAgG9JxTw3ouTjWwSIuvbE-1rnyaI1IM4VrqlLdNQAtUYOnD0caHxdYfWR8HzjC2mpkiGmQm02aXoDjg1FSawQAgZu4Z6QUf2KnctLN7eULWPvSjJzcbrC7m5Q/s1600/1556641_7_0043_les-moais-de-la-plage-d-anakena-sur-l-ile.jpg" height="200" width="400" /></a>Pascuans de leur environnement pour atteindre à l’excès spirituel fut la première qui ouvrit la voie à toutes les possibili-</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">tés pour qu'arrivent tous les malheurs qui allaient suivre. Si on ajoute
à tout cela la crémation des corps humains qui nécessitent beaucoup de
combustibles, on devine que la surexploitation des arbres, et des palmiers en
particulier, est la source de la désertification de l’île de Pâques :</span></div>
</div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">La déforestation a probablement commencé peu de temps après l’arrivée
des humains, </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg0rsAogAP7AcIYy8NWmney69g4ss82rm5HTVwHio08nOwl08qUtPjmW9E1OQzGMiM5MlfCTj6VtuNVWbi82WQ1NtAnZWQDs90dYMM2C4CUPeZxN0LJWkDgWlUnIh0Nm_AukQNWnkBX-4Y/s1600/220px-Jacob_Roggeveen.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg0rsAogAP7AcIYy8NWmney69g4ss82rm5HTVwHio08nOwl08qUtPjmW9E1OQzGMiM5MlfCTj6VtuNVWbi82WQ1NtAnZWQDs90dYMM2C4CUPeZxN0LJWkDgWlUnIh0Nm_AukQNWnkBX-4Y/s1600/220px-Jacob_Roggeveen.jpg" height="400" width="285" /></a>autour de l’an 900 après J.-C., et devait être achevée vers 1722,
lorsque <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg0rsAogAP7AcIYy8NWmney69g4ss82rm5HTVwHio08nOwl08qUtPjmW9E1OQzGMiM5MlfCTj6VtuNVWbi82WQ1NtAnZWQDs90dYMM2C4CUPeZxN0LJWkDgWlUnIh0Nm_AukQNWnkBX-4Y/h120/220px-Jacob_Roggeveen.jpg">Roggeveen</a> arriva et n’aperçut aucun arbre d’une taille supérieure à
trois mètres cinquante. Sommes nous en mesure de donner une date plus précise,
entre 900 et 1722, marquant le début de la déforestation? Nous disposons pour
cela de quatre types d’indices. La plupart des dates déduites de la
radiodatation des noix de palmier elles-mêmes se situent avant 1500, suggérant
que le palmier se raréfia ou disparut ensuite. Sur la péninsule de Poike, où se
trouvent les sols les plus infertiles de l’île et qui donc fut probablement la
première à être déboisée, les palmiers disparurent aux environs de 1400, et le
charbon de bois résultat du déboisement disparut vers 1440, bien</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">que les signes plus tardifs d’activités
agricoles attestent du maintien d’une présence humaine à cet endroit. Les
échantillons de charbon de bois datés au radiocarbone et prélevés dans les
fours et sur les dépôts de détritus par Catherine Orliac montrent que le
charbon de bois fut remplacé comme combustible par des herbes et des graminées
après 1640, y compris dans les demeures de l’aristocratie qui aurait pu
confisquer les derniers précieux arbres quand n’en resta plus aucun pour les
</i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjQAncd_XuNvhBrtt9QhcAxW3X9IMWYHXwuDwrgEwA4cO7LE60dCee371C3vJcvaVpbvbUmjfcipDxaiAJAA4fY4tqYxagiGopCwt_GygDYM0Mc5kYAWWECqluYX1JWjz7fWowNoeyfeac/s1600/ScalesiaSantaCruz2.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjQAncd_XuNvhBrtt9QhcAxW3X9IMWYHXwuDwrgEwA4cO7LE60dCee371C3vJcvaVpbvbUmjfcipDxaiAJAA4fY4tqYxagiGopCwt_GygDYM0Mc5kYAWWECqluYX1JWjz7fWowNoeyfeac/s1600/ScalesiaSantaCruz2.jpg" height="400" width="266" /></a>paysans. Les prélèvements de pollen effectués par Flenley attestent de la
disparition des pollens du palmier, de la </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjQAncd_XuNvhBrtt9QhcAxW3X9IMWYHXwuDwrgEwA4cO7LE60dCee371C3vJcvaVpbvbUmjfcipDxaiAJAA4fY4tqYxagiGopCwt_GygDYM0Mc5kYAWWECqluYX1JWjz7fWowNoeyfeac/h120/ScalesiaSantaCruz2.jpg">Scalesia pedunculata</a> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">(une espèce endémique de la famille du
tournesol), du toromiro et des arbustes et de leur remplacement par des pollens
d’herbes et de graminées, entre 900 et 1300, mais les dates obtenues par le
radiocarbone sur les carottes de sédiments sont moins fiables, lorsqu’il s’agit
d’établir la chronologie de la déforestation, que ne le sont les dates obtenues
directement sur les palmiers et leurs noix. Enfin, les plantations des hautes
terres qui ont été étudiées par Chris Stevenson et dont la période d’activité
correspond peut-être à la période d’utilisation maximale du bois d’œuvre et de
la corde pour les statues furent exploitées entre les premières années du XVe
siècle et le XVIIe siècle. Tout cela laisse penser que le déboisement commença
peu de temps après l’arrivée des humains, qu’il atteignit son maximum vers 1400
et qu’il était quasi achevé à des dates qui varièrent localement et qui se
situent entre le début du XVe siècle t le XVIIe siècle</i>» (J. Diamond. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 161-162).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Les conséquences de la
déforestations furent, on le devine, catastrophique. Les résultats de cette
totale coupe à blanc signifiaient l'épuisement des matières premières. Les chantiers finirent donc par être abandonnés. Le manque de bois d’œuvre
diminua également la flotte des pirogues des Pascuans. Il en fut de même de </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgQRW49rSjAdvRCSzmz8s1ACUX3LO58KUnvW7fkJ6_qHvA1OvS_m9hs4fKHIdqZksqCSqPynLX8efEQo7lL4WNgAY6M-80a91dCafRPUPmDyT33RrZu4vmspSrv_ETRCRQ755cCGoCOhsA/s1600/comprendre-revolte-pascuans-L-Gzi8vV.jpeg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgQRW49rSjAdvRCSzmz8s1ACUX3LO58KUnvW7fkJ6_qHvA1OvS_m9hs4fKHIdqZksqCSqPynLX8efEQo7lL4WNgAY6M-80a91dCafRPUPmDyT33RrZu4vmspSrv_ETRCRQ755cCGoCOhsA/s1600/comprendre-revolte-pascuans-L-Gzi8vV.jpeg" height="280" width="400" /></a>la source des
combustibles, de sorte qu’on alla jeter les cadavres dans les anfractuo-</span><br />
<span lang="FR-CA">sités de
l’île. Les chutes de tempéra-</span><br />
<span lang="FR-CA">ture, la nuit, l’hiver, atteignirent 10º Celsius!
Les chefs durent se faire de terribles <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgQRW49rSjAdvRCSzmz8s1ACUX3LO58KUnvW7fkJ6_qHvA1OvS_m9hs4fKHIdqZksqCSqPynLX8efEQo7lL4WNgAY6M-80a91dCafRPUPmDyT33RrZu4vmspSrv_ETRCRQ755cCGoCOhsA/h120/comprendre-revolte-pascuans-L-Gzi8vV.jpeg">guerres</a> pour conserver les dernières
friches de forêts. La plupart des ressources alimentaires sauvages disparurent.
L’érosion s’accentua sous la poussée des vents et des pluies. De la
déforestation, on passait carrément à la désertification. C’est dans cet état
que les Occidentaux abordèrent l’île de Pâques.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"></span>La négligence avec
laquelle les Pascuans anciens exploitèrent leur île ressemble à notre
comportement où nous abusons de l’exploitation des ressources naturelles et
accumulons des quantités inégalées de CO² </span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh_LLwxCV30cL5OkzvM3w_kTCyHeVQlzVNm1YFj7Kj30MbjN9Utd47Rko8g47t7Hg8P2HnTATBaXJHhpY9q5LQQwcMjuY7wFeO9R3aMiKVvby5F9NmAHs0VysZW831AXQsN2eRJv6qLNSY/s1600/h-20-1357622-1229353594.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh_LLwxCV30cL5OkzvM3w_kTCyHeVQlzVNm1YFj7Kj30MbjN9Utd47Rko8g47t7Hg8P2HnTATBaXJHhpY9q5LQQwcMjuY7wFeO9R3aMiKVvby5F9NmAHs0VysZW831AXQsN2eRJv6qLNSY/s1600/h-20-1357622-1229353594.jpg" height="400" width="231" /></a></span></span>dans </span><span lang="FR-CA">l’atmosphère et dans l’océan. La
mise en garde de Jade Diamond peut forcer certains traits au détriment de
d’autres pour expliquer <i style="mso-bidi-font-style: normal;">l’effondrement </i>de
la société pascuane, mais c’est bien l’ensemble de la population qui participa
à cette exploitation forcenée, pensant que les ressources de l’île étaient inépuisables
et que les dieux, dont on honorait la présence avec de colossales <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh_LLwxCV30cL5OkzvM3w_kTCyHeVQlzVNm1YFj7Kj30MbjN9Utd47Rko8g47t7Hg8P2HnTATBaXJHhpY9q5LQQwcMjuY7wFeO9R3aMiKVvby5F9NmAHs0VysZW831AXQsN2eRJv6qLNSY/h120/h-20-1357622-1229353594.jpg">statues</a> munies
d’yeux en coquillages regardant l’horizon, les protégeraient coûte que coûte.
Victimes de son goût culturel du gigantisme, les Pascuans n’avaient ni l’espace ni la démographie des Égyptiens ou des Chinois pour entreprendre des
œuvres de civilisation aussi coûteuses. L'île s’épuisa plus vite qu’elle ne
récupéra et fit de sa population, ce que Toynbee appelait une <i style="mso-bidi-font-style: normal;">civilisation avortée.</i></span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">D’autres situations
présentent un concours incroyable de négligence entre des populations entières
et leurs personnalités politiques dans l’avènement de catastrophes meurtrières
qui auraient pu être évitées. C’est là encore que des barges viennent déposer
par milliers des âmes sur les rives du Purgatoire. L’un des cas les plus
scandaleux concerne les 28 000 victimes de la ville de Saint-Pierre de la Martinique qui
furent carbonisés par la nuée ardente qui dévala les pentes du proche volcan,
la Montagne Pelée, le matin du 8 mai 1902.</span><br />
<br />
<span style="mso-ansi-language: FR;">Par
deux fois depuis que la Martinique avait été colonisée par les Français, la
Montagne Pelée (dont le nom ne vient pas de la déesse hawaïenne Pele comme le
suggèrent les historiens américains Thomas et Witts [déformation
ethnocentrique], mais du sommet dégarni par les laves vomies de son
cratère et qui avaient rasé toute végétation), avait connu deux éruptions. Une en
1792, où elle avait craché une mince couche de </span><span style="mso-ansi-language: FR;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEioMu_0mSYGKDT84PCSgq4KKnvCOWKSyYB-7L9Ww4s8x9D4JI1C04BrE4ffKf3VwAE3Vj5Z1quGF2LdvWHjb2QmZpXYfDl8SU01LISJFGrtQU08KU4f9hooJAThLtVSEiiKi-5ZowSKGyo/s1600/MARTINIQUE+1.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEioMu_0mSYGKDT84PCSgq4KKnvCOWKSyYB-7L9Ww4s8x9D4JI1C04BrE4ffKf3VwAE3Vj5Z1quGF2LdvWHjb2QmZpXYfDl8SU01LISJFGrtQU08KU4f9hooJAThLtVSEiiKi-5ZowSKGyo/s1600/MARTINIQUE+1.jpg" height="300" width="400" /></a>cendres autour de son cratère. «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Un début d’érup-</i></span><br />
<span style="mso-ansi-language: FR;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">tion, vite avorté, eut lieu
en 1871. Au cours du prin-</i></span><br />
<span style="mso-ansi-language: FR;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">temps, les habitants des hauteurs du Prêcheur
perçurent une odeur d’acide sulf-hydrique. Le 5 août, un peu avant minuit, ils
furent réveillés par de sourdes détonations et purent observer, le lendemain,
qu’une mince couche de cendre recouvrait la Montagne Pelée et ses abords
jusqu’à <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEioMu_0mSYGKDT84PCSgq4KKnvCOWKSyYB-7L9Ww4s8x9D4JI1C04BrE4ffKf3VwAE3Vj5Z1quGF2LdvWHjb2QmZpXYfDl8SU01LISJFGrtQU08KU4f9hooJAThLtVSEiiKi-5ZowSKGyo/h120/MARTINIQUE+1.jpg">Saint-Pierre</a>. Un panache de fumée surmontait le volcan. Une autre
manifestation du même genre se renouvela au mois d’octobre</i>» (E. Aubert de
la Rüe, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’homme et les volcans, </i>Paris,
Gallimard, Col. Géographie humaine, # 30, 1958, p. 218). Un violent orage étant
survenu peu après, tout le manteau de cendre avait été nettoyé. Donc, il
devient compréhensible que, malgré les signes inquiétants de 1902, les
habitants de la ville, située entre le volcan et la mer, n’aient pas cru que la
prochaine éruption pourrait être d’une violence inimaginable.</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Les premiers symptômes indiquant le réveil
prochain de l’activité interne apparurent trois ans plus tôt, en 1899, lorsque
des fumerolles d’hydrogène sulfuré se manifestèrent da le vieux cratère de
l’Étang Sec. Ces émanations gazeuses s’amplifièrent au cours des années
suivantes. À partir de février 1902 elle commencèrent à incommoder fortement
les habitants des hauteurs du Prêcheur, mais ne furent ressenties que plus tard
à Saint-Pierre. De légères secousses ébranlèrent les abords du volcan le 22
avril. Le 24, une violente détonation se fit entendre et l’on vit pour la
première fois s’élever une colonne noire de vapeurs, chargées de cendres,
montant à 500 m de hauteur. Elle provenait d’une fissure qui venait de s’ouvrir
dans la caldeira de l’Étang Sec, située à l’altitude de 600 m. Un nuage de
cendres fines recouvrit le jour suivant le bourg du Prêcheur. Ainsi se
précisait le point faible où allait désormais se concentrer l’activité du
volcan. Une activité accrue se manifeste à partir du 28 avec de forts
grondements, des pluies de cendres plus abondantes. Des sources sont
brusquement taries. Le 5 mai, les projections et la condensation des vapeurs
dégagées par l’éruption naissante provoquent une avalanche d’eau boueuse qui se
précipite dans le lit de la Rivière Blanche, entraînant la destruction totale
des Usines Guérin et la mort de 23 personnes. Une centaine d’autres furent
également tuées par le passage de cette avalanche</i>» (E. Aubert de la Rüe. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 218-219).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiaQG2X43vkmHyy89Tu4giDdsVFgLpFpOAT1ZSZo8-tCwOoPNNxlK-HPNcwvdp232P_KczKfjGlhjU2X_qz-CVzpPIgUSTNJnY80HL_ng0hnIZAo6q7jpX-PwIlvsHGSVy2aXFfKEwvkBE/s1600/pele_avant.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiaQG2X43vkmHyy89Tu4giDdsVFgLpFpOAT1ZSZo8-tCwOoPNNxlK-HPNcwvdp232P_KczKfjGlhjU2X_qz-CVzpPIgUSTNJnY80HL_ng0hnIZAo6q7jpX-PwIlvsHGSVy2aXFfKEwvkBE/s1600/pele_avant.jpg" height="257" width="400" /></a>Cette
fois-ci,<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>les alertes étaient trop
sérieuses pour ne pas semer l’inquié-</span><br />
<span style="mso-ansi-language: FR;">tude dans la popu-</span><br />
<span style="mso-ansi-language: FR;">lation. Par quelle
négligence la population de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiaQG2X43vkmHyy89Tu4giDdsVFgLpFpOAT1ZSZo8-tCwOoPNNxlK-HPNcwvdp232P_KczKfjGlhjU2X_qz-CVzpPIgUSTNJnY80HL_ng0hnIZAo6q7jpX-PwIlvsHGSVy2aXFfKEwvkBE/h120/pele_avant.jpg">Saint-Pierre</a>, ainsi informée que la ville était
menacée, décida-t-elle de rester <i>under the volcanoe</i>?</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Les premières vibrations du sol et les
rumeurs souterraines survenues dans le courant d’avril auraient dû inciter les
autorités à prendre les mesures de sécurité qui s’imposaient et à alerter la
population. À Saint-Pierre, dans les débuts, on ne s’émut guère de la menace
qui pesait sur la ville, d’autant plus que le volcan tout proche n’avait jamais
manifesté sa présence par aucune catastrophe. Alertée et bientôt terrifiée par
les soubresauts de plus en plus violents du volcan, la population de
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh0aXXHKxwK32RRQ-CGyh9yVhyInCCfgOJ2Kh1cgUOQfIRwGnUR1Z7DqL73L2Ni4kOC_2XvGpA-Ble47s7YiA1uR-sA4OC40hTZVp7P4jmBbWP-g2Zk_orQbgEdm5byS61a3WyfuJGQJyU/h120/Martinique_Saint-Pierre.jpg">Saint-Pierre</a> s’apprêtait finalement à fuir pour se réfugier à Fort-de-France.
Mais des élections municipales étaient sur le point d’avoir lieu et les
candidats appréhendaient la dispersion de leurs électeurs. En empêchant l’exode
des Saint-Pierrais, les politiciens locaux sont dans une certaine mesure
responsables de la mort de dizaines de milliers de personnes. Il est vrai que
le gouvernement Mouttet, qui devait lui-même périr dans la catastrophe, avait
nommé une commission, aussitôt après la destruction de l’usine à sucre de la
plantation Guérin par les premières manifestations alarmantes de la Montagne
Pelée, mais celle-ci avait déclaré que la ville de Saint-Pierre n’était pas en
danger</i>» (E. Aubert de la Rüe. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p.
219).</span></div>
</blockquote>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh0aXXHKxwK32RRQ-CGyh9yVhyInCCfgOJ2Kh1cgUOQfIRwGnUR1Z7DqL73L2Ni4kOC_2XvGpA-Ble47s7YiA1uR-sA4OC40hTZVp7P4jmBbWP-g2Zk_orQbgEdm5byS61a3WyfuJGQJyU/s1600/Martinique_Saint-Pierre.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh0aXXHKxwK32RRQ-CGyh9yVhyInCCfgOJ2Kh1cgUOQfIRwGnUR1Z7DqL73L2Ni4kOC_2XvGpA-Ble47s7YiA1uR-sA4OC40hTZVp7P4jmBbWP-g2Zk_orQbgEdm5byS61a3WyfuJGQJyU/s1600/Martinique_Saint-Pierre.jpg" height="265" width="400" /></a></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;">De
l’insouciance, on était passé à la négligence pure et simple. Né à Marseille en
1857, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj-K8bc1xZyWS4JocD7oCPl6cxKJlmw_hnId-LWU0kGXNiJ4IheU4FXsRnwKCJObmPFnBMQVhc0jkRcMLyBMBD1-Ej6HR6_aFe3NkocHk30Fy5pk0TmTaqya12Y4ed11_IFvrke-HTr81g/h120/dpts-outre-mer-36-1.jpg">Louis-Marius Mouttet</a> avait fait partie d’un club saint-simonien dans sa
jeunesse. Il avait des ambitions politiques qui </span><span style="mso-ansi-language: FR;"><span style="mso-ansi-language: FR;"><span style="mso-ansi-language: FR;"></span></span>le </span><span style="mso-ansi-language: FR;">conduisirent au poste de
gouverneur de la Martinique, siégeant dans la capitale, Fort-de-France. Dans le
contexte des élections municipales menacées par la
Montagne Pelée</span><span style="mso-ansi-language: FR;">, «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Mouttet,
avec l’instinct du </i></span><span style="mso-ansi-language: FR;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-ansi-language: FR;"><span style="mso-ansi-language: FR;"><span style="mso-ansi-language: FR;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj-K8bc1xZyWS4JocD7oCPl6cxKJlmw_hnId-LWU0kGXNiJ4IheU4FXsRnwKCJObmPFnBMQVhc0jkRcMLyBMBD1-Ej6HR6_aFe3NkocHk30Fy5pk0TmTaqya12Y4ed11_IFvrke-HTr81g/s1600/dpts-outre-mer-36-1.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj-K8bc1xZyWS4JocD7oCPl6cxKJlmw_hnId-LWU0kGXNiJ4IheU4FXsRnwKCJObmPFnBMQVhc0jkRcMLyBMBD1-Ej6HR6_aFe3NkocHk30Fy5pk0TmTaqya12Y4ed11_IFvrke-HTr81g/s1600/dpts-outre-mer-36-1.jpg" height="400" width="307" /></a></span></span></span>politicien-né, avait compris quel danger il pouvait
représenter. S’il continuait à menacer Saint-Pierre, il y avait un risque de
panique. Et une panique coûterait des voix précieuses au parti progressiste</i>»
(G. Thomas et M. Morgan Witts. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le volcan
arrive!, </i>Paris, Robert Laffont, Col. Ce jour-là, 1970, p. 39). C’est alors
que la négligence du gouverneur commença à véritablement tricoter son filet qui
allait s’étendre bientôt sur les Saint-Pierrais : il commença par
neutraliser la presse afin que le journal <i>Les</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Colonies,
</i>rassurent les citoyens sur la non-dangerosité du volcan. Puis, il resta
froid devant le rapport inquiétant du capitaine du <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Topaz, </i>un navire britannique ancré à proximité de Saint-Pierre :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Dans son journal, Mouttet écrivit qu’après
tout, la ville affrontait calmement une situation éprouvante et qu’aucun signe de
panique n’avait été relevé. Il omettait volontairement qu’un cordonnier s’était
conduit bizarrement. L’homme avait passé la journée dans son échoppe de la
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiDJvttaWy59N17wP10ca2fUuOPe-LFx6DivnHxKTWbvmh3k9UMf_PhoaiXVICkT8Zd-PpewQfqzLxlC1gYDI4t5lz0mHVHle99Ug0lUdSL5eUJaTxVzmtxGSw_vI-gvJUJGCfXkS3BCOs/h120/martinique-la-place-bertin-et-la-fontaine-agnes.jpg">place Bertin</a>, refusant d’ouvrir à quiconque et criant à tue-tête que le
Jugement Dernier approchait. Il était vite devenu un objet de moquerie et
Mouttet, comme tout bon politicien, connaissait la valeur du ridicule pour
masquer des problèmes plus importants…</i></span></div>
</blockquote>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiDJvttaWy59N17wP10ca2fUuOPe-LFx6DivnHxKTWbvmh3k9UMf_PhoaiXVICkT8Zd-PpewQfqzLxlC1gYDI4t5lz0mHVHle99Ug0lUdSL5eUJaTxVzmtxGSw_vI-gvJUJGCfXkS3BCOs/s1600/martinique-la-place-bertin-et-la-fontaine-agnes.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiDJvttaWy59N17wP10ca2fUuOPe-LFx6DivnHxKTWbvmh3k9UMf_PhoaiXVICkT8Zd-PpewQfqzLxlC1gYDI4t5lz0mHVHle99Ug0lUdSL5eUJaTxVzmtxGSw_vI-gvJUJGCfXkS3BCOs/s1600/martinique-la-place-bertin-et-la-fontaine-agnes.jpg" height="251" width="400" /></a></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-ansi-language: FR;">Il avait également écarté les deux requêtes que
des messagers de Fernand Clerc </span></i><span style="mso-ansi-language: FR;">[un
riche propriétaire de la région]<i style="mso-bidi-font-style: normal;"> avaient
présentées à la Résidence. Clerc réclamait une visite du gouverneur à
Saint-Pierre pour qu’il juge par lui-même de la situation.</i></span></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-ansi-language: FR;">Mais Mouttet refusa. Il viendrait à Saint-Pierre
la veille de l’Ascension pour le banquet annuel du maire. Avec sa femme, il
traverserait officiellement la ville et montrerait ainsi aux citoyens ce qu’il
pensait de la menace de la Montagne Pelée</span></i><span style="mso-ansi-language: FR;">» (G. Thomas et M. Morgan Witts. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid.
</i>pp. 39-40).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;">Les
Radicaux et les Progressistes se livraient une chaude lutte pour les mairies de
l’île. À Saint-Pierre, deuxième ville de l’île, l’affrontement ne pouvait être
que plus tendu et voici que le volcan venait brouiller les cartes. La
destruction de la plantation et de l’Usine Guérin, avec son cortège de morts,
commandait une enquête :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le président de la commission serait le
lieutenant-colonel Jules Gerbaud, sous-gouverneur et commandant de l’artillerie
de l’île. Ses membres, Paul Alphonse Mirville, pharmacien-chef des troupes
coloniales, William Léonce, ingénieur civil, Eugène-Jean Doze et
Gaston-Jean-Marie-Théodore Landes, tous deux professeurs </i></span><span style="mso-ansi-language: FR;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEixaPbt2b4U4Q_gRVzPsowdzyYB2HlYrq8lAaShJMrTzeS3StDGCm7XLmwdJ5lmMcXTiXpthI5XiY1x55TmrfMK3TJSqy0GSP62rA2EQwn2fn4ktiWv0T6ORe7K16sLf5nb8AqDgf86BOk/s1600/Martinique,_St.Pierre,_Jardin_des_Plantes.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEixaPbt2b4U4Q_gRVzPsowdzyYB2HlYrq8lAaShJMrTzeS3StDGCm7XLmwdJ5lmMcXTiXpthI5XiY1x55TmrfMK3TJSqy0GSP62rA2EQwn2fn4ktiWv0T6ORe7K16sLf5nb8AqDgf86BOk/s1600/Martinique,_St.Pierre,_Jardin_des_Plantes.jpg" height="320" width="217" /></a>d’<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEixaPbt2b4U4Q_gRVzPsowdzyYB2HlYrq8lAaShJMrTzeS3StDGCm7XLmwdJ5lmMcXTiXpthI5XiY1x55TmrfMK3TJSqy0GSP62rA2EQwn2fn4ktiWv0T6ORe7K16sLf5nb8AqDgf86BOk/h120/Martinique,_St.Pierre,_Jardin_des_Plantes.jpg">histoire naturelle</a>
au Lycée de Saint-Pierre.</i></span></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-ansi-language: FR;">Landes, âgé de 42 ans, était un savant dont la
réputation avait franchi les limites de l’île. Il donnerait à la commission le
poids dont elle avait grandement besoin.</span></i></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-ansi-language: FR;">Mais cela ne suffirait pas à la sauver des
accusations qui pèseraient sur elle plus tard. Des commissions précédentes
avaient déjà pris des mois pour étudier les faits ; leurs membres avaient
été choisis pour leur notoire impartialité et leurs nominations avaient été ratifiées
ultérieurement par le gouvernement français. Mais Mouttet dans son désir de
rétablir le calme et de surmonter le scepticisme des étrangers avait décidé de
ne pas recourir aux méthodes traditionnelles dans sa constitution d’une
commission.</span></i></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-ansi-language: FR;">La commission Mouttet était dès le départ marquée
du sceau de l’absurde. Hormis Landes, aucun de ses membres n’était
scientifiquement compétent pour juger de la conduite ultérieure du volcan. Au
lieu de mois, elle aurait deux jours<span style="mso-spacerun: yes;">
</span>pour évaluer la menace pesant sur Saint-Pierre. Ses conclusions devaient
être publiées dans </span></i><span style="mso-ansi-language: FR;">Les Colonies <i style="mso-bidi-font-style: normal;">le mercredi suivant.</i></span></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;">[…] <i style="mso-bidi-font-style: normal;">le rôle de cette commission était clair,
elle devait tranquiliser et endosser en quelque sorte l’opinion personnelle de
Mouttet sur la situation</i>» (G. Thomas et M. Morgan Witts. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 92).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;">L’activité
volcanique troublait cependant la tranquillité de Mouttet. Il en souffrait
d’insomnie et son visage suait la fatigue. La même journée, d’épais nuages de
cendres en formes de choux-fleurs s’élevaient du cratère et s’étaient répandus
sur la ville. La panique commençait à sourde dans la ville. Une émeute des
</span><span style="mso-ansi-language: FR;"><span style="mso-ansi-language: FR;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiy2WJoFzhbF1gpQ6nivXN6Uukknj2_V5u_E0lam5ZCFlVNMaIJQDa4_ZUrwcx8m6IH2qGHUNqB6mf0GvZ-qDShjp3-nAz5cFfYjD9YgNx6lKCQihmkbTP0vyAUyl2WtAuEK7aN8fdw4QE/s1600/martinique-habitants-du-gros-morne-regardant-une-eruption.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiy2WJoFzhbF1gpQ6nivXN6Uukknj2_V5u_E0lam5ZCFlVNMaIJQDa4_ZUrwcx8m6IH2qGHUNqB6mf0GvZ-qDShjp3-nAz5cFfYjD9YgNx6lKCQihmkbTP0vyAUyl2WtAuEK7aN8fdw4QE/s1600/martinique-habitants-du-gros-morne-regardant-une-eruption.jpg" height="400" width="351" /></a></span>prisonniers (essentiellement des Noirs) dans la prison de Saint-Pierre fut
apaisée par une rafale de mousquets. Au cours des délibérations de la
Commission, Mouttet répéta à ses membres «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">que
le rôle de la commission était surtout de démontrer que Saint-Pierre était à
l’<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiy2WJoFzhbF1gpQ6nivXN6Uukknj2_V5u_E0lam5ZCFlVNMaIJQDa4_ZUrwcx8m6IH2qGHUNqB6mf0GvZ-qDShjp3-nAz5cFfYjD9YgNx6lKCQihmkbTP0vyAUyl2WtAuEK7aN8fdw4QE/h120/martinique-habitants-du-gros-morne-regardant-une-eruption.jpg">abri </a>et non d’épiloguer sur le volcan</i>. […] <i style="mso-bidi-font-style: normal;">“Votre mission est d’estimer scientifiquement combien de temps
Saint-Pierre peut supporter l’épreuve de la cendre et du soufre</i>”». Bref, il
fallait passer le jour des élections, et ensuite on évacuerait la ville<i style="mso-bidi-font-style: normal;">.</i> Pendant ce temps, Saint-Pierre ne
cessait de se remplir de réfugiés fuyant les zones dévastées par les coulées de
boues. Mouttet, lui, faisait parvenir au ministère un rapport rassurant,
omettant les points majeurs de l’éruption de la Montagne Pelée, y compris les
200 morts et l’état de panique qui commençait à s’emparer de la population. Il
restait un dernier tour de scrutin à effectuer avant que l’élection des
Radicaux soit assurée. Les 200 morts de la Rivière Blanche ne comptaient pas
plus que Mouttet avait totalement perdu le sens de la réalité. Enfoncé dans son
fauteuil de son palais à Fort-de-France, il ne voyait pas les bêtes fuir la
région ni le manque de provisions qui commençait à faire des Saint-Pierrais
des gens assiégés. Enfin, le rapport livra au gouverneur les résultats dont il
en attendait. Mouttet s’était ainsi rassuré. Tous les autres messages parlant
de coulée de lave ou autres manifestations le laissèrent froid. Saint-Pierre
n’avait rien à craindre. Comble de la situation, la vérole commençait à faire
des ravages : 112 personnes étaient mortes dans la journée du lundi 5 mai.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;">Mais si
le gouverneur Mouttet est en plein déni, il n’est pas le seul. Le maire de
Saint-Pierre, Roger Fouché, rédige une proclamation extraordinaire à ses
concitoyens dans laquelle, tout en prenant note de la </span><span style="mso-ansi-language: FR;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhE6ux4ZvpCo1_MGhKf9foF7OuZOol09Jm9MJHQcQd52MjusF5Rp2b-RLT4wn2vYdFgWrouUV-TbcnqQr33d-NSgmPfe0oFtzgqVhLcjLS9TkkwbynaVD1ZNMbGvyAqYzYvv0Vyw565o2o/s1600/martinique-jour-de-marche-a-saint-pierre.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhE6ux4ZvpCo1_MGhKf9foF7OuZOol09Jm9MJHQcQd52MjusF5Rp2b-RLT4wn2vYdFgWrouUV-TbcnqQr33d-NSgmPfe0oFtzgqVhLcjLS9TkkwbynaVD1ZNMbGvyAqYzYvv0Vyw565o2o/s1600/martinique-jour-de-marche-a-saint-pierre.jpg" height="248" width="400" /></a>conster-</span><br />
<span style="mso-ansi-language: FR;">nation de ceux-ci,
il se veut <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhE6ux4ZvpCo1_MGhKf9foF7OuZOol09Jm9MJHQcQd52MjusF5Rp2b-RLT4wn2vYdFgWrouUV-TbcnqQr33d-NSgmPfe0oFtzgqVhLcjLS9TkkwbynaVD1ZNMbGvyAqYzYvv0Vyw565o2o/h120/martinique-jour-de-marche-a-saint-pierre.jpg">rassurant</a> en mention-</span><br />
<span style="mso-ansi-language: FR;">nant les vivres et les objets de première nécessité
distribués par le gouverneur. Il y prétendait que les vallées qui séparaient le
volcan de la ville sauraient épargner Saint-Pierre d’éventuels dangers. Il fit
imprimer la proclamation à 100 exemplaires distribués dans la ville. Dans les
faits, des gens commencent à fuir la ville. C’est pour les y repousser qu’une
troupe est dépêchée pour couper la retraite. Il est évidemment que les
Saint-pierrais sont maintenant prisonniers ou confinés dans leur ville. Comment
Mouttet en était-il arrivé à cette décision absurde?</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;">«[Edouard
L’Heurre]<i style="mso-bidi-font-style: normal;"> avait trente ans, des ambitions
et un sens aigu de l’observation. C’était lui qui, de par ses fonctions, était
pratiquement chargé de l’administration de l’île au jour le jour. Il avait
réussi à garder la confiance des radicaux et des progressistes et le respect de
son gouverneur. Il jouerait un rôle essentiel dans les jours à venir.</i></span></div>
</blockquote>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg4yrd33cok5rNoMsWDHRh19rEevO_U55ti5-v651_3wMIeFGPI6pEIe1rOAWEcvlHvaAhAW2_1N8GidOAnaxkQpQi0Znf8pStq_8_rOIQ_5kqHaB1p32B2K_A3lT-DRPgoEssuTidD9mU/s1600/usine+Gu%C3%A9rin.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg4yrd33cok5rNoMsWDHRh19rEevO_U55ti5-v651_3wMIeFGPI6pEIe1rOAWEcvlHvaAhAW2_1N8GidOAnaxkQpQi0Znf8pStq_8_rOIQ_5kqHaB1p32B2K_A3lT-DRPgoEssuTidD9mU/s1600/usine+Gu%C3%A9rin.jpg" height="205" width="400" /></a></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-ansi-language: FR;">Il fut choqué des changements survenus chez
Mouttet et fit remarquer par la suite que celui-ci montrait des signes évidents
de “malaise”. Quand L’Heurre lui fit remarquer que la nouvelle de la
catastrophe </span></i><span style="mso-ansi-language: FR;">[la destruction de l'<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg4yrd33cok5rNoMsWDHRh19rEevO_U55ti5-v651_3wMIeFGPI6pEIe1rOAWEcvlHvaAhAW2_1N8GidOAnaxkQpQi0Znf8pStq_8_rOIQ_5kqHaB1p32B2K_A3lT-DRPgoEssuTidD9mU/h120/usine+Gu%C3%A9rin.jpg">Usine Guérin</a>],<i style="mso-bidi-font-style: normal;"> il rétorqua que les
radicaux avaient intérêt à semer l’alarme. Quand il découvrit que Knight avait
télégraphié au ministre, il devint soudain agité, répétant sans cesse que cette
intervention était destinée à lui créer des histoires. Enfin, quand un premier
télégramme de Fouché parvint, avec les détails sur sa proclamation, il se calma
à nouveau et, avec un soulagement évident, déclara que tout ceci prouvait qu’il
n’y avait pas à s’inquiéter et que les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgchyQcgqZx5LQko_j6E3Kz7QKCtLeJtZSWmoncNilWzXwr6uW_DgfVqZSxq6foPXbrTMeIL6-jX8jawq-hXSue-6S3vNaK3DwaVo0K3J24iYSkcaJY4fXL7haryQpn7fbhP6emqhgfV8s/h120/PSM_V61_D361_St_pierre_street_in_martinique_before_the_eruption.png">gens obéiraient à leur maire</a>. À ce
moment-là arriva un second message réclamant des pouvoirs supplémentaires.
Mouttet s’agita à nouveau; il lui paraissait clair que le maire craignait
que les radicaux ne suscitent des troubles. Il décida, impulsivement, d’envoyer
des troupes assurer le maintien de l’ordre et renforcer la garnison. L’Heurre
répliqua que cela ne ferait qu’empirer les choses, et qu’on accuserait
l’administration coloniale d’ingérence dans les affaires politiques.</i></span></div>
</blockquote>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgchyQcgqZx5LQko_j6E3Kz7QKCtLeJtZSWmoncNilWzXwr6uW_DgfVqZSxq6foPXbrTMeIL6-jX8jawq-hXSue-6S3vNaK3DwaVo0K3J24iYSkcaJY4fXL7haryQpn7fbhP6emqhgfV8s/s1600/PSM_V61_D361_St_pierre_street_in_martinique_before_the_eruption.png" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgchyQcgqZx5LQko_j6E3Kz7QKCtLeJtZSWmoncNilWzXwr6uW_DgfVqZSxq6foPXbrTMeIL6-jX8jawq-hXSue-6S3vNaK3DwaVo0K3J24iYSkcaJY4fXL7haryQpn7fbhP6emqhgfV8s/s1600/PSM_V61_D361_St_pierre_street_in_martinique_before_the_eruption.png" height="278" width="400" /></a></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-ansi-language: FR;">Cette pensée déprima à nouveau Mouttet ; il
s’enfonça dans son fauteuil avec un air absent et vague. Il finit par convenir
qu’il était peu diplomate d’envoyer des soldats en ville mais qu’on les
posterait sur la route à l’extérieur, avec un ordre d’empêcher l’exode des
réfugiés qui sèmeraient inutilement l’alarme dans l’île. L’Heurre répliqua à
cela qu’à sa connaissance, toute l’île était au courant de ce qui se passait et
qu’il était inutile de poster des troupes, mais Mouttet s’entêta et exigea que son
ordre fût exécuté.</span></i></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-ansi-language: FR;">Son obsession des élections, sa crise dépressive,
sa suggestion que les radicaux complotaient contre lui, jointes à son
indécision et finalement à son indifférence, tout ceci prouve amplement que le
gouverneur perdait de plus en plus le sens des réalités. La tragédie venait de
ce que, tandis que L’Heurre comprenait que quelque chose ne tournait pas rond,
il ne pouvait mesurer à quel point le gouverneur n’était pas dans un état
normal. Son récit des événements de l’après-midi est une pénible description de
la marche progressive du gouverneur vers la folie.</span></i></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-ansi-language: FR;">Ce dernier, après que l’Heurre eut envoyé des
soldats avec l’ordre de montrer de la </span></i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-ansi-language: FR;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi3knEKdih0pLohOX39mdMrvY5hOQoWvItEwOilQUHwMzZm5hrFmlLHC94uZlYU3eRb8GuUCVgs2_IgFn54mEvin60KgmK-AgKbHIiV0ynlmkqpTUh9ZooH8h6kl4FRZvLxGnM94_Ac8Wo/s1600/martinique-les-derniers-jours-de-saint-pierre.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi3knEKdih0pLohOX39mdMrvY5hOQoWvItEwOilQUHwMzZm5hrFmlLHC94uZlYU3eRb8GuUCVgs2_IgFn54mEvin60KgmK-AgKbHIiV0ynlmkqpTUh9ZooH8h6kl4FRZvLxGnM94_Ac8Wo/s1600/martinique-les-derniers-jours-de-saint-pierre.jpg" height="400" width="256" /></a>sympathie, lui ordonna de convoquer les
membres de la commission d’enquête. Quand ils furent là, il leur déclara qu’ils
allaient tous partir inspecter la région dévastée par la boue. Il leur fit
clairement comprendre que malgré sa gravité, ce n’était qu’un <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi3knEKdih0pLohOX39mdMrvY5hOQoWvItEwOilQUHwMzZm5hrFmlLHC94uZlYU3eRb8GuUCVgs2_IgFn54mEvin60KgmK-AgKbHIiV0ynlmkqpTUh9ZooH8h6kl4FRZvLxGnM94_Ac8Wo/h120/martinique-les-derniers-jours-de-saint-pierre.jpg">épisode</a>, rien ne
permettait d’affirmer que la situation d’ensemble ait changé. Landes était du reste
de cet avis et il était évident que son opinion serait celle des autres
membres. Arrivé au bord de la coulée de boue, Mouttet se plaignit qu’il n’y eût
pas grand-chose à voir et qu’au fond ils aient perdu leur temps. Landes malgré
tout réagit; il fit remarquer que près de 160 personnes étaient mortes
là; pourtant il fut d’accord avec le gouverneur pour affirmer<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>que cette émission de lave avait dû créer
une certaine détente au sein du cratère qui réduisait d’autant la menace de
nouvelles éruptions</span></i><span style="mso-ansi-language: FR;">» (G. Thomas
et M. Morgan Witts<i style="mso-bidi-font-style: normal;">. ibid</i>. pp.
182-184).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;">L’auto-aveuglement
des édiles de la Martinique résidait dans le fait qu’ils étaient tous obnubilés
par la conduite de l’élection à Saint-Pierre. Le volcan n’était pas vu pour
lui-même, mais pour ce qu’il représentait comme embarras qu’il s’agissait de
nier. La populations de Saint-Pierre cessait d’être une société pour devenir
une assemblée électorale qu’il fallait contenir.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;">Pendant
ce temps, à Saint-Pierre, la terre grondait. À quelques centaines de pieds du
sommet de la Montagne Pelée, une tache brillante, vaguement circulaire,
apparut. Elle fut d’abord rose, mais comme les </span><span style="mso-ansi-language: FR;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjfLvPsmiAvcGXpk3oHDxW-UZrVm4Lrn2MWqg0MaqyOkpYrQk7OPsnkNE363h3tC9yGW0YJ6Z9PovdVmyUyB1hKSd481MSQtOonORVMEyTG-ioVkfpgXoRssbKz_cG6R-JGh5cHeUt5Epw/s1600/martinique-saint-pierre-et-le-mont-pelee.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjfLvPsmiAvcGXpk3oHDxW-UZrVm4Lrn2MWqg0MaqyOkpYrQk7OPsnkNE363h3tC9yGW0YJ6Z9PovdVmyUyB1hKSd481MSQtOonORVMEyTG-ioVkfpgXoRssbKz_cG6R-JGh5cHeUt5Epw/s1600/martinique-saint-pierre-et-le-mont-pelee.jpg" height="283" width="400" /></a>roches étaient chauffées de plus
en plus de l’intérieur, le reflet s’inten-</span><br />
<span style="mso-ansi-language: FR;">sifia. Soudain la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjfLvPsmiAvcGXpk3oHDxW-UZrVm4Lrn2MWqg0MaqyOkpYrQk7OPsnkNE363h3tC9yGW0YJ6Z9PovdVmyUyB1hKSd481MSQtOonORVMEyTG-ioVkfpgXoRssbKz_cG6R-JGh5cHeUt5Epw/h120/martinique-saint-pierre-et-le-mont-pelee.jpg">tache</a> fut projetée
dans le ciel comme dans une nuée ardente. Les rocs éjectés traversèrent l’air
obscur pour s’écraser sur les pentes et les vallées alentour. Par le trou près
du sommet, d’où ils s’étaient échappés, jaillit un jet de poussière blanche et
brûlante, de vapeur et de lave incandescente.<span style="mso-spacerun: yes;">
</span>Un sifflement aigu fut clairement entendu jusqu’à Fort-de-France.
L’entendant, Mouttet se précipita à la fenêtre de son bureau. Une fois de plus,
Mouttet se campa dans son déni : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Qui
a jamais entendu siffler un volcan?</i>». Non, ce ne pouvait être que le sifflement d’un
navire au rade.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;">Le
mercredi 7 mai, Mouttet devait accomplir sa promesse de se rendre à
Saint-Pierre pour l’Ascension.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>De plus
L’Heurre l’avait persuadé de s’y rendre pour relever le courage des habitants.
Par orgueil, Mouttet non seulement accepta, mais il y emmena sa femme. Vêtu
d’un uniforme de gala, tous trois montèrent en voiture. </span><span style="mso-ansi-language: FR;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiOCP2C823Unps9B0IR1Hnerno5uU8zDDVi1kiVX47zq3kdQSQORKw1p9VjQMPhW6mOMrKG9nZu-3BD7vY9YNxVLCSF7ODFKI3sCuORFVmVquQIIUdL8VecM0PJrhqx90X2Kph9EMiD0E8/s1600/eruption.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiOCP2C823Unps9B0IR1Hnerno5uU8zDDVi1kiVX47zq3kdQSQORKw1p9VjQMPhW6mOMrKG9nZu-3BD7vY9YNxVLCSF7ODFKI3sCuORFVmVquQIIUdL8VecM0PJrhqx90X2Kph9EMiD0E8/s1600/eruption.jpg" height="296" width="400" /></a>Sur la route de
Saint-Pierre, il devint de plus en plus sombre. Arrivé à Saint-Pierre, il découvrit
l’étendue des dom-</span><br />
<span style="mso-ansi-language: FR;">mages. Les signes d’un désastre étaient évidents. Une épaisse
couche de cendres s’étendait partout, on ne pouvait avancer que lentement. Les
gens dévisageaient la voiture sans réagir.<span style="mso-spacerun: yes;">
</span>Le gouverneur essaya de susciter leur attention. Peines perdues. La rue
avait perdu son animation de la semaine précédente, lorsqu’on débattait
politique. La majorité des magasins était fermée, les persiennes bien closes.
Saint-Pierre était morte avant d’être détruite. L’Heurre en venait à la
conclusion qu’il était plus que temps d’<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiOCP2C823Unps9B0IR1Hnerno5uU8zDDVi1kiVX47zq3kdQSQORKw1p9VjQMPhW6mOMrKG9nZu-3BD7vY9YNxVLCSF7ODFKI3sCuORFVmVquQIIUdL8VecM0PJrhqx90X2Kph9EMiD0E8/h120/eruption.jpg">évacuer la ville</a>.</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le gouverneur proposa que l’on discute
sur-le-champ de cette mesure et Fouché s’y opposa vivement. Pour lui, partir
serait un désastre. Le parti progressiste, à cause de la dispersion de ses
adhérents citadins, perdrait les élections alors que les radicaux pourraient
compter sur leurs nombreux partisans des campagnes. Saint-Pierre ne se
relèverait pas sur le plan commercial. Il ajouta enfin qu’il y avait le banquet
et que songer à l’évacuation après tout le mal qu’il s’était donné, était
impossible. L’Heurre lui dit alors que tout était annulé mais il ne réagit pas.
Il se tourna vers le gouverneur qui hocha la tête en signe d’acquiescement. Il
entra alors dans une violente colère contre Landes d’abord, puis contre
L’Heurre. Il montra sur son bureau son “plan” qui devait se dérouler envers et
contre tout. L’écouter c’était prêter l’oreille à un homme venant d’une autre
planète. Il répétait avec insistance que toutes les mesures avaient été prises
pour que la fête fût un succès, le personnel devait dépoussiérer la table et
les rideaux! D’autres préposés devaient éventer les invités !
L’orchestre avait répété tout le jour! C’était un catalogue de futilités
incongrues. Il revenait sans cesse à son “plan” comme un prestidigitateur
dévoile en cascade des surprises, mais, pour ses auditeurs, la seule surprise
c’était justement qu’il avait perdu son bon sens et qu’il était inconscient de
ce qui se passait à sa porte. L’Heurre lui demanda s’il avait parcouru la
ville, et il hurla qu’il avait été bien trop absorbé par l’élaboration de son
“plan” et qu’au surplus s’il s’était passé quelque chose d’important on l’en
aurait informé. Bref, il était obsédé par ses préparatifs et il ne se tut que
lorsque L’Heurre lui apprit que beaucoup de personnalités avaient décliné son
invitation. Il demanda alors pourquoi et qui. Il était de toute évidence aussi
coupé de la réalité et égaré que le gouverneur l’avait été précédemment. Ce
dernier prit enfin la parole pour demander que tout le monde soit informé de
l’annulation des fêtes. Comme il était tard, Madame Mouttet, lui-même et les
membres de la commission ne retourneraient pas à Fort-de-France et passeraient
la nuit à l’hôtel de l’Indépendance. Ils assisteraient à la messe dans la
cathédrale le lendemain matin. L’Heurre par contre prié de rejoindre
Fort-de-France pour y attendre un éventuel message du ministre des Colonies. Il
ne fut guère satisfait de cette mission car il redoutait les raids nocturnes
des adorateurs du vaudou. </i></span></div>
</blockquote>
<div style="text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg6uNSFnSfAvWz3MwB86T4ZLNBBrmudkSH2HzAO0WAOyr1uo4bgBESvazY-JzVGpTktTEazkjNwjVmk-QE72IfwsXkfyFrr5Mai5hEXuuKaC4M_beRzNlzy_Ii6BxQcx6NPLGvjsZHWJ5Q/s1600/martinique-les-quais-de-saint-pierre-et-le-phare.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg6uNSFnSfAvWz3MwB86T4ZLNBBrmudkSH2HzAO0WAOyr1uo4bgBESvazY-JzVGpTktTEazkjNwjVmk-QE72IfwsXkfyFrr5Mai5hEXuuKaC4M_beRzNlzy_Ii6BxQcx6NPLGvjsZHWJ5Q/s1600/martinique-les-quais-de-saint-pierre-et-le-phare.jpg" height="257" width="400" /></a> </div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-ansi-language: FR;">Douze heures plus tard, L’Heurre se rendrait
compte que cet ordre du gouverneur lui avait sauvé la vie</span></i><span style="mso-ansi-language: FR;">» (G. Thomas et M. Morgan Witts. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ibid. </i>pp. 238-239).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;">En
effet. Au matin du jeudi 8 mai 1902, à 8 h. 03, au moment où, dans la ville de
Saint-Pierre se célébrait la messe à la cathédrale, le cataclysme se produisit.
On s’attendait à ce que le gouverneur Mouttet ordonne l’évacuation de la ville
le jour même, mais il était maintenant trop tard :</span><br />
<br />
<div style="text-align: center;">
<span style="mso-ansi-language: FR;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiZ_-dmYphfnvKAN9T3MyGSTx7_tGzPUVyd8X8IMYnE0mddXY3S9I-aXk-vxQzvkdWgtpwB_OicRlG5t8ilx6n9QIpnNyjyiceXlhqf6Ym78irqFKMO3jRgqxGHpzhcZU8EhbsF-cPshsg/s1600/SP22G.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiZ_-dmYphfnvKAN9T3MyGSTx7_tGzPUVyd8X8IMYnE0mddXY3S9I-aXk-vxQzvkdWgtpwB_OicRlG5t8ilx6n9QIpnNyjyiceXlhqf6Ym78irqFKMO3jRgqxGHpzhcZU8EhbsF-cPshsg/s1600/SP22G.jpg" height="228" width="400" /></a> </span></div>
</div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le 8 mai 1902, dans la matinée, après s’être
subitement ouvert en deux, le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiZ_-dmYphfnvKAN9T3MyGSTx7_tGzPUVyd8X8IMYnE0mddXY3S9I-aXk-vxQzvkdWgtpwB_OicRlG5t8ilx6n9QIpnNyjyiceXlhqf6Ym78irqFKMO3jRgqxGHpzhcZU8EhbsF-cPshsg/h120/SP22G.jpg">volcan</a> lançait droit dans la direction de
Saint-Pierre la première et la plus dévastatrice de ses nuées ardentes.
Dévalant à la vitesse de 150 km à l’heure, elle provoqua la catastrophe que
l’on sait. Ce fut une trombe de gaz asphyxiant à haute température, de cendres
brûlantes et d’énormes blocs de lave, dont le passage rasa la ville en quelques
instants, tuant ses 28.000 habitants. Après quelques jours d’accalmie relative,
limitée à des chutes de cendres, la Montagne Pelée était le siège d’une
nouvelle explosion avec expulsion d’une nouvelle nuée ardente qui, partant du
même point, acheva de détruire ce qui restait encore debout. Ce deuxième
cataclysme ne fit guère de victimes, pour la bonne raison qu’il n,y avait pas
de survivants.</i>» (E. Aubert de la Rüe. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Op.
cit. </i>pp. 219-220).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;"><span style="mso-ansi-language: FR;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEja7jxRMej-LG8b1xTE9nI796zEwExRaL6aEiwKws9dRWhY1HsGru9Olbos6xWH3KYWGBkYyDMuVxBIKWFtudpAUmB75l92bBza18yraP2GO7UZk3veprCVJ0X7d2jxgsJJIIothTNCVUI/s1600/cyparis.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEja7jxRMej-LG8b1xTE9nI796zEwExRaL6aEiwKws9dRWhY1HsGru9Olbos6xWH3KYWGBkYyDMuVxBIKWFtudpAUmB75l92bBza18yraP2GO7UZk3veprCVJ0X7d2jxgsJJIIothTNCVUI/s1600/cyparis.jpg" height="400" width="251" /></a></span>En
fait, il devait y avoir un survivant, un prisonnier enfermé dans une cellule
réduite, un Noir, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEja7jxRMej-LG8b1xTE9nI796zEwExRaL6aEiwKws9dRWhY1HsGru9Olbos6xWH3KYWGBkYyDMuVxBIKWFtudpAUmB75l92bBza18yraP2GO7UZk3veprCVJ0X7d2jxgsJJIIothTNCVUI/h120/cyparis.jpg">Auguste Ciparis</a>. </span><span style="mso-ansi-language: FR;">Son corps était couvert de brûlures atroces.
Trois jours plus tard, il fut retrouvé dans les décombres et sauvé par un
prêtre. Il devait finir sa vie comme exhibition dans le cirque Barnum, avec une
réplique de sa cellule! Quelques marins dans les navires à vapeur anglais et
canadiens qui mouillaient dans le port et qui s’enfuyaient, rattrapés par la
nuée ardente, parvinrent également à survivre. L’éruption se poursuivit durant
les mois suivants, une nouvelle nuée ardente détruisit
le bourg<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>de Morne Rouge, vers l’Est, et
partiellement l’agglomération d’Ajoupa-Bouillon, faisant un millier de victimes
de plus.</span><br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgIORa7jNdMKEcnjQSISyfSJB2bNhHwiPAC2NSANV-1D2YgIGz5rq5592yHK_kw5hBlZ7iST931CnHQcoudnXyOmx5reMx1D1-AEO-qzfFLGX5UBPCEgTKvoIqIvdF4d45T3ubVIRVLaH8/s1600/PSM_V61_D359_St_pierre_view_after_the_eruption_of_may_8_1902.png" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgIORa7jNdMKEcnjQSISyfSJB2bNhHwiPAC2NSANV-1D2YgIGz5rq5592yHK_kw5hBlZ7iST931CnHQcoudnXyOmx5reMx1D1-AEO-qzfFLGX5UBPCEgTKvoIqIvdF4d45T3ubVIRVLaH8/s1600/PSM_V61_D359_St_pierre_view_after_the_eruption_of_may_8_1902.png" height="160" width="400" /></a></div>
</div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">La nuée ardente du 8 mai, responsable de la
destruction de Saint-Pierre, s’épancha par une éruption latérale qui fit sauter
partiellement l’ancienne coupole de lave. Cette masse de gaz et de débris
incandescents dévala de la montagne à la vitesse vertigineuse de 150 m à la
seconde, avec une température estimée à 800º environ. Elle parvint en peu
d’instants sur la ville et sa haute température carbonisa tout mais, par suite
du manque d’oxygène, rien ne fut consumé. Tout ce qu’il y avait de volatil
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgIORa7jNdMKEcnjQSISyfSJB2bNhHwiPAC2NSANV-1D2YgIGz5rq5592yHK_kw5hBlZ7iST931CnHQcoudnXyOmx5reMx1D1-AEO-qzfFLGX5UBPCEgTKvoIqIvdF4d45T3ubVIRVLaH8/h120/PSM_V61_D359_St_pierre_view_after_the_eruption_of_may_8_1902.png">disparut</a>. Les effets mécaniques de cette nuée furent d’une violence incroyable.
Parmi toutes celles qui lui succédèrent au cours des mois suivants, seule celle
du 30 août eut une <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi9c7IYNp2-Tcdxr1RxmEc1ulTPnUAXJ1Sa2i9jJhip-IP4KKQeTI8rzMGj1vxKYhZDE859EoHquB0PpIzSsr4E-51LNkbIZm26DOFTlQArFDJvNUOwitCyJ-lNwEaH_08Z20MkjzSS3sg/h120/Pelee8mars1903.jpg">puissance dévastatrice</a> comparable</i>» (E. Aubert de La Rüe.
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 221-222).</span></div>
</blockquote>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi9c7IYNp2-Tcdxr1RxmEc1ulTPnUAXJ1Sa2i9jJhip-IP4KKQeTI8rzMGj1vxKYhZDE859EoHquB0PpIzSsr4E-51LNkbIZm26DOFTlQArFDJvNUOwitCyJ-lNwEaH_08Z20MkjzSS3sg/s1600/Pelee8mars1903.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi9c7IYNp2-Tcdxr1RxmEc1ulTPnUAXJ1Sa2i9jJhip-IP4KKQeTI8rzMGj1vxKYhZDE859EoHquB0PpIzSsr4E-51LNkbIZm26DOFTlQArFDJvNUOwitCyJ-lNwEaH_08Z20MkjzSS3sg/s1600/Pelee8mars1903.jpg" height="232" width="400" /></a></div>
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<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<br />
<span style="mso-ansi-language: FR;">Si, au
début, les habitants de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiOETFHc_iMOndGn7oEKJLfR3pmeUsXZXRsiX4iMDpHZk7JPaBDqgbDYy8w0BeDYnp8mCedvuJAuYzAQU6gvcrQx2_kVqWaRwPgRJvD4GZ9oBve-qEayLvBYWyEAr5DTAJNk6biL1Pb4xY/h120/415228.jpg">Saint-Pierre</a> se montrèrent insouciants devant les
manifestations de la Montagne Pelée, après la destruction de la plantation et
de l’usine Guérin et l’exil des habitants proches du volcan </span><span style="mso-ansi-language: FR;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg3uJxvSoVVhK2Eqinn1NT5cRxgG2IYdzU4GP7ddpBOt2cTK5LzabbBmnCIs5mkBqc6SI7ZfsiYOlLXUXakHypDpoCU6cb1YrGVWpFCrFfsT7tjCCKpeb0PoYP9D1ocN9_zyIuOc0s_X74/s1600/8.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg3uJxvSoVVhK2Eqinn1NT5cRxgG2IYdzU4GP7ddpBOt2cTK5LzabbBmnCIs5mkBqc6SI7ZfsiYOlLXUXakHypDpoCU6cb1YrGVWpFCrFfsT7tjCCKpeb0PoYP9D1ocN9_zyIuOc0s_X74/s1600/8.jpg" height="286" width="400" /></a>vers </span><span style="mso-ansi-language: FR;">la ville
susci-</span><br />
<span style="mso-ansi-language: FR;">tèrent une inquiétude que les autorités parvinrent mal à gérer. Le fait que le
maire Fouché et le gouverneur Mouttet s’obstinaient à ne rien voir de la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiBgl-Ci9xI2mGzMlISDuuqEL29sHzUOSVkUV_0rsn-enmPWR1jRw7egCGvOk8H9B_nK-SLL0Aqn-V1iaCgKzEEtJzcEw47k4j3xEre3qHEu0s95D2_j1s0D8lDd16Z1eZnZQ6IyHVtioU/h120/Pelee_1902_3.jpg">menace</a> imminente et s’attachaient seulement à l’élection et aux fêtes qui s’en
suivraient, voilà où réside la négligence criminelle de l’affaire. Entre la
négligence des peuples et celle des individus, des dirigeants en particulier,
il est clair que la voie est unique et part toujours du haut pour aller
vers le bas. Seulement, c’est en partant du bas et en remontant vers le haut
que l’on découvre le mieux les articulations logiques imbriquées les unes dans les autres qui constituent la négligence même. Cette
logique est essentiellement contingente, conjoncturelle. Comme si un chapelet
de hasards, qui auraient pu se nouer des milliers de fois, ne s’était finalement
produit qu’au bout d’un certain temps, et alors, l’addition des négligences les
unes avec les autres, finit par causer une catastrophe irréparable.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;">C’est
ce que démontre à la perfection l’explosion d’une centaine de wagons-citernes
chargés de pétrole brut au cœur de la ville de Lac-Mégantic, dans le Sud-Est du
Québec, au cours de l’été 2013. Dans cette petite localité qui avait souffert
au cours des années précédentes de la perte de ses principales industries; dans
cette ville qui restait quand même un lieu touristique, proche de
l’observatoire du Mont Mégantic, et dont la devise était <i style="mso-bidi-font-style: normal;">De la voie ferrée à la voie lactée, </i>cette catastrophe offre un
enchaînement de négligences impensables, même dans l’esprit d’un romancier à <i style="mso-bidi-font-style: normal;">suspens.</i></span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;">Rappelons
les événements. À 1 h. 14, le matin du 6 juillet 2013, un convoi ferroviaire de
wagon-citernes </span><span style="mso-ansi-language: FR;"><span style="mso-ansi-language: FR;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjgDOVPOmuui7xaBxj6iw11ZjLVM3BBtvnD4UOx1tPPUQFj6mHGDZr7GkYC2Hkuv3oJKntrZtMaEF1g1F8Pe0V9CgBM_bt1ciRH7rKgnALb7VHsOt2Nzl8tCpbxSCbzlJECNr7kUi3caLc/s1600/megantic00.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjgDOVPOmuui7xaBxj6iw11ZjLVM3BBtvnD4UOx1tPPUQFj6mHGDZr7GkYC2Hkuv3oJKntrZtMaEF1g1F8Pe0V9CgBM_bt1ciRH7rKgnALb7VHsOt2Nzl8tCpbxSCbzlJECNr7kUi3caLc/s1600/megantic00.jpg" height="266" width="400" /></a></span>descend à vive allure la pente fortement inclinée de la voie qui
mène vers la petite ville de Lac Mégantic, en Estrie. Ces wagons contien-</span><br />
<span style="mso-ansi-language: FR;">nent du
pétrole brut en provenance de l’ouest. Les locomotives se détachent du
convoi sous la forte vitesse et les wagons viennent se heurter et s’empiler les
uns sur les autres en plein centre-ville, provoquant une <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjgDOVPOmuui7xaBxj6iw11ZjLVM3BBtvnD4UOx1tPPUQFj6mHGDZr7GkYC2Hkuv3oJKntrZtMaEF1g1F8Pe0V9CgBM_bt1ciRH7rKgnALb7VHsOt2Nzl8tCpbxSCbzlJECNr7kUi3caLc/h120/megantic00.jpg">explosion fantastique</a>
et un incendie qui détruit ou endommage une quarantaine d’édifices dans une
zone de 2 km², tuant 47 personnes par cette chaude nuit d’été.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;">Tel est
le résultat de cette série de négligences dont nous remonterons le cours.
Quelques heures plus tôt, dans la soirée du 5 juillet, à 23 h., le train de la
MM&A arrive à Nantes, localité située à une douzaine de kilomètres au
nord-ouest de Lac Mégantic. Il est conduit par un seul conducteur, Tom Harding,
cheminot expérimenté qui arrive à la fin de sa journée de travail. Il
immobilise le convoi, <u>mais sur la voie principale</u>, </span><span style="mso-ansi-language: FR;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi2YM9SNCsqhroNaP3Fo1y9VRAyouFJQ_hEEw-z6wWIh36bE-KeMQ6Kpz-w_34RRqryJRHjwOd5Rt3SvAyPNVQ9PGWEIMVW3se2N-jwUqCn1A63xXrljwpLG66XEz7dPHzoIabiSM_FByE/s1600/r13d0054-photo-13.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi2YM9SNCsqhroNaP3Fo1y9VRAyouFJQ_hEEw-z6wWIh36bE-KeMQ6Kpz-w_34RRqryJRHjwOd5Rt3SvAyPNVQ9PGWEIMVW3se2N-jwUqCn1A63xXrljwpLG66XEz7dPHzoIabiSM_FByE/s1600/r13d0054-photo-13.jpg" height="220" width="400" /></a>laissant fonctionner <u>sans
sur-</u></span><br />
<span style="mso-ansi-language: FR;"><u>veillance</u> la locomo-</span><br />
<span style="mso-ansi-language: FR;">tive de tête en attente d’un autre équipage. Comme c’est
une opération courante, Harding embarque dans un taxi pour le conduire à l’hôtel
de Lac Mégantic. Cependant, il part avec une certaine inquiétude, puisque l’engin
crachait de l’huile ainsi qu’une épaisse fumée noire. Vers 23 h 32, les
pompiers sont avisés qu’un <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi2YM9SNCsqhroNaP3Fo1y9VRAyouFJQ_hEEw-z6wWIh36bE-KeMQ6Kpz-w_34RRqryJRHjwOd5Rt3SvAyPNVQ9PGWEIMVW3se2N-jwUqCn1A63xXrljwpLG66XEz7dPHzoIabiSM_FByE/h120/r13d0054-photo-13.jpg">incendie</a> fait rage dans une locomotive stationnée.
Douze pompiers se rendent sur les lieux une dizaine de minutes plus tard et
parviennent à éteindre l’incendie. Le feu avait pris origine dans une conduite
d’huile ou de carburant. Les flammes sortaient de la cheminée. Une dizaine de
minutes plus tard, les pompiers communiquent avec le contrôleur du trafic
ferroviaire stationné à Farnham pour signaler l’incendie. Les pompiers coupent
le moteur et quittent le train après l’avoir remis à deux représentants de la
<i>MM&A</i> arrivés sur les lieux.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;">Or, le
train recommence à rouler, sans équipage à 0 h. 56 pour une <u>raison restée
inconnue</u>. Il dévale la pente de 1,2% vers Lac Mégantic. Les cinq
locomotives se détachent du reste du convoi et poursuivent leur route </span><span style="mso-ansi-language: FR;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEizEqGf4zfJKVVogJqx_4q44E2xFog2qPqbasy0vTO1v4DV0r5EXsKcgoukkL3x2raZRGDh33fRiUv-cwn5mMmFr8VvRdvD9AhO3XeY2TGtIhJgue8nsGt1dSsPz8hcVEj0dk_4B4E88UU/s1600/8626107.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEizEqGf4zfJKVVogJqx_4q44E2xFog2qPqbasy0vTO1v4DV0r5EXsKcgoukkL3x2raZRGDh33fRiUv-cwn5mMmFr8VvRdvD9AhO3XeY2TGtIhJgue8nsGt1dSsPz8hcVEj0dk_4B4E88UU/s1600/8626107.jpg" height="257" width="400" /></a>sur une
distance de 800 mètres tandis que le convoi déraille sur une courbe en plein
centre-</span><br />
<span style="mso-ansi-language: FR;">ville avec les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEizEqGf4zfJKVVogJqx_4q44E2xFog2qPqbasy0vTO1v4DV0r5EXsKcgoukkL3x2raZRGDh33fRiUv-cwn5mMmFr8VvRdvD9AhO3XeY2TGtIhJgue8nsGt1dSsPz8hcVEj0dk_4B4E88UU/h120/8626107.jpg">résultats</a> que l’on connaît. Aussitôt, des enquêtes sont
ouvertes pour comprendre ce qui s’est passé. Après l’enquête du coroner pour
identifier les victimes, une autre enquête est ouverte par le Bureau de la
sécurité des transports, organisme fédéral canadien responsable de la sécurité
dans les transports. Une semaine après la catastrophe, on retrouve la boîte
noire du train. Les enquêteurs comprennent que la locomotive avait un piston
brisé, ce qui a permis à du <i style="mso-bidi-font-style: normal;">gas-oil</i>
de s’accumuler dans le moteur, engendrant des fumées, des étincelles et finalement
un incendie. Lorsque les pompiers éteignirent le feu, ils arrêtèrent le moteur,
ce qui eut pour effet de désactiver </span><span style="mso-ansi-language: FR;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiqfIa_1_0PXza5wlVzhlSlsC_1RlG3z74pslFGJ3TdMbtCgq_T6xmTHbvUH4NtQiSHkRyj0az5jypSSHwMC-srF6lt2xAqtelQDZucKw-giaw2n2STp_25BTHPZNVgBPd2OL9_Rn6kS1o/s1600/714322-deraillement-explosion-train-rase-quasi.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiqfIa_1_0PXza5wlVzhlSlsC_1RlG3z74pslFGJ3TdMbtCgq_T6xmTHbvUH4NtQiSHkRyj0az5jypSSHwMC-srF6lt2xAqtelQDZucKw-giaw2n2STp_25BTHPZNVgBPd2OL9_Rn6kS1o/s1600/714322-deraillement-explosion-train-rase-quasi.jpg" height="266" width="400" /></a>le système de freinage hydraulique. Le
train a donc pu se remettre en marche et prendre de la vitesse en dévalant la
pente pour finir par dérailler. Les wagon-citernes de la <i>Western Petroleum</i>
transportaient du pétrole de shiste, type particulièrement léger et volatil, prompt
à exploser et à s’enflammer en cas d’impact. Ces compagnies auraient dû <u>classer ce pétrole
comme produit dangereux de classe 2</u> et non 3, et le manipuler en
conséquente. De plus, les wagon-citernes étaient de type <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiqfIa_1_0PXza5wlVzhlSlsC_1RlG3z74pslFGJ3TdMbtCgq_T6xmTHbvUH4NtQiSHkRyj0az5jypSSHwMC-srF6lt2xAqtelQDZucKw-giaw2n2STp_25BTHPZNVgBPd2OL9_Rn6kS1o/h120/714322-deraillement-explosion-train-rase-quasi.jpg">Dot 111</a> dont la
minceur de l’enveloppe était propice à se déchirer sous un impact et entraîner
l’écoulement du pétrole. Bref, c’étaient des <u>wagons inadéquats</u>.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;">Nous
remontons ici l’échelle des responsabilités. Si <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh-SiTP54QMEQrSJ2CKXrUnscSuqbFttj-3IZOUKqw_wKN9lgtqky-IBEVlktZkj9EhjsbCZlr6aPpnVRcC5XgSiy-ef_qDxF3aj7kzuGTDXqUf8X7rw2hXxKVlnR8LdNs8Ffk6gDeeEFY/h120/article_large.jpg">Tom Harding</a> peut être considéré
comme le </span><span style="mso-ansi-language: FR;"><span style="mso-ansi-language: FR;"><span style="mso-ansi-language: FR;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh-SiTP54QMEQrSJ2CKXrUnscSuqbFttj-3IZOUKqw_wKN9lgtqky-IBEVlktZkj9EhjsbCZlr6aPpnVRcC5XgSiy-ef_qDxF3aj7kzuGTDXqUf8X7rw2hXxKVlnR8LdNs8Ffk6gDeeEFY/s1600/article_large.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh-SiTP54QMEQrSJ2CKXrUnscSuqbFttj-3IZOUKqw_wKN9lgtqky-IBEVlktZkj9EhjsbCZlr6aPpnVRcC5XgSiy-ef_qDxF3aj7kzuGTDXqUf8X7rw2hXxKVlnR8LdNs8Ffk6gDeeEFY/s1600/article_large.jpg" height="266" width="400" /></a></span></span>dernier </span><span style="mso-ansi-language: FR;"><span style="mso-ansi-language: FR;"></span>négligent de la catastrophe, il faut, immédiate-</span><br />
<span style="mso-ansi-language: FR;">ment au-dessus
de lui reconnaî-</span><br />
<span style="mso-ansi-language: FR;">tre que les deux employés à qui les pompiers et les policiers
avaient laissé la locomotive sur la voie principale après l’incendie et qui ont
immédiatement disparu par après sont également coupables de négligence. S’ils
étaient restés sur place en attendant l’équipe de relais, ils auraient pu empêcher
la locomotive, dont les freins avaient été levés par les pompiers afin de
permettre d’éteindre l’incendie, de repartir comme un convoi fou.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;">Un
niveau au-dessus encore, la <i>Western Petroleum</i> qui n’a pas classé ce pétrole
facilement volatile et qui a continué à utiliser des wagons inappropriés pour
ce type de pétrole porte une responsabilité corporative évidente. Le nombre d’incompétents,
de paresseux ou de négligents ne cesse de s’accroire sur une courbe
exponentielle.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;">Puis,
il y a la compagnie ferroviaire, la <i>Montreal, Maine & Atlantic</i>. Son
président, l’Américain <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiWmQAuHFxcDp6QemYAbRO5qXiNZdn3Xib7GA3r0KHqSHmBqXQr3nelRMORXbx-V1vYu8J4XzGzzp-RGMoXe45ZfOZlvETUrr5gEK2ufrKvxrzSijBhQsQ-EsrjFf8gfzrklXyWNZITj9c/h120/r-ED-BURKHARDT-large570.jpg"><u>Ed Burkhardt</u></a> est imputable de manquements,
comme le fait d’autoriser de garer un convoi sur une ligne principale plutôt </span><span style="mso-ansi-language: FR;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiWmQAuHFxcDp6QemYAbRO5qXiNZdn3Xib7GA3r0KHqSHmBqXQr3nelRMORXbx-V1vYu8J4XzGzzp-RGMoXe45ZfOZlvETUrr5gEK2ufrKvxrzSijBhQsQ-EsrjFf8gfzrklXyWNZITj9c/s1600/r-ED-BURKHARDT-large570.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiWmQAuHFxcDp6QemYAbRO5qXiNZdn3Xib7GA3r0KHqSHmBqXQr3nelRMORXbx-V1vYu8J4XzGzzp-RGMoXe45ZfOZlvETUrr5gEK2ufrKvxrzSijBhQsQ-EsrjFf8gfzrklXyWNZITj9c/s1600/r-ED-BURKHARDT-large570.jpg" height="166" width="400" /></a>que sur une voie de
garage munie d’un dérailleur. Le train était déjà arrêté sur la pente, l’effet
gravitationnel devenait suffisant pour l’attirer vers le bas. Burckhardt détenait
75% des actions de la compagnie, mais pouvait refuser toute responsabilité dans l’accident.
N’empêche qu’il avait reçu des subventions importantes de la part des
gouvernements canadien et québécois, et même de la Caisse de dépôt et placement
du Québec, pour investir dans l’amélioration de la vieille ligne ferroviaire,
mais Burckhardt avait transféré cet argent pour l’entretien de ses lignes sur
le territoire américain.</span><br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjcyTaYsF-x8Sn2n8KtjVmwTpxPXW7JPzshEz90m4dqhbEU9NFc7ghXpuuwYnM7KcVfi4Cfs6Z3roKBQ-Rb0XkPoTQhuxWic3AAJxdwU4wa3kZdH-DhdQbvV8MOYC0Ztgoxw4dp6OvW7Po/s1600/tsb_logo.gif" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjcyTaYsF-x8Sn2n8KtjVmwTpxPXW7JPzshEz90m4dqhbEU9NFc7ghXpuuwYnM7KcVfi4Cfs6Z3roKBQ-Rb0XkPoTQhuxWic3AAJxdwU4wa3kZdH-DhdQbvV8MOYC0Ztgoxw4dp6OvW7Po/s1600/tsb_logo.gif" height="126" width="400" /></a></div>
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<br />
<span lang="FR-CA">Pourquoi? Parce la
surveillance des réseaux ferroviaires aux États-Unis et les amendes encourus
sont plus </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg3oufGxcejrm8sJFa6jHnfY5p06C6EmSPWot2mzSm2y2sShly1o2_5zu7X_h6GgcAeDV5c-wr2GEKbNgsWIiNIuyRZCN2HLhFch1NOmak3GsUAKCgxLTEgg4i-Oro3AQrjuQw6DO-Iq-k/s1600/Stephen-Harper-in-Lac-M%C3%A9gantic.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg3oufGxcejrm8sJFa6jHnfY5p06C6EmSPWot2mzSm2y2sShly1o2_5zu7X_h6GgcAeDV5c-wr2GEKbNgsWIiNIuyRZCN2HLhFch1NOmak3GsUAKCgxLTEgg4i-Oro3AQrjuQw6DO-Iq-k/s1600/Stephen-Harper-in-Lac-M%C3%A9gantic.jpg" height="400" width="352" /></a>élevés qu’au Canada. C’est ici que faute le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjcyTaYsF-x8Sn2n8KtjVmwTpxPXW7JPzshEz90m4dqhbEU9NFc7ghXpuuwYnM7KcVfi4Cfs6Z3roKBQ-Rb0XkPoTQhuxWic3AAJxdwU4wa3kZdH-DhdQbvV8MOYC0Ztgoxw4dp6OvW7Po/h114/tsb_logo.gif"><u>Bureau de la sécurité des transports</u></a> du Canada qui n’a pas joué </span><span lang="FR-CA">son rôle de surveillant avec la
célérité qu’il fallait. Les coupures budgétaires dans les services
gouvernemen-</span><br />
<span lang="FR-CA">taux est en grande partie responsable de cette déficience due à des
mesures budgétaires du <u>gouvernement </u></span><span lang="FR-CA"><u>conservateur du Canada</u>, avec <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg3oufGxcejrm8sJFa6jHnfY5p06C6EmSPWot2mzSm2y2sShly1o2_5zu7X_h6GgcAeDV5c-wr2GEKbNgsWIiNIuyRZCN2HLhFch1NOmak3GsUAKCgxLTEgg4i-Oro3AQrjuQw6DO-Iq-k/h120/Stephen-Harper-in-Lac-M%C3%A9gantic.jpg">Stephen Harper</a> en tête, qui reste le premier
fautif puisqu’il n’a pas fourni les budgets pour le personnel et les
équipements indispensables à l’accomplissement de sa tâche. Voilà comment
quelques négligences du personnel de base a fini par révéler au grand jour l’incurie
des services de l’État à la sécurité de ses populations. Tom Harding n’est que
le dernier maillon d’une chaîne dont les paliers supérieurs sont Ed Burckhardt, le
propriétaire fraudeur de la <i>MM&A</i> et le gouvernement Harper qui n’a pas
vu à la police nécessaire des délinquants industriels.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">La somme des négligences
qui sont autant de contingences non nécessaires dans le cours de la logique de
développement finit par conduire à une <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgkq9dYVBqEjGnN-jcR-uynYnjq_s2gJWPnvWeM7vAdgCwUB1DhJb8GkslEc3JU2DdyV3lE3QKqG6gF3W-Pw1g5SMbaobQfJbt9BEShyqMdMVJCW_hvykvvjIoUnW-J0up9Ne7FmCdQ-aI/h120/9241305812_530d32434c_b.jpg">nécessité tragique</a> qui apparaissait
jadis </span><span lang="FR-CA">comme le caprice des dieux ou le courroux divin. Les conséquences
dramatiques des négligences contredisent le vieux dicton chrétien qui </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgkq9dYVBqEjGnN-jcR-uynYnjq_s2gJWPnvWeM7vAdgCwUB1DhJb8GkslEc3JU2DdyV3lE3QKqG6gF3W-Pw1g5SMbaobQfJbt9BEShyqMdMVJCW_hvykvvjIoUnW-J0up9Ne7FmCdQ-aI/s1600/9241305812_530d32434c_b.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgkq9dYVBqEjGnN-jcR-uynYnjq_s2gJWPnvWeM7vAdgCwUB1DhJb8GkslEc3JU2DdyV3lE3QKqG6gF3W-Pw1g5SMbaobQfJbt9BEShyqMdMVJCW_hvykvvjIoUnW-J0up9Ne7FmCdQ-aI/s1600/9241305812_530d32434c_b.jpg" height="266" width="400" /></a>dit que
du mal peut naître le bien. Il n’y a aucun bien qui ne peut vraiment naître de
négligen-</span><br />
<span lang="FR-CA">ces ou de suite de négligen-</span><br />
<span lang="FR-CA">ces qui condui-</span><br />
<span lang="FR-CA">sent à une culture de l’effort
minimum, de l’incompétence, de l’irresponsabilité et de la négligence. Telle
est cette culture qui en ce moment détruit l’ensemble de la civilisation
occidentale. La prudence, la responsabilité, l’imputabilité, la compétence et l’ardeur
à l’effort sont des valeurs ouvertement combattues par la société de
consommation. Une telle déchéance est le meilleur indice que du mythe de la fin
de civilisation, nous sommes réellement passé au déclin irréversible</span><span lang="FR-CA" style="font-family: "Hoefler Text Ornaments";">⌛</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="font-family: "Hoefler Text Ornaments";"><br /></span></div>
<div align="right" class="MsoNormal" style="mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: right;">
<span lang="FR-CA">Montréal</span></div>
<div align="right" class="MsoNormal" style="mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: right;">
<span lang="FR-CA">5 octobre 2014</span></div>
</div>
Coupalhttp://www.blogger.com/profile/14839226309394850656noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8942859135376014620.post-43171779392858246332014-09-28T13:51:00.000-04:002014-09-28T13:58:40.743-04:00Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div style="text-align: justify;">
<!--[if gte mso 9]><xml>
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</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: center;">
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhwf8X2JHVEn34wvm0nlRdkMpNCKeoSB3GCvPmEC3qiJttCFaQl64J0B-Xo6Id-tF2_WyGo3J0WWwRd35SmfCOuZwfyrcqF8w_4I293gNPFnYY7e-twMRSt4mM8003yp0cNLT3ioQUyEtY/s1600/640px-Pisanello_010.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhwf8X2JHVEn34wvm0nlRdkMpNCKeoSB3GCvPmEC3qiJttCFaQl64J0B-Xo6Id-tF2_WyGo3J0WWwRd35SmfCOuZwfyrcqF8w_4I293gNPFnYY7e-twMRSt4mM8003yp0cNLT3ioQUyEtY/s1600/640px-Pisanello_010.jpg" height="400" width="330" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-size: small;">Pisanello. Fresque de l'église Sant'Anastasia à Vérone.</span></td></tr>
</tbody></table>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span lang="FR-CA" style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"></span></b></div>
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span lang="FR-CA" style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;">MAIS PRIEZ DIEU QUE TOUS NOUS VEUILLE
ABSOUDRE</span></b><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Villon ne porte pas
beau. Chauve, maigre à faire peur, il tousse comme un moribond</i>» (J. Favier.
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">François Villon, </i>Paris, Fayard, 1982,
p. 488). C’est le dernier portrait que nous trace l’historien-biographe </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg5rSjevFjqRSiBF52fcM-FRu3N32FBFwf0fvtG2aqtpfMIrJbyVqfWPKp5gLcTNTNzdIYfLlXT051EPhS8Czhpc3KgTAXcYHrFEg3-_XqBJozlo04rGh76Y_KBNxE3-yvHc_t13I6y0xo/s1600/francois_villon.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg5rSjevFjqRSiBF52fcM-FRu3N32FBFwf0fvtG2aqtpfMIrJbyVqfWPKp5gLcTNTNzdIYfLlXT051EPhS8Czhpc3KgTAXcYHrFEg3-_XqBJozlo04rGh76Y_KBNxE3-yvHc_t13I6y0xo/s1600/francois_villon.jpg" height="400" width="213" /></a>du
poète, Jean Favier. Nous sommes en 1462, sous le règne de Louis XI. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg5rSjevFjqRSiBF52fcM-FRu3N32FBFwf0fvtG2aqtpfMIrJbyVqfWPKp5gLcTNTNzdIYfLlXT051EPhS8Czhpc3KgTAXcYHrFEg3-_XqBJozlo04rGh76Y_KBNxE3-yvHc_t13I6y0xo/h120/francois_villon.jpg">François de Montcorbier</a>,
dit Villon (1431-disparu en 1463), reste à nos yeux l’éternel écolier, habitué
des tavernes et des filles </span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA">de Paris</span>, voire même des épouses séduites qui sera le
stéréotype de bien des poètes au cours des siècles ultérieurs. Villon (il a
adopté le patronyme d’un de ses maîtres), commence comme clerc tonsuré, portant
bonnet et robe longue. Il ambitionne l’Université de Paris, véritable
institution dominante, main droite de l’Église romaine. Mais, il est mauvais élève, dissipé. Devant ses échecs scolaires, il s’enfonce dans l’errance, fréquentant aussi bien
le prévôt des marchands de Paris que les mauvais garçons, dont
certains finiront au gibet. Son destin est perturbé gravement lorsqu’une rixe
le conduit à tuer un prêtre.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Les prêtres de l’époque n’étaient pas semblables à ceux de
nos jours. Certains étaient aussi fripouilles que d’autres aujourd’hui sont
pédophiles. Le drame va se dérouler au soir du 5 juin 1455, après le souper,
alors que François de Montcorbier est assis au bord de la </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhQcD-jE099thsvA_vLwza9FnXA0aQuu0FJSuxDYana3MYTDb1nM17RO0ijSEWil3bijoOY5bYM-bBY1Nk8sdwk6v7uakQ5h2ZWvZIg3ZMtnzDQv30FxIRXJ76fENYXTLW_OkPB2xt-wk0/s1600/Villon_Francois.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhQcD-jE099thsvA_vLwza9FnXA0aQuu0FJSuxDYana3MYTDb1nM17RO0ijSEWil3bijoOY5bYM-bBY1Nk8sdwk6v7uakQ5h2ZWvZIg3ZMtnzDQv30FxIRXJ76fENYXTLW_OkPB2xt-wk0/s1600/Villon_Francois.jpg" height="400" width="314" /></a>rue, «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">juste sous le cadran de l’horloge de
Saint-Benoît-le-Bétourné. </i>C’était le jour de la Fête-Dieu et les rues sont
jonchées de pétales de roses. Deux compagnons sont près de lui, un prêtre nommé
Gilles et une fille nommée Isabeau. La nuit vient de tomber quand, vers 9
heures, passent le prêtre, Philippe Sermoise et maître Jean Le Mardi. Sermoise
est de fort méchante humeur : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Je
renie Dieu! Maître François, je vous ai trouvé! Croyez que je vous courroucerai!</i>».
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhQcD-jE099thsvA_vLwza9FnXA0aQuu0FJSuxDYana3MYTDb1nM17RO0ijSEWil3bijoOY5bYM-bBY1Nk8sdwk6v7uakQ5h2ZWvZIg3ZMtnzDQv30FxIRXJ76fENYXTLW_OkPB2xt-wk0/h120/Villon_Francois.jpg">Villon</a> se lève et demande ce qui courrouce le prêtre. Le prêtre bouscule Villon
et le fait se rasseoir de force. Visiblement, il cherche la bataille. Selon la
version du poète, le prêtre sort une dague de sous sa robe et frappe au visage,
déchirant la lèvre supérieure. Cette cicatrice devait plus tard mériter la
clémence royale.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Car Villon est également armé d’une dague qui pend à sa
ceinture. Il la tire et frappe droit devant : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Sermoise est-il dès cet instant blessé “en l’aine ou environ”? Nul ne le
sait. La fureur tient le prêtre, et, toujours armé de sa dague, il multiplie
les gestes menaçants. Villon rompt. L’autre le poursuit à l’intérieur du
cloître de Saint-Benoît. Du moins </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhGgwg2GXRN_-F-tBk-lMtAOhHFhuxKyYPXGcoVzHigodcr0tfKbTEEqx1Hk6nRAZU8emAS7NjWSQzsLj5GQ6C2pUWIBJELqIgW345qr_GoPAhE5mUiZy6DLf6Ok1IFAWaEvqa7cjelYFo/s1600/458px-10.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhGgwg2GXRN_-F-tBk-lMtAOhHFhuxKyYPXGcoVzHigodcr0tfKbTEEqx1Hk6nRAZU8emAS7NjWSQzsLj5GQ6C2pUWIBJELqIgW345qr_GoPAhE5mUiZy6DLf6Ok1IFAWaEvqa7cjelYFo/s1600/458px-10.jpg" height="400" width="305" /></a>Villon le dira-t-il. En grand danger d’être
attrapé, il se baisse, ramasse une pierre</i>» (J. Favier. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 196). Survient Jean Le Mardi porter assistance à
Sermoise qui semble ne pas ressentir sa blessure. Il tente de désarmer Villon,
parvient à lui arracher sa dague, mais le poète tient toujours la pierre dont il frappe
le prêtre <i style="mso-bidi-font-style: normal;">d’un grand geste. </i>Enfin,
Sermoise s’effondre sur le pavé. Villon se précipite chez le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhGgwg2GXRN_-F-tBk-lMtAOhHFhuxKyYPXGcoVzHigodcr0tfKbTEEqx1Hk6nRAZU8emAS7NjWSQzsLj5GQ6C2pUWIBJELqIgW345qr_GoPAhE5mUiZy6DLf6Ok1IFAWaEvqa7cjelYFo/h120/458px-10.jpg">barbier</a> du coin,
un nommé Fouquet, qui lui panse sa blessure. Sermoise, toujours étendu sur le
pavé, n’est pas mort. Des passants le relèvent.
On appelle un barbier pour le soigner. Le lendemain, son état empire. Blessé au
ventre, assommé, c’est mourant qu’on le transporte à l’Hôtel-Dieu. C’est là que
le samedi, moins de deux jours après l’échauffourée, qu’il meurt. On n’a jamais
su les vraies raisons de la colère de Sermoise contre Montcorbier? Affaire de
femme? Dette de jeu? Larcin? se demande Favier. Tout cela est possible venant
de Villon. Voilà notre écolier devenu meurtrier. Grâce aux relations de son maître, Guillaume de
Villon, il obtiendra de la
chancellerie royale des lettres de rémission en janvier 1456.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Mais Villon va se mettre encore plus dans le trouble en se
rendant à Angers. Avec d’autres malfaiteurs dont un certain Colin de Cayeux, il
s’introduit nuitamment en escaladant les murs du <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh3ZIEuNRBHg_srFFuu0HvFKVDNq8zyb2bdfc5UfydgC56IxYfLhpkSRl4E2bSjIQh2K_e5MuvyHCsD_6T10AuX6WPGUwLO6Qv1d5EBOgq3rGuxfKViH5YVA9ZfOaBIrOFb-t20Z2UHUpo/h120/navarre.jpg">Collège de Navarre</a> pour y
dérober 500 écus d’or dans les coffres de la sacristie. Le vol ne sera
découvert qu’en mars 1457 et une enquête est vite ouverte. Il faudra attendre
le mois de juin lorsqu’un complice, Guy Tabarie, est arrêté sur </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh3ZIEuNRBHg_srFFuu0HvFKVDNq8zyb2bdfc5UfydgC56IxYfLhpkSRl4E2bSjIQh2K_e5MuvyHCsD_6T10AuX6WPGUwLO6Qv1d5EBOgq3rGuxfKViH5YVA9ZfOaBIrOFb-t20Z2UHUpo/s1600/navarre.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh3ZIEuNRBHg_srFFuu0HvFKVDNq8zyb2bdfc5UfydgC56IxYfLhpkSRl4E2bSjIQh2K_e5MuvyHCsD_6T10AuX6WPGUwLO6Qv1d5EBOgq3rGuxfKViH5YVA9ZfOaBIrOFb-t20Z2UHUpo/s1600/navarre.jpg" height="310" width="400" /></a>dénon-</span><br />
<span lang="FR-CA">ciation,
torturé au Châtelet et révèle la par-</span><br />
<span lang="FR-CA">ticipation de Villon à l’affaire. Forcé de
fuir Paris, il arrive au tournant de 1458 à la cour du duc d’Orléans, à Blois.
C’est là qu’on y retrouve le prisonnier-poète, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjpNrJC0S0FfN7UjxbukgB4mEofzD6CoFEUxxF5XODchJ67bdPk8DTdPcypmx2XIOJPu7wZp6oahuvUn9eOKCJsE2hgAmQnMTFMhRstl-53nKd9FnhzG6zL_bB_7Pq1SuEOg5Mx2auETTE/h120/Charles_d'Orl%C3%A9ans.png">Charles d’Orléans</a>, petit-fils de
Charles V, âgé alors de 63 ans. C’est lui qui était demeuré vingt-cinq ans
prisonnier des Anglais et dont la poésie avait distrait son ennui et l’avait
fait reconnaître par tous le poète du temps. Aussi, sa cour est-elle le
rendez-vous de musiciens et de fins rimeurs. On y vient de loin et tous sont sûrs
d’être bien accueillis. Villon y trouvera là un gîte agréable. Mais ces beaux
jours seront suivis de malheurs, surtout lorsqu’il atterrira à Meung-sur-Loire
où il est emprisonné durant l’été 1461 dans la basse </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjpNrJC0S0FfN7UjxbukgB4mEofzD6CoFEUxxF5XODchJ67bdPk8DTdPcypmx2XIOJPu7wZp6oahuvUn9eOKCJsE2hgAmQnMTFMhRstl-53nKd9FnhzG6zL_bB_7Pq1SuEOg5Mx2auETTE/s1600/Charles_d'Orl%C3%A9ans.png" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjpNrJC0S0FfN7UjxbukgB4mEofzD6CoFEUxxF5XODchJ67bdPk8DTdPcypmx2XIOJPu7wZp6oahuvUn9eOKCJsE2hgAmQnMTFMhRstl-53nKd9FnhzG6zL_bB_7Pq1SuEOg5Mx2auETTE/s1600/Charles_d'Orl%C3%A9ans.png" height="242" width="400" /></a>fosse de la prison de
l’évêque d’Or-</span><br />
<span lang="FR-CA">léans, qu’il appelle Taque Thibaut : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgjIW9KYGaKZVijtlmEwOh1mzFFDACZ9H7BLlRBoxt8vu5F1Ngq7Cyt6NP-tZMooX1yInlmhcKxRPuKtyBoHQKClBYdmzRSstVAZOVKDi_MOY9oh_zgVGsTioRQ-tLrGZzK6IIgmA82m3w/h120/53.jpg">Froissart</a> nous a gardé le souvenir de ce Thibaut qui s’appelait Jacques
pour son curé et Taque pour le peuple méprisant. Ce n’était pas un évêque. Fort
inconnu comme chaussetier, Taque était célèbre dans le Paris de Charles VI
comme l’un des mignons du duc Jean de Berry. Le mécénat du prince coûtait cher
au contribuable et son goût pour les garçons suscitait les haussements
d’épaule. </i>[…] <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le nom de Taque Thibaut
est-il passé en exemple de mœurs ou de dilapidation? Le poète ne donne pas là
dans l’allusion facile, et la référence vaut d’être prise pour sérieuse :
il accuse bel et bien Thibaut d’Auxigny d’être un mignon, ou d’être un voleur,
ou les deux. Lui, François Villon, est un homme fini. Il sait qui remercier.</i></span><br />
<br />
<div style="text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgjIW9KYGaKZVijtlmEwOh1mzFFDACZ9H7BLlRBoxt8vu5F1Ngq7Cyt6NP-tZMooX1yInlmhcKxRPuKtyBoHQKClBYdmzRSstVAZOVKDi_MOY9oh_zgVGsTioRQ-tLrGZzK6IIgmA82m3w/s1600/53.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgjIW9KYGaKZVijtlmEwOh1mzFFDACZ9H7BLlRBoxt8vu5F1Ngq7Cyt6NP-tZMooX1yInlmhcKxRPuKtyBoHQKClBYdmzRSstVAZOVKDi_MOY9oh_zgVGsTioRQ-tLrGZzK6IIgmA82m3w/s1600/53.jpg" height="350" width="400" /></a></div>
</div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<div style="text-align: left;">
<br /></div>
<div style="text-align: left;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">En l’an de mon trentième
âge</span></i></div>
</div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Que toutes mes hontes j’eus
bues,</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Ni du tout fol ni du tout
sage,</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Nonobstant maintes peines
eues,</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Lesquelles j’ai toutes
reçues</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Sous la main Thibaut
d’Auxigny :</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">S’évêque il est, signant
les rues,</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 56.7pt; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Qu’il soit le mien,
je le renie!</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 56.7pt; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><br /></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Monseigneur n’est, ni mon
évêque.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Sous lui ne tiens, s’il
n’est en friche.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Foi ne lui dois, n’hommage
avecque;</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Je ne suis son serf ni sa
biche.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Pu (reçu) m’a d’une petite
miche</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Et de froide eau tout un
été.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Large ou étroit, moult me
fut chiche :</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 56.7pt; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Tel lui soit Dieu
qu’il m’a été!</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 56.7pt; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><br /></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Et s’aucun me voulait
reprendre</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Et dire que je le maudis,</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Non fais, si bien me sait
comprendre :</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">En rien de lui je ne médis.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Voici tout le mal que j’en
dis :</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">S’il m’a été miséricors,</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Jésus, le roi du Paradis,</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 56.7pt; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Tel lui soit à l’âme et au corps! </span></i><span lang="FR-CA">(J.
Favier. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 417-418 et 416)</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 56.7pt; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Bref, Villon maudit le soi-disant évêque, ce qui est assez mal vu et devenu très courant à la fin du Moyen Âge.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">À ses propres dires, Villon est prématurément <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiWMnGRMnzUKI1qblLfGGAO5uqOaXMsJtiPtNHUhlTYMaL5oDNR17HRf96cSRx9dxyRs_OhFOany1cr27tlanv3S2Epxy6uj4YY8g7HVD9JZHbasnfAp1nCvsB5ZkVyMRn6foTdIVyjvs4/h120/1-2_ViePaysan.jpg">vieilli</a>. Libéré
de la fosse, il retourne à Paris, mais les souffrances commencent à lui
peser :</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"></span></i>Et meure Paris ou
Hélène,</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Quiconque meurt meurt
à douleur</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Telle qu’il perd vent
et haleine.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Son fiel se crève sur
son cœur.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiWMnGRMnzUKI1qblLfGGAO5uqOaXMsJtiPtNHUhlTYMaL5oDNR17HRf96cSRx9dxyRs_OhFOany1cr27tlanv3S2Epxy6uj4YY8g7HVD9JZHbasnfAp1nCvsB5ZkVyMRn6foTdIVyjvs4/s1600/1-2_ViePaysan.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiWMnGRMnzUKI1qblLfGGAO5uqOaXMsJtiPtNHUhlTYMaL5oDNR17HRf96cSRx9dxyRs_OhFOany1cr27tlanv3S2Epxy6uj4YY8g7HVD9JZHbasnfAp1nCvsB5ZkVyMRn6foTdIVyjvs4/s1600/1-2_ViePaysan.jpg" height="320" width="258" /></a></span></i></span></i></span></i>Puis sue Dieu sait
quelle sueur…</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"></span></i></span></i>Et n’est qui de ses
maux l’allège;</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Car enfant n’a, frère
ni sœur,</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Qui lors voulsis être
son piège.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">La mort le fait
frémir, pâllir.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Le nez courber, les
veines tendre</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Le col enfler, la
chair mollir,</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Jointes et nerfs
croître et étendre.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Corps féminin, qui
tant est tendre,</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Poli, souef, si
précieux.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Te faudra-t-il ces
maux attendre?</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 56.7pt; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Oui, ou tout vif aller ès cieux. </span></i><span lang="FR-CA">(Cité
in J. Favier. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 405)<span style="mso-tab-count: 1;"> </span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 56.7pt; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA"><span style="mso-tab-count: 1;"><br /></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">C’est à Paris, donc, qu’il se mettra à son œuvre
majeure : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le Testament Villon. </i>Série
de poèmes qui apparaît comme un bilan de ses aventures, de ses attentes et de
ses déceptions. La mort y tient une place importante et la misère du poète
nourrit ses vers les plus pathétiques. Il est vrai qu’il a été retourné au
Châtelet pour le vol au Collège de Navarre. Condamné à l’amende, on lui donne
trois ans pour l’acquitter. Le voilà qu’il retourne au <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgVvSoA0aLBt3JAiRy380TYSReVKSosxTqH1ukRgq0GA5vyX9z9vlFFo2isjyG43BUZIGSjgnDfaJ5Y1tQds-AbEekU0_K2VkIcRUohTfG6gaDVU0k9kYiQxzEKC-ZqbxNQWYqANAfFWIw/h120/5-universite.jpg">Quartier Latin</a>. Un soir
de décembre 1462, après avoir soupé avec un écolier, </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgVvSoA0aLBt3JAiRy380TYSReVKSosxTqH1ukRgq0GA5vyX9z9vlFFo2isjyG43BUZIGSjgnDfaJ5Y1tQds-AbEekU0_K2VkIcRUohTfG6gaDVU0k9kYiQxzEKC-ZqbxNQWYqANAfFWIw/s1600/5-universite.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgVvSoA0aLBt3JAiRy380TYSReVKSosxTqH1ukRgq0GA5vyX9z9vlFFo2isjyG43BUZIGSjgnDfaJ5Y1tQds-AbEekU0_K2VkIcRUohTfG6gaDVU0k9kYiQxzEKC-ZqbxNQWYqANAfFWIw/s1600/5-universite.jpg" height="400" width="235" /></a>Robin Dogis, Hutin du
Moustier et un autre écolier, plus brutal, Roger Pichard, ils vont flâner dans les rues, dans
la nuit noire. Ils passent devant l’ouvroir du notaire François Ferrebouc où
travaillent encore des clercs à leur pupitre. Devant ces malheureux qui usent
leurs yeux à la bougie pour remplir les actes du notaire Ferrebouc, les trois
délinquants se mettent à lancer des quolibets. Pichard crache dans l’ouvroir,
provoquant les écoliers à la bataille. Ferrebouc se mêle bientôt à
l’escarmouche. Les coups de poing pleuvent. Dogis sort sa dague et frappe le
prestigieux notaire qui en réchappera. Mais l’affaire est grave car, cette
fois-ci, le personnage est important : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ferrebouc est un notable. Prêtre, licencié en droit canonique, avocat
puis notaire à Paris depuis dix ans, il est de ceux que l’on ne nargue pas en
plein jour. Fils du riche épicier Jean Ferrebouc, neveu du bourgeois Dominique
Ferrebouc qui fut en son temps l’une des grosses fortunes du quartier proche de
la rue Saint-Denis, maître François Ferrebouc est un propriétaire qui accumule
les maisons et les rentes…</i>» (J. Favier. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid.
</i>p. 490. Les quatre complices sont arrêtés, jugés et condamnés à la potence.
Ils font appel, mais en vain. Du Moustier est pendu. Dogis gagne sa grâce,
Pichard sera rendu aux Cordeliers. Ni acquitté, ni pendu, Villon est finalement
libéré.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Ce moment où le poète a été tenu en <i style="mso-bidi-font-style: normal;">suspens </i>entre la vie et la mort est sans doute à l’origine du
célèbre <i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh1Le5VE8tUkqMcB-M7aWEfwuRPWVbhwUoF8GPN4Y4b4GdkdMUdbPL2shhbF_qrAgzGNn5-ISfGyllsNfkxOUvEQCnyUNbq7RLGta9GJeYg6xwS4xdtJ0YOTmAxWjBATm44SAS44k5pLeg/h120/pendusepitaphe.jpg">Épitaphe</a> </i>Villon. Jean Favier
en est convaincu :</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"></i></span>«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">On
peut penser que c’est pendant ces quelques jours où il s’est vu <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhwf8X2JHVEn34wvm0nlRdkMpNCKeoSB3GCvPmEC3qiJttCFaQl64J0B-Xo6Id-tF2_WyGo3J0WWwRd35SmfCOuZwfyrcqF8w_4I293gNPFnYY7e-twMRSt4mM8003yp0cNLT3ioQUyEtY/h120/640px-Pisanello_010.jpg">pendu</a> que le
poète a </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh1Le5VE8tUkqMcB-M7aWEfwuRPWVbhwUoF8GPN4Y4b4GdkdMUdbPL2shhbF_qrAgzGNn5-ISfGyllsNfkxOUvEQCnyUNbq7RLGta9GJeYg6xwS4xdtJ0YOTmAxWjBATm44SAS44k5pLeg/s1600/pendusepitaphe.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh1Le5VE8tUkqMcB-M7aWEfwuRPWVbhwUoF8GPN4Y4b4GdkdMUdbPL2shhbF_qrAgzGNn5-ISfGyllsNfkxOUvEQCnyUNbq7RLGta9GJeYg6xwS4xdtJ0YOTmAxWjBATm44SAS44k5pLeg/s1600/pendusepitaphe.jpg" height="400" width="201" /></a></i></span></span>lancé cet autre appel dramatique, celui qu’il adresse, dans la </i>Ballade
des pendus, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">à </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">l’humanité solidaire devant
la mort. Cette fois, il ne rit plus, pas même en pleurs. Il plaide coupable. Il
n’ose plus attendre, comme jadis dans la prison de Meung, que ses amis le
tirent de là. Le refrain n’est plus : “Le laisserez-là, le pauvre
Villon?”. Ce qu’il attend, c’est un peu de fraternité. Le condamné voit déjà
rire les passants, et c’est là son angoisse. De sa vie, l’appel a charge, et le
Parlement dira le droit. Mais le poète assume seul, en cette ballade
dramatique, le sort de sa dignité d’homme.</i></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Lancinants comme la dure vérité de l’égalité devant la mort, des
mots reviennent : “frères”, “hommes“, “frères humains”… C’est un nouveau
vocabulaire.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><br /></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">L’appel à la prière – “Priez Dieu…” – n’est autre que la traduction
de cette base du dogme que, depuis le concile de Nicée, les théologiens
appellent la Communion des saints. Villon craint l’enfer. Si tous les hommes
l’en prient, Dieu l’y fera échapper. “Que tous nous veuille absoudre”. Et
l’ancien écolier retrouve les mots du théologien au petit pied qu’il fut :
“Que sa grâce ne soit pour nous tarie”</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><br /></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">L’appel aux hommes est un appel à la rue, un appel aux hommes dans
le cadre des relations du Villon vivant. C’est la supplication de celui qui
s’est tant moqué, mais qui n’a jamais moqué que la fortune, la suffisance,
l’orgueil, la méchanceté, l’avarice. Jamais Villon n’a ironisé sur la
souffrance, sinon la sienne.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><br /></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Ce qu’il attend des hommes à l’instant de sa mort, c’est qu’on
traite celle-ci comme une mort d’homme, non comme le spectacle de la rue. “De
notre <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgumq2fiC734EvHY7CBClmOrVaojCiq0EIKyOoBumttUb50A8Fuvy2dlo5y8hSBHMl2bULjKWz4qeu0TRQfccH2iStugUNmT3SknS9vMFQmudX6LBIYuJVPw07UuTiM_o2NB5BCm_qrHeQ/h120/pendus.jpg">mal</a>, personne ne s’en rie”. La potence l’humilie : “Pas n’en devez avoir
dédain, quoique fûmes occis par justice”. Et la crainte se résume en un avis
dénué de rhétorique : “Hommes, ici n’a point de moquerie!”</span></i><br />
<br />
<div style="text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgumq2fiC734EvHY7CBClmOrVaojCiq0EIKyOoBumttUb50A8Fuvy2dlo5y8hSBHMl2bULjKWz4qeu0TRQfccH2iStugUNmT3SknS9vMFQmudX6LBIYuJVPw07UuTiM_o2NB5BCm_qrHeQ/s1600/pendus.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgumq2fiC734EvHY7CBClmOrVaojCiq0EIKyOoBumttUb50A8Fuvy2dlo5y8hSBHMl2bULjKWz4qeu0TRQfccH2iStugUNmT3SknS9vMFQmudX6LBIYuJVPw07UuTiM_o2NB5BCm_qrHeQ/s1600/pendus.jpg" height="272" width="400" /></a></div>
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Toute la morale de Villon, devant la double vision de la corde et
des badauds qui seront là l’humanité entière, tient au fond dans cet appel sur
quoi s’ouvre la ballade et qui stigmatise le seul péché qui soit aux yeux du
pauvre clerc : le péché contre l’amour.</span></i><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">N’ayez les cœurs contre nous endurcis.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><br /></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Dans les jours de son désespoir, le prisonnier a-t-il trouvé le
temps, l’encre, le papier? A-t-il repris à ce moment d’anciennes pensées et
d’anciens vers? A-t-il au contraire reconstitué par la suite les lourdes
méditations nées dans le sombre cachot? Et à qui s’adressait l’angoissante
supplication dont s’équilibrent le réalisme dans l’anecdote et la sérénité dans
les vues essentielles? </span></i><span lang="EN-US" style="mso-ansi-language: EN-US;">(J. Favier. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 495-496)</span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Frères humains qui après
nous vivez,</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">N’ayez les cœurs contre
nous endurcis,</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Car si pitié de nous
pauvres avez,</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Dieu en aura plus tôt de
vous merci.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Vous nous voyez ci
attachés, cinq, six.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Quant de la chair que trop
avons nourrie,</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Elle est piéçà dévorée et
pourrie,</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Et nous, les os, devenons
cendre et poudre.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">De notre mal, personne ne
s’en rie,</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Mais priez Dieu que tous
nous veuille absoudre.</span></i><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Si, frères, vous clamons,
pas n’en devez</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Avoir dédain, quoique fûmes
occis</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Par Justice. Toutefois vous
savez</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Que tous hommes n’ont pas
bon sens assis.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Excusez-nous, puisque
sommes transis,</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Envers le Fils de la Vierge
Marie :</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Que sa grâce ne soit pour
nous tarie,</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Nous préservant de
l’infernale foudre.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Nous sommes morts. Âme ne
nous harie.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Mais priez Dieu que tous
nous veuille absoudre.<br style="mso-special-character: line-break;" />
<br style="mso-special-character: line-break;" />
</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiTtAU_t3lktb63W9p3YBAyK765UtttVy7G1cJDzo8r03N4AfmwcuNHAlMoFKcJvGVY7hgwcwagA7GM23bJjcK4EM7ekE6cb13vITy02EXUWhSM7U2_SWVeBTqQgvdPNkLivMcNq1u7Mlw/s1600/villon-pendus.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiTtAU_t3lktb63W9p3YBAyK765UtttVy7G1cJDzo8r03N4AfmwcuNHAlMoFKcJvGVY7hgwcwagA7GM23bJjcK4EM7ekE6cb13vITy02EXUWhSM7U2_SWVeBTqQgvdPNkLivMcNq1u7Mlw/s1600/villon-pendus.jpg" height="320" width="233" /></a>La pluie nous a ébués et
lavés</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Et le soleil desséchés et
noircis.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiTtAU_t3lktb63W9p3YBAyK765UtttVy7G1cJDzo8r03N4AfmwcuNHAlMoFKcJvGVY7hgwcwagA7GM23bJjcK4EM7ekE6cb13vITy02EXUWhSM7U2_SWVeBTqQgvdPNkLivMcNq1u7Mlw/h120/villon-pendus.jpg"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Pies, corbeaux nous ont les yeux cavés</span></i></a></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Et arraché la barbe et les
sourcils.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Jamais nul temps nous ne
sommes assis :</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Puis çà, puis là, comme le
vent varie,</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">À son plaisir sans cesser
nous charrie,</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Plus becquetés d’oiseaux
que dés à coudre.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Ne soyez donc de notre
confrérie,</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Mais priez Dieu que tous
nous veuille absoudre.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><br /></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Prince Jésus qui sur tous a
maistrie,</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Garde qu’enfer n’ait de
nous seigneurie.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">À lui n’avons que faire ni
que soudre.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Hommes, ici n’a point de
moquerie</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Mais priez Dieu que tous
nous veuille absoudre.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 56.7pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><br /></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhd5Joaka5LgY4LvjYz0Qw-nsV5-DnFVQjnOa8S8cIvK06tFoVJg02t8efpu8C6ZLKNqrs8nl7SDcvYdCVlAKi0yySSpli66PmMC6ikP_hKWUcWa5QNcjFVRoMCrrvlC5OrYOd_gBj48bg/s1600/danse_mac.gif" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhd5Joaka5LgY4LvjYz0Qw-nsV5-DnFVQjnOa8S8cIvK06tFoVJg02t8efpu8C6ZLKNqrs8nl7SDcvYdCVlAKi0yySSpli66PmMC6ikP_hKWUcWa5QNcjFVRoMCrrvlC5OrYOd_gBj48bg/s1600/danse_mac.gif" height="243" width="400" /></a>Après ce dernier épisode où Villon peut se compter encore
chanceux d’éviter la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhd5Joaka5LgY4LvjYz0Qw-nsV5-DnFVQjnOa8S8cIvK06tFoVJg02t8efpu8C6ZLKNqrs8nl7SDcvYdCVlAKi0yySSpli66PmMC6ikP_hKWUcWa5QNcjFVRoMCrrvlC5OrYOd_gBj48bg/h120/danse_mac.gif">danse macabre</a>, le 8 janvier 1463, il disparaît. Nous perdons sa trace
pour toujours. Comme tous ceux qui demandent pardon pour leurs fautes, Dieu lui
aurait-il épargné l’enfer qu’il craignait tant pour le voir entrer au
Purgatoire, comme tant d’autres qui, à leur dernier instant, ont demandé à se
réconcilier avec l’Éternel?</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Il serait impensable que Villon n’ait jamais vu de gibet –
celui de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEizrozw6eYXQ2SpT5hjNwDEtUctVrdj6gevxowA0Gzk8X7yITm02NirKGPWrrbH9wWADff_l4yN-3O5QuMhp9YoFfXSFL9M_rU6ziPAf3NnWe4HbSretTX3iZ0I-6hluP4Y81AzdYZsutA/h120/image.jpg">Montfaucon</a> en particulier, près de Paris -, avec ses corps balancés
par le vent, les oiseaux et les moustiques se nourrissant de la chair
putréfiée. L’idée </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEizrozw6eYXQ2SpT5hjNwDEtUctVrdj6gevxowA0Gzk8X7yITm02NirKGPWrrbH9wWADff_l4yN-3O5QuMhp9YoFfXSFL9M_rU6ziPAf3NnWe4HbSretTX3iZ0I-6hluP4Y81AzdYZsutA/s1600/image.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEizrozw6eYXQ2SpT5hjNwDEtUctVrdj6gevxowA0Gzk8X7yITm02NirKGPWrrbH9wWADff_l4yN-3O5QuMhp9YoFfXSFL9M_rU6ziPAf3NnWe4HbSretTX3iZ0I-6hluP4Y81AzdYZsutA/s1600/image.jpg" height="283" width="400" /></a>qu’il puisse ainsi finir a dû le hanter à plusieurs reprises,
et en par-</span><br />
<span lang="FR-CA">ticulier après cette dernière affaire de Ferrebouc. Si «l’humanité»
dans l’application de la peine de mort a été poursuivie par les institutions judiciaires
jusqu’à sa complète abolition, tard au XXe siècle, il n’en demeure pas moins
que le ressentiment des individus des classes moyennes ou pauvres est encore
assez fort pour en fantasmer le retour. La force de l’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Épitaphe </i>Villon réside dans le fait que le poète a donné une voix à
toutes ces confessions qui sont restées sans témoins ni papiers au cours des
siècles. L’Ancien Régime, qui pratiquait des modes différents d’exécution selon
l’ordre auquel appartenait le condamné – décapité à l’épée si le condamné était
noble; pendu s’il était roturier – a été remplacé par l’argent avec la
Révolution française, dont l’un des premiers projets de loi soumis par </span><span lang="FR-CA">Robespierre consistait précisément à l’abolition de la peine de mort pour des
délits politiques. Mais, </span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhi0cr9vo00F1a-30d1EFc0wRQHv4TfiDe307t6YQ07psNSJqQ_fn65l9TSUhQf0pXnXD6Muxj7aCLbsly5aQ9Uuo3uehebchz5wJs2Es75GECm9JElE4DRM6tI253wm3AnYY73bhJDhd4/s1600/execution-philippe-egalite.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhi0cr9vo00F1a-30d1EFc0wRQHv4TfiDe307t6YQ07psNSJqQ_fn65l9TSUhQf0pXnXD6Muxj7aCLbsly5aQ9Uuo3uehebchz5wJs2Es75GECm9JElE4DRM6tI253wm3AnYY73bhJDhd4/s1600/execution-philippe-egalite.jpg" height="257" width="400" /></a></span>sous la Terreur, on s’aperçoit que la richesse a
remplacé les privilè-</span><br />
<span lang="FR-CA">ges. Comme les exécutions n’ont lieu que le lendemain du
prononcé de la sentence par le Tribunal révolutionnaire, «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">l’usage voulait qu’un excellent repas leur </i>[les condamnés] <i style="mso-bidi-font-style: normal;">fût servi, et que le vin coulât à volonté…
dans la mesure de leurs moyens. Mais il ne s’agissait là que d’une mesure
d’exception ne concernant que les plus fortunés, tels le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhi0cr9vo00F1a-30d1EFc0wRQHv4TfiDe307t6YQ07psNSJqQ_fn65l9TSUhQf0pXnXD6Muxj7aCLbsly5aQ9Uuo3uehebchz5wJs2Es75GECm9JElE4DRM6tI253wm3AnYY73bhJDhd4/h120/execution-philippe-egalite.jpg">duc d’Orléans</a> ou le
duc de Biron à qui furent servis des huîtres et du vin blanc. Pour les autres, ces
derniers instants étaient misérables…</i>» (O. Blanc. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">La dernière lettre, </i>Paris, Robert Laffont, Col. Pluriel, # 8465,
1984, p. 91).</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Des lettres de ces prédestinés à la guillotine évoquent
parfois les appels de François Villon. Ainsi, la lettre de l’ancien maire de
Montpellier, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhCPuFCzfWRJdQRaeJ1gxtJ8BDLDEQDn0T2nyC4md-zSc7CkMBsGFs7gNmVOxLxf4I88yWGu3znL8zrgWYyarhPYT9glHpaVF3tkwOdcinvrGRdx4xQj3QBXf4_iWi451PqFF6yWuGfP10/h120/8111929394_7bb274e444_z.jpg">Jean-Jacques Durand</a>, qu’il adresse à son épouse : </span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ma
bien-aimée,</i></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Ne t’afflige pas trop, je t’assure que je meurs satisfait, la
sévérité des hommes m’assure la miséricorde de Dieu; elle expie les fautes que
j’ai faites et prévient celles que j’aurais pu faire. Tu connais ma faiblesse,
mon extrême sensibilité : elle m’aura peut-être égaré; il est digne de la
bonté de Dieu de le prévenir. Va, ne nous séparons point! Je serai toujours
avec toi, avec nos enfants, je veillerai sur vous. En songeant à moi, sache que
je suis là et que je t’aime toujours</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><br /></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Je pardonne à mes ennemis; fais comme moi. Ils ont cru bien faire,
et puis c’est moi seul qui me suis perdu. Ne leur imputons rien. Que peut-on
imputer aux hommes lorsque Dieu seul </span></i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhCPuFCzfWRJdQRaeJ1gxtJ8BDLDEQDn0T2nyC4md-zSc7CkMBsGFs7gNmVOxLxf4I88yWGu3znL8zrgWYyarhPYT9glHpaVF3tkwOdcinvrGRdx4xQj3QBXf4_iWi451PqFF6yWuGfP10/s1600/8111929394_7bb274e444_z.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhCPuFCzfWRJdQRaeJ1gxtJ8BDLDEQDn0T2nyC4md-zSc7CkMBsGFs7gNmVOxLxf4I88yWGu3znL8zrgWYyarhPYT9glHpaVF3tkwOdcinvrGRdx4xQj3QBXf4_iWi451PqFF6yWuGfP10/s1600/8111929394_7bb274e444_z.jpg" height="400" width="300" /></a>fait tout? C’est lui qui nous sépare un
moment pour nous réunir plus sûrement et pour nous réunir toujours, tu vois
bien que c’était nécessaire! Adieu, ma bien-aimée; console-toi de la vie par
l’image de l’éternité. C’était celle-ci qu’il s’agissait de passer ensemble, il
n’y avait de doute que pour moi. Grâce à Dieu, il n’y en a plus. Adieu, ma
bien-aimée; moi je ne te dis pas adieu, je te dis bonsoir parce que je vais
dormir un moment, un seul moment! Au réveil, je reverrai ma bien-aimée, et rien
ne pourra plus nous séparer. J’embrasse nos enfants, nos parents, nos
amis : vous les consolerez de ma mort, je leur laisse ma vie, je leur
laisse aussi pour exemple. Qu’ils apprennent par ma faute à vaincre leur
caractère, à modérer leurs passions, à ne pas suivre toujours leur cœur qui
peut les égarer, qu’ils aiment leur patrie comme je l’ai aimée, et qu’ils la
servent plus heureusement.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><br /></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Mes enfants, aimez votre mère et obéissez-lui comme vous feriez à
nous deux. Je lui transmets tous mes droits sur vous; elle a les siens et les
miens. Mes chers parents, je suis fâché de la peine que je vous donne; votre
douleur est la seule que je sente en ce moment. Adieu, je vais où le maître
m’appelle, il m’ôte du travail au milieu du jour, je me reposerai jusqu’au
soir; alors tout sera égal entre nous. Adieu ma bien-aimée, adieu.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><br /></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Ton mari, ton ami éternel.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; text-align: right;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Roland</span></i><span lang="FR-CA">» (Cité in O. Blanc. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 94-95)</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: -4.6pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Cette lettre est très représentative de ce mélange de
préoccupations bourgeoises et d’hyper-sensibilité issue du romanesque de
Rousseau. Il faut dire que l’angoisse que dissimule cette lettre a éclaté au
moment où, gravissant les marches de l’échafaud «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Prêt à supporter la peine de ses forfaits, comme le note un policier
dans son rapport, il se mit à rire en répétant “Adieu, mes frères!”. Les
spectateurs lui répondaient `À la guillotine!” et il continuait de rire</i>»
(O. Blanc. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 94).</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: -4.6pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Voulant une exécution prompte et efficace, les
révolutionnaires se sont laissés dépasser par la fureur populaire </span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg4AqWdRe-EBSJ9h2jWMz3prJxN-3Mhz79r0r2fI4SR0u-g2aUicuzR5-fkvQAjG1fX0GEBVbaTRYAiwoELqO-HPxK4ZcStVIUY9s2hlCLl_tQoWqfGcw4PI4Glonon4NQ1g2uvQwMB_1o/s1600/30ThiersHRFt0701uneCharette.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg4AqWdRe-EBSJ9h2jWMz3prJxN-3Mhz79r0r2fI4SR0u-g2aUicuzR5-fkvQAjG1fX0GEBVbaTRYAiwoELqO-HPxK4ZcStVIUY9s2hlCLl_tQoWqfGcw4PI4Glonon4NQ1g2uvQwMB_1o/s1600/30ThiersHRFt0701uneCharette.jpg" height="281" width="400" /></a></span>qui exigea un
long trajet des <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg4AqWdRe-EBSJ9h2jWMz3prJxN-3Mhz79r0r2fI4SR0u-g2aUicuzR5-fkvQAjG1fX0GEBVbaTRYAiwoELqO-HPxK4ZcStVIUY9s2hlCLl_tQoWqfGcw4PI4Glonon4NQ1g2uvQwMB_1o/h120/30ThiersHRFt0701uneCharette.jpg">charrettes des condamnés</a> vers leur lieu d’exé-</span><br />
<span lang="FR-CA">cution. La séance
étant publi-</span><br />
<span lang="FR-CA">que </span><span lang="FR-CA">depuis la mort du roi Louis XVI (21 janvier 1793), cette longue
marche à la mort reprenait un calvaire sous la huée des «tricoteuses» et des
sans-culottes peu compatissants : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Des
incidents ont lieu. Quelques excités lancent de la boue sur les condamnés.
Parfois, ce sont les insultes qui pleuvent sur les malheureuses victimes
entassées dans la “bière des vivants” ou le “carrosse aux trente-six
portières”, particulièrement lorsque celles-ci sont d’un calme imperturbable.
Quelquefois, la foule reste muette, surprise par exemple par le “Sauvez-moi,
mes amis, </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh7CtnM6hp6Lg3sFzIZqANi9mHCY49FmraNYweA9XMm2ukraQrZPa1GHXz9Jta2JzKL7gviqrlrq7D8-ikTvvm_l4UIUg8IIzbpSI017O3oSt7JllzJQzAnI-XMvukwdwg8PI2-M4mzwDA/s1600/Madame+DuBarry+Lubitsch.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh7CtnM6hp6Lg3sFzIZqANi9mHCY49FmraNYweA9XMm2ukraQrZPa1GHXz9Jta2JzKL7gviqrlrq7D8-ikTvvm_l4UIUg8IIzbpSI017O3oSt7JllzJQzAnI-XMvukwdwg8PI2-M4mzwDA/s1600/Madame+DuBarry+Lubitsch.jpg" height="302" width="400" /></a>je vous en conjure!” de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh7CtnM6hp6Lg3sFzIZqANi9mHCY49FmraNYweA9XMm2ukraQrZPa1GHXz9Jta2JzKL7gviqrlrq7D8-ikTvvm_l4UIUg8IIzbpSI017O3oSt7JllzJQzAnI-XMvukwdwg8PI2-M4mzwDA/h120/Madame+DuBarry+Lubitsch.jpg">Mme du Barry</a></i>» (O. Blanc. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 97-98). Comme le remarque
encore Olivier Blanc, les specta-</span><br />
<span lang="FR-CA">teurs ne supportent pas toujours un tel
spectacle. Certains s’évanouissent. Beaucoup évitent le passage des charrettes.
Même la presse, si prompte aujourd’hui à couvrir les anecdotes morbides, reste
très pudique devant ces fournées de guillotinés. Ce sont les rapports de police
qui sont les plus bavards sur les derniers instants des condamnés. Ainsi,
lorsque le 31 octobre 1793 on exécute les principaux membres du parti des
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjRR99Ln3Hwotr-gNsP1GN6bWAEdi_cSvq73CZN7xgAFe9g2tdchtwvsFfMJzbvWVxwP9WgYE9MDltDzqr-UbpRe8m1KDybtBpCRBQzAv4KYY3KD4WlzBRYUHkVPMfp4bFx26KhGrga3D0/h120/execution-girondins.jpg">Girondins </a>:</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: -4.6pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">“On
a remarqué, dans la première voiture, que les scélérats étaient tous riants,
notamment Fonfrède, qui riait aux éclats; les autres se parlaient entre eux.
Dans les autres, la même conduite, si ce n’est presque sans connaissance […].
Sillery a été exécuté le premier. Ceux qui l’ont suivi ont montré un courage de
scélérats; le peuple s’indignait contre eux. Ils furent expédiés en vingt-six
minutes. L’exécution s’est faite si vigoureusement que plusieurs têtes
sautaient en bas de l’échafaud. Ils étaient tous en bas de l’échafaud, et
Brissot, par tour, a été exécuté le dernier. Je me suis aperçu qu’au sixième
qui fut exécuté, un très grand nombre de personnes se sont retirées, la figure
morne et dans la plus grande consternation.”</i></span><br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjRR99Ln3Hwotr-gNsP1GN6bWAEdi_cSvq73CZN7xgAFe9g2tdchtwvsFfMJzbvWVxwP9WgYE9MDltDzqr-UbpRe8m1KDybtBpCRBQzAv4KYY3KD4WlzBRYUHkVPMfp4bFx26KhGrga3D0/s1600/execution-girondins.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjRR99Ln3Hwotr-gNsP1GN6bWAEdi_cSvq73CZN7xgAFe9g2tdchtwvsFfMJzbvWVxwP9WgYE9MDltDzqr-UbpRe8m1KDybtBpCRBQzAv4KYY3KD4WlzBRYUHkVPMfp4bFx26KhGrga3D0/s1600/execution-girondins.jpg" height="285" width="400" /></a></div>
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Ceux qui se trouvent sur le passage des charrettes sont souvent
simplement poussés par la curiosité de mettre un nom sur un visage connu.
C’est, dans la même semaine, Adam Lux, amoureux posthume de Charlotte Corday,
que l’on voit marcher avec enthousiasme à l’échafaud, Olympe de Gouges, qui,
dressée sur sa charrette, harangue la foule, le duc d’Orléans flegmatique et
taciturne, Mme Roland, marmoréenne, Bailly, premier maire de Paris, pour lequel
l’échafaud fut dressé sur le Champ-de-Mars, en souvenir d’une fusillade contre
le peuple dont on le tenait pour responsable. Puis tombent les têtes d’anciens
constituants, de militaires et de ministres, tous personnages au sujet desquels
circulaient mille anecdotes vraies ou fausses</span></i><span lang="FR-CA">» (O.
Blanc. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 98-99)</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Nous sommes loin de l’écolier, turbulent et poète, du règne
de Louis XI! Autant l’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Épitaphe </i>Villon
traduisait la vie et les sentiments profonds de son auteur, autant la plupart
des dernières lettres de condamnés sous la Révolution portent la marque du caractère impérissable de leur
rédacteur. C’est avec la plume hautaine que la reine <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg8MkggPeTfhTYy3eIIBPrk4G71YgNwoiEttEySZEK_TU2yaIRIBPimsI1xbYKf5NK4MOqr0wu1C7gCmAXnnQYEvDm7utY3o18mfy_MTwecCfOm1ISlVvmDga_Y1Sm3tbIwugd4NX8zxiw/h120/marie-antoinette4.jpg">Marie-Antoinette</a> adresse
sa dernière lettre à sa belle-sœur, Madame Élisabeth : </span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoListBullet" style="text-align: justify;">
<i><span lang="FR-CA" style="font-style: normal;">«</span><span lang="FR-CA">…Il me reste à vous confier encore mes dernières pensées. J’aurais
voulu les écrire dès le commencement du procès; mais outre qu’on me laissoit
pas écrire, la marche en a été si </span></i><i><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg8MkggPeTfhTYy3eIIBPrk4G71YgNwoiEttEySZEK_TU2yaIRIBPimsI1xbYKf5NK4MOqr0wu1C7gCmAXnnQYEvDm7utY3o18mfy_MTwecCfOm1ISlVvmDga_Y1Sm3tbIwugd4NX8zxiw/s1600/marie-antoinette4.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg8MkggPeTfhTYy3eIIBPrk4G71YgNwoiEttEySZEK_TU2yaIRIBPimsI1xbYKf5NK4MOqr0wu1C7gCmAXnnQYEvDm7utY3o18mfy_MTwecCfOm1ISlVvmDga_Y1Sm3tbIwugd4NX8zxiw/s1600/marie-antoinette4.jpg" height="400" width="310" /></a>rapide, que je n’en aurois réellement pas eu
le temps. Je meurs dans la religion catholique, apostolique et romaine, dans
celle où j’ai été élevée, et que j’ai toujours professée, n’ayant aucune
consolation spirituelle à attendre, ne sachant pas s’il existe encore ici des
prêtres de cette religion, et même le lieu où je suis les exposeroit trop s’ils
y entroient une fois. Je demande sincèrement pardon à Dieu de toutes les fautes
que j’ai pu commettre depuis que j’existe. J’espère que, dans sa bonté, il
voudra bien recevoir mes derniers vœux, ainsi que ceux que je fais depuis
longtemps pour qu’il veuille bien recevoir mon âme dans sa miséricorde et sa
bonté. Je demande pardon à tout </span><span lang="FR-CA" style="font-style: normal;">(sic!)
</span><span lang="FR-CA">ceux que je connais et à vous, ma sœur, en particulier,
de toutes les peines que, sans le vouloir, j’aurois pu vous causer. Je pardonne
à tous mes ennemis le mal qu’ils m’ont fait. Je dis ici adieu à mes tantes et
[ce dernier mot est rayé] et à tous mes frères et sœurs. J’avais des amis,
l’idée d’en être séparée pour jamais et leurs peines sont un de mes plus grands
regrets que j’emporte en mourant, qu’ils sachent au moins que, jusqu’à mon
dernier moment, j’ai pensé à eux.</span></i> </div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoListBullet" style="text-align: justify;">
</div>
<div class="MsoListBullet" style="text-align: justify;">
<i><span lang="FR-CA">Adieu, ma bonne et tendre sœur; puisse
cette lettre vous arriver! Pensez toujours à moi, je vous embrasse de tout mon
cœur, ainsi que ces pauvres et chers enfants : mon Dieu! Qu’ils est
déchirant de les quitter pour toujours! Adieu, adieu! Je ne vais plus m’occuper
que de mes devoirs spirituels. Comme je ne suis pas libre dans mes actions, on
m’amènera peut-être un prêtre, mais je proteste ici que je ne lui dirai pas un
mot, et que je le traiterai comme un être absolument étranger.</span></i> </div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoListBullet" style="text-align: right;">
<i><span lang="FR-CA">Marie-Antoinette» </span></i><span lang="FR-CA">(Citée in O. Blanc.
<i>Ibid</i>. pp. 164-165)</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Tout d'un autre ton est la lettre de la jeune citoyenne Marie-Madeleine Coutelet, une ouvrière d'une filature de chanvre dont certaines lettres laissent soupçonner un parti pris pour la monarchie. Elle fait parvenir sa dernière lettre à ses parents:</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<blockquote class="tr_bq">
<span lang="FR-CA">«<i>Mes chers parents, je m'acquitte de mes derniers devoirs. Vous savez à quoi la loi m'a jugée, ils ont trouvé le crime dans l'innocence, et c'est ainsi qu'elle m'ordonne de mourir. J'espère que vous voudrez bien vous consoler, c'est la dernière grâce que je vous demande. Je meurs avec la pureté de l'âme que j'ai reçue et vois la mort avec joie. Adieu, recevez mes derniers embrassements. C'est de la fille la plus tendre et la sœur la plus attachée. Je trouve ce jour-ci comme le plus beau que j’ai reçu de l’Être suprême. Vivez et ne pensez à moi que pour vous réjouir du bonheur qui m’attend. J’embrasse mes amis et suis reconnaissante de ceux qui ont bien voulu parler à mon avantage.</i></span></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>Adieu pour la dernière fois, que nos enfants soient heureux, c’est mon dernier souhait.</i></blockquote>
<div style="text-align: right;">
<blockquote class="tr_bq">
<i>Coutelet </i>(Citée in O. Blanc. <i>ibid. </i>p. 170)</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Nous retrouvons ici la sensibilité propre à l’époque. Rien de morbide ou même de mélancolique; seulement une espérance en des jours meilleurs pour les survivants. On prêtera aux révolutionnaires sur l’échafaud des phrases incandescentes. Ainsi, à Madame Roland : «<i>Ô liberté, que de crimes on commet en ton nom</i>» et qui aurait plutôt relevée de la boutade : «<i>Ô liberté, comme on t’a jouée!</i>». Mais tous, en tant que lecteurs de Plutarque, cherchent à imiter l’héroïsme surhumain des grands de l’Antiquité. Même <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiCThDCcOYusFL4arQF7Z0Rz5qbqnY1hPpSXIiG6MwMw9aRQTJpA4YoI775L2aWM48k-62zqdm2aCjEq7HS4vyr31CnPOyqNmtkfjWV9TleLb7rpc3SAXWRYYleMEXz5t-Bz5aaHMH-p68/h120/Charlotte_Corday.PNG">Charlotte Corday</a>, venue de Caen pour tuer le «monstre», Marat, adresse ainsi sa dernière lettre à son père :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i>A, M. de Corday d’Armont, rue du Bègle, à Argentan.</i></span></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div style="text-align: justify;">
<i>Par</i><i>don</i><i>nez-moi, mon cher papa, d’avoir disposé de mon existence sans votre</i> <i>permis</i><i>sion. J’ai vengé bien d’innocentes victimes, j’ai prévenu bien d’autres désastres. Le peuple, un </i><i><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiCThDCcOYusFL4arQF7Z0Rz5qbqnY1hPpSXIiG6MwMw9aRQTJpA4YoI775L2aWM48k-62zqdm2aCjEq7HS4vyr31CnPOyqNmtkfjWV9TleLb7rpc3SAXWRYYleMEXz5t-Bz5aaHMH-p68/s1600/Charlotte_Corday.PNG" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiCThDCcOYusFL4arQF7Z0Rz5qbqnY1hPpSXIiG6MwMw9aRQTJpA4YoI775L2aWM48k-62zqdm2aCjEq7HS4vyr31CnPOyqNmtkfjWV9TleLb7rpc3SAXWRYYleMEXz5t-Bz5aaHMH-p68/s1600/Charlotte_Corday.PNG" height="320" width="257" /></a></i>jour désabusé, se réjouira d’être délivré d’un tyran. Si j’ai cherché à vous persuader que je passais en Angleterre, c’est que j’espérais garder l’incognito; mais j’en ai reconnu l’impossibilité, j’espère que vous ne serez point tourmenté. En tout cas, je crois que vous aurez des défenseurs à Caen. J’ai pris pour défenseur Gustave Doulcet de Pontécoulant. Un tel attentat ne permet nulle défense. C’est pour la forme.</i></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div style="text-align: justify;">
<i>Adieu, mon cher papa, je vous prie de m’oublier, ou plutôt de vous réjouir de mon sort, la cause en est belle. J’embrasse ma sœur que j’aime de tout mon cœur ainsi que tous mes parents. N’oubliez pas ce vers de Corneille : "Le crime fait la honte et non pas l’échafaud"</i>» (Cité in O. Blanc. <i>ibid. </i>p. 36. Il ne faut pas oublier que Charlotte Corday était arrière petite nièce de Corneille)</div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">On retrouve l’accent de certains vers de Villon dans la dernière lettre du jeune <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgjHmmDUlZauK0-8Fa6dJQXXmbBDLTdCnBgoF1Amybtc9anmXK9j3KQMsYfa1Tbv1fzzYb-8BvonBuunjZTNUD_7ZMJHuVlOB4iBUzDhSjMX3llnXaIsMiWK6QK2NmznsNPQcsvHY4kYwY/h120/32583150.jpg">Armand Louis Philippe François de Custine</a>, fils d’un maréchal de camp des armées qui a été accusé de trahison envers l’armée républicaine et guillotiné. Son épouse, Delphine de Sabran avait assisté au procès de son beau-père, l’ayant soutenu jusqu’au dernier instant. Elle fit de même pour son mari dont elle tenta de soudoyer l’évasion :</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<blockquote class="tr_bq">
<span lang="FR-CA">«<i>Il faut te quitter… Je t’envoie mes cheveux dans cette lettre. La citoyenne… promet de te remettre l’un et l’autre. Témoigne-lui-en ma reconnaissance.</i></span></blockquote>
</div>
<blockquote class="tr_bq">
<div style="text-align: justify;">
<i>C’en est fait, ma pauvre Delphine, je t’embrasse pour la dernière fois. Je ne puis pas te </i><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgjHmmDUlZauK0-8Fa6dJQXXmbBDLTdCnBgoF1Amybtc9anmXK9j3KQMsYfa1Tbv1fzzYb-8BvonBuunjZTNUD_7ZMJHuVlOB4iBUzDhSjMX3llnXaIsMiWK6QK2NmznsNPQcsvHY4kYwY/s1600/32583150.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgjHmmDUlZauK0-8Fa6dJQXXmbBDLTdCnBgoF1Amybtc9anmXK9j3KQMsYfa1Tbv1fzzYb-8BvonBuunjZTNUD_7ZMJHuVlOB4iBUzDhSjMX3llnXaIsMiWK6QK2NmznsNPQcsvHY4kYwY/s1600/32583150.jpg" height="400" width="282" /></a>voir; et si même je le pouvais, la séparation serait trop difficile, et ce n’est pas le moment de s’attendrir. Que dis-je, s’attendrir?… Comment pourrais-je m’en défendre à ton image? Il n’en est qu’un moyen… celui de la repousser avec une barbarie déchirante mais nécessaire. Ma réputation sera ce qu’elle doit être; et pour la vie, c’est chose fragile par sa nature. Des regrets sont les seules affections qui viennent troubler par moments ma tranquillité parfaite. Charge-toi de les exprimer, toi qui connais bien mes sentiments et détourne ta pensée des plus douloureux de tous car ils s’adressent à toi.</i> </div>
</blockquote>
<div style="text-align: justify;">
<blockquote class="tr_bq">
<i>Je ne pense pas avoir jamais fait à dessein du mal à personne. J’ai quelquefois senti le désir vif de faire le bien. Je voudrais en avoir fait davantage; mais je ne sens pas le poids incommode du remords. Pourquoi donc éprouverais-je aucun trouble? Mourir est nécessaire, et tout aussi simple de naître.</i></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>Ton sort m’afflige. Puisse-t-il s’adoucir! Puisse-t-il même devenir heureux un jour! C’est un de mes vœux les plus chers et les plus vrais. Apprends à ton fils à bien connaître son père. Que des soins éclairés écartent loin de lui le vice; et quant au malheur, qu’une âme énergique et pure lui donne la force de le supporter.</i></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>Adieu! je n’érige point en axiomes les espérances de mon imagination et de mon cœur; mais crois que je ne te quitte pas sans désirer de te revoir un jour.</i></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>J’ai pardonné au petit nombre de ceux qui ont paru se réjouir de mon arrêt. Toi, donne une récompense à qui te remettra cette lettre</i>» (Cité in O. Blanc. <i>ibid. </i>p. 190).</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
Il est ironique de savoir que ce fils appelé «<i>à bien connaître son père</i>» par les soins éclairés de sa mère afin que «<i>s’écartent loin de lui le vice</i>» sera le célèbre Astophe de Custine, auteur d’un voyage dans la Russie de Nicolas Ier et connu pour sa vie d'opprobre d’homosexuel; du moins, lorsque le malheur le frappa à son tour, il sût, comme l'espérait son père, «<i>montrer une âme énergique et pure </i>[capable de lui donner] <i>la force de le supporter</i>». <br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
Le chimiste <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiX_L9AtJqlteUfq21WfQhj6sCWjH1RKJwq6Zm6yXxGUUbpNxhIOToTr_NcI8IDFLGoOkFhuVWsuxDgGCxTlr0LYimzUUFZPlhHaq7wAB6lvWPJrQV-twpwDEZ8CgHTt30U-eOsKR_NoFY/h120/antoine-lavoisier.jpg">Lavoisier</a>, arrêté parmi les fermiers-généraux, percepteurs des impôts sous l’Ancien Régime, n’échappera pas au rasoir national. Sa dernière lettre, elle aussi toute imbue de confiance dans l’avenir, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiX_L9AtJqlteUfq21WfQhj6sCWjH1RKJwq6Zm6yXxGUUbpNxhIOToTr_NcI8IDFLGoOkFhuVWsuxDgGCxTlr0LYimzUUFZPlhHaq7wAB6lvWPJrQV-twpwDEZ8CgHTt30U-eOsKR_NoFY/s1600/antoine-lavoisier.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiX_L9AtJqlteUfq21WfQhj6sCWjH1RKJwq6Zm6yXxGUUbpNxhIOToTr_NcI8IDFLGoOkFhuVWsuxDgGCxTlr0LYimzUUFZPlhHaq7wAB6lvWPJrQV-twpwDEZ8CgHTt30U-eOsKR_NoFY/s1600/antoine-lavoisier.jpg" height="400" width="277" /></a>annonce sa réputation posthume : «<i>J’ai obtenu une carrière passablement longue, écrivait-il à sa femme, surtout, fort heureuse et je crois que ma mémoire sera accompagnée de quelque gloire. Qu’aurais-je pu désirer de plus? Les événements dans lesquels je me trouve enveloppé vont probablement m’éviter les inconvénients de la vieillesse. Je mourrai tout entier, c’est encore un avantage que je dois compter au nombre de ceux dont j’ai joui… Je vous écris aujourd’hui parce que jamais il ne me serait peut-être plus permis de le faire, et c’est une douce consolation pour moi de m’occuper de vous et des personnes qui me sont chères dans ces derniers moments</i>» (O. Blanc. <i>ibid. </i>p. 221). Le soin apporté à ses semblables revient souvent dans ces lettres, comme si le souci de l’autre finissait par sublimer son angoisse pour soi-même. Ici, nul appel au <i>Prince Jésus. </i>Le XVIIIe siècle est agnostique quand il n’est pas purement athée.<br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgdb9pDl4JoVvIe85PJYKmaxLbdPWt_hn0tmqXRm8uPjMS5iYYD_iAjFMdOoFPc79elACpPI1fmTAIlql8HBvamwueKJYiUlwK9qcKpSN4lw7-2uv0NYMfCJc9EsCoU6iiaujOdpzVeoFg/h120/Fouquqier-Tinville.jpg">Fouquier-Tinville</a>, qui faisait office d’accusateur publique au Tribunal révolutionnaire et qui expédia tant de ces malheureux à la guillotine, finit par passer lui-même à l’échafaud. Ses dernières lettres à son épouse <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgdb9pDl4JoVvIe85PJYKmaxLbdPWt_hn0tmqXRm8uPjMS5iYYD_iAjFMdOoFPc79elACpPI1fmTAIlql8HBvamwueKJYiUlwK9qcKpSN4lw7-2uv0NYMfCJc9EsCoU6iiaujOdpzVeoFg/s1600/Fouquqier-Tinville.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgdb9pDl4JoVvIe85PJYKmaxLbdPWt_hn0tmqXRm8uPjMS5iYYD_iAjFMdOoFPc79elACpPI1fmTAIlql8HBvamwueKJYiUlwK9qcKpSN4lw7-2uv0NYMfCJc9EsCoU6iiaujOdpzVeoFg/s1600/Fouquqier-Tinville.jpg" height="400" width="308" /></a>témoignent d’un ressentiment immense envers la faction <i>liberticide </i>avec laquelle il avait pourtant tant frayé! «<i>Ainsi, je m’attends à être sacrifié à l’opinion publique, soulevée et excitée contre moi par toutes sortes de moyens, et non à être jugé. C’est un parti pris que je calcule depuis longtemps et que je t’ai toujours voulu taire pour t’épargner, le plus tard possible, le coup que cet événement peut te porter. Je mourrai donc pour avoir servi mon pays avec trop de zèle et d’activité et m’être conformé au vœu du gouvernement, les mains et le cœur purs</i>» (Cité in O. Blanc. <i>ibid. </i>p. 237). Comme tout révolutionnaire professionnel, Fouquier est certain d’avoir fait le bon choix et d’avoir prononcé les bonnes sentences. Dans le dernier billet livré au bourreau peu avant son exécution, il réitère: «<i>Je n’ai rien à me reprocher; je me suis toujours conformé aux lois; je n’ai jamais été créature de Robespierre ni de Saint-Just; au contraire, j’ai été sur le point d’être arrêté quatre fois. Je meurs pour ma patrie, sans reproche, je suis satisfait; plus tard, on reconnaîtra mon innocence - A. Q. Fouquier</i>» (Cité in O. Blanc. <i>ibid. </i>p. 238). Fouquier, pourtant, avait envoyé la tête de son cousin, Camille Desmoulins, collègue de Danton, rouler dans le panier! Créature de personne mais bourreau de tous, il illustre cette <i>banalité du mal</i> dont Hannah Arendt a découvert l’impitoyable passivité dans sa relation du procès Eichmann. En pleine réaction thermidorienne, cette lettre dénote un certain auto-aveuglement tout le contraire de l'esprit de Villon.</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
Parallèlement, ce n’est pas sans amertume que <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgU1JsI8DHDPFUx8viiFRPOJU_F9nmLXExOgKAc7k4D4B-al5w7730rvBv5vnZsWmxaPdi7uwwbQ58LsCUYN-L6yAwbG0U_JWNJYBsqUWffh293auCP32-Qps_5c1dRq27YU6WNues_eSY/h120/Babeuf.jpg">Babeuf</a> écrit sa dernière lettre adressée à un «digne et sincère ami» après qu’il eut été condamné à la guillotine après l’échec de la Conjuration des Égaux, en 1797: </div>
<blockquote class="tr_bq">
«<i>Les jurés, mon ami, vont aller aux voix pour prononcer sur ton sort et sur le mien. Suivant tout ce que j’aperçois, tu en échapperas et non moi. Si ma femme te remet cette lettre, elle y joindra celle que je t’écrivais le 26 messidor de l’an passé, que je n’ai pas eu l’occasion, comme je l’avais cru d’abord, de te faire parvenir, et que je conserverai jusqu’à ce moment. Je ne puis aujourd’hui te rien ajouter de plus que ce qui y est contenu. D’ailleurs, l’approche du moment fatal ferme mon esprit et peut-être mon cœur </i><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgU1JsI8DHDPFUx8viiFRPOJU_F9nmLXExOgKAc7k4D4B-al5w7730rvBv5vnZsWmxaPdi7uwwbQ58LsCUYN-L6yAwbG0U_JWNJYBsqUWffh293auCP32-Qps_5c1dRq27YU6WNues_eSY/s1600/Babeuf.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgU1JsI8DHDPFUx8viiFRPOJU_F9nmLXExOgKAc7k4D4B-al5w7730rvBv5vnZsWmxaPdi7uwwbQ58LsCUYN-L6yAwbG0U_JWNJYBsqUWffh293auCP32-Qps_5c1dRq27YU6WNues_eSY/s1600/Babeuf.jpg" height="400" width="312" /></a>à toute expression de sentiment que j’eusse pu quelques jours plus tôt développer. Je ne sais, mais je ne croyais pas qu’il m’en coûterait autant pour voir la dissolution de mon être. On a beau dire, la nature est toujours forte. La philosophie prête quelques armes pour la vaincre, mais il faut toujours lui payer tribut. J’espère pourtant conserver assez de force pour soutenir, comme je le dois, ma dernière heure, mais il ne faut pas m’en demander davantage.</i></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>Je me sens un trouble, une indifférence ou un vide d’idée que je ne peux expliquer; il me semble que je voudrais sentir quelque chose pour ma femme, pour mes enfants et que je ne sens plus rien. Je ne trouve rien à te dire pour eux. J’ignore encore si ce n’est point à cause du pressentiment affreux de l’inutilité de tout soin de ma part envers eux, lorsque l’affreuse contre-révolution doit proscrire tout ce qui appartient aux divisions républicaines. Et puis, cette longue existence dans l’état de malheur émousse sans doute le sentiment de sensibilité trop exercé d’abord, et il est une mesure que la nature humaine ne dépasse pas. Peut-être aussi prends-je pour de l’insouciance ce qui n’en est pas, car je rougis d’une telle disposition d’âme. Peut-être ne crois-je sentir rien pour trop sentir. Pardonne ce désordre de mes idées; devine tout ce que je voudrais te dire ici, et fais ce qu’attend de toi celui qui imagine t’avoir tout dit en t’assurant qu’il croit déposer ses paroles dernières dans le sein de son meilleur ami.</i> </blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>Je crois avoir à me consoler de la manière dont je me suis conduit dans le procès. Malgré le trouble qui m’agite, je sens que, jusqu’à ma dernière minute, je ne ferai encore rien dont n’ait à se louer la mémoire d’un honnête homme. Adieu</i>» (Cité in O. Blanc. <i>ibid. </i>pp. 241-242)</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Les sentiments ambigües de Babeuf, après l’auto-aveuglement de Fouquier, illustrent assez bien la dérive entreprise par la conscience occidentale, s’éloignant de ses origines chrétiennes pour plonger dans une métaphysique reliée aux impératives Lois de la Nature. Pourtant, la séparation du religieux et de l’idéologie </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgsuc82Jn7aolPq2kMW6rbGkIQQKP6toNXubnXhBdgFe9UFPwSviPqWuqUihZ04atwOgdr9VMzQHdTi1nPeejhco_Oow2cIldfUT74TDR4-3SoDFtHw-SyoGZE-h2ZzsCnr_sIW0f4z3Xw/s1600/21-1839.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgsuc82Jn7aolPq2kMW6rbGkIQQKP6toNXubnXhBdgFe9UFPwSviPqWuqUihZ04atwOgdr9VMzQHdTi1nPeejhco_Oow2cIldfUT74TDR4-3SoDFtHw-SyoGZE-h2ZzsCnr_sIW0f4z3Xw/s1600/21-1839.jpg" height="303" width="400" /></a>ne s’accomplit pas partout de la même façon </span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA">ni à la même vitesse.</span> </span><span lang="FR-CA">On a beau être des ro-</span><br />
<span lang="FR-CA">manti-</span><br />
<span lang="FR-CA">ques, ad-</span><br />
<span lang="FR-CA">mirateurs des figures révolu-</span><br />
<span lang="FR-CA">tionnaires et </span><span lang="FR-CA">mettre toute sa foi dans le progrès, le peuple, la
nation, mais on peut tout aussi bien conserver l’esprit du christianisme
dans ce qu’il a de plus généreux et de plus compa</span><span lang="FR-CA">tissant</span><span lang="FR-CA">. C’est ce que nous retrouvons dans la dernière lettre de </span><span class="st">François-Marie-Thomas (Chevalier) de Lorimier (1808-1839). Ce rebelle du Bas-Canada de 1838, capturé, jugé et condamné «pour l’exemple» par le tribunal répressif du gouvernement colonial anglais a écrit une superbe lettre à sa femme la veille de son <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgsuc82Jn7aolPq2kMW6rbGkIQQKP6toNXubnXhBdgFe9UFPwSviPqWuqUihZ04atwOgdr9VMzQHdTi1nPeejhco_Oow2cIldfUT74TDR4-3SoDFtHw-SyoGZE-h2ZzsCnr_sIW0f4z3Xw/h120/21-1839.jpg">exécution</a>, en février 1839, alors qu’il était à peine âge de 35 ans :</span></div>
<div style="text-align: right;">
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt;">
<span class="st">«<i>Prison de Montréal, 14 février 1839, à 11 heures du soir.</i></span></div>
</blockquote>
<div style="text-align: justify;">
<blockquote class="tr_bq">
<i>Le public et mes amis en particulier, attendent, peut-être, une déclaration sincère de mes sentiments; à l’heure fatale qui doit nous séparer de la terre, les opinons sont toujours regardées et reçues avec plus d’impartialité. L’homme chrétien se dépouille en ce moment du voile qui a obscurci beaucoup de ses actions, pour se laisser voir en plein jour. Pour ma part, à la veille de rendre mon esprit à son créateur, je désire faire connaître ce que je ressens en ce que je pense. Je ne prendrais pas ce parti, si je ne craignais qu’on ne représentât mes sentiments sous un faux jour; on sait que le mort ne parle plus, et la même raison d’état qui me fait expier sur l’échafaud ma conduite politique pourrait bien forger des contes à mon sujet. J’ai le temps et le désir de prévenir de telles fabrications et je le fais d’une manière vraie et solennelle à mon heure dernière, non pas sur l’échafaud, environné d’une foule stupide et insatiable de sang, mais dans le silence et les réflexions du cachot. Je meurs sans remords, je ne désirais que le bien de mon pays dans l’insurrection et l’indépendance, mes vues et mes actions étaient sincères et n’ont été entachées d’aucun des crimes qui déshonorent l’humanité, et qui ne sont que trop communs dans l’effervescence de passions déchaînées. Depuis 17 à 18 ans, j’ai pris une part active dans presque tous les mouvements populaires, et toujours avec conviction et sincérité. Mes efforts ont été pour l’indépendance de mes compatriotes; nous avons été malheureux jusqu’à ce jour. La mort a déjà décimé plusieurs de mes collaborateurs. Beaucoup gémissent dans les fers, un plus grand nombre sur la terre d’exil avec leurs propriétés détruites, leurs familles abandonnées sans ressources aux rigueurs d’un hiver canadien. Malgré tant d’infortune, mon cœur entretient encore du courage et des espérances pour l’avenir, mes amis et mes enfants verront de meilleurs jours, ils seront libres, un pressentiment certain, ma conscience tranquille me l’assurent. Voilà ce qui me remplit de joie, quant tout est désolation et douleur autour de moi. Les plaies de mon </i><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgWn910XlpSZWii6-stYfglcXDNbvGguPoGrWdtCIJsBVUTAHwQRf0SHiqTNmWfmEZveTpIdXPcn_mhgLvr8yTxS5jouU8jXCm7lDRjAKwGa5hljfi2Uc0OnQwpRa0fnHjBtp3W2ERQbj0/s1600/Chevalier_de_Lorimier.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgWn910XlpSZWii6-stYfglcXDNbvGguPoGrWdtCIJsBVUTAHwQRf0SHiqTNmWfmEZveTpIdXPcn_mhgLvr8yTxS5jouU8jXCm7lDRjAKwGa5hljfi2Uc0OnQwpRa0fnHjBtp3W2ERQbj0/s1600/Chevalier_de_Lorimier.jpg" height="320" width="270" /></a>pays se cicatriseront après les malheurs de l’anarchie et d’une révolution sanglante. Le paisible canadien verra renaître le bonheur et la liberté sur le Saint-Laurent; tout concourt à ce but, les exécutions mêmes, le sang et les larmes versés sur l’autel de la liberté arrosent aujourd’hui les racines de l’arbre qui fera flotter le drapeau marqué de deux étoiles des Canadiens. Je laisse des enfants qui n’ont pour héritage que le souvenir de mes malheurs. Pauvres orphelins, c’est vous que je plains, c’est vous que la main ensanglantée et arbitraire de la loi martiale frappe par ma mort. Vous n,aurez pas connu les douceurs et les avantages d’embrasser votre père aux jours d’allégresse, aux jours de fêtes! Quand votre raison vous permettra de réfléchir, vous verrez votre père qui a expié sur le gibet des actions qui ont immortalisé d’autres hommes plus heureux. Le crime de votre père est dans l’irréussite, si le succès eût accompagné ses tentatives, on eut honoré ses actions d’une mention honorable. "Le crime et non pas l’échafaud fait la honte". Des hommes, d’un mérite supérieur au mien, m’ont battu la triste voie qui me reste à parcourir de la prison obscure au gibet. Pauvres enfants! vous n’aurez plus qu’une mère tendre et désolée pour soutien; si ma mort et mes sacrifices vous réduisent à l’indigence, demandez quelque fois en mon nom, je ne fus jamais insensible aux malheurs de mes semblables. Quant à vous, mes compatriotes, mon exécution et celle de mes compatriotes d’échafaud vous seront utiles. Puissent-elles vous démontrer ce que vous devez attendre du gouvernement anglais!… Je n’ai plus que quelques heures à vivre, et j’ai voulu partager ce temps précieux entre mes devoirs religieux et ceux dus à mes compatriotes; pour eux je meurs sur le gibet de la mort infâme du meurtrier, pour eux je me sépare de mes jeunes enfants et de mon épouse sans autre appui, et pour eux je meurs en m’écriant : Vive la liberté, vive l’indépendance</i></blockquote>
<div style="text-align: right;">
<blockquote class="tr_bq">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgWn910XlpSZWii6-stYfglcXDNbvGguPoGrWdtCIJsBVUTAHwQRf0SHiqTNmWfmEZveTpIdXPcn_mhgLvr8yTxS5jouU8jXCm7lDRjAKwGa5hljfi2Uc0OnQwpRa0fnHjBtp3W2ERQbj0/h120/Chevalier_de_Lorimier.jpg">Chevalier de Lorimier</a> » (Cité in J. Hare (éd.) <i>Les Patriotes 1830-1839, </i>Les Éditions Libération, 1971, pp. 217-219.</blockquote>
</div>
</div>
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Il n'est pas sans intérêt de remarquer que de Lorimier et Charlotte Corday font référence à la même figure de rhétorique puisée chez Corneille. Cette convergence n'est pas accidentelle. Il s'agit d'un mélange d’ancien et de moderne qui va se retrouver, encore, dans les lettres des prisonniers et des condamnés à mort sous l’Occupation nazie sur l’ensemble du territoire européen. Ici, elles sont de toutes les langues, de toutes les foi, de toutes les idéologie<i>s. </i>La Résistance a son lot de victimes expiatoires qui tombent sous les balles allemandes. Une compilation opérée par Michel Borwicz nous présente le caractère universel des lettres des condamnés à mort :</span><br />
<blockquote class="tr_bq">
<span lang="FR-CA">«<i>Tous les messages dont il s'agit furent écrits la veille de l'exécution. Parmi leurs auteurs, il y a des cultivateurs, des employés, un lycéen, un étudiant, un entrepreneur de maçonnerie, un instituteur, un mécanicien, un apprenti mécanicien, etc., donc des gens de métiers divers. Le plus jeune d'entre eux avait seize ans, les autres respectivement dix-sept, dix-huit (trois), vingt, vingt et un (deux), vingt-deux, vingt-trois (deux), vingt-quatre, vingt-six, vingt-neuf, trente-cinq ans. Tous furent emprisonnés et <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjKlm0hZ0Rp8Hx1_zY_r0iTqzwUxgJMOelQ7q8Hocc4WY3yJifWh2Wzw7pMBDgnO_f85c2Jy7ydRbpTqrXpwgHldZbx4rLJIrv4AtpMA1HVAzgfmpOdXuvjtJsFzKSfhJUnwiElkmO727g/h120/montvalerien-1-france-germany-wwii-manouchian-klarsfeld_308.jpg">exécutés</a> à cause de leurs activités de Résistance.</i></span></blockquote>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjKlm0hZ0Rp8Hx1_zY_r0iTqzwUxgJMOelQ7q8Hocc4WY3yJifWh2Wzw7pMBDgnO_f85c2Jy7ydRbpTqrXpwgHldZbx4rLJIrv4AtpMA1HVAzgfmpOdXuvjtJsFzKSfhJUnwiElkmO727g/s1600/montvalerien-1-france-germany-wwii-manouchian-klarsfeld_308.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjKlm0hZ0Rp8Hx1_zY_r0iTqzwUxgJMOelQ7q8Hocc4WY3yJifWh2Wzw7pMBDgnO_f85c2Jy7ydRbpTqrXpwgHldZbx4rLJIrv4AtpMA1HVAzgfmpOdXuvjtJsFzKSfhJUnwiElkmO727g/s1600/montvalerien-1-france-germany-wwii-manouchian-klarsfeld_308.jpg" height="265" width="400" /></a></div>
<blockquote class="tr_bq">
<i>Ce sont de simples et émouvantes lettres d'adieu, des paroles d'assurance et des vœux suprêmes; les constatations d’ordre idéologique sont liées à des motifs intimes : </i>Je suis mort en véritable Français et en véritable chrétien. - Vive la France. - Je meurs pour que vive la France. - Je meurs avec l’espoir que mes idées resteront personnifiées et que vous aurez le courage nécessaire pour les suivre jusqu’au bout. - "<i>Pardonnez-moi de vous causer cette dernière peine, mais </i>si je meurs, c’est pour la France"<i>. </i>- Mort pour la Patrie (au-dessous de la signature). - Adieu et que vive la France. - Sachez que ma dernière pensée fut pour vous, pour ma Patrie, pour Dieu, pour la Vierge. - Je meurs pour ma Patrie. Je veux une France libre et des Français heureux. Non pas une France orgueilleuse, première nation du monde, mais une France travailleuse, laborieuse et honnête.</blockquote>
<div style="text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiC3VwuLlONtkpgXQadKrC_bgE7EgCTzNEXCMqMVg-TaqZiRIbTnq5PY3FJnLwukWmpM2VPAkY9awO4frUAtFXdCeTw5RU_Lo_0b3S2JlxyjqXrYALYS7x3NVSYQfKJ_U4mGyTEgSbmuFU/s1600/France-Resistants-Fusilles-1944-1.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiC3VwuLlONtkpgXQadKrC_bgE7EgCTzNEXCMqMVg-TaqZiRIbTnq5PY3FJnLwukWmpM2VPAkY9awO4frUAtFXdCeTw5RU_Lo_0b3S2JlxyjqXrYALYS7x3NVSYQfKJ_U4mGyTEgSbmuFU/s1600/France-Resistants-Fusilles-1944-1.jpg" height="282" width="400" /></a> </div>
<blockquote class="tr_bq">
<i>Le motif de la </i>foi religieuse <i>s’exprime à travers les mentions répétées : "Je me suis confessé hier et j’ai reçu la communion." - "J’ai vu le curé hier; je mourrai en chrétien." - "Sache que c’est en chrétien, en Français que je meurs." - "Cela ne m’effraie pas outre mesure, car j’ai Dieu avec moi." Plusieurs d’entre eux expriment l’espoir de revoir leurs proches au ciel.</i>» (M. Borwicz. <i>Écrits des condamnés à mort sous l’occupation nazie, </i>Paris, Gallimard, Col. Idées # 293, 1973, pp. 178-179)</blockquote>
<span lang="FR-CA">Nous voici donc devant des témoignages de patriotisme, de foi chrétienne et de confiance dans la Libération à venir. Comme les condamnés de la Révolution française, nous retrouvons dans ces lettres d’abondantes </span><span lang="FR-CA">effluves émotives envers la famille, les parents, les amis… on y retrouve également de </span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"></span>l’<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjO5mio3igiVx_vcB04-UEVK90uQ4B0yanuSlNXtUB_-_WkEt_-arOoKGa-sWT5YtpMgimhBo74FaJyHRdfZuPkrzXbKRMGziaOInCVt88xQd3FMvz2_ssZOfgv4F88283zP0_Kmvet7Gs/h120/Le-fusill%C3%A9-souriant.jpg">humour</a> parfois, et des citations à la Plutarque. Borwicz retient dans tous ces témoignages que «<i>Les </i></span><span lang="FR-CA"><i><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjO5mio3igiVx_vcB04-UEVK90uQ4B0yanuSlNXtUB_-_WkEt_-arOoKGa-sWT5YtpMgimhBo74FaJyHRdfZuPkrzXbKRMGziaOInCVt88xQd3FMvz2_ssZOfgv4F88283zP0_Kmvet7Gs/s1600/Le-fusill%C3%A9-souriant.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjO5mio3igiVx_vcB04-UEVK90uQ4B0yanuSlNXtUB_-_WkEt_-arOoKGa-sWT5YtpMgimhBo74FaJyHRdfZuPkrzXbKRMGziaOInCVt88xQd3FMvz2_ssZOfgv4F88283zP0_Kmvet7Gs/s1600/Le-fusill%C3%A9-souriant.jpg" height="242" width="400" /></a></span></span>lettres tradui-</i></span><br />
<span lang="FR-CA"><i>sent donc parfaite-</i></span><br />
<span lang="FR-CA"><i>ment les </i>rôles sociaux <i>de leurs auteurs. Ils parlent en maris, en fils, en fiancés, en pères. Ils s’adressent aux personnes proches, ayant connaissance aussi bien de l’expéditeur que de l’affaire : "Je sais, écrit un de ces condamnés dans une lettre parfaitement concise, que nous ne serons pas oubliés de vous tous (…). Enfin, vous savez pourquoi et vous savez ce que j’ai fait." </i>Cette dernière phrase résume l’essentiel» (M. Borwicz. <i>ibid. </i>p. 181). Voici comment se sentaient un très grand nombre de Résistants appelés à être exécutés moins de 24 heures après la rédaction de leurs lettres.</span><br />
<span lang="FR-CA"><br /></span>
<span lang="FR-CA">Différent est le caractère des lettres de prisonniers incertains de leur sort, en transit vers les camps de concentration ou d’extermination. Il y a à travers ces lettres la trace d’une évolution tragique qui n’était pas possible dans le premier cas où la mort était certaine une fois capturé :</span><br />
<blockquote class="tr_bq">
<blockquote class="tr_bq">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjrcVaY0Uh7fOsSXz2TpcmvN0pm0-tLlect56nGtEF5z0RtGFIwM_zjYX7_N30Khg5ZybZOKS76wsb0XbK15vpcFaH8cjXh_ImblDy4NQsG8dMMoicmq5eCXKcd7RYgla6nceszQKVc_ro/s1600/1.gif" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjrcVaY0Uh7fOsSXz2TpcmvN0pm0-tLlect56nGtEF5z0RtGFIwM_zjYX7_N30Khg5ZybZOKS76wsb0XbK15vpcFaH8cjXh_ImblDy4NQsG8dMMoicmq5eCXKcd7RYgla6nceszQKVc_ro/s1600/1.gif" height="320" width="315" /></a></div>
<span lang="FR-CA">«<i>C’est, entre autres, le cas de l’écrivain français <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjrcVaY0Uh7fOsSXz2TpcmvN0pm0-tLlect56nGtEF5z0RtGFIwM_zjYX7_N30Khg5ZybZOKS76wsb0XbK15vpcFaH8cjXh_ImblDy4NQsG8dMMoicmq5eCXKcd7RYgla6nceszQKVc_ro/h120/1.gif">Benjamin Crémieux</a>, dans ses lettres expédiées du camp de Drancy, c’est-à-dire avant qu’il fût déporté en Allemagne. "Dès cet instant, note G. Audisio en marge de ces lettres, sa </i></span><span lang="FR-CA"><i>mort était inscrite dans les astres qu’il avait tant aimés. Il ne pouvait pas ne pas l’y avoir vue." Mais pour parler sans métaphore : Crémieux avait-il effectivement connu à l’époque le sort qui allait lui être réservé? Reconstituons sa situation : il avait déjà été martyrisé et mutilé. Bien qu’il mentionne les bruits au sujet d’une évacuation de Drancy, d’un groupement ou d’une libération des conjoints d’aryens, il ajoute : "Mais <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgTcQsn5P7GZQC_6yQyPjWP9F1lIogTpwsoYTgaOpP6kGhjnBp077Duic8PyZMjZogVucVyknlWN9ZwVlxzBHwfcmQKdxOIQyl3K0jam2l8RQ4kmvs1JWU2yfRiHvH7A5yuC_4GnfMx0uo/h120/Drancy_-_dec_1942.jpg">Drancy</a> est le lieu où courent le plus de bobards." Il ne faut pas se tromper : ces phrases suivent immédiatement celles où, tout en utilisant un euphémisme, il parle des déportations : "Il y a eu un départ mercredi. Peut-être y en aura-t-il un autre la semaine qui vient." Et cet aphorisme encore : "Tout est bien qui ne finit pas plus mal." Les deux lettres (l’une du 29 mai 1943, la seconde du 26 juin 43) sont imprégnées d’une belle humeur… manifestement voulue. La source n’en est pas difficile à déchiffrer. C’est l’écrivain qui parle et qui est conscient de son </i>rôle social : Cette aventure s’incorpore admirablement à ma biographie. - L’ambiance du camp a de quoi tenter un romancier unanimiste, c’est assez inouï. Vraiment, il faut </span><span lang="FR-CA">avoir vu ça. <i>Simultanément, c’est le mari et le père : "L’ennui c’est l’angoisse de ceux qui nous aiment. J’ai hâte de savoir ce que font ma femme et mon fils, ce qu’ils ont fait." - "Il n’est torturé que par la pensée de sa femme, il se sent impardonnable pour les soucis qu’il lui donne." C’est le motif qui explique pourquoi les détails concernant son infirmité sont suivis de : "J’ajoute tout de suite : n’ayez aucune inquiétude. J’ai un moral étonnant, une confiance maintenant justifiée expérimentalement quant à la résistance de ma constitution et quant à mon cran." S’il y a quelques allusions à son arrestation, ce n’est que pour suggérer aux destinataires une version à donner le change. Quant au reste, il pourrait répéter la phrase d’un des condamnés de Besançon : "Enfin, vous savez pourquoi et vous savez ce que j’ai fait." Ses proches restent parmi les vivants, et ils ne l’oublieront pas. Voilà, la réalité objective qui détermine spontanément l’orientation intérieure de l’auteur</i>» (M. Borwicz. <i>ibid. </i>pp. 183 à 185)<i>.</i></span></blockquote>
</blockquote>
<div style="text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgTcQsn5P7GZQC_6yQyPjWP9F1lIogTpwsoYTgaOpP6kGhjnBp077Duic8PyZMjZogVucVyknlWN9ZwVlxzBHwfcmQKdxOIQyl3K0jam2l8RQ4kmvs1JWU2yfRiHvH7A5yuC_4GnfMx0uo/s1600/Drancy_-_dec_1942.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgTcQsn5P7GZQC_6yQyPjWP9F1lIogTpwsoYTgaOpP6kGhjnBp077Duic8PyZMjZogVucVyknlWN9ZwVlxzBHwfcmQKdxOIQyl3K0jam2l8RQ4kmvs1JWU2yfRiHvH7A5yuC_4GnfMx0uo/s1600/Drancy_-_dec_1942.jpg" height="280" width="400" /></a></div>
<span lang="FR-CA">Les talents de l’auteur suffisent à rassembler toute la vague des sentiments qui anime l’âme des condamnés à mort. Pour Crémieux, la mort est au bout du chemin, au camp de Buchenwald, aussi certainement que les Résistants capturés, mais cette mort est différée, ouvrant un temps où la souffrance est entretenue par un tas </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi_USihWFFmn7gSiWutyAh5_E5BhHXAX9-36FVqCqnmWIiYVMKFQS1t3GraLpM2FE8KCyyZ6YPqz9GZsahbTWq_7jZK_IwH47zb3wEpaX_8dBkfZUXWuUNtCBBO8nvJseKqYIMsdnjvzuE/s1600/76836.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi_USihWFFmn7gSiWutyAh5_E5BhHXAX9-36FVqCqnmWIiYVMKFQS1t3GraLpM2FE8KCyyZ6YPqz9GZsahbTWq_7jZK_IwH47zb3wEpaX_8dBkfZUXWuUNtCBBO8nvJseKqYIMsdnjvzuE/s1600/76836.jpg" height="287" width="400" /></a>de petites contrariétés, des séances de tortures parfois, de l’hu-</span><br />
<span lang="FR-CA">miliation tout le temps. Un jour viendra un train qui l’em-</span><br />
<span lang="FR-CA">portera plus loin vers l’Est et dès lors le condamné n’aura plus d’illusions à se faire. C’est d’autant plus vrai pour Crémieux qu’en plus d’être Français, il est d’origine juive. Ces gens parqués dans des convois et qui ont réussi à obtenir quelque bout de papier et un morceau de crayon lancent leur message comme des bouteilles à la mer. Ainsi, cette lettre trouvée par une femme polonaise sur la chaussée de Grodno qui mène à Ponary où se situe un camp d’extermination (<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi_USihWFFmn7gSiWutyAh5_E5BhHXAX9-36FVqCqnmWIiYVMKFQS1t3GraLpM2FE8KCyyZ6YPqz9GZsahbTWq_7jZK_IwH47zb3wEpaX_8dBkfZUXWuUNtCBBO8nvJseKqYIMsdnjvzuE/h120/76836.jpg">Vilno</a>) :</span><br />
<blockquote class="tr_bq">
<span lang="FR-CA">«<i>Une prière à nos frères et sœurs juifs</i></span></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>Chers Frères et Sœurs,</i></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>Nous avons une grande prière à vous adresser.</i></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>D’abord, pardonnez-nous si nous vous avons jamais fait du mal. Nous ne savons pas pourquoi une telle punition tombe sur nous. Que l’on nous enlève la vie, ce n’est rien. Nos enfants aussi ont été bestialement torturés. On obligeait (… … …)</i></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>Après on déshabillait les mères, on les collait toutes nues contre un mur, on attachait leurs mains très haut et on arrachait les poils de leur corps. On transperçait leurs langues avec des aiguilles et on les souillait ensuite. On barbouillait leurs yeux d’excréments. Aux hommes (… … …)</i></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>…Ils nous coupaient les doigts des mains et des pieds. Il nous était défendu de panser les blessures et le sang s’écoulait sans arrêt (…)</i></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>…Je jette la lettre en allant à Ponary, afin que des hommes bons la remettent, après le retour à la liberté, à des Juifs. J’écris la lettre en polonais parce que si quelqu’un trouve une lettre en yiddish, il la brûlera; mais une lettre en polonais, quelqu’un de bon et d’honnête la lira et la remettra après à des Juifs.</i></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>Nous vous faisons nos adieux, nous faisons nos adieux au monde, en criant : Vengeance!</i></blockquote>
<div style="text-align: right;">
<blockquote class="tr_bq">
<i>As et Gurvitch l’écrivent le 26 juin 1944. </i>(Cité in M. Borwicz. <i>ibid. </i>p. 186).</blockquote>
</div>
<span lang="FR-CA">Autant la plupart
des dernières lettres de condamnés portent la marque d’intérêts particuliers, familiaux, patriotiques ou religieux, autant la lettre de ces deux condamnés est descriptive des tourments endurés <i>gratuitement </i>par le sadisme des bourreaux nazis. Chez ces condamnés, le sentimentalisme à la Rousseau ou les faits grandiloquents à la Plutarque ne sont plus de mise. Il s’agit d’informer sur quelque chose de particulièrement incroyable et impensable pour ceux qui ne l’ont pas vécu. Comment affirmer l’impossible et être cru par les gens mêmes à qui ces lettres s’adressent. Un dernier témoignage est relevé par M. Borwi<i>cz </i>avec la lettre d’un certain Tamaroff remise par son auteur pour être remise à sa sœur, en Palestine, <i>donc parmi ceux qui survivront à la guerre </i>:</span><br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg6osuLzFzrGtMCRU0p05bibVLDGlkJ7s59MCXUFdQcQ4nYcmowowJ2yWp8KamfISgtBfbIviRKfWgeOs1-IoQPPhXf7VkRYKQ2W-p4LliOAUZdrBmZbTzD_Bk03n0t19oyV0PpE5wxstg/s1600/02.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg6osuLzFzrGtMCRU0p05bibVLDGlkJ7s59MCXUFdQcQ4nYcmowowJ2yWp8KamfISgtBfbIviRKfWgeOs1-IoQPPhXf7VkRYKQ2W-p4LliOAUZdrBmZbTzD_Bk03n0t19oyV0PpE5wxstg/s1600/02.jpg" height="392" width="400" /></a></div>
<blockquote class="tr_bq">
<span lang="FR-CA"><i>Écoute Tamara […]. Notre mère est allée à <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg6osuLzFzrGtMCRU0p05bibVLDGlkJ7s59MCXUFdQcQ4nYcmowowJ2yWp8KamfISgtBfbIviRKfWgeOs1-IoQPPhXf7VkRYKQ2W-p4LliOAUZdrBmZbTzD_Bk03n0t19oyV0PpE5wxstg/h120/02.jpg">Treblinka</a>. (À vrai dire, je n’avais pas fait tout ce qu’il était possible pour la sauver.) Elle serait donc tombée quand même le lendemain, dans une semaine, dans un mois (…). Ce n’est pas cela qui est l’essentiel. Ils emportaient chaque jour des milliers de mères, de pères, de femmes, d’enfants. Pourquoi notre mère aurait-elle fait exception? Elle est donc partie. Et moi - je suis parti pour préparer une </i>contre-action. <i>(Hela dit en sanglotant qu’ils avaient pris notre maman si brusquement, sans bas, sans manteau. Je n’ai pas voulu la "consoler" en lui disant que dans quelques heures tout cela lui serait inutile. </i>Wsio ravno (qui veut dire "Qu’importe") <i>(… …)</i> <i>C’est ainsi qu’a péri notre mère. Voudrais-tu connaître la date de l’anniversaire? Sans importance. Moi-même, je ne me la rappelle pas. (…) Et maintenant - Tema </i>[une autre sœur de l’auteur] <i>c’est une longue histoire. Elle est devenue Wanda Majewska </i>[Nom d’emprunt]<i> (…). Le 11 janvier, elle est allée à Varsovie (…) . Le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEil-tKg7xw5s_PjJBbtGIsoRmVkujJY74Sx7E1aaobiXlbn_UYfu5lqxhm2pANjuzLPKBUNJm3-mF__yNk6-56ZT7bLDNlBc81hxb_LjzaG1_A1IFHwsVlc0uqH63zDZ_JFyhm96iBNdWc/h120/Warsaw_Ghetto_Uprising21.jpg">ghetto</a> était déjà cerné. Elle y pénétra. Le 19 janvier commença la seconde "</i>action<i>". La défense du ghetto. Le bloc de notre Kibboutz dans la rue Zamenhof se défendit deux jours. Il fut détruit par une explosion (…). Toutes les lettres, tous les télégrammes adressés aux amis de Wanda (Tem) restèrent sans réponse. Un silence absolu. Cela voulait dire qu’elle n’était plus. Dans quelques jours (ou semaines) je serai avec elle. Sa mort est celle de nous tous. Est-ce que quelqu’un connaîtra un jour l’histoire de notre lutte héroïque? Saura-t-on comment nous avons vécu sous l’oppression hitlérienne? (…) Nous disparaîtrons tous, sans laisser de traces. Itzhak n’est plus. Zywia et Franka de même. Ainsi qu’aucun des Schomers. (Je crois que ton Rosch Hagdoude </i>["Jeune Garde"]<i> s’appelait Schmouël - nous avions incendié ensemble une maison dans la rue Leszno - il a été fusillé un mois plus tard.) Oui, le dernier (…).</i></span></blockquote>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEil-tKg7xw5s_PjJBbtGIsoRmVkujJY74Sx7E1aaobiXlbn_UYfu5lqxhm2pANjuzLPKBUNJm3-mF__yNk6-56ZT7bLDNlBc81hxb_LjzaG1_A1IFHwsVlc0uqH63zDZ_JFyhm96iBNdWc/s1600/Warsaw_Ghetto_Uprising21.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEil-tKg7xw5s_PjJBbtGIsoRmVkujJY74Sx7E1aaobiXlbn_UYfu5lqxhm2pANjuzLPKBUNJm3-mF__yNk6-56ZT7bLDNlBc81hxb_LjzaG1_A1IFHwsVlc0uqH63zDZ_JFyhm96iBNdWc/s1600/Warsaw_Ghetto_Uprising21.jpg" height="270" width="400" /></a></div>
<blockquote class="tr_bq">
<i>(…) Attends, attends, ce n’est pas tout. Encore un est parti. S’il était resté, lui au moins Itzhak Kacenelson. Tu en as certainement entendu parler. Son activité d’avant-guerre n’a pas d’importance. Il ne m’intéressait pas à l’époque. Mais le Kacenelson du ghetto de Varsovie, celui qui travaillait et créait avec nous, celui qui maudissait et appelait à la vengeance, est devenu notre frère… Tout ce que nous pensions, sentions, imaginions, il l’écrivait. Il maudissait, prévoyait, haïssait mieux que Bialik. Nous lui fournissions les débris de nos misères, et il les éternisait, les chantait, c’était notre bien commun. Il n’est plus (…). J’ai caché ses vers à Varsovie, Dieu sait si tu les liras un jour (…).</i></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>Advienne que pourra.</i></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>Et toi, tu ne pleureras pas, n’est-ce pas? Cela n’aide à rien. J’en ai la pratique (…).</i></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>Bialystok. Fin du mois de février 1943. Mordechai </i>(Cité in M. Borwicz. <i>ibid. </i>pp. 187-188).</blockquote>
En Allemagne, pendant ce temps, un groupe d’étudiants dirigé par un professeur d’économie politique, Kurt <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjVy0HS__volf73gCNn3JWHHhnQz6NzM9LJ3dT6-D1MPveYFCJPfaypGy5ohORYPOzMyZRVRXsmOLloC-QJuysIn9WPUZGwPi49yQUbEx0kP-QAPAO4eN8nqIat5bCBnlJy14QZKM4eedQ/s1600/1029752106.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjVy0HS__volf73gCNn3JWHHhnQz6NzM9LJ3dT6-D1MPveYFCJPfaypGy5ohORYPOzMyZRVRXsmOLloC-QJuysIn9WPUZGwPi49yQUbEx0kP-QAPAO4eN8nqIat5bCBnlJy14QZKM4eedQ/s1600/1029752106.jpg" height="400" width="318" /></a>Huber (1893-1943), organisait <i>La Rose Blanche, </i>dont le but était d’éveiller les consciences devant la direction prise par le IIIe Reich. Ces patriotes allemands ne l’étaient pas moins que les officiers S.S. Ils étaient seulement préoccupés par le sort d’une Allemagne lancée en pleine barbarie. Deux de ces étudiants sont frère et sœur, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjVy0HS__volf73gCNn3JWHHhnQz6NzM9LJ3dT6-D1MPveYFCJPfaypGy5ohORYPOzMyZRVRXsmOLloC-QJuysIn9WPUZGwPi49yQUbEx0kP-QAPAO4eN8nqIat5bCBnlJy14QZKM4eedQ/h120/1029752106.jpg">Hans et Sophie Scholl</a>. La dernière est au début de la vingtaine. Arrêtés par la police, jugés pour avoir fait circuler des tracts sur leur campus universitaire, délit passible de l'accusation de trahison, ils seront torturés puis décapités à la hache. Inge Scholl, une autre sœur, a raconté leur fin ainsi que l’exécution d’un troisième complice, un étudiant en médecine Christl Probst :<br />
<blockquote class="tr_bq">
«<i>Les gardiens nous dirent :</i></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>"Ils se sont conduits avec un courage extraordinaire. Toute la prison en était bouleversée. Aussi avons-nous pris le risque - si cela s’était su, il nous en aurait coûté, - de les réunir tous trois avant l’exécution. Nous voulions qu’ils puissent encore fumer une cigarette ensemble. Ce ne furent que quelques instants, mais je crois que cela comptait beaucoup pour eux. - Je ne savais pas que ce fût aussi facile de mourir, dit Christl <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiKl0HiHiBp6_E8yBpt8eqNMND1QMbJkOZwiJXpRmq7xNHVcB5O_Y-IS35n9fHHnXUa4cx-B6tykJT4j9ykp57SIpezrNNUGYnlQArg12FKqmebPoZfbTmdMFzH5KCCJYnkgkt4mEHeCu0/h120/2386002607_2b917cd152.jpg">Probst</a>. Et il ajouta : - Dans quelques minutes, nous nous reverrons dans l’éternité.</i></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>Alors, on les emmena, d’abord la jeune fille. Elle marcha dans un calme absolu. Nous ne pouvions pas comprendre que cela fût possible. Le bourreau avoua qu’il n’avait encore </i><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiKl0HiHiBp6_E8yBpt8eqNMND1QMbJkOZwiJXpRmq7xNHVcB5O_Y-IS35n9fHHnXUa4cx-B6tykJT4j9ykp57SIpezrNNUGYnlQArg12FKqmebPoZfbTmdMFzH5KCCJYnkgkt4mEHeCu0/s1600/2386002607_2b917cd152.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiKl0HiHiBp6_E8yBpt8eqNMND1QMbJkOZwiJXpRmq7xNHVcB5O_Y-IS35n9fHHnXUa4cx-B6tykJT4j9ykp57SIpezrNNUGYnlQArg12FKqmebPoZfbTmdMFzH5KCCJYnkgkt4mEHeCu0/s1600/2386002607_2b917cd152.jpg" height="400" width="291" /></a>vu personne mourir ainsi".</i></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>Et Hans, avant de poser la tête sur le billot, cria, d’une voix si forte qu’on l’entendit dans toute la prison "Vive la liberté!"</i></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>D’abord il sembla que tout fût terminé avec la mort de ces trois victimes. Ils disparurent sans bruit dans la terre du cimetière de Perlach, tandis qu’à l’horizon, un soleil de printemps se couchait.</i></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>"Personne n’a de plus grand amour que celui qui donne sa vie pour ses amis", dit l’aumônier de la prison. Il nous serra la main et ajouta, en montrant le soleil couchant : "Il y aura une aurore…"</i></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>Bientôt pourtant, d’autres arrestations suivirent. Au cours d’un second procès, la Cour de Justice Populaire prononça un grand nombre de peines d’emprisonnement, et trois condamnations à mort, celles de Willi Graf, du professeur Huber et d’Alexander Schmorell</i>» (I. Scholl. <i>La Rose Blanche, </i>Paris, Éditions de Minuit, Col. Documents, 1955, pp. 112-113)</blockquote>
<span lang="FR-CA">Le professeur <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgHn63cJy-rRWj9t12qE_0CGhuFrWIT2l0G-kjI622lKW4A1avTm9rs3vhrH49rDovf0Ut2vD3TbEvC8UACoAgiAPl0lDnlMhxkkRckMqQVydYX6sy7MRXIyhQDgRhKV_lXjPnZ-C4fFlw/h120/huber.jpg">Huber</a> profita de son incarcération pour rédiger un ouvrage d’économie. Son dernier écrit traduit une certaine révolte contre la modernité qui a conduit aussi bien au consumérisme qu’à la dictature totalitaire :</span><br />
<blockquote class="tr_bq">
<span lang="FR-CA"><i>«J’ai atteint le but que je me proposais, de lancer cet avertissement, par delà un petit groupe d’intellectuels devant la plus haute instance judiciaire. Je mets ma vie en jeu sur cette déclaration, sur cette demande pressante d’un retour à la morale. J’exige que la </i></span><span lang="FR-CA"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgHn63cJy-rRWj9t12qE_0CGhuFrWIT2l0G-kjI622lKW4A1avTm9rs3vhrH49rDovf0Ut2vD3TbEvC8UACoAgiAPl0lDnlMhxkkRckMqQVydYX6sy7MRXIyhQDgRhKV_lXjPnZ-C4fFlw/s1600/huber.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgHn63cJy-rRWj9t12qE_0CGhuFrWIT2l0G-kjI622lKW4A1avTm9rs3vhrH49rDovf0Ut2vD3TbEvC8UACoAgiAPl0lDnlMhxkkRckMqQVydYX6sy7MRXIyhQDgRhKV_lXjPnZ-C4fFlw/s1600/huber.jpg" height="400" width="256" /></a>liberté soit rendue à notre peuple. Nous ne voulons pas entraver notre vie dans les chaînes de l’esclavage, même celles, dorées, d’une surabondance matérielle.</i></span></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Vous m’avez déchu du rang et des privilèges de professeur, vous m’avez comparé au plus bas criminel. Aucun procès en haute trahison ne peut m’enlever ma dignité intérieure de professeur d’École Supérieure, d’homme qui dit clairement, sans faiblesse, sa conception du monde et de la vie politique. Ce que j’ai fait, ce que j’ai voulu, le cours de l’histoire le justifiera; j’en suis absolument certain. J’espère, par Dieu, que les forces spirituelles qui me rendront justice, pourront naître à temps de l’Allemagne. J’ai agi comme ma conscience me commandait de le faire. J’en accepte toutes les conséquences, selon ce que dit Gottlieb Fichte : <span lang="FR-CA"></span></i></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Et tu dois te conduire</span></i><br />
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">comme si de toi et de ton acte seul</span></i><br />
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">dépendait le destin de ton peuple,</span></i><br />
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">et que toute responsabilité te soit impartie </span></i><span style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">(Cité in I. Scholl. <i>ibid. </i>pp. 116-117).</span></span></blockquote>
<span lang="FR-CA">L’abolition de la peine de mort est devenue une nécessité après les années de gouvernements totalitaires </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg_ObDtFzrJBUWfkaweSN5H08N55Feu3fLWzANMQvgeDKxdEuTMsZcOKvXX-sQz0nXvkIPlK7Wqcz1wAglBM-Gmm9YaY_86KbAowvWPqeWEuUq2Lmw23BS34Zi3jU4bBrrvHKEqdPBc1QA/s1600/Truman-Capote.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg_ObDtFzrJBUWfkaweSN5H08N55Feu3fLWzANMQvgeDKxdEuTMsZcOKvXX-sQz0nXvkIPlK7Wqcz1wAglBM-Gmm9YaY_86KbAowvWPqeWEuUq2Lmw23BS34Zi3jU4bBrrvHKEqdPBc1QA/s1600/Truman-Capote.jpg" height="400" width="296" /></a>dans la plupart des pays occidentaux, soit sous le mode fasciste, soit sous le mode communiste. C’était un impératif lié à la définition de la liberté. Non qu’il ne devait plus y avoir de sentences ou de peines aux crimes, mais qu’elles devaient être proportionnelles aux torts commis, comme l’avait exigé le traité célèbre de Cesare Beccaria, <i>Des délits et des peines, </i>(1764), mais aussi de toutes les circonstances qui pouvaient atténuer la responsabilité des crimes. C’est encore un plaidoyer en ce sens que lance l’écrivain américain <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg_ObDtFzrJBUWfkaweSN5H08N55Feu3fLWzANMQvgeDKxdEuTMsZcOKvXX-sQz0nXvkIPlK7Wqcz1wAglBM-Gmm9YaY_86KbAowvWPqeWEuUq2Lmw23BS34Zi3jU4bBrrvHKEqdPBc1QA/h120/Truman-Capote.jpg">Truman Capote</a> (1924-1984) avec son <i>best-seller, De sang-froid, </i>(1965), fait divers dont fut également tiré un film réalisé par Richard Brooks.</span><br />
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhrnAnGeF4F5PyLXz3U4mX6uNm1sYfqCgZnOBd_dC2nJUz18gKG2ZzvSIRnIFwokxU5mtRZr6O7RRmC9H8AAKmlt2A-EXcCPqI4SifGVYSpI_VkahM1EjBaTNoe0Eg8aSamafecK9IWDiI/s1600/95969376.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhrnAnGeF4F5PyLXz3U4mX6uNm1sYfqCgZnOBd_dC2nJUz18gKG2ZzvSIRnIFwokxU5mtRZr6O7RRmC9H8AAKmlt2A-EXcCPqI4SifGVYSpI_VkahM1EjBaTNoe0Eg8aSamafecK9IWDiI/s1600/95969376.jpg" height="185" width="400" /></a> </div>
<span lang="FR-CA"><i>De sang-froid </i>raconte le meurtre sordide d’une <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhrnAnGeF4F5PyLXz3U4mX6uNm1sYfqCgZnOBd_dC2nJUz18gKG2ZzvSIRnIFwokxU5mtRZr6O7RRmC9H8AAKmlt2A-EXcCPqI4SifGVYSpI_VkahM1EjBaTNoe0Eg8aSamafecK9IWDiI/h120/95969376.jpg">famille</a> au Kansas, en 1959. Le père, Herbert Clutter, un fermier, sa femme et deux de leurs quatre enfants sont abattus sans motifs apparents par deux voyous, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEha47XxeyI9KUTmbIloYeS5_vSF6cPDhuga1q9i7rIpvEGmveawq51z7NTODCLVLyMfEwuofin2zyZUlMQ2vdjKZRvjHTZ4jdvwnwHeAIWy1TqJnoS29qdMcxeatNDK75fL5T7luDSgjjk/h120/1959_clutter_hickock-smith.jpg">Richard "Dick" Hickock et Perry Smith</a>. L'affaire aurait eu pour origine un compagnon de cellule de </span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEha47XxeyI9KUTmbIloYeS5_vSF6cPDhuga1q9i7rIpvEGmveawq51z7NTODCLVLyMfEwuofin2zyZUlMQ2vdjKZRvjHTZ4jdvwnwHeAIWy1TqJnoS29qdMcxeatNDK75fL5T7luDSgjjk/s1600/1959_clutter_hickock-smith.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEha47XxeyI9KUTmbIloYeS5_vSF6cPDhuga1q9i7rIpvEGmveawq51z7NTODCLVLyMfEwuofin2zyZUlMQ2vdjKZRvjHTZ4jdvwnwHeAIWy1TqJnoS29qdMcxeatNDK75fL5T7luDSgjjk/s1600/1959_clutter_hickock-smith.jpg" height="309" width="400" /></a></span>Hickock, ancien travailleur agricole pour les Clutter, qui lui aurait révélé que la maison disposait d'un bon magot d'argent. Dans les États qui appli-</span><br />
<span lang="FR-CA">quent la peine de mort aux États-Unis, le délai entre le prononcé de la sentence et sa mise à exécution dure généralement 7 ans. Sept années au cours desquels peuvent se révéler des pièces nouvelles qui forceraient à rouvrir le dossier ou à la justice divine de faire son œuvre. Dans le cas des deux accusés, une nouvelle espérance s’est manifestée à travers deux avocats exceptionnellement habiles de Kansas City, Joseph P. Jenkins et Robert Bingham. «<i>Désignés par un juge fédéral et travaillant bénévolement (mais poussés par la conviction très ferme que les accusés avaient été victimes d’un "inéquitable procès de cauchemar"), Jenkins et Bingham introduisirent de nombreuses procédures d’appel dans le cadre du système des Cours fédérales, évitant de la sorte trois dates d’exécution : le 25 octobre 1962, le 8 août 1963 et le 18 février 1965. Les avocats soutenaient que leurs clients avaient été condamnés injustement parce qu’on ne leur avait désigné un défenseur qu’après qu’ils eurent avoué et renoncé à une audience préliminaire; parce qu’ils n’avaient pas été convenablement représentés à leur procès et qu’ils avaient été condamnés sur le vu de pièces à conviction saisies sans mandat de perquisition (le fusil et le couteau </i></span><span lang="FR-CA"><i><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiCF8y_tKAaUONJMyF8IvzjgfGk03FiXHe6WPPCaASNYNG_b2mtUJsJy94lNpcjlEh7aAI-siq3v7DtC0l66k-DWt_OVBLAV-VBARqfBxbj2v3tZBGl2mp6TvnlUIJ6N0UIsC5CTjLjcfo/s1600/William_Henry_Avery.png" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiCF8y_tKAaUONJMyF8IvzjgfGk03FiXHe6WPPCaASNYNG_b2mtUJsJy94lNpcjlEh7aAI-siq3v7DtC0l66k-DWt_OVBLAV-VBARqfBxbj2v3tZBGl2mp6TvnlUIJ6N0UIsC5CTjLjcfo/s1600/William_Henry_Avery.png" height="400" width="338" /></a></span>pris chez les Hickock); parce qu’on n’avait pas renvoyé l’affaire devant un autre tribunal bien que le climat du procès ait été "saturé" de publicité préjudiciable aux accusés</i>» (T. Capote. <i>De sang-froid, </i>Paris, Gallimard, Col. Folio, # 59, 1966. pp. 495-496). Les appels furent rejetés par la Cour. «<i>En mars 1965, après que Smith et Hickock eurent été enfermés dans leurs cellules de l’Allée de la Mort pendant près de deux mille jours, la Cour suprême du Kansas décréta que leurs vies devaient se terminer entre minuit et 2 heures le mercredi 14 avril 1965. Par la suite, un recours en grâce fut adressé au gouverneur du Kansas récemment élu. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiCF8y_tKAaUONJMyF8IvzjgfGk03FiXHe6WPPCaASNYNG_b2mtUJsJy94lNpcjlEh7aAI-siq3v7DtC0l66k-DWt_OVBLAV-VBARqfBxbj2v3tZBGl2mp6TvnlUIJ6N0UIsC5CTjLjcfo/h120/William_Henry_Avery.png">William Avery</a>; mais Avery, riche fermier sensible à l’opinion publique, refusa d’intervenir; décision qu’il croyait être dans "le meilleur intérêt des habitants du Kansas"</i>» (T. Capote. <i>ibid. </i>p. 496). Les deux hommes furent pendus. Hickock, âgé de 33 ans, est mort le premier à minuit 41 et Smith, 36 ans, le suivit dans la mort à 1 h. 19.</span><br />
<br />
<span lang="FR-CA">Malgré les siècles, malgré les avancées de la civilité, les exécutions par pendaison restaient toujours parmi les plus angoissantes, tout comme au temps de Villon. Si le concept de «doutes raisonnables» avait prévalu à l’époque, il est probable que les deux accusés auraient bénéficié de meilleures chances de survie. Le procès avait été bâclé et les preuves insuffisantes. Encore aujourd’hui, des chercheurs tentent de montrer qu’ils n’étaient pas coupables du double meurtre. Mais pour la Justice qui s’effaçait devant l’esprit de vengeance au milieu des années 60, Hickock et Smith étaient les vrais coupables. Alvin Dewey, qui avait été les chercher à Las Vegas où ils avaient été arrêté, a été témoin de leur mort :</span><br />
<blockquote class="tr_bq">
<span lang="FR-CA">«<i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXr3SfpjxLV0dBH71eAia0hCHa_QJEdzbj43usfihyzqjT_PJtfMPrx_NGBZUNokAM0NZ_7WOpG5R0PCGz6v1rX04WpdgPg3s0aiIT0r4tSZ1ELZZ8kvROi6rZe2RKQKxyNjyG2vhPAvU/h120/Smiling_Dewey_Announcement.JPG">Dewey</a> les avait regardés mourir, car il avait été parmi les quelque vingt témoins invités à la cérémonie. Il n’avait jamais assisté à une exécution et, lorsqu’il pénétra dans l’entrepôt glacial, après minuit, le décor le surprit : il s’était attendu à un cadre d’une dignité appropriée, pas à cette caverne tristement illuminée et encombrée de bois de </i></span><span lang="FR-CA"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXr3SfpjxLV0dBH71eAia0hCHa_QJEdzbj43usfihyzqjT_PJtfMPrx_NGBZUNokAM0NZ_7WOpG5R0PCGz6v1rX04WpdgPg3s0aiIT0r4tSZ1ELZZ8kvROi6rZe2RKQKxyNjyG2vhPAvU/s1600/Smiling_Dewey_Announcement.JPG" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXr3SfpjxLV0dBH71eAia0hCHa_QJEdzbj43usfihyzqjT_PJtfMPrx_NGBZUNokAM0NZ_7WOpG5R0PCGz6v1rX04WpdgPg3s0aiIT0r4tSZ1ELZZ8kvROi6rZe2RKQKxyNjyG2vhPAvU/s1600/Smiling_Dewey_Announcement.JPG" height="400" width="257" /></a>charpente et d’autres débris. Mais l’échafaud en soi, avec ses deux cordes pâles attachées à une traverse, était assez imposant; et, de façon inattendue, il en était de même du bourreau qui projetait une ombre immense de son perchoir sur la plate-forme en haut des treize marches de bois. L’exécuteur des hautes œuvres, gentleman anonyme à la peau tannée comme du cuir et que l’on avait fait venir du Missouri pour l'événement qui lui rapportait six cents dollars, était attifé d’un vieux complet à rayures et à veste croisée, trop ample pour l’étroite silhouette qu’il renfermait : le veston lui tombait presque sur les genoux : et il avait sur la tête un chapeau de cow-boy qui avait peut-être été d’un vert éclatant à l’époque de son achat, mais qui était maintenant une excentricité tachée de sueur et usée.</i></span></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>Dewey fut également déconcerté par la conversation factice et désinvolte des autres témoins qui attendaient le début de ce que l’un d’entre eux appela les "festivités".</i></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>"J’ai entendu dire qu’ils voulaient les laisser tirer à la courte paille pour savoir qui allait y passer le premier. Ou jouer à pile ou face. Mais Smith a dit pourquoi pas par ordre alphabétique. J’imagine que c’est parce que S vient après H. Ah!"</i></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>"T’as lu dans le journal de cet après-midi ce qu’ils ont commandé pour leur dernier repas? Ils ont commandé le même menu. Crevettes. Frites. Pain à l’ail. Glaces, fraises et crème fouettée. Paraît que Smith a à peine touché au sien".</i></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>"Ce Hickock a un sens de l’humour. On me racontait qu’il y a une heure, un des gardiens lui a dit : ’Ça doit être la nuit la plus longue de votre vie’. Et Hickock a ri; il a répondu : ’Non, La plus courte’."</i></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>"T’as entendu parler des yeux de Hickock? Il les a laissés à un oculiste. Aussitôt qu’ils vont les détacher, ce médecin va lui arracher les yeux et les planter dans la tête d’un autre type. J’peux pas dire que j’voudrais être ce type-là. Je me sentirais tout drôle avec ces yeux-là dans la tête".</i></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>"Nom de Dieu. Dis-moi pas qu’il pleut. Toutes les glaces grandes ouvertes! Ma nouvelle Chevrolet. Nom de Dieu!"</i></blockquote>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEghe_VWu2leakq6hoDk4YoL3u88pOT6eFRqnztMSajqo2AUOCpuDv53EGLN841-18NXDMFk36s9YoQHo17oZJhpkRMNcLveCCc1azBsgX_TYGC9b1tCPCEZEJwCkDLlnlVaA4gAg3mw0nU/s1600/In-Cold-Blood-movie.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEghe_VWu2leakq6hoDk4YoL3u88pOT6eFRqnztMSajqo2AUOCpuDv53EGLN841-18NXDMFk36s9YoQHo17oZJhpkRMNcLveCCc1azBsgX_TYGC9b1tCPCEZEJwCkDLlnlVaA4gAg3mw0nU/s1600/In-Cold-Blood-movie.jpg" height="310" width="400" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">S cène du film de Richard Brooks.<i> In Cold Blood</i>, 1967</td></tr>
</tbody></table>
<blockquote class="tr_bq">
<i>La pluie subite vint frapper le toit élevé de l’entrepôt. Le bruit qui évoquait assez bien le rataplan des tambours d’un défilé annonça l’arrivée de Hickock. Accompagné de six gardiens et d’un aumônier qui murmurait des prières, il pénétra sur les lieux de sa mort, menottes aux mains et portant un hideux harnais de courroies de cuir qui lui fixaient les bras au torse. Au pied de l’échafaud, le directeur lui donna lecture de l’ordre officiel d’exécution, un document de deux pages; et tandis que le directeur lisait, les yeux de Hickock, affaiblis par cinq ans de ténèbres cellulaires, parcoururent la petite assemblée jusqu’au moment où, ne voyant pas ce qu’il cherchait, il demanda au gardien le plus proche, à voix basse, si un des membres de la famille Clutter était présent. Recevant une réponse négative, le prisonnier sembla déçu, comme s’il pensait que le protocole entourant ce rituel de vengeance n’était pas observé comme il faut.</i></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>Comme à l’accoutumée, après avoir fini sa lecture, le directeur demanda au condamné s’il avait une dernière déclaration à faire. Hickock fit un signe de tête. "Je veux simplement dire que je ne tiens rancune à personne. Vous m’envoyez dans un monde meilleur que celui-ci ne l’a jamais été": puis, comme pour accentuer ce qu’il venait de dire, il échangea une poignée de main avec les quatre hommes principalement responsables de sa capture et de sa condamnation et qui avaient tous demandé la permission d’assister aux exécutions : les agents du K.B.I. Roy Church, Clarence Duntz, Harold Nye et Dewey en personne. "Heureux de vous voir", dit Hickock avec son sourire le plus séduisant : c’était comme s’il accueillait des invités à ses propres funérailles.</i></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>Le bourreau toussa - il souleva son chapeau de cow-boy d’un air impatient et le remit en place, geste évoquant un urubu qui se gonfle et qui lisse ensuite les plumes de son cou - </i><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEihsy1bHAqKAhqp7ByDUR8aOaBBDQ-hYsXJSKFPQbJevt80ZHCGlPl7DtFtrfKKEZHiSIp-ghyphenhyphenc6yMVVXZHKLqp90ygxjbGb7HdWzxKRFxgAApNnF1tl81Edjq-fFRilSIo_YiB4Fs0KFY/s1600/Richard_Hickock_t640.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEihsy1bHAqKAhqp7ByDUR8aOaBBDQ-hYsXJSKFPQbJevt80ZHCGlPl7DtFtrfKKEZHiSIp-ghyphenhyphenc6yMVVXZHKLqp90ygxjbGb7HdWzxKRFxgAApNnF1tl81Edjq-fFRilSIo_YiB4Fs0KFY/s1600/Richard_Hickock_t640.jpg" height="400" width="301" /></a>et <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEihsy1bHAqKAhqp7ByDUR8aOaBBDQ-hYsXJSKFPQbJevt80ZHCGlPl7DtFtrfKKEZHiSIp-ghyphenhyphenc6yMVVXZHKLqp90ygxjbGb7HdWzxKRFxgAApNnF1tl81Edjq-fFRilSIo_YiB4Fs0KFY/h120/Richard_Hickock_t640.jpg">Hickock</a>, poussé par un gardien, gravit les marches de l’échafaud. "Le Seigneur a donné, le Seigneur reprend. Loué soit le nom du Seigneur", entonna l’aumônier, tandis que la pluie se mettait à tomber de plus belle, que la corde était ajustée et qu’un léger bandeau noir était placé devant les yeux du prisonnier. "Puisse le Seigneur avoir pitié de ton âme". La trappe s’ouvrit et Hickock balança au bout de la corde devant tout le monde pendant une bonne vingtaine de minutes avant que le médecin de la prison ne dise enfin : "Je déclare cet homme mort". Un corbillard dont les phares étincelants étaient perlés de gouttes de pluie s’avança dans l’entrepôt; placé sur une civière et caché sous une couverture, le corps fut porté jusqu’au corbillard et emporté dans la nuit</i>…» (T. Capote. <i>ibid. </i>pp. 497-500).</blockquote>
<span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh6WwWUCMazm9qcb8FTHhbTQh0bSSvfu7D3ANTsSIIiNO4lHIJR8s8h8w-CWUVOkReg41aYcypb8GCyvljQfOUdCfNg8GDHloxP3LA5omdeCuupSdNUsqKP_-nzYBnkRYQu5G_hmALsP6E/s1600/clutter-home_6_0.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh6WwWUCMazm9qcb8FTHhbTQh0bSSvfu7D3ANTsSIIiNO4lHIJR8s8h8w-CWUVOkReg41aYcypb8GCyvljQfOUdCfNg8GDHloxP3LA5omdeCuupSdNUsqKP_-nzYBnkRYQu5G_hmALsP6E/s1600/clutter-home_6_0.jpg" height="208" width="400" /></a>Hickock et Smith étaient homo-</span><br />
<span lang="FR-CA">sexuels, entraînés dans la vie marginale qui les avait conduits un jour à la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh6WwWUCMazm9qcb8FTHhbTQh0bSSvfu7D3ANTsSIIiNO4lHIJR8s8h8w-CWUVOkReg41aYcypb8GCyvljQfOUdCfNg8GDHloxP3LA5omdeCuupSdNUsqKP_-nzYBnkRYQu5G_hmALsP6E/h120/clutter-home_6_0.jpg">ferme</a> isolée des Clutter. Le caractère de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjhS7IzrLeamX6ovVnbe29PLHNGU-ydsDYdxzRixvODcs2yFDRsimHChBcS1tgIH0La0T5sEwgl1r2zSq5K8xmf1BpV2v1f0xmWrepb2ufgc5P1dduSDqnKGLOaB_Eef1MArbndFomBqPs/h120/01Perry_Smith_04_t640.jpg">Perry Smith</a> était tout différent de celui d'Hickock. Cela se vit lorsque vint le tour pour lui de se balancer au bout de la corde :</span><br />
<blockquote class="tr_bq">
<span lang="FR-CA">«<i>Comme on le faisait entrer dans l’entrepôt, Smith reconnut son vieil ennemi, Dewey; il cessa de mâcher un bout de chewing-gum Doublemint qu’il avait dans la bouche, il fit un sourire et un clin d’œil à l’intention de Dewey, désinvolte et malicieux. Mais, après que le directeur de la prison </i></span><span lang="FR-CA"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjhS7IzrLeamX6ovVnbe29PLHNGU-ydsDYdxzRixvODcs2yFDRsimHChBcS1tgIH0La0T5sEwgl1r2zSq5K8xmf1BpV2v1f0xmWrepb2ufgc5P1dduSDqnKGLOaB_Eef1MArbndFomBqPs/s1600/01Perry_Smith_04_t640.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjhS7IzrLeamX6ovVnbe29PLHNGU-ydsDYdxzRixvODcs2yFDRsimHChBcS1tgIH0La0T5sEwgl1r2zSq5K8xmf1BpV2v1f0xmWrepb2ufgc5P1dduSDqnKGLOaB_Eef1MArbndFomBqPs/s1600/01Perry_Smith_04_t640.jpg" height="266" width="400" /></a>lui eut demandé s’il avait quelque chose à dire, son expression devint sérieuse. Ses yeux sensibles contemplèrent gravement les visages qui l’entouraient, dévièrent dans la direction du bourreau baigné d’ombre, puis retombèrent sur ses propres mains entravées de menottes. Il regarda ses doigts qui étaient tachés d’encre et de peinture car il avait passé ses trois dernières années dans l’Allée de la Mort à peindre des autoportraits et des visages d’enfants, généralement les enfants des prisonniers qui lui apportaient des photographies d’une progéniture rarement entrevue. "Je pense, dit-il, que c’est une chose épouvantable de mettre quelqu’un à mort de cette façon. Je ne crois pas à la peine capitale, ni moralement, ni légalement. J’avais peut-être quelque chose à apporter, quelque chose…" Il perdit son assurance; la timidité troubla sa voix qui devint presque inaudible. "Ce n’aurait pas de sens de m’excuser pour ce que j’ai fait. Ce serait même déplacé. Mais je le fais. Je m’excuse".</i></span></blockquote>
<div style="text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhvdKuxwKE08WtNhDWAZ3RDxM0FDL7eaqtY6UjrrPhc64DTH45VarEMoQmTw40GpsmuMDOqDCLYMItIqaZD4ndkoHkkVSp-s4tCnkBvGReKtAbQbhaMM5aLJ9-ekFM9gtHLVbS5ynD94bk/s1600/936full-in-cold-blood-screenshot.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhvdKuxwKE08WtNhDWAZ3RDxM0FDL7eaqtY6UjrrPhc64DTH45VarEMoQmTw40GpsmuMDOqDCLYMItIqaZD4ndkoHkkVSp-s4tCnkBvGReKtAbQbhaMM5aLJ9-ekFM9gtHLVbS5ynD94bk/s1600/936full-in-cold-blood-screenshot.jpg" height="173" width="400" /></a> </div>
<blockquote class="tr_bq">
<i>Manches, corde, bandeau; mais, avant que le bandeau ne soit ajusté, le prisonnier cracha son chewing-gum dans la paume de la main tendue de l’aumônier. Dewey ferma les yeux. Il les tint fermés jusqu’à ce qu’il entende le bruit sourd qui annonce un <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhvdKuxwKE08WtNhDWAZ3RDxM0FDL7eaqtY6UjrrPhc64DTH45VarEMoQmTw40GpsmuMDOqDCLYMItIqaZD4ndkoHkkVSp-s4tCnkBvGReKtAbQbhaMM5aLJ9-ekFM9gtHLVbS5ynD94bk/h120/936full-in-cold-blood-screenshot.jpg">cou brisé par une corde</a>. Comme la plupart des officiers de police américains, Dewey est certain que la peine capitale exerce son effet préventif sur les crimes violents, et il avait le sentiment que si jamais ce châtiment avait été mérité, c’était bien dans le cas présent. L’exécution précédente ne l’avait pas troublé, il n’avait jamais pensé grand bien de Hickock qui lui semblait "un petit escroc sans envergure qui était allé trop loin, un type vide et sans valeur". Mais, bien qu’il fût le vrai meurtrier, Smith provoquait une autre réaction, car il possédait une qualité que le détective ne pouvait négliger, l’aura d’un animal exilé, une créature qui se traînait avec ses blessures. Dewey se souvint de la première fois qu’il avait rencontré Perry dans la salle d’interrogatoire du quartier général de la police de Las Vegas : l’homme-enfant, le nabot assis sur la chaise métallique, ses petits pieds chaussés de bottes n’arrivant pas jusqu’au plancher. Et lorsque Dewey rouvrit les yeux à présent, c’est ce qu’il vit : les mêmes pieds d’enfant qui pendaient et se balançaient</i>» (T. Capote. <i>ibid. </i>pp. 501-502).</blockquote>
<span lang="FR-CA">La peine capitale a été abolie au Canada en 1976. L’une des dernières exécutions a avoir eu lieu fut celle d’un prospecteur de mines québécois Wilbert Coffin (1915-1956). L'affaire commença le 6 juin 1953 lorsque </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjUeJ9QYK2BS6NHHECjtx4MDAnW2QRUUrXArrsG7REtTRrzfLsx_GN_rksNFyWtpZ__4s-0zeTsEKzOGvn3L2K9hgZ_GseqlCMEc_fjehCgjvtLhphQxwEbraPljcQ43Ou8X12szxh5qx0/s1600/coffin_victims.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjUeJ9QYK2BS6NHHECjtx4MDAnW2QRUUrXArrsG7REtTRrzfLsx_GN_rksNFyWtpZ__4s-0zeTsEKzOGvn3L2K9hgZ_GseqlCMEc_fjehCgjvtLhphQxwEbraPljcQ43Ou8X12szxh5qx0/s1600/coffin_victims.jpg" height="300" width="400" /></a><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjUeJ9QYK2BS6NHHECjtx4MDAnW2QRUUrXArrsG7REtTRrzfLsx_GN_rksNFyWtpZ__4s-0zeTsEKzOGvn3L2K9hgZ_GseqlCMEc_fjehCgjvtLhphQxwEbraPljcQ43Ou8X12szxh5qx0/h120/coffin_victims.jpg">trois améri-</a></span><br />
<span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjUeJ9QYK2BS6NHHECjtx4MDAnW2QRUUrXArrsG7REtTRrzfLsx_GN_rksNFyWtpZ__4s-0zeTsEKzOGvn3L2K9hgZ_GseqlCMEc_fjehCgjvtLhphQxwEbraPljcQ43Ou8X12szxh5qx0/h120/coffin_victims.jpg">cains</a>, Eugene Lindsay un petit usurier de 45 ans, son fils Richard (17 ans) et un ami de celui-ci, Frederick Claar (19 ans) - un colosse - quittent Hollydayburg, en Pennsylvanie, pour se rendre à la chasse à l'ours en Gaspésie. Leur camionnette Ford est remplie de tout un équipement de camping complet, de carabines et de provisions. Lindsay, qui a en poche la somme de $ 650, parcourt la distance en une seule traite. En cours de route, plusieurs péripéties les ralentissement. La camionnette s'embourbe dans un ruisseau dont les eaux gonflés ont emporté le ponceau; remis sur la route avec l'aide d'un garagiste, ils aboutissent à Gaspé où ils s'engagent sur une route déserte quand ils s'arrêtent près du camp 21.</span><br />
<span lang="FR-CA"><br /></span>
<span lang="FR-CA">Au même moment, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjS5QSbCTJWtZXiKEGznudiwmrlw1vEw1w8dUORm-bhBHTEsLPTz9QuruTCG_tS1zO1VdwnoLi_qx2vDFbbcZxe56M3-YL0Cw1db9X55B26z0-p15rZ7uvDdc3C8WL4NordRrjMdjnllM4/h120/coffin_001.jpg">Wilbert Coffin</a> quittait Gaspé à son tour. Coffin est un vétéran de la Seconde Guerre mondiale, un ancien prospecteur de la Gaspé Copper Mines, à Murdochville, devenu prospecteur dans </span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjS5QSbCTJWtZXiKEGznudiwmrlw1vEw1w8dUORm-bhBHTEsLPTz9QuruTCG_tS1zO1VdwnoLi_qx2vDFbbcZxe56M3-YL0Cw1db9X55B26z0-p15rZ7uvDdc3C8WL4NordRrjMdjnllM4/s1600/coffin_001.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjS5QSbCTJWtZXiKEGznudiwmrlw1vEw1w8dUORm-bhBHTEsLPTz9QuruTCG_tS1zO1VdwnoLi_qx2vDFbbcZxe56M3-YL0Cw1db9X55B26z0-p15rZ7uvDdc3C8WL4NordRrjMdjnllM4/s1600/coffin_001.jpg" height="400" width="358" /></a></span>cette région montagneuse et boisée. Célibataire âgé de 40 ans, logeant encore chez ses parents, il a eu une maîtresse à Montréal qui lui a déjà donné un fils, mais le couple est maintenant séparé. Coffin est endetté envers le père de Marion Petrie, sa maîtresse. Coffin amène avec lui un autre prospecteur Angus McDonald. La journée même, le 10 juin, il largue son collègue au camp 24 et on ne reverra Coffin qu'en compagnie d'Eugene Lindsay. Ce dernier a rencontré deux américains, eux aussi attirés par la chasse à l'ours et munis d'une jeep mieux adaptée aux terrains accidentés et boueux. Tout le monde passe la nuit au camp 21, sauf Coffin qui a décidé de passer la nuit à la belle étoile. Les dix jours dévolus à Eugene Lindsay étant passés et le trio n'étant pas revenu à la maison, les familles s'inquiètent. On organise une battue à laquelle participe Coffin lui-même. On retrouve la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhkZMpXszlflVPBZbK0nS1PxWbz_dIahS1tI2YE1YwgtwaI7Bi7NRJpnFPn78bThkbhLjG5e9eT99Eb1EbBakoyrxGoBsIbcGK7h3W76uXtJ08za5gLvGqD-PXcKs9xvATtDoJKL6v75sE/h120/P123+Camion+de+marque+Ford+(Internet).jpg">camionnette</a> abandonnée. «<i>En fouillant dans les broussailles autour de ce camp </i>[le camp </span><span lang="FR-CA">21], <i>on découvre le corps déchiqueté d'un homme. Il lui manque la tête. Épars des habits déchirés, des lambeaux de vêtements, un portefeuille vide, des jumelles neuves, une carabine chargée. Grâce à </i></span><span lang="FR-CA"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhkZMpXszlflVPBZbK0nS1PxWbz_dIahS1tI2YE1YwgtwaI7Bi7NRJpnFPn78bThkbhLjG5e9eT99Eb1EbBakoyrxGoBsIbcGK7h3W76uXtJ08za5gLvGqD-PXcKs9xvATtDoJKL6v75sE/s1600/P123+Camion+de+marque+Ford+(Internet).jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhkZMpXszlflVPBZbK0nS1PxWbz_dIahS1tI2YE1YwgtwaI7Bi7NRJpnFPn78bThkbhLjG5e9eT99Eb1EbBakoyrxGoBsIbcGK7h3W76uXtJ08za5gLvGqD-PXcKs9xvATtDoJKL6v75sE/s1600/P123+Camion+de+marque+Ford+(Internet).jpg" height="273" width="400" /></a>ces objets, on iden-</i></span><br />
<span lang="FR-CA"><i>tifiera le squelette, couvert ça et là de chair pourrie comme étant les restes d'Eugene Lindsay. Trois milles plus loin, près du camp 24, deux autres squelettes gisent à quelques pas l'un de l'autre, dans le même état que celui d'Eugene Lindsay, sauf que le crâne est resté attaché au dos. Le tout est méconnaissable : ce sont les vêtements, un soulier, de menus objets qui permettront l'identification de Richard Lindsay et de Frederick Claar. Les trois cadavres ont, de toute évidence, servi de pâture aux ours qui abondent dans les montagnes avoisinantes</i>» (D. Dansereau. <i>Causes célèbres du Québec, </i>Montréal, Léméac, 1974, p. 185). Plus qu'un triple meurtre crapuleux, l'affaire semble recouvert d'un voile de mystères.</span><br />
<br />
<span lang="FR-CA">L'état dans lequel ont été retrouvé les restes permettent peu aux médecins légistes de définir la cause de la mort. Cependant, des résidus de poudre sur les vêtements permettent de penser qu'ils ont été victimes de balles. La mort remonterait au 17 juin, et le vol serait le motif du crime. «<i>C'est peu de jours après la </i></span><span lang="FR-CA"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhbf2iYk89R_AEa-aZz319fuBfLSLa6-wr4CHAtuFwvF3BDLf4yZ4io44kRW86ucI-u3jjIhOsr-2Gi4y2Na1QrtxaaXjV4c7olxoxQAytbJYDh0T1Ny85DylsHkFEN57DQKGuUSfmWMjw/s1600/WILBERT+COFFIN+%C3%80+SON+CAMP.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhbf2iYk89R_AEa-aZz319fuBfLSLa6-wr4CHAtuFwvF3BDLf4yZ4io44kRW86ucI-u3jjIhOsr-2Gi4y2Na1QrtxaaXjV4c7olxoxQAytbJYDh0T1Ny85DylsHkFEN57DQKGuUSfmWMjw/s1600/WILBERT+COFFIN+%C3%80+SON+CAMP.jpg" height="400" width="272" /></a>macabre découverte des victimes que les soupçons sont portés sur <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhbf2iYk89R_AEa-aZz319fuBfLSLa6-wr4CHAtuFwvF3BDLf4yZ4io44kRW86ucI-u3jjIhOsr-2Gi4y2Na1QrtxaaXjV4c7olxoxQAytbJYDh0T1Ny85DylsHkFEN57DQKGuUSfmWMjw/h120/WILBERT+COFFIN+%C3%80+SON+CAMP.jpg">Wilbert Coffin</a>, la dernière personne vue avec l'une </i>[des victimes], <i>Richard Lindsay. Son voyage à Montréal paraît louche, car il coïncide avec la disparition des trois Américains. La parfaite connaissance de ces lieux déserts et les visites fréquentes de Coffin dans la région de la rivière Saint-Jean, où s'élèvent les camps 21 et 24, soufflent à la police l'idée de l'interroger. De plus, elle fait enquête auprès des personnes qu'il a rencontrées avant son départ et durant son voyage de Montréal. Il est arrêté et soumis aux procédures préliminaires dans une affaire de cette nature. Il attendra son procès pendant près d'un an; ce delai inexcusable est caractéristique des régions éloignées quand il faut organiser un procès par jury</i>» (D. Dansereau. <i>ibid. </i>pp. 188-189). Coffin se mettra lui-même les pieds dans les plats lorsque, retrouvant la camionnette abandonnée et disant croire que les chasseurs étaient repartis en l'abandonnant, prendra de menus objets qui s'y trouvaient. Fier d'avoir trouvé un <i>claim </i>en prospectant, il serait parti pour Montréal, puis Val d'Or pour ramener un expert et faire évaluer sa découverte.</span><br />
<br />
<span lang="FR-CA">Coffin n'était pas encore arrêté que des pressions s'exerçaient sur le gouvernement du Québec. La Pennsylvania Federation of Sportsmen's Clubs (200 000 membres) exigent que la Gendarmerie Royale du </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj6dUTxBjZH-6-JAIV50VovJqZXpmSGza34xJ4gYdIlbbd2iBGsIveoDoQTMFeSJd0gm5Z6QE1aJOsxy4zAL55qzg_hdt7eJ6T6VPLbqCsRhKiva3hTH4ec70MH0dYwXGuJwhYy6fzvKU0/s1600/antoinerivard_1954.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj6dUTxBjZH-6-JAIV50VovJqZXpmSGza34xJ4gYdIlbbd2iBGsIveoDoQTMFeSJd0gm5Z6QE1aJOsxy4zAL55qzg_hdt7eJ6T6VPLbqCsRhKiva3hTH4ec70MH0dYwXGuJwhYy6fzvKU0/s1600/antoinerivard_1954.jpg" height="400" width="231" /></a>Canada s'occupe du cas, ce qui en dit long sur la confiance qu'elle porte aux corps policiers québécois! Le représentant de l'État au Congrès parvient à enrôler le Département d'État pour harceler le gouvernement Duplessis qui, à son tour, fait pression sur le solliciteur général <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj6dUTxBjZH-6-JAIV50VovJqZXpmSGza34xJ4gYdIlbbd2iBGsIveoDoQTMFeSJd0gm5Z6QE1aJOsxy4zAL55qzg_hdt7eJ6T6VPLbqCsRhKiva3hTH4ec70MH0dYwXGuJwhYy6fzvKU0/h120/antoinerivard_1954.jpg">Antoine Rivard</a>, pour qu'il mette de la pression sur les corps policiers. Le 1er août 1953, le consul américain rassure le Département d'État que l'enquête est en bonne voie. Bref, il faut vite trouver un ou des coupables aux risques de bâcler l'enquête. Neuf jours plus tard, le 10 août, le capitaine Matte arrête Coffin et le séquestre dans la cave du poste des pompiers, sans possibilité de voir un avocat (ce qui déroge à la règle de l'<i>Habeas Corpus</i>) où il est interrogé sans arrêt mais sans qu'aucune inculpation officielle ne soit déposée. Matte finit par l'envoyer par avion à la prison de Québec où l'interrogatoire passe à la vulgaire torture : ampoule de 500 watts dans la figure, bonne dose de brutalité physique, bref les bonnes vieilles méthodes policières de l'Amérique du Nord. La famille hypothèque la maison familiale pour payer un avocat local, Me Garneau. L'avocat </span><span lang="FR-CA">Raymond Maher de Québec envoie un émissaire pour soudoyer le sergent Doyon afin de se faire engager. Comme il ne réussit pas, il se présente à la famille, vante ses qualités et parvient à se faire engager, </span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiim1y0KF2YITFraDqe4ZiKtu0Yq_tSrwN-LTN03qGm_N_as8-HN7_znNjAhbdwEWawrV4wiYgkN5TLG4lPqg8c8etNFRLY5UZfjpQ8kPN48XrlyEtKdTsDXCx69aWOpEWRNWq9SO3fyDA/s1600/francois_gravel.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiim1y0KF2YITFraDqe4ZiKtu0Yq_tSrwN-LTN03qGm_N_as8-HN7_znNjAhbdwEWawrV4wiYgkN5TLG4lPqg8c8etNFRLY5UZfjpQ8kPN48XrlyEtKdTsDXCx69aWOpEWRNWq9SO3fyDA/s1600/francois_gravel.jpg" height="300" width="400" /></a></span>ainsi que son collègue Me <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiim1y0KF2YITFraDqe4ZiKtu0Yq_tSrwN-LTN03qGm_N_as8-HN7_znNjAhbdwEWawrV4wiYgkN5TLG4lPqg8c8etNFRLY5UZfjpQ8kPN48XrlyEtKdTsDXCx69aWOpEWRNWq9SO3fyDA/h120/francois_gravel.jpg">François Gravel</a>. Ce sont de jeunes avocats qui n'ont à peine que cinq années d'expé-</span><br />
<span lang="FR-CA">rience. Face à eux, le solliciteur général désigne deux procureurs de la Couronne, Me Noël Dorion et Me Paul Miquelon, assistés de Me Georges-Étienne Blanchard procureur de la Couronne de Chandler. Pour le journaliste Jacques Hébert, ils seront complices des policiers dans le camouflage des preuves. Pendant ce temps, les preuves s'accumulent. On trouve chez la compagne de Coffin des articles que les proches des victimes identifient comme appartenant aux leurs. Les deux Américains désignés par Coffin sont retracés, mais qui affirment être partis de Gaspésie le 5 juin. Ce n'est donc pas leur jeep que Coffin prétend avoir vu.</span><br />
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiim1y0KF2YITFraDqe4ZiKtu0Yq_tSrwN-LTN03qGm_N_as8-HN7_znNjAhbdwEWawrV4wiYgkN5TLG4lPqg8c8etNFRLY5UZfjpQ8kPN48XrlyEtKdTsDXCx69aWOpEWRNWq9SO3fyDA/s1600/francois_gravel.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"></a><span lang="FR-CA"><br /></span>
<span lang="FR-CA">À l'enquête bâclée va suivre un procès orienté. Il faut condamner Coffin. Une première enquête du coroner avait pourtant innocenté Coffin, mais l'acquittement est refusé par Dorion. La mise en accusation officielle </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiFoYqgBvmcsykgnvLnr8JgdssJDMUTotx6VabnC_la4eUyYROCidFjGHhMfXIjEOOQnkXL1gGO9Z4pmzPGOu4dvPi96XlCPhq3-c6kgZOtHowJU7lELwlp2uAMSIflh2ZqKwbSz5s0Spc/s1600/DOYON+COFFIN+RIOUX+PHOTO.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiFoYqgBvmcsykgnvLnr8JgdssJDMUTotx6VabnC_la4eUyYROCidFjGHhMfXIjEOOQnkXL1gGO9Z4pmzPGOu4dvPi96XlCPhq3-c6kgZOtHowJU7lELwlp2uAMSIflh2ZqKwbSz5s0Spc/s1600/DOYON+COFFIN+RIOUX+PHOTO.jpg" height="400" width="290" /></a>survient quelques jours après par une enquête préliminaire tenue à Percé. Ce qui n'aide pas, c'est que le jeune Me Maher fait disparaître la carabine de Coffin en la jetant à la rivière, pensant qu'il s'agissait bien de l'arme du crime. De part et d'autre du tribunal, tout converge pour accabler Coffin. Les irrégularités ne cessent de se multiplier rendant le Tribunal officieusement <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiFoYqgBvmcsykgnvLnr8JgdssJDMUTotx6VabnC_la4eUyYROCidFjGHhMfXIjEOOQnkXL1gGO9Z4pmzPGOu4dvPi96XlCPhq3-c6kgZOtHowJU7lELwlp2uAMSIflh2ZqKwbSz5s0Spc/h120/DOYON+COFFIN+RIOUX+PHOTO.jpg">suspect</a>. Des témoins sont strictement encadrés, d'autres feront des faux-témoignages, leurs déclarations seront mal interprétées, enfin Coffin ne déposera même pas à son procès! En moins d'une demi-heure, le jury prononce le verdict de culpabilité. Son exécution est prévue pour le 26 novembre. Sept sursis parviendront à repousser toujours un peu plus loin l'inéluctable échéance. L'appel au banc de la Reine, puis à la Cour Suprême seront refusés puis, ce qui devait sceller le sort de Coffin, celui-ci s'évade de la prison de Québec. Il se rend chez son avocat, Maher, qu le persuade de se livrer immédiatement. L'affaire prend des proportions nationales quand le cabinet fédéral s'en mêle et demande un </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhfb5BpyVXSnAwEOn-rLQI4RvDwkDJwSFidZkOekd13YFdMr7b1krF7Nmgmf9CSNU74Z_YuExwj9H9pa2mXxzk4KjwDJfjON1pTTvhRqvVl52k_ARSiMi9p2DkI23EBbAgoMmpAweqj2aw/s1600/Latest+Edition.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhfb5BpyVXSnAwEOn-rLQI4RvDwkDJwSFidZkOekd13YFdMr7b1krF7Nmgmf9CSNU74Z_YuExwj9H9pa2mXxzk4KjwDJfjON1pTTvhRqvVl52k_ARSiMi9p2DkI23EBbAgoMmpAweqj2aw/s1600/Latest+Edition.jpg" height="231" width="400" /></a>avis à la Cour Suprême. Duples-</span><br />
<span lang="FR-CA">sis, qui veut en finir le plus vite, vitupère que l'affaire est de champ strictement provincial, ce en quoi la Cour Suprême le déboute, mais refuse à Coffin un nouveau procès. Malgré de nouvelles preuves permettant d'innocenter Coffin, le solliciteur général du Canada refuse un nouveau procès de même que la commutation de la peine de mort en sentence à vie. Afin d'ajouter l'insulte à l'outrage, Duplessis refuse que Coffin épouse <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhfb5BpyVXSnAwEOn-rLQI4RvDwkDJwSFidZkOekd13YFdMr7b1krF7Nmgmf9CSNU74Z_YuExwj9H9pa2mXxzk4KjwDJfjON1pTTvhRqvVl52k_ARSiMi9p2DkI23EBbAgoMmpAweqj2aw/h120/Latest+Edition.jpg">Marion Petrie</a> afin de légitimer le fils qu'ils ont eu ensemble.</span><br />
<br />
<span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhILHjWALAIKzqSUe-qoU-WJ_OVZwhrvCIvaGVOdr6zHMMc_lbEzN5MWogLtUJC43WjkzMLKkny5a4qi3HTW8y0776PDXxB2uZyvwFp6cvsReuomaEWzYtXd9U06kjAsRXnFq0kPclfdLo/s1600/hebert_jacques.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhILHjWALAIKzqSUe-qoU-WJ_OVZwhrvCIvaGVOdr6zHMMc_lbEzN5MWogLtUJC43WjkzMLKkny5a4qi3HTW8y0776PDXxB2uZyvwFp6cvsReuomaEWzYtXd9U06kjAsRXnFq0kPclfdLo/s1600/hebert_jacques.jpg" height="400" width="280" /></a>Le 10 février 1956, âgé de 40 ans, Wilbert Coffin est pendu à la prison de Bordeaux à minuit une minute. La veille, il avait laissé à l'aumônier un message pour le capitaine Matte, à l'origine de tous ses malheurs : «<i>Dites-lui qu'il n'a jamais réussi à effacer le sourire de mes lèvres</i>». Par orgueil, il a souri jusqu'à la fin. Le journaliste <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhILHjWALAIKzqSUe-qoU-WJ_OVZwhrvCIvaGVOdr6zHMMc_lbEzN5MWogLtUJC43WjkzMLKkny5a4qi3HTW8y0776PDXxB2uZyvwFp6cvsReuomaEWzYtXd9U06kjAsRXnFq0kPclfdLo/h120/hebert_jacques.jpg">Jacques Hébert</a>, non sans effets rhétoriques, racontera ainsi l'exécution de Coffin :</span><br />
<blockquote class="tr_bq">
<span lang="FR-CA">«<i>Quiconque pourra prendre connaissance sans frémir de cette conversation que nous avons eue avec le Dr Roméo Plouffe, médecin de la prison de Bordeaux, méritera de </i>vivre en paix <i>au milieu des barbares que nous sommes.</i></span></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>Voici, sans littérature, tout cru, le macabre dialogue :</i></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>- Selon vous, docteur, Wilbert Coffin était-il coupable du triple-meurtre dont on l'a accusé?</i></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>- Oui, je crois, puisqu'il a été jugé par nos tribunaux.</i></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>- Vous l'avez visité plusieurs fois, dans sa cellule, avant l'exécution. Protestait-il de son innocence?</i></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>- Je ne m'intéresse pas aux affaires des condamnés. Ce n'est pas mon domaine. Et puis, ils nous demanderaient de voir leur avocat, d'intervenir en leur faveur…</i></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>- Que se passe-t-il immédiatement avant l’exécution?</i></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>- D’abord, dès le matin, le condamné doit revêtir son meilleur complet avec lequel il sera pendu. Dans la journée, on prépare l’échafaud, on huile la trappe. Et puis on prépare le condamné pour la pendaison qui a lieu à minuit et demi.</i></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>- Y avait-il plusieurs témoins lors de l’exécution de Coffin?</i></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>- Une quinzaine environ. Il m’est arrivé d’emmener des collègues assister à une pendaison. Aucun n’a voulu revenir deux fois.</i></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>- Même pour un médecin, c’est trop affreux à voir?</i></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhYa4r5egZoJonNwE8LD9mfp70M8eZNv9xDUwla1uVUwOFPfOxzbTBPj4ksGMxHjT71L6q_X5iO9eoV_3v29atFAw5R3qzE6MnqQu_TYTSSAGeqQBsr3LhW66Po4wn42BjDwBFB57x9Cb4/s1600/coffin_book_001.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhYa4r5egZoJonNwE8LD9mfp70M8eZNv9xDUwla1uVUwOFPfOxzbTBPj4ksGMxHjT71L6q_X5iO9eoV_3v29atFAw5R3qzE6MnqQu_TYTSSAGeqQBsr3LhW66Po4wn42BjDwBFB57x9Cb4/s1600/coffin_book_001.jpg" height="400" width="273" /></a></div>
<i>- C’est ça.</i></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>- Vous vous êtes habitué?</i></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>- On s’habitue à tout. Mais j’avoue que c’est terrible.</i></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>- Coffin était-il calme au moment de monter sur l’échafaud?</i></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>- Oui, je crois. Mais je n’ai pas vu son visage au dernier moment parce que le bourreau lui a placé une cagoule noire sur la tête, comme c’est l’habitude.</i></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>- Est-il mort instantanément?</i></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>- Dans la moyenne : l’agonie a duré entre douze et quinze minutes.</i></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>- Croyez-vous qu’il a souffert?</i></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>- Je ne crois pas. D’ailleurs, quand le bourreau passe la corde autour du cou d’un condamné, il serre le nœud coulant et l’homme perd souvent connaissance. On peut voir plier ses jambes.</i></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>- Que se passe-t-il ensuite?</i></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>- La trappe s’ouvre et l’homme fait une chute de cinq pieds. On procède ensuite à l’enquête du coroner. Nous sommes six médecins pour décider si le pendu est mort par strangulation ou par fracture de la colonne vertébrale.</i> </blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>- Êtes-vous en faveur de la peine capitale?</i></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>- Oui. Car l’expiation doit être proportionnée au crime.</i></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>- Mais selon vous, une pendaison est une chose affreuse?</i></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>- C’est terrible. Ce qu’il y a de plus terrible, c’est moins la pendaison elle-même que le spectacle d’un homme débordant de santé, qui assiste calmement à la messe et qui, quelques minutes plus tard, sera mort.</i></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>L’aumônier protestant de Bordeaux, le Révérend Sam Pollard, un des plus fidèles amis de Coffin, avait dit la messe selon le rite anglican quelques minutes avant l’exécution du prospecteur gaspésien.</i></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>D’une voix calme, Coffin avait répondu à la prière des agonisants. Dans la soirée, cet agonisant de 41 ans, en parfaite santé, avait écrit une lettre à sa famille et rédigé son testament dans lequel il léguait ses concessions minières à son fils James.</i></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>L’office terminé, Coffin embrassa le livre de prières que lui présentait le Révérend Pollard et annonça d’une voix lente ces dernières paroles : "I am not guilty and may God have mercy on my soul".</i></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg1rlEk6e4YVJUl1WhWpoxH77RnrfDmWCZxUBHbijGzFPLF7s_ADLrDGhf6VG0DKlL0A8G7LOsntB556cwMZ2_QydnUk62nYtLz7DWeoPNWlfY4fklCYnueT3h3t0hIZJswBqDWZSM1oNI/s1600/wilbert_coffin1.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg1rlEk6e4YVJUl1WhWpoxH77RnrfDmWCZxUBHbijGzFPLF7s_ADLrDGhf6VG0DKlL0A8G7LOsntB556cwMZ2_QydnUk62nYtLz7DWeoPNWlfY4fklCYnueT3h3t0hIZJswBqDWZSM1oNI/s1600/wilbert_coffin1.jpg" height="300" width="400" /></a></div>
<i>Il se rendit ensuite à l’échafaud et <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg1rlEk6e4YVJUl1WhWpoxH77RnrfDmWCZxUBHbijGzFPLF7s_ADLrDGhf6VG0DKlL0A8G7LOsntB556cwMZ2_QydnUk62nYtLz7DWeoPNWlfY4fklCYnueT3h3t0hIZJswBqDWZSM1oNI/h120/wilbert_coffin1.jpg">mourut</a>.</i></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>Le meurtre de trois chasseurs américains assassinés dans la brousse gaspésienne deux ans et demi plus tôt était vengé.</i></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>L’affaire Coffin, qui avait défrayé la chronique pendant toutes ces années, était bien finie. Du moins, c’est ce que croyaient ceux qui, sans doute à leur insu, venaient d’assassiner légalement un innocent</i>» (J. Hébert. <i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhYa4r5egZoJonNwE8LD9mfp70M8eZNv9xDUwla1uVUwOFPfOxzbTBPj4ksGMxHjT71L6q_X5iO9eoV_3v29atFAw5R3qzE6MnqQu_TYTSSAGeqQBsr3LhW66Po4wn42BjDwBFB57x9Cb4/h120/coffin_book_001.jpg">Coffin était innocent</a>, </i>Montréal, Éditions de l’Homme, 1958, pp. 15-17).</blockquote>
<span lang="FR-CA">Hébert s’est interrogé sur ce sourire énigmatique de Coffin sur le gibet : «<i>Nous n’aurons pas le ridicule de féliciter Coffin de son "courage", de son "héroïsme devant la mort" comme le font immanquablement les journalistes, pour donner, dirait-on, meilleure conscience au peuple qui, dans le tréfonds de son âme, éprouve de l’écœurement chaque fois qu’on pend un homme en son nom. Le sourire de Coffin cachait peut-être la peur instinctive, animale, de l’être vivant qui sait la mort proche. Loin de le diminuer à nos yeux, cette peur n’aurait pu que nous le rendre plus fraternel</i>» (J. Hébert. <i>ibid. </i>pp. 14-15). Mais pour lui, une chose est certaine, c’est que les Québécois des deux langues officielles ne croyaient pas en la culpabilité de Coffin :</span><br />
<blockquote class="tr_bq">
<span lang="FR-CA">«<i>Peu après </i>[l’exécution]<i>, on transportait le corps du prospecteur au petit village de York Center, près de Gaspé, où il habitait. Là, plus de </i>cinq cents <i>personnes s’étaient réunies pour assister au service religieux et accompagner la dépouille de Wilbert Coffin jusqu’au cimetière. Le Révérend Harold Church, ministre anglican de l’église d’York, prit la responsabilité de faire enterrer le pendu </i>en terre consacrée. <i>Parce qu’il le croyait innocent. Avant de jeter la poignée de terre traditionnelle, le Révérend Church eut brusquement l’idée de répéter à haute voix les derniers mots de Coffin : "I am not guilty, and may God have mercy on my soul".</i></span></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>Cette petite phrase, lancée au milieu de la désolation d’un jour d’hiver dans un coin perdu de la Gaspésie, devait ensuite se répercuter, lancinante comme un remords, à travers le Canada tout entier.</i></blockquote>
<div style="text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjpe5NSLYPgBG3V8JQevBL2HXLdPEsyZZDssQ_BsVBb70xdx6aM9leFn0IbO_nWY61m-rust2NDV1dqfRxgEYOMrQny_ktPpODCp6-D5xFMFwfDisIBEaW-dxKbW_6zALqo9zXUZpVrJVc/s1600/72664505_131012831619.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjpe5NSLYPgBG3V8JQevBL2HXLdPEsyZZDssQ_BsVBb70xdx6aM9leFn0IbO_nWY61m-rust2NDV1dqfRxgEYOMrQny_ktPpODCp6-D5xFMFwfDisIBEaW-dxKbW_6zALqo9zXUZpVrJVc/s1600/72664505_131012831619.jpg" height="266" width="400" /></a> </div>
<blockquote class="tr_bq">
<i>Les cinq cents mornes Gaspé</i><i>siens qui revenaient du <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjpe5NSLYPgBG3V8JQevBL2HXLdPEsyZZDssQ_BsVBb70xdx6aM9leFn0IbO_nWY61m-rust2NDV1dqfRxgEYOMrQny_ktPpODCp6-D5xFMFwfDisIBEaW-dxKbW_6zALqo9zXUZpVrJVc/h120/72664505_131012831619.jpg">cimetière</a> ne se demandaient pas si le prospecteur de York Center était innocent : ils en étaient sûrs. Ils connaissaient bien Wilbert Coffin et ses parents, M. et Mme Albert Coffin, descendants d’une vieille famille de loyalistes anglais. Ils aimaient tous Wilbert Coffin, le Roger Bontemps au cœur généreux, toujours prêt à donner sa chemise à plus pauvre que lui. Ils le savaient incapable de faire mal à une mouche. Ils connaissaient sa femme, Marion Petrie, et son jeune fils James.</i></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<i>Mais ils se sentaient impuissants, presque menacés eux-mêmes par cette tyrannie </i>étrangère : <i>la Justice du Québec </i>(J. Hébert. <i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgMv28iFGHilVJHamNpt2vTZdGoCf2RgT4drJEhPLdq8vAnK57gWlH3NMcOBbnwUxoB5jOGI1II0KIZMb53MUIjTA7tuc-B1FMx-AFqkmrFwY5MgivoJCq_SOLd8m6s2tHjMonAx7W2ncU/h120/hebert_j_accuse.jpg">J’accuse les assassins de Coffin</a>, </i>Montréal, Éditions de l’homme, # C13, 1963, pp. 16-17).</blockquote>
<span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgMv28iFGHilVJHamNpt2vTZdGoCf2RgT4drJEhPLdq8vAnK57gWlH3NMcOBbnwUxoB5jOGI1II0KIZMb53MUIjTA7tuc-B1FMx-AFqkmrFwY5MgivoJCq_SOLd8m6s2tHjMonAx7W2ncU/s1600/hebert_j_accuse.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgMv28iFGHilVJHamNpt2vTZdGoCf2RgT4drJEhPLdq8vAnK57gWlH3NMcOBbnwUxoB5jOGI1II0KIZMb53MUIjTA7tuc-B1FMx-AFqkmrFwY5MgivoJCq_SOLd8m6s2tHjMonAx7W2ncU/s1600/hebert_j_accuse.jpg" height="400" width="261" /></a></span>À la lecture de l’avant-dernier paragraphe, nous comprenons à quel point le Wilbert Coffin que la </span><span lang="FR-CA">représentation sociale des Québécois s’est faite est une pure invention de Jacques Hébert! Aussi est-il permis de remettre en question la <i>complète </i>innocence de Coffin. Car, à </span><span lang="FR-CA">peine le corps de Coffin refroidi, de nouvelles
déclarations faisant douter de sa culpabilité surgissaient comme fleurs au
printemps. Des témoins se voyaient condamnés pour parjure. Des officiers de
police et des avocats étaient mutés ou licenciés. Puis, des
individus se déclareront soit complices, soit les assassins des trois
Américains. S’il n’y avait eu toutes ces accumulations de révélations tordues des manigances des juristes et des politiciens, Jacques Hébert n’aurait pu mener le combat de sa vie contre la peine de mort et la corruption judiciaire au Québec.</span><br />
<br />
<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right; margin-left: 1em; text-align: right;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEipcpl7h3EAjx7bCLkZuG4LTJIRNipAWuUHjDPNp7exM5iG4RZSOWrA2vPV_aP-dzQXROg40JPEfvRQyXtxCsDSQCICxh27TRPUEzlSzh9sinNspe0l65dJ8E1dszCEjJuRYvdHp4-FkWc/s1600/justice-and-divine-vengeance-pursuing-crime-1808.jpg" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEipcpl7h3EAjx7bCLkZuG4LTJIRNipAWuUHjDPNp7exM5iG4RZSOWrA2vPV_aP-dzQXROg40JPEfvRQyXtxCsDSQCICxh27TRPUEzlSzh9sinNspe0l65dJ8E1dszCEjJuRYvdHp4-FkWc/s1600/justice-and-divine-vengeance-pursuing-crime-1808.jpg" height="338" width="400" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Pierre-Paul Prud'hon. La Justice et la Vengeance divine poursuivant le crime</td></tr>
</tbody></table>
<span lang="FR-CA">Le tes-</span><br />
<span lang="FR-CA">tament de Coffin est sans doute plus prosaï-</span><br />
<span lang="FR-CA">que que celui versifié dans l’<i>Épita-</i></span><br />
<span lang="FR-CA"><i>phe </i>de François Villon, mais nous n’avons pas de difficulté à mesurer tout ce qui rapproche le destin des pendus du poète du sort rencontré par Hickock, Smith et Coffin. Cela suffit pour montrer que la vengeance reste une réaction affective et peut bafouer la justice qui vise à identifier, sans aucun doute raisonnable, le coupable de la commission d’un crime, si honteux, si scabreux soit-il. Il faut apprendre à distinguer le fait que la vengeance appartient à la fiction, à l’instinct, au fantasme, alors que la Justice appartient à la vérité, à la raison, à l’enquête positive. L’injustice n’apparaît que lorsque l’une entrave l’autre; lorsque la justice se fait vengeance ou que la vengeance se fait justice, ce qui finit par aboutir au même</span><span lang="FR-CA" style="font-family: "Hoefler Text Ornaments";">⌛</span><br />
<br />
<div style="text-align: right;">
<span lang="FR-CA" style="font-family: "Hoefler Text Ornaments";">Montréal,</span></div>
<div style="text-align: right;">
<span lang="FR-CA" style="font-family: "Hoefler Text Ornaments";">28 septembre 2014 </span></div>
</div>
</div>
</div>
</div>
</div>
Coupalhttp://www.blogger.com/profile/14839226309394850656noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-8942859135376014620.post-88979690119872922122014-09-22T14:03:00.003-04:002014-09-23T23:22:58.928-04:00Excommuniés<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div style="text-align: justify;">
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<div style="text-align: justify;">
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<br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhKSglAm8RNYdQzJqBTXfW9SZMNc3nKDTJaRrBlL48HBkxuMJ9waNvUcn0wordcg5kkabtTt2YVVXap8elqpSfQT2X995PTuk3SAis0cwbvXldPZY4Hjhqh5EBa1iGsCNiAR2lU_b1DFdY/s1600/Excommunication.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhKSglAm8RNYdQzJqBTXfW9SZMNc3nKDTJaRrBlL48HBkxuMJ9waNvUcn0wordcg5kkabtTt2YVVXap8elqpSfQT2X995PTuk3SAis0cwbvXldPZY4Hjhqh5EBa1iGsCNiAR2lU_b1DFdY/s1600/Excommunication.jpg" height="400" width="362" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Enluminure. <i>Cérémonie d'excommunication</i></td></tr>
</tbody></table>
</div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: center; text-indent: .05pt;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span lang="FR-CA" style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;">EXCOMMUNIÉS</span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify; text-indent: .05pt;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify; text-indent: .05pt;">
<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right; margin-left: 1em; text-align: right;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjiRs0r1ehBXhll5VB6ogPR7f9LWOjQWTVdY1JlWIhdHULfmIqA40TgdaZ2uCQk_p1QCMqZ22VRlMYQJ-q_Wg7FUx2ji82MSajDwZBrpiAxWo6NDvR2NOnkQEQN9wwoQShiCZZp_H0vxBw/s1600/Excommunication-1.jpg" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjiRs0r1ehBXhll5VB6ogPR7f9LWOjQWTVdY1JlWIhdHULfmIqA40TgdaZ2uCQk_p1QCMqZ22VRlMYQJ-q_Wg7FUx2ji82MSajDwZBrpiAxWo6NDvR2NOnkQEQN9wwoQShiCZZp_H0vxBw/s1600/Excommunication-1.jpg" height="285" width="400" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Le pape Innocent IV excommuniant l’Empereur Frédéric II</td></tr>
</tbody></table>
<span lang="FR-CA">L’Église catho-</span><br />
<span lang="FR-CA">lique ne pratique plus
l’<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhKSglAm8RNYdQzJqBTXfW9SZMNc3nKDTJaRrBlL48HBkxuMJ9waNvUcn0wordcg5kkabtTt2YVVXap8elqpSfQT2X995PTuk3SAis0cwbvXldPZY4Hjhqh5EBa1iGsCNiAR2lU_b1DFdY/h120/Excommunication.jpg">excom-munica-</a></span><br />
<span lang="FR-CA">tion qu’en de très rares occasion où le
dogme ou l'orga-</span><br />
<span lang="FR-CA">nisation ecclésiale sont au cœur de controverses. L’excommunication est une «mise hors de la communauté» de
chrétiens qui défient l’ordre clérical; entendre un ostracisme qui est plus qu’une simple affaire
religieuse, mais également – et surtout – une <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjiRs0r1ehBXhll5VB6ogPR7f9LWOjQWTVdY1JlWIhdHULfmIqA40TgdaZ2uCQk_p1QCMqZ22VRlMYQJ-q_Wg7FUx2ji82MSajDwZBrpiAxWo6NDvR2NOnkQEQN9wwoQShiCZZp_H0vxBw/h120/Excommunication-1.jpg">affaire politique</a>.
C’est la plus lourde des peines canoniques. On la retrouve dans
les deux principales Églises chrétiennes, la catholique et l’orthodoxe, mais
certaines sectes protestantes, comme les Témoins de Jéhovah, possèdent également leur rite d’excommunication. L’excommunication ne signifie pas l’exclusion </span><span lang="FR-CA">de l’Église
elle-même, mais des sacrements, et en particulier l’eucharistie, qui est le
plus important, puisqu’il s’agit de recevoir le corps et le sang de
la divinité chrétienne. En tant que baptisé, </span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg2NYAz91ehr6KMbo92Sq8MxSlMAXL_5Pe6-vA_ZIGglwGH5gnT6uJJjFV6QnCry9cyIIlXJ5kfvcjR7Wls1XlsJghEjowcbURtpMsFLcLq4BMj4crwJEB4Nh3PhwrQrypjREKgKnfhzEQ/s1600/deux-glaives_129957899962448700.gif" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg2NYAz91ehr6KMbo92Sq8MxSlMAXL_5Pe6-vA_ZIGglwGH5gnT6uJJjFV6QnCry9cyIIlXJ5kfvcjR7Wls1XlsJghEjowcbURtpMsFLcLq4BMj4crwJEB4Nh3PhwrQrypjREKgKnfhzEQ/s1600/deux-glaives_129957899962448700.gif" height="400" width="363" /></a></span>l’excommunié demeure en
possibilité d’abjurer ses erreurs, d’exprimer le regret en confession et obtenir la levé de
l’excom-</span><br />
<span lang="FR-CA">munication. En fait, il s’agit d’une pleine soumission à l’autorité
spirituelle et morale de l’Église. E,t au temps où l’Église revendiquait le
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg2NYAz91ehr6KMbo92Sq8MxSlMAXL_5Pe6-vA_ZIGglwGH5gnT6uJJjFV6QnCry9cyIIlXJ5kfvcjR7Wls1XlsJghEjowcbURtpMsFLcLq4BMj4crwJEB4Nh3PhwrQrypjREKgKnfhzEQ/h120/deux-glaives_129957899962448700.gif">double glaive</a> – le glaive spirituel et le glaive temporel -, l’excommunication
était un moyen facile pour le pape d’obtenir la soumission d’un prince turbulent
en le menaçant ainsi de libérer ses vassaux et provoquer
des luttes au sein de sa principauté. Dans la guerre que se livraient dans
l’Italie du XIIe siècle guelfes (partisans du pape) et gibelins (partisans du
pouvoir temporel de l’Empereur), on comprend qu’on y allait pas de main morte
avec les proclamations d’excommunication puisque les princes n’avaient pas
d’instruments psychologiques semblables à opposer au pape ou aux évêques, sinon que de noyauter
un concile et demander la destitution d’un pape politiquement agressif.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify; text-indent: .05pt;">
<span lang="FR-CA">On comprend bien alors pourquoi Dante
place les excommuniés dans le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgRxl9gtu2OTq3kLC-c9rVXTz9az5KDN2QRZZ3POXaU8WUHjz3qz1CX3E2B6EDfWBzCOSi9AUKkiuCyqNA8wkiNETzxrd3KeDjx6eN5IwskZAVzQpIp3NGVZMbol3fLg_gWiH5kT4eujNw/h120/PURGA3.JPG">Purgatoire</a> et non en Enfer. Étant gibelin
lui-même, exilé de sa chère patrie, Florence, comme un paria, il ne peut
qu’éprouver de la </span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgRxl9gtu2OTq3kLC-c9rVXTz9az5KDN2QRZZ3POXaU8WUHjz3qz1CX3E2B6EDfWBzCOSi9AUKkiuCyqNA8wkiNETzxrd3KeDjx6eN5IwskZAVzQpIp3NGVZMbol3fLg_gWiH5kT4eujNw/s1600/PURGA3.JPG" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgRxl9gtu2OTq3kLC-c9rVXTz9az5KDN2QRZZ3POXaU8WUHjz3qz1CX3E2B6EDfWBzCOSi9AUKkiuCyqNA8wkiNETzxrd3KeDjx6eN5IwskZAVzQpIp3NGVZMbol3fLg_gWiH5kT4eujNw/s1600/PURGA3.JPG" height="400" width="312" /></a></span>compassion pour ceux qui sont bafoués par l’autorité
pontificale et jetés hors de la rédemption. L’excom-</span><br />
<span lang="FR-CA">munié devient alors
un symbole, une victime de l’utilisation perverse du pouvoir spirituel dans
une affaire purement temporelle. Mais Dante est suffisamment intelligent pour
savoir que tous les excommuniés ne sont pas d’égale innocence. Aussi,
choisit-il de rencontrer celui qui, à ses yeux, représente sans doute
l’excommunié typique, victime des haines privées des pontifes et exclus de la
communion des chrétiens pour des raisons politiques. Il s’agit de Mainfroy, le
fils favori (et bâtard) de l’empereur Frédéric II Hohenstaufen, le prince qui
règne sur le royaume de Sicile.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify; text-indent: .05pt;">
<span lang="FR-CA">Dante a bien placé l’empereur Frédéric
II en enfer, mais il ne peut s’empêcher de témoigner envers lui la plus grande
admiration. À ses yeux, il était «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">le plus
italien des empereurs au moyen d’un subtil réseau de références</i>», ce qui
n’est pas rien :</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify; text-indent: .05pt;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; margin-top: 0in; text-align: justify; text-indent: .05pt;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’éloge
de sa mère, la reine <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj6y8p5vQu8PU54o7P33UwWBAgHJ18tWCct7AnRuJWplVZPJytHBeVGxpuR76vbGYF81A-4KZaGjl0-tEZv-vpVg2z75HCDa3ZQlkuBTcFZ3_Wl2wEW-q_CNLT1b3xmgEW7SyC9c92mxKM/h120/ConstanceOfAragon.jpg">Constance</a>, et celui de son fils, Manfred, dans </i>La
Divine comédie, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ne peuvent que rejaillir
sur l’empereur. La louange de Dante se fait encore plus </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj6y8p5vQu8PU54o7P33UwWBAgHJ18tWCct7AnRuJWplVZPJytHBeVGxpuR76vbGYF81A-4KZaGjl0-tEZv-vpVg2z75HCDa3ZQlkuBTcFZ3_Wl2wEW-q_CNLT1b3xmgEW7SyC9c92mxKM/s1600/ConstanceOfAragon.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj6y8p5vQu8PU54o7P33UwWBAgHJ18tWCct7AnRuJWplVZPJytHBeVGxpuR76vbGYF81A-4KZaGjl0-tEZv-vpVg2z75HCDa3ZQlkuBTcFZ3_Wl2wEW-q_CNLT1b3xmgEW7SyC9c92mxKM/s1600/ConstanceOfAragon.jpg" height="400" width="277" /></a>directe dans un ouvrage
qu’il consacre à la langue italienne, </i>De Vulgari Eloquentia, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">dans lequel on peut lire : </i>“En
vérité, deux illustres personnages, Frédéric Empereur et Manfred, son fils bien
né, montrant à découvert la noblesse et droiture de leur âme, tant que la
fortune le permit, se conduisirent en hommes véritables dédaignant la manière
de vivre des bêtes. Ainsi, tous ceux qui avaient de la noblesse de cœur et des
dons divins s’efforcèrent de rester attachés à la majesté de tels princes; si
bien que tout ce que les esprits les plus éminents d’Italie produisaient à
cette époque-là voyait le jour à la Cour de ces insignes souverains” <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Sans remettre en cause la tradition
présentant Frédéric II comme un homme sans foi, Dante, gibelin </i>sui generis,
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">accorde une place éminente à cet empereur
qui a su, de son vivant, garantir la paix générale entre ses États et favoriser
le développement de sa première langue</i>» (J.-Y. Frétigné. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Histoire de la Sicile, </i>Paris, Fayard,
2009, p. 184.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Plus que Frédéric, c’est Manfred (Mainfroy) qui soulève la profonde
sympathie du poète. Écoutons la façon dont il nous raconte cette ultime
rencontre : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Et l’un d’eux
commença : “Qui que tu sois, en marchant ainsi, regarde, cherche à te souvenir de moi. Ne m'as-tu pas vue sur la terre?"</i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"> Je me tournai, et je </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEicPVF98X3IeQItq84amQ00naUcG-uPbNzSliYH5jF-Wf-r4_6YXd16gm8NGIMwlB0yjERBWVF9glyhyphenhyphenl50hEEMPTkZkvH4N-8ZRjtNkxEUglCu4JC7nVHhaIFI0o94UNtdJ6Ww6W0TzuQ/s1600/Busto_Manfredi.JPG" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEicPVF98X3IeQItq84amQ00naUcG-uPbNzSliYH5jF-Wf-r4_6YXd16gm8NGIMwlB0yjERBWVF9glyhyphenhyphenl50hEEMPTkZkvH4N-8ZRjtNkxEUglCu4JC7nVHhaIFI0o94UNtdJ6Ww6W0TzuQ/s1600/Busto_Manfredi.JPG" height="400" width="298" /></a>regardai fixement cet esprit : des cheveux blonds accompagnaient une figure douce et agréable; une blessure avait partagé en deux un de ses sourcils. Quand je lui eus répondu que je ne l'avais jamais vu, il ajouta: "Tiens, vois," et il me montra une autre blessure au milieu de sa poitrine. Il reprit en souriant : “Je suis
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgwcZDn-UJEGjCIsHmdUdmh8-MuyjvPowRXFXiGcvS0YxbAaNyIbuGzuoYE3HrWZhGAP9G021jFO9BHrDyaewPmZ0J1eKrqPdPmEDwkSYMIbmW9xT_YiWFmfeOSkeG0oGU0T_vDSgTE5CM/h120/Busto_Manfredi.JPG">Mainfroy</a>, le petit-fils de l'impératrice Constance : aussi je t'en conjure, quand tu retourneras sur la terre, va près de ma noble fille, la mère de ces princes qui sont l'honneur de la Sicile et de l'Aragon : et si on a cherché à l'abuser, dis-lui la vérité. Quand on eut rompu ma vie de deux coups mortels, je me dévouai à Dieu qui pardonne volontiers : mes péchés furent horribles, mais la bonté de Dieu ouvre ses bras généreux à tout ce qui lui demande grâce. Si le pasteur de Cosence, qui reçut de Clément l'ordre d'aller à la chasse de mes ossements, avait lu en Dieu combien sa bonté est grande, ils reposeraient encore à la tête du pont de Bénévent, sous la protection des pierres énormes qui les recouvraient : maintenant la pluie souille ces ossements; ils sont la proie des vents, hors du royaume, près du cours du Verde, où ce prélat les fit jeter avec la malédiction des torches éteintes. Mais la malédiction de ces pontifes n'est pas telle, que </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgFRvC4LtAvsJcfUYNK0LWvB49RarMTmXjROG7gm69dvLKw2wv-5jKyzaXj36YQMzbwLA5WEP-EK14QxhiVn3VCS4eAefj8gxhE5PPuFz-xRLI_yJe6aNTYBBj0QFg6QBelaeLzhFqtT3A/s1600/Benevento-Old_Bridge.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgFRvC4LtAvsJcfUYNK0LWvB49RarMTmXjROG7gm69dvLKw2wv-5jKyzaXj36YQMzbwLA5WEP-EK14QxhiVn3VCS4eAefj8gxhE5PPuFz-xRLI_yJe6aNTYBBj0QFg6QBelaeLzhFqtT3A/s1600/Benevento-Old_Bridge.jpg" height="300" width="400" /></a>l'amour éternel ne puisse nous rendre ses bienfaits tant que la mort n'a pas desséché l'espéran-</i></span><br />
<span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">ce. Il est vrai que celui qui meurt contuma-</i></span><br />
<span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">ce envers la sainte Église, quand même il se repentirait à la fin, doit rester en dehors de ce rocher trente fois autant de temps qu'il en a mis à persister dans sa résistance, à moins que des prières secourables n'abrègent la durée de ses tourments. Vois donc si tu peux me réjouir en révélant à ma tendre Constance que tu m'as vu, et que tu as su de moi la longueur du retard qui nous éloigne du saint royaume; car les prières de là-haut nous soulagent beaucoup dans ce séjour</i></span><span lang="FR-CA">”» Manfred nous dit bien qu’il
est au Purgatoire car il est mort <i style="mso-bidi-font-style: normal;">rebelle
à la sainte Église, </i>mais qu’il s’est repenti depuis et que ses os ayant été
jetés à la rivière est une injustice. Il est vrai, selon ce que raconte
Villani, le grand chroniqueur italien du Moyen Âge, le roi Charles d’Anjou,
vainqueur de Manfred, ne voulut pas que le corps de Manfred, mort excommunié,
soit déposé en terre consacrée. Il le fit enterrer au bout du pont de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiyQRCdPM-4Fz1Z7cJ4zxCZe840z9jYR4c2rxr2UuI65OHLQ9XNJnpKxXLSsHKDj_fMWtzBFQSBNTJuhLkaHUrxpw4CoD5pNa5hSo5mlH2AOG25IjVd_kIZeDo-ucGbim8kg68bUkjePtI/h120/Benevento-Old_Bridge.jpg">Bénévent</a>,
où chaque soldat de l’armée jeta une pierre sur sa fosse. Cette sorte d’amas de
pierres s’appelait <i style="mso-bidi-font-style: normal;">mora. </i>Villani,
moins certains, ajoute, qu’au dire de quelques-uns, l’archevêque de Constanza,
par ordre du pape, fit enlever de ce lieu, qui était de terre d’Église, et
transporter près du fleuve Verde, les os de Manfred. C’est tout cela que
l’ombre raconte à Dante.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Qui était ce <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgpBXRqIXyP2JnYjaht2Jbobjf0GLN6nGGakpf6LiMANxkdWBhUxrORsIHuoX5pZL9Wfgq9MjCzZ9e0_XdhnL9ZOYQdOimkdZTyxFLQ_p77EU3rl-pFOLkHUlQ7T6LGrxy3nSbww4eM130/h120/medium.jpg">Manfred</a> pour lequel Dante ne cache pas son admiration.
Blond et plus beau que son père, Frédéric, il est né de ses amours adultérins
avec la Piémontaise Bianca Lancia (1212-1246). Bien qu’il l’eût </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgpBXRqIXyP2JnYjaht2Jbobjf0GLN6nGGakpf6LiMANxkdWBhUxrORsIHuoX5pZL9Wfgq9MjCzZ9e0_XdhnL9ZOYQdOimkdZTyxFLQ_p77EU3rl-pFOLkHUlQ7T6LGrxy3nSbww4eM130/s1600/medium.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgpBXRqIXyP2JnYjaht2Jbobjf0GLN6nGGakpf6LiMANxkdWBhUxrORsIHuoX5pZL9Wfgq9MjCzZ9e0_XdhnL9ZOYQdOimkdZTyxFLQ_p77EU3rl-pFOLkHUlQ7T6LGrxy3nSbww4eM130/s1600/medium.jpg" height="400" width="310" /></a>épousé, Manfred,
né vers 1232 en dehors des liens matrimoniaux, dut rester toute sa vie
le bâtard de l’Empereur. C’était bien pourtant le fils préféré de Frédéric II,
qui lui avait dédicacé son traité <i style="mso-bidi-font-style: normal;">De arte
venandi cum avibus</i>, et était resté près de lui, présent encore à son chevet
au moment de sa mort. Beaucoup des contemporains s'étonnaient de sa
ressemblance à la fois physique et intellectuelle avec son père. Frédéric ne
changera pas pour autant la règle de succession qui revient à ses fils
légitimes. Manfred n’est que le troisième héritier du royaume de Sicile, ce qui
rend peu possible son accession au trône, aussi, en vue de compenser, Frédéric
l’a-t-il nommé Vicaire du <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Regnum Italiæ </i>et
du <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Regnum Siciliæ. </i>Les heurs et
malheurs de l’Empire, confronté au pouvoir romain, vont décider de son avenir.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Manfred, non dénué d’ambition et encore jeune, décide de s’occuper
de la Sicile continentale et de laisser l’île à son demi-frère Henri. Ce
dernier, encore mineur, voit son tuteur, Pietro Ruffo, gérer son patrimoine.
Mais ce dernier complote à la fois avec le pape et </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg2AF4vUU1um21LfxFEW2td1SVvDyEsJ_LzhdlMD50E0kP__I0bH94nQpdawm260lgvabIAQntQAtiJmrhyCljKf2HdFMxHFZnyYx5k1F7bv4LRttDEy76YxGlCr7ZwX1hkQbBJgR3UTcE/s1600/220px-Conrad_IV_of_Germany.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg2AF4vUU1um21LfxFEW2td1SVvDyEsJ_LzhdlMD50E0kP__I0bH94nQpdawm260lgvabIAQntQAtiJmrhyCljKf2HdFMxHFZnyYx5k1F7bv4LRttDEy76YxGlCr7ZwX1hkQbBJgR3UTcE/s1600/220px-Conrad_IV_of_Germany.jpg" height="400" width="346" /></a>avec son ennemi, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg2AF4vUU1um21LfxFEW2td1SVvDyEsJ_LzhdlMD50E0kP__I0bH94nQpdawm260lgvabIAQntQAtiJmrhyCljKf2HdFMxHFZnyYx5k1F7bv4LRttDEy76YxGlCr7ZwX1hkQbBJgR3UTcE/h120/220px-Conrad_IV_of_Germany.jpg">Conrad IV</a>,
le premier héritier de la Sicile. Chassé d’Allemagne par une croisade prêchée
par le pape Innocent IV, Conrad se rend en Italie et lève les armes contre
Manfred. Comme l’écrit avec justesse Frétigné : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">autant Manfred est un prince italien, autant Conrad est un aristocrate
allemand ne connaissant rien des réalités de la péninsule italienne dont il
ignore jusqu’à la langue. Mais il est appuyé par la famille des Hohenstaufen et
par leurs familiers, au premier rang desquels le puissant Bertold von
Hohenburg. Le bâtard sicilien trouve, quant à lui, ses soutiens auprès de la
noblesse italienne et en particulier auprès des Lancia, la puissante famille de
sa mère</i>» (J.-Y. Frétigné. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ibid. </i>pp.
210-211). C’est le sort qui va finalement jouer en faveur de Manfred.
L’empereur Henri et Conrad IV décèdent coup sur coup. Ne reste d’adversaire que
le pape.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; margin-top: 0in; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Dans l’île de
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiZ3z2SAU-3WPqJIy2LGF4F6YYKk67KfeoxELSLznJNWjPFnbT1oCz2i7fKG1KbAMMuFgA_TaX0k8WP_3qzRC5ebeEbCPvIW4k-sqGU3VnXVVJYT2WZi2V9UkLXn6yLUWpF55wyRWwvF4M/h120/529px-Royaume_de_Sicile_1154.svg.png">Sicile</a>, la situation se révèle encore plus compliquée que sur le continent. En
effet, sur le modèle de celle unissant les villes lombardes, plusieurs cités
siciliennes donnent </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiZ3z2SAU-3WPqJIy2LGF4F6YYKk67KfeoxELSLznJNWjPFnbT1oCz2i7fKG1KbAMMuFgA_TaX0k8WP_3qzRC5ebeEbCPvIW4k-sqGU3VnXVVJYT2WZi2V9UkLXn6yLUWpF55wyRWwvF4M/s1600/529px-Royaume_de_Sicile_1154.svg.png" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiZ3z2SAU-3WPqJIy2LGF4F6YYKk67KfeoxELSLznJNWjPFnbT1oCz2i7fKG1KbAMMuFgA_TaX0k8WP_3qzRC5ebeEbCPvIW4k-sqGU3VnXVVJYT2WZi2V9UkLXn6yLUWpF55wyRWwvF4M/s1600/529px-Royaume_de_Sicile_1154.svg.png" height="400" width="352" /></a></i></span>naissance à une ligue qui décide de se mettre sous la
protec-</i></span><br />
<span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">tion du pape. Tout est donc en place pour que repren-</i></span><br />
<span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">ne la lutte entre les
guelfes et les gibelins. Mais dans son combat contre Rome, Manfred ne dispose
plus, à la différence de son père, du soutien de l’Empire et il doit se trouver
de nouveaux alliés. Au regard de la situation géographique de son royaume, il
est pleinement logique qu’il les recherche en Méditerranée. Ainsi épouse-t-il,
en secondes noces, Hélène, la fille du despote d’Épire à la tête de l’éphémère
Empire latin d’Orient. Mais son choix le plus judicieux et le plus lourd de
conséquences pour l’avenir est le mariage de sa fille Constance avec Pierre
(1239-1285), fils aîné de Jacques Ier, roi d’Aragon et de Catalogne (1208-1276,
roi à partir de 1213). Avec l’Angleterre et la France, le royaume d’Aragon est
la troisième grande puissance européenne. Mais à la différence des deux
premières, elle conduit une politique plus autonome par rapport à Rome.</i></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; margin-top: 0in; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; margin-top: 0in; text-align: justify;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEggbSE9ob3uarLusgBFd7bJuvGxGlORs4jMw3cKv48Q7_TXmTsyMmdm2b_21V6ZsMgNmM9txzXT5OLsppWQDOsL3hbjw_K_VDSOpGlrfvpgsRoc6PpF4SYQGw5x7k3gxCF8lDjdnP2K7Ik/s1600/220px-Manfred_Crowned.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEggbSE9ob3uarLusgBFd7bJuvGxGlORs4jMw3cKv48Q7_TXmTsyMmdm2b_21V6ZsMgNmM9txzXT5OLsppWQDOsL3hbjw_K_VDSOpGlrfvpgsRoc6PpF4SYQGw5x7k3gxCF8lDjdnP2K7Ik/s1600/220px-Manfred_Crowned.jpg" height="400" width="256" /></a><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Dans un premier
temps, Manfred réussit à s’imposer sur le plan militaire. Après avoir triomphé
de l’armée pontificale, il rétablit l’ordre dans son royaume. Aussi confie-t-il
à son oncle maternel, Frédéric Lancia, la mission de réprimer sans pitié les
cités siciliennes qui se sont révoltées contre son autorité : Trapani est
rasée au sol et plusieurs villes de moindre importance voient leurs populations
déportées. Arguant du droit de conquête – Manfred n’a-t-il pas conquis le
royaume occupé par les troupes pontificales? -, il se fait couronner roi de
Sicile en la cathédrale de Palerme. La <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEggbSE9ob3uarLusgBFd7bJuvGxGlORs4jMw3cKv48Q7_TXmTsyMmdm2b_21V6ZsMgNmM9txzXT5OLsppWQDOsL3hbjw_K_VDSOpGlrfvpgsRoc6PpF4SYQGw5x7k3gxCF8lDjdnP2K7Ik/h120/220px-Manfred_Crowned.jpg">cérémonie</a> a lieu le 11 août 1258 en
présence des plus hauts dignitaires du clergé de l’île. </span></i><span lang="FR-CA">[…]</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; margin-top: 0in; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; margin-top: 0in; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Si le danger
venant d’Allemagne est provisoirement écarté, la papauté est loin d’avoir
renoncé à ses droits sur le royaume de Sicile. Après la mort, que l’on dit de
chagrin, du pape Alexandre IV (1254-1261), alors que Rome est encore occupée
par les troupes de Manfred, son successeur Urbain IV (1261-1265) va devenir le
principal artisan de la fin du fils préféré de Frédéric II. Prélat français,
Urbain IV décide d’impliquer pleinement le royaume de France dans les affaires
italiennes. Vingt ans après Innocent IV, qui avait écrit à Henri III roi
d’Angleterre (1216-1272), pour offrir la couronne du royaume de Sicile à son
fils, en qualité bien évidemment de vassal de l’Église, Urbain IV renouvelle en
1263 la proposition, mais il l’adresse cette fois à Louis IX.</span></i><br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh3UvRDTI5bqeDspxrxW_8WIm0D3ekFU5tTyEKmtszt9XMFPTm1mJB8p8v3fvfHniFrxg-s2K1y8tePsTNo6kATdFoJcqXhoy3Hzv4dxUXYVkU86OsLMl37P2y40eX1MzswWNO43WFAIj8/s1600/2882_709c4509.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh3UvRDTI5bqeDspxrxW_8WIm0D3ekFU5tTyEKmtszt9XMFPTm1mJB8p8v3fvfHniFrxg-s2K1y8tePsTNo6kATdFoJcqXhoy3Hzv4dxUXYVkU86OsLMl37P2y40eX1MzswWNO43WFAIj8/s1600/2882_709c4509.jpg" height="396" width="400" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
</div>
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; margin-top: 0in; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; margin-top: 0in; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Saint Louis se
montre intéressé par l’idée de placer son frère cadet, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh3UvRDTI5bqeDspxrxW_8WIm0D3ekFU5tTyEKmtszt9XMFPTm1mJB8p8v3fvfHniFrxg-s2K1y8tePsTNo6kATdFoJcqXhoy3Hzv4dxUXYVkU86OsLMl37P2y40eX1MzswWNO43WFAIj8/h120/2882_709c4509.jpg">Charles Ier d’Anjou</a>
(1227-1285) sur le trône de Sicile car cela ouvrirait au royaume de France des
possibilités d’extension dans toute la Méditerranée, perspective séduisante
pour un roi aspirant à s’imposer à la tête des croisés. Préparé par Urbain IV,
l’accord est scellé par son successeur, Clément IV (1265-1268), juriste-consulte
et conseiller de Louis IX, avant d’être élu pape en 1265. Le 6 janvier 1266,
Charles Ier d’Anjou est couronné roi de Sicile. La cérémonie fastueuse se
déroule à Rome et non à Palerme, solidement tenue par les troupes de Manfred.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; margin-top: 0in; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; margin-top: 0in; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Pour la première
fois, ce dernier doit faire face à une coalition entre l’Église et les forces
militaires du royaume le plus puissant du moment. Aussi n’est-il pas surprenant
que </span></i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj2LFfqpogAdMOOj-R8jQIdJ2YvGpVURpkY8ApUgSoTu3uyyvKVLj5ffmxdKo1AXxmJgnVZJf4dhW7yPP3Vne0e7aE8zi2B6vGYK0AVqFK2ZyNnJTMB3uhdTRM-AgaMH7OH9wcdDcp1Plg/s1600/M005290.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj2LFfqpogAdMOOj-R8jQIdJ2YvGpVURpkY8ApUgSoTu3uyyvKVLj5ffmxdKo1AXxmJgnVZJf4dhW7yPP3Vne0e7aE8zi2B6vGYK0AVqFK2ZyNnJTMB3uhdTRM-AgaMH7OH9wcdDcp1Plg/s1600/M005290.jpg" height="400" width="287" /></a>cinquante jours après le couronnement de Charles d’Anjou, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj2LFfqpogAdMOOj-R8jQIdJ2YvGpVURpkY8ApUgSoTu3uyyvKVLj5ffmxdKo1AXxmJgnVZJf4dhW7yPP3Vne0e7aE8zi2B6vGYK0AVqFK2ZyNnJTMB3uhdTRM-AgaMH7OH9wcdDcp1Plg/h120/M005290.jpg">Manfred</a> soit
vaincu à Bénévent. En ce jour du 26 février 1266, comprenant qu’il ne peut
vaincre, il se jette à corps perdu dans la bataille afin d’y trouver une mort
héroïque et digne du nom qu’il porte. Bien qu’il soit peu enclin aux sentiments
de pitié, Charles d’Anjou est touché par sa bravoure et décide d’assurer une
sépulture décente à son ennemi, pourtant excommunié. Mais le pape Clément IV ne
l’entend pas ainsi et il charge l’archevêque Cosenza de déterrer le
mort pour disperser ses os dans les flots du Garigliano ou fleuve Vert :
terrible vengeance posthume de la papauté contre l’avant-dernier Hohenstaufen à
lui avoir résisté…</span></i><span lang="FR-CA">» (J.-Y. Frétigné. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ibid. </i>pp. 211 à 213)</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; margin-top: 0in; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Manfred n’était alors âgé que de vingt-six ans!</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Tout prédisposait donc ce jeune et beau Manfred à être
le truchement des excommuniés. Mais tous les excommuniés ne sont pas des
victimes de rivalités entre le glaive spirituel et le glaive temporel. Plus
souvent, à l’origine du christianisme comme depuis Vatican II, l’affaire de
l’excommunication concerne des conflits intérieurs à l’Église. Il en fut ainsi
du patriarche de Constantinople, Photius (820-891).</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Longtemps, les catholiques ont tenu Photius comme étant
à l’origine du Grand Schisme de l’Église chrétienne. Grand érudit, Photius
forçait l’admiration de la cour de l’impératrice Théodora et même de ses
ennemis personnels. À la cour byzantine, on trouvait des ambitieux, dont le
propre frère de l’impératrice, Bardas, et son neveu l’empereur Michel III qui
s’opposait au patriarche Ignace qui attirait à lui les moines byzantins les
plus radicaux en termes de moralité et de dogmatisme. C’est alors que Photius
fut choisi pour remplacer Ignace :</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Les activités
patriarcales de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjnkdXx63VBYCVhlgnETEqUhWnbbnApMqAvZVUc1rTQeOwPTpXW7kMKNs3IPbHOWEihqnRjAqWDG3p_fMs9wxXgn6VklusUlG6DP8oA8LP-9M3S1CBgT2GZmf51FN4zV6vm6lLcFMWCO2A/h120/220px-650PX-06-FotieB1A2.PNG">Photius</a> suscitèrent une forte opposition et lui firent des
ennemis qui surent le peindre sous des couleurs tellement malveillantes qu’ils
ruinèrent sa </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjnkdXx63VBYCVhlgnETEqUhWnbbnApMqAvZVUc1rTQeOwPTpXW7kMKNs3IPbHOWEihqnRjAqWDG3p_fMs9wxXgn6VklusUlG6DP8oA8LP-9M3S1CBgT2GZmf51FN4zV6vm6lLcFMWCO2A/s1600/220px-650PX-06-FotieB1A2.PNG" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjnkdXx63VBYCVhlgnETEqUhWnbbnApMqAvZVUc1rTQeOwPTpXW7kMKNs3IPbHOWEihqnRjAqWDG3p_fMs9wxXgn6VklusUlG6DP8oA8LP-9M3S1CBgT2GZmf51FN4zV6vm6lLcFMWCO2A/s1600/220px-650PX-06-FotieB1A2.PNG" height="400" width="282" /></a>réputation pour des siècles. D’après leur description, Photius
était un homme sans scrupules et si ambitieux d’être patriarche qu’il conspira
avec le gouvernement de Michel III et de Bardas pour détrôner Théodora, puis
leur prêta son assistance pour se défaire d’Ignace, dont le seul tort était
d’avoir fustigé Bardas pour son immortalité. Quand Ignace refusa d’abdiquer,
Photius s’empara de son trône et persécuta sans merci Ignace et les siens.
Aveuglé par son orgueil et son ambition, Photius essaya d’obtenir
l’approbation officielle du pape Nicolas Ier en travestissant toute cette
histoire, mais le pape, tenu au courant par les émissaires d’Ignace, refusa de
reconnaître un patriarche qui s’était hissé au pouvoir en défi du droit canon.
Sans tenir compte de ce verdict, Photius rassembla un synode de l’Église
orientale, déposa le pape et créa le premier schisme. Ce ne fut que quand le
pieux empereur Basile Ier eut tué l’inique empereur Michel III, dont le règne
avait fait le dégoût de Byzance, que Photius reçut son <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjGxfxUhieSSMa6GS5ThhfcWhLiu7GUUOj1W0OIZ6ewEezU7xOe0JJgimVtQRWF_MuM3iNhTJaW4eS9sQh7vz3pSlUWElZ4PvbXbvisDSRx9uQeUn1_BDAKXuNoZYIbLxpmMnoT6-CAwJU/h120/photius.jpg">châtiment</a>. Il fut
</i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjGxfxUhieSSMa6GS5ThhfcWhLiu7GUUOj1W0OIZ6ewEezU7xOe0JJgimVtQRWF_MuM3iNhTJaW4eS9sQh7vz3pSlUWElZ4PvbXbvisDSRx9uQeUn1_BDAKXuNoZYIbLxpmMnoT6-CAwJU/s1600/photius.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjGxfxUhieSSMa6GS5ThhfcWhLiu7GUUOj1W0OIZ6ewEezU7xOe0JJgimVtQRWF_MuM3iNhTJaW4eS9sQh7vz3pSlUWElZ4PvbXbvisDSRx9uQeUn1_BDAKXuNoZYIbLxpmMnoT6-CAwJU/s1600/photius.jpg" height="400" width="307" /></a>détrôné et condamné solennellement par le huitième concile œcuménique
(869-870), la </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">grande source de la législation canonique en Occident au moyen
âge. Après la mort d’Ignace, Photius revint en faveur auprès de l’empereur et
reprit possession du trône; pour s’assurer l’approbation du pape qui inclinait
à la conciliation, il trompa celui-ci en faussant ses lettres et celles que le
pape avait envoyées à l’empereur et aux Pères du concile réunis pour examiner
son cas, suborna les légats du pape et falsifia les actes du concile. Quand
Jean VIII se rendit compte de la supercherie du Grec, il l’excommunia sans
cérémonie. De là le second schisme qui devait durer jusqu’à la fin du IXe siècle
et assombrir le Xe. Enfin se produisit la grande rupture entre l’Occident et
l’Orient qui a résisté à tous les efforts de réconciliation et fut si
désastreuse pour le christianisme </i>[1054]» (F. Dvornik. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le schisme de Photius, </i>Paris, Éditions du Cerf, 1950, pp. 32-33).</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 0in; margin-right: 2.5pt; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Ce scénario est celui qui a longtemps eu cours dans l’interprétation
occidentale des premiers schismes entre l’Église d’Orient et l’Église
d’Occident. Photius apparaissait comme une âme diabolique, nourrie par ses
ambitions personnelles et l’audace jusqu’à lui-même s’approprier ce droit
exclusif d’excommunier le pape! L’entreprise érudite et critique des documents
par Dvornik a donné des connaissances historiques qui ont forcé à réviser tout cela.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 0in; margin-right: 2.5pt; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Pour Bardas et <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhTYzwmIJRiv3yJFMNqUjnnDIeFQqpcfZkE6l6i5VJPsXC11LnlnhfKx2oxJqooN1nXCpVDr0YPMGhhNYRAZYM0o0LvOCnmvIBRhsmANkEZTdn9a5cG2WY0NL2uLKTP2YNeEZWqr_Unzl8/h120/michel_III_theodora.gif">Michel</a>, le basileus, il fallait trouver un consensus
entre les différentes tendances au sein de l’Église d’Orient. Le patriarche
Ignace, ancien moine, était réputé pour sa rigueur alors que Bardas, </span><span lang="FR-CA">lui, </span><span lang="FR-CA">voulait une église plus «libérale». Le synode convoqué à cet effet trouva en
Photius, le protoasekretis, l’homme que l’empereur et Bardas avaient eu en vue
dès les commencement. «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le choix plut au
gouvernement et à tous les évêques présents, à l’exception de cinq des plus
réfractaires </i>[…]. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Pourquoi la plupart
des évêques ignatiens se sont-ils ralliés à Photius? D’abord parce que c’était
un </i></span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhTYzwmIJRiv3yJFMNqUjnnDIeFQqpcfZkE6l6i5VJPsXC11LnlnhfKx2oxJqooN1nXCpVDr0YPMGhhNYRAZYM0o0LvOCnmvIBRhsmANkEZTdn9a5cG2WY0NL2uLKTP2YNeEZWqr_Unzl8/s1600/michel_III_theodora.gif" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhTYzwmIJRiv3yJFMNqUjnnDIeFQqpcfZkE6l6i5VJPsXC11LnlnhfKx2oxJqooN1nXCpVDr0YPMGhhNYRAZYM0o0LvOCnmvIBRhsmANkEZTdn9a5cG2WY0NL2uLKTP2YNeEZWqr_Unzl8/s1600/michel_III_theodora.gif" /></a></span>homo novus<i style="mso-bidi-font-style: normal;">; il appartenait bien au
parti libéral, mais n’avait pas eu encore l’occasion de montrer ouvertement ses
couleurs. Son orthodoxie était hors de doute, car il avait été persécuté par
les iconoclastes. Il était parent de Théodora dont les évêques ignatiens
regrettaient vivement le gouvernement; il y avait donc quelque espoir qu’il se
montrât moins empressé au service du nouveau régime. D’un autre côté, il était
parent de Bardas et ce fait le recommandait au gouvernement. Mais il ne faut
pas oublier que Photius devait sa carrière à Théoctiste, le logothète, qui
l’avait d’abord nommé professeur à l’Université de Constantinople, puis
directeur de la chancellerie impériale. C’est surtout cette circonstance qui le
recommandait aux intransigeants, amis du régime de Théoctiste et de Théodora</i>»
(F.Dvornik. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ibid. </i>pp. 91 et 92). Le
reste consistait à des formalités : en six jours, il reçut tous les degrés
de la prêtrise. Des évêques des deux partis acceptèrent de donner l’onction à
Photius comme patriarche de Constantinople en décembre 858.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 0in; margin-right: 2.5pt; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Photius apporta la paix entre les partis, mais elle ne dura pas. Les
extrémistes qui suivaient le camp ignatien se déchaînèrent contre Photius. Un
autre synode est convoqué où la dispute entraîne des gestes extrêmes. Bardas
sévit alors avec une répression peu commune. Photius est placé devant le fait
accompli : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">La vérité… est que
Photius n’approuvait pas du tout la sévérité avec laquelle le gouvernement
réprima </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjDv28RUzVgb0TYhILcYUJzF4hdleXWhv9JSOEMSnnpQO2cQnC5CAlRV2j6vp8bOTBtIxas93Mq53LInZQuHQ6yLqAGVEe2WbzEcUYZxqvh30r4FWiWsLenyMW2BvoTK462agvWHJk-tBI/s1600/061208_st_nicolas1.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjDv28RUzVgb0TYhILcYUJzF4hdleXWhv9JSOEMSnnpQO2cQnC5CAlRV2j6vp8bOTBtIxas93Mq53LInZQuHQ6yLqAGVEe2WbzEcUYZxqvh30r4FWiWsLenyMW2BvoTK462agvWHJk-tBI/s1600/061208_st_nicolas1.jpg" height="400" width="264" /></a></span></i></span>la révolte. Dans une de ses lettres à Bardas, probablement la première
après la crise, il se plaignit amèrement de la brutalité du gouvernement dans
sa poursuite des coupables. Un petit passage de cette lettre semble dire que la
vraie raison de la nouvelle dissension dans le clergé byzantin était sa </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"></span>loyauté
envers le nouveau régime et que les révoltés avaient gravement transgressé les
lois du pays. “Nous aurions de beaucoup préféré – écrit-il à Bardas – trouver
en vous l’homme qui punirait les coupables et non celui qui se rendrait
coupable de tels méfaits.” Le patriarche se plaint aussi de ce que la moitié de
sa juridiction soit perdue </i>[…]<i style="mso-bidi-font-style: normal;">, et il
ajoute, esquissant une menace de démission, qu’il préférerait perdre le tout. À
une autre occasion il intercède pour le secrétaire Christodoulos, probablement
l’un des chefs de la révolte, et pour le chartophylax Blasius, qui eut la
langue coupée</i>» (F. Dvornik. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p.
104).<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Tout ce temps, le pape <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjDv28RUzVgb0TYhILcYUJzF4hdleXWhv9JSOEMSnnpQO2cQnC5CAlRV2j6vp8bOTBtIxas93Mq53LInZQuHQ6yLqAGVEe2WbzEcUYZxqvh30r4FWiWsLenyMW2BvoTK462agvWHJk-tBI/h120/061208_st_nicolas1.jpg">Nicolas Ier</a> se montre conciliant envers Bardas et Michel III, mais il doute que le procès
intenté à Ignace soit juste.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 0in; margin-right: 2.5pt; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">L’affaire va s’envenimer avec la question bulgare. Les bulgares
seront-ils chrétiens d’Occident comme le souhaite le pape ou chrétiens d’Orient
comme l’entend l’empereur Michel III. Dans ce contexte, le rapprochement entre
Ignace et le pape est clair. Nicolas en voudra au basileus d’avoir ramené les
bulgares dans le giron oriental. Michel, qui avait convoqué un concile pour
démettre une fois pour toute la tendance ignatienne, fut fustigé par le pape
qui refusa désormais que, fidèle à la tradition constantinienne, les empereurs
convoquent les conciles. Cela devenait une prérogative pontificale. En termes
politiques, cela indiquait une soumission des institutions byzantines à la Rome
chrétienne occidentale. L’affaire ne pouvait </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhMla_sTq7tLA_PICXWDdEgQDG2r8yhOxWCQWL79gbN_RAa7FzjsBY4K7sKpS8tE_pW-PSCgXgI13z2Oc-omO-Of4pIugU3-CLLqsxUcmgBcuKKnQvaDqfAIzCoQlPxJQTYrD83zk25FhU/s1600/louis_ger.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhMla_sTq7tLA_PICXWDdEgQDG2r8yhOxWCQWL79gbN_RAa7FzjsBY4K7sKpS8tE_pW-PSCgXgI13z2Oc-omO-Of4pIugU3-CLLqsxUcmgBcuKKnQvaDqfAIzCoQlPxJQTYrD83zk25FhU/s1600/louis_ger.jpg" height="400" width="303" /></a>que mener à un concile tenu en 867
à Constantinople dont, nous dit Dvornik, «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">nous
ne pouvons en déduire d’une façon sûre que les faits suivants : le concile
eut réellement lieu, quoique certains ignatiens aient voulu nier son existence
même. Les Pères ayant pris part à ce concile furent très nombreux. Le pape
Nicolas y fut jugé et condamné. Enfin, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhMla_sTq7tLA_PICXWDdEgQDG2r8yhOxWCQWL79gbN_RAa7FzjsBY4K7sKpS8tE_pW-PSCgXgI13z2Oc-omO-Of4pIugU3-CLLqsxUcmgBcuKKnQvaDqfAIzCoQlPxJQTYrD83zk25FhU/h120/louis_ger.jpg">Louis II</a></i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhMla_sTq7tLA_PICXWDdEgQDG2r8yhOxWCQWL79gbN_RAa7FzjsBY4K7sKpS8tE_pW-PSCgXgI13z2Oc-omO-Of4pIugU3-CLLqsxUcmgBcuKKnQvaDqfAIzCoQlPxJQTYrD83zk25FhU/h120/louis_ger.jpg"> [le Germanique</a>, empereur
romain d’Occident] fut acclamé à la fin du concile, comme empereur, et cela en
présence et avec le consentement de Michel et de Basile» (F. Dvornik. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 181-182). Bref, les Pères
entendaient que Louis II destitue le pape de sa fonction. Dans ce scénario,
Photius, en excommuniant Nicolas, voulait gagner l’aide des Occidentaux, d’où
la promotion d’un prince allemand au titre impérial. Ce qui était au cœur de
l’affaire, c’était la Bulgarie et la condamnation des évêques occidentaux
envoyés par le pape faire du missionnariat dans une zone que Byzance
s’attribuait exclusivement. Dans sa correspondance avec Boris, le roi bulgare,
Photius tend à mettre de l’avant le Patriarche de Constantinople devant le
pontife romain. Tout convergeait vers une dissociation de l’Église chrétienne.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ces
considérations peuvent expliquer la manière d’agir de Photius. Mais ces raisons
ne suffisent pas pour excuser sa dernière initiative, qui fut fatale. En osant
prononcer un jugement sur un pape, Photius commit une chose inouïe dans
l’histoire jusqu’alors. Il compromit l’unité de la chrétienté, chose
inexcusable et injustifiable. Son geste devint par la suite, à tort ou à
raison, peu importe, un exemple qu’invoquèrent et imitèrent tous ceux qui
devaient à leur tour déchirer l’unité de l’Église.</i></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Le geste de
Photius était de plus prématuré, étourdi et inconsidéré. Photius eut tort
</span></i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiCnmTdLdIrk0HDxUG1MqssXLZjC6DAJZd-CZQXgeZPZzCwYJArEBNHAuvqD0_njh4AjJ2WW_bdRZN44fX-KP-3f12G90usb12iZo7RkcL_YLPN_6as6fO-Bzkokf2rMTmu6WNO1T9OqYw/s1600/f1.highres.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiCnmTdLdIrk0HDxUG1MqssXLZjC6DAJZd-CZQXgeZPZzCwYJArEBNHAuvqD0_njh4AjJ2WW_bdRZN44fX-KP-3f12G90usb12iZo7RkcL_YLPN_6as6fO-Bzkokf2rMTmu6WNO1T9OqYw/s1600/f1.highres.jpg" height="400" width="236" /></a>d’abandonner son attitude de calme attente. La Providence était en train
d’arranger les choses et le patriarche n’avait qu’à se confier à elle. Nicolas
était mort le 13 novembre, ignorant la sentence lancée contre lui par les
Orientaux. Une lettre d’Anastase le Bibliothécaire à Ado de Vienne, écrite le
14 décembre 867, nous apprend que le mécontentement suscité par la politique de
Nicolas était alors général à Rome. Anastase, son principal collaborateur,
craignait fort pour l’avenir de toute l’œuvre du pape. L’attitude de son
successeur, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiCnmTdLdIrk0HDxUG1MqssXLZjC6DAJZd-CZQXgeZPZzCwYJArEBNHAuvqD0_njh4AjJ2WW_bdRZN44fX-KP-3f12G90usb12iZo7RkcL_YLPN_6as6fO-Bzkokf2rMTmu6WNO1T9OqYw/h120/f1.highres.jpg">Adrien II</a>, n’était pas encore connue, et Anastase se demandait avec
inquiétude si le nouveau pape, se laissant gagner par les ennemis de son
prédécesseur, n’allait pas inaugurer une toute autre politique</span></i><span lang="FR-CA">» (F. Dvornik. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp.
193-194).</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 0in; margin-right: 2.5pt; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">À Byzance, les choses changèrent également. Michel III avait déjà
fait occire son complice Bardas qu’il avait remplacé par son parakimomène
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEix_j-eFfqURhQlycZk6NKLBLNCrvoNC7sKJwRcVu0T6uyDkoMqOjllcnFSShfjY3gc87M5VfCdexLWNTKb35nGWYIx3zW5QfLNeXc4K8J8ydzTC45B1Yp6CaJ53xNdaeGrB9sZ2f1DHO0/h120/Basil_I_(867-886)_from_the_Chronikon_of_Ioannis_Skylitzes.jpg">Basile le Macédonien</a>, le </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEix_j-eFfqURhQlycZk6NKLBLNCrvoNC7sKJwRcVu0T6uyDkoMqOjllcnFSShfjY3gc87M5VfCdexLWNTKb35nGWYIx3zW5QfLNeXc4K8J8ydzTC45B1Yp6CaJ53xNdaeGrB9sZ2f1DHO0/s1600/Basil_I_(867-886)_from_the_Chronikon_of_Ioannis_Skylitzes.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEix_j-eFfqURhQlycZk6NKLBLNCrvoNC7sKJwRcVu0T6uyDkoMqOjllcnFSShfjY3gc87M5VfCdexLWNTKb35nGWYIx3zW5QfLNeXc4K8J8ydzTC45B1Yp6CaJ53xNdaeGrB9sZ2f1DHO0/s1600/Basil_I_(867-886)_from_the_Chronikon_of_Ioannis_Skylitzes.jpg" height="336" width="400" /></a>21 août 866. Un an plus tard, le<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>23 septembre 867, c’est au tour de Basile de
faire assas-</span><br />
<span lang="FR-CA">siner Michel, juste après le synode de l’été 867 où Photius avait
déclaré la papauté et l’Église latine hérétiques sur plusieurs points,
notamment l’ajout du <i>Filioque </i>au Credo, l’exclusion des hommes mariés du
sacerdoce, le jeûne du samedi, l’usage du pain azyme pour l’eucharistie et
déposer et excommunier le pape. Tandis que le pape Adrien reprit à son compte
la politique de Nicolas, Basile devenait empereur. Photius, pris dans une
situation délicate, refusa la communion à l’empereur et le blâma pour les
assassinats commis. Arrêté, Photius fut ensuite conduit devant un tribunal qui
le condamna, lui et son consécrateur. Officiellement déposé, accusé d’hérésie
pour avoir soutenu que l’être humain était doté de deux âmes différentes, il se
voyait condamné à la relégation dans le monastère de Sténos, sur le Bosphore en
870. Adrien demanda le retour d’Ignace et le roi Boris son retour au sein de
l’Église orthodoxe. Il semblait que tout revenait au point de départ.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 0in; margin-right: 2.5pt; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Et, en effet, les relations entre Photius et Ignace revinrent au beau
fixe. Photius flatta la vanité de l’empereur Basile et l’on s’arrangea pour que
Photius bénéficie du patriarcat de Constantinople à la mort d’Ignace, ce qui
arriva en octobre 877. Même le pape Jean VIII convint de l’arrangement. Alors
qu’est-ce qui ne marcha pas?</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 0in; margin-right: 2.5pt; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Un nouveau concile se tint au tournant de l’année 879-880 qui
confirma la restauration de Photius, le retour de la Bulgarie sous le giron
byzantin, et l’on traça les limites entre le pouvoir du patriarche et celui du
pape. Mais, entre temps, Photius s’était rapproché de Basile. L’empereur
se voyait alors tourmenté par son héritier </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgZT2y1ysmDbmtwvQ0qr_XwR7PJEH6KG96WAc3pwF44JoHUNInIuQ-e09MHdbc2hnYOD6DbqqDcn0oXzOcJeHpsbP4sh_E0QGGi6LWA1ToJ68zyfNWQowdb_1VY_mVkgUeS93GG-tViVuU/s1600/basil210.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgZT2y1ysmDbmtwvQ0qr_XwR7PJEH6KG96WAc3pwF44JoHUNInIuQ-e09MHdbc2hnYOD6DbqqDcn0oXzOcJeHpsbP4sh_E0QGGi6LWA1ToJ68zyfNWQowdb_1VY_mVkgUeS93GG-tViVuU/s1600/basil210.jpg" height="250" width="400" /></a>Léon, déclenchant même des <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgZT2y1ysmDbmtwvQ0qr_XwR7PJEH6KG96WAc3pwF44JoHUNInIuQ-e09MHdbc2hnYOD6DbqqDcn0oXzOcJeHpsbP4sh_E0QGGi6LWA1ToJ68zyfNWQowdb_1VY_mVkgUeS93GG-tViVuU/h120/basil210.jpg">scènes</a> assez
violentes en public. La chose frôla l’accu-</span><br />
<span lang="FR-CA">sation de complot et Léon échappa de
peu à la sentence ordinaire dans ces cas : l’aveuglement. Tout ce temps,
Photius avait soutenu vivement Basile et, à sa mort, Léon devint empereur
byzantin (29 août 886). C’est alors que l’étau se referma sur Photius. D’abord,
il est évident que Photius s’est détaché des résolutions du concile de 879-880,
mais surtout, Léon VI désirant se débarrasser de Photius, le força
à la démission<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>(29 septembre 886) pour
le remplacer par son jeune frère, Étienne. Photius serait mort en février 892 peu de
temps avant l’arrivée de son excommunication officielle.</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 0in; margin-right: 2.5pt; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Dvornik ne cesse de réinterroger cette missive du pape <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi7lVsZpdgYNNI7amJR-RDD5ZapQdyN3C8V1oudNTaYvoC1_h6Rhl_q0e09A7m08QGU49mk8tn6buAUAX2FnDKVzKQevVNNUka3V1pfVNec20Obezba-IZ7QCOg0iMrtGssL905jLUS1Gc/h120/formose.jpg">Formose</a>
(891-896) dont il atténue la portée comme symbole du schisme qui s’esquisse
entre les deux églises. La condamnation de Photius semble ramener au processus
par lequel Bardas et Michel III l’avait fait monter à la prêtrise, Grégoire
Asbestas n’ayant pas été ordonné par l’autorité romaine. On peut en effet lire
dans ce document :</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Photius ne
pouvait rien donner, sinon la condamnation qu’il a contractée par l’imposition
d’une main impie [Grégoire Asbestas, le consécrateur de Photius] et il a donné
la condamnation. Comment celui qui se joint à un condamné peut-il recevoir une
dignité? Fais attention : quand tu demandes miséricorde pour l’ordonné, tu
sembles t’unir à l’ordonnant, </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi7lVsZpdgYNNI7amJR-RDD5ZapQdyN3C8V1oudNTaYvoC1_h6Rhl_q0e09A7m08QGU49mk8tn6buAUAX2FnDKVzKQevVNNUka3V1pfVNec20Obezba-IZ7QCOg0iMrtGssL905jLUS1Gc/s1600/formose.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi7lVsZpdgYNNI7amJR-RDD5ZapQdyN3C8V1oudNTaYvoC1_h6Rhl_q0e09A7m08QGU49mk8tn6buAUAX2FnDKVzKQevVNNUka3V1pfVNec20Obezba-IZ7QCOg0iMrtGssL905jLUS1Gc/s1600/formose.jpg" height="320" width="291" /></a>selon la parole du Seigneur : “Vous serez ou
un bon arbre et ses fruits seront bons, ou un mauvais arbre et ses fruits
seront mauvais”. Est-ce qu’un figuier peut porter des raisins et une vigne des
figues? Cette [notre] Église à laquelle appartiennent de telles choses devrait
infliger les punitions les plus sévères pour qu’ainsi la vôtre soit bien
épurée. Mais notre bonté et notre clémence nous en empêchent et elles nous
conseillent de tolérer une chose, mais d’en déraciner complètement une autre.
C’est dans ce but que nous avons envoyé de notre côté (</i>a latere nostro<i style="mso-bidi-font-style: normal;">) les très pieux évêques Landulphe de Capoue
et Romain. Nous invitons Ta Sainteté à s’entendre avec eux. De même
Théophylacte, métropolite d’Ancyre, et Pierre, notre fidèle. Mais veillez à ce
qu’avant tout la sentence concernant Photius le transgresseur et le violateur
de la loi, sentence prononcée synodiquement par nos prédécesseurs, les pontifes
œcuméniques, et confirmée en outre par notre Humilité, demeure à jamais ferme
et inchangée. Quant à ceux qui ont été ordonnés par Photius, nous avons
prononcé une sentence clémente : ils auront à présenter les </i>libelli <i style="mso-bidi-font-style: normal;">en reconnaissant qu’ils ont péché et à
demander pardon par la pénitence en promettant de ne jamais retomber dans ce
péché. Ayant fait ceci, Ta Sainteté accomplira aussi le reste, conformément à
notre ordre et d’accord avec les légats mentionnés plus haut, sans y ajouter et
sans y changer quoi que ce soit. Lorsqu’ils auront été reçus par nous et par Ta
Révérence dans la communion des fidèles, en tant que laïcs, le scandale aura
disparu. Quand tout cela sera accompli, si quelqu’un par mieux se refusait à
communier avec vous, qu’il sache qu’il serait également séparé de notre
communion. Portez-vous bien dans le Christ</i>» (Cité in F. Dvornik. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 348-349).</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 0in; margin-right: 2.5pt; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">C’est ainsi que Formose répondait à l’archevêque Stylien, ignatien
au service de Léon. Photius devenait </span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhAEgH5SyCkzGBrjbAb_dPhzjQ3NnavamYzeqnvQLS_hICS1U_fb8pv_lSsyNtL9KzFDNNCw-37wYzt1MIncsxdtSKixaHIai4SgP6NmnhnAiXJt_8Z3fLEZErZIGJMeT-hSbW77jqeZRU/s1600/518px-Moscow_Kremlin_fresco_about_war_in_860.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhAEgH5SyCkzGBrjbAb_dPhzjQ3NnavamYzeqnvQLS_hICS1U_fb8pv_lSsyNtL9KzFDNNCw-37wYzt1MIncsxdtSKixaHIai4SgP6NmnhnAiXJt_8Z3fLEZErZIGJMeT-hSbW77jqeZRU/s1600/518px-Moscow_Kremlin_fresco_about_war_in_860.jpg" height="400" width="345" /></a></span>l’âne de la fable sur lequel on faisait
reposer tous les troubles qui avaient commencé sous Michel III. Pour les
Occidentaux, il devenait l’auteur intraitable du schisme entre les deux églises
qui devait aboutir moins d’un siècle plus tard à une séparation complète de
Constantinople d’avec Rome. Pour les Orthodoxes, la figure de Photius fut réhabilitée, jusqu’à être couronnée des palmes de la
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhAEgH5SyCkzGBrjbAb_dPhzjQ3NnavamYzeqnvQLS_hICS1U_fb8pv_lSsyNtL9KzFDNNCw-37wYzt1MIncsxdtSKixaHIai4SgP6NmnhnAiXJt_8Z3fLEZErZIGJMeT-hSbW77jqeZRU/h120/518px-Moscow_Kremlin_fresco_about_war_in_860.jpg">sainteté</a>. L’excommunication du pape Nicolas avait sans doute frappé le pontife
romain au point qu'il considérait sa primauté ecclésiastique soumise à la
contestation. Ce mauvais exemple ne devait pas être repris par une âme
chrétienne. Le pape seul ne pouvait souffrir la mise au ban de la chrétienté.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 0in; margin-right: 2.5pt; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Il est étonnant que ce premier usage magistral de l’excommunication
annonce les excommunications contemporaines. L’ordination ne peut provenir que
de </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhgM9A6agvmOFI0eeciCJ_9G28JYmVY-t2hyphenhyphen4arHVVECydzb6MwrdsR1hYQnYKfSdzGGIte5Fs7NN1pe8CE-aLHNTdcfE6tQx2fmjcwrCBEvAbTiMjmPU3kqhUZRz2YHXTFtAHbyGF4BHs/s1600/220px-Joseph_Ren%C3%A9_Vilatte.gif" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhgM9A6agvmOFI0eeciCJ_9G28JYmVY-t2hyphenhyphen4arHVVECydzb6MwrdsR1hYQnYKfSdzGGIte5Fs7NN1pe8CE-aLHNTdcfE6tQx2fmjcwrCBEvAbTiMjmPU3kqhUZRz2YHXTFtAHbyGF4BHs/s1600/220px-Joseph_Ren%C3%A9_Vilatte.gif" height="400" width="305" /></a>mains consacrées par la grâce romaine. Quiconque n’a pas reçu
l’investiture par un clerc relié à l’autorité romaine ne peut transmettre la
prêtrise. C’est l'expérience qu'a connu au XIXe siècle <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhgM9A6agvmOFI0eeciCJ_9G28JYmVY-t2hyphenhyphen4arHVVECydzb6MwrdsR1hYQnYKfSdzGGIte5Fs7NN1pe8CE-aLHNTdcfE6tQx2fmjcwrCBEvAbTiMjmPU3kqhUZRz2YHXTFtAHbyGF4BHs/h120/220px-Joseph_Ren%C3%A9_Vilatte.gif">Joseph-René Vilatte</a> (1854-1929), jeune Français,
placé en 1867 par son père à l’orphelinat des Frères des Écoles chrétiennes. Il
participa comme soldat à la guerre franco-prussienne de 1870, puis, horrifié
par la tragédie de la Commune, s’expatria outre-Atlantique. Il fut nommé instituteur à
Hull, au Québec, dans une mission patronnée par le Père Louis Reboul. Après la
mort de ce dernier, en 1877, Vilatte s’engagea dans la voie de la prêtrise,
encouragé en cela par Mgr Fabre, évêque du diocèse de Montréal dans lequel se
trouvait la ville de Hull.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 0in; margin-right: 2.5pt; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Mais son parcours est chamboulé par la rencontre </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjBtHXn3LHnI-YksWeyixbeLxsV97VZ7OsMS9v2BK3R9aUxUKsTSpymEqsyIGW0ZdueuY25JnVlZ49Mh3lTy0oaJSH6tNc_mEQqrxflqWysEji0AxCB6iVC1BueZ2jMguV3Hew042e6dQo/s1600/chiniquy_pic.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjBtHXn3LHnI-YksWeyixbeLxsV97VZ7OsMS9v2BK3R9aUxUKsTSpymEqsyIGW0ZdueuY25JnVlZ49Mh3lTy0oaJSH6tNc_mEQqrxflqWysEji0AxCB6iVC1BueZ2jMguV3Hew042e6dQo/s1600/chiniquy_pic.jpg" height="400" width="368" /></a>d’un apostat, le
Père <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjBtHXn3LHnI-YksWeyixbeLxsV97VZ7OsMS9v2BK3R9aUxUKsTSpymEqsyIGW0ZdueuY25JnVlZ49Mh3lTy0oaJSH6tNc_mEQqrxflqWysEji0AxCB6iVC1BueZ2jMguV3Hew042e6dQo/h120/chiniquy_pic.jpg">Charles Chiniquy</a> (1809-1899), un apôtre de l’œcuménisme moderne peu
compatible avec la stricte catholicité ultramontaine de l’époque. Condamné par
l’Église catholique, Chiniquy s’en ira aux États-Unis et Vilatte passera d’une
secte protestante à l’autre. D’abord l’Église presbytérienne, puis l’institut
Méthodiste français de Saint-Hyacinthe. Pendant ce temps, il fait sa
théologie à l’Université McGill. Il ira par après faire œuvre missionnaire
auprès des francophones immigrés aux États-Unis. En 1885, Vilatte est ordonné
prêtre dans une communauté de Vieux-Catholiques qui se veulent indépendants de
la discipline romaine tout en maintenant le culte et les sacrements de l’Église
catholique. C’est à Berne que Mgr<span style="mso-spacerun: yes;">
</span>Herzog ordonnera le nouveau prêtre.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 0in; margin-right: 2.5pt; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Dès lors, c’est la cure en pays de colonisation à la rigueur duquel
se soumet Vilatte. Il ira même jusqu’à fonder un ordre religieux dit Société du
Précieux Sang. Le 16 novembre 1889, il est consacré évêque. En </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjMbiYd1rDvRyNW34FZSFliYEHoDw0qcRmRyYrV7lzCpQJvfGDHTasWP0_Kf8VLE5Zxai0eX6qS2HPMnsvX50ibrqjXDgQIKdsEJVoAx6iWGdVF0AZ59dfZt1YxAaLYmKah7DmDTKVaNoo/s1600/vilattejosephrene1887.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjMbiYd1rDvRyNW34FZSFliYEHoDw0qcRmRyYrV7lzCpQJvfGDHTasWP0_Kf8VLE5Zxai0eX6qS2HPMnsvX50ibrqjXDgQIKdsEJVoAx6iWGdVF0AZ59dfZt1YxAaLYmKah7DmDTKVaNoo/s1600/vilattejosephrene1887.jpg" height="400" width="288" /></a>1891, il
obtiendra le soutien de l’évêque orthodoxe russe d’Alaska et de San Francisco,
Mgr Vladimir, qui le prendra sous sa protection canonique. Vilatte ira jusqu’au
Ceylan (Sri Lanka) poursuivre son œuvre sous la coupe de l’orthodoxie syrienne.
Puis il reviendra en Amérique et en Europe. Il demandera sa réadmission au sein
de l’Église catholique mais Rome ne pouvait reconnaître son ordination. Comme
Photius, Vilatte devint l’évêque d’un parti, le Gallicanisme français, et cela
à une époque où le catholicisme français était sous la coupe de l’État laïque.
Ce n’est que vers la fin de sa vie que Vilatte réintégra l’obédience romaine.
En 1925, il signe un acte d’abjuration et doit se retirer dans un pavillon près
d’une abbaye cistercienne à Versailles où il finira ses jours, en 1929, après
avoir entretenu une longue correspondance avec ses disciples. Vaincu par les
besoins d’argent, il semble que l’abjuration de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjMbiYd1rDvRyNW34FZSFliYEHoDw0qcRmRyYrV7lzCpQJvfGDHTasWP0_Kf8VLE5Zxai0eX6qS2HPMnsvX50ibrqjXDgQIKdsEJVoAx6iWGdVF0AZ59dfZt1YxAaLYmKah7DmDTKVaNoo/h120/vilattejosephrene1887.jpg">Mgr Vilatte</a> n’ait pas été sans
intérêts.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 0in; margin-right: 2.5pt; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">L’excommunication, avons-nous dit, fut une stratégie politique de
l’Église au Moyen Âge afin de dominer les puissants de ce monde. Beaucoup de
princes furent excommuniés jusqu’à ce qu’ils cèdent devant le pouvoir
</span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgHvbRsc4NqK6_uZr9Wev52FD50Gb4IX1dcLrDWvMzXRdQHBFLEoOS-bWAA3exC-B5HU3GG6zhXVcgww5JxqrunwFFMEbv-ApyLrqIOGbqlE2nbxM1KxzY_MYOAyWhpIx-bbqrEYLToRGE/s1600/tz0gi9ih.gif" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgHvbRsc4NqK6_uZr9Wev52FD50Gb4IX1dcLrDWvMzXRdQHBFLEoOS-bWAA3exC-B5HU3GG6zhXVcgww5JxqrunwFFMEbv-ApyLrqIOGbqlE2nbxM1KxzY_MYOAyWhpIx-bbqrEYLToRGE/s1600/tz0gi9ih.gif" height="398" width="400" /></a>pontifical, tel Jean sans Terre d’Angle-</span><br />
<span lang="FR-CA">terre tout comme son ad-</span><br />
<span lang="FR-CA">versaire, le roi Philippe-Auguste de France, ou Henri IV Hohens-</span><br />
<span lang="FR-CA">taufen qui
alla, jusqu’à Canossa, recevoir l’absolution du pape Grégoire VII en vue de
régler la querelle des Investitures. Mais un an plus tard, c’est Grégoire VII
qui était chassé de Rome par les armées d’Henri IV descendues de la froide
Allemagne. C’est donc dire que cette stratégie n’obtenait pas toujours les
résultats escomptés. L’excommunication joua beaucoup sur la parenté des princes
afin d’interdire des mariages ou des divorces. Tel prince, répudiant son
épouse, pouvait se voir taxer d’excommunication. Ce fut le cas de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgHvbRsc4NqK6_uZr9Wev52FD50Gb4IX1dcLrDWvMzXRdQHBFLEoOS-bWAA3exC-B5HU3GG6zhXVcgww5JxqrunwFFMEbv-ApyLrqIOGbqlE2nbxM1KxzY_MYOAyWhpIx-bbqrEYLToRGE/h120/tz0gi9ih.gif">Philippe Ier</a>
de France qui, après son second mariage avec Berthe de Hollande, tombe amoureux
de Bertrade de Montfort (1092), </span><span lang="FR-CA">déjà l’épouse de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhi_-gtN8ZwJp9BiRshcTiwiQR47K-i-Bf4nny18KMYYkUeEmZ4uR8nDBHYr1LZ3WkolWtSsfpuKptjc9MLbYM45mJa_47h9t7rMT3zi9aytmJb6nJY2gKDZn3QmPUea_mCP3ZT9zcKhlI/h120/Fulko4Anjou.jpg">Foulque IV le Réchin</a>. Il
répudie alors Berthe et se marie avec Bertrade. Le 16 octobre 1094, le
concile d’Autun, où sont présents 32 évêques, prononce l’excommunication du
roi. Le </span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhi_-gtN8ZwJp9BiRshcTiwiQR47K-i-Bf4nny18KMYYkUeEmZ4uR8nDBHYr1LZ3WkolWtSsfpuKptjc9MLbYM45mJa_47h9t7rMT3zi9aytmJb6nJY2gKDZn3QmPUea_mCP3ZT9zcKhlI/s1600/Fulko4Anjou.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhi_-gtN8ZwJp9BiRshcTiwiQR47K-i-Bf4nny18KMYYkUeEmZ4uR8nDBHYr1LZ3WkolWtSsfpuKptjc9MLbYM45mJa_47h9t7rMT3zi9aytmJb6nJY2gKDZn3QmPUea_mCP3ZT9zcKhlI/s1600/Fulko4Anjou.jpg" height="400" width="385" /></a></span></span>couple royal vécut ainsi pendant dix ans, jusqu’en 1104, sous le coup
de l’anathème de l’Église catholique. Finalement, Philippe et Bertrade se
soumettront lors du Concile de Paris en 1104 tout en poursuivant leur vie
commune. Mais toutes ces histoires d’adultère ne mèneront pas tous au résultat
de la réconciliation. Le cas le plus célèbre, celui d’Henry VIII d’Angleterre
qui trouva tous les prétextes du monde possible pour se séparer de Catherine
d’Aragon afin d’épouser Ann Boleyn s’achèvera dans la répudiation et le schisme
d’avec Rome. Bien que la vraie raison résidait dans la politique religieuse du
roi qui visait les biens de l’Église pour garnir son Trésor, l’action
unilatérale des Tudor entraîna la rupture dans l’Église chrétienne d’Occident.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 0in; margin-right: 2.5pt; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">À partir du Concile de Trente, alors que l’excommunication ne peut
plus véritablement servir contre les monarques occidentaux, l’excommunication
retrouve son champ exclusif de la dogmatique. Comment prévenir la fragmentation
du christianisme occidental? Avec les guerres de Religion au XVIe siècle, les
hérétiques sont les premières cibles de l’excommunication. Avec la Révolution
française, au XIXe siècle, c’est le modernisme, sous tous ses aspects, qui
devient la cible des papes et des évêques. La chasse aux libéraux, aux
démocrates, aux socialistes, aux communistes, aux nationalistes, aux
théologiens qui refusent de suivre les préceptes des conciles et du Souverain
Pontife lorsqu’il revendique son infaillibilité <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ex-cathedra</i>, est une affaire que chaque administrateur diocésain
prend au sérieux. Il en est ainsi de </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj51UycEQA8Afd0p152_LP8j4RnovrOdSAFwiBK3pyNehdZ_kMmMdoCrQ3YhtQqGAayPOWE_-1ewk_Vy5oTBdhnZJKdhBf7Ixga9fixng-834DvCO_-miiiGLa5KPiLzi-w3Nm3kgzQbaI/s1600/Bishop_Ignace_Bourget_(photograph).jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj51UycEQA8Afd0p152_LP8j4RnovrOdSAFwiBK3pyNehdZ_kMmMdoCrQ3YhtQqGAayPOWE_-1ewk_Vy5oTBdhnZJKdhBf7Ixga9fixng-834DvCO_-miiiGLa5KPiLzi-w3Nm3kgzQbaI/s1600/Bishop_Ignace_Bourget_(photograph).jpg" height="400" width="293" /></a>l’évêque de Montréal, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj51UycEQA8Afd0p152_LP8j4RnovrOdSAFwiBK3pyNehdZ_kMmMdoCrQ3YhtQqGAayPOWE_-1ewk_Vy5oTBdhnZJKdhBf7Ixga9fixng-834DvCO_-miiiGLa5KPiLzi-w3Nm3kgzQbaI/h120/Bishop_Ignace_Bourget_(photograph).jpg">Ignace Bourget</a>
(1799-1885), second évêque de Montréal (1840-1876). Après l’échec des
rébellions du Bas-Canada en 1837-1838, Mgr Bourget mène la lutte à une
bourgeoisie de professionnels libéraux qui fait étalage de ses frondes idéologiques, dont
la liberté de penser est considérée comme la plus dangereuse pour un catholique. Ces libéraux adhèrent à un club très sélect, l’Institut Canadien de
Montréal, fondé en 1844 par 200 jeunes esprits qui s'appuient essentiellement sur la raison et la liberté de conscience. L’Institut ouvre une
bibliothèque publique, devient un lieu de débat et de conférence littéraire et
scientifique, recrute de jeunes clercs, tout cela sans l’approbation de
l’évêque. Mgr Bourget, après le schisme d’une faction de l’Institut qui devient
l’Institut canadien-français de Montréal et se soumet à l’évêque, condamne l’Institut Canadien de Montréal en 1859, excommuniant ses membres, et
le 7 juillet 1869, l’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Annuaire </i>de 1868
de l’Institut sera mis à l’index par Rome. La confrontation va être menée à son
comble avec la célèbre tragédie burlesque de l’affaire Guibord.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 0in; margin-right: 2.5pt; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgSRsmK-z8Tte5NH7m88WkmIN6DGoo9Ki5KKF13-usW_bVe9X5x9nmLkFkGJ3r-ma_rnI0qDnIX4e4JxOmmY1eHdlFHVxuVSIDQ9FwbCDyLiu3-SoWKINYfATyarnEYhNODAFhwSEpZRGw/s1600/guibord.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgSRsmK-z8Tte5NH7m88WkmIN6DGoo9Ki5KKF13-usW_bVe9X5x9nmLkFkGJ3r-ma_rnI0qDnIX4e4JxOmmY1eHdlFHVxuVSIDQ9FwbCDyLiu3-SoWKINYfATyarnEYhNODAFhwSEpZRGw/s1600/guibord.jpg" height="400" width="283" /></a><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgSRsmK-z8Tte5NH7m88WkmIN6DGoo9Ki5KKF13-usW_bVe9X5x9nmLkFkGJ3r-ma_rnI0qDnIX4e4JxOmmY1eHdlFHVxuVSIDQ9FwbCDyLiu3-SoWKINYfATyarnEYhNODAFhwSEpZRGw/h120/guibord.jpg">Joseph Guibord</a> était typographe au journal libéral <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le Pays. </i>Il était également membre de
l’Institut Canadien dont il avait été vice-président. Guibord meurt le
18 novembre 1869 et sa famille se fait refuser le droit d’inhumer sa dépouille
dans le cimetière catholique de Côte-des-Neiges. Henrietta Brown, la veuve,
refuse cette exclusion et porte l’affaire devant les tribunaux. Commence alors
l’affaire Guibord. L’avocat de la veuve est un libéral forcené, Me Joseph
Doutre qui portera la cause jusque devant le Conseil Privé de Londres, le 28
novembre 1874.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; mso-outline-level: 3; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Il
serait difficile de comparer l’impact de l’affaire Guibord au Canada Français à
celui de l’affaire Dreyfus en France ou de l’affaire Eulenberg en Allemagne.
Pourtant, son importance est bien réelle et le triomphe épiscopal se reflètera
dans le modérantisme qui envahira progressivement le Parti libéral au Québec.
Si Doutre a gagné à court terme dans les procédures civiles, c’est Bourget qui
a gagné à long terme dans le retard pris par la pensée intellectuelle et morale des
Québécois.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; mso-outline-level: 3; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Tout
commence donc par des péripéties dignes d’un vaudeville :</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; mso-outline-level: 3; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le
jeudi 18 novembre 1869, décédait Joseph Guibord.</i></span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; mso-outline-level: 3; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Le surlendemain, la fabrique de Notre-Dame reçut une sommation
verbale. Demande était faite de procéder à la sépulture pour le 21 du même
mois. Alphonse Doutre, commerçant, Alfred Brousseau, artiste-peintre, et un
autre témoin étaient présents à cette première entrevue avec l’abbé Victor
Rousselot, curé de Notre-Dame.</span></i><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; mso-outline-level: 3; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Le curé consent, mais stipule qu’il n’y aura aucune cérémonie
religieuse, que le corps sera enterré dans la partie non bénite du cimetière et
que lui, le curé n’assistera qu’à titre de </span></i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiWxsDcWkF6t0U_yYiT_MwCI2fRsxkeqpSCpDmtTLMPcrKtqdxYerTWAjaybZyu_U73dWSUT0XxllhHJ7Bp6tlBZv5kjDsiACOJwm0Ygavx-tavdgix19izVKhEt6VJ9P6G0XYx7SYoLy0/s1600/rpcq_pge_19594_202091.JPG" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiWxsDcWkF6t0U_yYiT_MwCI2fRsxkeqpSCpDmtTLMPcrKtqdxYerTWAjaybZyu_U73dWSUT0XxllhHJ7Bp6tlBZv5kjDsiACOJwm0Ygavx-tavdgix19izVKhEt6VJ9P6G0XYx7SYoLy0/s1600/rpcq_pge_19594_202091.JPG" height="400" width="283" /></a>fonctionnaire civil.</span></i><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; mso-outline-level: 3; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Le même jour, nouvelle sommation verbale par le notaire C.-F.
Papineau. Le secrétaire de la fabrique, Alfred Dubord lui transmet la réponse
déjà faite par l’abbé <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiWxsDcWkF6t0U_yYiT_MwCI2fRsxkeqpSCpDmtTLMPcrKtqdxYerTWAjaybZyu_U73dWSUT0XxllhHJ7Bp6tlBZv5kjDsiACOJwm0Ygavx-tavdgix19izVKhEt6VJ9P6G0XYx7SYoLy0/h120/rpcq_pge_19594_202091.JPG">Rousselot</a>.</span></i><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; mso-outline-level: 3; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Le dimanche après-midi un groupe d’amis se porte au cimetière
catholique de la Côte-des-Neiges. Sur le refus de Benjamin Desroches de
recevoir les restes du défunt, le cortège s’achemine vers le cimetière
protestant. En attendant, le cadavre est déposé dans le “charnier”.</span></i><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; mso-outline-level: 3; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">De courtes allocutions furent prononcées par Joseph Doutre, Ovide
Perrault, Wilfrid Dorion et J.-A. Perkins</span></i><span lang="FR-CA">» (T.
Hudon. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’Institut Canadien de Montréal et
l’Affaire Guibord, </i>Montréal, Éditions Beauchemin, 1938, pp. 83-84).</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; mso-outline-level: 3; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgW7rWY0rlXs0sGj0hQ_DMcKlAVmZ4YSgwXT2Jrl3fUTzL4xIQEcHJNbr3L4JBUSrdsA_ibf4Yp6_2Zb0PBU5aYHC4tch1JqwuvnQZsnFeuV7TBs_tg0N4HkCTsH51PPVC0mQjRyBqDYsE/s1600/220px-Louis-Amable_Jett%C3%A9_-BANQ.png" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgW7rWY0rlXs0sGj0hQ_DMcKlAVmZ4YSgwXT2Jrl3fUTzL4xIQEcHJNbr3L4JBUSrdsA_ibf4Yp6_2Zb0PBU5aYHC4tch1JqwuvnQZsnFeuV7TBs_tg0N4HkCTsH51PPVC0mQjRyBqDYsE/s1600/220px-Louis-Amable_Jett%C3%A9_-BANQ.png" height="400" width="265" /></a>Commence alors le procès devant le juge Mondelet, déjà
favorable à l’Institut Canadien. Chaque partie – </span><span lang="FR-CA">celui de la veuve défendue par
Rodolphe Laflamme et la fabrique défendue par <a href="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/c/cf/Louis-Amable_Jett%C3%A9_-BANQ.png/220px-Louis-Amable_Jett%C3%A9_-BANQ.png">Louis-Amable Jetté</a>. Jetté
commence par dénoncer la partie adverse : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le 9 décembre (1869), Jetté allègue que la poursuite porte à
faux : les inhumations ont lieu dans la matinée, jamais dans l’après-midi,
surtout un dimanche et pendant un office religieux de la paroisse. On ne
pouvait en de telles circonstances obliger un prêtre à sortir de la ville afin
de constater la mise en terre d’un défunt, et cela, sans avis préalable. L’on
tenta de faire l’inhumation à l’insu du curé; celui-ci étant considéré
conjointement avec la fabrique comme propriétaire de l’église et du cimetière,
il lui appartenait de désigner l’endroit de la sépulture</i>» (T. Hudon. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 86). En </span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiX74yF4x5bzxuwQ6284K_U1wcSXER9Az4N6QS8vxolCw-xoMn_0PJUpZ8oxszqxgh7pCC2pt2MFYTkoS9mI0Yg-7EbeDtAUGRr0eu37o2kVmuG20xBpyIYP3n8KVw9P4jwwevFGW_MuAo/s1600/RodolpheLaflamme.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiX74yF4x5bzxuwQ6284K_U1wcSXER9Az4N6QS8vxolCw-xoMn_0PJUpZ8oxszqxgh7pCC2pt2MFYTkoS9mI0Yg-7EbeDtAUGRr0eu37o2kVmuG20xBpyIYP3n8KVw9P4jwwevFGW_MuAo/s1600/RodolpheLaflamme.jpg" height="400" width="246" /></a></span>face, l’avocat Laflamme
entend élever le débat plus haut et l’annexer à la défense de l’Institut
Canadien en attente d’une décision du Saint-Office à Rome où Mgr Bourget est
présent pour répondre des accusations portées par l’Institut auprès de
Saint-Siège : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiX74yF4x5bzxuwQ6284K_U1wcSXER9Az4N6QS8vxolCw-xoMn_0PJUpZ8oxszqxgh7pCC2pt2MFYTkoS9mI0Yg-7EbeDtAUGRr0eu37o2kVmuG20xBpyIYP3n8KVw9P4jwwevFGW_MuAo/h120/RodolpheLaflamme.jpg">Laflamme </a>affirme que
le droit civil permet de limiter l’exercice injuste de l’autorité religieuse;
il nie que l’Institut canadien, corporation civile, puisse être restreint par
l’évêque dans ses libertés. Il nie encore que des peines canoniques fassent perdre
les droits civils, que Guibord ait encouru ces peines, il soutient qu’aucune
excommunication majeure n’avait été portée contre Guibord, que celui-ci n’avait
pas encouru l’excommunication mineure…</i>» (T. Hudon. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 87). Comme nous pouvons le constater, deux procès sont
simultanément plaidés : la propriété ecclésiastique du cimetière et la
soumission aux décisions de l’autorité; le droit de la libre pensée affirmée
par le code civil. Dialogue de sourds.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; mso-outline-level: 3; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Il est vrai que trente ans plus tôt, lors des Rébellions de
1837-1838, l’évêque de Montréal, Mgr Lartigue, avait excommunié tous ceux qui
avaient pris les armes. Les Patriotes tués au combat furent
inhumés dans les portions non bénies des cimetières – celles réservées
habituellement pour les enfants morts sans baptême, les limbes -, et que ceux
qui refusaient l’abjuration de leurs fautes mouraient également dans l’état
d’excommunication. Les libéraux, qu’on surnommait les Rouges, étaient leurs
héritiers et certains d’entre eux avaient même milité soit pour la proclamation
d’une République du Bas-Canada, soit pour l’annexion aux États-Unis. Toutes
idées rejetées par l’autorité ecclésiastique. De part et d’autre, des témoins
défilèrent à la barre pour soutenir l’un et l’autre parti. Finalement, le 6 mai
1870, le juge <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhtslVFYP29iYnebkBeD3Q-p4w-d6VCpX7ZvSGFNzLljMLHGcaDdJUf5mzvbMtKukR0UeXqctRtSc-gAiZr0y_ya84U8bQrIFME98dJkADPVvuKVbrxiUhoVJucHkpKp2T8_s9gdwPhB6k/h120/mondele.jpg">Mondelet</a> rend son verdict :</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; mso-outline-level: 3; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhtslVFYP29iYnebkBeD3Q-p4w-d6VCpX7ZvSGFNzLljMLHGcaDdJUf5mzvbMtKukR0UeXqctRtSc-gAiZr0y_ya84U8bQrIFME98dJkADPVvuKVbrxiUhoVJucHkpKp2T8_s9gdwPhB6k/s1600/mondele.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhtslVFYP29iYnebkBeD3Q-p4w-d6VCpX7ZvSGFNzLljMLHGcaDdJUf5mzvbMtKukR0UeXqctRtSc-gAiZr0y_ya84U8bQrIFME98dJkADPVvuKVbrxiUhoVJucHkpKp2T8_s9gdwPhB6k/s1600/mondele.jpg" height="400" width="285" /></a></span></span>«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Abordant
la question en litige, la première proposition du juge fut que dans une
question de ce genre la coutume de Paris faisait loi et il établit sa thèse en
citant des précédents sous les régimes français et anglais. Les décisions
judiciaires n’ont pas varié donnant dans ces conflits religieux gain de cause à
la partie civile. Il soutient que telle fut l’opinion de Louis-Hippolyte
Lafontaine, de Georges-Étienne Cartier, ce dernier admettant que les tribunaux
civils avaient le pouvoir et le droit de “contraindre le clergé d’administrer
même les sacrements de baptême et de mariage et de donner la sépulture”. (15
octobre 1866.)</i></span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; mso-outline-level: 3; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">L’affirmation du juge est catégorique. “La même décision, l’espèce
s’en présentât-elle, serait rendue si un prêtre refusait de conférer le
sacrement de mariage. Ainsi, qui peut le plus peut le moins. La sépulture
ecclésiastique n’est pas un sacrement et peut et doit être ordonnée, si le
prêtre, sous le prétexte qu’il a l’ordre de son supérieur ecclésiastique de ne
pas la faire, la refuse, il doit y être contraint.”</span></i><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; mso-outline-level: 3; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Il fait porter toute la cause sur le refus de l’évêque. Mgr Bourget
est le seul responsable. Avait-il le droit d’agir comme il l’a fait? Le juge
nie carrément. Il accuse Mgr Bourget d’arbitraire. Il cite le cas des femmes de
Châteauguay à qui l’on devait refuser l’absolution si elles s’obstinaient è
porter des ballons.</span></i><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; mso-outline-level: 3; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">La question de l’Institut revient sur le tapis. Le juge fait sienne
l’argumentation des récalcitrants, savoir que l’Institut étant un corps civil,
les autorités ecclésiastiques ne peuvent rien contre lui, qu’un membre peut
être censuré, non le corps.</span></i><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; mso-outline-level: 3; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Il va plus loin : il n’y a jamais eu de condamnation : le
décret du Saint-Office 1869, portant sur l’annuaire de 1868, est de nul effet
parce qu’il n’a aucune preuve “d’un enseignement par et dans l’Institut de
doctrines pernicieuses”, de sorte qu’il est impossible de conclure que
l’Institut ait été condamné.</span></i><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; mso-outline-level: 3; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Puis il nie qu’on eût sur quoi s’appuyer pour le refus de sépulture.
Voici sa conclusion : “Guibord est mort catholique, donc il jouissait de
tous les droits d’un catholique”…» </span></i><span lang="FR-CA">(T. Hudon. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 110-111).</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; mso-outline-level: 3; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Mondelet s’élève enfin contre la sépulture offerte (celle
des espaces pour les âmes vouées aux limbes) parce que infamante. Il condamne
donc la fabrique de Montréal à procéder dans les six jours à la sépulture dans
le </span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhN3EYkZHBpckTRSYk4w5LohadTM_aXLcpmVespmNYHlOQAy1vTCAS8FoPtqV0X42Br-sxOxi1zCkB65K11DFuXxDK6Ci5f8Xa8DIX-GXd2eunKC3FpM06wxOIHAz1qyBAIpGAxC7pZWMw/s1600/doutre.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhN3EYkZHBpckTRSYk4w5LohadTM_aXLcpmVespmNYHlOQAy1vTCAS8FoPtqV0X42Br-sxOxi1zCkB65K11DFuXxDK6Ci5f8Xa8DIX-GXd2eunKC3FpM06wxOIHAz1qyBAIpGAxC7pZWMw/s1600/doutre.jpg" height="400" width="284" /></a></span>cimetière catholique et à payer tous les frais encourus dans la cause. Le
droit civil l’emporte sur le droit canon. La fabrique porte la cause à la Cour
d’Appel qui renverse le jugement Mondelet le 10 septembre suivant. C’est
finalement devant le Conseil Privé à Londres que la cause sera définitivement
tranchée. Les Lords anglais se penchent sur l’histoire du Canada et les
précédents dans les disputes entre des partis civiles et ecclésiastiques. Les
avocats <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhN3EYkZHBpckTRSYk4w5LohadTM_aXLcpmVespmNYHlOQAy1vTCAS8FoPtqV0X42Br-sxOxi1zCkB65K11DFuXxDK6Ci5f8Xa8DIX-GXd2eunKC3FpM06wxOIHAz1qyBAIpGAxC7pZWMw/h120/doutre.jpg">Doutre</a> et Jetté vont plaider leurs causes devant le Conseil
Privé. Le rapport du tribunal sera rendu public le 21 novembre 1874, et son
jugement, huit jours plus tard, le 28 novembre. Il apparaît évident que le
Conseil Privé n’est pas équipé pour rendre un jugement parfaitement mesuré dans
cette affaire. Ainsi, le Conseil Privé décide que la législation ecclésiastique
ne s’applique pas dans ce cas-là. Il prétend étayer ses décisions sur une
interprétation du droit canon. «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">La
conclusion renverse tout. Au moment de la mort, Guibord n’était sous le coup
d’aucune sentence ou censure ecclésiastique valide qui pût justifier le refus
de sépulture ecclésiastique de ses restes mortels. Les nobles lords se sont
mépris. Dans l’église anglicane, les décisions en matière religieuse
appartiennent au parlement, tandis que pour l’église catholique, elles sont
tranchées par </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgWORMQgaKKtrxF66tp0grTH1Y9r7tzoBT0as8fhyphenhyphenOnf-13gxG5QPqwZtSJ7tuskQ40pfyiRJ06IEkHIvpCcP4KaiqvN8XxODYM0sec0q9vMnEQC6bzEwalOkiXl7yVMq-RWhGaBRgTM-A/s1600/18septembre1875ccanaillunewsguibord.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgWORMQgaKKtrxF66tp0grTH1Y9r7tzoBT0as8fhyphenhyphenOnf-13gxG5QPqwZtSJ7tuskQ40pfyiRJ06IEkHIvpCcP4KaiqvN8XxODYM0sec0q9vMnEQC6bzEwalOkiXl7yVMq-RWhGaBRgTM-A/s1600/18septembre1875ccanaillunewsguibord.jpg" height="308" width="400" /></a>l’Église et par l’Église seule. Son incursion dans le droit canon
n’est pas heu-</i></span><br />
<span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">reuse</i>» (T. Hudon. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p.
129). Enfin, «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">la fabrique est condam-</i></span><br />
<span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">née à
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgWORMQgaKKtrxF66tp0grTH1Y9r7tzoBT0as8fhyphenhyphenOnf-13gxG5QPqwZtSJ7tuskQ40pfyiRJ06IEkHIvpCcP4KaiqvN8XxODYM0sec0q9vMnEQC6bzEwalOkiXl7yVMq-RWhGaBRgTM-A/h120/18septembre1875ccanaillunewsguibord.jpg">enterrer Guibord </a>dans la partie catholique du cimetière et à payer les frais
encourus devant toutes les cours – sauf les frais de la contestation des juges
qui doivent être payés par la poursuite. </i>[…] <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Suit la sentence inique : la fabrique devait payer les frais qui
s’élevaient à la somme de cinq mille dollars</i>» (T. Hudon. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 130). Théophile Hudon, qui est
Jésuite et développe un parti pris pour la position de Mgr Bourget, a raison
toutefois de soulever l’absurdité du jugement : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Tout en condamnant la paroisse à donner la sépulture à Guibord, le
Conseil Privé admet que l’Église a le droit de refuser la sépulture aux
pécheurs publics et aux excommuniés!</i>» (T. Hudon. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 130).</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; mso-outline-level: 3; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEio0vgbA5rxASxLv_ti9DRIC0qY2fdQ2GNJo5iXqS5Lun4PMYyNlILKvDdgNh-JSsOLJfgAhOEkge39orb3bbd_9mWo_KdSn6z1DKcjtuZzBnqj4KEst1Y26jW4ooTtbB6QKz8nMPc2Dmc/s1600/3401.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEio0vgbA5rxASxLv_ti9DRIC0qY2fdQ2GNJo5iXqS5Lun4PMYyNlILKvDdgNh-JSsOLJfgAhOEkge39orb3bbd_9mWo_KdSn6z1DKcjtuZzBnqj4KEst1Y26jW4ooTtbB6QKz8nMPc2Dmc/s1600/3401.jpg" height="266" width="400" /></a></span>L’affaire n’en finit pas là. Se prévalant du jugement du
Conseil Privé, Joseph Doutre avait choisi le 2 septembre 1875 pour procéder à
l’<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEio0vgbA5rxASxLv_ti9DRIC0qY2fdQ2GNJo5iXqS5Lun4PMYyNlILKvDdgNh-JSsOLJfgAhOEkge39orb3bbd_9mWo_KdSn6z1DKcjtuZzBnqj4KEst1Y26jW4ooTtbB6QKz8nMPc2Dmc/h120/3401.jpg">enterrement</a> de Guibord. Il y avait déjà un lot où reposait la sépulture de la
femme de Guibord, morte quelques années plus tôt, mais «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">un millier de catholiques (et quelques Irlandais</i>) ont bloqué
l’entrée du cimetière Côte-des-Neiges et lapidé le cortège, c’est le suspense»
(R. Hébert. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le procès Guibord ou
l’interprétation des restes, </i>Montréal, Triptyque, 1992, p. 141) :</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; mso-outline-level: 3; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Un
mandat daté du 29 août 1875, émané de la cour Supérieure était signifié le 30,
à l’abbé Rousselot, résidant au séminaire de procéder à la sépulture de
Guibord, le 2 septembre, à trois heures de l’après-midi. Le corps devait être
enterré dans la partie catholique du cimetière. Joseph Doutre avait joint à cet
ordre de la cour, une copie du jugement du Conseil Privé. Dans une lettre à
l’abbé Rousselot, Joseph Doutre ajoutait “qu’on exigera que l’enterrement soit
accompagné des cérémonies religieuses ordinaires, sous peine de dommages et
intérêts” </i>[…]</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; mso-outline-level: 3; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Le 2 septembre, fut une journée dramatique.</span></i><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; mso-outline-level: 3; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">De grand matin, une <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgOen-ShQe2idCtKfMf6u5Z7nZ-dvYW6mr8F-Zom26u_X3rRgwwO3Nrx7GyFm-SQsshmcAL4SCG48Fi8OcQ8YDJSJB400koqJA58-af5DExiiaknCdSQCEMh0BfCD4GqZohOJEJefw9-Po/h120/canillnewssept1875guibord.jpg">foule nombreuse</a> stationnait aux abords du
cimetière.</span></i><br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgOen-ShQe2idCtKfMf6u5Z7nZ-dvYW6mr8F-Zom26u_X3rRgwwO3Nrx7GyFm-SQsshmcAL4SCG48Fi8OcQ8YDJSJB400koqJA58-af5DExiiaknCdSQCEMh0BfCD4GqZohOJEJefw9-Po/s1600/canillnewssept1875guibord.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgOen-ShQe2idCtKfMf6u5Z7nZ-dvYW6mr8F-Zom26u_X3rRgwwO3Nrx7GyFm-SQsshmcAL4SCG48Fi8OcQ8YDJSJB400koqJA58-af5DExiiaknCdSQCEMh0BfCD4GqZohOJEJefw9-Po/s1600/canillnewssept1875guibord.jpg" height="291" width="400" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<br /></div>
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; mso-outline-level: 3; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Dans l’après-midi, Joseph Doutre se rendit au cimetière protestant
exhiba les papiers nécessaires et la dépouille de Guibord fut placée sur un
corbillard surmonté d’une croix. Il y avait six ans que Guibord reposait là. Son
cercueil fut recouvert d’un drapeau anglais, détail inusité qui surprit un peu
et suscita des commentaires.</span></i><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; mso-outline-level: 3; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Les assistants se découvrirent et le cortège composé d’une douzaine
de voitures et d’environ une trentaine d’amis s’achemina vers le cimetière
voisin, le cimetière catholique. Il était à peu près deux heures. Les portes du
cimetière étaient ouvertes et gardées par une cinquantaine d’hommes. À
l’apparition du corbillard, la foule se précipite et ferme les portes du
cimetière. Brouhaha, clameurs : ce fut un beau tapage. Desroches, gardien
du cimetière, est sommé par un huissier d’ouvrir. Il se récuse alléguant qu’il
ne peut rien contre les opposants qui se refusent à obéir.</span></i><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; mso-outline-level: 3; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Attente d’à peu près une heure au milieu des huées et des
cris : quelques pierres lancées : rien de bien sérieux n’en résulta,
ce qui permit à Mgr Bourget d’écrire le lendemain que les protestations
n’avaient pas dépassé les limites ordinaires d’une démonstration populaire. </span></i><span lang="FR-CA">La Minerve, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">quelques jours
plus tard, soutenait que cette résistance spontanée avait été en somme
paisible, que l’attitude de la foule avait été calme si l’on tenait compte des
circonstance.</i></span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; mso-outline-level: 3; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Entre-temps, Doutre avait envoyé un télégramme à l’Hôtel-de-Ville,
puis il se décida à revenir au cimetière protestant. Ceci se passait vers les
trois heures.</span></i><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; mso-outline-level: 3; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh54n36ZS7uj6scbsi0DplZpTrizcmcSTUGQ3-GwnGtiVKN5l8AFFw1pGbk85O8QbZBj7sMlUB5QfaEWi0ngPqFWAAdbOmW_Nzn4A4CWAPbN7bn2xMSIRH-eu6Fu-3141b_0TjNDTxkh0M/s1600/original.6169.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh54n36ZS7uj6scbsi0DplZpTrizcmcSTUGQ3-GwnGtiVKN5l8AFFw1pGbk85O8QbZBj7sMlUB5QfaEWi0ngPqFWAAdbOmW_Nzn4A4CWAPbN7bn2xMSIRH-eu6Fu-3141b_0TjNDTxkh0M/s1600/original.6169.jpg" height="400" width="308" /></a>À quatre heurs, le maire <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh54n36ZS7uj6scbsi0DplZpTrizcmcSTUGQ3-GwnGtiVKN5l8AFFw1pGbk85O8QbZBj7sMlUB5QfaEWi0ngPqFWAAdbOmW_Nzn4A4CWAPbN7bn2xMSIRH-eu6Fu-3141b_0TjNDTxkh0M/h120/original.6169.jpg">Hingston</a> avec une escouade de cinquante
hommes de police survient et fait ouvrir les portes.</span></i><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; mso-outline-level: 3; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">La ville était devenue incandescente. Toute sorte de nouvelles sont
lancées et trouvent crédit auprès du peuple. On sait avec quelle crédulité la
gent populaire accueille en temps de crise, des “on dit” invraisemblables. Sous
ce rapport, bien des gens éclairés emboîtent le pas. C’est un phénomène curieux
que des hommes pondérés et sceptiques perdent alors toute influence et sont
incapables de ramener les gens au bon sens. Pour les partisans outrés ou
irréfléchis, plus c’est faux, plus c’est vrai, incontestablement!</span></i><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; mso-outline-level: 3; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Le lendemain, Mgr Bourget publiait une circulaire exhortant la
population à être calme, à ne pas s’opposer à la sépulture de Guibord, ajoutant
que le terrain serait considéré comme interdit et séparé moralement du
cimetière catholique. Il rappelait qu’il avait engagé les autorités municipales
à prendre les précautions nécessaires pour éviter des troubles</span></i><span lang="FR-CA">» (T. Hudon. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Op. cit. </i>pp.
132 à 135).</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; mso-outline-level: 3; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Mais Guibord n’est toujours pas enterré. La lutte se
poursuit dans les manœuvres dilatoires autour des sentences exprimées par le
Conseil Privé. Les journaux, anglais comme français, catholiques comme
libéraux, se renvoient des insultes. Tantôt on se moque de l’excommunication;
tantôt on dénonce l’intrusion de la partie civile dans une affaire religieuse. Les
tergiversations s'étireront jusqu’à la fin de l’année : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Enfin, </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjTd3HFumsd43WEwX3IZh_7Hbn82qmbtbjhoCoyv9xdhnh5LlsvpFnhKpeh4JtemQ4JooJD8to6ucR2Wud0zDKEUL8hQ3LBRbcxkYmx7oBfExfnqJxKV6T6UdAJ1Fsme4rLXK_IXbBO8YU/s1600/1875-2b.gif" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjTd3HFumsd43WEwX3IZh_7Hbn82qmbtbjhoCoyv9xdhnh5LlsvpFnhKpeh4JtemQ4JooJD8to6ucR2Wud0zDKEUL8hQ3LBRbcxkYmx7oBfExfnqJxKV6T6UdAJ1Fsme4rLXK_IXbBO8YU/s1600/1875-2b.gif" height="364" width="400" /></a>la nouvelle arrive que l<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjTd3HFumsd43WEwX3IZh_7Hbn82qmbtbjhoCoyv9xdhnh5LlsvpFnhKpeh4JtemQ4JooJD8to6ucR2Wud0zDKEUL8hQ3LBRbcxkYmx7oBfExfnqJxKV6T6UdAJ1Fsme4rLXK_IXbBO8YU/h120/1875-2b.gif">’en-</a></i></span><br />
<span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjTd3HFumsd43WEwX3IZh_7Hbn82qmbtbjhoCoyv9xdhnh5LlsvpFnhKpeh4JtemQ4JooJD8to6ucR2Wud0zDKEUL8hQ3LBRbcxkYmx7oBfExfnqJxKV6T6UdAJ1Fsme4rLXK_IXbBO8YU/h120/1875-2b.gif">terrement de Guibord</a> dans le cimetière catho-</i></span><br />
<span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">lique aurait lieu, le 16 novembre (1875). Le
diman-</i></span><br />
<span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">che, 14 novem-</i></span><br />
<span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">bre, on recommande dans les églises aux fidèles de s’abstenir.
Le lundi 15, un bref est assigné à l’abbé Rousselot, ordonnant la sépulture de
Guibord et demandant de faire sur la tombe les prières ordinaires. Le curé
accuse réception du bref et rappelle qu’il avait accepté dès la première
sommation de présider à une sépulture civile, mais qu’il avait refusé alors et
qu’il refuse encore d’accomplir, et ce, sur les ordres de l’évêque les
cérémonies liturgiques</i>» (T. Hudon. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid.
</i>p. 144). Bref, l’abbé Rousselot persiste et signe, déclarant qu’il serait
présent, mais seulement comme officier civil.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; mso-outline-level: 3; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ce
fut pour lors un branle-bas général : tous les reporters étaient mobilisés
et des bruits de toute sorte circulèrent.</i></span><br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg4mZShqZeH_OJciLPci8NsjPcZIhoDKpZKXyF5pNpZ7v8wN_iYlVsgxvEkEBS96TdrDtk5pgaw_zMriarW8dDg50okK2YgTmUUsY4e_VOHyzHH2GZ6IURCAq9Uy6W6M2Q3lg269Y2r18s/s1600/original.441.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg4mZShqZeH_OJciLPci8NsjPcZIhoDKpZKXyF5pNpZ7v8wN_iYlVsgxvEkEBS96TdrDtk5pgaw_zMriarW8dDg50okK2YgTmUUsY4e_VOHyzHH2GZ6IURCAq9Uy6W6M2Q3lg269Y2r18s/s1600/original.441.jpg" height="282" width="400" /></a></div>
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; mso-outline-level: 3; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Un <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg4mZShqZeH_OJciLPci8NsjPcZIhoDKpZKXyF5pNpZ7v8wN_iYlVsgxvEkEBS96TdrDtk5pgaw_zMriarW8dDg50okK2YgTmUUsY4e_VOHyzHH2GZ6IURCAq9Uy6W6M2Q3lg269Y2r18s/h120/original.441.jpg">sarcophage</a> en pierre du poids de 8 tonnes (environ 16,000
livres!) avait été préparé. Il se composait de deux parties.</span></i><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; mso-outline-level: 3; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">On renonça à le transporter; l’on se contenterait de recouvrir le
cercueil de ciment.</span></i><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; mso-outline-level: 3; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">La veille (15 novembre) des munitions furent distribuées aux
soldats. Mille deux cent trente-cinq hommes étaient sur pied!</span></i><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; mso-outline-level: 3; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Le matin (du 16), à huit heures, le chef Penton se rendait chez le
maire.</span></i><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; mso-outline-level: 3; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">À neuf heures, quarante hommes armés de carabines se mettent en
route pour le cimetière <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEihlrmo7zfzfiBWe7FzTlTWqLNv57V6dLYRoAGmPSJJ_4Ev_X5zlqcnTscQ1skh1RFi2DHevaRSLjK7iFyhSLkvzJMhw7HXUOYI9DIlZJMkf6IHoQnlUj5fxlTBAve7PGaVSqj2sBK_FVI/h120/vault1.gif">protestant</a>, tandis que les volontaires étaient
consignés, partie sur le Champ-de-Mars, parie à la Côte-des-Neiges.</span></i><br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEihlrmo7zfzfiBWe7FzTlTWqLNv57V6dLYRoAGmPSJJ_4Ev_X5zlqcnTscQ1skh1RFi2DHevaRSLjK7iFyhSLkvzJMhw7HXUOYI9DIlZJMkf6IHoQnlUj5fxlTBAve7PGaVSqj2sBK_FVI/s1600/vault1.gif" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEihlrmo7zfzfiBWe7FzTlTWqLNv57V6dLYRoAGmPSJJ_4Ev_X5zlqcnTscQ1skh1RFi2DHevaRSLjK7iFyhSLkvzJMhw7HXUOYI9DIlZJMkf6IHoQnlUj5fxlTBAve7PGaVSqj2sBK_FVI/s1600/vault1.gif" height="370" width="400" /></a></div>
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; mso-outline-level: 3; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">À dix heures, au cimetière catholique, la fosse est creusée en
présence d’environ vingt témoins.</span></i><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; mso-outline-level: 3; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Au même moment, au cimetière protestant, les amis de Guibord
prennent sa dépouille qui se trouvait là depuis six ans et se dirigent vers le
cimetière catholique.</span></i><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; mso-outline-level: 3; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Le juge Coursol et le maire sont tout près, tous deux à <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjbNDtEa3o5L6H2n-PBuCLA_OwTH260wkjKJOC7miS_rwX0lKdBoWeMRXeOaeOLOJjA6pSOXgtC4I5agKZgO02ivbTrroG29SZ_qDGm3J_ReqAAlgNfhzRZ8RbCGTEsnjPmraGtzFQLJSQ/h120/index.php.jpg">cheval</a>.</span></i><br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjbNDtEa3o5L6H2n-PBuCLA_OwTH260wkjKJOC7miS_rwX0lKdBoWeMRXeOaeOLOJjA6pSOXgtC4I5agKZgO02ivbTrroG29SZ_qDGm3J_ReqAAlgNfhzRZ8RbCGTEsnjPmraGtzFQLJSQ/s1600/index.php.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjbNDtEa3o5L6H2n-PBuCLA_OwTH260wkjKJOC7miS_rwX0lKdBoWeMRXeOaeOLOJjA6pSOXgtC4I5agKZgO02ivbTrroG29SZ_qDGm3J_ReqAAlgNfhzRZ8RbCGTEsnjPmraGtzFQLJSQ/s1600/index.php.jpg" height="400" width="393" /></a></div>
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; mso-outline-level: 3; text-align: justify;">
<br />
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Le cortège s’ébranle, accompagné de la charge de ciment.</span></i><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; mso-outline-level: 3; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Le corbillard franchit l’entrée.</span></i><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; mso-outline-level: 3; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Survient le curé Rousselot qui s’informe si l’on a identifié le
cadavre et sur réponse affirmative, il s’en retourne, ayant répondu à Homier,
reporter du </span></i><span lang="FR-CA">National <i style="mso-bidi-font-style: normal;">qu’il se trouvait là comme officier civil.</i></span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; mso-outline-level: 3; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Camyre, imprimeur s’avance et dit quelques mots, puis fait un signe
de croix sur la tombe.</span></i><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; mso-outline-level: 3; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Des gardes furent placés auprès du tombeau.</span></i><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; mso-outline-level: 3; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Les troupes qui avaient été consignées à la Côte-des-Neiges firent
leur apparition et, après parade militaire, s’en retournèrent en ville où elles
défilèrent en chantant. Ce fait fut considéré comme une provocation. Pourtant
la population malgré son irritation ne broncha pas, docile aux instructions
données.</span></i><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; mso-outline-level: 3; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">[…]</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; mso-outline-level: 3; text-align: justify;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj8WfuCZdGjRx86paek8MAsaowZ0bstFHjjIRXTp9xnJ3mD2V2vTtdQv1O95PzypIBbNc46_407qHQFVcphgUMsEk1mQC1KCRuz7JxViMqhoRK-7xQj24IYbn1K0QbDfIlju06KUeQ7QwA/s1600/220px-Ignace_Bourget_as_Archbishop.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj8WfuCZdGjRx86paek8MAsaowZ0bstFHjjIRXTp9xnJ3mD2V2vTtdQv1O95PzypIBbNc46_407qHQFVcphgUMsEk1mQC1KCRuz7JxViMqhoRK-7xQj24IYbn1K0QbDfIlju06KUeQ7QwA/s1600/220px-Ignace_Bourget_as_Archbishop.jpg" height="400" width="293" /></a><i><span lang="FR-CA">Ce même jour du seize, une lettre de
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj8WfuCZdGjRx86paek8MAsaowZ0bstFHjjIRXTp9xnJ3mD2V2vTtdQv1O95PzypIBbNc46_407qHQFVcphgUMsEk1mQC1KCRuz7JxViMqhoRK-7xQj24IYbn1K0QbDfIlju06KUeQ7QwA/h120/220px-Ignace_Bourget_as_Archbishop.jpg">Mgr Bourget</a> rappelle le souci pour les autorités religieuses d’éviter le
tumulte et l’effusion du sang et en même temps de sauvegarder les droits de
l’Église.</span></i><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; mso-outline-level: 3; text-align: justify;">
<i><span lang="FR-CA">Il se réjouit que tout se soit passé
dans le calme malgré les provocations diverses.</span></i><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; mso-outline-level: 3; text-align: justify;">
<i><span lang="FR-CA">Il déclare à nouveau, que l’endroit
où est enterré Guibord se trouve séparé du reste du cimetière, de la partie
consacrée.</span></i><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; mso-outline-level: 3; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">“Là repose un révolté que l’on a enterré par la force des armes.</span></i><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; mso-outline-level: 3; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">`Soumis aux autorités, nous soutenons que nous avons consulté le
pape et les pasteurs, que nous avons agi conformément aux sentiments des
fidèles.”</span></i><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; mso-outline-level: 3; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Il termine en proposant d’ériger dans le cimetière un chemin de
croix, ce qui fut réalisé un peu plus tard</span></i><span lang="FR-CA">» (T.
Hudon. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 145 à 148).</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; mso-outline-level: 3; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Ainsi s’achevèrent les tribulations d’un malheureux cadavre
d’un typographe qui ne s’attendait pas à faire l’Histoire du Canada. Commencée
comme une simple querelle religieuse et idéologique, l’enterrement de Guibord
s’achève dans un cortège militaire, comme s’il avait fallu trancher le nœud
guibordien à la lame de </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjtRLNCNCiwe8bpq5DRb-xblYMnXQMEYodmXipJuEbjQs63gACqKo5HzABwofYNndJhi3lF-JR7BYVXr1HaXu8Xb8GY3rRT6yVonkx23opZdOnSwdU0BNbXSjRaLn0BLgGKGRwKX2LDw9c/s1600/guibordplaque5.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjtRLNCNCiwe8bpq5DRb-xblYMnXQMEYodmXipJuEbjQs63gACqKo5HzABwofYNndJhi3lF-JR7BYVXr1HaXu8Xb8GY3rRT6yVonkx23opZdOnSwdU0BNbXSjRaLn0BLgGKGRwKX2LDw9c/s1600/guibordplaque5.jpg" height="400" width="326" /></a>l’épée. Robert Hébert, mieux que Théophile Hudon,
décrit l’importance de l’action militaire comme issue à l’affaire
Guibord : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">…très tôt le matin, à
partir du Drill Shed et de la Gare centrale, volontaires et quelque 70
policiers de la ville de Montréal armés de carabines Sniders vont chercher le
cercueil au cimetière Mont-Royal; ils sont rejoints par un imposant convoi
militaire qui, pendant ce temps, paradait à partir du Champ-de-Mars : deux
pièces de canons, une batterie de campagne, un escadron de cavalerie, plusieurs
bataillons (Hochelaga, Victoria, Prince of Wales…), une compagnie d’ingénieurs.
En tout, 950 hommes. </i>[…] <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Bravades,
insultes, rires. Tout se fait assez calmement, sans obstacle autour du lot
N-873 : les fossoyeurs ne sont pas des francophones. On coule le cercueil
dans du <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjtRLNCNCiwe8bpq5DRb-xblYMnXQMEYodmXipJuEbjQs63gACqKo5HzABwofYNndJhi3lF-JR7BYVXr1HaXu8Xb8GY3rRT6yVonkx23opZdOnSwdU0BNbXSjRaLn0BLgGKGRwKX2LDw9c/h120/guibordplaque5.jpg">ciment de Portland</a> qui a la propriété de durcir rapidement – on craint
une exhumation nocturne. Aucune sépulture ecclésiastique, aucun discours n’est
prononcé “while one of the most cheerless of miserable drizzles steadily fell”</i>»
(R. Hébert. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Op. cit</i>, p. 142). D'autre part, il est difficile de considérer Guibord comme une simple «victime expiatoire de l'évêque Bourget» comme le présente Adrien Thério (A. Thério. <i>Joseph Guibord, </i>Montréal, XYZ, Col. Documents, 2000), la mort de Guibord intervenant au milieu d'un conflit qui opposait l'Église catholique au modernisme partout dans le monde, il ne s'agissait pas de faire expier ni Guibord ni l'Institut Canadien, mais tout simplement de déraciner les semences de la controverse. Comme toujours en de telles situations, l'effet fut le contraire et si le curé Rousselot ne s'était pas entêté, Guibord aurait été enterré dans sa portion de terrain catholique comme tant d'autres membres de l'Institut l'avait été auparavant.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; mso-outline-level: 3; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Une telle manipulation de l’excommunication à des fins
idéologiques et politiques de la part du clergé ramenait l’Occident au Moyen Âge.
En Europe, l’Église avait compris que ce moyen ne pesait plus d’aucun poids
dans les décisions des États, et si l’excommunication pouvait encore jouer un
certain rôle, c’était contre les ennemis de l’intérieur, c’est-à-dire ceux qui,
comme nous l’avons vu, menaçaient l’intégrité du pouvoir romain. Aussi
dramatique que fût l’affaire au Québec, il n’y eut pas d’affaire Guibord en
France, mais bien plutôt une affaire Loisy.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; mso-outline-level: 3; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhvJ9VLc5NN77q4e7pl-yTNPQKpgZ3Rs282H1PulRaKoE5aUZHSyG5sWV2krJu_07kNLd2DmMpHnJTo_-EYtLSIG5JEfhrh44qbKS09Q-FRLkj7KnXlxQQWtuTMkeyXp4wYSImM8pytzjY/h120/Alfred_Loisy.jpg">Alfred Loisy</a> (1857-1940), prêtre et théologien français,
fait paraître, en 1902, un petit livre intitulé <i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj1aIwxtrzJ0JXdrxlFpFAJY8g-dhJFaDXwcZqcuQ5YzfWIUBbrXVwvC2dZELZt31ZtZpIFUU3m9blUbisekdpoFDp2RrK95l011ace2a6K_VxgI2Z6sO70sEHUTwmlAdzGxvvZJ16yEWU/h120/image.jpg">L’Évangile et l’Église</a> </i>qui se veut une réponse à <i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’essence du christianisme </i>du chercheur
allemand </span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhvJ9VLc5NN77q4e7pl-yTNPQKpgZ3Rs282H1PulRaKoE5aUZHSyG5sWV2krJu_07kNLd2DmMpHnJTo_-EYtLSIG5JEfhrh44qbKS09Q-FRLkj7KnXlxQQWtuTMkeyXp4wYSImM8pytzjY/s1600/Alfred_Loisy.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhvJ9VLc5NN77q4e7pl-yTNPQKpgZ3Rs282H1PulRaKoE5aUZHSyG5sWV2krJu_07kNLd2DmMpHnJTo_-EYtLSIG5JEfhrh44qbKS09Q-FRLkj7KnXlxQQWtuTMkeyXp4wYSImM8pytzjY/s1600/Alfred_Loisy.jpg" height="400" width="301" /></a></span></i></span>Adolf </span><span lang="FR-CA">von Harnack. Or, Harnack est un exégète redoutable et un
positiviste qui ramène à l'historicisme toute l’interprétation de la vie de Jésus. Professeur à
l’École Pratique des Hautes Études, Loisy «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">prétend
réfuter le protestant allemand </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"></span>Harnack, et son écriture, d’une extrême finesse,
contribue à donner le change sur sa pensée véritable par l’emploi dans un sens
nouveau des termes usuels de l’enseignement dogmatique qu’il s’agit pour lui de
ruiner. L’Évangile se réduirait à une invitation à la pénitence en vue d’une
catastrophe prochaine qui ne s’est pas produite; la foi de ses apôtres et de
ses disciples a fait du Christ un Dieu; l’Église a recueilli ses paroles; les
dogmes qu’elle en a tirés étaient “en rapport avec l’état général des
connaissances humaines dans le temps et le milieu où ils ont été constitués”;
il s’ensuit “qu’un changement considérable dans l’état de la science peut
rendre nécessaire une interprétation nouvelle </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">des anciennes formules”. L’année
suivante, il répond à ses critiques dans une série de lettres réunies </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj1aIwxtrzJ0JXdrxlFpFAJY8g-dhJFaDXwcZqcuQ5YzfWIUBbrXVwvC2dZELZt31ZtZpIFUU3m9blUbisekdpoFDp2RrK95l011ace2a6K_VxgI2Z6sO70sEHUTwmlAdzGxvvZJ16yEWU/s1600/image.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj1aIwxtrzJ0JXdrxlFpFAJY8g-dhJFaDXwcZqcuQ5YzfWIUBbrXVwvC2dZELZt31ZtZpIFUU3m9blUbisekdpoFDp2RrK95l011ace2a6K_VxgI2Z6sO70sEHUTwmlAdzGxvvZJ16yEWU/s1600/image.jpg" height="400" width="248" /></a></span>sous le
titre </i>Autour d’un petit livre <i style="mso-bidi-font-style: normal;">: le principe
catholique est capable en raison de sa fécondité de s’adapter à toutes les
formes du progrès humain; les dogmes n’apparaissent plus que comme des symboles
dont l’expression varie avec les résultats de la science et les aspirations du
temps présent. En fait, Loisy nie l’idée d’un Dieu personnel et l’immortalité
de l’âme; cependant, il aime toujours l’Église, continue à dire la messe et
vient de faire des démarches pour obtenir l’évêché de Monaco</i>» (A. Dansette.
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Histoire religieuse de la France contemporaine,
</i>Paris, Flammarion, Col. L’Histoire, 1965, pp. 679-680). Ce que nous disent
ces théologiens de la modernité, chacun dans sa chapelle, c’est que l’Église
n’est pas en dehors du temps et de l’Histoire, mais que c’est bien elle qui est
soumise aux contingences temporelles et aux contraintes de l’Histoire.</span><br />
<br />
<span lang="FR-CA">Comme nous sommes en pleine crise de la modernité et que la
République chasse ses congrégations des œuvres publiques, le livre de Loisy est
vite considéré comme un offensive du modernisme dans la théologie. </span><span lang="FR-CA">Des diocèses
jettent l’interdit sur le livre. Pour le moment, Rome laisse faire, mais
l’arrivée de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgU_U_DzSSiRHrZmWGW4G4wxkk_pwGTZTOzrMmEMAwaMo3eflX2u_VH62PN3bYkLwlAiGyJQsejJbX1IU8aUpJVn_N7NGIVic2RpP2kS35Rq3425IXH0U5n57oI_E0bXXXecECxqrOe6Xs/h120/72476d68cff607d80a791e5a70e0dcb9.jpg">Pie X</a> au pontificat accélère la contre-offensive contre le mouvement
moderniste qui accélère ses avancées dans le monde de la philosophie
religieuse. Le 4 juillet 1907, le Saint-Office </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgU_U_DzSSiRHrZmWGW4G4wxkk_pwGTZTOzrMmEMAwaMo3eflX2u_VH62PN3bYkLwlAiGyJQsejJbX1IU8aUpJVn_N7NGIVic2RpP2kS35Rq3425IXH0U5n57oI_E0bXXXecECxqrOe6Xs/s1600/72476d68cff607d80a791e5a70e0dcb9.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgU_U_DzSSiRHrZmWGW4G4wxkk_pwGTZTOzrMmEMAwaMo3eflX2u_VH62PN3bYkLwlAiGyJQsejJbX1IU8aUpJVn_N7NGIVic2RpP2kS35Rq3425IXH0U5n57oI_E0bXXXecECxqrOe6Xs/s1600/72476d68cff607d80a791e5a70e0dcb9.jpg" height="400" width="320" /></a>promulgue le décret <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Lamentabili sane exitu </i>qui condamne<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>«des erreurs dangereuses sur les sciences
sacrées, l’interpré-</span><br />
<span lang="FR-CA">tation de la Sainte-Écriture et les principaux mystères de
la foi», donc la plupart des thèses avancées par Loisy. Suit l’encyclique <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Pascendi </i>qui est «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">un exposé complet de tout ce que les thèses modernistes ont de
condamnable : l’agnosticisme en présence des démonstrations à base
rationnelle; l’immanence vitale qui fait jaillir la vérité religieuse des
besoins de la foi, vérité dont la valeur n’est que symbolique; l’attribution de
l’origine des dogmes au travail de l’intelligence sur la perception de Dieu au
plus intime de l’homme, de celle des sacrements au besoin de “donner à la
religion un corps sensible” et de le faire connaître; la négation de tout
surnaturel dans l’Histoire, etc.</i>» (A. Dansette. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 684). Certes, Loisy n’est pas la seule cible de l’Église
romaine, mais comme celui-ci refuse de se soumettre à l’encyclique et qu’il
récidive en «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">protestant contre
l’encyclique, publie de nouveaux livres dans lesquels il s’attache à
l’historicité des Évangiles et qualifie plusieurs dogmes de légendes. Après de
vaines négociations, il est frappé» </i>(A. Dansette. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 686) d’un décret d’excommunication <i style="mso-bidi-font-style: normal;">vitandus </i>par la Congrégation du Saint-Office, le 7 mars 1908, ce
qui interdisait à tout catholique de lui adresser la parole. En retour, l’année
suivante, Loisy était nommé à la chaire d’histoire des religions du Collège de
France où il enseignera jusqu’à son départ pour la retraite en 1932.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; mso-outline-level: 3; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">L’affaire Loisy était l’occasion pour l’Église catholique
de se réconcilier avec la modernité, de reprendre le rendez-vous manqué avec l'Histoire sous
Pie IX et qu’avait essayé de rattraper Léon XIII. À nouveau, l’Église se
braquait contre l’Histoire et par le fait même, contre son propre avenir. Loisy
n’était pas un révolutionnaire. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjNJYovuPQrZIWwmBRKBJ86DUHizRxfBKMvTaETd5jUKUOnz6zFJmbhy9EUMTYEzWk_XTyRwhj2-h72EVRuhoPch3d5P_GZzuRPpSXc1phtOV1_hkKbOC1As74dssnpfJRB9Pno4wUHOCc/h120/RDA00148102.jpg">Daniel-Rops</a> nous le décrit ainsi : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Celui qui devait apparaître comme le chef de
file du </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjNJYovuPQrZIWwmBRKBJ86DUHizRxfBKMvTaETd5jUKUOnz6zFJmbhy9EUMTYEzWk_XTyRwhj2-h72EVRuhoPch3d5P_GZzuRPpSXc1phtOV1_hkKbOC1As74dssnpfJRB9Pno4wUHOCc/s1600/RDA00148102.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjNJYovuPQrZIWwmBRKBJ86DUHizRxfBKMvTaETd5jUKUOnz6zFJmbhy9EUMTYEzWk_XTyRwhj2-h72EVRuhoPch3d5P_GZzuRPpSXc1phtOV1_hkKbOC1As74dssnpfJRB9Pno4wUHOCc/s1600/RDA00148102.jpg" height="400" width="331" /></a></span>modernisme, un des adversaires les plus sérieux que la foi ait
rencontrés, était un prêtre, infiniment respectable dans sa vie privée, dont
les amis évoquaient volontiers les trésors de sensibilité pieuse et d’élan
mystique, que révélaient d’ailleurs son aspect, tout empreint de gravité
sacerdotale, et ses ferventes actions de grâces. </i>[…] <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Mais, en lui, le drame de l’</i>homo duplex <i style="mso-bidi-font-style: normal;">se jouait; cette religion à laquelle il demeurait extérieurement
fidèle, au fond de lui-même, Alfred Loisy, la trentaine venue, lui
appartenait-il encore?</i>» (H. Daniel-Rops. <i>Un combat pour Dieu</i>, Paris,
Fayard, Col. Les Grandes Études historiques, 1963, pp. 340-341). Il était
possible jadis d’associer l’hérésie à des réinterprétations du dogme par un
Luther ou un Calvin, mais avec Loisy, l’attaque était plus intelligente, elle relevait
de l’ordre de la méthode critique : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Loisy,
dont les convictions… étaient alors déjà fort éloignées de la foi du
charbonnier, saisit l’occasion pour glisser, de façon assez machiavélique, dans
son livre, les thèses auxquelles il était attaché. Appliquant à l’Évangile les
méthodes de sa critique, il rejetait la croyance traditionnelle de l’institution
par le Christ de l’Église et des sacrements, ajoutant que Jésus s’était trompé
lui-même pour les événements qui devaient se dérouler après sa mort, l’idée
principale de son message étant l’annonce d’un Royaume de Dieu terrestre qui s’instaurerait
après la fin du monde, prochaine. Cette théorie “eschatologique” aboutissait à
ruiner radicalement le christianisme, puisque, si Jésus s’était trompé, il ne
pouvait pas être Dieu, et qu’il fallait donc admettre que c’étaient les
premières générations chrétiennes qui l’avaient “déifié”. Les théologiens
perspicaces ne se laissèrent pas duper par l’apologétique antiprotestante de
Loisy…</i>» (H. Daniel-Rops. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p.
354). Évidemment, pour ce catholique orthodoxe, Loisy ne pouvait être qu’un
fourbe mû par sa duplicité et son machiavélisme en vue de torpiller la Vérité
ecclésiastique confondue avec la Vérité divine puisque l’Église est l’Évangile
en continuité dans le temps. En <i style="mso-bidi-font-style: normal;">le
faisant élire au Collège de France, le Gouvernement </i>anti-catholique portait
une autre gifle au Saint-Père.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; mso-outline-level: 3; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Mais le drame intérieur de Loisy était beaucoup plus tragique
que Daniel-Rops le suggère :</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; mso-outline-level: 3; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Loisy
a affirmé par la suite à diverses reprises que, bien avant la publication de </i>l’Évangile
et l’Église, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">il avait déjà perdu la foi
en la divinité du Christ et même en l’existence d’un Dieu personnel, mais qu’il
avait préféré donner le change sur sa véritable pensée dans l’espoir de pouvoir
mener de l’intérieur avec plus de chance de succès une réforme de l’Église qui
lui paraissait utile pour l’humanité. Sa biographie par A. Houtin, qui l’avait
connu de très près, </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjRyfAbHa0wrxAQRP2E9_1G-eTHeZEWA1DgcLGVRMaa-wfOD1N1QnsBvPU60gP5JqHpL_kICGtJxH1vB6vRkGcaG9fXu_ZrCwd5RxdBrLVcItqDbdkFnyU-y-xfXlozIEBXCkvDhb-8HnI/s1600/51wpG363RsL._AA160_.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjRyfAbHa0wrxAQRP2E9_1G-eTHeZEWA1DgcLGVRMaa-wfOD1N1QnsBvPU60gP5JqHpL_kICGtJxH1vB6vRkGcaG9fXu_ZrCwd5RxdBrLVcItqDbdkFnyU-y-xfXlozIEBXCkvDhb-8HnI/s1600/51wpG363RsL._AA160_.jpg" height="320" width="320" /></a>semble à première vue renforcer ses déclarations. Mais un
certain nombre d’ob-</i></span><br />
<span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">servations perspicaces d’É. Poulat invitent au contraire à
penser que c’est l’existence même de ce texte, rédigé dans une perspective
malveillante à l’égard de Loisy, qui explique pour une part la reconstruction
que celui-ci, une fois détaché de toute foi positive, a voulu donner à
postériori de son évolution religieuse, ce qui réduit dès lors la crédibilité
que certains ont accordé trop vite à ses déclarations sur la date réelle où il cessa
de croire. Les fragments de lettres et les souvenirs publiés par R. de Boyer de
Sainte-Suzanne sous le titre </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjRyfAbHa0wrxAQRP2E9_1G-eTHeZEWA1DgcLGVRMaa-wfOD1N1QnsBvPU60gP5JqHpL_kICGtJxH1vB6vRkGcaG9fXu_ZrCwd5RxdBrLVcItqDbdkFnyU-y-xfXlozIEBXCkvDhb-8HnI/h120/51wpG363RsL._AA160_.jpg">À Loisy entre la foi et l’incroyance</a> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">confirment toute la distance qu’il y avait
entre ce dernier et un Renan, dont il exécrait le rationalisme scientiste, ou
un Houtin, qui fut à certains points de vue son mauvais génie. Certes Loisy,
dès 1900, distinguait entre la foi et les croyances, mais les progrès de la
sociologie de la connaissance religieuse, comme ceux de la théologie de la foi
et de l’herméneutique permettent aujourd’hui de comprendre de façon moins
simpliste qu’au début du siècle la psychologie complexe des modernistes.</i></span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; mso-outline-level: 3; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Quoi qu’il en soit des sentiments personnels de Loisy, une chose est
certaine, c’est qu’il fut le catalyseur d’un malaise de plus en plus généralisé
dans l’intelligentsia catholique et que ses “petits livres” – qui furent mis à
l’index dès la fin de 1903 – inaugurèrent une mêlée théologique qui, par vagues
successives, se poursuivit pendant des années bien au-delà des frontières de la
France</span></i><span lang="FR-CA">» (R. Aubert et al. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Nouvelle histoire de l’Église, t. 5 : L’Église dans le monde
moderne</i>, Paris, Seuil, 1975, pp. 203-204).</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; mso-outline-level: 3; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">De fait, l’influence de Loisy sur les théologiens qui
firent Vatican II est nette, et durant le concile, on leva l’excommunication
(du moins partiellement) sur la personne du théologien libéral. Loisy eut plus
à souffrir de </span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg-4i9aZcnu4OlL0nKyc7h0qPVNhcTUH-2hXZyo2HMeFKu-YWuRNEWL-HI_osaFejVE4BuSv_xBtXrvPCVsUlK7xQZ_2pcmxzzfBCfRWovIKi2695Md5VWSA9eqhMXQWP314MEzGzBhsKY/s1600/image_063.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg-4i9aZcnu4OlL0nKyc7h0qPVNhcTUH-2hXZyo2HMeFKu-YWuRNEWL-HI_osaFejVE4BuSv_xBtXrvPCVsUlK7xQZ_2pcmxzzfBCfRWovIKi2695Md5VWSA9eqhMXQWP314MEzGzBhsKY/s1600/image_063.jpg" height="400" width="254" /></a></span>l’action de l’Église catholique irréconciliable avec l’Histoire
que von Harnack et Bultmann qui devinrent des sommités dans le monde protestant.
La liberté de conscience défrichée par les réformistes du XVIe siècle rendait
possible ce cheminement intellectuel et moral d’une Église qui acceptait d’affronter
le doute contre le </span><span lang="FR-CA">totalitarisme du dogme. D’autres théologiens, dans la même
veine, subiront l’excommunication, tel <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg-4i9aZcnu4OlL0nKyc7h0qPVNhcTUH-2hXZyo2HMeFKu-YWuRNEWL-HI_osaFejVE4BuSv_xBtXrvPCVsUlK7xQZ_2pcmxzzfBCfRWovIKi2695Md5VWSA9eqhMXQWP314MEzGzBhsKY/h120/image_063.jpg">Prosper Alfaric</a> (1876-1955), prêtre,
théologien, historien des religions qui sera frappé, à son tour, d’excommunication
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">vitandus </i>et puni de la peine de
dégradation par décret du Saint-Office, le 29 juillet 1933, après la publication
d’un ouvrage collectif : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le Problème
de Jésus et les origines du christianisme, </i>où il élaborait ses thèses sur l’inexistence
historique de Jésus de Nazareth et de Marie. Dès lors, il devenait possible de
considérer les Évangiles comme un ensemble de récits purement mythiques et qui
font, aujourd’hui, le régal d’un philosophe peu profond et amoureux du
scandale, Michel Onfray.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; mso-outline-level: 3; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">C’est le cas également de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiliUrikHjnxkazzaVV0cORqC2ZzZmo17W6GfXkZTxUYRhU5RfLOCyWbeL-K_sw80xZ5k0HNtQ633-xntlFiBkC3QQJK0OaJpMuvo7swlHHv2w3zoA4sYZ8Nk0wEUIOYpeMgcBGWWkIXOo/h120/frfeeney.jpg">Leonard Feeney</a> (1897-1978), prêtre
jésuite américain d’origine irlandaise. Feeney se mérite l’excommunication en 1953 pour se révision du
principe <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Extra Ecclesiam nulla salus</i>
(Hors de l’Église point de salut), ce qui ne l’empêche pas de fonder un groupe
religieux à l’abbaye de Still </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiliUrikHjnxkazzaVV0cORqC2ZzZmo17W6GfXkZTxUYRhU5RfLOCyWbeL-K_sw80xZ5k0HNtQ633-xntlFiBkC3QQJK0OaJpMuvo7swlHHv2w3zoA4sYZ8Nk0wEUIOYpeMgcBGWWkIXOo/s1600/frfeeney.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiliUrikHjnxkazzaVV0cORqC2ZzZmo17W6GfXkZTxUYRhU5RfLOCyWbeL-K_sw80xZ5k0HNtQ633-xntlFiBkC3QQJK0OaJpMuvo7swlHHv2w3zoA4sYZ8Nk0wEUIOYpeMgcBGWWkIXOo/s1600/frfeeney.jpg" height="400" width="271" /></a>River. Feeney est un exalté pour qui les non
baptisés vont en enfer. Excommunié par Pie XII pour refus de soumission à l’autorité
ecclésiale, Feeney se réconciliera avec le Saint-Siège en 1972 sans qu’on exige
de lui de rétractation sur sa position à propos du baptême. Il est vrai que
dans ses délires, Feeney affirmait l’existence de liens entre Napoléon et la
Franc-Maçonnerie en vue d’abattre la civilisation chrétienne. Comme on le voit,
l’excommunication est de moins en moins utilisée pour des choses sérieuses. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi6oWHJDcG22YjFwTBmY6F4jtPHDr385ngiwp9aqQhnmGxFeBDKN7h_HcadyOjvx9b-jZkZ5XzotGps6hA1aWKUtatWFeFpVpL4NtTrz0Zl4z2PB7f0jFnQtJbKFO6B-BVA6RfUh215BwU/h120/MgrLefebvre.jpg">Mgr Marcel Lefebvre</a> (1905-1991), adversaire exalté du concile Vatican II, fonde en
1970 la Fraternité Saint-Pie X et le séminaire international d’Écône, créés
pour «former des séminaristes en vue de la prêtrise», une prêtrise
réactionnaire qui en restera aux décrets du Concile de Trente et à la messe de
Saint-Pie V dite en latin. Il est </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi6oWHJDcG22YjFwTBmY6F4jtPHDr385ngiwp9aqQhnmGxFeBDKN7h_HcadyOjvx9b-jZkZ5XzotGps6hA1aWKUtatWFeFpVpL4NtTrz0Zl4z2PB7f0jFnQtJbKFO6B-BVA6RfUh215BwU/s1600/MgrLefebvre.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi6oWHJDcG22YjFwTBmY6F4jtPHDr385ngiwp9aqQhnmGxFeBDKN7h_HcadyOjvx9b-jZkZ5XzotGps6hA1aWKUtatWFeFpVpL4NtTrz0Zl4z2PB7f0jFnQtJbKFO6B-BVA6RfUh215BwU/s1600/MgrLefebvre.jpg" height="400" width="277" /></a>excommunié <i style="mso-bidi-font-style: normal;">latæ sententiæ </i>en 1988 pour avoir sacré quatre évêques traditionalistes
sans la permission de Rome. Malgré de réguliers affrontements, Mgr Lefebvre et
Jean-Paul II refusent la complète scission. Mgr Lefebvre soutient des régimes
dictatoriaux et des politiques conservatrices réactionnaires. Bien que les
tentatives de réinsertion de Mgr Lefebvre au sein de l’Église catholique aient
échoué de son vivant, après sa mort, Benoît XVI lèvera l’excommunication contre
les 4 évêques consacrés par Mgr Lefebvre, manifestation de réconciliation
tacite avec l’Église traditionaliste. Bien confortée à Écône, on ne promènera pas
la dépouille de Mgr Lefebvre comme on promena celle de Guibord, tant la
politique d’excommunication de l’Église catholique a toujours été de deux poids
deux mesures, selon l’endroit où l’excommunié se plaçait dans le spectre des
idéologies politiques. D’où le Purgatoire peut devenir une arène de luttes pour
les partisaneries idéologiques, catholiques comprises, en mal de reconnaissance
et de pouvoirs terrestres</span><span lang="FR-CA" style="font-family: "Hoefler Text Ornaments";">⌛</span><br />
<br /></div>
<div align="right" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; mso-outline-level: 3; text-align: right;">
<span lang="FR-CA">Montréal, </span></div>
<div align="right" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; mso-outline-level: 3; text-align: right;">
<span lang="FR-CA">22 septembre 2014</span><span lang="FR-CA" style="font-family: "Hoefler Text Ornaments";"></span></div>
</div>
Coupalhttp://www.blogger.com/profile/14839226309394850656noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8942859135376014620.post-74784880721663520842014-09-15T17:38:00.000-04:002014-09-15T17:38:58.281-04:00Le chant des sirènes<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div style="text-align: justify;">
<!--[if gte mso 9]><xml>
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<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhU6HN1Gle_4BBkhpjeNteyyq9cuh-QSK0rgDlxYzZlWOvuT3Fty4eIaMqHr04PJCt9hSvo3FT7VSIbzenJwBEBidjLC5KlRWgyf0E1y6FDwPAup1e91gTLNfbI3KTS-Y_PaV3IueojY2E/s1600/dor2_gericault_001f.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhU6HN1Gle_4BBkhpjeNteyyq9cuh-QSK0rgDlxYzZlWOvuT3Fty4eIaMqHr04PJCt9hSvo3FT7VSIbzenJwBEBidjLC5KlRWgyf0E1y6FDwPAup1e91gTLNfbI3KTS-Y_PaV3IueojY2E/s1600/dor2_gericault_001f.jpg" height="271" width="400" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Théodore Géricault. <i>Le Radeau de la Méduse, </i>1819</td></tr>
</tbody></table>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: -4.6pt; text-align: center;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span lang="FR-CA" style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;">LE CHANT DES SIRÈNES</span></b></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: -4.6pt; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: -4.6pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Les âmes n’entrent pas au Paradis ou en Enfer comme
elles débarquent au Purgatoire. À dire vrai, je pense que nous pouvons dire que
les âmes arrivent au Purgatoire par barges, et c’est ainsi que Dante se voit
</span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhNTEhWp03rKVbjk8Rcuf2sUiwSwUDvaPhTM7QqWWRsKgtmsQA0opCcAZVWdmfQSnUONuMs4LbSGoqV0quyZvX41pfZ0pFtkB4i9Qbiev73AsePs7p05Wx1TFghs9kOHn9ad5sQr_I0WeE/s1600/litovchenko_charon_carries_souls_across_the_river_styx_med.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhNTEhWp03rKVbjk8Rcuf2sUiwSwUDvaPhTM7QqWWRsKgtmsQA0opCcAZVWdmfQSnUONuMs4LbSGoqV0quyZvX41pfZ0pFtkB4i9Qbiev73AsePs7p05Wx1TFghs9kOHn9ad5sQr_I0WeE/s1600/litovchenko_charon_carries_souls_across_the_river_styx_med.jpg" height="293" width="400" /></a>imposer un Anté-</span><br />
<span lang="FR-CA">Purgatoire au début de la seconde partie de sa <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Divine Comédie. </i>Dante nous offre une version chrétienne de la barque de
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhNTEhWp03rKVbjk8Rcuf2sUiwSwUDvaPhTM7QqWWRsKgtmsQA0opCcAZVWdmfQSnUONuMs4LbSGoqV0quyZvX41pfZ0pFtkB4i9Qbiev73AsePs7p05Wx1TFghs9kOHn9ad5sQr_I0WeE/h120/litovchenko_charon_carries_souls_across_the_river_styx_med.jpg">Charon</a>, le transporteur qui pour une obole vous faisait traverser le Styx pour
arriver aux Enfers dans la mythologie grecque. Si Charron et le Styx
disparaissent de l’Anté-Purgatoire, l’effet poétique reste le même.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: -4.6pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Ici, rien de tragique à première vue. Les âmes en peines
débarquent sur la plage où sont déjà arrivés Dante et Virgile :</span><br />
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; margin-left: 21.3pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<span style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">«</span></span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Nous
étions encore près de la mer, semblables à celui qui pense à son chemin, qui va
de cœur, et de corps demeure, quand tout à coup, comme Mars, chassé par le
matin, rougit à travers les épaisses vapeurs, au couchant, sur la plaine
marine, je vis, et que ne la vois-je encore une lumière venir sur la mer, d’une
telle vitesse, qu’aucun vol, ne l’égale.</span></i><br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjhXUMHWcmotEDQbGaHmp0cJtajjRJxJSEK5Cbs-bZgh2SjwAD-QjzUFpqiHPWW81HrG8cbaV7nOmQcMze9S2JEyaCRP_qKVl0wgHcAM5cH5AJay4XHSzSk0piG__qTe6Z5TTb3QdkE0Kw/s1600/1309451711.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjhXUMHWcmotEDQbGaHmp0cJtajjRJxJSEK5Cbs-bZgh2SjwAD-QjzUFpqiHPWW81HrG8cbaV7nOmQcMze9S2JEyaCRP_qKVl0wgHcAM5cH5AJay4XHSzSk0piG__qTe6Z5TTb3QdkE0Kw/s1600/1309451711.jpg" height="400" width="295" /></a></div>
</div>
<div style="line-height: 150%; margin-left: 21.3pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Après avoir un peu détourné d’elle les yeux pour interroger
mon Guide, je la revis plus brillante et plus grande. Puis, de chaque côté,
m’apparut je ne sais quoi de blanc, et d’au dessous, peu à peu, sortit quelque
chose de pareil.</span></i><br />
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; margin-left: 21.3pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Mon Maître ne dit rien, jusqu’à ce que les premières
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjhXUMHWcmotEDQbGaHmp0cJtajjRJxJSEK5Cbs-bZgh2SjwAD-QjzUFpqiHPWW81HrG8cbaV7nOmQcMze9S2JEyaCRP_qKVl0wgHcAM5cH5AJay4XHSzSk0piG__qTe6Z5TTb3QdkE0Kw/h120/1309451711.jpg">blancheurs</a> se déployèrent en ailes : mais, lorsqu’il reconnut bien le
nocher, il cria : "Ploie, ploie les genoux : voilà l’Ange de
Dieu! Joins les mains! de tels ministres tu verras désormais. Vois,
il dédaigne les instruments humains : il ne veut d’autre rame, d’autre
voile que ses ailes pour parcourir ces lointains rivages; vois comme il
les dresse vers le ciel, frappant l’air des pennes éternelles, qui ne changent
point comme un poil mortel".</span></i><br />
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; margin-left: 21.3pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg5HyuDM25P0sd2VDmaH8TzJuVZXz1h_aQW7D8AUdQfjMvGWOu3J1Zu8wOU_l3pWAX1s7HX7myErshEmgfCKiHBHy42XcY3uJftkuyuHo2F_vM4WchyyhghV9jH6DDpiHxFh9Wh8TtDYYE/s1600/04800435.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg5HyuDM25P0sd2VDmaH8TzJuVZXz1h_aQW7D8AUdQfjMvGWOu3J1Zu8wOU_l3pWAX1s7HX7myErshEmgfCKiHBHy42XcY3uJftkuyuHo2F_vM4WchyyhghV9jH6DDpiHxFh9Wh8TtDYYE/s1600/04800435.jpg" height="276" width="400" /></a></div>
<br />
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Plus dessous s’approchait l’<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg5HyuDM25P0sd2VDmaH8TzJuVZXz1h_aQW7D8AUdQfjMvGWOu3J1Zu8wOU_l3pWAX1s7HX7myErshEmgfCKiHBHy42XcY3uJftkuyuHo2F_vM4WchyyhghV9jH6DDpiHxFh9Wh8TtDYYE/h120/04800435.jpg">oiseau divin</a>, plus brillant il
apparaissait; de sorte que l’œil ne </span></i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">pouvant de près en soutenir l’éclat,
s’abaissa; et lui vint au rivage avec un batelet si svelte et si léger,
qu’il ne plongeait aucunement dans l’eau.</span></i><br />
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; margin-left: 21.3pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">A la poupe se tenait le céleste nocher, rayonnant de
béatitude ; et dedans étaient assis plus de cent esprits.</span></i><br />
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; margin-left: 21.3pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">In exitu Israël de Aegypto<i style="mso-bidi-font-style: normal;">,, tous ensemble ils <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiRYnREBfjBP4Us4vWwMoPT4f41Z2KqdwopGP3ud6KURG6LuQ9Nsy_SwomNHvgz1uXKfSMvVQjrURtqXxaMOuxtr1GPy6pHxlhSeN_Qv_GsaV8m7zHsKjVbQ4iXu1-e_K1UzHncuv7JLU4/h120/8010535.jpg">chantaient</a> d’une seule
voix, et le reste du psaume. Puis sur eux il ft le signe de la sainte croix, et
tous se jetèrent sur la plage, et lui s’en alla, rapide comme il était venu.</i></span><br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiRYnREBfjBP4Us4vWwMoPT4f41Z2KqdwopGP3ud6KURG6LuQ9Nsy_SwomNHvgz1uXKfSMvVQjrURtqXxaMOuxtr1GPy6pHxlhSeN_Qv_GsaV8m7zHsKjVbQ4iXu1-e_K1UzHncuv7JLU4/s1600/8010535.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiRYnREBfjBP4Us4vWwMoPT4f41Z2KqdwopGP3ud6KURG6LuQ9Nsy_SwomNHvgz1uXKfSMvVQjrURtqXxaMOuxtr1GPy6pHxlhSeN_Qv_GsaV8m7zHsKjVbQ4iXu1-e_K1UzHncuv7JLU4/s1600/8010535.jpg" height="400" width="358" /></a></div>
</div>
<div style="line-height: 150%; margin-left: 21.3pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">La troupe qui demeura là paraissait étrangère à ce lieu,
regardant autour comme celui qui examine des choses neuves. Le soleil, dont les
flèches brillantes avaient du milieu du ciel chassé le Capricorne, de toutes
parts dardait le jour, lorsque la gent nouvelle vers nous éleva le front,
disant : "Si vous le savez, montrez-nous le chemin pour aller au mont". Et
Virgile répondit : "Vous croyez peut-être que de ce lieu nous sommes
experts, mais nous sommes pèlerins comme vous. Un peu avant vous, nous sommes
venus par une autre route si âpre et si rude, que monter désormais nous
paraîtra un jeu".</span></i><br />
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; margin-left: 21.3pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Les âmes, s’apercevant à ma respiration que j’étais encore
vivant, devinrent pâles d’étonnement; et comme un messager qui porte
l’olivier attire à soi la foule avide de nouvelles, et que nul ne craint de
presser autrui, ainsi toutes ces âmes fortunées sur mon visage fixèrent les yeux,
oubliant presque d’aller se faire belles</span></i><span style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">»</span></span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"> </span></i><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">(Traduction Lamennais).</span><br />
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">La mort semble avoir été si soudaine
que ces âmes ne réalisent pas encore tout à fait leur état, ce qu’elles ne réaliseront qu’à la vue du Dante qui reste animé du souffle de la vie.
Du lot se détache alors une âme qui se précipite dans les bras du poète qui le
reconnaît. Il s’agit du musicien <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhXiDRt9iTGcSHdIGteK9Qm94G-RJ_g0ntqzWOMd_NTV1h-lqOAnCNmA35Cxa79o_kfa1NnyTQwOJACGUVFPDSRIfXPmru2GVwSloEtg77Xrtl0iMkRzSVYnGxNigYcM6ZD7c1cM66D43c/h120/dante+e+casella.jpg">Pietro Casella</a>, dont tout ce qu’on peut </span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhXiDRt9iTGcSHdIGteK9Qm94G-RJ_g0ntqzWOMd_NTV1h-lqOAnCNmA35Cxa79o_kfa1NnyTQwOJACGUVFPDSRIfXPmru2GVwSloEtg77Xrtl0iMkRzSVYnGxNigYcM6ZD7c1cM66D43c/s1600/dante+e+casella.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhXiDRt9iTGcSHdIGteK9Qm94G-RJ_g0ntqzWOMd_NTV1h-lqOAnCNmA35Cxa79o_kfa1NnyTQwOJACGUVFPDSRIfXPmru2GVwSloEtg77Xrtl0iMkRzSVYnGxNigYcM6ZD7c1cM66D43c/s1600/dante+e+casella.jpg" height="317" width="400" /></a>dire
de «certain», c’est qu’il est mort avant 1300! Casella est associé à la tendance du XIIIe
siècle du <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Dolce still nuovo </i>dont
Dante est le grand promoteur, ce qui permet de le rattacher au style toscan. «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Avec les poètes Guido Guinicelli, un noble
gibelin, Guittone d’Arezzo, le Florentin Guido Cavalcanti, en qui Dante salue
le fondateur du </i>dolce still nuovo, <i>et le musicien Piero Casella, qui
inventa le madrigal</i><i style="mso-bidi-font-style: normal;">. Grâce à ce dernier,
l’on peut supposer par analogie, malgré la pénurie des documents, que Florence
se trouvait à l’extrême fin du XIIIe siècle, en possession d’un art monodique
évolué que l’on a parfois nommé</i> l’ars nova florentine, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">issu des </i>Laudi<i style="mso-bidi-font-style: normal;"> plus que des
troubadours, et à qui, bien qu’on ignore tout, on a souvent attribué quelque
influence sur la prochaine </i>ars nova<i style="mso-bidi-font-style: normal;">
française</i>» (J. Chailley. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Histoire
musicale du Moyen Âge, </i>Paris, P.U.F., Col. Hier, 1950, p. 239).</span><br />
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Les retrouvailles des deux hommes
sont émouvantes :</span><br />
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<span style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">«</span></span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Je vis l’une d’elles s’avancer pour m’embrasser avec tant
d’affection, qu’elle me mut à faire la même chose.</span></i><br />
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Hélas! ombres vaines, excepté d’aspect! Trois
fois autour d’elle j’étendis les bras, et trois fois je les ramenai sur ma
poitrine. L’étonnement, je crois, se peignit en moi; sur quoi l’ombre
sourit et se retira, et moi, la suivant, au delà d’elle je passai. Doucement
elle me dit de cesser : alors je la reconnus, et la priai que pour me
parler elle s’arrêtât un peu. Elle me répondit : "Comme je t’aimai dans le
corps mortel, dégagée de lui je t’aime; à cause de </span></i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj78d2zplixXg8gbXf6yt7rqn5yaOKe6HM3fAUEjsKKvvPnhJHCqqI6lh_EjPmgSyoCbtEK72Ifi2M8azKPdUUB-CpCP_cRyvRxTq33x1gGlcda4GDWZ7ELtgpGJGngV1J9kcucXKn2Yxs/s1600/dante+y+casella+en+el+purgatorio+rec.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj78d2zplixXg8gbXf6yt7rqn5yaOKe6HM3fAUEjsKKvvPnhJHCqqI6lh_EjPmgSyoCbtEK72Ifi2M8azKPdUUB-CpCP_cRyvRxTq33x1gGlcda4GDWZ7ELtgpGJGngV1J9kcucXKn2Yxs/s1600/dante+y+casella+en+el+purgatorio+rec.jpg" height="197" width="320" /></a>cela je m’arrête. Mais
toi, pourquoi vas-tu?" — Mon <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj78d2zplixXg8gbXf6yt7rqn5yaOKe6HM3fAUEjsKKvvPnhJHCqqI6lh_EjPmgSyoCbtEK72Ifi2M8azKPdUUB-CpCP_cRyvRxTq33x1gGlcda4GDWZ7ELtgpGJGngV1J9kcucXKn2Yxs/h120/dante+y+casella+en+el+purgatorio+rec.jpg">Casella</a>, pour retourner de nouveau là d’où je
suis, je fais ce voyage. Mais toi, pourquoi cette terre si désirable
t’était-elle déniée? Et lui à moi : "Aucune offense ne m’a été faite
lorsque celui qui emporte qui et quand il lui </span></i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">plaît m’a plusieurs fois refusé
ce passage; du juste vouloir il fait le sien; et vraiment, depuis trois mois,
il a reçu en toute paix qui a voulu entrer. Aussi, moi qui étais alors tourné
vers la plage où l’eau du Tibre devient salée, bénignement de lui je fus
accueilli à cette rive où se dirige son aile, et où pour cela toujours se
rassemblent ceux qui vers l’Achéron ne descendent point".</span></i><br />
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Et moi : — Si une loi nouvelle ne t’ôte point la
mémoire ou l’usage de l’amoureux chant qui apaisait tous mes soucis, qu’il te
plaise d’en consoler un peu mon âme, qui, venant ici avec </span></i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">le corps, est si
affaissée.</span></i><br />
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">«</span></i><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Amour
qui discours en mon âme<i style="mso-bidi-font-style: normal;">», commença-t-il
alors si suavement, que la douce mélodie encore en moi résonne.</i></span><br />
<br />
<div style="text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjzDcd8zNlCpBEqYURWbnvtIpWj-WdHn_9MQCp72cq9eN4OUlL97zfAvuH0kOvyOqhJaaJVtVh_HdnGW-xZBgKCgCdBXSQEhhuGXxPKgoI1vOFufC7XHTwUAbCzed_Vp-fxcDrwmblgltE/s1600/p52mini.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjzDcd8zNlCpBEqYURWbnvtIpWj-WdHn_9MQCp72cq9eN4OUlL97zfAvuH0kOvyOqhJaaJVtVh_HdnGW-xZBgKCgCdBXSQEhhuGXxPKgoI1vOFufC7XHTwUAbCzed_Vp-fxcDrwmblgltE/s1600/p52mini.jpg" height="281" width="400" /></a></div>
</div>
<div style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<br />
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Le Maître et moi, et la troupe qui l’accompagnait, étions si
ravis, que chacun paraissait avoir toute autre pensée en oubli. Attentifs à ses
chants et absorbés en eux nous allions</span></i><span style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">»</span></span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">.</span></i><br />
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">C’est alors que Caton d’Utique sonne la fin de la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjzDcd8zNlCpBEqYURWbnvtIpWj-WdHn_9MQCp72cq9eN4OUlL97zfAvuH0kOvyOqhJaaJVtVh_HdnGW-xZBgKCgCdBXSQEhhuGXxPKgoI1vOFufC7XHTwUAbCzed_Vp-fxcDrwmblgltE/h120/p52mini.jpg">récréation</a>
et que les amis doivent se quitter.</span><br />
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Pour l’essentiel, le musicologue italien Nino Pirrotta juge
ainsi de l’influence du <i style="mso-bidi-font-style: normal;">still nuovo </i>sur
l’histoire de la musique à la fin du Moyen Âge : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Si le </i>stil nuovo <i style="mso-bidi-font-style: normal;">exerça
quelque influence sur la polyphonie profane à peine naissante, cette influence
fut négative. La grande élévation lyrique à laquelle la poésie avait atteint à
l’époque de Dante imposa aux musiciens un choix difficile; il leur fallait ou
bien adapter l’intensité d’expression de la musique à celle de la poésie, ou ne
lui assigner qu’un rôle accessoire et, partant, subordonné. Dans l’épisode bien
connu du </i>Purgatoire <i style="mso-bidi-font-style: normal;">où Dante retrouve
le musicien Casella et lui demande de chanter </i>Amor che nella mente mi
ragiona, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">l’émotion provoquée par le chant
est si forte que le poète en est troublé jusqu’au désarroi, bien plus que par
la rencontre du vieil ami. Parce </i></span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjUWRb3ORnaxMyWK9mGDG5P5Ukykx-l69h482N5XdpO2fi0x84ODZPXI5kMDS_hHFzKBuSBZxZIlQiUYG5Ce-ji3zi076X8ThDn6578XF0v3fMnmqJEYc8qJiQmh9ohIgp5LzbLOaWZahQ/s1600/668930.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjUWRb3ORnaxMyWK9mGDG5P5Ukykx-l69h482N5XdpO2fi0x84ODZPXI5kMDS_hHFzKBuSBZxZIlQiUYG5Ce-ji3zi076X8ThDn6578XF0v3fMnmqJEYc8qJiQmh9ohIgp5LzbLOaWZahQ/s1600/668930.jpg" height="400" width="325" /></a>que, dit-il ailleurs, la musique “attire les
esprits humains, lesquels sont presque entièrement des émanations du cœur, de
sorte qu’ils cessent toute activité… et les vertus de tous, ou presque tous,
sont transférées à l’esprit sensible qui reçoit le son”. Nous pensons qu’une
telle sensibilité était davantage aspiration et illusion du poète qu’effective
vertu de la musique : non seulement celle-ci était incapable d’ajouter
quelque beauté propre à celle du texte poétique, mais elle l’<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjUWRb3ORnaxMyWK9mGDG5P5Ukykx-l69h482N5XdpO2fi0x84ODZPXI5kMDS_hHFzKBuSBZxZIlQiUYG5Ce-ji3zi076X8ThDn6578XF0v3fMnmqJEYc8qJiQmh9ohIgp5LzbLOaWZahQ/h120/668930.jpg">alourdissait</a>
plutôt. L’époque de Dante marque la fin de l’identité originelle des deux arts.
Par la suite, la </i>canzone <i style="mso-bidi-font-style: normal;">abandonne
son enveloppe musicale pour devenir œuvre littéraire pure. Par contre, un
nouveau type de </i>ballata <i style="mso-bidi-font-style: normal;">est en train
de se former. Le fait que le nombre de strophes est ramené à une seule et que
la poésie y prend un ton conventionnel montre que celle-ci n’est créée que pour
fournir prétexte à chanter. Il s’agit de poésie à musique</i>» (N. Pirrotta, in
Roland-Manuel (éd.) <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Histoire de la
musique, t. 1 : Des origines à Jean-Sébastien Bach, </i>Paris, Gallimard,
Col. Encyclopédie de la Pléiade, 1960, pp. 782-783).</span><br />
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Ce n’est pas sans une étrange impression que nous sortons de cette
analyse musicographique. L’impression qu’aujourd’hui, les paroles des chansons sont rythmées et composées pour servir la musique, alors qu’il en était autrement au Moyen Âge où, au contraire, la musique servait, accompagnait plutôt, la chanson.
</span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj6GzbtfF_KaXiIufG55aNah59kRWi2K_ndy5SXJe0abwvjfgq4yHWTudEjmnugYhIgmKwKER-wV1P8ZYeiL3YDaJHzvbsW1FF0HaHtm3rMHDtI3gZ4NxYL3wkGmQwXfdgL1Cxp0M_tmyA/s1600/woodcutprintC28.gif" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj6GzbtfF_KaXiIufG55aNah59kRWi2K_ndy5SXJe0abwvjfgq4yHWTudEjmnugYhIgmKwKER-wV1P8ZYeiL3YDaJHzvbsW1FF0HaHtm3rMHDtI3gZ4NxYL3wkGmQwXfdgL1Cxp0M_tmyA/s1600/woodcutprintC28.gif" height="273" width="400" /></a>Comment, en effet, imaginer une musique <i style="mso-bidi-font-style: normal;">prétexte à
chanter</i>?<i style="mso-bidi-font-style: normal;"> </i>C’est dire que Dante
s’enivre d’émotions à l’écoute de ses propres mots plutôt qu’à la composition
que lui a apportée Casella. Quoi qu’il en soit de l’émotion de Dante, elle ne
peut jaillir que de la rencontre de la poésie accompagnée de la musique de
Casella et de la situation hirsute de se retrouver désormais dans deux mondes
étranges. Celui des vivants avec le poète et celui du Purgatoire avec le
musicien, ce qui va les forcer à se séparer pour toujours après cette brève et
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj6GzbtfF_KaXiIufG55aNah59kRWi2K_ndy5SXJe0abwvjfgq4yHWTudEjmnugYhIgmKwKER-wV1P8ZYeiL3YDaJHzvbsW1FF0HaHtm3rMHDtI3gZ4NxYL3wkGmQwXfdgL1Cxp0M_tmyA/h120/woodcutprintC28.gif">ultime rencontre</a>.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le chant de Casella
est une sorte de chant des Sirènes. Celui des sirènes qui annoncent qu’une
catastrophe est imminente.</span><br />
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Car tel fut le sort des âmes des défunts qui débarquent par barges
sur les rives du Purgatoire. Des victimes prises par la soudaineté de la mort. Des âmes non préparées à cette inéluctable fatalité. Et c’est la musique qui
accompagne les naufrages les plus spectaculaires. On pense à l’orchestre qui
aurait accompagné le </span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiSYb4FJ2iT88CL_skYMCLgB-4lESBM1Cat9TC9xjh03uv-1N0KvOCLfN1bK9uPy3cbK-U9rsLP6sTzwQ_dmIUh1zjyOpj93dPueqQmBwbKYghCYIBvmPzzwb970yW_0p62Q6b_qL1Hcrs/s1600/hqdefault.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiSYb4FJ2iT88CL_skYMCLgB-4lESBM1Cat9TC9xjh03uv-1N0KvOCLfN1bK9uPy3cbK-U9rsLP6sTzwQ_dmIUh1zjyOpj93dPueqQmBwbKYghCYIBvmPzzwb970yW_0p62Q6b_qL1Hcrs/s1600/hqdefault.jpg" height="300" width="400" /></a>naufrage du <i>Titanic </i>en jouant <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Plus près de toi, mon Dieu… </i>Mais, libérée des mots, la musique a
évolué en symbiose avec l’explora-</span><br />
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">tion des océans. Rares sont les navires qui ne
transportent pas d’instruments de musique à bord, et la scène du film de Peter
Weir, <i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiSYb4FJ2iT88CL_skYMCLgB-4lESBM1Cat9TC9xjh03uv-1N0KvOCLfN1bK9uPy3cbK-U9rsLP6sTzwQ_dmIUh1zjyOpj93dPueqQmBwbKYghCYIBvmPzzwb970yW_0p62Q6b_qL1Hcrs/h120/hqdefault.jpg">Master and Commander</a> </i>(2003) où
le capitaine, interprété par Russell Crowe, joue d’un instrument avec d’autres
officiers pour tromper les soirées monotones en mer, n’est pas une fantaisie du
réalisateur. Avec l’apparition de la marine à vapeur, puis à mazout, la chose
devient plus évidente : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">La musique
est devenue </i></span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi0xHW-YNd8ZdRMWgga2b2rS-CXboE9JkTD2GzAMnZYMg16kEtIdCY4lB5vDrnewOjqPT_1d7ijYhGd_D4n50fwmyMQD-QDk4hOBhyphenhyphengXDaRLKiOrC_3bQfjG5HrMcaJvTBSdlpFP3iAnjY/s1600/debussy2.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi0xHW-YNd8ZdRMWgga2b2rS-CXboE9JkTD2GzAMnZYMg16kEtIdCY4lB5vDrnewOjqPT_1d7ijYhGd_D4n50fwmyMQD-QDk4hOBhyphenhyphengXDaRLKiOrC_3bQfjG5HrMcaJvTBSdlpFP3iAnjY/s1600/debussy2.jpg" height="400" width="257" /></a>comme une amplification de l’eau tout à coup. Les cuivres s’allient
aux cordes dans un grondement feutré des timbales, restituant spontanément une
architecture d’amples espaces océaniques. Le nouveau piano à double échappement
apparu en 1823 (Erard) soulève le vent dans les salons les plus urbains,
distille les pluies des “ciels mouillés” du Nord, fait courir les arpèges
chromatiques de l’écume au ras de l’ivoire. Ainsi la ville ne s’enferme-t-elle
au fond de son intimité que pour mieux ouvrir ses fenêtres au large</i>» (J.
Darras. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">La mer hors d’elle-même, </i>Paris,
Hatier, Col. Brèves, 1991, p. 161. Que ce siècle s’achève avec une composition
de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi0xHW-YNd8ZdRMWgga2b2rS-CXboE9JkTD2GzAMnZYMg16kEtIdCY4lB5vDrnewOjqPT_1d7ijYhGd_D4n50fwmyMQD-QDk4hOBhyphenhyphengXDaRLKiOrC_3bQfjG5HrMcaJvTBSdlpFP3iAnjY/h120/debussy2.jpg">Debussy</a> intitulée <i style="mso-bidi-font-style: normal;">La Mer </i>ne doit
donc pas nous étonner :</span><br />
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Tonalité atlantique disions-nous? Certes, ce
liquide est aussi froid qu’un lac d’Écosse où l’on n’entre jamais plus loin que
les chevilles. Et pourtant des blocs musicaux font une symétrie de côte hellène
d’un bleu sombre, presque pourpre, où l’imagination navigue avec l’aile
coupante de l’oiseau. Si court est tenu l’essor du symbole par la précision
mimétique que le paysage prend une consistance minérale. Cela ne veut pas dire
pour autant la fin de l’allusivité, bien au contraire. Le symbolisme, avec
Debussy, devient classique. C’est-à-dire qu’il s’épure de toute subjectivité
pour permettre le libre jeu de l’imagination individuelle au milieu de formes
froides.</i></span><br />
<br />
<div style="text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgJeJiKNGQCuW52mhqdXwcWK0-EgHS9NPb1Gn5XDVY7JqZqibzu9MQSYzjQGSNm1SnYhn5TJtKkpnT9YoqY2-rA1dq6BrxcDkG1GtkUBksFOFfH4OBelosS6TcmwpnILypsGsjj5jceTP0/s1600/atlantide.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgJeJiKNGQCuW52mhqdXwcWK0-EgHS9NPb1Gn5XDVY7JqZqibzu9MQSYzjQGSNm1SnYhn5TJtKkpnT9YoqY2-rA1dq6BrxcDkG1GtkUBksFOFfH4OBelosS6TcmwpnILypsGsjj5jceTP0/s1600/atlantide.jpg" height="253" width="400" /></a></div>
</div>
<div style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<br />
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">La Mer
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">est une “<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgJeJiKNGQCuW52mhqdXwcWK0-EgHS9NPb1Gn5XDVY7JqZqibzu9MQSYzjQGSNm1SnYhn5TJtKkpnT9YoqY2-rA1dq6BrxcDkG1GtkUBksFOFfH4OBelosS6TcmwpnILypsGsjj5jceTP0/h120/atlantide.jpg">ruine</a>“ dont les courbes, les
arabesques et les lignes sont tracées par </i></span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">l’implacable géométrie de la mort. À
nous de leur prêter la chaleur de l’imagination! “Ces nymphes, je les veux
perpétuer” (Mallarmé, </i>L’après-midi d’un faune<i style="mso-bidi-font-style: normal;">). Gloire au soleil, clament d’un même archet les seize violoncelles
saluant la sortie du feu au-dessus des vagues. Et nos mémoires de convoquer une
brume diffuse de mythes enveloppant un champ de statues, de frontons de
Parthénon, de frises cavalières pour faire cortège à cette source! Adhésion aux
surfaces et aux supports, l’art français musical et poétique, à compter de
Mallarmé et Debussy, transporte désormais partout avec lui le scepticisme
souriant de ses “frontières”</i>» (J. Darras. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 171).</span><br />
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">On conçoit rapidement que le rapport
entre <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh63pOpcvBD2iQTNnhuGcc0zs7B0MZP3oTLWcUPx7Sk3W9OSjNHHGeMKH26g701X6RhpA8QVVRMldnPMJdiIECafc2OukOFAKVn8KcDfObWoc45uLymhwFZfrjHsCz8tDJuGi4gAwZ8zxQ/h120/mallarme4.jpg">Mallarmé</a> et Debussy n’est pas exactement le même que celui qui existait
entre Dante et Casella. Chacun évolue selon les lois propres à son genre, même
si les styles </span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh63pOpcvBD2iQTNnhuGcc0zs7B0MZP3oTLWcUPx7Sk3W9OSjNHHGeMKH26g701X6RhpA8QVVRMldnPMJdiIECafc2OukOFAKVn8KcDfObWoc45uLymhwFZfrjHsCz8tDJuGi4gAwZ8zxQ/s1600/mallarme4.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh63pOpcvBD2iQTNnhuGcc0zs7B0MZP3oTLWcUPx7Sk3W9OSjNHHGeMKH26g701X6RhpA8QVVRMldnPMJdiIECafc2OukOFAKVn8KcDfObWoc45uLymhwFZfrjHsCz8tDJuGi4gAwZ8zxQ/s1600/mallarme4.jpg" height="400" width="258" /></a>correspondent. Le symbolisme n’est pas le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">dolce still nuovo. </i>Mais dans un cas comme dans l’autre, il convient
de pressentir dans l’élément liquide la source du transport des âmes vers le
Purgatoire, même lorsque celles-ci se sentent bien protégées de la mer, à
l’exemple des habitants des villes. À la délicatesse avec laquelle la mer
venait déposer les âmes éplorées sur les rives de l’Anté-Purgatoire de Dante
s’oppose la fureur avec laquelle <i style="mso-bidi-font-style: normal;">La Mer </i>de
Debussy arrache les âmes à leur trépas. Nous sommes bien là situés aux
extrémités de la civilisation occidentale. La sereine confiance à la
magnanimité divine; le désespoir des Êtres pour qui Dieu et sa créature
sont morts au monde. Il y a donc bien une évolution de la sensibilité humaine
que l’on jugera comme on voudra, positive ou négative, mais cette évolution
est inséparable à la fois des mœurs et des modes d’expression.
L’Anté-Purgatoire commence donc en ce monde, fait transiter du monde
existentiel au monde cosmologique. On ne peut mieux l’entrevoir qu’à travers
l’histoire des grands naufrages des derniers siècles et le sentiment
d’insécurité qui se développe à partir du XVIe siècle et qui annonce le doute
intime du croyant à l’égard du Purgatoire et qui le conduira au cours des
siècles à l’incrédulité, l’athéisme et le nihilisme le plus désespéré.</span><br />
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Henry de Monfreid écrit : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le vrai marin ne provoque pas la mer, il la
respecte parce qu’il l’aime et la craint. J’entends, moi, par <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg_bSkLKkxqva946s_BkOXQKyvZfMYzUbxq6ShvdFDordCB6ubtvocXZybAXH80JfRpDrKrEsLb71840eGosWYgsKsTKESSepLR6NLJ2S5EkCgeZG-aJWc7wfcNOvZOn-ivFPGqThXUqxE/h120/mer7842.jpg">solitude</a>, celle
où nous sommes maîtres de notre pensée, hors de toute </i></span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg_bSkLKkxqva946s_BkOXQKyvZfMYzUbxq6ShvdFDordCB6ubtvocXZybAXH80JfRpDrKrEsLb71840eGosWYgsKsTKESSepLR6NLJ2S5EkCgeZG-aJWc7wfcNOvZOn-ivFPGqThXUqxE/s1600/mer7842.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg_bSkLKkxqva946s_BkOXQKyvZfMYzUbxq6ShvdFDordCB6ubtvocXZybAXH80JfRpDrKrEsLb71840eGosWYgsKsTKESSepLR6NLJ2S5EkCgeZG-aJWc7wfcNOvZOn-ivFPGqThXUqxE/s1600/mer7842.jpg" height="266" width="400" /></a>obligation de
sociabilité. Combien rare serait le compa-</i></span><br />
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">gnon avec qui les silences pourraient
se prolonger tout natu-</i></span><br />
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">rellement sans gêne ni contrainte! En un tel ami nous
devons sentir cette communion de la pensée qui écarte les vaines paroles et les
fastidieux commentaires. Mais ce compagnon existe-t-il? J’ai renoncé à le
chercher et ainsi j’ai toujours été seul avec des noirs, des êtres primitifs,
des âmes simples, que j’ai aimé profondément, comme on aime les bêtes familières
parce qu’elles nous consolent des hommes. Eux, m’ont consolé de ce monde
artificiel et complexe jusqu’au morbide, ce monde qui bafoue inconsidérément la
nature et où on appelle sauvages ceux qui en sont restés les humbles créatures</i>»
(H. de Monfreid, présentation à J. Merrien. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Les
Drames de la Mer, </i>Paris, Hachette, Col. Plaisir de l’histoire, 1961, pp.
6-9).</span><br />
<br />
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Il y a ainsi des barges d’âmes
solitaires qui finissent par aboutir à l’Anté-Purgatoire parce que la fréquentation de la mer
a fini par leur coûter la vie. D’autres, qui l’ont défié comme on défie Dieu –
et de Monfreid n’écrit-il pas que «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">la
Mer, comme Dieu, est Une et Éternelle. Partout elle gronde ou chante avec la
même voix, et quand son calme plat fait miroiter les étoiles peu importe le
ciel qu’elle reflète» </i>(H. de Monfreid. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid.
</i>p. 5), - avec orgueil et insolence, sont finalement abattus par des <a href="http://legrand-duc.blogspot.ca/2012/04/orage-de-glaces.html">orages de glaces</a>. De ceux-là, nous avons déjà raconté la triste histoire. Par contre, il faut bien entendre la réponse que donne Casella à Dante lorsqu'il lui demande comment il en est arrivé au Purgatoire. Une autre traduction rend plus explicite le naufrage du navire qui transportait Casella vers Rome : «<i>…moi, qui me trouvais sur les bords où l’eau du Tibre va contracter la saveur du sel de la mer, je fus reçu par lui </i>[le ministre qui fait transiter les âmes] <i>avec bienveillance, non loin de cette embouchure où il retourne, parce que c’est là qu’il rassemble ceux qui ne descendent pas vers l’Achéron </i>[l’Enfer]». Il est clair, Casella est mort noyé, non suicidé, mais au cours d’un naufrage.<i> </i></span><br />
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">De l’Antiquité et du Moyen Âge, nous
ignorons à peu près tout des grands naufrages. Quand personne ne </span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiDTVd64IDmQORg4peQRcSw6kQ23X8_U-v4QGizDpA922tkW5XjesXgfg2Z7D4fPz7geYsymBjQMhiQZ5rZDjiFyuCyzN3f-vqkPGB2b9eQgat684NiaG4OoX-Rl5a3WZi178dB5Jhj_Lg/s1600/09-salamine.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiDTVd64IDmQORg4peQRcSw6kQ23X8_U-v4QGizDpA922tkW5XjesXgfg2Z7D4fPz7geYsymBjQMhiQZ5rZDjiFyuCyzN3f-vqkPGB2b9eQgat684NiaG4OoX-Rl5a3WZi178dB5Jhj_Lg/s1600/09-salamine.jpg" height="247" width="400" /></a></span>survit à un
désastre, il est difficile d’obtenir des témoi-</span><br />
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">gnages. Du moins, devinons-</span><br />
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">nous
les catas-</span><br />
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">trophes entraînés par les combats maritimes. Hérodote, le «Père de
l’Histoire» nous raconte la destruction de la flotte du roi perse
Xerxès, à <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiDTVd64IDmQORg4peQRcSw6kQ23X8_U-v4QGizDpA922tkW5XjesXgfg2Z7D4fPz7geYsymBjQMhiQZ5rZDjiFyuCyzN3f-vqkPGB2b9eQgat684NiaG4OoX-Rl5a3WZi178dB5Jhj_Lg/h120/09-salamine.jpg">Salamine</a> le 29 septembre 480 avant J.-C, par les alliés
grecs. Une autre de ces </span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgCSBT6saAjeERWQSjNFXDaU-t5pNjCKOwmg3bqvgcKPPZYbUvEt6H5i9iHtIIPzc_cCq_KN1t3HoCAkLNTjLRMgcnSbPXsNK_36yJ64nDp4ZHtmCP07X572b_N__IO3VhqpyEnd_Cnb9I/s1600/Armada5r.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgCSBT6saAjeERWQSjNFXDaU-t5pNjCKOwmg3bqvgcKPPZYbUvEt6H5i9iHtIIPzc_cCq_KN1t3HoCAkLNTjLRMgcnSbPXsNK_36yJ64nDp4ZHtmCP07X572b_N__IO3VhqpyEnd_Cnb9I/s1600/Armada5r.jpg" height="252" width="400" /></a></span>catastro-</span><br />
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">phes maritimes à grande échelle est celle qui
atteignit la célèbre flotte de l’<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgCSBT6saAjeERWQSjNFXDaU-t5pNjCKOwmg3bqvgcKPPZYbUvEt6H5i9iHtIIPzc_cCq_KN1t3HoCAkLNTjLRMgcnSbPXsNK_36yJ64nDp4ZHtmCP07X572b_N__IO3VhqpyEnd_Cnb9I/h120/Armada5r.jpg">Invincible Armada</a>, en 1588. Sans que les
Anglais aient eu à intervenir pour protéger leur île de la flotte espagnole, celle-ci fut entraînée dans une succession de vents et de tempêtes, dispersée tout autour de la Grande-Bretagne et finit par s'échouer sur les côtes d'Angleterre et d'Irlande. En partant d’une
telle catastrophe, l’orgueil des Anglais se trouva stimulé au point de croire
qu’ils avaient la vocation de devenir les «maîtres de la mer», et ce jusqu’au drame du <i>Titanic</i>,
survenu deux ans avant que la Première Guerre mondiale leur apprit que ce rêve était bien loin désormais.</span><br />
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Si les naufrages emportent au fond
des mers la plupart des équipages de navires, il y en a quelques-uns qui
parviennent, parfois, à échapper au sort funeste. Ce fut le cas de Pedro
Serrano, naufragé vers 1540 non loin de la côte du Pérou. Cet homme resta seul
(ou à peu près) durant sept années sur une île écartée des terres. N’ayant rien
de plus que son couteau, il commença à apprivoiser l’environnement, trouver à
se nourrir, se faire un gîte. Il y avait peu à manger sur cette île tropicale.
«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le désespoir était près de le </i></span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhsltP-VqbeA8fUJJhYOMiiNh9VX2p6bM-tJ2fU59yTJn7KSPlmt7W6lbUun-JcHyLOKYZoc-7zHs_ecs85HFPaJ8FDi8au1RJkva6uJd998UDGvcUGNs_NJqU6WPMgQ3a3V5pOdUykBOY/s1600/Charles_Quint_3.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhsltP-VqbeA8fUJJhYOMiiNh9VX2p6bM-tJ2fU59yTJn7KSPlmt7W6lbUun-JcHyLOKYZoc-7zHs_ecs85HFPaJ8FDi8au1RJkva6uJd998UDGvcUGNs_NJqU6WPMgQ3a3V5pOdUykBOY/s1600/Charles_Quint_3.jpg" height="400" width="295" /></a>prendre,
lorsqu’il aperçut des tortues, montant à leur habitude sur le sable sec. Il les
laissa s’y engager, marcha dans l’eau, et quand, l’ayant vu, elles voulurent y
revenir, il leur coupa retraite et put en retourner plusieurs sur le dos; leur
tranchant la gorge, il but leur liquide sanguin, qui est presque aussi peu salé
que celui des poissons. La chair, découpée et boucanée au violent soleil, était
comestible et, cette fois, nourrissante. Enfin, les carapaces firent autant de
bassins qui, lors des violentes averses de ce climat – Serrano, dans son malheur,
avait cette chance – se garnirent d’un peu d’eau douce</i>» (J. Merrien. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 53). Serrano put ainsi vivre
pendant ses sept années d'exil involontaire. Comme on utilise aujourd’hui les fusées pour indiquer
les positions d’un naufrage, Serrano alluma un grand feu sur la plage afin
d’intriguer les navires pouvant passer à proximité de son île. Mais, avant
qu’un navire espagnol parvint à le ramener, il se trouva un autre naufragé pour
atteindre son île. Jusqu’à la fin de leur Purgatoire, ils vécurent ensemble les années restantes. Jusqu’à ce qu’un navire – le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Credo </i>– récupère les deux hommes.
L’inconnu mourut d’émotion à bord du navire tandis que Serrano put aller
raconter son aventure à <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhsltP-VqbeA8fUJJhYOMiiNh9VX2p6bM-tJ2fU59yTJn7KSPlmt7W6lbUun-JcHyLOKYZoc-7zHs_ecs85HFPaJ8FDi8au1RJkva6uJd998UDGvcUGNs_NJqU6WPMgQ3a3V5pOdUykBOY/h120/Charles_Quint_3.jpg">Charles-Quint</a>, en Allemagne. Comme ses cheveux et sa
barbe avaient poussé au-delà de la mode de l’époque, il tint à garder sa
pilosité comme preuve de son purgatoire. Il mourut durant le voyage de retour,
atteignant le Ciel au Panama.</span><br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
</div>
<div style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Cette anecdote est encore plus près
du fameux <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Robinson Crusoé </i>de Daniel
Defoe, publié en 1719 et inspiré des aventure d’un maître d’équipage écossais,
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg3b4ThjrellE5f_BROVrmGYVrAj4ZaXIyjuT2dLKC9ng-UbqttbJ-R1rcHWBH0wnUudpsdhjjU65GA4Fx4HK6yMGBmAjrfp57Q4p8Dqv42MlRwFr8NLhbhPTT_D5QfviYSWZAe8ng7lxY/h120/640px-Alexander_Selkirk.JPG">Alexander Selkirk</a> (1676-1721), abandonné </span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg3b4ThjrellE5f_BROVrmGYVrAj4ZaXIyjuT2dLKC9ng-UbqttbJ-R1rcHWBH0wnUudpsdhjjU65GA4Fx4HK6yMGBmAjrfp57Q4p8Dqv42MlRwFr8NLhbhPTT_D5QfviYSWZAe8ng7lxY/s1600/640px-Alexander_Selkirk.JPG" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg3b4ThjrellE5f_BROVrmGYVrAj4ZaXIyjuT2dLKC9ng-UbqttbJ-R1rcHWBH0wnUudpsdhjjU65GA4Fx4HK6yMGBmAjrfp57Q4p8Dqv42MlRwFr8NLhbhPTT_D5QfviYSWZAe8ng7lxY/s1600/640px-Alexander_Selkirk.JPG" height="400" width="300" /></a>volontairement sur l’île Juan-Fernandez en 1705 et qui
devait y séjourner durant quatre ans. Selkirk n’avait pas été abandonné là dans
un dénuement complet, contrairement à Serrano, véritable naufragé. «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Selkirk avait été pourvu de ses habits, d’un
“lit” (c’est-à-dire sans doute d’un hamac), d’un fusil, d’une livre de poudre,
de balles, de tabac, toutes choses essentielles ou agréables pour les premiers
temps, et, en outre, d’instruments beaucoup plus importants encore par la
suite : une hache, un couteau, un chaudron, et surtout un briquet, ainsi
que d’une bible, de livres de piété, d’instruments et de livres de marine qui
lui permirent, comme dit Roggers </i>[le capitaine qui découvrit Selkirk], <i style="mso-bidi-font-style: normal;">de “s’amuser” (on évoque ce `bosco”
potassant, dans sa peau de chèvre, entre deux versets de la Genèse, les douze
façons de faire le point), et de subvenir à ses besoins dans son domaine à
l’été perpétuel, pourvu d’une excellente, abondamment boisé, riche
d’écrevisses, de homards, de poissons de toute sorte, tout peuplé de chèvres à
la chair “au goût moins fort que les nôtres”, descendantes d’un couple laissé
volontairement par le découvreur pour fournir des vivres aux explorateurs et
</i></span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhlKfgTJLlyAA8U6552GBcQ0MUiy17rbcjzPWqMIXlJEB2jd8ShyphenhyphenhNG7sxwowK1Nv8kTdrF5-cO5GChwVuRACiBiANbvx8x57VAvaLFOfZkoMaKA7mC07LYFbDLkasKn3H02dan7LxOeBc/s1600/A._F._Lydon_Robinson_Crusoe_Plate_07_(1865).JPG" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhlKfgTJLlyAA8U6552GBcQ0MUiy17rbcjzPWqMIXlJEB2jd8ShyphenhyphenhNG7sxwowK1Nv8kTdrF5-cO5GChwVuRACiBiANbvx8x57VAvaLFOfZkoMaKA7mC07LYFbDLkasKn3H02dan7LxOeBc/s1600/A._F._Lydon_Robinson_Crusoe_Plate_07_(1865).JPG" height="400" width="295" /></a>navigateurs ultérieurs, selon l’usage admirable, et qui, sans ennemi naturel, s’étaient
multipliées, comme les fameux cochons de Saint-Domingue. Le sol produisait sans
culture des navets et des choux semés jadis par quelque équipage, ainsi que des
prunes, des piments et du poivron noir “fort pour chasser les vents et guérir
la colique”; ni moustiques, ni animaux venimeux, ni fauves; au total, un
paradis pour anachorète. Il ne lui manqua pas même le fer, fourni par des
cercles de barriques d’épave, pour remplacer son couteau et se faire des
aiguilles</i>» (J. Merrien. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp.
51-52). Comme on le constate, le sort de Selkirk fut loin d’être aussi
dramatique que celui de Serrano ou même de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhlKfgTJLlyAA8U6552GBcQ0MUiy17rbcjzPWqMIXlJEB2jd8ShyphenhyphenhNG7sxwowK1Nv8kTdrF5-cO5GChwVuRACiBiANbvx8x57VAvaLFOfZkoMaKA7mC07LYFbDLkasKn3H02dan7LxOeBc/h120/A._F._Lydon_Robinson_Crusoe_Plate_07_(1865).JPG">Robinson Crusoé</a>. Mais jamais autant
que le sort des naufragés fait-il penser à ce que représente le Purgatoire
comme lieu d’expiation transitoire des fautes commises en ce monde afin
d’atteindre le monde paradisiaque surnaturel.</span><br />
<br />
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Si la mer peut facilement précipiter
de gros navires au fond des abysses, qu’en est-il des frêles embarcations qui
se trouvent soudain projetées en plein milieu de l’océan après un
naufrage? Ces radeaux, canots ou même planches de bois mal ficelées, comment
peuvent-ils parvenir à maintenir le cap au niveau de l’océan? </span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiaQXBs1Gbqbj4gAyLx_m1I1myOnZ-WKYlphxrOC-y0emE_N_5MTiGT2uzvMB2KTZVqpYIQtYR5dXKtFrUwF0Mea_stL6jgOhnBEfP6UAzAjh60nJF30yXaxGzcAzWkfBFIbDVGCrGqPGw/s1600/maquette-bateau-Bounty-Revell-05404-Modelys-ship-model-.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiaQXBs1Gbqbj4gAyLx_m1I1myOnZ-WKYlphxrOC-y0emE_N_5MTiGT2uzvMB2KTZVqpYIQtYR5dXKtFrUwF0Mea_stL6jgOhnBEfP6UAzAjh60nJF30yXaxGzcAzWkfBFIbDVGCrGqPGw/s1600/maquette-bateau-Bounty-Revell-05404-Modelys-ship-model-.jpg" height="387" width="400" /></a>Si les naufragés
qui ont eu le bonheur dans leur malheur de se retrouver sur une île abandon-</span><br />
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">née
et déjà toute prête à les accueillir, comme Juan-Fer-</span><br />
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">nandez pour Selkirk, il
n’en va pas de même pour ces survivants en sursis, «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">à la merci des lames, </i>[parcourant] <i style="mso-bidi-font-style: normal;">d’énormes distances, </i>[endurant] <i style="mso-bidi-font-style: normal;">de longs jours, souvent sans nourriture ou
presque – voire se repaissant de la plus atroce de toutes, la chair humaine -,
voilà bien qui frappe l’imagination</i>» (J. Merrien. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 88). Tous pensent au miracle qui permit au capitaine
Bligh, homme dur, implacable envers son équipage et insolent même envers les
officiers, placé à la tête de la frégate, le <i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiaQXBs1Gbqbj4gAyLx_m1I1myOnZ-WKYlphxrOC-y0emE_N_5MTiGT2uzvMB2KTZVqpYIQtYR5dXKtFrUwF0Mea_stL6jgOhnBEfP6UAzAjh60nJF30yXaxGzcAzWkfBFIbDVGCrGqPGw/h120/maquette-bateau-Bounty-Revell-05404-Modelys-ship-model-.jpg">Bounty</a>, </i>pour
ramener les précieux arbres à pain polynésiens afin de les transplanter aux
Antilles, victime de la mutinerie de son équipage et abandonné à bord d’une
chaloupe en pleine mer du Pacifique Sud.</span></div>
<div style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Chacun connaît l’histoire : le navire
ayant quitté Tahiti, le 28 avril 1788, l’équipage se révolta, s’empara du
navire. Une partie des mutins revint à Tahiti, où ils furent repris par une
expédition punitive; jugés à Spithead, les principaux coupables furent pendus.
L’autre partie de l’équipage avait vu plus juste, avait compris que le monde
civilisé lui était désormais interdit; conduite par le lieutenant Christian,
meneur de l’affaire, elle avait </i></span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi-giQ5DBTMonUN9iCMdElgIW27mwiG9WTA1Ks0NVYmKGW6RoN6mM4H6w1pKNs0KBFq-_T4WUz8QP6stKl0xasbAbskZ3wi08_hnQH050NnzEmleveirogfn6eDPUZcLCJoOm8pOVmxB7Q/s1600/Pitcairn_ariel_photo.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi-giQ5DBTMonUN9iCMdElgIW27mwiG9WTA1Ks0NVYmKGW6RoN6mM4H6w1pKNs0KBFq-_T4WUz8QP6stKl0xasbAbskZ3wi08_hnQH050NnzEmleveirogfn6eDPUZcLCJoOm8pOVmxB7Q/s1600/Pitcairn_ariel_photo.jpg" height="216" width="320" /></a>découvert une petite île de 6 km², boisée et
accidentée, située en dehors des routes maritimes, pratiquement ignorée,
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi-giQ5DBTMonUN9iCMdElgIW27mwiG9WTA1Ks0NVYmKGW6RoN6mM4H6w1pKNs0KBFq-_T4WUz8QP6stKl0xasbAbskZ3wi08_hnQH050NnzEmleveirogfn6eDPUZcLCJoOm8pOVmxB7Q/h120/Pitcairn_ariel_photo.jpg">Pitcairn</a>; elle s’y installa, en compagnie de quelques Tahitiens et de leurs
épouses. Comme bien on pense, les Blancs leur prirent celles-ci, et la chose ne
leur plut pas. Mais les Anglais avaient su s’attacher ces dames et, une nuit
que les indigènes préparaient leur massacre, elles se mirent à chanter en chœur
un de leurs airs favoris, fort banal pour leurs époux, mais dont elles
changeaient les paroles en : “l’homme de couleur aiguise sa hache; l’homme
blanc, ne dors pas.” Les Blancs comprirent, et une partie des Polynésiens
payèrent de leur vie la trahison de leurs femmes.</i></span><br />
<br />
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEieKLQ49T7yx4xUNPDAGoO6wxc-QdtvEGGE3urWg8pa7GBY6XBcikl5RuByieNhWrT-DV2XwEgT9musKOpFUDip7ot_oZrNPAk90qVw8AqiMHLp9zpIsVJR6Q-WiTJ_wm-QEagLFO6IdU8/s1600/9301908_117538657541.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEieKLQ49T7yx4xUNPDAGoO6wxc-QdtvEGGE3urWg8pa7GBY6XBcikl5RuByieNhWrT-DV2XwEgT9musKOpFUDip7ot_oZrNPAk90qVw8AqiMHLp9zpIsVJR6Q-WiTJ_wm-QEagLFO6IdU8/s1600/9301908_117538657541.jpg" height="400" width="298" /></a>Mais les survivants d’entre eux n’acceptèrent pas la
défaite; cette fois, leurs projets ne furent pas éventrés, et ils firent périr
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEieKLQ49T7yx4xUNPDAGoO6wxc-QdtvEGGE3urWg8pa7GBY6XBcikl5RuByieNhWrT-DV2XwEgT9musKOpFUDip7ot_oZrNPAk90qVw8AqiMHLp9zpIsVJR6Q-WiTJ_wm-QEagLFO6IdU8/h120/9301908_117538657541.jpg">Christian</a> et quatre marins.</span></i><br />
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Les veuves de ceux-ci voulurent à leur tour les venger, et,
sous la direction d’un jeune matelot, Young, massacrèrent tous les indigènes
survivants. Restaient quatre Blancs : Young, Adams qui avait été blessé
lors de la première affaire, Quintal et Mc Coy qui s’étaient réfugiés dans la
montagne.</span></i><br />
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Comprenant qu’il n’y avait plus de danger, ceux-ci revinrent
au village de huttes qui avait été édifié. Mais Mc Coy, qui dans sa jeunesse
avait été élève pharmacien, dégoûté de l’eau “fade”, se mit en tête de faire de
l’alcool avec les racines du “dragonnier de Chine”. Il n’y parvint que trop
bien, et mourut rapidement alcoolique. Quant à Quintal, qui, ayant perdu sa
femme, prétendait en prendre une autre, il fut proprement occis par Adams et
Young.</span></i><br />
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Ceux-ci restaient donc maîtres de l’île, de leur harem, et
de l’alambic de Mc Coy. Si bien que…</span></i><br />
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgUYoLbwnIaFcqe_afr-yfd-B-lWVqXQJcMLvU32F-eeHhJsC28oxvDnnhrJIlZB5EzvDVmnmFsCf2ZfrAWI79IeSmuATNVmYjGC6Bin7vx2Brwsy5GuvbEVVumkqQZ7jKMagP2es-d0c8/s1600/bounty4.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgUYoLbwnIaFcqe_afr-yfd-B-lWVqXQJcMLvU32F-eeHhJsC28oxvDnnhrJIlZB5EzvDVmnmFsCf2ZfrAWI79IeSmuATNVmYjGC6Bin7vx2Brwsy5GuvbEVVumkqQZ7jKMagP2es-d0c8/s1600/bounty4.jpg" height="265" width="400" /></a></div>
<br />
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Que, vingt ans plus tard, quand en 1808 un baleinier
américain redécouvrit l’île, il y trouva </span></i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">une étonnante <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgUYoLbwnIaFcqe_afr-yfd-B-lWVqXQJcMLvU32F-eeHhJsC28oxvDnnhrJIlZB5EzvDVmnmFsCf2ZfrAWI79IeSmuATNVmYjGC6Bin7vx2Brwsy5GuvbEVVumkqQZ7jKMagP2es-d0c8/h120/bounty4.jpg">république patriarcale</a>,
de langue anglaise, composée de trente-sept personnes y compris les enfants et
les femmes, sous le gouvernement de John Adams qui, portant bien son nom, y
avait créé une sorte de société mormone, dotée d’une constitution fort sage, et
dont les mœurs pures, absolument dénuées de violence, eussent enchanté
Jean-Jacques Rousseau. Le capitaine américain rapporta la chose aux autorités
anglaises, mais celles-ci, fort occupées de la guerre contre Napoléon, n’y
prêtèrent pas attention</span></i><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">»
(J. Merrien. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 89-90).</span><br />
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhG52yiyYmNUjabYThlV3NYj2mmk2IacmCl9-XLG2vchjziUB1IUrwU-Ga00jeLAkS3Gpcl4KO5tH1oGaaN9WDbxWDQS6pJBxvRx2VeOVB3phNDXq6FFPkbTpQ2VZen5YYJvLHlIla5abo/s1600/bounty5.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhG52yiyYmNUjabYThlV3NYj2mmk2IacmCl9-XLG2vchjziUB1IUrwU-Ga00jeLAkS3Gpcl4KO5tH1oGaaN9WDbxWDQS6pJBxvRx2VeOVB3phNDXq6FFPkbTpQ2VZen5YYJvLHlIla5abo/s1600/bounty5.jpg" height="308" width="320" /></a><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Le Paradis sur terre passa vite de
79 habitants en 1830 à 106 en 1839, à 200 en 1854. L’île est toujours peuplée
en majorité des descendants des mutins, régis par la loi puritaine de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhG52yiyYmNUjabYThlV3NYj2mmk2IacmCl9-XLG2vchjziUB1IUrwU-Ga00jeLAkS3Gpcl4KO5tH1oGaaN9WDbxWDQS6pJBxvRx2VeOVB3phNDXq6FFPkbTpQ2VZen5YYJvLHlIla5abo/h120/bounty5.jpg">John Adams</a>. Les harems s’étaient progressivement transformés en chapelles chantant
les louanges au Seigneur!</span><br />
<br />
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">On a fait des films sur les mutins
du <i>Bounty </i>et leur aventure hors de l’ordinaire. Eux aussi avaient trouvé en
Pitcairn un paradis à l’exemple de Christophe Colomb lors de son premier voyage
en 1492. Et très vite, ici aussi, le paradis pouvait se transformer en enfer
dès que les autochtones de la place commençaient à trouver leurs nouveaux
arrivants indésirables.</span><br />
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><br /></span>
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Et le capitaine <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiaWpoZSRGmtgxGgI0-6GIgMHRou2Wpmu9NBWkOoUIba1k7EDHt9UPb6I-dyM_AbdFG1zYeJWboOAmDbSLMuEVtwUz_0k3E7fJSR5nvPhAnLrJFtstJJjX9rtXNiK29xkh5D8ur4kXcq3c/h120/WilliamBligh.jpeg">Blight</a>, lui? Son
mauvais caractère servit finalement à maîtriser la situation qui, pour plus
d’un, aurait paru désespérée. «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Blight,
abandonné en pleine mer avec seulement cinq jours de vivres, parvint à </i></span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiaWpoZSRGmtgxGgI0-6GIgMHRou2Wpmu9NBWkOoUIba1k7EDHt9UPb6I-dyM_AbdFG1zYeJWboOAmDbSLMuEVtwUz_0k3E7fJSR5nvPhAnLrJFtstJJjX9rtXNiK29xkh5D8ur4kXcq3c/s1600/WilliamBligh.jpeg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiaWpoZSRGmtgxGgI0-6GIgMHRou2Wpmu9NBWkOoUIba1k7EDHt9UPb6I-dyM_AbdFG1zYeJWboOAmDbSLMuEVtwUz_0k3E7fJSR5nvPhAnLrJFtstJJjX9rtXNiK29xkh5D8ur4kXcq3c/s1600/WilliamBligh.jpeg" height="400" width="334" /></a></span>tenir
quarante-trois jours, parcourant 6.700 kilomètres dans un canot ouvert à tous
les vents. Il finit par atteindre l’île de Timor (Indonésie). Cet exploit sans
précédent lui assura une forte popularité lors de son retour en Angleterre où,
quelques mois plus tard, l’amirauté chargea le capitaine Edwards de partir à
bord du la “Pandora” à la recherche des mutins</i>» (É. Vibart. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Tahiti Naissance d’un paradis au siècle des
Lumières, </i>Bruxelles, Complexe, Col. La mémoire des siècles, # MS202, 1987,
pp. 120-121). Le capitaine Edwards, cousu dans le même tissu avec lequel
l’avait été Blight, pourchassa les mutins dans tout le Pacifique Sud. Parvenant
à en capturer, il les enferma à fond de cales. Pour eux, c’était l’enfer. La <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Pandora </i>finit par s’échouer sur la
barrière de Corail en Australie. Des 14 mutins capturés par Edwards, 10
finirent par regagner l’Angleterre où ils furent jugés à Londres. Blight,
soutenu par l’amirauté, déposa. Cinq furent acquittés, deux graciés et trois
pendus à Spithead. Blight retourna à Tahiti en 1792 accomplir la mission prévue pour le
<i>Bounty</i>.</span></span><br />
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><br /></span>
</div>
<div style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Évidemment, la population, et après
elle la postérité, n’ont pas partagé la fidélité de l’amirauté et Blight est
resté une figure tyrannique et impitoyable. À l’opposé, le chef des mutins,
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjWgubi9JOqiekJuYVI3Rf1uH-jbruHYeSfhqcF5SvN2xcD2uNjX_SiCn5HBW6Dr_tnO3pnEYfGIlKH0e2bzYJG1pcWIIk0IB6vch4y8IOU2cskBcBNzX20PLVemyZlebKZlPlotdaZzMw/h120/95ce096da5de072a9699096385ead226.jpg">Fletcher Christian</a>, apparît </span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjWgubi9JOqiekJuYVI3Rf1uH-jbruHYeSfhqcF5SvN2xcD2uNjX_SiCn5HBW6Dr_tnO3pnEYfGIlKH0e2bzYJG1pcWIIk0IB6vch4y8IOU2cskBcBNzX20PLVemyZlebKZlPlotdaZzMw/s1600/95ce096da5de072a9699096385ead226.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjWgubi9JOqiekJuYVI3Rf1uH-jbruHYeSfhqcF5SvN2xcD2uNjX_SiCn5HBW6Dr_tnO3pnEYfGIlKH0e2bzYJG1pcWIIk0IB6vch4y8IOU2cskBcBNzX20PLVemyZlebKZlPlotdaZzMw/s1600/95ce096da5de072a9699096385ead226.jpg" height="272" width="400" /></a>comme le libérateur des marins réduits en esclavage. La déposition de
Blight au procès visa à faire naître l’idée que son «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">navire était en parfait état, tous mes plants en excellente condition,
mes officiers et mes hommes en bonne santé, bref, avec tout ce qui pouvait
encourager et confirmer mes prévisions les plus optimistes</i>» (J. Barrow. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Les mutins du Bounty, </i>Paris, Robert
Laffont, rééd. Livre de poche # 1022//1023, 1961, p. 89). Ce qui n’empêchait pas
Fletcher Christian de crier au capitaine ahuri : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">C’est cela… capitaine Blight… voilà : Je suis en enfer! Je
suis en enfer!». </i>Tiré hors de son lit et traîné en chemise sur le pont, les
poignets serrés très fort par des liens, on pointa sur <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjhoykb1mfgmwdmcbk1irnP7Q3MAuxvjUdJdKtKylfv0eXANbpx-fSxaHBURrBEHtMUjBEA5W2bqj8CRvssAafEqB-h5kJs6MbPkY-qTSqSvTFDI_Sg4dixMdxucsCB3WvPT61uHEpIGL8/h120/revoltes-du-bounty-1962-04-g.jpg">Blight</a> une baïonnette tandis
que d’autres mutins étaient armés de </span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjhoykb1mfgmwdmcbk1irnP7Q3MAuxvjUdJdKtKylfv0eXANbpx-fSxaHBURrBEHtMUjBEA5W2bqj8CRvssAafEqB-h5kJs6MbPkY-qTSqSvTFDI_Sg4dixMdxucsCB3WvPT61uHEpIGL8/s1600/revoltes-du-bounty-1962-04-g.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjhoykb1mfgmwdmcbk1irnP7Q3MAuxvjUdJdKtKylfv0eXANbpx-fSxaHBURrBEHtMUjBEA5W2bqj8CRvssAafEqB-h5kJs6MbPkY-qTSqSvTFDI_Sg4dixMdxucsCB3WvPT61uHEpIGL8/s1600/revoltes-du-bounty-1962-04-g.jpg" height="316" width="400" /></a>mousquets chargés de poudre. On fit
descendre une chaloupe et le capitaine et ses officiers furent descendus à bord.
Comme le déclara Blight : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le maître
d’équipage et les matelots qui devaient se rendre dans la chaloupe furent
autorisés à emporter de la ficelle, de la toile, des rouleaux de cordage, des
voiles de rechange et un tonneau de cent vingt litres d’eau ; Mr Samuel
obtint cent cinquante livres de pain, un peu de rhum et de vin, un sextant et
une boussole; mais il lui fut interdit, sous peine de mort, de toucher à
une carte, à un éphéméride, à un livre d’observations astronomiques, au
chronomètre et à aucun de mes dessins ou relevés</i>» (cité in J. Barrow. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 91-92). Le commis, Mr Samuel,
parvint toutefois à apporter avec lui le journal de bord et le brevet par
lequel Blight pouvait s’identifier. Dix-huit hommes accompagnèrent Blight
tandis que le nouvel équipage du <i>Bounty </i>s'élevait à vingt-cinq hommes. Ce
qui montre la grande compétence de Blight, c’est qu’avec si peu, il parvint à
réussir «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">l’exploit de mener la frêle
embarcation à 3 100 milles marins de son point de départ, au Timor, en évitant
de toucher terre. En faisant du ravitaillement Blight perd un homme, le seul
lors </i></span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjdS-SKZSdzilTwPAUdZUu7YKtMmrE97G0cRtbjnbK9emkxQNK8bumVdPivAXHc0rPFwisI65IXOqosZTKp7uPd4DAvY2fXCUqIA1rr_cGXeGGUnaNW7QxV7BoJMfU7qRDPJwso9hn7z9s/s1600/bounty.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjdS-SKZSdzilTwPAUdZUu7YKtMmrE97G0cRtbjnbK9emkxQNK8bumVdPivAXHc0rPFwisI65IXOqosZTKp7uPd4DAvY2fXCUqIA1rr_cGXeGGUnaNW7QxV7BoJMfU7qRDPJwso9hn7z9s/s1600/bounty.jpg" height="336" width="400" /></a>de ce retour, tué par les indigènes de l’île</i> [Tofua]» (D. Barbe. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Histoire du Pacifique, </i>Paris, Perrin,
2008, p. 150). Ainsi, dès le départ, Blight ne se laissa pas dépérir : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">D’abord, l’<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjdS-SKZSdzilTwPAUdZUu7YKtMmrE97G0cRtbjnbK9emkxQNK8bumVdPivAXHc0rPFwisI65IXOqosZTKp7uPd4DAvY2fXCUqIA1rr_cGXeGGUnaNW7QxV7BoJMfU7qRDPJwso9hn7z9s/h120/bounty.jpg">embarcation</a> se trouvait
dangereusement surchargée; son “franc-bord”, la hauteur de sa coque
au-dessus de l’eau, était si faible que, même par beau temps, les lames
embarquaient constamment. À cela, un seul remède de principe : jeter du
poids à la mer</i>» (J. Merrien. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Op. cit.
</i>p. 92). Or, Blight ne veut sacrifier ni ses réserves d’eau et de biscuits,
ni sacrifier un seul de ses hommes. Pour aussi cruel qu’on ait dit qu’il avait
été, il ne fera pas comme le premier-maître Rhodes du <i>William-Martin</i> lors de
son naufrage en 1841, qui jeta par-dessus bord 16 passagers et passagères
pour sauver les 25 autres.</span><br />
<br />
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">La première escale se passa à <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgESG1dI7qt4ORTSwvCdn3LPuZ_QMwRZOnmAzkjAJtC1b0NHeQSS6RYw5-ouCHUPeeUQbV0gs0xKwHiUg26t3VJqwpXW-_jhnDwT7HiywWijdgfJKcoYEUepDCzPsVZewyNWn_gNvPT9Rw/h120/tofua_005.jpg">Tofua</a>,
une des îles Tonga. Là, Blight commença un négoce de troc, mais les </span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgESG1dI7qt4ORTSwvCdn3LPuZ_QMwRZOnmAzkjAJtC1b0NHeQSS6RYw5-ouCHUPeeUQbV0gs0xKwHiUg26t3VJqwpXW-_jhnDwT7HiywWijdgfJKcoYEUepDCzPsVZewyNWn_gNvPT9Rw/s1600/tofua_005.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgESG1dI7qt4ORTSwvCdn3LPuZ_QMwRZOnmAzkjAJtC1b0NHeQSS6RYw5-ouCHUPeeUQbV0gs0xKwHiUg26t3VJqwpXW-_jhnDwT7HiywWijdgfJKcoYEUepDCzPsVZewyNWn_gNvPT9Rw/s1600/tofua_005.jpg" height="300" width="400" /></a>habitants
de l’île se tournèrent vite contre les naufragés. Ils tuèrent l’un d’eux et
Blight ordonna de s’éloigner au plus vite et de se diriger vers la
Nouvelle-Calédonie. Il comprenait qu’il serait impossible de débarquer dans
aucune des îles, car toutes étaient peuplés de Mélanésiens féroces que
l’équipage ne pouvait combattre faute d'armements. «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Blight
décida donc de parcourir ces 3 600 milles. Trois mille six cents milles, 5 500
km, dans une chaloupe surchargée! Le projet paraissait insensé, d’autant
plus que les vivres étaient fort maigres. Ils consistaient, pour 19 – bientôt
18 – hommes, en 150 livres, soit 70 kg de biscuit, 15 kg de porc salé, 4,2
litres de rhum, 6 bouteilles de vin, 28 gallons ou 130 litres d’eau, et quatre
barriques vides, aptes à recevoir de l’eau douce… si on en trouvait. Blight
fixa la ration quotidienne à une once (28 g) de biscuit et à un quarteron (un
peu plus d’un décilitre) d’eau. Le biscuit permettait de survivre en l’absence
d’effort musculaire trop intense – sauf pour l’homme de barre et les corvées de
pompage -, la chaloupe allant à la voile; le plus éprouvé était certainement
Blight lui-même, que sa responsabilité empêchait de somnoler. L’eau,
accompagnant le biscuit si sec et les miettes de viande salée, était
cruellement insuffisante sous le climat tropical. Et pourtant, ce rationnement,
dépensant chaque jour une livre de biscuit et un gallon d’eau, ne </i></span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhEqQ3lScCr3pXLueBbXXXN3jmOBbI7yrpuBW-IMHtpZiHWko6t61zh5gjpOnSflGfsum3vMlUpD5n_Z9c8Ukt5TVQfaxGs8nlFFX5EWp9kxMpCqxOp-N9UWzW5SYjuXlOqTKs8A9JGhNo/s1600/22-copie-64.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhEqQ3lScCr3pXLueBbXXXN3jmOBbI7yrpuBW-IMHtpZiHWko6t61zh5gjpOnSflGfsum3vMlUpD5n_Z9c8Ukt5TVQfaxGs8nlFFX5EWp9kxMpCqxOp-N9UWzW5SYjuXlOqTKs8A9JGhNo/s1600/22-copie-64.jpg" height="308" width="400" /></a>permettait de
tenir que 28 jours en eau et 150 jours en vivres, si l’on peut dire. Couvrir 3
600 milles en 150 jours, soit 24 milles par jour, c’est faire 1 nœud,
extrêmement peu, et, là, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhEqQ3lScCr3pXLueBbXXXN3jmOBbI7yrpuBW-IMHtpZiHWko6t61zh5gjpOnSflGfsum3vMlUpD5n_Z9c8Ukt5TVQfaxGs8nlFFX5EWp9kxMpCqxOp-N9UWzW5SYjuXlOqTKs8A9JGhNo/h120/22-copie-64.jpg">Blight</a> montrait sa dureté prévoyante; il avait raison,
puisque la ration se montra suffisante, le temps qu’elle fut appliquée
strictement (26 jours), pour que personne ne meure; si chacun fut malade,
ce fut plutôt du scorbut. Quant à parcourir les 3 600 milles en 28 jours,
c’est-à-dire sans renouveler l’eau, soit à plus de 5 nœuds, c’était assurément
impossible; là, Blight “joua la chance” de la pluie</i>» (J. Merrien. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 93-94).</span><br />
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Et il gagna. La pluie se présenta
bientôt, sous forme de tempêtes successives. Du 3 au 24 mai, la pluie ne cessa
de forcer les marins au pompage de la chaloupe. Il s’agissait également
d’éviter les écueils à trop se rapprocher des Hébrides. Sous la pluie,
l’équipage devint vite malade. Lorsque les tempêtes s’essoufflèrent et que le
beau temps revint, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhcynD5fSrCHQs2reie5QYtIeYn58Bt2ldQcmOYUmQsB1E-40i66i8xnnaER789GtBjeRyuSX0qRilG4EFl7g71enwbflXm4czGWiQnHfoSirgeRm4O6SZv7b8gYkqm0DZQgmDFJpVTzaE/h120/Mutiny+On+The+Bounty-06.jpg">Blight</a> pu naviguer vers l’Australie après avoir contourné la
Barrière de Corail. Le pire du voyage était accompli. Ne restait plus qu’à naviguer
en eau calme vers Timor. Plus les vivres diminuaient, plus l’humeur de
l’équipage devenait dangereuse : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le charpentier Purcell commença par se
montrer d’une extrême insolence avec moi, et finalement il me déclara sur le
ton de révolte qu’il me valait bien. Sur le moment je ne voyais pas très
clairement comment cette affaire se terminerait. Je voulus donc marquer un
</i></span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhcynD5fSrCHQs2reie5QYtIeYn58Bt2ldQcmOYUmQsB1E-40i66i8xnnaER789GtBjeRyuSX0qRilG4EFl7g71enwbflXm4czGWiQnHfoSirgeRm4O6SZv7b8gYkqm0DZQgmDFJpVTzaE/s1600/Mutiny+On+The+Bounty-06.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhcynD5fSrCHQs2reie5QYtIeYn58Bt2ldQcmOYUmQsB1E-40i66i8xnnaER789GtBjeRyuSX0qRilG4EFl7g71enwbflXm4czGWiQnHfoSirgeRm4O6SZv7b8gYkqm0DZQgmDFJpVTzaE/s1600/Mutiny+On+The+Bounty-06.jpg" height="291" width="400" /></a>point décisif; ou bien je préservais toute l’étendue de mon autorité, ou bien
je mourrais en essayant de la conserver. Je m’em-</i></span><br />
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">parai d’un coutelas et
j’ordonnai à cette canaille d’en prendre un autre et de défendre sa peau. Sur
quoi il cria au secours, prétendit que j’allais l’assassiner, et se soumit. Pour
me soutenir je n’eus que Mr Nelson, le botaniste. Quant à mon second, Fryer, il
commanda froidement au maître d’équipage de me mettre en état
d’arrestation; sans doute aurait-il provoqué de plus graves désordres si
je ne lui avais déclaré que mon devoir m’imposait de faire régner l’ordre et la
discipline et que, au cas d’une rébellion, mon premier soin serait de le tuer
sur-le-champ</i>» (cité in J. Barrow. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Op. cit. </i>p. 169).</span><br />
<br />
<span style="mso-ansi-language: FR;">Le cinéma a immortalisé à quatre reprises les aventuriers du <i>Bounty</i>. Un second film en 1935, de
Frank Lloyd </span><span style="mso-ansi-language: FR;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgn-T9o2y9-Q71R2WsAMT4lMaD55CQ8YsvKRudafW2pbVFJba7QkjgZFLdgg8ttr63331M6Ncr7SgXnP61mKHPrch2h_O8Z4B5PwJ6gY2BsNCbI-Nw1k11j5ylJYdpP9fb4Dj00XZBr4HU/s1600/the+bounty+1984.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgn-T9o2y9-Q71R2WsAMT4lMaD55CQ8YsvKRudafW2pbVFJba7QkjgZFLdgg8ttr63331M6Ncr7SgXnP61mKHPrch2h_O8Z4B5PwJ6gY2BsNCbI-Nw1k11j5ylJYdpP9fb4Dj00XZBr4HU/s1600/the+bounty+1984.jpg" height="190" width="400" /></a>avec Clark Gable en Fletcher Christian et Charles Laughton en
capitaine Blight. Une troisième version a été réalisée en 1962 par Lewis
Milestones, avec Marlon Brandon en Fletcher Christian et Trevor Howard en capitaine
Blight. La plus récente version, celle de 1984 de Roger Donaldson, avec Mel
Gibson en Fletcher Christian et Anthony Hopkins en capitaine Blight, est sans
contredit la plus exacte des reconstitutions. L’importance fantasmatique
de ce thème tient, au niveau symbolique, à la révolte contre la </span><span style="mso-ansi-language: FR;"><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiIsUVzWSGfOutbC9Jyip8GjS2h96NtsNozqupNwFmsxlSFB0K2NWDTzi-i5WA4X9sQXMuyfpx1_uxS-byXv-KTOns6-ZUn_HPJh3jiY__WSH6C9gyW_SmvpwAJy5KFgLjU_qoyHw5Rfd0/s1600/MutinyonTheBounty.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiIsUVzWSGfOutbC9Jyip8GjS2h96NtsNozqupNwFmsxlSFB0K2NWDTzi-i5WA4X9sQXMuyfpx1_uxS-byXv-KTOns6-ZUn_HPJh3jiY__WSH6C9gyW_SmvpwAJy5KFgLjU_qoyHw5Rfd0/s1600/MutinyonTheBounty.jpg" height="257" width="400" /></a></span>figure du Père et
l’inca-</span><br />
<span style="mso-ansi-language: FR;">pacité de la figure du Fils d’assu-</span><br />
<span style="mso-ansi-language: FR;">mer la fonction pater-</span><br />
<span style="mso-ansi-language: FR;">nelle si lui-même
n’a pas su suivre la loi des générations. L’<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgn-T9o2y9-Q71R2WsAMT4lMaD55CQ8YsvKRudafW2pbVFJba7QkjgZFLdgg8ttr63331M6Ncr7SgXnP61mKHPrch2h_O8Z4B5PwJ6gY2BsNCbI-Nw1k11j5ylJYdpP9fb4Dj00XZBr4HU/h120/the+bounty+1984.jpg">anarchie à Pitcairn</a> est contredite
par l’<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiIsUVzWSGfOutbC9Jyip8GjS2h96NtsNozqupNwFmsxlSFB0K2NWDTzi-i5WA4X9sQXMuyfpx1_uxS-byXv-KTOns6-ZUn_HPJh3jiY__WSH6C9gyW_SmvpwAJy5KFgLjU_qoyHw5Rfd0/h120/MutinyonTheBounty.jpg">ordre</a> avec lequel<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Blight mène sa
chaloupe à bon port, dans des conditions périlleuses, ne perdant qu’un homme au
cours d’un affrontement avec les indigènes. Au niveau idéologique, le thème est
certes conservateur. L’ordre, si tyrannique qu’il apparaisse, vaut mieux que le désordre où les caprices de chacun finissent par abolir tout
équilibre et toute justice entre les membres de la société et conduisent à des massacres répétés.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: -4.6pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: -4.6pt; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;">Cette leçon pourrait représenter
toutes les histoires de naufrage. Le récit du naufrage de <i>La</i> <i>Méduse </i>est plus
terrible encore car il ne s’y trouva pas de capitaine Blight pour prendre le
radeau en main. Rappelons les faits. </span><span style="mso-ansi-language: FR;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiiQ5TGG443LyTAxyzDpUSbh96kkanMx_eJNutH_Zg3-Biy0gCtdt90RDrHCh1wMlXcqtu8WFfgIvsNbY-oF5g2VISS93b12VZin2F12wSmTMGPNH1j78de-cDmdODA0Ga6HsUS-88WQRA/s1600/M%C3%A9duse-Jean-J%C3%A9r%C3%B4me_Baugean-IMG_4777.JPG" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiiQ5TGG443LyTAxyzDpUSbh96kkanMx_eJNutH_Zg3-Biy0gCtdt90RDrHCh1wMlXcqtu8WFfgIvsNbY-oF5g2VISS93b12VZin2F12wSmTMGPNH1j78de-cDmdODA0Ga6HsUS-88WQRA/s1600/M%C3%A9duse-Jean-J%C3%A9r%C3%B4me_Baugean-IMG_4777.JPG" height="266" width="400" /></a>Sous la Restaura-</span><br />
<span style="mso-ansi-language: FR;">tion, après les aventures
napoléo-</span><br />
<span style="mso-ansi-language: FR;">niennes, la France royale voulut reprendre sa colonie du Sénégal. Elle
s’équipa pour ce faire, entre autres, d’une frégate, <i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiiQ5TGG443LyTAxyzDpUSbh96kkanMx_eJNutH_Zg3-Biy0gCtdt90RDrHCh1wMlXcqtu8WFfgIvsNbY-oF5g2VISS93b12VZin2F12wSmTMGPNH1j78de-cDmdODA0Ga6HsUS-88WQRA/h120/M%C3%A9duse-Jean-J%C3%A9r%C3%B4me_Baugean-IMG_4777.JPG">La Méduse</a>,</i> de quarante-quatre
canons, commandée par Duroys de Chaumareys, un vieil officier débonnaire et
sans grande expérience puisque de 1789 à 1814, il avait été en exil, avec les
émigrés. Partie d’Aix le 17 juin 1816, le 1<sup>er</sup> juillet, la frégate
était à la hauteur du cap Bojador : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">La
faiblesse du capitaine avait déjà encouragé un grand relâchement dans la
discipline du bord, et l’on était tout occupé aux cérémonies du baptême de la
Ligne, lorsqu’on commença à soupçonner que le navire était entraîné par les
courants. Bientôt l’on constata qu’on naviguait sur les </i></span><span style="mso-ansi-language: FR;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-ansi-language: FR;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi6nqmMkqbwyuRwyxmr2Rk1zp9f0WvrpR0UBz6MAMRN3TA2eLjxw2P056axxOltDQ4j6W1X_i87O9HqyLC8y_tXIBpB62Ze6UvvB94hfYnRusWbyP6tCNlbW9H-h7cYRi7E6taA_ASjyL4/s1600/Wreck_of_M%C3%A9duse_img_3191.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi6nqmMkqbwyuRwyxmr2Rk1zp9f0WvrpR0UBz6MAMRN3TA2eLjxw2P056axxOltDQ4j6W1X_i87O9HqyLC8y_tXIBpB62Ze6UvvB94hfYnRusWbyP6tCNlbW9H-h7cYRi7E6taA_ASjyL4/s1600/Wreck_of_M%C3%A9duse_img_3191.jpg" height="190" width="400" /></a></span>hauts-fonds. On
n’avança plus que pru-</i></span><br />
<span style="mso-ansi-language: FR;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">demment, mais il était trop tard. La sonde donnait plus
que 18 brasses de profondeur, bientôt après, 6 brasses. En vain l’on fit serrer
les voiles. La frégate toucha; un premier coup de talon, un second, un
troisième, et le navire s’arrêta! C’était la pleine mer, et l’on ne trouvait
que cinq mètres cinq centimètres d’eau. On était <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi6nqmMkqbwyuRwyxmr2Rk1zp9f0WvrpR0UBz6MAMRN3TA2eLjxw2P056axxOltDQ4j6W1X_i87O9HqyLC8y_tXIBpB62Ze6UvvB94hfYnRusWbyP6tCNlbW9H-h7cYRi7E6taA_ASjyL4/h120/Wreck_of_M%C3%A9duse_img_3191.jpg">échoué</a> sur le banc d’Arguin,
près de la côte occidentale d’Afrique. La consternation saisit l’équipage. Chacun
s’accusa, et accusa les officiers, le capitaine surtout; et le désordre
commença, qui ne devait plus cesser. Pendant trois jours on fit en vain les
plus grands efforts pour remettre le navire à flot. Enfin le 5, tout s’étant
démontré inutile, et l’eau gagnant la cale, malgré les pompes, il fut décidé
que l’on évacuerait la frégate</i>». (J. Merrien. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Op. cit. </i>pp. 141-142).</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: -4.6pt; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;">Contrairement au <i>Titanic</i>, <i>La Méduse</i> ne
coule pas. Aussi a-t-on tout le temps de descendre les embarcations. Or,
celles-ci sont insuffisantes. Il y a environ 400 personnes à bord de la
frégate. Le grand canot contient 35 personnes dont le nouveau gouverneur du
Sénégal, M. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiheSUKISehISujGglWcVKbAstemNU27fSYjC5Lk7pLYzDTgBBBiuVldDeuB3XV0n5nMuxkepau38USs4-neUpabh3AVDCyyYXjDRv2E7MCO25XclbVQjrLiJgk_jHIsG0FkMkw-I1I8DQ/h120/H0820-L51427483_mid.jpg">Schmaltz</a> et toute sa famille. Le </span><span style="mso-ansi-language: FR;"><span style="mso-ansi-language: FR;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiheSUKISehISujGglWcVKbAstemNU27fSYjC5Lk7pLYzDTgBBBiuVldDeuB3XV0n5nMuxkepau38USs4-neUpabh3AVDCyyYXjDRv2E7MCO25XclbVQjrLiJgk_jHIsG0FkMkw-I1I8DQ/s1600/H0820-L51427483_mid.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiheSUKISehISujGglWcVKbAstemNU27fSYjC5Lk7pLYzDTgBBBiuVldDeuB3XV0n5nMuxkepau38USs4-neUpabh3AVDCyyYXjDRv2E7MCO25XclbVQjrLiJgk_jHIsG0FkMkw-I1I8DQ/s1600/H0820-L51427483_mid.jpg" height="385" width="400" /></a></span>canot-major prend 42 personnes et
celui du commandant 28. La chaloupe, quoique en mauvais état, est chargée de 90
hommes d’équipage et de l’armée. Un canot de 8 avirons, nommé le canot du
Sénégal, fait monter 25 personnes, la yole, par quinze. Enfin, le grand radeau
de 20 mètres de long sur 7 de large, construit avec des mâts, vergues et autres
pièces de la frégate que l’on joignit ensemble avec une solidité parfaite,
contiendra 152 personnes. Seules 17 personnes restèrent à bord de <i>La Méduse</i>,
espérant un secours miraculeux. Malgré le temps escompté, le chargement des
embarcations s’était fait dans la panique. «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">On
transporta les provisions dans les diverses embarcations, mais avec tant de
hâte et de confusion que le radeau, qui, seul, avait du vin en quantité
suffisante, n’avait pas une miette de biscuit</i>» (J. Merrien. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 142). Ce qui est
extraordinaire, c’est que les canots se dirigèrent tous vers les rives
africaines. Le radeau, lui, se mit à dériver en pleine mer. Voici ce que
raconta l’un des naufragés, M. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgK71xE-i4tLuwz34XbxeHtDQJM3LMwN1NQc8_xq7e36tw_9aA_H3SM7kvd4kbSJN-kRLo-bW_zy6-5VaCrjjeeuHBmvE9T6lCsd3yKw2obA7jGBeD6YX3iPjtp2WM5Hq6YtjW2_1lXVk0/h120/f3.highres.png">Corréard </a>:</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: -4.6pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; margin-top: 0in; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Il
aurait dû y avoir soixante matelots sur le radeau : à peine en mit-on dix.
Cent </i></span><span style="mso-ansi-language: FR;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-ansi-language: FR;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgK71xE-i4tLuwz34XbxeHtDQJM3LMwN1NQc8_xq7e36tw_9aA_H3SM7kvd4kbSJN-kRLo-bW_zy6-5VaCrjjeeuHBmvE9T6lCsd3yKw2obA7jGBeD6YX3iPjtp2WM5Hq6YtjW2_1lXVk0/s1600/f3.highres.png" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgK71xE-i4tLuwz34XbxeHtDQJM3LMwN1NQc8_xq7e36tw_9aA_H3SM7kvd4kbSJN-kRLo-bW_zy6-5VaCrjjeeuHBmvE9T6lCsd3yKw2obA7jGBeD6YX3iPjtp2WM5Hq6YtjW2_1lXVk0/s1600/f3.highres.png" height="400" width="276" /></a></i></span>quarante-huit personnes furent confiées à cette frêle machine. La
précipitation avec laquelle </i></span><span style="mso-ansi-language: FR;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">on l’avait construite empêcha d’y adapter des
garde-fous. Elle avait à peu près dix pieds de long. Solidement établie, elle
eût pu supporter deux cents hommes. Mais elle était sans voiles et sans
mâture : on y avait placé beaucoup de quarts de farine, cinq barriques de
vin et deux pièces à eau : on avait omis d’y mettre un seul morceau de
biscuit.</i></span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; margin-top: 0in; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-ansi-language: FR;">À peine cinquante hommes furent-ils sur le radeau qu’il s’enfonça au moins
de deux pieds. Pour faciliter l’embarquement des autres personnes, on fut
obligé de jeter à la mer tous les quarts de farine, et l’on continua à y
embarquer du monde. Enfin, dit M. Corréard, nous nous trouvâmes cent
quarante-huit. Il était impossible, tant nous étions serrés, de faire un pas
sur le radeau; il s’était enfoncé au moins de trois pieds sur l’avant; et sur
l’arrière, on avait de l’eau jusqu’à la ceinture.</span></i><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; margin-top: 0in; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-ansi-language: FR;">Au moment où nous débarquions de la frégate, on nous jeta du bord à peu
près vingt-cinq livres de biscuit dans un sac qui tomba à la mer. On l’en
retira avec peine; il ne formait plus qu’une pâte; nous le conservâmes
cependant dans cet état.</span></i><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; margin-top: 0in; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-ansi-language: FR;">Les embarcations de la frégate devaient toutes nous remorquer, les
officiers qui les commandaient avaient juré de ne pas nous abandonner : un
enchaînement de circonstances les força de renoncer au plan généreux qu’ils
avaient formé, de nous sauver, ou de mourir avec nous.</span></i><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; margin-top: 0in; text-align: justify;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgtpoYulj_L0MKVNYv2BaIc9K4LN_X1Yhb0yTnTcc6kuwWN8uxLJPLnF8TTM5NY-cfVh_5dev8uZso77LyShJPhD7-FlvyNK8IITH9EUiH0esyqex90vqBTG7LRobhB0BkJ4Vg7yf2fUz8/s1600/Image15.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgtpoYulj_L0MKVNYv2BaIc9K4LN_X1Yhb0yTnTcc6kuwWN8uxLJPLnF8TTM5NY-cfVh_5dev8uZso77LyShJPhD7-FlvyNK8IITH9EUiH0esyqex90vqBTG7LRobhB0BkJ4Vg7yf2fUz8/s1600/Image15.jpg" height="208" width="400" /></a><span style="mso-ansi-language: FR;">[…]</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; margin-top: 0in; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-ansi-language: FR;">Si tous les efforts réunis des <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgtpoYulj_L0MKVNYv2BaIc9K4LN_X1Yhb0yTnTcc6kuwWN8uxLJPLnF8TTM5NY-cfVh_5dev8uZso77LyShJPhD7-FlvyNK8IITH9EUiH0esyqex90vqBTG7LRobhB0BkJ4Vg7yf2fUz8/h120/Image15.jpg">embarcations</a> eussent continuellement agi sur
nous, favorisés comme nous l’étions par les vents du large, nous eussions pu
gagner la terre en moins de trois jours ; mais le lieutenant de la
frégate, voyant que ses efforts devenaient inutiles, après nous avoir remorqués
seul un instant, fit larguer l’amarrage qui le tenait au radeau.</span></i><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; margin-top: 0in; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-ansi-language: FR;">Nous ne devînmes convaincus que nous étions entièrement abandonnés, que
lorsque les embarcations furent presque hors de notre vue. La consternation fut
extrême : tout ce qu’ont de terrible la soif et la faim se retraça à nos
imaginations, et nous avions de plus à combattre un élément perfide qui déjà
recouvrait la moitié de nos corps. Tous les marins et tous les soldats se
livraient au désespoir : ce fut avec beaucoup de peines que nous parvînmes
à les calmer</span></i><span style="mso-ansi-language: FR;">» (J. Merrien. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 145-146).</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;">Commence alors le véritable
Purgatoire. Quelque chose que n’ont pas connu l’équipage de la chaloupe de
Blight. «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Pendant cette </i>[première]<i style="mso-bidi-font-style: normal;"> nuit </i>[poursuit Corréard], <i style="mso-bidi-font-style: normal;">un grand nombre de nos passagers qui
n’avaient pas le pied marin tombaient les uns sur les autres. Enfin, après dix
heures des souffrances les plus cruelles, le jour arriva. Quel spectacle
s’offrit à nos regards! Dix ou douze malheureux, </i></span><span style="mso-ansi-language: FR;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjrSWQ9YyW1otUixSf6Ba9Wa0dM_k5yjl_5jap66e3bLw62fdO37l6PUZZgszljLweVKruAkYuV1v8qAGZ62Vj1B2fm-EbySjLbBQdA_WFxd4XQwDT4eztRNNFjmq8Yzzase0KeoHJ8B-s/s1600/AH_Medusa_photo9_thumb.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjrSWQ9YyW1otUixSf6Ba9Wa0dM_k5yjl_5jap66e3bLw62fdO37l6PUZZgszljLweVKruAkYuV1v8qAGZ62Vj1B2fm-EbySjLbBQdA_WFxd4XQwDT4eztRNNFjmq8Yzzase0KeoHJ8B-s/s1600/AH_Medusa_photo9_thumb.jpg" height="300" width="400" /></a>ayant les extrémités
inférieures engagées dans les sépara-</i></span><br />
<span style="mso-ansi-language: FR;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">tions que laissaient entre elles les pièces
du radeau, n’avaient pu se dégager, et y avaient perdu la vie, plusieurs autres
avaient été enlevés du <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjrSWQ9YyW1otUixSf6Ba9Wa0dM_k5yjl_5jap66e3bLw62fdO37l6PUZZgszljLweVKruAkYuV1v8qAGZ62Vj1B2fm-EbySjLbBQdA_WFxd4XQwDT4eztRNNFjmq8Yzzase0KeoHJ8B-s/h120/AH_Medusa_photo9_thumb.jpg">radeau</a> par la violence de la mer, en sorte qu’au matin,
nous étions déjà vingt de moins</i>» (J » Merrien. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 146). Après cette première expérience, le désespoir et la
sédition s’emparent des hommes. La seconde nuit est encore plus terrible.
Devant la houle, seuls ceux qui peuvent se maintenir au centre du radeau s’en
sortent, les autres sont emportés par les vagues. Au troisième jour, la révolte
éclate. Des marins et des soldats ivres veulent détruire le radeau. Les
officiers se défendent comme ils peuvent. Les sabres s’agitent contre la hache
du meneur. Les morts s’empilent ou sont jetés à l’eau : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Bientôt le combat devient général; le mât se
brise, et peu s’en faut qu’il ne casse la cuisse au capitaine Dupont, notre
commandant, qui reste sans connaissance; il est saisi par les soldats qui le
jettent à la mer : nous nous en apercevons et nous le sauvons. Nous le
déposons sur une barrique d’où il est arraché par les séditieux qui veulent lui
crever les yeux avec un canif. Excités par tant de </i></span><span style="mso-ansi-language: FR;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">cruautés, nous ne gardons
plus de ménagements, et nous les chargeons avec furie…</i>» (J. Merrien. </span><span style="mso-ansi-language: FR;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-ansi-language: FR;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgYP6gITwjRVeuWwaW4Zil8hx48rhXYfbzXi6PMJlJ55XluakRoPf6IHh4_7CiHpxq-9vs5BQ_7rK4nLIIrIJ6YVt_FN5FyvU16pOZyRVQ0JFtc92x7imM8O1hv6zaN923Ypl2Tn1fZN_Q/s1600/SAM_4998.JPG" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgYP6gITwjRVeuWwaW4Zil8hx48rhXYfbzXi6PMJlJ55XluakRoPf6IHh4_7CiHpxq-9vs5BQ_7rK4nLIIrIJ6YVt_FN5FyvU16pOZyRVQ0JFtc92x7imM8O1hv6zaN923Ypl2Tn1fZN_Q/s1600/SAM_4998.JPG" height="266" width="400" /></a></i></span>Ibid. </i>p. 147). C’est ainsi qu’un
semblant d’ordre put être rétabli. La sédition reprend le soleil couché. «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le jour vint enfin éclairer cette scène
d’horreur. Un grand nombre de ces insensés s’étaient <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgYP6gITwjRVeuWwaW4Zil8hx48rhXYfbzXi6PMJlJ55XluakRoPf6IHh4_7CiHpxq-9vs5BQ_7rK4nLIIrIJ6YVt_FN5FyvU16pOZyRVQ0JFtc92x7imM8O1hv6zaN923Ypl2Tn1fZN_Q/h120/SAM_4998.JPG">précipités</a> à la mer. Au
matin, nous trouvâmes que soixante ou soixante-cinq hommes avaient péri pendant
la nuit; un quart s’était noyé de désespoir. Nous n’avions perdu que deux
des nôtres, et pas un seul officier. Un nouveau malheur nous fut révélé à la
naissance du jour. Les rebelles, pendant le tumulte, avaient jeté deux
barriques de vin à la mer, et les deux seules pièces d’eau qu’il y eût sur le
radeau. Il ne restait en tout qu’une seule pièce de vin. Nous étions encore
soixante-sept hommes à bord; il fallut se mettre à demi-ration. Ce fut un
nouveau sujet de murmures au moment de la distribution</i>» (J. Merrien. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 148)<i>.</i> </span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<br />
<span style="mso-ansi-language: FR;">Corréard entre alors dans ce qui
marquera l’horreur du récit de <i>La Méduse</i> : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ceux que la mort avait épargnés dans la nuit désastreuse que je viens
de décrire, se précipitèrent avidement sur les cadavres dont le radeau était
couvert, les coupèrent par tranches et quelques-uns les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi9Nx0YF0Sep0YcXK5rJZLpdoj5Lli-HjbRJGisx3vfvmuW7aktRVPha1wxMW6o0gxXM42CpgHXZG8JjRVCvLdnLN02JYO6ErRvaYT-sLLhgAoupi8zvYLYfbJxOmpobmkllvkZkB2D-Wg/h120/G%C3%A9ricault-Radeau-%C3%A9tude.jpg">dévorèrent</a> à l’instant.
</i></span><span style="mso-ansi-language: FR;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi9Nx0YF0Sep0YcXK5rJZLpdoj5Lli-HjbRJGisx3vfvmuW7aktRVPha1wxMW6o0gxXM42CpgHXZG8JjRVCvLdnLN02JYO6ErRvaYT-sLLhgAoupi8zvYLYfbJxOmpobmkllvkZkB2D-Wg/s1600/G%C3%A9ricault-Radeau-%C3%A9tude.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi9Nx0YF0Sep0YcXK5rJZLpdoj5Lli-HjbRJGisx3vfvmuW7aktRVPha1wxMW6o0gxXM42CpgHXZG8JjRVCvLdnLN02JYO6ErRvaYT-sLLhgAoupi8zvYLYfbJxOmpobmkllvkZkB2D-Wg/s1600/G%C3%A9ricault-Radeau-%C3%A9tude.jpg" height="293" width="400" /></a>Cependant un grand nombre de nous refusèrent d’y toucher ; mais à la fin,
cédant à un besoin plus pressant que la voix de l’huma-</i></span><br />
<span style="mso-ansi-language: FR;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">nité, nous ne vîmes dans
cet affreux repas qu’un moyen déplorable de conservation. Je proposai, je
l’avoue, de faire sécher ces membres sanglants pour les rendre un peu plus
supportable au goût : quelques-uns eurent assez de courage pour s’en
abstenir, et il leur fut accordé une plus grande quantité de vin</i>» (P.
Merrien. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 149)<i style="mso-bidi-font-style: normal;">. </i>Chaque jour qui passe amène son lot
d’horreurs et de souffrances. À chaque réveil, le nombre des naufragés diminue
et on jette les corps à l’eau, ne s’en réservant qu’un qui servira à
l’alimentation des survivants. Une pêche miraculeuse survient au cinquième
jour, mais les poissons pêchés s’épuisent vite. Au septième jour, la situation
est désespérée : </span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; margin-top: 0in; text-align: justify;">
<span style="mso-ansi-language: FR;">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ainsi
nous n’étions plus que vingt-huit. Sur ce nombre, quinze seulement paraissaient
pouvoir exister quelques jours encore; tous les autres, couverts de larges
blessures, avaient entièrement perdu la raison; cependant ils avaient part aux
distributions, et pouvaient, avant leur mort, consommer quarante bouteilles de
vin; ces quarante bouteilles de vin étaien</i>t <i style="mso-bidi-font-style: normal;">pour nous d’un prix inestimable.</i></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; margin-top: 0in; text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiRCvEuyeCo_di9M22b7T702TA9UxljDQ7AgOfVC9UBUVuQJPb7Rze1qNuR4z9SnhAx4Nv2axgkJ9JT-d_F65_TSN45WYCL4HwTRVUEvjwSUl9bQNf9qJ5v3TF2HblHU8ydXFFFuvRhyphenhyphenvE/s1600/meduse.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiRCvEuyeCo_di9M22b7T702TA9UxljDQ7AgOfVC9UBUVuQJPb7Rze1qNuR4z9SnhAx4Nv2axgkJ9JT-d_F65_TSN45WYCL4HwTRVUEvjwSUl9bQNf9qJ5v3TF2HblHU8ydXFFFuvRhyphenhyphenvE/s1600/meduse.jpg" height="361" width="400" /> </a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-ansi-language: FR;">On tint conseil : mettre les malades à la demi-ration, c’était avancer
leur mort de quelques instants; les laisser sans vivres, c’était la leur donner
tout de suite. Après une longue délibération, on décida qu’on les jetterait à
la mer. Ce moyen, quelque répugnant qu’il nous parût à nous-mêmes, procurait
aux vivants six jours de vivres. La délibération prise, qui oserait l’exécuter?
L’habitude de voir la mort prête à fondre sur nous, le désespoir, la certitude
de notre perte infaillible sans ce fatal expédient, tout, en un mot, avait
endurci nos cœurs devenus insensibles à tout autre sentiment qu’à celui de
notre conservation.</span></i><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; margin-top: 0in; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-ansi-language: FR;">Trois matelots se chargèrent de cette cruelle exécution. Nous détournâmes
les yeux, et nous versâmes des larmes de sang sur le sort de ces infortunés. Ce
sacrifice sauva les quinze qui restaient</span></i><span style="mso-ansi-language: FR;">» (J. Merrien. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp.
150-151).</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; margin-top: 0in; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Sous la chaleur torride et un soleil de plomb, poussé par le vent, le radeau
transporte ses morts-vivants désespérés et maudits vers leur destin. Trois
jours encore vont se passer. C’est le 17 juillet finalement que le capitaine
Dupont </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgguycRtxCyQ3PVSseWIuzVCh891jTotamRpuqMjYmxpf_6YS75_1p0e4z7_lTimJ_roUDv9YxwxaT-ao7nKt7p6UpGbN3-78BI_ZCiu8n-x0iHrpQcVwTHWd04JZfVXPikQ1umLS3XppE/s1600/1573_xxl.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgguycRtxCyQ3PVSseWIuzVCh891jTotamRpuqMjYmxpf_6YS75_1p0e4z7_lTimJ_roUDv9YxwxaT-ao7nKt7p6UpGbN3-78BI_ZCiu8n-x0iHrpQcVwTHWd04JZfVXPikQ1umLS3XppE/s1600/1573_xxl.jpg" height="400" width="400" /></a>remar-</span><br />
<span lang="FR-CA">quera au loin la présence d’un brick, c’était l’<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgguycRtxCyQ3PVSseWIuzVCh891jTotamRpuqMjYmxpf_6YS75_1p0e4z7_lTimJ_roUDv9YxwxaT-ao7nKt7p6UpGbN3-78BI_ZCiu8n-x0iHrpQcVwTHWd04JZfVXPikQ1umLS3XppE/h120/1573_xxl.jpg">Argus</a>, dont la
mission était égale-</span><br />
<span lang="FR-CA">ment de participer à la recon-</span><br />
<span lang="FR-CA">quête du Sénégal. Des quinze
survivants, six moururent peu de jours après leur arrivée à Saint-Louis. En
1817, une expédition fut envoyée pour repérer l’épave de <i>La Méduse</i> qui s’était
enfoncée dans les sables, mais surtout pour cartographier les bancs afin d’éviter qu’une telle tragédie ne se reproduise. L’épave y reposerait
toujours. Comme Blight, Chaumareys passa en Conseil de guerre, puis il y eut un
procès qui pouvait prononcer la peine de mort pour abandon du navire avant
l’évacuation complète. Il y eut sursis à l’exécution, et Chauareys mourut dans
la honte et la pauvreté, méprisé de tous. À lui seul, il venait de saloper le
triomphe du retour de la monarchie.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">En effet. Un jeune peintre réaliste entreprit de lire les témoignages des survivants, dont la déposition de
Corréard. Théodore Géricault (1791-1824) produisit plusieurs esquisses de ce que devait
être son grand </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjyowtPM1OPusOjI0panW2j7lwmMbjby97IdrPdbSuFCrHGBd9U7lX5vMn4S1qO94RVnrvF0Q-nlIMpdyidfVNwJx_vBkzQ__ivRNNKJ9V6QjKDkqU2b6r5GzH6z4mC8G3eQkFI4h3KsGU/s1600/11857265.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjyowtPM1OPusOjI0panW2j7lwmMbjby97IdrPdbSuFCrHGBd9U7lX5vMn4S1qO94RVnrvF0Q-nlIMpdyidfVNwJx_vBkzQ__ivRNNKJ9V6QjKDkqU2b6r5GzH6z4mC8G3eQkFI4h3KsGU/s1600/11857265.jpg" height="297" width="400" /></a>tableau : le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhU6HN1Gle_4BBkhpjeNteyyq9cuh-QSK0rgDlxYzZlWOvuT3Fty4eIaMqHr04PJCt9hSvo3FT7VSIbzenJwBEBidjLC5KlRWgyf0E1y6FDwPAup1e91gTLNfbI3KTS-Y_PaV3IueojY2E/h120/dor2_gericault_001f.jpg">Radeau de la Méduse</a>. Au prin-</span><br />
<span lang="FR-CA">temps 1819, la
vaste toile – 4 m 91 x 7 m 16 – était prête à être <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjyowtPM1OPusOjI0panW2j7lwmMbjby97IdrPdbSuFCrHGBd9U7lX5vMn4S1qO94RVnrvF0Q-nlIMpdyidfVNwJx_vBkzQ__ivRNNKJ9V6QjKDkqU2b6r5GzH6z4mC8G3eQkFI4h3KsGU/h120/11857265.jpg">exposée</a> au Salon annuel.
Louis XVIII ne put éviter de voir la scène et lança à l’artiste : «Voilà,
monsieur Géricault, un naufrage qui ne fera pas celui de l’artiste qui l’a
peint» (Cité in G. Bordonove. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le naufrage
de la Méduse, </i>Paris, Robert Laffont, 1973, p. 296). La presse monarchiste
se déchaîna contre le chef-d’œuvre et la plupart des critiques, en le
qualifiant de romantique, passèrent à côté de la portée révolutionnaire que
contenait le tableau. Pendant la Restauration, il n’y eut pas d’avenir pour <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le Radeau de la Méduse.</i></span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Le terrible récit de Corréard donnait le ton à ce qui pouvait
arriver en mer lorsqu’un naufrage survenait. La </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgjjUZTTNKhPECnwZU2mMaaY6nQ-xw6lCIOW0kFzcRCSJWozNzQTTK47Bmkfhv8zshp62OjR7rc31E-R3NaqrlzNZa16OtisVJc-H7h7YeMxO_AAiIBgwhHwgM7lsdUVUE-1PzeBf8FlTY/s1600/Wreck+of+the+Grampus,+illustration+from+'The+Narrative+of+Arthur+Gordon+Pym+of+Nantucket'+by+Edgar+Allan+Poe,+1884+(etching).JPG" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgjjUZTTNKhPECnwZU2mMaaY6nQ-xw6lCIOW0kFzcRCSJWozNzQTTK47Bmkfhv8zshp62OjR7rc31E-R3NaqrlzNZa16OtisVJc-H7h7YeMxO_AAiIBgwhHwgM7lsdUVUE-1PzeBf8FlTY/s1600/Wreck+of+the+Grampus,+illustration+from+'The%2BNarrative%2Bof%2BArthur%2BGordon%2BPym%2Bof%2BNantucket'%2Bby%2BEdgar%2BAllan%2BPoe%2C%2B1884%2B(etching).JPG" height="400" width="263" /></a>nouvelle fantastique devait
s’emparer du genre. Le maître en fut Edgar Allan Poe avec l’une de ses plus
longues nouvelles qui devait inspirer certains poèmes de Baudelaire, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Aventures d’Arthur Gordon Pym. </i>Comme le
récit de Corréard, le récit de Poe se présente comme le témoignage d’un jeune
passager clandestin venu rejoindre son ami, Auguste, à bord d’un brick partant
en mer. Après une mutinerie qui tourne mal, le <i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgjjUZTTNKhPECnwZU2mMaaY6nQ-xw6lCIOW0kFzcRCSJWozNzQTTK47Bmkfhv8zshp62OjR7rc31E-R3NaqrlzNZa16OtisVJc-H7h7YeMxO_AAiIBgwhHwgM7lsdUVUE-1PzeBf8FlTY/h120/Wreck+of+the+Grampus,+illustration+from+'The+Narrative+of+Arthur+Gordon+Pym+of+Nantucket'+by+Edgar+Allan+Poe,+1884+(etching).JPG">Grampus</a> </i>s'échoue comme <i>La Méduse </i>et nos quatre héros sont jetés dans
une chaloupe, abandonnés à la mer. Les effets d’horreur et d’angoisse alternent à
merveille dans ce court roman. Ainsi le chapitre X, celui du <i style="mso-bidi-font-style: normal;">brick mystérieux :</i></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; margin-top: 0in; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le navire en vue
était un grand <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjvkhlYrgI1IpCy9usMmSK059OJu_1oVQqL2-9ozMhj5gd09V6nd103u2x7uKyndm38MBZkjUaSlt8PD29ubEi_y0HPbOgNWm9DjjQJ-diYDXSLQ77ekR7VBbyWQTuJaBuy6y-ZkHkaXpE/h120/pymdeathship.jpg">brick-goëlette</a>, bâti à la hollandaise, peint en noir, avec une
poulaine voyante et dorée. Il avait évidemment essuyé passablement de gros
temps, et nous supposâmes qu’il avait beaucoup souffert de la tempête qui avait
été la cause de notre désastre; car il avait perdu son mât de hune de misaine
ainsi qu’une partie de son mur de tribord. Quand nous le vîmes pour la première
fois, il était, je l’ai déjà dit, à deux milles environ, au vent, et arrivant
sur nous. La brise était très-faible, et ce qui nous étonna le plus, c’est
qu’il </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjvkhlYrgI1IpCy9usMmSK059OJu_1oVQqL2-9ozMhj5gd09V6nd103u2x7uKyndm38MBZkjUaSlt8PD29ubEi_y0HPbOgNWm9DjjQJ-diYDXSLQ77ekR7VBbyWQTuJaBuy6y-ZkHkaXpE/s1600/pymdeathship.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjvkhlYrgI1IpCy9usMmSK059OJu_1oVQqL2-9ozMhj5gd09V6nd103u2x7uKyndm38MBZkjUaSlt8PD29ubEi_y0HPbOgNWm9DjjQJ-diYDXSLQ77ekR7VBbyWQTuJaBuy6y-ZkHkaXpE/s1600/pymdeathship.jpg" height="400" width="256" /></a>ne portait pas d’autres voiles que sa misaine et sa grande voile, avec un
clinfoc; aussi ne marchait-il que très-lentement, et notre impatience montait
presque jusqu’à la frénésie. La manière maladroite dont il gouvernait fut
remarquée par nous tous, malgré notre prodigieuse émotion. Il donnait de telles
embardées, qu’une fois ou deux nous crûmes qu’il ne nous avait pas vus, ou
qu’ayant découvert notre navire, mais n’ayant aperçu personne à bord, il allait
virer de bord et reprendre une autre route. À chaque fois, nous poussions des
cris et des hurlements de toute la force de nos poumons; et le navire inconnu
semblait changer pour un moment d’intention et remettait le cap sur nous; -
cette singulière manœuvre se répéta deux ou trois fois, si bien qu’à la fin
nous ne trouvâmes pas d’autre manière de nous l’expliquer que de supposer que
le timonier était ivre</i>» (E. A. Poe. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Aventures
d’Arthur Gordon Pym, </i>Paris, Gallimard, Col. Livre de poche classique, #
484, 1959, pp. 113-114).</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; margin-top: 0in; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Évidemment, le conte de Poe nous rappelle la légende
du <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Hollandais Volant </i>qui devait être à l'origine d’un opéra de Wagner. Ce thème romantique, version maritime du thème du
Juif errant, est l’un des favoris des légendes maritimes. Voici ce navire
sortant du brouillard et naviguant de manière erratique. Mais Poe
veut nous emmener dans une autre direction :</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; margin-top: 0in; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Nous n’aperçûmes
personne à son bord jusqu’à ce qu’il fût arrivé à un quart de mille de nous.
Alors nous vîmes trois hommes, qu’à leur costume nous prîmes pour des
Hollandais. Deux d’entre eux étaient couchés sur de vieilles voiles près du
gaillard d’avant, et le </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgDxhtfwqWmNjs5Qv1cX_OgWJI21SkydEhx-684Y-Do3Byk5sPLqpx4fMoww6c5gGOjSyeYOQTBAPrT0cGZ08fdaZL65x1NdoL2xjDyNh1l1S5s-FMZSO01fv4xgXEiw9DwppXgJ-_Dews/s1600/Gordon+Pym.tif" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgDxhtfwqWmNjs5Qv1cX_OgWJI21SkydEhx-684Y-Do3Byk5sPLqpx4fMoww6c5gGOjSyeYOQTBAPrT0cGZ08fdaZL65x1NdoL2xjDyNh1l1S5s-FMZSO01fv4xgXEiw9DwppXgJ-_Dews/s1600/Gordon+Pym.tif" height="400" width="263" /></a>troisième, qui semblait nous regarder avec curiosité,
était à l’avant, à tribord, près du beaupré. Ce dernier était un <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgDxhtfwqWmNjs5Qv1cX_OgWJI21SkydEhx-684Y-Do3Byk5sPLqpx4fMoww6c5gGOjSyeYOQTBAPrT0cGZ08fdaZL65x1NdoL2xjDyNh1l1S5s-FMZSO01fv4xgXEiw9DwppXgJ-_Dews/h120/Gordon+Pym.tif">homme grand et vigoureux</a>, avec la peau très-noire. Il semblait, par ses gestes, nous
encourager à prendre patience, nous saluant joyeusement de la tête, mais d’une
manière qui ne laissait pas que d’être bizarre, et souriant constamment, comme
pour déployer une rangée de dents blanches très-brillantes. Comme le navire se
rapprochait, nous vîmes son bonnet de laine rouge tomber de sa tête dans l’eau;
mais il n’y prit pas garde, continuant toujours ses sourires et ses gestes
baroques. Je rapporte minutieusement ces choses et ces circonstances, et je les
rapporte, cela doit être compris, précisément </i>comme <i style="mso-bidi-font-style: normal;">elles nous</i> apparurent». (E. A. Poe. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 114).</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Premier effet fantastique : l’angoisse. Après la
joie d’être enfin secouru, Poe nous décrit l’état d’esprit des naufragés
devant le salut qui semble se dresser devant eux. Les naufragés de <i>La Méduse</i>,
sur leur radeau, avaient vu au loin le brick <i>Argus </i>venir en leur direction,
puis ils l’avaient perdu de vue, créant ainsi un ultime découragement avant que
le brick apparaisse de nouveau. Voici ce sentiment d’angoisse que Poe entend
nous décrire par la plume de Pym :</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; margin-top: 0in; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le brick venait à
nous lentement et avec plus de certitude dans sa manœuvre, et (je ne puis
</i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhytp-28egiwz-uBuPrcTdgXG7U96ey5VgiOW3Y4BmlKkKm7sI8CEHdFVVBPsTH1COpfsGW9gOxiwafHjgDmB0f2c_uxjACacO0xfRSEXwmXbp3SL9z6T4_gg_te2O8DDVV6X6ohNx1FG8/s1600/Pym-penguin.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhytp-28egiwz-uBuPrcTdgXG7U96ey5VgiOW3Y4BmlKkKm7sI8CEHdFVVBPsTH1COpfsGW9gOxiwafHjgDmB0f2c_uxjACacO0xfRSEXwmXbp3SL9z6T4_gg_te2O8DDVV6X6ohNx1FG8/s1600/Pym-penguin.jpg" height="400" width="283" /></a>parler de sang-froid de cette aventure) nos cœurs sautaient follement dans nos
poitrines, et nous répandions toute notre âme en cris d’allégresse et en actions
de grâce à Dieu pour la complète, glorieuse et inespérée délivrance que nous
avions si palpablement sous la main. Soudainement, du mystérieux navire, qui
était maintenant tout proche de nous, nous arrivèrent, portées sur l’océan, une
odeur, une puanteur telles, qu’il n’y a pas dans le monde de mots pour
l’exprimer, - infernales, suffocantes, intolérables, inconcevables! J’ouvris la
bouche pour respirer, et, me tournant vers mes camarades, je m’aperçus qu’ils
étaient plus pâles que du marbre. Mais nous n’avions pas le temps de discuter
ou de raisonner, - le brick était à cinquante pieds de nous et il semblait
avoir l’intention de nous <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhytp-28egiwz-uBuPrcTdgXG7U96ey5VgiOW3Y4BmlKkKm7sI8CEHdFVVBPsTH1COpfsGW9gOxiwafHjgDmB0f2c_uxjACacO0xfRSEXwmXbp3SL9z6T4_gg_te2O8DDVV6X6ohNx1FG8/h120/Pym-penguin.jpg">accoster</a> par notre voûte, afin que nous pussions
l’aborder sans l’obliger à mettre un canot à la mer. Nous nous précipitâmes à
l’arrière quand tout à coup une forte embardée le jeta de cinq ou six points
hors de la route qu’il tenait, et, comme il passait à notre arrière à une
distance d’environ vingt pieds, nous vîmes en plein son pont…</i>» (E. A. Poe. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 114-115)<i>.</i></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; margin-top: 0in; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">L’angoisse qui avait saisi les naufragés de <i>La Méduse</i> à
la disparition de l’<i>Argus</i> avait été compensée par un flux d’enthousiasme au retour du brick qui les
soulageait définitivement de leur Purgatoire. Pour Pym, à l’angoisse succèdera
plutôt l’horreur brute.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; margin-top: 0in; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Oublierai-je
jamais la triple horreur de ce spectacle? Vingt-cinq ou trente corps humains,
parmi lesquels quelques femmes, gisaient disséminés çà et là, entre l’arrière
et la cuisine, dans le dernier et le plus dégoûtant état de putréfaction! Nous
vîmes clairement qu’il n’y avait pas une âme vivante sur ce bateau maudit!
Cependant, nous ne pouvions pas nous empêcher d’appeler ces morts à notre
secours! Oui, dans l’agonie du moment, nous avons longtemps et fortement prié
ces silencieuses et dégoûtantes images de s’arrêter pour nous, de ne pas nous
laisser devenir semblables à elles, et de vouloir bien nous recevoir dans leur
gracieuse compagnie! L’horreur et le désespoir nous faisaient extravaguer, -
l’angoisse et la déception nous avaient rendus absolument fous.</i></span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; margin-top: 0in; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Quand nous
poussâmes notre premier hurlement de terreur, quelque chose répondit qui venait
du côté du beaupré du navire étranger, et qui ressemblait si parfaitement au
cri d’un gosier humain que l’oreille la plus délicate en aurait tressailli et
s’y fût laissé prendre. En ce moment, une autre embardée soudaine ramena pour
quelques minutes le gaillard d’avant sous nos yeux, et du même coup nous
aperçûmes la cause du bruit. Nous vîmes le grand et robuste personnage toujours
appuyé sur la muraille, faisant toujours aller sa tête de çà et de là, mais la
face tournée maintenant de manière que nous ne pouvions plus l’apercevoir. Ses
bras étaient étendus sur la lisse, et ses mains tombaient en dehors. Ses genoux
reposaient sur une grosse manœuvre, tendue roide et allant du pied du beaupré à
l’un des bossoirs. Sur </span></i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh004vTaYK9xCotl9I9hQKr92i4RJ5efb3cg6FIOqx4Aio7dlddTJj2zB7bT3FykNx2fnN59p5_z-XY6Y39zvxfQek-Mx2EbM3xX_F3bre3oJPQW7FttdMryTM7ex6DOeDxm6w_2nqdik8/s1600/Pym.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh004vTaYK9xCotl9I9hQKr92i4RJ5efb3cg6FIOqx4Aio7dlddTJj2zB7bT3FykNx2fnN59p5_z-XY6Y39zvxfQek-Mx2EbM3xX_F3bre3oJPQW7FttdMryTM7ex6DOeDxm6w_2nqdik8/s1600/Pym.jpg" height="400" width="270" /></a>son dos, où une partie de la chemise avait été arrachée
et laissait voir le nu, se tenait une mouette énorme, qui se <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh004vTaYK9xCotl9I9hQKr92i4RJ5efb3cg6FIOqx4Aio7dlddTJj2zB7bT3FykNx2fnN59p5_z-XY6Y39zvxfQek-Mx2EbM3xX_F3bre3oJPQW7FttdMryTM7ex6DOeDxm6w_2nqdik8/h120/Pym.jpg">gorgeait</a>
activement de l’horrible viande, son bec et ses serres profondément enfouis
dans le corps, et son blanc plumage tout éclaboussé de sang. Comme le brick
continuait à tourner comme pour nous voir de plus près, l’oiseau retira
péniblement du trou sa tête sanglante, et, après nous avoir considérés un
moment comme stupéfié, se détacha paresseusement du corps sur lequel il se
régalait, puis il prit droit son vol au-dessus de notre pont et plana quelque
temps dans l’air avec un morceau de la substance coagulée et quasi vivante dans
son bec. À la fin, l’horrible morceau tomba, avec un sinistre piaffement, juste
aux pieds de Parker. Dieu veuille me pardonner! Mais alors, dans le premier
moment, une pensée traversa mon esprit, - une pensée que je n’écrirai pas, - et
je me sentis faisant un pas machinal vers la place ensanglantée. Je levai les
yeux, et mes regards rencontrèrent ceux d’Auguste, qui étaient chargés d’un
reproche si intense et si énergique, que cela me rendit immédiatement à
moi-même. Je m’élançai vivement, et, avec un profond frisson, je jetai
l’horrible chose à la mer.</span></i><br />
<br />
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Le corps d’où le
morceau avait été arraché, reposant ainsi sur cette manœuvre, oscillait
aisément sous les efforts de l’oiseau carnassier, et c’était ce mouvement qui
nous avait d’abord fait croire à un être vivant. Quand la mouette le débarrassa
de son poids, il chancela, tourna et tomba à moitié, de sorte que nous pûmes
voir son visage en plein. Non, jamais spectacle ne fut plus plein d’effroi! Les
yeux n’existaient plus, et toutes les chairs de la bouche rongée laissaient les
dents entièrement à nu. Tel était donc ce sourire qui avait encouragé notre
espérance! Tel était… mais je m’arrête. Le brick, comme je l’ai dit, passa à
notre arrière et continua sa route lentement et régulièrement sous le vent.
Avec lui et son terrible équipage s’évanouirent toutes nos heureuses visions de
joie et de délivrance. Comme il mit quelque temps à passer derrière nous, nous
aurions peut-être trouvé moyen de l’aborder, si notre soudain désappointement
et la nature effrayante de notre découverte n’avaient pas anéanti toutes nos
facultés morales et physiques. Nous avions vu et senti, mais nous ne pûmes
penser et agir hélas! que trop tard. On pourra juger par ce simple fait combien
cet incident avait affaibli nos intelligences : - quand le navire se fut
éloigné au point que nous n’apercevions plus que la moitié de sa coque, nous
agitâmes sérieusement la proposition d’essayer de l’attraper à la nage!</span></i><span lang="FR-CA">» (E. A. Poe. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp.
115 à 117).</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; margin-top: 0in; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Poe ne nous conduit pas dans le merveilleux des légendes
maritimes. Il n’y a rien du romantisme de Wagner </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi8rlXdG2Eax0zjwi7fjqGBtygVIc3vypk-DnyLf0nLVtLaUry2nqOlae0phN-5Y2Pig0dJvVDfE64dGLTrwRbhHLX_TKTozPVOgycHZ1o2jA0qsPl4kxvb3RCb4ZED-V3kSRbxqv7sg_M/s1600/ArthurGordonPym-illustration.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi8rlXdG2Eax0zjwi7fjqGBtygVIc3vypk-DnyLf0nLVtLaUry2nqOlae0phN-5Y2Pig0dJvVDfE64dGLTrwRbhHLX_TKTozPVOgycHZ1o2jA0qsPl4kxvb3RCb4ZED-V3kSRbxqv7sg_M/s1600/ArthurGordonPym-illustration.jpg" height="236" width="400" /></a>qui fait du <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Hollandais Volant </i>l’histoire d’une
ré-</span><br />
<span lang="FR-CA">demption par l’amour. La rencontre du brick hollan-</span><br />
<span lang="FR-CA">dais n’est que l’a-</span><br />
<span lang="FR-CA">vant-goût
de la suite des terreurs qui attendent nos naufragés. Pym va vivre à son tour
le chapelet des horreurs contenues dans le récit de Corréard : mutinerie,
gangrène de la jambe d’Auguste, sa mort, le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi8rlXdG2Eax0zjwi7fjqGBtygVIc3vypk-DnyLf0nLVtLaUry2nqOlae0phN-5Y2Pig0dJvVDfE64dGLTrwRbhHLX_TKTozPVOgycHZ1o2jA0qsPl4kxvb3RCb4ZED-V3kSRbxqv7sg_M/h120/ArthurGordonPym-illustration.jpg">cannibalisme</a> et la dérive de la
chaloupe jusque dans les mers du pôle Sud. Il n’y aura pas d’<i>Argos</i> pour les
naufragés du <i>Grampus</i>.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Poe rappelle comment les pestes voyagent nichées au creux des navires.
Celle de 1348, qui ravagea </span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgwrOPAp9RMr92bfmWeg8532FWlxX2XA26bAEem-7V_1YUnmoTC6pvF4LRaUR8XVDLfRJr7BgbZzV2Cu7vC3jPnkTDIfOXruspuLa72Jt4UmPjNy5-1hSm-AwIYJH-1LuNUkCUf8L7ifD0/s1600/mary_001.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgwrOPAp9RMr92bfmWeg8532FWlxX2XA26bAEem-7V_1YUnmoTC6pvF4LRaUR8XVDLfRJr7BgbZzV2Cu7vC3jPnkTDIfOXruspuLa72Jt4UmPjNy5-1hSm-AwIYJH-1LuNUkCUf8L7ifD0/s1600/mary_001.jpg" height="261" width="400" /></a></span>l’ensemble du continent euro-asiatique, passa d’un
navire marchand à l’autre, de la Mer Noire à Gênes et Marseille. Tous ces
petits passagers clandes-</span><br />
<span lang="FR-CA">tins – rats, souris, mulots – qui vivent des farines et
des biscuits transportés à fond de cales et dont le pelage fourmille de
bacilles, voilà l’une des causes de bien des naufrages antiques
et qui ressurgit dans l’esprit de notre auteur. On y pensa encore lorsqu'en
1872 survint l’un des épisodes les plus troublants de l’histoire de l’océan
Atlantique, le mystère de la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgwrOPAp9RMr92bfmWeg8532FWlxX2XA26bAEem-7V_1YUnmoTC6pvF4LRaUR8XVDLfRJr7BgbZzV2Cu7vC3jPnkTDIfOXruspuLa72Jt4UmPjNy5-1hSm-AwIYJH-1LuNUkCUf8L7ifD0/h120/mary_001.jpg"><i>Mary Celeste</i></a>.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Comme le <i>Grampus </i>de Poe ou l’<i>Argus</i>, la <i>Mary Celeste</i>
était un brick-goélette âgé de douze ans. Il était commandé par le capitaine
Briggs qui y amenait sa femme, sa fille et sept hommes d’équipage. Il
transportait </span><span lang="FR-CA">une cargaison d’alcool de 1 701 fûts et se dirigeait vers Gênes,
en Italie. Le brick fut découvert par le </span><span lang="FR-CA">capitaine Morehouse du brick <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjuWnauUtbTeKPQVxBwsx-jDe8uM9wnRt7RrZyDs_rNT3nt6jBnk6VcvbHTeM8BP3tzzvH8QKdfgIKsvW3WdINZ_Pk7_o_1RR21KT6vRE37xON4iMR-yLj4TOs4D-_pGa7l1j54QVdtMJo/h120/CELESTE.gif"><i>Dei Gratia</i></a>, le 5 décembre 1872, naviguant sous voilure réduite, sans </span><span lang="FR-CA"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjuWnauUtbTeKPQVxBwsx-jDe8uM9wnRt7RrZyDs_rNT3nt6jBnk6VcvbHTeM8BP3tzzvH8QKdfgIKsvW3WdINZ_Pk7_o_1RR21KT6vRE37xON4iMR-yLj4TOs4D-_pGa7l1j54QVdtMJo/s1600/CELESTE.gif" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjuWnauUtbTeKPQVxBwsx-jDe8uM9wnRt7RrZyDs_rNT3nt6jBnk6VcvbHTeM8BP3tzzvH8QKdfgIKsvW3WdINZ_Pk7_o_1RR21KT6vRE37xON4iMR-yLj4TOs4D-_pGa7l1j54QVdtMJo/s1600/CELESTE.gif" height="195" width="400" /></a></span>personne à
bord. More-</span><br />
<span lang="FR-CA">house témoigna n’avoir découvert sur l’épave flottante aucune
indication sur le livre de bord concernant les jours précédents. Les dernières
indications situaient le navire à une centaine de milles des Açores et étaient
datées déjà du 24 novembre! L’ardoise du navire indiquait toutefois que la <i>Mary
Celeste</i> avait atteint l’île de Santa Maria le 25. Les équipements de navigation
par contre avaient disparu avec les membres de l’équipage et une quantité d’eau
avait été embarquée dans les fonds. Des réserves de nourriture pour six mois
étaient encore à bord. Seuls manquaient les deux canots dont un avait été
détruit à New York au moment de l’embarquement. Tout laissait penser à un
abandon hâtif et inexplicable vue l’état normal du bateau. Morehouse finit par
toucher une somme de 1 700 livres du tribunal maritime, soit 5% du prix du
navire (36 000 £) pour la restitution d'un véritable <i>Vaisseau fantôme.</i></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhQNjVzNPnM2Wg2BG6iISV95Bp0b0KAT624-RaTgyN7HZXJk-zjOM0IPKRoCYqADrloCYV3J1VpUVRYHyiGORT-qJduEbJAUbF36gCOmumKBsv2vChA4NfSqFdAofoeX_U9surb_1Zj0Ss/s1600/Mary-celeste_briggs01.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhQNjVzNPnM2Wg2BG6iISV95Bp0b0KAT624-RaTgyN7HZXJk-zjOM0IPKRoCYqADrloCYV3J1VpUVRYHyiGORT-qJduEbJAUbF36gCOmumKBsv2vChA4NfSqFdAofoeX_U9surb_1Zj0Ss/s1600/Mary-celeste_briggs01.jpg" height="320" width="201" /></a><span lang="FR-CA">Évidemment une telle aventure paraissait insensée. Elle
devait nourrir les écrivains qui s’embarquaient alors </span><span lang="FR-CA">dans le fantastique, à la
suite de Poe. Arthur Conan Doyle, le créateur de Sherlock Holmes, proposa sa solution de l'énigme
comme tant d’autres. On y ajoutait ici et là des faits sensés accroître la profondeur du mystère : un chat noir abandonné à bord; un repas chaud laissé sur la
table de la cuisine; l’ivrognerie de l’équipage suivie d’une mutinerie (alors
que l’alcool transporté à bord était frelaté); aucune preuve ne permet
d’affirmer que <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhQNjVzNPnM2Wg2BG6iISV95Bp0b0KAT624-RaTgyN7HZXJk-zjOM0IPKRoCYqADrloCYV3J1VpUVRYHyiGORT-qJduEbJAUbF36gCOmumKBsv2vChA4NfSqFdAofoeX_U9surb_1Zj0Ss/h120/Mary-celeste_briggs01.jpg">Briggs</a> et Morehouse se connaissaient pour partager la prime
d’épave ramené à quai; aucun rescapé n’a jamais été retrouvé. Et c’est bien là
le seul mystère.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Le XXe siècle a fourni plus que son lot d’explications
absurdes de l’événement : pieuvre géante; attaque de pirates maures;
épidémie; Triangle des Bermudes; enlèvement par des extraterrestres;
tremblement de terre sous-marin ou éruption volcanique qui aurait fait jaillir
de l’eau une terre où l’équipage serait descendu au grand complet, l’île
s’enfonçant presqu’aussitôt </span><span lang="FR-CA">avec son cortège de victimes; le cuisinier, devenu fou, aurait empoisonné tout le </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEikByem9rWlp_RRTtCGcZlpDtBQB_s48B6SQMUWkb4wx1PxdCAJubOta6STXXP0qfSj60btnQMsk97pGrDBhHMLzCsGK_kbjzMbhbuAP7HKmda7JBjDg1u_wfKHClAQ_mSUCacWjfe0cuk/s1600/Mary-celeste_briggs2.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEikByem9rWlp_RRTtCGcZlpDtBQB_s48B6SQMUWkb4wx1PxdCAJubOta6STXXP0qfSj60btnQMsk97pGrDBhHMLzCsGK_kbjzMbhbuAP7HKmda7JBjDg1u_wfKHClAQ_mSUCacWjfe0cuk/s1600/Mary-celeste_briggs2.jpg" height="291" width="320" /></a>monde avant de se suicider; <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEikByem9rWlp_RRTtCGcZlpDtBQB_s48B6SQMUWkb4wx1PxdCAJubOta6STXXP0qfSj60btnQMsk97pGrDBhHMLzCsGK_kbjzMbhbuAP7HKmda7JBjDg1u_wfKHClAQ_mSUCacWjfe0cuk/h120/Mary-celeste_briggs2.jpg">Mme Briggs</a> tuée par le piano mal arrimé, le capitaine et l’équipage auraient
convenu d’une entente avec l’équipage du <i>Dei Gratia</i> pour échapper à d'éventuelles poursuites criminelles, etc. L’explication retenue
comme la plus probable, c’est qu’un des fûts d’alcool, du méthanol imbuvable en
fait, pas assez étanche, aurait commencé à exhaler des vapeurs à l’approche des
Açores, puis aurait explosé du fait des propriétés chimiques du méthanol suite
aux infimes étincelles causées par les cerclages en fer, sans toutefois causer
de dégâts conséquents. Seule la porte menant dans la cale se serait
littéralement envolée par le souffle de l’explosion, créant la panique à bord.
L’équipage se serait réfugié sur une chaloupe rattachée au bateau par la
drisse, mais celle-ci céda parce que l’équipage aurait laissé les voiles
hissées. Le canot du capitaine Briggs aurait eu moins de chance que celui du
capitaine Blight.</span><br />
<br />
<span lang="FR-CA">Telle est la version la plus plausible. On la doit au docteur Cobb,
neveu du capitaine Briggs, qui a publié en 1940 un petit livre qui est un récit de
la vie de la famille Briggs : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Rose
Cottage. </i>Cette version des faits, uniquement fondée sur des
constatations précises, a l'avantage d'évacuer toutes les fantaisies ajoutées <i style="mso-bidi-font-style: normal;">a posteriori :</i></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Pendant bien des
années, j’ai incliné à blâmer le capitaine pour ne pas s’être procuré un filin
capable de servir de remorque et de relier l’embarcation au bateau.
Actuellement, je m’étonne que personne ne semble avoir compris, malgré
l’évidence, que la drisse de pic fut utilisée à cette fin. Le témoignage selon
lequel il n’y avait pas de remorque tournée aux bittes ou à la rambarde indique
que cet aspect de la question fut examiné et écarté. Mais quand M. Deveau </span></i><span lang="FR-CA">[l’officier du <i>Dei Gratia</i> qui a ramené la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Mary Celeste</i> à New York]<i style="mso-bidi-font-style: normal;">
voulut hisser la grand-voile, il ne trouva pas de drisse de pic. Un des
matelots déclara : “La drisse de pic avait disparu”, et l’autre :
“Elle était cassée il en restait bien un bout. Il est plus qu’étrange que ni M.
Deveau, ni le capitaine Moorhouse, ni aucun des marins n’aient compris que
cette drisse de pic avait servi de remorque. Voici mon explication :</i></span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; margin-top: 0in; text-align: justify;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjsqvI8JkrS-dMRyyVX5qV_z2BHPKPQStrS9Gh4lUiH62MH2sGYraeInfZsJAOYdghhRkBISR-2uJHY8t9VroIptUXDXuNOtaZ5toVKRoIdHf-18wgkdTnfDSiHu8vikWawYbetUR_S4yc/s1600/Albert_Richardson_first_mate_Mary_Celeste.JPG" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjsqvI8JkrS-dMRyyVX5qV_z2BHPKPQStrS9Gh4lUiH62MH2sGYraeInfZsJAOYdghhRkBISR-2uJHY8t9VroIptUXDXuNOtaZ5toVKRoIdHf-18wgkdTnfDSiHu8vikWawYbetUR_S4yc/s1600/Albert_Richardson_first_mate_Mary_Celeste.JPG" height="400" width="242" /></a><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Dans l’après-midi
du 24 novembre 1872, le capitaine Briggs, craignant une explosion de la
cargaison d’alcool, plaça sa femme et sa fille dans l’embarcation avec M.
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjsqvI8JkrS-dMRyyVX5qV_z2BHPKPQStrS9Gh4lUiH62MH2sGYraeInfZsJAOYdghhRkBISR-2uJHY8t9VroIptUXDXuNOtaZ5toVKRoIdHf-18wgkdTnfDSiHu8vikWawYbetUR_S4yc/h120/Albert_Richardson_first_mate_Mary_Celeste.JPG">Richardson</a> et un matelot pour s’occuper d’eux. Un autre matelot fut chargé de
maintenir cette embarcation bien dégagée du bord. M. Gilling (le lieutenant) et
un troisième matelot dégréèrent la drisse de pic pour servir de remorque. Le
quatrième matelot devait tenir la barre.</span></i><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; margin-top: 0in; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Le capitaine
descendit pour prendre le chronomètre, le sextant et les papiers du navire. Le
cuisinier rassembla des vivres pour mettre dans l’embarcation. Il prit
évidemment toute la nourriture déjà préparée, puisqu’on n’en trouva pas sur la </span></i><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgff9Q1xI4Z_ll9cOHBY6DxSKkxoSZpAgDWybJgdOCdrO3TXN77als2ai14WIiAvRGYd7-e6NlIXPXNcoqivHyCnFJ3uQ_yfnIXm8HqwI3GkN49MUsQKbqA5FQ3tkRBeRPc4LmvFRBn8LA/h120/l-histoire-de-la-mary-celeste_4040920-L.jpg">Mary Celeste</a>. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">À ce moment,
peut-être, se produisit une petite explosion qui fit sauter le panneau de la
cale et le renversa sur le pont. L’équipage se hâta d’évacuer. L’homme qui
était à la barre essaya d’enlever le compas de l’habitacle, le capitaine lui
ayant probablement crié de l’apporter. L’habitacle fut déplacé et le compas
cassé.</i></span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; margin-top: 0in; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Pendant ce temps,
le bateau était en panne tribord amures avec une brise soufflant du sud. Les
huniers et la misaine étaient masqués et le navire presque immobile. Le vent
n’était pas probablement très fort. La grand-voile était amenée. La drisse de
pic se trouvait donc disponible pour servir de remorque et fut sans doute
frappée sur la bosse de l’embarcation. On déborda celle-ci précipitamment.</span></i><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; margin-top: 0in; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Juste à ce moment,
je crois, une risée arriva du nord et, remplissant les voiles carrées, fit
avancer le bateau vers l’est. La remorque raidit alors, attachée de l’autre
bout à l’embarcation lourdement chargée et immobile. Partant de son point de
fixation sur la corne et passant par la partie du pavois qui avait été enlevée
pour faciliter la mise à l’eau de l’embarcation, la drisse se présenta sous un
angle aigu en travers d’un coin et cassa vraisemblablement, laissant la yole à
la dérive à une distance d’environ 120 mètres.</span></i><br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgff9Q1xI4Z_ll9cOHBY6DxSKkxoSZpAgDWybJgdOCdrO3TXN77als2ai14WIiAvRGYd7-e6NlIXPXNcoqivHyCnFJ3uQ_yfnIXm8HqwI3GkN49MUsQKbqA5FQ3tkRBeRPc4LmvFRBn8LA/s1600/l-histoire-de-la-mary-celeste_4040920-L.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgff9Q1xI4Z_ll9cOHBY6DxSKkxoSZpAgDWybJgdOCdrO3TXN77als2ai14WIiAvRGYd7-e6NlIXPXNcoqivHyCnFJ3uQ_yfnIXm8HqwI3GkN49MUsQKbqA5FQ3tkRBeRPc4LmvFRBn8LA/s1600/l-histoire-de-la-mary-celeste_4040920-L.jpg" height="188" width="400" /></a></div>
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; margin-top: 0in; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Même avec une
brise modérée, le bateau dut avancer plus vite avec ses voiles que la yole avec
ses avirons. Le capitaine Moorhouse disait : “Ils ont dû nager comme des
fous dans cette embarcation”. Si M. Solly Flood </span></i><span lang="FR-CA">[enquêteur]<i style="mso-bidi-font-style: normal;"> avait demandé au matelot qui avait
déclaré : “La drisse de pic était cassée et avait disparu”, où il la
croyait partie et quelle longueur il en restait, il eût recueilli un
renseignement du plus haut intérêt qui eût fait disparaître tous les soupçons
engendrés par l’examen de l’épée.</i></span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; margin-top: 0in; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Il est vraiment
curieux que, tout au long de ces années, personne n’ait jamais parlé de cet
usage évident fait de la drisse de pic.</span></i><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; margin-top: 0in; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Je ne prétends pas
que ma théorie résolve complètement le mystère, mais je soutiens que tous ses
points reposent sur des faits constatés. Un bout de cordage, long peut-être de
3 ou 5 mètres, eût pu constituer la clé de toute l’énigme</span></i><span lang="FR-CA">» (Cité in A. Decaux. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Les
grands mystères du passé</i>, Trévise, Éditions de Trévise, 1964, pp.267-268).</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Avouons que nous en resterons toujours aux hypothèses.
Avec les nouveaux navires en acier qui transportaient plus de membres
d’équipage et de passagers, les naufrages sont devenus de véritables
catastrophes de masse. À quelques dizaines ou une centaine de victimes, nous dépassons maintenant le </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhe4ISSCG9SyBpOXxUKDSzYFPMCQZC4UiXFxErwhJYRiySFkZCrLavrFZQBzwRBAOgXjIZ9cfSvsnR2S9eaK9gHSb7Lo7qHGIpA9Guc0L-KHJnaD0aO3e03jJatu4MmA7TraleN7EF5XxM/s1600/RMS_Lusitania_coming_into_port,_possibly_in_New_York,_1907-13-crop.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhe4ISSCG9SyBpOXxUKDSzYFPMCQZC4UiXFxErwhJYRiySFkZCrLavrFZQBzwRBAOgXjIZ9cfSvsnR2S9eaK9gHSb7Lo7qHGIpA9Guc0L-KHJnaD0aO3e03jJatu4MmA7TraleN7EF5XxM/s1600/RMS_Lusitania_coming_into_port,_possibly_in_New_York,_1907-13-crop.jpg" height="256" width="400" /></a>millier. Le <i>Titanic </i>en 1912 a fait 1 490 victimes pour
600 rescapés. Le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhe4ISSCG9SyBpOXxUKDSzYFPMCQZC4UiXFxErwhJYRiySFkZCrLavrFZQBzwRBAOgXjIZ9cfSvsnR2S9eaK9gHSb7Lo7qHGIpA9Guc0L-KHJnaD0aO3e03jJatu4MmA7TraleN7EF5XxM/h120/RMS_Lusitania_coming_into_port,_possibly_in_New_York,_1907-13-crop.jpg"><i>Lusitania</i></a>, autre grand navire de la Cunard, est torpillé par un sous-</span><br />
<span lang="FR-CA">marin
allemand le 7 mai 1915, causant la mort de 124 citoyens américains, ce qui ne
fut toutefois pas suffisant pour déclencher immédiatement la guerre avec
l’Allemagne. Dans cette hécatombe, 1 198 personnes avaient péri, sur 1959. Au
Canada, il y avait eu entre temps le naufrage de l’<i>Empress of Ireland</i>, à la fin
mai 1914.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">L’<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi0i-2bgJuoKPo-ian4-g8r0lPYTITDQR9BNEKolFo1RX-QCK4agoYkZzu9nYhy5CCXzK9NOsBE4l9RDSYQQKXYiFXSFcwv0DiUU4PGhIRiu9XXn4yet7cgNDq89A8iXhBrEm7xRdwOI3s/h120/Empress_of_Ireland.jpg"><i>Empress of Ireland</i></a> appartenait par contre au Canadian Pacific.
Construit en 1906, ce navire n’avait pas dix ans encore quand il coula, en dix
minutes, dans l’estuaire du Saint-Laurent, près de Rimouski. Avec ses 1 012
victimes parmi les 1 477 personnes à bord, il se classe parmi les plus grands
naufrages du siècle. Le </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi0i-2bgJuoKPo-ian4-g8r0lPYTITDQR9BNEKolFo1RX-QCK4agoYkZzu9nYhy5CCXzK9NOsBE4l9RDSYQQKXYiFXSFcwv0DiUU4PGhIRiu9XXn4yet7cgNDq89A8iXhBrEm7xRdwOI3s/s1600/Empress_of_Ireland.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi0i-2bgJuoKPo-ian4-g8r0lPYTITDQR9BNEKolFo1RX-QCK4agoYkZzu9nYhy5CCXzK9NOsBE4l9RDSYQQKXYiFXSFcwv0DiUU4PGhIRiu9XXn4yet7cgNDq89A8iXhBrEm7xRdwOI3s/s1600/Empress_of_Ireland.jpg" height="327" width="400" /></a>soir du 29 mai 1914, L’<i>Emperess of Ireland</i> heurtait,
par temps de brouillard épais, un charbon-</span><br />
<span lang="FR-CA">nier nor-</span><br />
<span lang="FR-CA">végien, le <i>Storstad</i>. Le
capitaine Henry Kendall n’a pu éviter la catastrophe. «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">La majorité des passagers, notamment tous ceux de première, sauf deux,
furent immédiatement noyés dans leurs cabines. La lumière s’était éteinte
instantanément. Hurlant, ou poussant le “long gémissement” que rapportent tous
les témoins de pareils drames, les personnes qui avaient pu passer sur le pont
couvraient les voix, les ordres des officiers. À cause de cela, et de la gîte
immédiate, il fut impossible de mettre à la mer une seule embarcation de
sauvetage. En beaucoup moins de dix minutes, l’inclinaison sur le côté devint
si forte, dans l’obscurité opaque, que tous les occupants du pont furent
déversés à l’eau. Quand le navire coula, beaucoup sans doute – avec la brume et
la nuit, comment savoir? – furent aspirés avec lui</i>» (J. Merrien. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Op. cit. </i>p. 242).</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Comme en d’autres situations de ce genre, on y vit des
gestes de grand courage. Cent trente membres de l’Armée du Salut qui s’en
allait à Londres pour un congrès, se montrèrent d’un dévouement total pour les
</span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhMV5Oky6KUISqMlG0bAoQJ7hUfpYdRVUn5CDIHkUCI2vm9wFld3YnytToZnCwzWgNbqHgn3qYPQ9OGnbPl0UvJK0lGnZEAAJ-KEsjgITsfWfhJWvikVSWsASMJyAa_qaIcdAVyL7AQaYs/s1600/ABST0001006e.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhMV5Oky6KUISqMlG0bAoQJ7hUfpYdRVUn5CDIHkUCI2vm9wFld3YnytToZnCwzWgNbqHgn3qYPQ9OGnbPl0UvJK0lGnZEAAJ-KEsjgITsfWfhJWvikVSWsASMJyAa_qaIcdAVyL7AQaYs/s1600/ABST0001006e.jpg" height="335" width="400" /></a>marins frappés d’hypo-</span><br />
<span lang="FR-CA">thermie. Trente seule-</span><br />
<span lang="FR-CA">ment furent rescapés. Frappés en
pleine nuit, comme les passagers du <i>Titanic</i>, la plupart des naufragés étaient
presque nus dans une nuit froide et ils s’agrippèrent les uns aux autres,
s’entraînant mutuellement dans l’abîme glacé. Des secours partis de Rimouski
parvinrent à ramener à terre un certain nombre de malheureux. Sur 1 367
personnes, dont 413 hommes d’équipage et 954 passagers, 337 en tout furent
repêchés en vie, dont le capitaine, retrouvé inanimé. Une enquête fut commandée
qui blâma le navire norvégien de ne pas avoir <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhMV5Oky6KUISqMlG0bAoQJ7hUfpYdRVUn5CDIHkUCI2vm9wFld3YnytToZnCwzWgNbqHgn3qYPQ9OGnbPl0UvJK0lGnZEAAJ-KEsjgITsfWfhJWvikVSWsASMJyAa_qaIcdAVyL7AQaYs/h120/ABST0001006e.jpg">cédé le chemin</a> à L’<i>Emperess of
Ireland</i>. Les Norvégiens se défendirent, mais Lord Mersey, chargé de l’enquête
concernant la catastrophe se montra sévère :</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; margin-top: 0in; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Lord Mersey passa
à la conduite du </i>Storstad. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">On avait
admis que le navire avait tourné à droite toute. En continuant cette manœuvre,
on se trouvait à amener le navire en collision avec l’</i>Empress. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Les membres du </i>Storstad <i style="mso-bidi-font-style: normal;">avaient soutenu que l’ordre avait été donné
pour contrecarrer l’effet du courant et que cela n’avait pas changé la course
du navire parce qu’il faisait peu ou point de sillage. La Cour ne pouvait
accepter ce point de vue. Ils avaient vu les dommages à la proue du </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjmtp-6JI5Rd8eJMVbGFwG-tm7YIgeuEuPhu9avlUgTjD7tGA7Ob3dyDiq8m2eN0iig-Zsh2HYAF5Ur6PWUMTRrdaU8YyN_2JWPikQcnupj5AcE_-OD5ULry9cDlGoHtp7inpziSdM3i2M/h120/article_large.jpg">Storstad</a>
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">et ils étaient convaincus que le
charbonnier faisait bon sillage au moment où il heurta l’</i>Empress. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">La Cour pouvait admettre que Kendall s’était
trompé en pensant que son navire se trouvait complètement immobile dans le
brouillard. Il se peut de ce fait que le mouvement du paquebot ait pu
contribuer à la violence du choc.</i></span><br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjmtp-6JI5Rd8eJMVbGFwG-tm7YIgeuEuPhu9avlUgTjD7tGA7Ob3dyDiq8m2eN0iig-Zsh2HYAF5Ur6PWUMTRrdaU8YyN_2JWPikQcnupj5AcE_-OD5ULry9cDlGoHtp7inpziSdM3i2M/s1600/article_large.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjmtp-6JI5Rd8eJMVbGFwG-tm7YIgeuEuPhu9avlUgTjD7tGA7Ob3dyDiq8m2eN0iig-Zsh2HYAF5Ur6PWUMTRrdaU8YyN_2JWPikQcnupj5AcE_-OD5ULry9cDlGoHtp7inpziSdM3i2M/s1600/article_large.jpg" height="266" width="400" /></a></div>
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; margin-top: 0in; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">C’était les
dernières paroles d’approbation pour les hommes du </span></i><span lang="FR-CA">Storstad.
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le verdict de Lord Mersey jouait contre
eux. Un fait demeurait : le </i>Storstad <i style="mso-bidi-font-style: normal;">avait tourné et changé sa course. En agissant ainsi, il avait produit
la collision. Lord Mersey n’avait aucun doute à ce sujet. Toftenes et Saxe
avaient cru que le paquebot les rencontrerait de rouge à rouge et ils voulaient
assurer un champ de rencontre suffisant. Malheureusement, ils rapprochèrent les
deux navires et produisirent ainsi la collision.</i></span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; margin-top: 0in; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">“De plus, nous
sommes d’avis, continuait Mersey, que M. Toftenes, l’officier en charge du </span></i><span lang="FR-CA">Storstad, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">a fait preuve de
négligence en tardant à faire venir le capitaine lorsque le brouillard s’est
levé”. À ce moment, le capitaine dormait dans sa cabine. Mais il avait laissé
l’ordre qu’en cas de brouillard, on l’appelle sur la passerelle; cet ordre
prévalait en permanence à bord…</i>» (J. Croall. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le naufrage de l’Empress of Ireland, </i>Ottawa, ÉdiCompo, 1982, pp.
224-225.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; margin-top: 0in; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Ce type de négligence fut encore la cause du naufrage de
l’<i>Andréa-Doria</i>. «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Lors d’une nuit calme en
juillet 1956, le paquebot suédois </i>Stockholm <i style="mso-bidi-font-style: normal;">et le paquebot italien </i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj3xi1yZXeWMPaj2Gx2_lVMAY3bOO3cgeaYHVXfnmCOC8yKFN3J9RfZEfFOeMctFdv6Ms4KTIsH4RWT4i0Mp_-c6CEOWIj9uz3vvZJ0DqaqqFc7f-M9dmmjuFFH2AhFoHNjuygMHsguRrM/h120/Andrea_Doria_at_Dawn.jpg">Andréa-Doria</a> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">se rapprochaient en </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj3xi1yZXeWMPaj2Gx2_lVMAY3bOO3cgeaYHVXfnmCOC8yKFN3J9RfZEfFOeMctFdv6Ms4KTIsH4RWT4i0Mp_-c6CEOWIj9uz3vvZJ0DqaqqFc7f-M9dmmjuFFH2AhFoHNjuygMHsguRrM/s1600/Andrea_Doria_at_Dawn.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj3xi1yZXeWMPaj2Gx2_lVMAY3bOO3cgeaYHVXfnmCOC8yKFN3J9RfZEfFOeMctFdv6Ms4KTIsH4RWT4i0Mp_-c6CEOWIj9uz3vvZJ0DqaqqFc7f-M9dmmjuFFH2AhFoHNjuygMHsguRrM/s1600/Andrea_Doria_at_Dawn.jpg" height="233" width="400" /></a>course parallèle<span style="mso-spacerun: yes;">
</span>environ 19 milles du ba-</i></span><br />
<span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">teau-feu de Nan-</i></span><br />
<span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">tucket qui indiquait les routes de
navi-</i></span><br />
<span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">gation aux appro-</i></span><br />
<span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">ches de New York,. Peu après 11 h du soir, dans une épaisse
brume, le navire scandinave heurtait le paquebot italien sur son flanc droit.
Le </i>Andréa-Doria <i style="mso-bidi-font-style: normal;">coula le lendemain.
Cinquante passagers y trouvèrent la mort</i>» (J. Croall. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 233). Tous ces navires auront la triste réputation d’avoir
conduit en barges des âmes au Purgatoire. </span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify; text-indent: .05pt;">
<span lang="FR-CA">Les naufragés qui arrivaient sur la
plage de l’Anté-Purgatoire étaient munis d’une certitude : celui d’être disponible
à la grâce divine. Nul ne s’inquiétait de son sort selon sa conscience simple d’avoir
mené son chemin jusqu’au </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjyNeAjITDoGPXDpLo-qwGayW0r7gBUQiesfdGcGPoWteUmJhWPihk3W7AkgN_TfM64r6ovJrzN-_SB4VMTJWFf9T5NKNsyALhg74l8-lmz1O0Jci9Kz66eijvPxnHx1tNYVvINd5tsTfY/s1600/P1050484.JPG" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjyNeAjITDoGPXDpLo-qwGayW0r7gBUQiesfdGcGPoWteUmJhWPihk3W7AkgN_TfM64r6ovJrzN-_SB4VMTJWFf9T5NKNsyALhg74l8-lmz1O0Jci9Kz66eijvPxnHx1tNYVvINd5tsTfY/s1600/P1050484.JPG" height="400" width="300" /></a>bout. Comme l’écrivait Lucien Febvre : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">…tant que l’Occidental a pu s’endormir
chaque soir dans une confiance en Dieu à la fois agissante et inébranlée; que
le Ciel est resté pour lui partie prenante, partie d’abord prenante dans tous
les préceptes d’action, de résignation ou d’espérance qu’on se transmettait de
génération en génération et qu’une société chrétienne avait eu tout le temps de
condenser en formules de poche pour l’usage de ses membres (“Aide-toi, le Ciel
t’aidera”, “Si Dieu veut”, “Jamais on n’a dit que <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjyNeAjITDoGPXDpLo-qwGayW0r7gBUQiesfdGcGPoWteUmJhWPihk3W7AkgN_TfM64r6ovJrzN-_SB4VMTJWFf9T5NKNsyALhg74l8-lmz1O0Jci9Kz66eijvPxnHx1tNYVvINd5tsTfY/h120/P1050484.JPG">Marie</a> refuse quand on la
prie.” etc., etc.); tant que, chaque soir avant de se coucher, chaque matin
avant de se lever, chaque midi avant de prendre sa réfection corporelle, l’homme
s’abandonnait, avec un grand sentiment de pacification morale, à la volonté
tutélaire de la divinité – </i>sécurité <i style="mso-bidi-font-style: normal;">était
un vocable sans signification – ou plus exactement, d’une signification très
différente de celle que nous lui attribuons. La sécurité résidait
essentiellement, et presque exclusivement, dans la confiance en Dieu. C’était à
lui qu’on la devait – à lui, le Tout-Puissant, le </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiYuQ1VRqToXjMVwgnrCwPfXE9MRwjvbuZBuyIMNAVPoCV9Ky8jg6TZDOVrjHbQhSgNk2dH7i59jHtTkFFuLZGKqEmLol2ZLzXraWtNIST8bcyBJeCVGLtttJkSLXN7e_QKS_HLIDL0RvA/s1600/5022_2570_corsaires_g.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiYuQ1VRqToXjMVwgnrCwPfXE9MRwjvbuZBuyIMNAVPoCV9Ky8jg6TZDOVrjHbQhSgNk2dH7i59jHtTkFFuLZGKqEmLol2ZLzXraWtNIST8bcyBJeCVGLtttJkSLXN7e_QKS_HLIDL0RvA/s1600/5022_2570_corsaires_g.jpg" height="400" width="305" /></a>maître souverain des
destinées humaines – Calvin dira : le Prédestinateur. Pas besoin de
“police d’assurance”, cela étant. Ni d’organisation par l’homme, à l’aide de
moyens d’argent, d’une riposte immédiate, automatique et efficace aux
catastrophes</i>» (L. Febvre. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Pour une
histoire à part entière, </i>Paris, S.E.V.P.E.N., 1962, pp. 851-852). Dans ce
monde, l’<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiYuQ1VRqToXjMVwgnrCwPfXE9MRwjvbuZBuyIMNAVPoCV9Ky8jg6TZDOVrjHbQhSgNk2dH7i59jHtTkFFuLZGKqEmLol2ZLzXraWtNIST8bcyBJeCVGLtttJkSLXN7e_QKS_HLIDL0RvA/h120/5022_2570_corsaires_g.jpg">ex-voto</a> commémorant les naufrages en mer en mémoire des équipages
disparus suffisait. Tant dans le monde catholique que le monde protestant – on le
voit bien au début du roman de Melville, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Moby
Dick </i>-, la confiance dans le salut des disparus était inébranlable et l’ex-voto
en appelait aux prières pour que les âmes perdues puissent traverser le
Purgatoire pour arriver au plus vite au Royaume des Cieux.</span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify; text-indent: .05pt;">
<span lang="FR-CA">C’est lorsque l’idée que les barges d’âmes
naufragées n’atteignaient plus le Purgatoire que l’idée de sécurité commença à
prendre une toute autre valeur; moins pour les âmes disparues que pour les
survivants qui cherchaient à compenser une perte affective par un équivalent
approximatif matériel. Argent, reprend Lucien Febvre : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Et de fait, à la même époque et de </i></span><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiOIi55Mm6WgbV13cEtC7iPdQy7RkC2fml1K0-hwcIztRwiuX2sGbvJJEM_e_JNqBh0VkXczLmoph_hzAB28zyfYHPsAFhFuJwr_QvezJiRW5kDJOQ88arpiRGwkT2yOkTnGYTiZslz73Q/s1600/lloyds.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiOIi55Mm6WgbV13cEtC7iPdQy7RkC2fml1K0-hwcIztRwiuX2sGbvJJEM_e_JNqBh0VkXczLmoph_hzAB28zyfYHPsAFhFuJwr_QvezJiRW5kDJOQ88arpiRGwkT2yOkTnGYTiZslz73Q/s1600/lloyds.jpg" height="290" width="400" /></a>plus en
plus fortement, on vit se produire un autre change-</i></span><br />
<span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">ment. Ce fut lorsqu’un gain
fut un gain et non pas un don reçu avec l’agré-</i></span><br />
<span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">ment du Tout-</i></span><br />
<span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">Puissant, ce fut
lorsqu’une perte fut simplement le résultat d’une erreur de calcul, une
banqueroute la conséquence d’une mauvaise gestion; disons d’un mot :
lorsque se manifesta l’esprit capitaliste. Ou, si cette dernière épithète nous
gêne – disons : ce fut lorsque l’intervention divine ne parut plus
nécessaire aux hommes pour expliquer des événements qui devenaient, pour eux, d’ordre
purement humain</i>» (L. Febvre. Ibid. p. 852). C’est alors que les compagnies
d’assurances apparurent. La <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiOIi55Mm6WgbV13cEtC7iPdQy7RkC2fml1K0-hwcIztRwiuX2sGbvJJEM_e_JNqBh0VkXczLmoph_hzAB28zyfYHPsAFhFuJwr_QvezJiRW5kDJOQ88arpiRGwkT2yOkTnGYTiZslz73Q/h120/lloyds.jpg">Lloyd’s</a> créé en 1688 dans la foulée du
grand incendie de Londres, perça dans le monde des armateurs de navires. Le
naufrage prenait un autre sens qui ne conduisait plus les âmes dans une barque, à la plage de l’Anté-Purgatoire,
mais les survivants, en voiture, au guichet des réclamations</span><span lang="FR-CA" style="font-family: "Hoefler Text Ornaments";">⌛</span><br />
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: right; text-indent: 0.05pt;">
<span lang="FR-CA" style="font-family: "Hoefler Text Ornaments";">Montréal</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: right; text-indent: 0.05pt;">
<span lang="FR-CA" style="font-family: "Hoefler Text Ornaments";">15 septembre 2014 </span></div>
</div>
Coupalhttp://www.blogger.com/profile/14839226309394850656noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8942859135376014620.post-31174198079322160142014-09-08T23:23:00.001-04:002014-09-16T15:21:41.809-04:00Caton<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div style="text-align: justify;">
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<div style="text-align: justify;">
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</div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;">
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhLMDwPaxSARahQ89o1P2t9uhVet3oWK1Ylejp76yLHtCnk4fYSjfCRjPscaZtMmZvm_et9dGK6pXy4eAUuTzKRjGv1FJFwdBB0puqQPlzAIrfmDoC6sHdHuWL0Wtib3igNykochwFMbto/s1600/119720.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhLMDwPaxSARahQ89o1P2t9uhVet3oWK1Ylejp76yLHtCnk4fYSjfCRjPscaZtMmZvm_et9dGK6pXy4eAUuTzKRjGv1FJFwdBB0puqQPlzAIrfmDoC6sHdHuWL0Wtib3igNykochwFMbto/s1600/119720.jpg" height="400" width="300" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Caton d'Utique (-95 à -46 av. J.-C.)</td></tr>
</tbody></table>
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span lang="FR-CA" style="font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;">CATON</span></b></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA">Lorsque Virgile tire Dante de l’Enfer, ils quittent les mondes
obscurs souterrains pour accéder au <i style="mso-bidi-font-style: normal;">rez-de-chaussée
</i>de la surface terrestre. Selon la vieille philosophie augustinienne de l'histoire, de
la </span><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgjXBVy137XAZ8VsLmgWBfbEl93ehqEWmrTGn63BouLl90obg77f2aVM8I2R_ktnjitmtXQlHiZG4LMNT12_hRGegqL67YgYDrkuXV9Bslr0qCbf4613y3whyO2IIZPck4-1aaPtC0mhBI/s1600/ob_b448d1345f89f4b8fa8c862d4d41834d_dsc-0497.JPG" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgjXBVy137XAZ8VsLmgWBfbEl93ehqEWmrTGn63BouLl90obg77f2aVM8I2R_ktnjitmtXQlHiZG4LMNT12_hRGegqL67YgYDrkuXV9Bslr0qCbf4613y3whyO2IIZPck4-1aaPtC0mhBI/s1600/ob_b448d1345f89f4b8fa8c862d4d41834d_dsc-0497.JPG" height="400" width="265" /></a>Cité terrestre pour atteindre à la Cité céleste, il faut passer par le monde
de l’Histoire où cohabitent damnés et rachetés. Ils y sont accueillis par une
seule figure. Une figure unique, gigantesque dotée de la longue barbe blanche des <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgjXBVy137XAZ8VsLmgWBfbEl93ehqEWmrTGn63BouLl90obg77f2aVM8I2R_ktnjitmtXQlHiZG4LMNT12_hRGegqL67YgYDrkuXV9Bslr0qCbf4613y3whyO2IIZPck4-1aaPtC0mhBI/h120/ob_b448d1345f89f4b8fa8c862d4d41834d_dsc-0497.JPG">sages</a>, digne de tous les
honneurs. Modèle de Virgile, modèle de la fierté aristocratique de la Rome
républicaine, l’une des seules à se tenir face aux luttes de partis qui
alimentent la guerre civile du Ier siècle av. J.-C. : <span class="st">Marcus
Porcius Cato Uticencis, parfois appelé Caton le Jeune pour le distinguer de son
aïeul, Caton le Censeur; <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhLMDwPaxSARahQ89o1P2t9uhVet3oWK1Ylejp76yLHtCnk4fYSjfCRjPscaZtMmZvm_et9dGK6pXy4eAUuTzKRjGv1FJFwdBB0puqQPlzAIrfmDoC6sHdHuWL0Wtib3igNykochwFMbto/h120/119720.jpg">Caton d’Utique</a>, né en 95 av. J.-C. et suicidé en -46 à
Utique, dans l’actuelle Tunisie. Pour beaucoup d’analystes, la question demeure
: pourquoi Dante place-t-il ce païen à l’entrée du Purgatoire chrétien?</span></span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="st"><span lang="FR-CA">Il faut rappeler qu’au temps où le Dante vivait, le Purgatoire était
une invention nouvelle. Durant le premier </span></span><span class="st"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEihO7eBnlaGiyiwjwBIpcsRcoqlmyY4r0xPJpNKd8sclu6YYnY5kR5gbvv4YE_DAiyligmqnptNJY6qq5E5BgLV495d6HqyRqTeTPNCeFgeBh2WBQgcnoZVuPMXWr5pjU90HZV3BLI4c1o/s1600/Jacques+Le+Goff.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEihO7eBnlaGiyiwjwBIpcsRcoqlmyY4r0xPJpNKd8sclu6YYnY5kR5gbvv4YE_DAiyligmqnptNJY6qq5E5BgLV495d6HqyRqTeTPNCeFgeBh2WBQgcnoZVuPMXWr5pjU90HZV3BLI4c1o/s1600/Jacques+Le+Goff.jpg" height="400" width="261" /></a>millénaire du christianisme, les
théologiens se sont souvent interrogés sur la bipartition de l’autre monde.
Était-il possible que les hommes, tous autant pêcheurs qu’ils le sont, aient
été condamnés à des peines pour l’éternité? Il y a certes des pêcheurs qui
resteront impénitents, même dans l’au-delà, mais beaucoup ont fauté dans des
circonstances ambiguës, n’étant pas en pleine possession de leur volonté. C’est
ainsi qu’apparue l’idée d’un troisième lieu cosmique où les trépassés pouvaient
payer leurs peines durant une certaine durée de temps avant d’accéder au
Paradis. Telle est l’origine de ce site mitoyen, le Purgatoire, dont <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEihO7eBnlaGiyiwjwBIpcsRcoqlmyY4r0xPJpNKd8sclu6YYnY5kR5gbvv4YE_DAiyligmqnptNJY6qq5E5BgLV495d6HqyRqTeTPNCeFgeBh2WBQgcnoZVuPMXWr5pjU90HZV3BLI4c1o/h120/Jacques+Le+Goff.jpg">Jacques Le Goff</a> a été le premier à en tracer le parcours.</span></span><br />
<br />
<span class="st"><span lang="FR-CA">Ce sont les frères prêcheurs, les Dominicains essentiellement, qui
parvinrent à consolider les opinions théologiques concernant le Purgatoire.
Albert le Grand et à sa suite Thomas d’Aquin ont cherché, après Jacques de
Vitry, à définir le statut et les paradigmes de ce tiers-monde. Enfin, après le
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEheRhMRnaX4_o1lUXpQ5CiHGj38Q_qJ1mnObe3On6JrNjXavwx1ZXep8naqnjiHI9pUw49gWGobbT4ygofhfJUtDtpshVWfYJg9i-Q2gq7G3gKBJOW2l5lg1qCj0IWFAOeb_b9lyYZnzrI/h120/buenaventura21.jpg">second concile de Lyon</a>, le 1<sup>er</sup> novembre 1274 :</span></span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; margin-top: 0in; text-align: justify;">
<span class="st"><span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Mais,
à cause de diverses erreurs que certains ont introduites par ignorance et
d’autres par malice, elle [l’Église romaine] dit et proclame que ceux qui
tombent dans le péché après le baptême ne doivent pas être rebaptisés, mais
que, par une vraie pénitence, ils obtiennent le pardon de leurs péchés. Que si,
vraiment pénitents, ils meurent dans la charité avant d’avoir, par de dignes
fruits de pénitence, satisfait pour ce qu’ils ont commis ou omis, leurs âmes,
comme nous l’a expliqué frère Jean, sont purgées après leur mort, par des
peines </i>purgatoires <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ou </i>purificatrices
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">et, pour l’allégement de ces peines, leur
servent les </i></span></span><span class="st"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEheRhMRnaX4_o1lUXpQ5CiHGj38Q_qJ1mnObe3On6JrNjXavwx1ZXep8naqnjiHI9pUw49gWGobbT4ygofhfJUtDtpshVWfYJg9i-Q2gq7G3gKBJOW2l5lg1qCj0IWFAOeb_b9lyYZnzrI/s1600/buenaventura21.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEheRhMRnaX4_o1lUXpQ5CiHGj38Q_qJ1mnObe3On6JrNjXavwx1ZXep8naqnjiHI9pUw49gWGobbT4ygofhfJUtDtpshVWfYJg9i-Q2gq7G3gKBJOW2l5lg1qCj0IWFAOeb_b9lyYZnzrI/s1600/buenaventura21.jpg" height="400" width="348" /></a>suffrages des fidèles vivants, à savoir les sacri-</i></span></span><br />
<span class="st"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">fices des messes,
les prières, les aumônes et les autres œuvres de piété que les fidèles ont
coutume d’offrir pour les autres fidèles selon les institutions de l’Église.
Les âmes de ceux qui, après avoir reçu le baptême, n’ont contracté absolument
aucune souillure du péché, celles aussi qui, après avoir contracté la souillure
du péché, en ont été purifiées ou pendant qu’elles restaient dans leur corps ou
après avoir contracté la souillure du péché, en ont été purifiées, ou pendant
qu’elles restaient dans leur corps ou après avoir été dépouillées de leur
corps, comme il a été dit plus haut, sont aussitôt reçues dans le ciel</i>».
(Cité in J. Le Goff. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Naissance du
Purgatoire, </i>Paris, Gallimard, Col. Bibliothèque des histoires, 1981, pp.
382-383).</span></span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: -4.6pt; text-align: justify;">
<span class="st"><span lang="FR-CA">Il faut spécifier également qu’il s’agissait
d’une position politique et ecclésiologique de l’Église romaine
contre l’Église grecque. Pour conserver l’unicité du baptême, l’Église romaine
affirmait dogmatiquement l’existence d’un tiers-lieu où les âmes en rémission
de peines devaient attendre que l’action des prières et des œuvres leur donne, au bout d'un certain temps,
accès au Paradis. Il devenait donc inutile de renouveler le baptême pour une âme sur le point de mourir en état de péchés.</span></span><br />
<span class="st"><span lang="FR-CA"><br /></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: -4.6pt; text-align: justify;">
<span class="st"><span lang="FR-CA">Contrairement au Paradis et à l’Enfer, le
texte conciliaire laisse imprécis l'endroit où se situe ce lieu d’épuration.
Voilà pourquoi Dante pense que ce lieu ne peut être que sur terre. Doit-on
imaginer deux </span></span><span class="st"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg8YzapZSVv4sbv_xucHARDV6UhGuvq7ZOEpouMvo0L6W2PCgqAkGfz5Km07ay-skITpLDmL_OczL4IUyUkHrErSbltbKtL_EgufsHHgPoaehAYrXFc31EsFtcqwvAiFhcMvLPYqeDbokU/s1600/3rmyd-carte_purgatoire.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg8YzapZSVv4sbv_xucHARDV6UhGuvq7ZOEpouMvo0L6W2PCgqAkGfz5Km07ay-skITpLDmL_OczL4IUyUkHrErSbltbKtL_EgufsHHgPoaehAYrXFc31EsFtcqwvAiFhcMvLPYqeDbokU/s1600/3rmyd-carte_purgatoire.jpg" height="400" width="377" /></a>lieux parallèles, un de nature purement matérielle, relevant de
la cosmologie ptoléméenne; l’autre appartenant à une cosmologie mystique qui
serait symbolisé par cette montagne qui s’élève comme un <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg8YzapZSVv4sbv_xucHARDV6UhGuvq7ZOEpouMvo0L6W2PCgqAkGfz5Km07ay-skITpLDmL_OczL4IUyUkHrErSbltbKtL_EgufsHHgPoaehAYrXFc31EsFtcqwvAiFhcMvLPYqeDbokU/h120/3rmyd-carte_purgatoire.jpg">pic se rétrécissant</a>
jusqu’au Paradis des Élus? Quoi qu’il en soit, Le Goff précise bien que «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">le Purgatoire n’est pas souterrain. Son
niveau est celui de la terre, sous le ciel étoilé. Un vieillard, un sage de
l’Antiquité, Caton d’Utique les accueille </i><span style="mso-bidi-font-style: normal;">[Dante et Virgile]</span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"> car il est le gardien du Purgatoire.
Celui-ci est une montagne dont la partie basse est une antichambre, un lieu
d’attente où sont dans l’expectative les morts qui ne sont pas encore dignes
d’entrer au Purgatoire proprement dit. La montagne dresse dans l’hémisphère
sud, occupé, selon Ptolémée que suit Dante, par un océan désert impénétrable
aux hommes vivants. Elle s’y élève aux antipodes de Jérusalem (II, 3, IV, 68
sqq.)</i>» (J. Le Goff. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp.
450-451).</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: -4.6pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: -4.6pt; text-align: justify;">
<span class="st"><span lang="FR-CA">Alors que l’<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjvhj0AJGhenRQdnok0EjicV5Pr6DoADH5TKqjE7V2Kqg6C659JMJJNvNYqjzFPPA9ZfuzPcelt2C-QMqefdGVHnN7XMUEk81oNxfmFJSEZLkdglIWWL_F6Z7WpBCvemct3s4LM6T1dj9Y/h120/20_overlay_20034_0.jpg">Enfer</a> donnait l’impression de
toujours s’enfoncer plus profondément au creux d’une </span></span><span class="st"><span lang="FR-CA">formation circulaire, «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">le Purgatoire est formé de sept cercles ou
corniches étagés </i>(cerchi, </span></span><span class="st"><span lang="FR-CA"><span class="st"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjvhj0AJGhenRQdnok0EjicV5Pr6DoADH5TKqjE7V2Kqg6C659JMJJNvNYqjzFPPA9ZfuzPcelt2C-QMqefdGVHnN7XMUEk81oNxfmFJSEZLkdglIWWL_F6Z7WpBCvemct3s4LM6T1dj9Y/s1600/20_overlay_20034_0.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjvhj0AJGhenRQdnok0EjicV5Pr6DoADH5TKqjE7V2Kqg6C659JMJJNvNYqjzFPPA9ZfuzPcelt2C-QMqefdGVHnN7XMUEk81oNxfmFJSEZLkdglIWWL_F6Z7WpBCvemct3s4LM6T1dj9Y/s1600/20_overlay_20034_0.jpg" height="278" width="400" /></a></span></span>cerchie, cinghi, cornici, giri, gironi) <i style="mso-bidi-font-style: normal;">dont la circon-</i></span></span><br />
<span class="st"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">férence diminue en allant vers
le sommet. Les âmes y purgent les sept péchés capitaux : dans l’ordre,
l’orgueil, l’envie, la colère, la paresse, l’avarice, la gourmandise, la
luxure. Au sommet de la montagne, Virgile et Dante entrent dans le paradis
terrestre où se passent les six derniers chants du </i>Purgatorio <i style="mso-bidi-font-style: normal;">(XXVIII à XXXIII)</i>» (J. Le Goff. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 451). C’est au seuil du Paradis
que Virgile sera tenu d’abandonner Dante aux soins de Béatrice qui le guidera
dans ce nouveau lieu.</span></span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: -4.6pt; text-align: justify;">
<span class="st"><span lang="FR-CA">Mais revenons à cet unique personnage.
Caton d’Utique. L’image physique que nous en donne Dante correspond davantage
au stéréotype du sage antique qu’à la véritable figure de ce questeur romain
conservateur et, dirions-nous, «puritain». Caton d’Utique ne se comprend pas si
nous ne remontons pas à son grand-père Caton dit le Censeur, un des
contemporains de Scipion l’Africain au cours des guerres puniques que Rome
livra à Carthage. Ce premier Caton (-234 à -149 av. J.C.), sur lequel nous aurons à revenir, est important car il
a servi de modèle à son petit-fils qui vécut une période des plus </span></span><span class="st"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEixQLf4HyV0QV7T2gGQQGY0aOkRxXmS1eMDRAjk0XSnBSrlDLoq3WnVSW9LiSKhMO-_mRZXBTLq-SNKTRCppVX3M1ZlFJJEP_52PYhQ54qOhSet-ROdLq5P8wIL5S1aHX3RP8CfFTEcV3Q/s1600/Marius.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEixQLf4HyV0QV7T2gGQQGY0aOkRxXmS1eMDRAjk0XSnBSrlDLoq3WnVSW9LiSKhMO-_mRZXBTLq-SNKTRCppVX3M1ZlFJJEP_52PYhQ54qOhSet-ROdLq5P8wIL5S1aHX3RP8CfFTEcV3Q/s1600/Marius.jpg" height="400" width="283" /></a>troublées de
l’histoire romaine. Celui de la fin de la République démocratique et le début
de la dictature et de la royauté avec des aventuriers comme <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEixQLf4HyV0QV7T2gGQQGY0aOkRxXmS1eMDRAjk0XSnBSrlDLoq3WnVSW9LiSKhMO-_mRZXBTLq-SNKTRCppVX3M1ZlFJJEP_52PYhQ54qOhSet-ROdLq5P8wIL5S1aHX3RP8CfFTEcV3Q/h120/Marius.jpg">Marius</a>, Sylla et
surtout Jules César. Devant ces individus audacieux mais arrogants, c’est ce
descendant d’une vieille famille plébéienne qui voudra faire renaître au sein
d’une aristocratie épuisée ses anciennes valeurs, dont la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">gravitas </i>qui permit aux premiers Romains de se défaire des
rois étrusques tyranniques. Caton sera de tous les efforts pour repousser
l’hellénisme étranger venu d’Orient et que transportent à la semelle de leurs
sandales les Pompée et César de ce monde. Ce sont les antiques valeurs de la
Rome ancienne que respectait Virgile dans son hommage à Caton et celles que
chérit Dante à une époque où les vices et les corruptions sont de toutes les
aventures italiennes.</span></span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: -4.6pt; text-align: justify;">
<span class="st"><span lang="FR-CA">Mais pourquoi Caton? Parce qu’il fut un
tribun constant? Parce qu’amené jeune au palais de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjeNatE_PxHQegFrg22dCLKFSYxN8-MQNiIkrxRMWaD4JEgpBRjVr2HrYRHnCM_QFgkVxNoA8L_jTC_LmbVOM3xsxwAztEFhEQy6VjvHZoivuUpc1A1-VcEKAjnHOJ-bwJ9FrJ-UAO7fcI/h120/sylla.jpg">Sylla</a> et voyant les têtes
sanglantes des proscrits, se </span></span><span class="st"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjeNatE_PxHQegFrg22dCLKFSYxN8-MQNiIkrxRMWaD4JEgpBRjVr2HrYRHnCM_QFgkVxNoA8L_jTC_LmbVOM3xsxwAztEFhEQy6VjvHZoivuUpc1A1-VcEKAjnHOJ-bwJ9FrJ-UAO7fcI/s1600/sylla.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjeNatE_PxHQegFrg22dCLKFSYxN8-MQNiIkrxRMWaD4JEgpBRjVr2HrYRHnCM_QFgkVxNoA8L_jTC_LmbVOM3xsxwAztEFhEQy6VjvHZoivuUpc1A1-VcEKAjnHOJ-bwJ9FrJ-UAO7fcI/s1600/sylla.jpg" height="400" width="375" /></a>souleva d’horreur et demanda un poignard pour
abattre le tyran? Parce qu’élu questeur en 65, il se signala par sa rigueur en
examinant les archives du Trésor, y cherchant les irrégularités financières et
forçant la rectification? Parce qu’il se tint à côté de Cicéron pour étouffer
la conjuration de Catilina en 63?<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Tous
ses gestes suffisent à montrer à quel point la rectitude morale et l’honnêteté
de Caton, ce jeune homme encore âgé dans la trentaine, ne laissait passer
aucune concession à cette époque où la corruption se développait hardiment dans
la Rome antique. Lors de la guerre civile amorcée en -49, il se trouvait gouverneur
de la Sicile. Il refusa de prendre parti pour César et organisa la résistance
en prenant le parti de Pompée. Après la défaite de Pharsale et la mort de
Pompée, il rassembla ce qui lui restait d’armée et se rendit en Afrique,
rejoignant Q. Metellus Scipion qui, à la tête de quelques troupes, s’apprêtait
à résister aux armées de César. Jadis
son bisaïeul, Caton le Censeur, avait affronté Scipion l’Africain dans sa fonction
de Censeur. Maintenant, le sort devait jouer contre les descendants cette fois réunis
devant un même ennemi. Metellus Scipion fut vaincu à Thapsus et Caton s’enferma
dans Utique.</span></span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: -4.6pt; text-align: justify;">
<span class="st"><span lang="FR-CA">C’est alors que se situe le grand épisode
de la mort de Caton. Ce stoïcien, ce défenseur, dans la droite ligne
paternelle, de la résistance à l’hellénisation et à la décadence des mœurs
romaines, choisit le geste irréversible de se donner la mort. Jérôme
Carcopinio, auteur d’une biographie monumentale de César, décrit ainsi la fin
de Caton :</span></span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; margin-top: 0in; text-align: justify;">
<span class="st"><span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">C’est
le 8 avril = 8 février 46, au soir, que le gouverneur d’Utique, Caton le Jeune,
avait </i></span></span><span class="st"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">appris le désastre de <a href="http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/4/4d/Battle_of_Thapsus.jpg/1024px-Battle_of_Thapsus.jpg">Thapsus</a>. </i></span></span><br />
<span class="st"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj8HwD7amq0LBB7Gy70WoKgDST8_CQJkmyKnKulle-v7nCnHskCFGbkIJM9wypWddtVj6pImr9DFpAFJHAvT7Bjbl4hPQvBNM-tEm8xWAFkYHnsN-ULPUl6PLIRpFN-55zCGEG_b_g2qNY/s1600/1024px-Battle_of_Thapsus.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj8HwD7amq0LBB7Gy70WoKgDST8_CQJkmyKnKulle-v7nCnHskCFGbkIJM9wypWddtVj6pImr9DFpAFJHAvT7Bjbl4hPQvBNM-tEm8xWAFkYHnsN-ULPUl6PLIRpFN-55zCGEG_b_g2qNY/s1600/1024px-Battle_of_Thapsus.jpg" height="255" width="400" /></a>Malgré l’humeur de la population, si
inquiétante qu’il avait cru devoir mander à Scipion et à Juba de se détourner
de la capitale, il songea d’abord à résister encore. Le 9, au matin, il adjura
les Trois-Cents, c’est-à-dire, probablement, l’assemblée qui représentait les
résidents romains de la Cité, de remplir leur devoir. Mais ils n’auraient pu
reconstituer quelques cohortes qu’en affranchissant leurs esclaves, et ils hésitèrent,
malgré le respect que leur inspirait sa personne, à s’engager envers lui à
accomplir un acte qui les ruinait pour une cause qu’ils n’avaient jamais aimée.
Puis, quand ils eurent assisté à l’entrée navrante, dans leurs murs, de 1 500
cavaliers qui avaient fui de Thapsus, et qui, dans la rage de leur déconfiture
et l’énervement de leur fatigue, avaient, chemin faisant, </i></span></span><span class="st"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiSEeJCVkbh_NOwvoAIp5lOf8Ak_2i-txcg2D3ukVUctO6Pg07h8Y-dffaQT_LA5V4H7MHhca6qYRjaEIfAV0wkYVImD7OQnWr7FSjyL7bCAW_lGh22OCWb-3ixpK2rV_R3BgttoI5eK9g/s1600/Jules_Cesar_1968.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiSEeJCVkbh_NOwvoAIp5lOf8Ak_2i-txcg2D3ukVUctO6Pg07h8Y-dffaQT_LA5V4H7MHhca6qYRjaEIfAV0wkYVImD7OQnWr7FSjyL7bCAW_lGh22OCWb-3ixpK2rV_R3BgttoI5eK9g/s1600/Jules_Cesar_1968.jpg" height="400" width="291" /></a>brûlé et pillé
Pheradi Mius (Henchir-Fradis), et qui maintenant parlaient d’assommer tous les
suspects d’Utique, ils déclinèrent formellement toutes les propositions de
Caton, et lui déclarèrent net que, désireux de s’abstenir de toute hostilité
contre <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiSEeJCVkbh_NOwvoAIp5lOf8Ak_2i-txcg2D3ukVUctO6Pg07h8Y-dffaQT_LA5V4H7MHhca6qYRjaEIfAV0wkYVImD7OQnWr7FSjyL7bCAW_lGh22OCWb-3ixpK2rV_R3BgttoI5eK9g/h120/Jules_Cesar_1968.jpg">César</a>, ils se borneraient à lui envoyer une députation de suppliants.
Alors seulement Caton comprit que la partie était perdue et n’eut plus que deux
préoccupations : assurer l’ordre dans la ville pour sauver les vies des
sénateurs romains qui s’y étaient réfugiés; et, quand cette tâche serait
achevée, se soustraire, non par la fuite, mais par le suicide, au pardon comme
à la vengeance de César. Le 12 avril = 12 février au soir, il discuta
philosophie avec les convives de son dîner, et soutint, avec une chaleur où ses
auditeurs pressentirent sa funèbre résolution, que l’homme de bien est toujours
libre. Avant de passer dans sa chambre à coucher, il embrassa son fils, se fit
remettre, pour le relire, son volume du </i>Phédon, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">et réclama son épée à ses serviteurs avec une telle violence qu’ils
n’eurent pas le courage de la lui cacher plus longtemps. Un peu après minuit,
il s’inquiéta de savoir si les navires sur lesquels avaient </i></span></span><span class="st"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">pris passage les
séna-</i></span></span><br />
<span class="st"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiXtu-AdTohrH3DB79zodzUzuLFq_i6722oNQvTBrujXI9pxeJqsRNxWYyBYXbAcHPw8_VvuYv0bszHuiUPNOpRuog0mEIDt4JtSzAp7T0umRZpFcALQ8U8bYjOHCIhyphenhyphenPc6yhMwMtpLbZk/s1600/index.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiXtu-AdTohrH3DB79zodzUzuLFq_i6722oNQvTBrujXI9pxeJqsRNxWYyBYXbAcHPw8_VvuYv0bszHuiUPNOpRuog0mEIDt4JtSzAp7T0umRZpFcALQ8U8bYjOHCIhyphenhyphenPc6yhMwMtpLbZk/s1600/index.jpg" height="278" width="400" /></a>teurs et leurs familles avaient quitté le port; puis il renvoya l’affranchi
qui lui avait apporté le suprême apaisement d’une réponse affirmative, et,
demeuré seul, il s’enfonça son épée dans le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiXtu-AdTohrH3DB79zodzUzuLFq_i6722oNQvTBrujXI9pxeJqsRNxWYyBYXbAcHPw8_VvuYv0bszHuiUPNOpRuog0mEIDt4JtSzAp7T0umRZpFcALQ8U8bYjOHCIhyphenhyphenPc6yhMwMtpLbZk/h120/index.jpg">ventre</a>. Il ne mourut point sur le
coup, mais tomba sans connaissance. Quand il reprit ses sens, ce fut pour
repousser le médecin qui le pansait, et, malgré la présence de son fils et de
ses amis, il succomba volontairement aux souffrances de sa blessure qu’il avait
rouverte. Avec Caton, qui pour la postérité sera désormais Caton d’Utique,
tombaient, non seulement le dernier croyant des “Républicains”, mais la
“République” elle-même qu’ennoblit son trépas. Cette mort, d’une grandeur
farouche, que l’optimisme désespéré des Stoïciens inspira plutôt que la frêle
espérance de Platon, et qu’ils proposèrent comme exemple de la magnanimité où
culmine la sagesse antique, permit à Caton d’idéaliser par son héroïsme le
régime auquel, dans son amour de la liberté, il n’avait pas voulu survivre, et
que, dans son aveuglement doctrinaire, il n’avait su, ni réformer à temps, ni
défendre à l’heure des inévitables règlements de comptes» </i>(J. Carcopino. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Jules César, </i>Paris, P.U.F., Col. hier,
1935, pp. 453-454).</span></span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: -4.6pt; text-align: justify;">
<span class="st"><span lang="FR-CA">Durant la Révolution française, de
nombreux lecteurs de Plutarque, où la vie de Caton était relatée dans </span></span><span class="st"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiUHS_nLiv0rmG0_LQxwVqxDn0ouqHeDf5BjXJTcgvzkwuaG9NwpNUR4MBFFAbdWzU0Of_VD-Jja3AgMKqm9ap6Sh2plpICXNdpq2eu2ad3AT-Z64ZHrsFWNY_nINcsn68sxuW4fTJzbnI/s1600/autorid00015.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiUHS_nLiv0rmG0_LQxwVqxDn0ouqHeDf5BjXJTcgvzkwuaG9NwpNUR4MBFFAbdWzU0Of_VD-Jja3AgMKqm9ap6Sh2plpICXNdpq2eu2ad3AT-Z64ZHrsFWNY_nINcsn68sxuW4fTJzbnI/s1600/autorid00015.jpg" height="400" width="400" /></a>ses
moindres détails, entendirent imiter son geste. En commen-</span></span><br />
<span class="st"><span lang="FR-CA">çant par l'auteur de maximes, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiUHS_nLiv0rmG0_LQxwVqxDn0ouqHeDf5BjXJTcgvzkwuaG9NwpNUR4MBFFAbdWzU0Of_VD-Jja3AgMKqm9ap6Sh2plpICXNdpq2eu2ad3AT-Z64ZHrsFWNY_nINcsn68sxuW4fTJzbnI/h120/autorid00015.jpg">Chamfort</a> qui, comme Caton, s'acharna du mieux qu'il put pour se donner la mort, mais surtout parmi les
Girondins : Valazé se poignarda en pleine salle du tribunal où il
était jugé avec ses amis; Condorcet se serait administré un poison violent; Roland apprenant l'exécution de son épouse se jeta sur son épée;
Barbaroux qui se tira une balle dans la mâchoire, tout comme Robespierre un mois plus
tard, à Paris, cédant devant les complots d’intrigants au jour du 9 thermidor. Derrière ces suicides
héroïques se profile l’<i>exemplum </i>de Caton d’Utique.</span></span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: -4.6pt; text-align: justify;">
<span class="st"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEinYUPDtI66pEjiSl_Gh0ogMoGj7RZlxdiVWmPv7cRoBHRsx-9wu0CgkZ2NQqTJwuLVkgin10xNCl06Hfu31iTykjO0GfOcPUI6488H-q3lN0RPyVGeEiE-a4kt6FNLI1eW4TICyxwVBsM/h120/Scuola_italiana_-_Ritratto_di_Dante_Alighieri.jpg">Dante</a> ne pouvait que respecter la fermeté
de cet homme au moment où les Républiques italiennes </span></span><span class="st"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEinYUPDtI66pEjiSl_Gh0ogMoGj7RZlxdiVWmPv7cRoBHRsx-9wu0CgkZ2NQqTJwuLVkgin10xNCl06Hfu31iTykjO0GfOcPUI6488H-q3lN0RPyVGeEiE-a4kt6FNLI1eW4TICyxwVBsM/s1600/Scuola_italiana_-_Ritratto_di_Dante_Alighieri.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEinYUPDtI66pEjiSl_Gh0ogMoGj7RZlxdiVWmPv7cRoBHRsx-9wu0CgkZ2NQqTJwuLVkgin10xNCl06Hfu31iTykjO0GfOcPUI6488H-q3lN0RPyVGeEiE-a4kt6FNLI1eW4TICyxwVBsM/s1600/Scuola_italiana_-_Ritratto_di_Dante_Alighieri.jpg" height="400" width="305" /></a>luttaient contre des
forces impériales, pontificales ou royales qui menaçaient leur liberté et leur
indépendance. Mais comment éviter l’enfer à un homme aux si grands mérites mais
qui s’est acharné à se donner la mort, ce qui est un crime de lèse-divinité
pour les chrétiens? Si, d’un côté, il s’avérait moralement difficile de placer
Caton avec les pendus de l’Enfer, d’un autre côté, il ne pourra jamais accéder
au Paradis. Ni l’Enfer, ni le Paradis. Dante a sa façon bien particulière de se
figurer le Purgatoire non seulement comme un aérogare de transit vers le Paradis, mais un lieu permanent où, à chaque âme
poussée vers l’ascension céleste, dix autres y entrent pour attendre la
rémission finale de leurs fautes.</span></span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: -4.6pt; text-align: justify;">
<span class="st"><span lang="FR-CA">L’existence du Purgatoire, qui sera niée
par les hérétiques, des Cathares aux Protestants du XVIIe siècle, a-t-il été
créé pour donner à l’homme fautif une possibilité d’échapper à l’éternité de
l’Enfer afin qu’il ne se décourage ni ne déprime de son existence?<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Comme le rappelait Carcopino, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiZEOMfYhyphenhyphent-hN8jHdv6h9GSE9ekAspc6YaE9XJscz4j-S3CoVEaCOVmQme2IBCgnhKPqSJqYMU7N-2avPjvosKl76jNnXI_HvbB393DhK0yzM4sdjAFgWEXREdYnEDy2GVDhJAB3fvb64/h120/giordano-caton-havre2+copie.jpg">Caton</a>, en tant
que stoïcien, ne pouvait que désespérer de la situation où la défaite de
Metellus Scipion le </span></span><span class="st"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiZEOMfYhyphenhyphent-hN8jHdv6h9GSE9ekAspc6YaE9XJscz4j-S3CoVEaCOVmQme2IBCgnhKPqSJqYMU7N-2avPjvosKl76jNnXI_HvbB393DhK0yzM4sdjAFgWEXREdYnEDy2GVDhJAB3fvb64/s1600/giordano-caton-havre2+copie.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiZEOMfYhyphenhyphent-hN8jHdv6h9GSE9ekAspc6YaE9XJscz4j-S3CoVEaCOVmQme2IBCgnhKPqSJqYMU7N-2avPjvosKl76jNnXI_HvbB393DhK0yzM4sdjAFgWEXREdYnEDy2GVDhJAB3fvb64/s1600/giordano-caton-havre2+copie.jpg" height="400" width="297" /></a>condamnait. Compte tenu de la sensibilité des chrétiens à l'époque médiévale, il était courant de voir beaucoup d'entre eux éprouver des remords
inouïs face au péché et à l'angoisse de la damnation. Le Mal est-il inscrit dans nos gènes,
demanderait un chrétien moderne? Sans doute, mais on sait depuis Paul et
Augustin que ce Mal peut être «manipulé» pour le bien. À l’adresse des uns qui finiront par
expier leurs péchés et entrer directement au Paradis, il y a les maladroits qui
succomberont sans jamais avoir l’occasion de confesser leurs péchés, soit sur
un champ de bataille, soit sur un navire en mer, soit à la suite d’une maladie
foudroyante, comme la peste. Moralement et psychologiquement, le Purgatoire
s’avérait une nécessité. Moralement, afin de maintenir la communauté chrétienne
dans sa confiance dans la grâce divine dispensée via l'Église; psychologiquement, afin de ne pas détruire les psychismes trop faibles, prompts à la résignation et se
condamnant à une vie perpétuellement triste et mélancolique. Mais cette
invention ecclésiologique allait devenir, détourné de son but, une occasion
d’usure des plus friponnes pour la cour pontificale.</span></span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: -4.6pt; text-align: justify;">
<span class="st"><span lang="FR-CA">Il n’est pas possible, avons-nous dit, de comprendre une
telle «psychologie de fer» sans remonter jusqu’au bisaïeul de Caton d’Utique,
c’est-à-dire Caton le Censeur (-234 à -149 av. J.-C.). Devenu censeur, Caton
s’est distingué par sa défense conservatrice des traditions romaines en opposition
avec le courant hellénistique venu d’Orient et qui célébrait le luxe, la
pédérastie et les religions exotiques. L’historien R. H. Barrow décrit ainsi
l’ascension de Caton l’Ancien : </span></span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; margin-top: 0in; text-align: justify;">
<span class="st"><span lang="FR-CA"><span class="st"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"></i></span></span>«<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiN7FVklLQBwP9PjVd9O6YelLA7JJURcty3Aat0oxHFOn19gy2Z_ES15nABWl0B93U5gOksx_m0PqLn6padjHLDh_x-SEsiLonpXgloWKrDHXXSuwX212TE4r5XVNnvfGf4WJ6z9fdo2zQ/h120/Cato.jpg">M. Porcius Caton</a>, né en 234 av. J.-C., grandit dans la région Sabine, à la ferme
de son père, qui la lui laissa en mourant. Dès l’âge de vingt ans, il s’est
distingué en combattant </i></span></span><span class="st"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span class="st"><span lang="FR-CA"><span class="st"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiN7FVklLQBwP9PjVd9O6YelLA7JJURcty3Aat0oxHFOn19gy2Z_ES15nABWl0B93U5gOksx_m0PqLn6padjHLDh_x-SEsiLonpXgloWKrDHXXSuwX212TE4r5XVNnvfGf4WJ6z9fdo2zQ/s1600/Cato.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiN7FVklLQBwP9PjVd9O6YelLA7JJURcty3Aat0oxHFOn19gy2Z_ES15nABWl0B93U5gOksx_m0PqLn6padjHLDh_x-SEsiLonpXgloWKrDHXXSuwX212TE4r5XVNnvfGf4WJ6z9fdo2zQ/s1600/Cato.jpg" height="400" width="309" /></a></i></span></span></span></span>Annibal; il était alors sous les ordres de Q. Fabius
Maximus où il servit jusqu’à la fin de la </i></span></span><span class="st"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">guerre. À trente ans, il était le
questeur de Scipion en Sicile, puis il partit avec lui en Afrique. En 198 av.
J.-C, il était préteur en Sardaigne, consul trois ans plus tard; enfin, en 184,
il reçut la charge de censeur. C’était un soldat, un juriste, un homme d’État,
un fermier, un écrivain, mais par-dessus tout, ce fut un très grand caractère.</i></span></span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; margin-top: 0in; text-align: justify;">
<span class="st"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Jeune
fermier, comme il parlait bien, il défendait ses voisins devant les tribunaux
régionaux et il était toujours prêt à se faire l’avocat des justes causes. On
lui conseilla, malgré ses origines plébéiennes, d’élargir le champ de ses
activités et de se rendre à Rome. Jusqu’à sa mort, c’est-à-dire jusqu’à l’âge
de quatre-vingt-cinq ans, il a travaillé sans relâche; de tous côtés il
assenait ses coups : à la cour de justice et au Sénat, dans ses discours et
dans ses livres, combattant sans merci avec l’énergie insigne et le courage
impitoyable qu’il avait montrés sur les champs de bataille. Dans ce combat
incessant et acharné, il reçut plus d’une blessure, morale ou physique. Il
vivait dans une extrême simplicité et s’imposait une discipline austère. Son
grade de général ne l’empêchait pas de mener la vie du simple soldat. Dans ses
fonctions d’administrateur d’une province, il se vantait d’exercer une sévérité
inexorable. Dans l’intérêt de ses administrés, il procédait à des réductions de
dépenses et vérifiait tout article soumis à la charge du gouvernement. Et
jamais le gouvernement “n’avait paru être plus </span></i></span><span class="st"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiqZV5rqjbmaluaTBXk7-C81dkYOaO_Ujlh9YFFv2AnfcwXXjQqtUsldGq2A0P-PoRPfozDQNRaBT9zs1613YlCzSSvmDXvTRNd1cWayNrpuEgSXIfZVrnF16KxoQSgnucvAfsM2u-WXTY/s1600/census.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiqZV5rqjbmaluaTBXk7-C81dkYOaO_Ujlh9YFFv2AnfcwXXjQqtUsldGq2A0P-PoRPfozDQNRaBT9zs1613YlCzSSvmDXvTRNd1cWayNrpuEgSXIfZVrnF16KxoQSgnucvAfsM2u-WXTY/s1600/census.jpg" height="227" width="400" /></a>terrible et plus modéré que
pendant la période où Caton l’avait représenté”. Il marchandait le prix des
contrats pour les travaux publics, faisait monter celui de l’affermage des
terres. S’il lui arrivait de découvrir dans la conduite d’un ennemi ou d’un ami
quelque malhonnêteté, il n’hésitait jamais à lui infliger un blâme, au nom de
l’intérêt général. Les discours de Caton étaient célèbres; Cicéron, qui en
avait lu cent cinquante, déclara “qu’ils présentent toutes les qualités du
grand art oratoire”. Ses aphorismes mordants sont devenus proverbiaux, ce sont
des chefs-d’œuvre d’habileté, car il connaissait toutes les finesses de la
dialectique. Il se chargea lui-même de l’éducation de son fils et fit pour lui
des livres de grammaire, de droit et d’histoire, car il ne pouvait admettre
qu’un autre que lui lui inculque une chose aussi précieuse que l’instruction.
Il lui apprit l’équitation, la boxe, la lutte, la natation et la culture de la
terre. Ce fut certainement un père autoritaire et exigeant, cependant il
déclarait que frapper sa femme ou son enfant, “c’était porter atteinte à ce que
l’on avait de plus sacré”, et qu’un “bon mari méritait plus d’estime qu’un
grand sénateur”, ce qui dans sa bouche était le plus grand des compliments.
Alors qu’il était <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiqZV5rqjbmaluaTBXk7-C81dkYOaO_Ujlh9YFFv2AnfcwXXjQqtUsldGq2A0P-PoRPfozDQNRaBT9zs1613YlCzSSvmDXvTRNd1cWayNrpuEgSXIfZVrnF16KxoQSgnucvAfsM2u-WXTY/h120/census.jpg">censeur</a>, il promulguait </span></i></span><span class="st"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">règlement sur règlement pour
restreindre par de lourds impôts, ou même pour interdire purement et simplement
le luxe que des flots de richesses déployaient à Rome. Il </span></i></span><span class="st"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><span class="st"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjMcdwrowm1GJ8zG8GlDlfnGIz5MUzuGEhsWWEnW3ulA-rfO6tMgMjHR11iyJXo0WXUN9qmpT-noZ2xv4uzpWWva3Pj2cv-It-L5XOJY6_ck09dxmEJAr24qPEcYMG75NOpIwf5j5Q4btI/s1600/Homere.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjMcdwrowm1GJ8zG8GlDlfnGIz5MUzuGEhsWWEnW3ulA-rfO6tMgMjHR11iyJXo0WXUN9qmpT-noZ2xv4uzpWWva3Pj2cv-It-L5XOJY6_ck09dxmEJAr24qPEcYMG75NOpIwf5j5Q4btI/s1600/Homere.jpg" height="302" width="400" /></a></span></i></span>jouissait d’une
réputation et d’une influence extraordinaire, partout on sollicitait ses
conseils car, comme le dit Tite-Live, ce qu’il y avait d’étonnant chez cet
homme exceptionnel, c’est qu’on l’eût cru spécialement doué pour chacune des
choses qu’il entreprenait. Il conserva jusque dans la vieillesse une grande
vigueur de corps et d’esprit; arrivé au terme de la course, il montra la même
ardeur que ceux qui prennent le départ et dont la renommée est à faire. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjMcdwrowm1GJ8zG8GlDlfnGIz5MUzuGEhsWWEnW3ulA-rfO6tMgMjHR11iyJXo0WXUN9qmpT-noZ2xv4uzpWWva3Pj2cv-It-L5XOJY6_ck09dxmEJAr24qPEcYMG75NOpIwf5j5Q4btI/h120/Homere.jpg">La renommée</a>, il l’avait acquise depuis longtemps, mais n’a jamais abandonné les
devoirs qu’elle lui imposait</span></i><span lang="FR-CA">» (R. H. Barrow. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Les Romains, </i>Paris, Payot, Col. P.B.P. #
20, s.d., pp. 53-54).</span></span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<span class="st"><span lang="FR-CA">Un tel administrateur, on le devine, ne
pouvait que devenir le modèle de tous les véritables hommes d’État. Et Caton le
Jeune avait le sentiment d’un héritage à préserver au moment où tout ce que son
bisaïeul combattait était en train de s’emparer de l’âme de tous les Romains. «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Il était impossible que Caton l’emportât, </i>ajoute
Barrow : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">l’État-Cité était en train
de disparaître. Les richesses du monde entier et tout le luxe de l’Orient
affluaient maintenant à Rome</i>» (<i style="mso-bidi-font-style: normal;">ibid. </i>p.
56). Bref, les Romains étaient victimes du succès de Rome.</span></span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<span class="st"><span lang="FR-CA">Si Caton était un modèle pour Virgile
comme pour Dante, personne ne peut s’illusionner sur le revers de la médaille.
Barrow, encore :</span></span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; margin-top: 0in; text-align: justify;">
<span class="st"><span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">C’est
cet homme-là qui a battu en brèche tout ce que l’hellénisme apportait à Rome.
Évidemment, il a perdu la partie, si toutefois on peut dire qu’un nom comme le
sien, qui a servi de cri de ralliement pendant des siècles, a perdu la partie.
Il est facile de tourner Caton en ridicule : sa personne s’y prêtait et
nous rebute par bien des traits. Il était </i></span></span><span class="st"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">inhumain envers ses <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEigNrNN2vobZ8lnHDLXfDtiHNQ-WJX3vGEMZqNQa6E7viZly2VEMkbAlrAPlC3Yr3CrC0tc1lOaBTqs5iiN6aNFwIEkoksjQxW4opwsM2tS70j6Qz__5sdJdim0_mBzDskVMu2oNeOONIg/h120/esclav2.jpg">esclaves</a>; il se</i></span></span><br />
<span class="st"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEigNrNN2vobZ8lnHDLXfDtiHNQ-WJX3vGEMZqNQa6E7viZly2VEMkbAlrAPlC3Yr3CrC0tc1lOaBTqs5iiN6aNFwIEkoksjQxW4opwsM2tS70j6Qz__5sdJdim0_mBzDskVMu2oNeOONIg/s1600/esclav2.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEigNrNN2vobZ8lnHDLXfDtiHNQ-WJX3vGEMZqNQa6E7viZly2VEMkbAlrAPlC3Yr3CrC0tc1lOaBTqs5iiN6aNFwIEkoksjQxW4opwsM2tS70j6Qz__5sdJdim0_mBzDskVMu2oNeOONIg/s1600/esclav2.jpg" height="400" width="393" /></a></i></span></span><span class="st"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span class="st"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"> faisait </i></span></span>une gloire de son ascétisme et prenait un méchant plaisir à s’opposer
au plaisir d’autrui. Il avait l’esprit étroit, était intransigeant, dur,
vaniteux, papelard, hypocrite et d’une suffisance insupportable, digne d’un
pharisien, sauf lorsqu’il défendait un idéal. Sans doute s’est-il composé un
rôle et le jouait-il avec exagération, il n’en reste pas moins que sa sincérité
était réelle. Il est aisé aussi de déformer les raisons qui faisaient de lui
l’ennemi de tout ce qui était grec; mais il faut le comprendre. Il savait le
grec, car tout homme d’État qui avait affaire à l’Orient devait savoir le grec.
Il avait lu toutes les œuvres des orateurs et des historiens grecs et pour
écrire son traité sur l’agriculture, il s’est inspiré d’un travail carthaginois
qui avait été traduit en grec. Il conseille à son fils de lire la littérature
grecque mais lui recommande de ne pas la prendre trop à cœur, car, dit-il, “les
Grecs forment une race de coquins incorrigibles”. Non pas que </i></span></span><span class="st"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span class="st"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi-IMEcHpy0WW8dFpBEl1YiVxHK2FF37erpAhxtQTGuQthu6Rxq6IAiwCO4p_KGRa8VpQoBwTiBnBUlOWPXGKVOKdLcaNPK5BLndXkvYqstyaL6SrV4-CJXQPvXeJDFPwB9rv-eWdVA77E/s1600/philo-carneade.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi-IMEcHpy0WW8dFpBEl1YiVxHK2FF37erpAhxtQTGuQthu6Rxq6IAiwCO4p_KGRa8VpQoBwTiBnBUlOWPXGKVOKdLcaNPK5BLndXkvYqstyaL6SrV4-CJXQPvXeJDFPwB9rv-eWdVA77E/s1600/philo-carneade.jpg" height="400" width="230" /></a></span></span>Caton méprise
l’intelligence, mais il se méfie de l’usage qu’on en fait et qui, d’après lui,
sape les fondements du caractère. Le citoyen, ayant des principes de morale,
basés sur la tradition, qui se consacre au bien public et qui participe à un
gouvernement fort, éclairé et profondément honnête, voilà l’idéal de Caton. Les
Grecs qu’il avait l’occasion de rencontrer n’avaient plus la moindre notion de
politique, la politique était lettre-morte pour eux, mais cela ne les empêchait
pas de discuter et d’ergoter à perte de vue. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi-IMEcHpy0WW8dFpBEl1YiVxHK2FF37erpAhxtQTGuQthu6Rxq6IAiwCO4p_KGRa8VpQoBwTiBnBUlOWPXGKVOKdLcaNPK5BLndXkvYqstyaL6SrV4-CJXQPvXeJDFPwB9rv-eWdVA77E/h120/philo-carneade.jpg">Carnéade</a> et Diogène, tous deux
philosophes, ont fait courir tout Rome pour les entendre; “c’était comme un
grand vent qui soufflait à travers la ville”. Caton s’en effraya; il estimait
que les orateurs grecs n’avaient rien à dire et qu’ils parlaient trop. Pour lui,
l’orateur devait répondre à la définition suivante : Vir bonus dicendi
peritus, un homme de bien qui sait parler. Au temps de Socrate, les sophistes
s’étaient vantés de prouver que la plus mauvaise des causes, en suivant leur
raisonnement, devenait la meilleure des causes; les Grecs du IIIe et du IIe
</i></span></span><span class="st"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjAs4B_NYe4FcW12TI69ljgqtWQJIaiYbAv3Hh8L-Fvts9yR_xAvxat9nKKSt0DaVKyLpxiL4ZXLZNk4UoEirb-fySBA99w6-OhRMtuWaVWrrS4L5OvIyqb6Zl1eIRCWtIqtwg88811Ffc/s1600/scipion_lafricain.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjAs4B_NYe4FcW12TI69ljgqtWQJIaiYbAv3Hh8L-Fvts9yR_xAvxat9nKKSt0DaVKyLpxiL4ZXLZNk4UoEirb-fySBA99w6-OhRMtuWaVWrrS4L5OvIyqb6Zl1eIRCWtIqtwg88811Ffc/s1600/scipion_lafricain.jpg" height="400" width="342" /></a>siècles étaient leurs héritiers. L’affirma-</i></span></span><br />
<span class="st"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">tion de la personna-</i></span></span><br />
<span class="st"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">lité, si chère à
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjAs4B_NYe4FcW12TI69ljgqtWQJIaiYbAv3Hh8L-Fvts9yR_xAvxat9nKKSt0DaVKyLpxiL4ZXLZNk4UoEirb-fySBA99w6-OhRMtuWaVWrrS4L5OvIyqb6Zl1eIRCWtIqtwg88811Ffc/h120/scipion_lafricain.jpg">Scipion</a>, était un idéal dia-</i></span></span><br />
<span class="st"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">métrale-</i></span></span><br />
<span class="st"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">ment opposé à celui de Caton qui rêvait de
citoyens tous solidaires, agissant au sein d’une communauté, d’après des
principes de haute morale. L’influence personnelle et le charme étaient, pour
lui, des armes redoutables. Le développement de la personnalité conduisait à
l’égoïsme, à l’assouvissement des passions et tout cela au nom de l’art, de la
culture et de la mode. On tarissait ainsi les sources de l’action, au sens où
“les plus nobles des Romains” entendaient ce mot. Pour Caton, toute
connaissance aboutissait à l’action et l’action était ce qui caractérise
l’homme. L’introspection, la concentration de l’individu sur lui-même,
entraînait un fléchissement de la morale collective et un relâchement des
mœurs, situation qui préparait la voie au chef qui, par ses belles phrases et
ses promesses fallacieuses, réussirait à envoûter un peuple devenu amorphe</i>»
(R. H. Barrow. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 54-55).</span></span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<span class="st"><span lang="FR-CA">Voilà où Rome en était au moment où Caton
d’Utique s’opposait à César. La continuité dans la pensée est éclatante :</span></span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; margin-top: 0in; text-align: justify;">
<span class="st"><span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Âgé
de trente-trois ans et de rang seulement questorien, il vainquit par la force
de </i></span></span><span class="st"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiE6BqV4L7lTT-aQthYCwHvQ66XnqzAZUoSWZ8M5LgUkJKj9ckkHeGamx9RiAJjyqhaYHBedO2u_yyLNcGR6QNxN1tLf75NMnjiYdjNflpEJKHFlyuGgNZ8CJ8xJqnTqRdNnSK5ugG1w08/s1600/6e6run9f.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiE6BqV4L7lTT-aQthYCwHvQ66XnqzAZUoSWZ8M5LgUkJKj9ckkHeGamx9RiAJjyqhaYHBedO2u_yyLNcGR6QNxN1tLf75NMnjiYdjNflpEJKHFlyuGgNZ8CJ8xJqnTqRdNnSK5ugG1w08/s1600/6e6run9f.jpg" height="400" width="300" /></a>caractère. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiE6BqV4L7lTT-aQthYCwHvQ66XnqzAZUoSWZ8M5LgUkJKj9ckkHeGamx9RiAJjyqhaYHBedO2u_yyLNcGR6QNxN1tLf75NMnjiYdjNflpEJKHFlyuGgNZ8CJ8xJqnTqRdNnSK5ugG1w08/h120/6e6run9f.jpg">Caton</a> exalta les vertus qui valurent autrefois l’empire à Rome,
il dénonça les riches indignes et fit ses efforts pour rappeler à
l’aristocratie les devoirs de son rang. Ce n’était pas là convention,
faux-semblant ni duperie, Droit et austère, défenseur acharné de sa classe,
solide buveur et politicien pénétrant, le vrai Caton, loin d’être un rêveur, se
piquait d’être un réaliste d’un tempérament et d’une ténacité conforme à la
tradition romaine, nullement inférieur au grand ancêtre qu’il imita presque jusqu’à
la parodie, Caton le Censeur. Mais ce n’était pas seulement le caractère et
l’honnêteté qui donnèrent à Caton le pas sur les consulaires : il tenait
en main un écheveau d’alliances politiques au sein de la noblesse.</i></span></span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; margin-top: 0in; text-align: justify;">
<span class="st"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">Les
</span></i><span lang="FR-CA">optimates <i style="mso-bidi-font-style: normal;">avaient
grandement besoin d’un chef. Il y avait de dangereuses fêlures dans
l’oligarchie, blessures nées de la discorde et de l’esprit de parti. Ni les
Aemilii ni les Claudi ne méritaient pleine confiance. Le fuyant Crassus, qui
avait soutenu Catilina jusques et y compris sa candidature au consulat,
constituait une menace incessante; et les Metelli, pour survivre ou pour
régner, pouvaient bien s’allier avec le chef militaire le plus puissant, avec
l’héritier de Sylla comme auparavant avec Sylla.</i></span></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; margin-top: 0in; text-align: justify;">
<span class="st"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA">L’implacable
Caton détestait les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiW8GnYE9oppb12IMQ8xKULPUMdCsggJdDkCrODMijLxq7vu3SBtGRvS7VH_yGKJZQFDeGGoDcQfJB2a6ln5Bl_gMfz6xPoUdPwmMX4NWDDjTJKyKvqlmQilzX6D7U4cg0uakP1Pp36B8w/h120/Romanreliefbank.jpg">financiers</a>. Il s’opposait fermement aux Italiens, qu’il
</span></i></span><span class="st"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiW8GnYE9oppb12IMQ8xKULPUMdCsggJdDkCrODMijLxq7vu3SBtGRvS7VH_yGKJZQFDeGGoDcQfJB2a6ln5Bl_gMfz6xPoUdPwmMX4NWDDjTJKyKvqlmQilzX6D7U4cg0uakP1Pp36B8w/s1600/Romanreliefbank.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiW8GnYE9oppb12IMQ8xKULPUMdCsggJdDkCrODMijLxq7vu3SBtGRvS7VH_yGKJZQFDeGGoDcQfJB2a6ln5Bl_gMfz6xPoUdPwmMX4NWDDjTJKyKvqlmQilzX6D7U4cg0uakP1Pp36B8w/s1600/Romanreliefbank.jpg" height="320" width="316" /></a>haïssait depuis sa tendre enfance; et il était prêt à acheter la plèbe de Rome
avec du blé ou de l’argent. Il voulait contrecarrer le général tout-puissant
qui revenait maintenant de l’Orient, avec ce mélange d’un caractère opiniâtre
et de la ruse politique que son ancêtre employa pour briser le pouvoir d’une
famille patricienne de tendance monarchique, les Scipions. </span></i><span lang="FR-CA">Gloria, dignitas <i style="mso-bidi-font-style: normal;">et </i>clientelae,
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">l’apanage de l’aristocratie, devenaient
maintenant le monopole d’un seul. Il y avait en jeu plus que les privilèges
d’une oligarchie…</i>» (R. Syme. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">La
révolution romaine, </i>Paris, Gallimard, Col. Tel, # 32, 1967, p. 38).</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; margin-top: 0in; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<span class="st"><span lang="FR-CA">Le calvaire de Caton, si on peut appeler
ça un calvaire, c’est d’avoir dû se rallier étape par étape jusqu’à ce que tout compromis ne soit plus possible. Après avoir combattu Pompée, le voilà qu’il
juge que Pompée serait un moindre mal que César. Mais Pompée est vaincu à
Pharsale et César revient triomphant. Qui se lèvera pour défendre alors la République
et la liberté du citoyen romain?</span></span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; margin-top: 0in; text-align: justify;">
<span class="st"><span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">En
appelant des sanctions constitutionnelles contre César, un petit clan déformait
les souhaits authentiques d’une large majorité au <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh3HFjQG_-Maffo4mlZj2Ok4TYwH12xqovkApkpyXhWnp1XPuFD-hSRTfXH9lcQ5olJthoZYNf-FD8zsrsVbi3QYHz94w9KseRcZItrQZxDsc91p634kBCtRFsH3Q_Nz0Bw_7J4f1NVkUg/h120/Zces8-senat.jpg">Sénat</a>, à Rome et en Italie.
Ils feignaient que </i></span></span><span class="st"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh3HFjQG_-Maffo4mlZj2Ok4TYwH12xqovkApkpyXhWnp1XPuFD-hSRTfXH9lcQ5olJthoZYNf-FD8zsrsVbi3QYHz94w9KseRcZItrQZxDsc91p634kBCtRFsH3Q_Nz0Bw_7J4f1NVkUg/s1600/Zces8-senat.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh3HFjQG_-Maffo4mlZj2Ok4TYwH12xqovkApkpyXhWnp1XPuFD-hSRTfXH9lcQ5olJthoZYNf-FD8zsrsVbi3QYHz94w9KseRcZItrQZxDsc91p634kBCtRFsH3Q_Nz0Bw_7J4f1NVkUg/s1600/Zces8-senat.jpg" height="320" width="400" /></a>le débat se livrât entre un proconsul rebelle et une
autorité légitime. Des expédients aussi aventureux sont habituellement l’œuvre
d’hommes au sang vif et à la tête confuse. L’erreur était double et fatale. La
désillusion survint vite. Même Caton était atterré. On s’était attendu en toute
confiance à ce que les éléments sérieux et considérés des villes italiennes se
rallient à la cause de la défense de l’autorité sénatoriale et des libertés du
Peuple romain, à ce que tout le pays se levât comme un seul homme contre
l’envahisseur. Rien de semblable n’arriva. L’Italie ne réagit pas à l’appel au
combat de la République en danger; elle ne croyait pas en ses défenseurs</i>»
(R. Syme.<i style="mso-bidi-font-style: normal;"> Ibid. </i>p. 57).</span></span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<span class="st"><span lang="FR-CA">Quelle vision pouvons-nous maintenant
nous faire de Caton à cette étape-ci de l’enquête? Caton </span></span><span class="st"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg3Uuu_nkjWJRYKHjKsQ4j5p_EAjl4M4YFtdUAkbwW-yrQYRTPFdVLXQYPJiu7HBzmKy8HgbyjJ75sRJsoW244jnGeW9SL_9_jF69YukksUZSUKnMJnmrk0vRq3kMTsZ-j9r8F4_WuViRs/s1600/AVT_Andre-Bercoff_7116.jpeg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg3Uuu_nkjWJRYKHjKsQ4j5p_EAjl4M4YFtdUAkbwW-yrQYRTPFdVLXQYPJiu7HBzmKy8HgbyjJ75sRJsoW244jnGeW9SL_9_jF69YukksUZSUKnMJnmrk0vRq3kMTsZ-j9r8F4_WuViRs/s1600/AVT_Andre-Bercoff_7116.jpeg" height="400" width="267" /></a>(Ancien et Jeune) sont
les stéréotypes du parfait Conservateur. D’un côté, la vertu : austérité,
honnêteté, puritanisme, ascétisme et frugalité. Bref, l’homme qui contrôle et
domine ses passions. De l’autre, l’opiniâtreté obtuse : vanité,
vantardise, hypocrisie, violence mais seulement si nécessaire. C’est plutôt
l’opiniâtreté que l’essayiste <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg3Uuu_nkjWJRYKHjKsQ4j5p_EAjl4M4YFtdUAkbwW-yrQYRTPFdVLXQYPJiu7HBzmKy8HgbyjJ75sRJsoW244jnGeW9SL_9_jF69YukksUZSUKnMJnmrk0vRq3kMTsZ-j9r8F4_WuViRs/h120/AVT_Andre-Bercoff_7116.jpeg">André Bercoff</a>, journaliste franco-libanais (né en
1940), essaie de faire ressurgir de la personnalité de Caton, dont il
s’attribue le surnom. On se souvient de la fraude littéraire de 1983. Ce
pamphlet, supposément d’un homme de droite, avait été commandé par François
Mitterand et mis en scène par le jeune François Hollande, alors </span></span><span class="st"><span lang="FR-CA">directeur de
cabinet de Max Gallo, porte-parole du gouvernement de Pierre Mauroy. Dans une
</span></span><span class="st"><span lang="FR-CA"><span class="st"><span lang="FR-CA"><span class="st"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEifi8KLlROfBsz3bDtj-sYl1p9nZjTAhfbm48mlR2yK5as4dKIFrwqZMkJbxHk_Yx5nTQIZ10vX868EsRDcB2lPmUjgEWv8-KfnvXDlDZd662yChheH3x_BRsGAu7TDOc6AWNxPd4JM6Sk/s1600/140.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEifi8KLlROfBsz3bDtj-sYl1p9nZjTAhfbm48mlR2yK5as4dKIFrwqZMkJbxHk_Yx5nTQIZ10vX868EsRDcB2lPmUjgEWv8-KfnvXDlDZd662yChheH3x_BRsGAu7TDOc6AWNxPd4JM6Sk/s1600/140.jpg" height="320" width="193" /></a></span></span></span></span>entrevue radiophonique, Hollande alla jusqu’à prêter sa voix à Bercoff pour ne
pas qu’on le reconnaisse. <i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEifi8KLlROfBsz3bDtj-sYl1p9nZjTAhfbm48mlR2yK5as4dKIFrwqZMkJbxHk_Yx5nTQIZ10vX868EsRDcB2lPmUjgEWv8-KfnvXDlDZd662yChheH3x_BRsGAu7TDOc6AWNxPd4JM6Sk/h120/140.jpg">De la reconquête</a> </i>– c’était le titre frauduleux du livre de Caton -, avait pour
but de démoraliser les forces de droite. Or, jamais Caton, dans ses écrits, ne s’est
prêté à une farce aussi grossière. Par contre, les néo-conservateurs
occidentaux ne cessent d’en appeler aux valeurs défendues par Caton :
austérité, éthique, famille, patriotisme, démocratie libérale. Évidemment, à la
différence de Caton, ce sont des vertus dont ils se sentent eux-mêmes exclus
selon un privilège dû à leur position sociale ou politique. Ce qui leur manque,
et ce qui faisait l’essentiel aussi bien des qualités que des défauts de Caton,
c’est la sincérité.</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<span class="st"><span lang="FR-CA">Si on juge de l’opiniâtreté de Caton
d’Utique, par exemple, nous sommes loin des néo-conservateurs actuels qui sont
prêts à manger à toutes les auges pourvu qu’ils en tirent un bénéfice
individuel. Nous sommes loin de l’homme prêt à refuser la clémence que Caton
refusa par principe devant la victoire de César : </span></span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; margin-top: 0in; text-align: justify;">
<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left; margin-right: 1em; text-align: left;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjzGaULDc0XUmy0VrlaRyAl1slLxXXLS7QZUXKA4hltCYiNeu9SCzElv29xyZPKl8HoRgkWeibOM4EDe_FMBud9Fde_UJID_DRjlqXPqaHespBJYabHw-86MW8buL5yEJcIPuBfE2-RJeQ/s1600/Auguste-Cinna-Bouchet.jpg" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjzGaULDc0XUmy0VrlaRyAl1slLxXXLS7QZUXKA4hltCYiNeu9SCzElv29xyZPKl8HoRgkWeibOM4EDe_FMBud9Fde_UJID_DRjlqXPqaHespBJYabHw-86MW8buL5yEJcIPuBfE2-RJeQ/s1600/Auguste-Cinna-Bouchet.jpg" height="400" width="330" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Auguste accorde sa clémence à Cinna</td></tr>
</tbody></table>
<span class="st"><span lang="FR-CA">« La guerre civile discrédite la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjzGaULDc0XUmy0VrlaRyAl1slLxXXLS7QZUXKA4hltCYiNeu9SCzElv29xyZPKl8HoRgkWeibOM4EDe_FMBud9Fde_UJID_DRjlqXPqaHespBJYabHw-86MW8buL5yEJcIPuBfE2-RJeQ/h120/Auguste-Cinna-Bouchet.jpg">clémence</a>
et en fait le propre d’un “tyran” : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Il
était inévitable que les conditions dans lesquelles le vainqueur accordait sa
clémence eussent un retentissement fâcheux sur la valeur attribuée à cette
vertu et sur l’estime dans laquelle on la tenait. C’est en partie à
l’arbitraire, en partie à la volonté d’humiliation avec lesquels </i></span></span><span class="st"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">elle était
exercée, que la clémence dut en effet sa dépréciation à l’époque des guerres
civiles. Si les “lois de la guerre” et le droit reconnu au vainqueur, dans un
conflit extérieur, de disposer à sa guise de ses prisonniers, faisaient de
cette conduite un geste hautement louable, la situation était assez différente
dans une guerre civile. Au nom de quel principe en effet un homme qui avait
criminellement pris les armes contre ses concitoyens et à qui la chance avait
souri, pouvait-il s’arroger le droit de “pardonner” à des compatriotes? Caton
reprochait ainsi à César, écrit Plutarque, de “commettre une illégalité en sauvant
la vie à des gens sur lesquels il n’avait aucun droit, comme s’il était leur
maître”. Un déclamateur mis en scène par Sénèque le Père doit soutenir “qu’il
n’y avait pas de honte dans les prières adressées par un citoyen vaincu à un
citoyen vainqueur”. Implorer la clémence, n’était-ce pas, à certains égards, se
reconnaître non seulement vaincu, mais, en quelque manière, coupable?</i>» (P.
Jal. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">La guerre civile à Rome, </i>Paris,
P.U.F., Col. Publications de la Faculté des Lettres et Sciences humaines de
Paris, 1963, pp. 464-465).</span></span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<span class="st"><span lang="FR-CA">On pense alors à la facilité avec
laquelle les conservateurs du XXe siècle ont cédé la main aux différents
dictateurs qui se sont érigés sur des systèmes totalitaires. Ils n’y allait pas
avec le dos de la clémence lorsqu’ils s’adressaient aussi bien à Mussolini ou à
Hitler qu’à Staline. Par contre, pour les </span></span><span class="st"><span lang="FR-CA">résistants, la clémence était trop
belle pour être offerte en échange d’une humilité bien sentie. D’où que Paul
Jal a raison d’insister : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Reconnaître
une valeur quelconque à la “clémence” d’un compatriote – à plus forte raison la
solliciter – c’était, pour un citoyen libre, reconnaître à celui-ci </i></span></span><span class="st"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span class="st"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgnyalVAXRvI8lH0A4-3hysjyW7Zb0PDBXIgl7o1UvGOblsm6O-tPxKLLXan3Szvuq32HN59AlzL5XI_IDV-8SkcSSbOUrb8QkpNPNFEMIzGIZbrd9z61erLhp3dHGK6kEpO5vpwjY2r5A/s1600/Laurens_Caton_d'Utique_(RO_147).jpeg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgnyalVAXRvI8lH0A4-3hysjyW7Zb0PDBXIgl7o1UvGOblsm6O-tPxKLLXan3Szvuq32HN59AlzL5XI_IDV-8SkcSSbOUrb8QkpNPNFEMIzGIZbrd9z61erLhp3dHGK6kEpO5vpwjY2r5A/s1600/Laurens_Caton_d'Utique_(RO_147).jpeg" height="310" width="400" /></a></span></span>un pouvoir
absolu sur sa propre personne, c’était authen-</i></span></span><br />
<span class="st"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">tifier ce pouvoir en lui conférant
une certaine légalité. </i>[…] <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Admettre
cette “clémence”, c’était aussi se prêter à la comédie morale qui consistait à
faire passer pour une vertu ce qui n’était souvent qu’une forme d’orgueil ou de
mépris, une façon de déshonorer l’adversaire, en faisant dépendre la vie d’un </i>concitoyen
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">de sa propre fantaisie, suivant qu’on lui
accordait ou qu’on lui refusait sa grâce. C’est en grande partie parce que leur
sort dépendait uniquement du bon vouloir de César et pour éviter l’humiliation
qu’aurait constitué leur “pardon” que plusieurs Pompéiens – dont <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgnyalVAXRvI8lH0A4-3hysjyW7Zb0PDBXIgl7o1UvGOblsm6O-tPxKLLXan3Szvuq32HN59AlzL5XI_IDV-8SkcSSbOUrb8QkpNPNFEMIzGIZbrd9z61erLhp3dHGK6kEpO5vpwjY2r5A/h120/Laurens_Caton_d'Utique_(RO_147).jpeg">Caton</a> et Marcellus
– refusent de la solliciter…</i>» (P. Jal. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid.
</i>pp. 464-465 et 465-466).</span></span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<span class="st"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgvA_la26Ekp6TT6PGZ9I4TyEx4TPRxjio-h10KX1ajeqyaTxAzxdP8YvBi_x4kZybrnN7n34EKTngYX5a4Pcb7-AZgafpNHssqapenMtaS6tTZhKJdqeQhjlSYMd8lVrm6i-RlSmxV-IA/s1600/A4457.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgvA_la26Ekp6TT6PGZ9I4TyEx4TPRxjio-h10KX1ajeqyaTxAzxdP8YvBi_x4kZybrnN7n34EKTngYX5a4Pcb7-AZgafpNHssqapenMtaS6tTZhKJdqeQhjlSYMd8lVrm6i-RlSmxV-IA/s1600/A4457.jpg" height="336" width="400" /></a>L’orgueil est, pour les Romains, la
moti-</span></span><br />
<span class="st"><span lang="FR-CA">vation derrière le concept de liberté. La fierté du citoyen ne lui est
véritable que s’il identifie sa liberté personnelle à celle de la Cité et de
son gouvernement. Blesser l’orgueil d’un patricien ou d’un plébéien puissant,
c’est blesser la vanité de la puissance de l’Urbs. Voilà pourquoi, depuis que la
Mère de la Cité, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgvA_la26Ekp6TT6PGZ9I4TyEx4TPRxjio-h10KX1ajeqyaTxAzxdP8YvBi_x4kZybrnN7n34EKTngYX5a4Pcb7-AZgafpNHssqapenMtaS6tTZhKJdqeQhjlSYMd8lVrm6i-RlSmxV-IA/h120/A4457.jpg">Lucrèce</a>, donna l'exemple, on se suicide tant dans le monde romain. Comme le
rappelle Michel Meslin à propos du cas de Caton, justement : </span></span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; margin-top: 0in; text-align: justify;">
<span class="st"><span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Mais
cette liberté ne s’exerce, en fait, que parce que </i>[des citoyens] <i style="mso-bidi-font-style: normal;">refusent un certain état de choses, une
servilité à l’égard du pouvoir, une compromission généralisée. Telle est aussi
l’attitude de Caton d’Utique. “Depuis longtemps, nous dit <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgTCvXlqF4svJYPGgndqQX1MweOqlwruZKRgbFlyb3YlnOu33WVie6X6Xe2zvo9GZsLPQAGjLNMJforYXpyIk9vDurCAT4mfnHP1u7iGNTJlXhnekyn2MnjclHKDG45KkJehYJylafr8V4/h120/plutarque.gif">Plutarque</a>, il était
résolu à se tuer.” Or il choisit de mourir, non pas parce qu’après la défaite
de Thapsus il a perdu tout </i></span></span><span class="st"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgTCvXlqF4svJYPGgndqQX1MweOqlwruZKRgbFlyb3YlnOu33WVie6X6Xe2zvo9GZsLPQAGjLNMJforYXpyIk9vDurCAT4mfnHP1u7iGNTJlXhnekyn2MnjclHKDG45KkJehYJylafr8V4/s1600/plutarque.gif" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgTCvXlqF4svJYPGgndqQX1MweOqlwruZKRgbFlyb3YlnOu33WVie6X6Xe2zvo9GZsLPQAGjLNMJforYXpyIk9vDurCAT4mfnHP1u7iGNTJlXhnekyn2MnjclHKDG45KkJehYJylafr8V4/s1600/plutarque.gif" height="400" width="315" /></a>espoir de vaincre César, mais pour rester fidèle à
la logique profonde de sa vie. Avec un certain bonheur dans l’inoppor-</i></span></span><br />
<span class="st"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">tunité,
Caton a toujours été à Rome le champion des vertus tradition-</i></span></span><br />
<span class="st"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">nelles; il s’est
opposé à toute novation, en champion du </i>mos majorum. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Hostile à tout compromis politique, dès l’instant que la cause qu’il
sert et les principes qui le guident risquent de s’en voir modifiés, il tire de
son expérience politique un sentiment fort mitigé sur la valeur des hommes. Le
comportement des Trois Cents d’Utique ne lui laisse aucune illusion sur leur
fidélité; cependant il n’hésite pas à rédiger pour eux une supplique à César,
dont il refuse pour lui-même la grâce. Il assure l’ordre dans la ville
assiégée; il veille à l’embarquement des sénateurs romains; puis il réunit ses
amis, pour un dernier repas, où il discute philosophie. Il est enfin seul, en
face de lui-même. Il relit le </i>Phédon, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">s’assoupit
quelques instants, puis, ayant retrouvé son épée que ses proches lui avaient
cachée, il la prend : “Maintenant, je m’appartiens”, dit-il, et se
précipite sur elle. En tombant, il heurte une table : le bruit de la chute
attire ses gens. Un médecin recoud la plaie, mais <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjIK7CpSVeTdFFjXfrF-lfIrxkCnPZtE_3U6UJncZerUhAqV_N8gpcoLHH5Kbs2w528oKXS8llArklStNMB2twH_OAH2W3Gv4cRG3wdRUWd3n244qodN_v9CgqtCCsSxcIFQ6OlsEai48c/h120/Guillaume_Guillon_Lethi%C3%A8re-The_Death_of_Cato_of_Utica,_1795.jpg">Caton</a>, reprenant conscience,
arrache le pansement et meurt. Or contrairement à d’autres suicides politiques,
tel celui de Cicéron, Caton ne meurt pas pour échapper à une autre mort inéluctable
et proche : César, ne serait-ce que par pure politique, l’eût gracié. Mais
parce qu’il refuse de vivre par la grâce de César victorieux. Il ne refuse pas
la vie, mais de la devoir à César et de ne plus pouvoir vivre dans l’exercice
complet de sa liberté personnelle. Il l’a dit, le soir même, au dîner :
“De quel droit un tyran peut-il octroyer la vie à ceux qui ne dépendent pas de
lui, qui sont libres tout autant que lui?” Accepter de tenir son existence du
bon vouloir du tyran, tel serait le déshonneur, l’humiliation suprême que Caton
refuse en mourant librement. “Il lui fallait mourir, plutôt que de voir le
visage du tyran”, dira de lui Cicéron </i></span></span><span class="st"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">(</i>De Officiis, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">I, 31, 112). Sa mort est une </i></span></span><span class="st"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">victoire sur le tyran parce que, par elle, </i></span></span><span class="st"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">Caton</i></span></span><br />
<span class="st"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjIK7CpSVeTdFFjXfrF-lfIrxkCnPZtE_3U6UJncZerUhAqV_N8gpcoLHH5Kbs2w528oKXS8llArklStNMB2twH_OAH2W3Gv4cRG3wdRUWd3n244qodN_v9CgqtCCsSxcIFQ6OlsEai48c/s1600/Guillaume_Guillon_Lethi%C3%A8re-The_Death_of_Cato_of_Utica,_1795.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjIK7CpSVeTdFFjXfrF-lfIrxkCnPZtE_3U6UJncZerUhAqV_N8gpcoLHH5Kbs2w528oKXS8llArklStNMB2twH_OAH2W3Gv4cRG3wdRUWd3n244qodN_v9CgqtCCsSxcIFQ6OlsEai48c/s1600/Guillaume_Guillon_Lethi%C3%A8re-The_Death_of_Cato_of_Utica,_1795.jpg" height="250" width="400" /></a>l’emporte sur César en honneur et en justice. En renversant ainsi les
valeurs du jeu politique, en protestant contre un état de fait brutal, contre
un changement des valeurs morales et légales sur la force, Caton, seul
résistant devant César, devient l’unique vainqueur. Sa mort même est le signe
de la victoire de l’homme libre. “J’envie ta mort, Caton, puisque tu m’as
enlevé la gloire de te sauver la vie”, avouera César. Cette sortie de
l’existence, que Caton choisit librement, ne s’explique ni par le sentiment
d’avoir échoué, ni par une incapacité psychologique à vivre, ni même par un
caprice. Sa mort est la fin logique de sa vie. Par elle, il témoigne de sa </i>pietas
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">et de sa fidélité envers les normes
ancestrales qui régissent la cité et proteste contre le bouleversement
qu’apporte l’ambition de César. Caton, </i>sanctissimus Cato, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">devient ainsi le modèle et l’exemple parfait
de la sainteté que peut atteindre l’homme raisonnable qui ne cède ni à
l’adversité ni à ses mauvais penchants. L’homme de bien est seul libre; les
méchants sont esclaves. Avec Caton la </i>libertas <i style="mso-bidi-font-style: normal;">qui était une valeur sociale et politique devient aussi une valeur
morale</i>» (M. Meslin. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’homme romain, </i>Bruxelles,
Complexe, Col. historiques, 1985, pp. 241-242)</span></span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<span class="st"><span lang="FR-CA">Cette attitude de Caton parle à tout le
monde et au cours de tous les âges. Qu’importent les qualités et les défauts du
Conservateur s’il agit dans la droite ligne de ses principes et ne diverge pas
selon les opportunités, les soumissions ou les rançons. La liberté ne se
négocie pas. La liberté ne se transige pas. Et celui qui se soumet à
l’humiliation d’une grâce ou d’un tyran, soumet par le fait même la
collectivité à l’esclavage. C’est ainsi que le comprit Dante dans ses luttes
contre les Guelfes à Florence, préférant l’exil à la soumission au parti vainqueur.
C’est ainsi que le comprit nombre de Résistants à l’occupation nazie ou
soviétique au cours du XXe siècle. C’est ainsi que nous le comprenons encore
lorsque nous refusons la perfidie de la consommation et de l’aliénation
culturelle. À première vue, il s’agit d’une attitude de refus, de
particularismes, d’exclusion de modération et de tout compromis. C’est ici que
Caton nous semble assez léger sur le poignard </span></span><span class="st"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj1q2piWxG7wsmd0JANVpw6630-GQ4NvVaFxf2z5n8esqLk-7U-dlENur0fZOLj4O6X82Ptba0jbvvYb_GcHcMOtoeuSYAwJz4GFNNufGmKs2BrhDLsVBZoQYSIh4TJZOPitVOt-OLKBM4/s1600/showimg.ashx.png" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj1q2piWxG7wsmd0JANVpw6630-GQ4NvVaFxf2z5n8esqLk-7U-dlENur0fZOLj4O6X82Ptba0jbvvYb_GcHcMOtoeuSYAwJz4GFNNufGmKs2BrhDLsVBZoQYSIh4TJZOPitVOt-OLKBM4/s1600/showimg.ashx.png" height="400" width="333" /></a>puisqu’il brandit la menace à
plusieurs reprises. S’offusquant déjà de César jeune consul qui exige la
prestation d’un serment, en hiver 64 av. J.-C. : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">César ne fut pas embarrassé pour coupé court à cette opposition à
retardement. Il fit voter par les comices une loi qui prononçait la peine de
mort contre quiconque refuserait le serment… et les sénateurs jurèrent sans
attendre l’expiration du délai qui leur avait été accordé. Caton fit comme les
autres. Il paraît qu’il avait cédé aux suppliques de sa femme et de sa sœur
auxquelles étaient venus se joindre de nombreux amis. “Mais celui qui réussit le
mieux par ses conseils à l’amener au serment, écrit Plutarque, ce fut l’orateur
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj1q2piWxG7wsmd0JANVpw6630-GQ4NvVaFxf2z5n8esqLk-7U-dlENur0fZOLj4O6X82Ptba0jbvvYb_GcHcMOtoeuSYAwJz4GFNNufGmKs2BrhDLsVBZoQYSIh4TJZOPitVOt-OLKBM4/h120/showimg.ashx.png">Cicéron</a>.” Celui-ci, qui avait jugé plus prudent de se retirer à la campagne
pendant cette période délicate, lui fit parvenir une lettre dans laquelle il
disait “qu’il n’était pas bien sûr que ce fût chose juste de résister seul à ce
qui a été généralement décidé; mais que de s’exposer pour changer l’impossible
et le fait accompli, c’est réellement sottise et démence”. La missive se
terminait par cette constatation flatteuse à laquelle son correspondant ne
pouvait pas rester insensible : “Si Caton n’a pas besoin de Rome, Rome a
besoin de Caton”</i>» (G. Walter. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">César, </i>Paris,
Albin Michel, rééd. Gérard & Cie, Col. Marabout Université, # 49, 1964, pp.
84-85).</span></span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<span class="st"><span lang="FR-CA">La défaite de Caton d’Utique marquait la
défaite d’une vieille adversité inaugurée par le bisaïeul. Carcopino reconnaît
qu’à l’époque de César et du Triumvirat, «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">c’est
à la domination d’un seul que les idées venues des écoles hellénistiques, les
sentiments éclos dans les cours royales que Rome avait héritées, préparaient
sournoisement les esprits. En art, en littérature, en philosophie, la mode est
à <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgQvhLkAUhEFKEMs2NOOvV1UvOnbiFK8y6ih-rVtv8eKFdDIcoODqVRD5Wy_HO74MUOJhpIKBKHMDR_fjVfhz7CU3JEDljNaTgxuJw9fqv4yUQXRPQPNXMKBQWdBflZdn3z8O3xXhbenFE/h120/io.jpg">l’Orient grec</a> qu’ont façonné les diadoques</i>» (J. Carcopino. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Op. cit. </i>p. 120), ces rois successeurs
</span></span><span class="st"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgQvhLkAUhEFKEMs2NOOvV1UvOnbiFK8y6ih-rVtv8eKFdDIcoODqVRD5Wy_HO74MUOJhpIKBKHMDR_fjVfhz7CU3JEDljNaTgxuJw9fqv4yUQXRPQPNXMKBQWdBflZdn3z8O3xXhbenFE/s1600/io.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgQvhLkAUhEFKEMs2NOOvV1UvOnbiFK8y6ih-rVtv8eKFdDIcoODqVRD5Wy_HO74MUOJhpIKBKHMDR_fjVfhz7CU3JEDljNaTgxuJw9fqv4yUQXRPQPNXMKBQWdBflZdn3z8O3xXhbenFE/s1600/io.jpg" height="400" width="400" /></a>d’Alexandre le Grand dans tout le Proche-Orient (Égypte, Mésopo-tamie, Grèce).
On peut dire de Caton d’Utique ce que Léon Homo écrit à propos de Caton le
Censeur : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">En vain Caton, ce
représentant attardé du vieil esprit national, avait essayé, dans ce domaine
encore, de réagir contre l’hellénisme envahisseur. Vrai créateur de la prose
latine, il écrivit en latin son traité sur l’Agriculture et son grand ouvrage
historique des </i>Origines. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Mais son
opposition ne fut pas plus efficace sur le terrain littéraire que dans le
domaine politique ou social. On ne remonte pas un courant comme celui qui
emportait vers l’hellénisme la civilisation romaine tout entière. Du moins,
dans l’aventure, l’originalité romaine… - et le fait a une importance capitale
– n’a pas fait complètement naufrage. Si la Grèce, pour reprendre le mot
célèbre d’Horace, “a conquis son farouche vainqueur”, elle ne l’a pas du moins
conquis tout entier, et même au point de vue littéraire, la part du génie
national reste assez large pour que Rome ait le droit de la contempler avec
quelque fierté</i>» (L. Homo. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">La
civilisation romaine, </i>Paris, Payot, Col. Bibliothèque historique, 1930, p.
88).</span></span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<span class="st"><span lang="FR-CA">Il est symptomatique, lorsque Lucien
Jerphagnon nous parle de la mort de Caton, qu'il le fasse comme s’il nous entretenait
de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhZigWYKtBnz4JV7NkKiqC1UhMGmsbiZMYFatG8jNX3FuhT2Pdm-598zox-b_KNI6ZIQwwOfRSAVbUh4t2V-eETfRN3Uht8FVjPsgB0rG2q8GjnexRpBo7-W8Vk5y7J8Kk5OB3dUGSRgFE/h120/article_70_hourant-1.jpg">Montherlant</a>, une sorte de Caton mineur du XXe siècle dans la France occupée puis libérée, et </span></span><span class="st"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhZigWYKtBnz4JV7NkKiqC1UhMGmsbiZMYFatG8jNX3FuhT2Pdm-598zox-b_KNI6ZIQwwOfRSAVbUh4t2V-eETfRN3Uht8FVjPsgB0rG2q8GjnexRpBo7-W8Vk5y7J8Kk5OB3dUGSRgFE/s1600/article_70_hourant-1.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;">,<img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhZigWYKtBnz4JV7NkKiqC1UhMGmsbiZMYFatG8jNX3FuhT2Pdm-598zox-b_KNI6ZIQwwOfRSAVbUh4t2V-eETfRN3Uht8FVjPsgB0rG2q8GjnexRpBo7-W8Vk5y7J8Kk5OB3dUGSRgFE/s1600/article_70_hourant-1.jpg" height="400" width="261" /></a> qui, sur ses vieux jours, choisit lui aussi la mort volontaire pour se libérer
d’un monde qu’il n’avait pas vaincu : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’épisode
surabonde en nobles traits. Ils ont visiblement enchanté Montherlant, qui les
narre dans </i>Le Treizième César. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">À
Thapsus, César battit d’abord l’armée de Metellus Scipion. Ce dernier se passa
une épée au travers du corps, en répondant à ses soldats qui le
cherchaient : “</i>Imperator se bene habet…<i style="mso-bidi-font-style: normal;">” – ce que Montherlant traduit fort bien par :“Ne vous en faites
pas pour le général…” Caton, parvenu jusqu’à Utique, sur la côte au nord de
Carthage, s’arrangea d’abord pour faire mettre en sûreté ses partisans,
surveillant même leur embarquement. Puis, résolu à en finir, il se retira dans
sa chambre pour y lire le </i>Phédon, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">où
Platon traite de l’immortalité. Le moment venu, il se fit remettre son épée.
Jugeant que ses esclaves mettaient trop de temps à la lui apporter, il gratifia
le premier qui se présenta d’un tel coup de poing en pleine figure qu’il s’en
démit la main – ce qui ne retient pas Montherlant d’en faire un humaniste
distingué. Cet accident vaudra d’ailleurs à Caton de se rater, de se voir
recousu, puis de s’éventrer une seconde fois. On le connaîtra désormais dans
l’Histoire sous le surnom de Caton d’Utique. Les autres résistants d’Afrique,
le roi Juba compris, furent tués au combat ou se donnèrent la mort pour ne
point tomber entre les mains de César. Inclinons-nous : de leur point de
vue, ils avaient raison. L’honneur était sauf</i>» (L. Jerphagnon. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Histoire de la Rome antique, </i>Paris,
Tallandier, réed. Pluriel, # 8660, 1987, pp. 162-163).</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: 2.5pt; text-align: justify;">
<span class="st"><span lang="FR-CA">De tout cela, Dante en était visiblement
affecté. Mais se donner la mort comme Caton, par vanité ou par orgueil, n’est
pas chrétien. La Cité de Dieu ne demande pas le sacrifice volontaire de ses membres. Il paraît paradoxal que de tout ce que nous venons de dire, ce
n’est pas par cet aspect que </span></span><span class="st"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh9O0W1kKEmfcd8RnEqmCLO1aZX9Phm2zN-qr9058f5NNTKlzeP5lZjGiEwWoQquNS8rEZ63y46tkKIqd1mfrq0ZtJ4P1ER3G6b5sdNOdk78cq0nGtSXKxKebo5s5IqLig9TWngQsug3_k/s1600/220px-Marcia_Catonis.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh9O0W1kKEmfcd8RnEqmCLO1aZX9Phm2zN-qr9058f5NNTKlzeP5lZjGiEwWoQquNS8rEZ63y46tkKIqd1mfrq0ZtJ4P1ER3G6b5sdNOdk78cq0nGtSXKxKebo5s5IqLig9TWngQsug3_k/s1600/220px-Marcia_Catonis.jpg" height="400" width="389" /></a>Virgile apprivoise le sage gardien du Purgatoire, mais plutôt en parlant de son épouse, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh9O0W1kKEmfcd8RnEqmCLO1aZX9Phm2zN-qr9058f5NNTKlzeP5lZjGiEwWoQquNS8rEZ63y46tkKIqd1mfrq0ZtJ4P1ER3G6b5sdNOdk78cq0nGtSXKxKebo5s5IqLig9TWngQsug3_k/h120/220px-Marcia_Catonis.jpg">Marcia</a>. On l’a vu, Caton semble avoir eu une
faiblesse pour l’autorité des femmes, sans doute des mères, comme la plupart
des hommes romains. L’oligarchie utilisait déjà les liens conjugaux pour unir
plus étroitement les partis et les <i style="mso-bidi-font-style: normal;">gens. </i>C’est
ainsi que Pompée crut s’attacher Caton par des liens matrimoniaux. Lorsque
Pompée «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">vit Caton s’opposer avec autant
de vigueur à ses demandes devant le sénat, il crut qu’il aurait grand avantage
à se l’attacher espérant ainsi pouvoir bénéficier de son influence auprès de la
majorité sénatoriale. C’est pourquoi, il fit demander à Caton ses deux filles
en mariage : l’une pour lui-même, l’autre pour son fils Sextus. Caton
refusa net et déclara à l’homme chargé d’entamer avec lui ces
négociations : `Va dire à Pompée qu ce n’est point par les femmes que l’on
prend Caton!”</i>» (G. Walter. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Op. cit. </i>p.
86).</span></span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: -4.6pt; text-align: justify;">
<span class="st"><span lang="FR-CA">Caton était marié à Marcia. Or, c’est en
invoquant l’âme de Marcia, logée dans les limbes avec la </span></span><span class="st"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEibI1aPQpWQ1gagM8wxSdSWmkoEkPDvOSackJ_4JVJK0ZlB05AlrVpxOTL8l1x7Yx37hoBpsQaPwuFjV44owPB4MHvjgPDVJGCAiM1urE4xTseNEx1bEH6QK8ZlER8aSvc3crH1Rr-lD5M/s1600/RomPicQHoratiusOrator.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEibI1aPQpWQ1gagM8wxSdSWmkoEkPDvOSackJ_4JVJK0ZlB05AlrVpxOTL8l1x7Yx37hoBpsQaPwuFjV44owPB4MHvjgPDVJGCAiM1urE4xTseNEx1bEH6QK8ZlER8aSvc3crH1Rr-lD5M/s1600/RomPicQHoratiusOrator.jpg" height="400" width="378" /></a>plupart des grandes
dames romaines non chrétiennes que Virgile touche le cœur de Caton. Marcia, on
le sait, avait été l’épouse de Caton jusqu’à ce que celui-ci la cède à <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEibI1aPQpWQ1gagM8wxSdSWmkoEkPDvOSackJ_4JVJK0ZlB05AlrVpxOTL8l1x7Yx37hoBpsQaPwuFjV44owPB4MHvjgPDVJGCAiM1urE4xTseNEx1bEH6QK8ZlER8aSvc3crH1Rr-lD5M/h120/RomPicQHoratiusOrator.jpg">Quintus Hortensius Hortalus</a> afin que celui-ci puisse avoir des enfants avant de mourir,
vu son vieil âge. Après la mort de ce dernier, Marcia retourna fidèlement à son
premier époux qui la remaria officiellement.<span style="mso-spacerun: yes;">
</span>«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Marcia, repartit Caton, fut si
chère à mes yeux, qu’elle obtint de moi toutes les grâces qu’elle me demanda,
tant que je fus sur la terre. Maintenant qu’elle habite au-delà du fleuve
inexorable, ses prières ne peuvent plus m’émouvoir; j’obéis à la loi qui me fut
imposée quand je quittai les Limbes</i>»<i>.</i> </span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: -4.6pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: -4.6pt; text-align: justify;">
<span class="st"><span lang="FR-CA">Évidemment, Marcia n’est pas un modèle de
féminisme moderne. La vertu féminine par excellence, pour une femme romaine, c’est
d’être entièrement soumise à son mari. D’une fidélité sans partage, ce qui paraît
moins réaliste que littéraire. Et pourtant, l’exemple de Marcia ne contredit
pas la conduite </span></span><span class="st"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh5zis1ezY3o69pOWzGn5KwJSGA-5UjwF4V-dbUO4fOn4-iEZ3NWX5zDvY0JlqZfiu_gVsNF7E69PzH8MJ9AoSl6nKbnrikfi_qYFGBFUNG9S7tCwIPQkw8CSK7MyvZvboTGky3rkvJkjE/s1600/Marciawinifred.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh5zis1ezY3o69pOWzGn5KwJSGA-5UjwF4V-dbUO4fOn4-iEZ3NWX5zDvY0JlqZfiu_gVsNF7E69PzH8MJ9AoSl6nKbnrikfi_qYFGBFUNG9S7tCwIPQkw8CSK7MyvZvboTGky3rkvJkjE/s1600/Marciawinifred.jpg" height="400" width="275" /></a>normale des femmes du temps : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Caton avait épousé <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh5zis1ezY3o69pOWzGn5KwJSGA-5UjwF4V-dbUO4fOn4-iEZ3NWX5zDvY0JlqZfiu_gVsNF7E69PzH8MJ9AoSl6nKbnrikfi_qYFGBFUNG9S7tCwIPQkw8CSK7MyvZvboTGky3rkvJkjE/h120/Marciawinifred.jpg">Marcia</a>, qui était une Romaine élevée par son père
dans les saines traditions. Épouse de Caton, elle ne pouvait que faire preuve
des vertus traditionnelles. Or, il se trouva que le vieil orateur Horensius
admirait beaucoup Caton, et, comme il était veuf, il demanda à celui-ci de lui
donner en mariage sa fille Porcia. Celle-ci était déjà mariée à Bibulus. Caton
qui, sans doute, aurait pu rompre le mariage, en vertu de sa </i>patria
potestas, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ne le voulut pas. Alors
Hortensius fit à Caton la proposition la plus extraordinaire qui fût, il lui
demanda de lui céder Marcia elle-même. Caton réfléchit, écouta les arguments d’Hortensius
et, finalement, consentit. Et c’est lui-même qui “mancipa” sa propre femme à
son nouveau mari</i>» (P. Grimal. (éd.) <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Histoire
mondiale de la Femme : Préhistoire et Antiquité, </i>s.v. Nouvelle
Librairie de France, s.d., p. 452). «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Caton
réfléchit</i>», rapporte Grimal. Mais à quoi a-t-il bien pu penser?</span></span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; margin-top: 0in; text-align: justify;">
<span class="st"><span lang="FR-CA">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Cette
anecdote, dont il n’est guère possible de suspecter l’authenticité, ne laisse
pas d’être fort surprenante. Les ennemis de Caton prétendirent que tout cela n’était
qu’un calcul assez bas, qu’Hortensius était <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiIWcdwvCA5BvCzHyt4N4HSZZ7gCyUimIzyCmhI9orzxsW-4fcqx4ufs-eJbULZreXWeXPmyboPd6Gf-u4iIYgOWeh09FZz4MB78U3bEJV0irsKxaE4YkHZgEIVcYJmZpC4sGQjSkbvFgU/h120/XM10037585.jpg">vieux et riche</a>, qu’il mourut d’ailleurs
bientôt, en laissant à Marcia </i></span></span><span class="st"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiIWcdwvCA5BvCzHyt4N4HSZZ7gCyUimIzyCmhI9orzxsW-4fcqx4ufs-eJbULZreXWeXPmyboPd6Gf-u4iIYgOWeh09FZz4MB78U3bEJV0irsKxaE4YkHZgEIVcYJmZpC4sGQjSkbvFgU/s1600/XM10037585.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiIWcdwvCA5BvCzHyt4N4HSZZ7gCyUimIzyCmhI9orzxsW-4fcqx4ufs-eJbULZreXWeXPmyboPd6Gf-u4iIYgOWeh09FZz4MB78U3bEJV0irsKxaE4YkHZgEIVcYJmZpC4sGQjSkbvFgU/s1600/XM10037585.jpg" height="272" width="400" /></a>un bel héritage, qu’elle se hâta de rapporter à
Caton, puisque, devenue veuve, elle l’épousa de nouveau. À ne juger que sur les
apparences, Caton aurait joué un vilain rôle, sacrifiant l’honneur de sa femme
dans une affaire de captation de testament. C’est ce que dirent les
adversaires. Mais Caton trouva des défenseurs, et sans doute leurs arguments
sont-ils plus près de la vérité : pour Caton, le mariage était avant tout
ce qu’il fut toujours, en théorie, à Rome, un moyen d’assurer sa propre
postérité. Une fois ce devoir accompli, le reste ne compte guère, et l’on
aurait tort de céder à l’affection naturelle qui porte à aimer la mère de ses
enfants. Mais, ce qui est plus étonnant, peut être, c’est que Marcia consentit
à cet extraordinaire sacrifice…</i>» (P. Grimal. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 453).</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0in; margin-left: 28.35pt; margin-right: 16.7pt; margin-top: 0in; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: -4.6pt; text-align: justify;">
<span class="st"><span lang="FR-CA">Quoi qu’il en soit, Marcia éduqua sa fille, Porcia, dans les principes sacrés qui furent ceux de leur père.<i style="mso-bidi-font-style: normal;"> </i><span style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjDdCgwcuKcvgyOeCI9EnbFK19Cw72_LaalYYBt0032lhDj3540OfmnmAoFeIrBP0Y0rhOp13CbN-W85woJT5aOXAzLnRejHnqlAneMjdgA3zwRvgCOUuL5jMv69MFFRJQ1Gth0vG5ceoQ/h120/Fra_bartolomeo,_porzia.jpg">Porcia</a> </span></span></span><span class="st"><span lang="FR-CA"><span style="mso-bidi-font-style: normal;"><span class="st"><span lang="FR-CA">(née entre 73 et 64 av. J.-C.)</span></span> </span>avait d’abord épousé Bibulus, l’un
des chefs des Optimates, faction qui réunissait les anciens ennemis Pompée et
Caton et qui, dans la guerre civile, parvint à </span></span><span class="st"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjDdCgwcuKcvgyOeCI9EnbFK19Cw72_LaalYYBt0032lhDj3540OfmnmAoFeIrBP0Y0rhOp13CbN-W85woJT5aOXAzLnRejHnqlAneMjdgA3zwRvgCOUuL5jMv69MFFRJQ1Gth0vG5ceoQ/s1600/Fra_bartolomeo,_porzia.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjDdCgwcuKcvgyOeCI9EnbFK19Cw72_LaalYYBt0032lhDj3540OfmnmAoFeIrBP0Y0rhOp13CbN-W85woJT5aOXAzLnRejHnqlAneMjdgA3zwRvgCOUuL5jMv69MFFRJQ1Gth0vG5ceoQ/s1600/Fra_bartolomeo,_porzia.jpg" height="640" width="296" /></a>capturer une partie de la flotte
dévouée à César. Vieux et fatigué, Bibulus décéda peu après laissant Porcia veuve. Après le suicide de Caton, Porcia épousa
Brutus qui venait de divorcer d’avec sa femme, Claudia Pulchra, ce qui créa une
véritable querelle domestique entre les familles romaines. Toutes ces femmes
pratiquaient la même rigidité face à leur rôle d’épouse et de mère. Porcia
pourtant partageait autant l’amour de Brutus qu’ensemble ils ruminaient la
haine du tyran.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Plutarque raconte bien
que Porcia, s’inquiétant de la procrastination de son époux, pensa qu’il ne
lui faisait pas suffisamment confiance, qu’il craignait qu’elle ne le trahisse
sous la torture. Aussi, s’infligea-t-elle une blessure à la cuisse avec un couteau de
barbier et endura la douleur plusieurs jours afin de lui montrer ce dont elle
était capable d’endurer pour lui. C’est alors qu’elle lui dit : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Brutus, je suis fille de Caton, et je suis
entrée dans ta maison non pour être seulement compagne de ton lit et de ta
table, comme une concubine, mais pour partager avec toi et les biens et les
maux. Tu ne m’as donné, depuis mon mariage, aucun sujet de plainte; mais moi,
quelle preuve puis-je te donner de ma reconnaissance et de ma tendresse, si tu
me crois également incapable de supporter avec toi un accident qui demande le
secret, et de recevoir une confidence qui exige de la fidélité. Je sais qu’en
général on croit la femme trop faible pour garder un secret; mais, Brutus, la
bonne éducation et le commerce de personnes vertueuses ont quelque influence
sur les mœurs : or, je suis tout à la fois et fille de Caton et femme de
Brutus. Pourtant, je n’ai point si fort compté sur ce double appui, que je ne me
sois assurée d’être invincible à la douleur</i>». <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Instinctivement, Porcia retrouvait là les formules des juristes, pour
qui le mariage était “la mise en commun du droit divin et humain”</i>» (P.
Grimal. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 453). </span></span><br />
<br />
<span class="st"><span lang="FR-CA">Après le
meurtre de César et durant l’exil de Brutus, Porcia se tint cachée. On la retrouva
morte un </span></span><span class="st"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiSETDbaQddVjgZrcOXP4qm9MPnjB3uq7E-1sRw_zlLM82V1c_uRf-Bx1WXbk3LyioQs7gE03rQf9dKJCDuKmT-X98uQE-Nhjprdu0LBXlBe0ufOyiYpfE-gZadc4X4l0lgyNc2kM6PX1U/s1600/Le_Suicide_de_Porcia.JPG" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiSETDbaQddVjgZrcOXP4qm9MPnjB3uq7E-1sRw_zlLM82V1c_uRf-Bx1WXbk3LyioQs7gE03rQf9dKJCDuKmT-X98uQE-Nhjprdu0LBXlBe0ufOyiYpfE-gZadc4X4l0lgyNc2kM6PX1U/s1600/Le_Suicide_de_Porcia.JPG" height="400" width="321" /></a>matin, en l’an 42. Elle se serait <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiSETDbaQddVjgZrcOXP4qm9MPnjB3uq7E-1sRw_zlLM82V1c_uRf-Bx1WXbk3LyioQs7gE03rQf9dKJCDuKmT-X98uQE-Nhjprdu0LBXlBe0ufOyiYpfE-gZadc4X4l0lgyNc2kM6PX1U/h120/Le_Suicide_de_Porcia.JPG">empoisonnée</a> par des émanations de
monoxyde de carbone en faisant brûler du charbon. Tout de suite la légende s’empara
du fait divers et Porcia se serait suicidée en avalant des charbons ardents.
Quoi qu’il en soit, c’est avec le pseudonyme de Porcia, qu’<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhWMNXMC7nuNZSzCrE6yD4jQdJXcA3Dw68e-lkpzWEzvnM055rxMFJnwS3S4DfcGGUW7VJcWxHXUAcKXTbbPncZlivGjUGeAw7jOagcr865NKm_OMrxaUVNI-F4Z_Cs0Lb_UyWFR3NDt1g/h120/Abigail_Adams.jpg">Abigail Adams</a>, l’épouse
du révolutionnaire John Adams, signa le 4 mai 1775 la lettre qu’elle lui
envoya, craignant que les ennemis de son mari s’empare de la lettre. Cette
femme qui aimait Shakespeare et le théâtre vivait la Révolution américaine
comme une véritable pièce dramatique. De fait, si Abigail prenait le nom de la
fille de Caton, elle n’en prenait pas la tradition maritale romaine pour autant : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">En 1776, Abigail Adams écrivait à son mari
John Adams en l’avertissant que les nouvelles lois devraient bien freiner le
</i></span></span><span class="st"><span lang="FR-CA"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span class="st"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhWMNXMC7nuNZSzCrE6yD4jQdJXcA3Dw68e-lkpzWEzvnM055rxMFJnwS3S4DfcGGUW7VJcWxHXUAcKXTbbPncZlivGjUGeAw7jOagcr865NKm_OMrxaUVNI-F4Z_Cs0Lb_UyWFR3NDt1g/s1600/Abigail_Adams.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhWMNXMC7nuNZSzCrE6yD4jQdJXcA3Dw68e-lkpzWEzvnM055rxMFJnwS3S4DfcGGUW7VJcWxHXUAcKXTbbPncZlivGjUGeAw7jOagcr865NKm_OMrxaUVNI-F4Z_Cs0Lb_UyWFR3NDt1g/s1600/Abigail_Adams.jpg" height="400" width="307" /></a></span></span>“pouvoir illimité” des maris sur leurs femmes. Car, menaçait-elle, “si on n’accorde
pas aux dames une attention et un soin particuliers, nous sommes décidées à
fomenter une révolte et nous ne nous considérerons comme liées par aucune loi
dans laquelle nous n’aurons eu ni voix au chapitre, ni représentation.” Abigail
Adams adoptait la rhétorique révolutionnaire en accusant les hommes d’une forme
de tyrannie, mais John Adams répliqua sur le ton de la plaisanterie et éluda
ainsi le problème. Ce n’est que dans une lettre adressée à une de ses relations
masculines qu’il développait sa théorie selon laquelle les femmes et les
enfants, ainsi que les hommes qui ne possédaient aucun bien, manquaient d’un jugement
indépendant : “leur délicatesse les rend incapables de la pratique et de
la connaissance des grandes affaires de l’existence”</i>» (S. M. Evans. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Les Américaines, </i>Paris, Belin, 1989, p.
94). Le conservatisme de John Adams rejoignait celui des Caton, mais dans le
cas de la jeune République américaine comme de l’empire romain, les mœurs
avançaient plus vite que les idées.</span></span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: -4.6pt; text-align: justify;">
<span class="st"><span lang="FR-CA">Incapable de placer un tel esprit – celui
de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiz-8OaJSxRr97rmggeVLGpL1O5aLl1fSP2ek-SYaOnlXoB7naqb7LQMGL8nur0rIKvV-gra6mwvfzm-s96MYN77sDXI_nhRmqbNF1TIU7fHrxo6OKtDt6gzvCbZ4JfZMhjszT_nreTQSw/h120/catonu.gif">Caton d’Utique</a> – en Enfer, inaccessible au Paradis chrétien, Dante trace le
destin furieux des conservateurs de tous âges. Impossible d’être mis au ban de
la </span></span><span class="st"><span lang="FR-CA"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiz-8OaJSxRr97rmggeVLGpL1O5aLl1fSP2ek-SYaOnlXoB7naqb7LQMGL8nur0rIKvV-gra6mwvfzm-s96MYN77sDXI_nhRmqbNF1TIU7fHrxo6OKtDt6gzvCbZ4JfZMhjszT_nreTQSw/s1600/catonu.gif" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiz-8OaJSxRr97rmggeVLGpL1O5aLl1fSP2ek-SYaOnlXoB7naqb7LQMGL8nur0rIKvV-gra6mwvfzm-s96MYN77sDXI_nhRmqbNF1TIU7fHrxo6OKtDt6gzvCbZ4JfZMhjszT_nreTQSw/s1600/catonu.gif" height="400" width="275" /></a>société, ils ne domineront jamais l’esprit du monde qui les remplacera. À
cette époque de néo-conservatisme, nous sentons bien que l’esprit de Caton s’est
vidé de sa substance dans le discours et les actions des conservateurs :
ils n’ont plus aucune tradition vivante derrière eux, ne défendent plus aucun
principe inaliénable, se laissent entraîner dans des corruptions qu’ils
dénoncent d’une autre voix, nuisent plus qu’ils participent au développement de
la collectivité. Après tout, nos bourgeois conservateurs n’ont aucune éthique
comparable à celle de l’antique aristocratie romaine. Ce ne sont que des
mercenaires de la fortune et les mœurs les plus perverses les fascinent tout en
leur répugnant. En fermant les portes de la Loi, ils ouvrent les fenêtres par
lesquelles elles finissent par se diffuser dans toute la société. Comment
pourrait-on trouver un autre personnage historique aussi prisonnier de son temps,
celui de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">l’éternel transitoire</i>, comme
portier du Purgatoire?</span></span><span class="st"><span lang="FR-CA" style="font-family: "Hoefler Text Ornaments";">⌛</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: -4.6pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div align="right" class="MsoNormal" style="margin-right: -4.6pt; text-align: right;">
<span class="st"><span lang="FR-CA">Montréal</span></span></div>
<div align="right" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-right: -4.6pt; text-align: right;">
<span class="st"><span lang="FR-CA">8 septembre 2014</span></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
</div>
</div>
Coupalhttp://www.blogger.com/profile/14839226309394850656noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8942859135376014620.post-36602913444649632632014-06-29T23:42:00.000-04:002014-06-30T13:07:23.005-04:00Voyage à travers l'inconscient terrestre<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div style="text-align: justify;">
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</div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhkQE5jj8Sz2nvA2Wc5L4H0KHgo_jsut4dyul83YRgNIvh7oWoX_X150iPqiBOumtT3-BOVsSwzIZLnSRufK3zuMesEK3tITcD1KI3JLplQvBQcNoFLJ9l-LPYV0XjDplZ-kKPCk5XV2cU/s1600/001.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhkQE5jj8Sz2nvA2Wc5L4H0KHgo_jsut4dyul83YRgNIvh7oWoX_X150iPqiBOumtT3-BOVsSwzIZLnSRufK3zuMesEK3tITcD1KI3JLplQvBQcNoFLJ9l-LPYV0XjDplZ-kKPCk5XV2cU/s1600/001.jpg" height="333" width="400" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Hoefler Text Ornaments";">Jules Verne. <i>Voyage au centre de la Terre, </i>1864</span></td></tr>
</tbody></table>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
<br /></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
<b><span lang="FR-CA" style="font-size: 14.0pt; mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-size: 12.0pt;">VOYAGE À TRAVERS L'INCONSCIENT TERRESTRE</span></b></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 3.5in; text-align: justify;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhlFSRSYSg1HfnWWDerP1yOMipUfmfw1Zdbk8OpmNE64EuyNOdRtJpOqpgAG1BJFEHW9G76hIyKP6sMcVwgHBZjCH0h_Ga68ubML0VVY1oKvT52AiVLtkRs35tTYixhncg1s2DRBsmUP68/s1600/Jules_verne_cryptogramme.png" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhlFSRSYSg1HfnWWDerP1yOMipUfmfw1Zdbk8OpmNE64EuyNOdRtJpOqpgAG1BJFEHW9G76hIyKP6sMcVwgHBZjCH0h_Ga68ubML0VVY1oKvT52AiVLtkRs35tTYixhncg1s2DRBsmUP68/s1600/Jules_verne_cryptogramme.png" height="83" width="200" /></a><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-weight: bold;">Descends
dans le cratère du Yocul de Sneffels que l’ombre du Scartaris vient caresser
avant les calendes de Juillet, voyageur audacieux, et tu parviendras au centre
de la Terre. Ce que j’ai fait. Arne Saknussemm<b>.</b></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 3.5in; text-align: justify;">
<br /></div>
<div align="right" class="MsoNormal" style="margin-left: 3.5in; text-align: right;">
<span lang="FR-CA" style="font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-weight: bold;">JULES VERNE </span></div>
<div align="right" class="MsoNormal" style="margin-left: 3.5in; text-align: right;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhlFSRSYSg1HfnWWDerP1yOMipUfmfw1Zdbk8OpmNE64EuyNOdRtJpOqpgAG1BJFEHW9G76hIyKP6sMcVwgHBZjCH0h_Ga68ubML0VVY1oKvT52AiVLtkRs35tTYixhncg1s2DRBsmUP68/h120/Jules_verne_cryptogramme.png"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-weight: bold;">Voyage au centre de la Terre</span></i></a></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">Aux
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhkQE5jj8Sz2nvA2Wc5L4H0KHgo_jsut4dyul83YRgNIvh7oWoX_X150iPqiBOumtT3-BOVsSwzIZLnSRufK3zuMesEK3tITcD1KI3JLplQvBQcNoFLJ9l-LPYV0XjDplZ-kKPCk5XV2cU/h120/001.jpg">profondeurs de la Terre</a>, se trouve l’Enfer. Depuis toujours, c’est là une
certitude plus affirmée qu’il y ait </span><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiJNVgZaIfPKmuJn3Ftc7dqQyAekxq0KaPJCrw-tM8bugkRcYRjwvdi-fmDmtKTbFRamvAtd8gUoMK3ioi39brPW1JtpHReIkYyxJSiwYu8eMLOxc9o5_s37r-xFxqUJNzB6Kt2-kx8fKM/s1600/43.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiJNVgZaIfPKmuJn3Ftc7dqQyAekxq0KaPJCrw-tM8bugkRcYRjwvdi-fmDmtKTbFRamvAtd8gUoMK3ioi39brPW1JtpHReIkYyxJSiwYu8eMLOxc9o5_s37r-xFxqUJNzB6Kt2-kx8fKM/s1600/43.jpg" height="400" width="262" /></a>un Paradis au-delà du Ciel. Les montées de
lave qui débordent des caldeiras des volcans, les boues </span><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">bouillonnantes et les
geysers qui alimentent en énergie l’Islande et la Nouvelle-Zélande sont là pour
nous le rappeler. Dans la Grèce antique, l’Etna interpellait déjà la curiosité
des savants présocratiques. Le Stromboli, par son activité constante, était dit
le «phare de la Méditerranée». L’explosion d’un mégavolcan à Santorin, dans la
mer Égée, serait à l’origine d’une première catastrophe géologique à se produire
depuis le néolithique. Ce serait là la source des récits concernant
l’<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiJNVgZaIfPKmuJn3Ftc7dqQyAekxq0KaPJCrw-tM8bugkRcYRjwvdi-fmDmtKTbFRamvAtd8gUoMK3ioi39brPW1JtpHReIkYyxJSiwYu8eMLOxc9o5_s37r-xFxqUJNzB6Kt2-kx8fKM/h120/43.jpg">Atlandide</a>, voire même le Déluge biblique.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">Pour la
mythologie grecque, l’Etna n’était rien d’autre que la porte des forges du géant
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh4IynSZpDMAnzWLxpj-HDtzkT57aXh4QEy9a-2Jf3V3fjy6D9WrKYrbE9qOUjyIQ9W2wQksz1OO_X-02RMp_wlIiX_Ca1-UDARI4nDwOpplhF_J-l6Xwbf-fdV2iz77OjLOWE1NonIcKI/h120/attributed-to-pupini-biagio-bi-la-forge-de-vulcain-1880927.jpg">Vulcain</a>. Les secousses sismiques étaient les coups de marteaux frappant le métal
en fusion d'où s'échappait la lave. </span><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh4IynSZpDMAnzWLxpj-HDtzkT57aXh4QEy9a-2Jf3V3fjy6D9WrKYrbE9qOUjyIQ9W2wQksz1OO_X-02RMp_wlIiX_Ca1-UDARI4nDwOpplhF_J-l6Xwbf-fdV2iz77OjLOWE1NonIcKI/s1600/attributed-to-pupini-biagio-bi-la-forge-de-vulcain-1880927.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh4IynSZpDMAnzWLxpj-HDtzkT57aXh4QEy9a-2Jf3V3fjy6D9WrKYrbE9qOUjyIQ9W2wQksz1OO_X-02RMp_wlIiX_Ca1-UDARI4nDwOpplhF_J-l6Xwbf-fdV2iz77OjLOWE1NonIcKI/s1600/attributed-to-pupini-biagio-bi-la-forge-de-vulcain-1880927.jpg" height="185" width="400" /></a>Empédocle, le savant d’Agri-gente, esprit original, coloré et l’un
des premiers savants atomistes, se serait précipité dans le volcan. L’Etna
aurait recraché ses sandales. Tout cela est une légende et rien ne dit
sérieusement que le savant se serait rendu au bord du volcan, aurait enlevé ses
sandales avant de se précipiter dans le cratère. Entre la légende et la vérité, nous ne saurons jamais l'exactitude de ce récit.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">Empédocle
(±490-435 av. J.-C.) colligeait ses observations et ses réflexions dans des
recueils de vers. Ingénieur, philosophe, thaumaturge et poète, Empédocle aurait
été parmi les premiers présocratiques à conceptualiser les quatre éléments de
la science antique : le Feu, l’Eau, la Terre et l’Air. C’est lui qui, le
premier, aurait identifié l’air comme étant substantiel et non le vide avec
lequel on le confondait. Homme d’observation, utilisant les sens pour pénétrer
la nature,</span><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh9Gf_K-0ZXxug6PUXOWqbUIQ8RtO97k-zXhXUl__Sd99XupBj67FEhe7vuSqfpXEDbnau7jCDxfOggCV8lY2dVx-mX9J9svLgJfMMNYBGfCtSpLiWXOOfmnfPxYX4v531AvvfxjFAnP_w/s1600/clepsydre1.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh9Gf_K-0ZXxug6PUXOWqbUIQ8RtO97k-zXhXUl__Sd99XupBj67FEhe7vuSqfpXEDbnau7jCDxfOggCV8lY2dVx-mX9J9svLgJfMMNYBGfCtSpLiWXOOfmnfPxYX4v531AvvfxjFAnP_w/s1600/clepsydre1.jpg" height="376" width="400" /></a> il démontra l’existence de l’air par une simple expéri-mentation avec
la clepsydre, horloge hydrau-</span><br />
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">lique sur le modèle du sablier; un cylindre creux,
ouvert à une extrémité et se terminant à l’autre par un cône présentant une
petite ouverture à sa pointe. «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">On
utilisait la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh9Gf_K-0ZXxug6PUXOWqbUIQ8RtO97k-zXhXUl__Sd99XupBj67FEhe7vuSqfpXEDbnau7jCDxfOggCV8lY2dVx-mX9J9svLgJfMMNYBGfCtSpLiWXOOfmnfPxYX4v531AvvfxjFAnP_w/h120/clepsydre1.jpg">clepsydre</a> pour mesurer le temps en la remplissant d’eau et en
laissant celle-ci s’écouler par le petit trou situé à l’extrémité du cône.
Comme le sable du sablier, l’eau s’écoulait en un intervalle de temps mesuré.
Empédocle montra que si l’extrémité ouverte de la clepsydre était plongée dans
l’eau, tandis qu’avec un doigt on bouchait le trou de l’extrémité du cône,
l’air contenu à l’intérieur empêchait l’eau de pénétrer dans la clepsydre.
Réciproquement, l’appareil rempli, bien que renversé, ne pouvait pas se vider
tant qu’on maintenait un doigt sur le trou. La pression de l’air maintenant
l’eau à l’intérieur. Par ces expériences, il démontrait que l’air invisible
était quelque chose qui pouvait occuper un espace et exercer un pouvoir</i>»
(B. Farrington. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">La science dans
l’Antiquité, </i>Paris, Payot, Col. Petite Bibliothèque Payot, # PBP 94, s.d.,
pp. 56-57)</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">Voilà pourquoi <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjriH_IYlJ-qjCFGtmSQmnJg9x6z1FHsx6K6y73zSyF4r-TrK2gaODK03gj4MRjZ-Hoj9zE66bMuIewGXpEs4GggMzmz-4XOatrZzNkvSWoXrYzUZrVS0ZuALDffBS6IHy57PQhg3sDtKc/h120/empedocle.jpg">Empédocle</a> apparaît comme un lointain ancêtre des savants
modernes appelés à utiliser leur esprit d’observation, leurs sens, la nécessité
de l’expérimentation. L’aspect<span style="mso-spacerun: yes;">
</span>fantaisiste du philosophe a retenu l'attention des Anciens. Favorinus d’Arles dit de lui qu’«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">il s’habillait de vêtements de pourpre avec
une </i></span><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjriH_IYlJ-qjCFGtmSQmnJg9x6z1FHsx6K6y73zSyF4r-TrK2gaODK03gj4MRjZ-Hoj9zE66bMuIewGXpEs4GggMzmz-4XOatrZzNkvSWoXrYzUZrVS0ZuALDffBS6IHy57PQhg3sDtKc/s1600/empedocle.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjriH_IYlJ-qjCFGtmSQmnJg9x6z1FHsx6K6y73zSyF4r-TrK2gaODK03gj4MRjZ-Hoj9zE66bMuIewGXpEs4GggMzmz-4XOatrZzNkvSWoXrYzUZrVS0ZuALDffBS6IHy57PQhg3sDtKc/s1600/empedocle.jpg" height="400" width="308" /></a>ceinture d’or, des souliers de bronze et une couronne delphique. Il portait
des cheveux longs, se faisait suivre par des esclaves, et gardait toujours la
même gravité de visage. Quiconque le rencontrait croyait croiser un roi</i>»
(Wikipédia, entrée Empédocle). Or, Empédocle était considéré comme un
démocrate. «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Défenseur courageux de la
démocratie à Agrigente, il est contraint à l’exil par ses adversaires. Diogène
Laërce (IIe siècle apr. J.-C.) rapporte que “Aristote déclare de lui
[Empédocle] qu’il était un homme libre et dédaigneux de toute forme de pouvoir
puisqu’il refusa la royauté qui lui était offerte tant il préférait la simplicité”</i>»
(J.-Y. Frétigné. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Histoire de la Sicile, </i>Paris,
Fayard, 2009, p. 69). La démocratie en Sicile fut une occasion pour les savants
grecs d’exprimer leurs idées, de consigner leurs observations et de devenir
parmi les plus célèbres dans le monde autant pour la variété des champs de recherche
que la cueillette des résultats qui font le noyau de la science hellénique. </span><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">En tant que démocrate,
Empédocle établit les règles de la rhétorique qui devaient plus tard s’imposer
et se développer aussi bien à Athènes qu’à Rome. </span>Ces
présocratiques interrogeaient autant le cosmos que le corps
humain; autant la physique que les mythologies antiques. Leurs interprétations sont
</span><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg_UXf2tAQH-FfHRWwaAp_2uuq8roxBbiWkA6ddhURp_DEbfHJ_7eyCgh7v195Wkuflgm3gY8EsiIldTmsqwgg7sxQDZYpLYacXN-vWFN0w5eExXtybkFyDA0G1nZdGr_DyX_9lhUSaQEE/s1600/4elements1.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg_UXf2tAQH-FfHRWwaAp_2uuq8roxBbiWkA6ddhURp_DEbfHJ_7eyCgh7v195Wkuflgm3gY8EsiIldTmsqwgg7sxQDZYpLYacXN-vWFN0w5eExXtybkFyDA0G1nZdGr_DyX_9lhUSaQEE/s1600/4elements1.jpg" height="318" width="320" /></a>parfois fort étonnantes. «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Tous les êtres
et toutes les choses sont nés du mélange (la force de l’amour) et de la
séparation (la force de la haine) entre ces <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg_UXf2tAQH-FfHRWwaAp_2uuq8roxBbiWkA6ddhURp_DEbfHJ_7eyCgh7v195Wkuflgm3gY8EsiIldTmsqwgg7sxQDZYpLYacXN-vWFN0w5eExXtybkFyDA0G1nZdGr_DyX_9lhUSaQEE/h120/4elements1.jpg">quatre substances</a> originaires </i>[l’Air,
le Feu, l’Eau et la Terre]. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le monde ne
pourrait exister si l’amour prenait définitivement le dessus sur la haine ou
inversement, car, dans le premier cas, règnerait l’absolue confusion et, dans
le second, la complète séparation. Le cosmos connaît donc fort heureusement une
alternance de périodes stériles et de périodes fécondes même si, à mesure que
les éléments se mêlent davantage dans l’univers, les animaux et les hommes se
font plus harmonieux et plus viables</i>» (J.-Y. Frétigné. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ibid. </i>p. 69). Nous ne sommes pas loin du tragique freudien!</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">On devine à quel point une personnalité comme Empédocle pouvait être
attirée par le point de l’île où les </span><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjuLHG1egQl8Y75FXecTeC3FQXNn54YBIRlO5IANMbKkj6THfkVtpZfprk8sa2e9vkOLReqBkSohodbvzXh7mc059s7QSObe8Ks0hHJ-vt7xUmtEAacrUs-IUDcfuSFa5wLffjji2gsjSI/s1600/Eruzione-dellEtna.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjuLHG1egQl8Y75FXecTeC3FQXNn54YBIRlO5IANMbKkj6THfkVtpZfprk8sa2e9vkOLReqBkSohodbvzXh7mc059s7QSObe8Ks0hHJ-vt7xUmtEAacrUs-IUDcfuSFa5wLffjji2gsjSI/s1600/Eruzione-dellEtna.jpg" height="300" width="400" /></a>quatre éléments étaient les plus
suscep-tibles de se ren-</span><br />
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">contrer : la bouche de l’<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjuLHG1egQl8Y75FXecTeC3FQXNn54YBIRlO5IANMbKkj6THfkVtpZfprk8sa2e9vkOLReqBkSohodbvzXh7mc059s7QSObe8Ks0hHJ-vt7xUmtEAacrUs-IUDcfuSFa5wLffjji2gsjSI/h120/Eruzione-dellEtna.jpg">Etna</a>, dont les éruptions
intermit-</span><br />
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">tentes présen-</span><br />
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">tent de la terre réduite en liquide (lave) par le mélange
de l’Eau, de l’Air et du Feu. En tenant compte de cette cosmologie, la bouche
de l’Etna se révélait le point d’anéantissement dans <i style="mso-bidi-font-style: normal;">l’absolue confusion </i>: «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Des
masses de feu s’avancent; devant, elles roulent pêle-mêle d’informes quartiers
de roches, des nuées de sables noirs s’envolent avec fracas […] Un fleuve
tranquille laisse s’écouler ses flots […] Rien n’arrête la houle ignée, nulle
digue ne la contient</i>», écrit <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgclNVX3jEsmgLMmksq4mljhK_3IWH-X9Y9bt3J3Z6cwf_17Y8lvDlskwCRVmtjiULQdwAmZ9Dwb6FAATRWdt9wog_nrqa3gZedzlQlB-vSABuoFTgLokOb0w0TqcyUsDlPT2jbG0paan4/h120/empedocle_signorelli.jpg">Empédocle</a> (Cité in M. Krafft. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Les feux de la Terre Histoires de volcans, </i>Paris, Gallimard, Col.
Découvertes, # 113, 1991, p. 35). Une telle expérience, le menant par
fascination jusqu’à à se jeter </span><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgclNVX3jEsmgLMmksq4mljhK_3IWH-X9Y9bt3J3Z6cwf_17Y8lvDlskwCRVmtjiULQdwAmZ9Dwb6FAATRWdt9wog_nrqa3gZedzlQlB-vSABuoFTgLokOb0w0TqcyUsDlPT2jbG0paan4/s1600/empedocle_signorelli.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgclNVX3jEsmgLMmksq4mljhK_3IWH-X9Y9bt3J3Z6cwf_17Y8lvDlskwCRVmtjiULQdwAmZ9Dwb6FAATRWdt9wog_nrqa3gZedzlQlB-vSABuoFTgLokOb0w0TqcyUsDlPT2jbG0paan4/s1600/empedocle_signorelli.jpg" height="315" width="400" /></a>dans la bouche du volcan, pouvait aussi bien
signifier une rencontre expéri-</span><br />
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">mentale sur les fins dernières de l’univers qu’un
simple suicide. Quoi qu’il en soit, toute cette science contenue en un seul
homme faisait du médecin un thaumaturge; du physicien un magicien. Comme
l’écrit encore Frétigné : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Philosophe,
le terme peut sembler inadapté pour ce personnage qui jouit, de son vivant, de
la réputation d’avoir des pouvoirs magiques lui permettant de maîtriser les
forces de la nature. Cette aura mythique est corroborée par sa mort volontaire,
lorsqu’il se serait jeté dans le feu divin de l’Etna, abandonnant à la terre
ses seules sandales. Personnalité déjà extraordinaire pour les Anciens,
“Empédocle, dans les consciences modernes, où il continue à vivre, représente
l’homme antique dans sa force prométhéenne, l’initié de la nature et des
sciences secrètes qui voulut dépasser la condition humaine” </i>[J. Bollack]».</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">La forte symbolique phallique du volcan – ce pénis éjaculant du feu dans un bruit assourdissant, accompagné </span><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhknBdWkm4SpZQ06lAlLRAajTp2MngdKweUz_CxaNU8wE3D9nn8dCs9GAuxesaxVZ0ENM_zhGcDPEKzJn625MInxiRiafUs41s-TalE8tXFigVvKDR4pptu_lRGsjkX81PYI8dRFQhkyvo/s1600/Alv3c887.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhknBdWkm4SpZQ06lAlLRAajTp2MngdKweUz_CxaNU8wE3D9nn8dCs9GAuxesaxVZ0ENM_zhGcDPEKzJn625MInxiRiafUs41s-TalE8tXFigVvKDR4pptu_lRGsjkX81PYI8dRFQhkyvo/s1600/Alv3c887.jpg" height="300" width="400" /></a>d’odeur de souffre -, est présent dans
la littérature mondiale; en Occident, on en trouve des récits de Pline le Jeune racontant l’éruption fatidique du <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhknBdWkm4SpZQ06lAlLRAajTp2MngdKweUz_CxaNU8wE3D9nn8dCs9GAuxesaxVZ0ENM_zhGcDPEKzJn625MInxiRiafUs41s-TalE8tXFigVvKDR4pptu_lRGsjkX81PYI8dRFQhkyvo/h120/Alv3c887.jpg">Vésuve</a> en 79 après J.-C. au roman de Malcolm Lowry
(1909-1957), <i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiob1nKc2lcBxWa2AaqwzWf_STs4mq2Mjez8pYHb5L6Beo3YbxViAbXqNldRnxB20KxRa1zQKKeBel12N2MJc3dH0n8eUh9Qe0038rB1BRq1uNljlVyD0NU7qFSOnN7k_kHJiJH6mq6UTI/h120/1book_under_the_volcano.jpg">Under the Volcano</a> </i>(1947)
(surtout lorsqu’on sait que le manuscrit faillit périr dans un incendie). La
trame du roman pourrait fort bien apparaître comme une métaphore de la
cosmologie d’Empédocle où le métissage des éléments sous la pulsion érotique
conduit à une auto-destruction aussi bien que si elle était commandée par la
pulsion de mort qui sépare les êtres. Quoi qu'il en soit, cette fascination pour les effets </span><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiob1nKc2lcBxWa2AaqwzWf_STs4mq2Mjez8pYHb5L6Beo3YbxViAbXqNldRnxB20KxRa1zQKKeBel12N2MJc3dH0n8eUh9Qe0038rB1BRq1uNljlVyD0NU7qFSOnN7k_kHJiJH6mq6UTI/s1600/1book_under_the_volcano.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiob1nKc2lcBxWa2AaqwzWf_STs4mq2Mjez8pYHb5L6Beo3YbxViAbXqNldRnxB20KxRa1zQKKeBel12N2MJc3dH0n8eUh9Qe0038rB1BRq1uNljlVyD0NU7qFSOnN7k_kHJiJH6mq6UTI/s1600/1book_under_the_volcano.jpg" height="400" width="262" /></a>ambigus
du feu volcanique a inspiré au philosophe Gaston Bachelard (1884-1962) l'idée d'un <i style="mso-bidi-font-style: normal;">complexe d’Empédocle. </i><span style="mso-bidi-font-style: normal;">Q</span>ui est fasciné par le feu (l’appel du bûcher), la destruction [par le feu] plus qu’un changement, est perçue carrément comme un
renouvellement. D’Empédocle à Geoffrey Firmin, le consul britannique alcoolique
au Mexique du roman de Lowry, ce type de rêveur illustrerait la thèse de Bachelard. Elle rend compte également de la
synthèse des possibles pour expliquer le récit légendaire de la mort
d’Empédocle.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">Cette fascination morbide a hanté également un autre esprit, bien des
millénaires plus tard : le marquis de Sade (1740-1814). Dans sa cosmologie
personnelle où la Nature est destructrice et haineuse, tous les éléments se
mélangent pour faire un Enfer sur terre. Aussi, le phénomène volcanique a-t-il
de quoi séduire ce pervers qui jouissait de se faire péter au nez, d’où l’usage
de cantharide sur une prostituée qui l’accusa d’avoir voulu l'empoisonner. Du
phallus on glisse ici carrément à l’anus. Voilà pourquoi, dans l’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Histoire de Juliette, </i>on assiste à l’une
des scènes les plus jouissives du Divin Marquis. Un trio de tribades, Juliette,
</span><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">Clairwil </span>son éducatrice dans <i style="mso-bidi-font-style: normal;">la fortune du vice</i>, et la princesse Olympe Borghèse sont en visite à Naples et en
profitent pour s’épivarder sur les flancs du Vésuve. Comme <i style="mso-bidi-font-style: normal;">three is a crowd, </i>ce qui ordinairement ne gêne nullement Sade, devient ici l’occasion d’une autre leçon de philosophie naturelle : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Juliette et Clairwil, </i></span><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgPSWGZzpzsuCK21HHe_tgmD6u_nx0yegquTGaI9Q7PCmPvpJ_WdY2PX7VLfIEND541oQR3iiLkYM52IrmHc_iyYvIRFaaCTK0_I3Q-Ct05qNTLldC_WDJOHaFSH1rroC1tuqfG8rz-4Os/s1600/juliette+.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgPSWGZzpzsuCK21HHe_tgmD6u_nx0yegquTGaI9Q7PCmPvpJ_WdY2PX7VLfIEND541oQR3iiLkYM52IrmHc_iyYvIRFaaCTK0_I3Q-Ct05qNTLldC_WDJOHaFSH1rroC1tuqfG8rz-4Os/s1600/juliette+.jpg" height="400" width="263" /></a>lasses de leur
complice Olympe, décident de l’immoler en la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgPSWGZzpzsuCK21HHe_tgmD6u_nx0yegquTGaI9Q7PCmPvpJ_WdY2PX7VLfIEND541oQR3iiLkYM52IrmHc_iyYvIRFaaCTK0_I3Q-Ct05qNTLldC_WDJOHaFSH1rroC1tuqfG8rz-4Os/h120/juliette+.jpg">précipitant</a> dans le cratère</i>»
(P. Roger. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Sade La philosophie dans le
pressoir, </i>Paris, Grasset, Col. Théoriciens, 1976, p. 159). Après l'avoir savamment torturée, elles la
précipitent «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">dans les flammes du Vésuve,
sous le prétexte que la princesse “tenant encore à ses préjugés, susceptible
d’être convertie au premier malheur qui lui serait arrivé, […] par cette seule
faiblesse, n’était pas digne de deux femmes aussi corrompues que nous”</i>»,
et, d’ajouter Annie Le Brun : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">En
mettant prématurément fin à cette existence, Juliette et Clairwil corrigent en
quelque sorte le manque d’énergie de leur amie, accomplissant par son meurtre
l’excès devant lequel celle-ci s’est dérobée</i>» (A. Le Brun. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Soudain un bloc d’abîme, Sade, </i>Paris,
Gallimard, Col. Folio-essais, # 226, 1986, pp. 285-286). Les sens n’étant pas
assez mélangés dans le corps de la princesse méritaient d’aller se ressourcer,
comme Empédocle, au creux d’un cratère rempli de lave.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">Pourtant, la princesse Olympe Borghèse était loin d’être une perverse
passive. «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Femme très libertine, </i>écrit<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Roger G. Lacombe dans sa notice du
personnage. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Mais ce n’est pas l’amour qui
l’enflamme : “Je ne connais pas l’amour en luxure, dit-elle, je n’adopte
que la lubricité”. Elle déclare : “la plus sainte des lois de mon cœur est
le putanisme… je voudrais être prostituée, mais l’être pour fort peu d’argent.
Cette idée m’échauffe la tête à un point que je ne puis dire”. C’est elle qui
souhaite mourir sur l’échafaud : “voilà où le libertinage m’a conduite,
voilà où je veux vivre et mourir, j’en fais le </i></span><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjFsbj0sPxHqe5VQoEVVvx40EY7Uzm1pRwyfboFNR0bjJipetST3Rc8cLgg1lPWiZA9FOnrHYFkuG0K2AqU53CplOh_Uw03G88LT11bjHe_OKI9VtPiGjMbiv86BKwQhKl0S4-WIg62Hfc/s1600/88504.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjFsbj0sPxHqe5VQoEVVvx40EY7Uzm1pRwyfboFNR0bjJipetST3Rc8cLgg1lPWiZA9FOnrHYFkuG0K2AqU53CplOh_Uw03G88LT11bjHe_OKI9VtPiGjMbiv86BKwQhKl0S4-WIg62Hfc/s1600/88504.jpg" height="400" width="245" /></a>serment… je vois l’abîme, et m’y
précipite avec délices”. “Le crime est si délicieux!… je ne connais rien qui
m’échauffe comme le crime : l’amour est si bête auprès de lui… (les
crimes) que la vengeance m’a fait commettre ne paraissent pas aussi bons que
ceux de la lubricité; je chéris ceux-là plus que tout”. Et elle avoue qu’elle
brûle de se souiller d’un parricide. C’est, dit l’experte Juliette, “un être
au-dessus de tous les préjugés et souillé de tous les crimes”. Elle raconte à
Juliette comment, à douze ans, elle fut coupable d’un “infanticide affreux”, un
“infanticide exécrable”, “un meurtre prémédité dans cette espèce de délire,
dans ce décousu, divin langage de l’ivresse où nous plonge la lubricité”. Et
Juliette décrit le “libertinage effréné” de Madame Borghèse, qui avait tous les
goûts, toutes les fantaisies : “un eunuque, un hermaphrodite, un nain, une
femme de quatre-vingts ans, un dindon, un singe, un très gros dogue, une chèvre
et un petit garçon de quatre ans”</i>» (R.-G. Lacombe. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Sade et ses masques, </i>Paris, Payot, Col. Bibliothèque historique,
1974, pp. 234-235). Après un tel panégyrique, on se demande comment on peut
être susceptible d’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">être convertie par un
malheur</i>? Mais le pape <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjFsbj0sPxHqe5VQoEVVvx40EY7Uzm1pRwyfboFNR0bjJipetST3Rc8cLgg1lPWiZA9FOnrHYFkuG0K2AqU53CplOh_Uw03G88LT11bjHe_OKI9VtPiGjMbiv86BKwQhKl0S4-WIg62Hfc/h120/88504.jpg">Pie VI</a> a prévenu Juliette : Olympe est «<i>à tout moment déchirée de remords</i>», ce que confirme l'infâme Charlotte de Naples: «<i>Ton Olympe est une bégueule, son tempérament l'emporte quelquefois, mais elle est timide et poltronne : il ne faudrait qu'un coup de tonnerre pour convertir une telle femme</i>».</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">En fait, le meurtre de la princesse Borghèse a pour but de lancer un défi
à la Nature, imago de la mauvaise mère. Si Empédocle voulait se jeter au cœur
du monde où se mêlent les éléments, Clairwil et Juliette, par le sacrifice de
la princesse, confrontent le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhbLESofX5XslTVnymbe7gDFd_7iaSkLP4nEXZDOP7nw4ggWEV_aC-oXfArfLA9Uq8mOdlSysUwLcNj3WzX8B26BTABR_u6g6xqYlTKtpp4JdJtq8ao5GXsdbI9V4Y7Y3qUwc-Z0MFfvWc/h120/charles-francois-lacroix-de-marseille-l-eruption-du-ves.jpg">Vésuve</a> : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le
crime accompli, Clairwil lance au volcan un défi comparable à ceux que les
libertins adressent à la foudre : “Eh bien! S’il est vrai que cette action
outrage la nature, qu’elle se venge, elle le peut; qu’une éruption se fasse à
l’instant sous nous, qu’une </i></span><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhbLESofX5XslTVnymbe7gDFd_7iaSkLP4nEXZDOP7nw4ggWEV_aC-oXfArfLA9Uq8mOdlSysUwLcNj3WzX8B26BTABR_u6g6xqYlTKtpp4JdJtq8ao5GXsdbI9V4Y7Y3qUwc-Z0MFfvWc/s1600/charles-francois-lacroix-de-marseille-l-eruption-du-ves.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhbLESofX5XslTVnymbe7gDFd_7iaSkLP4nEXZDOP7nw4ggWEV_aC-oXfArfLA9Uq8mOdlSysUwLcNj3WzX8B26BTABR_u6g6xqYlTKtpp4JdJtq8ao5GXsdbI9V4Y7Y3qUwc-Z0MFfvWc/s1600/charles-francois-lacroix-de-marseille-l-eruption-du-ves.jpg" height="226" width="400" /></a>lave s’ouvre et nous engloutisse…” La nature reste
d’abord muette, se gardant bien de troubler les plaisirs des deux femmes,
enlacées “sur le bourrelet même du volcan”. Pourtant, à peine Clairwil a-t-elle
repris la parole pour se vanter de cette impunité qu’elle est interrompue par
le volcan : “Clairwil n’avait pas fini, qu’une nuée de pierres s’élance et
retombe en pluie autour de nous”. Est-ce la vengeance qui gronde dans le
cratère? Est-ce la réponse attendue? Dans le dialogue qui reprend entre
Juliette et son amie, cette hypothèse n’est même pas évoquée. Le discours de la
philosophie l’exclut. Des deux interprétations données lors de l’éruption,
aucune qui rapporte celle-ci à la provocation de Clairwil. Le défi est déjà
oublié. La divergence est ailleurs</i>» (P. Roger. </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="NL" style="mso-ansi-language: NL; mso-bidi-font-weight: bold;">Op.
cit. </span></i><span lang="NL" style="mso-ansi-language: NL; mso-bidi-font-weight: bold;">pp. 159-160).</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">Sade réfléchit de la même façon qu’Empédocle fasciné par
ce qui passe au creux du cratère du <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjpv1UmpBfPBS7asyyL7b-r-PwrO6-zVsVegLcf_plrNNZlvhLzSijWPb-oYH8R-0LY1YrhcHf-H_A-uPZUGHC2Ahyd-aiaZEd7qBD1F_c7X89kWy-_DGrt_quLiyvbCMvnEAfuyfPbRmY/h120/Vesuvius+Crater_7438_4.jpg">Vésuve </a>: «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le discours de Clairwil est celui de l’explication physique :
“Rien que de simple à ce phénomène. Chaque fois qu’un corps pesant tombe au
sein du volcan, en agitant les matières qui bouillonnent sans cesse au fond de
sa matrice, il détermine une légère éruption”. À ce propos scientifique,
Juliette répond sur </i></span><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjpv1UmpBfPBS7asyyL7b-r-PwrO6-zVsVegLcf_plrNNZlvhLzSijWPb-oYH8R-0LY1YrhcHf-H_A-uPZUGHC2Ahyd-aiaZEd7qBD1F_c7X89kWy-_DGrt_quLiyvbCMvnEAfuyfPbRmY/s1600/Vesuvius+Crater_7438_4.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjpv1UmpBfPBS7asyyL7b-r-PwrO6-zVsVegLcf_plrNNZlvhLzSijWPb-oYH8R-0LY1YrhcHf-H_A-uPZUGHC2Ahyd-aiaZEd7qBD1F_c7X89kWy-_DGrt_quLiyvbCMvnEAfuyfPbRmY/s1600/Vesuvius+Crater_7438_4.jpg" height="196" width="400" /></a>le mode du badinage : “Crois que tu te trompes sur la
cause de la pluie de pierres qui vient de nous inonder : elle n’est autre
que la demande que nous fait Olympe de ses habits; il faut les lui rendre”</i>».
Ce qui était fort sérieux, constitutif même de la cosmologie d’Empédocle,
devient ici pure risée de la connaissance, de la science et de la philosophie.
Ce qui était amour chez Empédocle est ramené à la seule expression de la haine,
qui, comme le disait la princesse, anime la lubricité qui rend l’amour
«bête» : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Mais derrière le
badinage, c’est une autre position face à la nature qui s’exprime. Ce n’est
pas, bien sûr, la victime immolée qui se fait entendre par cette éruption;
encore moins la voix d’une nature irritée et vengeresse. Mais ce n’est pas non
plus l’insensible nature, réduite à la neutralité du cause à effet
scientifique. La suite du texte, où cesse le dialogue, et où reprend le fil du
récit assumé par Juliette narratrice, confirme et précise le propos badin de
Juliette héroïne : “Nous déjeunâmes ensuite. Aucun bruit ne se fit
entendre; </i>le crime était consommé, la nature était satisfaite<i style="mso-bidi-font-style: normal;">” Celle qui a parlé, et qui maintenant se
tait, c’est la nature méchante que le crime met en joie</i>» (P. Roger. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 160-161).</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">Ce rot vésuvien nous dit qu’il y a du vivant au fond du cratère. Non la
princesse, bien sûr, mais une forme organique qui réagit à nos turpitudes
auxquelles elle rend hommage contre les lois des hommes. Le volcan </span><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgM-oXUf51C_1Cn01vBkdcPnemsj3yrNNckIzVxYQW_jE6t-jU4VRIuXg2WXM_xm3NbmQYazhLbnh3b3QspV6osqVPFz0useEnPDfq4H0jFgG5hgK5qQmHN9k9mlFfOAl3DoIqPtUGx5Bw/s1600/Sade-Biberstein.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgM-oXUf51C_1Cn01vBkdcPnemsj3yrNNckIzVxYQW_jE6t-jU4VRIuXg2WXM_xm3NbmQYazhLbnh3b3QspV6osqVPFz0useEnPDfq4H0jFgG5hgK5qQmHN9k9mlFfOAl3DoIqPtUGx5Bw/s1600/Sade-Biberstein.jpg" height="400" width="285" /></a>n’est ici
que la métaphore de l’inconscient des deux libertines. L’homicide tabou de la
princesse Borghèse s’adresse au Surmoi de Clairwil et Juliette. Qui ira la plus
loin dans la transgression? Lorsque l’inconscient se manifeste pendant l’amour
sapphique, il ramène les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgM-oXUf51C_1Cn01vBkdcPnemsj3yrNNckIzVxYQW_jE6t-jU4VRIuXg2WXM_xm3NbmQYazhLbnh3b3QspV6osqVPFz0useEnPDfq4H0jFgG5hgK5qQmHN9k9mlFfOAl3DoIqPtUGx5Bw/h120/Sade-Biberstein.jpg">libertines</a> à l’esprit par une pluie de roches.
Clairwil donne la réponse, avatar burlesque de la
cosmologie d’Empédocle. Sans le savoir, elle fait preuve de faiblesse aux yeux de
Juliette qui participera plus tard à son assassinat. Juliette, plus frondeuse, se moque de la Nature, c’est-à-dire à la fois du Ça qui commande le crime et du
Surmoi qui l’interdit. Mais aussi de toutes raisons raisonnantes du genre qui
constituent les sophismes de la philosophie de Sade. De fait, le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">bloc d’abîme</i> s’est enfoncé et le Néant
s’impose.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg6j31Cn1ntek5n_B_RVT2vOh90bqgG5LGsZ1uDHK342i4iL4qrzLNvYDzL8W6Y2NBmROu0ltfEl31opHxtS7Ztz9oCFdJ0Nx3MgJOBxn6OBFXRwbf6G2NOlQs1nlD3Q6__LXO2HCyT2LQ/s1600/15SP2.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg6j31Cn1ntek5n_B_RVT2vOh90bqgG5LGsZ1uDHK342i4iL4qrzLNvYDzL8W6Y2NBmROu0ltfEl31opHxtS7Ztz9oCFdJ0Nx3MgJOBxn6OBFXRwbf6G2NOlQs1nlD3Q6__LXO2HCyT2LQ/s1600/15SP2.jpg" height="228" width="320" /></a>Car l’inconscient n’est que le vase du refoulé. Avant le refoulé, il n’y
a que le néant. Sans la lutte du Ça et du Surmoi, il n’y a pas de Moi et le Moi
ne peut être libéré du néant que par l’action du refoulement. C’est la seconde
naissance, celle de la maïeutique socratique dont la «philosophie» de Sade
n’est que l’inversion destrudinale. De quoi peut accoucher un volcan? De la
lave brûlante du Vésuve qui enseveli Pompéi? De la nuée ardente qui brûla sans
</span><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjTq2IiDJ2PHUR3he7O4fgp990qH-Jbo0bhgp1xlfMC1-lCIgwdrjoTnS4ZxgcQHblctNX9HTigR64duthxCWToL5nvMMggC46HErf4Q9m1ymXhJn-NUQWij98PLm_mwsDD_JxVntp1PU4/s1600/Krakatoa_eruption_lithograph.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjTq2IiDJ2PHUR3he7O4fgp990qH-Jbo0bhgp1xlfMC1-lCIgwdrjoTnS4ZxgcQHblctNX9HTigR64duthxCWToL5nvMMggC46HErf4Q9m1ymXhJn-NUQWij98PLm_mwsDD_JxVntp1PU4/s1600/Krakatoa_eruption_lithograph.jpg" height="320" width="251" /></a>consumer <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg6j31Cn1ntek5n_B_RVT2vOh90bqgG5LGsZ1uDHK342i4iL4qrzLNvYDzL8W6Y2NBmROu0ltfEl31opHxtS7Ztz9oCFdJ0Nx3MgJOBxn6OBFXRwbf6G2NOlQs1nlD3Q6__LXO2HCyT2LQ/h120/15SP2.jpg">Saint-Pierre de la Martinique</a>? Des pluies de roches provenant de la
désintégration même du volcan comme lors de l’éruption du <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjTq2IiDJ2PHUR3he7O4fgp990qH-Jbo0bhgp1xlfMC1-lCIgwdrjoTnS4ZxgcQHblctNX9HTigR64duthxCWToL5nvMMggC46HErf4Q9m1ymXhJn-NUQWij98PLm_mwsDD_JxVntp1PU4/h120/Krakatoa_eruption_lithograph.jpg">Krakatoa</a>? Des
avalanches de boues qui proviennent d’un quelconque glacier qui coiffe le
sommet du cratère au moment de l’éruption, comme en 1985, en Colombie, lors de
l’éruption du <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiZfuEfh6cOvbCuOIRjUR9bmfjCCHq-NHeThWDdx7zY2fviyEzw-V615q8o0UFPxCrsE6AawJE1tglahw-bjjyYeWp0sEjFN7U2es-TWdZxDvzstiShJNsREDV4xhIK6dh6OL_Y1BUpnmA/h120/nevado-del-ruiz.jpg">Nevado del Ruiz</a>? Stopper le </span><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiZfuEfh6cOvbCuOIRjUR9bmfjCCHq-NHeThWDdx7zY2fviyEzw-V615q8o0UFPxCrsE6AawJE1tglahw-bjjyYeWp0sEjFN7U2es-TWdZxDvzstiShJNsREDV4xhIK6dh6OL_Y1BUpnmA/s1600/nevado-del-ruiz.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiZfuEfh6cOvbCuOIRjUR9bmfjCCHq-NHeThWDdx7zY2fviyEzw-V615q8o0UFPxCrsE6AawJE1tglahw-bjjyYeWp0sEjFN7U2es-TWdZxDvzstiShJNsREDV4xhIK6dh6OL_Y1BUpnmA/s1600/nevado-del-ruiz.jpg" height="320" width="292" /></a>refoulement et le néant déstructure l'Être. La tragédie de la pensée présocratique est que l’amour comme la haine,
l’accouplement comme la séparation, conduisent tous deux à la mort. Et c’est
cette tragédie que Freud reformulera en termes psychologiques.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">Il y a une autre possibilité, entre le mixage d’Empédocle </span><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiuuQXkGnugLe-MUcpc8Ge2kpuPAfKOCAKrGXDNJ1rvZlFdTfMF9t7mIpMs1HgDYQa3VbqyD9DaYJn63RiAjqsMCWRRutSIsQ4VoBBgWSdQJDWNQagqp6goNZL_ac-OPrvqxsfZG6WTeO8/s1600/1311279-Jules_Verne_Voyage_au_centre_de_la_Terre.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiuuQXkGnugLe-MUcpc8Ge2kpuPAfKOCAKrGXDNJ1rvZlFdTfMF9t7mIpMs1HgDYQa3VbqyD9DaYJn63RiAjqsMCWRRutSIsQ4VoBBgWSdQJDWNQagqp6goNZL_ac-OPrvqxsfZG6WTeO8/s1600/1311279-Jules_Verne_Voyage_au_centre_de_la_Terre.jpg" height="400" width="267" /></a></span>et l’explosion
sadienne : le voyage initiatique tel que proposé par Jules Verne
(1828-1905), l’auteur français des voyages extraordinaires de la fin du XIXe siècle. L’un
des premiers romans d’aventures de Jules Verne est le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Voyage au centre de la Terre </i><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>(1864). Il suit juste les <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Cinq semaines en ballon, </i>le premier roman publié l’année
précédente. Ce n’est pas le plus connu des romans de Verne tant il n’a pas la
richesse et la fougue des romans qui viendront plus tard : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Michel Strogoff, Le tour du monde en
quatre-vingts jours </i>et surtout <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Vingt
mille lieues sous les mers </i>qui reprend un peu la même démarche symbolique du <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Voyage au centre de la Terre.</i></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">Le narrateur, le jeune Axel, nous présente son oncle, le professeur Otto
Lidenbrock de Hambourg. Ce personnage hirsute tombe en possession d’un vieux
manuscrit du XIIe siècle, </span><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhxFGJDXQPi0DxGW66XXlw2nQG1f0k7kk7WnWYTwi-0VbZWpXzBCjbhhX9SSgaFWtJUNY3BVx3qV00QiEltrok4cW6arvGBr_m2SZNPM3K9X-ai2qHzKwIpzFkicFz3b-qSAQJp7oA_Vco/s1600/JulesVerne-Pic02.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhxFGJDXQPi0DxGW66XXlw2nQG1f0k7kk7WnWYTwi-0VbZWpXzBCjbhhX9SSgaFWtJUNY3BVx3qV00QiEltrok4cW6arvGBr_m2SZNPM3K9X-ai2qHzKwIpzFkicFz3b-qSAQJp7oA_Vco/s1600/JulesVerne-Pic02.jpg" height="400" width="293" /></a>l'</span><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">Heims-Kringla </i>de Snorre Turleson, </span>duquel s'échappe un message codé en runiques d’un alchimiste du XVIe siècle, Arne Saknussemm. En suivant le récit islandais du XIIe siècle, Saknussemm serait pénétré par la bouche d'un volcan, </span><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">le Snæfellsjökull, plus communément appelé le Sneffels, situé à
l’extrémité ouest de l’Islande, </span>pour se rendre jusqu'au centre de la Terre. Évidemment, Lidenbrock et Axel s’embarquent dans l'aventure. Ils se prennent un guide islandais, Hans Bjelke, et pénètrent à
l’intérieur du volcan avec l’espoir d’y trouver des passages qui permettront de refaire le trajet de Saknussemm. Comme tient à le souligner le biographe américain de
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhxFGJDXQPi0DxGW66XXlw2nQG1f0k7kk7WnWYTwi-0VbZWpXzBCjbhhX9SSgaFWtJUNY3BVx3qV00QiEltrok4cW6arvGBr_m2SZNPM3K9X-ai2qHzKwIpzFkicFz3b-qSAQJp7oA_Vco/h120/JulesVerne-Pic02.jpg">Verne</a>, H. R. Lottman, «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Son nouveau livre,
</i>Voyage au centre de la Terre, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">s’inspirait
d’une science moins visible que les explorations précédentes. Le fait que
l’auteur se permette de spéculer librement sur la nature de la planète, et que
sa recherche commence et s’achève à l’intérieur d’un volcan – thème qui allait
continuer à fasciner Verne – incita certains à voir la descente, avec ses
épreuves et son mystère, comme un voyage initiatique pour le plus jeune des
deux protagonistes</i>» (H. R. Lottman. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Jules
Verne, </i>Paris, Flammarion, 1996, p. 129).</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjH6X4zMBE1j-gMb13JMTrKtrQK5KeYBJltmzj_UJQaW1Zl20YQYKv5UlqGwDspZan-d2GQxfdKn0qgrYLGfDDXlRjhOeOTXL2tr2KbhX9bDLFrfkP-LSnyqrbNG-cTrCqk22qmQoOpONs/s1600/carte_islande1.png" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjH6X4zMBE1j-gMb13JMTrKtrQK5KeYBJltmzj_UJQaW1Zl20YQYKv5UlqGwDspZan-d2GQxfdKn0qgrYLGfDDXlRjhOeOTXL2tr2KbhX9bDLFrfkP-LSnyqrbNG-cTrCqk22qmQoOpONs/s1600/carte_islande1.png" height="516" width="640" /></a></div>
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">En effet, l’intrigue est lente à démarrer. On passe du décryptage du
texte runique à des intrigues secondaires qui font que la première partie du
roman se résume aux difficultés pour se rendre en Islande, alors possession du
Danemark. On a droit également à un cours de volcanologie 101. Contemplant une
carte de l’Islande, le professeur Lidendrock souligne la presqu’île à l’<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjH6X4zMBE1j-gMb13JMTrKtrQK5KeYBJltmzj_UJQaW1Zl20YQYKv5UlqGwDspZan-d2GQxfdKn0qgrYLGfDDXlRjhOeOTXL2tr2KbhX9bDLFrfkP-LSnyqrbNG-cTrCqk22qmQoOpONs/h120/carte_islande1.png">extrémité ouest</a> de l’Islande où est situé le Sneffels :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">« “<i style="mso-bidi-font-style: normal;">- Une sorte de presqu’île
semblable à un os décharné, que termine une énorme rotule, </i>remarque Axel.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">- La comparaison est juste, mon garçon;
maintenant, n’aperçois-tu rien sur cette rotule?</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;">- Si un mont qui semble avoir poussé en mer.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;">- Bon! c’est le Sneffels.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjkmyOFR12HPs64zZGHgckSw_yfHrCtjXD5UfUMoIzrclrqXSbPP4NNTPJjw5ljhM6FsgLYrY_VQxHd-ljJEUh_gbG1CjDXV83q8jzZC7eUGo_aLJmKsKDQf1Ozm0nC7vGmg6XbOMjT4zA/s1600/800px-Sn%C3%A6fellsj%C3%B6kullfromthesea.JPG" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjkmyOFR12HPs64zZGHgckSw_yfHrCtjXD5UfUMoIzrclrqXSbPP4NNTPJjw5ljhM6FsgLYrY_VQxHd-ljJEUh_gbG1CjDXV83q8jzZC7eUGo_aLJmKsKDQf1Ozm0nC7vGmg6XbOMjT4zA/s1600/800px-Sn%C3%A6fellsj%C3%B6kullfromthesea.JPG" height="300" width="400" /></a></div>
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;">- Le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjkmyOFR12HPs64zZGHgckSw_yfHrCtjXD5UfUMoIzrclrqXSbPP4NNTPJjw5ljhM6FsgLYrY_VQxHd-ljJEUh_gbG1CjDXV83q8jzZC7eUGo_aLJmKsKDQf1Ozm0nC7vGmg6XbOMjT4zA/h120/800px-Sn%C3%A6fellsj%C3%B6kullfromthesea.JPG">Sneffels</a>?</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;">- Lui-même, une montagne haute de cinq mille pieds, l’une des plus
remarquables de l’île, et à coup sûr la plus célèbre du monde entier, si son
cratère aboutit au centre du globe.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;">- Mais c’est impossible! m’écriai-je, haussant les épaules et révolté
contre une pareille supposition.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;">- Impossible! répondit le professeur Lidenbrock d’un ton sévère. Et
pourquoi cela?</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;">- Parce que ce cratère est évidemment obstrué par les laves, les roches
brûlantes, et qu’alors…</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;">- Et si c’est un cratère éteint?</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;">- Éteint?</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;">- Oui. Le nombre des volcans en activité à la surface du globe n’est
actuellement que de trois cents environ; mais il existe une bien plus grande
quantité de volcans éteints. Or, le Sneffels compte parmi ces derniers, et,
depuis les temps historiques, il n’a eu qu’une seule éruption, celle de 1219; à
partir de cette époque, ses rumeurs se sont apaisées peu à peu, et il n’est
plus au nombre des volcans actifs”.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;">À ces affirmations positives je n’avais absolument rien à répondre…</span></i><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;">» (J. Verne. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Voyage au centre de la Terre, </i>Paris, J. Hetzel, rééd. Livre de
poche, Col. Jules Verne, # 2029, s.d., p. 45).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;">Le Sneffels est d’une
hauteur de 1,446 mètres d’altitude et sa dernière éruption remonterait à 250
après J.-C. Comme presque tous les volcans islandais, sa caldeira est
recouverte d’un glacier. Verne surestime </span><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjJBwEMwjpNkMI0a6S9kkJnVLNhYmJ2FrF8kq_Z7GvK2ShYL8RdWScQ4dctTK5Z_bhuPlJ3LIEMTetRc0Rxj93C_J_6QV4j-uYMwe5OTnMzby64BNs9VQjPfKoCVPffcoIOgvnNXSh8qlc/s1600/800px-Iceland_Snaeffels.png" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjJBwEMwjpNkMI0a6S9kkJnVLNhYmJ2FrF8kq_Z7GvK2ShYL8RdWScQ4dctTK5Z_bhuPlJ3LIEMTetRc0Rxj93C_J_6QV4j-uYMwe5OTnMzby64BNs9VQjPfKoCVPffcoIOgvnNXSh8qlc/s1600/800px-Iceland_Snaeffels.png" height="296" width="400" /></a>donc la hauteur du Sneffels (5 000
pieds</span><br />
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;">/1,5240 m) et lui donne une éruption mil ans après la dernière
enregis-</span><br />
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;">trée. Mais là où il a raison : le volcan apparaît bien comme
éteint. Un peu à la manière de l’île de Surtsey, qui émergea de l’Atlantique, au sud-est de l'Islande, à
la suite d’une poussée volcanique en 1963, le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjJBwEMwjpNkMI0a6S9kkJnVLNhYmJ2FrF8kq_Z7GvK2ShYL8RdWScQ4dctTK5Z_bhuPlJ3LIEMTetRc0Rxj93C_J_6QV4j-uYMwe5OTnMzby64BNs9VQjPfKoCVPffcoIOgvnNXSh8qlc/h120/800px-Iceland_Snaeffels.png">Sneffels</a> semble être né sur la
côte ouest de l’Islande, se reliant à cette dernière par une péninsule, le
Snæfelisnes, que l’on voit très bien par image satellite.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;">Ce qu’il faut surtout
retenir de ce cours de volcanologie 101 donné par le professeur Lidenbrock à
Axel, c’est son aspect symbolique qui nous renvoie à Empédocle et à Sade. La
presqu’île de Snæfelisnes est présentée comme un os, une rotule, donc quelque
chose d’organique et non d’inorganique comme l’est la matière terrestre. Le
Sneffels est situé sur la rotule même. Il apparaît comme un axe entre le monde
terrestre et le monde souterrain. Le couvercle d'une marmite si l'on veut. Le volcan serait donc une porte. Mais </span><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgr9UpEoDttMgkEfqU51ZNgFNFXAbnoohfL5gZ1S5Lfd7N04i5C6jAMJm7AXHcnt6-yabcTZZ6OIyHgHk9IFWKKR-VEoHtbgksLVfRRDWolVZrV5oth3-7Lg-Iiaww-q8YgSJVrIXKPrq0/s1600/1024px-Sn%25C3%25A6fellsj%25C3%25B6kull_in_the_Morning_%25287622876302%2529.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgr9UpEoDttMgkEfqU51ZNgFNFXAbnoohfL5gZ1S5Lfd7N04i5C6jAMJm7AXHcnt6-yabcTZZ6OIyHgHk9IFWKKR-VEoHtbgksLVfRRDWolVZrV5oth3-7Lg-Iiaww-q8YgSJVrIXKPrq0/s1600/1024px-Sn%25C3%25A6fellsj%25C3%25B6kull_in_the_Morning_%25287622876302%2529.jpg" height="250" width="400" /></a>Axel
se rebelle. Cette porte doit être fermée. Comme l’incons-</span><br />
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;">cient, n’y pénètre pas
qui veut ni sans danger. Pour une fois, l’adoles-</span><br />
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;">cent lucide semble mieux averti que le
vieux savant perdu dans sa mégalomanie. Car Lidenbrock se refuse à cette hypothèse. Le volcan
est éteint. Sa lave est séchée. En suivant la crevasse, il est possible
d’atteindre le fond de la Terre, c’est-à-dire, ce qui serait dans la cosmologie
d’Empédocle et de Sade, le néant. Lidenbrock prend même les accents de Clairwil
et de Juliette quand, une fois rendu en Islande, il contourne la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgr9UpEoDttMgkEfqU51ZNgFNFXAbnoohfL5gZ1S5Lfd7N04i5C6jAMJm7AXHcnt6-yabcTZZ6OIyHgHk9IFWKKR-VEoHtbgksLVfRRDWolVZrV5oth3-7Lg-Iiaww-q8YgSJVrIXKPrq0/h120/1024px-Sn%25C3%25A6fellsj%25C3%25B6kull_in_the_Morning_%25287622876302%2529.jpg">base du volcan</a>
et lance un défi au Sneffels, comme elles en avaient lancé un au Vésuve : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Voilà donc le géant que je vais dompter</i>»
(J. Verne. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 117). Étrange
voyage que celui que nous propose-là M. Verne.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;">Voilà aussi pourquoi il met tant de temps à y parvenir. La transgression des voies interdites de
l’inconscient requière une longue préparation et les difficultés de se trouver des
guides (des thérapeutes?) sont<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>multiples.
Lorsque le moment vient de pénétrer à l’intérieur du cratère, comme si le Ciel
avertissait nos aventuriers du </span><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi0Rp6OfdFNnGC1pjw6PjxKPGIpPYYmhSy6LQEa1zlTHB0ZvU-t0FHJp2GTbRWRBXJuyx21i-3P-L-yxzEQ4odqKM4y-2zVtCA-vR8A3qPMd1aF1D_aOt5gk5zNe-q9GjIOpMt7w5h_Q90/s1600/800px-Snaefellsnes-Snaefellsj%C3%B6kull-Summit-20030529.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi0Rp6OfdFNnGC1pjw6PjxKPGIpPYYmhSy6LQEa1zlTHB0ZvU-t0FHJp2GTbRWRBXJuyx21i-3P-L-yxzEQ4odqKM4y-2zVtCA-vR8A3qPMd1aF1D_aOt5gk5zNe-q9GjIOpMt7w5h_Q90/s1600/800px-Snaefellsnes-Snaefellsj%C3%B6kull-Summit-20030529.jpg" height="300" width="400" /></a>châtiment qui les attend, une trombe s’abat sur
la monta-</span><br />
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;">gne : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Je portai mes regards
vers la plaine. Une immense colonne de pierre ponce pulvéri-</i></span><br />
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">sée, de sable et de
poussière s’élevait en tournoyant comme une trombe : le vent la rabattait
sur le flanc du Sneffels, auquel nous étions accrochés; ce rideau opaque étendu
devant le soleil produisait une grande ombre jetée sur la montagne. Si cette
trombe s’inclinait, elle devait inévitablement nous enlacer dans ses
tourbillons. Ce phénomène, assez fréquent lorsque le vent souffle des <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi0Rp6OfdFNnGC1pjw6PjxKPGIpPYYmhSy6LQEa1zlTHB0ZvU-t0FHJp2GTbRWRBXJuyx21i-3P-L-yxzEQ4odqKM4y-2zVtCA-vR8A3qPMd1aF1D_aOt5gk5zNe-q9GjIOpMt7w5h_Q90/h120/800px-Snaefellsnes-Snaefellsj%C3%B6kull-Summit-20030529.jpg">glaciers</a>,
prend le nom de “mistour” en langue islandaise</i>» (J. Verne. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 134). Comme le Vésuve
grommelant ses pierres aux provocatrices Juliette et Clairwil, ici la trombe du
glacier annonce que la transgression risque d’avoir des effets périlleux.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;">L’itinéraire des
voyageurs au centre de la Terre ressemble à une aventure spéléologique entre
stalactites et stalagmites. On suit des corridors. On s’y perd. On s’y
retrouve. On mesure régulièrement la température </span><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhewfHdrixx-Lo38QoYJC_QhlGLxEzkdp8snbZJjfHRisx0UPhKLhEFOb_baY6c3XRM3mBOQDbW7bP0TKCfr8mAAGuyVLlhT8GiXnWaP93eBpjJPnXND5iLYX0cXZYT1ijXbDdc6q_O9IU/s1600/davy.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhewfHdrixx-Lo38QoYJC_QhlGLxEzkdp8snbZJjfHRisx0UPhKLhEFOb_baY6c3XRM3mBOQDbW7bP0TKCfr8mAAGuyVLlhT8GiXnWaP93eBpjJPnXND5iLYX0cXZYT1ijXbDdc6q_O9IU/s1600/davy.jpg" height="400" width="264" /></a>qui, selon la thèse acceptée de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhewfHdrixx-Lo38QoYJC_QhlGLxEzkdp8snbZJjfHRisx0UPhKLhEFOb_baY6c3XRM3mBOQDbW7bP0TKCfr8mAAGuyVLlhT8GiXnWaP93eBpjJPnXND5iLYX0cXZYT1ijXbDdc6q_O9IU/h120/davy.jpg">Humphrey Davy</a>, devrait se refroidir plus on pénètre au fond du cratère. La croûte terrestre serait-elle
plus épaisse que prévue? Des chemins différents ne cessent de s’offrir. Lequel
prendre? On ne peut quand même pas se diviser. Puis, il semblerait que plutôt
descendre la cheminée, les voyageurs soient en pleine remontée. Une fois la parois de lave
séchée passée : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">À midi un changement
d’aspect se produisit dans les parois de la galerie. Je m’en aperçus à
l’affaiblissement de la lumière électrique réfléchie par les murailles. Au
revêtement de lave succédait la roche vive. Le massif se composait de couches
inclinées et souvent disposées verticalement. Nous étions en pleine époque de
transition, en pleine période silurienne</i>» (J. Verne. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 165). La perspicacité du jeune Axel déjoue à nouveau le
lunatique professeur. Nous remontons l’histoire de la Terre. Voici les vestiges
des premières plantes apparues sur la planète. Les voyageurs marchent sur les
traces déshydratées des plantes et des premiers animaux marins dont Axel
ramasse la coquille. La reconnaissance du célèbre trilobite finit par confirmer l’hypothèse
d’Axel.</span><br />
<br />
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;">C'est ici une maladresse du romancier d'avoir voulu suivre une démarche progressive, par ordre du plus ancien au plus récent, pour suivre la chronologie de la vie, plutôt que d'avoir usé de la démarche récurrente, c'est-à-dire, comme le souhaitaient d'Alembert et Marx, procéder par le plus récent pour régresser vers le plus ancien. Comme nous savons que le Stromboli sera le terminus de l'aventure, on peut imaginer une </span><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgxNFiKwWyB4uoVg7lPLd3m9gVDyTYXT7voPezefhKiuqz7VUKT59Nq9Cfp2F4L2kW-ka8OD2r5P2fwJqhylKATYy69-_NgIneiXi0Pwo1sbAHK9ZJiDOKdjeqwarfn7GYvw5vabJN6szg/s1600/silurien.mer.JPG" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgxNFiKwWyB4uoVg7lPLd3m9gVDyTYXT7voPezefhKiuqz7VUKT59Nq9Cfp2F4L2kW-ka8OD2r5P2fwJqhylKATYy69-_NgIneiXi0Pwo1sbAHK9ZJiDOKdjeqwarfn7GYvw5vabJN6szg/s1600/silurien.mer.JPG" height="223" width="400" /></a>échelle chronolo-</span><br />
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;">gique qui part du Sneffels (qui donne accès aux terres les plus ancien-</span><br />
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;">nes) et va du <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgxNFiKwWyB4uoVg7lPLd3m9gVDyTYXT7voPezefhKiuqz7VUKT59Nq9Cfp2F4L2kW-ka8OD2r5P2fwJqhylKATYy69-_NgIneiXi0Pwo1sbAHK9ZJiDOKdjeqwarfn7GYvw5vabJN6szg/h120/silurien.mer.JPG">Silurien</a> au Pliocène puis au Quaternaire à mesure qu'on se rapproche de l'île méditerranéenne. Imbu de la philosophie <i>whig </i>de l'histoire, Verne devait commettre une torsion qui contredisait même la perspective de pénétrer jusqu'au centre de la Terre, c'est-à-dire atteindre les limites les plus reculées de notre planète au fur et à mesure qu'on s'enfonçait dans la cheminée du volcan. Sur le coup, les lecteurs ne semblent pas s'être aperçus de cette bévue poétique.</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">La lumière électrique faisait splendidement étinceler les schistes, le
calcaire et les vieux grès rouges des parois. On aurait pu se croire dans une
tranchée ouverte au milieu du Devonshire, qui donna son nom à ce genre de
terrains. Des spécimens de marbres magnifiques revêtaient les murailles, les
uns d’un gris agate avec des veines blanches capricieusement accusées, les
autres de couleur incarnat ou d’un jaune taché de plaques rouges; plus loin,
des échantillons de grisottes à couleurs sombres, dans lesquels le calcaire se
relevait en nuances vives.</i></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;">La plupart de ces marbres offraient des empreintes d’animaux primitifs.
Depuis la veille, la création avait fait un progrès évident. Au lieu des
trilobites rudimentaires, j’apercevais </span></i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhNerRztAedUdt1rK53H-qkztIqtfYQdMbyHfHNTPtTvGdjQuvnYTy_WNvFOQE-YMk5B1-o0_m_kp5JwzHZKb7PnHpqZbefycXMgRVFIhZMcLkf_FHnKeRR5Xq4TYlZ649IDeLByRFgPI4/s1600/2861827782_small_1.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhNerRztAedUdt1rK53H-qkztIqtfYQdMbyHfHNTPtTvGdjQuvnYTy_WNvFOQE-YMk5B1-o0_m_kp5JwzHZKb7PnHpqZbefycXMgRVFIhZMcLkf_FHnKeRR5Xq4TYlZ649IDeLByRFgPI4/s1600/2861827782_small_1.jpg" height="358" width="400" /></a></span></i>des débris d’un ordre plus parfait;
entre autres, des poissons Ganoïdes et ces Sauropteris dans lesquels l’œil du
paléontologiste a su découvrir les premières formes du reptile. Les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhNerRztAedUdt1rK53H-qkztIqtfYQdMbyHfHNTPtTvGdjQuvnYTy_WNvFOQE-YMk5B1-o0_m_kp5JwzHZKb7PnHpqZbefycXMgRVFIhZMcLkf_FHnKeRR5Xq4TYlZ649IDeLByRFgPI4/h120/2861827782_small_1.jpg">mers dévoniennes</a> étaient habitées par un grand nombre d’animaux de cette espèce, et
elles les déposèrent par milliers sur les roches de nouvelle formation.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;">Il devenait évident que nous remontions l’échelle de la vie animale dont
l’homme occupe le sommet. Mais le professeur Lidenbrock ne paraissait pas y
prendre garde</span></i><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;">». (J.
Verne. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 169). </span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;">Obstiné dans sa volonté
de parvenir au centre de la Terre, qui serait le néant d’une telle aventure
insensée, Axel découvre plutôt le chemin qui les conduira tous vers la sortie
et la libération. La lente descente de la cheminée volcanique, aux parois
constituées de laves séchées et faiblement éclairée par la torche électrique,
correspond à un recès dans l<i>’inconscient terrestre</i>. La Terre, comme
l’inconscient, contient le creuset des refoulés de la vie, c’est-à-dire de
toutes ces généalogies d’unicellulaires, de végétaux et d’animaux qui ont
précédé l’arrivée de l’homme et ont mis la table à sa réussite historique
marquée par le progrès libéral tel que le professeur Lidenbrock et Axel le
conçoivent positivement. La scène qui suit, d’ailleurs, est fortement
exemplaire de cette confrontation avec le refoulé du vivant :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Après dix heures de marche, je remarquai que la réverbération de nos
lampes sur les parois diminuait singulièrement. Le marbre, le schiste, le
calcaire, le grès des murailles, faisaient place à un revêtement sombre et sans
éclat. À un moment où le tunnel devenait fort étroit, je m’appuyai sur sa paroi
gauche.</i></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;">Quand je retirai ma main, elle était entièrement noire. Je regardai de
plus près. Nous étions en pleine houillère.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;">“- Une mine de charbon! m’écriai-je.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;">[…]</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhwTZYw9jO8-7LrGa2Ll5LzgPmg0jDi8f2N8iW7HALzZ1ImliGse7nL_blptp5DzSg1pi_G2lpEB_RH02wRRJN-6z4JoDFSLj01_Kq_e9W6CYwSUrNugKCm5gK3j6KKEroC5DEYMWU15G8/s1600/Carbonif%C3%A8re.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhwTZYw9jO8-7LrGa2Ll5LzgPmg0jDi8f2N8iW7HALzZ1ImliGse7nL_blptp5DzSg1pi_G2lpEB_RH02wRRJN-6z4JoDFSLj01_Kq_e9W6CYwSUrNugKCm5gK3j6KKEroC5DEYMWU15G8/s1600/Carbonif%C3%A8re.jpg" height="400" width="263" /></a>Toute l’histoire de la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhwTZYw9jO8-7LrGa2Ll5LzgPmg0jDi8f2N8iW7HALzZ1ImliGse7nL_blptp5DzSg1pi_G2lpEB_RH02wRRJN-6z4JoDFSLj01_Kq_e9W6CYwSUrNugKCm5gK3j6KKEroC5DEYMWU15G8/h120/Carbonif%C3%A8re.jpg">période houillère</a> était écrite sur ces sombres
parois, et un géologue en pouvait suivre facilement les phases diverses. Les
lits de charbon étaient séparés par des strates de grès ou d’argile compacts,
et comme écrasés par les couches supérieures.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;">À cet âge du monde qui précéda l’époque secondaire, la terre se
recouvrit d’immenses végétations dues à la double action d’une chaleur
tropicale et d’une humidité persistante. Une atmosphère de vapeurs enveloppait
le globe de toutes parts, lui dérobant encore les rayons du soleil.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;">De là cette conclusion que les hautes températures ne provenaient pas de
ce foyer nouveau. Peut-être même l’astre du jour n’était-il pas prêt à jouer
son rôle éclatant. Les “climats” n’existaient pas encore, et une chaleur
torride se répandait à la surface entière du globe, égale à l’équateur et aux
pôles. D’où venait-elle? De l’intérieur du globe.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;">En dépit des théories du professeur Lidenbrock, un feu violent couvait
dans les entrailles du sphéroïde; son action se faisait sentir jusqu’aux
dernières couches de l’écorce terrestre; les plantes, privées des bienfaisants
effluves du soleil, ne donnaient ni fleurs ni parfums, mais leurs racines
puisaient une vie forte dans les terrains brûlants des premiers jours.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;">Il y avait peu d’arbres, des plantes herbacées seulement, d’immenses
gazons, des fougères, des lycopodes, des sigillaires, des astérophylites,
familles rares dont les espèces se comptaient alors par milliers.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhnnrZpZQcIn8cJYQPuTAnXUwYdL5fKGMOfiqBaolDIylZu28-pzR9bSGQ64bIf5DdlUqYFqlTxBXotZKDMU69rBxKDlWvmBKrY9ACFprv93WfCv4fJAgT_5R4kM9WQkLFQ7Ppdlt4RTUI/s1600/Terre_au_carbonifere.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhnnrZpZQcIn8cJYQPuTAnXUwYdL5fKGMOfiqBaolDIylZu28-pzR9bSGQ64bIf5DdlUqYFqlTxBXotZKDMU69rBxKDlWvmBKrY9ACFprv93WfCv4fJAgT_5R4kM9WQkLFQ7Ppdlt4RTUI/s1600/Terre_au_carbonifere.jpg" height="300" width="400" /></a>Or, c’est précisément à cette exubérante végétation que la houille doit
son origine. L’écorce encore élastique du globe obéissait aux mouvements de la
masse liquide qu’elle recouvrait. De là des fissures, des affaissements
nombreux. Les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhnnrZpZQcIn8cJYQPuTAnXUwYdL5fKGMOfiqBaolDIylZu28-pzR9bSGQ64bIf5DdlUqYFqlTxBXotZKDMU69rBxKDlWvmBKrY9ACFprv93WfCv4fJAgT_5R4kM9WQkLFQ7Ppdlt4RTUI/h120/Terre_au_carbonifere.jpg">plantes</a>, entraînées sous les eaux, formèrent peu à peu des amas
considérables.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;">Alors intervint l’action de la chimie naturelle : au fond des mers,
les masses végétales se firent tourbe d’abord; puis grâce à l’influence des gaz
et sous le feu de la fermentation, elles subirent une minéralisation complète</span></i><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;">» (J. Verne. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">op. cit. </i>pp. 170, 172-174).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;">Puis, Verne, poursuivant
cet exposé dont l’aspect scientifique est pour le moins douteux, ajoute un
avertissement pour le moins prophétique :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ainsi se formèrent ces immenses couches de charbon qu’une consommation
excessive doit, pourtant, épuiser en moins de trois siècles, si les peuples
industriels n’y prennent garde.</i></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;">Ces réflexions me venaient à l’esprit pendant que je considérais les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjC42_ot-qtDFRBhScJLJ_MTSzKOHzd_zgPKXeq-rE2VpwT3kHAN-UhcEaExYRUIckBmSE6NyH00jGx_AviQhtlga4ZPIsR6r_RDIxgkl5lmREMn-eYEiiuJYBuyI8gG00uoRicXaRfYzQ/h120/Exploitation-du-gaz-de-schiste-1.jpg">richesses houillères</a> </span></i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjC42_ot-qtDFRBhScJLJ_MTSzKOHzd_zgPKXeq-rE2VpwT3kHAN-UhcEaExYRUIckBmSE6NyH00jGx_AviQhtlga4ZPIsR6r_RDIxgkl5lmREMn-eYEiiuJYBuyI8gG00uoRicXaRfYzQ/s1600/Exploitation-du-gaz-de-schiste-1.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjC42_ot-qtDFRBhScJLJ_MTSzKOHzd_zgPKXeq-rE2VpwT3kHAN-UhcEaExYRUIckBmSE6NyH00jGx_AviQhtlga4ZPIsR6r_RDIxgkl5lmREMn-eYEiiuJYBuyI8gG00uoRicXaRfYzQ/s1600/Exploitation-du-gaz-de-schiste-1.jpg" height="392" width="400" /></a></span></i>accumulées dans cette portion du massif terrestre.
Celles-ci, sans doute, ne seront jamais mises à découvert. L’exploitation de
ces mines reculées demanderait des sacrifices trop considérables. À quoi bon,
d’ailleurs, quand la houille est encore répandue pour ainsi dire à la surface
de la terre dans un grand nombre de contrées? Aussi, telles je voyais ces
couches intactes, telles elles seraient lorsque sonnerait la dernière heure du
monde</span></i><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;">» (J. Verne. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ibid. </i>p. 174).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;">Ne cessant de s’enfoncer
dans les entrailles de la terre, se sentant perdu et incapable de rebrousser
chemin, quelque part sous l’océan Atlantique ou sous l’Islande, Axel, qui s’est éloigné du groupe, tombe dans un état </span><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgVQJbu4CK8hQXozjIyJXoatb5iVIO5Z0R2EvfzvbaN8QDNtZ_wVwVQJIWBfOMOdpyfmeuxygUGaOObZVRS-YSCGvFatGscQVL-QYs6ZthOQ3u1WB7V1NmXaZcFJS1ljZC0eEIZ33qrrqk/s1600/kpQwfeFGw1dZsmEsb7Jk3RuPGY4.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgVQJbu4CK8hQXozjIyJXoatb5iVIO5Z0R2EvfzvbaN8QDNtZ_wVwVQJIWBfOMOdpyfmeuxygUGaOObZVRS-YSCGvFatGscQVL-QYs6ZthOQ3u1WB7V1NmXaZcFJS1ljZC0eEIZ33qrrqk/s1600/kpQwfeFGw1dZsmEsb7Jk3RuPGY4.jpg" height="400" width="268" /></a>dépressif. Dans <i>Voyage au centre de la Terre, </i>on peut identifier trois figures de Père. Le plus ancien est aussi le plus lointain; c'est Snorri Turluson, l'auteur de l'<i>Heims Kringla </i>au XIIe siècle qui sème l'idée que l'on peut pénétrer au fond de la terre par le cratère du Sneffels. Puis vient <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgVQJbu4CK8hQXozjIyJXoatb5iVIO5Z0R2EvfzvbaN8QDNtZ_wVwVQJIWBfOMOdpyfmeuxygUGaOObZVRS-YSCGvFatGscQVL-QYs6ZthOQ3u1WB7V1NmXaZcFJS1ljZC0eEIZ33qrrqk/h120/kpQwfeFGw1dZsmEsb7Jk3RuPGY4.jpg">Arne Saknussemm</a>, qui est descendu aux enfers et est ressuscité pour nous laisser le parchemin codé. Enfin, l'oncle Lidenbrock, le «Saint-Esprit» qui ne cesse d'expliquer, d'exposer, de supposer. Il est cette raison raisonnante repoussée par la Juliette de Sade. Pour un auteur si peu religieux que Verne, il est étonnant de voir combien la Trinité agit sur Axel, le jeune héros, comme le spectre du père sur Hamlet. Mais, pas de mère? La profonde vulnérabilité où se trouve plongée Axel, éloigné du groupe, va la faire ressurgir par le moyen religieux. </span><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;">Sans doute est-ce là de ces «<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-bidi-font-weight: bold;">préjugés</span></i><span style="mso-bidi-font-weight: bold;">» qui rendaient la princesse Borghèse<i style="mso-bidi-font-style: normal;"> «susceptible d’être convertie au premier
malheur qui</i>» pu lui arriver? «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Quand
je me vis ainsi en dehors de tout secours humain, incapable de rien tenter pour
mon salut, je songeai aux secours du Ciel. Les souvenirs de mon enfance, ceux
de ma mère que je n’avais connue qu’au temps des baisers, revinrent à ma
mémoire. Je recourus à la prière, quelque peu de droits que j’eusse d’être
entendu du Dieu auquel je m’adressais si tard, et je l’implorai avec ferveur.
Ce retour vers la Providence me rendit un peu de calme, et je pus concentrer
sur ma situation toutes les forces de mon intelligence</i>» (J. Verne. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ibid. </i>p. 214). C’est le moment le plus
sombre du roman.</span></span><br />
<br />
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;"><span style="mso-bidi-font-weight: bold;">Perdu dans un labyrinthe de grottes, privé de nourriture et
épuisant son eau, bientôt la lumière s’éteint et il ne </span></span><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;"><span style="mso-bidi-font-weight: bold;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjeTpL2a8o9sPID_jZOvmAI56lVMOIfzicRpYULYQycq0Fd2ATaUHYp8u3DUR-KFLTChQ64mLXpWl6Edg6cuMMJ5GRRTBtKfaBbKMN6036paBhNvFJXeCsTgnDoDCQOyVnmVyog7efHPgU/s1600/Voyageaucentrede00vernuoft_raw_0119_1.png" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjeTpL2a8o9sPID_jZOvmAI56lVMOIfzicRpYULYQycq0Fd2ATaUHYp8u3DUR-KFLTChQ64mLXpWl6Edg6cuMMJ5GRRTBtKfaBbKMN6036paBhNvFJXeCsTgnDoDCQOyVnmVyog7efHPgU/s1600/Voyageaucentrede00vernuoft_raw_0119_1.png" height="400" width="268" /></a>peut plus qu’avancer,
sans guide, dans les dédales qui le heurtent, le blessent. Sans doute
devrait-il y trouver la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjeTpL2a8o9sPID_jZOvmAI56lVMOIfzicRpYULYQycq0Fd2ATaUHYp8u3DUR-KFLTChQ64mLXpWl6Edg6cuMMJ5GRRTBtKfaBbKMN6036paBhNvFJXeCsTgnDoDCQOyVnmVyog7efHPgU/h120/Voyageaucentrede00vernuoft_raw_0119_1.png">mort</a> puisque le monde qu’il a rencontré sous terre est
monde de morts, de fossiles et de houilles. L’irruption du sentiment religieux
devant ce néant nous indique qu’il a véritablement atteint le fond de la Terre en atteignant au désespoir. Les refoulés sont de
la matière morte, à l'image de ces fossiles végétaux et des minéraux cristallisés par
l’action d’une chaleur dont on ignore si elle provenait bien du centre de la
terre ou du soleil. Là où aujourd’hui, nous puisons nos sources </span></span><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;"><span style="mso-bidi-font-weight: bold;">énergétiques
carboniques qui obsèdent nos métropoles et leurs gouvernements toujours
assoiffés de nouvelles ressources énergétiques. De l’énergie, Axel n’en a plus.</span></span><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;"> Il faut bien avoir à
l’esprit que cette scène </span><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA;"><span style="mso-bidi-font-weight: bold;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgymjknLUFlcsGz9ToW4Ic1E26jCd4-5Q5Pr7gjl3-GV1uDMODMbp_wcnWcei0GTwQ7ZrQGfA6g3cssyzIPopuHgOPoGQ4St6qx94Ad87rFZa8ndqn0M-zf4aGusIu3ttMf8ugv7IawlNA/s1600/permian-triassic_extinction_event_1.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgymjknLUFlcsGz9ToW4Ic1E26jCd4-5Q5Pr7gjl3-GV1uDMODMbp_wcnWcei0GTwQ7ZrQGfA6g3cssyzIPopuHgOPoGQ4St6qx94Ad87rFZa8ndqn0M-zf4aGusIu3ttMf8ugv7IawlNA/s1600/permian-triassic_extinction_event_1.jpg" height="246" width="400" /></a></span></span>se passe au moment où l’équipe de voyageurs a vu sa
ration d’eau s'épuiser et réalise qu’elle s’est fourvoyée de chemin; qu’il ne
reste plus qu’à reculer en arrière. L’impasse sur laquelle ouvre l’exploration
des périodes du paléozoïque (l’ère primaire) entre le silurien et le
carbonifère, conduirait-elle, comme dans l’histoire de la nature, à la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgymjknLUFlcsGz9ToW4Ic1E26jCd4-5Q5Pr7gjl3-GV1uDMODMbp_wcnWcei0GTwQ7ZrQGfA6g3cssyzIPopuHgOPoGQ4St6qx94Ad87rFZa8ndqn0M-zf4aGusIu3ttMf8ugv7IawlNA/h120/permian-triassic_extinction_event_1.jpg">grande extinction</a> entre le permien et le trias (96% des espèces disparaissent à cette césure)? Ce n’est qu’en trouvant finalement une
nappe souterraine d’eau ferrugineuse que la descente peut se poursuivre, comme
si en s’enfonçant plus dans les profondeurs terrestres, au-delà des vestiges
les plus anciens et morts de la Terre, les voyageurs rencontreraient de
nouvelles expériences liées aux profondeurs de «l’inconscient terrestre». </span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">Est-ce un miracle? Plus exactement, l’effet <i style="mso-bidi-font-style: normal;">deus ex machina </i><span style="mso-bidi-font-style: normal;">du romancier qui </span>relance une intrigue
à bout de souffle. Car tel est l'impasse littéraire qui suit le moment
où Axel reprend conscience et entend les </span><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">voix de ses partenaires de l’autre
côté d’une paroi. Lorsqu’il reprend conscience, il est avec son oncle et </span><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjoXlxni91lreygpBJ4_Iyk9r7h9Ponr4G9SfNa403AXKTwNw7aUFoIIYpKEsFK7wsLYlsiQ8ApiNf0LeofOtzZGWJOOMmzD6374wWTvwMcZzaM2V1N5E2pyJit2gVdGo_GjAVX_gP1Wz8/s1600/article_SeaRex_Liopleurodon-N3D-Lan.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjoXlxni91lreygpBJ4_Iyk9r7h9Ponr4G9SfNa403AXKTwNw7aUFoIIYpKEsFK7wsLYlsiQ8ApiNf0LeofOtzZGWJOOMmzD6374wWTvwMcZzaM2V1N5E2pyJit2gVdGo_GjAVX_gP1Wz8/s1600/article_SeaRex_Liopleurodon-N3D-Lan.jpg" height="257" width="400" /></a></span></span>son
guide, dans une grotte immense qui contient un océan. Un océan qui reproduit la
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjoXlxni91lreygpBJ4_Iyk9r7h9Ponr4G9SfNa403AXKTwNw7aUFoIIYpKEsFK7wsLYlsiQ8ApiNf0LeofOtzZGWJOOMmzD6374wWTvwMcZzaM2V1N5E2pyJit2gVdGo_GjAVX_gP1Wz8/h120/article_SeaRex_Liopleurodon-N3D-Lan.jpg">faune aquatique</a> du </span><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">Mé-</span><br />
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">sozoïque, de l’ère secon-</span><br />
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">daire. Mer baptisée par son oncle
mer Lindenbrock. Cet mer souterraine a l’avantage de reconstituer un «morceau»
de surface terrestre. Outre le découpage que l’on retrouve
habituellement : récifs, pics, caps, rivages sablonneux, on y retrouve
également de l’air, un ciel avec des nuages et du vent. On y retrouve, grâce à
des effets électriques, de la lumière «morte», des aurores boréales et des pluies averses. Axel va
même jusqu’à écrire (p. 236) «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Il faisait
beau</i>». Mais ce ne sont-là qu’illusions. Un mirage sous la croûte
terrestre :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhkOf87nVm7c9l9L39IvntHdcz6pyyks00fPs_eQHQDcn1iTxLhdZsQhOygv-WDAueQrYqob-6ZZaCjUyVQ2QZYDMSMAcwupzwOE4AijgtZW3rF-esPP1StPS2nU1EDOKEeaGOkeQqeYnY/s1600/104.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhkOf87nVm7c9l9L39IvntHdcz6pyyks00fPs_eQHQDcn1iTxLhdZsQhOygv-WDAueQrYqob-6ZZaCjUyVQ2QZYDMSMAcwupzwOE4AijgtZW3rF-esPP1StPS2nU1EDOKEeaGOkeQqeYnY/s1600/104.jpg" height="400" width="271" /></a>«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Nous étions réellement emprisonnés
dans une énorme <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjmYAw2QKdtQewZAh4EU37hx6FXewH-6jk84N1GJDr5BeFwhIyXAcSAShJ7QizkZm4FDi3d_wGlMUiMPv6MTxuyxXBT_IJk37WTd9OLvo98rtj08ZkduqZn2uGjfMTkfza9H2dvpiDlxQA/h120/104.jpg">excavation</a>. Sa largeur, on ne pouvait la juger, puisque le
rivage allait s’élargissant à perte de vue, ni sa longueur, car le regard était
bientôt arrêté par une ligne d’horizon un peu indécise. Quant à sa hauteur,
elle devait dépasser plusieurs lieues. Où cette voûte s’appuyait sur ses
contreforts de granit, l’œil ne pouvait l’apercevoir; mais il y avait un tel
nuage suspendu dans l’atmosphère, dont l’élévation devait être estimée à deux
mille toises, altitude supérieure à celle des vapeurs terrestres, et due sans
doute à la densité considérable de l’air.</i></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">Le mot “caverne” ne rend évidemment pas ma
pensée pour peindre cet immense milieu. Mais les mots de la langue humaine ne
peuvent suffire à qui se hasarde dans les abîmes du globe</span></i><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">» (J.
Verne. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ibid. </i>pp. 236-237).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">Car là où il y a de l’eau, de l’air, de la lumière, là est la vie, ce qui
distingue ce gouffre de la houillère où Axel s’était perdu précédemment :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjmDdF7FyHHurRDDIYMVVXwxTLmtXcZdtdZb0Fy2IylAjiEbs0Gy0obBtCE4Psb5qMQCtJZvunOsW07JpLdW0_dOW_9JVZXhCtdazbBYOM_nXuS-wxV78ApOQls5J94qsOE6y4wD_vAImc/s1600/'Journey_to_the_Center_of_the_Earth'_by_%C3%89douard_Riou_38.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjmDdF7FyHHurRDDIYMVVXwxTLmtXcZdtdZb0Fy2IylAjiEbs0Gy0obBtCE4Psb5qMQCtJZvunOsW07JpLdW0_dOW_9JVZXhCtdazbBYOM_nXuS-wxV78ApOQls5J94qsOE6y4wD_vAImc/s1600/'Journey_to_the_Center_of_the_Earth'_by_%C3%89douard_Riou_38.jpg" height="400" width="270" /></a>«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Mais en ce moment mon attention
fut attirée par un spectacle inattendu. À cinq cents pas, au détour d’un haut
promontoire, une forêt haute, touffue, épaisse, apparut à nos yeux. Elle était
faite d’arbres de moyenne grandeur, taillés en <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjmDdF7FyHHurRDDIYMVVXwxTLmtXcZdtdZb0Fy2IylAjiEbs0Gy0obBtCE4Psb5qMQCtJZvunOsW07JpLdW0_dOW_9JVZXhCtdazbBYOM_nXuS-wxV78ApOQls5J94qsOE6y4wD_vAImc/h120/'Journey_to_the_Center_of_the_Earth'_by_%C3%89douard_Riou_38.jpg">parasols</a> réguliers, à contours
nets et géométriques; les courants de l’atmosphère ne semblaient pas avoir
prise sur leur feuillage, et, au milieu des souffles, ils demeuraient immobiles
comme un massif de cèdres pétrifiés</i>» (J.Verne. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ibid. </i>p. 239).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">Pour peu, nous nous retrouverions dans l’un de ces cercles où
Virgile conduit Dante en Enfer. Comme sur l’aérolithe où Tintin se retrouve
dans <i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’étoile mystérieuse, </i>les
personnages de Verne déambulent dans un champ de champignons géants. Dans ce
gouffre immense, claustrophobique, dominé par un océan souterrain, tout est hors d'atteinte. Les formes
terrestres sont amplifiées. Celles de la vie y sont démesurées. Comme dans la houillère,
précédemment, on y retrouve des vestiges …et des vertiges. Des vertiges qui annoncent que l’homme est déstabilisé devant le contenu de l’inconscient; des vestiges d’animaux toutes espèces
et toutes époques confondues :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">“ – Des ossements! m’écriai-je.
Oui, des ossements d’animaux antédiluviens!”</i></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgEmKQvZBJtQO6RbMBV1cgNUVuyDiqiFuInudfIdOhnk-yHcP7arisqCIazwx9FALaqFU6XrDIESBzie3lxE8-r3iPvcChgxeltjjBg8dOT7M77Jn9o-wfYm769czy_ltgwklZWV5t8hl4/s1600/Megatherium_americanum_Skeleton_NHM.JPG" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgEmKQvZBJtQO6RbMBV1cgNUVuyDiqiFuInudfIdOhnk-yHcP7arisqCIazwx9FALaqFU6XrDIESBzie3lxE8-r3iPvcChgxeltjjBg8dOT7M77Jn9o-wfYm769czy_ltgwklZWV5t8hl4/s1600/Megatherium_americanum_Skeleton_NHM.JPG" height="320" width="240" /></a>Je m’étais précipité sur ces débris séculaires
faits d’une substance minérale indestructi</span></i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">ble. Je mettais sans hésiter un nom à
ces os gigantesques qui ressemblaient à des troncs d’arbres desséchés.</span></i></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">“Voilà la mâchoire inférieure du mastodonte,
disais-je; voilà les molaires du dinotherium; voilà un fémur qui ne peut avoir
appartenu qu’au plus grand de ces animaux, au <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgEmKQvZBJtQO6RbMBV1cgNUVuyDiqiFuInudfIdOhnk-yHcP7arisqCIazwx9FALaqFU6XrDIESBzie3lxE8-r3iPvcChgxeltjjBg8dOT7M77Jn9o-wfYm769czy_ltgwklZWV5t8hl4/h120/Megatherium_americanum_Skeleton_NHM.JPG">megatherium</a>. Oui, c’est bien une
ménagerie, car ces ossements n’ont certainement pas été transportés jusqu’ici par
un cataclysme. Les animaux auxquels ils appartiennent ont vécu sur les rivages
de cette mer souterraine, à l’ombre de ces plantes arborescentes. Tenez,
j’aperçois des squelettes entiers…” </span></i><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">(J. Verne. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ibid. </i>pp. 242-243)</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">À ce moment, Axel comprend qu’il est dans une séquence passée de
l’histoire de la Terre. Comme un prédécesseur de la théorie de la relativité,
il nous suggère, sans le réaliser bien sûr, que plus nous nous éloignons dans
les profondeurs de «l’inconscient terrestre», plus nous nous éloignons dans le
temps, repoussés dans ces durées correspondantes à la profondeur atteinte par
les descentes des cheminées issues du Sneffels. Nous avons ici un exemple de l'effet pervers de la philosophie <i>whig </i>de l'histoire sur le romancier. Dans ces conditions, donc, les
voyageurs n’ont plus qu’à tenter de traverser cet océan souterrain. Aussi, se
fabriquent-ils un radeau.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjZNEz5C89-ClbVZ7MGO0pw70roANjWckIazh6-48P8YJNi7gHqYfovmLA0g_0GpG4SJ3VJLX2M89nxNrdsZ0A9itf7FtI0_dNnQ-TfjyWAwrOQtReIOyZzNwY3YG6KrhmuQ5B2kSJvf-A/s1600/400px-Voyageaucentrede00vernuoft_raw_0185_1.png" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjZNEz5C89-ClbVZ7MGO0pw70roANjWckIazh6-48P8YJNi7gHqYfovmLA0g_0GpG4SJ3VJLX2M89nxNrdsZ0A9itf7FtI0_dNnQ-TfjyWAwrOQtReIOyZzNwY3YG6KrhmuQ5B2kSJvf-A/s1600/400px-Voyageaucentrede00vernuoft_raw_0185_1.png" height="400" width="268" /></a></span>Dans cette mer océane donc, qui semble être apparue au moment où Axel
évoquait la douceur d’une mère trop tôt disparue, nos navigateurs vivent dans
un monde de géants. Le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjZNEz5C89-ClbVZ7MGO0pw70roANjWckIazh6-48P8YJNi7gHqYfovmLA0g_0GpG4SJ3VJLX2M89nxNrdsZ0A9itf7FtI0_dNnQ-TfjyWAwrOQtReIOyZzNwY3YG6KrhmuQ5B2kSJvf-A/h120/400px-Voyageaucentrede00vernuoft_raw_0185_1.png">radeau</a> est fait de bois pétrifiés, en <i style="mso-bidi-font-style: normal;">surtarbrandur, </i>trouvé sur place; des espèces
de pins, de sapins et autres conifères. Embraqué sur le radeau, les trois
voyageurs croisent des algues géantes, pêchent un poisson appartenant à une
espèce disparue, Pterychtis. Tous ces poissons sont aveugles. Cette pêche
miraculeuse entraîne Axel dans une série de rêves éveillés – ou plutôt de
cauchemars – à la mesure des connaissances de l’époque sur le passé de la vie
sur terre :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ainsi donc, cela paraît constant,
cette mer ne renferme que des espèces fossiles, dans lesquelles les poissons
comme les reptiles sont d’autant plus parfaits que leur création est plus
ancienne.</i></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">Peut-être rencontrerons-nous quelques-uns de
ces sauriens que la science a su refaire avec un bout d’ossement ou de
cartilage?</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">Je prends la lunette et j’examine la mer. Elle
est déserte. Sans doute nous sommes encore trop rapprochés des côtes.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjkblTj_tZEEAxdIsOAXgZC013PpOaM23VqzBRo7WHhAFm9xir9VfRkAgX_U0w5TaqZvU0juKb0XZFBekw8hkqlXb8fo9F3A-QYh5Bw4Gr3alx_GrxHl9r7G4lhng-_-D2EREHNH4p9iGo/s1600/001.png" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjkblTj_tZEEAxdIsOAXgZC013PpOaM23VqzBRo7WHhAFm9xir9VfRkAgX_U0w5TaqZvU0juKb0XZFBekw8hkqlXb8fo9F3A-QYh5Bw4Gr3alx_GrxHl9r7G4lhng-_-D2EREHNH4p9iGo/s1600/001.png" height="301" width="400" /></a></i></span>Je regarde dans les airs. Pourquoi
quelques-uns de ces <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjkblTj_tZEEAxdIsOAXgZC013PpOaM23VqzBRo7WHhAFm9xir9VfRkAgX_U0w5TaqZvU0juKb0XZFBekw8hkqlXb8fo9F3A-QYh5Bw4Gr3alx_GrxHl9r7G4lhng-_-D2EREHNH4p9iGo/h120/001.png">oiseaux</a> reconstruits par l’immortel Cuvier ne
battraient-ils pas de leurs ailes ces lourdes couches atmosphériques? Les
poissons leur fourniraient une suffisante nourriture. J’observe l’espace, mais
les airs sont inhabités comme les rivages.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">Cependant mon imagination m’emporte dans les
merveilleuses hypothèses de la paléontologie. Je <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgnIqJcdhQY8je7EWId7UYL4VUPUTvzW8pp7mi7JcarcQoAp2R9fJNA_nbavr_vPH2dCKD0QmFWerxFUIO9KSJomUD5LO_puHcQSaL_lf2Spbut_Vl5pPTVsIVGPn-YeJxT53jqZmxk3GQ/h120/040.jpg">rêve</a> tout éveillé. Je crois
voir à la surface des eaux ces énormes Chersites, ces tortues antédiluviennes,
semblables à des îlots flottants. Sur les grèves </span></i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgnIqJcdhQY8je7EWId7UYL4VUPUTvzW8pp7mi7JcarcQoAp2R9fJNA_nbavr_vPH2dCKD0QmFWerxFUIO9KSJomUD5LO_puHcQSaL_lf2Spbut_Vl5pPTVsIVGPn-YeJxT53jqZmxk3GQ/s1600/040.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgnIqJcdhQY8je7EWId7UYL4VUPUTvzW8pp7mi7JcarcQoAp2R9fJNA_nbavr_vPH2dCKD0QmFWerxFUIO9KSJomUD5LO_puHcQSaL_lf2Spbut_Vl5pPTVsIVGPn-YeJxT53jqZmxk3GQ/s1600/040.jpg" height="400" width="263" /></a>assombries passent les grands
mammifères des premiers jours, le Leptotherium, trouvé dans les cavernes du
Brésil, le Mericotherium, venu des régions glacées de la Sibérie. Plus loin, le
pachyderme Lophiodon, ce tapir gigantesque, se cache derrière les rocs, prêt à
disputer sa proie à l’Anoplotherium, animal étrange, qui tient du rhinocéros,
du cheval, de l’hippopotame et du chameau, comme si le Créateur, trop pressé
aux premières heures du monde eut réuni plusieurs animaux en un seul. Le
Mastodonte géant fait tournoyer sa trompe et broie sous ses défenses les
rochers du rivage, tandis que le Mégatherium, arc-bouté sur ses énormes pattes,
fouille la terre en éveillant par ses rugissements l’écho des granits sonores.
Plus haut, le Protopithèque, le premier singe apparu à la surface du globe,
gravit les cimes ardues. Plus haut encore, le Pterodactyle, à la main ailée,
glisse comme une large chauve-souris sur l’air comprimé. Enfin, dans les
dernières couches, des oiseaux immenses, plus puissants que le casoar, plus
grands que l’autruche, déploient leurs vastes ailes et vont donner de la tête
contre la paroi de la voûte granitique.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">Tout ce monde fossile renaît dans mon
imagination. Je me reporte aux époques bibliques de la création, bien avant la
naissance de l’homme, lorsque la terre incomplète ne pouvait lui suffire
encore. Mon rêve alors devance l’apparition des êtres animés. Les mammifères
disparaissent, puis les oiseaux, puis les reptiles de l’époque secondaire, et
enfin les poissons, les crustacés, les mollusques, les articulés. Les zoophytes
de la période de transition retournent au néant à leur tour. <b>Toute la vie de
la terre se résume en moi, et mon cœur est seul à battre dans ce monde
dépeuplé.</b> Il n’y a plus de saisons; il n’y a plus de climats; la chaleur
propre du globe s’accroît sans cesse et neutralise celle de l’astre radieux. La
végétation s’exagère. Je passe comme une ombre au milieu des fougères arborescentes,
foulant de mon pas incertain les marres irisées et les grès bigarrés du sol; je
m’appuie au tronc des conifères immenses; je me couche à l’ombre des
Sphenophylles, des Asterophylles et des Lycopodes hauts de cent pieds.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">Les siècles s’écoulent comme des jours! Je
remonte la série des transformations terrestres. Les plantes disparaissent; les
roches grantiques perdent leur pureté; l’état liquide va remplacer l’état
solide sous l’action d’une chaleur plus intense; les eaux courent à la surface
du globe; elles bouillonnent, elles se volatilisent; les vapeurs enveloppent la
terre, qui peu à peu ne forme plus qu’une masse gazeuse, portée au rouge blanc,
grosse comme le soleil et brillante comme lui.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjiEdD1ltipq-dIMaBtDk-Y2rPdb8rkhTenCwY9ZxHIsswJcxZZ61SqLq8CSQovWDgaaw5rDIlpPw4qOlXwGCvkkGFCzHCzhNo2GlAq4wfK8WPOjSiWZwckEKcWjnhZ1DEttSiiYrIk7FI/s1600/l-activite-solaire-impacte-la-terre.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjiEdD1ltipq-dIMaBtDk-Y2rPdb8rkhTenCwY9ZxHIsswJcxZZ61SqLq8CSQovWDgaaw5rDIlpPw4qOlXwGCvkkGFCzHCzhNo2GlAq4wfK8WPOjSiWZwckEKcWjnhZ1DEttSiiYrIk7FI/s1600/l-activite-solaire-impacte-la-terre.jpg" height="270" width="400" /></a>Au centre de cette <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjiEdD1ltipq-dIMaBtDk-Y2rPdb8rkhTenCwY9ZxHIsswJcxZZ61SqLq8CSQovWDgaaw5rDIlpPw4qOlXwGCvkkGFCzHCzhNo2GlAq4wfK8WPOjSiWZwckEKcWjnhZ1DEttSiiYrIk7FI/h120/l-activite-solaire-impacte-la-terre.jpg">nébuleuse</a>, quatorze cent
mille fois plus considérable que ce globe qu’elle va former un jour, je suis
entraîné dans les espaces planétaires! Mon corps se subtilise, se sublime à son
tour et se mélange comme un atome impondérable à ces immenses vapeurs qui
tracent dans l’infini leur orbite enflammée!</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">Quel rêve! Où m’emporte-t-il? Ma main
fiévreuse en jette sur le papier les étranges détails! J’ai tout oublié,et le
professeur et le guide, et le radeau! Une hallucination s’est emparée de mon
esprit…</span></i><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">» (J. Verne. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ibid. </i>pp. 258 à
262)<i>.</i></span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">Hallucination? oui, mais Axel remet à l’endroit ce que Verne, l’auteur, avait mis à l’envers. Au cœur de la Terre, Axel éprouve une résurgence animée par la mémoire de
toutes les espèces et de toutes les périodes confondues. Sauriens et mammifères
qui ne se sont jamais côtoyés se rencontrent dans cet <i>inconscient terrestre</i> qui
se traduit par un délire onirique que la raison contrôle, sans doute, mais que
les référents symboliques amplifient. Tous ces animaux sont reconnus pour leur
taille, leur force, leur puissance. Devant un océan-néant, où les
fossiles-vivants sont aveugles, les trois explorateurs sont confrontés à un
monde désorienté. Ils naviguent à l’aveuglette, se croient sous l’Écosse,
mesurent approximativement la distance parcourue par le radeau fait de bois
pétrifié. Toutes ces images renvoient à ce qu’est l’inconscient peuplé de cadavres fossilisés de refoulés, de souvenirs engloutis, de mémoires mortes.
Seule l’activité de l’Imaginaire d’Axel restitue ces mondes en les confondant.
Parce qu’ils les anticipent. Le refoulé revient avec la mère-océane.
L’inconsolable deuil de ses douces caresses se transforme en angoisse de la
castration, tant l’imago du mauvais Père se niche au creux même de l’imago de la bonne Mère. L’immensité du gouffre, l’étendue infinie de la mer souterraine,
les champignons géants, les squelettes d’animaux gigantesques réduisent Axel et
ses deux amis en êtres minuscules, insignifiants si jamais ils en venaient à
accoster au Parc Jurassique. Et la fantaisie prémonitoire d’Axel va se
réaliser.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">Un pic enfoncé dans l’océan souterrain est remonté avec des traces de
dents imprimées dans le métal. Le rêve pourrait-il ne pas être qu’un rêve, mais
se transformer en cauchemars et les animaux fantastiques se révéler des
monstres infantiles? Car les monstres qui sortent de l’inconscient sont les
seuls véritables monstres qui existent. Si des sociétés peuvent engendrer des
Tamerlan, des Hitler, des Staline ou des G. W. Bush, c’est qu’il existe un
tabou que ces individus franchissent et libèrent, comme le veut la métaphore de
la boîte de Pandore, tous ces monstres enfermés dans l’inconscient et qui les
habitent. Lorsque Axel voit l’empreinte des dents, son émoi le trouble. Et si
ces monstres rêvés existaient dans ce gouffre fermé au centre de la Terre? Dans
le journal qu’il tient de la traversée, il écrit :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjiMDEoDKQxiN5HLcU2CbnXxujT9zWJerlRJNUjZAxWjUXmlIBGPYYoStN3a0uC7K4gh9X5BggR-F9c2hyphenhyphenx7n1BAZ7Rx6U5HhvQyq3ZM4c_DHZmjNFHaFPOM5s9kkvFRslgqni5d3LTEaI/s1600/'Journey_to_the_Center_of_the_Earth'_by_%C3%89douard_Riou_43.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjiMDEoDKQxiN5HLcU2CbnXxujT9zWJerlRJNUjZAxWjUXmlIBGPYYoStN3a0uC7K4gh9X5BggR-F9c2hyphenhyphenx7n1BAZ7Rx6U5HhvQyq3ZM4c_DHZmjNFHaFPOM5s9kkvFRslgqni5d3LTEaI/s1600/'Journey_to_the_Center_of_the_Earth'_by_%C3%89douard_Riou_43.jpg" height="400" width="261" /></a>«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Je cherche à me rappeler les
instincts particuliers à ces animaux antédiluviens de l’époque secondaire, qui,
succédant aux mollusques, aux crustacés et aux poissons, précédèrent
l’apparition des mammifères sur le globe. Le monde appartenait alors aux
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjiMDEoDKQxiN5HLcU2CbnXxujT9zWJerlRJNUjZAxWjUXmlIBGPYYoStN3a0uC7K4gh9X5BggR-F9c2hyphenhyphenx7n1BAZ7Rx6U5HhvQyq3ZM4c_DHZmjNFHaFPOM5s9kkvFRslgqni5d3LTEaI/h120/'Journey_to_the_Center_of_the_Earth'_by_%C3%89douard_Riou_43.jpg">reptiles</a>. Ces monstres régnaient en maîtres dans les mers jurassiques. La
nature leur avait accordé la plus complète organisation. Quelle gigantesque
structure! quelle force prodigieuse! Les sauriens actuels, alligators ou
crocodiles, les plus gros et les plus redoutables, ne sont que des réductions
affaiblies de leurs pères des premiers âges!</i>» (J. Verne. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ibid. </i>pp. 266-267).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">Là où toutes ces bêtes se mélangeaient avec leurs successeurs
mammifériens, la pensée analytique de Axel remet de l’ordre dans ses images de
la préhistoire. Il partage les mégatheriums des dinosaures. Il reconnaît la
chaîne des évolutions animales. Il tente de se rappeler <i style="mso-bidi-font-style: normal;">les instincts particuliers à ces animaux antédiluviens. </i>Le savant
(le Moi) reprend le contrôle sur le délire nourri de l’inconscient des
angoisses infantiles, dont celui de la castration est évidemment le plus
important. Et ces monstres vont se matérialiser dans la Mère Lidenbrock :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Je frissonne à l’évocation que je
fais de ces monstres. Nul œil humain ne les a vus vivants. Ils apparurent sur
la terre mille siècles avant l’homme, mais leurs ossements fossiles, retrouvés
dans ce calcaire argileux que les Anglais nomment le lias, ont permis de les
reconstruire anatomiquement et de connaître leur colossale conformation.</i></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgBwGAw34iCeHgum_TpsJA4TXaHHp_gRLtcWFj0rs2iuDNy4_o9xNdJLNbY0WVgTBeuYyuzn4OqkJCD3C1dP9dCzNbyJf1WJhyphenhyphen4x6hYxvt4FMXUoaWYr5XW9ml-_nZY2RNu8WNHkeCddWg/s1600/tyrannosaure.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgBwGAw34iCeHgum_TpsJA4TXaHHp_gRLtcWFj0rs2iuDNy4_o9xNdJLNbY0WVgTBeuYyuzn4OqkJCD3C1dP9dCzNbyJf1WJhyphenhyphen4x6hYxvt4FMXUoaWYr5XW9ml-_nZY2RNu8WNHkeCddWg/s1600/tyrannosaure.jpg" height="285" width="400" /></a>J’ai vu au Muséum de Hambourg le squelette de
l’un de ces <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgBwGAw34iCeHgum_TpsJA4TXaHHp_gRLtcWFj0rs2iuDNy4_o9xNdJLNbY0WVgTBeuYyuzn4OqkJCD3C1dP9dCzNbyJf1WJhyphenhyphen4x6hYxvt4FMXUoaWYr5XW9ml-_nZY2RNu8WNHkeCddWg/h120/tyrannosaure.jpg">sauriens</a> qui mesurait trente pieds de longueur. Suis-je donc
destiné, moi, habitant de la terre, à me trouver face à face avec ces
représentants d’une famille antédiluvienne? Non! c’est impossible. Cependant la
marque des dents puissantes est gravée sur la barre de fer, et à leur
empreinte, je reconnais qu’elles sont coniques comme celles du crocodile.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">Mes yeux se fixent avec effroi sur la mer. Je
crains de voir s’élancer l’un de ces habitants des cavernes sous-marines</span></i><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">» (J.
Verne. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ibid. </i>p. 267).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">De l’inconscient de la terre, comme de celui des hommes, les figures
privilégiés de monstres renvoient à l’image du Père primitif, c’est-à-dire le
mauvais père, celui qui tourmente et castre ses enfants. C’est ainsi </span><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgbHuVRUDKXIbdODrV817YqguTGnCpYdkP8Z_Anq_WFU3eGQ0qQ-957ulXDXVotTiSPDZrhTHGDAX7nJxmLehH931GX5kbLI_LyPeorxAY76CTYBugbYQ7WE8ANSZW1InHOLAHBFhpC4wE/s1600/400_F_9946850_D1Gif7tzHZg2dzqNrMZvnurGuO4lni8q.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgbHuVRUDKXIbdODrV817YqguTGnCpYdkP8Z_Anq_WFU3eGQ0qQ-957ulXDXVotTiSPDZrhTHGDAX7nJxmLehH931GX5kbLI_LyPeorxAY76CTYBugbYQ7WE8ANSZW1InHOLAHBFhpC4wE/s1600/400_F_9946850_D1Gif7tzHZg2dzqNrMZvnurGuO4lni8q.jpg" height="240" width="320" /></a>que la
fantaisie ultérieure n’a cessé de représenter les dinosaures, en particulier
les carnivores. Allosaurus et Tyrannosaurus Rex s’opposent à l’image quasi
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgbHuVRUDKXIbdODrV817YqguTGnCpYdkP8Z_Anq_WFU3eGQ0qQ-957ulXDXVotTiSPDZrhTHGDAX7nJxmLehH931GX5kbLI_LyPeorxAY76CTYBugbYQ7WE8ANSZW1InHOLAHBFhpC4wE/h120/400_F_9946850_D1Gif7tzHZg2dzqNrMZvnurGuO4lni8q.jpg">maternelle</a> associée aux herbivores, Brontosaurus, Diploducus et Brachiosaurus.
Ceux-ci <i style="mso-bidi-font-style: normal;">mangent</i> constamment pour
nourrir un corps de plusieurs tonnes, tandis que les seconds les <i style="mso-bidi-font-style: normal;">dévorent</i>. La série filmée des <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Jurassik Park </i>reprend ces
identifications et, par le fait même, poursuivt une association infantile qui
remonte à Jules Verne au moins.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">Comme ils sont sur mer, c’est donc aux dinosaures marins que Hans, Axel
et l’oncle Lidenbrock vont se </span><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhATMFxPqzI3TIrm9Gwsyv3BtgBkomsM2heJQqbCzA7g6rha9cp8Jpg9pCYNCRYO6Jeet063m0QiOJfr97DpMVuPn1vqmKQLtfEwH99rjiMPNmwh1yp9JDP8Jwf19UTwxtQWNcfjOUTO_o/s1600/Pl%C3%A9siosaure_Jules+Verne.JPG" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhATMFxPqzI3TIrm9Gwsyv3BtgBkomsM2heJQqbCzA7g6rha9cp8Jpg9pCYNCRYO6Jeet063m0QiOJfr97DpMVuPn1vqmKQLtfEwH99rjiMPNmwh1yp9JDP8Jwf19UTwxtQWNcfjOUTO_o/s1600/Pl%C3%A9siosaure_Jules+Verne.JPG" height="365" width="400" /></a></span>trouver confronter à l’ichythyosaurus et au
plesio-</span><br />
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">saurus. Ces monstres, comme des serpents de mer, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhATMFxPqzI3TIrm9Gwsyv3BtgBkomsM2heJQqbCzA7g6rha9cp8Jpg9pCYNCRYO6Jeet063m0QiOJfr97DpMVuPn1vqmKQLtfEwH99rjiMPNmwh1yp9JDP8Jwf19UTwxtQWNcfjOUTO_o/h120/Pl%C3%A9siosaure_Jules+Verne.JPG">soulèvent le radeau</a>.
Bientôt, nos naviga-</span><br />
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">teurs improvisés s’aperçoi-</span><br />
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">vent qu’ils sont pris au beau
milieu d’un combat entre les deux monstres marins. Une fois l’ichythyosaurus
vainqueur, ce dernier ne s’en prend pas aux navigateurs mais retourne dans sa
caverne, dans les fonds marins. C’est bien simple : pour ce monde englouti, la vie humaine n’existe pas. Tout comme dans l’inconscient, le Sujet est inexistant.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">Enfin, au milieu de l’océan souterrain, nos héros voient jaillir une
puissante colonne d’eau. Au départ, ils pensent à une sorte de baleine immense,
terrifiante; mais ce n’est qu’un îlot </span><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhcHeZu6Ygnc8ERfruTicp1KzPuLLFvNHCWqLVErTsOKaAJzBlPbVYU-t1dgDk5mwHSc_anCNQJxthu8B2VJn_Yqo6vHz9l273XxpwpvYlYDLFmQl0P8zFkOxaSc110QhfOFxtEQOge2Q8/s1600/1311304-Jules_Verne_Voyage_au_centre_de_la_Terre.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhcHeZu6Ygnc8ERfruTicp1KzPuLLFvNHCWqLVErTsOKaAJzBlPbVYU-t1dgDk5mwHSc_anCNQJxthu8B2VJn_Yqo6vHz9l273XxpwpvYlYDLFmQl0P8zFkOxaSc110QhfOFxtEQOge2Q8/s1600/1311304-Jules_Verne_Voyage_au_centre_de_la_Terre.jpg" height="400" width="263" /></a>volcanique et le jet d’eau s’avère être
un <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhcHeZu6Ygnc8ERfruTicp1KzPuLLFvNHCWqLVErTsOKaAJzBlPbVYU-t1dgDk5mwHSc_anCNQJxthu8B2VJn_Yqo6vHz9l273XxpwpvYlYDLFmQl0P8zFkOxaSc110QhfOFxtEQOge2Q8/h120/1311304-Jules_Verne_Voyage_au_centre_de_la_Terre.jpg">geyser</a> qui, comme tout le reste dans ce voyage, est amplifié jusqu’à la
démesure. Démesuré, également, l’orage qui suit et qui agite le radeau jusqu’à
l’envoyer s’échouer sur les écueils et projeter les voyageurs sur le rivage de
la mer. C’est à peine croyable qu’à travers toutes ces aventures pour le moins
agitées, le trio ait pu survivre sur ce qui restait de rations. Maintenant, ils
se retrouvent gros jean comme devant. N’empêche, il faut avancer. Lidenbrock
qui, comme Juliette, a osé défier le Sneffels, revient à son obsession :
«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ah! la fatalité me joue de pareils
tours! L’air, le feu et l’eau combinent leurs efforts pour s’opposer à mon
passage! Eh bien! l’on saura ce que peut ma volonté. Je ne céderai pas, je ne
reculerai pas d’une ligne, et nous verrons qui l’emportera de l’homme ou de la
nature!</i>» (J. Verne. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ibid. </i>p.
299). Les motivations prométhéennes de Lidenbrock ne tiennent nullement compte de
sa propre sécurité ni de celle de son neveu Axel et de son guide Hans. C’est un
combat entre lui – l’homme – et la nature. Cet esprit bourgeois, fier et
insolent, annonce qu’aucun secret de la nature, de l’inconscient, ne lui
résistera. Pas plus qu’il n’écoutera les mises en garde de son neveu qui, seul,
semble avoir conservé sa raison.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">Le voyage continue. Axel et Lidenbrock explorent le rivage pendant que
Hans répare le radeau : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’espace
compris entre les relais de la mer et le pied des contreforts était fort large.
On pouvait marcher une demi-heure avant d’arriver à la paroi des rochers. Nos
pieds écrasaient d’innombrables coquillages de toutes formes et de toutes
grandeurs, où vécurent les animaux des premières époques. J’apercevais aussi
d’énormes carapaces dont le diamètre dépassait souvent quinze pieds. Elles
avaient appartenu à ces gigantesques glyptodons de la période pliocène dont la
tortue moderne n’est plus qu’une petite réduction. En outre le sol était semé
d’une grande quantité de débris pierreux, sortes de galets arrondis par la lame
et rangés en lignes successives. Je fus donc conduit à faire cette remarque,
que la mer devait autrefois occuper cet espace. Sur les rocs épars et maintenant
hors de ses atteintes, les flots avaient laissé des traces évidentes de leur
passage</i>» (J. Verne. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ibid. </i>p.
301). L’impression laissé par ce passage, outre le fait que nos explorateurs
ont quitté la couche mésozoïque pour atteindre celle du Cénozoïque, ressemble à
n’importe quel compte-rendu d’un paléontologue foulant sur terre les vestiges
fossiles.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">Mais ce serait là une erreur. En fait Lidenbrock et son neveu ont atteint
le fond de l’inconscient terrestre :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Nous avancions difficilement sur
ces cassures de granit, mélangées de silex, de quartz et de dépôts
alluvionnaires, lorsqu’un champ, plus qu’un champ, une plaine d’ossements
apparut à nos regards. On eût dit un cimetière immense, où les générations de
vingt siècles confondaient leur éternelle poussière. De hautes extumescences de
débris s’étageaient au loin. Elles ondulaient jusqu’aux limites de l’horizon et
s’y perdaient dans une brume fondante. Là, sur trois milles carrés peut-être,
s’accumulait toute l’histoire de la vie animale, à peine écrite dans les
terrains trop récents du monde habité.</i></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">Cependant, une impatiente curiosité nous
entraînait. Nos pieds écrasaient avec un bruit sec les restes de ces animaux
anté-historiques, et ces fossiles dont les muséums des grandes cités se
disputent les rares et intéressants débris. L’existence de mille Cuvier
n’aurait pas suffi à recomposer les squelettes des êtres organiques couchés
dans ce magnifique ossuaire.</span></i></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhlLlts79shXP7-57VnaUqKB8AYVVoDEBQLzzdoBntJpmkXaygkvL-m0NWh7Uykb2jkXe_9PD27T9t-QhQbMIlFUzqGUAR-lE3N-7tqMp_jaHILda407YCcFPshw-cZEgNZrHQ-jjdkpLU/s1600/400px-Voyageaucentrede00vernuoft_raw_0193_1.png" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhlLlts79shXP7-57VnaUqKB8AYVVoDEBQLzzdoBntJpmkXaygkvL-m0NWh7Uykb2jkXe_9PD27T9t-QhQbMIlFUzqGUAR-lE3N-7tqMp_jaHILda407YCcFPshw-cZEgNZrHQ-jjdkpLU/s1600/400px-Voyageaucentrede00vernuoft_raw_0193_1.png" height="400" width="268" /></a>J’étais stupéfait. Mon oncle avait <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhlLlts79shXP7-57VnaUqKB8AYVVoDEBQLzzdoBntJpmkXaygkvL-m0NWh7Uykb2jkXe_9PD27T9t-QhQbMIlFUzqGUAR-lE3N-7tqMp_jaHILda407YCcFPshw-cZEgNZrHQ-jjdkpLU/h120/400px-Voyageaucentrede00vernuoft_raw_0193_1.png">levé ses grands bras</a> vers l’épaisse voûte qui nous servait de ciel. Sa bouche ouverte
démesurément, ses yeux fulgurants sous la lentille de ses lunettes, sa tête
remuant de haut en bas, de gauche à droite, toute sa posture enfin dénotait un
étonnement sans borne. Il se trouvait devant une inappréciable collection de
Leptotherium, de Mericotherium, de Lophodions, d’Anoplotherium, de Megatherium,
de Mastodontes, de Protopithèques, de Ptérodactyles, de tous les monstres
antédiluviens entassés pour sa satisfaction personnelle. Qu’on se figure une
bibliomane passionné transporté tout à coup dans cette fameuse bibliothèque
d’Alexandrie brûlée par Omar et qu’un miracle aurait fait renaître de ses
cendres! Tel était mon oncle le professeur Lidenbrock.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">Mais ce fut un bien autre émerveillement,
quand, courant à travers cette poussière organique, il saisit un crâne dénudé,
et s’écria d’une voix gémissante :</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">“Axel! Axel! Une tête humaine!”</span></i><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">» (J.
Verne. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ibid. </i>pp. 303-305).</span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">Ce foisonnement indistinct d’espèces bigarrées dans le rêve éveillé
d’Axel et qui ne cessait depuis de susciter sa hantise des monstres
préhistoriques se révèle maintenant pour ce qu’il est : une réalité morte.
Et l’homme qui, dans l’idéologie du progrès véhiculée par Lidenbrock et Axel
trône sur la succession du vivant, trône sur ce cimetière où se sont accumulées toutes les espèces, mêlées,
de la préhistoire. Que nous révèle donc l’inconscient terrestre? Que le refoulé
est de la matière morte. Des désirs sans vie, des angoisses pétrifiées, des
ressentiments morbides, des convoitises pourrissantes. Dans la réalité, ce ne
sont plus que des spectres, des mirages, des fantômes, des illusions perdues.
Vaincre la nature, pour Lidenbrock, c’est trôner au sommet de ce cimetière
qu’est l’inconscient terrestre. Mais cela, Verne ne dit pas qu’il en fut
véritablement conscient.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">Le crâne perdu dans l’ensemble des ossements antédiluviens n’est qu’un
présage du sort de l’espèce comme de toutes les autres : </span><br />
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"></span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">On comprendra donc les
stupéfactions et les joies de mon oncle, surtout quand, vingt pas plus loin, il
se trouva en présence, on peut dire face à face, avec un des spécimens de
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiuZ4CGUnGZi6r5qseTuRejtkLdqSPxPgLCoJT5Wqz7517yWz9xn33nX5phOxAyHIRzZgJnQp5UoE-s51V-9P6OEF9vny-_2Qrq4JAZDQHI0Biq7LPf4t-3Y4Wels-YR5QhzarcgcSdLbQ/h120/'Journey_to_the_Center_of_the_Earth'_by_%C3%89douard_Riou_48.jpg">l’homme quaternaire</a>.</i></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiuZ4CGUnGZi6r5qseTuRejtkLdqSPxPgLCoJT5Wqz7517yWz9xn33nX5phOxAyHIRzZgJnQp5UoE-s51V-9P6OEF9vny-_2Qrq4JAZDQHI0Biq7LPf4t-3Y4Wels-YR5QhzarcgcSdLbQ/s1600/'Journey_to_the_Center_of_the_Earth'_by_%C3%89douard_Riou_48.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiuZ4CGUnGZi6r5qseTuRejtkLdqSPxPgLCoJT5Wqz7517yWz9xn33nX5phOxAyHIRzZgJnQp5UoE-s51V-9P6OEF9vny-_2Qrq4JAZDQHI0Biq7LPf4t-3Y4Wels-YR5QhzarcgcSdLbQ/s1600/'Journey_to_the_Center_of_the_Earth'_by_%C3%89douard_Riou_48.jpg" height="400" width="262" /></a>C’était un corps humain absolument
reconnaissable. Un sol d’une nature particulière, comme celui du cimetière
Saint-Michel, à Bordeaux, l’avait-il ainsi conservé pendant des siècles? je ne
saurais le dire. Mais ce cadavre, la peau tendue et parcheminée, les membres
encore moelleux – à la vue du moins -, les dents intactes, la chevelure
abondante, les ongles des mains et des orteils d’une grandeur effrayante, se
montrait à nos yeux tel qu’il avait vécu.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">J’étais muet devant cette apparition d’un
autre âge. Mon oncle, si loquace, si impétueusement discoureur d’habitude, se
taisait aussi. Nous avions soulevé ce corps. Nous l’avions redressé. Il nous
regardait avec ses orbites caves. Nous palpions son torse sonore</span></i><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">» (J.
Verne. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ibid. </i>p. 308).</span></div>
</blockquote>
<div style="text-align: justify;">
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</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">Pour une fois, «ll'Esprit-Saint» semble sans voix devant la découverte traumatisante : l'homme n'est qu'un échantillon parmi cette foule d'ossements inattendue. Comme le Surmoi est sans voix devant le refoulé, là même où ses discours, qu'ils soient d'ordre moral, philosophique, scientifique ou psychologique, ne parviennent pas à pénétrer et à agir comme sur le monde extérieur, et sont condamnés pour leurs «préjugés», comme la princesse Borghèse, à être balancés au creux du néant. Cet homme momifié par le processus de décomposition propre au gouffre souterrain annonce l'avant-dernière étape de l'évolution de la vie sur Terre. Plus que Lidenbrock et Axel avancent, plus ils pénètrent dans le monde «artificiel» où cet homme a vécu, et où il vit encore, peut-être? :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">C’était la végétation de l’époque
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhilX77Twp3uG8eLazcZICUgrLsMcZcV25B7pecm-481G-YWbKEN6ruh0htoNGv8eCgv72ep-YtqjLkmSR75yYymL1sePdNspNcf5wFxMnseA6NbelxofVsQuyQxniTJ-opjRQ82E7ceMc/h120/01.wir.skyrock.net.jpg">tertiaire</a> dans toute sa magnificence. De grands palmiers, d’espèces aujourd’hui
disparues, de superbes palmacites, des pins, des ifs, des cyprès, des thuyas,
représentaient la famille des conifères, et se reliaient entre eux par un
</i></span><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhilX77Twp3uG8eLazcZICUgrLsMcZcV25B7pecm-481G-YWbKEN6ruh0htoNGv8eCgv72ep-YtqjLkmSR75yYymL1sePdNspNcf5wFxMnseA6NbelxofVsQuyQxniTJ-opjRQ82E7ceMc/s1600/01.wir.skyrock.net.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhilX77Twp3uG8eLazcZICUgrLsMcZcV25B7pecm-481G-YWbKEN6ruh0htoNGv8eCgv72ep-YtqjLkmSR75yYymL1sePdNspNcf5wFxMnseA6NbelxofVsQuyQxniTJ-opjRQ82E7ceMc/s1600/01.wir.skyrock.net.jpg" height="153" width="400" /></a>réseau de lianes inextricables. Un tapis de mousses et d’hépathiques revêtait
moelleusement le sol. Quelques ruisseaux murmuraient sous ces ombrages, peu
dignes de ce nom, puisqu’ils ne produisaient pas d’ombre. Sur leurs bords
croissaient des fougères arborescentes semblables à celles des serres chaudes
du globe habité. Seulement, la couleur manquait à ces arbres, à ces arbustes, à
ces plantes privées de la vivifiante chaleur du soleil. Tout se confondait dans
une teinte uniforme, brunâtre et comme passée. Les feuilles étaient dépourvues
de leur verdeur, et les fleurs elles-mêmes, si nombreuses à cette époque
tertiaire qui les vit naître, alors sans couleurs et sans parfums, semblaient
faites d’un papier décoloré sous l’action de l’atmosphère.</i></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">Mon oncle Lidenbrock s’aventura sous ces
gigantesques taillis. Je le suivis, non sans une </span></i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg2FWqt3-_4v3zlCSWB-U64_JqhlfCKXlW5CQZzT4A8E8ta5T2ApZsgE0x-SOiyDabq2s0JwSRyvhkDBJfH0gWs2E4wtGRz_1p0fl_m9axJo2azcnB3SR9E5xAkFsYr9FbHMm1RlLLiVEA/s1600/2628853686_small_1.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg2FWqt3-_4v3zlCSWB-U64_JqhlfCKXlW5CQZzT4A8E8ta5T2ApZsgE0x-SOiyDabq2s0JwSRyvhkDBJfH0gWs2E4wtGRz_1p0fl_m9axJo2azcnB3SR9E5xAkFsYr9FbHMm1RlLLiVEA/s1600/2628853686_small_1.jpg" height="397" width="400" /></a>certaine appréhension. Puisque
la nature avait fait là les frais d’une alimentation végétale, pourquoi les
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg2FWqt3-_4v3zlCSWB-U64_JqhlfCKXlW5CQZzT4A8E8ta5T2ApZsgE0x-SOiyDabq2s0JwSRyvhkDBJfH0gWs2E4wtGRz_1p0fl_m9axJo2azcnB3SR9E5xAkFsYr9FbHMm1RlLLiVEA/h120/2628853686_small_1.jpg">redoutables mammifères</a> ne s’y rencontreraient-ils pas? J’apercevais dans ces
larges clairières que laissaient les arbres abattus et rongés par le temps, des
légumineuses, des acérines, des rubiacées, et mille arbrisseaux comestibles,
chers aux ruminants de toutes les périodes. Puis apparaissaient, confondus et
entremêlés, les arbres des contrées si différentes de la surface du globe, le
chêne croissant près du palmier, l’eucalyptus australien, s’appuyant au sapin
de la Norvège, le bouleau du Nord confondant ses branches avec les branches du
kauris zélandais. C’était à confondre la raison des classificateurs les plus
ingénieux de la botanique terrestre</span></i><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">» (J. Verne. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ibid. </i>pp. 316-317).</span></div>
</blockquote>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">Comme si la rencontre vers les profondeurs de l’inconscient terrestre, prophétisé par le
rêve apocalyptique de Axel, venait maintenant se concrétiser. Tout y est
momifié, statufié et non vif et alerte, comme dans le cauchemar. La mort est saisie dans un mimétisme de la vie avec un relent de sadisme-anal. On y reconnaît des
essences d’arbre incompatibles entre elles. Les fleurs n'ont même plus de parfum, essentiel à leur reproduction. C’est un musée Grévin de la nature.
Les limites du mirage sont inexistantes, comme les parois du creux où s'agitent les flots de la mer Lidenbrock. Ce à quoi s’attendait Axel lors de la
traversée de la mer mésozoïque va maintenant se réaliser dans la forêt
cénozoïque :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Soudain, je m’arrêtai. De la main,
je retins mon oncle.</i></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">La lumière diffuse permettait d’apercevoir les
moindres objets dans la profondeur des taillis. J’avais cru voir… Non!
réellement, de mes yeux, je voyais des formes immenses s’agiter sous les
arbres! En effet, c’étaient des animaux gigantesques, tout un troupeau </span></i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhZjvD2_LoW8LdEjHA_xl7YsrFNUfi7BB4KGOYu8MXIbdhJtmmXhUBeJFdJfF3YX6xTygazoP0_Cqg74cMghfcPTseyu9ulMAWuDMUcOmWT1Ht2wBVRtJuCMfgju7nnbybWCzsQiDxM_rM/s1600/mastodontes_en_Chile_central_by_giovanni_fattori.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhZjvD2_LoW8LdEjHA_xl7YsrFNUfi7BB4KGOYu8MXIbdhJtmmXhUBeJFdJfF3YX6xTygazoP0_Cqg74cMghfcPTseyu9ulMAWuDMUcOmWT1Ht2wBVRtJuCMfgju7nnbybWCzsQiDxM_rM/s1600/mastodontes_en_Chile_central_by_giovanni_fattori.jpg" height="201" width="400" /></a>de
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhZjvD2_LoW8LdEjHA_xl7YsrFNUfi7BB4KGOYu8MXIbdhJtmmXhUBeJFdJfF3YX6xTygazoP0_Cqg74cMghfcPTseyu9ulMAWuDMUcOmWT1Ht2wBVRtJuCMfgju7nnbybWCzsQiDxM_rM/h120/mastodontes_en_Chile_central_by_giovanni_fattori.jpg">mastodontes</a>, non plus fossiles, mais vivants, et semblables à ceux dont les
restes furent découverts en 1801 dans les marais de l’Ohio! J’apercevais ces
grands éléphants dont les trompes grouillaient sous les arbres comme une légion
de serpents. J’entendais le bruit de leurs longues défenses dont l’ivoire
taraudait les vieux troncs. Les branches craquaient, et les feuilles arrachées
par masses considérables s’engouffraient dans la vaste gueule de ces monstres.
Ce rêve où j’avais vu renaître tout ce monde des temps anté-historiques, des
époques ternaire et quaternaire, se réalisait donc enfin! Et nous étions là,
seuls, dans les entrailles du globe, à la merci de ses farouches habitants.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">Mon oncle regardait.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">“Allons, dit-il tout d’un coup en me
saisissant le bras, en avant, en avant!</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">- Non! m’écriai-je, non! Nous sommes sans
armes! Que ferions-nous au milieu de ce troupeau de quadrupèdes géants? Venez,
mon oncle, venez! Nulle créature humaine ne peut braver impunément la colère de
ces monstres.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">- Nulle créature humaine! Répondit mon oncle,
en baissant la voix! Tu te trompes, Axel! regarde, regarde là-bas! Il me semble
que j’aperçois un être vivant! Un être semblable à nous! un homme!”</span></i><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">» (J.
Verne. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ibid. </i>pp. 317-318).</span></div>
</blockquote>
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<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">Comme tout le reste, l'humanoïde entraperçu dans la forêt tertiaire est démesuré par rapport à l'homme moderne : </span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ce n’était plus l’être fossile
dont nous avions relevé le cadavre dans l’ossuaire, c’était </i></span><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjwKWrX1bk3zouinYtMiOCF45ahq-gwfGRfCULT0E3sIbG65gKOyew5E557EC3ftSWDQ_b2plhhyT-2L82EdwgEOg3LQ266NUEVk5Qb5RYFheqK32NeHxhLV4QD9jhHkfCJaQ06xtC023k/s1600/Voyageaucentrede00vernuoft_raw_0205_1.png" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjwKWrX1bk3zouinYtMiOCF45ahq-gwfGRfCULT0E3sIbG65gKOyew5E557EC3ftSWDQ_b2plhhyT-2L82EdwgEOg3LQ266NUEVk5Qb5RYFheqK32NeHxhLV4QD9jhHkfCJaQ06xtC023k/s1600/Voyageaucentrede00vernuoft_raw_0205_1.png" height="400" width="250" /></a>un <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiyyVYmuYA5or921Yg7BZKAFaPVChFCkesgHAiNABOr15SH4veXa73CfDWjWblT66E22veoqTaHLE-iI8poYfR9r0kMUryWZfUl_ZlJTSYNb2veqALw_mfInubsgL2eNQIwVPQHXcC_SQI/h120/Voyageaucentrede00vernuoft_raw_0205_1.png">géant</a>, capable
de commander à ces monstres. Sa taille dépassait douze pieds. Sa tête, grosse
comme la tête d’un buffle, disparaissait dans les broussailles d’une chevelure
inculte. On eût dit une véritable crinière, semblable à celle de l’éléphant des
premiers âges. Il brandissait de la main une branche énorme, digne houlette de
ce berger antédiluvien.</i></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">Nous étions restés immobiles, stupéfaits. Mais
nous pouvions être aperçus. Il fallait fuir.</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">“Venez, venez”, m’écriai-je, en entraînant mon
oncle, qui pour la première fois se laissa faire!</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">Un quart d’heure plus tard, nous étions hors
de la vue de ce redoutable ennemi</span></i><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">» (J. Verne. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ibid. </i>p. 320).</span><span lang="FR-CA" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"></span></div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<div style="text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">Évidemment,
la paléontologie humaine n'a rien à voir ici. Contrairement à la
découverte de l'homme momifié, Lidenbrock ne se lancera pas dans un
discours savant sur la nature de ce géant humanoïde. Si l'on considère
que l'espèce <i>Homo neanderthalensis </i>est décrite pour la première fois en 1864, c'est-à-dire l'année même de la première édition du <i>Voyage au centre de la Terre, </i>et qu'il s'agit bien du premier hominidé fossile </span><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhp6y0PibjoeA7mSW0geD_C1ry7EpFJO26HPrIhRau13r-Y3y6yX3aBmwGl3fHC1itqJ56XieJSygq9Z8nwTZNZwG0RchryNFjBshxm5jdcK2tUWT6sXoCbhvj4UN_FZg_DvFyNtG8f-aQ/s1600/images.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhp6y0PibjoeA7mSW0geD_C1ry7EpFJO26HPrIhRau13r-Y3y6yX3aBmwGl3fHC1itqJ56XieJSygq9Z8nwTZNZwG0RchryNFjBshxm5jdcK2tUWT6sXoCbhvj4UN_FZg_DvFyNtG8f-aQ/s1600/images.jpg" height="280" width="400" /></a></span>identifié, Verne retourne aux fa-</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">meux</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">«<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhp6y0PibjoeA7mSW0geD_C1ry7EpFJO26HPrIhRau13r-Y3y6yX3aBmwGl3fHC1itqJ56XieJSygq9Z8nwTZNZwG0RchryNFjBshxm5jdcK2tUWT6sXoCbhvj4UN_FZg_DvFyNtG8f-aQ/h120/images.jpg">géants</a>»
à la durée de vie multi-</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">centenaire tels que décrits dans le second récit
de la création de la Genèse. Chronologie historique et chronologie
géologique se rencontrent, la première</span> complétant le vide
insupportable laissé par la seconde. Cet homme du fond de la Terre est
une fantaisie de l'inconscient terrestre à des humains qui n'en savent
pas encore assez, mais soupçonnent que la physionomie humaine n'a pas
toujours été la même depuis l'apparition du premier hominidé. Plus que
les récentes découvertes de la paléoanthropologie, l'attitude d'Axel,
qui <i>qualifie </i>sans le connaître cet homme d'<i>ennemi, </i>renvoie à l'attitude typique des <i>bourgeois conquérants </i>devant
les mondes «sauvages» à dominer. Aussi, Axel se met-il à réfléchir sur
cette expérience pour le moins traumatisante. Peu à peu, il réalise
l'aspect illusoire de tout ceci :</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<blockquote class="tr_bq">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Et maintenant que j’y songe
tranquillement, maintenant que le calme s’est refait dans mon esprit, que des
mois se sont écoulés depuis cette étrange et surnaturelle rencontre, que
penser, que croire? Non! c’est impossible! Nos sens ont été abusés, nos yeux
n’ont pas vu ce qu’ils voyaient! Nulle créature humaine n’existe dans ce monde
subterrestre! Nulle génération d’hommes n’habite ces cavernes inférieures du globe,
sans se soucier des habitants de sa surface, sans communication avec eux! C’est
insensé, profondément insensé!</i></span></blockquote>
</div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhmPG0XGiwMUdrviYl-kCOVRjL2YyQgWS5Fpq5BHlbencEd60OAKRwaYtQWu67YfrztdWdBO6ziia9Dk2K1RmM5b4BnaRL7-V_igDGjz01iUkt59w35sAibedFXjdC5QS6laBa-zjogtf0/s1600/Edouard_Lartet.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhmPG0XGiwMUdrviYl-kCOVRjL2YyQgWS5Fpq5BHlbencEd60OAKRwaYtQWu67YfrztdWdBO6ziia9Dk2K1RmM5b4BnaRL7-V_igDGjz01iUkt59w35sAibedFXjdC5QS6laBa-zjogtf0/s1600/Edouard_Lartet.jpg" height="400" width="293" /></a>J’aime mieux admettre l’existence de quelque
animal dont la structure se rapproche de la structure humaine, de quelque singe
des premières époques géologiques, de quelque protopithèque, de quelque
mésophi-</span></i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">thèque semblable à celui que découvrit M. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhmPG0XGiwMUdrviYl-kCOVRjL2YyQgWS5Fpq5BHlbencEd60OAKRwaYtQWu67YfrztdWdBO6ziia9Dk2K1RmM5b4BnaRL7-V_igDGjz01iUkt59w35sAibedFXjdC5QS6laBa-zjogtf0/h120/Edouard_Lartet.jpg">Lartet</a> dans le gîte ossifère
de Sansan! Mais celui-ci dépassait par sa taille toutes les mesures données par
la paléontologie moderne! N’importe! Un singe, oui, un singe, si
invraisemblable qu’il soit! Mais un homme, un homme vivant, et avec lui toute
une génération enfouie dans les entrailles de la terre! Jamais!</span></i></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">Cependant, nous avions quitté la forêt claire
et lumineuse, muets d’étonnement, accablés sous une stupéfaction qui touchait à
l’abrutissement. Nous courions malgré nous. C’était une vraie fuite, semblable
à ces entraînements effroyables que l’on subit dans certains cauchemars.
Instinctivement, nous revenions vers la mer Lidenbrock, et je ne sais dans
quelles divagations mon esprit se fût emporté, sans une préoccupation qui me
ramena à des observations plus pratiques</span></i><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">» (J. Verne. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ibid. </i>pp. 320-321).</span></div>
</blockquote>
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">On penserait que Verne allait dépasser les limites des fantaisies
préhistoriques lorsqu’il permet à Axel de récupérer un vieux poignard
rouillé :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">“Est-ce donc l’arme de quelque
guerrier antédiluvien, m’écriai-je, d’un homme vivant, d’un contemporain de ce
gigantesque berger? Mais non! Ce n’est pas un outil de l’âge de pierre! Pas
même de l’âge de bronze! Cette lame est d’acier…”</i></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">Mon oncle m’arrêta net dans cette route où
m’entraînait une divagation nouvelle, et de son calme froid il me dit :</span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12.0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">“Calme-toi, Axel, et reviens à la raison. Ce
poignard est une arme du XVIe siècle, une véritable dague, de celles que les
gentilshommes portaient à leur ceinture pour donner le coup de grâce. Elle est
d’origine espagnole. Elle n’appartient ni à toi, ni à moi, ni au chasseur, ni
même aux êtres humains qui vivent peut-être dans les entrailles du globe!</span></i><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">» (J.
Verne. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ibid. </i>p. 323)</span> </div>
</blockquote>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12pt; text-align: right;">
<div style="text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="font-family: "Hoefler Text Ornaments"; mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><!--[if gte mso 9]><xml>
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</xml><![endif]--><span lang="FR-CA" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Et Lidenbrock <span style="font-family: "Hoefler Text Ornaments";">d</span>e déchiffrer les initiales d'Arne Saknussemm sur une pla<span style="font-family: "Hoefler Text Ornaments";">que de granit.</span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="font-family: "Hoefler Text Ornaments"; mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><span lang="FR-CA" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"><br /></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">Cette
scène dramatique sert toutefois de crochet en vue d'articuler
l'évolution humaine à celle de la nature. </span><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhAzLhk5jzFDpXv83socFv3-BsQQmS0d7-fpmTGZPRP8Cnlbz8lLVsrgVFBU_eAFxe1LzbuMVd1vFxbD0yM-LLEGl10eWFfTPiiAL67TFXYCLTpLN3kMxojyu_IJWJKWWn3PK9QwSVlW98/s1600/darwin3.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhAzLhk5jzFDpXv83socFv3-BsQQmS0d7-fpmTGZPRP8Cnlbz8lLVsrgVFBU_eAFxe1LzbuMVd1vFxbD0yM-LLEGl10eWFfTPiiAL67TFXYCLTpLN3kMxojyu_IJWJKWWn3PK9QwSVlW98/s1600/darwin3.jpg" height="400" width="236" /></a>Qu'importe le fait que <i>L'origine des espèces </i>(1859, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhAzLhk5jzFDpXv83socFv3-BsQQmS0d7-fpmTGZPRP8Cnlbz8lLVsrgVFBU_eAFxe1LzbuMVd1vFxbD0yM-LLEGl10eWFfTPiiAL67TFXYCLTpLN3kMxojyu_IJWJKWWn3PK9QwSVlW98/h120/darwin3.jpg">première édition française</a> 1862) de Charles Darwin vient de paraître, l'important est que l'on reconnaisse la <i>leçon morale </i>de
l'expédition qui se ramène à la vieille légende médiévale du dit des
trois morts aux trois vivants : «Vous êtes ce que nous étions et vous
deviendrez ce que nous sommes». Ébranlez par cette dernière découverte,
les trois explorateurs se sentent sûr de la voie de retour,
puisque Saknussemm était revenu relater son voyage. Mais le corridor
qu’ils
empruntent est obstrué par un bouchon de lave qui doit dater d’une
éruption
ultérieure au voyage de Saknussemm. Axel décide donc de faire sauter ce
bouchon. L’explosion entraîne un tremblement de terre qui risque de
faire
s’effondrer toute la galerie. Une partie de la Mer Lidenbrock emporte le
radeau
et les trois explorateurs dans un maëlstrom sorti tout droit d’un conte
de Poe
qui a tant inspiré Verne à plusieurs endroits.</span><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"> </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">Dans
l’obscurité totale, ils sont
emportés à travers des gouffres qui </span><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgBtCJk9j8Fk4f16nQ__95sQVfRMBCT8gudwi56MVm1pij1-hsqSB8QTRBDst0yk-Gv86zph_nGgcpmAejls164MjkPZBb8vch6iDCJzzDZUe-Gk1K_MyVpT5ZWYLsBw0fu7oUFh2pSvwM/s1600/image008.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgBtCJk9j8Fk4f16nQ__95sQVfRMBCT8gudwi56MVm1pij1-hsqSB8QTRBDst0yk-Gv86zph_nGgcpmAejls164MjkPZBb8vch6iDCJzzDZUe-Gk1K_MyVpT5ZWYLsBw0fu7oUFh2pSvwM/s1600/image008.jpg" height="400" width="273" /></a>de la descente les font passer à la
remontée. Au bout de
ce dernier mouvement, Lidenbrock doit se rendre à l’évidence. Le radeau
est
entré dans une cheminée d’un volcan en éruption et se trouve emporté,
non plus
par de l’eau mais par de la lave, jusqu’à la surface du globe, et c’est
sur
l’île du <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgBtCJk9j8Fk4f16nQ__95sQVfRMBCT8gudwi56MVm1pij1-hsqSB8QTRBDst0yk-Gv86zph_nGgcpmAejls164MjkPZBb8vch6iDCJzzDZUe-Gk1K_MyVpT5ZWYLsBw0fu7oUFh2pSvwM/h120/image008.jpg">Stromboli</a>, dans la Méditerranée, qu'ils finissent par regagner
la surface de la Terre. Ainsi, de corridors en corridors, de
cheminées en gouffres, d’une mer océane à des forêts fossilisées,
l’expédition
Lidenbrock aura voyagé au centre de la Terre et sera revenu pour en
tirer le
fruit des hommages et de la reconnaissance publique. Tout est bien qui
finit
bien.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">Ce voyage fantaisiste, loin d’être le meilleur roman de Jules Verne,
possède toutefois cette qualité, jusqu’à présent sous-estimée, de poser la
problématique<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>du rapport du vivant à
l’inconscient. Il est certain que les cauchemars d’Axel, les expériences de
Lidenbrock dans la forêt tertiaire ou les menaces de régression qui ne cessent
de ressurgir aux moments de privations d’eau, de nourriture, de lumière ou lors d’un
désespoir à la limite du nihilisme, expriment l’émergence à la conscience non
seulement du passé historique lié à la venue et au développement de l’humanité,
mais également du cortège des expériences du vivant tout au long des milliards
d’années qui séparent l’apparition de vies microcosmiques à l’apparition de
Lucy et des siens.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">Cette résurrection au niveau de la conscience collective, opérée
progressivement et méthodiquement par l’épistémologie des sciences modernes de
la Terre n’a été vue que sous son angle scientifique. Jules Verne a été l’un
des premiers, sinon le premier, à utiliser ces connaissances, alors fort
incomplètes à l’époque, pour </span><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjc0BtoYs6rqaMBzT7ZVsHk9xaAhRm7cibSGZs4-TdN11Plnf8t9VStZCbiMonRTHpHoNldQMEdV2CmesclzXRz2dqmzaBEAjRGrnih_gwRuZpHtNR3Sk0mS57YxxFGOaT-B0JrrRix_bk/s1600/cerveau-influence.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjc0BtoYs6rqaMBzT7ZVsHk9xaAhRm7cibSGZs4-TdN11Plnf8t9VStZCbiMonRTHpHoNldQMEdV2CmesclzXRz2dqmzaBEAjRGrnih_gwRuZpHtNR3Sk0mS57YxxFGOaT-B0JrrRix_bk/s1600/cerveau-influence.jpg" height="321" width="400" /></a>tracer une trajectoire à la fois spatiale et
temporelle qui équivaut à une démarche freudien-</span><br />
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">ne qui interroge-</span><br />
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">rait cet
incons-</span><br />
<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">cient collectif que Freud se refusait obstinément de reconnaître. Les
rêves éveillés, les délires, les mirages subterrestres; tout cela «parle» et,
bien interrogé, pourrait révéler des éléments difficilement compréhensibles des
comportements collectifs, passés et actuels. Il en va déjà ainsi lorsqu'on partage entre le cortex, le cerveau limbique et le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjc0BtoYs6rqaMBzT7ZVsHk9xaAhRm7cibSGZs4-TdN11Plnf8t9VStZCbiMonRTHpHoNldQMEdV2CmesclzXRz2dqmzaBEAjRGrnih_gwRuZpHtNR3Sk0mS57YxxFGOaT-B0JrrRix_bk/h120/cerveau-influence.jpg">cerveau reptilien</a> que l'on associe aux émotions primaires, l'organisation physiologique du cerveau humain. La longue frontière qui séparait
jadis l’histoire de la vie de l’histoire de l’humanité sur Terre semble
désormais définitivement rompue. Quatre milliards d’années laissent autant de traces
mémorielles parmi les espèces vivantes que sept milles ans dans la mémoire
humaine. En fait, tout ce qu’il est loisible de dire, c’est que le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Voyage au centre de la Terre </i>ne fait que
débuter</span><span lang="FR-CA" style="font-family: "Hoefler Text Ornaments"; mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">⌛<span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><span lang="FR-CA" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"> </span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: right;">
<span lang="FR-CA" style="font-family: "Hoefler Text Ornaments"; mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><span lang="FR-CA" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12.0pt; mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"> </span>Montréal </span></span></div>
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-top: 12pt; text-align: right;">
<span lang="FR-CA" style="font-family: "Hoefler Text Ornaments"; mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;"><span lang="FR-CA" style="mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-weight: bold;">29 juin 2014</span> </span></div>
</div>
Coupalhttp://www.blogger.com/profile/14839226309394850656noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8942859135376014620.post-13605419696585703492014-05-11T23:25:00.003-04:002022-08-28T22:53:52.629-04:00Le circuit de Judas<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<!--[if gte mso 9]><xml>
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<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="tab-stops: 136.5pt; text-align: center;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span lang="FR-CA" style="font-size: 14pt; mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-size: 12.0pt;"> </span></b><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgArLJwqLTgS4T63Z_CoN_BI1j0b1oFLWg3Z5u7saV28C69qFHE3ylURZfY8usKykR5lgUJX-61qu0gFFjPAcT3nYS-b0lNXNKEHHi1hcbmDVD5uDGE97WJwhUOSRBWiNRJfO_db5LnuvI/s1600/la-mort-de-la-silhouette-de-judas-iscariote-28191866.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgArLJwqLTgS4T63Z_CoN_BI1j0b1oFLWg3Z5u7saV28C69qFHE3ylURZfY8usKykR5lgUJX-61qu0gFFjPAcT3nYS-b0lNXNKEHHi1hcbmDVD5uDGE97WJwhUOSRBWiNRJfO_db5LnuvI/s1600/la-mort-de-la-silhouette-de-judas-iscariote-28191866.jpg" width="356" /></a></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="tab-stops: 136.5pt; text-align: center;">
<br /></div>
<div align="center" class="MsoNormal" style="tab-stops: 136.5pt; text-align: center;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span lang="FR-CA" style="font-size: 14pt; mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-size: 12.0pt;">LE CIRCUIT DE JUDAS</span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; tab-stops: 136.5pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; tab-stops: 136.5pt; text-align: justify;">
<span lang="FR-CA" style="font-size: 14pt; mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-size: 12.0pt;">La descente au fond de l’enfer commençait par le fratricide. Il est donc
normal qu’elle se termine par le parricide, la trahison des bienfaiteurs et
surtout le parricide absolu : le décide.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; tab-stops: 136.5pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-left: 27pt; margin-right: 9pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">10. L’<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEji_EFlL6bNLqE6-zOpRpOmnc5CYvtt3KIj4dsnTLe9BFHhyphenhyphenxhtXwJ3ZiGkEZPTsgn5gpAkIxJgqDwJiDFLiYq2Li2ZYs3gYpCoBVfi8ueEaVDHwi2lIvnDGULN3OT6NGj9biOpOYViBf4/h120/gustavedoreinferno34vu5.jpg">Empereur </a>du royaume
douloureux, depuis le milieu de la poitrine sortait de la glace : et plus
de proportion ai-je avec un géant,</span></div>
<div style="margin-left: 27pt; margin-right: 9pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEji_EFlL6bNLqE6-zOpRpOmnc5CYvtt3KIj4dsnTLe9BFHhyphenhyphenxhtXwJ3ZiGkEZPTsgn5gpAkIxJgqDwJiDFLiYq2Li2ZYs3gYpCoBVfi8ueEaVDHwi2lIvnDGULN3OT6NGj9biOpOYViBf4/s1600/gustavedoreinferno34vu5.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="255" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEji_EFlL6bNLqE6-zOpRpOmnc5CYvtt3KIj4dsnTLe9BFHhyphenhyphenxhtXwJ3ZiGkEZPTsgn5gpAkIxJgqDwJiDFLiYq2Li2ZYs3gYpCoBVfi8ueEaVDHwi2lIvnDGULN3OT6NGj9biOpOYViBf4/s1600/gustavedoreinferno34vu5.jpg" width="320" /></a></div>
<div style="margin-left: 27pt; margin-right: 9pt; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-left: 27pt; margin-right: 9pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">11. Que n’en ont les géants avec ses
bras : vois donc ce que doit être le tout, pour correspondre à cette
partie.</span></div>
<div style="margin-left: 27pt; margin-right: 9pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-left: 27pt; margin-right: 9pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">12. S’il fut aussi beau qu’il est
maintenant hideux, après avoir élevé ses sourcils contre son Créateur, bien
doit de lui procéder tout deuil.</span></div>
<div style="margin-left: 27pt; margin-right: 9pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-left: 27pt; margin-right: 9pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">13. Oh! quelle merveille ce me fut,
quand je vis trois faces à sa tête : l’une devant, et celle-ci était
rouge ;</span></div>
<div style="margin-left: 27pt; margin-right: 9pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-left: 27pt; margin-right: 9pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">14. Des deux autres qui s’y
joignaient au-dessus du milieu de chaque épaule, et s’unissaient à l’endroit de
la crête,</span></div>
<div style="margin-left: 27pt; margin-right: 9pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-left: 27pt; margin-right: 9pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">15. La droite paraissait entre jaune
et blanche: et la gauche à la vue était telle que ceux qui viennent des lieux
d’où le Nil descend. </span></div>
<div style="margin-left: 27pt; margin-right: 9pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-left: 27pt; margin-right: 9pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">16. Au-dessous de chacune sortaient
deux grandes ailes proportionnées à un tel oiseau : jamais sur la mer je ne vis
de pareilles voiles.</span></div>
<div style="margin-left: 27pt; margin-right: 9pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-left: 27pt; margin-right: 9pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">17. Elles étaient sans plumes, et
ressemblaient à celles des chauves-souris; de leur battement s’engendraient
trois vents,</span></div>
<div style="margin-left: 27pt; margin-right: 9pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-left: 27pt; margin-right: 9pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">18. Et tout le Cocyte en était gelé.
De six yeux, il pleurait, et sur trois mentons, goutte à goutte, tombaient les
pleurs et la bave sanglante.</span></div>
<div style="margin-left: 27pt; margin-right: 9pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-left: 27pt; margin-right: 9pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhxSolZSjtVAMQDX7e-nuLZaNFn5JXvcVsi3knXbGSot0raxyzVHRCmyqF_cRFvPBGJSTleifiPHuIiA1HPAMWKQdX2Wu7HFKN9Dq5iN2eDe4Io7TaJPquatv8u5A0Ggd0JUFvUUvfd3Ko/s1600/boticelliinfernocantoxxxivdeta.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="204" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhxSolZSjtVAMQDX7e-nuLZaNFn5JXvcVsi3knXbGSot0raxyzVHRCmyqF_cRFvPBGJSTleifiPHuIiA1HPAMWKQdX2Wu7HFKN9Dq5iN2eDe4Io7TaJPquatv8u5A0Ggd0JUFvUUvfd3Ko/s1600/boticelliinfernocantoxxxivdeta.jpg" width="320" /></a>19. De chaque bouche, avec les
dents, comme broie la maque, un pécheur, il broyait, de sorte qu’ainsi il en
tourmentait <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhxSolZSjtVAMQDX7e-nuLZaNFn5JXvcVsi3knXbGSot0raxyzVHRCmyqF_cRFvPBGJSTleifiPHuIiA1HPAMWKQdX2Wu7HFKN9Dq5iN2eDe4Io7TaJPquatv8u5A0Ggd0JUFvUUvfd3Ko/h120/boticelliinfernocantoxxxivdeta.jpg">trois</a>.</span></div>
<div style="margin-left: 27pt; margin-right: 9pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-left: 27pt; margin-right: 9pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">20. À celui de devant la morsure n’était
rien près des griffes, l’échine parfois restant tout entière dépouillée de la
peau.</span></div>
<div style="margin-left: 27pt; margin-right: 9pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-left: 27pt; margin-right: 9pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">21. «Cette âme qui, en haut, souffre
la plus grande peine, dit mon Maître, est Judas Iscariote, qui a la tête
dedans, et dehors agite les jambes.</span></div>
<div style="margin-left: 27pt; margin-right: 9pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-left: 27pt; margin-right: 9pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">22. «Des deux autres qui ont la tête
en bas, celui de qui pend la noire chevelure, est Brutus : vois comme il
se tord, sans rien dire.</span></div>
<div style="margin-left: 27pt; margin-right: 9pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-left: 27pt; margin-right: 9pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">23. «L’autre qui paraît si membru,
est Cassius. Mais la nuit revient, et il est temps de partir, maintenant que
nous avons tout vu».</span></div>
<div style="margin-left: 27pt; margin-right: 9pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"> </span></div>
<div style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgArLJwqLTgS4T63Z_CoN_BI1j0b1oFLWg3Z5u7saV28C69qFHE3ylURZfY8usKykR5lgUJX-61qu0gFFjPAcT3nYS-b0lNXNKEHHi1hcbmDVD5uDGE97WJwhUOSRBWiNRJfO_db5LnuvI/h120/la-mort-de-la-silhouette-de-judas-iscariote-28191866.jpg">Judas</a>, entouré des assassins de Jules César, c’est rejoindre
le récide romain au décide chrétien. Le divin Jules assassiné par un proche et ses complices; le Christ Jésus, trahit et conduit à une mort
ignominieuse par Judas Iscariote : Dante réunissait ainsi son maître,
Virgile, rédacteur de l’histoire sacrée de Rome aux évangélistes chrétiens. On ne pouvait
réussir meilleur syncrétisme au moment où la théologie et la philosophie amorçaient leur renaissance au XIIIe siècle.</span></div>
<div style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><br /></span></div>
<div style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Le triptyque reproduit ici la scène du <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiwktvZfpfBoPa-BCvuu40Vy0dwWaUK682Pk5Q7e8MczgzVaHHRzFwWINrijQCBLMAnFKnAG8awOzEhwX1EqBfrIoSKmBpCzqKAgEXrUhzo2TTdzN5oEbcSnwQ0EDTbtXBIGqETXkigPco/h120/36_134996~vasili-vasilievich-vereshchagin_night-at-golgotha,-1869.jpg">Golgotha</a>. Judas est
au centre de la bête monstrueuse comme le Christ au sommet du calvaire, entouré par les
deux larrons romains. C’est lui qui reste la figure dominante, la tête enfoncée dans </span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiwktvZfpfBoPa-BCvuu40Vy0dwWaUK682Pk5Q7e8MczgzVaHHRzFwWINrijQCBLMAnFKnAG8awOzEhwX1EqBfrIoSKmBpCzqKAgEXrUhzo2TTdzN5oEbcSnwQ0EDTbtXBIGqETXkigPco/s1600/36_134996~vasili-vasilievich-vereshchagin_night-at-golgotha,-1869.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="258" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiwktvZfpfBoPa-BCvuu40Vy0dwWaUK682Pk5Q7e8MczgzVaHHRzFwWINrijQCBLMAnFKnAG8awOzEhwX1EqBfrIoSKmBpCzqKAgEXrUhzo2TTdzN5oEbcSnwQ0EDTbtXBIGqETXkigPco/s1600/36_134996~vasili-vasilievich-vereshchagin_night-at-golgotha,-1869.jpg" width="400" /></a>la gueule de Lucifer. Son circuit est le plus étroit, mais il est dominé par une figure
colossale à l’image d’un triumvirat du Mal. En huit cents ans toutefois, la
figure de Judas s’est écartée du Mal métaphysique. D’autres l’ont
remplacé : Napoléon, Hitler, Staline, Ben Laden… À la façon dont la
modernité a choisi ses stéréotypes du Mal, on est en droit de s’interroger sur la
figure même d’un personnage à la limite de la vérité historique. Qui est Judas, jadis et maintenant?</span></div>
<div style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><br /></span></div>
<div style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Prenons un esprit positiviste. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjxZ-hYiuh6fx1KWwQSvYaQhKcHR82Co7Vrg7-ZWeux11GeW0sSwwKqE2G-iiU8aNlMw9Z7uljGos4DQROUZTKlcxoUUbcKMPPsseTatvSVkkarWy_BfmmlsI33qcvfFoKZAppWNE1_y88/h120/Ernest_Renan_1876-84.jpg">Ernest Renan</a> (1823-1892), cet
esprit libéral, sceptique, qui rédigea une <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Vie
de Jésus </i>(1863). Placée au cœur d’une longue histoire du Peuple Juif et
d’une d’histoire du christianisme, cette </span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjxZ-hYiuh6fx1KWwQSvYaQhKcHR82Co7Vrg7-ZWeux11GeW0sSwwKqE2G-iiU8aNlMw9Z7uljGos4DQROUZTKlcxoUUbcKMPPsseTatvSVkkarWy_BfmmlsI33qcvfFoKZAppWNE1_y88/s1600/Ernest_Renan_1876-84.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjxZ-hYiuh6fx1KWwQSvYaQhKcHR82Co7Vrg7-ZWeux11GeW0sSwwKqE2G-iiU8aNlMw9Z7uljGos4DQROUZTKlcxoUUbcKMPPsseTatvSVkkarWy_BfmmlsI33qcvfFoKZAppWNE1_y88/s1600/Ernest_Renan_1876-84.jpg" width="320" /></a>Vie
de Jésus </i>suscita, bien évidemment, la controverse et fut condamnée par la
papauté réactionnaire de Pie IX. Qui est donc Judas pour Renan, si Jésus, lui,
est l’«individualité parfaite»? «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Les
agents des prêtres sondèrent les disciples, espérant obtenir des renseignements
utiles de leur faiblesse ou de leur simplicité. Ils trouvèrent ce qu’ils
cherchaient dans Judas de Kerioth. Ce malheureux, par des motifs impossibles à expliquer,
trahit son maître, donna toutes les indications nécessaires et se chargea même
(quoiqu’un tel excès de noirceur soit à peine croyable) de conduire la brigade
qui devait opérer l’arrestation. Le souvenir d’horreur que la sottise ou la
méchanceté de cet homme laissa dans la tradition chrétienne a dû introduire ici
quelque exagération</i>» (E. Renan. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Vie
de Jésus, </i>Paris, Calmann-Lévy, rééd. Livre de poche, Col. Classique, #
1548-1549, s.d., p. 379). Renan est parmi les premiers à redonner à Judas une
psychologie qui dépasse la simple instrumentalisation du Mal. Il écarte les
raisons données par les évangélistes de la cupidité de Judas qui, en trahissant
Jésus, se coupait d’une source de revenu à laquelle il avait accès. La jalousie
serait un motif plus sérieux : soit qu’il ait été jaloux d’autres apôtres
favoris de Jésus; soit qu’il ait lui-même été victime de la jalousie des autres
apôtres, ce que <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEivFhu7XVFYQhtZC_8SlnnphkGFZzTBQFOd3LAXNYRJi0fMXTzR17HRKXsAoG0aUuddvy0Z_2YTnNjRl1IrhVo5LclwRj52TWFAKjmOAgE23hQQwB4AWZ-nZYC_zXCOavWf5rRJcCGJozk/h120/20_Tr%C3%A9guier_Autre_portrait_d'Ernest_Renan_-dans_son_bureau-.JPG">Renan </a>croit reconnaître dans l’Évangile de Jean. «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Sans nier que Judas de Kerioth ait contribué
à l’arrestation de son maître, nous croyons donc que les malédictions dont on
le charge ont quelque chose d’injuste. Il y eut peut-être dans son fait plus de
</i></span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEivFhu7XVFYQhtZC_8SlnnphkGFZzTBQFOd3LAXNYRJi0fMXTzR17HRKXsAoG0aUuddvy0Z_2YTnNjRl1IrhVo5LclwRj52TWFAKjmOAgE23hQQwB4AWZ-nZYC_zXCOavWf5rRJcCGJozk/s1600/20_Tr%C3%A9guier_Autre_portrait_d'Ernest_Renan_-dans_son_bureau-.JPG" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEivFhu7XVFYQhtZC_8SlnnphkGFZzTBQFOd3LAXNYRJi0fMXTzR17HRKXsAoG0aUuddvy0Z_2YTnNjRl1IrhVo5LclwRj52TWFAKjmOAgE23hQQwB4AWZ-nZYC_zXCOavWf5rRJcCGJozk/s1600/20_Tr%C3%A9guier_Autre_portrait_d'Ernest_Renan_-dans_son_bureau-.JPG" width="400" /></a></span>mala-</i></span><br />
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">dresse que de perversité. La conscience morale de l’homme du peuple est
vive et juste, mais instable et inconsé-quente. Elle ne sait pas résister à un
entraî-nement momentané. Les sociétés secrètes du parti républicain </i>[Renan
pense ici aux zélotes, groupe auquel appartenait Judas] <i style="mso-bidi-font-style: normal;">cachaient dans leur sein beaucoup de conviction et de sincérité, et
cependant les dénonciateurs y étaient fort nombreux. Un léger dépit suffisait
pour faire d’un sectaire un traître. Mais, si la folle envie de quelques pièces
d’argent fit tourner la tête au pauvre Judas, il ne semble pas qu’il eût
complètement perdu le sentiment moral, puisque, voyant les conséquences de sa
faute, il se repentit, et, dit-on, se donna la mort</i>» (E. Renan. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 380). Renan donnait le ton de
ce que sera pour beaucoup la figure de Judas tout au long du XXe siècle dans la
littérature et dans le cinéma. Le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">pauvre
Judas </i>finit à peu près comme son maître : humilié (plus moralement que
physiquement) et pendu (par la cou de préférence à crucifié au bois).</span></div>
<div style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><br /></span></div>
<div style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">La position des non-croyants obligea les exégètes et les
historiens croyants à reconsidérer, sous l’angle à la fois de la psychologie et
de la sociologie, le geste dramatique de Judas. Comme pour Renan, il vint à
l’évidence que l’appât du gain des 30 deniers ne pouvait être le seul motif de
la trahison. Des textes sur </span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Judas, comme celui du romancier anglais Thomas de
Quincey ou les réflexions de Dostoïevski autour du Grand Inquisiteur, avaient
suffisamment bouleversé les idées reçues pour laisser des traces chez les
historiens catholiques autant que protestants. On en trouve ainsi trace chez un
futuriste converti de la onzième heure, </span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhBrTPML2x1JYkc6sdRlaUdMKckrIPOtB8shB1J2aIwDWya2-uFxE0zoK9nx9eOQduUIcalqpU0saAFrK8a2r5xGl4XtCTDLx93tVmKECwXNBU6OdNQO3ohDRXFq_i20bZkzVEzP_ECljs/s1600/Papini.JPG" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhBrTPML2x1JYkc6sdRlaUdMKckrIPOtB8shB1J2aIwDWya2-uFxE0zoK9nx9eOQduUIcalqpU0saAFrK8a2r5xGl4XtCTDLx93tVmKECwXNBU6OdNQO3ohDRXFq_i20bZkzVEzP_ECljs/s1600/Papini.JPG" width="368" /></a></span>l’Italien <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhBrTPML2x1JYkc6sdRlaUdMKckrIPOtB8shB1J2aIwDWya2-uFxE0zoK9nx9eOQduUIcalqpU0saAFrK8a2r5xGl4XtCTDLx93tVmKECwXNBU6OdNQO3ohDRXFq_i20bZkzVEzP_ECljs/h120/Papini.JPG">Giovanni Papini</a> (1881-1956)
dans une <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Histoire du Christ </i>plus
subjective que critique. Ce que Papini appelle <i style="mso-bidi-font-style: normal;">le mystère de Judas </i>est un mystère né des questionne-</span><br />
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">ments portés
sur ce personnage sur lequel on n’avait eu jusqu’alors aucun doute. Comme le
rappelle Papini </span><br />
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">: «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Soixante
générations de chrétiens y ont rêvé, mais l’homme d’Ishkarioth, bien qu’il ait
fait sur la terre des nuées de disciples, reste obstinément indéchiffré. C’est
l’unique mystère humain que l’on trouve dans les Évangiles. Nous comprenons
sans peine l’esprit démoniaque des Hérodes, la rancœur envieuse des Pharisiens,
la rage vindicative de Hanan et de Caïphe, la lâche mollesse de Pilate. Mais
nous ne comprenons pas avec une égale évidence l’ignominie de Judas. Les Quatre
historiens nous parlent trop peu de lui et des raisons qui le persuadèrent de
vendre son Roi</i>» (G. Papini. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Histoire
du Christ, </i>Paris, Payot, 1934, p. 293). Les historiens catholiques vont
emboîter le pas à ce mystère et ils vont généralement passer en revue les mêmes
hypothèses déjà posées par Papini. Quelles sont-elles?</span></div>
<div style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br />
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">D’abord, les Trente Deniers, ils sont structurels mieux que toute
autre hypothèse à la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">logique de
l’histoire. </i></span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiqkrrQt_bs37ONRH-Zvog4Jr5Syoai0TGqIsJwc8DxclUqK7nI0d1hSLf8oNUhXThyphenhyphenabKvsx-8c_wkv_N2Q67Z4P81r-8CFQrjObjOW9bcfobzzV2D_hs1i4tOu9z0UMru1uw6bX2B2K4/s1600/250px-Judas.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiqkrrQt_bs37ONRH-Zvog4Jr5Syoai0TGqIsJwc8DxclUqK7nI0d1hSLf8oNUhXThyphenhyphenabKvsx-8c_wkv_N2Q67Z4P81r-8CFQrjObjOW9bcfobzzV2D_hs1i4tOu9z0UMru1uw6bX2B2K4/s1600/250px-Judas.jpg" width="338" /></a>Judas est avide d’argent, avare même. Le Diable que les
Évangiles disent s’être insinué en lui serait Mammon. Mais, comme Renan l’avait
remarqué, il y avait un non-sens à cette explication, si orthodoxe soit-elle.
Et Papini d'ajouter : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ces
réflexions du sens commun autour d’un crime aussi extraordinaire ont conduit
bien des gens, depuis les premiers temps du christianisme, à chercher d’autres
motifs à l’infâme marché. Une secte d’hérétiques, les Caïnites, imagina que
Judas, sachant que Jésus devait, de par sa propre volonté et celle du
Père, aller à la mort par trahison – pour que rien ne manquât à la torture de la
grande expiation – consentit à accepter avec douleur l’éternelle infamie pour
que tout s’accomplit. Instrument nécessaire et volontaire de la Rédemption,
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiqkrrQt_bs37ONRH-Zvog4Jr5Syoai0TGqIsJwc8DxclUqK7nI0d1hSLf8oNUhXThyphenhyphenabKvsx-8c_wkv_N2Q67Z4P81r-8CFQrjObjOW9bcfobzzV2D_hs1i4tOu9z0UMru1uw6bX2B2K4/h120/250px-Judas.jpg">Judas</a> fut, d’après eux, héros et martyr, digne d’être vénéré et non maudit</i>»
(G. Papini. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 294-295).</span><br />
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">N’en déplaise à Papini, cette thèse des Caïnites fut reprise
après sa mort par des romanciers. Nous y reviendrons. Papini s’arrête également
à la thèse du Zélote déçu par Jésus qui s’avéra ne pas être ce Messie </span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgaf1gT4chGgHB0laPol8FYY5Vihxx8nqC6YmjagcurqEYLfBAS-TU0GedpVAjK2bZMq9xEcDuahRfi6zXGGsREZIpUhBMyxEm_vwIU_HKEAlG598agv7_0jkiQYMUCS0RPQD8Gdgu5qNY/s1600/dequincey.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgaf1gT4chGgHB0laPol8FYY5Vihxx8nqC6YmjagcurqEYLfBAS-TU0GedpVAjK2bZMq9xEcDuahRfi6zXGGsREZIpUhBMyxEm_vwIU_HKEAlG598agv7_0jkiQYMUCS0RPQD8Gdgu5qNY/s1600/dequincey.jpg" width="270" /></a></span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">appelé à
reconquérir l’indépendance de la Palestine. D’autres voyaient en Judas une
âme ayant perdu la foi et, par dépit, aurait trahi son Maître. Papini rappelle
également la thèse de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgaf1gT4chGgHB0laPol8FYY5Vihxx8nqC6YmjagcurqEYLfBAS-TU0GedpVAjK2bZMq9xEcDuahRfi6zXGGsREZIpUhBMyxEm_vwIU_HKEAlG598agv7_0jkiQYMUCS0RPQD8Gdgu5qNY/h120/dequincey.jpg">Thomas de Quincey</a> (1785-1859) : que c’est par excès de foi que Judas
aurait précipité les choses afin de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">légitimé
la mission messianique </i>du Christ. Pour d’autres, ce serait la vengeance le
principal motif de Judas, disciple frustré de l’amour de Jésus. Des avocats
exposant la thèse circonstancielle pensent que Judas trahit sans se douter que
l’affaire irait aussi loin, bref, qu’il aurait été dépassé par les événements qu’il
avait amorcés. Pour Papini, ces «ratiocinations» s’enroulent et en réfèrent à
l’attitude de Jésus elle-même. Après tout, ne savait-il pas qui devait le
trahir depuis le début? Et cet apôtre renégat, il le nourrit de son sein, à
l’égal de tous les autres, lui confiant même la trésorerie des disciples. Jésus
«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">sait que Judas doit le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhoXoisfv_joS2-xDaocMpRn9c8nPrHYZxr_bTFKhM4v0YZozgHbJGnoE7FnQSLhH0hbIN5LS-ZdPM9qihHqioNTQEIFAB1mjf9fmm7896-1SibCZQ9laDjHYPYhOasUyhnh20EaHIMdiA/h120/6852_les_deniers_de_judas.JPG">trahir</a> et il le
fait participer à sa divinité en lui offrant le pain et le vin; il voit
Judas guider ceux qui vont l’arrêter et il lui donne, encore une fois, comme
auparavant, et toujours, le saint nom d’ami. “Il vaudrait mieux qu’il ne fût
jamais né !” Ces paroles, plus qu’une condamnation, peuvent être un
mouvement de pitié à la </i></span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhoXoisfv_joS2-xDaocMpRn9c8nPrHYZxr_bTFKhM4v0YZozgHbJGnoE7FnQSLhH0hbIN5LS-ZdPM9qihHqioNTQEIFAB1mjf9fmm7896-1SibCZQ9laDjHYPYhOasUyhnh20EaHIMdiA/s1600/6852_les_deniers_de_judas.JPG" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhoXoisfv_joS2-xDaocMpRn9c8nPrHYZxr_bTFKhM4v0YZozgHbJGnoE7FnQSLhH0hbIN5LS-ZdPM9qihHqioNTQEIFAB1mjf9fmm7896-1SibCZQ9laDjHYPYhOasUyhnh20EaHIMdiA/s1600/6852_les_deniers_de_judas.JPG" width="266" /></a>pensée d’un destin inéluctable. Si Judas hait Jésus,
nous ne voyons pas qu’à aucun moment Jésus ait de l’horreur pour Judas. Car
Jésus sait que l’infâme marché de Judas est nécessaire comme seront nécessaires
la faiblesse de Pilate, la rage de Caïphe, les crachats des soldats, les
poutres et les clous de la croix. Il sait que Judas doit faire ce qu’il fait,et
il ne le maudit pas plus qu’il ne maudit le peuple qui veut sa mort ou le
marteau qui le fixe à la croix. Une seule prière lui vient aux lèvres pour
abréger l’épouvantable agonie : “Fais vite ce que tu comptes faire”</i>»
(G. Papini. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 298-299).</span><br />
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Papini est un homme de son temps. Un antisémitisme larvé
sommeille en sa pensée et ce n’est pas sans une évocation au déicide juif qu’il
tend une passerelle avec les accusations antisémites portées par les idéologues
anti-capitalistes de l’époque :</span><br />
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; margin-left: 27pt; margin-right: 9pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Jésus
ne fut pas seulement trahi mais vendu, trahi contre argent, vendu à bas prix,
troqué contre monnaie courante. Il fut un objet d’échange, une marchandise
payée et livrée. Judas, </i></span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi0jZZjpd2snufW_XXKfTY6mWQv0U48nrqH_m6mlJlq9PUdNKPbyl3m_TeGwDH3tSUvZSSUlpy-vHl8RmwjaMGGWa_v8IitywiQus9oWD_wQyFzTA_NEAF6eFSzoTGIX_lDA-XSzhmJ_nw/s1600/derewigeJude.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi0jZZjpd2snufW_XXKfTY6mWQv0U48nrqH_m6mlJlq9PUdNKPbyl3m_TeGwDH3tSUvZSSUlpy-vHl8RmwjaMGGWa_v8IitywiQus9oWD_wQyFzTA_NEAF6eFSzoTGIX_lDA-XSzhmJ_nw/s1600/derewigeJude.jpg" width="290" /></a>l’homme de la bourse, le caissier, ne se présenta pas
seulement comme délateur, il ne s’offrit pas comme sicaire, mais comme
négociant, comme vendeur de sang. Les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi0jZZjpd2snufW_XXKfTY6mWQv0U48nrqH_m6mlJlq9PUdNKPbyl3m_TeGwDH3tSUvZSSUlpy-vHl8RmwjaMGGWa_v8IitywiQus9oWD_wQyFzTA_NEAF6eFSzoTGIX_lDA-XSzhmJ_nw/h120/derewigeJude.jpg">Juifs </a>qui s’y connaissaient bien, eux les
bouchers ordinaires du Très-Haut, égorgeurs et découpeurs de victimes, furent
les premiers et les derniers clients de Judas. La vente de Jésus fut la
première affaire du marchand improvisé : une maigre affaire en vérité,
mais enfin une vraie transaction mercantile, un contrat valide, contrat verbal mais
honnêtement observé par les contractants</i>.</span></div>
<div style="line-height: 150%; margin-left: 27pt; margin-right: 9pt; text-align: justify;">
<br />
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Si Jésus n’avait pas été vendu, quelque chose aurait manqué
à la parfaite ignominie de l’expiation; s’il avait été payé cher, trois cents
sicles au lieu de trente, avec de l’or et non de l’argent, l’ignominie aurait
été diminuée, de peu, mais diminuée. Il était écrit, de toute éternité, qu’il
serait acheté, acheté à vil prix, mais de toutes façons à prix d’argent</span></i><span style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">»</span></span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"> (G. Papini. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 299-300).</span><br />
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">C’est en prenant conscience de l’ignominie de ce contrat que
Judas aurait réalisé le poids de sa faute et se serait pendu. Mais tous les historiens ne sont pas d'accord sur la valeur des trente deniers. Seul l'aspect abject et infâme du chiffre compte comme symbole de la transaction.</span><br />
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhTuAqmu6A-gt0RNb_IK1Fpfqar-4Rha16r_20TXPsDpcVT-US6rpK3WensDekjwL-ljJ3aIK2dKLISZaieVe4Vm9IhtuoCCuoSc7SpnGgKo5DWO-lg7IRGOtld4MpjLAtXc0NGIboRj9Q/h120/6084Cig.jpg">Daniel-Rops</a> (1901-1965), un peu plus critique que Papini mais également
un converti de la onzième heure, </span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhTuAqmu6A-gt0RNb_IK1Fpfqar-4Rha16r_20TXPsDpcVT-US6rpK3WensDekjwL-ljJ3aIK2dKLISZaieVe4Vm9IhtuoCCuoSc7SpnGgKo5DWO-lg7IRGOtld4MpjLAtXc0NGIboRj9Q/s1600/6084Cig.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhTuAqmu6A-gt0RNb_IK1Fpfqar-4Rha16r_20TXPsDpcVT-US6rpK3WensDekjwL-ljJ3aIK2dKLISZaieVe4Vm9IhtuoCCuoSc7SpnGgKo5DWO-lg7IRGOtld4MpjLAtXc0NGIboRj9Q/s1600/6084Cig.jpg" width="263" /></a>ne voit en Judas que l’image obscène peinte
par Giotto : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">C’était une coutume
très établie que le disciple baisât la main de son maître : le Talmud en
fait obligation. La tradition constante de l’art a cependant montré un baiser
au visage; à l’Arena de Padoue, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg5qtjbmhMfS8Rswsw6WyemXVrm0goMHBLALVfwjJr1jBodB9wQA-fxOMmtGG4k_Y1ZNR-8CEc7Tbrf82iOXE-21pGb-HHffWIP7LS8CotuxGhUi2AdINcIVJHlRwhrsBt9hFjCuyUhy94/h120/Giotto+baiser+Judas.jpg">Giotto </a>a immortalisé le geste affreux de cette
tête bestiale, au front bas, à la grosse bouche entrouverte, le ricanement
silencieux d’un mauvais prêtre; mais rien ne permet de donner cette précision.
Baiser horrible, qui révolte, ancêtre de tous ces baisers de trahison qui sont
monnaie courante dans les amours humaines, mais qui, peut-être, avait un sens
moins ignoble, comme si, à l’instant décisif, un suprême remords avait empêché
Judas de montrer du doigt le Christ en s’écriant : “C’est lui!”</i>»
(Daniel-Rops. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Jésus en son temps, </i>Paris,
Fayard, rééd. Livre de poche, Col. Historique, 1945, p. 406). Usant de son esprit
romanesque dont il se sert mieux que son esprit critique, l’auteur fait de la
trahison de Judas un dépit amoureux : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Là
est peut-être l’explication la plus vraie de cette âme. Cette violence ne
trahirait-elle pas un sentiment moins ignoble? Ne serait-ce pas l’amour qui
aurait été le vrai mobile, un amour non pas rayonnant, désintéressé, comme
celui de </i></span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg5qtjbmhMfS8Rswsw6WyemXVrm0goMHBLALVfwjJr1jBodB9wQA-fxOMmtGG4k_Y1ZNR-8CEc7Tbrf82iOXE-21pGb-HHffWIP7LS8CotuxGhUi2AdINcIVJHlRwhrsBt9hFjCuyUhy94/s1600/Giotto+baiser+Judas.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg5qtjbmhMfS8Rswsw6WyemXVrm0goMHBLALVfwjJr1jBodB9wQA-fxOMmtGG4k_Y1ZNR-8CEc7Tbrf82iOXE-21pGb-HHffWIP7LS8CotuxGhUi2AdINcIVJHlRwhrsBt9hFjCuyUhy94/s1600/Giotto+baiser+Judas.jpg" width="400" /></a>Pierre et des dix autres, mais une de ces passions exclusives qui
jettent aux pires extrémités ceux que la jalousie dévore, amour proche de la
haine et qui, d’un coup, peut se trans-former en elle, mais qui ne retrouve, à
l’heure où le pire est accompli, dans la douleur sans bornes et le désespoir?</i>»
(Daniel-Rops. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 387).
Bref, l'amour de Judas pourrait être teintée d'homosexualité! Daniel-Rops ne dit pas la chose clairement, mais la description nous y invite. Cela contribuerait-il au fait que Dieu ne marquera pas Judas comme il a marqué Caïn, mais livrera le Traître aux remords éternels et au désespoir qui est l’équivalent de cette
profondeur de l’enfer où Dante le place. Ceci a l’avantage d’expliquer (ou
plutôt de justifier) cela.</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Un autre catholique de la même encre, Joseph Ricciotti, dans
sa <i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgvsj0uD3hKenohL3YFsN3lc1Kp7h04gfDG6nZU_Jv-SN-S0ePfPLITJi-_7AcFHYTU_6Iemc6Ul8PwsF7RX31Lg_4txZCiLMZiHTmngaSq-WDV6PCa6aZP3Gij-OjVOCqWC25QUc9iduA/h120/Vie-De-Jesus-Christ-Avec-Introduction-Critique-Livre-ancien-875952567_ML.jpg">Vie de Jésus-Christ</a>, </i>avait déjà
relevé ce dernier point : «<i>En outre, une telle iniquité ne consista pas
seulement à vendre Jésus, mais aussi et surtout à </i></span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgnhrjXfdQr2nCI5yxg0_XadwblOXJCDwKsSwayQKmhz1xRvpg8HFaMETCqOkp9MDQ88NLdTMATAwKLGRan_pvYK5dR27AR0zK_xIkSLiB0x3WpuvI_wQSiSl0jbeiVxVTFwUOaW5ExeUU/s1600/Vie-De-Jesus-Christ-Avec-Introduction-Critique-Livre-ancien-875952567_ML.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgnhrjXfdQr2nCI5yxg0_XadwblOXJCDwKsSwayQKmhz1xRvpg8HFaMETCqOkp9MDQ88NLdTMATAwKLGRan_pvYK5dR27AR0zK_xIkSLiB0x3WpuvI_wQSiSl0jbeiVxVTFwUOaW5ExeUU/s1600/Vie-De-Jesus-Christ-Avec-Introduction-Critique-Livre-ancien-875952567_ML.jpg" width="257" /></a>désespérer de son pardon.
Judas avait vu Jésus pardonner à des usuriers et à des prostituées, il avait
entendu de sa bouche les paraboles de la miséricorde, y compris celle de
l’enfant prodigue, il l’avait entendu commander à Pierre de pardonner septante
fois sept fois; pourtant, après tout cela, il désespère de son pardon et se
pend, tandis que Pierre après son reniement ne désespérera pas mais éclatera en
sanglots. Ce désespoir montre aussi que Judas avait pour le juste trahi par lui
une très haute estime, qui lui faisait mesurer l’horreur abyssale du crime
accomplit; mais c’était pourtant une estime incomplète et donc injurieuse,
puisque devant la responsabilité de la trahison elle s’arrêtait à mi-chemin et
croyait injurieusement Jésus incapable de pardonner au traître. Bien plus que
par la trahison de Judas, Jésus fut offensé par son désespoir : là fut
l’outrage suprême envers Jésus et la suprême iniquité commise par Judas</i>» (J.
Ricciotti. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Vie de Jésus-Christ, </i>Paris,
Payot, Col. Bibliothèque historique, 1954, p. 585). Ricciotti s’engage ensuite
dans une évaluation des Trente deniers qui lui apparaissent non pas une somme
dérisoire, mais bien une petite fortune en conversion actuelle. Évidemment,
tout cela repose sur des spéculations monétaires. Le chiffre de trente
(deniers) étant, comme je l'ai dit plus haut, plus marquant de la bassesse du geste que dire<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>128 francs-or!</span><br />
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Se voulant plus moderne – Vatican II oblige -, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’Histoire de Jésus Christ </i>du dominicain
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg-au1pKF8VvN54S1axhvpO2cc_gDojuJTvH3weIFvNIdZxxsgp6SO4Sry2QH7T0zQSvWHZEYJRA1IFzbtQGlPa6Gva57mUZ3cCIWB12NhEhBAPQJh5wWQ3kR44Q9ahYNBj64VYHahWowo/h120/r-l-bruckberger.jpg">Bruckberger </a>nous présente un Judas grisé par le dimanche des Rameaux et la
popularité que Jésus obtient de la foule. Il se tient </span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg-au1pKF8VvN54S1axhvpO2cc_gDojuJTvH3weIFvNIdZxxsgp6SO4Sry2QH7T0zQSvWHZEYJRA1IFzbtQGlPa6Gva57mUZ3cCIWB12NhEhBAPQJh5wWQ3kR44Q9ahYNBj64VYHahWowo/s1600/r-l-bruckberger.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg-au1pKF8VvN54S1axhvpO2cc_gDojuJTvH3weIFvNIdZxxsgp6SO4Sry2QH7T0zQSvWHZEYJRA1IFzbtQGlPa6Gva57mUZ3cCIWB12NhEhBAPQJh5wWQ3kR44Q9ahYNBj64VYHahWowo/s1600/r-l-bruckberger.jpg" width="265" /></a>là, en attente que Jésus
ordonne le mouvement de foule vers les places fortes de Jérusalem. Mais voici
que Jésus se dérobe. Du dépit amoureux nous passons au dépit politique : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Nous savons que Jésus n’était pas un lâche,
il devait le prouver tout au long de cette semaine sinistre. Judas était
violemment désireux de la victoire charnelle, son jugement passionné se porta
sans doute à cette extrémité, de considérer ce retour à Béthanie comme une
fuite honteuse, ce dont il avait toutes les apparences. Jésus était si
courageux qu’il lui était indifférent de passer pour un lâche, et cette
indifférence est une extrémité de courage</i>» (R.-L. Bruckberger. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’Histoire de Jésus Christ, </i>Paris,
Grasset, rééd. Livre de poche, # 2884, 1965, pp. 358-359). Bruckberger n’osera
pas s’avancer aussi loin que ses prédécesseurs :</span><br />
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; margin-left: 27pt; margin-right: 9pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">On
sait vraiment très peu de choses sur les motifs de la trahison de Judas. Le peu
qui en est dit excite la curiosité, plutôt que de la combler : “Le Diable
entra en lui”. Comment? Pourquoi? Et qu’est-ce que le Diable lui fit faire pour
le mener cette nuit, à la tête d’une troupe, dans ce sombre jardin?
Quelle étrange et sinistre convention que de désigner Jésus aux sbires en
l’embrassant! Toujours est-il que Judas était là. La nuit devait être
noire comme de l’encre. Judas appela Jésus : ^Maître! Maître!
c’est moi! Salut!” autant pour se faire reconnaître que pour
reconnaître lui-même Jésus. Et à tâtons, dans l’ombre, il lui donna un baiser.
Jésus dit : “Ainsi, Judas, c’est par un baiser que tu trahis le Fils de
l’Homme?” Et Matthieu note qu’il appela Judas “mon ami”.</i></span><br />
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; margin-left: 27pt; margin-right: 9pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjbCYJmcANwqanGeL9zPMwkxbz9s6xLIJaKiUIeOoahmWIDTg_94bRAjZP0DR6Hp83X32px59lPBs_YYuw6pRYHKfwW1KlSR6wudBztNrSsyWvM526R3_z36a4KUEjD3FdGlm4iCBZL9SQ/s1600/la_verdadera_historia_de_judas_iscariote.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="312" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjbCYJmcANwqanGeL9zPMwkxbz9s6xLIJaKiUIeOoahmWIDTg_94bRAjZP0DR6Hp83X32px59lPBs_YYuw6pRYHKfwW1KlSR6wudBztNrSsyWvM526R3_z36a4KUEjD3FdGlm4iCBZL9SQ/s1600/la_verdadera_historia_de_judas_iscariote.jpg" width="320" /></a></span>On s’embrasse beaucoup en Orient, et il est probable que le
geste de Judas lui était coutumier. Mais c’est la seule fois que les Évangiles
prennent la peine de noter que Jésus ait reçu un baiser sur la face :
c’est devenu éternellement “<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjbCYJmcANwqanGeL9zPMwkxbz9s6xLIJaKiUIeOoahmWIDTg_94bRAjZP0DR6Hp83X32px59lPBs_YYuw6pRYHKfwW1KlSR6wudBztNrSsyWvM526R3_z36a4KUEjD3FdGlm4iCBZL9SQ/h120/la_verdadera_historia_de_judas_iscariote.jpg">le baiser de Judas</a>”. Marie-Madeleine avait baisé
seulement les pieds de Jésus. En tout cas, ce baiser de Judas est le dernier
que Jésus ait reçu avant de mourir. Après ce baiser fatal, les hommes, ses
frères, ne lui donneront plus que des crachats, des gifles et des coups.</span></i><br />
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; margin-left: 27pt; margin-right: 9pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Solitude poignante de ces deux hommes qui s’embrassent dans
la nuit…! Dans quelques heures, tous deux seront morts, et, par une
suprême dérision, d’une mort analogue, l’un et l’autre pendus au bois, fruits
de l’arbre, fruits de malédiction. Saint Paul reprendra, à propos de la
crucifixion de Jésus, le mot terrible de la Loi, qui promet la malédiction de
Dieu à quiconque est pendu au bois. Misérable Judas qui, ayant livré son
maître, et maintenant dévoré de remords, essaiera pourtant de le rejoindre, mais
trop tard, et dans la malédiction. L’ambiguïté du destin de Judas est
terrible : aimait-il Jésus? L’aima-t-il jusqu’au bout à sa
manière? Sans doute, d’un amour tordu, impuissant et désespéré, à jamais
stérile, comme il arrive que nous aimions, hélas! tant le cœur de l’homme
est “creux et plein d’ordure”, tant nous excellons à tourner à mal ce qui
devrait nous sauver</span></i><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">»
(R. -L. Bruckberger. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp.
400-401).</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Et puis la version des évangélistes du sort de Judas est
opposée à ce qu’en disent les <i>Actes des Apôtres</i> qui ne retiennent pas la
version du suicide : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">À travers le
premier discours de Pierre à Jérusalem, c’est une autre version de la mort de
Judas qu’il offre : “Et voilà que s’étant acquis un domaine avec le
salaire de son forfait, cet homme est tombé la tête la première et a éclaté par
le milieu, et toutes ses entrailles se sont répandues. La chose fut si connue
de tous les habitants de Jérusalem que, ce domaine fut appelé dans leur langue
Hakeldama, c’est-à-dire “Domaine de sang” </i>(Ac 1, 18-19).<i style="mso-bidi-font-style: normal;"> Judas, devenu propriétaire foncier, meurt
sur son bien. C’est lui, là encore, qui se tue, mais sa mort est accidentelle.
À moins qu’il n’ait été précipité dans le vide, comme on poussait d’une hauteur
ceux qui étaient lapidés</i>» (G. Mordillat et J. Prieur. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Jésus contre Jésus, </i>Paris, Seuil, Col. Points, # P800, 1999, p.
322). Ricciotti aurait donc eu raison de calculer la valeur des Trente deniers
à la hausse. Mais même pour ces auteurs éminemment critiques, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">le mystère Judas </i>demeure intact : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Pourquoi cette trahison? Pourquoi </i></span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj-OjCMvPTrzcLhBQ07ga8oFnJ1Mscc14tuPhg6qGpCIp3gH3aSQ7FYdxWNR9GBKLuUcGDpoeHNbr5ktNSfOLUqjq-Xj-VY0htNfrMl_dkFJf9VSh_mZEL5obMuV-hUP9YcdNhKoyWdpck/s1600/Caravaggio-el-beso-de-judas.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="292" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj-OjCMvPTrzcLhBQ07ga8oFnJ1Mscc14tuPhg6qGpCIp3gH3aSQ7FYdxWNR9GBKLuUcGDpoeHNbr5ktNSfOLUqjq-Xj-VY0htNfrMl_dkFJf9VSh_mZEL5obMuV-hUP9YcdNhKoyWdpck/s1600/Caravaggio-el-beso-de-judas.jpg" width="400" /></a>cette
opération nocturne qui complique tout? Pourquoi cette volte-face de la
population si enthou-siaste aupara-</i></span><br />
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">vant à fêter l’entrée de Jésus à Jérusalem?</i>» (G. Mordillat et J. Prieur. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p.
326). Et que dire aujourd’hui du fameux «<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj-OjCMvPTrzcLhBQ07ga8oFnJ1Mscc14tuPhg6qGpCIp3gH3aSQ7FYdxWNR9GBKLuUcGDpoeHNbr5ktNSfOLUqjq-Xj-VY0htNfrMl_dkFJf9VSh_mZEL5obMuV-hUP9YcdNhKoyWdpck/h120/Caravaggio-el-beso-de-judas.jpg">baiser de Judas</a>»? «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">“Or, le traître leur avait donné ce signe
convenu : ‘Celui à qui je donnerai un baiser, c’est lui; arrêtez-le
et emmenez-le sous bonne garde.’ Et aussitôt arrivé, il s’approcha de lui en
disant : ‘Rabbi’, et il lui donna un baiser. Les autres mirent la main sur
lui et l’arrêtèrent” </i>(Mc 14, 44-46). En <i style="mso-bidi-font-style: normal;">quoi
faut-il un signal de reconnaissance pour identifier Jésus dont les évangélistes
vantent sans cesse la célébrité? On a pu conjecturer que les disciples,
uniformément vêtus, se ressemblaient tous et qu’il fallut bien un geste pour
distinguer Jésus au milieu d’eux. N’est-ce pas là aussi la marque usuelle du
respect des disciples envers leur rabbi? Mais jamais chez Marc ni même
chez les autres évangélistes, les disciples n’embrassent Jésus</i>» (G. Mordillat
et J. Prieur. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 327). </span><br />
<br />
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">C’est en
partant de cette scène, et là encore avec la célèbre fresque de Giotto, que nos
deux auteurs ramènent le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">doppelgänger </i>dans la constitution du parricide. «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Dans ce baiser, Judas et Jésus font <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgQVms5uk8iIFQ1eFODi2YeeM9Q6qmn77-HRj-QaTt6ufNFDdpKnpCagiCyum2GX-uhBs1flgJ4Ji4jBLMcnXrIs_T-FKQ5NC2zXouHa3_1aVW2_z8onYkIEoCEBE1fYKa0VQ5uQ50xKdA/h120/beso-giotto-w-commons-478x270-672xXx80.jpg">corps</a>,
comme si un archétype était en jeu, comme si, irréductiblement, Jésus faisait
couple avec son traître. Comme si (hormis Jésus) Judas était, dans le
christianisme, la seule et unique trace de l’ambivalence </i></span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgQVms5uk8iIFQ1eFODi2YeeM9Q6qmn77-HRj-QaTt6ufNFDdpKnpCagiCyum2GX-uhBs1flgJ4Ji4jBLMcnXrIs_T-FKQ5NC2zXouHa3_1aVW2_z8onYkIEoCEBE1fYKa0VQ5uQ50xKdA/s1600/beso-giotto-w-commons-478x270-672xXx80.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="225" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgQVms5uk8iIFQ1eFODi2YeeM9Q6qmn77-HRj-QaTt6ufNFDdpKnpCagiCyum2GX-uhBs1flgJ4Ji4jBLMcnXrIs_T-FKQ5NC2zXouHa3_1aVW2_z8onYkIEoCEBE1fYKa0VQ5uQ50xKdA/s1600/beso-giotto-w-commons-478x270-672xXx80.jpg" width="400" /></a>qui caractérise
toujours le sacré, une exception. “Dans le sacrifice chrétien, la
responsa-bilité du sacrifice n’est pas donnée dans la volonté du fidèle. Le
fidèle ne contribue au sacrifice de la croix que dans la mesure de ses
manquements, de ses péchés. De ce fait, écrit Georges Bataille dans son essai
sur l’érotisme, l’unité de la sphère sacrée est brisée. Au stade païen de la
religion, la transgression fondait le sacré dont les aspects impurs n’étaient
pas moins sacrés que les aspects contraires. L’ensemble de la sphère sacrée se
composait du pur et de l’impur. Le christianisme rejeta l’impureté. Il rejeta
la culpabilité, sans laquelle le sacré n’est pas concevable, puisque seule la
violation de l’interdit ouvre l’accès” </i>(G. Mordillat et J. Prieur. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 327-328). Qu’importe
finalement que Jésus ait choisi son destin ou non, le baiser de Judas ramène,
pour un instant, les doubles à une confrontation unique. C’est le méchant
William Wilson qui condamne le bon et le tue dans le conte de Poe. Ce
geste reprend le meurtre d’Abel et cette fois-ci Judas, comme je l’ai dit,
n’aura pas la consolation, ou ne l’entendra pas, qui est le pardon de l’agneau
sacrifié qui prend le poids du péché du sacrificateur sur ses épaules, et le
console d’avoir été l’instrument de Sa volonté. Véritable relation masochiste où Jésus se sert de Judas comme de son instrument sadique.</span><br />
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Chacun des versets néo-testamentaires peut ainsi voir son
interprétation se modifier selon que l’on ressent haine, mépris et abjection
pour Judas, ou bien compassion et pitié. Si, pour Ricciotti, Jésus ajoute «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">des paroles qui voulurent être le dernier
cri d’exhortation angoissée, l’ultime signal au bord de l’abîme : “</i>Car
le fils de l’homme s’en va, ainsi qu’il est écrit de lui; mais malheur à
l’homme par qui le fils de l’homme est trahi! Mieux (vaudrait) pour cet
homme qu’il ne fût pas né”» (J. Ricciotti. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Op.
cit. </i>p. 599), André-Marie Gerard se demande : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Était-ce un dernier avertissement dissuasif ou l’expression d’une
immense pitié, plutôt qu’une malédiction et une condamnation presciente?</i>»
(A.-M. Gerard. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Dictionnaire de la Bible, </i></span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi2bCA4LTG2Uhm2b9xTcZYUATyf4MSh3EsW1ImTAp4qPWCeHR9XMaqPwOqaDFGg37_Hj0FyAXETIbasFrOhAKgrNSytHShJEU4QZZjQi0xNsB2WjFnZ2C5ybo5YP90460XYQy7fq8PtCss/s1600/muss3.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi2bCA4LTG2Uhm2b9xTcZYUATyf4MSh3EsW1ImTAp4qPWCeHR9XMaqPwOqaDFGg37_Hj0FyAXETIbasFrOhAKgrNSytHShJEU4QZZjQi0xNsB2WjFnZ2C5ybo5YP90460XYQy7fq8PtCss/s1600/muss3.jpg" width="246" /></a>Paris,
Robert Laffont, Col. Bouquins, 1989, pp. 720-721). Le théologien Léon-Dufour va
même plus loin encore : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">“Mieux eût
valu pour cet homme-là de ne pas naître.” Ce qui selon Xavier Léon-Dufour, ne
doit en aucun cas être interprété comme la damnation de Judas, ni même comme
une malédiction, mais simplement comme l’expression d’une sympathie douloureuse
éprouvée par Jésus devant une terrible faute. Ne pas avoir vu le jour eût été
plus enviable. Jésus ne maudit pas Judas, il reconnaît qu’il est malheureux</i>»
(C. Soullard. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Judas, </i>Paris, Éditions
Autrement, Col. Figures mythiques, 1999, p. 27). Quand on sait que lorsque <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi2bCA4LTG2Uhm2b9xTcZYUATyf4MSh3EsW1ImTAp4qPWCeHR9XMaqPwOqaDFGg37_Hj0FyAXETIbasFrOhAKgrNSytHShJEU4QZZjQi0xNsB2WjFnZ2C5ybo5YP90460XYQy7fq8PtCss/h120/muss3.jpg">Mussolini </a>tenta de rejoindre l'armée allemande dans les Alpes, se disant trahi par le Parti National Fasciste et les Italiens, il traînait avec lui un exemplaire de la <i>Vie de Jésus-Christ </i>de Ricciotti, on peut se demander quelle méditation il en tira, ignorant qu'il allait finir lui aussi pendu, une fois mort cependant, par les pieds à une station service!</span><br />
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><br /></span></div>
<div style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Ce qui est notable, c’est combien <i style="mso-bidi-font-style: normal;">le mystère Judas </i>résiste aux interprétations psychologiques, et
comment nos propres attitudes et jugements ont évolué au cours du dernier tiers
du XXe siècle.</span><br />
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Il faut souligner en premier lieu l'extension du poids de la faute du seul Judas étendu à toute la judéité </span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiHhWW4F7eYtmjHvs_5qCurKOcjFNKnbbBg3NiOCmcF7sDV0r3yrDTpAVuZ-yzlCu2U5mT9HeCXO6loS2bGNpy8Q9jVA26i46lCEymHgyzAeLGZr4hFlVhHgM9Gel5MbFv-ybOYcib4n7U/s1600/m-volochine.jpeg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiHhWW4F7eYtmjHvs_5qCurKOcjFNKnbbBg3NiOCmcF7sDV0r3yrDTpAVuZ-yzlCu2U5mT9HeCXO6loS2bGNpy8Q9jVA26i46lCEymHgyzAeLGZr4hFlVhHgM9Gel5MbFv-ybOYcib4n7U/s1600/m-volochine.jpeg" width="358" /></a>occidentale, ainsi l’idée exprimée par l’auteur russe
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiHhWW4F7eYtmjHvs_5qCurKOcjFNKnbbBg3NiOCmcF7sDV0r3yrDTpAVuZ-yzlCu2U5mT9HeCXO6loS2bGNpy8Q9jVA26i46lCEymHgyzAeLGZr4hFlVhHgM9Gel5MbFv-ybOYcib4n7U/h120/m-volochine.jpeg">Volochine</a> en 1929 : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Pour moi, Judas
est la nation juive, qui, en tant que plus ancien apôtre du Christ, a pris sur
lui tous les maux du monde</i>» (Cité in P.-E. Dauzat. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Judas, </i>Paris, Perrin, Col. Tempus, # 240, 2008, p. 200). Bien sûr,
l’antisémitisme, qu’il soit de la civilisation chrétienne occidentale ou de la
chrétienne orientale, a toujours associé Judas à<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>l’ensemble du peuple déicide. Dès la dernière décennie du XIXe
siècle, le nom de Judas se trouva fracturé d'une bilocation entre le
Judas-Dreyfus, et les Judas-antidreyfusards appelés à devenir les Collabos de
1940. En Allemagne, on retrouvait le Judas-Kautsky qui avait vendu, avec la
social-démocratie allemande, le Lénine christique qui montrait la nouvelle voie bolchevique
du communisme. Le Judas-Trotsky devint le prétexte aux monstrueux procès de
Moscou alors que le Judas-Blum faisait triompher, pour un court laps de temps,
le Front Populaire : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Après Jeanne
d’Arc, Judas. Blum, tu es notre avilissement. Je te hais</i>», lançait
Jean-Charles Legrand en 1938. Étrange association. «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Chez <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEib5I3G17tF7skZPOrKpfIQoJrK1c-G1iLtxvVl_v59TFN5p0BoW1sqKtZPWA8iqzH0jICij0_PQCEM-Vh4frZMwDhKYVjJ4MVPTDY1XUXv287qXKU2SOUiaDBsu32iR9NZhkKPeDaDQqM/h120/Emil-Michel-Cioran.jpeg">Cioran</a>, qui se veut subversif, l’ambivalence est pour le moins
appuyée jusque dans </i></span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">la très controversée </i>Transfiguration de la
Roumanie : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">“Si j’étais juif, je me
suiciderais sur-le-champ”, lance-t-il après avoir évoqué la malédiction qui
s’acharne sur les Juifs et dont Dieu seul est </i></span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEib5I3G17tF7skZPOrKpfIQoJrK1c-G1iLtxvVl_v59TFN5p0BoW1sqKtZPWA8iqzH0jICij0_PQCEM-Vh4frZMwDhKYVjJ4MVPTDY1XUXv287qXKU2SOUiaDBsu32iR9NZhkKPeDaDQqM/s1600/Emil-Michel-Cioran.jpeg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEib5I3G17tF7skZPOrKpfIQoJrK1c-G1iLtxvVl_v59TFN5p0BoW1sqKtZPWA8iqzH0jICij0_PQCEM-Vh4frZMwDhKYVjJ4MVPTDY1XUXv287qXKU2SOUiaDBsu32iR9NZhkKPeDaDQqM/s1600/Emil-Michel-Cioran.jpeg" width="400" /></a></i></span>respon-</i></span><br />
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">sable. Et trente ans plus
tard : “Tous les peuples sont maudits. Le peuple juif l’est plus que les
autres. Sa malé-</i></span><br />
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">diction est automatique, sans lacunes. Elle va de soi”…</i>»
(P.-E. Dauzat. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 261). La
malédiction du Juif Judas se diffuse dans toute sa race. «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">…en 1946, c’est-à-dire alors qu’on n’ignorait plus rien de
l’Holocauste, “l’historien chrétien” Daniel-Rops reprendra en écho cette
légende avec ces mots abjects tirés de son </i>Histoire sainte : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">“Les Juifs avaient crié : ‘Que son sang
retombe sur nous et sur nos enfants!' Dans sa justice, Dieu les a
exaucés”. Et d’ajouter que les persécutions des Juifs ne feront jamais oublier
leur manque de compassion pour le Crucifié</i>» (P.-E. Dauzat. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 313). Le cardinal Ratzinger,
devenu le pape Benoît XVI, devait pardonner aux Juifs comme aux Romains la
mort de Jésus puisqu’ils agissaient dans une non-liberté, étant les instruments
de Dieu. Évidemment ce «pardon» venait trop tard, l’antisémitisme étant depuis
longtemps passé de l’anti-judaïsme à l’anthropologie raciale.</span><br />
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Toutes ces tentatives d’expliquer psychologiquement ou de
justifier politiquement le geste de Judas ont pour </span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhpZDbbJ7PA1yID4r4w_qVn-OFuMG44HRZtv1jPPPnUdXEqbukqemH8eahpNUF1DwO-wzHeQwtg3DWPljnMautokIOfRAE2g25oTugX7HbT0dd2aDg_BL37v2OuvqDojwggsJ53dn16-h8/s1600/judas.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhpZDbbJ7PA1yID4r4w_qVn-OFuMG44HRZtv1jPPPnUdXEqbukqemH8eahpNUF1DwO-wzHeQwtg3DWPljnMautokIOfRAE2g25oTugX7HbT0dd2aDg_BL37v2OuvqDojwggsJ53dn16-h8/s1600/judas.jpg" width="370" /></a>effet de le tirer de la
position monstrueuse qu’on lui découvre en enfer. Le XXe siècle fut au siècle de trahisons
inouïes, de ces assassinats de masse, de ces guerres génocidaires, et la folie meurtrière qui s'empara du monde fit en sorte de décrocher <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhpZDbbJ7PA1yID4r4w_qVn-OFuMG44HRZtv1jPPPnUdXEqbukqemH8eahpNUF1DwO-wzHeQwtg3DWPljnMautokIOfRAE2g25oTugX7HbT0dd2aDg_BL37v2OuvqDojwggsJ53dn16-h8/h120/judas.jpg">Judas</a> de sa mauvaise posture de pendu pour enfin trouver compassion auprès des hommes qui avaient tant de crimes à se faire pardonner. Mais Brutus? Mais Cassius? Que viennent-ils faire dans cette galère?</span></div>
<div style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Carl-Gustav <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh_MDNTDkx5Umuy1OAQD4lAGxoTCzwllV_aKbyEVFRqAXrgdiP8nPW5Vmt5htKSN3ot8RUu9gzWvzjUepeSCr3PM91NHqUkYj0zIAAH-IuW0cGwAkHjRdp2aHm8Xwv270ZgyLBcIvKwdDE/h120/1359474598QdsL1Hs0RPlSAo6H.jpg">Jung</a> (1875-1961), dans une œuvre qui </span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh_MDNTDkx5Umuy1OAQD4lAGxoTCzwllV_aKbyEVFRqAXrgdiP8nPW5Vmt5htKSN3ot8RUu9gzWvzjUepeSCr3PM91NHqUkYj0zIAAH-IuW0cGwAkHjRdp2aHm8Xwv270ZgyLBcIvKwdDE/s1600/1359474598QdsL1Hs0RPlSAo6H.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh_MDNTDkx5Umuy1OAQD4lAGxoTCzwllV_aKbyEVFRqAXrgdiP8nPW5Vmt5htKSN3ot8RUu9gzWvzjUepeSCr3PM91NHqUkYj0zIAAH-IuW0cGwAkHjRdp2aHm8Xwv270ZgyLBcIvKwdDE/s1600/1359474598QdsL1Hs0RPlSAo6H.jpg" width="316" /></a>devait l’éloigner de
Freud, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Métamorphose de l’âme et ses
symboles, </i>se penche sur un roman de Anatole France racontant l’histoire de
l’abbé Œgger obsédé par la damnation de Judas et qui, au cours d’une intense
prière, est averti par un signe que Dieu a pardonné à Judas. Ce qui l’amène à
vouloir prêcher l’Évangile de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">l’infinie
miséricorde de Dieu. </i>Jung enchaîne aussitôt avec l’analyse d’usage.</span><br />
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; margin-left: 27pt; margin-right: 9pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Nous
sommes ici en présence d’un système imaginatif évident : il s’agit de la
subtile question toujours en suspens : le légendaire personnage de Judas
a-t-il été <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjB-uQlC8TpPXleFj8zBVV3pqoPhkzxQhD96YqJjSodupszGpcijDBULxU2ApahCwqIbVWGah73rTBRQZP3SmaBM3nPShkYxZtnpqaxAHiELstYQmOQheGu-BWp5QwUkZhGdTEWs2ni0KE/h120/pakt_judas_hi.jpg">damné</a>, ou non? La légende de Judas en elle-même est un motif
typique : le motif de la trahison perfide à l’égard du héros. Je rappelle
Siegfried et Hagen; Balder et Loki. Siegfried et Balder sont assassinés par un
traître perfide de leur </i></span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjB-uQlC8TpPXleFj8zBVV3pqoPhkzxQhD96YqJjSodupszGpcijDBULxU2ApahCwqIbVWGah73rTBRQZP3SmaBM3nPShkYxZtnpqaxAHiELstYQmOQheGu-BWp5QwUkZhGdTEWs2ni0KE/s1600/pakt_judas_hi.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="295" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjB-uQlC8TpPXleFj8zBVV3pqoPhkzxQhD96YqJjSodupszGpcijDBULxU2ApahCwqIbVWGah73rTBRQZP3SmaBM3nPShkYxZtnpqaxAHiELstYQmOQheGu-BWp5QwUkZhGdTEWs2ni0KE/s1600/pakt_judas_hi.jpg" width="320" /></a>entourage. Le touchant et le tragique de ce mythe
viennent de ce que ce n’est pas dans un combat loyal que tombe le héros, mais à
la suite d’une trahison. C’est là aussi un événement fréquent dans
l’histoire : ainsi César et Brutus par exemple. Le mythe d’un tel acte
remonte à la plus lointaine antiquité, mais il reste le sujet de récits
continuellement nouveaux. C’est ainsi que s’exprime le fait que la jalousie
empêche l’homme de dormir en paix. Voici la règle qu’il faut appliquer à la
tradition mythique d’une façon générale : ce ne sont pas les récits
d’événements anciens quelconques qui se perpétuent, mais uniquement ceux qui
traduisent une idée générale humaine et qui se rajeunit éternellement et
continuellement. La vie et les exploits des héros culturels et fondateurs de
religions par exemple sont les plus pures condensations</i>» (C.-G. Jung. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Métamorphoses de l’âme et ses symboles, </i>Paris,
Georg, rééd. Livre de poche, Col. Références, # 0438, 1993, p. 84).</span><br />
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Ce livre, publié pour la première fois en 1912, allait se
voir confirmer par la floraison de poèmes, de romans, de dramaturgies et de
films appelés à réinterroger constamment le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">mystère
Judas, </i>comme le montre Pierre-Emmanuel Dauzat dans l’étude déjà citée. Pour
Jung, ce qui spécifie Judas des autres meurtriers mythiques ou historiques,
c’est qu’il porte en lui «…<i style="mso-bidi-font-style: normal;">une très
grande valeur psychologique parce que c’est lui qui sacrifie l’agneau divin et
qu’au même instant il se sacrifie lui-même (suicide)</i>» (C.-G. Jung. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. </span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhOxI0sCKlQtJvDmGZO_lR29AvS6rWc3VQlpLaK9nsby-o6mhwnYV4aS8MYJI1HvsYisAXz86LH6ACw73g7rXfunOmSqCr_ABeeT97yi4VbXKwUUxUOcK1rfYciyHFFR-Y9st5uQcq0zxU/s1600/index.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="265" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhOxI0sCKlQtJvDmGZO_lR29AvS6rWc3VQlpLaK9nsby-o6mhwnYV4aS8MYJI1HvsYisAXz86LH6ACw73g7rXfunOmSqCr_ABeeT97yi4VbXKwUUxUOcK1rfYciyHFFR-Y9st5uQcq0zxU/s1600/index.jpg" width="400" /></a>84). Du moine <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhOxI0sCKlQtJvDmGZO_lR29AvS6rWc3VQlpLaK9nsby-o6mhwnYV4aS8MYJI1HvsYisAXz86LH6ACw73g7rXfunOmSqCr_ABeeT97yi4VbXKwUUxUOcK1rfYciyHFFR-Y9st5uQcq0zxU/h120/index.jpg">Jacques Clément</a>
qui assassina le roi de France Henri III à Lee Harvey Oswald, les assassins politiques sont tués pour la plupart du temps aussitôt leur crime commis<i>.</i> Les assassins qui furent liquidés après avoir porté le coup homicide sont nombreux au cours de l’histoire. Mais dans la mesure où César s’était
approprié la figure divine et donné les insignes de la royauté, le tribut du sang qui fut porté sur la tête de Brutus et de Cassius, fut reporté <i>sine die, </i>plusieurs années après le crime et dans le contexte des luttes civiles à Rome. Aussi, la question que nous sommes en droit de nous poser, en rapport avec le poème de Dante, comment se fait-il que ces deux récits partagent une même <i style="mso-bidi-font-style: normal;">valeur psychologique </i>pour l’Imaginaire historique du poète florentin?</span><br />
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Qui étaient Brutus et Cassius? Des partisans emportés par les guerres civiles à Rome et qui honnissaient le régime monarchique que Jules César
(100-44 av. J.-C.) était en train de mettre en place. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgclbiq9bVcoN2gpLWkyQDERPSJHavI1ApCxzEVvhX2V-A432P5P17bWZ5Z4MmG-gKT3NBAfh2QGMOU-L3_pHmw6G0XLQoCLanHRE321E9hxRO3s0kxx1P_R_h0MzaY5FepK4NiJU-o2mU/h120/index.jpg">Ronald Syme</a>, le </span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgclbiq9bVcoN2gpLWkyQDERPSJHavI1ApCxzEVvhX2V-A432P5P17bWZ5Z4MmG-gKT3NBAfh2QGMOU-L3_pHmw6G0XLQoCLanHRE321E9hxRO3s0kxx1P_R_h0MzaY5FepK4NiJU-o2mU/s1600/index.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgclbiq9bVcoN2gpLWkyQDERPSJHavI1ApCxzEVvhX2V-A432P5P17bWZ5Z4MmG-gKT3NBAfh2QGMOU-L3_pHmw6G0XLQoCLanHRE321E9hxRO3s0kxx1P_R_h0MzaY5FepK4NiJU-o2mU/s1600/index.jpg" width="269" /></a>romaniste néo-zélandais, n’écrivait-il pas : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Il
est vraiment trop facile de qualifier les assassins d’adeptes fanatiques des
théories grecques sur la vertu supérieure du tyrannicide, aveugles à la vraie
nature des mots d’ordre politiques et aux besoins pressants de l’État romain.
Le caractère et les visées de Marcus Brutus, la figure représentative de la
conspiration, pourraient prêter de la vraisemblance à une telle théorie. Il
n’est cependant nullement évident que le tempérament de Brutus eût été vraiment
autre s’il n’avait jamais ouvert un traité philosophique du Portique ou de
l’Académie. D’ailleurs, l’initiateur du complot, le froid et militaire Cassius,
était épicurien de conviction, et nullement fanatique. Quant aux principes
stoïciens, ils pouvaient fonder des doctrines qui répugnaient tout à fait à des
Romains républicains, c’est-à-dire la monarchie ou la fraternité humaine.
L’enseignement du stoïcisme, en fait, n’était rien de plus qu’une confirmation
et qu’une défense théorique de certaines vertus traditionnelles de la classe
gouvernante dans un État aristocratique et républicain</i>» (R. Syme. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">La révolution romaine, </i>Paris, Gallimard,
Col. Tel, #32, 1967, p. 64). Cassius épicurien et Brutus stoïcien, disciples tous deux du
vieux Caton et de la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">virtus </i>: «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Aux yeux de ses contemporains Marcus <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgSJ70yhHC5ch-p7aWPDIgJ3ieJlbGS3Vi6-wXG98H96cp1SEXATeKqnQfV95ERkFERz6bKAejmVuCrhwMJsAmJKH1aqlHykrhyphenhyphenXSGP6aYDdb_FbEyxHZuqLoQU_PyCOuwYur9idE5iTh0/h120/640px-Portrait_Brutus_Massimo.jpg">Brutus</a>,
ferme de caractère, droit et loyal, de manières austères et retenues, semblait
incarner </i></span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgSJ70yhHC5ch-p7aWPDIgJ3ieJlbGS3Vi6-wXG98H96cp1SEXATeKqnQfV95ERkFERz6bKAejmVuCrhwMJsAmJKH1aqlHykrhyphenhyphenXSGP6aYDdb_FbEyxHZuqLoQU_PyCOuwYur9idE5iTh0/s1600/640px-Portrait_Brutus_Massimo.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgSJ70yhHC5ch-p7aWPDIgJ3ieJlbGS3Vi6-wXG98H96cp1SEXATeKqnQfV95ERkFERz6bKAejmVuCrhwMJsAmJKH1aqlHykrhyphenhyphenXSGP6aYDdb_FbEyxHZuqLoQU_PyCOuwYur9idE5iTh0/s1600/640px-Portrait_Brutus_Massimo.jpg" width="263" /></a>cet idéal de caractère, admiré de ceux qui ne se souciaient pas de
l’imiter. Ce n’était pas une personnalité simple, mais passionnée, excessive et
renfermée. Et l’on ne pouvait prévoir exactement quelle serait sa conduite
politique, Brutus aurait pu être aussi bien un Césarien – ni lui ni César
n’étaient des partisans prédestinés de Pompée. Servilia éleva son fils dans la
haine de Pompée, projeta une alliance avec César et décida que Brutus
épouserait la fille de César. Son plan fut anéanti par le tour que prirent les
événements pendant le fatal consulat de Metellus. Pompée mit la main sur
César : Julie, la fiancée prévue pour Brutus, scella l’alliance. Ensuite,
les chemins de Brutus et de César s’écartèrent largement…</i>» (R. Syme. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 65).</span><br />
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">À première vue, le caractère de Brutus est tout à l’opposé
de celui de Judas, et si Brutus forme un <i style="mso-bidi-font-style: normal;">doppelgänger,
</i>ce n’est pas avec sa victime, César, mais avec l’un des fondateurs mythiques de la
République romaine, Lucius Junius <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgooxSxYwOwAWWC9Dxxjen6UeMzv9xey1nIN57eqhqNsQZ0rUzXhOv5kHii4TRQw7X7H5M-iPYX8Mjx5oe5Ro_AYM8U8dVVJr9zZXpwrnyjCOTliaSLeN39PrgJ6QM0_F_AIg2NIFgW_I8/h120/junius_brutus.gif">Brutus</a> (IVe sicle av. J.-C). Les motifs de l’assassinat </span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgooxSxYwOwAWWC9Dxxjen6UeMzv9xey1nIN57eqhqNsQZ0rUzXhOv5kHii4TRQw7X7H5M-iPYX8Mjx5oe5Ro_AYM8U8dVVJr9zZXpwrnyjCOTliaSLeN39PrgJ6QM0_F_AIg2NIFgW_I8/s1600/junius_brutus.gif" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgooxSxYwOwAWWC9Dxxjen6UeMzv9xey1nIN57eqhqNsQZ0rUzXhOv5kHii4TRQw7X7H5M-iPYX8Mjx5oe5Ro_AYM8U8dVVJr9zZXpwrnyjCOTliaSLeN39PrgJ6QM0_F_AIg2NIFgW_I8/s1600/junius_brutus.gif" width="306" /></a>s’abreuvaient aussi bien des
références ancestrales que de l’opportunisme : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Brutus et ses alliés pouvaient invoquer la philosophie ou un ancêtre
qui avait libéré Rome des Tarquins, le premier consul de la République et le
fondateur de la </i>Libertas. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Histoire
incertaine – et étrangère à la question. Les Libérateurs savaient ce qu’ils
voulaient. Si des hommes honorables saisissaient le poignard de l’assassin pour
tuer un aristocrate romain, un ami et un bienfaiteur, ils avaient de meilleures
raisons. Ils défendaient non seulement les traditions et les institutions de
l’État républicain, mais très précisément la dignité et les intérêts de leur
ordre. La liberté et les lois étaient des mots de fière résonance. À juger
froidement, ils peuvent se traduire souvent par privilèges et intérêts établis</i>»
(R. Syme. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 65-66). Or c’est
précisément ce à quoi s’était attaqué l’absolutisme césarien : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Tutelle tribunicienne des assemblées,
recommandation – </i>commendatio <i style="mso-bidi-font-style: normal;">–
obligatoire des candidats, </i>adlectio <i style="mso-bidi-font-style: normal;">des
</i>Patres, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">commissions préfectorales, et
</i>imperium infinitum <i style="mso-bidi-font-style: normal;">sur les armées et
les provinces, telles sont les réalités sur lesquelles les empereurs édifièrent
leur monarchie. Mais c’est à bon droit qu’ils ont tous pris le nom de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjR1YyTGXpbTdZJSx6ya1X3-fSu2mrmB5xb0DpKvC_SrMHtjBspJ6Re1DaTWC3ZEneniPejy8IPknpuuKFl32891iroBRnCkgrWHKB7lv4-PYmKoqwRAvEXC57wZR6s6AqtnMGX5T_88ck/h120/Jules_cesar.jpg">César</a>,
car c’est à César qu’en remontent la découverte et l’emploi. Par lui, grâce à
</i></span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjR1YyTGXpbTdZJSx6ya1X3-fSu2mrmB5xb0DpKvC_SrMHtjBspJ6Re1DaTWC3ZEneniPejy8IPknpuuKFl32891iroBRnCkgrWHKB7lv4-PYmKoqwRAvEXC57wZR6s6AqtnMGX5T_88ck/s1600/Jules_cesar.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjR1YyTGXpbTdZJSx6ya1X3-fSu2mrmB5xb0DpKvC_SrMHtjBspJ6Re1DaTWC3ZEneniPejy8IPknpuuKFl32891iroBRnCkgrWHKB7lv4-PYmKoqwRAvEXC57wZR6s6AqtnMGX5T_88ck/s1600/Jules_cesar.jpg" width="338" /></a>elles, les anciennes formes républicaines, comices, magistratures, Sénat, et
gouvernements, qui semblent subsister encore, ont été vidées de leur contenu,
plantées sur la scène de l’histoire comme un décor en trompe-l’œil où ne se
déploient plus qu’une pensée et qu’une volonté : les siennes. Indifférent à
la sourde rancune des ennemis qu’il a brisés et qui ne sauraient plus se
réfugier que dans la stérilité de regrets inavouables, dédaigneux de conseils
dont il n’a que faire, en pleine possession de ses forces et de ses idées, il
ne demande aux hommes que de le servir, aux institutions que de refléter et de
transmettre sa domination</i>» (J. Carcopino. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Jules César, </i>Paris, P.U.F. Col. Hier, 1968 (1935), p. 491). César
avait fait son œuvre de déconstruction de l'esprit républicain à défaut d'en abolir, comme les fascistes le firent avec la démocratie, les institutions maintenant fossilisées, et l’assassinat des Ides de mars ne
changera rien sinon que de prolonger la guerre civile, rétablir
un second triumvirat qui sera encore plus désastreux que le premier, mais
d'où sortira le principat d’Octave Auguste,
héritier de la politique de César.</span><br />
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Comme nous sommes loin, à première vue, de la tragédie de Judas. Pourtant, il
y a une tragédie de Brutus et de César dont la dimension se rapproche de celle
qui se déroula, près d’un siècle plus tard, en Galilée. On pourrait qualifier
la «révolution romaine» comme étant, selon les mots même de Syme : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">l’humiliation de </i></span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgRHYdhHJc4DMVK_ud1s72Om0k3_4Lnmwznjgpng5JNwwc0aPeWlys1xAve535mK3tyyuL1ei1Cp1v16xSIAnvg8xraMZwxllEHRp90HXAFaGM_qb4oMClNBm1w1oAqHnSj9ApZXJ50bkc/s1600/Gaius_Cassius_Longinus.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgRHYdhHJc4DMVK_ud1s72Om0k3_4Lnmwznjgpng5JNwwc0aPeWlys1xAve535mK3tyyuL1ei1Cp1v16xSIAnvg8xraMZwxllEHRp90HXAFaGM_qb4oMClNBm1w1oAqHnSj9ApZXJ50bkc/s1600/Gaius_Cassius_Longinus.jpg" width="313" /></a>l’oligarchie</i>» et «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">la promotion donnée au mérite</i>» (R. Syme.
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Op. cit. </i>p. 96). En retour, César,
dès l’an 47, «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">réunit à sa dignité de
grand pontife celle de l’augurat dont l’emblème figurera au revers de ses
monnaies ; et il se hausse à la monarchie par les degrés de sa
divinisation</i>» (J. Carcopino. </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="NL" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-ansi-language: NL; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Op. cit. </span></i><span lang="NL" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-ansi-language: NL; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">p. 555). </span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">C’est-à-dire qu’en tuant le
monarque, Brutus et <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgRHYdhHJc4DMVK_ud1s72Om0k3_4Lnmwznjgpng5JNwwc0aPeWlys1xAve535mK3tyyuL1ei1Cp1v16xSIAnvg8xraMZwxllEHRp90HXAFaGM_qb4oMClNBm1w1oAqHnSj9ApZXJ50bkc/h120/Gaius_Cassius_Longinus.jpg">Cassius</a> commettaient <i>de facto</i> un «déicide», et le fait qu'ils n'en éprouvèrent ni la honte ni les remords et que le peuple romain s'assembla pour aller écouter leurs discours le lendemain de l'assassinat, montre que l'attachement religieux à César n'était pas encore accompli. Judas aussi, en sacrifiant le Dieu vivant, allait commettre un acte comparable puisque, de la bouche de Jésus à Pilate, ne se reconnaissait-il pas lui-même être <i style="mso-bidi-font-style: normal;">le Roi des Juifs</i><span style="mso-bidi-font-style: normal;">?</span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"> </i>Certes, le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">divus
Iulius </i><span style="mso-bidi-font-style: normal;">n'accéda pas au statut de la divinité sur le même modèle que </span>le Christ :</span><br />
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; margin-left: 27pt; margin-right: 9pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">D’un dieu, César commença par collectionner les
attributs : les jeux, où, après celle de Sulla, seront célébrées ses victoires;
son anniversaire, </span></i><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">dies
natalis, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">qui se fêtera pendant les jeux
d’Apollon; l’éponymie du mois de sa naissance qui, de </i>Quintilis, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">se mua en </i>Iulius, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">juillet; un </i></span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgFbwtI134y8GMeUEdVYLUFr2347DBp_JbU5aIOPLbgwQIzeozHjR1TORh1giWPkB1bzYgMEnDsXgCZjCngfxhGeAwXZc6-gNydw8jO9z6TIroLPRG2p0K2ena33voEoVCzzxuvV5K_Pto/s1600/Quirinus.gif" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgFbwtI134y8GMeUEdVYLUFr2347DBp_JbU5aIOPLbgwQIzeozHjR1TORh1giWPkB1bzYgMEnDsXgCZjCngfxhGeAwXZc6-gNydw8jO9z6TIroLPRG2p0K2ena33voEoVCzzxuvV5K_Pto/s1600/Quirinus.gif" width="255" /></a>char processionnel ou </i>tensa, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">pour les défilés rituels du Grand Cirque; une table d’offrandes,
ou </i>ferculum, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">et un lit de parade ou </i>pulvinar
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">dans les lectisternes; un fronton
au-dessus de sa demeure; le service d’un flamine et, finalement,
l’inauguration de deux statues cultuelles : la première dans le temple de
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgFbwtI134y8GMeUEdVYLUFr2347DBp_JbU5aIOPLbgwQIzeozHjR1TORh1giWPkB1bzYgMEnDsXgCZjCngfxhGeAwXZc6-gNydw8jO9z6TIroLPRG2p0K2ena33voEoVCzzxuvV5K_Pto/h120/Quirinus.gif">Quirinus</a>, non pour parer l’édifice, mais pour accompagner fraternellement
le dieu dont César devient ainsi le copain – </i>contubernalis <i style="mso-bidi-font-style: normal;">– comme plaisante Cicéron en se félicitant
avec une ironie féroce de savoir César associé à Quirinus, et non à Salus, la
déesse de la santé; la seconde, plus tard, dans le temple de la Clémence,
de plain-pied avec celle de cette vertu divine, la main de l’une dans celle de
l’autre. Alors, ayant tout d’un dieu, César en assume la dénomination. En
Italie même, de simples particuliers, dans un élan de reconnaissance, l’avaient
spontanément inscrite sur la pierre, tel ce bourgeois de Nole, qui, nommé
duumvir de son municipe par la grâce de César, n’a rien trouvé de mieux pour le
remercier. Le Sénat la lui impose officiellement au début de 44 et César ne la refuse
pas. On a suspecté le témoignage de Dion à cet égard, parce Dion dénomme le
nouveau dieu, Zeus Ioulios, </i></span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="NL" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-ansi-language: NL; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjYtfcoJ8l-x9itLRgXopyN_nYJmv3BMgzgEmPfAeNajwigrdBgzY5-xDOu-m18p229Q2W6E_nSB8l37OwsYOeobHq6viuWurs-HfTcvyiPX9TNfil5xvfyRcbstd17jWucj4FXRgMiW70/s1600/ciceron.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjYtfcoJ8l-x9itLRgXopyN_nYJmv3BMgzgEmPfAeNajwigrdBgzY5-xDOu-m18p229Q2W6E_nSB8l37OwsYOeobHq6viuWurs-HfTcvyiPX9TNfil5xvfyRcbstd17jWucj4FXRgMiW70/s1600/ciceron.jpg" width="264" /></a></span>Jupiter Julius, ce qui, à la lettre, serait, en
effet, trop fort pour être vraisemblable. Mais Dion est un Grec, dont la langue
ne dispose pour </i>deus et divu, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">que
d’un vocable (</i>Theos<i style="mso-bidi-font-style: normal;">), et pour qui, au
surplus, Zeus Ioulios est un euphémisme pour </i>deus<i style="mso-bidi-font-style: normal;"> ou plutôt </i>divus Iulius, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">tout
de même que pour les gens de Mitylène qui, vers la même époque, appelèrent leur
illustre compatriote Théophane, admis par eux aux honneurs divins, du nom de
Zeus Theophanes. Aussi bien les gens d’Aesernia n’ont-ils dû consacrer que du
vivant de César leur ex-voto </i>Genio divi Daesaris, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">et puisque le culte de César mort n’a été institué qu’en 42, c’est le
culte de </i>divus Iulius <i style="mso-bidi-font-style: normal;">en chair et en
os que <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjYtfcoJ8l-x9itLRgXopyN_nYJmv3BMgzgEmPfAeNajwigrdBgzY5-xDOu-m18p229Q2W6E_nSB8l37OwsYOeobHq6viuWurs-HfTcvyiPX9TNfil5xvfyRcbstd17jWucj4FXRgMiW70/h120/ciceron.jpg">Cicéron</a>, dans sa deuxième </i>Philippique, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">peu après le 19 septembre 44, blâme Antoine d’avoir cyniquement négligé</i>»
(J. Carcopino. </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="NL" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-ansi-language: NL; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Op. cit. </span></i><span lang="NL" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-ansi-language: NL; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">pp. 556-557).</span><br />
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Cette progression rapide d’un homme sorti du peuple, grand
combattant et démesurément ambitieux, vers la divinité dépassait le triomphe de
la reconnaissance de sa royauté. Pour la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">gravitas
</i>associée à l’attitude patricienne romaine, il y avait là une «profanation»
qui convenait de réparer :</span><br />
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; margin-left: 27pt; margin-right: 9pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le
dictateur avait trop présumé de son ascendant et trop de la générosité comme de
la lâcheté humaines. Et il n’avait pas suffisamment sondé la profondeur des
sentiments de crainte et d’aversion suscités par le déploiement révolutionnaire
de ses projets. Sous la cendre du bûcher de Caton d’Utique, la flamme
républicaine couvait encore. En particulier, elle </i></span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi4DqCmvq2ktH7xM13mLeR0MraoXsW4iiUEC7QRx204U87I_wrI7IsVcmd1ZPURLrjCpBnCDTfBuJBM_7DJgnzMbWn7rJCgTVdkswn5_52jM7Z0ypr4wwiZeIMBZ5j0yNMyVt4yQdTtlmM/s1600/1024px-Ch%C3%A2teau_de_Versailles,_cour_de_marbre,_buste_de_Jules_C%C3%A9sar,_Vdse_126_02.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="212" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi4DqCmvq2ktH7xM13mLeR0MraoXsW4iiUEC7QRx204U87I_wrI7IsVcmd1ZPURLrjCpBnCDTfBuJBM_7DJgnzMbWn7rJCgTVdkswn5_52jM7Z0ypr4wwiZeIMBZ5j0yNMyVt4yQdTtlmM/s1600/1024px-Ch%C3%A2teau_de_Versailles,_cour_de_marbre,_buste_de_Jules_C%C3%A9sar,_Vdse_126_02.jpg" width="320" /></a>consumait l’âme tourmentée du
gendre du martyr, Marcus Iunius Brutus,le fils de cette Servilia que <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi4DqCmvq2ktH7xM13mLeR0MraoXsW4iiUEC7QRx204U87I_wrI7IsVcmd1ZPURLrjCpBnCDTfBuJBM_7DJgnzMbWn7rJCgTVdkswn5_52jM7Z0ypr4wwiZeIMBZ5j0yNMyVt4yQdTtlmM/h120/1024px-Ch%C3%A2teau_de_Versailles,_cour_de_marbre,_buste_de_Jules_C%C3%A9sar,_Vdse_126_02.jpg">César</a>
avait aimée et du démocrate que Pompée avait froidement exécuté, l’homme
intraitable qui, préférant à son juste ressentiment la cause de la Liberté,
avait, en 49, rallié, surmontant son dégoût, l’armée du meurtrier de son
père. César avait sauvé, amnistié Brutus à Pharsale ; puis il lui avait
prodigué les témoignages de son affection : il lui avait donné le
gouvernement de la Cisalpine en 46, la préture urbaine le 1<sup>er</sup>
janvier 44. Mais les faveurs glissaient sur ce philosophe passionné pour
l’étude et rongé de scrupules; et le doctrinaire maudissait
intérieurement le despotisme qui le comblait. Seuls, la reconnaissance qu’il
devait à César et peut-être aussi un obscur désir d’être adopté par lui
l’avaient jusqu’à présent détourné d’entendre les exhortations des tentateurs.
Cicéron, qui avait discerné la violence des convictions de Brutus et aussi le
secret orgueil dont il était pétri, avait, dès 45, fait fond sur ce puritain
pour assumer à sa place la terrible responsabilité de renverser le tyran. Déjà,
il avait essayé d’émouvoir sa colère; et, avant que des mains anonymes
vinssent placarder sur le tribunal du préteur des appels non déguisés à son
courage et à sa vengeance – Tu dors, Brutus! -, Cicéron avait invoqué les
ancêtres, réels </i></span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhRz9YNtLzLAr8THz7dzh8dtu59grMo5MU6i0lKlTSBTIeBJjrTXfrExAU9bPV0emkWtDcwztmmirEXIJLkNMqcM-LBEn-nrXhozZODjUnT5PYxNA-motMFO_HUfPD4CYggQAEtklXttSI/s1600/index.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="176" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhRz9YNtLzLAr8THz7dzh8dtu59grMo5MU6i0lKlTSBTIeBJjrTXfrExAU9bPV0emkWtDcwztmmirEXIJLkNMqcM-LBEn-nrXhozZODjUnT5PYxNA-motMFO_HUfPD4CYggQAEtklXttSI/s1600/index.jpg" width="320" /></a>ou supposés, des deux lignages de Marcus Brutus : l’ancien
Brutus qui avait exterminé les Tarquins, Servilius Ahala qui avait délivré le
peuple de l’usurpateur Sp. Maelius. Mais, avec sa conscience bourrelée de
scrupules, le nouveau Brutus ne fût sans doute jamais passé à l’acte sans le
choc psychologique dû à l’annonce de la suprême usurpation de César. À C.
Cassius, qui, en l’apprenant, avait tenu à se réconcilier avec lui et lui
demanda quelle serait son attitude, il répondit d’abord que le jour où le Sénat
aurait à délibérer sur la royauté de César il protesterait en n’assistant pas à
la séance. C. Cassius avait alors insisté : “Mais si nous sommes
convoqués, que feras-tu?” –“Alors, répliqua Brutus, mon devoir sera de défendre
la liberté et de mourir avant de la voir expirer”. Cassius lui objecta qu’il
valait mieux la sauver en tuant César; et, soudain, l’assentiment de Brutus
décida du <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhRz9YNtLzLAr8THz7dzh8dtu59grMo5MU6i0lKlTSBTIeBJjrTXfrExAU9bPV0emkWtDcwztmmirEXIJLkNMqcM-LBEn-nrXhozZODjUnT5PYxNA-motMFO_HUfPD4CYggQAEtklXttSI/h120/index.jpg">complot</a></i>» (J. Carcopino. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid.
</i>pp. 562-563).</span><br />
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Cassius joue ici le rôle de ce <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Diable qui entra </i>en Judas auprès de cet intellectuel frustré qu’est
Brutus. Le mimétisme d’une histoire cyclique qui place un premier Brutus à la
fondation de Rome en place un autre pour la sauver de la restauration de la
monarchie à travers César. Alors que Judas est payé et agit seul pour trahir
son maître, en bon stoïcien, Brutus va participer à une conjuration où se
retrouvent des partisans de l’ancienne Rome républicaine, celle-là même qui a été
vidée de la substance de ses institutions :</span><br />
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; margin-left: 27pt; margin-right: 9pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Nouée
ce jour-là entre les deux hommes, la conjuration s’étend à leurs amis :
d’anciens Pompéiens graciés : Q. Ligarius, Pontius Aquila, Rubrius Ruga,
Sextius Naso; des Césariens, que l’ambition de César épouvante :
Serv. Sulpicius Galba, L. Minucius Basilus, L. Tillius Cimber, C. et P.
Servilius Casca, et jusqu’aux lieutenants de César à Marseille, C. Trebonius </i></span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEio264L_393frt-o2N4n9zymbqUR5G4qE7qqfeeHkzkGDQN3I_FyHRiHE77y7y7G3hfl_AifiPRBOrqQ4oWiMPyFf7I4QH5BXVzeEsuSqdaiuv_UHHTiVmqHKMNo1FIY6AUYJHAaALwvy4/s1600/index+2.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEio264L_393frt-o2N4n9zymbqUR5G4qE7qqfeeHkzkGDQN3I_FyHRiHE77y7y7G3hfl_AifiPRBOrqQ4oWiMPyFf7I4QH5BXVzeEsuSqdaiuv_UHHTiVmqHKMNo1FIY6AUYJHAaALwvy4/s1600/index+2.jpg" width="320" /></a>et
Decimus Iunius Brutus. Au seul nom de royauté et devant l’imminence de
l’expédition chez les Parthes qui leur fait horreur, ces hommes, que tout
divise, s’unissent dans la même volonté criminelle. Plus encore peut-être que
la tyrannie ouverte de César, ils détestaient sa guerre contre la Perse, où elle
s’infecterait des couleurs odieuses de l’étranger. Déjà impopulaire au temps de
Crassus, lorsque dix ans plus tôt le «“triumvir” avait rejoint son armée sous
les injures des passants et la malédiction d’un tribun, l’expédition parthique
les affolait maintenant qu’ils l’accusaient de les murer en ce dilemme :
ou subir un désastre plus affreux que celui de 53, ou, par le triomphe du “roi”
César, assister à l’orientalisation des terres romaines. Ils résolurent de la
prévenir par le meurtre, et choisirent pour lieu de leur assassinat celui où le
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEio264L_393frt-o2N4n9zymbqUR5G4qE7qqfeeHkzkGDQN3I_FyHRiHE77y7y7G3hfl_AifiPRBOrqQ4oWiMPyFf7I4QH5BXVzeEsuSqdaiuv_UHHTiVmqHKMNo1FIY6AUYJHAaALwvy4/h120/index+2.jpg">Sénat</a> serait appelé à la </i></span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjLb3bwiX2vC7a24Fa0tmHMf9qUOc_wVMlfULm4gFnMpsPZtbAQZRftx-Zm2NIuuKoENz0NDW6YDRzcRI4RAiYnKdekWSmPrwRQRa_UBrUIm0MjACMAZ1sOOb11mnuD2_M0bVSZcEWigGU/s1600/images.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="245" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjLb3bwiX2vC7a24Fa0tmHMf9qUOc_wVMlfULm4gFnMpsPZtbAQZRftx-Zm2NIuuKoENz0NDW6YDRzcRI4RAiYnKdekWSmPrwRQRa_UBrUIm0MjACMAZ1sOOb11mnuD2_M0bVSZcEWigGU/s1600/images.jpg" width="320" /></a>sanctionner de ses suffrages, pour moment celui qui
précéderait la consommation de cette honte. Avant l’ouverture de l’inexpiable
séance, César, et César seul, attiré au milieu des conjurés avec une hypocrisie
égale à celle qui avait amené son rival dans la barque des sicaires égyptiens,
s’écroula aux pieds de la statue du vaincu de Pharsale, dans la curie de
Pompée, transpercé de 35 coups de poignard, dont un seul, planté en pleine
poitrine, avait été mortel, le 15 mars 44, vers 11 heures du matin. À
l’inévitable, il avait opposé qu’une sereine intrépidité et c’est seulement à
la vue de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjLb3bwiX2vC7a24Fa0tmHMf9qUOc_wVMlfULm4gFnMpsPZtbAQZRftx-Zm2NIuuKoENz0NDW6YDRzcRI4RAiYnKdekWSmPrwRQRa_UBrUIm0MjACMAZ1sOOb11mnuD2_M0bVSZcEWigGU/h120/images.jpg">Brutus</a> s’acharnant au carnage qu’il a laissé échapper un gémissement
de stupeur et de douloureux reproche : “Toi aussi, mon enfant !…</i>»
(J. Carcopino. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 364),</span><br />
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Le récit de Carcopino, comme tous ceux qui l’ont précédé et
suivi, s’inspire du premier témoignage des événements des Ides de Mars, celui
de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgfNtV-EzEQiSyPEnPfqb3MNjvW4fRJlmfDKzGcZjPRkgYji7Dtp387tj4Vu93zWGx-mkFIBnYIpXH4cNAye1Cn7sV6AYla4Ia1AQGZsyM85kKRTXNF6jQ54EjAZ5PjJ-AwUpAYEl0uMx8/h120/index.jpg">Nicolas de Damas</a> (né en 65 av. J.-C), récit paru une vingtaine </span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgfNtV-EzEQiSyPEnPfqb3MNjvW4fRJlmfDKzGcZjPRkgYji7Dtp387tj4Vu93zWGx-mkFIBnYIpXH4cNAye1Cn7sV6AYla4Ia1AQGZsyM85kKRTXNF6jQ54EjAZ5PjJ-AwUpAYEl0uMx8/s1600/index.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgfNtV-EzEQiSyPEnPfqb3MNjvW4fRJlmfDKzGcZjPRkgYji7Dtp387tj4Vu93zWGx-mkFIBnYIpXH4cNAye1Cn7sV6AYla4Ia1AQGZsyM85kKRTXNF6jQ54EjAZ5PjJ-AwUpAYEl0uMx8/s1600/index.jpg" width="210" /></a>d’années
après les événements. Sans être un témoin direct de la scène, Nicolas de Damas
a eu accès à des témoignages de gens qui assistèrent à la cohue qui suivit le
meurtre du dictateur. Le récit de Nicolas est assez simple : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">À peine les sénateurs le virent-ils entrer,
qu’ils se levèrent tous en signe d’honneur. Déjà ceux qui allaient le frapper
se pressaient autour de lui. Avant tous Tillius Cimber, dont César avait exilé
le frère, s’avance vers lui. Arrivé près de César, qui tenait ses mains sous sa
toge, il le saisit par ses vêtements et avec une audace toujours croissante il
l’empêchait de se servir de ses bras et d’être maître de ses mouvements. César
s’irritant de plus en plus, les conjurés se hâtent de tirer leurs poignards et
se précipitent tous sur lui. Servilius Casca le premier le frappe en levant son
fer à l’épaule gauche, un peu au-dessus de la clavicule ; il avait voulu
le frapper au cou, mais dans son trouble sa main s’égara. César se lève pour se
défendre contre lui. Casca, dans son agitation, appelle son frère en langue
grecque. Docile à sa voix, celui-ci enfonce son fer dans le côté de César. Mais
plus rapide que lui, déjà Cassius l’avait frappé à travers la figure. Decimus
Brutus lui porte un coup qui lui traverse le flanc, tandis que Cassius
Longinus, dans sa précipitation à joindre ses coups à ceux des autres, manque
César, et va frapper la main de Marcus Brutus. Ainsi que lui, Minucius Basilus,
en voulant atteindre César,</i></span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgv5E6jYXKFA8T2_DT6pBw9_ChCxL2a7zBSJUaCIje6RNMcsH74JAY8yylxbY_7b114wsiCkWYnej95-aYCq7ic47caE_cxzG6YBup9qewCqPrWdWbFhuyv-znfivch8XCwaEZNEDV4Ms4/s1600/39h02.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgv5E6jYXKFA8T2_DT6pBw9_ChCxL2a7zBSJUaCIje6RNMcsH74JAY8yylxbY_7b114wsiCkWYnej95-aYCq7ic47caE_cxzG6YBup9qewCqPrWdWbFhuyv-znfivch8XCwaEZNEDV4Ms4/s1600/39h02.jpg" width="272" /></a> blesse Rubrius Rufus à la cuisse. On eût dit qu’ils
se disputaient leur victime. Enfin, César, accablé de coups, va tomber devant la
statue de Pompée, et il n’y est pas un seul conjuré qui, pour paraître avoir
participé au meurtre, n’enfonçât son fer dans ce corps inanimé jusqu’à ce que
César eût rendu l’âme par ses trente-cinq blessures</i>» (Cité in R. Étienne. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Les Ides de mars, </i>Paris,
Gallimard/Julliard, Col. Archives, #51, 1973, pp. 41-42).<i style="mso-bidi-font-style: normal;"> </i>«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Quand les conjurés virent
leur victime écroulée au pied de la statue, ils se précipitèrent dehors, de
même que les autres sénateurs stupéfiés par le crime. Pendant le reste de la
journée, la peur, la consternation et l’horreur paralysèrent Rome. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgv5E6jYXKFA8T2_DT6pBw9_ChCxL2a7zBSJUaCIje6RNMcsH74JAY8yylxbY_7b114wsiCkWYnej95-aYCq7ic47caE_cxzG6YBup9qewCqPrWdWbFhuyv-znfivch8XCwaEZNEDV4Ms4/h120/39h02.jpg">Marc Antoine</a>
et Lepidus eux-mêmes, “les plus grands amis de César, s’esquivèrent et
cherchèrent refuge dans des maisons autres que les leurs”. Le cadavre resta un
certain temps, gisant sur le sol “jusqu’à ce que trois esclaves le missent sur
une litière pour le ramener chez lui”</i>» (E. Horst. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">César, </i>Paris, Fayard, rééd. Marabout, Col. Histoire, # MU438, 1981,
p. 367.</span><br />
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Certes, le récit que <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiRS28NxssET0EIrXUl_rfNV6rcQ2EmBlDVlcqq04ReoBFSRdJljvXWRNbhSOxL63wrOXA-0LcY6wkqZF2fWUESEH-PLhtzU2iVKlQtdURq0e1ghp0TUIvwhvXRXs9jadvk0R5ZE3_61R8/h120/AVT2_Suetone_3078.jpeg">Suétone</a> donne dans ses <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Vies des douze Césars </i>a inspiré à peu
près tous les récits classiques, y compris le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Jules César </i>de Shakespeare. Œuvre de propagande contre la dynastie
julio-</span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiRS28NxssET0EIrXUl_rfNV6rcQ2EmBlDVlcqq04ReoBFSRdJljvXWRNbhSOxL63wrOXA-0LcY6wkqZF2fWUESEH-PLhtzU2iVKlQtdURq0e1ghp0TUIvwhvXRXs9jadvk0R5ZE3_61R8/s1600/AVT2_Suetone_3078.jpeg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiRS28NxssET0EIrXUl_rfNV6rcQ2EmBlDVlcqq04ReoBFSRdJljvXWRNbhSOxL63wrOXA-0LcY6wkqZF2fWUESEH-PLhtzU2iVKlQtdURq0e1ghp0TUIvwhvXRXs9jadvk0R5ZE3_61R8/s1600/AVT2_Suetone_3078.jpeg" width="305" /></a>claudienne, le talent littéraire de Suétone est celui d’un chroniqueur
doublé d’un moraliste plutôt que d’un historien critique. Il a un sens du
dramatique peu courant. C’est lui qui modifie la phrase et fait dire à César
«Toi aussi, mon fils», exclamation qui fit tant couler d’encre au cours des siècles pour
savoir quel était le degré de filiation entre les deux hommes. Suétone, comme
les récits évangéliques, insiste sur ce côté pitoyable, pathétique, qui
accompagne la conjuration et le meurtre hystérique du grand Jules. Le récit
d’un vulgarisateur de grand talent, Gérard Walter, ramasse les détails qui
donnent de ce crime une confirmation du destin qui s’acharne sur sa
victime :</span><br />
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; margin-left: 27pt; margin-right: 9pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">À
peine sa litière partie, un homme arrive, en courant. C’est le Grec Artémidor.
Ancien précepteur de Brutus, il est demeuré un de ses familiers, tout en
servant d’agent-informateur à César qu’il avait connu encore enfant lors du
séjour de celui-ci en Grèce. Il faut qu’il voie César. Tout de suite. Il court
après la litière. Il la rattrape au moment où elle s’arrête devant le théâtre.
César descend et se prépare à gravir les marches du portique. Des solliciteurs
</i></span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgBadoFKc9j6cQM8XiUPz7onPvt1bbXIYysH_z4wcYKRYw4vFqpH1a0wtlpD2FtgFBpq8dTd8UcEl3luOqFm8La4K5rHDQQ7g9BKscHHuHY9vXQA2KDlQAx5RCE4XTeSplNohzwZzklNcg/s1600/images+2.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="199" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgBadoFKc9j6cQM8XiUPz7onPvt1bbXIYysH_z4wcYKRYw4vFqpH1a0wtlpD2FtgFBpq8dTd8UcEl3luOqFm8La4K5rHDQQ7g9BKscHHuHY9vXQA2KDlQAx5RCE4XTeSplNohzwZzklNcg/s1600/images+2.jpg" width="320" /></a>l’assaillent. D’un geste las, il transmet leurs suppliques à ses officiers.
Artémidor lui tend la sienne. Mais il insiste pour que César en prenne
immédiatement connaissance. Celui-ci paraît impressionné par les accents
émouvants de sa voix. Il garde le billet dans sa main. Il n’a pas le temps de
l’ouvrir : déjà un importun l’accapare et se met à lui débiter une longue
histoire. Peut-être lui demande-t-il quelque faveur, puisque finalement on le
voit se confondre en remerciements. Enfin débarrassé de lui, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgBadoFKc9j6cQM8XiUPz7onPvt1bbXIYysH_z4wcYKRYw4vFqpH1a0wtlpD2FtgFBpq8dTd8UcEl3luOqFm8La4K5rHDQQ7g9BKscHHuHY9vXQA2KDlQAx5RCE4XTeSplNohzwZzklNcg/h120/images+2.jpg">César </a>se dirige
vers l’entrée, sans avoir pu lire le billet d’Artémidor.</i></span><br />
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; margin-left: 27pt; margin-right: 9pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">L’aruspice Spurinna l’attend devant la porte : il est
d’usage que le dictateur, en entrant au sénat, prenne les auspices venant d’en
franchir le seuil. César l’a reconnu. Il le salue ironiquement : “Eh bien,
les voici venues, les Ides de mars!” L’autre répond, très bas : “Oui, mais
elles ne sont pas encore passées”. Puis il se remet au travail. La première
victime révèle </span></i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgDh2N2YqsEwNZcuQV28BVPKlDeJMpzIUp2IP2bP3DHmW-K6veizofkB9E12o1a0TJbZSYYjki9cTbigEQZFSf7PtRvy3ybOWDULGZEr8zNsip_hpsThtEvNjoOs03Ptc8dmeAnjQuZrbE/s1600/Denier_comm%C3%A9morant_les_conqu%C3%AAtes_gauloises_de_Jules_C%C3%A9sar.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="159" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgDh2N2YqsEwNZcuQV28BVPKlDeJMpzIUp2IP2bP3DHmW-K6veizofkB9E12o1a0TJbZSYYjki9cTbigEQZFSf7PtRvy3ybOWDULGZEr8zNsip_hpsThtEvNjoOs03Ptc8dmeAnjQuZrbE/s1600/Denier_comm%C3%A9morant_les_conqu%C3%AAtes_gauloises_de_Jules_C%C3%A9sar.jpg" width="320" /></a>des entrailles défectueuses. “Signe de mort”, annonce Spurinna.
César hausse les épaules : à Munda, au moment de commencer la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgDh2N2YqsEwNZcuQV28BVPKlDeJMpzIUp2IP2bP3DHmW-K6veizofkB9E12o1a0TJbZSYYjki9cTbigEQZFSf7PtRvy3ybOWDULGZEr8zNsip_hpsThtEvNjoOs03Ptc8dmeAnjQuZrbE/h120/Denier_comm%C3%A9morant_les_conqu%C3%AAtes_gauloises_de_Jules_C%C3%A9sar.jpg">bataille</a>, on
lui avait prédit la même chose, et pourtant… -- “Et pourtant, réplique
Spurinna, il y a couru le plus grand danger”. César coupe la conversation.
Qu’on consulte de nouvelles victimes. Spurinna obéit. Même résultat. L’épreuve
se prolonge. Autour de César, on s’impatiente. On le presse : il est temps
d’en finir, les devins abusent de sa patience, depuis quand est-il devenu si
superstitieux…</span></i><br />
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; margin-left: 27pt; margin-right: 9pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">César a honte de sa faiblesse. Il laisse là Spurinna et sa
volaille éventrée. D’un pas décidé, il pénètre dans l’assemblée. Il est onze
heures passées. À son entrée, tout le monde se lève. Un petit groupe d’hommes se
détache et va à sa rencontre. À peine lui laisse-t-on le temps de s’asseoir.
Déjà Tillius Cimber s’incline devant lui en l’implorant de rappeler son frère.
César </span></i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj63ohL9LolvUk1KRt7iEFobRDQosFG9CJGWSRxvFdwL8wMFcArceuxOJ0VyL8_b8p5cRiXSiP00c3qreJo3FwrRp7_bn098bHZKfdxMxtYGqmZwwsZpHEbStNgiDXN_6HlkSAxmfJe2ho/s1600/cesar_fin.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="211" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj63ohL9LolvUk1KRt7iEFobRDQosFG9CJGWSRxvFdwL8wMFcArceuxOJ0VyL8_b8p5cRiXSiP00c3qreJo3FwrRp7_bn098bHZKfdxMxtYGqmZwwsZpHEbStNgiDXN_6HlkSAxmfJe2ho/s1600/cesar_fin.jpg" width="320" /></a>ne veut pas l’écouter. Ce n’est pas le moment. On verra cela une autre
fois. Tillius insiste. Les autres joignent leurs prières aux siennes. Ils lui
saisissent les mains, lui baisent le front, la poitrine. Leurs doigts frôlent
son corps, furtifs et agiles. Non, il ne porte pas de cuirasse aujourd’hui, et
il n’a nulle arme cachée sur lui. César en a assez. Excédé, il fait un
mouvement pour se lever. Tillius, comme s’il voulait tenter une ultime prière,
saisit un pan de sa toge. On voit paraître l’épaule nue : signal convenu.
Un cri de César : “Mais c’est de la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEheUFbz-QutTr551Gzt6na7yPfflHinKCpblb14hFax8u5FVRq4ENQqRTIHlL2nWsd5PdiL0LV73K27Gj2ijIkPje9q_fn4jnOcxR6KoTIoRLlW_tyZchxMOjYEZIXtuYB_8GADshNR4Oo/h120/cesar_fin.jpg">violence</a>!” Aussitôt, par derrière,
Casca le frappe. Coup manqué : la main du tribun a tremblé, et son
poignard s’égare au-dessus de la clavicule. César n’a pas perdu son sang-froid.
Il se retourne, reconnaît celui </span></i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiiZ3t1zd2BGYFqKLjnDJlHDY8BrCQSOooFcqtp6Ti2sZ8d4kd2mPuOuc9GjBCoXL12Bzdm8ZW2AvA3RMQ5Fk3-AHanuY_hVqneSUNr3lYMRsaq_zaOoC4cSO1qrEuk6nxPB1utr6pcW9E/s1600/assassinatcesar.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="197" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiiZ3t1zd2BGYFqKLjnDJlHDY8BrCQSOooFcqtp6Ti2sZ8d4kd2mPuOuc9GjBCoXL12Bzdm8ZW2AvA3RMQ5Fk3-AHanuY_hVqneSUNr3lYMRsaq_zaOoC4cSO1qrEuk6nxPB1utr6pcW9E/s1600/assassinatcesar.jpg" width="320" /></a>qui vient de lever la main sur lui. “Scélérat!
Que fais-tu?” lui crie-t-il. En même temps, le saisissant par le bras, il le
blesse avec le poinçon dont il se sert pour écrire et s’élance en avant. Mais
Cassius se dresse en face et lui porte un coup de poignard en pleine figure.
César, aveuglé par le sang qui inonde son visage, chancelle, ne sait où diriger
ses pas. De tous les côtés, les poignards se lèvent. Il est poussé “tel une
bête féroce assaillie par les chasseurs” aux pieds de la statue de Pompée. À
chaque coup, c’est un cri, un hurlement sauvage. En recevant celui de Brutus,
il se tait, se couvre la tête de sa toge, et s’<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiiZ3t1zd2BGYFqKLjnDJlHDY8BrCQSOooFcqtp6Ti2sZ8d4kd2mPuOuc9GjBCoXL12Bzdm8ZW2AvA3RMQ5Fk3-AHanuY_hVqneSUNr3lYMRsaq_zaOoC4cSO1qrEuk6nxPB1utr6pcW9E/h120/assassinatcesar.jpg">effondre</a>.</span></i><br />
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; margin-left: 27pt; margin-right: 9pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Un silence se fait. Puis le vacarme recommence. Les
sénateurs, saisis de folle panique, se <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgfwSI2wL7u_LKyIHK3UwSh7yW0QOAINDJTlSLlieRIbmD0SnsluTGv3SRJihO0GP2j5PJr5XR1RV1US7gqG-Ty-HsDqVkD5Z1RoJEP_QQ4xHimr-sO3zXbC-gWjOs2us56-1jkRIzrkWM/h120/blog-assassinat-de-jules-cesar.jpg">précipitent </a>dehors. Les conjurés les
suivent, brandissant leurs poignards ensanglantés. La </span></i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhrv79EUcCpAtsTWrEXuQL3rIbQlL3LcRdEsu_VtolobnhZwIP-2GJjaBIxo7hj0Elb5zvgSM69PE_nmTy97JhWdSAMLhoyF8N1PkVfSvY4-UvdzqO99FoV4MsbdA6vAqCq2FUGRkmkEzs/s1600/blog-assassinat-de-jules-cesar.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="194" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhrv79EUcCpAtsTWrEXuQL3rIbQlL3LcRdEsu_VtolobnhZwIP-2GJjaBIxo7hj0Elb5zvgSM69PE_nmTy97JhWdSAMLhoyF8N1PkVfSvY4-UvdzqO99FoV4MsbdA6vAqCq2FUGRkmkEzs/s1600/blog-assassinat-de-jules-cesar.jpg" width="320" /></a>salle se vide. De son
piédestal, le vaincu de Pharsale, figé dans le marbre froid de sa statue,
regarde la dépouille de son vainqueur percée de vingt-trois blessures. Des
heures passent. Personne ne vient troubler leur muet colloque. Vers la fin de
la journée arrivent <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhJK-Y23S7DtmhKBdOmNjaxBTujoto2nlCe8yjQDGc6200Inao4X1UMSWNTrJpa3guyoIsa8mlzfa6SBohXo9Gg3Z7iBDUkBxeKYBjF4_Tsd9Gb7uc4PYZMiFjEQDjJNXwCWQhrY4MPtjM/h120/meurtre2.jpg">trois esclaves</a> de César. Ils emportent le corps de leur maître
posé sur une civière, un bras pendant dehors. La main serre un billet. Celui
d’Artémidor qu’il n’a pas eu le temps de lire…</span></i><br />
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; margin-left: 27pt; margin-right: 9pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhJK-Y23S7DtmhKBdOmNjaxBTujoto2nlCe8yjQDGc6200Inao4X1UMSWNTrJpa3guyoIsa8mlzfa6SBohXo9Gg3Z7iBDUkBxeKYBjF4_Tsd9Gb7uc4PYZMiFjEQDjJNXwCWQhrY4MPtjM/s1600/meurtre2.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="242" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhJK-Y23S7DtmhKBdOmNjaxBTujoto2nlCe8yjQDGc6200Inao4X1UMSWNTrJpa3guyoIsa8mlzfa6SBohXo9Gg3Z7iBDUkBxeKYBjF4_Tsd9Gb7uc4PYZMiFjEQDjJNXwCWQhrY4MPtjM/s1600/meurtre2.jpg" width="320" /></a>Il y a quarante ans, le même jour, le long des mêmes rues,
un gracieux adolescent, revêtu d’une toge immaculée, s’en allait, accompagné
d’une foule joyeuse de parents et d’amis, prier la divinité de rendre clair et
heureux le destin qui s’ouvrait devant lui. C’était le jour de la fête d’Anna
Perenna, fête du printemps naissant, quand les hommes au fond des bois chantent
la gloire de la nature ressuscitée</span></i><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">» (G. Walter. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">César, </i>Paris,
Albin Michel, rééd. Marabout, Col. Université, # 49, 1964, pp. 415-416).</span><br />
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">L’impression que Walter raconte la mort de César un peu à la
manière des évangélistes racontant la Passion de Jésus n’aura sûrement pas
échappé à la finesse du lecteur attentif. Ce versant païen de la mort du bienfaiteur par des hommes
de son entourage résonne comme un écho au Fils de l’Homme isolé parmi ses
disciples endormis et trahi par un autre. Que de coïncidences entre ces deux
histoires : les pressentiments funestes; l’accablement des proches;
l’isolement sur la place publique; la mort donnée en spectacle, enfin l’identité
de la saison qui place les deux crimes au même moment de l'année, celui de la
«renaissance» de la nature. Il n’y a pas jusqu’à l’expérience du dimanche des
Rameaux reprise par Walter pour évoquer comment, quarante ans plus tôt, le
jeune Julius qui ne portait pas encore le nom de César, célébrait la fête de la
divinité du printemps, au même endroit où il devait tomber, percé de coups
de couteaux. Et les vingt-trois coups de couteaux équivalent aussi bien au Trente deniers de Judas qu'à la flagellation et au couronnement d'épines.</span><br />
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Et Brutus? Et Cassius? Le tyrannicide a été de peu d'effets, sinon que de relancer la guerre civile à Rome que la dictature de César avait pour un temps interrompue. «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le
lendemain, Brutus et les conjurés </i></span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiC-om86WvlVNwU-hIYVr7P1VxOb7cGqKwZcz3VoJxlkNP7OneIomjkObZuX0hlqN8CG-wM13VMSb1zQA8lrDmfyhBvHx1w_wwgQAEV7BxmfMHOAftpw-VrBG3deJ5JO3i9drtlGRezIFU/s1600/brutussuicide.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="322" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiC-om86WvlVNwU-hIYVr7P1VxOb7cGqKwZcz3VoJxlkNP7OneIomjkObZuX0hlqN8CG-wM13VMSb1zQA8lrDmfyhBvHx1w_wwgQAEV7BxmfMHOAftpw-VrBG3deJ5JO3i9drtlGRezIFU/s1600/brutussuicide.jpg" width="400" /></a>descendirent au forum et haranguè-</i></span><br />
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">rent le
peuple, qui écouta leurs discours sans manifester ni blâme, </i></span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">ni appro-bation de
ce qui s’était fait, mais qui laissait voir par son profond silence que s’il
plaignait César, il respectait Brutus. Le Sénat décréta que l’on rendrait à
César les honneurs divins et qu’on ne toucherait pas à la moindre des mesures
qu’il avait prises quand il était au pouvoir</i>» (Cité in E. Horst. </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="NL" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-ansi-language: NL; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Op. cit.</span></i><span lang="NL" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-ansi-language: NL; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"> p. 368). </span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Quant à ses meurtriers, Suétone nous
dit que tous ne vécurent pas plus de trois ans après le meurtre et périrent de
manière violente. «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ainsi moururent de
leur propre main les meneurs, Cassius et <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiC-om86WvlVNwU-hIYVr7P1VxOb7cGqKwZcz3VoJxlkNP7OneIomjkObZuX0hlqN8CG-wM13VMSb1zQA8lrDmfyhBvHx1w_wwgQAEV7BxmfMHOAftpw-VrBG3deJ5JO3i9drtlGRezIFU/h120/brutussuicide.jpg">Brutus</a>, l’un au printemps, l’autre en
novembre 42, après qu’ils eurent été vaincus par Marc Antoine lors de la double
bataille de Philippes</i>» (E. Horst. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid.
</i>p. 371). Toujours dans la même poursuite du récit évangélique, Brutus subira le sort de Judas.</span><br />
<br />
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Paradoxalement, les motifs de Brutus permettent de comprendre un pan de la trahison de Judas. D’abord l’indicatif passé ramené au
présent; la <i>rétroprojection historique</i> de notre action sur un modèle de
référence passé, ce qui ramène le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">doppelgänger </i>au
centre de la trahison. «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Brutus, le
prétendu ancêtre, n’a-t-il pas </i></span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhWxDvbVWkfTyV7lRCoGNQK2YCwv37KJwb6UlCtspPaUV-6-rL07MMXJhepaETyKksejnB4kbAyuQQj1GPujb_FunQ-aELVoTuwUpf5MfxNL3fbifKVQQfRAQ8Ex6DfI55cIb-LnbY-R7Q/s1600/images.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="323" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhWxDvbVWkfTyV7lRCoGNQK2YCwv37KJwb6UlCtspPaUV-6-rL07MMXJhepaETyKksejnB4kbAyuQQj1GPujb_FunQ-aELVoTuwUpf5MfxNL3fbifKVQQfRAQ8Ex6DfI55cIb-LnbY-R7Q/s1600/images.jpg" width="400" /></a>vengé en 510 le déshonneur de Lucrèce, violée
par le fils du roi Tarquin le Superbe, en décidant de supprimer la ro-</i></span><br />
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">yauté </i>[…]
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ce Brutus n’a-t-il pas lié ses amis,
Collatin, Lucretius et Valerius, par un <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhWxDvbVWkfTyV7lRCoGNQK2YCwv37KJwb6UlCtspPaUV-6-rL07MMXJhepaETyKksejnB4kbAyuQQj1GPujb_FunQ-aELVoTuwUpf5MfxNL3fbifKVQQfRAQ8Ex6DfI55cIb-LnbY-R7Q/h120/images.jpg">serment</a> : </i>et quand Brutus les
invite à aller de ce pas abattre la royauté ils le suivirent comme leur chef
(Tite-Live. I, 69)» (R. Étienne. </span><span lang="NL" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-ansi-language: NL; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Op. cit. p. 165). </span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Ainsi procédèrent les conjurés dont
le programme était essentiellement <b style="mso-bidi-font-weight: normal;">négatif</b>
: tuer César l’aspirant monarque. C’est ce que remarque Cicéron. Les conjurés
des Ides de mars n’ont pas de programme consensuel. Il s’agit seulement de tuer
César. Il s’agit d’un tyrannicide à la mode grecque, inspiré du récit antique
du premier Brutus,</span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjFpPWxkANGMosGmQBwRIorQwlYENFgPmeHTOpY_WV_OJusNeaMpViKIXbKQDAKLtuvhgSmD3T8jkvFuoebaurrsApIzw71rS201taOPzE9UTrTgwepoKNEU6H7cGf3Bbl03mA3q0L8nSs/s1600/judas_maccabeus.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjFpPWxkANGMosGmQBwRIorQwlYENFgPmeHTOpY_WV_OJusNeaMpViKIXbKQDAKLtuvhgSmD3T8jkvFuoebaurrsApIzw71rS201taOPzE9UTrTgwepoKNEU6H7cGf3Bbl03mA3q0L8nSs/s1600/judas_maccabeus.jpg" width="291" /></a> le libérateur de Rome de l’emprise des rois étrusques. Judas
pouvait aussi s’inspirer de Judas Maccabée, le chef de l’insurrection des Juifs
devant la domination grecque des Séleucide en Syrie et surtout la façon dont
les mœurs grecques bouleversaient les coutumes et les valeurs juives au IIe siècle
av. J.-C. Pour les Juifs, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjFpPWxkANGMosGmQBwRIorQwlYENFgPmeHTOpY_WV_OJusNeaMpViKIXbKQDAKLtuvhgSmD3T8jkvFuoebaurrsApIzw71rS201taOPzE9UTrTgwepoKNEU6H7cGf3Bbl03mA3q0L8nSs/h120/judas_maccabeus.jpg">Judas Maccabée</a> est resté un héros à la mesure du
premier Brutus pour les Romains. Les deux figures signifiant à peu près la même
chose : celles de libérateurs contre une emprise extérieure. Judas Maccabée mourut en -160, dans un
affrontement avec le Grec Demetrios. Ses frères fondèrent la dynastie des
Hasmonéens qui s’imposa comme régnante en Judée jusqu’en -63, jusqu'à ce que Pompée fit
passer la Palestine au niveau d’un protectorat romain, faisant transiter la
monarchie aux Iduméens et à la famille d’Hérode le Grand. Au-delà du fait que
Judas ait pu être zélote, les réminiscences historiques des révoltes de Judas
Maccabée restent un corollaire psychologique possible du
dépit ressenti par la «lâcheté» de Jésus à prendre le pouvoir qui semblait à
portée de main lors de l’entrée triomphale à Jérusalem, une semaine avant la
Passion.</span></div>
<div style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br />
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Judas, ce <i style="mso-bidi-font-style: normal;">double
maléfique </i>de Jésus, restera toujours une énigme. L’ami, le disciple, l’homme
de confiance qui se retourne contre son maître à qui depuis on attribue le
statut d’un dieu venu libérer l'humanité de ses péchés. Ne peut-on imaginer être plus abject que Judas? Damné pour
l’éternité, entre Brutus et Cassius, il élève l'homicide au déicide. Par ce
fait même il prend cette majesté métaphysique qui en fait le Traître sur lequel
tous les autres sont inspirés, y compris Caïn, y compris Brutus, y compris
Ptolémée XIII, y compris tous ces traîtres, réels ou imaginaires. Dans certains cas - dans les Cités antiques, dans les nations, les empires mêmes - la «pathologie» du traître manifeste une tendance psychotique, voire même dans les cas les plus suicidaires, une tendance schizophrénique<span style="font-family: Geneva;">.</span></span></div>
<div style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br />
En abordant le cercle de Ptolémée, nous avons longuement élaboré sur le fantasme - et la réalité - de la trahison dans l’histoire du Québec. Nous rappelions que, de part et d'autre du 49e parallèle, il y a une définition commune au mot <i>traître, </i>mais une interprétation différente lorsqu'il s'agit de l'appliquer à l'histoire : là réside, précisément, la <i>spécificité formelle </i>de l'identité nationale. Dans le cas américain, Judas reste Judas, c'est-à-dire un individu menaçant pour la nation (que ce soit Arnold, Burr, Manning ou Snowden), car membre d'une cinquième colonne pactisant avec l'ennemi, peu importe qu'il soit réel ou fantasmatique. Dans le cas québécois, Judas devient la Judée toute entière, c'est-à-dire le groupe national face à sa propre <i>spécificité formelle </i>de l'identité nationale.<br />
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><span style="font-family: Geneva;"></span></span><br />
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><span style="font-family: Geneva;">Au cours du Régime français (1534-1760), le traître n’est encore qu’un individu dans la Cité, il a franchi la porte arrière de la </span></span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><span style="font-family: Geneva;"><span lang="FR-CA" style="color: black; font-family: Geneva;"><span lang="FR-CA" style="color: black; font-family: Geneva;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjooqiSQMhgT5b_-Z918F5pZkAhdnoZjruJ8Lnf9d_7-ZQ-Dfb1Ka_SCtKn-Acj7xaGlICchNHIpeaVGi0n03LecdK5dSztvJO9ONLxzpGpk0k82P5jl8n-dQR99XR-8AYNXd4gw6V2JK0/s1600/p381thumb.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="249" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjooqiSQMhgT5b_-Z918F5pZkAhdnoZjruJ8Lnf9d_7-ZQ-Dfb1Ka_SCtKn-Acj7xaGlICchNHIpeaVGi0n03LecdK5dSztvJO9ONLxzpGpk0k82P5jl8n-dQR99XR-8AYNXd4gw6V2JK0/s1600/p381thumb.jpg" width="400" /></a></span></span>forteresse et menace la vie des fondateurs : c'est le serrurier Duval qui est pendu pour avoir conspiré contre la vie de Cham-</span></span><br />
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><span style="font-family: Geneva;">plain; Étienne Brûlé, puis <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjooqiSQMhgT5b_-Z918F5pZkAhdnoZjruJ8Lnf9d_7-ZQ-Dfb1Ka_SCtKn-Acj7xaGlICchNHIpeaVGi0n03LecdK5dSztvJO9ONLxzpGpk0k82P5jl8n-dQR99XR-8AYNXd4gw6V2JK0/h120/p381thumb.jpg">Radisson</a> et des Groseillers qui pactisent tantôt avec les Hollandais, tantôt avec les Anglais, bref, au marché des fourrures le plus payant est celui qui attire les coureurs des bois français. Puis, il y a <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh1nLRd-RC599f0iHzxfJpcc5igpuMx4BKK8wI7O8vs33_8zTGgT3HOGkI23P3xrH8N2urmZvQ-aPPjm9Smk52Agtn1Reoocq0thxQ4nhcG56w43bJAjCx5_OyZr42M_sl1niWfMK0NWHQ/h120/Thomaspichon.jpg">Thomas Pichon</a>, qui </span></span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><span style="font-family: Geneva;"><span lang="FR-CA" style="color: black; font-family: Geneva;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh1nLRd-RC599f0iHzxfJpcc5igpuMx4BKK8wI7O8vs33_8zTGgT3HOGkI23P3xrH8N2urmZvQ-aPPjm9Smk52Agtn1Reoocq0thxQ4nhcG56w43bJAjCx5_OyZr42M_sl1niWfMK0NWHQ/s1600/Thomaspichon.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh1nLRd-RC599f0iHzxfJpcc5igpuMx4BKK8wI7O8vs33_8zTGgT3HOGkI23P3xrH8N2urmZvQ-aPPjm9Smk52Agtn1Reoocq0thxQ4nhcG56w43bJAjCx5_OyZr42M_sl1niWfMK0NWHQ/s1600/Thomaspichon.jpg" width="310" /></a></span>correspond avec les Anglais lors du siège du Fort Beauséjour (17 juin 1755) enfin Thomas Cugnet qui aurait révélé à Wolfe le sentier lui permettant d'escalader l'Anse-aux-Foulons et atteindre les hauteurs d'Abraham et forcer ainsi Montcalm à livrer combat; le couard Du Chambon de Vergor (qui avait déjà contribué à perdre le Fort Beauséjour), gardien du poste de surveillance, se laissant surprendre au lit par les soldats ennemis. Tous sont encore des Judas individuels. La Cession de la Nouvelle-France à l'Angleterre et le ralliement plus ou moins docile de la population au nouveau régime, si différent par ses coutumes, son droit, sa langue et sa religion surtout, vont insérer le schéma du traître dans la <i>spécificité formelle </i>c’est-à-dire dans une structure schizophrénique culturelle de la nation québécoise. </span></span><br />
<br />
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><span style="font-family: Geneva;">Avec le régime anglais (1760-1867), si certains gouverneurs coloniaux peuvent se montrer intransigeants et autoritaires, la plupart restent conciliants </span></span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><span style="font-family: Geneva;"><span lang="FR-CA" style="color: black; font-family: Geneva;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjM5pp2k8K4h4o_jx50bLB-bLKTkpLbE3aXIRWog5KyHW-J_l-mCyHAWNWRfppQ7nBj7O3CFSPhRtWihpInfoj_LT79nrEbbDlwVp7m6oD1NiGtQMLIbfnJypzN1fHPO3wY24kwMunnLUc/s1600/Jean-Antoine_Panet.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjM5pp2k8K4h4o_jx50bLB-bLKTkpLbE3aXIRWog5KyHW-J_l-mCyHAWNWRfppQ7nBj7O3CFSPhRtWihpInfoj_LT79nrEbbDlwVp7m6oD1NiGtQMLIbfnJypzN1fHPO3wY24kwMunnLUc/s1600/Jean-Antoine_Panet.jpg" width="301" /></a></span>autant que les habitants canadiens-français, qui sont demeurés au pays après la Conquête anglaise, peuvent se montrer parfois têtus et rebelles. La concession d'un gouvernement démocratique (mais non ministériel) en 1791 força cette population à jouer le jeu du gouvernement colonial par une participation au pouvoir législatif sans détenir toutefois le contrôle de l'appareil exécutif. C'est lors de l'élection du premier orateur de la Chambre d'Assemblée, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjM5pp2k8K4h4o_jx50bLB-bLKTkpLbE3aXIRWog5KyHW-J_l-mCyHAWNWRfppQ7nBj7O3CFSPhRtWihpInfoj_LT79nrEbbDlwVp7m6oD1NiGtQMLIbfnJypzN1fHPO3wY24kwMunnLUc/h120/Jean-Antoine_Panet.jpg">Jean-Antoine Panet</a>, que se manifesta la première faille dans l'unité des colons francophones. Les membres de la députation anglaise alléguèrent, pour lui refuser leur vote, «<i>que le président devait connaître les deux langues, et surtout la langue anglaise. On lui répondit que ce candidat l'entendait suffisamment pour conduire les affaires publiques. Un autre député, Richardson, avança que les Canadiens devaient, par tous les motifs d'intérêt et de reconnaissance, adopter la langue de la métropole, et soutint sa proposition avec </i></span></span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><span style="font-family: Geneva;"><i><span lang="FR-CA" style="color: black; font-family: Geneva;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEifSyOqB2MgoHMcx2poyuBi6nGp8YD3sVAFKznxKSC0OjVKLPf-BysUbYnegMVLAYINWB4frI7rusx1iL-O9DQjl8XLjW8C0Gi1XzDlvN9TrZdrbgJGXoRzjHiXoC2fNCrm5-2di7O28Aw/s1600/original.6940.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEifSyOqB2MgoHMcx2poyuBi6nGp8YD3sVAFKznxKSC0OjVKLPf-BysUbYnegMVLAYINWB4frI7rusx1iL-O9DQjl8XLjW8C0Gi1XzDlvN9TrZdrbgJGXoRzjHiXoC2fNCrm5-2di7O28Aw/s1600/original.6940.jpg" width="331" /></a></span>tant d'apparence de conviction qu'il entraîna <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEifSyOqB2MgoHMcx2poyuBi6nGp8YD3sVAFKznxKSC0OjVKLPf-BysUbYnegMVLAYINWB4frI7rusx1iL-O9DQjl8XLjW8C0Gi1XzDlvN9TrZdrbgJGXoRzjHiXoC2fNCrm5-2di7O28Aw/h120/original.6940.jpg">Pierre-Louis Panet</a></i> [cousin de Jean-Antoine]. <i>"Le pays n'est-il pas une possession britannique? demanda ce dernier. La langue anglaise n'est-elle pas celle du souverain et de la législature dont nous tenons notre constitution? Ne doit-on pas conclure de là que puisqu'on parle l'anglais à Londres, on doit le parler à Québec?"</i>» Jean-Antoine Panet fut élu grâce à la majorité canadienne-française, mais lors de la session de 1794, occasion de la reconduction du même orateur à son poste, «<i>cette fois encore pas un Anglais ne vota pour ce dernier tandis que quatre Canadiens se levèrent contre lui, outre deux revêtus de charges publiques, entre autres le solliciteur général, </i>[Louis-Charles Foucher], <i>qui ne vota plus que comme un homme vendu</i>» (F.-X. Garneau. <i>Histoire du Canada, t. 2, </i>Paris, Félix Alcan, pp. 433 et 448). La déchirure endogène du groupe ethnique, commençait à vicier l'homogénéité collective des Canadiens Français. </span></span><br />
<br />
Avec les Rébellions vaincues de 1837-1838, la structure schizophrénique s’impose. C’est elle que nous nommons le syndrome du Chouayen, du nom de ces partisans du gouverneur anglais contre les Patriotes locaux. Depuis, le pouvoir est passé du Colonial Office de Londres au gouvernement fédéral du Canada à Ottawa. La structure schizophrénique est encore plus douloureuse puisque la <i>spécificité formelle </i>couvre aussi bien les partisans du Canada uni que ceux du Québec libre. Une apparente <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEit3i8K_iOf5-bCGOm366YvcwRrMxE94kcAmTQyDP1lH1SkVzxh1HrOWneDL0JpPew3chEr1L1Z3nuPIPmyrrwTHAtrihOCW0YRaP8rtSrBwBgeJYXmQkPXY6sq07e7LApcoxa7KMwY6So/s1600/605689-rene-levesque-adressant-partisans-parti.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEit3i8K_iOf5-bCGOm366YvcwRrMxE94kcAmTQyDP1lH1SkVzxh1HrOWneDL0JpPew3chEr1L1Z3nuPIPmyrrwTHAtrihOCW0YRaP8rtSrBwBgeJYXmQkPXY6sq07e7LApcoxa7KMwY6So/s1600/605689-rene-levesque-adressant-partisans-parti.jpg" width="297" /></a>synthèse nationale couvre des déchirures latentes qu’un moindre incident suffit parfois à exacerber de manière hystérique. Quiconque connaît l'histoire récente du Québec ne pourra s'empêcher de se rappeler le mot de la fin, le soir de la défaite référendaire du 20 mai 1980, lorsque le Premier ministre <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEit3i8K_iOf5-bCGOm366YvcwRrMxE94kcAmTQyDP1lH1SkVzxh1HrOWneDL0JpPew3chEr1L1Z3nuPIPmyrrwTHAtrihOCW0YRaP8rtSrBwBgeJYXmQkPXY6sq07e7LApcoxa7KMwY6So/h120/605689-rene-levesque-adressant-partisans-parti.jpg">René Lévesque</a>, animateur de l'option du <i>Oui </i>à la souveraineté, remit «<i>à la prochaine fois</i>» cet autre rendez-vous manqué des Québécois avec l'Histoire. Y aurait-il là plus que la tradition hégélienne de l'affirmation de l'auto-détermination d'une collectivité par un État souverain? La <i>sinistrose </i>post-référendaire qui s'abattit sur l'ensemble de la collectivité québécoise aux lendemains du <i>Non </i>ressemble assez à ce que Papineau décrivait de l'humeur des Québécois dix après l'échec des Patriotes. Un <i>Non </i>à l'indépendance nationale n'est pas un <i>Oui </i>à l'assimilation multiculturelle ou fédéraliste. On peut bien parler de <i>résignation </i>et de <i>résistance passive </i>plus que de suicide collectif - quoique, en ce début du XXIe siècle, la tendance à l'assimilation soit plus forte qu'elle ne l'a jamais été auparavant -, mais c'était surtout un état moral qui nuisait sérieusement à toute tentative d'homogénéiser la solidarité des Québécois dans leur désir d'auto-détermination face au monde extérieur.<br />
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
Le <i>doppelgänger </i>qui parvient à naître du schisme d'une collectivité condamne toujours l'une de ses parties à représenter aux yeux de l'autre la figure damnée de Judas. Passons rapidement sur les traîtres <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhIQ0eb5JVYMcXNlVT7v7wBd3rD4LXYlsePGX5LsVWeCv9_evT1dFe4TjmAIKsC6Mqyum-eZdLKa5d7mK7ebq_-83tSvxfpU15tyz1B7PQ9-K2xWWDt1QtBN5arUddqjbkQevR5LyfD-ao/s1600/champlainbrule_320x240.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="301" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhIQ0eb5JVYMcXNlVT7v7wBd3rD4LXYlsePGX5LsVWeCv9_evT1dFe4TjmAIKsC6Mqyum-eZdLKa5d7mK7ebq_-83tSvxfpU15tyz1B7PQ9-K2xWWDt1QtBN5arUddqjbkQevR5LyfD-ao/s1600/champlainbrule_320x240.jpg" width="400" /></a>de la Nouvelle-France : Duval, <a href="https://www.blogger.com/%5Ehttps://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhIQ0eb5JVYMcXNlVT7v7wBd3rD4LXYlsePGX5LsVWeCv9_evT1dFe4TjmAIKsC6Mqyum-eZdLKa5d7mK7ebq_-83tSvxfpU15tyz1B7PQ9-K2xWWDt1QtBN5arUddqjbkQevR5LyfD-ao/h120/champlainbrule_320x240.jpg">Brûlé</a> ou Cugnet; que sont-ils face aux grands noms du Régime français remplis d'idéaux mystiques ou d'aspirations commerciales ou politiques, tels Cartier, Champlain, Maisonneuve et Frontenac? Avec le Régime anglais, la perspective change. Que valent les noms de Chénier - dont on se rappelle de la mort atroce et de l'excision anthropophagique du cœur par la soldatesque triomphante après la bataille dans l’église de Saint-Eustache -, du docteur Côté, d’Amury Girod, de Cardinal et du malheureux Duquet, dont la face resta <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhedFM0jgUhQ-r6M7saNbBJKalXbryxriIZbHh-PHcFbMTm9oDHVz3nZvLphiXh1daYxyOt2Yqg4f0NK59aTKoEctPoFyYj6oQTuEWM8pYG0FPqxkWocq6Kc6ouRQIjuX2RMVIcTsjNhnU/s1600/Poutr%C3%A9+assermentant+les+Patriotes+-+F%C3%A9lix+Poutr%C3%A9+par+Louis+Fr%C3%A9chette+02.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="312" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhedFM0jgUhQ-r6M7saNbBJKalXbryxriIZbHh-PHcFbMTm9oDHVz3nZvLphiXh1daYxyOt2Yqg4f0NK59aTKoEctPoFyYj6oQTuEWM8pYG0FPqxkWocq6Kc6ouRQIjuX2RMVIcTsjNhnU/s1600/Poutr%C3%A9+assermentant+les+Patriotes+-+F%C3%A9lix+Poutr%C3%A9+par+Louis+Fr%C3%A9chette+02.jpg" width="400" /></a>coincée dans la trappe de l’échafaud en 1839 face au burlesque <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhedFM0jgUhQ-r6M7saNbBJKalXbryxriIZbHh-PHcFbMTm9oDHVz3nZvLphiXh1daYxyOt2Yqg4f0NK59aTKoEctPoFyYj6oQTuEWM8pYG0FPqxkWocq6Kc6ouRQIjuX2RMVIcTsjNhnU/h120/Poutr%C3%A9+assermentant+les+Patriotes+-+F%C3%A9lix+Poutr%C3%A9+par+Louis+Fr%C3%A9chette+02.jpg">Félix Poutré</a>, dont le poète Louis Fréchette tira un vaudeville de ses rocambolesques récits d’évasion de prison après simulation de la folie? Il est vrai que Fréchette ignorait ce que nous savons depuis : que Poutré était un agent double chargé d’espionner et de dénoncer les membres de l’aile militaire des Patriotes, les Frères Chasseurs. La vraie simulation n’est pas celle que l’on crût à l’époque et ce ne sont pas les policiers coloniaux qui ont été bernés, mais bien les rebelles québécois. Traître ou héros Félix Poutré? La chose n’est pas encore tranchée pour tout le monde. Le comble de cette schizophrénie consiste bien à conduire au suicide collectif, tout comme Judas ne trouvant plus d’autres solutions à son impuissance et à son désarroi que la corde pour se pendre. L’impuissance à choisir une identité, à <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjIVsdMqbwRZcKdePnsSTA-4FFfx14RIPskPvMPn2nYNkV7-xvV9QuWEa2wALhkPf28zPQi-n4iFSglIt5giHEI_Yhq-zeVkglRkgp3M9CffBaYMuscPm8VP3c1-UQWiE9FmBiPBT951Jw/s1600/640px-Francesco_Hayez_048.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjIVsdMqbwRZcKdePnsSTA-4FFfx14RIPskPvMPn2nYNkV7-xvV9QuWEa2wALhkPf28zPQi-n4iFSglIt5giHEI_Yhq-zeVkglRkgp3M9CffBaYMuscPm8VP3c1-UQWiE9FmBiPBT951Jw/s1600/640px-Francesco_Hayez_048.jpg" width="303" /></a>s’y tenir contre les confrontations internes et surmonter les dissensions se transforment en une sorte d’attitude végétative qui ne peut que conduire à la régression après des efforts surhumains pour se tirer de cette impasse. La stratégie référendaire est l’acte suicidaire inavouable cachée sous la pudeur d’une démocratie mal comprise. Les indépendantistes québécois postulent plus qu’ils ne démontrent l’unité du peuple Québécois. Il apparaît donc logique, selon la formule hégélienne, que ce peuple se dote de son État. C’est oublier la profondeur de la réflexion de l’homme d’État italien <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjIVsdMqbwRZcKdePnsSTA-4FFfx14RIPskPvMPn2nYNkV7-xvV9QuWEa2wALhkPf28zPQi-n4iFSglIt5giHEI_Yhq-zeVkglRkgp3M9CffBaYMuscPm8VP3c1-UQWiE9FmBiPBT951Jw/h120/640px-Francesco_Hayez_048.jpg">Massimo d’Azeglio</a> (1798-1866), après que son successeur et rival Cavour ait fait passer l’unité italienne sous la tutelle de la monarchie de Savoie : «Maintenant que l’Italie est faite, ne reste plus qu’à faire les Italiens». La chose va de même au Québec. Le gouvernement doit penser à faire le Québec, ensuite il lui faudra faire les Québécois, et alors, et seulement alors, la rationalité deviendra réalité. C’est à cette seule condition qu’il sera possible d’expulser la <i>spécificité formelle</i> de l’identité schizophrénique des Québécois qui les entraîne à voir une moitié comme traîtresse de l’autre.<br />
<br /></div>
</div>
<div style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">C’est alors que la structure du <i style="mso-bidi-font-style: normal;">doppelgänger </i><span style="mso-bidi-font-style: normal;">par sa</span><span style="mso-bidi-font-style: normal;"> nature symbolique</span>, se mettant en mouvement sous la force des idéologies du siècle, fait glisser le jugement moral concernant les traîtres. D’abject, le traître glisse lentement
vers le martyr. </span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXZPl_SPFWxj5mAGut6kVwJRqRpPLzjgN9OcgvIIpfWk9S42ujO3-wKDvZL43Ric2veEXsCJ4HqQCuwTS4R_n9y4VMht0grPgaE5g9VuaNzTEMnvEyk4KSDzxuj07hB6JF2CocxT-J22Y/s1600/AVT_Marcel-Pagnol_5739.jpeg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXZPl_SPFWxj5mAGut6kVwJRqRpPLzjgN9OcgvIIpfWk9S42ujO3-wKDvZL43Ric2veEXsCJ4HqQCuwTS4R_n9y4VMht0grPgaE5g9VuaNzTEMnvEyk4KSDzxuj07hB6JF2CocxT-J22Y/s1600/AVT_Marcel-Pagnol_5739.jpeg" width="303" /></a>«Dans sa pièce, </i>Judas<i style="mso-bidi-font-style: normal;">, créée en 1955 au Théâtre de Paris, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXZPl_SPFWxj5mAGut6kVwJRqRpPLzjgN9OcgvIIpfWk9S42ujO3-wKDvZL43Ric2veEXsCJ4HqQCuwTS4R_n9y4VMht0grPgaE5g9VuaNzTEMnvEyk4KSDzxuj07hB6JF2CocxT-J22Y/h120/AVT_Marcel-Pagnol_5739.jpeg">Marcel Pagnol</a> avait déjà imaginé un Judas se dévouant pour servir l’Écriture :
“C’est à cause de la précision des prophéties, confirmées par les paroles mêmes
de Jésus, qui a plusieurs fois annoncé sa mort prochaine et nécessaire, que
Judas a cru à sa propre prédestination et qu’il a livré son maître; puis il l’a
suivi dans la mort. C’est ce personnage que j’ai mis en scène avec beaucoup de
soin et d’amitié, car s’il a cru obéir aux ordres de Dieu et de Jésus lui-même,
il fut sans doute le premier martyr</i>» (Cité in C. Soullard. </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="NL" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-ansi-language: NL; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Op. cit. </span></i><span lang="NL" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-ansi-language: NL; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">p. 33). </span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Et Pagnol n’est pas le premier à
prier pour le salut de l’âme de Judas. «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">À
la fin du siècle dernier, dans un village du nord de la France, un petit enfant
apportait régulièrement ses économies au curé pour </i></span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhkQV3pSi72H-slvQHhOctj_SrFZRbmtxzCQCjXGJ1XbcogV97biQx9afcJtG-6rxJIUS83wfkOjD-Nf3-4tOTIkGVZ-LmvAUJW5w5BVJf13gR6KjDAkM2I5F0b6dnUO4lxLSTltaGUIQg/s1600/1142254.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhkQV3pSi72H-slvQHhOctj_SrFZRbmtxzCQCjXGJ1XbcogV97biQx9afcJtG-6rxJIUS83wfkOjD-Nf3-4tOTIkGVZ-LmvAUJW5w5BVJf13gR6KjDAkM2I5F0b6dnUO4lxLSTltaGUIQg/s1600/1142254.jpg" width="346" /></a>faire dire des messes pour
Judas. Mais il n’osait pas prononcer son nom. Il disait simplement : “Pour
une âme en peine…” Et des messes furent dites. Cet enfant qui priait pour le
salut de Judas s’appelait <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhkQV3pSi72H-slvQHhOctj_SrFZRbmtxzCQCjXGJ1XbcogV97biQx9afcJtG-6rxJIUS83wfkOjD-Nf3-4tOTIkGVZ-LmvAUJW5w5BVJf13gR6KjDAkM2I5F0b6dnUO4lxLSTltaGUIQg/h120/1142254.jpg">Georges Bernanos</a>. La question qui tourmentait le
jeune Bernanos mérite d’être posée : Judas a-t-il été pardonné? Laissons à
sainte Gertrude, moniale et mystique allemande du XIIIe siècle, le soin de
répondre. Voici en effet les paroles de Dieu qu’elle entendit un jour dans ses
prières et qu’elle publia dans ses entretiens mystiques sous le titre </i>Révélations :
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">“De Salomon ni de Judas, je ne te dirai
ce que j’ai fait, pour qu’on n’abuse pas de ma miséricorde”… Madame Gervaise
dans </i>Jeanne d’Arc <i style="mso-bidi-font-style: normal;">de Péguy ne dit pas
autre chose : “Jamais nous ne savons si une âme se damne”</i>» (C.
Soullard. </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="NL" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-ansi-language: NL; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Op. cit. </span></i><span lang="NL" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-ansi-language: NL; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">p. 39).</span><br />
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">L’idée que Judas puisse être le premier martyr chrétien
relève apparemment de la contradiction, alors qu’il se fonde sur une
interprétation de la nécessité historique (ici divine) de son rôle, ce <i style="mso-bidi-font-style: normal;">scénario profond </i>dont parle<span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhXlg-Ioo_BX4rT0fpm_IiBGz_krOvEpQ-tDbQvUpoCpzsrNdA5QfSZ7C1UPnpSGKSfP4MZhyGhcZECuKFmRgnavmYzZYVVK1I-DsQTBtA06o3WcXBaEJHIQHcSOhnp9ENoBRQBTgigzbc/s1600/Autun,_Judas.JPG" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhXlg-Ioo_BX4rT0fpm_IiBGz_krOvEpQ-tDbQvUpoCpzsrNdA5QfSZ7C1UPnpSGKSfP4MZhyGhcZECuKFmRgnavmYzZYVVK1I-DsQTBtA06o3WcXBaEJHIQHcSOhnp9ENoBRQBTgigzbc/s1600/Autun,_Judas.JPG" width="385" /></a>Olivier Abel «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">qui expliquerait l’incompré-hensible trahison : ce scénario devient
une véritable tragédie où <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhXlg-Ioo_BX4rT0fpm_IiBGz_krOvEpQ-tDbQvUpoCpzsrNdA5QfSZ7C1UPnpSGKSfP4MZhyGhcZECuKFmRgnavmYzZYVVK1I-DsQTBtA06o3WcXBaEJHIQHcSOhnp9ENoBRQBTgigzbc/h120/Autun,_Judas.JPG">Judas</a> est de toute façon incarcéré dans son rôle,
tant et si bien qu’il ne peut en sortir, qu’il ne peut que l’accomplir jusqu’au
bout</i>» (O. Abel, in C. Soullard. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid.
</i>p. 44). Sa trahison est une révélation, comme le reconnaissait sainte Gertrude. Comme l'usage des miracles, elle fait passer la
prédication en acte. Cette révélation est double. Aux yeux de la postérité,
elle fondera la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Bonne nouvelle; </i>aux
yeux de Judas, elle révèle le côté pitoyable de la faiblesse humaine. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Il fallait que </i>le sacrifice fut accompli. Il fallait donc que le
Mal intervienne par la main humaine : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Pourquoi
fallait-il le mal? Pourquoi ce mal est-il devenu l’instrument de la
volonté de Dieu? Inépuisables questions… La trahison de Judas n’est-elle
pas l’exemple même de la </i>felix culpa, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">de
la faute bienheureuse qui permet la rédemption et le salut du monde, selon un
thème cher à saint Augustin? Elle est un moment crucial de l’histoire du
salut. Par un mal – la trahison de Judas – la grâce va abonder. Dieu fait de
Judas l’emblème du péché qui produit un bien, lui accordant ainsi une fonction
dans une théologie de la Rédemption. La trahison de Judas nous invite à sortir
d’une logique de la rétribution. Un homme devient traître et la Passion va
jusqu’à son terme. En </i></span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiZ0VSFAaHkqgwb3vZ44Cm9QOnfff6AG8XgNLzjU4PcNGKSl8xCEndoZDi0jdiEZw_jkhcKgl5j7z2Y4_302ti2-r9JxXZXKuN_q5is1L239O0z-sKOPE_2lzYueAzjlHihcieKLqu2thA/s1600/AVT_Jacques-Hassoun_1130.jpeg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="391" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiZ0VSFAaHkqgwb3vZ44Cm9QOnfff6AG8XgNLzjU4PcNGKSl8xCEndoZDi0jdiEZw_jkhcKgl5j7z2Y4_302ti2-r9JxXZXKuN_q5is1L239O0z-sKOPE_2lzYueAzjlHihcieKLqu2thA/s1600/AVT_Jacques-Hassoun_1130.jpeg" width="400" /></a></span>trahissant, Judas révèle le Christ. Il devient son
complice et permet la lumière. Il est “l’ouvrier indispen-</i></span><br />
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">sable de la
Rédemp-</i></span><br />
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">tion” au même titre que Ponce Pilate, comme le note Roger Caillois.
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiHBxP0-O0m1QOtwtAC9wmzVYzETdV3l74WKRUVXE1GxQ8u-VBinxlJXcgTIv-RUUn_vSuj3rrSp1toklFO_r1oMPbg5H30HTn-87gACMjSmoWAosh7YdypKtNgEEY1Xn-9k9dde1jyGHk/h120/AVT_Jacques-Hassoun_1130.jpeg">Jacques Hassoun</a> aura, lui, cette formule concise et provocatrice : “Pas de
Christ, pas de crucifixion, pas de résurrection sans Judas”… </i>(C. Soullard. </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="NL" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-ansi-language: NL; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Op. cit. </span></i><span lang="NL" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-ansi-language: NL; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">p. 38). </span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Car Judas, comme Pilate, comme
Caïphe et le sanhédrin, ne fut qu'un des instruments manipulés non pas
tant par le Diable que par Dieu lui-même. Le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">deus ex machina </i>utilise Judas à une fin qui ne peut qu'échapper aux acteurs du drame. Il n’y a pas
de lecture alternative du <a href="http://legrand-duc.blogspot.ca/2014/04/le-circuit-de-cain.html"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">Timshel </i></a>pour
Judas comme Yahweh en autorisait une à Caïn. De la démonisation de Judas
jusqu’à ce que Borges crée l’identité Jésus/Judas selon le prescription
sartrienne : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">l’enfer, c’est les
autres, </i>le XXe siècle a définitivement été tourmenté par cette figure logée dans notre conscience morale avec plus de certitude que son existence historique. Pourquoi ce besoin de rédimer la figure du Traître, la
figure de l’abîme et de l’abject et ce, précisément en ce siècle?</span><br />
<br /></div>
<div style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;">Parce que Judas n’occupe
plus le centre de l’enfer. Adolf Hitler peut-il être rédimé des cadavres des
six millions de Juifs et de tous ceux, de tous les partis, qui sont morts
durant la Seconde Guerre mondiale? Et Staline? Et tous ce cortège de monstres
assassins qui se sont répandus sur à peu près tous les continents </span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgbKdcuZeg8TdrxVOq7wqxdR8y2NnWBezlsXFsV-qUoz89fYEHFlYejEmW0qGQU_5gfXcs4l-W0-zdQzwqK84PNNOfEY6Yfyru4DsmlxSXGzhAQfCoIiWHiH-KvVRB1vwHaJ0EcWil4vpo/s1600/holocauste_charnier-28259.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="245" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgbKdcuZeg8TdrxVOq7wqxdR8y2NnWBezlsXFsV-qUoz89fYEHFlYejEmW0qGQU_5gfXcs4l-W0-zdQzwqK84PNNOfEY6Yfyru4DsmlxSXGzhAQfCoIiWHiH-KvVRB1vwHaJ0EcWil4vpo/s1600/holocauste_charnier-28259.jpg" width="400" /></a>depuis plus d’un
demi-</span><br />
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;">siècle? Aucun siècle, sinon celui de la démo-cratie, a vu le circuit de Judas se remplir à une quantité effroyable, et avec une qualité toujours de plus en plus horrifiante, d'êtres immondes, abjects qui rendent dérisoire le crime même de Judas. Voilà ce que le catholique «intégriste» Daniel-Rops ne pouvait accepter. Voilà pourquoi il s'obstinait à affirmer que </span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">les persécutions des Juifs ne feront jamais oublier
leur manque de compassion pour le Crucifié… </i><span style="mso-bidi-font-style: normal;">Et de fait, comment ne pas être honteux de ce siècle, qui a tant manqué de compassion pour ses propres enfants? Comment ce siècle, qui a érigé des <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgbKdcuZeg8TdrxVOq7wqxdR8y2NnWBezlsXFsV-qUoz89fYEHFlYejEmW0qGQU_5gfXcs4l-W0-zdQzwqK84PNNOfEY6Yfyru4DsmlxSXGzhAQfCoIiWHiH-KvVRB1vwHaJ0EcWil4vpo/h120/holocauste_charnier-28259.jpg">charniers de masse </a>aux quatre coins du monde, pourrait-il juger du manque de compassion des citoyens d'une ville du passé pour un seul de ses enfants, tant Dieu fut-il? </span></span>Comment des </span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEguJDQfo0mbDasHpNlrWzFwylhQgdB3YzKETa5RkkviIrlAgs_0qrOCAhc6W85IY16gHdeoanVH8kpfTEj-x4GTG4KRxewvtRAoIVKQvExBykbNJ9ZQnZKVNerqMGLCuaRH6RZZ4p6LZIY/s1600/2ikcr2b.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEguJDQfo0mbDasHpNlrWzFwylhQgdB3YzKETa5RkkviIrlAgs_0qrOCAhc6W85IY16gHdeoanVH8kpfTEj-x4GTG4KRxewvtRAoIVKQvExBykbNJ9ZQnZKVNerqMGLCuaRH6RZZ4p6LZIY/s1600/2ikcr2b.jpg" width="343" /></a>êtres dits civilisés, occidentalisés, disposant de
techniques raffinées pour gouverner, se laissèrent-ils entraîner par l’appétit de
souffrance qui ne serait que le revers de cet appétit de jouissance, dont le maréchal
Pétain dénonçait les Français et ciblait comme la cause de la défaite militaire
de 1940? En cela, Judas est non seulement une <i>figure de notre temps, </i>mais il <i>est entré </i>en chacun de nous, à la manière dont le Diable était dit être entré en lui. Sauver Judas, pardonner à Judas, le ramener au niveau du martyr, ce n’est
pas tant s’interroger s’il existe un salut pour Hitler ou pour Staline que pour
tous les hommes qui ont laissé faire et se sont même enthousiasmés pour ces
figures démoniaques. Bref, l’angoisse du salut de Judas est devenu l’angoisse
de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEguJDQfo0mbDasHpNlrWzFwylhQgdB3YzKETa5RkkviIrlAgs_0qrOCAhc6W85IY16gHdeoanVH8kpfTEj-x4GTG4KRxewvtRAoIVKQvExBykbNJ9ZQnZKVNerqMGLCuaRH6RZZ4p6LZIY/h120/2ikcr2b.jpg">notre salut</a> pour tout ce que nous laissons faire au nom de la Raison d’État
et des fanatismes idéologiques, lorsque nous préférons l’argent, le pouvoir, l’avoir raison contre la moindre compassion envers l’un des nôtres, fut-il nous-mêmes</span><span style="font-family: "Hoefler Text Ornaments"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;">⌛</span></div>
<div align="right" style="text-align: right;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;">Montréal</span></div>
<div align="right" style="text-align: right;">
<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;">10 mai 2014</span><span lang="FR-CA" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR-CA; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"></span></div>
</div>
Coupalhttp://www.blogger.com/profile/14839226309394850656noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8942859135376014620.post-44663208870475603762014-05-01T03:11:00.138-04:002022-08-28T23:49:35.529-04:00Le circuit de Ptolémée<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
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<br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiE8axEllR3RHh0CM6t1ShfIDU9dzqYE5qEin5-sR-oBqBxZtE7QEdRoWooTwM_Q0F5uYXOZE73LoG9p4oXuqAzRQbW0okgK2eCAHk64bcshN1YZhoEvjQvhSU1yNnNS97lWdkuTxGFUGE/s1600/La_mort_de_Pomp%C3%A9e.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" height="310" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiE8axEllR3RHh0CM6t1ShfIDU9dzqYE5qEin5-sR-oBqBxZtE7QEdRoWooTwM_Q0F5uYXOZE73LoG9p4oXuqAzRQbW0okgK2eCAHk64bcshN1YZhoEvjQvhSU1yNnNS97lWdkuTxGFUGE/s1600/La_mort_de_Pomp%C3%A9e.jpg" width="400" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Anonyme. <i>La mort de Pompée</i></td></tr>
</tbody></table>
<h3 align="center" style="text-align: center;">
<span class="mw-headline"><span style="font-size: 14pt; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">LE CIRCUIT DE PTOLÉMÉE</span></span></h3>
<h3 align="center" style="text-align: center;">
<span class="mw-headline"><span style="font-size: 14pt; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"> </span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Comment
peut-on passer de l’identité individuelle à l’identité collective et quelles
sont les problèmes qui se posent au second niveau que nous ne retrouvons pas au
premier? Le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">doppelgänger </i>ou phénomène
du double, bien qu’il hante la mythologie et la littérature fantastique, semble
inconnu des collectivités. En effet, quelles collectivités ont pu se laisser
mourir d’avoir crû qu’une autre collectivité était son double? Terrifiées
qu’elles aient été de voir les explorateurs et les colons occidentaux débarquer
sur leurs rives et les refouler devant leurs marches, aucune civilisation amérindienne n’a
pris ceux-ci pour des «doubles» de ce qu’elles étaient. Le schisme de l’âme qui
se produit lors de la rupture de l’auto-détermination d’une civilisation se
ramène généralement à deux attitudes contraires devant un même défi.</span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Telles
sont les solution antagoniques relevées par Toynbee dans son célèbre ouvrage <i style="mso-bidi-font-style: normal;">A Study of History.</i></span></span><span class="mw-headline"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><blockquote><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Le schisme moral,
atteignant les membres d’une société qui se désagrège, se présente sous de
multiples formes attendu qu’il apparaît dans les différentes manières de se
comporter, de sentir et de vivre qui caractérisent l’activité des êtres humains
jouant leur rôle dans la genèse et le développement des civilisations. Pendant
la phase de désagrégation, chacune de ces lignes d’action peut se scinder</span><span class="mw-headline"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"> en
deux variations ou substitutions, mutuellement anti</span></i></span><span class="mw-headline"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">théti</span></i></span><span class="mw-headline"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">ques et</span></i></span> <span class="mw-headline"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">antipathiques
suivant lesquelles la riposte au défi a le choix entre deux positions, l’une
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh7YDjwdv1dfYIpLKma6hNumC1_QgZqISr2JgtHFWE4KDc0AYhhyPh5Wm22wODRTqogAthIP7XH2ggzovlmjLZnlP37XIcldJtZWfd_VwTMWlQrpEWlF8ael5doRxxYlXEYpiVoolDwQ9Y/h120/Thomas_Couture_-_Les_Romains_de_la_d%C3%A9cadence-2.jpg">passive</a>, l’autre active, aucune des deux n’étant créatrice. La seule liberté,
laissée à une âme qui a perdu l’occasion (mais nullement la capacité) d’une
action créatrice assumant un rôle dans la tragédie de la désagrégation sociale,
est l’option entre l’activité et la passivité. Au fur et à mesure que le
processus de désagrégation évolue, les deux alternatives tendent à se raidir
dans leurs limites, devenant plus extrêmes dans leur divergence et plus lourdes
de conséquences. C’est dire que l’expérience spirituelle du schisme offre aux âmes
la possibilité d’un mouvement dynamique et non une situation statique.</span></i></span><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"></span></blockquote></i></span></h3><h3 style="line-height: 150%; margin-left: 27pt; text-align: center;"><span class="mw-headline"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh7YDjwdv1dfYIpLKma6hNumC1_QgZqISr2JgtHFWE4KDc0AYhhyPh5Wm22wODRTqogAthIP7XH2ggzovlmjLZnlP37XIcldJtZWfd_VwTMWlQrpEWlF8ael5doRxxYlXEYpiVoolDwQ9Y/s1600/Thomas_Couture_-_Les_Romains_de_la_d%C3%A9cadence-2.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="192" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh7YDjwdv1dfYIpLKma6hNumC1_QgZqISr2JgtHFWE4KDc0AYhhyPh5Wm22wODRTqogAthIP7XH2ggzovlmjLZnlP37XIcldJtZWfd_VwTMWlQrpEWlF8ael5doRxxYlXEYpiVoolDwQ9Y/s1600/Thomas_Couture_-_Les_Romains_de_la_d%C3%A9cadence-2.jpg" width="320" /></a></span></i></span></h3><h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span class="mw-headline"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><p></p><blockquote><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">On enregistre deux
manières différentes de se comporter, c’est-à-dire deux substitutions possibles
de l’exercice de la faculté créatrice. L’une et l’autre sont des tentatives
d’expression personnelle. Passive, elle consiste en un abandon</span><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"> où l’âme se laisse aller, jugeant qu’en donnant libre cours à ses
appétits et aversions </i></span></span><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">spontanés elle vit selon les lois naturelles et doit
recevoir automatiquement en </i></span></span><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">échange de la part de cette mystérieuse déesse, le
don précieux de créativité qu’elle a</i></span></span><span class="mw-headline"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"> conscience d’avoir perdu. L’autre manière,
celle de l’<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgLKeYvT4M3B7-t2nZf3yROzooFo9J-3tpqggVIAgX5ZCL3zvl7Ds2woE7s7PmK7SmvGR68blJolbNJoKXQANG69Ogc9Q5COhhop6HX0qUX_uBHfIc8SE0r-zeYswrwCmGjIvCpHOMpRmI/h120/kUHLMANN+1956.jpg">action</a>, est un effort de contrôle de soi</i><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"> où l’âme ”se prend en mains” et essaye de discipliner ses passions
instinctives. Elle croit ici, contrairement à la première donnée, que la nature
empêche la créativité et n’en est donc pas la source. Le seul moyen d’acquérir
de nouveau la faculté créatrice perdue est donc de maîtriser la nature</i>» (A.
J. Toynbee. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’Histoire Un essai d’interprétation,
</i>Paris, Gallimard, Col. Bibliothèque des Idées, 1951, pp. 471-472)</span></span></span></span></i></span><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><blockquote><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgLKeYvT4M3B7-t2nZf3yROzooFo9J-3tpqggVIAgX5ZCL3zvl7Ds2woE7s7PmK7SmvGR68blJolbNJoKXQANG69Ogc9Q5COhhop6HX0qUX_uBHfIc8SE0r-zeYswrwCmGjIvCpHOMpRmI/s1600/kUHLMANN+1956.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="213" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgLKeYvT4M3B7-t2nZf3yROzooFo9J-3tpqggVIAgX5ZCL3zvl7Ds2woE7s7PmK7SmvGR68blJolbNJoKXQANG69Ogc9Q5COhhop6HX0qUX_uBHfIc8SE0r-zeYswrwCmGjIvCpHOMpRmI/s1600/kUHLMANN+1956.jpg" width="320" /></a><br /></i></blockquote></span></span></blockquote></i></span></h3><blockquote class="tr_bq">
</blockquote>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Arrêtons-nous
un instant sur ces deux paragraphes. Contrairement au <i style="mso-bidi-font-style: normal;">doppelgänger </i>qui se </span></span><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">projette </span></span><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">à l’extérieur de l’individu et marque une crise d’identité
qu’il faut vaincre (métaphore du meurtre du double) afin d'affirmer l’identité
de l’individu, de la personne, les civilisations ou les nations vivent leur
crise d’identité </span></span><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgo4k5SXVMWibiNTG5leC3ivEoNQrK430CuJW0lHmr66s4ooOyum-hTGmf3Ku2l8k9gb3mZ5DFiOoXtRHV9OXAabCqIJqUBoTjM_InUQVpGHsNPw8KH0WhTSUn-mWuxE943ZFBZRwIUkio/s1600/theatre2.gif" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="286" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgo4k5SXVMWibiNTG5leC3ivEoNQrK430CuJW0lHmr66s4ooOyum-hTGmf3Ku2l8k9gb3mZ5DFiOoXtRHV9OXAabCqIJqUBoTjM_InUQVpGHsNPw8KH0WhTSUn-mWuxE943ZFBZRwIUkio/s1600/theatre2.gif" width="400" /></a>de l’intérieur; elles l’</span></span><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">introjecte</span></span><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"> au même rythme, par exemple, qu’elles subissent des
schismes au sein du corps social (luttes de classes, de castes ou de clans,
guerres intercités dans l’Antiquité, conflits dynastiques féodaux ou guerres
internationales dans le monde moderne). Les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgo4k5SXVMWibiNTG5leC3ivEoNQrK430CuJW0lHmr66s4ooOyum-hTGmf3Ku2l8k9gb3mZ5DFiOoXtRHV9OXAabCqIJqUBoTjM_InUQVpGHsNPw8KH0WhTSUn-mWuxE943ZFBZRwIUkio/h120/theatre2.gif">deux </a>vont de paires. Active, la
manifestation du schisme de l’âme confine à la morale du stoïcisme,
c’est-à-dire de l’action «malgré tout», malgré l’annonce du dépérissement et de
l’inéluctable mort. Passive, la manifestation du schisme de l’âme confine
plutôt à l’épicurisme, vivant des sentiments et des sensations plutôt que de la
critique rationnelle ou de la réflexion intériorisée. Toynbee s’inspirait
beaucoup de sa connaissance de la civilisation hellénique pour définir les
états d’une âme collective en crise. Redonnons lui la parole :</span></span></h3><h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;"><i><span class="mw-headline"><blockquote><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Viennent ensuite deux comportements, substitutions possibles à ce mimétisme des personnalités créatrices dont nous avons dit qu'il est un raccourci nécessaire quoique périlleux, sur la longue voie de l'évolution sociale. Ces deux substitutions du mimétisme </span><h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><i><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhRv0lA_ruTiRJJ9A1ZFGGB68i_Y5yofeQLPkG6XOP-6l1Eih_Jw6pJaKu98G9M1mmrwjF9AOZsAi33IdyvY1lPWpRlM-a5NAvmRKdO34OswfjeMutqN7RjQPwSDKEqVOpHspNtOUfifSw/s1600/lepoint2072-la-france-des-tir-au-flanc1-34f89.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhRv0lA_ruTiRJJ9A1ZFGGB68i_Y5yofeQLPkG6XOP-6l1Eih_Jw6pJaKu98G9M1mmrwjF9AOZsAi33IdyvY1lPWpRlM-a5NAvmRKdO34OswfjeMutqN7RjQPwSDKEqVOpHspNtOUfifSw/s1600/lepoint2072-la-france-des-tir-au-flanc1-34f89.jpg" width="250" /></a></span></span></i></span></span></h3><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">sont les tentatives de sortir des rangs d'un</span><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><i> groupe où "l'exercice social" n'a pu s'exécuter en bon ordre. Faire l'école buissonnière est la manière passive de sortir de l'impasse. Le soldat s'aperçoit avec consternation que son régiment a perdu la discipline qui, jusqu'à présent, avait fait sa force. En l'occurrence, il s'autorise à croire qu'il est relevé de ses devoirs. Dans cet état d'esprit peu édifiant, le <a href="https://www.blogger.com/#">tire-au-flanc</a> s'échappe des rangs, abandonnant ses camarades en mauvaise posture, avec l'espoir vain de sauver sa peau. Il existe toutefois une autre manière de faire face à la même épreuve, c'est ce qu'on nomme le martyre. Un martyr est le soldat qui, de sa propre initiative, sort des rangs, va de l'avant, au-delà de ce que réclame son devoir strict. Tandis que dans les circonstances normales, le devoir exige seulement d'un soldat qu'il risque sa vie, le martyr court à la mort au nom d'un idéal</i>. (A. J. Toynbee. <i>ibid</i>. p. 472)</span></span><br /></blockquote></span></i></h3><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"></span></span>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Lorsque
des héros parviennent à construire une civilisation, que ce soient des héros
mythiques comme Caïn, Œdipe ou Romulus ou de véritables héros historiques comme
Solon, Moïse ou Laurent de Médicis, les périodes de schisme dans le corps
social invitent les civilisés à répéter des gestes fondateurs. Cette invitation
peut être refusée : c’est le tire-au-flanc qui déserte sa fonction, sa
mission voire même ses motivations les plus profondes. Cette démission, poussée
à son extrémité donnera le lâche, le traître, le vendu. L’autre </span></span><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh_R1vPp78vNLbY3mgsXWxCm11eC6xctUi9WmpEV9dBPfoUUCQoR0GzUwByul75bvdd_biUKWg8wjggP2dRV0u4TQ3FRfiuJMd0tOEdXLRzbzlN4VXo-vG2VuSsLzDfpef3T8NzgjokqVA/s1600/211_Nagasaki_1597.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh_R1vPp78vNLbY3mgsXWxCm11eC6xctUi9WmpEV9dBPfoUUCQoR0GzUwByul75bvdd_biUKWg8wjggP2dRV0u4TQ3FRfiuJMd0tOEdXLRzbzlN4VXo-vG2VuSsLzDfpef3T8NzgjokqVA/s1600/211_Nagasaki_1597.jpg" width="281" /></a>alternative est
de répondre à l’invitation, au <i style="mso-bidi-font-style: normal;">défi </i>écrivait
Toynbee, qui demande un minimum d’engagement, mais qui, poussée encore là à son
extrémité, aboutit au fanatique. En ce sens, le martyr devient plus qu’un
témoin et nombre d’anecdotes hagiographiques montrent que les martyrs chrétiens
du temps du schisme du corps social de la civilisation hellénique, à son époque
dite d’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Antiquité tardive, </i>provoquaient
les situations où ils aspiraient au sacrifice ultime. Le but du <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh_R1vPp78vNLbY3mgsXWxCm11eC6xctUi9WmpEV9dBPfoUUCQoR0GzUwByul75bvdd_biUKWg8wjggP2dRV0u4TQ3FRfiuJMd0tOEdXLRzbzlN4VXo-vG2VuSsLzDfpef3T8NzgjokqVA/h120/211_Nagasaki_1597.jpg">martyre </a>étant
de se donner en <i style="mso-bidi-font-style: normal;">exemplum, </i>le «témoin»
appelait d’autres à l’imiter contre les tires-au-flanc qui se ralliaient au
pouvoir dominant. Cette bilocation </span></span><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">interne</span></span><span class="mw-headline"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"> </span></i></span><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">se retrouve aussi bien à la fondation du christianisme,
lors de la crise du corps social romain, que lors de la Réforme et de la
Contre-Réforme à l’âge baroque, enfin depuis la Révolution française. Au-delà
des conflits produits des contradictions de toutes sociétés, la traîtrise et le
fanatisme sont les excès alternatifs et antagoniques des civilisations dont le
processus de désagrégation est à peine amorcé. <br /></span></span></h3>
<div style="text-align: justify;">
<blockquote class="tr_bq">
<h3 style="line-height: 150%; margin-left: 27pt;">
<span class="mw-headline"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Passant du plan de la
conduite à celui du sentiment, nous notons, tout d’abord, deux sortes de
réactions possibles en face du renversement de ce “mouvement d’élan”. Dans les
deux cas naît la pénible conscience que l’être est mené par les forces du mal
ayant pris l’offensive et imposé leur empire. L’expression passive de </span></i></span><span class="mw-headline"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">cette
conscience d’une défaite morale continue est l’impression d’entraînement </span></i></span><span class="mw-headline"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgsi4McmjiZN5uhrqMsdN2WVeqLSCV17naUWDDex2uJAmWH3HBC2PEj7frVUdi3w5r4YNjohkmGCvqWTGvaswJA5xGtbS9E2v2Puu3wsvnd6rHzpOvcRafV-O9FUH9vbzwq425DYvAVoSo/s1600/EdvardMunchMelancholy1891.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="220" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgsi4McmjiZN5uhrqMsdN2WVeqLSCV17naUWDDex2uJAmWH3HBC2PEj7frVUdi3w5r4YNjohkmGCvqWTGvaswJA5xGtbS9E2v2Puu3wsvnd6rHzpOvcRafV-O9FUH9vbzwq425DYvAVoSo/s1600/EdvardMunchMelancholy1891.jpg" width="320" /></a>fatal.
L’âme en déroute est <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgsi4McmjiZN5uhrqMsdN2WVeqLSCV17naUWDDex2uJAmWH3HBC2PEj7frVUdi3w5r4YNjohkmGCvqWTGvaswJA5xGtbS9E2v2Puu3wsvnd6rHzpOvcRafV-O9FUH9vbzwq425DYvAVoSo/h120/EdvardMunchMelancholy1891.jpg">prostrée </a>sous le sentiment de son manque de contrôle sur
son milieu. Elle en arrive à croire que l’univers est à la merci d’une puissance
irrationnelle tout autant qu’invincible : cette déesse au double visage,
sans aucune origine divine, bien accueillie quand elle porte le nom de “Chance”</span></i></span><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">et seulement supportée sous le nom de “Nécessité”</i></span></span><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">La défaite morale au contraire, qui ravage l’âme déroutée, peut être
ressentie comme un défaut de maîtrise ou de contrôle sur elle-même. Dans ce
cas, au lieu du sentiment d’abandon, il y a sentiment de péché. </i></span></span><span class="mw-headline"><span lang="EN-US" style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-ansi-language: EN-US; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">(A. J. Toynbee. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 472-473)</span></span><br />
</h3></blockquote></div><h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Nous
tenons là un élément essentiel du sentiment qui accompagne «l’exercice social»,
c’est-à-dire le pressentiment – car ce n’est qu’un état d’angoisse indéfini –
qu’une <i style="mso-bidi-font-style: normal;">force des choses, </i>comme disait
Saint-Just, agit à travers la civilisation. Cet élan, la voie passive le suit,
allant où il va. C’est <i style="mso-bidi-font-style: normal;">l’entraînement
fatal</i> qui conduit les «traîtres» à abandonner leurs semblables au moment du
choix décisif. «Avec un peu de chance», pensent-ils, ils bénéficieront de la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Fortuna</i> qui accompagne cet entraînement
fatal. De l’autre côté, les fanatiques, les jusqu’au-boutistes, s’engageront
dans la nécessité historique, le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">fatum</i>
qui conduit à leur propre sacrifice si nécessaire. La tautologie est de mise<i> :</i></span></span></h3><blockquote class="tr_bq">
<h3 style="line-height: 150%; margin-left: 27pt; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">La réponse passive se
manifeste dans l’esprit de confusion suivant laquelle l’âme se soumet au
creuset social où tout se refond. </span></i></span><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">[…] <i style="mso-bidi-font-style: normal;">La réaction active considère </i></span></span><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhbrOtkbv0zcsnXKwJXBo6oo8YUYaC0CtFHik_weojTmuGqKicWV1K3o3e_hLM4CdOkOwImAXqhkeryZjA5MAYMTcS2zunLpBKXNz8UkVmvnxhsxPVHn1_DomLW0To07KTkRxmQvVl89Ss/s1600/ancient.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhbrOtkbv0zcsnXKwJXBo6oo8YUYaC0CtFHik_weojTmuGqKicWV1K3o3e_hLM4CdOkOwImAXqhkeryZjA5MAYMTcS2zunLpBKXNz8UkVmvnxhsxPVHn1_DomLW0To07KTkRxmQvVl89Ss/s1600/ancient.jpg" width="224" /></a>l’abandon d’un
genre de vie lié à un lieu particulier et à une époque passagère comme un
avantage et fait appel à un autre style de caractère universel et
durable : </i>quod ubique, quod semper, quod ab omnibus. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Cette réaction active révèle la découverte
du sens de l’unité qui s’étend et s’approfondit au fur et à mesure que la
vision s’élargit, progressant de l’unité humaine à l’unité cosmique, pour
embrasser l’<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgRo5RocwV6hBdSSIxWgsQzErrYpoI9Ve973Pd_ohmmlorFx3aOTkRayLZKVRBnMawooRE0pf8oO1j-IvYs5vsi6z9arjV27yLl3bKXijscDxpPFKvLBbp_SSMQizE0mpFGrNcR8Lm-KAk/h120/ancient.jpg">unité de Dieu</a>. </i></span></span><span class="mw-headline"><span lang="EN-US" style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-ansi-language: EN-US; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">(A. J. Toynbee. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid.
</i>p. 473)</span></span><br />
</h3></blockquote><h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Nous avons
donc ainsi deux profils nettement opposés, nettement antagoniques, qui
s’affrontent au moment où une crise majeure affecte aussi bien le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Socius </i>que la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Psyché</i>. D’une part, le mouvement d’abandon, renforcé par l’acte de
désertion sous l’impulsion d’un sentiment d’entraînement fatal. De l’autre, un
contrôle de soi qui peut pousser jusqu’au sacrifice ultime en vue de restaurer
le sens de l’unité perdu par le péché et la faillite de l’auto-détermination à
l’origine de la croissance de la civilisation ou de la nation. </span></span></h3><h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"> </span></span></h3><h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"></span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Au moment
où un Dante décrivait le cercle des traîtres, la civilisation occidentale se
dégageait de sa chrysalide constituée par l’Église romaine. C’était donc à petite
échelle que le dédoublement du corps social </span></span><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi-gCAKyLqPKhj26MxuNxLepUB1Bw9eO2UMqB-O03p0qaIukPtIZ_OfYeR1DJmQPwXoGeN6NW8gKj4VEt3_k-sUShjbnjKgtpIlD6E8zoSrkMP6G6sCgoHx61q0WnINYap-khaFmhTa9jU/s1600/inf.32.97.dore.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="333" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi-gCAKyLqPKhj26MxuNxLepUB1Bw9eO2UMqB-O03p0qaIukPtIZ_OfYeR1DJmQPwXoGeN6NW8gKj4VEt3_k-sUShjbnjKgtpIlD6E8zoSrkMP6G6sCgoHx61q0WnINYap-khaFmhTa9jU/s1600/inf.32.97.dore.jpg" width="400" /></a>affectait certaines cités, telle Pise,
au détriment d’une autre, Florence. Ceux qui trahis-</span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">saient leurs sembla-</span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">bles, leurs
frères en la cité, apparaissaient donc comme de misérables lâches, corrompus par
l’argent, détachés déjà de tout sentiment d’appartenance au groupe. Carlino de’
Pazzi, du parti des <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Blancs</i>, qui livra
par trahison le château de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Piano di tre
vigne</i> aux <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Noirs </i>de Florence, pour
une grosse somme d’argent; <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi-gCAKyLqPKhj26MxuNxLepUB1Bw9eO2UMqB-O03p0qaIukPtIZ_OfYeR1DJmQPwXoGeN6NW8gKj4VEt3_k-sUShjbnjKgtpIlD6E8zoSrkMP6G6sCgoHx61q0WnINYap-khaFmhTa9jU/h120/inf.32.97.dore.jpg">Bocca Degli Abati,</a> un Guelfe partisan du Pape,
corrompu par l’argent des Gibelins, partisans de l’Empereur et de Florence,
en s’approchant, au milieu de la bataille de Monte-Aperto, où Jacques Pazzi, tenait le principal étendard, lui coupa la main. Les Guelfes, ne voyant plus
cet étendard, se crurent vaincus et prirent la fuite. Tous ces crimes se
situent dans les rivalités propres aux cités italiennes à la fin du Moyen Âge.
Il en va encore ainsi de Buoso da Duéra de Crémone, qui laissa passer sans
l’attaquer, l’armée commandée par le général Français, Guy de Montfort, après
avoir reçu de ce général une somme considérable. Beccheria (de Pavie ou de
Parme, on se dispute son origine) qui, suivant </span></span><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh7NPR99PhzVRiMO8VL8yE6G1e871pMlslfLNnuHhk7P-y4cmuK1eDRxP7IA8zs-AjMwfuf8MMSSVeDQaqNOyW_1hB_cKTD-wBf4g5cJDYRDNRLF-UqpYJbedLBHwvjI-Cto9J0OWxWPcg/s1600/ganelon-conspire-avec-marsile.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="312" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh7NPR99PhzVRiMO8VL8yE6G1e871pMlslfLNnuHhk7P-y4cmuK1eDRxP7IA8zs-AjMwfuf8MMSSVeDQaqNOyW_1hB_cKTD-wBf4g5cJDYRDNRLF-UqpYJbedLBHwvjI-Cto9J0OWxWPcg/s1600/ganelon-conspire-avec-marsile.jpg" width="400" /></a>Landino et Mouton-</span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">net, fut abbé
de Vallom-</span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">broso mais résidait à Florence comme légat du pape. On découvrit qu’il
avait conjuré en faveur des Gibelins contre les Guelfes, et on le condamna à être
décapité à Florence même. Gianni del Soldaniéro, Gibelin qui trahit son parti
et favorisa les guelfes; <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh7NPR99PhzVRiMO8VL8yE6G1e871pMlslfLNnuHhk7P-y4cmuK1eDRxP7IA8zs-AjMwfuf8MMSSVeDQaqNOyW_1hB_cKTD-wBf4g5cJDYRDNRLF-UqpYJbedLBHwvjI-Cto9J0OWxWPcg/h120/ganelon-conspire-avec-marsile.jpg">Ganelon</a>, dont le conseil perfide poussa
Marsile, roi des Sarrasins, à attaquer l’armée de Charlemagne dans un
défilé et gagna la fameuse bataille de Roncevaux; Tribaldello de’ Manfredi de
Faenza qui, lui, remit la nuit une porte de cette ville aux Français qui
avaient été appelés en Italie par le pape Martin IV et qui étaient commandés par Jean
de Pas. Toutes ces petites trahisons appartiennent au monde que Jan Huizinga
appelait <i style="mso-bidi-font-style: normal;">l’automne du Moyen Âge, </i>et
sont d’une relative insignifiance car elles ne relèvent d’une structure
semblable à celle que nous venons de voir à travers l’analyse de Toynbee. Le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">nec plus ultra </i>de ces situations
conflictuelles et cruelles est celui du comte Ugolino della Gherardesca, né
vers 1220 à Pise et mort dans la même ville en 1289.</span></span></h3><h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"> </span></span><br /></h3><h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Si nous
nous tournons maintenant vers cette trahison de Ptolémée, nous commençons à mieux pénétrer
l’esprit «passif» que Toynbee associe à la personnalité du «traître».</span></span><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"> </span></span></h3><h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"> </span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;"> <span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Au moment
où la civilisation hellénique avait entrepris sa désagrégation, en Grèce à
partir de la guerre du Péloponnèse et à Rome à partir des troubles sociaux liés
à la révolte des Gracques, la civilisation égyptienne était depuis longtemps
désintégrée. Conquise successivement par les Perses et les Grecs, elle était
devenue </span></span><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgaNp4LE0r4RMbzEzS9KnyodGRkTYp5KrnagCQafmh-KiTS7-A1BfPn8bh9mkSfaITFKKWC-PIrs9Zdo00k6EFGNiplIV-fnOpnksV2XgISjxnMvQ7JfevuWOy3jvnVZEgWKNFkSrZG1ig/s1600/phare1.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="307" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgaNp4LE0r4RMbzEzS9KnyodGRkTYp5KrnagCQafmh-KiTS7-A1BfPn8bh9mkSfaITFKKWC-PIrs9Zdo00k6EFGNiplIV-fnOpnksV2XgISjxnMvQ7JfevuWOy3jvnVZEgWKNFkSrZG1ig/s1600/phare1.jpg" width="400" /></a>la cible des ambitions romaines qui étaient à constituer leur État
universel en faisant de la Méditer-</span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">ranée la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">mare
nostrum. </i>L’Égypte restait indépendante et riche. L’Égypte était le grenier
de la Méditerranée. Tout chez elle n’était plus que syncrétisme. Sérapis, le
dieu à la mode, était une fabrication grecque. Son art, depuis l’époque Saïte,
avait rompu avec ses traditions et était de l’art grec. Alexandrie, sa nouvelle
capitale, était une ville cosmopolite dominée par la culture grecque. Plus
qu’Athènes, elle était la capitale culturelle du monde hellénistique. Son <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgaNp4LE0r4RMbzEzS9KnyodGRkTYp5KrnagCQafmh-KiTS7-A1BfPn8bh9mkSfaITFKKWC-PIrs9Zdo00k6EFGNiplIV-fnOpnksV2XgISjxnMvQ7JfevuWOy3jvnVZEgWKNFkSrZG1ig/h120/phare1.jpg">phare</a> était considéré comme une merveille du monde et sa bibliothèque la plus riche.
Enfin, sa dynastie régnante, les Lagides – la dernière de ces longues dynasties
qui remontaient à près de quatre millénaires -, était elle-même un métissage où
le grec l’emportait sur l’égyptien. </span></span></h3><h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><br /></span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
</h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Si
Rome avait une armée, l’Égypte avait une marine. Une marine puissante qui
tenait la Méditerranée orientale. Le jeune roi Ptolémée XIII partageait, selon
la tradition égyptienne, le royaume avec sa sœur et </span></span><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiLxV1ipkj-q3q4WEzGwXqFzWUZKSYQNhrMJ-k8b7yBAUQoPiTdktJPn1z_KzEv_fCV40FZ2RVOuQXaJU5eYJmsmAZ3ytGEqAGro1RzgMK0mNM-sIwPbGqvs_hyGwIiXSZuTAtKX_yzb9w/s1600/sylla.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiLxV1ipkj-q3q4WEzGwXqFzWUZKSYQNhrMJ-k8b7yBAUQoPiTdktJPn1z_KzEv_fCV40FZ2RVOuQXaJU5eYJmsmAZ3ytGEqAGro1RzgMK0mNM-sIwPbGqvs_hyGwIiXSZuTAtKX_yzb9w/s1600/sylla.jpg" width="258" /></a>épouse Cléopâtre. La fin de
la dynastie des Lagides qu’avait imposé Alexandre le Grand lors de sa conquête
du monde oriental fut une suite de tragédies shakespeariennes. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiLxV1ipkj-q3q4WEzGwXqFzWUZKSYQNhrMJ-k8b7yBAUQoPiTdktJPn1z_KzEv_fCV40FZ2RVOuQXaJU5eYJmsmAZ3ytGEqAGro1RzgMK0mNM-sIwPbGqvs_hyGwIiXSZuTAtKX_yzb9w/h120/sylla.jpg">Sylla</a>, le
dictateur romain, avait plus que tout autre, interféré dans les affaires
intérieures de l’Égypte. Marié en désespoir de cause à sa propre fille,
Bérénice, qui avait déjà été l’épouse de son frère Ptolémée XI, Ptolémée X
mourut en laissant à celle-ci tout le pouvoir. Sylla se servit d’un fils de
Ptolémée XI pour créer un état de tension à Alexandrie et obliger Bérénice à
épouser celui qui allait devenir Ptolémée XII. À peine dix-neuf jours après
leur mariage, Ptolémée XII assassina Bérénice, ce qui lui valut d’être
assassiné à son tour par des soldats révoltés (80 av. J.-C.). «De ce fait la
descendance des Lagides en ligne directe se trouvait éteinte». On résolut à en
appeler à un fils bâtard de Ptolémée X, qui devint Ptolémée XIII. </span></span></h3><h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><br /></span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Oscar de
Wertheimer, dans sa biographie de la reine Cléopâtre, fille (et/ou sœur) de Ptolémée XIII,
raconte les conditions qui firent de Ptolémée XIII le personnage retenu par
Dante comme le modèle des traîtres : <br /></span></span></h3>
<blockquote class="tr_bq">
<h3 style="line-height: 150%; margin-left: 27pt; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">En Égypte, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgxtgVYmtgDo_OAGOuWd6mNSnTH3u4mSx1N9xhN1Plft-DTDGRizKSljvSqhresdwtzAh2TeoIb2Lx2EX-brG7705ARMIbmzWSy729ZfOKps-DYEksuAFDaw7WA__8xWQtUsCrY150m_iA/h120/cleopatre_011-1--8ef4f9.jpg">Ptolémée XIII</a> avait été élevé à la royauté en l’an 80 dans les circonstances que nous
avons vues. Rome refusa de le reconnaître. Le bruit courut </i></span></span><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">d’un testament du
dernier Ptolémée, le protégé de Sylla, par lequel ce prince faisait de Rome
l’héritière de sa couronne. Ptolémée XII avait-il réellement mis à si haut prix
le concours de Sylla? Mais qu’attendait-on alors pour présenter ce testament au
sénat? Les testaments jouaient un grand rôle à cette époque. </i>[…] <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Si </i></span></span><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEij3oEq8pYcwfbwlKKXoR4mgjg88S7qDE6bOtIVXe7UhDA5DluII7vGThzo8EhGm8KUgepmhgi1vHJlWxeiBmK5XnLB_ua-NHvR1gjVpxELKzSY_zvwpriJet-C0IEeVZl2oFb0dVFLGKQ/s1600/cleopatre_011-1--8ef4f9.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEij3oEq8pYcwfbwlKKXoR4mgjg88S7qDE6bOtIVXe7UhDA5DluII7vGThzo8EhGm8KUgepmhgi1vHJlWxeiBmK5XnLB_ua-NHvR1gjVpxELKzSY_zvwpriJet-C0IEeVZl2oFb0dVFLGKQ/s1600/cleopatre_011-1--8ef4f9.jpg" width="278" /></a>l’heure ne semblait pas encore venue de
l’annexer, de la réduire au rang de province romaine, ce qui importait pour le
moment était de la tenir en étroite dépendance. Dans l’annexion le sénat
redoutait autre chose : confier à un légat une aussi riche province,
n’était-ce pas mettre un trop grand pouvoir dans une seule main ? Que va
donc faire Rome? En refusant de reconnaître Aulète, en insinuant qu’il n’est
qu’un bâtard, en agitant le spectre du dernier Ptolémée et de son testament,
elle fera peser sur la tête du malheureux souverain l’épée de Damoclès d’une
déposition toujours pendante, et le rendra ainsi souple à ses volontés. Une
telle politique servait admirablement les intérêts de Rome en assurant son
influence sur l’Égypte et en préparant sa mainmise sur le pays. Mais elle ne
servait pas moins les intérêts privés des maîtres de l’heure, qui en tenant le
sort d’Aulète entre leurs mains avaient un moyen facile de lui extorquer
constamment de l’argent. Telles furent les composantes du destin à la fois
tragique et ridicule de Ptolémée XIII</i>». (O. de Wertheimer. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Cléopâtre reine des Rois, </i>Paris, Payot,
rééd. Livre de poche Col. historique, # 1159-1160, pp.62 et 63-64).</span></span><br />
</h3></blockquote><h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Il est
difficile de nier le schisme moral qui déchirait non seulement le pharaon, mais
l’ensemble de l’Égypte au premier point, puis le reste de la civilisation
hellénique. La position égyptienne, depuis Ptolémée XII au moins, était strictement passive. Les dictateurs romains faisaient et défaisaient ses rois. Mais Rome
ne fasait rien de plus qu’élargir son <i style="mso-bidi-font-style: normal;">œcoumène.
</i>Rien ne se créait autrement que par des syncrétisme dont la veine était épuisée
depuis longtemps. Il n’y avait plus qu’à se laisser entraîner sur la pente fatale
pour l’Égypte que d’être la marionnette et pour Rome d’être le marionnettiste.
Le sentiment qui naissait alors chez Ptolémée est précisément décrit par notre
historien :</span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
</h3>
<blockquote class="tr_bq">
<h3 style="line-height: 150%; margin-left: 27pt; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Nul souverain ne fut
plus craintif, plus tourmenté, plus harcelé que lui. Il était maître absolu
dans son pays, c’est entendu, mais que décideraient demain les puissants de
Rome? À tout instant le malheur pouvait fondre sur lui; à tout instant, sous un
prétexte quelconque, Rome pouvait occuper l’Égypte. Aussi entretenait-il en
permanence des agents à Rome, qui le renseignaient jour par jour sur ce qui se
passait dans la capitale. Il vivait à Alexandrie dans l’abondance et la
débauche, mais le bon temps des grands ancêtres était loin.<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEim5-yeiFzCvpgCy8hrTG1iTDGhUXEPcxE9UtIirnxC9w1hASSHIwJdrTMXlPpqioLDmj-uzsu19Jrpq2oaN-trNhBxyZ4Om1PdR90_qScyCsReJtRWENx-mvqg0uK3jpXFctGT3o_eLL8/h120/f1.thumbnail.jpg"> Ptolémée XIII</a>
s’était surnommé lui-même Philopator (ami de son père), Philométor (ami de sa
mère) et aussi </i></span></span><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEim5-yeiFzCvpgCy8hrTG1iTDGhUXEPcxE9UtIirnxC9w1hASSHIwJdrTMXlPpqioLDmj-uzsu19Jrpq2oaN-trNhBxyZ4Om1PdR90_qScyCsReJtRWENx-mvqg0uK3jpXFctGT3o_eLL8/s1600/f1.thumbnail.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEim5-yeiFzCvpgCy8hrTG1iTDGhUXEPcxE9UtIirnxC9w1hASSHIwJdrTMXlPpqioLDmj-uzsu19Jrpq2oaN-trNhBxyZ4Om1PdR90_qScyCsReJtRWENx-mvqg0uK3jpXFctGT3o_eLL8/s1600/f1.thumbnail.jpg" width="200" /></a>“nouveau Dionysos”. Mais le peuple l’appelait simplement Aulète,
le joueur de flûte. Il y avait plus de raillerie que de respect dans ce surnom,
quoique le dieu Pan parcourût les campagnes en jouant du syrinx et qu’Apollon
non plus ne le dédaignât pas. Mais on rougissait d’un roi qui prenait part à
des concours et se prostituait dans les fêtes, sa flûte aux lèvres, parmi les
joueuses professionnelles, qui n’étaient en fin de compte que des filles
publiques, des hétaïres. Il se consolait de son impuissance à tenir le sceptre
en tirant de son instrument des sons plaintifs, ou, comme fera plus tard Néron,
en écrivant de mauvais vers et composant de médiocres chansons. Et cependant
Aulète, s’il était dépourvu des fortes qualités qui font le souverain, était
sage, réfléchi et avisé</i>» (O. de Wertheimer. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 64-65).</span></span><br />
</h3></blockquote><h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Ne
surestimons pas la chance de Ptolémée XIII face à la situation qui le
protégeait de l’annexion romaine. L’attribution de titres ampoulés à son égard
compense le mépris populaire qui saisit parfaitement le double </span></span><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjwlPP73ObHZOYeFz3p-6VMtWjOtvrjuQm9XTz6QRONnatqah5b_P8w9VNae4rvtP81gwSRSYsAWmoZpWzhh-YZOiBqlbhmf9SKgF4d-mKcdhjCDMEalZWzvdhLmffr-4-FJcgI_tb4eqI/s1600/fellat10.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="391" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjwlPP73ObHZOYeFz3p-6VMtWjOtvrjuQm9XTz6QRONnatqah5b_P8w9VNae4rvtP81gwSRSYsAWmoZpWzhh-YZOiBqlbhmf9SKgF4d-mKcdhjCDMEalZWzvdhLmffr-4-FJcgI_tb4eqI/s1600/fellat10.jpg" width="400" /></a>sens du «joueur
de flûte» depuis que la déesse Isis ramena à la vie Osiris en <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj5Dj8zIwBRuXzRoSevaUtm31z4ctvbSselO6gDwUrDaJG4Z-G7Njx15o_ODn7VThaUhyphenhyphen6L38esqEb7wO3dMnUA72jjij2ZQAZdLeAAKItaEU4uzSq87HMusfDJsKZ-bCLpj9HA0cItTQA/h120/fellat10.jpg">suçant </a>son pénis. Comme le roi Hérode en Palestine, Ptolémée XIII était le
jouet de Rome. Le «joueur de flûte» ne pouvait être que celui qui pratiquait
une «fellation romaine» pour rester sur son trône et en cela réside sa sagesse
et sa réflexion. Devant les exigences romaines, Ptolémée tire-au-flanc,
déserte, abandonne ce qui reste de son pouvoir en même temps que de la liberté
égyptienne, pour autant que cette liberté ait encore un sens : <br /></span></span></h3>
<blockquote class="tr_bq">
<h3 style="line-height: 150%; margin-left: 27pt; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">C’est cet homme, et
son empire à travers lui, que la proposition de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhrRI9t3RkHqYXLx4fCgpz9pUck8C8tvmC12UIHTzLF6dd4M8FKYqmvx2P-pHPHWPY3yRAhSIO7FQuGui0EUdTcXnAVqNqx6vh1x_0CHP_4vIDz9TyIyZXAMqnNFzIq53eJKRpu09eFCv8/h120/5057617_f520.jpg">Crassus </a>visait à frapper au
cœur. Crassus proposa d’abord que l’Égypte fût astreinte à payer tribut. Mais
la motion ne parut pas recevable, car après tout l’Égypte était </i></span></span><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">officiellement
l’alliée de Rome! Crassus demanda alors qu’elle fût purement et simplement
incorporée comme province à l’empire romain. Le but caché de cette </i></span></span><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">motion était
de faire confier à César le commandement de la nouvelle province, de manière à
lui permettre de lui fournir un gage, à lui Crassus, pour les énormes dettes
qu’il avait contractées envers lui. Le parti du sénat mit cette motion en </i></span></span><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg06KEdNhizaRZNazWSqzuxvZTqwqe6kqMB_nPRw0idPSW5mOXcfzRwUzjDJSapj0JU2QUku-zfI9uvAVc9QPx-wUa2DdY5DUE2D44Z7QmbZAoUwkwO6rBRY6RlCtWd43fp5JMQdN46dfk/s1600/5057617_f520.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg06KEdNhizaRZNazWSqzuxvZTqwqe6kqMB_nPRw0idPSW5mOXcfzRwUzjDJSapj0JU2QUku-zfI9uvAVc9QPx-wUa2DdY5DUE2D44Z7QmbZAoUwkwO6rBRY6RlCtWd43fp5JMQdN46dfk/s1600/5057617_f520.jpg" width="240" /></a>échec,
dans la crainte que les livraisons de blé de l’Égypte ne fussent exploitées par
les démocrates pour leurs fins personnelles. Une année passa ainsi, tout
entière occupée par les luttes intérieures. Il semblait vraiment que les hauts
fonctionnaires de l’État n’eussent rien de mieux à faire que de s’empêcher et
de se paralyser mutuellement dans leur action. L’année suivante, le projet de
Crassus fut repris sous une autre forme, Crassus proposa de charger une
commission de dix membres d’organiser les fournitures de blé de tous les
territoires relevant de Rome et situés hors d’Italie. Par ce détour les
décemvirs, parmi lesquels César et Crassus joueraient naturellement le rôle
principal, auraient la haute main sur l’Égypte. Nouveau rejet du projet, dû
encore à la résistance du sénat. Alors les démocrates agissaient en ennemis
d’Aulète, et les aristocrates intervenaient pour sa défense. Mais aucun des
deux partis n’agissait par haine ou affection particulière envers le roi :
ils suivaient l’un comme l’autre leurs intérêts du moment, et voilà tout</i>».
(O. de Wertheimer. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 65-66)</span></span><br />
</h3></blockquote><h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Ce qui
se passait était simple. Ptolémée XIII et l’enjeu de l’Égypte
se voyaient incorporés progressivement à l’intérieur de la guerre civile romaine. D’une part les
«démocrates», partisans des arrivistes comme Crassus et César, de l’autre les
«aristocrates», les patriciens, les sénateurs et Pompée qui maintenaient l’indépendance de l’Égypte pour ne pas la voir confiée à un
ambitieux. Pompée et le sénat sauvaient, temporairement, l’indépendance de
l’Égypte afin de contrer l’influence des démocrates. Ils tenaient l’Égypte pour
allié. Et c’est ainsi que se mettait en place le processus qui allait faire de
Ptolémée XIII le modèle des traîtres, car… <br /></span></span></h3>
<blockquote class="tr_bq">
<h3 style="line-height: 150%; margin-left: 27pt; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">C’est à cette époque
qu’Aulète fut requis par <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgLWron927K62INAdLMAVIoOdwWoajCGG-t_JzfSoMx5O4OmGz3EGHpS24AxZ4gd_8ERf7N_pq77Iik7jDXEGd_Iq9ffddo5Teg_COZKWYzOcaO5jr05yMbZMb_9EIPObv_yO4SHCDbkes/h120/pompee.jpg">Pompée </a>de lever plusieurs milliers de </i></span></span><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgLWron927K62INAdLMAVIoOdwWoajCGG-t_JzfSoMx5O4OmGz3EGHpS24AxZ4gd_8ERf7N_pq77Iik7jDXEGd_Iq9ffddo5Teg_COZKWYzOcaO5jr05yMbZMb_9EIPObv_yO4SHCDbkes/s1600/pompee.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgLWron927K62INAdLMAVIoOdwWoajCGG-t_JzfSoMx5O4OmGz3EGHpS24AxZ4gd_8ERf7N_pq77Iik7jDXEGd_Iq9ffddo5Teg_COZKWYzOcaO5jr05yMbZMb_9EIPObv_yO4SHCDbkes/s1600/pompee.jpg" width="249" /></a>cavaliers en
soutien des forces expédition-naires romaines en Orient. Cette mesure,
s’ajoutant à la menace que le peuple sentait peser sur l’Égypte et à
l’épuisement financier du pays pressuré par son roi, souleva à Alexandrie une
immense émotion. Aulète n’en envoya pas moins à Pompée, en outre des cavaliers,
de magnifiques présents. Mais tandis que le général romain ouvrait sa main
toute grande pour les recevoir, son oreille restait fermée aux appels de
détresse du souverain égyptien</i>». </span></span><span class="mw-headline"><span lang="DE" style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-ansi-language: DE; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">(O. de Wertheimer. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid.
</i>p. 66).</span></span><br />
</h3></blockquote><h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Finalement,
c’est à Rome que le destin de l’Égypte se précipita. La formation du<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>premier triumvirat César-Pompée-Crassus mis
Ptolémée en panique. Plus que jamais le tire-au-flanc n’avait d’autres
solutions que de «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">tâcher de s’arranger
avec ces nouveaux maîtres</i>». Il s’agissait tout simplement de payer une
rançon : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Il </i></span></span><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhFPUM-hfQn2ZnWmeSzeG811ycSnltrhJI_EDRUL3-M90O48Dg9zRreRkWFgp-zYFHm1XF9jwvHcUFRm7opOs6NwV6xSsBew2MBAKDtnYuDlWOB_blx9nXfX2SsaATThj71oZy4pWDxYH4/s1600/cesar.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhFPUM-hfQn2ZnWmeSzeG811ycSnltrhJI_EDRUL3-M90O48Dg9zRreRkWFgp-zYFHm1XF9jwvHcUFRm7opOs6NwV6xSsBew2MBAKDtnYuDlWOB_blx9nXfX2SsaATThj71oZy4pWDxYH4/s1600/cesar.jpg" width="287" /></a>paierait une fois pour toutes
la somme qu’il faudrait, cela valait mieux que d’être périodiquement dépouillé
et de continuer à trembler pour sa place. Le plan réussit : Aulète fit un
traité avec <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhFPUM-hfQn2ZnWmeSzeG811ycSnltrhJI_EDRUL3-M90O48Dg9zRreRkWFgp-zYFHm1XF9jwvHcUFRm7opOs6NwV6xSsBew2MBAKDtnYuDlWOB_blx9nXfX2SsaATThj71oZy4pWDxYH4/h120/cesar.jpg">César </a>et Pompée, aux termes duquel il leur paierait une somme de
6,000 talents d’or (près de 23 millions de nos francs). En échange César
s’engageait à faire voter un projet de loi reconnaissant Aulète et le
proclamant souverain ami et allié du peuple romain. Aulète avait donc obtenu de
son plus cruel ennemi l’accomplissement du plus audacieux de ses vœux. Le fait
acquis était d’importance, mais la question égyptienne ne jouait pas encore un
rôle de premier plan dans la politique romaine</i>» (O. de Wertheimer. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 68). <br /></span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">C’est
alors que César s’engagea dans sa campagne contre les Gaules. Retenu loin de
Rome, Crassus et son parti regardèrent à nouveau vers l'Égypte. Les
choses tournaient au vinaigre à Alexandrie et le roi dut fuir sa capitale. Il
chercha refuge auprès de Rome. Il fut reçu froidement par Crassus, mais Pompée
le reçut à bras </span></span><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgUUTj4xpnWAvuL5jbi4q3R7er4lhkY5JB2RT4aee8519ACx2gXRdnYE8gtsFcjKcgDyZ2OJIAuXn5hrYbjI2h5LSDti8usNk0KeYBvD5yKrZ4BkBYchezfPD7sCDUJgt7NCs5j3XFX4FY/s1600/Albano-Laziale-Villa-di-Gneo-Pompeo-Magno_poi.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgUUTj4xpnWAvuL5jbi4q3R7er4lhkY5JB2RT4aee8519ACx2gXRdnYE8gtsFcjKcgDyZ2OJIAuXn5hrYbjI2h5LSDti8usNk0KeYBvD5yKrZ4BkBYchezfPD7sCDUJgt7NCs5j3XFX4FY/s1600/Albano-Laziale-Villa-di-Gneo-Pompeo-Magno_poi.jpg" width="400" /></a>ouverts. Il devint littéralement le protecteur du roi en
fuite : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Il l’invita chez lui, à sa
villa d’<a href="http://fr.tesorintornoroma.it/var/plain_site/storage/images/itinerari/la-via-appia-antica/albano-laziale-villa-di-gneo-pompeo-magno/640-1-ita-IT/Albano-Laziale-Villa-di-Gneo-Pompeo-Magno_poi.jpg">Albano</a>. Le geste n’était pas seulement amical : en logeant le roi
Pompée s’assurait de sa personne et en faisait l’instrument docile de sa
politique. Aulète arriva, comme il convient à un roi, avec une nombreuse suite.
Comme il lui fallait de grosses sommes pour arriver à ses fins, et que ses
sujets étaient trop loin pour pouvoir être facilement exploités, il lui fallut
bien se procurer de l’argent par d’autres moyens. Il emprunta, signa des
traites, hypothéqua son royaume. Son principal créancier était un certain
Rabirius, gros financier qui, au contraire de Crassus, n’avait pas d’ambitions
politiques. On le trouvait dans toutes les grandes entreprises; il prêtait des
capitaux à gros intérêt aux municipalités, aux gens d’affaires, aux politiciens</i>»
(O. de Wertheimer. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 72). </span></span></h3><h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><br /></span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
</h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Là où le
capitalisme mène la règle du jeu, là le sang coule : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">À peine les gens d’Alexandrie eurent-ils
appris que leur roi était à Rome et y travaillait à sa restauration qu’ils
envoyèrent une députation de </i></span></span><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjfgN5ObmwI88dnSRNsX1BHYBOoVUfIp5yEoayrqNknJvZ_hUFSj0-F2Pjbo35A1lusD3dVvnl-eSxSjmPuofUOqlkVQL55e7p6zmUomNeRX-WtmykyCaTXDv1SOwrbwnnCuIeSYz7iklg/s1600/818b2-Philosophe--2e-s.-apres-JC.-Villa-de-Dionysos--Dion.JPG" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjfgN5ObmwI88dnSRNsX1BHYBOoVUfIp5yEoayrqNknJvZ_hUFSj0-F2Pjbo35A1lusD3dVvnl-eSxSjmPuofUOqlkVQL55e7p6zmUomNeRX-WtmykyCaTXDv1SOwrbwnnCuIeSYz7iklg/s1600/818b2-Philosophe--2e-s.-apres-JC.-Villa-de-Dionysos--Dion.JPG" width="266" /></a>cent membres, sous la direction du savant <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjfgN5ObmwI88dnSRNsX1BHYBOoVUfIp5yEoayrqNknJvZ_hUFSj0-F2Pjbo35A1lusD3dVvnl-eSxSjmPuofUOqlkVQL55e7p6zmUomNeRX-WtmykyCaTXDv1SOwrbwnnCuIeSYz7iklg/h120/818b2-Philosophe--2e-s.-apres-JC.-Villa-de-Dionysos--Dion.JPG">Dion</a>,
pour protester contre cette entreprise. Au moment où la délégation venait de
débarquer à Pouzzoles, le grand port romain de Campanie qui assurait les
relations avec l’Orient, elle fut traîtreusement assaillie par des assassins à
gages; un grand nombre de ses membres périrent; d’autres s’enfuirent et
parvinrent à Rome. Ces quelques survivants furent facilement circonvenus ou
achetés. Leur chef lui-même, Dion le philosophe, se tut; il logeait chez un
Romain du nom de Luccius qu’il connaissait d’Alexandrie</i>» (O. de Wertheimer.
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p. 73). L’alliance de
Pompée-Ptolémée se voyait maintenant marquée du sceau du sang. </span></span></h3><h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><br /></span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Dion fut
bientôt assassiné et Ptolémée prit peur. Il devint alors un errant dans les
différents ports du Moyen-Orient. Pompée, qui le gardait comme une carte en
réserve, parvint à lui faire restituer son trône à l'aide de légions romaines qui s'installèrent à demeure et devaient, finalement, se retourner contre lui. Car le pacte des
triumvirs était rompu. Crassus mort, César et Pompée s’affrontèrent dans une
bataille décisive, à <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjK8LC7Yff4d_NyIIbayBUv2vScnRxdBo2YCFnyDaDskzWcM10j54nfr2xzYMfRk-WXf-mi812MoZhihLSjrtNiisLF38BaRHD0a0jf7t5prLHVcgM2PG0V15KkNghea7NY2lCFxhyaaow/h120/WebRes1145438754_39.tif.jpg">Pharsale</a> </span></span><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjK8LC7Yff4d_NyIIbayBUv2vScnRxdBo2YCFnyDaDskzWcM10j54nfr2xzYMfRk-WXf-mi812MoZhihLSjrtNiisLF38BaRHD0a0jf7t5prLHVcgM2PG0V15KkNghea7NY2lCFxhyaaow/s1600/WebRes1145438754_39.tif.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="231" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjK8LC7Yff4d_NyIIbayBUv2vScnRxdBo2YCFnyDaDskzWcM10j54nfr2xzYMfRk-WXf-mi812MoZhihLSjrtNiisLF38BaRHD0a0jf7t5prLHVcgM2PG0V15KkNghea7NY2lCFxhyaaow/s1600/WebRes1145438754_39.tif.jpg" width="400" /></a>«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">sa chute
laissa ses partisans anéantis. L’homme qui avait écrasé le soulève-</i></span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">ment de
Spartacus, dispersé les pirates, vaincu le grand Mithridate, l’homme qui
incarnait aux yeux de l’Orient la force et la grandeur romaine, Pompée était
vaincu en dépit d’une évidente supériorité de force!</i>» (O. de Wertheimer. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 77-78). Voilà que Ptolémée
avait récupéré son royaume et que Pompée était, à son tour, chassé de la République. Après
de nombreuses tribulations, il décida d’aller chercher refuge auprès de celui
qu’il avait protégé contre l’avidité de César et les ambitions de Crassus. Avec
Pharsale, c’était au tour de Pompée de connaître ce sentiment qui terrorisait
Ptolémée, celui du sentiment de la pente fatale : «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">cette sensation de vide, de totale impuissance dut lui faire apparaître
son malheur comme définitif. Il s’enfuit de la mêlée, se réfugie dans son camp,
jette son écharpe de commandement et demeure abattu, sans voix, la main fixe,
le cerveau absent</i>» (O. de Wertheimer. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid.
</i>p. 78). </span></span></h3><h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><br /></span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
</h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Pour
l’heure, l’Égypte était en pleine guerre civile elle aussi. Ptolémée XIII
s’opposait à sa fille (ou sa sœur, les sources sont contradictoires) <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj9lCaTzwqzNznM6YBgccV4Wq2AwJ3b1Q-6pBfBMjBJDA3Lq2ondUF_qvf2zOh_5TsAVhiKZ-Ckwbo9aA5LO2DRB6Y79piWOfJjN9jCvxQ7mRBeuPoNRhqU8bJbmyM0Pin7St3iVKtvIMI/h120/Cleopatre_VII.jpg">CléopâtreVII</a>, la célèbre reine. Pompée ne se rendit pas directement à </span></span><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj9lCaTzwqzNznM6YBgccV4Wq2AwJ3b1Q-6pBfBMjBJDA3Lq2ondUF_qvf2zOh_5TsAVhiKZ-Ckwbo9aA5LO2DRB6Y79piWOfJjN9jCvxQ7mRBeuPoNRhqU8bJbmyM0Pin7St3iVKtvIMI/s1600/Cleopatre_VII.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj9lCaTzwqzNznM6YBgccV4Wq2AwJ3b1Q-6pBfBMjBJDA3Lq2ondUF_qvf2zOh_5TsAVhiKZ-Ckwbo9aA5LO2DRB6Y79piWOfJjN9jCvxQ7mRBeuPoNRhqU8bJbmyM0Pin7St3iVKtvIMI/s1600/Cleopatre_VII.jpg" width="276" /></a>Alexandrie mais vers
la côte, près de Péluse, où campait l’armée de Ptolémée. «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Et c’est alors que furent commis la trahison et le crime, l’assassinat
de Pompée dans le petit bateau qui servait au débarquement. Le meurtre fut
accompli par l’officier “gabinien” </i>[du nom du proconsul romain Gabinius
placé à Alexandrie par Rome] <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Septimius,
par ordre de la cabale du palais, et sous les yeux d’Achillas, qui avait
lui-même pris place dans le bateau pour surveiller l’exécution de ses ordres.</i><span style="mso-bidi-font-style: normal;">
[…]</span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"> Ptolémée, drapé dans sa chlamyde de pourpre était sur la côte, d’où il
observait la scène (septembre 48 av. </i></span></span><span class="mw-headline"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="NL" style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-ansi-language: NL; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">J.-C.</span></i></span><span class="mw-headline"><span lang="NL" style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-ansi-language: NL; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">)» (E. Bevan. </span></span><span class="mw-headline"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Histoire des Lagides, </span></i></span><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Paris, Payot, 1934, pp. 403-404). Ce conseil comprenait
Pothin et Théodote, deux cabalistes ralliés à César sous le prétexte, selon
Plutarque, que «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">recevoir Pompée, c’est se
donner César pour ennemi et Pompée pour maître; le repousser, c’est faire
que Pompée nous en voudra de l’avoir chassé, et César d’être obligé de le
poursuivre. Le mieux est donc de l’envoyer chercher et de le faire périr.
Ainsi, nous obligerons l’un sans avoir à redouter l’autre. Et il ajoute,
dit-on, en souriant : un mort ne mord pas</i>» (Cité in E. Bevan. </span></span><span class="mw-headline"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="EN-US" style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-ansi-language: EN-US; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Ibid. </span></i></span><span class="mw-headline"><span lang="EN-US" style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-ansi-language: EN-US; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">p. 404, n. 1). </span></span></h3><h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span class="mw-headline"><span lang="EN-US" style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-ansi-language: EN-US; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><br /></span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Le récit
original du crime reste celui de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhTp8cdsqb70GT1EiHkxMfLNUvIvQKDAwpOpEaWNCSMvmLaFORZIO2p7vYyieWgyRKlgCkXfju9v6QXU0HkZ2lApLdWOZjnl8Q5tAtTuyybuZdzdCuXrY4PyoaDs1p8XRa0erKec6DnW9s/h120/plutarque01.jpg">Plutarque </a>(Ier siècle apr. J.-C.) qui devait inspirer plus tard la célèbre pièce de Corneille, <i>La mort de Pompée </i>:</span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
</h3>
<blockquote class="tr_bq">
<h3 style="line-height: 150%; margin-left: 27pt; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’abominable plan
fut suivi de point en point. Pendant que les envoyés de Pompée allaient porter
à leur maître l’invitation royale, Achillas, accompagné de deux officiers
gabiniens qui avaient accepté ce triste rôle, le tribun militaire L. Septimius
</i></span></span><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhTp8cdsqb70GT1EiHkxMfLNUvIvQKDAwpOpEaWNCSMvmLaFORZIO2p7vYyieWgyRKlgCkXfju9v6QXU0HkZ2lApLdWOZjnl8Q5tAtTuyybuZdzdCuXrY4PyoaDs1p8XRa0erKec6DnW9s/s1600/plutarque01.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhTp8cdsqb70GT1EiHkxMfLNUvIvQKDAwpOpEaWNCSMvmLaFORZIO2p7vYyieWgyRKlgCkXfju9v6QXU0HkZ2lApLdWOZjnl8Q5tAtTuyybuZdzdCuXrY4PyoaDs1p8XRa0erKec6DnW9s/s1600/plutarque01.jpg" width="252" /></a>et le centurion Salvius, et de trois ou quatre valets, Achillas, dis-je, monta
dans une simple barque de pêcheur, où il n’y avait plus de place que pour
quelques personnes. C’était une précaution prise pour isoler Pompée et prévenir
toute résistance de sa part. En même temps, l’armée se déployait sur le rivage,
le roi, vêtu de pourpre, au milieu et les vaisseaux de guerre se garnissaient
de leurs équipages. Ces allures étranges, tant de pompe, d’une part, de
l’autre, une mauvaise barque pour aller chercher l’hôte du roi, parurent
suspectes aux amis de Pompée. Il était encore temps de fuir : Pompée
attendit. Cependant le bateau s’approcha, et Septimius, s’étant levé le
premier, salua Pompée en latin du titre d’</i>imperator. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Achillas lui fit ses politesses en grec et l’invita à descendre dans la
barque, sous prétexte qu’il y avait beaucoup de bas-fonds, et que, à cause des
bancs de sable, la mer n’avait pas assez d’eau pour porter une trière. Pompée
embrasse Cornélie </i>[sa femme] <i style="mso-bidi-font-style: normal;">qui le
pleurait déjà comme perdu, et il ordonne à deux centurions de sa suite à son
affranchi Philippe et à un serviteur nommé Scythès, d’embarquer avant lui. Au
moment où Achillas lui tendait la main du bateau, se retournant vers sa femme
et son fils, il prononça ces vers de Sophocle : “Tout homme qui entre chez
un tyran est son esclave, y fût-il venu libre”. Ce furent les dernières paroles
qu’il adressa aux siens, et il entra dans la barque.</i></span></span></h3>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgSoJQNEhgnZf-zl1ekvu_9qmBHzoz8YMkdLtEVTG8AFa5zjzB3pvQKgl54JKyHdZE_-tJqPoXr-w1WU28Q6uw0c_RR-vDyOOXvnnip6UKwtmyUJF7oXOBM6n8GUo_h6D7aoJzQ8tGFDF0/s1600/Pm1014-7154.JPG" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="198" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgSoJQNEhgnZf-zl1ekvu_9qmBHzoz8YMkdLtEVTG8AFa5zjzB3pvQKgl54JKyHdZE_-tJqPoXr-w1WU28Q6uw0c_RR-vDyOOXvnnip6UKwtmyUJF7oXOBM6n8GUo_h6D7aoJzQ8tGFDF0/s1600/Pm1014-7154.JPG" width="400" /></a></div>
<h3 style="line-height: 150%; margin-left: 27pt; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">La distance était longue
de la trière au rivage. Comme, durant le trajet, personne ne lui adressait un
mot aimable, il se tourna vers Septimius. “N’avons-nous pas”, dit-il, “si je ne
me trompe, fait la guerre ensemble?” Septimius ne fit qu’un signe de tête, sans
une parole, sans marque d’intérêt. Il se fit de nouveau un profond silence.
Pompée prit un petit cahier où il avait écrit un discours en grec qu’il se
proposait d’adresser à Ptolémée, et se mit à lire. Lorsqu’ils furent près de
terre, Cornélie, </span></i></span><span class="mw-headline"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">inquiète, regardait avec ses amis, du haut de la trière, ce
qui allait arriver. Elle commençait à se rassurer en voyant les gens du roi venir
en foule au débarquement, comme pour le recevoir avec honneur. À ce moment,
Pompée prenait la main de Philippe pour se lever plus facilement. Septimius lui
porte par derrière un premier coup d’épée au travers du corps; puis Salvius
après lui, puis Achillas tirèrent leurs coutelas. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgSoJQNEhgnZf-zl1ekvu_9qmBHzoz8YMkdLtEVTG8AFa5zjzB3pvQKgl54JKyHdZE_-tJqPoXr-w1WU28Q6uw0c_RR-vDyOOXvnnip6UKwtmyUJF7oXOBM6n8GUo_h6D7aoJzQ8tGFDF0/h120/Pm1014-7154.JPG">Pompée</a>, prenant sa toge des
deux mains, s’en couvre le visage, et, sans rien dire ni faire d’indigne de
lui, poussant simplement un soupir, s’abandonne à leurs coups</span></i></span><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">» (Cité in E.Bevan. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ibid.
</i>p. 404, n. 2).</span></span></h3></blockquote><p></p><h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Pour être
moins pathétique que le récit d’Ugolino, celui de Plutarque rend bien tout le
tragique de la situation. Achillas trancha la tête de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgoQtZnvxynoLKeuc_SD_iabwr3o9r9i0Dj9Dvr1HBG5YCQVDcmvetO1Iq8UX2KgVTLvGZmTHY1MGkdxJ3QFz6burDSIdSOoKKkDomhgTbXZd1d62vcdPW1UtHIjsYB50XmyklYS23w7Ds/h120/A4956.jpg">Pompée </a>afin de la porter à César, ce qui ne sera pas suffisant pour convaincre le dictateur de retourner à Rome. César continua donc son avance vers l'Égypte. Tant qu'au corps, lavé, il fut </span></span><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgoQtZnvxynoLKeuc_SD_iabwr3o9r9i0Dj9Dvr1HBG5YCQVDcmvetO1Iq8UX2KgVTLvGZmTHY1MGkdxJ3QFz6burDSIdSOoKKkDomhgTbXZd1d62vcdPW1UtHIjsYB50XmyklYS23w7Ds/s1600/A4956.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="283" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgoQtZnvxynoLKeuc_SD_iabwr3o9r9i0Dj9Dvr1HBG5YCQVDcmvetO1Iq8UX2KgVTLvGZmTHY1MGkdxJ3QFz6burDSIdSOoKKkDomhgTbXZd1d62vcdPW1UtHIjsYB50XmyklYS23w7Ds/s1600/A4956.jpg" width="400" /></a>brûlé sur un bûcher. Deux tires-au-flanc se retrou-</span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">vaient et dans le but de
complaire à César et déjà dévoré par la peur, l'un sacrifia son ancien protecteur de
la plus lâche manière. Et comme toutes les solutions passives, ce meurtre ne
ramena pas la sécurité sur l’Égypte. Ptolémée XIII se serait noyé accidentellement le 15 janvier 47 av. J.-C.,
laissant régner côte à côte Cléopâtre et son jeune frère Ptolémée XIV. Suivant
l’exemple de son père (ou son frère), Cléopâtre devint la maîtresse de César
jusqu’à lui donner un fils. Il sera échu à Octave, lors de sa victoire à Actium
sur la flotte égyptienne ralliée au parti de Marc-Antoine de faire passer l’annexion
pleine et entière de l’Égypte dans l’Empire romain. </span></span></h3><h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><br /></span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Tout au
long de cette histoire, sur laquelle nous nous sommes attardés, nous rencontrons l’exactitude de l’explication de Toynbee sur les mécanismes de la traîtrise.
D’une part, le mouvement d’abandon, renforcé par l’acte de désertion sous
l’impulsion d’un sentiment d’entraînement fatal frappe aussi bien le destin
égyptien que la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Fortuna </i>du règne de
Ptolémée XIII. Il en va de même de Pompée. Pharsale, malgré la supériorité en
forces de Pompée, concrétise le sentiment fatal. Pompée déserte comme Ptolémée
avant lui. Il cherche refuge auprès du roi restauré et celui-ci, toujours
apeuré par la force romaine, fait tuer son invité sous ses yeux. Il apparaît
impossible de restaurer le <i>sens de l’unité</i> perdu et pallier à la faillite de
l’auto-détermination. Une auto-détermination depuis longtemps perdue en Égypte
et un double schisme du corps et de l’âme dans le camp hellénique. </span></span></h3><h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><br /></span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Ce qui
enracine le sentiment d’entraînement fatal ici, c'est l'accumulation des circonstances. La
logique conjoncturelle de l’histoire qui précipite aussi bien un passif
(Ptolémée XIII) qu’un actif (Pompée) dans la </span></span><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjVFRLHHMtvTqZTikPMEzmEO7R9fWAA0r7Jo-g0bKb7GwP-l0AAQWrLXLlNBFsJC_-hnYqNQ9khSJ3RAxUeqIkzFblGPksucgnW8CV7ATeIMJki-yFQ8f7ck3Cx14NImB9PbrU9bJDyI4E/s1600/fortuna.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjVFRLHHMtvTqZTikPMEzmEO7R9fWAA0r7Jo-g0bKb7GwP-l0AAQWrLXLlNBFsJC_-hnYqNQ9khSJ3RAxUeqIkzFblGPksucgnW8CV7ATeIMJki-yFQ8f7ck3Cx14NImB9PbrU9bJDyI4E/s1600/fortuna.jpg" width="348" /></a>pente irrémédiable de la faillite
de l’auto-détermination, fait de la déroute une véritable structure, une «nécessité» qui génère une telle
attitude. L’angoisse d’être porté par un courant fataliste s’empare de tous
ceux pour qui la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiLFAdbCbL23-kGaDmLi2yLMHC7cG6Zu0rskr-HEsrvQs0uP_gkv7h92r_sPM90Z-UH5gUzcebSc2sTl2QriIzy1-eTykheFcquCxYGwccfFJgvCITp1C7m3C40jUE_PzfE97bPTplNcGI/h120/fortuna.jpg"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">Fortuna </i></a>ne semble
pas avoir élu. La supériorité des forces romaines viendra à bout d’une
civilisation multimillénaire tandis que les siècles commencent déjà à être
comptés pour l’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">imperium </i>romain
lui-même. </span></span></h3><h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><br /></span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">N’empêche,
la trahison de Ptolémée XIII est devenue un moyen, une stratégie de faibles dans
les conditions qui étaient celles à son avènement sur le trône égyptien.
Paradoxalement, sa passivité a joué en sa faveur </span></span><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgZk-OrnWo11RLsLVOGit6SvYVefF0nYs2BlPih18-5ea3d6CaBGlzhQ2Yh7YlAWy8yD112wVKZcfNAatwnReh9UYsnKPQGWluIt1y3dzwg31HSOZ7AIxw42gOthveECI045kCYz3poUwQ/s1600/MovieCovers-195931-121875-TIRE+AU+FLANC.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgZk-OrnWo11RLsLVOGit6SvYVefF0nYs2BlPih18-5ea3d6CaBGlzhQ2Yh7YlAWy8yD112wVKZcfNAatwnReh9UYsnKPQGWluIt1y3dzwg31HSOZ7AIxw42gOthveECI045kCYz3poUwQ/s1600/MovieCovers-195931-121875-TIRE+AU+FLANC.jpg" width="287" /></a>même si elle en a fait un hère
méprisé et méprisable. La justification idéologique des traîtres est d’affirmer
ostensiblement que leur «stratégie» était la bonne et qu’elle bénéficie au plus
grand nombre. Il ne s’agit plus de vertu, d’honneurs, de dignité, mais de
survie, de tirer son épingle du jeu ou les marrons du feu. Voilà pourquoi
le fanatisme, le terrorisme et le martyre sont les opposés de la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgZk-OrnWo11RLsLVOGit6SvYVefF0nYs2BlPih18-5ea3d6CaBGlzhQ2Yh7YlAWy8yD112wVKZcfNAatwnReh9UYsnKPQGWluIt1y3dzwg31HSOZ7AIxw42gOthveECI045kCYz3poUwQ/h120/MovieCovers-195931-121875-TIRE+AU+FLANC.jpg">désertion passive</a>. Les excès contraires sont motivés par de mêmes angoisses, de mêmes
craintes et un même effondrement moral. Le dédoublement interne de la
collectivité se polarise sur deux figures qui assurent que leur seule stratégie
peut sauver le <i>sens de l’unité </i>perdu et restaurer l’auto-détermination du
groupe contre ses voisins envahissants ou oppressants. Il ne s’est trouvé aucun
fanatique pour sacrifier sa vie pour Ptolémée ou celle de Pompée. Non seulement
la passivité animait les individus, mais elle baignait tout l’ensemble
civilisationnel. </span></span></h3><h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><br /></span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
</h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Cela fait
paraître les trahisons occasionnelles, comme celles retenues dans l’Italie du
Dante, comme une </span></span><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgveSACUGzKp7fqCdvyPCrfgr92b3m8IGAcAQ70q3yAqewceZfgHgvQPpmhsSt_GkpI-B4BhRNL_jepXT_5zX8bSciHQEX2zy7Za18xlVnW48GjIkatHTZTHxornyvSNq1vKzPUHMTqsus/s1600/Prinz_Eugene_of_Savoy.PNG" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgveSACUGzKp7fqCdvyPCrfgr92b3m8IGAcAQ70q3yAqewceZfgHgvQPpmhsSt_GkpI-B4BhRNL_jepXT_5zX8bSciHQEX2zy7Za18xlVnW48GjIkatHTZTHxornyvSNq1vKzPUHMTqsus/s1600/Prinz_Eugene_of_Savoy.PNG" width="322" /></a>affaire de «personnalités» et non de symptôme du corps social
lui-même. Que le prince <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgveSACUGzKp7fqCdvyPCrfgr92b3m8IGAcAQ70q3yAqewceZfgHgvQPpmhsSt_GkpI-B4BhRNL_jepXT_5zX8bSciHQEX2zy7Za18xlVnW48GjIkatHTZTHxornyvSNq1vKzPUHMTqsus/h120/Prinz_Eugene_of_Savoy.PNG">Eugène de Savoie</a> (1663-1736), par dépit, délaisse Louis
XIV pour se mettre au service des Habsbourg, c’est une affaire strictement
personnelle. Il en va de même du général Bernadotte, une fois que Napoléon l’a
fait roi de Suède sous le titre de Charles XIV et qu’ensuite il se porte aux côtés des alliés pour combattre l’empereur, là encore c’est une «trahison»
stratégique. Le sentiment de la pente fatale qui attend la collectivité est
parfois dominée par l’attitude active. Voilà pourquoi les puissances vainqueurs
sécrètent peu de traîtres en leur sein. Prenons les Etats-Unis d’Amérique. Si
Benedict Arnold est devenu le modèle des traîtres, les </span></span><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEifJymxFm0IB8pkiQzVYonJWqdjkdqqYZ6HQQsv3IuW2hkrhyphenhyphen9CYvOWpp_nAYlTxkT_C4hyphenhyphenbATSenyk-jGplC2D6GKrglFSAZCYlojaxOdzofAQXSG9F9sQ8PWa1t_G5StNnwAYWhgwytQ/s1600/bradley-manning_custom-12d5a8bee1f8ed1c579286c7cae7d966e996787c-s6-c30.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEifJymxFm0IB8pkiQzVYonJWqdjkdqqYZ6HQQsv3IuW2hkrhyphenhyphen9CYvOWpp_nAYlTxkT_C4hyphenhyphenbATSenyk-jGplC2D6GKrglFSAZCYlojaxOdzofAQXSG9F9sQ8PWa1t_G5StNnwAYWhgwytQ/s1600/bradley-manning_custom-12d5a8bee1f8ed1c579286c7cae7d966e996787c-s6-c30.jpg" width="256" /></a>«trahisons» successives des officiers <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEibb8_aaTMuwBi7Hb4ZUbQwp3y25JRo7dMcbuQgVDxsrzdgG63KBSeMR0dmVQJWxzwfjOx-MPKvN2VvdIjlRxVqZH_qNYAfbLnxIy2fkzxXs6rabXhd7sTrI8huBKXOvyBp-455a6xBUlw/h120/bradley-manning_custom-12d5a8bee1f8ed1c579286c7cae7d966e996787c-s6-c30.jpg">Bradley Manning</a> et
Edward Snowden, qui ont révélé au grand publique américain les agissements des
appareils d’État comme la CIA et le NSA dans les attaques vicieuses
en Afghanistan et en Irak et la surveillance des citoyens américains, partagent le
sentiment intime que leur pays glisse sur une pente fatale; accepte de déserter
leur poste; se sentent revêtus du fardeau du «péché» de leur pays face à ses
propres idéaux, ses principes «sacrés», et sa «nécessité» historique. </span></span></h3><h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><br /></span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Benedict
Arnold s’est fait une réputation de traître dans l’histoire américaine pour
avoir livré West Point aux Anglais lors de la guerre d’Indépendance.
Contrairement à Cugnet, le Français qui aurait indiqué aux Anglais le passage
de l’Anse-aux-Foulons en 1759, précédant la bataille des </span></span><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiM03IiYMQ5YCjMB58dBGAzjYsWI3Z_vR7o2X3E0doLqNU72LhCTcB2vu6qt1x3eB4FRFK_mM00UQ-ckavOQcnG-2wU-ag-3PBnw9ajx2GqkwtIF79HX18UXIqG4y1fwdcQHxBzfOZhOOQ/s1600/MLarnold.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiM03IiYMQ5YCjMB58dBGAzjYsWI3Z_vR7o2X3E0doLqNU72LhCTcB2vu6qt1x3eB4FRFK_mM00UQ-ckavOQcnG-2wU-ag-3PBnw9ajx2GqkwtIF79HX18UXIqG4y1fwdcQHxBzfOZhOOQ/s1600/MLarnold.jpg" width="327" /></a>Plaines d’Abraham,
Arnold a laissé une trace consciente et fort vivace dans la mythologie
américaine. Ancien apothicaire puis libraire du Connecticut, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEimu7IXrp8FF-3_Ywps0hTGgbeAIRlJdsYNs7sdUQbX3CYXyi0rY9_Mz70edh7zWSkBuHeUhx8TcD2COwsIQS91y2q_nxxM3a5kdrOZekbvaVitpXHvW131ycUIM7UU9n6WutoMbLVr2Xo/h120/MLarnold.jpg">Benedict Arnold</a> (1741-1801) fut un officier courageux et audacieux de la jeune république américaine. Officier vaillant, il s'empara du fort Ticonderoga (1775), participa au siège de Québec qui fut fatal à son supérieur, le général Montgomery (31 décembre 1775), enfin défit Burgoyne à la bataille de Saratoga en 1777, victoire décisive qui invita les Français et les Espagnols à appuyer les treize colonies rebelles contre leur mère-patrie. En juin 1778, il épousa la fille d'un Loyaliste, adversaire de la révolution, au moment même où il se vit l'objet de griefs de toutes sortes de la part de collègues qui cherchaient à obtenir un vote de blâme de la part du Congrès. Disgracié des hautes fonctions militaires qu'il détenait, Washington, qui l'estimait quand même beaucoup, lui confia le commandement du fort de West Point, poste-clé sur le fleuve Hudson, défense de la ville de New York, occupée alors par les troupes britanniques de sir Henry Clinton. Toujours à court d'argent à cause de dépenses smptuaires, Arnold se figurait-il vraiment «<i>que la possession de l'Hudson jointe aux points d'appui que les Anglais avaient pris dans le Sud, terminerait promptement la guerre en leur faveur, et qu'alors il deviendrait le héros de l'heure?</i>» (H. W. Elson. <i>Histoire des États-Unis, </i>Paris, Payot, Col. Bibliothèque historique, 1930, p. 285). Chimère que tout cela! Depuis l'alliance française et la bataille de Monmouth (28 juin 1778), le sort des états du Nord était scellé en faveur des révolutionnaires. Autre chose eut été les conséquences de la trahison au début de la guerre d'Indépendance. </span></span></h3><h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"></span></span></h3>
<blockquote class="tr_bq">
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">«<i>Quoi qu'il en soit, Arnold accepta des pourparlers secrets avec Clinton par l'intermédiaire d'un certain major <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhXmWb_JCws8qBQOFtn-NrzOHfTOZWq_s3ivaqtnCOhsPES5L2BR0UFBXgkSk4gxWUeOA1djO4S2h8hXdHIm6EdwkZ9AF0lNuyDepqSedMnLB5MtNyg-E8u6IuVZCW9NGkqYkdtuRWcFZM/h120/benedict_arnold_treason-7ed3fa0820bbc997d9e023bf5b2a26de2cfe06dd-s6-c30.jpg">André </a>qui fut capturé un soir par des soldats américains. On trouva, dans l'une de ses bottes, la correspondance compromettante, ce </i></span></span><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhXmWb_JCws8qBQOFtn-NrzOHfTOZWq_s3ivaqtnCOhsPES5L2BR0UFBXgkSk4gxWUeOA1djO4S2h8hXdHIm6EdwkZ9AF0lNuyDepqSedMnLB5MtNyg-E8u6IuVZCW9NGkqYkdtuRWcFZM/s1600/benedict_arnold_treason-7ed3fa0820bbc997d9e023bf5b2a26de2cfe06dd-s6-c30.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhXmWb_JCws8qBQOFtn-NrzOHfTOZWq_s3ivaqtnCOhsPES5L2BR0UFBXgkSk4gxWUeOA1djO4S2h8hXdHIm6EdwkZ9AF0lNuyDepqSedMnLB5MtNyg-E8u6IuVZCW9NGkqYkdtuRWcFZM/s1600/benedict_arnold_treason-7ed3fa0820bbc997d9e023bf5b2a26de2cfe06dd-s6-c30.jpg" width="320" /></a>qui avorta la trahison. Arnold put s'enfuir en Angleterre pendant qu'André se balançait au bout d'une corde. Washington se montra navré et les patriotes scandalisés de la trahison de Arnold, mais leur cause n'en souffrit pas. Pas plus qu'elle ne souffrit des tentatives avortées de Clinton et de ses comparses pour convertir à la cause royale des patriotes comme Ethan Allen, Philip Schuyler, John Sullivan et le général Samuel Holden Parsons, du Connecticut. En définitive, les manœuvres de corruption des Anglais s’avérèrent moins efficaces que leurs armes</i>»<i> </i>(J. R. Alden. <i>La guerre d’indépendance, </i>Paris, Seghers, Col. Vent d’ouest, # 12, 1965, p. 307).</span></span></h3></blockquote><h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Même
si elle eut lieu dans un contexte exacerbé de fièvre obsidionale,
lorsque les troupes anglaises occupaient l'ensemble des états du Nord,
la trahison de Arnold impressionna suffisamment l'affect répulsif pour
scandaliser les combattants de la Révolution. D'autres traîtres, moins
célèbres et plus symboliques que </span></span><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhltkdopUDMGDYqda87cD4aeSZwo4dPGzdfMLUFCEWtp-nz6jvaQIvgL0sYDfuE0LYkqc4oZkiQVqcbdVyRAqFfazPnqYRp03FtdAtaevMfoqXeO6iUfBv8afJn34h95eHxRRABqpE-Ilg/s1600/burr-hamilton-duel.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhltkdopUDMGDYqda87cD4aeSZwo4dPGzdfMLUFCEWtp-nz6jvaQIvgL0sYDfuE0LYkqc4oZkiQVqcbdVyRAqFfazPnqYRp03FtdAtaevMfoqXeO6iUfBv8afJn34h95eHxRRABqpE-Ilg/s1600/burr-hamilton-duel.jpg" width="400" /></a>dangereux, furent affublés d'un même symbole de répulsion, tel Aaron Burr qui, après avoir tué en <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhltkdopUDMGDYqda87cD4aeSZwo4dPGzdfMLUFCEWtp-nz6jvaQIvgL0sYDfuE0LYkqc4oZkiQVqcbdVyRAqFfazPnqYRp03FtdAtaevMfoqXeO6iUfBv8afJn34h95eHxRRABqpE-Ilg/h120/burr-hamilton-duel.jpg">duel </a>le
brillant avocat Alexander Hamilton, l'un des principaux artisans de la
Constitution américaine, voulut détacher une partie de l'ouest américain
en vue d'y instaurer un empire personnel, aventure qui échoua de
manière burlesque en 1805 lorsque son complice, le général Wilkinson,
vendit la mèche au président </span></span><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjJNmyQ7meItcmnPHCFcECHGvNHXpAyBppng2jolo5QDNXzNy-KNj550w7_jorK8KqyZU_gvuCKzPEw6k0dgUvuaoKoGl0GzXDobf8AwBtu-mgiigcaLF86x4R34DayOmfZIW4NTmt6IIY/s1600/473px-Ezra_Pound_2.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjJNmyQ7meItcmnPHCFcECHGvNHXpAyBppng2jolo5QDNXzNy-KNj550w7_jorK8KqyZU_gvuCKzPEw6k0dgUvuaoKoGl0GzXDobf8AwBtu-mgiigcaLF86x4R34DayOmfZIW4NTmt6IIY/s1600/473px-Ezra_Pound_2.jpg" width="315" /></a>Jefferson. Enfin, le poète <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjJNmyQ7meItcmnPHCFcECHGvNHXpAyBppng2jolo5QDNXzNy-KNj550w7_jorK8KqyZU_gvuCKzPEw6k0dgUvuaoKoGl0GzXDobf8AwBtu-mgiigcaLF86x4R34DayOmfZIW4NTmt6IIY/h120/473px-Ezra_Pound_2.jpg">Ezra Pound</a>
(1885-1972), qui osa animer des émissions radiophoniques de propagande
en faveur de Mussolini pendant la Seconde Guerre mondiale fut affligé de
charges de trahison déposées contre lui, mais qui furent plus tard
retirées. On le voit, c'est parce qu'ils se sentaient attiré par un
mouvement d'ascension et non une pente fatale, même aux pires moments de
la guerre contre une puissance beaucoup plus forte, plus riche et mieux
équipée que les indépendantistes américains évitèrent le piège de
l'action passive des traîtres. </span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;"></h3><p></p><p> </p><blockquote class="tr_bq"><h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"></span></span></h3></blockquote>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Bien entendu, les cas de cités assiégées ont toujours été propice à sécréter des fièvres obsidionales, ou la «mentalité de garnison» si vous préférez, et le sentiment d'insécurité (par l'encerclement) et la volonté de puissance d'un individu ou d'un parti (par la trahison d'un soi-disant «sauveur») se conjuguent différemment d'un cas l'autre. Les formidables trahisons rendent compte du rôle fantasmatique qu'occupe le traître dans le délire paranoïaque. La différence du cas québécois comparé au cas américain va nous aider à mieux comprendre comment s'effectue la structuration fantasmatique de la figure du traître portée jusqu'à l'essence </span></span><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg1hDOZ7Iuzb7NAISE8M8AcHiekONwboFLsDBP4PSK1bwP4m8QBYcGh8itnwQZHbbOKWvBi3e_dkhQgAjTOeFwWJaO7UyseKUHFWhPiBYmU7fXNbN-_iM5ETtB7Za34OE3xayNovf5uNiI/s1600/mont-rushmore.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="265" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg1hDOZ7Iuzb7NAISE8M8AcHiekONwboFLsDBP4PSK1bwP4m8QBYcGh8itnwQZHbbOKWvBi3e_dkhQgAjTOeFwWJaO7UyseKUHFWhPiBYmU7fXNbN-_iM5ETtB7Za34OE3xayNovf5uNiI/s1600/mont-rushmore.jpg" width="400" /></a>métaphy-</span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">sique. Cette différence suggère que le refoule-</span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">ment collectif entraîne-</span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">rait une compensa-</span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">tion fantasmatique à reconnaître des traîtres partout dans l'Histoire, par l'évacuation de toutes formes de figures positives actives de héros. Bref, les traitres chasseraient les héros du panthéon national. Quand les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg1hDOZ7Iuzb7NAISE8M8AcHiekONwboFLsDBP4PSK1bwP4m8QBYcGh8itnwQZHbbOKWvBi3e_dkhQgAjTOeFwWJaO7UyseKUHFWhPiBYmU7fXNbN-_iM5ETtB7Za34OE3xayNovf5uNiI/h120/mont-rushmore.jpg">héros </a>(Washington, Franklin, Adams, Jefferson) l'emportent, les traîtres (Arnold) se raréfient. Le traître occuperait, dans l'inconscient collectif québécois, une fonction de symbole <i>structurant à la déstructuration, </i>nécessitant l'apparition d'hommes politiques ou autres se croyant revêtus de cette <i>fonction déstructurante </i>dans le but paradoxal de conserver le <i>sens de l'unité. </i>Au contraire, les Américains, en érigeant très tôt la figure du héros dont la fonction symbolique est de <i>structurer </i>l'action collective, rejette le traître comme élément passif et négatif de la conscience nationale. Le traître est condamné à une répulsion telle qu'aucun homme politique ou autres ne voudrait se voir recouvrir de cette <i>fonction </i>déstructurante, de sorte que le plus grand honneur étant de passer pour un Patriote, le fait de passer pour un traître aux yeux des siens est la pire opprobre, la pire honte qui soit. Jusqu'à une période récente, dans la conscience historique américaine, le traître restait l'étranger, le <i>Un-American </i>auquel quelques rares américains osaient, </span></span><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhYmAijTehDxb94tZ4DjeyI_Eg2uvcj5GxtS80_1FhletMZ0N35m5xAkrvHSpcarQgvzY7kdkQVj6n-JQALTnEtvKiPFlonAUKrD3ijp-qyAfUKF3vrAy_dRwCubMbRsppGKTIesQTjue0/s1600/bradley_manning_global_hero_sticker.png" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhYmAijTehDxb94tZ4DjeyI_Eg2uvcj5GxtS80_1FhletMZ0N35m5xAkrvHSpcarQgvzY7kdkQVj6n-JQALTnEtvKiPFlonAUKrD3ijp-qyAfUKF3vrAy_dRwCubMbRsppGKTIesQTjue0/s1600/bradley_manning_global_hero_sticker.png" width="400" /></a>par esprit pervers et subversif, se rallier; il entrete-</span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">nait, au niveau fantasma-</span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">tique, l'agressi-</span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">vité <i>destrudi-</i></span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><i>nale, </i>mais dans une relation essentiellement sadique. Voilà pourquoi l'Amérique s'interroge présentement à savoir si <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhYmAijTehDxb94tZ4DjeyI_Eg2uvcj5GxtS80_1FhletMZ0N35m5xAkrvHSpcarQgvzY7kdkQVj6n-JQALTnEtvKiPFlonAUKrD3ijp-qyAfUKF3vrAy_dRwCubMbRsppGKTIesQTjue0/h120/bradley_manning_global_hero_sticker.png">Manning </a>et Snowden sont des héros ou des traîtres. Dans sa voisine, la société québécoise, le traître, c'est le Soi collectif s'autodétruisant et se dénonçant «du plus petit au plus grand». Les Américains, pourtant, ne sont pas moins paranoïaques que les Québécois, bien au contraire! Mais la fonction symbolique de la figure du traître n'y tient pas le même rôle. Complaisance perverse et subversive, dans le cas québécois, entraînant l'agressivité dans une relation <i>destrudinale </i>essentiellement masochiste, la fièvre obsidionale apparaît plus profondément intériorisée comme psychose, et peut-être moins évidente à première vue, si nous nous penchons sur le rapport individuel à l'obsession double d'encerclement (par un glacis anglo-saxon et protestant) et de trahisons potentielles (de «vendus», «Judas», «traitres» ou «parias»). </span></span></h3><h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><br /></span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
</h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">C’est le siège de Québec de 1759
qui a forgé cette structure psychotique sans pour autant créer l’idiosyncrasie
du traître que l’échec des rébellions de 1837-1838 allait structurer de façon à
faire de celui-ci une nécessité historique fatale, engageant la collectivité
dans la voie de la passivité et de la soumission au sentiment d’abandon et
d’entraînement fatal. </span></h3><h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><br /></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
</h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Dans le cas du siège de Québec de
l’été 1759, l’action des traîtres est censurée et refoulée dans l’inconscient
collectif. Pourtant les figures de traître ne manquent pas pour une
historiographie québécoise qui raconte, généralement, une histoire assez «tranquille»!
Du serrurier Jean Duval qui complota contre </span><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEihNa9-J0SZqwHPNZ42g8uf19Y62peMcDHm3tZtqiUJxMYpXRiL55F8oTVXVS4sIdoWf77jJ86tQKpfotzJYVKRGTah8fCoVzC_IvR7Ej9trXerb4STYovyU0mUzk7nZujrCZ7dEl0MbnE/s1600/original.2862.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEihNa9-J0SZqwHPNZ42g8uf19Y62peMcDHm3tZtqiUJxMYpXRiL55F8oTVXVS4sIdoWf77jJ86tQKpfotzJYVKRGTah8fCoVzC_IvR7Ej9trXerb4STYovyU0mUzk7nZujrCZ7dEl0MbnE/s1600/original.2862.jpg" width="277" /></a>Champlain et fut pendu (1608) à
Jacques Michel, qui aurait livré Québec aux frères Kirkes (1629); de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhG4BzJB-fYCq3QWgDfOjvRGXCZiJ9LOpc8IyTbmkwzc2-GuOOczDC-mf0mMzrDjCZFiZgqGfLsGlyhF1WwWGaCZGB8ZkSwHqX-e5yH8xa5NpQE073o1N7gDk90b_RzDU9g6X0wlK3yHrw/h120/original.2862.jpg">Radisson</a> et Des Groseillers qui vendaient leurs fourrures aux Anglais qui leur faisaient
de meilleurs prix aux Chouayens qui soutiendront le gouvernement colonial
anglais contre les Patriotes révoltés de 1837-1838; de Félix Poutré, ce faux
rebelle, taupe de la police coloniale au sein de la société secrète des Frères
Chasseurs à l’infiltration par la police fédérale canadienne des groupuscules
du Front de Libération du Québec (F.L.Q.) jusqu’à la crise d’Octobre 1970,
lorsque l’application de la Loi sur les mesures de guerre autorisa l’occupation
du Québec par l’armée canadienne; de ces députés fédéraux conservateurs
québécois qui votèrent contre le blâme adressé au gouvernement canadien pour
avoir laissé pendre le métis révolté Louis Riel (mars 1886) et qu'un placard traitait de<i> <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjhFw_N4_yR4VHDScdhbDCst8KZl_rW29uYBhRr6kUGG65waAHKPvqX96kqbbGvZIXb4FU7O5ftrhYxn8fjbqm_JxGJyQifdOPJ2p7r_rPJozQeRR3BsPjSlfcz9L3SQEge4YQmSYErydk/h120/Pendards.jpg">Bataillon des</a></i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjhFw_N4_yR4VHDScdhbDCst8KZl_rW29uYBhRr6kUGG65waAHKPvqX96kqbbGvZIXb4FU7O5ftrhYxn8fjbqm_JxGJyQifdOPJ2p7r_rPJozQeRR3BsPjSlfcz9L3SQEge4YQmSYErydk/h120/Pendards.jpg"> </a><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjhFw_N4_yR4VHDScdhbDCst8KZl_rW29uYBhRr6kUGG65waAHKPvqX96kqbbGvZIXb4FU7O5ftrhYxn8fjbqm_JxGJyQifdOPJ2p7r_rPJozQeRR3BsPjSlfcz9L3SQEge4YQmSYErydk/h120/Pendards.jpg">Pendards</a>,</i> aux députés
libéraux québécois qui revinrent sur leur </span><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjhFw_N4_yR4VHDScdhbDCst8KZl_rW29uYBhRr6kUGG65waAHKPvqX96kqbbGvZIXb4FU7O5ftrhYxn8fjbqm_JxGJyQifdOPJ2p7r_rPJozQeRR3BsPjSlfcz9L3SQEge4YQmSYErydk/s1600/Pendards.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjhFw_N4_yR4VHDScdhbDCst8KZl_rW29uYBhRr6kUGG65waAHKPvqX96kqbbGvZIXb4FU7O5ftrhYxn8fjbqm_JxGJyQifdOPJ2p7r_rPJozQeRR3BsPjSlfcz9L3SQEge4YQmSYErydk/s1600/Pendards.jpg" width="290" /></a>promesse de démissionner du cabinet
fédéral s’il imposait la conscription lors de la Seconde Guerre mondiale
(1942); de la provocation policière fédérale dans l’attentat à la dynamite
contre la maison du magnat de la presse, lord Atholstan, en vue «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">de provoquer des incidents à Montréal pour y
proclamer la loi martiale</i>» en 1917 (R. Rumilly. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Histoire de la Province de Québec, t.
22 : La Conscription, </i>Montréal, Montréal Éditions, s.d., p. 156),
jusqu’à la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhIoQ5EIqwXZcr6VxNghLrSL13uMN7dzd3YntqMQA8aW7b7GYTdOmJFsxIUtgOLSPugxjAj1F_q5Lkjy5HfC-ye0myU_sdXQSUdpk3zuTJEEG3ruXtYggHxLKdeg-yW9k0hgGJe6y7y_vc/h120/une-pleine-page-de-publicite-publiee-par-le-devoir-le-4-decembre-1981.jpg">reprise </a>du <i>Bataillon des pendards, </i>publié dans le quotidien <i>Le Devoir </i>le 4 décembre 1981, par<i> </i>la société nationaliste Saint-Jean-Baptiste dénonçant les 70 députés libéraux fédéraux qui avaient voté en faveur de la résolution constitutionnelle intervenue sans l'accord du Québec et prélude au rapatriement de la Constitution de Londres. Ce genre de </span><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhIoQ5EIqwXZcr6VxNghLrSL13uMN7dzd3YntqMQA8aW7b7GYTdOmJFsxIUtgOLSPugxjAj1F_q5Lkjy5HfC-ye0myU_sdXQSUdpk3zuTJEEG3ruXtYggHxLKdeg-yW9k0hgGJe6y7y_vc/s1600/une-pleine-page-de-publicite-publiee-par-le-devoir-le-4-decembre-1981.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhIoQ5EIqwXZcr6VxNghLrSL13uMN7dzd3YntqMQA8aW7b7GYTdOmJFsxIUtgOLSPugxjAj1F_q5Lkjy5HfC-ye0myU_sdXQSUdpk3zuTJEEG3ruXtYggHxLKdeg-yW9k0hgGJe6y7y_vc/s1600/une-pleine-page-de-publicite-publiee-par-le-devoir-le-4-decembre-1981.jpg" width="247" /></a>pathos atteint la limite de l'infâmie lorsque les Québécois apprennent au printemps 1991, que l’ancien ministre des relations
intergouvernementales du Parti Québécois, promoteur de l’indépendance
nationale, Claude Morin, avait travaillé pour la gendarmerie
fédérale en vue de lui fournir des <i style="mso-bidi-font-style: normal;">renseignements</i>
(mais quels renseignements?). La liste des «traîtres» québécois est
inépuisable. Sans oublier tous ces noms qu’on y rajoute par opinion politique;
ces Lafontaine, Cartier, Laurier, Trudeau et autres, qui eurent le malheur de
jouer une politique canadienne souvent au détriment des intérêts de la
population québécoise; bref, nulle part mieux qu’au Québec l’on peut démontrer
que la fabrication de traîtres relève d’un besoin de boucs émissaires de la
défaite. Car cette diarrhée de traîtres, réels ou fantasmatiques, recouvre le
seul traître qui prit une dimension traumatisante, celui qui aurait livré le secret
passage aux troupes anglaises pour se porter aux hauteurs de la cité de Québec
en septembre 1759. </span></h3><h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><br /></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">L’esprit de garnison avait été
répandu dans toute la Nouvelle-France bien avant que la flotte qui emmenait
l’armée du général Wolfe ait paru devant Québec. Depuis cinq ans au moins, la
colonie vivait en état de </span><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi1kBQSp23z34LeLhG1bGe9lZkpTr_MIeYRF8dqKFji-uTfuPfMYPQv5HCe1Y5GKKujcwxRbpTbfIAEkv94r5YDNOWAE77_BIkOX4sAGzILif6eu2ctAP-xapk7WK-IJtg8UUezyLHSGDQ/s1600/1_20120228_165200.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi1kBQSp23z34LeLhG1bGe9lZkpTr_MIeYRF8dqKFji-uTfuPfMYPQv5HCe1Y5GKKujcwxRbpTbfIAEkv94r5YDNOWAE77_BIkOX4sAGzILif6eu2ctAP-xapk7WK-IJtg8UUezyLHSGDQ/s1600/1_20120228_165200.jpg" width="252" /></a>guerre avec ses voisins américains. Devant des
troupes, dont la somme des soldats dépassait la population entière de la
colonie française, de brillantes victoires alternaient avec des défaites crève-cœur.
À la fin de septembre 1757, Lévis, bras droit du général Louis-Joseph marquis de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi1kBQSp23z34LeLhG1bGe9lZkpTr_MIeYRF8dqKFji-uTfuPfMYPQv5HCe1Y5GKKujcwxRbpTbfIAEkv94r5YDNOWAE77_BIkOX4sAGzILif6eu2ctAP-xapk7WK-IJtg8UUezyLHSGDQ/h120/1_20120228_165200.jpg">Montcalm</a>, assembla les
grenadiers troublés par l’esprit de mutinerie et leur annonça «qu’il fallait se
regarder comme dans une ville assiégée et privée de secours» (F.-X. Garneau. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Histoire du Canada, t. 2, </i>Paris, Félix
Alcan, 1920, p. 188) Tout était prêt pour l’état de fièvre obsidionale. Tout au
long de l’été 1759, Québec fut intensément bombardée, les campagnes rasées et
le reste épuisé de l’armée française terrée dans la citadelle de Québec. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgUz8N4QYDZ4VkRd46ZwZRr0ddz4zf2o1NfccjIMX4Ha1X7T4PwDwEkoYCT5aQzpbgunhXxYDLzBXC5aWnnAjUsv-xzDGAGSqL67TFN5_YxnboI3LlcuhWiT-kZA_74X48dO5ttMYGzzes/h120/wolfe-bio-portraitb.jpg">Wolfe </a>voulut tenter un premier débarquement, mais fut refoulé à
ses navires qui parcouraient le fleuve Saint-Laurent en tous sens. Une dernière
tentative pour s’emparer de la ville protégée par un cap d’accès difficile fut
tentée dans la nuit du 12 au 13 septembre. Seul un sentier dérobé et dont la
défense avait été </span><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgUz8N4QYDZ4VkRd46ZwZRr0ddz4zf2o1NfccjIMX4Ha1X7T4PwDwEkoYCT5aQzpbgunhXxYDLzBXC5aWnnAjUsv-xzDGAGSqL67TFN5_YxnboI3LlcuhWiT-kZA_74X48dO5ttMYGzzes/s1600/wolfe-bio-portraitb.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgUz8N4QYDZ4VkRd46ZwZRr0ddz4zf2o1NfccjIMX4Ha1X7T4PwDwEkoYCT5aQzpbgunhXxYDLzBXC5aWnnAjUsv-xzDGAGSqL67TFN5_YxnboI3LlcuhWiT-kZA_74X48dO5ttMYGzzes/s1600/wolfe-bio-portraitb.jpg" width="313" /></a>confiée à un incompétent permit l’escalade de
l’Anse-au-Foulon; et c’est ici que se place l’histoire du traître: «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">C’est encore un traître qui va indiquer
l’existence d’un sentier de l’Anse-au-Foulon au champ d’Abraham Martin. Peu
importent les âges et les noms </i>[L’historien Paul Bruchési est le seul à le
nommer explicitement : Thomas Cugnet, mais spécifie que c’était un <i style="mso-bidi-font-style: normal;">traître français. Histoire du Canada</i>,
Éditions Beauchemin, 1954, p. 285)]<i style="mso-bidi-font-style: normal;">, les
fonctions du traître restent invariablement les mêmes. La trahison, cette fois
sans retour possible, a raison des murs, pis, des habitants de Québec. Le récit
du témoin qui parle des inconstances de cette trahison est assez éloquent pour
se passer de commentaires. “On devait, cette même nuit </i>[il manque
visiblement un mot]<i style="mso-bidi-font-style: normal;">, des vivres à un
corps de troupe qui gardait un poste sur une hauteur proche de la Ville. Un
malheureux déserteur les en instruisit et leur persuada qu’il leur serait facile
de nous surprendre et de faire passer leur barge sous le Qui vive de nos
Français qui devaient s’y rendre. Ils profitèrent de l’occasion et la trahison
réussit. Ils débarquèrent à la faveur du qui-vive; l’officier qui commandait
s’aperçut de la surprise mais trop tard. Ils (sic) se défendit, avec un peu de
monde, et y fut blessé. L’ennemi se trouva par cette entreprise aux portes de
Québec”. Trahison qui entrebâille les portes de Québec</i>» (H. Weinmann. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Du Canada au Québec : Généalogie d’une
histoire, </i>Montréal, L’Hexagone, 1987, p. 174). Avec Heinz Weinmann, nous
pouvons nous demander pourquoi les études </span><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgxx8DWkvmsRRndpTOmHBq-uSexA0GlzSqUXkO8POW66ypN4qInkDE5XgTLXtc0rw7gfT-I2kjEf3btas5hH9vOuXdg9OibX-FitUSIjf94adrQpfo_WuD20bpRLjoB5FT2dLVBR1KOdow/s1600/Cugnet.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgxx8DWkvmsRRndpTOmHBq-uSexA0GlzSqUXkO8POW66ypN4qInkDE5XgTLXtc0rw7gfT-I2kjEf3btas5hH9vOuXdg9OibX-FitUSIjf94adrQpfo_WuD20bpRLjoB5FT2dLVBR1KOdow/s1600/Cugnet.jpg" width="356" /></a>d’histoire - y compris la très
documentée <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Guerre de la Conquête</i> de
Guy Frégault - n’en soufflent mot et que ce soit un témoignage anglais qui
fasse mention de cette <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgxx8DWkvmsRRndpTOmHBq-uSexA0GlzSqUXkO8POW66ypN4qInkDE5XgTLXtc0rw7gfT-I2kjEf3btas5hH9vOuXdg9OibX-FitUSIjf94adrQpfo_WuD20bpRLjoB5FT2dLVBR1KOdow/h120/Cugnet.jpg">trahison</a>? «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Les
Canadiens-français passent volontiers sous silence cet incident</i>» de
rajouter notre psychohistorien en note infrapaginale. Pourquoi, eux, qui sont
si loquaces lorsqu’il s’agit d’énumérer leur liste interminable de traîtres nationaux,
évitent-ils de parler de ce traître hautement symbolique - et pas
nécessairement historique? Pourtant, un récit pour adolescent, la biographie du
marquis de Montcalm, le «héros» tombé au champ d’honneur lors de la bataille
des Plaines d’Abraham, est le seul à mentionner la trahison d’un inconnu et des
bavardages de deux déserteurs du camp de Bougainville (G. Laviolette. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Louis-Joseph, marquis de Montcalm,</i>
Québec, Éditions de l’A.B., Col. Gloires nationales, 1945, p. 25).</span></h3><h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><br /></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Est-ce parce que le traître était
Français? Ou la traîtrise n’englobe-t-elle pas toute la France? Il était
évident, depuis le traité d’Utrecht de 1713, que la France était prête à
abandonner sa colonie et ses habitants au sort qui l’attendait. Un processus
d’abandon était clairement établi et, le moment venu, la désertion, le
sentiment d’être entraîné sur une pente fatale, devait décider du sort de la
mentalité coloniale. Une paix de Trente ans, </span><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEii06_kUAVIZ8uI19XIk-zwPmQrwrWlq6bmMgN50pM00Q74pODsQepDHKQ8MUIOWPasLontWNhjy1OC3N_rVwRKh_NeQDCUd23PHFnALGmIPqkWMOp91fdYRBBRXCceYaSzssEQIozCz40/s1600/nn_dc4e4c1c505889.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="227" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEii06_kUAVIZ8uI19XIk-zwPmQrwrWlq6bmMgN50pM00Q74pODsQepDHKQ8MUIOWPasLontWNhjy1OC3N_rVwRKh_NeQDCUd23PHFnALGmIPqkWMOp91fdYRBBRXCceYaSzssEQIozCz40/s1600/nn_dc4e4c1c505889.jpg" width="400" /></a>interve-</span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">nue à la mort de Louis XIV,
permit à la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEii06_kUAVIZ8uI19XIk-zwPmQrwrWlq6bmMgN50pM00Q74pODsQepDHKQ8MUIOWPasLontWNhjy1OC3N_rVwRKh_NeQDCUd23PHFnALGmIPqkWMOp91fdYRBBRXCceYaSzssEQIozCz40/h120/nn_dc4e4c1c505889.jpg">colonie </a>de la Nouvelle-France de se développer et de survivre à ce
que serait la Conquête anglaise de 1760 et l’abandon définitif par le traité de
Paris de 1763. Le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Fatum </i>avait
prononcé son diktat. Ne restait plus qu’à se «résigner», en attendant un
fantaisiste retour de la France, mais sans trop y prêter d’attention. Le sort
des Français d’Amérique était scellé et la désertion, la passivité inscrites
dans leur sang. Lorsqu’au début du XIXe siècle, la crise s’aggrava entre la
population canadienne et le gouvernement colonial, un fractionnement latent commença
à émerger. Aux Patriotes qui optaient pour l’action, c’est-à-dire le contrôle
de soi, le projet d’indépendance qui coïncide avec un acte
d’auto-détermination, le sort fatal qui conduit au martyre s’il le faut, une
grande majorité de Canadiens optèrent pour la passivité, la neutralité au
mieux, l’engagement auprès des forces coloniales au pire. Ce furent ceux-là
qu’on méprisa du nom de «Bureaucrates» ou de «Chouayens». <br /></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Si les Français sont rongés par
le syndrome de Vichy à cause de la Collaboration durant l’occupation par les
nazis, les Québécois sont dévorés par un syndrome du <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhYnTuwA9_uojLLW-1tkHTkChU3msNO-uOwbXLqzZISb_WCSf5U-ZHbifTAiWGAEhHg7XfkBx80B4RHKldUkQ2joTFmBtaCT6qMFqnfBY1oIpmRQDuRe9GNW2ZIdQV7ckdEWBZh5-n0HK4/h120/6292_1223313304045_1265340525_656645_4734256_n.jpg">Chouayen</a>, qui sert de pont
entre l’indifférent et le Traître. Un traître qui prend des proportions
métaphysiques qui rejoint le circuit de Ptolémée XIII. Du coup, dès 1834, le retour
de la fièvre obsidionale ramenait le mauvais état psychologique de 1759. On
dénonçait </span><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhYnTuwA9_uojLLW-1tkHTkChU3msNO-uOwbXLqzZISb_WCSf5U-ZHbifTAiWGAEhHg7XfkBx80B4RHKldUkQ2joTFmBtaCT6qMFqnfBY1oIpmRQDuRe9GNW2ZIdQV7ckdEWBZh5-n0HK4/s1600/6292_1223313304045_1265340525_656645_4734256_n.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="305" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhYnTuwA9_uojLLW-1tkHTkChU3msNO-uOwbXLqzZISb_WCSf5U-ZHbifTAiWGAEhHg7XfkBx80B4RHKldUkQ2joTFmBtaCT6qMFqnfBY1oIpmRQDuRe9GNW2ZIdQV7ckdEWBZh5-n0HK4/s1600/6292_1223313304045_1265340525_656645_4734256_n.jpg" width="400" /></a>les tièdes, «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">on croyait voir
partout des espions et des traîtres</i>» (R.Rumilly, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Papineau</i>, Montréal, Bernard Valiquette, 1934, p. 144). La figure métaphysique du Traître était
définitivement ancrée dans l’abject tout en s'insérant dans une logique de nécessité historique. Elle s'incarnait dans le Chouayen irréformable,
entièrement vendu à la cause coloniale et profondément
contre-révolutionnaire : son loyalisme témoignerait de son
anti-patriotisme. Un orateur loyaliste, lors d'une grande assemblée des siens tenue à Montréal, sur la Place d'Armes, le 23 octobre 1837, parlant des Patriotes, déclarait de même : «<i>[These] disloyal men, with reform on their lips, but treason and revolution in their hearts…</i>» (Cité in J.-P. Bernard (éd.) <i>Assemblées publiques, résolutions et déclarations de 1837-1838, </i>Montréal, V.L.B. éditeur, Col. Études québécoises, 1988, p. 215), montre que l’opinion dans le camp adverse était également la même! Ici aussi, la mentalité d’assiégés faisait son nid. Chez les Patriotes comme chez les Chouayens, le Traître devint le <i>deus ex machina </i>de toutes les lâchetés, la cause unique de tous les échecs. </span></h3><h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><br /></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Le thème du Traître n’apparaît pas vraiment, ni en 1760, ni en 1775. Il n’existe pas, semble-t-il, avant 1834. En 1839, son modèle symbolique est clairement établi et aura une longue carrière qui s’ouvre devant lui dans l’imaginaire historique québécois. C’est lui qui va opérer le second renversement, celui de 1837-1838. Alors </span><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgzGHzptITCsLMMehpJfbx6J189gIeYcOg8fSnm7FEUsVU1iCx_0Bp6cJ9YCLcJsHouKZEmd7xQw4E2JCLas9ec3_7-KSqunMIkNitcrRtfZ3w_dtmKpT_34uFFdAKHOm1JZfFogizcC1w/s1600/324b67e2-519a-455e-b113-579e6babd6a1.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgzGHzptITCsLMMehpJfbx6J189gIeYcOg8fSnm7FEUsVU1iCx_0Bp6cJ9YCLcJsHouKZEmd7xQw4E2JCLas9ec3_7-KSqunMIkNitcrRtfZ3w_dtmKpT_34uFFdAKHOm1JZfFogizcC1w/s1600/324b67e2-519a-455e-b113-579e6babd6a1.jpg" width="300" /></a>qu’en 1827, selon Bernard et Grenon, on voyait les loyalistes se faire patriotes; en 1837, un <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgzGHzptITCsLMMehpJfbx6J189gIeYcOg8fSnm7FEUsVU1iCx_0Bp6cJ9YCLcJsHouKZEmd7xQw4E2JCLas9ec3_7-KSqunMIkNitcrRtfZ3w_dtmKpT_34uFFdAKHOm1JZfFogizcC1w/h120/324b67e2-519a-455e-b113-579e6babd6a1.jpg">Georges de Boucherville</a> va ramener le Patriote à la cause du Loyaliste : «<i>Georges de Boucherville, secrétaire de l’Association des Fils de la Liberté, arrêté le 16 novembre 1837, confia à son journal en apprenant la fin tragique de Chénier : "Les Canadiens ne se sont pas montrés lâches! Non, ils furent trompés, trahis, puis abandonnés. Honte, infamie, déshonneur pour ceux qui les soulevèrent, pour les lancer dans la mitraille, afin de pouvoir assurer leur propre fuite, honteusement méditée à l’avance!"</i>» (M. Brunet, in J.-P. Bernard (éd.). <i>Les Idéologies québécoises au 19e siècle, </i>Montréal, Boréal Express, Col. Études d’histoire du Québec, # 5, 1973, p. 85). Instabilité profondément baroque du transfuge qui double les patriotes sur leurs arrières et les livre à la vindicte militaire anglaise et au mépris des Chouayens. C’est le sentiment exprimé par Robert Nelson, en février 1838, aux lendemains de sa lecture furtive de la <i>Proclamation d’Indépendance du Bas-Canada </i>: «<i>Papineau nous a abandonné et cela pour des motifs personnels et familiaux concernant les seigneuries et son amour invétéré pour les vieilles lois françaises. Nous pouvons mieux faire sans lui qu’avec lui. C’est un homme bon seulement pour parler et non pour agir</i>» (Cité in F. Ouellet. <i>Le Bas-Canada 1791-1840, </i>Ottawa, P.U.O., 1976, p. 470). En automne 1838, c’est <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhfnsxG80LvbGP_2-S_zQxS7Q4kmELOKP-ELfC_lxJbk3nrITF2U6I2NgfJ0PNPjNvjSBDhgmQNxvZXCXybffkJvMwx2DQ9ciQwL_q89ONUlMXNitoc2yoqSRU1c_2Ql4lbzI20ggzKLPY/h120/nelson_robert.gif">Robert Nelson</a> à son tour qui prendra la poudre </span><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhfnsxG80LvbGP_2-S_zQxS7Q4kmELOKP-ELfC_lxJbk3nrITF2U6I2NgfJ0PNPjNvjSBDhgmQNxvZXCXybffkJvMwx2DQ9ciQwL_q89ONUlMXNitoc2yoqSRU1c_2Ql4lbzI20ggzKLPY/s1600/nelson_robert.gif" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhfnsxG80LvbGP_2-S_zQxS7Q4kmELOKP-ELfC_lxJbk3nrITF2U6I2NgfJ0PNPjNvjSBDhgmQNxvZXCXybffkJvMwx2DQ9ciQwL_q89ONUlMXNitoc2yoqSRU1c_2Ql4lbzI20ggzKLPY/s1600/nelson_robert.gif" width="359" /></a>d’escampette, abandonnant là ses hommes à l’assaut des militaires : «<i>Ce que je voulais c’était de dévoiler la conduite dégradante de R. Nelson; c’était encore pour rejeter la honte de ses actes, car en fuyant on nous accuse d’avoir partagé sa lâcheté…</i>» déclara le Français Charles Hindenlang devant la cour martiale (Cité in J. Hare. <i>Les Patriotes, 1830-1839, </i>s.v., Les Éditions Libération, 1971, p. 208). Hindenlang sera pendu. Les <i>vieillards malfaisants </i>convoqués par le gouverneur Colborne pour prendre des mesures punitives contre les Patriotes, resteront honnis par les historiens, ainsi Gérard Filteau : «<i>Les Canadiens présents </i>[au Conseil spécial, réuni par Colborne et convoqué par Thomson], <i>à l’exception de Quesnel, avaient, avec une extrême désinvolture, trahi les intérêts de leurs compatriotes. Le nom de ces traîtres mérite d’être retenu, ils se nommaient Pothier, De Léry et De Rocheblave</i>» (G. Filteau. <i>Histoire des Patriotes, </i>Montréal, L’Aurore, 1975, pp. 454-455). Que dire alors du délire paranoïde manifeste d’un Joseph Costisella, trente ans plus tard, lorsqu’il écrit qu’aux élections de 1834, «<i>les Anglais avaient utilisé des bandes de fiers-à-bras irlandais pour truquer le vote : à coups de matraques, ils avaient essayé de convaincre le peuple à voter pour l’occupant… </i>[…] <i>Puis les résistants partirent pour Caughnawaga. Accueillis par d’hypocrites démonstrations d’amitiés, ils furent soudainement entourés d’Iroquois armés. Les résistants, qui n’avaient aucune arme à feu, durent se rendre. Les Iroquois les livrèrent aussitôt à l’occupant</i>» (J. Costisella. <i>Peuple de la nuit, </i>Montréal, Éditions Chénier, 1965, pp. 456 et 459). Sans pousser aussi loin ce délire propre à la haine de soi, il est vrai que la réinsertion de nombreux </span><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiPLllBXW-Z0y9lxNDW9NrxISKi9ErLFXcNM4MTL3OnLsEHfgZmCso8PE-6f2AWxmKJWk8R71k0RS08lTcS8O2N-XdEsO8E4a-pSDzn7a32Yrl7ZjoPWIj4P0DjNu4fIECx1xp-ajho4k0/s1600/fig_p_xiv_33.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiPLllBXW-Z0y9lxNDW9NrxISKi9ErLFXcNM4MTL3OnLsEHfgZmCso8PE-6f2AWxmKJWk8R71k0RS08lTcS8O2N-XdEsO8E4a-pSDzn7a32Yrl7ZjoPWIj4P0DjNu4fIECx1xp-ajho4k0/s1600/fig_p_xiv_33.jpg" width="331" /></a>Patriotes à l’intérieur de la machine politique canadienne, sous l’Acte d’Union après 1840, a laissé un goût amer au sens de notre histoire. L’effondrement d’un réformiste bien modéré, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiPLllBXW-Z0y9lxNDW9NrxISKi9ErLFXcNM4MTL3OnLsEHfgZmCso8PE-6f2AWxmKJWk8R71k0RS08lTcS8O2N-XdEsO8E4a-pSDzn7a32Yrl7ZjoPWIj4P0DjNu4fIECx1xp-ajho4k0/h120/fig_p_xiv_33.jpg">Étienne Parent,</a> qui «<i>conseille, dès octobre 1839, "l’assimilation" afin de "composer" avec les anglophones "une grande et puissante nation"</i>» (R. Lahaise. <i>Libéralisme sans liberté, </i>Montréal, Lanctôt, 1997, p. 24), annonce déjà ce que sera le fameux <i>beau risque </i>du gouvernement péquiste aux lendemains de la défaite référendaire de 1980. C’est ce jeu de reflets de miroir auquel s’abandonne l’historien Robert Lahaise qui permet d’étaler les diverses récupérations des lendemains de défaites : «<i>il devait sembler pour le moins paradoxal aux yeux des anglophones de voir l’Union recycler si bien les Patriotes de la décennie </i></span><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjLO8M70QpIh6c2aLehrXbKNIanIqEOIZnXZEEiV6GxWvd2l2S2B-glEgdB_zaHW-csMjewYF8k2mpacFy1X-FVyhbVuUJkBf93lHELhbJN_EKFvnsyc7G4nMAIziP7nypqFexndYYtBlc/s1600/Lafontaine2.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjLO8M70QpIh6c2aLehrXbKNIanIqEOIZnXZEEiV6GxWvd2l2S2B-glEgdB_zaHW-csMjewYF8k2mpacFy1X-FVyhbVuUJkBf93lHELhbJN_EKFvnsyc7G4nMAIziP7nypqFexndYYtBlc/s1600/Lafontaine2.jpg" width="320" /></a>précédente : <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjLO8M70QpIh6c2aLehrXbKNIanIqEOIZnXZEEiV6GxWvd2l2S2B-glEgdB_zaHW-csMjewYF8k2mpacFy1X-FVyhbVuUJkBf93lHELhbJN_EKFvnsyc7G4nMAIziP7nypqFexndYYtBlc/h120/Lafontaine2.jpg">Louis-Hyppolite Lafontaine</a>, président du Conseil exécutif; Augustin-Norbert Morin, président de l’Assemblée; Étienne-Paschal Taché, commissaire des travaux publics; René-Édouard Caron, président du Conseil législatif; Denis-Benjamin Papineau, premier ministre conjoint avec William Henry Draper; Robert Shore Milnes Bouchette, commissaire des douanes; Édouard Raymond Fabre, maire de Montréal, auquel succède Wolfred Nelson, vainqueur de Saint-Denis… et combien d’autres!</i>» (R. Lahaise. <i>ibid. </i>pp. 27-28). La défaite décida donc de l’organisation dominante, celle des Chouayens, mais le prix de la réconciliation fut amer puisqu’elle se doubla d’une culpabilité honteuse, d’où qu’ils s’empressèrent de récupérer les Patriotes modérés de 1837-1838 et de les redéfinir comme réformistes.</span></h3><h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"> </span></h3><h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Pour ceux qui restèrent fidèles aux idéaux de 37-38, l'ensemble du Peuple apparut comme une masse aveugle, bonne à duper; pour les Réformistes, un peuple plein de bon sens qui avait échappé aux arguties des faux-prophètes de la violence et savait d'instinct où se situait son bien. C'est ce modèle qui sera rétabli après 1980 avec l'échec référendaire sur la souveraineté-association (qui est loin d'être l'indépendance), avec le culte des hommes d'affaires et des P.M.E. (le fameux <i>Quebec inc.</i>) sous Pierre-Marc Johnson, </span><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg2UKH8YFRYJg8OhVz3DrtStE-RbXiHFJSlYMdTcckrO-u6V80Ec0XoI9mxEq5mflqxtpUQsENxsz6vE4qtm4zfaDuUxVocjpBHzaG-xX1Vj784hWHQmYvg59KmrLahmlzcE1Nq4muE_AQ/s1600/DSC020191.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg2UKH8YFRYJg8OhVz3DrtStE-RbXiHFJSlYMdTcckrO-u6V80Ec0XoI9mxEq5mflqxtpUQsENxsz6vE4qtm4zfaDuUxVocjpBHzaG-xX1Vj784hWHQmYvg59KmrLahmlzcE1Nq4muE_AQ/s1600/DSC020191.jpg" width="277" /></a>successeur de René Lévesque. L'énumération des traîtres dans l'histoire du Québec est longue, intarissable en griefs de toutes sortes comme nous l'avons dit. Retenons ici surtout l'impression de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg2UKH8YFRYJg8OhVz3DrtStE-RbXiHFJSlYMdTcckrO-u6V80Ec0XoI9mxEq5mflqxtpUQsENxsz6vE4qtm4zfaDuUxVocjpBHzaG-xX1Vj784hWHQmYvg59KmrLahmlzcE1Nq4muE_AQ/h120/DSC020191.jpg">François-Xavier Garneau</a> dans son <i>Voyage en Angleterre et en France </i>de 1854-1855, impression soulevée par le dégoût de cette récupération qui fait de la trahison nationale la voie du réalisme et de l'opportunisme propre à la stratégie attentiste inaugurée dès 1762 par le clergé et 1774 par les <i>élites nationales </i>du pays : «[…] <i>que voit-on en Canada sous le voile mensonger de l’Union? Les rebelles de 1837, qui voulaient faire prendre les armes au peuple au nom de la nationalité, lèvent aujourd’hui de toutes parts leurs mains vénales pour accepter l’or du vainqueur qui a condamné cette nationalité à périr, et lorsqu’ils le possèdent, tiennent leur bouche muette comme la tombe sur cette même nationalité si sacrée à leurs yeux tant que l’Angleterre leur refusa une pâture</i>» (Cité in R. Lahaise. <i>ibid. </i>pp. 110-111). Garneau trace ici le revers de cette longue <i>éloge de la fuite </i>des Canadiens, institutionnalisée en <i>stratégie </i>politique tant par des idéologues que des historiens, jusqu’à Jocelyn Létourneau. L’échec de la transgression, l’avortement des Rébellions renvoie à la culpabilité infantile : «Ce n’est pas moi, je n’ai rien fait… Je me suis laissé entraîner (malgré moi), ce n’est pas de ma faute, et SI J’AI COMMIS UN PÉCHÉ CONTRE L’ORDRE ET L’AUTORITÉ, ALORS JE ME DOIS DE PAYER MA DETTE!» Et l’indemnisation de 1848 arriva comme une absolution générale, effaçant la culpabilité des Rebelles repentis en les impliquant dans une vaste entreprise de corruption, pensant ainsi effacer complètement (en récupérant en fait) leur participation aux </span><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh1F03PmUKg0_7rgoTCIfqeUISCu1YRyWVpxbRkp_Thw9L3Dii1KmjXYItVmOCFoc5RSY4cMj__mHv0mwzBNWFYFCLfBQu8EAY33KICWF-Fdu4xcBvA6Nub-rbmRv5WO4WR_3pKUkM5SKM/s1600/The_Burning_of_the_House_of_Assembly_at_Montreal_25_April_1849.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="261" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh1F03PmUKg0_7rgoTCIfqeUISCu1YRyWVpxbRkp_Thw9L3Dii1KmjXYItVmOCFoc5RSY4cMj__mHv0mwzBNWFYFCLfBQu8EAY33KICWF-Fdu4xcBvA6Nub-rbmRv5WO4WR_3pKUkM5SKM/s1600/The_Burning_of_the_House_of_Assembly_at_Montreal_25_April_1849.jpg" width="400" /></a>Rébellions. Les Loyalistes de 1837-1838 se sentiront floués dans l’affaire et iront mettre le feu au <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh1F03PmUKg0_7rgoTCIfqeUISCu1YRyWVpxbRkp_Thw9L3Dii1KmjXYItVmOCFoc5RSY4cMj__mHv0mwzBNWFYFCLfBQu8EAY33KICWF-Fdu4xcBvA6Nub-rbmRv5WO4WR_3pKUkM5SKM/h120/The_Burning_of_the_House_of_Assembly_at_Montreal_25_April_1849.jpg">Parlement</a> après avoir lancé des œufs pourris au gouverneur Elgin. La repentance des réformistes effaçait, en effet, la culpabilité des Patriotes, refoulant la rébellion comme <i>dérapage </i>du courant tranquille et pacifiste qui avait régné durant trente ans, avant l’éclatement des Troubles. Bref, une conscience qui se laisse acheter est une conscience qui <i>choisit </i>l’immaturité, celle des adversaires, les Rouges, ces <i>Patriotes </i>radicaux recyclés sous le leadership d’un Louis-Joseph Papineau vieillissant, choisiront pour leur part l’immaturité dans la stratégie annexionniste par les États-Unis. Libéraux comme conservateurs, nationalistes comme continentalistes, tous acceptaient ainsi la régression infantile, chacun par sa voie propre, et l’imago du Traître, maintes fois nourrie tant par l’amplification historiographique que par les faits compromettants de l’Histoire, avouait le faible prix de la tête d’un <i>Canayen. </i></span></h3><h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><i> </i></span></h3><h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjhjG1LMaD83RII1W8CAzeUJ2J_hn2rVhIbvpnTPUj9E1uPTC_W24wGUU6An9_PEvX-63JoKT7naGCtvhDPd0TygzldJa49oBsD7vhu73VNQvbqZw9uXo5LSBNPr2eWeeQGoTlu7SFY37w/h120/Papineau1.jpg">Louis-Joseph Papineau</a> portait le même prénom que le vaincu de Québec de 1759, Louis-Joseph marquis de Montcalm. En cela, les deux figures de la défaite collective apparurent comme un double l’un de l’autre. </span><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjhjG1LMaD83RII1W8CAzeUJ2J_hn2rVhIbvpnTPUj9E1uPTC_W24wGUU6An9_PEvX-63JoKT7naGCtvhDPd0TygzldJa49oBsD7vhu73VNQvbqZw9uXo5LSBNPr2eWeeQGoTlu7SFY37w/s1600/Papineau1.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjhjG1LMaD83RII1W8CAzeUJ2J_hn2rVhIbvpnTPUj9E1uPTC_W24wGUU6An9_PEvX-63JoKT7naGCtvhDPd0TygzldJa49oBsD7vhu73VNQvbqZw9uXo5LSBNPr2eWeeQGoTlu7SFY37w/s1600/Papineau1.jpg" width="348" /></a>De plus, ces deux figures se rejoignaient à travers un prénom double : celui du roi Français qui avait accepté l’abandon de la Nouvelle-France, et Joseph, le père putatif de Jésus, le futur saint-patron des Québécois avec Jean-Baptiste, lors de la réaction ultramontaine du second XIXe siècle. Défaite et impuissance. Défaite des Rebelles, impuissance des Traîtres : voilà la nourriture indispensable à la passivité. Le gouverneur Frontenac, brandissant la hache de guerre et dansant une danse indienne annonçait bien le travestissement canadien que prendra Carleton à Sorel pour devancer l’envahisseur américain et atteindre Québec en vue d’organiser la résistance : «<i>À la tombée du jour, le 16 novembre </i>[1775], <i>les vaisseaux étaient toujours immobilisés en amont de Sorel. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj9wXK4SoIIw88-vVo6kSa0cAG7BFle2RxV1rxzKmqIA5zXGUnszPnBR05PKlw2rl3He3nf5Ye6iTQWkRWbfwpwggoIPk9LGhH-dSfdgsS_wrgM040W9CtvjaIyNJeA-zMFrkah9pYDcf8/h120/Guy_carleton_portrait.jpg">Carleton</a> ne pouvait attendre plus avant. Il eut recours à la ruse. Vêtu de l’humble capot de l’habitant, il se glissa dans une baleinière pilotée par un Canadien du nom de Bouchette. L’embarcation réussit à </i></span><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj9wXK4SoIIw88-vVo6kSa0cAG7BFle2RxV1rxzKmqIA5zXGUnszPnBR05PKlw2rl3He3nf5Ye6iTQWkRWbfwpwggoIPk9LGhH-dSfdgsS_wrgM040W9CtvjaIyNJeA-zMFrkah9pYDcf8/s1600/Guy_carleton_portrait.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj9wXK4SoIIw88-vVo6kSa0cAG7BFle2RxV1rxzKmqIA5zXGUnszPnBR05PKlw2rl3He3nf5Ye6iTQWkRWbfwpwggoIPk9LGhH-dSfdgsS_wrgM040W9CtvjaIyNJeA-zMFrkah9pYDcf8/s1600/Guy_carleton_portrait.jpg" width="376" /></a>passer sous la bouche des canons américains, les marins ramant silencieuse-</i></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><i>ment avec leurs mains à certains moments pour ne pas éveiller l’attention des sentinelles. Bouchette était un loup de mer à l’allure pittoresque… Grâce à lui, la baleinière put traverser le lac Saint-Pierre et rejoindre Trois-Rivières. Après un repas pris à la hâte dans une hôtellerie Carleton s’endormit, rompu de fatigue. Un parti d’Américain envahit soudain la pièce, sans reconnaître le gouverneur à cause de son accoutrement. Bouchette le réveilla en le secouant sans façon, répétant l’ordre brusque qu’il venait de donner à ses hommes : "Embarque!" </i>(P. Benoît. <i>Lord Dorchester, </i>Montréal, H.M.H., Col. Figures canadiennes, # 5, 1961, pp. 93-94). C’était déjà une ruse traîtresse anti-rebelle. Les Patriotes, ambigus, allaient l’utiliser à leur tour pour fuir devant l’armée anglaise toute-puissante. Déjà, le 16 novembre 1837, fuyant la ville devenue menaçante et ayant Papineau parmi eux, «<i>les "leaders" patriotes déguisés quittent furtivement </i>[Montréal] <i>à la faveur de la nuit, ils ont l’air de fugitifs déboussolés plutôt que de conspirateurs résolus. Leurs actions sont désordonnées, incertaines, presque sans objeti</i>» (A. Greer. <i>Habitants et Patriotes, </i>Montréal, Boréal, 1997, p. 277). Ce ne sont là que les travestissements ultimes d’hommes déplacés dans des emplois contre-indiqués : Thomas Sorrow Brown ne s’était-il pas fait attribuer le titre de <i>général de division militaire, </i>et Amury Girod, celui de <i>général </i>alors qu’ils ne s’y connaissaient ni l’un ni l’autre en stratégie militaire? Manquant d’expérience, ils commirent des erreurs irréparables à Saint-Charles et à Saint-Eustache qui coûtèrent des dizaines de vies. À Saint-Denis, le docteur Kimber passa pour un agitateur et combien de <i>taupes </i>du genre Félix Poutré infiltrèrent les Frères Chasseurs au cours de</span><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"> l’été 1838? Tout cela </span><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">ne serait qu’un charmant marivaudage si les résultats ne s’avérèrent aussi dramatiques! Le suicide de Girod </span><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi6sg3yWDKmS-u0bFBG0fxUoB9cEH3N4_QeIuNIgLYRJv0GgnachneaLNhjRXySp25wWsjdVDWzlkjMvFQX8JWViKNgiEFYeXSQzco3tHjkXDSQdfjupdybI1RIywDswvd4F2pQrf2iWWI/s1600/suicide+de+Girod.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi6sg3yWDKmS-u0bFBG0fxUoB9cEH3N4_QeIuNIgLYRJv0GgnachneaLNhjRXySp25wWsjdVDWzlkjMvFQX8JWViKNgiEFYeXSQzco3tHjkXDSQdfjupdybI1RIywDswvd4F2pQrf2iWWI/s1600/suicide+de+Girod.jpg" width="323" /></a>devient comme l’ultime conséquence de ses multiples travestissements : «<i>Girod, s’il était bon pour pérorer, ne valait rien lorsque venait le temps d’agir. </i>[…] <i>Déguisé en mendiant, il s’était caché sous un ponceau. Voyant venir les soldats, il tenta de gagner le fleuve pour traverser chez lui, à l’île Sainte-Thérèse. Il se vit bientôt cerné. Un officier lui cria de se rendre. Il répliqua "Je ne veux pas mourir comme mon père dans les prisons". Il tira son pistolet de sa poche, se l’appuya sur la tempe et se fit sauter la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi6sg3yWDKmS-u0bFBG0fxUoB9cEH3N4_QeIuNIgLYRJv0GgnachneaLNhjRXySp25wWsjdVDWzlkjMvFQX8JWViKNgiEFYeXSQzco3tHjkXDSQdfjupdybI1RIywDswvd4F2pQrf2iWWI/h120/suicide+de+Girod.jpg">cervelle</a>. On ramena son corps à Montréal. Suivant les prescriptions de la loi relative aux funérailles des suicidés, on l’enterra sur la voie publique, au coin des rues Saint-Laurent et Sherbrooke, avec un pieu en travers du corps</i>» (G. Filteau. op. cit. p. 372). Là aussi se creusait le lit des futurs agents troubles, soudoyés par la police militaire pour commettre l’attentat contre la maison Atholstan en 1917 et l’infiltration du F.L.Q. par des agents provocateurs de la G.R.C. en 1970.</span></h3><h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"> </span></h3><h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Lorsque le schisme de l’âme est profond au point qu’une collectivité se fracture en deux figures métaphysiques antithétiques : le Patriote et le Traître, il est normal qu’un certain état de schizophrénie </span><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEje_8KTsHKkzKIiBfB-ojHaWgtWR-evlyxnFo8hRCbDJvKYNJKRLXqMtteWu6_XnUz2jSNZWePqaKqmD1SwVCTYRsS38uSn08ELQNvYfVaQJwCD-jJCLC9NihbNfPfPbxTopKDJaRA_x-o/s1600/mk_clic.gif" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEje_8KTsHKkzKIiBfB-ojHaWgtWR-evlyxnFo8hRCbDJvKYNJKRLXqMtteWu6_XnUz2jSNZWePqaKqmD1SwVCTYRsS38uSn08ELQNvYfVaQJwCD-jJCLC9NihbNfPfPbxTopKDJaRA_x-o/s1600/mk_clic.gif" width="353" /></a>collective s’installe. C’est presque la norme parmi les peuples qui ont subi une ou plusieurs phases de colonisation. À ce titre, pour reprendre les catégories de la psychanalyste <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEje_8KTsHKkzKIiBfB-ojHaWgtWR-evlyxnFo8hRCbDJvKYNJKRLXqMtteWu6_XnUz2jSNZWePqaKqmD1SwVCTYRsS38uSn08ELQNvYfVaQJwCD-jJCLC9NihbNfPfPbxTopKDJaRA_x-o/h120/mk_clic.gif">Mélanie Klein</a>, l’imago de l’Enfant-Peuple considérée du côté Patriote a suffisamment souffert d’inconstance qu’elle aurait bénéficié d’un symbolisme réactionnaire terne, or celui-ci non seulement est très «actif», mais il se constitue au fur et à mesure des contradictions mêmes des références sémiologiques du Parti Patriote! Le vrai patriote devient, dans sa fantasmatique, le Loyaliste, le Chouayen : le traître; ici, c’est le rebelle qui se laisse circonvenir par des idées étrangères, tantôt libérales, tantôt protestantes. C’est d’un pro-rebelle pourtant, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhWgSVOljnhdsgKHlq0DOtJPILrn941u1BgXlMCf0xyMDudECUiRCS5TpUoJYBjn2I4VcWztvZtnx1MvgCce0PgicLckZyLOiIXmkPSjNXw3Ui5KLo-L0SxpZi3Omu6ZYBwNwk-5z4FN3o/h120/LudgerDuvernay.JPG">Ludger Duvernay</a>, que les Loyalistes vont bientôt hériter de leur figure patriotique avec l’archétype de <i>Jean-Baptiste</i> : «<i>C’est en 1834 que Duvernay avait jeté les fondements de la Société Saint-Jean-Baptiste, </i>[…] <i>choisissant à dessein le nom que les </i></span><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhWgSVOljnhdsgKHlq0DOtJPILrn941u1BgXlMCf0xyMDudECUiRCS5TpUoJYBjn2I4VcWztvZtnx1MvgCce0PgicLckZyLOiIXmkPSjNXw3Ui5KLo-L0SxpZi3Omu6ZYBwNwk-5z4FN3o/s1600/LudgerDuvernay.JPG" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="309" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhWgSVOljnhdsgKHlq0DOtJPILrn941u1BgXlMCf0xyMDudECUiRCS5TpUoJYBjn2I4VcWztvZtnx1MvgCce0PgicLckZyLOiIXmkPSjNXw3Ui5KLo-L0SxpZi3Omu6ZYBwNwk-5z4FN3o/s1600/LudgerDuvernay.JPG" width="320" /></a>militaires et Bureaucrates appliquaient par dérision aux Canadiens</i>» (G. Filteau. <i>op. cit. </i>p. 206). Pour les Bureaucrates, vainqueurs de la Rébellion, Jean-Baptiste était un ultra-patriote et les Patriotes n’étaient que les pantins de Papineau. Commencé comme rebelle armé avec la pipe et le fusil, tel qu’illustré par Henri Julien, véritable oxymoron baroque, le Patriote s’achevait dans la figure du Précurseur… décapité (par les défaites de 37-38). L’angoisse de castration jouait ici à plein! S’agissait-il de se faire un drapeau patriote, voilà nos «vrais Patriotes» qui bavardent comme d’infatigables pies, incorporant les symboles contre-révolutionnaires à leur enseigne : «<i>Plutôt surchargé </i>[le drapeau du patriote Girouard] <i>est orné de feuilles d’érable, de pommes de pin, d’un maskinongé, ainsi que des initiales "C" (pour Canada) et "J-Bte" (pour Jean-Baptiste)</i>» (A. Greer. <i>op. cit. </i>p. 181). C’est <i>Jean-Baptiste </i>finalement qui triomphera du <i>Vieux Patriote </i>d’Henri Julien. Quelle ironie de voir ces hommages rendus par les drapeaux patriotes lors du défilé de la Saint-Jean-Baptiste à tous les 24 juin de chaque année! Le Patriote rebelle s’incline ainsi sagement et se re(dé)couvre dans la peau du mouton de Jean-Baptiste, réintégrant ainsi l’obéissance loyaliste après une légère poussée de fièvre réformiste. Bref, s’imagine-t-on en France Marianne rendre hommage aux lys de saint Louis?</span></h3><h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"> </span></h3><h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Pour la Contre-Révolution, depuis <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgY4ANXKQWKBxG_3PCDNiQdhEXNVwq9c-0T5b-cK_PN_YmI2iVXnnxUOkG8qjCIatujQHFqHKb_LShApCee2RBpvxAMP8fB3xkiqnFvnD6vsB1mb77XPOL1-Irb8bixgcSikxIaQ1AjZ0o/h120/size2.jpg">1792 </a>au moins, depuis l’émigration massive des prêtres réfractaires chassés de France par la Révolution athée, le Patriote est la figure honnie de l’imago du mauvais Enfant-</span><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgY4ANXKQWKBxG_3PCDNiQdhEXNVwq9c-0T5b-cK_PN_YmI2iVXnnxUOkG8qjCIatujQHFqHKb_LShApCee2RBpvxAMP8fB3xkiqnFvnD6vsB1mb77XPOL1-Irb8bixgcSikxIaQ1AjZ0o/s1600/size2.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="333" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgY4ANXKQWKBxG_3PCDNiQdhEXNVwq9c-0T5b-cK_PN_YmI2iVXnnxUOkG8qjCIatujQHFqHKb_LShApCee2RBpvxAMP8fB3xkiqnFvnD6vsB1mb77XPOL1-Irb8bixgcSikxIaQ1AjZ0o/s1600/size2.jpg" width="400" /></a>Peuple. Le curé Raimbault, émigré venu s’établir au Canada et occupant la cure de l’Ange-Gardien, le rappelait à ses nouvelles ouailles : «<i>…cette Nation jadis si jalouse de la gloire de ses Souverains, et qui dans ces derniers temps s’est souillé d’un crime qui n’est surpassé que par l’attentat sacrilège des Juifs sur la personne S. de J.C., en faisant périr sur un échaffaud le plus doux et le plus clément des Rois : sur une Nation, en un mot, qui dans sa rage impie a formé et exécuté le Complot de renverser d’un seul coup le Thrône et l’Autel…</i>» (Cité in C. Galarneau. <i>La France devant l’opinion canadienne (1760-1815), </i>Québec/Paris, P.U.L./Armand Colin, Col. Les cahiers de l’Institut d’histoire, # 16, 1970, p. 285). Comment l’imago patriotique aurait-elle pu évoluer autrement, pour le clergé catholique par exemple? D’autant plus qu’il ne faut pas sous-estimer la force en présence que suppose le mouvement patriote de 1837. Allan Greer nous le rappelle bien quand il écrit : «<i>À </i></span><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhCZaAM9nlOxupYp2391KKeXzm5RLfGFtXfGvyWRTm85axTYGTqE1DrTXv90Xq4TMssQ4teNJlu_S9imrCfb2QBVqcMBmb_6qiU4TEh1cdprJ4X0geLfgFRRE-BT10siUh0h_gJXVikcIA/s1600/Papineau-dp.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhCZaAM9nlOxupYp2391KKeXzm5RLfGFtXfGvyWRTm85axTYGTqE1DrTXv90Xq4TMssQ4teNJlu_S9imrCfb2QBVqcMBmb_6qiU4TEh1cdprJ4X0geLfgFRRE-BT10siUh0h_gJXVikcIA/s1600/Papineau-dp.jpg" width="272" /></a>bien des égards, leurs origines sociales et leur idéologie rappellent celles d’autres regroupements patriotiques dans d’autres parties du monde atlantique. Mais les patriotes du Bas-Canada se trouvent à la tête d’un véritable mouvement de masse, bien plus que la plupart de leurs homologues d’outre-mer. Non seulement cet appui garantit le succès électoral de la majorité à l’Assemblée, mais il légitime aussi, en tout cas aux yeux des patriotes, leur quête du pouvoir</i>» (A. Greer. <i>op. cit. </i>p. 120). Filteau en est conscient - et fort inquiet -, quand il insiste sur le côté du Patriote rusé et turbulent mais dupe de la démagogie : «<i>Il faudrait se souvenir que dans les rangs des Patriotes, il s’était glissé des individus indésirables, des démagogues de faubourg, des matamores. Mais l’immense majorité n’était pas de cette trempe : ils étaient de fort braves gens, des hommes bien <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhCZaAM9nlOxupYp2391KKeXzm5RLfGFtXfGvyWRTm85axTYGTqE1DrTXv90Xq4TMssQ4teNJlu_S9imrCfb2QBVqcMBmb_6qiU4TEh1cdprJ4X0geLfgFRRE-BT10siUh0h_gJXVikcIA/h120/Papineau-dp.jpg">respectables</a>. Un grand nombre d’auteurs, non seulement des francophobes mais aussi des Canadiens français authentiques, se sont plu à insister sur le spremiers. Cela a même été une mode. Voulait-on se créer la réputation de posséder un esprit bien tourné, un jugement sain, des idées justes, le plus sûr moyen était d’attaquer les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEif8m_3qG6freZDX91xhkqeShIFthu3Gbmcjwww5CuGXHJCTYUUirZ4O-uCAqLgogtzQCykAgxDHjpIMg2pV6qpNjhpFgSqAtvAr9n33MjBKdGC_PD0vPSj3a6LV8TyRb6e0AW2jCfjnX4/h120/Patriotes_%C3%A0_Beauharnois_en_novembre_1838_.jpg">Patriotes </a>au moyen de quelques phrases bien tapées ou tout simplement de quelques plaisanteries. Ce n’est pas là de l’histoire</i>» (G. Filteau. <i>op. cit. </i>p. 13). L’imago du mauvais Enfant-Peuple, comme toujours, est davantage affective qu’argumentaire. Même Ève Circé-Côté, qui essaie de justifier son héros, doit reconnaître qu’«<i>il </i></span><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEif8m_3qG6freZDX91xhkqeShIFthu3Gbmcjwww5CuGXHJCTYUUirZ4O-uCAqLgogtzQCykAgxDHjpIMg2pV6qpNjhpFgSqAtvAr9n33MjBKdGC_PD0vPSj3a6LV8TyRb6e0AW2jCfjnX4/s1600/Patriotes_%C3%A0_Beauharnois_en_novembre_1838_.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEif8m_3qG6freZDX91xhkqeShIFthu3Gbmcjwww5CuGXHJCTYUUirZ4O-uCAqLgogtzQCykAgxDHjpIMg2pV6qpNjhpFgSqAtvAr9n33MjBKdGC_PD0vPSj3a6LV8TyRb6e0AW2jCfjnX4/s1600/Patriotes_%C3%A0_Beauharnois_en_novembre_1838_.jpg" width="278" /></a>est certain que Papineau commit une grave erreur en laissant la place à la veille des hostilités, quelles que soient les raisons auxquelles il obéit</i>» (È. Circé-Côté. <i>Papineau. Son influence sur la pensée canadienne, </i>s.v., Lux, (1924), 2002, p. 218). Aussi, l’historiographie, afin d’amplifier cette duperie, ne cessera de gloser sur la désertion de Papineau, comme si cette désertion catalysait en elle seule toute la dimension négative de l’imago Patriote. Heinz Weinmann s’en étonne : «<i>Discutée tout au long du XIXe siècle et encore irrésolue, la question de savoir si Papineau, le chef, a lâchement pris la fuite ou agi ainsi contre son gré, sur l’insistance des autres Patriotes, laisse planer le doute sur le "sérieux" des chefs, sur leurs intentions profondes</i>» (H. Weinmann. <i>op. cit. </i>p. 395). C’est-à-dire que la lâcheté de Papineau servirait ici à «exorciser» la lâcheté des Chouayens qui seraient éventuellement appelés à «émigrer» advenant une victoire patriote sur les forces gouvernementales, tels les nobles après la prise de la Bastille, ou les Loyalistes américains en 1776 - pénibles souvenirs pour les plus chauds partisans du gouvernement. Comme la chose n’a pas eu lieu, c’est la <i>fuite </i>de Papineau qui semble confirmer, <i>a posteriori, </i>la prophétie loyaliste. Patriotes et Chouayens s’identifiaient tous deux à la figure positive de l’Enfant-Peuple, les premiers sur le mode du Patriote, les seconds sur celui de Jean-Baptiste; c’est le succès ou la défaite des Rébellions qui devait finalement trancher de l’organisation significative du <i>roman familial </i>canadien.</span></h3><h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"> </span></h3><h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Et comme ce fut l’échec qui consacra l’effondrement du cours normal du <i>roman national </i>patriote, c’est donc le sens de l’histoire des Chouayens contre-rebelles qui s’imposa à l’inconscient historique des Canadiens Français. Dotés d’un tel diptyque, comment les Rebelles auraient-ils pu poursuivre une politique </span><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgA_zFjJ7Dsl2vWgz_pz3LWs2JfjegPG18LBOLJPP-QC6lYvMcXKbTIVNeODhgzWFOyDJu2VaJSIRRQL1LiwSWgLc_YySWTnXRNN7dB0yEFPFruDk8747fdpfcdNQwlN2BVA4DG8woIqmY/s1600/Saint-Eustache-Patriotes.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="260" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgA_zFjJ7Dsl2vWgz_pz3LWs2JfjegPG18LBOLJPP-QC6lYvMcXKbTIVNeODhgzWFOyDJu2VaJSIRRQL1LiwSWgLc_YySWTnXRNN7dB0yEFPFruDk8747fdpfcdNQwlN2BVA4DG8woIqmY/s1600/Saint-Eustache-Patriotes.jpg" width="400" /></a>affirmative quand ils ne conservaient pas d’eux-</span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">mêmes l’imago d’un Bon Enfant-Peuple pour qui subir le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgA_zFjJ7Dsl2vWgz_pz3LWs2JfjegPG18LBOLJPP-QC6lYvMcXKbTIVNeODhgzWFOyDJu2VaJSIRRQL1LiwSWgLc_YySWTnXRNN7dB0yEFPFruDk8747fdpfcdNQwlN2BVA4DG8woIqmY/h120/Saint-Eustache-Patriotes.jpg">martyre</a>? C’est bien là le résultat d’un <i>avortement. </i>Cette incapacité à forger une image active et positive à la fois de l’Enfant-Peuple rendait difficile, sinon impossible, toute image d’estime de soi collective, ce que Weinmann, à la suite de Kristeva, appelle l’<i>abjection de soi. </i>L’estime de soi ne pouvait alors se formuler qu’à travers l’expression formelle d’une mégalomanie paranoïaque (telle celle de Mgr Bourget ou, plus récemment, de Jean Drapeau), donc à la limite de la psychose, méprisante, sinon franchement haineuse mais toujours aliénante; alors que par sa réussite, elle aurait été franchement <i>érotique</i>, pleine de vitalité et de projets agressifs mais pertinents. Mais un Peuple, chez qui la culture s’avère incapable de produire une imago positive de lui-même - surtout comme Enfant-</span><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEidOo3ygNPb9OFNP2iAMhNytMyFuZ9rFNCI3nAzhbPmE9nohVMzvtCJ6u6OZK-OzzDXoEaK3BpVl3vqY8U-AOzGTqqQwnEM6IGG36Hp_BThW03uPObIELRG9KWnSIQShKCnzOo-0Tgau-8/s1600/LHLafontaine.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEidOo3ygNPb9OFNP2iAMhNytMyFuZ9rFNCI3nAzhbPmE9nohVMzvtCJ6u6OZK-OzzDXoEaK3BpVl3vqY8U-AOzGTqqQwnEM6IGG36Hp_BThW03uPObIELRG9KWnSIQShKCnzOo-0Tgau-8/s1600/LHLafontaine.jpg" width="303" /></a>Peuple promis à une maturité et à l’auto-détermination -, ne peut sécréter de morales activistes.<i> </i>Le «petit» <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEidOo3ygNPb9OFNP2iAMhNytMyFuZ9rFNCI3nAzhbPmE9nohVMzvtCJ6u6OZK-OzzDXoEaK3BpVl3vqY8U-AOzGTqqQwnEM6IGG36Hp_BThW03uPObIELRG9KWnSIQShKCnzOo-0Tgau-8/h120/LHLafontaine.jpg">Lafontaine </a>se vantait de sa ressemblance avec Napoléon : <i>«Il était de taille moyenne, massive, aux épaules larges. Son visage carré dénotait la fermeté, l’énergie. Déjà on lui trouvait une ressemblance frappante avec Napoléon Ier. Quelques années plus tard, lady Bagot disait : "Vraiment, si je ne savais que Bonaparte est mort, je croirais que c’est lui qui vient d’entrer au salon".» </i>(G. Filteau. <i>op. cit. </i>p. 114). Ce n’était là qu’un narcissisme de compensation puisque sa carrière ne ressemblait en rien à celle d’un conquérant; après avoir été Patriote modéré, le voilà qu’il s’était purement débandé! C’est cette distorsion entre l’Idéal du Moi et le Moi idéal (la limite idéale du Moi) qui conduit à la vulnérabilité, ouverts que nous sommes, à toutes les névroses d’impuissance : <i>structures </i>culturelles obsessionnelles qui reproduisent inlassablement les mêmes comportements et attitudes, de lâcheté ou de trahison, appelés à être réhabilités sous le couvert du <i>réalisme </i>opportuniste, parodie lamentable d’estime de soi… Comment briser ce cercle vicieux?</span></h3><h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"> </span></h3><h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Quoi qu’il en soit, en dix années, le sort fantasmatique des Canadiens Français s’était réglé par une suite de compromis et de corruptions propres à la façon très bourgeoise de voir la démocratie en société libérale. Ce diptyque pétrifié devait durer le siècle et demi à venir. L’historiographie cléricalo-nationaliste ne cessant de </span><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEigIunaJXuu_8z80bTHVJpfbVmCkG4e3E1hpoYVBH7EGoTaXBbkZsKw6qBzG01wkLJwwealp5SBBBtlZKAfnhs83NkfbIo9Tc95eZNkx2aqQT8iueY2FIGuRff8yEEUY2aF5u-NjVxRRJk/s1600/mo_9782890062672.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEigIunaJXuu_8z80bTHVJpfbVmCkG4e3E1hpoYVBH7EGoTaXBbkZsKw6qBzG01wkLJwwealp5SBBBtlZKAfnhs83NkfbIo9Tc95eZNkx2aqQT8iueY2FIGuRff8yEEUY2aF5u-NjVxRRJk/s1600/mo_9782890062672.jpg" width="265" /></a>récupérer le projet libéral de Garneau tout en l’amoindrissant, l’idéologie s’érigea en véritable mythe puisque «<i>les composantes de ce qu’il convient d’appeler le "roman national" canadien-français furent mises en place dans la première histoire du Canada français à être publiée. C’est à ce titre que l’</i>Histoire du Canada <i>de F.-X. Garneau mérite le qualificatif de </i>fondatrice, <i>car elle a fondé et, en même temps, infléchi, biaisé le cours de l’histoire canadienne et québécoise. Plus besoin de lire l’Histoire du Canada de François-Xavier Garneau</i> (quel Canadien/Québécois a lu ces deux gros volumes du début à la fin?),<i> sa vision de la défaite, relayée par des historiens, écrivains, poètes, sociologues, etc… est tracée dans l’inconscient collectif québécois. Histoire devenue anonyme. Elle est de l’ordre du mythe</i>» (H. Weinmann. <i>op. cit. </i>p. 285). Cette historiographie triomphante devint rapidement, à l’image de la <i>schize, </i>une histoire divisée contre elle-même, un procédé de <i>congélation </i>dont la thermodynamique ne cessait de regeler les affects échauffés du temps des Rébellions. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEigIunaJXuu_8z80bTHVJpfbVmCkG4e3E1hpoYVBH7EGoTaXBbkZsKw6qBzG01wkLJwwealp5SBBBtlZKAfnhs83NkfbIo9Tc95eZNkx2aqQT8iueY2FIGuRff8yEEUY2aF5u-NjVxRRJk/h120/mo_9782890062672.jpg">Heinz Weinmann</a> est celui qui a le mieux saisi la dimension purement psychologique des lendemains de répression et de promulgation de l’Acte d’Union de 1840. La rétroprojection de la défaite de 1837-1838 sur la Conquête de 1760, souvenir-écran devenu classique dans le sens proprement freudien du terme, s’est élaborée dans ces années décisives. Dès la Rébellion, un membre de la Chambre du Nouveau-Brunswick déclarait : «<i>"C’est une nouvelle conquête qu’il faut faire", s’écriait un de ses membres influents, Wilmot, inspiré par la "Gazette" de Montréal</i>» (F.-X. Garneau. <i>op. cit. t. 2, </i>p. 676). Garneau ne pouvait laisser passer cette critique d’une époque critique : «<i>Nous sommes au moment le plus critique de l’histoire </i>canadienne. <i>Car c’est en 1841 seulement que </i></span><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg_6oICxMREp1naBr9ZBkae5WWOQu1A9F7bsnGBaJJ7SZLuuRDZ84YCQDqbs9xKebPhYELqU-psfxD0zBRXkQunoljPFt0M2cgoZaOHyzAWVW6pYVVLW-RbbLe6_oP0aP7frw1LRQfqpbA/s1600/9006i2.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg_6oICxMREp1naBr9ZBkae5WWOQu1A9F7bsnGBaJJ7SZLuuRDZ84YCQDqbs9xKebPhYELqU-psfxD0zBRXkQunoljPFt0M2cgoZaOHyzAWVW6pYVVLW-RbbLe6_oP0aP7frw1LRQfqpbA/s1600/9006i2.jpg" width="400" /></a>les Canadiens sont envahis vraiment par le </i>sentiment de la défaite. <i>Loin d’être une simple hantise, angoisse vague de l’avenir incertain de la race française, la mort à brève échéance de ce peuple est inscrite en toutes lettres dans la nouvelle Constitution. En effet, l’Acte de l’Union du 10 février 1841, </i>après coup, <i>accomplit, </i>actualise, <i>ce que la Défaite de 1760, dans la perspective du conquérant anglais, aurait </i>normalement <i>dû réaliser dès 1763, date officielle de la cession du Canada à l’Angleterre : la sujétion des nouveaux sujets français</i>» (H. Weinmann. <i>op. cit. </i>p. 300). Le réel se fond dans une <i>fiction </i>sensée dissimuler le traumatisme de l’actualité derrière l’idéal de l’histoire/romance. La Mère-Nation France se reconstitue mais sur une base <i>fictionnelle </i>d’une <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg_6oICxMREp1naBr9ZBkae5WWOQu1A9F7bsnGBaJJ7SZLuuRDZ84YCQDqbs9xKebPhYELqU-psfxD0zBRXkQunoljPFt0M2cgoZaOHyzAWVW6pYVVLW-RbbLe6_oP0aP7frw1LRQfqpbA/h120/9006i2.jpg">France </a>d’Ancien Régime, essentiellement catholique, absolutiste et pré-révolutionnaire, fantasme onirique d’une bonne Mère irréelle, qui éloigne à la fois de la marâtre anglaise et d’une nation canadienne qui n’arrivera jamais à s’appartenir à elle-même et à s’imposer dans son contexte de nord-américanité : «<i>Une certitude, dès à présent : la vraie </i>catastrophe <i>- celle que les idéologues nationalistes imputent à la défaite de 1760 - a eu lieu entre 1837 et 1841. D’autre part, cette </i>disproportion <i>dans la réaction des Canadiens entre les deux défaites, comment l’expliquer sinon par l’idée que les </i>Canadiens <i>réagissent à la défaite de 1838 comme ils auraient dû réagir </i>normalement </span><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjno4pn-8mweuPMAzXn8wolI9RxiS5bebghK4mOBbCofMko2g30UJa-FHvhbhPRKGrTiz8H3KvvwzgeuEh82VH1J8ORKzq6Niy2GPLkD3FovagquYHDkqMXmuthnlGrBKHivRQObaSfjCI/s1600/400px-1849_Rethel_Allegorie_anagoria.JPG" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjno4pn-8mweuPMAzXn8wolI9RxiS5bebghK4mOBbCofMko2g30UJa-FHvhbhPRKGrTiz8H3KvvwzgeuEh82VH1J8ORKzq6Niy2GPLkD3FovagquYHDkqMXmuthnlGrBKHivRQObaSfjCI/s1600/400px-1849_Rethel_Allegorie_anagoria.JPG" width="266" /></a>à la conquête de 1760, </i>s’ils l’avaient perçue <i>comme une </i>défaite, <i>comme </i>La <i>Défaite? Tout se passe donc comme si le </i>défaitisme <i>catastrophique, cette "sur-réaction </i>(Überragierung) <i>des </i>Canadiens <i>à la suite des événements de 1838, était dû au fait qu’ils réagissaient deux fois plus fort, doublement, comme s’ils avaient à assumer à ce moment-là, le choc conjugué, devenu réel, des deux défaites. C’est après l’échec des Rébellions de 1837-1838 que les </i>Canadiens, collectivement, réalisent <i>la défaite, prennent conscience, après coup de la Défaite. On comprend donc pourquoi Garneau, par une lecture à rebours de 1837-1841, a le premier présenté une conquête comme la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjno4pn-8mweuPMAzXn8wolI9RxiS5bebghK4mOBbCofMko2g30UJa-FHvhbhPRKGrTiz8H3KvvwzgeuEh82VH1J8ORKzq6Niy2GPLkD3FovagquYHDkqMXmuthnlGrBKHivRQObaSfjCI/h120/400px-1849_Rethel_Allegorie_anagoria.JPG">Défaite</a>. Elle ne </i>l’était <i>pas avant</i>» (H. Weinmann. <i>op. cit. </i>pp. 324-325). L’imago du Bon Père se transportera bien vite sur le pape, lui-même victime de ses propres nationaux et des révolutionnaires libéraux du <i>Risorgimento </i>italien, abandonné à son tour du soutien de la France de Napoléon III. Ici, le pouvoir se ramène à un narcissisme secondaire, pervers, moins parce que compensatoire à l’impuissance réelle que par l’élaboration d’une auto-culpabilité obsessionnelle devant les échecs répétés. Coupable du désir de transgression révolutionnaire; coupable de volonté de puissance; coupable de ressentiments profondément ancrés contre les figures parentales, bref coupables contre tous les </span><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjAs3N5JZ4nRUwmCo0JF2z11qJTjHYqZnYg26UeTcrkVVAWk-E3H3VsjtGTfRh2BVelGnay6sPp2a6GMiPibUZtAu_RbUwIrjPd7NTJF8cZPwCPZHoIGZCnwsq-gGQ6rWATkpkCxBUbgwA/s1600/8189045776_6fd98b34d8_o.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjAs3N5JZ4nRUwmCo0JF2z11qJTjHYqZnYg26UeTcrkVVAWk-E3H3VsjtGTfRh2BVelGnay6sPp2a6GMiPibUZtAu_RbUwIrjPd7NTJF8cZPwCPZHoIGZCnwsq-gGQ6rWATkpkCxBUbgwA/s1600/8189045776_6fd98b34d8_o.jpg" width="355" /></a>péchés de la modernité : «<i>l’influence des traditions de famille, Sulte la signalait naguère : "Tout Canadien, écrivait-il, est nécessairement fils d’un PATRIOTE ou d’un MODÉRÉ.</i> <i>(Il eût pu ajouter aussi d’un CHOUAYEN). Les liens de famille déterminant presque toujours les opinions. Ceux dont les parents ont souffert persécution ne consentent pas à passer l’éponge sur les griefs du passé et sur les actes du parti parlementaire. Les unes ne veulent pas tout dire; les autres vont trop loin"</i>» (G. Filteau. <i>op. cit. </i>p. 12). C’est toute la collectivité canadienne-française qui devait hériter de ce diptyque gelé, gelé comme les traîtres à la patrie en enfer. Désormais, à l’adoption par la marâtre Angleterre, la bonté romaine de l’Église catholique allait lui substituer une Mère adoptive; au Roi ou gouverneur anglais mécréant, les Canadiens allaient se vouer à l’obéissance respectueuse envers cet autre <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjAs3N5JZ4nRUwmCo0JF2z11qJTjHYqZnYg26UeTcrkVVAWk-E3H3VsjtGTfRh2BVelGnay6sPp2a6GMiPibUZtAu_RbUwIrjPd7NTJF8cZPwCPZHoIGZCnwsq-gGQ6rWATkpkCxBUbgwA/h120/8189045776_6fd98b34d8_o.jpg">Père humilié</a>, bafoué, discrédité, mais bon et magnanime, le pape. Les Canadiens s’apprêtaient à réaliser le rêve théorique de Joseph de Maistre.</span></h3><h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"> </span></h3><h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Un peuple qui considère que le joueur
le plus important de son équipe de hockey est le gardien de but avoue assez
spontanément la voie historique qu’il a choisi dans le contexte de la
désagrégation de la civilisation qui le porte. Se levant contre<span class="mw-headline"> l’abandon qu’il a éprouvé comme traumatisme au cours même de
la guerre de Sept Ans («Quand le feu est à la maison, on ne s’occupe pas des
écuries», avait répondu le ministre Rouillé à Bougainville venu lui demander du
secours pour la Nouvelle-France), la désertion est devenue la structure </span></span><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><span class="mw-headline"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjK2jctjeCju6ykEpdYZaimp4le0Xv25KS59YeiFe2m_fU6F1Wf7HHIA0msdGkgKENOkmZWcZUumnBeMjBcS3sjHNVGj4E5208omJQa_VwCP7ULSL4GnZxwT3E0S4-q1qSP0SM6mXBbDDU/s1600/citation-en-image-passivite.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="294" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjK2jctjeCju6ykEpdYZaimp4le0Xv25KS59YeiFe2m_fU6F1Wf7HHIA0msdGkgKENOkmZWcZUumnBeMjBcS3sjHNVGj4E5208omJQa_VwCP7ULSL4GnZxwT3E0S4-q1qSP0SM6mXBbDDU/s1600/citation-en-image-passivite.jpg" width="320" /></a>même du
comportement devant l’Histoire, se résignant (et non se résiliant, comme on le
dit trop souvent) sous l’impulsion d’un sentiment d’entraînement fatal où le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Fatum </i>déjoue toujours la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Fortuna. </i>Le contrôle de soi devient une
chimère puisqu’on ne l’atteint de manière à le pousser jusqu’au sacrifice
ultime en vue de restaurer le <i>sens de l’unité</i> perdu à cause des «péchés»
historiques (la langue française, la religion catholique, un certain dédain des
affaires temporelles, etc.) et la faillite toujours-déjà inscrite dans tous
projets d’auto-détermination. Comme le pharaon Ptolémée XIII, la vie n’est
qu’un jeu et le choix tend vers l’épicurisme après une longue saison vouée au
stoïcisme. Mais dans un cas comme dans l’autre, c’est la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjK2jctjeCju6ykEpdYZaimp4le0Xv25KS59YeiFe2m_fU6F1Wf7HHIA0msdGkgKENOkmZWcZUumnBeMjBcS3sjHNVGj4E5208omJQa_VwCP7ULSL4GnZxwT3E0S4-q1qSP0SM6mXBbDDU/h120/citation-en-image-passivite.jpg">passivité </a>qui domine
et, avec elle, le sentiment d’abandon et d’insignifiance historique⌛</span></span></h3>
<h3 align="right" style="text-align: right;">
<span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Montréal</span></span></h3>
<h3 align="right" style="text-align: right;">
<span class="mw-headline"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">1er mail
2014</span></span></h3>
<div style="mso-element: footnote-list;">
<hr align="left" size="1" width="33%" />
</div>
</div>
Coupalhttp://www.blogger.com/profile/14839226309394850656noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8942859135376014620.post-12740462668390757862014-04-27T20:29:00.000-04:002014-04-27T20:29:39.727-04:00Le circuit de Caïn<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
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<br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgyoYp0alGf00bRbAoYbTTtsgN5ju-Klo8r8KRKO3W8TpcY1t7eHqjjGMzdOrzNnAGGrNZcY-bTcBqWVL-aBoTvtjzu1K6Oj2LqsOssi9CpKnJmTNul58JSaHb8BLPZGpawMwcXdXDAPnc/s1600/haley-cain-and-abel.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgyoYp0alGf00bRbAoYbTTtsgN5ju-Klo8r8KRKO3W8TpcY1t7eHqjjGMzdOrzNnAGGrNZcY-bTcBqWVL-aBoTvtjzu1K6Oj2LqsOssi9CpKnJmTNul58JSaHb8BLPZGpawMwcXdXDAPnc/s1600/haley-cain-and-abel.jpg" height="400" width="315" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: "Lucida Grande";">John Haley. <i>Caïn et Abel, </i>lithographie</span></td></tr>
</tbody></table>
<h3 align="center" style="text-align: center;">
<span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 14.0pt; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">LE
CIRCUIT DE CAÏN</span></span></h3>
<h3 align="center" style="text-align: center;">
<span class="mw-headline" style="font-size: xx-small;"><span style="font-family: "Lucida Grande";"> </span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Il est convenu que d’un couple de jumeaux on demande
toujours lequel des deux est le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgyoYp0alGf00bRbAoYbTTtsgN5ju-Klo8r8KRKO3W8TpcY1t7eHqjjGMzdOrzNnAGGrNZcY-bTcBqWVL-aBoTvtjzu1K6Oj2LqsOssi9CpKnJmTNul58JSaHb8BLPZGpawMwcXdXDAPnc/h120/haley-cain-and-abel.jpg">méchant</a>. La </span></span><span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjpQRro3gVwbOsCmLXcRJ13fRITuiajlG8X9sWzpQe9mywJV9_hrdXtSmrKJ94T2YPUpKRTNtreoieacsNL8PBkVGSfLo9_mtDLGIT45FqFa3QKpjwa4yye-oVNgLbNBJqPfkKpDrgcLxQ/s1600/Sherri_and_Terri.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjpQRro3gVwbOsCmLXcRJ13fRITuiajlG8X9sWzpQe9mywJV9_hrdXtSmrKJ94T2YPUpKRTNtreoieacsNL8PBkVGSfLo9_mtDLGIT45FqFa3QKpjwa4yye-oVNgLbNBJqPfkKpDrgcLxQ/s1600/Sherri_and_Terri.jpg" height="218" width="320" /></a>remarque s’adresse moins
spécifiquement aux jumeaux puisque parfois, aussi, aux frères et aux sœurs. On pense
moins au fait à l’extraordinaire de la ressemblance qu’à l’étrangeté de voir
deux êtres si proches l’un de l’autre au point qu’ils deviennent des <a href="http://img3.wikia.nocookie.net/__cb20090615084921/simpsons/images/a/a3/Sherri_and_Terri.jpg">doubles </a>poussés jusqu’à l’antagonisme.
Et là, nous entrons dans l’univers du fantastique.</span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"> </span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Le fantastique, c’est-à-dire le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">doppelgänger. </i>Ce mot d’origine allemande signifie tout simplement
un sosie, un «double» fantomatique d’une personne vivante, d’où son usage dans
les romans du XIXe siècle. On date l’origine du <i style="mso-bidi-font-style: normal;">doppelgänger </i>d’un roman de l’auteur </span></span><span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi8xBbucI9OqC_NzrfstLDO9u1nwWhbLZ4MHdqdqloyhBX7yqlVrXe6vmxjId0bxte6sg5kiMLzO0MBazb84QS2Dg6ZX6vfJEwfl5NL5i4Rk1uf7K6NnbYI6wVfTdyRlgCQYFZyFrTIQGk/s1600/10156143_10203542888875108_6769822169057518187_n.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi8xBbucI9OqC_NzrfstLDO9u1nwWhbLZ4MHdqdqloyhBX7yqlVrXe6vmxjId0bxte6sg5kiMLzO0MBazb84QS2Dg6ZX6vfJEwfl5NL5i4Rk1uf7K6NnbYI6wVfTdyRlgCQYFZyFrTIQGk/s1600/10156143_10203542888875108_6769822169057518187_n.jpg" height="640" width="289" /></a>allemand Jean-Paul (Richter), <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Siebenkäs </i>(1796), où le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">doppelgänger </i>est définit comme «ceux qui
se voient eux-mêmes». <i style="mso-bidi-font-style: normal;">William Wilson </i>d’Edgar
Poe, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le portrait de Dorian Gray </i>d’Oscar
Wilde, reprennent le thème et sont des nouvelles universellement connues et
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi8xBbucI9OqC_NzrfstLDO9u1nwWhbLZ4MHdqdqloyhBX7yqlVrXe6vmxjId0bxte6sg5kiMLzO0MBazb84QS2Dg6ZX6vfJEwfl5NL5i4Rk1uf7K6NnbYI6wVfTdyRlgCQYFZyFrTIQGk/h120/10156143_10203542888875108_6769822169057518187_n.jpg">repiquées </a>de toutes sortes de façon par le cinéma, la bande dessinée, les
séries télé. Souvent, c’est un jumeau maléfique mort qui vient hanter son frère
vivant. Si nous passons du paranormal à la psychologie, nous associons au
double le phénomène de bilocation, l’ubiquité ou tout simplement le fait
d’apercevoir fugitivement sa propre image du coin de l’œil. Rien de fantastique
ici, seulement une sensation de l’étrange. Il est donc préférable de penser en
termes de «double» plutôt que de sosie, utilisé généralement dans le roman
policier, comme dans le conte de Boileau-Narcejac qui inspira le film
d’Hitchcock, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Vertigo. </i>Passé à la
superstition, le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">doppelgänger </i>est
perçu comme un mauvais augure de mort et un <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Double
</i>vu par des proches serait un signe de malchance ou de maladie à venir. Plus
qu’un thème romantique, le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">doppelgänger </i>est
devenu un «symptôme» de notre temps car il ramène au cœur de l’existence le
thème de l’identité.</span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"> </span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Voilà pourquoi le motif des jumeaux vient concrétiser le
double. Otto Rank, le célèbre psychanalyste, avait très bien compris qu’il
s’agissait d’une conséquence, non pas du phénomène de la naissance gémellaire,
mais </span></span><span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhNHKqgoBhveCmvvDqXOaxXyjke1wUJDHtRgpO9D4f_MOS-yx7gseqMOEebF8ACTbU9GXg9mF871cZAMBD6tYTfqoXhGXAyZMmPgTEg0_gJ7KDOCC45alyRbR4LeMD_V-JUYMxrX33BW5s/s1600/005.Cain_Slays_Abel.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhNHKqgoBhveCmvvDqXOaxXyjke1wUJDHtRgpO9D4f_MOS-yx7gseqMOEebF8ACTbU9GXg9mF871cZAMBD6tYTfqoXhGXAyZMmPgTEg0_gJ7KDOCC45alyRbR4LeMD_V-JUYMxrX33BW5s/s1600/005.Cain_Slays_Abel.jpg" height="400" width="317" /></a>de la croyance en une âme double, l’une mortelle, l’autre immortelle.
Comme dans <i style="mso-bidi-font-style: normal;">William Wilson, </i>on a
l’impression que le «bon» est tué par le «mauvais» William Wilson. Un sentiment
de culpabilité pathologique anime cette confrontation qui accuse la soumission
du pervers à ses penchants mauvais, irrécupérable par le Moi collectif. Dans
les cultures primitives, souvent les jumeaux sont dotés de pouvoirs
supranaturels, notamment sur la vie et sur la mort, du fait qu’en venant au
monde le combattant amène son double immortel. Dans certaines cultures
antiques, ils sont associés au caractère civilisateur comme les constructeurs
et fondateurs de ville, Romulus et Remus. Chez les Dogons, ils donnent la
parole, tels les Nommo. Le paradoxe réside dans le fait que c’est par la fracture, le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhNHKqgoBhveCmvvDqXOaxXyjke1wUJDHtRgpO9D4f_MOS-yx7gseqMOEebF8ACTbU9GXg9mF871cZAMBD6tYTfqoXhGXAyZMmPgTEg0_gJ7KDOCC45alyRbR4LeMD_V-JUYMxrX33BW5s/h120/005.Cain_Slays_Abel.jpg">fratricide</a>, que
s’opère l’œuvre civilisatrice; il devient indispensable que l’un des jumeaux tue l’autre, ce qui marquerait la condition de la
survie de l’autre, bref qui assurerait l’identité au survivant. Les doubles ne peuvent cohabiter dans le même monde, trop
petit pour accueillir une identité et son <i>doppelgänger.</i></span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><i> </i></span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Le
conflit qui surgit au sein de la gémellité est structurel et dépasse les relations conjoncturelles entre les individus. Ce conflit se nourrit de
l’angoisse de ce que le judiciaire pourrait appeler «un vol d’identité». Ou
plus exactement un substitut identitaire. Ce grand malheur des parents qui adoptent un enfant pour en remplacer un autre, mort, comme dans le cas du peintre Salvador Dali; ou qui s’obstinent à les habiller l’un à l’image de l’autre pour que ceux qui ne s’en seraient pas aperçus reconnaissent qu’il s’agit bien là de </span></span><span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjogHgPFckS6cKOSUjwAXttIa5IpAZKnnBu50OvXajkR0bPHzjJ_Q7BBnb1Z-dKOwWix2llSfrDkcYJclX_S35U-3nKGpQSN74bimMWAizuveGBimTy0rZ6Lrft_RNzEK9-3g_Jlci-zII/s1600/www.indiewire.com.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjogHgPFckS6cKOSUjwAXttIa5IpAZKnnBu50OvXajkR0bPHzjJ_Q7BBnb1Z-dKOwWix2llSfrDkcYJclX_S35U-3nKGpQSN74bimMWAizuveGBimTy0rZ6Lrft_RNzEK9-3g_Jlci-zII/s1600/www.indiewire.com.jpg" height="280" width="400" /></a>jumeaux. Ce plaisir, non dénué de sadisme, contribue à accentuer l’angoisse de l’identité. Les circons-tances qui font que l’Autre cesse d’être l’autre
pour devenir Moi proviennent toujours de crises intérieures. Ce malaise que nous ressentons précisément lorsque nous
rencontrons notre sosie ou que quelqu’un porte le même nom que soi. Cette
«inquiétante étrangeté», où la ressemblance à la fois nous séduit et nous
inquiète, comme le montre le dernier film de Denis Villeneuve <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjogHgPFckS6cKOSUjwAXttIa5IpAZKnnBu50OvXajkR0bPHzjJ_Q7BBnb1Z-dKOwWix2llSfrDkcYJclX_S35U-3nKGpQSN74bimMWAizuveGBimTy0rZ6Lrft_RNzEK9-3g_Jlci-zII/h120/www.indiewire.com.jpg"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">Enemy </i></a>(2014), appelle la mort de l’un
des deux identiques, car deux identités ne peuvent vivre sur terre nous
l’avons dit, et voilà pourquoi Romulus finit par tuer Remus sans quoi il aurait été
lui-même tué par son frangin. C’est Loki et Thor dans la mythologie germanique.
Pourtant, cela ne semble pas être le cas de Caïn et Abel.</span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"> </span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
</h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjJz1zzp2I_iYdWxEB_T4mGGrc06_wOMFXhU26Ka6mWaMjKc_joqmxrkMDVI1D2EqeMWk6s4yn2qYU8EMvmZG5Pnd9UyR04K98-6_zHJQxsml2nfhCdvawPnXya11fE4Ne0qnz6EPokAvo/s1600/19+VERGARA+CAIN+KILLS.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjJz1zzp2I_iYdWxEB_T4mGGrc06_wOMFXhU26Ka6mWaMjKc_joqmxrkMDVI1D2EqeMWk6s4yn2qYU8EMvmZG5Pnd9UyR04K98-6_zHJQxsml2nfhCdvawPnXya11fE4Ne0qnz6EPokAvo/s1600/19+VERGARA+CAIN+KILLS.jpg" height="400" width="325" /></a></span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Lorsque j’avais six ans environ, dans ma classe, il y avait
de grands tableaux, des reproductions de peintures plutôt kitsch présentant des scènes connues de
l’histoire sainte. L’un de ces <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjJz1zzp2I_iYdWxEB_T4mGGrc06_wOMFXhU26Ka6mWaMjKc_joqmxrkMDVI1D2EqeMWk6s4yn2qYU8EMvmZG5Pnd9UyR04K98-6_zHJQxsml2nfhCdvawPnXya11fE4Ne0qnz6EPokAvo/h120/19+VERGARA+CAIN+KILLS.jpg">tableaux</a>, vieux et jauni, montrait Caïn relevant
son gourdin et, à ses pieds, le jeune et beau Abel, le crâne fracassé, avec une
tache de sang brunâtre s’étendant sous sa tête. Le décor était constitués de grands rochers, de ronces
et d’arbres sombres et lugubres. Parmi les premières scènes violentes que j’ai
eu à voir, ce tableau m’est vaguement resté comme un souvenir inquiétant.</span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"> </span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Pour les civilisations issues du judéo-christianisme, le
modèle du meurtre identitaire demeure le récit de Caïn et Abel, où nulle part
il n’est dit qu’ils étaient jumeaux. La Genèse (4,1) concède un droit d’aînesse
à Caïn. Puis vient Abel. <i>«Or Abel devint pasteur de petit bétail et Caïn
cultivait le sol». L’étymologie du nom pourrait provenir de Qayin qui signifierait
«forgeron</i>». L’homme qui cultive la terre doit fabriquer des charrues, l’éleveur
n’a pas ce problème, aussi le récit fera-t-il de Caïn un constructeur de ville
(4,17). Délaissons l’anthropologie néolithique pour revenir au texte </span></span><span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjHl-iFRVbRULuhfNNnsW3Lu3a47VhiC-U0eGjW7gE4cmzMdXGLorMB9QwIikUAAHPpCbq3nCdDIl0p3P0lFke2kfb8Komn59SOqTR7KlAnV-pgPUTr5ozfywTefHMoCTHO5kaQBNTToJE/s1600/The_Story_of_Cain_and_Abel_(Bible_Card).jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjHl-iFRVbRULuhfNNnsW3Lu3a47VhiC-U0eGjW7gE4cmzMdXGLorMB9QwIikUAAHPpCbq3nCdDIl0p3P0lFke2kfb8Komn59SOqTR7KlAnV-pgPUTr5ozfywTefHMoCTHO5kaQBNTToJE/s1600/The_Story_of_Cain_and_Abel_(Bible_Card).jpg" height="400" width="358" /></a>mythique.
Rien n’oppose à prime abord Caïn et Abel au sein de la famille d’Adam. C’est
lorsque Caïn présente des produits du sol en offrande à Yahvé «<i>et qu’Abel, de
son côté, [offre] des premiers-nés de son troupeau, et même de leur graisse</i>»
que la jalousie s’instille dans le cœur de Caïn. Rien ne dit que les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjHl-iFRVbRULuhfNNnsW3Lu3a47VhiC-U0eGjW7gE4cmzMdXGLorMB9QwIikUAAHPpCbq3nCdDIl0p3P0lFke2kfb8Komn59SOqTR7KlAnV-pgPUTr5ozfywTefHMoCTHO5kaQBNTToJE/h120/The_Story_of_Cain_and_Abel_(Bible_Card).jpg">offrandes</a> de Caïn aient été de moindre qualité. «<i>Or Yahvé agréa Abel et son offrande. Mais
il n’agréa pas Caïn et son offrande, et Caïn en fut très irrité et eut le
visage abattu</i>». En effet, pourquoi Dieu agréa-t-il l’offrande de l’un et refusa-t-il
celle de l’autre? Dieu est-il d’avantage carnivore que végétarien? Ce n’est
donc pas sans un certain étonnement qu’on lit la suite : «<i>Yahvé dit à
Caïn : “Pourquoi es-tu irrité et pourquoi ton visage est-il abattu? Si tu
es bien disposé, ne relèveras-tu pas la tête? Mais si tu n’es pas bien disposé,
le péché n’est-il pas à la porte, une bête tapie qui te convoite et que tu dois
dominer!”</i>» Admettons-le, Yahvé agit ici sournoisement. Il instille
volontairement la jalousie dans le cœur de Caïn par le geste d’accepter
l’offrande d’Abel. Il cultive le ressentiment de Caïn en le tourmentant sur la
culpabilité et le péché. C’est alors qu’intervient le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">timshel </i>sur lequel l’écrivain américain Steinbeck érigea son roman <i style="mso-bidi-font-style: normal;">À l’est d’Éden. </i></span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"> </i></span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">On rappellera, dans le roman de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiu67-BcAnrfUaqfQ24jit4eWjvUQ3rzbgDP9oXGvfkl-dl12XEYtLEHbarA66nAxSXH0_0AZd9wGU1bv_5wtRWOwMicKZlRE6atiaPZHhpJGQ1ymIcq-l06lp1lkHzp-K_xmHnQ_nKlqI/h120/steinbeck-use.jpg">Steinbeck</a>, que Lee, le
serviteur chinois d’Adam Trask, se lance dans une </span></span><span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiu67-BcAnrfUaqfQ24jit4eWjvUQ3rzbgDP9oXGvfkl-dl12XEYtLEHbarA66nAxSXH0_0AZd9wGU1bv_5wtRWOwMicKZlRE6atiaPZHhpJGQ1ymIcq-l06lp1lkHzp-K_xmHnQ_nKlqI/s1600/steinbeck-use.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiu67-BcAnrfUaqfQ24jit4eWjvUQ3rzbgDP9oXGvfkl-dl12XEYtLEHbarA66nAxSXH0_0AZd9wGU1bv_5wtRWOwMicKZlRE6atiaPZHhpJGQ1ymIcq-l06lp1lkHzp-K_xmHnQ_nKlqI/s1600/steinbeck-use.jpg" height="400" width="346" /></a>exégèse du fameux passage. </span></span><span class="mw-headline"><span lang="EN-US" style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-ansi-language: EN-US; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">«<i style="mso-bidi-font-style: normal;">…this was the gold from our mining.</i> “Thou
mayest”<i style="mso-bidi-font-style: normal;">. The</i> American Standard<i style="mso-bidi-font-style: normal;"> translation orders men to triumph over sin
(and you can call sin ignorance). The</i> King James<i style="mso-bidi-font-style: normal;"> translation makes a promise in “Thou shalt”, meaning that men will
surely triumph over sin. But the Hebrew word</i> timshel<i style="mso-bidi-font-style: normal;"> – “Thou mayest” – that gives a choice. For if “Thou mayest” – it is
also true that “Thou mayest not”. That makes a man great and that gives him
stature with the gods, for in his weakness and his filth and his murder of his
brother he has still the great choice. He can choose his course and fight it
through and win</i>». </span></span><span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">L’interprétation <i style="mso-bidi-font-style: normal;">timshel
</i>renvoie donc au choix de commettre ou non le mal, ce qui est une lecture
augustinienne de la liberté telle qu’exprimée dans les œuvres de l’évêque
d’Hippone. Dans le conte de Poe <i style="mso-bidi-font-style: normal;">William
Wilson, </i>le personnage éponyme était soumis déjà à cette torture morale. Le
mauvais Wilson pouvait toujours supporter la présence de son double accusateur
et délateur. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Thou mayest </i>se
disait-il, repoussant son envie de vengeance. Ensuite, il s’encourageait du <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Thou shalt, </i>essayant de réprimer ses
mœurs </span></span><span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgl2UCV4p6vnY-hmcZr9_Gkd4WOYz4yJg-x4vK5MWj8xlAUnPTYk4Bc7fdnMeKEoL56x7EdMbjtNYaa8U31JcTw8Q-hl0Re8pLX0PaN9wErDwVmPc01fdzqEY2k8gBRXqecVgdvf4R7-d8/s1600/SpiritsOfTheDead2.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgl2UCV4p6vnY-hmcZr9_Gkd4WOYz4yJg-x4vK5MWj8xlAUnPTYk4Bc7fdnMeKEoL56x7EdMbjtNYaa8U31JcTw8Q-hl0Re8pLX0PaN9wErDwVmPc01fdzqEY2k8gBRXqecVgdvf4R7-d8/s1600/SpiritsOfTheDead2.jpg" height="256" width="400" /></a>dépravées, trop fortes pour lui. Enfin, lorsque se présenta le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Thou mayest not, </i>il décida de tuer le
bon <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjGCkopDlJMgBxuCG_U6HqGoWrOOSqtdIufG5-TDIORAqtE09qR5l3xSc8J5vl1ovGeQuF8rRTQdguSZ_YWVa01C2cf6TzU9rGfMasR7AIn21e7mXRTR5KjLiTs_YADPrr3LHjTYcpCP78/h120/SpiritsOfTheDead2.jpg">Wilson </a>qui en mourant, lui disait «<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Tu
as vaincu, et je succombe. Mais dorénavant, tu es mort aussi, mort au Monde, au
Ciel et à l’espérance. En moi tu existais, et vois dans ma mort, vois par cette
image qui est la tienne, comme tu t’es radicalement assassiné toi-même</i>». On
ne peut exprimer plus clairement l’impasse dans laquelle se trouve le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">doppelgänger. </i>Il ne peut vivre avec son
double. Il ne peut survivre sans son double. Ce qui apparaît au départ comme
une alternative – tu peux comme tu peux ne pas – finit par devenir un aporie
fermé sur lui-même. Avec ou sans, le double identitaire te projette dans une
schizophrénie insoluble.</span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"> </span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Dans le cas de Caïn, on le sait, la vengeance déploie sa
duplicité : «<i>Caïn dit à son frère Abel : “Allons </i></span></span><span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhhxjQF22EKmM5InCA3vEiPkjOgFq2l8s4p2DLsP1Vh6O3Eo9cUJdC3EjZJ_8zEK5uy3o27-_77uKwC7U6iVmGE12cugPUxhF2TtLjHIhGVnwuVKIOPoSXeXHMw0wuG8oeqx1vgCSDAkus/s1600/Cain_leadeth_abel_to_death_tissot.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhhxjQF22EKmM5InCA3vEiPkjOgFq2l8s4p2DLsP1Vh6O3Eo9cUJdC3EjZJ_8zEK5uy3o27-_77uKwC7U6iVmGE12cugPUxhF2TtLjHIhGVnwuVKIOPoSXeXHMw0wuG8oeqx1vgCSDAkus/s1600/Cain_leadeth_abel_to_death_tissot.jpg" height="400" width="311" /></a>dehors”, et, comme
ils étaient en pleine <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhhxjQF22EKmM5InCA3vEiPkjOgFq2l8s4p2DLsP1Vh6O3Eo9cUJdC3EjZJ_8zEK5uy3o27-_77uKwC7U6iVmGE12cugPUxhF2TtLjHIhGVnwuVKIOPoSXeXHMw0wuG8oeqx1vgCSDAkus/h120/Cain_leadeth_abel_to_death_tissot.jpg">campagne</a>, Caïn se jeta sur son frère Abel et le tua</i>».
Débarrassé d’un frère gênant, comme dans le conte de Poe, Caïn n’est pas libre
pour autant, même si vengé. «Yahvé dit à Caïn : “Où est ton frère Abel?”
Il répondit : “Je ne sais pas. Suis-je le gardien de mon frère?”» Si Caïn
pouvait ruser avec Abel, il ne le peut avec Yahvé qui sait. Et Caïn sait que
Yahvé sait. Qu’à cela ne tienne. Il relance, effrontément, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">suis-je le gardien de mon frère</i>? C’est là la pierre d’achoppement
entre le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">thou mayest </i>et le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">thou mayest not. </i>Si Yahvé n’avait pas de
raison d’accepter les offrandes de Caïn, maintenant il s’en est trouvé une et c’est pour avoir su ce dénouement qu’il refusait les offrandes impures de l’aîné. La
réponse de Caïn rejaillit sur tout le verset 4 de la Genèse.</span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"> </span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">«<i>Yahvé reprit : “Qu’as-tu fait? Écoute le sang de ton
frère <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhqOOV7cwSnF4Y7gw3irN9Bh09_SKTi3KECQwOgfvnDtdGC4yURTum7mxYQwNhkq6Jv3duRL9GLi_CPn8_dK4TBUs4DEA5OxRipYIDP9BKYTOhR2qlfvnFuM-RAq1SffbPGnvgV-vf_kWk/h120/cain_murdering_abel_hi.jpg">crier </a>vers moi du sol! Maintenant, sois maudit et chassé du sol fertile
qui a ouvert la bouche pour recevoir de ta main le sang de ton frère. Si tu
cultives le sol, </i></span></span><span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhqOOV7cwSnF4Y7gw3irN9Bh09_SKTi3KECQwOgfvnDtdGC4yURTum7mxYQwNhkq6Jv3duRL9GLi_CPn8_dK4TBUs4DEA5OxRipYIDP9BKYTOhR2qlfvnFuM-RAq1SffbPGnvgV-vf_kWk/s1600/cain_murdering_abel_hi.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhqOOV7cwSnF4Y7gw3irN9Bh09_SKTi3KECQwOgfvnDtdGC4yURTum7mxYQwNhkq6Jv3duRL9GLi_CPn8_dK4TBUs4DEA5OxRipYIDP9BKYTOhR2qlfvnFuM-RAq1SffbPGnvgV-vf_kWk/s1600/cain_murdering_abel_hi.jpg" height="400" width="302" /></a>il ne te donnera plus son produit : tu seras un errant
parcourant la terre”. Alors Caïn dit à Yahvé : “Ma peine est trop lourde à
porter. Vois! Tu me bannis aujourd’hui du sol fertile, je devrai me cacher loin
de ta face et je serai un errant parcourant la terre : mais, le premier
venu me tuera!”</i>»<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Mieux que son père
Adam, qui essayait de refiler la culpabilité sur la responsabilité de sa femme,
Ève, qui, elle, accusait le serpent tentateur, Caïn accepte immédiatement sa
faute. Avec lui naît le sentiment de culpabilité essentiel à toute
socialisation (je suis le gardien de mon frère). Comme l’écrit André-Marie
Gérard, dans son <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Dictionnaire de la
Bible </i>(Paris, Robert Laffont, Col. Bouquins, 1989, p. 175) : «<i>Mais Yahvé ne veut pas
que le juste châtiment du coupable l’accule au désespoir et le livre à
l’aveugle vengeance humaine. Qui tuerait Caïn subirait lui-même la vengeance
divine : “sept fois”, c’est-à-dire la plus complète qui puisse être;
et pour que nul n’en ignore, Yahvé marque Caïn d’un “signe” avant qu’il ne
</i></span></span><span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg9KBr2hyphenhyphenYT3CALhghCbiR0oxyv9PLA0Lk4vr3QNxKH5wpYg7GziXcUU47kzqoYLeCMYIUdzHkX9MAS2MXHAh4dsCvF3AkP-H6NcsQYL0C6rOjUVpl4kxPklw3DSyx2I8yt4rkCYfcZvCw/s1600/18820135.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxx.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg9KBr2hyphenhyphenYT3CALhghCbiR0oxyv9PLA0Lk4vr3QNxKH5wpYg7GziXcUU47kzqoYLeCMYIUdzHkX9MAS2MXHAh4dsCvF3AkP-H6NcsQYL0C6rOjUVpl4kxPklw3DSyx2I8yt4rkCYfcZvCw/s1600/18820135.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxx.jpg" height="400" width="265" /></a>Cs’éloigne vers le pays de Nod, celui des “nomades” si l’on s’en réfère à la
racine dont le mot est tiré. […] Rien non plus qu’il appréhende de rencontrer
des exécuteurs sur les chemins de son exil. Quant au “signe” dont le marque
Yahvé, il pourrait être, sans dommage pour l’exégèse du passage, une noble
interprétation du signe tribal des Quénites, cicatrice ou tatouage; et
pourquoi pas d’ailleurs un symbole yahviste</i>» (<i style="mso-bidi-font-style: normal;">ibid. </i>p. 176). C’est retiré <i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhSxrvCgrU_0hr3MjkfJzLAYdsiB-QgslutXhus2P-GerZt7ZQokLR_zkPcbD3Q4Pi-p2Xm3PDWY0ylp_XXUAtbdTTkz-vBco6q-FW3O_dB9jJAhn-UpDegXWAWtcjkY-VihXsSPXShkcI/h120/18820135.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxx.jpg">à l’est d’Éden</a> </i>que Caïn pourra poursuivre sa misérable existence d’errant.
Une forte marque de régression suit le crime et la condamnation. L’homme qui
cultivait un sol riche et généreux se retrouve nomade, prédateur, errant,
damné. Comme le couple Adam et Ève rejeté du Paradis, la nouvelle condamnation
pousse d’un cran plus loin le processus de régression collective.</span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><br /></span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">C’est toujours dans cet esprit du châtiment de Caïn que se
poursuit l’histoire du monde. Le Déluge devient une punition divine contre
l’humanité toute entière, à l’exception du patriarche Noé et de ses fils dont
on se demande comment il a pu les épargner considérant ce qui allait se passer
par la suite. Puis la terre se </span></span><span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEik_w7qzzn3pSDe1l9rdgBU-UPmgt6j0SwBlK14xNTgj55RZZnSKHI7gcUbNr-gLTqUePMZtdP3sHkDUckzlewp6wPukcRByspl50W9LdZoSsl2wgpEa2X3EmXLX16ybd36qRpNTrHVw1E/s1600/771px-Pieter_Bruegel_the_Elder_-_The_Tower_of_Babel_(detail)_-_Google_Art_Project.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEik_w7qzzn3pSDe1l9rdgBU-UPmgt6j0SwBlK14xNTgj55RZZnSKHI7gcUbNr-gLTqUePMZtdP3sHkDUckzlewp6wPukcRByspl50W9LdZoSsl2wgpEa2X3EmXLX16ybd36qRpNTrHVw1E/s1600/771px-Pieter_Bruegel_the_Elder_-_The_Tower_of_Babel_(detail)_-_Google_Art_Project.jpg" height="400" width="300" /></a>repeuple et les hommes étant ce qu’ils sont, le
péché de Caïn les poursuit : «</span></span><span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><span class="st"><i>L'œil était</i> dans <i>la tombe</i> et <i>regardait Caïn</i></span>» (V. Hugo). C’est alors qu’on se heurte à la célèbre Tour de
Babel. Le texte indique l’art du forgeron et du <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEik_w7qzzn3pSDe1l9rdgBU-UPmgt6j0SwBlK14xNTgj55RZZnSKHI7gcUbNr-gLTqUePMZtdP3sHkDUckzlewp6wPukcRByspl50W9LdZoSsl2wgpEa2X3EmXLX16ybd36qRpNTrHVw1E/h120/771px-Pieter_Bruegel_the_Elder_-_The_Tower_of_Babel_(detail)_-_Google_Art_Project.jpg">bâtisseur de ville</a> qu’était
celui de Caïn. Faut-il croire que Caïn a transmis cet art à sa descendance? «<i>Tout le monde se servait d’une même langue et des mêmes
mots. Comme les hommes se déplaçaient à l’orient [toujours à l’orient d’Éden],
ils trouvèrent une plaine au pays de Shinéar et ils s’y établirent. Ils se
dirent l’un à l’autre : “Allons! Faisons des briques et cuisons-les au
feu!” La brique leur servit de pierre et le bitume leur servit de mortier. Ils
dirent : “Allons! Bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet
pénètre les cieux! Faisons-nous un nom et ne soyons pas dispersés sur toute la
terre!”</i> (G 11, 1-3). Il paraît inutile d’insister sur l’identité de Babel avec
Babylone et la tour avec la fameuse ziggourat. L’unité de la langue fait ici
ciment entre les individus, les bâtisseurs de la tour. Ce «front linguistique»
prétend s’ériger pour confronter Dieu, la Tour de Babel étant,
étymologiquement, la Porte du Ciel. Cette fois-ci, c’est Yahvé qui semble
angoissé de se retrouver face à un <i style="mso-bidi-font-style: normal;">doppelgänger </i>:
«<i>Or Yahvé descendit pour voir la ville et la tour que les hommes avaient
bâties. Et Yahvé </i></span></span><span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgJLwjo7VZUwVTOrauS9QeLUBc2p4oc72OhrYLOAxd-AUzsqNtoBrn62b5Vmy8zi2PzawSpKcgu1-pRC3EDJcGSw5bRhMOddLyeSIXkJhiml4GFJQcS75TKb2r0ekg-pTuKni_Eh0DMULI/s1600/220px-Confusion_of_Tongues.png" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgJLwjo7VZUwVTOrauS9QeLUBc2p4oc72OhrYLOAxd-AUzsqNtoBrn62b5Vmy8zi2PzawSpKcgu1-pRC3EDJcGSw5bRhMOddLyeSIXkJhiml4GFJQcS75TKb2r0ekg-pTuKni_Eh0DMULI/s1600/220px-Confusion_of_Tongues.png" height="400" width="345" /></a>dit : “Voici que tous font un seul peuple et parlent une
seule langue, et tel est le début de leurs entreprises! Maintenant, aucun
dessein ne sera irréalisable pour eux. Allons! Descendons! Et là,
confondons leur langage pour qu’ils ne s’entendent plus les uns les autres”.
Yahvé les dispersa de là sur toute la face de la terre et ils cessèrent de
bâtir la ville. Aussi la nomma-t-on Babel, car c’est là que Yahvé confondit le
langage de tous les habitants de la terre et c’est de là qu’il les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgJLwjo7VZUwVTOrauS9QeLUBc2p4oc72OhrYLOAxd-AUzsqNtoBrn62b5Vmy8zi2PzawSpKcgu1-pRC3EDJcGSw5bRhMOddLyeSIXkJhiml4GFJQcS75TKb2r0ekg-pTuKni_Eh0DMULI/h120/220px-Confusion_of_Tongues.png">dispersa </a>sur
toute la face de la terre</i>». En brouillant le langage et en le fractionnant en
langues incompréhensibles, l’unité du genre humain se voyait brisé et le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">doppelgänger </i>de Dieu définitivement
vaincu. Comme l’écrit René Caillois, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">le
monument de l’orgueil </i>était <i style="mso-bidi-font-style: normal;">devenu
celui de la confusion. </i>Pour les chrétiens, cette unité ne sera restaurée
que par la Pentecôte après la résurrection du Christ où les langues de feu
permettront aux apôtres de prêcher parmi tous les peuples de toutes les langues
de la terre pour recréer l’œkoumène originale prête à recevoir le message chrétien.</span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"> </span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">D’autres mythologies bibliques appliquent à <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg4XYtAq7eOiTAgobfqnepTqd9Jg2K9qIQ1lqKFv5RvqeEql6siHpXNfNGNKY5m8Y_ps2XXXEWC13aDWWUJMPy4HwoILb0NjwttBaN_MpoU2s6y78cj5PMLfNEOezR96E_46xmHhFLrg8s/h120/preview_Source0.jpg">Nemrod</a>, le
«premier puissant de la terre», cette entreprise démentielle d’ériger une tour qui
s’élève jusqu’aux cieux. Cette association suffit à le précipiter dans l’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Inferno </i></span></span><span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg4XYtAq7eOiTAgobfqnepTqd9Jg2K9qIQ1lqKFv5RvqeEql6siHpXNfNGNKY5m8Y_ps2XXXEWC13aDWWUJMPy4HwoILb0NjwttBaN_MpoU2s6y78cj5PMLfNEOezR96E_46xmHhFLrg8s/s1600/preview_Source0.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg4XYtAq7eOiTAgobfqnepTqd9Jg2K9qIQ1lqKFv5RvqeEql6siHpXNfNGNKY5m8Y_ps2XXXEWC13aDWWUJMPy4HwoILb0NjwttBaN_MpoU2s6y78cj5PMLfNEOezR96E_46xmHhFLrg8s/s1600/preview_Source0.jpg" height="255" width="400" /></a>de Dante. Nemrod, que Dante
installe parmi les géants, était reconnu pour être un fier chasseur, un
peu à l’image des bas-reliefs que nous avons du roi Assurbanipal. Mais en
l’associant anachroniquement avec la Tour de Babel, le voilà devenu chasseur de
Dieu. Chasseur d’hommes aussi, une fois la confusion établie. Avec Nemrod naît
surtout la chasse au <i style="mso-bidi-font-style: normal;">doppelgänger. </i>Voilà
pourquoi il devient le premier «chef de l’État». Jaloux, comme Yahvé.
Bâtisseur, comme Caïn. Doté de la machine totalitaire qu’est l’État despotique
oriental, Nemrod va multiplier les meurtres tant sur une courbe géométrique que
sur une courbe arithmétique. En s’appropriant à lui seul le droit de laisser
vivre ou de faire mourir, il prend sur ses épaules les désirs de meurtres de
tous ses membres. Avec Nemrod commence l’ère des massacres, des génocides, des
guerres. Le bond quantitatif est aussi un bon qualitatif qui font paraître les
meurtriers cités par <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhqIkUEatBBRh7JTkkhsRvsEOCHrUbWdlk8D6WWT3nDDurequmVXSQkTWWkIj8MCfUmvtnvB2MP8IqQMjwSUF60lkRcm2q1_sGEWunPc0xu9kNWwZNREgFLdikNVj9-XCrpNY9xIdFn22Q/h120/divinecom.jpg">Dante </a>comme auteurs de crimes relativement insignifiants.</span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"> </span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhqIkUEatBBRh7JTkkhsRvsEOCHrUbWdlk8D6WWT3nDDurequmVXSQkTWWkIj8MCfUmvtnvB2MP8IqQMjwSUF60lkRcm2q1_sGEWunPc0xu9kNWwZNREgFLdikNVj9-XCrpNY9xIdFn22Q/s1600/divinecom.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhqIkUEatBBRh7JTkkhsRvsEOCHrUbWdlk8D6WWT3nDDurequmVXSQkTWWkIj8MCfUmvtnvB2MP8IqQMjwSUF60lkRcm2q1_sGEWunPc0xu9kNWwZNREgFLdikNVj9-XCrpNY9xIdFn22Q/s1600/divinecom.jpg" height="300" width="400" /></a>Focaccia Cancellieri, noble de Pistoia, qui coupa la main
d’un de ses cousins et en assassina ensuite le père; Sassolo Maschéroni,
Florentin qui tua un de ses oncles; Alberto Camiccione de’ Pazzi de Valdarno,
qui tua par trahison Ubertino, un parent… Rien de plus que des mafieux qui
règlent des comptes de famille. Aujourd’hui, tout cela relèverait du pur fait
divers. Mais dans le contexte où les rivalités mafieuses interpellaient tous
les citoyens, ces crimes étaient assez odieux pour mériter une mention dans les
enfers. Pour autant que le circuit de Caïn nous y conduit, cherchons ailleurs
la chasse ouverte par Nemrod aux <i style="mso-bidi-font-style: normal;">doppelgängers.</i></span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"> </i></span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">La rivalité jalouse ne contredit pas le conflit des
identités. On pourrait dire que la première est conséquence «naturelle» du
second. Ici, je marquerai une nette différence entre l’envie et la jalousie,
même si on les tient trop souvent pour synonyme. L’envie marque un désir
d’objet. L’envieux veut ce que l’autre possède, en particulier des biens
détachés de sa personne : des richesses, des terres, des positions
sociales, etc. Le </span></span><span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhm1pOHOjx0lRGJdxUerVJ8hROeOXrSXfwRuQvIthHqDZyLNNP7Uqg7BrFiuweanLWYNWjVgqO4pZgUDdOJesVgjOg4kYKX7AUBTDNL8SBqS_kQLvM4gh9Kl1wUTY69exOYJJoJ7LAIEBE/s1600/plan-dante.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhm1pOHOjx0lRGJdxUerVJ8hROeOXrSXfwRuQvIthHqDZyLNNP7Uqg7BrFiuweanLWYNWjVgqO4pZgUDdOJesVgjOg4kYKX7AUBTDNL8SBqS_kQLvM4gh9Kl1wUTY69exOYJJoJ7LAIEBE/s1600/plan-dante.jpg" height="272" width="400" /></a>jaloux est un désir subjectif. Le jaloux veut être ce que
quelqu’un d’autre est. C’est un envie ontolo-gique. Être comme. Être pareil à.
Bref, être identique à un Autre, un modèle, un substitut, etc. On le trouve
dans le désir mimétique en établissant des rivalités entre amoureux pour un
même objet. Mais la jalousie monte plus haut; elle va jusqu’au désir
d’anéantissement de l’Autre pour être certain que le Moi sera sans duplication.
Le fratricide passe alors de l’existentiel à l’essentiel. Le fratricide
existentiel, mû aussi bien par l’envie que par la compétition, se retrouve dans
les cas d’Absalom et de d’Amnon ou encore dans <i style="mso-bidi-font-style: normal;">la loi du fratricide</i> ottoman. Par contre, la rivalité d’Étéocle et
Polynice et celle de Romulus et de Remus, appartiennent à la jalousie essentielle. Avec le cas psychopathologique de Pierre Rivière, le fratricide atteint un niveau difficilement explicable à l'esprit humain. Comme si nous atteignions enfin le fond du <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhm1pOHOjx0lRGJdxUerVJ8hROeOXrSXfwRuQvIthHqDZyLNNP7Uqg7BrFiuweanLWYNWjVgqO4pZgUDdOJesVgjOg4kYKX7AUBTDNL8SBqS_kQLvM4gh9Kl1wUTY69exOYJJoJ7LAIEBE/h120/plan-dante.jpg">puits dantesque</a>.</span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><br /></span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">La Bible offre un autre cas célèbre de fratricide. Celui
des fils de David, Absalom et Amnon. Ce cas est envieux dans la mesure où il
place la rivalité des deux frères autour de l’inceste sororal. Amnon, le fils
aîné que David a eu d’Ahinoham, convoite Tamar, sa demi-sœur qui, comme Absalom
son frère, sont nés de Maaka. Comme il se meure d’amour pour elle et ne
sait comment la séduire, son perfide conseiller, Yonadab, lui suggère une ruse.
Amnon fait semblant d’être très malade et demande que sa sœur vienne sous sa
tente lui préparer des beignets.</span></span><span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjJN43Qrl3YkPtwb-VOR_D9indwhLROigqH9YVNScEopUzoPEij0ZmbWs9kkhzqAJM84HEFL7pzHHIc69kd_gdIBsf5tIGQ4cOP9pj8Qw7wn5pskCvbuqzOAYzJMwbZCc5yr8llc2nqOb4/s1600/amnon_thamar_hi.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjJN43Qrl3YkPtwb-VOR_D9indwhLROigqH9YVNScEopUzoPEij0ZmbWs9kkhzqAJM84HEFL7pzHHIc69kd_gdIBsf5tIGQ4cOP9pj8Qw7wn5pskCvbuqzOAYzJMwbZCc5yr8llc2nqOb4/s1600/amnon_thamar_hi.jpg" height="330" width="400" /></a> Lorsqu’elle les lui apport à son <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjJN43Qrl3YkPtwb-VOR_D9indwhLROigqH9YVNScEopUzoPEij0ZmbWs9kkhzqAJM84HEFL7pzHHIc69kd_gdIBsf5tIGQ4cOP9pj8Qw7wn5pskCvbuqzOAYzJMwbZCc5yr8llc2nqOb4/h120/amnon_thamar_hi.jpg">alcôve</a>, Amnon
s’empare d’elle «<i>“Viens, couche avec moi, ma sœur!” Mais elle lui
répondit : “Non, mon frère! Ne me violente pas, car on n’agit pas ainsi en
Israël, ne commets pas cette infamie. Moi, où irais-je porter ma honte? Et toi,
tu serais comme un infâme en Israël! Maintenant parle donc au roi : il ne
refusera pas de me donner à toi”. Mais il ne voulut pas l’entendre, il la
maîtrisa et, lui faisant violence, il coucha avec elle</i>». En effet, Tamar n’est
que la demi-sœur d’Amnon et David pourrait bien «réinterpréter» la loi en la
faveur de son fils bien-aimé. Aussi, ce n’est pas le désir amoureux qui motive
ici Amnon, mais celui de la force, de la puissance de défier la loi et se
passer des consentements de Tamar aussi bien que de David. Ce qui arrive par la
suite est conforme à ce qu’avait annoncé Tamar.</span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"> </span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
</h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">«<i>Alors Amnon se prit à la haïr très fort – la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiSuxjx9BwgADY8grjr1Bxzy8yTpJHoKF_fTUmtsxmseKaL4-S-jflUOLCGayubTLwTQIUEg1Cni4uB3UA1-7a4fXIwfs9j034KlDXupEdKuCOJ3VUdVeC0N4ZcRQybVRzqv3OXWcvfcM8/h120/amnontamar.jpg">haine</a> qu’il
lui voua surpassait l’amour dont il l’avait aimée – et Amnon lui dit :
“Lève-toi ! Va-t’en !” Elle lui dit : “Non, mon frère, me
chasser serait pire que l’autre mal que </i></span></span><i><span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi-fjf9_0QulrKdroKykPcBGk9jwF14g9_uYxJkwrtc0duzEd2VOMz_XaCGOQ6CDWKAAKctYzNvkvMYQL-6g9-UvEwi1A0lMgZSnqvcri5OYKLmnJ997C5hNO3Prui6lqXtWRLumhjNY_A/s1600/amnontamar.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi-fjf9_0QulrKdroKykPcBGk9jwF14g9_uYxJkwrtc0duzEd2VOMz_XaCGOQ6CDWKAAKctYzNvkvMYQL-6g9-UvEwi1A0lMgZSnqvcri5OYKLmnJ997C5hNO3Prui6lqXtWRLumhjNY_A/s1600/amnontamar.jpg" height="276" width="400" /></a>tu m’as fait”. Mais il ne voulut pas
l’écouter. Il appela le garçon qui le servait et lui dit : “Débar-</span></span></i></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<i>
</i><span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><i>rasse moi
de cette fille, jette-la dehors et verrouille la porte derrière elle!”
[…] Tamar, prenant de la poussière, la jeta sur sa tête, elle déchira la
tunique à longue manches qu’elle portait, mit la main sur sa tête et s’en alla,
poussant des cris en marchant. Son frère Absalom lui dit : “Serait-ce que
ton frère Amnon a été avec toi ? Maintenant, ma sœur, tais-toi ;
c’est ton frère, ne prends pas cette affaire à cœur”. Tamar demeura abandonnée,
dans la maison de son frère Absalom. Lorsque le roi David apprit toute cette
histoire, il en fut très irrité, mais il ne voulut pas faire de peine à son
fils Amnon, qu’il aimait parce que c’était son premier-né. Quant à Absalom, il
n’adressa pas la parole à Amnon, car Absalom s’était pris de haine pour Amnon à
cause de la violence qu’il avait faite à sa sœur Tamar</i>». La haine de Absalom
pour Amnon ne relève donc pas du <i style="mso-bidi-font-style: normal;">doppelgänger
</i>mais de l’humiliation des enfants nés du sein de Maaka par celui né du sein
d’Ahinoham. D’autre part, l’attitude du roi David apparaît comme une réaction
de faiblesse. On n’imagine pas un patricien romain réagir ainsi. Elle n’est pas
étrangère à la vindicte qu’Absalom prendra plus tard contre son père, le
portant jusqu’à le défier par une révolte ouverte.</span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"> </span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
</h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiRdw9o6lILkiaVDlsamCb3RedyNPnQzSJPfTLnGY388G9zTfomYPk3Px4ow_kSTrdJ8D-MsfGQUjtjSlPq9gSJqOLICUjGlAAgCevBRI73of-DhY0DYCTuzQcl9FnxepdYuV5r0FwYomk/s1600/Convito_di_Ansalonne.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiRdw9o6lILkiaVDlsamCb3RedyNPnQzSJPfTLnGY388G9zTfomYPk3Px4ow_kSTrdJ8D-MsfGQUjtjSlPq9gSJqOLICUjGlAAgCevBRI73of-DhY0DYCTuzQcl9FnxepdYuV5r0FwYomk/s1600/Convito_di_Ansalonne.jpg" height="273" width="400" /></a>Mais, pour le moment, Absalom en est à ruminer sa vengeance
contre Amnon. Deux ans plus tard, <i>«Absalom prépare un festin de roi, et il
donna cet ordre à ses serviteurs : “Faites attention! Lorsque le cœur d’Amnon sera mis en gaîté par le vin et que je vous dirai : ‘Frappez
Amnon!’ vous le mettrez à mort. N’ayez pas peur : n’est-ce pas moi qui
vous l’ai ordonné? Prenez courage et montrez-vous vaillants</i>». Les
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjCnA_msxGvqu4xXak2bU1GGhD_oelVFHMFSLVJtMB5tRjVOXFhJUX1u2y_JrfHQWFTENGjG0V9Q9wRR5Y8Hx0nJNHaI6Vu6dhUO4wfSV2yJjNHPqQE9SSugr_WSgyz7b4hzgRDniKq9P4/h120/Convito_di_Ansalonne.jpg">serviteurs </a>agirent tel que commandé et firent justice du péché d’Amnon.
Apprenant le fratricide, le roi David leva son armée contre Absalom qui </span></span><span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">s’enfuit à l’étranger où il résida pendant trois ans, attendant que la peine et
la colère du roi soient enfin apaisées pour revenir. Le fratricide d’Absalom
apparaît donc moins </span></span><span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEinlY8K6njjfLpRK-_86Yle4PgNzsPZWScv6El0NufQN3wOBF-kLh0qV_AcjeUrUUP6H2IJigHnzaSPtZbGFj_D0ir72NDwjegiS1BPIj3aZ8x6QHiKn0JTprBgvRDwpagUjK1MoQU37WQ/s1600/Tebbs-1926.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEinlY8K6njjfLpRK-_86Yle4PgNzsPZWScv6El0NufQN3wOBF-kLh0qV_AcjeUrUUP6H2IJigHnzaSPtZbGFj_D0ir72NDwjegiS1BPIj3aZ8x6QHiKn0JTprBgvRDwpagUjK1MoQU37WQ/s1600/Tebbs-1926.jpg" height="257" width="320" /></a>motivé par l’envie que par les ressentiments aussi bien envers
son frère qu’envers son père. Ce drame familial a inspiré la littérature occidentale, en particulier le roman de William Faulkner, <i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEinlY8K6njjfLpRK-_86Yle4PgNzsPZWScv6El0NufQN3wOBF-kLh0qV_AcjeUrUUP6H2IJigHnzaSPtZbGFj_D0ir72NDwjegiS1BPIj3aZ8x6QHiKn0JTprBgvRDwpagUjK1MoQU37WQ/h120/Tebbs-1926.jpg">Absalom Absalom!</a> </i>(1936), qui ramène le drame dans le sud des
États-Unis après la guerre de Sécession.</span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"> </span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Étéocle, Polynice, Ismène et Antigone sont les enfants du
mariage incestueux entre Œdipe et sa mère Jocaste. Dans la mythologie grecque,
après le suicide de cette dernière et l’exil d’Œdipe, Robert Graves raconte que
«Polynice et son frère jumeau Étéocle avaient été élus conjointement rois de
Thèbes […]. Ils se mirent d’accord pour régner alternativement</span></span><span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjWlKpwBvI2d1m2esTho3rXez9KyvPahTqFNoQRwOnVqEzyuXDwgDyyBoYrQ-iqNrsPZfEvLA66sH9GKrxOsOGlTt0szexSQMmD0ocqToBYdeTJhvIZkLTeUoh4805a0TqV4UHO7zLQdwQ/s1600/baschet.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjWlKpwBvI2d1m2esTho3rXez9KyvPahTqFNoQRwOnVqEzyuXDwgDyyBoYrQ-iqNrsPZfEvLA66sH9GKrxOsOGlTt0szexSQMmD0ocqToBYdeTJhvIZkLTeUoh4805a0TqV4UHO7zLQdwQ/s1600/baschet.jpg" height="400" width="307" /></a> pendant une
année, mais Étéocle, à qui il échut de régner le premier, ne voulut pas
abandonner son trône, au terme de l’année, et, invoquant les mauvaises
intentions de Polynice, il le bannit de la ville» (R. Graves. <i>Les mythes grecs,
t. 2</i>, Paris, Fayard, (rééd. Pluriel, # 8400, 1967, §106, p. 13). Polynice se
rend alors à Colone pour obtenir la bénédiction d’<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjWlKpwBvI2d1m2esTho3rXez9KyvPahTqFNoQRwOnVqEzyuXDwgDyyBoYrQ-iqNrsPZfEvLA66sH9GKrxOsOGlTt0szexSQMmD0ocqToBYdeTJhvIZkLTeUoh4805a0TqV4UHO7zLQdwQ/h120/baschet.jpg">Œdipe</a> dans son projet de
lever une armée contre Étéocle. Contrairement à David, Œdipe maudit son
fils : «<i>Va, maudit, chassé et renié par ton père, le plus scélérat des
hommes, emporte avec toi ces imprécations que je fais contre toi, afin que tu
ne t’empares point de la terre, que tu ne retournes jamais dans le creux Argos,
mais que tu tombes sous la main fraternelle et que tu égorges celui par qui tu
as été chassé!</i>» Bien étrange malédiction que Sophocle prête à la bouche du
vieil </span></span><span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">aveugle! C’est l’épisode tragique des <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Sept
contre Thèbes. </i>Au bout de cette guerre féroce et sans issue, Polynice «pour
faire cesser l’effusion de sang, proposa que la succession au trône soit
décidée en un combat singulier avec Étéocle. Étéocle accepta le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhBlJSKkqI79A1q1KMigxWPEcXlrN9THt1T-jSPwhX7VC4gv6D7mojto16t5seB1lrYOhwYhZlWL4j3ZmclYgmvbovSX9wT6ceuPS9sXMra7mZUJAgata0wKEQXw7e4mRxfE6moRWnDMfk/h120/eteocle-et-polynice.jpg">défi</a>, et, au
cours d’un combat acharné, chacun blessa l’autre» à </span></span><span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgAnj3UnWGvO9_3aT1opalD7ykQKM0kseQNB0CFNu_fSPSgkwSN4lvdki-rCUPW5QrwRpDQarPTVJlEKdOstBIZzIvi34RRbJwwF9OZ1sp4gRgYDKhMsDmK7kjWLwhRRiOJGXhZijZR3A4/s1600/eteocle-et-polynice.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgAnj3UnWGvO9_3aT1opalD7ykQKM0kseQNB0CFNu_fSPSgkwSN4lvdki-rCUPW5QrwRpDQarPTVJlEKdOstBIZzIvi34RRbJwwF9OZ1sp4gRgYDKhMsDmK7kjWLwhRRiOJGXhZijZR3A4/s1600/eteocle-et-polynice.jpg" height="400" width="257" /></a>mort et Créon, leur oncle,
prit alors le commandement de l’armée thébaine, poussant à la déroute les
armées ennemies (R. Graves. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p.
16). Créon acceptera de rendre les hommages de la pompe royale à Étéocle, mais
le rebelle, Polynice restera sans sépulture, l’accusant de trahison et d’avoir
attaqué Thèbes. On sait le parti que tirèrent Eschyle et Sophocle de ce drame à
la fois familial et politique. Si on en reste au point de vue strictement
moral, la faute de la tragédie relève d’Étéocle qui n’a pas respecté l’entente
de l’alternance des frères-rois. Par contre, du point de vue politique, Étéocle
incarne le<i style="mso-bidi-font-style: normal;">sens de l’unité </i>de la Cité et
par le fait même il a été le plus fort et Polynice n’avait qu’à s’abstenir de
s’opposer à son frère. Pire, il outragea la Cité en passant des alliances avec
les ennemis de Thèbes et mêler la guerre civile à la guerre entre cités. En
opposant Étéocle et Polynice dans un combat ultime avec la mort des deux
frères, la tragédie poursuit la malédiction rattachée à Œdipe et à sa
progéniture.</span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"> </span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
</h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgovxPuQ5UadmtxdwLrLNlUZZyqL0zHS5U42It3vrK3TPH_qkfC0klog_XpuG0KBfxRdD4QCgBeOT3RGqfAwIvuZUq85JpUIJMcaD26TtIPFqLyGYcG5q5J_552WfogjcNc8auJQupuKTk/s1600/polynice.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgovxPuQ5UadmtxdwLrLNlUZZyqL0zHS5U42It3vrK3TPH_qkfC0klog_XpuG0KBfxRdD4QCgBeOT3RGqfAwIvuZUq85JpUIJMcaD26TtIPFqLyGYcG5q5J_552WfogjcNc8auJQupuKTk/s1600/polynice.jpg" height="400" width="372" /></a>Il ne faut pas écarter le fait que la succession par
alternance créait une situation ambiguë entre Étéocle et Polynice qui n’était
pas celle d’Amnon et d’Absalom. En plus d’être jumeaux, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgovxPuQ5UadmtxdwLrLNlUZZyqL0zHS5U42It3vrK3TPH_qkfC0klog_XpuG0KBfxRdD4QCgBeOT3RGqfAwIvuZUq85JpUIJMcaD26TtIPFqLyGYcG5q5J_552WfogjcNc8auJQupuKTk/h120/polynice.jpg">Étéocle et Polynice</a>, se
succédant tour à tour, apparaissaient aux yeux des thébains comme deux
identiques. C’est-à-dire qu’ils se valaient l’un l’autre et créaient ainsi une
situation de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Doppelgänger, </i>Polynice
repoussé comme méchant double alors qu’Étéocle s’était mis en état d’être la
figure royale, donc positive. La mort des deux jumeaux sur le champ de bataille
dans un duel anticipe la conclusion que Poe donnera à William Wilson. Les deux
frères ne pouvaient exister ensemble, ils ne peuvent toutefois pas vivre l’un
sans l’autre.</span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"> </span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
</h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEghkgNhXdx6d50mmkTuuMuwAEihWSH6MNJ57lTHqxDx5QRPxVNaURow2IHbH7UYeRMYof87NPpmUfdwGe2nPJ2Lvjf7lmu3hUfB5ALSAvCzv31uezdSReHqyzYI9cLUgM3_-JILFuji7v8/s1600/0_Lupa_Capitolina_(3).JPG" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEghkgNhXdx6d50mmkTuuMuwAEihWSH6MNJ57lTHqxDx5QRPxVNaURow2IHbH7UYeRMYof87NPpmUfdwGe2nPJ2Lvjf7lmu3hUfB5ALSAvCzv31uezdSReHqyzYI9cLUgM3_-JILFuji7v8/s1600/0_Lupa_Capitolina_(3).JPG" height="266" width="400" /></a>Ce qui vaut pour Étéocle et Polynice le vaut encore plus
pour <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEghkgNhXdx6d50mmkTuuMuwAEihWSH6MNJ57lTHqxDx5QRPxVNaURow2IHbH7UYeRMYof87NPpmUfdwGe2nPJ2Lvjf7lmu3hUfB5ALSAvCzv31uezdSReHqyzYI9cLUgM3_-JILFuji7v8/h120/0_Lupa_Capitolina_(3).JPG">Romulus et Remus</a>, les jumeaux fondateurs de l’Urbs, la ville de Rome. Du
moins, c’est ce qu’en dit l’historien Tite-Live. Tout dans les récits de la
fondation de Rome ramène au duel génellaire. Romulus et Remus sont les fils
jumeau de la vestale Rhéa Silvia et du dieu Mars. Leur oncle, roi d’Albe qui a
dépossédé son frère Ascagne fils d’Énée noble troyen ayant fui l’invasion
grecque, Amulius, s’entend pour se débarrasser de ses petits-neveux, de peur
qu’en grandissant, ils réclament leur part d’héritage étant fils d’une vestale
qui avait fait vœu de chasteté. Il ordonne qu’on les jette dans le Tibre. Comme
Moïse, les enfants sont abandonnés dans un panier sur le fleuve. Ils dérivent,
protégés par Mars, jusqu’au mont Palatin. «<i>C’est bien, en effet, à cette
véritable “colline inspirée” du site romain et de la légende des origines de la
Ville qu’est liée, de manière indissociable, la geste de Romulus : c’est
au pied du Palatin que vient échouer le berceau où avaient été mis les deux
jumeaux sur ordre de leur grand-oncle, l’usurpateur Amulius, qui voulait les
faire périr dans les eaux du Tibre;</i></span></span><span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhzPMqO6z7YRn79yUa7Tm_Cb8USnzKwMiwd9EuDxQlm2doN8nJdc6TDj2nQdGTCArmoOVYA24bUotmI4lch8h4nZhlHPZpKfE-jK2_ktuUfcEVIRWnst3AxS2CQEyecXM7pGAzcE3JY4Bg/s1600/TEMPS_CC_B00569_0_0002.JPG" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhzPMqO6z7YRn79yUa7Tm_Cb8USnzKwMiwd9EuDxQlm2doN8nJdc6TDj2nQdGTCArmoOVYA24bUotmI4lch8h4nZhlHPZpKfE-jK2_ktuUfcEVIRWnst3AxS2CQEyecXM7pGAzcE3JY4Bg/s1600/TEMPS_CC_B00569_0_0002.JPG" height="308" width="400" /></a> c’est encore au Palatin qu’en pleine
époque classique, on pouvait voir une cabane pieusement et réguliè-rement
entretenue et où avaient vécu, disait-on, Romulus et Remus, au milieu des
bergers qui les avaient sauvés et recueillis; c’est sur le Palatin, alors
que son frère Remus choisit l’Aventin, que Romulus se place pour observer le
vol des <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhzPMqO6z7YRn79yUa7Tm_Cb8USnzKwMiwd9EuDxQlm2doN8nJdc6TDj2nQdGTCArmoOVYA24bUotmI4lch8h4nZhlHPZpKfE-jK2_ktuUfcEVIRWnst3AxS2CQEyecXM7pGAzcE3JY4Bg/h120/TEMPS_CC_B00569_0_0002.JPG">oiseaux favorables</a> (des vautours !), dont l’apparition
signifierait l’approbation des dieux à son projet de fondation, et c’est donc
sur la colline survolée par douze vautours que la légende nous le montre,
fondant une cité à laquelle il donnera le nom de Rome. Rome serait ainsi née
sur le Palatin et, s’il faut en croire la légende, c’est là qu’on doit chercher
les signes archéologiques de l’avènement de la cité</i>» (A. Grandazzi. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">La fondation de Rome, </i>Paris, Les Belles
Lettres, Col. Pluriel, # 8820, 1991, p. 248). </span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"> </span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg0uF7nKzKvKHo9lhpY9UnfZ3_GXOWVNsLr0zTuZiFcGyvd063AHoc2JpweNoEaXiK1G1y5RCB_K5nxcyCBUepDDOqDKjvBNBhOV5DnhBG5TlstnCyMgAsdEtA2iDgdUCzAbsmNVDMW2nQ/s1600/Romulus+&+Remus+wolf.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg0uF7nKzKvKHo9lhpY9UnfZ3_GXOWVNsLr0zTuZiFcGyvd063AHoc2JpweNoEaXiK1G1y5RCB_K5nxcyCBUepDDOqDKjvBNBhOV5DnhBG5TlstnCyMgAsdEtA2iDgdUCzAbsmNVDMW2nQ/s1600/Romulus+&+Remus+wolf.jpg" height="288" width="400" /></a>Vite oublié l’épisode de la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg0uF7nKzKvKHo9lhpY9UnfZ3_GXOWVNsLr0zTuZiFcGyvd063AHoc2JpweNoEaXiK1G1y5RCB_K5nxcyCBUepDDOqDKjvBNBhOV5DnhBG5TlstnCyMgAsdEtA2iDgdUCzAbsmNVDMW2nQ/h120/Romulus+%26+Remus+wolf.jpg">louve </a>qui allaita les deux
jumeaux arrivés sains et saufs au Palatin. En fait, cet épisode dit plus sur
l’ambiguïté gémellaire du <i style="mso-bidi-font-style: normal;">doppelgänger </i>que
l’on y voit à première vue. Michel Serres le rappelle dès l’ouverture de son
essai sur <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Rome Le livre des
fondations </i>: «<i>Romulus et Remus, jumeaux albains abandonnés, tètent le
sein sec de la louve, je dis sein sec puisque en latin la louve indique la
putain, une putain de lupanar. Faux fils de putain, vrais fils de vestale et de
Mars, légendaires, fils de violence et de viol, fils du dieu de la guerre et
d’une prêtresse chaste et sauvage, Romulus et Remus sont petits-fils aussi de
frères ennemis. Le meurtre entre les frères n’a pas commencé aujourd’hui.
Romulus, donc, tue Remus et il fonde Rome. […] Romulus tue Remus et Rome fut
fondée</i>» (M. Serres. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Rome Le livre des
fondations, </i>Paris, Grasset & Fasquelles, Col. Pluriel, # 873, 1983, p.
21). Serres fait référence ici au combat mythologique entre <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhF33rzjKR5pUlIOgMY9TXCjvkw2CJRZqplbC80Zj8rwyr4ZM6h-J_hu1xd4YMAAMObSD6AX3u6T8jZBd8msC8VIMIeo5CS2uLes_qYFsr5aUY8wMe-FT7qz3-6UF-OBrcJXKaKw-UCEvE/h120/hercule_cac2.jpg">Hercule et Cacus</a>,
et c’est à Hercule que Romulus sacrifie après le fratricide.</span></span><span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhF33rzjKR5pUlIOgMY9TXCjvkw2CJRZqplbC80Zj8rwyr4ZM6h-J_hu1xd4YMAAMObSD6AX3u6T8jZBd8msC8VIMIeo5CS2uLes_qYFsr5aUY8wMe-FT7qz3-6UF-OBrcJXKaKw-UCEvE/s1600/hercule_cac2.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhF33rzjKR5pUlIOgMY9TXCjvkw2CJRZqplbC80Zj8rwyr4ZM6h-J_hu1xd4YMAAMObSD6AX3u6T8jZBd8msC8VIMIeo5CS2uLes_qYFsr5aUY8wMe-FT7qz3-6UF-OBrcJXKaKw-UCEvE/s1600/hercule_cac2.jpg" height="400" width="257" /></a> Le fratricide de Romulus sert de doublet de l’autre, comme on en trouve dans les
Évangiles : «<i>Les dieux passent avant les rois. Un héros devient dieu aux
lieux où le jumeau devient roi. Hercule monte sur l’autel, Romulus sur le
trône. Romulus a tué Remus, Hercule a tué Cacus. Romulus a risqué sa vie dans
la bataille à mort, au milieu de la tourbe. Hercule a risqué sa vie dans la
foule des pâtres du voisinage, tous venus secourir Cacus. Hercule a été reconnu
dieu, fils de dieu par Évandre, Romulus cherche la reconnaissance, il cherche
une légitimité. La légende intervient au milieu du récit légendaire par
changement de langue, par changement de registre, de ton, par changement
d’échelle, d’état, d’espace et de temps, on dirait une métalangue. […] Remus
vient de mourir, soit tué par son frère au voisinage des murailles, de l’autre
bord de leur dessin, soit frappé au milieu de la foule, de la tourbe, qui
discutait passionnément à propos des vautours. Mort déchiré au milieu des
vautours. Romulus, resté seul, sacrifie. Or il sacrifie à Hercule, parmi
d’autres rites albains…</i>» (M. Serres. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid.
</i>pp. 22 et 23).</span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"> </span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
</h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Alors que Caïn et Polynice, les révoltés, sont les porteurs
du fratricide et condamnés par cet acte, Romulus est justifié par le modèle
herculéen. Mais, comme Caïn, Romulus apparaît comme un fondateur de ville : «<i>La légende affirme que Rome comme ville ne naît pas d’un miracle,
mais d’un coup de force. D’une volonté. Plantés l’un sur l’Aventin, l’autre sur
le Palatin, Remus et Romulus comptent les oiseaux qui doivent signifier le
choix des dieux entre ces jumeaux. Six vautours d’abord, puis douze. Qui a
gagné ? Celui qui a vu le premier, ou celui qui a vu plus d’oiseaux ?
De toute évidence, l’augure est illisible» (J. Gaillard. <span style="mso-bidi-font-style: normal;">Rome, le temps, les choses, </span>s.v., Actes Sud, Col. Babel # 262,
1995, pp. 35-36). Le métalangage est aussi </i></span></span><span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><i>indéchiffrable que les augures.
Vraie ou fausse légende, la morale est </i></span></span><span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg7aNwb5blM45LFfxq0ii8yajVPezc4Ys5l1UX5yJ3_Mnh92JxgvyyvvT1eT4-3jhE6tk1URNbIGa9s00TqUzZJiliha58vSOGjSNk6lxapbf-5zUi0GJiOqdEGfVhZKqh8E4zJ6iQBpuU/s1600/romulus26remus1.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg7aNwb5blM45LFfxq0ii8yajVPezc4Ys5l1UX5yJ3_Mnh92JxgvyyvvT1eT4-3jhE6tk1URNbIGa9s00TqUzZJiliha58vSOGjSNk6lxapbf-5zUi0GJiOqdEGfVhZKqh8E4zJ6iQBpuU/s1600/romulus26remus1.jpg" height="315" width="320" /></a>évidente et les deux jumeaux ne peuvent
fonder chacun une ville sans que l’autre ne se porte à sa destruction :
«Là-dessus, des Grecs feraient une dissertation, pèseraient le pour et le
contre, instruiraient une casuistique et chercheraient où est la ruse. Les
Romains, sachant qu’ils ne savent pas lire, ont l’ordinaire comportement des
hommes en cas de telle rivalité : ils se battent. Comme des chiffonniers,
comme des hooligans, bande contre bande, supporters contre supporters. C’est la
première version donnée par Tite-Live : il s’ensuit que Remus est tué,
vive Romulus. Autre version que la mémoire a retenue – plus dramatique, et sans
doute plus forte : Romulus a pris la charrue, tracé un sillon, Remus le
nargue en <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhZoMq1Fgpt3BVV3P3f9mbImGjSVQZYqm3kNVwbXs_YzhjkfxB5lfiWC4sSYFns-V-biUbAu3-cFmL4OIJ43607KAVn7H52zYDxDyMZz6Gjv227zDAgbvJJ1p1crCSMUiJs_2XynIjPgBk/h120/romulus26remus1.jpg">bondissant </a>par-dessus ce mur symbolique ; Romulus le tue, vive
Romulus. Et qui proclame : “Périsse ainsi quiconque franchira mes
murailles !”</i> (J. Gaillard. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>p.
36).</span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"> </span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Étrange synchronisme qui nous fait retrouver la charrue de
Caïn entre les mains de Romulus. Les chrétiens s’en serviront pour créer un
syncrétisme le moment venu. Mais, en aucun cas Remus n’est le doublet d’Abel.
Il a mérité son sort, comme Polynice. Le récit mythologique de Romulus efface
en un sens le «signe» porté par Caïn. Le péché du fratricide est effacé par
l’Urbs appelée à devenir éternelle; à devenir éternellement le centre du monde
chrétien.</span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"> </span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
</h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Gaillard poursuit : «<i>Deux versions, dont l’une, la
première, énonce simplement la loi du plus fort de deux groupes; c’est une
manière de voir comment se règlent souvent les conflits politiques. Par une
violence confuse, une rixe sans loi et sans doute sans esprit. L’autre version
dit bien qu’il y a des morts utiles, et c’est déjà une loi politique, dont la
République fera grand usage. Affreux en soi, le </i></span></span><span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgorBXxS8skL8thc6WMzx1ZbbURxngxRaxYEXkXGKonMxPi2SQqXOJNrjNgTa2jwfbuVW5dV1FjRPFblL70a1-TURAltLawtpsvxtKkVxsv8-qU8HlV9Wst4Q5nPMxXL1KqnJsODHMlitk/s1600/massaker_triumvirat_hi.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgorBXxS8skL8thc6WMzx1ZbbURxngxRaxYEXkXGKonMxPi2SQqXOJNrjNgTa2jwfbuVW5dV1FjRPFblL70a1-TURAltLawtpsvxtKkVxsv8-qU8HlV9Wst4Q5nPMxXL1KqnJsODHMlitk/s1600/massaker_triumvirat_hi.jpg" height="400" width="310" /></a>fratricide peut prendre des airs
de sacrifice. Néanmoins, le recours à cette force brutale fait froid dans le
dos, et, à l’heure des <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgorBXxS8skL8thc6WMzx1ZbbURxngxRaxYEXkXGKonMxPi2SQqXOJNrjNgTa2jwfbuVW5dV1FjRPFblL70a1-TURAltLawtpsvxtKkVxsv8-qU8HlV9Wst4Q5nPMxXL1KqnJsODHMlitk/h120/massaker_triumvirat_hi.jpg">guerres civiles</a>, le meurtre romuléen donnera des
cauchemars aux Romains – parce qu’il est profondément primitif et radical.
C’est le radicalisme qui fait les rois : Romulus supprime son frère comme
Alexandre tranche le nœud gordien, d’un bon coup de glaive. La priorité va à
celui qui a osé faire, à ce laboureur qui n’entend pas perdre son temps à
discuter, et trace le rempart tandis que les autres en sont encore à se battre
pour savoir qui conduira les bœufs. S’il a raison, les dieux lui donneront
raison. Et si son frère lui donne tort, il le tue. Pragmatiquement. Pour sortir
de l’impasse. Et bien faire comprendre qu’on ne plaisante pas avec la Ville.
C’est sérieux. La </i><span style="mso-bidi-font-style: normal;">gravitas </span><i>peut, le
cas échéant, se révéler contondante</i>» (J. Gaillard. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ibid. </i>pp. 36-37). On comprend comment l’Église du Christ, née à
Jérusalem, s’est vite transposée à Rome où les nouveaux jumeaux devenaient les
apôtres martyres <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiH_9AGZsIRdRoYzpK7kPMwJE6Djh_-wvhB7xCtQNSUArG-zYI1YmGo9w4lFIxagYBedW4fzJGolC2T1j-OJRG6L-47unEhAjeY7ews3IXv0Kx7TjdwsdmlJ6GHGnUSqZWrqi5Y-tdeF1E/h120/paroisse_saint_pierre_et_saint_paul_logo1.jpg">Pierre et Paul</a>, sacrifiés tous deux par l’<i>imperium </i>de Néron.
Romulus et Remus des origines réconciliés dans </span></span><span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiH_9AGZsIRdRoYzpK7kPMwJE6Djh_-wvhB7xCtQNSUArG-zYI1YmGo9w4lFIxagYBedW4fzJGolC2T1j-OJRG6L-47unEhAjeY7ews3IXv0Kx7TjdwsdmlJ6GHGnUSqZWrqi5Y-tdeF1E/s1600/paroisse_saint_pierre_et_saint_paul_logo1.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiH_9AGZsIRdRoYzpK7kPMwJE6Djh_-wvhB7xCtQNSUArG-zYI1YmGo9w4lFIxagYBedW4fzJGolC2T1j-OJRG6L-47unEhAjeY7ews3IXv0Kx7TjdwsdmlJ6GHGnUSqZWrqi5Y-tdeF1E/s1600/paroisse_saint_pierre_et_saint_paul_logo1.jpg" height="198" width="400" /></a>la vocation chrétienne de
l’Urbs. S’il est possible de tuer son frère parce qu’il ne rejoint pas la Vraie
Foi, c’est parce que la mythologie romaine enseigne ce qui ne se trouve pas
dans la mythologie biblique. Caïn, Absalom sont aussi faibles qu’ils sont
envieux. Étéocle et Romulus aussi forts qu’ils sont tyranniques. Des premiers
naissent les villes; des seconds les États. Abel, Amnon, Polynice, Remus
peuvent être doux, violents, rebelles, outrecuidants, peu importe ils sont
stériles, voire une menace pour la civilisation. Ne cherchons pas d’autres
morales que celle de Machiavel et c’est pour cela que l’auteur du <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Prince </i>fut le commentateur le plus
brillant de <span style="mso-bidi-font-style: normal;">Tite-Live.</span>
Nous comprenons également que l’avenir du fratricide procédera de l’envie des
forts et de la jalousie identitaire des faibles qui n'auront pas reconnu leur force.</span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"> </span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Tel fut le cas de César Borgia, précisément le héros de
Machiavel et qui l’inspira pour sa rédaction du <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Prince. </i>César Borgia a-t-il couché avec sa sœur, comme Amnon avec
Tamar? Le sait-on vraiment nous qui ne prêtons qu’aux riches? Mais qu’il ait
tué son frère, ça nous le savons, et si inceste il y a eu, il ne fut pas à
l’origine de l’assassinat du duc de Gandie. </span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"> </span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
</h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Le duc de Gandie (1476-1497), frère aîné de César Borgia et fils préféré de son père, le pape Alexandre VI, subit un destin aussi tragique que bien des jeunes gens au cours des vendettas italiennes sous la </span></span><span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEittkC0_2a5LbU7s36WbRWFf-3VC9GJSQKL5xkOsIfX4sKftFMjAfuugCC7Z0LSfs9Z_B2ngHNe8Wvb2BtgsltfKIXKycNvsd-v4FWEkZSJMPt-vbFI6Svu_Lf1JdTt6fYwy7bniFC4q7M/s1600/100px-Buch2-318.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEittkC0_2a5LbU7s36WbRWFf-3VC9GJSQKL5xkOsIfX4sKftFMjAfuugCC7Z0LSfs9Z_B2ngHNe8Wvb2BtgsltfKIXKycNvsd-v4FWEkZSJMPt-vbFI6Svu_Lf1JdTt6fYwy7bniFC4q7M/s1600/100px-Buch2-318.jpg" height="400" width="289" /></a>Renaissance. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiUrH432yKk-iPC5HNncwM7ADXsVvTBaPWUtDCObn_ggzWop9rj__cvWl7sZf4u1ym5V4zqBhYvjA1A-hB1HmVldv2Cb9w7A8JXgUIBNOcT4fVaGpl1WqxzFtk52Otp8FPEtgaeJJ_8lpM/h120/100px-Buch2-318.jpg">Juan Borgia</a> «<i>n’avait pas les qualités nécessaires pour devenir le valeureux condottieri rêvé par son père, ni même celles lui permettant de devenir simplement un bon capitaine. Jeune, beau, riche, Juan Borgia ne désirait rien d’autre que jouir des avantages offerts par la vie et passer son temps dans la compagnie des femmes qui lui plaisaient…</i>» (M. Bellonci. <i>Lucrèce Borgia, </i>Paris, Plon, rééd. Livre de poche Col. historique, # 679-680, s.d., pp. 48-49). Mais le frère de Juan, César, ne partageait pas la même admiration pour son frère. Les deux frères se tenaient en inimitié pour le contrôle de la Romagne. Dans un climat de complots, de traquenards de délinquants, le crime se produisit au sortir d’un souper chez la Vannozza, le 14 juin 1497, où le duc de Gandie et son frère <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi_oX2UhxD81QZ0W8BjECDnq3GUAsmLLUjCocbCNqWsIivmu1t5r8HCwaMlQyZCICkDwK_jn-aL7OLCK6Jx3buR8i8cZ82R-LwmTNPpi_whpSzf3KZoQXp5LNX85KtxzVSIpreJWFpxu-s/h120/51429001.jpg">César</a> étaient reçus par leur mère. Il n’y eut aucun témoin de l’affaire, aucun spectacle offert en guise de pédagogie politique, aucun mot d’humaniste pour racheter le tout. La conjuration se transformait en crime crapuleux et <i>l’homme d’élite </i>se retrouva dans la <i>cloaca maxima, </i>la vase des égouts de Rome : «<i>Finalement un certain Giorgio Schiavone, qui était couché dans une barque amarrée au bord du Tibre, où il gardait une cargaison de bois, fut interrogé. Il dit qu’il avait vu deux hommes à pied sortir de la rue à gauche de l’hôpital de Saint-Gérôme des Esclavons, sur la route qui mène du château Saint-Ange à l’église de Sainte-Marie du Peuple en longeant le fleuve, tout près du moderne pont Cavour, à côté de la fontaine. C’était juste après le lever du soleil. Ils regardèrent autour d’eux pour voir s’il n’y avait </i></span></span><span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi_oX2UhxD81QZ0W8BjECDnq3GUAsmLLUjCocbCNqWsIivmu1t5r8HCwaMlQyZCICkDwK_jn-aL7OLCK6Jx3buR8i8cZ82R-LwmTNPpi_whpSzf3KZoQXp5LNX85KtxzVSIpreJWFpxu-s/s1600/51429001.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi_oX2UhxD81QZ0W8BjECDnq3GUAsmLLUjCocbCNqWsIivmu1t5r8HCwaMlQyZCICkDwK_jn-aL7OLCK6Jx3buR8i8cZ82R-LwmTNPpi_whpSzf3KZoQXp5LNX85KtxzVSIpreJWFpxu-s/s1600/51429001.jpg" height="295" width="400" /></a>personne, puis s’en retour-nèrent. Ils furent suivis par deux autres, qui, après avoir aussi regardé aux alentours, firent un signal. Quelqu’un monté sur un cheval blanc sortit alors de la ruelle avec le corps d’un homme à travers de sa bête. Deux hommes à pied marchaient à côté en tenant ce corps pour l’empêcher de tomber. Ils arrivèrent ainsi jusqu’au bord du fleuve, à l’endroit où l’on vidait les chariots d’ordure. Le cheval fut tourné la croupe vers le Tibre, les deux hommes prirent le cadavre par les mains et par les pieds et le lancèrent dans le courant de toute leur force, le plus loin possible. Le cavalier leur demanda s’il était enfoncé et ils répondirent : "Oui messire". Il regarda alors le fleuve, aperçut le manteau du mort qui flottait et demanda ce qu’était cet objet noir. On jeta des pierres pour le faire couler. Puis ils s’en allèrent tous, y compris les deux premiers qui étaient restés à regarder. Quand on demanda au témoin pourquoi il n’avait pas parlé plus tôt, il répondit qu’il avait vu jeter là nuitamment au fleuve cent cadavres et que nul ne s’en était inquiété. On fit draguer le fleuve par trois cents bateliers et pécheurs. Vers l’heure des vêpres le cadavre du duc fut retrouvé avec la gorge coupée et huit autres blessures. Il était tout habillé, ses gants encore à sa ceinture et trente ducats dans sa bourse, ce qui prouvait qu’il n’avait pas été tué par des voleurs mais pour des raisons personnelles. Il avait les mains liées</i>» (L. Collison-Morley. <i>Histoire des Borgia, </i>Paris, Payot, Col. Bibliothèque historique, 1951, pp. 90-91<span style="font-size: small;"><i>).</i> </span></span></span></h3>
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<span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><span style="font-size: small;"> </span></span></span></h3>
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<span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif;"><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">La postérité,</span> </span>comme les enquêteurs de l’époque, se sont perdus en conjecture sur l’assassinat du duc de Gandie, mais les soupçons reviennent toujours sur son frère César. Le pape, son père, en fit une crise - </span></span></span><span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><span style="font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiLiJwF2QzBnpbcuyWgsO34gl41gQji545mCYE59KFUdFSa_Sax9V4Zdrm1rZqqcMhIS9uxym-lUUFaAialyXBp5eESCmahyV4mmIuGcK4AA5xSwlyfbkB64lC4rv6MUpmcivC_jpCXjGg/s1600/89114567_p.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiLiJwF2QzBnpbcuyWgsO34gl41gQji545mCYE59KFUdFSa_Sax9V4Zdrm1rZqqcMhIS9uxym-lUUFaAialyXBp5eESCmahyV4mmIuGcK4AA5xSwlyfbkB64lC4rv6MUpmcivC_jpCXjGg/s1600/89114567_p.jpg" height="400" width="340" /></a>momentanée - de désespoir : «<i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiLiJwF2QzBnpbcuyWgsO34gl41gQji545mCYE59KFUdFSa_Sax9V4Zdrm1rZqqcMhIS9uxym-lUUFaAialyXBp5eESCmahyV4mmIuGcK4AA5xSwlyfbkB64lC4rv6MUpmcivC_jpCXjGg/h120/89114567_p.jpg">Alexandre</a> était accablé de douleur à l’i<span style="font-family: Verdana,sans-serif;">d</span>ée que le fils en qui il avait mis ses espérances pour la future gloire de sa maison eût été jeté au Tibre "comme de l’ordure". Enfermé dans sa chambre et pleurant amèrement, il refusa de manger et de boire pendant trois jours</i>» (L. Collison-Morley. <i>ibid. </i>p. 92). Puis, l’ordinaire reprit le dessus, le silence tacite du pape laissant prise à la violence licencieuse de son fils pervers : «<i>Quelques mois plus tard, une tragédie encore plus mystérieuse, mais moins retentissante, fit marcher toutes les langues. Des pécheurs avaient sorti du Tibre le cadavre d’un jeune homme d’une extraordinaire beauté, premier camérier de Sa Sainteté, et l’un de ses favoris. Bientôt l’on chuchota tout bas que César Borgia était le meurtrier. Il aurait poignardé le jeune homme, réfugié sous le manteau d’Alexandre VI, dans les bras de son père indigné. "Le sang aurait rejailli sur le visage du pape dont messire Perotto était le favori." Une fois de plus on se perdait en conjectures sur les raisons de ce meurtre et, faute de mieux, on laissait entendre que César avait puni l’amant de sa sœur, la blonde Lucrèce que Pinturicchio </i></span></span></span><span class="mw-headline" style="font-size: small;"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-weight: normal;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEibpaalhbyQRvGHCnYqw3lkMsbciY34aYd1K1uQ1MNrVzyL_m2L2UJjS56hAfa_TwQy69BCA_hzWNjCxNq72UtHSMfzdH4KZDf6tr7zlSdB_xm8Q2arlqIplGWQwdV22GCy8JprRnt-8sg/s1600/PinturicchioAlfonso.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEibpaalhbyQRvGHCnYqw3lkMsbciY34aYd1K1uQ1MNrVzyL_m2L2UJjS56hAfa_TwQy69BCA_hzWNjCxNq72UtHSMfzdH4KZDf6tr7zlSdB_xm8Q2arlqIplGWQwdV22GCy8JprRnt-8sg/s1600/PinturicchioAlfonso.jpg" height="400" width="276" /></a>avait peinte, trois ou quatre ans auparavant, sous les traits de sainte Catherine d’Alexandrie. Hypothèse toute gratuite, bien entendu. Lucrèce, en juillet 1498, épousait le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEibpaalhbyQRvGHCnYqw3lkMsbciY34aYd1K1uQ1MNrVzyL_m2L2UJjS56hAfa_TwQy69BCA_hzWNjCxNq72UtHSMfzdH4KZDf6tr7zlSdB_xm8Q2arlqIplGWQwdV22GCy8JprRnt-8sg/h120/PinturicchioAlfonso.jpg">duc de Bisenglie</a>, fils du roi de Naples, Alphonse II, jeune homme d’une grande beauté et d’un caractère charmant qui conquit aussitôt le cœur de sa jeune femme. Ils s’aimèrent passionnément, on n’en saurait douter, car tous les rapports du temps parlent de leur gaieté, de leur exubérance, de leur bonheur. Puis ils eurent un fils et la joie d’Alexandre VI fut si grande qu’il fit notifier la naissance de l’enfant à tous les ambassadeurs et à tous les cardinaux. Mais quelques mois plus tard, le duc de Bisenglie était assailli, sur les degrés du Vatican, par une bande de spadassins et grièvement blessé à la tête, au bras et à la jambe. Transporté dans les appartements pontificaux, gardé, sur l’ordre du pape, par seize estafiers, il fut si bien soigné par sa femme qu’il entra bientôt en convalescence. Un jour, César, récemment fait duc de Valentinois par le nouveau roi de France, Louis XII, pénétra en coup de vent dans la chambre du duc, en chassa tout le monde, puis donna l’ordre à son bourreau qui l’accompagnait, d’étrangler le jeune homme sous ses yeux. Le désespoir de Lucrèce fut si grand qu’il excita une compassion universelle. Quant au pape, depuis la mort du duc de Gandie, "jeté comme une ordure dans le Tibre", il avait </i></span></span><span class="mw-headline" style="font-size: small;"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-weight: normal;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgQehStLSs9uwjuWzsnr2TTs_YO85zOW2UVA4V3svfgVtjZp7Dsg97GqCWdk98SaQo2VPd2z0_4q7ksehOaBi_5WDZjo0r7mLlzPatn-SNNTffQXRmbVeXnwUsT-n42QTXsnY5YE-rfQR4/s1600/eccl%25C3%25A9siaste.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgQehStLSs9uwjuWzsnr2TTs_YO85zOW2UVA4V3svfgVtjZp7Dsg97GqCWdk98SaQo2VPd2z0_4q7ksehOaBi_5WDZjo0r7mLlzPatn-SNNTffQXRmbVeXnwUsT-n42QTXsnY5YE-rfQR4/s1600/eccl%25C3%25A9siaste.jpg" height="306" width="400" /></a>beaucoup vieilli et était victime de fréquentes syncopes…» </i>(F. Bérence. <i>Michel-Ange, </i>Paris, La Colombe, 1947, pp. 115-116). Si César Borgia assassina par jalousie incestueuse son beau-frère, le duc de Bisenglie, c’est par jalousie filiale qu’il tua Juan, son frère aîné. César supportait difficilement l’idée d’être le second dans la famille : second après son frère, second après son beau-frère. Juan n’était pas moins pervers que César et César pas plus aimé de sa sœur que le duc de Bisenglie, les circonstances des luttes romaines créaient l’occasion à ce <i>surhomme</i> d’accomplir ses crimes personnels, multipliant les souvenirs d’une «<i>nuit, le cadavre découvert, beau de cette désespérante beauté qui masque le visage des <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgQehStLSs9uwjuWzsnr2TTs_YO85zOW2UVA4V3svfgVtjZp7Dsg97GqCWdk98SaQo2VPd2z0_4q7ksehOaBi_5WDZjo0r7mLlzPatn-SNNTffQXRmbVeXnwUsT-n42QTXsnY5YE-rfQR4/h120/eccl%25C3%25A9siaste.jpg">jeunes morts</a>…</i>» (M. Bellonci. <i>op. cit. </i>p. 108). </span></span></h3>
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<span class="mw-headline" style="font-size: small;"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-weight: normal;"> </span></span></h3>
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<span class="mw-headline" style="font-size: small;"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-weight: normal;">Les fratricides sont de toutes les civilisations. On en retrouve dans l’Empire byzantin, le tsarat de Russie, l’empire chinois, dans le Räj indien. Mais c’est dans l’État universel osmanlis que le fratricide apparaît </span></span><span class="mw-headline" style="font-size: small;"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi3Y1vApG1Fshe_Z8upwQwSw6pq0c7fRAO_cKRVK0NeZnldbcpMUD-10puZhaDZeMGVMh6cp7u8pGGzj4HdWVF8A5RsN253QlcxYbzqG30OkavI9pVFzNp7o40kTCnR-I7yz_mEUdnkfdQ/s1600/Bellini_Sultan-Mehmet-II-the-Conqueror.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi3Y1vApG1Fshe_Z8upwQwSw6pq0c7fRAO_cKRVK0NeZnldbcpMUD-10puZhaDZeMGVMh6cp7u8pGGzj4HdWVF8A5RsN253QlcxYbzqG30OkavI9pVFzNp7o40kTCnR-I7yz_mEUdnkfdQ/s1600/Bellini_Sultan-Mehmet-II-the-Conqueror.jpg" height="400" width="365" /></a>comme une politique systématique de gouvernement, ce qu’on appelait <i>le devoir de fratricide. </i>Cette mesure fut instituée par le sultan <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi3Y1vApG1Fshe_Z8upwQwSw6pq0c7fRAO_cKRVK0NeZnldbcpMUD-10puZhaDZeMGVMh6cp7u8pGGzj4HdWVF8A5RsN253QlcxYbzqG30OkavI9pVFzNp7o40kTCnR-I7yz_mEUdnkfdQ/h120/Bellini_Sultan-Mehmet-II-the-Conqueror.jpg">Mahomet II le Conquérant,</a> celui qui fit tomber Constantinople aux mains des Turcs en 1453. L’origine de cette <i>loi </i>provient d’un traumatisme à l’accession de Mehmed au trône de son père Mourad II, en 1451. Comme toujours dans ces moments, les conjurations s’ourdissent dans les antichambres et les vizirs s’activent autour du jeune sultan. «<i>Ishâq </i>[pacha] <i>prit donc le chemin de l’Anatolie avec la dépouille mortelle de son ancien maître. Une grande pompe avait été déployée et, en chemin, d’importantes sommes d’argent furent distribuées parmi les pauvres. Mais, en même temps que le cercueil de Mourad, une deuxième bière partit pour l’ancienne capitale Brousse. Pendant que la belle-mère de Mehmed, la fille d’Isfendiyâr-oghlou, était apparue dans la salle du trône pour exprimer au nouveau souverain sa douleur pour la perte de son époux, du moins à ce que rapporte encore Doukas </i>[le chroniqueur]<i>, le sultan avait envoyé Ali beg, fils de l’Evrénos, dans les appartements des femmes pour y étouffer dans son bain le plus jeune des fils de Mourad "né dans la pourpre", Kutchuk </i></span></span><span class="mw-headline" style="font-size: small;"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-weight: normal;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEifH4jPnf3fx86mxvHHYV_WCpCnmYuDcOQ58JOlXIGVGwTyUjuBeYllkZ4usQ-8rDFXQ5MnsjUyModh5NkpCKYbiZzG3F99cc0_jC6lTKu30LwUKC4kU5fXLhFLYcEs5K5OP_XhTDH9Nd0/s1600/Memorial_of_Sultan_Mehmed_II_the_Conqueror%252C_Fatih_Park%252C_Istanbul.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEifH4jPnf3fx86mxvHHYV_WCpCnmYuDcOQ58JOlXIGVGwTyUjuBeYllkZ4usQ-8rDFXQ5MnsjUyModh5NkpCKYbiZzG3F99cc0_jC6lTKu30LwUKC4kU5fXLhFLYcEs5K5OP_XhTDH9Nd0/s1600/Memorial_of_Sultan_Mehmed_II_the_Conqueror%252C_Fatih_Park%252C_Istanbul.jpg" height="400" width="392" /></a>(c’est-à-dire : le petit) Ahmed tchélébi. La loi du fratricide, qui allait être appliquée pendant de longs siècles à chaque changement de règne fut appliquée ici pour la première fois et d’une façon particu-lièrement cruelle par <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEifH4jPnf3fx86mxvHHYV_WCpCnmYuDcOQ58JOlXIGVGwTyUjuBeYllkZ4usQ-8rDFXQ5MnsjUyModh5NkpCKYbiZzG3F99cc0_jC6lTKu30LwUKC4kU5fXLhFLYcEs5K5OP_XhTDH9Nd0/h120/Memorial_of_Sultan_Mehmed_II_the_Conqueror%252C_Fatih_Park%252C_Istanbul.jpg">Mehmed II.</a> Dans la suite, le même sultan a donné force de loi au fratricide en donnant à son édit le libellé suivant : "Quel que soit celui de mes fils à qui écherra le règne de sultan, il devra dans l’intérêt de l’ordre mondial, tuer ses frères. La plupart des jurisconsultes ont aussi approuvé cela. C’est donc ainsi qu’ils agiront</i>". Si l’indication souvent attestée que le jeune prince n’était âgé que de huit mois est exacte, il y aurait lieu de s’étonner qu’il soit venu au monde si tard, alors que ses parents étaient déjà mariés depuis 26 ans» (F. Babinger. <i>Mahomet II le Conquérant, </i>Paris, Payot, Col. Bibliothèque historique, 1954, p. 86). C’était une mesure assez drastique et la justification politique semble satisfaire à ceux qui se penchent sur les raisons d’une telle <i>loi.</i></span></span></h3>
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<span class="mw-headline" style="font-size: small;"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-weight: normal;"><i> </i></span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline" style="font-size: small;"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-weight: normal;">Pourtant la règle de succession ottomane ne divergeait guère des autres puissances. Il paraissait évident que le fils du sultan lui succède. «<i>Toutefois, le fait qu’aucune règle stricte ne venait les départager, qu’il n’existait pas de principe successoral à proprement parler, constituait, comme plusieurs épisodes l’ont montré au long du XVe siècle, un germe redoutable de troubles et même de dissolution de l’État. Dans ces conditions, la pratique s’établit chez les princes qui venaient d’accéder au trône de faire périr étouffés tous leurs frères. De cette précaution Mehmed II fit une règle, la fameuse "loi du fratricide", </i></span></span><span class="mw-headline" style="font-size: small;"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-weight: normal;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiO69I-DCTi09zqRO97-rPYhQZDum4UyU1pia96Slhyphenhyphenwg4IX_-kX0R8HnToCrx7AOHdLeHhCOh4Us7efcic-WyD8gBlEuKwtJFsTO2S9WfCFppGco_DOwPm12CtmKVAocZdKzSK6ipXsDM/s1600/514px-EmperorSuleiman.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiO69I-DCTi09zqRO97-rPYhQZDum4UyU1pia96Slhyphenhyphenwg4IX_-kX0R8HnToCrx7AOHdLeHhCOh4Us7efcic-WyD8gBlEuKwtJFsTO2S9WfCFppGco_DOwPm12CtmKVAocZdKzSK6ipXsDM/s1600/514px-EmperorSuleiman.jpg" height="400" width="342" /></a>décrétée "pour le bien de l’État", avec l’approbation d’"une majorité d’oulémas". Par cette terrible mesure qui contribua grandement à l’horreur durable inspirée par le régime ottoman aux observateurs occidentaux, le souverain assurait efficacement la solidité de son pouvoir, comme les droits de sa propre progéniture. Peut-être était-il aussi guidé par l’idée - là encore une ancienne conception turque - selon laquelle son succès sanctionnait un choix divin dont il ne faisait que tirer les conséquences. Seul survivant des fils de Selim Ier, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiO69I-DCTi09zqRO97-rPYhQZDum4UyU1pia96Slhyphenhyphenwg4IX_-kX0R8HnToCrx7AOHdLeHhCOh4Us7efcic-WyD8gBlEuKwtJFsTO2S9WfCFppGco_DOwPm12CtmKVAocZdKzSK6ipXsDM/h120/514px-EmperorSuleiman.jpg">Süleymân </a></i>[dit Soliman le Magnifique] <i>fut dispensé d’accomplir à son avènement la macabre besogne. Il ne s’en montra pas moins fidèle ultérieurement à la logique dont elle procédait : on rapporte qu’après la prise de Rhodes, il fit mettre à mort le fils et le petit-fils de son grand-oncle, Djem, réfugiés auprès des chevaliers de Saint-Jean. De même, il ne se contenta pas de faire exécuter ses deux fils, Mustafâ et Bâyazid, qui avaient défié son autorité, puisqu’il s’acharna aussi bien sur leurs rejetons afin de retrancher ces deux rameaux de la compétition successorale future</i>» (G. Veinstein, in R. Mantran (éd.) <i>Histoire de l’empire ottoman, </i>Paris, Fayard, 1989, p. 165). Cette terrible mesure ne tarda pas toutefois à s’adoucir au fur et à mesure que les héritiers se voyaient enfermés dans des «cages» dorés, c’est-à-dire des harems retirés oû des femmes plus ou moins stériles étaient servies avec la <i>dolce vitæ </i>d’un empire à son apogée. Plus que jamais, aussi, l’idée du dédoublement de l’État par des prétendants et des compétiteurs était perçue non sans une certaine angoisse psychologique. Prenant la succession d’un empire (le Byzantin) qui avait connu tant de drames sanglants dans le cours de la succession à l’<i>imperium, </i>il était normal qu’une population encore nomade finisse par prendre les grands moyens pour s’assurer leur permanence sur leur nouvelle acquisition. </span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline" style="font-size: small;"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-weight: normal;"> </span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline" style="font-size: small;"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-weight: normal;">Pour fantastique que soit le <i>doppelgänger, </i>le fratricide n’est pas un acte courant. Les mécanismes </span></span><span class="mw-headline" style="font-size: small;"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEghDr5v-p5SiZoI0wDi-YFuVowcC-a-bB1zYrNiYuShOa-RDRe9od0HQdcE5MmRcp-QqC2KjQ4Z6PHj1xo_zkLTirdyoqc7ogco3i0Wc7EHH2z-wn31krw_1Q0u-3szgixd8yBz5V-h31k/s1600/R150139601.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEghDr5v-p5SiZoI0wDi-YFuVowcC-a-bB1zYrNiYuShOa-RDRe9od0HQdcE5MmRcp-QqC2KjQ4Z6PHj1xo_zkLTirdyoqc7ogco3i0Wc7EHH2z-wn31krw_1Q0u-3szgixd8yBz5V-h31k/s1600/R150139601.jpg" height="400" width="242" /></a>psychologiques sont faits de telle façon que l’identité bien assumée reste la meilleure alternative à l’angoisse du double. L’autre extrémité de cette angoisse confine à la schizophrénie, ce qui ne semble pas toucher les collectivités. À l’échelle des nations et des civilisations, il m’est inconnu de groupes qui vivraient un dédoublement d’identité ou «de personnalité.....». Pourtant, à l’intérieur des groupes, des tendances marquées à la multiplication de problèmes d’identité peuvent conduire à des fratricides. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEghDr5v-p5SiZoI0wDi-YFuVowcC-a-bB1zYrNiYuShOa-RDRe9od0HQdcE5MmRcp-QqC2KjQ4Z6PHj1xo_zkLTirdyoqc7ogco3i0Wc7EHH2z-wn31krw_1Q0u-3szgixd8yBz5V-h31k/h120/R150139601.jpg">Michel Foucault</a> a étudié un cas célèbre en France du XIXe siècle, celui de Pierre Rivière «ayant égorgé» sa mère, sa sœur et son frère. Foucault a exhumé les pièces du dossier, dont le procès-verbal qui décrit assez bien la scène de crime : </span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline" style="font-size: small;"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-weight: normal;"> </span></span></h3>
<blockquote class="tr_bq">
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline" style="font-size: small;"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-weight: normal;">«<i>Aujourd'hui, 3 juin 1835, une heure après midi. </i></span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline" style="font-size: small;"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-weight: normal;"><i> </i></span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline" style="font-size: small;"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-weight: normal;"><i>Nous, François-Édouard Baudouin, juge de paix du canton d'Aunay, assisté de Louis-Léandre Langliney, notre greffier. </i></span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline" style="font-size: small;"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-weight: normal;"><i> </i></span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline" style="font-size: small;"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-weight: normal;"><i>À l'instant informé par M. le maire de la commune d'Aunay, qu'un meurtre épouvantable vient d'être commis en ladite commune d'Aunay, village dit la Faucterie, au domicile du sieur Pierre-Margrin Rivière, propriétaire cultivateur, absent de chez lui, nous dit-on, depuis le matin; nous nous sommes immédiatement transportés audit domicile, accompagnés de M. le maire d'Aunay et encore de MM. Morin, docteur en médecine et Cordier, officier de santé, l'un et l'autre domiciliés à Aunay; venus sur notre réquisition conformément à la loi. Entrés dans une maison au rez-de-chaussée, à usage de salle, joutée au nord par le chemin vicinal d'Aunay à Saint-Agnan, éclairée au midi par une croisée et une porte, et au nord par une porte vitrée, nous y avons trouvé <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhqn_hc0mt1VdHtJ0D0yzzCDxIi7XSoNxE6YYE0YVemJVQ14SdDFvOPuXkQ4goM8fZYVH5k4l3ie0jGbPtqSLthUCKP6v8hxza70MRLGUtJ-7EA_foCNKIbtODFZ1nxIu5wvYv4LDPd-Xo/h120/moi-pierre-riviere-ayan-ii02-g.jpg">trois cadavres</a> </i></span></span><span class="mw-headline" style="font-size: small;"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-weight: normal;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjwOm6O7onIVWXECJPJC2GFNPM7UzsJnXmoQmLaBGLkZr2hi9PEam6b1oOG5bdZrx3FNxnNCOA1v8CedeZuQDzuz9twAOzSJrtLwOzOal_9Zf6bor1ot0t7whpEq7nX2CPVpM9kGUp3LFE/s1600/moi-pierre-riviere-ayan-ii02-g.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjwOm6O7onIVWXECJPJC2GFNPM7UzsJnXmoQmLaBGLkZr2hi9PEam6b1oOG5bdZrx3FNxnNCOA1v8CedeZuQDzuz9twAOzSJrtLwOzOal_9Zf6bor1ot0t7whpEq7nX2CPVpM9kGUp3LFE/s1600/moi-pierre-riviere-ayan-ii02-g.jpg" height="238" width="320" /></a>gisant par terre : /° une femme d'environ quarante ans renversée sur le dos en face la cheminée où il paraît qu'elle était occupée, au moment où elle a été assassinée, à faire cuire de la bouillie qui était encore dans une casserole sur le foyer. Cette femme est vêtue comme à son ordinaire, décoiffée; elle a le cou et le derrière du crâne coupés et </i>coutelassés. <i>2° Un petit garçon de sept à huit ans, vêtu d'une blouse bleue, pantalon, bas, et souliers, tombé sur le ventre le visage contre terre, ayant la tête fendue par derrière à une très grande profondeur. 3° Une fille vêtue d'indienne, bas, sans souliers ni sabots, tombée sur le dos, les pieds sur le seuil de la porte donnant sur la cour, vers midi, son métier à dentelle posé sur son ventre, son bonnet de coton à ses pieds, et une forte poignée de cheveux qui paraissent lui avoir été arrachés lors du meurtre, le côté droit de la figure et le cou </i>coutelassés <i>à une très grande profondeur. Il paraîtrait que cette malheureuse jeune personne travaillait à sa dentelle, près de la porte vitrée opposée à celle où elle est tombée, ses sabots étant restés au pied de la chaise qui y est placée.</i></span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline" style="font-size: small;"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-weight: normal;"><i> </i></span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline" style="font-size: small;"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-weight: normal;"><i>Ce triple assassinat paraît avoir été commis avec un instrument tranchant.</i></span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline" style="font-size: small;"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-weight: normal;"><i> </i></span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline" style="font-size: small;"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-weight: normal;"><i>Ces victimes se nomment : la première, Victoire Brion, épouse de Pierre-Margrin Rivière; la seconde, Jules Rivière; la troisième, Victoire Rivière; les deux dernières, enfants de la première. </i></span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline" style="font-size: small;"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-weight: normal;"><i><br /></i></span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline" style="font-size: small;"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-weight: normal;"><i>La vindicte publique désignant comme auteur de ce crime le nommé Pierre Rivière, fils et frère des assassinés…</i>» (Cité in M. Foucault. <i>Moi, Pierre Rivière, ayant égorgé ma mère, ma sœur et mon frère…, </i>Paris, Gallimard/Julliard, Col. Archives, # 49, 1973, pp. 21-22) </span></span></h3>
</blockquote>
<br />
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline" style="font-size: small;"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-weight: normal;">Ce procès-verbal, malgré sa rédaction ponctuelle, ne peut empêcher de dégager un certain sentiment d’horreur causé autant par l’état de la scène de crime que par le fait que le meurtrier est matricide doublé d’un double fratricide. Pierre Rivière est âgé de 20 ans. C’est un paysan normand. Sa mère était enceinte d’un autre enfant (d’une famille nombreuse) au moment du drame. Il les a tué à coups de serpe. Rivière n’est pas un type totalement sous-doué. Il est suffisamment instruit pour écrire sa propre déclaration et narrer les causes et la justification de ses crimes. Dans son témoignage, il avoue avoir tué sa mère et sa sœur qu’il accuse de maltraiter son père. Il raconte également sa piété mystique mais aussi ses curiosités, dont pour l’astronomie. Traité comme fou, dément, idiot du village, Rivière a suffisamment de raison pour s’en apercevoir et s’en trouver attristé. Il n’est pas sans vanité d’ailleurs et admire les chefs vendéens qui ont résisté à la Révolution. Devant tant d’injustices et d’incompréhension, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhxZOCrgWObQLbrqd5SzyYAQTm5i6W33PUkL2IXTKxLpd_yKBn4Bb_whQX7OEFAufnuWyeja11Am9iQvS071qDqGV3H85rkxvnWoucl8UCPKZ-HYgJUcaPRTCnj-u0fYa3QRBTOAWJmlSY/h120/moi-pierre-riviere-ayan-ii01-g.jpg">Pierre Rivière</a> va jusqu’à associer sa </span></span><span class="mw-headline" style="font-size: small;"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhxZOCrgWObQLbrqd5SzyYAQTm5i6W33PUkL2IXTKxLpd_yKBn4Bb_whQX7OEFAufnuWyeja11Am9iQvS071qDqGV3H85rkxvnWoucl8UCPKZ-HYgJUcaPRTCnj-u0fYa3QRBTOAWJmlSY/s1600/moi-pierre-riviere-ayan-ii01-g.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhxZOCrgWObQLbrqd5SzyYAQTm5i6W33PUkL2IXTKxLpd_yKBn4Bb_whQX7OEFAufnuWyeja11Am9iQvS071qDqGV3H85rkxvnWoucl8UCPKZ-HYgJUcaPRTCnj-u0fYa3QRBTOAWJmlSY/s1600/moi-pierre-riviere-ayan-ii01-g.jpg" height="317" width="400" /></a>mission à celle du Christ : «<i>notre Seigneur Jésus-Christ est mort sur la croix pour sauver les hommes, pour les racheter de l’esclavage du demon, du peché, et de la damnation eternelle, il était Dieu, c’était lui qui devait punir les hommes qui l’avait offensé; il pouvait donc leur pardonner sans souffrir ces choses; mais moi je ne peux delivrer mon pére qu’en mourant pour lui. Lorsque j’entendit dire que prés de cinquante personnes avaient pleuré lorsque mon pére avait chanté l’eau bénite, je dit en moi-même : si des etrangers qui n’y sont pour rien pleurent, que ne dois-je pas faire, moi qui suis son fils. Je pris donc cette affreuse resolution, je me determinai à les tuer tous trois : les deux premiéres parce qu’ils s’accordaient pour faire souffrir mon pére, pour le petit j’avais deux raisons, l’une parce qu’il aimait ma mére et ma sœur, l’autre parce que je craignais qu’en ne tuant que les deux autres, que mon pére quoique en ayant une grande horreur ne me regrettât encore lorsqu’il saurait que je mourut pour lui, je savais qu’il aimait cet enfant qui avait de l’intelligence, je me pensai il aura une telle horreur de moi qu’il se rejouira de ma mort, et par là exempt de regrets il vivra plus heureux. Ayant donc pris ces funestes resolutions je resolut de les mettre en exécution…</i>» (Cité in M. Foucault. <i>ibid. </i>p. 130). </span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline" style="font-size: small;"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-weight: normal;"> </span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline" style="font-size: small;"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-weight: normal;">Cette identification de Pierre Rivière à son père entraîne une inversion plutôt rare. Refusant le Siècle des Lumières, Pierre Rivière, à l’exemple d’Auguste Comte qu’il ne connaissait pas, associe le XIXe siècle à la femme : «<i>…que je ferais mes déclarations que je mourrais pour mon pére, qu’on avait beau soutenir les femmes, que cella ne trompherait pas, que mon pére serait desormais tranquille et heureux; je </i></span></span><span class="mw-headline" style="font-size: small;"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-weight: normal;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEioak7rDmgJtCdG3bd3IRbGvHniYUZE88Sq2Khqk44e5TyJOQkIFzTFmDTiItaIDL80EyKZjrE-w9MaexnP9v-mDAtrvD3DtPRFO0QsdwTYZNBI9_ts5oFlKMaPUqJaBlAOCw51pz6qXTs/s1600/moi-pierre-riviere-ayant-egorge-ma-mere-ma-soeur-et-mon-frere.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEioak7rDmgJtCdG3bd3IRbGvHniYUZE88Sq2Khqk44e5TyJOQkIFzTFmDTiItaIDL80EyKZjrE-w9MaexnP9v-mDAtrvD3DtPRFO0QsdwTYZNBI9_ts5oFlKMaPUqJaBlAOCw51pz6qXTs/s1600/moi-pierre-riviere-ayant-egorge-ma-mere-ma-soeur-et-mon-frere.jpg" height="265" width="400" /></a>pensais que je dirais aussi : autrefois on vit des Jael contre des Sirara, des Judith contre des Holophernes, des Charlotte Corday contre des Marat; maintenant il faudra que ce soient les hommes qui emploient cette manie, ce sont les femmes qui commandent à present, ce beau siècle qui se dit siècle de lumière, ce nation qui semble avoir tant de gout pour la liberté et pour la gloire, obéit aux <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh4tF1Jy55FID8aogzL9WMz1T12yt8me2b7uDZ8HUkWAOvMHEFX9_W_d7HbkDvErWH3FKUZRLZquJw6U2JSOqlKbk03LRBDPIdlnIX1CCvRyy94_3af8vSb407CBGB3piRX88_Ma0d8Rhc/h120/moi-pierre-riviere-ayant-egorge-ma-mere-ma-soeur-et-mon-frere.jpg">femmes</a>, les romains étaient bien mieux civilisés, les hurons et les hottentots, les alquongins, ces peuples qu’on dit idiots, le sont même beaucoup mieux, jamais ils n’ont avili la force, ce sont toujours été les plus forts de corps qui ont toujours fait la loi chez eux…</i>» (Cité in M. Foucault. <i>ibid. </i>p. 132). Jugé, condamné à mort, gracié pour aliénation mentale, on le retrouvera pendu dans sa cellule le 22 octobre 1840 dans la maison de détention de Beaulieu, accomplissant le suicide qu’il s’était promis en planifiant son triple meurtre. </span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline" style="font-size: small;"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-weight: normal;"> </span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline" style="font-size: small;"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-weight: normal;">À partir du dossier rassemblé par Foucault, le cas Pierre Rivière a fait l’objet de plusieurs séminaires en psychiatrie et en criminologie. Il a même fait l’objet d’un très beau <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiuaj8yXOKuf-nLn2T-rU18CZpHTKYqk1ODytHpZ9WL1zeTN2lh8o11dIC5rmVtj4Dpyte5PrSQqmRE4DnmOcCrc08k__1NvlJVCzxpzFRQvjkXtJ2yHuHLtXR60U7JVV1Koa8vmvDQVkA/h120/moi-pierre-riviere-ayant-egorge-ma-mere-ma-soeur-et-mon-frere.jpg">film </a>de René Allio (1975). Hanté par des </span></span><span class="mw-headline" style="font-size: small;"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-weight: normal;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiuaj8yXOKuf-nLn2T-rU18CZpHTKYqk1ODytHpZ9WL1zeTN2lh8o11dIC5rmVtj4Dpyte5PrSQqmRE4DnmOcCrc08k__1NvlJVCzxpzFRQvjkXtJ2yHuHLtXR60U7JVV1Koa8vmvDQVkA/s1600/moi-pierre-riviere-ayant-egorge-ma-mere-ma-soeur-et-mon-frere.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiuaj8yXOKuf-nLn2T-rU18CZpHTKYqk1ODytHpZ9WL1zeTN2lh8o11dIC5rmVtj4Dpyte5PrSQqmRE4DnmOcCrc08k__1NvlJVCzxpzFRQvjkXtJ2yHuHLtXR60U7JVV1Koa8vmvDQVkA/s1600/moi-pierre-riviere-ayant-egorge-ma-mere-ma-soeur-et-mon-frere.jpg" height="265" width="400" /></a>cauchemars liés à l’inceste, Pierre Rivière est prisonnier entre les terreurs de la «pastorale de la peur» catholique et les horreurs de ces temps de troubles : la Révolution, les guerres sanglantes de Napoléon, les attentats contre le roi Louis-Philippe. Entre les terreurs anciennes et les horreurs modernes, l’esprit délirant du jeune Pierre Rivière place son triple meurtre dans un broyeur mental où les représentations se chevauchent, se complètent, se confondent. Lorsque nous rassemblons les différents témoignages - les aveux du criminel, les dépositions des membres de la famille et des voisins, les rapports médicaux des aliénistes et les pièces judiciaires -, quelle personnalité de Pierre Rivière finissons-nous par obtenir?</span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline" style="font-size: small;"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-weight: normal;"> </span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Nous avons de meilleurs moyens d’identifier la démence de
Pierre Rivière que n’en disposaient l’équipe de Foucault. Pierre était un garçon
qui aimait la solitude tout en faisant montre d’opiniâtreté. Ses proches
observaient chez lui qu’il posait des gestes étranges et parlait tout seul. Il
éclatait dans des rires interminables et non motivés. Tout cela relève de la
psychose. La crainte de l’inceste et sa haine des femmes, comprises </span></span><span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgkVXj4KvHEIFbLbpVBaaUDC_X6-ITpcQ0PjaeckSnn0YP8zlg-1qBX9AM-kd2qyZ7UVVlXIyktUJoI299u_BeMrArU8l6DNxOU8tDkDPDdEiNrxKVwDqbwbQYFSIXlbhL9eZIR9xtrbYo/s1600/parchemin1_riviere.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgkVXj4KvHEIFbLbpVBaaUDC_X6-ITpcQ0PjaeckSnn0YP8zlg-1qBX9AM-kd2qyZ7UVVlXIyktUJoI299u_BeMrArU8l6DNxOU8tDkDPDdEiNrxKVwDqbwbQYFSIXlbhL9eZIR9xtrbYo/s1600/parchemin1_riviere.jpg" height="400" width="302" /></a>non
seulement comme identification à la figure du Père mais à la prise de celle-ci
comme objet d’investissement érotique, suppose chez lui un complexe de Ganymède
ouvert vers l’homosexualité, ce qui explique le meurtre le plus justifié et le
plus gratuit, celui de son jeune frère, Jules, idéal du Moi de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgkVXj4KvHEIFbLbpVBaaUDC_X6-ITpcQ0PjaeckSnn0YP8zlg-1qBX9AM-kd2qyZ7UVVlXIyktUJoI299u_BeMrArU8l6DNxOU8tDkDPDdEiNrxKVwDqbwbQYFSIXlbhL9eZIR9xtrbYo/h120/parchemin1_riviere.jpg">Pierre Rivière</a> (Jules est intelligent alors que lui, Pierre, passe pour l’idiot du village; Jules est le favori de son père alors qu’il se doit d’être considéré comme un paria par son père qui ne pourrait supporter la mort de ses fils). Comme le célèbre président Schreber, il
sentait autour de lui des «fluides fécondants» et des diables et des fées qui s’entretenaient
avec lui. Mais lorsque nous entrons dans la cruauté qu’il avait envers les
animaux et les enfants, nous passons directement à une psychopathie plus grave. Même
pour des aliénistes du XIXe siècle, son cas ne pouvait qu’apparaître lourd et
la grâce qui lui fut accordée par le gouvernement et sa condamnation à la
réclusion dans un institut, montrent que le «parricide» était hors des normes de
la vie en collectivité.</span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"> </span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Par contre, cette obstination, même parmi les
collaborateurs de Foucault, à parler de <i>parricide </i>n’est pas elle-même sans
étrangeté, puisqu’il s’agit d’un parricide sans meurtre du père. Œdipe est un
parricide, mais pas <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgmH8i1FQLrupQ-UNw4HS-EukHmxAqSGZV9kv6It4qBnkWz6oNPt4dM52315NZMx_YbC4hREr0TZVu55le87LCkw7YZb26VZUmjc5Zn2Ymn9c_GAs5FnTAJoXrk-Oc6jlTsZ02aM56BR-c/h120/01.jpg">Pierre Rivière</a>. Pourquoi l’idée du <i>matricide </i>doit-elle être
évacuée du discours analytique? Pierre est un fratricide, cela va de soi; il
est aussi un sororicide, c’est évident, mais Pierre est avant tout un matricide.
C’est la personne de la mère qui est la cible première. L’imago de la mauvaise
mère dira-t-on, mais c’est </span></span><span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgmH8i1FQLrupQ-UNw4HS-EukHmxAqSGZV9kv6It4qBnkWz6oNPt4dM52315NZMx_YbC4hREr0TZVu55le87LCkw7YZb26VZUmjc5Zn2Ymn9c_GAs5FnTAJoXrk-Oc6jlTsZ02aM56BR-c/s1600/01.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgmH8i1FQLrupQ-UNw4HS-EukHmxAqSGZV9kv6It4qBnkWz6oNPt4dM52315NZMx_YbC4hREr0TZVu55le87LCkw7YZb26VZUmjc5Zn2Ymn9c_GAs5FnTAJoXrk-Oc6jlTsZ02aM56BR-c/s1600/01.jpg" height="245" width="400" /></a>Victoire Brion qui reçoit les coups de serpe la
première et de manière forcenée. Cherche-ra-t-on l’action du double dans la
psychose de Rivière? Il est partout. Non pas fixé à un individu particulier,
mais il envahit tout l’espace où vit le jeune Rivière. Il se manifeste dans ses
fantaisies d’abord, ces démons qui lui parlent; il est dans ces fluides
dans lesquels on reconnaît son propre désir incestueux générateur de sa misogynie;
il est dans son idéal du père avec lequel il s’identifie par la bande de ses propres
ressentiments envers la société qui le rejette et qu’il prend comme objet de
désir jusqu’à le venger et à se suicider (suicide qu’il n’accomplira pas sur le
coup du meurtre comme il le prévoyait, mais beaucoup plus tard, dans la
cellule de sa prison); enfin dans son jeune frère qu’il savait être le
préféré de son père. Dans un délire chrétien de «sacrifice pour le salut de son
père», Pierre Rivière rejoignait la terreur de la pastorale de la peur
catholique qui rongeait son esprit et en s’abandonnant à la justice des hommes, ces révolutionnaires, il se livrait à l’horreur
de l’échafaud ou de l’emprisonnement.</span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"> </span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Le fratricide en tant que phénomène de société, de culture
ou de civilisation appartient aux temps d’anomie. Voilà pourquoi le théâtre,
qui naît dans de telles conditions, nous entretient de parricide (Sophocle), de
matricide (Eschyle), de fratricide (Sophocle encore, Corneille, Racine,
Shakespeare) ou d’infanticide (Shakespeare, Racine). Tous ces sous-produits homicides du
désir d’inceste avouent l’intense besoin de </span></span><span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjusG9qNMDk0fg-0KmQFalk3HLHQ_ZfLPzpSstoINDiGIGdRsArJrkj8SWEw0jQFcqDIo8s3WeNuiDis2-LInUAru69YvAxNo78mhV1Ueb97QbPjTVWPW50y-dIXHfRxSnniB_tZ36lDs8/s1600/L-274-1.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjusG9qNMDk0fg-0KmQFalk3HLHQ_ZfLPzpSstoINDiGIGdRsArJrkj8SWEw0jQFcqDIo8s3WeNuiDis2-LInUAru69YvAxNo78mhV1Ueb97QbPjTVWPW50y-dIXHfRxSnniB_tZ36lDs8/s1600/L-274-1.jpg" height="400" width="258" /></a>maintenir le <i>sens de l’unité</i> par un
accouplement du présent avec le passé afin d’empêcher les temps à venir de tout
bouleverser. Quand le temps à fait son œuvre, il ne reste plus alors qu’à
philosopher sur la vie et la mort. On vit dans l’impression que les identités sont définies et fixées une fois pour toutes et que le <i>doppelgänger </i>ne viendra plus nous angoisser. C’est une illusion. Cet homme d’origine ukrainienne qui assassina, en 1985, sa sœur, l’historienne
canadienne <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjusG9qNMDk0fg-0KmQFalk3HLHQ_ZfLPzpSstoINDiGIGdRsArJrkj8SWEw0jQFcqDIo8s3WeNuiDis2-LInUAru69YvAxNo78mhV1Ueb97QbPjTVWPW50y-dIXHfRxSnniB_tZ36lDs8/h120/L-274-1.jpg">Marta Danylewycz</a>, avec ses parents, oncles et
tantes - cette femme, née dans un camp de réfugiés deux ans
après la guerre, en 1947, pour se retrouver dans une «communauté ukrainienne
«très fermée» aux États-Unis, puis émigrée au Canada une fois mariée -, ne
rejoua-t-il pas le rôle tragique de Pierre Rivière, pétrifié entre la terreur des
souvenirs de guerre et d’exil et l’horreur d’une société nord-américaine dont
la violence pour être plus larvée, n’en joue pas moins un rôle profondément insidieux
au plus profond de la personnalité?</span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Contrairement aux mythologies et aux contes fantastiques,
le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">doppelgänger </i>qui invite au
fratricide, le fantasme dément de Pierre Rivière le réinsérait à l’intérieur de
sa propre personne, et c’est ainsi que les collectivités vivent la pathologie
du double. Dès lors le schisme de l’âme appelle le schisme du corps social, d’où,
qu’après les caïnides, ce sont les traîtres à leur patrie qui se retrouveront
au plus profond du puits de l’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Inferno. </i>Mais,
comme le disait Rudyard Kipling, «ça, c’est une autre histoire»</span></span><span class="mw-headline"><span style="font-family: "Hoefler Text Ornaments"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">⌛</span></span></h3>
<h3 style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;"> </span></span></h3>
<h3 align="right" style="text-align: right;">
<span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">Montréal,</span></span></h3>
<h3 align="right" style="text-align: right;">
<span class="mw-headline"><span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 12.0pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 13.5pt;">26 avril 2014</span></span></h3>
<h3 align="right" style="line-height: 150%; text-align: right;">
</h3>
</div>
Coupalhttp://www.blogger.com/profile/14839226309394850656noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8942859135376014620.post-17027245192521096742014-02-16T16:59:00.000-05:002014-02-17T13:33:33.222-05:00Faux-monnayeurs<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div style="text-align: center;">
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjWuNjSvHgVfKwxSZpvVg6o_ocvYZg99huKQm5_aMy5UbmF_yc91KlrINXHInzYPLm681fICPSFxf_4BHNiJmsjZJumqQZZstgQJsWVf-QN8RglMcWjU6CjANLQMI1spWnVsv4TlXUI7T4/s1600/Faux_monnayeurs.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjWuNjSvHgVfKwxSZpvVg6o_ocvYZg99huKQm5_aMy5UbmF_yc91KlrINXHInzYPLm681fICPSFxf_4BHNiJmsjZJumqQZZstgQJsWVf-QN8RglMcWjU6CjANLQMI1spWnVsv4TlXUI7T4/s1600/Faux_monnayeurs.jpg" height="300" width="400" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Faux-monnayeurs piégés, gravure d’après une xylographie de R. Brend amour, dan<i>s De Belgische Illustratie,</i> 1868</td></tr>
</tbody></table>
</div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "Lucida Grande"; font-size: 14pt;"><b>FAUX-MONNAYEURS</b></span></div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Lucida Grande";">Rien n'est plus
banal que de répéter que «la fausse monnaie est aussi vieille que la vraie» (B.
Oudin. <i>Le crime et l'argent, </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">Paris, Laffout-Tchou, 1975, p. 405) et que les
falsificateurs se retrouvent dès la plus haute antiquité, s'efforçant de copier
des pièces à l'effigie des grands rois conquérants du monde. Et, comme si la
fausse monnaie était le crime le plus impie qui soit, digne d'être considéré
de lèse-majesté, comment elle a entraîné les supplices les plus
sévères dans les différentes coutumes pénales. Dans une formulation qui </span><span style="font-family: "Lucida Grande";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiPFUdx9PxLfEo0NYZOCjqrtWIK1Zn-jcEx3fZqAZUAlJlPfbwSq7zFqKc_1A9MVHX24h5umXVD_5OfzSC1CGZGyV93YBCgbgUylySUqwy7tTPE6hvVMJRXaDLpb_WBztUiobPJq7nguYM/s1600/arton13505-494b8.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiPFUdx9PxLfEo0NYZOCjqrtWIK1Zn-jcEx3fZqAZUAlJlPfbwSq7zFqKc_1A9MVHX24h5umXVD_5OfzSC1CGZGyV93YBCgbgUylySUqwy7tTPE6hvVMJRXaDLpb_WBztUiobPJq7nguYM/s1600/arton13505-494b8.jpg" height="320" width="300" /></a>rappelle un
peu les premières lignes du <i>Manifeste du Parti communiste </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">de Karl Marx et
Friederich Engels, Bernard Oudin écrit : «De tout temps, la même lutte a opposé
les faussaires aux autorités. Du côté des faussaires : une habilité souvent
remarquable, une patience infinie suppléant à des moyens techniques souvent
rudimentaires. Du côté des autorités, une répression sévère, qui était jadis
d'une sauvagerie inouïe. À toutes
les époques d'ailleurs, et encore de nos jours, les délits que l'on pourrait
qualifier d'économiques ont été réprimés aussi durement que des crimes de sang
moralement plus condamnables» (B. Oudin. <i>ibid. </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">p. 405). On imagine
difficilement le sort d'un <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiPFUdx9PxLfEo0NYZOCjqrtWIK1Zn-jcEx3fZqAZUAlJlPfbwSq7zFqKc_1A9MVHX24h5umXVD_5OfzSC1CGZGyV93YBCgbgUylySUqwy7tTPE6hvVMJRXaDLpb_WBztUiobPJq7nguYM/h120/arton13505-494b8.jpg">Bernard Madoff</a> ou d’un Vincent Lacroix - le
supplice de l'eau bouillante - s'ils avaient été pris sur le fait au Moyen Âge!
Il semblerait qu'en plein libéralisme nouveau, les crimes des bandits à cravate
soient considérés avec une plus grande mansuétude, même s'ils entraînent faillites,
appauvrissement collectif, dettes de l'État et suicides chez des petits
épargnants qui sont tombés dans leurs filets de solutions miracles. Car c'est à côtés des
alchimistes que Dante plaçait les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEilbcFb97DWqYJPSYIfXaEstwWe0xFzsjcMHcx-sj77JLlrtklzl42hEzZFOW30CHiZ5nAVpsQP0Ujh-bEZGDt22lB72Nz_LBF4j7bwbEjkbxLS4DLDJo0ezAO-eh24Thv3G1-ngseA3nY/h120/Faux_monnayeurs.jpg">faux-monnayeurs</a> dans un cercle infernal qui
ressemblait à une immense <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhcWmEaLgr0pADz9uSZTw4QMtdycbVfU2detvbbbHDefKcgOMgIbVx74TAc8Bbdbx3mDppd8l0uMCRSWsLBt_lOPOEyCYzxhyphenhyphenXPAowKgYWFd95oTw-hymQDyFEOPDMaFGUMSDLL7eZCOMY/h120/416320273.jpg">léproserie </a>où les damnés se fouillaient le corps de
leurs doigts squelettiques. Et de fait, du rêve de la richesse surnaturelle,
magique, c'est à travers l'alchimie qu'on crût trouver les premières méthodes
de trafiquer des espèces.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Lucida Grande";">Dans cette
léproserie puante, Dante rencontre Griffolino d’Arezzo qui dupa le prince un peu
simplet du coin, </span><span style="font-family: "Lucida Grande";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhcWmEaLgr0pADz9uSZTw4QMtdycbVfU2detvbbbHDefKcgOMgIbVx74TAc8Bbdbx3mDppd8l0uMCRSWsLBt_lOPOEyCYzxhyphenhyphenXPAowKgYWFd95oTw-hymQDyFEOPDMaFGUMSDLL7eZCOMY/s1600/416320273.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhcWmEaLgr0pADz9uSZTw4QMtdycbVfU2detvbbbHDefKcgOMgIbVx74TAc8Bbdbx3mDppd8l0uMCRSWsLBt_lOPOEyCYzxhyphenhyphenXPAowKgYWFd95oTw-hymQDyFEOPDMaFGUMSDLL7eZCOMY/s1600/416320273.jpg" height="256" width="320" /></a>Albert de Sienne. Il prétendait, comme Simon le Magicien,
pouvoir s’envoler dans les airs. Pris à son propre jeu, le duc de Sienne s’en
trouva fort colère et condamna Griffolino au bûcher. Mais, comme le dit le damné
à ses visiteurs : «<i>c’est pour m’être livré à l’alchimie, que l’infaillible
Minos m’a condamné à rouler dans la dixième vallée</i>». Si le Moyen Âge ne
pourchassa pas les sorcières, comme on le prétendit au XIXe siècle, il n’avait
guère de sympathies pour les alchimistes.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Lucida Grande";">Dans l’<i>Inferno </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">de Dante, la fausse
monnaie n’est pas la seule à précipiter les damnés dans la dixième vallée des ombres.
Trafiquer un testament est tout à fait comparable à truquer des pièces de
monnaie. Voilà pourquoi Gianni Schicchi mord l’infâme Cappochio à la </span><span style="font-family: "Lucida Grande";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhIShfyq6Nq1VN7MkYQsWcZPBq3HgHzHdhmyCY7v8CKMUv18mHL7MLqUj6NalQYjtEGjWebV0HU5F33LTgb8cFhbyVyZeFAVk_stccSKIKJn6qcl_aQ_joykNZ98sGtBNvYcWUINKrgA6k/s1600/Inferno_Canto_29,_Gustave_Dor%C3%A8.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhIShfyq6Nq1VN7MkYQsWcZPBq3HgHzHdhmyCY7v8CKMUv18mHL7MLqUj6NalQYjtEGjWebV0HU5F33LTgb8cFhbyVyZeFAVk_stccSKIKJn6qcl_aQ_joykNZ98sGtBNvYcWUINKrgA6k/s1600/Inferno_Canto_29,_Gustave_Dor%C3%A8.jpg" height="260" width="320" /></a>gorge,
comme une bête vicieuse. Ce Cappochio est encore plus explicite de la pensée de
Dante que <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhIShfyq6Nq1VN7MkYQsWcZPBq3HgHzHdhmyCY7v8CKMUv18mHL7MLqUj6NalQYjtEGjWebV0HU5F33LTgb8cFhbyVyZeFAVk_stccSKIKJn6qcl_aQ_joykNZ98sGtBNvYcWUINKrgA6k/h120/Inferno_Canto_29,_Gustave_Dor%C3%A8.jpg">Griffolino </a>: «<i>c’est moi qui falsifiait les métaux dans des
opérations alchimiques</i>», et pour traduire sa misérable situation par un mot
d’esprit, ajoute : «<i>tu dois te souvenir, si je ne m’abuse, que j’ai
toujours été un singe très adroit</i>». La falsification des métaux, c’est
transformer le métal vil (le plomb) en or. Ce rêve des temps anciens n’était ni
plus ni moins considéré comme un acte démoniaque, une sorte de contrat avec les
forces du Mal qui seules, à la densité calorifique de l’enfer, pouvait, comme
nous actuels fours utilisés dans la haute industrie métallurgique, transformer le plomb en or.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Lucida Grande";">C’est alors que
Gianni Schicchi se précipite sur Cappochio, l’assommant, lui labourant le
ventre en le traînant sur le sol âpre. Pour les amateurs d’opéra, Gianni
Schicchi est une sorte de Scapin ou de maître Pathelin qui prend par la ruse la
cupidité des courtisans. Cet opéra de Giacomo Puccini présenté à New York un
mois après la cessation des hostilités de la Grande Guerre, en décembre 1918,
se veut une sorte de farce mais </span><span style="font-family: "Lucida Grande";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgBNbVd0Qm6hHAV7BZWzwd3s6aR5YNSJB3BvXRPNvv5f61St0pU8zxoQffj4lG09SjQd9oNSmjsyCUvsE7CbPRwiO_pZrCqCNZentowUE0wmw5UyS-qegujCDXR22NWWGEqn7kYlVhGCs0/s1600/9e50bdeefff11ab43e372c7d62e6f40eed2620.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgBNbVd0Qm6hHAV7BZWzwd3s6aR5YNSJB3BvXRPNvv5f61St0pU8zxoQffj4lG09SjQd9oNSmjsyCUvsE7CbPRwiO_pZrCqCNZentowUE0wmw5UyS-qegujCDXR22NWWGEqn7kYlVhGCs0/s1600/9e50bdeefff11ab43e372c7d62e6f40eed2620.jpg" height="400" width="321" /></a>dont le chant le plus profondément marquant
reste la complainte <i>O mio babbino caro.</i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";"> L’opéra raconte comment à Florence,
du temps de Dante (XIIIe siècle), Buoso Donati avait légué par testament tous
ses biens au clergé. À sa mort, sa famille, affolée fit appel au serviteur
sournois, Gianni Schicchi, qui imagine se substituer au défunt pour dicter au
notaire un nouveau testament. Ce faisant, il en profite pour s’attribuer tous
les biens du disparu. Nous sommes loin du personnage enragé auquel le Dante
fait allusion dans son poème. Mais nous reconnaissons l’idée que faux testament
comme fausse monnaie appartiennent au même ordre des crimes économiques :
le détournement des biens de leur objectif, de leur fonction ou délestés de
leurs valeurs. C’est donc le peintre <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgBNbVd0Qm6hHAV7BZWzwd3s6aR5YNSJB3BvXRPNvv5f61St0pU8zxoQffj4lG09SjQd9oNSmjsyCUvsE7CbPRwiO_pZrCqCNZentowUE0wmw5UyS-qegujCDXR22NWWGEqn7kYlVhGCs0/h120/9e50bdeefff11ab43e372c7d62e6f40eed2620.jpg">William Bouguereau</a> qui </span><span style="font-family: "Lucida Grande";"><span style="font-family: "Lucida Grande";">traduira</span>, avec
sa maîtrise académique de la peinture poussée jusqu’à la limite du <i>kitsch, </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">la scène violente de Gianni Schicchi mordant Cappochio à la gorge
(1850). Plus qu’un faquin, le Gianni Schicchi de Bouguereau est un véritable
diable, plus terrifiant encore que l’hérétique alchimiste. Aucune métaphore
caricaturale n’est parvenue, de nos jours, à illustrer le bandit à cravate que
le coup de pinceau de Bouguereau qui entendait, en reprenant le thème de Dante
et Virgile aux enfers, égaler Delacroix et Gustave Doré.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Lucida Grande";">L’alchimiste? Hérétique, sorcier ou savant? Les sens s’entremêlent pour définir ce que fut
vraiment l’alchimiste occidental. Des différents lieux d’origine – l’Asie
centrale, le Moyen-Orient lié aux antiques </span><span style="font-family: "Lucida Grande";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgMkzytrRkFkD9Rqu1N1G61vwfgF3o74qCVi-ZibTIhcNjgXv1xzVhFoi6KJnP8ZUFtcM8QKX3WoW9g_QIvNekWNAwnGuPLElsAa8r7bNyqw-PcI43q3jHlW-X9t8uFyxY3R2_y-iApgEQ/s1600/448px-Silvester_II._and_the_Devil_Cod._Pal._germ._137_f216v.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgMkzytrRkFkD9Rqu1N1G61vwfgF3o74qCVi-ZibTIhcNjgXv1xzVhFoi6KJnP8ZUFtcM8QKX3WoW9g_QIvNekWNAwnGuPLElsAa8r7bNyqw-PcI43q3jHlW-X9t8uFyxY3R2_y-iApgEQ/s1600/448px-Silvester_II._and_the_Devil_Cod._Pal._germ._137_f216v.jpg" height="320" width="238" /></a>civilisations, l’Espagne musulmane
-, c’est surtout de cette dernière que le moine Gerbert d’Aurillac, né entre
945 et 950 et mort le 12 mai 1003 sous le chef de la tiare pontificale,
puisqu’il avait été élu pape sous le nom de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgMkzytrRkFkD9Rqu1N1G61vwfgF3o74qCVi-ZibTIhcNjgXv1xzVhFoi6KJnP8ZUFtcM8QKX3WoW9g_QIvNekWNAwnGuPLElsAa8r7bNyqw-PcI43q3jHlW-X9t8uFyxY3R2_y-iApgEQ/h120/448px-Silvester_II._and_the_Devil_Cod._Pal._germ._137_f216v.jpg">Sylvestre II</a> (999-1003), et
le mystique Raymond Lulle (1232-1315), le premier d’Auvergne, le second de
Catalogne, auraient appris l’art de l’alchimie véhiculé par les Arabes. Gerbert
fut en tous cas un merveilleux technicien, capable de construire des
automates, plus précisément des appareils hydrauliques qui exécutaient
d’eux-mêmes des airs musicaux! Mais le moment d’éclosion de l’alchimie apparaît
au tournant du XIVe siècle. C’est un moment privilégié, surtout en France, où
la monarchie féodale commence à prendre des airs d’État avec le règne de
Philippe IV le Bel (1268-1314) et la passion pour la diffusion des
connaissances qui ne relèvent pas de la théologie.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Lucida Grande";">Pourquoi l’époque
de Philippe le Bel? Parce que le roi en accédant au trône s’est trouvé
l’héritier de Philippe-Auguste et de saint Louis, des rois guerriers qui
avaient coûté particulièrement cher au Trésor. Le </span><span style="font-family: "Lucida Grande";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhIXjh3h70uLZO7Vtuw-Glhwc0UsgHoPNJIaNXZblUo07CDSBsH7SFpja5-lcjV4ZY8SKkIkTF94B9ZSMtwJ4fVOBrAP_KTYhnuT_XAlxbYBIgyfJARdrAIgv7Oxc_kgX_jLuAFeyV7iL4/s1600/Philip_IV.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhIXjh3h70uLZO7Vtuw-Glhwc0UsgHoPNJIaNXZblUo07CDSBsH7SFpja5-lcjV4ZY8SKkIkTF94B9ZSMtwJ4fVOBrAP_KTYhnuT_XAlxbYBIgyfJARdrAIgv7Oxc_kgX_jLuAFeyV7iL4/s1600/Philip_IV.jpg" height="400" width="292" /></a>besoin d’argent était si
grand que Juifs, Lombards et Templiers ne suffisaient pas à fournir de l’argent
au «roi de fer», et <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiZXqd8B_9snSgJvtIDQRzVoq3HQPMBE7KzIAuGbuD3RxIAfb3K-4kY4BF0Igr8I2gWCFF76FkzVK1zYM17F07IV5mvsAnAyvm252zTYTXs3QT6EvR3nvb8gpf5HLkHM7r4l4awysFRwx0/h120/Philip_IV.jpg">Philippe le Bel</a> poursuivait la politique militaire
d’unification des provinces autour de l’État central, Paris. Le crise
financière qui frappa le royaume au début du XIVe siècle mettait les acquis de
la féodalité capétienne en danger. D’où les problèmes de monnaie qui firent de
Philippe le fameux «roi faux-monnayeur» de l’historiographie républicaine du
XIXe siècle. Heureusement, le roi avait un excellent conseiller en Enguerran de
Marigny (±1250-1315), homme cultivé et excellent administrateur dans les cadres
que lui permettait la féodalité. En ce sens, c’est lui le véritable
responsable de la politique monétaire du roi. Le fait est que la crise
engendrée par l’état de guerre va inaugurer les premières réflexions
positives sur la monnaie.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Lucida Grande";">Comme le rappelle
Jean Favier, «<i>la monnaie est chose du roi».</i> La redécouverte d’Aristote et de
ses écrits rappelle que «<i>la monnaie n’existe pas dans la nature. Elle n’existe
que par la Loi. Il dépend de nous de la changer, et de la rendre inutile, si
nous le voulons</i>». (cité In J. Favier. <i>Philippe le Bel, </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">Paris, Fayard,
1978, p. 142). Les légistes en tirent la conséquence qu’il appartient au
roi de définir la valeur de la monnaie. Que l’on ajoute à ceci la fonction
prêtresse du monarque, et déjà une plus-value s’ajoute à la valeur même du
métal : «<i>Que la monnaie tienne sa valeur de l’empreinte frappée sur le
métal, autant et peut-être plus que de la valeur marchande du métal, c’est ce
que soutiennent les légistes. Signe, mesure, la monnaie est chose arbitraire,
que la volonté humaine peut changer. Même si, constatant que la rognure des
pièces diminue leur valeur, les philosophes et les juristes conviennent qu’on
distingue mal la valeur-métal et la valeur-monnaie, et qu’en fait l’espèce
monétaire est aussi une marchandise, la plupart s’accordant pour juger que
l’authenticité conférée par le prince</i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjDkhq89yTmKLfs-NE8JKyUM7ktd93Qkcf3mIqMJYfZtRQU-Yt6a9hxz0BOPoFvvL4iRooUHuJH98blBfJ31htp0Sz_dN_CKm5b827KbqyBzqNE6v9bRpGt69drCNK5RWK0clqhJSPlYb4/s1600/Denier_%C3%A0_la_masse_Philippe_le_Bel.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjDkhq89yTmKLfs-NE8JKyUM7ktd93Qkcf3mIqMJYfZtRQU-Yt6a9hxz0BOPoFvvL4iRooUHuJH98blBfJ31htp0Sz_dN_CKm5b827KbqyBzqNE6v9bRpGt69drCNK5RWK0clqhJSPlYb4/s1600/Denier_%C3%A0_la_masse_Philippe_le_Bel.jpg" height="160" width="320" /></a>b à la monnaie procède d’un droit et crée
en revanche des devoirs</i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">» (J. Favier. <i>Ibid. </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">p. 143). Ce pouvoir
discrétionnaire du roi sur la valeur de la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjDkhq89yTmKLfs-NE8JKyUM7ktd93Qkcf3mIqMJYfZtRQU-Yt6a9hxz0BOPoFvvL4iRooUHuJH98blBfJ31htp0Sz_dN_CKm5b827KbqyBzqNE6v9bRpGt69drCNK5RWK0clqhJSPlYb4/h120/Denier_%C3%A0_la_masse_Philippe_le_Bel.jpg">monnaie </a>et la confusion entre le support
métallique et la valeur symbolique sont à l’origine des mesures horrifiantes que va prendre Philippe. Car si le prince représente et gouverne la communauté : il a donc le
droit de toucher à la monnaie – et le pape Innocent IV lui reconnaît ce droit
d’accorder une valeur supplémentaire en état d’urgence «<i>en raison de ce qu’elle
participe de la juridiction du roi, de son autorité et de sa personne</i>» (cité in
J. Favier. <i>Ibid. </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">p. 144) -, mais ceci «<i>dans les limites qu’impose
l’intérêt commun</i>». Identifiant ses besoins à l’intérêt commun, Philippe ouvre
la porte à l’absolutisme qui se développera après le siècle de guerres qui va
opposer royaumes de France et d’Angleterre, puis les branches des Valois à celle des
Bourguignons.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Lucida Grande";">Le XIIIe siècle a
été un siècle de développement commercial extraordinaire. La valeur des
échanges en a affecté celle des monnaies. Le Trésor royal doit constamment jouer sur le poids des pièces en fonction des types de transaction. De plus, la
France manque de métaux, or et argent. «<i>Ainsi se met en place le premier des
éléments de l’instabilité monétaire : le décrochement du rapport simple
qui unissait les monnaies en fonction de leur valeur intrinsèque, c’est-à-dire
du poids d’argent fin qu’elles contenaient. Le marché monétaire assure ce
décrochement : le besoin qu’on a d’une pièce n’est pas nécessairement égal
à celui qu’on a d’une autre : on ne paie pas son cresson avec une trop
grosse pièce, on ne paie pas une maison avec de trop petites. La spéculation
s’en mêle, jouant de la différence entre le cours légal des espèces et le cours
du métal sur le marché monétaire. Pour limiter ce jeu, et faute de </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";"><i><span style="font-family: "Lucida Grande";"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjG3BrzWOg8SD9RVeC1CyyC_ks1Gh9kgHrY7GX7NzrGbuCisihOstNRXtfUb5OxMmaGPP0aq5yaRjoKu2-ScihQCbp2m7S2EytLg_GS6XMRnbGn12I8spFUXCWwF7r0Ztvw50OXaEQQzFM/s1600/medium_philippe_le_bel_et_revoltes.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjG3BrzWOg8SD9RVeC1CyyC_ks1Gh9kgHrY7GX7NzrGbuCisihOstNRXtfUb5OxMmaGPP0aq5yaRjoKu2-ScihQCbp2m7S2EytLg_GS6XMRnbGn12I8spFUXCWwF7r0Ztvw50OXaEQQzFM/s1600/medium_philippe_le_bel_et_revoltes.jpg" height="272" width="320" /></a></i></span>pouvoir agir
sur ce marché autrement qu’en y réinsérant du numéraire par le décri des
anciennes espèces et la frappe de nouvelles, le gouvernement royal se doit d’ajuster
de temps à autre les deux cours. Changement de poids et de titre, parfois
simple changement du cours légal le plus souvent, ces </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";"><i>mutations sont assez mal
comprises : on incrimine la spéculation des changeurs et manieurs d’argent
de toutes sortes, et la présence d’hommes d’affaires dans l’entourage royal –
les Italiens comme Biche et Mouche, mais aussi les grands bourgeois de Paris,
les Barbou, les Cocatrix, les Gencien – incite l’opinion publique à penser que
les mutations de la monnaie royale entrent dans la spéculation plus qu’elles
n’y obvient. On peut penser qu’il y a, dans cette vue simpliste des choses, pas
mal de vrai</i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">» (J. Favier. <i>Ibid. </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">pp. 145-146). L’idée de malfaisance liée à la spéculation et aux <i>traders</i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";"> date de cette époque et les bourgeois comme les paysans de l'époque n'hésitent pas à se <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjG3BrzWOg8SD9RVeC1CyyC_ks1Gh9kgHrY7GX7NzrGbuCisihOstNRXtfUb5OxMmaGPP0aq5yaRjoKu2-ScihQCbp2m7S2EytLg_GS6XMRnbGn12I8spFUXCWwF7r0Ztvw50OXaEQQzFM/h120/medium_philippe_le_bel_et_revoltes.jpg">soulever </a>lorsque la crise monétaire devient trop âpre à supporter.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Lucida Grande";">Mais la solution
malfaisante vient de l’État lui-même. C’est lui que les moralistes visent en
premier. «<i>Selon tous les moralistes,</i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";"> rappelle Favier, <i>la pire des
mutations est celle qui change le titre du métal – la teneur en or ou en argent
fin – sans changer l’aspect extérieur de la monnaie : le changeur a
lui-même de la peine à déterminer le titre, et l’homme de la rue s’y perd.
C’est, dit-il, une tromperie. Mais aucune des mutations opérées par Philippe le
Bel ne peut véritablement passer pour clandestine. Annonçant la première grande
mutation, celle de 1295, le roi précise bien, dans son ordonnance, qu’il a
décidé de frapper une monnaie qui “pourrait être inférieure en poids ou en
aloi” à celle de ses prédécesseurs</i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">» (J. Favier. <i>Ibid. </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">pp. 148-149). Mais
les guerres coûteuses et l’instabilité monétaire forcent régulièrement le roi à
«rogner» les pièces d’or et d’argent. Et comme la petite monnaie circule
davantage que les gros d’argent, ce sont sur elle que les «mutations» vont
s’opérer davantage. Comme le rappelle encore Favier : «<i>C’est pour les
piécettes d’appoint, deniers du début, doubles de 1295, bourgeois doubles et
simples de 1311, que la mutation portant sur le titre apparaît systématique.
Monnaie usuelle du petit paiement, et donc du menu peuple, la monnaie “noire”
pouvait tromper les non-avertis. En un cas, mais en un seul, la duperie semble
évidente : le double tournois de 1303 est taillé à 170 au marc, </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";"><i><span style="font-family: "Lucida Grande";"><i><span style="font-family: "Lucida Grande";"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh1q8jLbyzqRPxF7Rt5lTIb4TzAo4ro8DonhlRforfgz0hKF8kAtmpQRTOQgqgkl027ZAR1D3WvrXrx2PHW2odSRN8swYwkwURkNTpmXssSMBTdFoUBfjNlFzmEmoCPNM6u5I8aChPbrks/s1600/463_001.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh1q8jLbyzqRPxF7Rt5lTIb4TzAo4ro8DonhlRforfgz0hKF8kAtmpQRTOQgqgkl027ZAR1D3WvrXrx2PHW2odSRN8swYwkwURkNTpmXssSMBTdFoUBfjNlFzmEmoCPNM6u5I8aChPbrks/s1600/463_001.jpg" height="225" width="400" /></a></i></span></i></span>comme
celui de 1295, et il a comme celui-ci un cours légal de deux deniers tournois,
ce qui peut masquer une dé-</i></span><br />
<span style="font-family: "Lucida Grande";"><i>valuation de 250 pour 100 à ceux qui ignorent – si
tant est que quelqu’un peut ignorer la chose – que la teneur en métal fin est
tombée de plus de moitié : de 4 deniers 18 grains à 2 deniers d’aloi, soit
de 40 à 17 pour 100. Cette crise de 1303 est vraiment la seule crise grave, et
la seule où la bonne foi du gouvernement royal puisse être suspectée. Lorsqu’il
faut en 1311 substituer à nouveau au denier de saint Louis une monnaie
sensiblement altérée, ce sont espèces tout à fait nouvelles que l’on frappe,
des “<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh1q8jLbyzqRPxF7Rt5lTIb4TzAo4ro8DonhlRforfgz0hKF8kAtmpQRTOQgqgkl027ZAR1D3WvrXrx2PHW2odSRN8swYwkwURkNTpmXssSMBTdFoUBfjNlFzmEmoCPNM6u5I8aChPbrks/h120/463_001.jpg">bourgeois</a>“, dont le titre est aussi léger que le poids et dont le revers,
portant ce mot, </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">bourgeois, <i>sans doute par flatterie envers les villes, ne peut
laisser place à la moindre confusion avec les espèces précédentes</i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">» (J. Favier. <i>Ibid.
</i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">pp.
149-150).</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Lucida Grande";">Dante connaissait
très bien les «mutations» que faisaient faire Philippe le Bel à sa monnaie,
pourtant, il ne le place pas dans le cercle des faux-monnayeurs. Certes, il
écrira :</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 54pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Lucida Grande";"><i>On verra là le
deuil que répand sur la Seine,</i></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-left: 54pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Lucida Grande";"><i>Falsifiant la
monnaie,</i></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin-left: 54pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Lucida Grande";"><i>Celui
qui mourra d’un coup de sanglier.</i></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Lucida Grande";">Mais, comme le note
Favier, «<i>la sincérité n’excuse pas la confusion. Dante n’a d’ailleurs jamais
écrit que Philippe le Bel fit de la fausse monnaie : pour faire de la
fausse monnaie, le roi de France aurait dû émettre de faux florins de Florence
ou de faux esterlins anglais. Un faux-monnayeur, c’est celui qui bat monnaie
alors qu’il n’en a pas le droit. Dante le savait, qui n’accusait le Capétien
que d’avoir “falsifié“ </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">la <i>monnaie, c’est-à-dire la monnaie de compte. Même
Dante, avec toute sa haine, en dit moins que ce qu’ont voulu lire en ce chant
XIX du </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">Paradis <i>ceux qui veulent à tout prix avoir vu le roi faux-monnayeur
dans son </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">Enfer» (J. Favier. <i>Ibid. </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">p.150).</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Lucida Grande";">Arrêtons ici notre
couverture des problèmes financiers de Philippe le Bel. On sait les
conséquences dramatiques qu’en paieront les Juifs, exclus de France afin que le
Trésor puisse s’emparer non seulement des </span><span style="font-family: "Lucida Grande";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi_IyRE1y3VkWKhiCN5YVx9YUDliSm1CT2R6M2_LClAR50t443z4cUdg13sfZ6kcNe-yFRHYKVOCZb54waFAyCw7iMB6h4w33Hc3xpIv9r1j300Lk8sh7AuSLBUE_BEZpl9UTDDUlg7Eqk/s1600/Le+feu++Templier.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi_IyRE1y3VkWKhiCN5YVx9YUDliSm1CT2R6M2_LClAR50t443z4cUdg13sfZ6kcNe-yFRHYKVOCZb54waFAyCw7iMB6h4w33Hc3xpIv9r1j300Lk8sh7AuSLBUE_BEZpl9UTDDUlg7Eqk/s1600/Le+feu++Templier.jpg" height="272" width="400" /></a>intérêts mais également des capitaux
et des biens immobiliers des prêteurs, tout comme le triste sort subit par les
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi_IyRE1y3VkWKhiCN5YVx9YUDliSm1CT2R6M2_LClAR50t443z4cUdg13sfZ6kcNe-yFRHYKVOCZb54waFAyCw7iMB6h4w33Hc3xpIv9r1j300Lk8sh7AuSLBUE_BEZpl9UTDDUlg7Eqk/h120/Le+feu++Templier.jpg">Templiers </a>dont le Grand Maître, Jacques de Molay, fut brûlé dans une île de la même Seine où s’était
répandue, selon Dante, la monnaie falsifiée. Derrière des raisons théologiques,
d’hérésies, de sodomie et autres fadaises, le roi liquida ses créanciers. Et
s’il mourut des suites d’une chasse au sanglier, son conseiller, Enguerran de
Marigny fut sacrifié par son successeur, Louis X le Hutin, à l’échafaud de
Montfaucon, éloignant d’un roi faible un conseiller honni des barons et méprisé
de la foule qui reportait sur sa responsabilité toutes les «mutations» de la monnaie royale.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Lucida Grande";">Car le mot qui nous fait transiter du falsificateur à l’alchimiste et au faux-monnayeur,
c’est celui de «mutation», car c’est une <i>mutation </i>que l’on attend bien des
alchimistes. Au moment des «mutations» de 1303 et de 1311, un médecin se
faisait connaître aussi pour ses talents d’alchimiste : <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgByH-ieGGVJuo9c2S4D7Tf-Ry4ResIdEqfSczAgt8z8J1Rvt_w-QuTLsMsSdUZoKkgu-grzsPHQZmMmOV1SvYTywYZvjYTLZOdtreNWa3wBQaGed-53KTwaBWeKoxFWrhqXjpjooIHBrs/h120/arnodv_2.jpg">Arnaud deVilleneuve </a></span><span style="font-family: "Lucida Grande";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgByH-ieGGVJuo9c2S4D7Tf-Ry4ResIdEqfSczAgt8z8J1Rvt_w-QuTLsMsSdUZoKkgu-grzsPHQZmMmOV1SvYTywYZvjYTLZOdtreNWa3wBQaGed-53KTwaBWeKoxFWrhqXjpjooIHBrs/s1600/arnodv_2.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgByH-ieGGVJuo9c2S4D7Tf-Ry4ResIdEqfSczAgt8z8J1Rvt_w-QuTLsMsSdUZoKkgu-grzsPHQZmMmOV1SvYTywYZvjYTLZOdtreNWa3wBQaGed-53KTwaBWeKoxFWrhqXjpjooIHBrs/s1600/arnodv_2.jpg" height="400" width="263" /></a>(±1235-1310). Il était donc l’exact contemporain de Philippe le Bel et
pratiqua sa profession aussi bien à Aix qu’à Paris avant de finir recteur de la célèbre
université de Montpellier, reconnue comme étant l’université de la médecine
comme l’université de Bologne était celle du droit. C’est donc en tant que
médecin que fut reconnu Arnaud. Ce dernier d'ailleurs était déjà un esprit positif dans la
mesure où son approche de la médecine, comme celle de l’alchimie, reposait sur
l’observation des phénomènes. Il est l’auteur du <i>Rosaire philosophique, </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">son principal
traité d’alchimie, et du <i>Chemin du chemin, </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">où il décrit ainsi sa méthode qui n’a
rien de farfelue : «<i>Chaque chose est composée des éléments en lesquels
on peut la décomposer. Citons un exemple impossible à nier et facile à
comprendre : la glace à l’aide de la chaleur se résout en eau, donc c’est
de l’eau. Or, tous les métaux se résolvent en mercure ; donc ce mercure
est la matière première de tous les métaux .J’enseignerai plus loin la manière
de faire cette transmutation, détruisant ainsi l’opinion de ceux qui prétendent
que la forme des métaux ne peut être changée. Ils auraient raison si l’on ne
pouvait réduire les métaux en leur matière première, mais je montrerai que
cette réduction à la matière première est facile et que la transmutation est
possible et faisable</i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">» (cité in S. Hutin. <i>Histoire de l’alchimie, </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">Verviers, Gérard,
Col. Marabout Université, # MU223, 1971, p. 148).</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Lucida Grande";">D’où venait la
«science» d’Arnaud? C’était un grand voyageur, nous rappellent MM. Caron et
Hutin : «<i>…ses voyages le menèrent à Barcelone, à Palerme et à Florence.
Revenu à Paris, il s’y vit, à nouveau, attaqué par des théologiens et dut
chercher refuge en Sicile où Frédéric II de Hohenstaufen le prit sous sa
protection. Le pape Clément V, malade de la pierre, le manda en Avignon,
promettant son pardon en échange de sa guérison. Faisant voile à destination de
la France, Arnaud de Villeneuve </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiMnhJTnrMbfb1-UX-VfB5WzloXsRQwxIAk4sFbsPTlg-2F-IdymrU8Y-U6OKPrc5m31ut6hpCUZpizy1NxGb7ixNhqYzqFw8TkfWblwzwYqXk0wtCLoU_-uwyF8OPRps81526WCrno-w0/s1600/arnaud_villeneuve.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiMnhJTnrMbfb1-UX-VfB5WzloXsRQwxIAk4sFbsPTlg-2F-IdymrU8Y-U6OKPrc5m31ut6hpCUZpizy1NxGb7ixNhqYzqFw8TkfWblwzwYqXk0wtCLoU_-uwyF8OPRps81526WCrno-w0/s1600/arnaud_villeneuve.jpg" height="178" width="320" /></a>mourut dans un naufrage en vue de Gênes, où il
fut enseveli en 1313</i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">» (M. Caron et S. Hutin. <i>Les Alchimistes, </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">Paris, Seuil, Col.
Le temps qui court # 16, 1959, pp. 32-33) C’était une chance pour lui car
alerté par des ouvrages douteux portant sa signature, le grand inquisiteur de
Tarragone les fit brûler, pour cause d’hérésie, en 1316. Est-ce au cours de
tous ces déplacements qu’<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiMnhJTnrMbfb1-UX-VfB5WzloXsRQwxIAk4sFbsPTlg-2F-IdymrU8Y-U6OKPrc5m31ut6hpCUZpizy1NxGb7ixNhqYzqFw8TkfWblwzwYqXk0wtCLoU_-uwyF8OPRps81526WCrno-w0/h120/arnaud_villeneuve.jpg">Arnaud </a>fut initié à la connaissance de la pierre
philosophale? Quoi qu’il en soit, celle-ci était déjà présentée comme la pierre
permettant toutes les «mutations» des métaux, …comme le mercure est à l’origine
de tous les métaux. Pour l’époque, les estimations concernant les quantités
d’or qu’on pensait pouvoir obtenir par l’intermédiaire de cette pierre sont à
faire rêver : Arnaud attribuait à la pierre philosophale un pouvoir de
conversion s’exerçant sur cent parties de métal impur, le franciscain Roger
Bacon optait, lui, pour cent mille parties et Isaac le Hollandais s’arrêtait à
un million! Il y avait là de quoi faire rêver les rois les plus belliqueux ou
les barons les plus prodigues. Les visions mystiques d’Arnaud de Villeneuve
sont sans fin : «<i>Quand toute l’eau de la mer serait du vif-argent bouilli,
ou du plomb fondu, si on saupoudrait cette immense quantité de liquide d’un peu
de ce Remède, elle deviendrait de l’or ou de l’argent</i>» (Cité in M. Caron et S.
Hutin. <i>Ibid. </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">p. 74). Voilà en quoi le Grand Œuvre était véritablement grand!</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Lucida Grande";">Ce serait en 1286
qu’Arnaud de Villeneuve aurait rencontré le catalan <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiqfnWW7kLPfwJWj9ZnrZUrMQ0lCk_0A1PFuXj6X9tc7dOEgDiei585XpmLeKtUFGxwjcUDwJsHDNzNT0DclDEjVMcsDEXhUgL0OqKXR75J_p6VUjRAz2nIHQ5D6fWrWrE5xhhioS6xW1c/h120/raymond_lulle_45_01.jpg">Raymond Lulle</a> à Rome. Poète
puis mystique, le descendant des anciens souverains des Baléares (où il est né)
appartient encore à la génération </span><span style="font-family: "Lucida Grande";">de la révolution courtoise. On connaît son
parcours légendaire et tout à fait typique du jeune prince </span><span style="font-family: "Lucida Grande";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiqfnWW7kLPfwJWj9ZnrZUrMQ0lCk_0A1PFuXj6X9tc7dOEgDiei585XpmLeKtUFGxwjcUDwJsHDNzNT0DclDEjVMcsDEXhUgL0OqKXR75J_p6VUjRAz2nIHQ5D6fWrWrE5xhhioS6xW1c/s1600/raymond_lulle_45_01.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiqfnWW7kLPfwJWj9ZnrZUrMQ0lCk_0A1PFuXj6X9tc7dOEgDiei585XpmLeKtUFGxwjcUDwJsHDNzNT0DclDEjVMcsDEXhUgL0OqKXR75J_p6VUjRAz2nIHQ5D6fWrWrE5xhhioS6xW1c/s1600/raymond_lulle_45_01.jpg" height="400" width="301" /></a>richissime, raffiné
mais désœuvré et dissolu, qui aurait poursuivi de ses attentions une jeune veuve
qu’il souhaitait conquérir jusque dans l’église où elle pratiquait ses
dévotions. Sans doute exaspéré par ce soupirant peu subtil, elle le conduisit
dans un endroit privé où, à son joli visage qui faisait frémir de désir le
jeune Lulle, elle lui montra ses seins dévorés de cancer. Frappé par cette
confrontation, Raymond sombra dans un mysticisme qui le plongea dans
l’obsession de convertir les Infidèles, c’est-à-dire les Sarrasins du Nord de
l’Afrique. C’est sans doute en les fréquentant qu’il eut accès aux premiers
écrits alchimistes du monde arabe. Le «Docteur illuminé» y écrira son <i>Ars
magna sciendi, </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">son Grand Art du Savoir, un essai de construction logique qui visait à
énoncer correctement tous les problèmes, de répondre à toutes les questions, de
formuler – quelle que soit l’interrogation – une réponse rigoureuse et évidente
afin de démontrer aux musulmans l’irréfutable vérité de la pensée chrétienne.
C’est ainsi qu’il cabota le long des côtes «barbaresques» de l’actuelle Algérie où au port de
Bougie, il fut lapidé par des fanatiques musulmans. On le ramena fort mal en
point et il mourut sur le navire qui le ramenait à Majorque le 29 juin 1315.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br />
<span style="font-family: "Lucida Grande";">Or, comble du
paradoxe, il est démontré aujourd’hui qu’aucun des traités attribués à Lulle
n’est authentique. </span><span style="font-family: "Lucida Grande";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhwnyYdOt4kiGGHQvmqTbnuYktHWwQ5_Q3ADrEJjWSjV0Fc7sR9-0tsThbD5etZX6tac1Vn2UMBkRXSpo5Z5EQHUonmAk8KK7l457GD7TnPhecaShvG0QVk3HFwubA7TPn_cGRISBaanrM/s1600/Alchimie_de_Flamel_1.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhwnyYdOt4kiGGHQvmqTbnuYktHWwQ5_Q3ADrEJjWSjV0Fc7sR9-0tsThbD5etZX6tac1Vn2UMBkRXSpo5Z5EQHUonmAk8KK7l457GD7TnPhecaShvG0QVk3HFwubA7TPn_cGRISBaanrM/s1600/Alchimie_de_Flamel_1.jpg" height="320" width="254" /></a>On suppose qu’ils auraient été écrits par un Juif, Raymond
de Tarraga. Il en va de même de toutes les légendes qui ont court sur les
opérations alchimiques attribuées au dit Raymond Lulle. Toutes ces projections
ramènent à une chose : non seulement on cherchait la Pierre philosophale qui
pourrait «transmuter» le métal vil en or pur, mais le magicien qui pourrait
opérer une telle transmutation. Voilà pourquoi, avec les siècles, l’<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhwnyYdOt4kiGGHQvmqTbnuYktHWwQ5_Q3ADrEJjWSjV0Fc7sR9-0tsThbD5etZX6tac1Vn2UMBkRXSpo5Z5EQHUonmAk8KK7l457GD7TnPhecaShvG0QVk3HFwubA7TPn_cGRISBaanrM/h120/Alchimie_de_Flamel_1.jpg">alchimie</a> recouvrira d’une discipline exemplaire et morale les formules sensées permettre
de procéder à la «transmutation». À la fin, l’objectif aurique s’évanouissait
au fur et à mesure que l’ésotérisme envahissait l’alchimie. Il en sera ainsi au
siècle des courtisans avec le comte de Saint-Germain ou de purs escrocs comme
Cagliostro.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Lucida Grande";">Si certains féodaux
entretinrent, à l’exemple de Gilles de Rais, des alchimistes sensés renouveler
à volonté leur fortune, les théologiens et le clergé réagirent très vite à la
prétention vaine des alchimistes. On l’a vu avec le sort réservé aux œuvres
d’Arnaud de Villeneuve. Dès 1317, la bulle <i>Spondent pariter </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">déclarait : «<i>Les </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";"><i>malheureux alchimistes promettent ce qu’ils n’ont pas ! Quoiqu’ils se
croient sages, ils tombent dans l’abîme qu’ils creusent pour les autres. Ils se
donnent, d’une manière risible, comme les maîtres de l’alchimie, et prouvent
leur ignorance, en citant toujours des écrivains plus anciens; et bien
qu’ils </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";"><i><span style="font-family: "Lucida Grande";"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjAF0l_BJp1-vAiaS4NzaqveQDIyjd558Z-wUe-9eZG5d4VXeBuMLzILzCZ1sMcU_tMtYG0T2FFrhGw43lsYKWFqt2Q_f0bMNCymt-C-JirQNH43KpNtyQRrr4bzcDsv2EHXuyNoRiVDL0/s1600/Jean_XXII_b%C3%A9nissant_Bernard_Gui.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjAF0l_BJp1-vAiaS4NzaqveQDIyjd558Z-wUe-9eZG5d4VXeBuMLzILzCZ1sMcU_tMtYG0T2FFrhGw43lsYKWFqt2Q_f0bMNCymt-C-JirQNH43KpNtyQRrr4bzcDsv2EHXuyNoRiVDL0/s1600/Jean_XXII_b%C3%A9nissant_Bernard_Gui.jpg" height="400" width="358" /></a></i></span>ne puissent découvrir ce que ceux-ci n’ont pas trouvé non plus, ils
regardent encore comme possible de le </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";"><i>trouver à l’avenir. S’ils donnent un
métal trompeur pour de l’or et de l’argent véritables, ils le font avec une
quantité de mots qui ne signifient rien. L’audace a été trop loin; car,
par ce moyen, ils frappent de la fausse monnaie, et trompent ainsi les peuples.
Nous ordonnons que tous ces hommes quittent pour toujours le pays, ainsi que
ceux qui se font faire de l’or ou de l’argent, ou qui sont convenus avec les
trompeurs de leur payer cet or, et nous voulons que, pour les punir, on donne
aux pauvres leur or véritable. Ceux qui produisent ainsi de faux or et argent
sont sans honneur. Si les moyens de ceux qui ont enfreint la loi ne leur
permettent pas de payer cette amende, cette punition pourra être changée en une
autre mixtes, elles ne trouveront point grâce et seront privées de la dignité
ecclésiastique</i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">» (cité in S. Hutin. <i>Op. cit. </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">p. 140). La bulle de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjAF0l_BJp1-vAiaS4NzaqveQDIyjd558Z-wUe-9eZG5d4VXeBuMLzILzCZ1sMcU_tMtYG0T2FFrhGw43lsYKWFqt2Q_f0bMNCymt-C-JirQNH43KpNtyQRrr4bzcDsv2EHXuyNoRiVDL0/h120/Jean_XXII_b%C3%A9nissant_Bernard_Gui.jpg">Jean XXII</a> est
pour le moins ambiguë. Croit-il qu’il est possible de produire de l’or à
partir d’un métal vil? À première vue, selon lui, ce ne serait que charlatanisme. Et si
l’alchimie est une entreprise de fraude, l’or que l’on prétend avoir fabriqué
ne peut donc être que fausse monnaie. Les alchimistes livrent donc quelque chose
à leurs <i>sponsors, </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">mais ce ne saurait être de l’or authentique. Des
chimères, nous passons aux hérésies et croyons l’homme capable de modifier la
nature profonde crée par Dieu.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Lucida Grande";">Face à cette leçon
de lucidité pourtant, la quête du Grand Œuvre ne modèrera pas au cours des
XIVe-XVIIe siècle. Celle-ci se présentait comme une alternative aux problèmes
connus par Philippe le Bel et </span><span style="font-family: "Lucida Grande";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg3xoJip1KHYmw9OiYnbwJjTWbY_uj42pW1bAj_FNTsHAXv85f3jkR28ppysi8JpmQQYMkBxK9tzbWHZ7iDC0mxiYTc-EyfWCv-ZWIXN1z00FDtWTO6rMAmybJlfgIoWZO-O5bvEPlNYPA/s1600/Alchimiste-dans-son-laboratoire.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg3xoJip1KHYmw9OiYnbwJjTWbY_uj42pW1bAj_FNTsHAXv85f3jkR28ppysi8JpmQQYMkBxK9tzbWHZ7iDC0mxiYTc-EyfWCv-ZWIXN1z00FDtWTO6rMAmybJlfgIoWZO-O5bvEPlNYPA/s1600/Alchimiste-dans-son-laboratoire.jpg" height="400" width="375" /></a>qui ne cessera de s’imposer à toutes les
puissances avec la prochaine Guerre de Cent Ans. Par-delà, malgré les débats
théoriques autour de</span><span style="font-family: "Lucida Grande";"> la monnaie dont le plus connu demeure celui opposant
Malestroit à Jean Bodin, pour des vassaux peu intéressés aux argumentaires
théoriques, la séduction du rêve alchimique demeurait plus
alléchante : «<i>La <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg3xoJip1KHYmw9OiYnbwJjTWbY_uj42pW1bAj_FNTsHAXv85f3jkR28ppysi8JpmQQYMkBxK9tzbWHZ7iDC0mxiYTc-EyfWCv-ZWIXN1z00FDtWTO6rMAmybJlfgIoWZO-O5bvEPlNYPA/h120/Alchimiste-dans-son-laboratoire.jpg">recherche </a>d’une “pierre philosophale” offrant la
possibilité de transmuer les métaux les plus ordinaires en argent et en or,
passionna de nombreux seigneurs, rois et reines. Les uns rêvaient de ce faste
et de cette gloire qu’apporte avec elle la fortune; les autres, d’un moyen
rapide et (surtout) tenu secret de renflouer un trésor de guerre par trop
compromis, les fonds d’État imprudemment aventurés, voire quelque patrimoine
personnel jugé par trop insuffisant. Les usuriers et les prêteurs jouaient leur
rôle mais ils n’étaient pas de taille à lutter, avec leurs maigres avances
(qu’il fallait d’ailleurs songer à rembourser, et qui étaient chichement consenties),
contre le pactole miraculeux que promettaient de faire jaillir d’un vil morceau
de plomb des hommes prompts à flairer la bonne aubaine et rendus très hardis
par la naïveté de leurs victimes</i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">». (M. Caron et S. Hutin. <i>Op. cit. </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">p. 53).</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Lucida Grande";">Face à eux se
tenaient les magiciens, les hérétiques ou les fraudeurs : «<i>Les vrais
alchimistes, probes et savants, n’acceptaient de travailler aux cornues de
quelque altesse en mal d’écus que dans l’espoir d’agrandir le champ de leurs
connaissances, grâce aux moyens qui étaient mis à leur disposition. Des
empiriques, eux, s’aveuglaient singulièrement, mais avec beaucoup de sincérité,
sur leurs propres sensibilités et rêvaient éveillés, d’un miracle capable de
faire affluer l’or dans les creusets ou d’en faire ruisseler des gemmes
précieuses. Si ces sincères étaient rares, les “astucieux” foisonnaient</i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">» (M. </span><span style="font-family: "Lucida Grande";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjV9imuP9VasJWmQ6_zuQKglyIGxJTZNbyYb8L3EBU-5RkRtKq-HAQ487RD42WDJ_i3O2MWWmHs1Ww0CiE8LN01253_o74DJ_UnOa_R9WqcZeCvxUcZMEhri7VCfKRhQh4GGlh-O7WLPZs/s1600/Douze+Clefs+de+B_Valentin+03.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjV9imuP9VasJWmQ6_zuQKglyIGxJTZNbyYb8L3EBU-5RkRtKq-HAQ487RD42WDJ_i3O2MWWmHs1Ww0CiE8LN01253_o74DJ_UnOa_R9WqcZeCvxUcZMEhri7VCfKRhQh4GGlh-O7WLPZs/s1600/Douze+Clefs+de+B_Valentin+03.jpg" height="286" width="400" /></a>Caron et S.
Hutin. <i>Ibid. </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">p. 53). Et, au fond d’eux-mêmes, s’ils se distin-guaient de la façon de
voir que présentait la bulle <i>Spondent pariter, </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">les alchimistes
sentaient qu’en utilisant le soufre, ils se rapprochaient de </span><span style="font-family: "Lucida Grande";">la
damnation : «<i>Les alchimistes les moins enclins à la crédulité craignent
de provoquer la colère divine en dévoilant le résultat de leurs recherches</i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">», notent Caron et
Hutin : «<i>Arnauld de Villeneuve, en parlant du Grand Œuvre, ne
disait-il pas : “Celui qui révèle ce secret est maudit et meurt
d’apoplexie”?… “Je te jure sur mon âme que, si tu dévoiles ceci, tu seras
damné”, renchérissait Raymond Lulle. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjV9imuP9VasJWmQ6_zuQKglyIGxJTZNbyYb8L3EBU-5RkRtKq-HAQ487RD42WDJ_i3O2MWWmHs1Ww0CiE8LN01253_o74DJ_UnOa_R9WqcZeCvxUcZMEhri7VCfKRhQh4GGlh-O7WLPZs/h120/Douze+Clefs+de+B_Valentin+03.jpg">Basile Valentin</a> ajoutait de son
côté : “…en dire un peu plus, ce serait vouloir s’enfoncer dans
l’enfer”; et Flamel assurait qu’il n’avait jamais fait état à un
non-initié du contenu de son livre miraculeux, de peur que Dieu ne le punisse”</i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">» (M. Caron et S.
Hutin. <i>Ibid. </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">p. 133). Il n’y avait pas que le moraliste Dante qui refoulait au
dixième cercle les alchimistes et les faux-monnayeurs. Les alchimistes
eux-mêmes étaient souvent les premiers à craindre pour leur vie ; non
peut-être pas tant le sort réservé en ce bas-monde, mais surtout celui de
l’éternité. La «mutation» de la pierre philosophale en élixir de Longue Vie ne
devait-elle pas assurer le prolongement de la vie terrestre aux limites même de
l’immortalité, si on en croit la légende du comte de Saint-Germain, fabriquée à
la fin du XVIIIe siècle et entretenue tout au long des siècles suivants?</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Lucida Grande";">Devant l’incapacité
à tenir leurs promesses, l’échec des alchimistes ouvrit grandes les portes de la
contrefaçon. Dans la mesure où l’économie capitaliste des États absolutistes se
résumait au protectionnisme </span><span style="font-family: "Lucida Grande";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi2jg_QGgIRFW_DPX1jcyt2QEAK_wM1ASjsD3lExb0iPKEhJpfkU5_tLXXH8lQtD4Pee79XfdnhVIXZnajqPD2jdnwg2PB_tAmzxoN2BzIAfonMvZzBz7r2Pu9T73lvo6m_GCM-Me6wU8s/s1600/Gresham.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi2jg_QGgIRFW_DPX1jcyt2QEAK_wM1ASjsD3lExb0iPKEhJpfkU5_tLXXH8lQtD4Pee79XfdnhVIXZnajqPD2jdnwg2PB_tAmzxoN2BzIAfonMvZzBz7r2Pu9T73lvo6m_GCM-Me6wU8s/s1600/Gresham.jpg" height="400" width="338" /></a>et au mercantilisme et que le signe de la plus
grande quantité d’or et d’argent accumulée dans les coffres de </span><span style="font-family: "Lucida Grande";">l’État
signifiait la richesse du royaume et ses capacités à habilement jouer de la
diplomatie en la complétant de guerres dévastatrices et coûteuses, on vit de
véritables faux-monnayeurs se mettre à leur tour au Grand Œuvre! Parallèlement,
la résurrection du droit romain dans le monde des affaires entraîna la crainte
antique de la fabrication de la fausse monnaie et, avec elle, les punitions
sévères pour tous ceux qui seraient saisis en train de fabriquer ou de faire
circuler cette monnaie du diable. Surtout que le théoricien anglais de la
monnaie, sir <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi2jg_QGgIRFW_DPX1jcyt2QEAK_wM1ASjsD3lExb0iPKEhJpfkU5_tLXXH8lQtD4Pee79XfdnhVIXZnajqPD2jdnwg2PB_tAmzxoN2BzIAfonMvZzBz7r2Pu9T73lvo6m_GCM-Me6wU8s/h120/Gresham.jpg">Thomas Gresham</a> (±1519-1579), avait rappelé, selon les termes
anciens, que «<i>la mauvaise monnaie chasse la bonne</i>». Ce qui était déjà le cas,
souvenons-nous, du temps de Philippe le Bel. Lorsque deux monnaies se trouvent
simultanément en circulation avec un taux de change légal fixe, les agents
économiques préfèrent conserver, thésauriser la «bonne monnaie» et utiliser la
«mauvaise» dans leurs échanges commerciaux afin de s’en débarrasser. Dans les
cadres du mercantilisme où la thésaurisation était un acte de foi en l’État absolu, la fausse
monnaie devenait une cause de faillite chez bien des petits entrepreneurs.
Gresham entendait sauver le shilling (monnaie en argent) contre les monnaies
encore produites par certains seigneurs anglais pour des transactions
locales. Dans le contexte du bimétallisme, la loi de Gresham
s’applique au-delà du fait à savoir si la monnaie est vraie ou fausse, il
s’agit seulement de savoir laquelle est la «bonne» et l’autre «mauvaise» dans
le cadre des transactions. Le faux-monnayage ajoute donc une quantité de
«mauvaises» monnaies fabriquées à mauvais escient contre la monnaie la plus couramment utilisé dans le royaume.</span><br />
<span style="font-family: "Lucida Grande";"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Lucida Grande";">Cette recrudescence de sévérité dans les châtiments des
crimes de fabrication de fausses monnaies coïncida </span><span style="font-family: "Lucida Grande";">avec le développement de
l’État et son emprise à la fois sur les féodaux et sur les cités libres
</span><span style="font-family: "Lucida Grande";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgZXsZa7C6r-dwV-lZqQSKYRCnjptqBmeUpM-aXkOfhcO6lmjeTnAgR7QY1WRNz1qrJ-Sk4W687Xs2yVbUlyiQuVwAa_ajwcYwMVxf7WpAKA7IIVyyM1oMY-OrEjnxLp14JMDsdnITUWHs/s1600/f5.highres.png" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgZXsZa7C6r-dwV-lZqQSKYRCnjptqBmeUpM-aXkOfhcO6lmjeTnAgR7QY1WRNz1qrJ-Sk4W687Xs2yVbUlyiQuVwAa_ajwcYwMVxf7WpAKA7IIVyyM1oMY-OrEjnxLp14JMDsdnITUWHs/s1600/f5.highres.png" height="400" width="277" /></a>bourgeoises. En France, écrit François Martineau, «<i>tant par tradition que
par idéologie, les jurisconsultes d’Ancien Régime rangèrent le faux-monnayage
parmi les “crimes contre le souverain”. Ils reprenaient tout d’abord la
conception romaine de la monnaie, qui consistait à croire que la valeur des
pièces en circulation provenait surtout de l’empreinte royale qu’elles
portaient et non point de leur poids en or. Ils reflétaient ensuite le long
combat de l’autorité royale contre toutes les puissances intermédiaires,
féodales ou économiques, autorité royale qui n’avait cessé de revendiquer comme
l’une de ses prérogatives essentielles le droit exclusif de battre monnaie</i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">» (F. Martineau. <i>Fripons,
gueux et loubards, </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">Paris, J.-C. Lattès, 1986, p. 303). À partir de cette
représentation, on comprend la nature des accusations portées contre les
faux-monnayeurs : «<i>Abot de Bazinghen, dans son </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgZXsZa7C6r-dwV-lZqQSKYRCnjptqBmeUpM-aXkOfhcO6lmjeTnAgR7QY1WRNz1qrJ-Sk4W687Xs2yVbUlyiQuVwAa_ajwcYwMVxf7WpAKA7IIVyyM1oMY-OrEjnxLp14JMDsdnITUWHs/h120/f5.highres.png">Traité des monnaies</a><i>,
écrit… que “le crime de faux est le plus punissable parce que, le souverain
ayant, seul, le droit de fabriquer les monnaies, ceux qui les fabriquent sans
sa permission, expresse </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhbtMDQO1hSWAqHa6ampsppdIgxOIJJYm9ZbBHmGfOS8FQq3yOXtgP34Ub-CZCdkZdrGRSx-TS7vZxyGdlfSO5wFHpwkxi3MycM5YUMcFWmXAGlIEaLpvtSVTfv9EZEl6V3Y0IyS5Zr7ds/s1600/index.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhbtMDQO1hSWAqHa6ampsppdIgxOIJJYm9ZbBHmGfOS8FQq3yOXtgP34Ub-CZCdkZdrGRSx-TS7vZxyGdlfSO5wFHpwkxi3MycM5YUMcFWmXAGlIEaLpvtSVTfv9EZEl6V3Y0IyS5Zr7ds/s1600/index.jpg" height="400" width="294" /></a>commettent un crime de lèse-majesté au deuxième chef,
qui est puni de mort”. Muyart de </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";"><i>Vouglans, dans ses </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhbtMDQO1hSWAqHa6ampsppdIgxOIJJYm9ZbBHmGfOS8FQq3yOXtgP34Ub-CZCdkZdrGRSx-TS7vZxyGdlfSO5wFHpwkxi3MycM5YUMcFWmXAGlIEaLpvtSVTfv9EZEl6V3Y0IyS5Zr7ds/h120/index.jpg">Loix criminelles</a><i>,
classe la fabrication, l’altération et l’exposition de la fausse monnaie parmi
les crimes de lèse-majesté humaine au second chef, immédiatement à la suite des
crimes contre l’honneur et la dignité du souverain. Selon la jurisprudence, il
y avait fabrication lorsque la monnaie était fausse par la matière ou lorsque
l’image du prince ou l’inscription qui devait y être était falsifiée. Toutes
les formes d’altération étaient de même réprimées et par diverses ordonnances,
notamment celle du 13 juillet 1536 qui visait les rogneurs</i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">» (F. Martineau. <i>Ibid.
</i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">p.
304). Jusqu’au XVIIIe siècle, la punition reste la mort : «<i>La peine
prévue par les textes était la mort. La rigueur des lois envoyait en effet au
bûcher tout faux-monnayeur, qu’il eût été l’auteur principal du crime ou son
complice, qu’il eût fondu, frappé, gravé ou seulement chargé ou transporté
sciemment des outils ou machines destinés au faux-monnayage, qu’il eût acheté
ou vendu de fausses monnaies en connaissance de cause</i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">» (F. Martineau. <i>Ibid.
</i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">p.
304). Une seule variable : le faux-monnayeur n’est plus un hérétique,
contrairement à l’alchimiste. «<i>Précisons enfin que l’édit de février 1726,
qui, le premier, essaya </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";"><i>de faire la synthèse de </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi_KRYJP4UMjxFtDWuPxB_JFtToCOBuLnUxFuf_LRUcE9DONXI_ip6lmxvEoInaDzCa2RybZok11H0w83HZP0NAHVqTcPXiaIBhFCDUiodLLhua7Zi2ITcsQ3C_-_Syyc-DX90IgwOkZMM/s1600/FAUX-MONNAYEUR--01.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi_KRYJP4UMjxFtDWuPxB_JFtToCOBuLnUxFuf_LRUcE9DONXI_ip6lmxvEoInaDzCa2RybZok11H0w83HZP0NAHVqTcPXiaIBhFCDUiodLLhua7Zi2ITcsQ3C_-_Syyc-DX90IgwOkZMM/s1600/FAUX-MONNAYEUR--01.jpg" height="116" width="320" /></a>l’ensemble des dispositions
contenues dans les diverses ordonnances royales rendues en la matière et
constitua une sorte de code du <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi_KRYJP4UMjxFtDWuPxB_JFtToCOBuLnUxFuf_LRUcE9DONXI_ip6lmxvEoInaDzCa2RybZok11H0w83HZP0NAHVqTcPXiaIBhFCDUiodLLhua7Zi2ITcsQ3C_-_Syyc-DX90IgwOkZMM/h120/FAUX-MONNAYEUR--01.jpg">faux-monnayage</a>, prévoyait que ceux qui avaient
fondu les monnaies authentiques, même sans avoir l’intention de les falsifier
mais pour en faire des bijoux, étaient punis des galères perpétuelles; on ne
pouvait plus clairement affirmer le caractère sacré des pièces de monnaie sitôt
qu’elles avaient reçu l’empreinte royale</i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">» (F. Martineau. <i>Ibid. </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">p. 304). La sacralité
de la pièce de monnaie ne reposait plus sur le signe idéologique qu’elle
portait, comme dans l’Antiquité ou au Moyen Âge, mais dans sa valeur
intrinsèque, c’est-à-dire sa valeur de conversion, d’échange. Aujourd’hui
encore, dans le pur style d’Ancien Régime, il est interdit par la loi de
détruire de l’argent, surtout en papier-monnaie.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Lucida Grande";">En France, au temps
de Louis XVI, seulement 17 hôtels des monnaies disposaient du droit de battre
pièces d’or et d’argent. C’était l’époque où les faux-monnayeurs étaient
surtout des filous ou des petits délinquants </span><span style="font-family: "Lucida Grande";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiqBUXN_qIv-RwC_AtpvsjtBOT8oanQI_W63fze7qu7b5ZXeiOPvqmHiM_VRwuEYqaLXe4PEZFUNg61Abc81HESlAN8ZNTvuR1waTmnrCjtMqliH4clKRYKMGuZ-OlGEh5FVukMKNmBz6g/s1600/Jerome_petion_de_villeneuve.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiqBUXN_qIv-RwC_AtpvsjtBOT8oanQI_W63fze7qu7b5ZXeiOPvqmHiM_VRwuEYqaLXe4PEZFUNg61Abc81HESlAN8ZNTvuR1waTmnrCjtMqliH4clKRYKMGuZ-OlGEh5FVukMKNmBz6g/s1600/Jerome_petion_de_villeneuve.jpg" height="400" width="283" /></a>poussés par la nécessité. Peu
outillés, il s’agissait d’un travail artisanal opérant à partir de moules
reproduisant les pièces originales. Le cuivre ou le bronze étaient colorés afin
de donner l’apparence de l’or et de l’argent. Il y avait aussi la frappe
d’argent pour ceux qui connaissaient les techniques et savaient utiliser un
outillage supérieur. Le type le plus courant restait la rognure des pièces.
Avec la Révolution de 1789 est consacrée une nouveauté pour les échanges
courants : le papier-monnaie. «<i>Malgré les doléances exprimées dans de
nombreux cahiers qui ont précédé la réunion des états généraux de 1789, et qui
demandaient notamment “le rejet de toute proposition tendant à introduire toute
espèce de papier monnaie, billet d’État, de banque, etc., sous tel prétexte ou
dénomination que ce puisse être, comme désastreux pour l’État”, et devant la
disparition du numéraire métallique, <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiqBUXN_qIv-RwC_AtpvsjtBOT8oanQI_W63fze7qu7b5ZXeiOPvqmHiM_VRwuEYqaLXe4PEZFUNg61Abc81HESlAN8ZNTvuR1waTmnrCjtMqliH4clKRYKMGuZ-OlGEh5FVukMKNmBz6g/h120/Jerome_petion_de_villeneuve.jpg">Pétion de Villeneuve</a> proposait en décembre
1789 à la tribune de l’Assemblée : “Nous pouvons fabriquer nous-mêmes le
numéraire fictif ; nous avons à notre disposition les fonds domaniaux et
ecclésiastiques : créons des obligations à ordre, faisons-leur porter un
intérêt, assignons-leur un paiement certain”. L’<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj09ld-RfrCTAYTriFOabDqZilyN0NXwi5-psiaPEjaEI4WMSyPJqeaWYGY0R5T4Ijrx1y-h3ep8BupjXyBwInhF8yxTu7CGdUH7pK5mrSTI17U5as7_2WAp2p1rLevbsZGrroHx-bfhAY/h120/Assignat_de_15_sols.jpg">assignat </a>allait naître et avec
lui l’idée de la planche à billets comme moyen de combler les déficits
budgétaires. Avec la monnaie papier allaient aussi apparaître les plus
importantes </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj09ld-RfrCTAYTriFOabDqZilyN0NXwi5-psiaPEjaEI4WMSyPJqeaWYGY0R5T4Ijrx1y-h3ep8BupjXyBwInhF8yxTu7CGdUH7pK5mrSTI17U5as7_2WAp2p1rLevbsZGrroHx-bfhAY/s1600/Assignat_de_15_sols.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj09ld-RfrCTAYTriFOabDqZilyN0NXwi5-psiaPEjaEI4WMSyPJqeaWYGY0R5T4Ijrx1y-h3ep8BupjXyBwInhF8yxTu7CGdUH7pK5mrSTI17U5as7_2WAp2p1rLevbsZGrroHx-bfhAY/s1600/Assignat_de_15_sols.jpg" height="346" width="400" /></a>contrefaçons fiduciaires que la France ait pu connaître</i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">» (F. Martineau. <i>Ibid.
</i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">p.
309). La proposition de Pétion n’était pas encore formulée qu’«<i>en novembre
1789, Xavier Marin, Rémi d’Autun de Champclos et Pierre de Grandmaison furent
arrêtés. Après diverses perquisitions, on découvrit chez le premier une presse
et de nombreux billets. Comme par remords, Marin se tua dans sa prison avec un
“couteau trouvé dans un poulet”. Les </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">Annales patriotiques et littéraires, <i>dans leur
numéro du 12 novembre 1789, écrivirent que cette fraude “avait pour protecteurs
et fauteurs des hommes d’un ordre élevé et qui avaient le plus grand intérêt
que leurs complices ne fussent pas entendus”. Un examen minutieux des services
de police permit de déceler les vrais billets des faux par “une légère odeur de
térébenthine et une faute d’impression : </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">lo Cie<i> pour </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">La Cie<i>, le filigrane
ayant été en outre tracé à la pointe et non fabriqué”</i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">» (F. Martineau. <i>Ibid.
</i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">p.
310). Il est ironique si on se rappelle qu’on attribue à l’alchimiste Arnaud de Villeneuve
la découverte de l’essence de térébenthine! Les deux complices de Marin
partagèrent un sort encore plus horrible. Champclos et Grandmaison voyaient
leurs dossiers se perdre dans le fatras de la nouvelle justice lorsque
survinrent les massacres de septembre 1792. Les massacreurs envahirent la
prison de l’Abbaye où ils étaient détenus et furent massacrés en même temps que
la princesse de Lamballe.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Lucida Grande";">La crise de
l’assignat ne tarda pas à montrer la fragilité du papier-monnaie. De 1792 à
1795, les tribunaux criminels auraient eu à juger 96 affaires de
faux-monnayage. De ce nombre, on retient la diversité des professions des
condamnés à la guillotine pour fabrication de fausse monnaie : pour
Paris, on compte plusieurs ex-curés, un commis horloger, un ancien secrétaire
du prince de Conti, un libraire, des brocanteurs, un chirurgien, des tailleurs de
pieux, des marchands de peaux de lapins, des cuisiniers, des marchands de vin,
des officiers, des négociants, une institutrice, un ex-noble. (F. Martineau. <i>Ibid.
</i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">p.
311). Mirabeau déjà, le 8 </span><span style="font-family: "Lucida Grande";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh6dBB3g6WVdiByHpsWYFZMIqbdIYzfSrkn9dR87S427w7CiCXZMMDxUTTzIo0-mGdPqwPtmfxr63ez2-IfLgOydfYjfkFfxjKAFwwg52PP_I_nZKs_hoSJiNmXtcjf6q3x2PhJ5N0smOI/s1600/Assignat-faux.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh6dBB3g6WVdiByHpsWYFZMIqbdIYzfSrkn9dR87S427w7CiCXZMMDxUTTzIo0-mGdPqwPtmfxr63ez2-IfLgOydfYjfkFfxjKAFwwg52PP_I_nZKs_hoSJiNmXtcjf6q3x2PhJ5N0smOI/s1600/Assignat-faux.jpg" height="225" width="400" /></a>octobre 1790 lors d’un discours à l’Assem-</span><br />
<span style="font-family: "Lucida Grande";">blée
nationale, déclarait : «<i>J’en atteste tous les artistes, rien n’est plus
facile à imiter que vos assignats existants</i>». Le système de représentation
politique étant passé du Roi au peuple, le code pénal de 1791, prévoyant la
répression du faux-monnayage métallique, classa l’infraction non plus comme
crime de lèse-majesté ou de lèse-nation, mais tout simplement un crime contre
la <i>propriété publique</i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">! Le châtiment consistait désormais à une peine de 15
ans de prison. C’est l’idée que les contrefacteurs étaient des agents de la
Contre-Révolution ou des agents de l’Angleterre chargés de diffuser des <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh6dBB3g6WVdiByHpsWYFZMIqbdIYzfSrkn9dR87S427w7CiCXZMMDxUTTzIo0-mGdPqwPtmfxr63ez2-IfLgOydfYjfkFfxjKAFwwg52PP_I_nZKs_hoSJiNmXtcjf6q3x2PhJ5N0smOI/h120/Assignat-faux.jpg">faux assignats</a> pour accentuer la crise financière qui conduisit les condamnés
pré-cités à l’échafaud. Après Brumaire et la prise du pouvoir par Bonaparte, le
châtiment allait redevenir plus sévère.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Lucida Grande";">Après la
Révolution, le faux-monnayage retrouva son profil d’Ancien Régime, même si
désormais les billets de banque complétaient les pièces métalliques. De petits
faussaires, usant souvent de manière artisanale un outillage rudimentaire
durent constamment s’adapter aux perfectionnements des planches à billet. Ce
n’est qu’après la Première Guerre mondiale que des bandes organisées de
faux-monnayeurs de mirent en place dans l’ensemble des pays occidentaux.
Celles-ci opéraient sur une large échelle et même de l’ampleur internationale.
La fausse monnaie devenait, avec le temps, elle aussi, une affaire
industrielle. Pour le reste – l’écoulement -, la manière de faire était restée la
même depuis des siècles : écouler des pièces d’usage courant parmi l’homme
de la rue.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Lucida Grande";">Certes, les
justifications idéologiques ne manquent pas pour condamner la contrefaçon des
pièces de monnaie ou du papier-monnaie. Le pan du <i>Socius </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">est entièrement
couvert par la dite loi de Gresham qui fait </span><span style="font-family: "Lucida Grande";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjK0qHWdTGpmALXOo6KY_RqGH3O6VemkrbmDNHrAkbdlfEAUZSFOatetwsjom4Ir5l1-G8lmcUrZW0Mo0HfKDFpYi63lJBqFmKx9UsZQYdMguKR7Fh3Tm_f-Oocvndbqsf_NSYjH7wcLM8/s1600/138940.gif" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjK0qHWdTGpmALXOo6KY_RqGH3O6VemkrbmDNHrAkbdlfEAUZSFOatetwsjom4Ir5l1-G8lmcUrZW0Mo0HfKDFpYi63lJBqFmKx9UsZQYdMguKR7Fh3Tm_f-Oocvndbqsf_NSYjH7wcLM8/s1600/138940.gif" height="213" width="320" /></a>du faux-monnayage une subversion de
l’économie. En fait, la seule façon légale de contourner le faux-monnayage est
la spéculation sur les valeurs. Le passage de l’usage du crédit de
l’investissement à la production à la dépense – au potlach dirait Bataille – de
consommation a multiplié les monnaies parallèles. Les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjK0qHWdTGpmALXOo6KY_RqGH3O6VemkrbmDNHrAkbdlfEAUZSFOatetwsjom4Ir5l1-G8lmcUrZW0Mo0HfKDFpYi63lJBqFmKx9UsZQYdMguKR7Fh3Tm_f-Oocvndbqsf_NSYjH7wcLM8/h120/138940.gif">cartes de crédit</a>, les
cartes de débit, les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjSQGMnVXbGoA-eRL6eYh8HL_-QO-Y_UEGmjqHsr5ClsP6LbEkaCfMHLsL2x1wS3J6yUd5rupgaZ6_aG35z7h5WRSnC36jhHkQP1CX1UrM_bcHygmcWXJ1dgR92rZC9SWCtDXtjZhZb9Ts/h120/120216_bt708_argent-canadian-tire-2_sn635.jpg">monnaies </a><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjSQGMnVXbGoA-eRL6eYh8HL_-QO-Y_UEGmjqHsr5ClsP6LbEkaCfMHLsL2x1wS3J6yUd5rupgaZ6_aG35z7h5WRSnC36jhHkQP1CX1UrM_bcHygmcWXJ1dgR92rZC9SWCtDXtjZhZb9Ts/h120/120216_bt708_argent-canadian-tire-2_sn635.jpg">Canadian Tires</a> </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">ou les bons
d’échange sont autant de monnaies parallèles dont la circulation demeure
limitée mais dont certaines – les monnaies de cartes – tendent littéralement à
faire disparaître la monnaie de l’usage courant. Si, au niveau de la valeur
économique et de l’iconographie de propagande qui a toujours accompagné la
pièce et même lui a donné, </span><span style="font-family: "Lucida Grande";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjSQGMnVXbGoA-eRL6eYh8HL_-QO-Y_UEGmjqHsr5ClsP6LbEkaCfMHLsL2x1wS3J6yUd5rupgaZ6_aG35z7h5WRSnC36jhHkQP1CX1UrM_bcHygmcWXJ1dgR92rZC9SWCtDXtjZhZb9Ts/s1600/120216_bt708_argent-canadian-tire-2_sn635.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjSQGMnVXbGoA-eRL6eYh8HL_-QO-Y_UEGmjqHsr5ClsP6LbEkaCfMHLsL2x1wS3J6yUd5rupgaZ6_aG35z7h5WRSnC36jhHkQP1CX1UrM_bcHygmcWXJ1dgR92rZC9SWCtDXtjZhZb9Ts/s1600/120216_bt708_argent-canadian-tire-2_sn635.jpg" height="179" width="320" /></a>de l’Antiquité aux Temps modernes, la valeur
idéologique du pouvoir, la fausse monnaie avait également un aspect étroitement
lié à la perversion des signifiés. Voilà pourquoi toute la pensée économique du marquis de
Sade se retrouve dans un passage de <i>Justine ou les infortunes de la vertu </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">(dont la première
mouture date de 1787 et la seconde coïncide (est-ce un hasard?) avec le début
du pic de la crise des assignats (1791), enfin retouchée une dernière fois en
1799, au moment où le coup d’État de Napoléon Bonaparte va s’appuyer sur la
banque Ouvrard. Nous devons à Annie Le Brun et à Philippe Roger des indications
très éclairantes sur ce passage où Justine (qui se fait appeler Thérèse), fille
vertueuse soumise à toutes les formes d’assauts physiques et moraux, est
prisonnière de faux-monnayeurs. Comme pour Dante, Sade fait une véritable
«léproserie» du monde du travail et de la production de la fausse valeur dans
la descente aux enfers de la malheureuse Justine.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Lucida Grande";">Mais pour mieux saisir l’innovation qu’apporte Sade à la question du faux-monnayage, il faut sauter un siècle vers l’avant. Il est assez
étonnant, en effet, sans être identique ni même le commentaire de l’une sur l’autre,
que les visions de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh3bQckNVX_nVX9Tlo1pMSvnMaz0GT7YOS4hrBe1A6TzUI1ntWIL41n0qHuPszAdDOMm1cyCdNsbGPBYi-wd9D4uEJbPP5zKXIafLOrsfRqPIflctgCt__OysvuH9mZCaekMFEuDouHB-A/h120/Karl_Marx_001.jpg">Karl Marx</a> et de Sigmund Freud sur l’argent se complètent. C’est
une approche quasi proto-freudienne que Marx fait de la fascination de l’argent
lorsqu’il écrit : «<i>Ce que l’argent est pour moi, </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEia0qYu5GmR89Yp1KEjUPRPqOGSuWycedukPgvZ41Qfy_rPXWX7TouSgkuo3bmcBckXcMVjcp8LeWEOzJH07NAeJIoKftnURaZ9224y4uIxZL-V7a0QCMauf38DVIW4O6VoTA-o7gQKEkE/s1600/Karl_Marx_001.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEia0qYu5GmR89Yp1KEjUPRPqOGSuWycedukPgvZ41Qfy_rPXWX7TouSgkuo3bmcBckXcMVjcp8LeWEOzJH07NAeJIoKftnURaZ9224y4uIxZL-V7a0QCMauf38DVIW4O6VoTA-o7gQKEkE/s1600/Karl_Marx_001.jpg" height="400" width="280" /></a>ce que je puis payer,
autrement dit ce que l’argent peut acheter, je le suis moi-même, le possesseur
de l’argent. Les qualités de l’argent sont mes qualités et mes forces
essentielles en tant que possesseur d’argent. Ce que je suis et ce que je puis,
ce n’est nullement mon individualité qui en décide. Je suis laid, mais je puis
m’acheter la femme la plus belle. Je ne suis pas laid, car l’effet de la
laideur, sa force repoussante est annulée par l’argent. Personnellement, je
suis paralytique, mais l’argent me procure 24 jambes ; je ne suis donc pas
paralytique. Je suis méchant, malhonnête, dépourvu de scrupule, sans esprit,
mais l’argent est en honneur donc aussi son possesseur. L’argent est le bien
suprême, donc son possesseur est bon; au surplus, l’argent m’évite la
peine d’être malhonnête et l’on me présume honnête. Je n’ai pas d’esprit, mais l’argent
étant l’esprit réel de toute chose, comment son possesseur manquerait-il
d’esprit? Il peut en outre s’acheter les gens d’esprit n’est-il pas plus
spirituel que l’homme d’esprit? Moi qui puis avoir, grâce à l’argent, tout ce
que désir un cœur humain, ne suis-je pas en possession de toutes les facultés
humaines? Mon argent ne transforme-t-il pas toutes mes impuissances en
leur contraire? Si l’argent est le lien qui me relie à la vie humaine, à la
société, à la nature et aux hommes, l’argent n’est-il pas le lien de tous les
liens? Ne peut-il pas nouer et dénouer tous les liens?</i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">» (K. Marx. <i>Manuscrit
de 1844, </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">cité in K. Papaioannou. <i>Les Marxistes, </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">Paris, Flammarion,
Col. J’ai lu l’Essentiel, # E/13, 1965, pp. 65-66). Autant qu’une réflexion
générale, Marx commente ici le personnage de Shylock. L’identité du </span><span style="font-family: "Lucida Grande";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjfW5BcKcglG8s-RoxXYgp3uaNWzt2VnBMXDaiSSQ8Vix3R_ciYRnPnP3GZtaE0txxWODwfJwOTw0BvIEMVcItlZYaEF9oKcJF7P1kvnPaR-FtSdh9BPSYBOuMY7ho-ZU6mmDShsyN53uk/s1600/Whore_of_Babylon.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjfW5BcKcglG8s-RoxXYgp3uaNWzt2VnBMXDaiSSQ8Vix3R_ciYRnPnP3GZtaE0txxWODwfJwOTw0BvIEMVcItlZYaEF9oKcJF7P1kvnPaR-FtSdh9BPSYBOuMY7ho-ZU6mmDShsyN53uk/s1600/Whore_of_Babylon.jpg" height="242" width="400" /></a>possesseur
de l’argent et de l’argent est le problème méta-</span><br />
<span style="font-family: "Lucida Grande";">physique juif né des millénaires
où les Juifs ont servi d’en-</span><br />
<span style="font-family: "Lucida Grande";">tremetteurs entre les Empires (grecs, romains,
chrétiens), là principalement où l’Église et les Princes les avaient casés,
c’est-à-dire dans le commerce de l’argent, dans le prêt usuraire, etc.
Établissant leur empire sur les argents nationaux, comme les alchimistes, ils
parvenaient à opérer la «mutation» de leur non-Être en Être. Et ce, en rendant
possible les rêves les plus fous. Marx conclut son paragraphe ainsi : «<i>Shakespeare
fait ressortir surtout deux propriétés de l’argent : 1. C’est la divinité
visible, la métamorphose de toutes les qualités humaines et naturelles en leur
contraire, la confusion et la perversion universelles des choses. L’argent
concilie les incompatibilités. 2. C’est la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjfW5BcKcglG8s-RoxXYgp3uaNWzt2VnBMXDaiSSQ8Vix3R_ciYRnPnP3GZtaE0txxWODwfJwOTw0BvIEMVcItlZYaEF9oKcJF7P1kvnPaR-FtSdh9BPSYBOuMY7ho-ZU6mmDShsyN53uk/h120/Whore_of_Babylon.jpg">prostituée</a> universelle,
l’entremetteuse générale des hommes et des peuples</i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">» (K. Marx, in K.
Papaioannou. <i>Ibid. </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">p. 66).</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Lucida Grande";">La chose est dite.
L’argent est sale. L’argent est merdique. Il cultive une coprolagnie parmi les
individus parce qu’il leur promet ce qu’ils ne sont pas. En tant que pervers,
l’argent fait porter le désir non sur l’objet </span><span style="font-family: "Lucida Grande";"><span style="font-family: "Lucida Grande";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgNQu_oWyhGUv-xsymZHuijBAtofaBEDp-9ReTie0G_48l78eVKeKtTFlF_77w2D-IQAVn3mDxW7DlDkIInjgpyZVqBIFxpfzedvoP_Xq9zKgrfCAjfKD5eHDqbjSn1UAe85LcHt4lcS0w/s1600/JMW-Turner--Ange-debout-devant-le-soleil.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgNQu_oWyhGUv-xsymZHuijBAtofaBEDp-9ReTie0G_48l78eVKeKtTFlF_77w2D-IQAVn3mDxW7DlDkIInjgpyZVqBIFxpfzedvoP_Xq9zKgrfCAjfKD5eHDqbjSn1UAe85LcHt4lcS0w/s1600/JMW-Turner--Ange-debout-devant-le-soleil.jpg" height="400" width="391" /></a></span>réel mais son intermédiaire, son
substitut. Le <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgNQu_oWyhGUv-xsymZHuijBAtofaBEDp-9ReTie0G_48l78eVKeKtTFlF_77w2D-IQAVn3mDxW7DlDkIInjgpyZVqBIFxpfzedvoP_Xq9zKgrfCAjfKD5eHDqbjSn1UAe85LcHt4lcS0w/h120/JMW-Turner--Ange-debout-devant-le-soleil.jpg">fétichisme de la marchandise</a> commence par le fétichisme de
l’argent, et à ce compte, ses capacités techniques – entendre magique – en font
un être dévoyeur, diviseur, comme le diable, comme le Mal. En rappelant la
grande prostituée de l’Apocalypse, la pensée du jeune Marx le renvoie à la
tradition judéo-chrétienne de la dénonciation de l’argent, mais en même temps à
l’aliénation des Juifs à la merde qui passe pour de l’or. Il reviendra
d’ailleurs sur ce point dans la <i>Grundrisse der Kritik der politischen
Ökonomie </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">de 1857-58 qui ne seront publiés qu’à titre posthume. Ici, Marx
entendait élargir au domaine sociologique l’investissement psychique de
l’argent.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 18pt 0.0001pt 27pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Lucida Grande";"><i>La soif d’enrichissement est autre
chose que la soif instinctive de richesses particulières, telles les habits,
les armes, les bijoux, les femmes, le vin; elle n’est possible que si la
richesse générale, en tant que telle, s’individualise dans un objet
particulier, l’argent. L’argent n’est donc pas seulement l’objet, mais encore
la source de la soif de s’enrichir. Le goût de la possession peut exister sans
l’argent; la soif de s’enrichir est le produit d’un développement social
déterminé, elle n’est pas </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">naturelle, <i>mais </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">historique. <i>D’où les récriminations
des Anciens contre l’argent, source de tout Mal.</i></span><br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "Lucida Grande";"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgr7QaYEism5T7WVyZs5_UwMcOe3tUVdYAv5XSAAVz1oPjQILwRkrQs1AXvugwI0FnvJ7y0YJgInQzsBR10EMt9AwLtISj9nsWQSvyk9tHmGDOWdY9U4c0EnjDxLfguz2_Og8b3EuJyGcA/s1600/Avarice.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgr7QaYEism5T7WVyZs5_UwMcOe3tUVdYAv5XSAAVz1oPjQILwRkrQs1AXvugwI0FnvJ7y0YJgInQzsBR10EMt9AwLtISj9nsWQSvyk9tHmGDOWdY9U4c0EnjDxLfguz2_Og8b3EuJyGcA/s1600/Avarice.jpg" height="320" width="214" /></a></i></span></div>
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 18pt 0.0001pt 27pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Lucida Grande";"><i>La
soif de jouissance sous une forme générale, et l’avarice sont les deux
manifestations particulières de la soif d’argent. La soif abstraite de
jouissances suppose un objet contenant la possibilité de toutes les
jouissances : l’argent dans sa fonction de </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">représentation
matériel de la richesse; <i>l’<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgr7QaYEism5T7WVyZs5_UwMcOe3tUVdYAv5XSAAVz1oPjQILwRkrQs1AXvugwI0FnvJ7y0YJgInQzsBR10EMt9AwLtISj9nsWQSvyk9tHmGDOWdY9U4c0EnjDxLfguz2_Og8b3EuJyGcA/h120/Avarice.jpg">avarice</a>, elle aussi, n’existe que dans la
mesure où l’argent est la forme générale de la richesse en face des
marchandises qui sont ses substances particulières. Pour le retenir et
satisfaire son besoin d’avarise, le thésauriseur doit tout sacrifier et
renoncer à toute relation avec les objets qui satisfont des besoins
particuliers.</i></span><br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 18pt 0.0001pt 27pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Lucida Grande";"><i>La
soif d’argent ou d’enrichissement, c’est nécessairement la ruine des anciennes
communautés. D’où leur antagonisme. L’argent étant lui-même la </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">communauté, <i>il
ne peut en tolérer d’autres en face de lui. Mais cela suppose le plein
développement des valeurs d’échange, et donc une organisation correspondante de
la société. Dans l’antiquité, la valeur d’échange n’était pas le </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">nervus rerum…<i> </i></span><br />
<br />
<span style="font-family: "Lucida Grande";"><i>De la simple notion d’argent, il ressort qu’il ne peut constituer un élément
développé de la production que si </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">travail salarié <i>existe </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">déjà… <i>Lorsque le
travail devient travail salarié, le but en est directement l’argent; la
richesse générale est donc posée à la fois comme son but et son objet… De but,
l’argent devient maintenant le moyen de rendre tous les individus <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhAlifFb9U9LkFePlt7m_jBxvDo3CVoSnZLhY53Yh7Sx952m4KeaF9k-KJftfOjHctnOKXuF28blql8nGMAZ3P-CRCaTSvkCeQGkjdJYRq5EWVYcPdi8932QX0laWzW3alTz07CjlxBROA/h120/WMZRGLCVOTHD.jpg">zélés </a></i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";"><i><span style="font-family: "Lucida Grande";"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhAlifFb9U9LkFePlt7m_jBxvDo3CVoSnZLhY53Yh7Sx952m4KeaF9k-KJftfOjHctnOKXuF28blql8nGMAZ3P-CRCaTSvkCeQGkjdJYRq5EWVYcPdi8932QX0laWzW3alTz07CjlxBROA/s1600/WMZRGLCVOTHD.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhAlifFb9U9LkFePlt7m_jBxvDo3CVoSnZLhY53Yh7Sx952m4KeaF9k-KJftfOjHctnOKXuF28blql8nGMAZ3P-CRCaTSvkCeQGkjdJYRq5EWVYcPdi8932QX0laWzW3alTz07CjlxBROA/s1600/WMZRGLCVOTHD.jpg" height="172" width="320" /></a></i></span>au travail; on produit la richesse générale pour s’emparer de son
représentant. Aussi jaillissent les véritables sources de la richesse. Le but du
travail n’est plus, dès lors, tel produit spécifique ayant des rapports
particuliers avec tel ou tel besoin de l’individu, c’est l’argent, richesse
ayant une forme universelle, si bien que le zèle au travail de l’individu ne
connaît plus de limites : indifférent à ses propres particularités, le
travail revêt toutes les formes qui servent à ce but. Le zèle se fait inventif
et crée des objets nouveaux pour le besoin social. Il est donc évident que, sur
la base du travail salarié, l’argent n’agit pas comme un dissolvant, mais comme
élément productif, alors que la communauté antique était en opposition directe
avec le système généralisé du travail salarié… </i></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 18pt 0.0001pt 27pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Lucida Grande";"><i><br /></i></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 18pt 0.0001pt 27pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Lucida Grande";"><i>L’époque
antérieure au développement de la société industrielle moderne fait preuve
d’une soif d’argent universelle, celle-ci affecte aussi bien les individus que
les États. N’étant </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";"><i><span style="font-family: "Lucida Grande";"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgy6C2aYYXhIMXHfmcZgjSy9OYq_U0YCC7-E85Dea9nH_pKC-lHYNRLXUhzUoIC33X1vJ4i_tlujqao-ytTQF03Beswov2-IAJ-CdllLG6Kgfv97Bdg8MHchPKYqOLePBUT2e-5FZntcgI/s1600/Thomas_Abel_Prior_-_Queen_Victoria_opening_the_1851_Universal_Exhibition__at_the_Crystal_Palace_in_London_-_Google_Art_Project-500x259.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgy6C2aYYXhIMXHfmcZgjSy9OYq_U0YCC7-E85Dea9nH_pKC-lHYNRLXUhzUoIC33X1vJ4i_tlujqao-ytTQF03Beswov2-IAJ-CdllLG6Kgfv97Bdg8MHchPKYqOLePBUT2e-5FZntcgI/s1600/Thomas_Abel_Prior_-_Queen_Victoria_opening_the_1851_Universal_Exhibition__at_the_Crystal_Palace_in_London_-_Google_Art_Project-500x259.jpg" height="164" width="320" /></a></i></span>préoccupée que des moyens de s’emparer du représentant de la
richesse, cette époque est incapable de voir comment les sources de la richesse
se développent effectivement. Lorsque l’or n’est pas issu de la circulation,
mais est trouvé tout fait, le pays s’appauvrit – comme c’est le cas de
l’Espagne, en revanche, les nations qui sont obligées de travailler pour
l’enlever aux Espagnols développent les sources de la richesse et s’<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgy6C2aYYXhIMXHfmcZgjSy9OYq_U0YCC7-E85Dea9nH_pKC-lHYNRLXUhzUoIC33X1vJ4i_tlujqao-ytTQF03Beswov2-IAJ-CdllLG6Kgfv97Bdg8MHchPKYqOLePBUT2e-5FZntcgI/h120/Thomas_Abel_Prior_-_Queen_Victoria_opening_the_1851_Universal_Exhibition__at_the_Crystal_Palace_in_London_-_Google_Art_Project-500x259.jpg">enrichissent</a>réellement</i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">» (cité in K. Papaioannou. <i>Marx et les marxistes, </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">Paris, Flammarion,
Col. Science, 1972, pp. 133-134).</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 18pt 0.0001pt 27pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Lucida Grande";">On le voit, les
deux textes se complètent à merveille. À la cupidité d’accumuler tout l’argent
en en privant les autres s’opère simultanément la réification de l’individu qui en vient
à thésauriser le tout et en faire un avaricieux, mais un être <i>isolé </i>de toutes communautés. De la subversion du <i>Socius,</i> nous en venons à passer insensiblement à la perversion de la<i> Psyché. </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">L’aliénation par le travail suppose
que capitalistes et prolétaires finissent par partager le même lien d’esclavage
vis-à-vis l’argent. Il faudra retenir tout ceci lorsque nous reviendrons à Sade
et à <i>Justine.</i></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Lucida Grande";">Ce que <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgtuEYxwURCbZxD7r0a231zx_4jdssqwv-uS9J0t1QntWZztzjT-Gp-jAshfnZa1noHE1i9v53OttwG_Ni01saFnMZuUuLZ0YfX5lB3qrJhST2rFuuAx6MG43xDGnJZrsvHN3TPtXzMNEo/h120/Sigmund_Freud_LIFE.jpg">Freud </a>ajoutera à ceci, c’est l’association du fétichisme de l’argent à la fixation
anale. Dès 1908, il </span><span style="font-family: "Lucida Grande";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgtuEYxwURCbZxD7r0a231zx_4jdssqwv-uS9J0t1QntWZztzjT-Gp-jAshfnZa1noHE1i9v53OttwG_Ni01saFnMZuUuLZ0YfX5lB3qrJhST2rFuuAx6MG43xDGnJZrsvHN3TPtXzMNEo/s1600/Sigmund_Freud_LIFE.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgtuEYxwURCbZxD7r0a231zx_4jdssqwv-uS9J0t1QntWZztzjT-Gp-jAshfnZa1noHE1i9v53OttwG_Ni01saFnMZuUuLZ0YfX5lB3qrJhST2rFuuAx6MG43xDGnJZrsvHN3TPtXzMNEo/s1600/Sigmund_Freud_LIFE.jpg" height="400" width="281" /></a>inscrit le caractère anal de l’argent dans ses théories
psychanalytiques. Il suppose un rapport d’équivalence entre le symbole argent
et les fèces dans le contrôle de la rétention (la thésaurisation) et de la défécation
(la dépense). Ferenczi, son élève, analyse ce déplacement par le passage d’un
objet sale à quelque chose de plus propre : du désir interdit on accéderait à
un objet dérivé, substitut du vrai plaisir, mais subsumé. À ce stade, c’est l’accumulation avaricieuse
qui joint le pouvoir à la satisfaction anale d’amasser amoureusement et de
dilapider haineusement. Très vite, l’enfant comprend le pouvoir de l’argent en
liaison avec ses propres désirs pervers. Il découvre sa puissance en exerçant
sur ses parents un pouvoir affectif qui le hisse au sommet de toutes les
valeurs. Mélanie Klein comprend dès lors que pour fixation anale que puisse
paraître l’argent, il demeure avant tout associé à la satisfaction orale, à la
consommation. La dépense d’argent, plus qu’un acte volontaire d’un intermédiaire fantasmatique, est le premier acte qui crée la
personnalité du consommateur. L’absence d’argent, ou plus simplement l’anticipation de
son absence, peut se trouver à l’origine des pires angoisses et surtout celui de
ne pas être aimé. On retourne ici à ce que nous disions plus haut sur
l’ontologie du Juif dans </span><span style="font-family: "Lucida Grande";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhLSu1rwVz3v8UEa6Hct9tyASygDQLuQyb2s-OZTIFMwCqPDif4xh5Ftxh0nVnfMNPVMZYRR8F_Zw6qZvITgla5EqyBdGq_2yapqRitaYRoe-zisKdy53IcKJdTNMICTpzMypNGyo9BA_M/s1600/121130_1g764_pvrlq_seraphin_sn635.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhLSu1rwVz3v8UEa6Hct9tyASygDQLuQyb2s-OZTIFMwCqPDif4xh5Ftxh0nVnfMNPVMZYRR8F_Zw6qZvITgla5EqyBdGq_2yapqRitaYRoe-zisKdy53IcKJdTNMICTpzMypNGyo9BA_M/s1600/121130_1g764_pvrlq_seraphin_sn635.jpg" height="223" width="400" /></a>la civilisation occidentale. Côté <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhLSu1rwVz3v8UEa6Hct9tyASygDQLuQyb2s-OZTIFMwCqPDif4xh5Ftxh0nVnfMNPVMZYRR8F_Zw6qZvITgla5EqyBdGq_2yapqRitaYRoe-zisKdy53IcKJdTNMICTpzMypNGyo9BA_M/h120/121130_1g764_pvrlq_seraphin_sn635.jpg">avarice</a>, l’individu
(ou le <i>Socius</i>) dévelop-</span><br />
<span style="font-family: "Lucida Grande";">pera son refus compulsif de la dépense par peur de ne
pas être aimé, c’est-à-dire d’exercer un pouvoir de contrôle sur les autres;
côté convoitise, l’individu culpabilisera proportionnellement à sa cupidité, usant de la politique du don (l’évergétisme) pour
acheter l’amour qu’il aura sacrifié dans sa quête immodérée de l’argent. La
bienfaisance, les fonds de soutiens et de charité, tout ce qui était dénoncé
chez les théoriciens du capitalisme sauvage – le pasteur Malthus – reviennent
comme rachat fantasmatique d’une abjection bien réelle. Lacan
ajoutera peu à tout ceci sinon que l’argent n’a aucune valeur propre mais
seulement celle de signifiant. Quand le sujet possède l’argent et le garde
(avarice), il répond de la valeur et de la puissance qu’il exerce réellement à
l’intérieur de lui (le fantasme magique du contrôle du déplaisir). En tant que
simple signifiant langagier (donc lié à l’inconscient), il correspond à un
manque : le millionnaire se sent toujours plus loin que le milliardaire de la
puissance transcendante, ce que Lacan appelle dans son jargon le «grand Autre»
(Dieu).</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Lucida Grande";">Que représente
alors le faux-monnayeur entre <i>Psyché </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">freudienne et <i>Socius </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">marxiste? À
première vue, tout peut sembler facile et la réponse se trouve là, dans ce qui
est écrit. Mais additionner des plans théoriques ne suffit pas à créer une
dynamique où <i>Psyché </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">et <i>Socius </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">interagissent logiquement à notre compréhension. Voilà
pourquoi la démarche de Sade permet de ramener à un même niveau cinétique <i>Psyché
</i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">et
<i>Socius </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">et joindre, par le fantasme de l’argent, la <i>machine désirante </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">à la <i>machine
sociale.</i> Revenons donc aux tribulations de Justine/Thérèse dans le monde des faux-monnayeurs.</span><br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<span style="font-family: "Lucida Grande";">Au cours de ses
périples incroyables, Justine se porte au secours de Dalville victime d’une
attaque de voleurs. Âgé de 35 ans, Dalville (dans la première version des <i>Infortunes
de la vertu</i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">, il porte le nom de Dalville mais dans les versions ultérieures, Dalville
et Roland deviennent deux entités distinctes) est chef d’une bande de
faux-monnayeurs logée dans un château perché sur la crête d’une montagne du
Dauphiné. Sa description est propre aux personnages sadiques : petit
homme, court et gros, la mine sombre, le regard </span><span style="font-family: "Lucida Grande";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhOaZ3k0FBHtb-SLfXkzH9gxJqUw8P57GbeDzCAUKAqUKpfCYZWCPy7C9xzK02_RbutYmHQF5IUzkGS-rxYdMM4Wbp2uPrTCNNud5hrdx24PKBT-rZTAgqjghCViMHTWizh1q5UJrAooeQ/s1600/books.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhOaZ3k0FBHtb-SLfXkzH9gxJqUw8P57GbeDzCAUKAqUKpfCYZWCPy7C9xzK02_RbutYmHQF5IUzkGS-rxYdMM4Wbp2uPrTCNNud5hrdx24PKBT-rZTAgqjghCViMHTWizh1q5UJrAooeQ/s1600/books.jpg" height="400" width="241" /></a>farouche; velu comme un ours,
de la barbe jusqu’aux yeux; fort brun, des traits mâles; le nez long, des
sourcils noirs et épais. Son sexe est qualifié par l’auteur de «membre
redoutable, énorme, monstrueux»; </span><span style="font-family: "Lucida Grande";">«longueur et grosseur démesurées»; autres
déterminations : «longueur de l’avant-bras, les deux mains l’entourent à
peine» (R.-G. Lacombe. <i>Sade et ses masques, </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">Paris, Payot, Col.
Bibliothèque historique, 1974, p. 252). Justine, qui fuit les policiers, se
fait appeler Thérèse; la Belle sauve la Bête, mais la Bête la remercie en
l’enfermant deux ans prisonnière dans cette retraite inaccessible, où il
emploie des femmes à <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhOaZ3k0FBHtb-SLfXkzH9gxJqUw8P57GbeDzCAUKAqUKpfCYZWCPy7C9xzK02_RbutYmHQF5IUzkGS-rxYdMM4Wbp2uPrTCNNud5hrdx24PKBT-rZTAgqjghCViMHTWizh1q5UJrAooeQ/h120/books.jpg">tourner la meule</a>. C’est ce long trajet de Thérèse sur un
chemin de plus en plus montant et malaisé, que Philippe Roger assimile à un
parcours rétrograde vers une préhistoire des rapports de production. On a
souligné que tout au long de l’histoire de la fabrication de la fausse monnaie,
les faux-monnayeurs étaient pour la plupart des filous, des gens des basses
classes, des sous-prolétaires qui entendaient jouer l’économie monétaire contre
elle-même. C’est ce que tient à nous rappeler Sade avec Dalville et Roland. Voilà pourquoi
Roger rappelle que le trajet en question comprend trois étapes : les
libertins proposent ou imposent à Justine les trois situations économiques
suivantes : la rente, la domesticité, l’esclavage. Voilà en quoi les deux
années de détention de Justine/Thérèse sont la suite rétrograde des trois
dépendances pré-capitalistes : la rente foncière du capitalisme mercantile,
le servage et l’esclavage :</span><br />
<blockquote class="tr_bq">
<span style="font-family: "Lucida Grande";"><i>La
rente que le libertin est prêt à payer à Justine sur son corps est à l’image de
la rente </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";"><i><span style="font-family: "Lucida Grande";"><i><span style="font-family: "Lucida Grande";"><i><span style="font-family: "Lucida Grande";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhEZ520vbUpSYDOCuX3Z42R4aL4qDlu-IL98jtN6Ujzyq1aH674P9hH6jL1CKghxSxLUeoxvBxYx0eQoIhy3k_Pfm-HXOKRgwihvW7QMqLkIC6Y7wly1e4HkJNpyPvaBOCXfE5GC-Jsmt4/s1600/Untitled-28.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhEZ520vbUpSYDOCuX3Z42R4aL4qDlu-IL98jtN6Ujzyq1aH674P9hH6jL1CKghxSxLUeoxvBxYx0eQoIhy3k_Pfm-HXOKRgwihvW7QMqLkIC6Y7wly1e4HkJNpyPvaBOCXfE5GC-Jsmt4/s1600/Untitled-28.jpg" /></a></span></i></span></i></span>foncière, rétrocédée par le capitalisme au propriétaire terrien. C’est
la forme que prend l’indemnisation du propriétaire foncier dans un système où
le pouvoir lui a déjà échappé. Proposer ce marché à Justine, c’est bien
générosité de la part du financier Dubourg, puisque Justine, qui n’a pour
terres que son corps, se verra aussi bien lotie que le noble, propriétaire
foncier, soumis à la même loi. Accepter la rente, c’est passer dans le camp des
libertins, devenir un des leurs; à preuve l’irrésistible ascension de <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhEZ520vbUpSYDOCuX3Z42R4aL4qDlu-IL98jtN6Ujzyq1aH674P9hH6jL1CKghxSxLUeoxvBxYx0eQoIhy3k_Pfm-HXOKRgwihvW7QMqLkIC6Y7wly1e4HkJNpyPvaBOCXfE5GC-Jsmt4/h120/Untitled-28.jpg">Juliette </a></i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">[sa sœur, la
perverse]<i> </i></span><br />
<br />
<span style="font-family: "Lucida Grande";"><i>La
domesticité est évidemment la forme privilégiée par la noblesse de la
prestation de service : l’ancillarité met à la disposition du “maître” la
force de travail du “serviteur”, </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg3tT4U6elJJBLnFzpGvnTNlTpbJojiox1v_fJ6tcZ7rnIuihSBFKjo1LNi053vx6naymEhaY6dwIFH5Ie6fK7GSr-T45P-OOu9v4fnKCZpOZJYaTBcF52nV8Y3P5T8B06F7NxP51TyPME/s1600/H0027-L21886863.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg3tT4U6elJJBLnFzpGvnTNlTpbJojiox1v_fJ6tcZ7rnIuihSBFKjo1LNi053vx6naymEhaY6dwIFH5Ie6fK7GSr-T45P-OOu9v4fnKCZpOZJYaTBcF52nV8Y3P5T8B06F7NxP51TyPME/s1600/H0027-L21886863.jpg" height="320" width="174" /></a>tout en écartant la situation salariale, et le
rapport social qui lui est lié. Recevoir des gages suppose quelque chose de plus
que “servir” : c’est faire acte d’<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg3tT4U6elJJBLnFzpGvnTNlTpbJojiox1v_fJ6tcZ7rnIuihSBFKjo1LNi053vx6naymEhaY6dwIFH5Ie6fK7GSr-T45P-OOu9v4fnKCZpOZJYaTBcF52nV8Y3P5T8B06F7NxP51TyPME/h120/H0027-L21886863.jpg">allégeance</a>.</i></span> </blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<span style="font-family: "Lucida Grande";"><i>Or,
si le refus de la rente ravale Justine au rang de domestique, le refus de
“servir” (crimes compris) fait à son tour remonter le récit vers un moment
antérieur de l’organisation du travail, féodal par excellence : le
servage.</i></span> </blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<span style="font-family: "Lucida Grande";"><i>Le
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjn21ElZBsZV6Gl7GzxR2YjllAdvDFYD3QAAj2w2kAEEyeUqHbRJJKotUOaXdceJmoWc0KtzrvE8-H5agvZx10Kc8iv7HmxnIouyoSHUs4hm3o7MqO-vIR-od0dBDGVG8q-7DoP8rimJ1Q/h120/Sade7.jpg">servage </a>est incontestablement le type de rapports que met en scène l’épisode de
Dalville, faux-monnayeur secouru par Justine, qui pour récompense enchaîne
celle-ci à une roue </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjn21ElZBsZV6Gl7GzxR2YjllAdvDFYD3QAAj2w2kAEEyeUqHbRJJKotUOaXdceJmoWc0KtzrvE8-H5agvZx10Kc8iv7HmxnIouyoSHUs4hm3o7MqO-vIR-od0dBDGVG8q-7DoP8rimJ1Q/s1600/Sade7.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjn21ElZBsZV6Gl7GzxR2YjllAdvDFYD3QAAj2w2kAEEyeUqHbRJJKotUOaXdceJmoWc0KtzrvE8-H5agvZx10Kc8iv7HmxnIouyoSHUs4hm3o7MqO-vIR-od0dBDGVG8q-7DoP8rimJ1Q/s1600/Sade7.jpg" height="320" width="196" /></a>d’infortune, dans un château-prison-usine : “Voilà ta
besogne; moyennant que tu travailleras douze heures par jour à tourner cette
roue, que tu seras comme tes compagnes bien et dûment battue chaque fois que tu
te relâcheras, il te sera accordé six onces de pain noir et un plat de fèves
par jour. Pour ta liberté, renonces-y…”</i></span> </blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<span style="font-family: "Lucida Grande";"><i>Dalville
assigne à Justine sa place, sa fonction, sa rétribution aussi impérieusement
qu’arbitrairement : l’autorité du faux-monnayeur n’a rien à envier à celle
du seigneur, dont il usurpe mais en même temps </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">ressuscite <i>(droit
de cuissage inclus) les antiques prérogatives.</i></span> </blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<span style="font-family: "Lucida Grande";"><i>Ainsi
régresse le récit vers le modèle nostalgique de l’économie féodale, sans nulle
</i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";"><i><span style="font-family: "Lucida Grande";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjPBZrXv_B1NmfIyGzk3mwoWxP4RCgM3_R_OVSokiKBaoutcTaZg0T9udTYkcTiIy6GfQv-7jBG-jj3lFt6eTkYbw0c2GuDuncmX7Ot6lUY2ZB3uv2bMudVrzyjLoudaAe2vxIlGd1IFfE/s1600/Sade.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjPBZrXv_B1NmfIyGzk3mwoWxP4RCgM3_R_OVSokiKBaoutcTaZg0T9udTYkcTiIy6GfQv-7jBG-jj3lFt6eTkYbw0c2GuDuncmX7Ot6lUY2ZB3uv2bMudVrzyjLoudaAe2vxIlGd1IFfE/s1600/Sade.jpg" height="320" width="198" /></a></span>ambiguïté : Dalville est bien le modèle du thesmothète libertin, et son
repaire caché dans un coupe-gorge semble bien présenter au lecteur l’utopie
sociale qui manquait au conte. À preuve cet étrange ajout : le méchant
Dalville parti fortune faite, un “bon” brigand, Roland, lui succède; et c’est,
en quelques lignes, l’amorce d’une structure sociale parfaite. Justine ne pense
plus à s’évader : le travail est adouci, rendu plus efficace aussi; les
ouvrières “récompensées par de très bonnes chambres et une excellente
nourriture”. Détail symbolique : le retour au château des serfs, ainsi
rapprochés de leur <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjPBZrXv_B1NmfIyGzk3mwoWxP4RCgM3_R_OVSokiKBaoutcTaZg0T9udTYkcTiIy6GfQv-7jBG-jj3lFt6eTkYbw0c2GuDuncmX7Ot6lUY2ZB3uv2bMudVrzyjLoudaAe2vxIlGd1IFfE/h120/Sade.jpg">protecteur-exploiteur</a> (“il nous établit dans le château”).</i></span> </blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<span style="font-family: "Lucida Grande";"><i>Quel
modèle s’ébauche ici, sinon celui d’une féodalité à visage humain et d’un
servage bien tempéré? C’est un moment décisif du texte que celui où tout peut
s’arrêter dans un équilibre social enfin défini </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">[…]. <i>Mais bien
évidemment, il suffira de trois lignes pour la balayer : le réel d’une
société mauvaise fait irruption dans le rêve féodal, et les faussaires
utopistes sont couverts de chaînes par les forces de désordre de la
maréchaussée : “dans un monde totalement corrompu”… </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">(P. Roger. <i>Sade
La philosophie dans le pressoir, </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">Paris, Grasset, Col. Théoriciens, 1976, pp. 185-186)</span></blockquote>
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Lucida Grande";">On ne saurait mieux
décrire ce que La Boétie appelait <i>la servitude volontaire</i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">! Pour Sade, le
mode de production féodal établit un équilibre où la hiérarchie des maîtres et
la servitude des domestiques posent l’utopie de la société parfaite, ce que le
capitalisme nouveau tend à détruire. C’est ainsi qu’un autre pervers,
</span><span style="font-family: "Lucida Grande";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEidmU59TUrSoKfQ4wUugDo3Hr_TsQtof90mqrmscw-oCEot3ZozUA9FXfCPOCkiHXl0Wy2wLFrS9GO2cwben5mzqHtjbJ7lKthG8anvSZILIrOrJHhRVKGM7Shyphenhyphen2lRkEPQFH99dGHDSwfI/s1600/milkyway1.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEidmU59TUrSoKfQ4wUugDo3Hr_TsQtof90mqrmscw-oCEot3ZozUA9FXfCPOCkiHXl0Wy2wLFrS9GO2cwben5mzqHtjbJ7lKthG8anvSZILIrOrJHhRVKGM7Shyphenhyphen2lRkEPQFH99dGHDSwfI/s1600/milkyway1.jpg" height="241" width="400" /></a><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEidmU59TUrSoKfQ4wUugDo3Hr_TsQtof90mqrmscw-oCEot3ZozUA9FXfCPOCkiHXl0Wy2wLFrS9GO2cwben5mzqHtjbJ7lKthG8anvSZILIrOrJHhRVKGM7Shyphenhyphen2lRkEPQFH99dGHDSwfI/h120/milkyway1.jpg">Saint-Florent</a>, explique la façon dont la nouvelle économie réintroduit
l’esclavage démentiel de Dalville : «<i>Je vais plus loin, Thérèse :
l’activité, l’industrie, un peu d’aisance, en luttant contre mes subornations,
me raviraient une grande partie des sujets; j’oppose à ces écueils le crédit
dont je jouis dans cette ville, j’excite des </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">oscillations <i>dans le commerce, ou
des chertés dans les vivres, qui, multipliant les classes du pauvre, lui
enlevant d’un côté les moyens du travail, et lui rendant difficiles de l’autre
ceux de la vie, augmentent en raison égale la somme des sujets que la misère me
livre. La ruse est connue, Thérèse : ces disettes de bois, de blé et
d’autres comestibles, dont Paris a frémi tant d’années, n’avaient d’autres
objets que ceux qui m’animent; l’avarice, le libertinage, voilà les passions
qui, du sein des lambris dorés, tendent une multitude de filets jusque sur
l’humble toit du pauvre</i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">». (Cité in A. Le Brun. <i>Soudain un bloc d’abîmes,
Sade, </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">Paris, Gallimard, Col. Folio essais #226, 1986, p. 255).</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Lucida Grande";">Qu’est-ce à dire?
Que doit-on comprendre de ces exposés du roman de Sade? La vertu de la
production féodale est d’offrir une stabilité conformément à ce que Marx appelait plus haut la <i>communauté.</i> L’esclavage à un extrême,
«l’activité, l’industrie» à l’autre où le salarié appartient à une classe de
pauvres </span><span style="font-family: "Lucida Grande";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjRuZABM1-hixx116YpV8igkrSmCb4YVeq_7zVxbC4HMTjfCknqB40EKIKRLJPE23CAAuRUj0U1cyTgkL821_m1NEi9qnyWzuR2QmfkVqFi7ekXxpS_JAc999q6uLPmmlKbO3nrvOINJto/s1600/4840_5.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjRuZABM1-hixx116YpV8igkrSmCb4YVeq_7zVxbC4HMTjfCknqB40EKIKRLJPE23CAAuRUj0U1cyTgkL821_m1NEi9qnyWzuR2QmfkVqFi7ekXxpS_JAc999q6uLPmmlKbO3nrvOINJto/s1600/4840_5.jpg" height="400" width="236" /></a>progressivement dépossédés par/pour l'enrichissement des bourgeois, confirment, si besoin était, que la Nature a
horreur de l’équilibre et que finalement, la société utopique du château de Roland doit
disparaître sous la force du progrès et de la maréchaussée. Les faux-monnayeurs de Sade sont authentiques; ils appartiennent à ce que Hobsbawm appelle <i>les <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjRuZABM1-hixx116YpV8igkrSmCb4YVeq_7zVxbC4HMTjfCknqB40EKIKRLJPE23CAAuRUj0U1cyTgkL821_m1NEi9qnyWzuR2QmfkVqFi7ekXxpS_JAc999q6uLPmmlKbO3nrvOINJto/h120/4840_5.jpg">primitifs de la révolte</a>. </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">Anarchistes dans
l’âme, les faux-monnayeurs sont des «libertariens» et renouent avec les
pratiques de l’esclavage, car telle est la nature humaine que si la servilité
sied bien à Justine-la-pure, c’est dans la libération des instincts que
l’économie s’accroît. Dalville revêt donc le costume du parfait
libertin alors que son remplaçant, Roland, par sa convivialité et sa féodalité, est
condamné à mort par le régime royal. Dalville profitera de sa retraite
construite sur l’esclavage en devenant amant de la sœur de Justine, l’ineffable
Juliette. Ce que Lacombe attribue à Roland convient plutôt au Dalville de la
première version du roman : «<i>Il bat ses gens et leur inflige différents
supplices : flagellation, pendaison, jeu de coupe-corde… Il opère ses
forfaits dans des souterrains situés “à huit cents pieds dans les entrailles de
la terre”. Incestueux (avec sa sœur) et sodomite. Ses maximes : “Le crime
allume ma luxure; plus il est affreux, plus il m’irrite”; “ce n’est </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";"><i>qu’au sein
de l’infamie que la lubricité doit naître”; “le meurtre est mille fois plus
délicieux quand il emporte avec lui l’idée du vol”; “le spectacle de
l’infortune m’irrite, il m’amuse, et quand je </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";"><i><span style="font-family: "Lucida Grande";"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhclfgnWdoo6e6EUb62YwbpGiUVUSxJmbMDxMov7iataA_kk3mZsurHMhdMAS-k6kN2FobReH6myEyOh_flEXDUosSgxpPJ6kGcGqrlWtm_Y99q7YZKFYUMs9AanHfcnbjqAN5XbjUaeYc/s1600/145063.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhclfgnWdoo6e6EUb62YwbpGiUVUSxJmbMDxMov7iataA_kk3mZsurHMhdMAS-k6kN2FobReH6myEyOh_flEXDUosSgxpPJ6kGcGqrlWtm_Y99q7YZKFYUMs9AanHfcnbjqAN5XbjUaeYc/s1600/145063.jpg" height="268" width="400" /></a></i></span>ne puis </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";"><i>faire du mal moi-même, je
jouis avec délices de celui que fait la main du sort”; “il ne faut jamais
soulager l’<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhclfgnWdoo6e6EUb62YwbpGiUVUSxJmbMDxMov7iataA_kk3mZsurHMhdMAS-k6kN2FobReH6myEyOh_flEXDUosSgxpPJ6kGcGqrlWtm_Y99q7YZKFYUMs9AanHfcnbjqAN5XbjUaeYc/h120/145063.jpg">indigent</a>; c’est s’opposer aux lois de la nature et encourager la
fainéantise”» </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">(R.-G. Lacombe. <i>Op. cit. </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">p. 252). Cette dernière thèse, reprise par les économistes libéraux du tournant du XIXe siècle et partagée comme paroles d'Évangile par tous les entrepreneurs capitalistes jusqu'à nos jours, apparaît comme un sophisme qui montre le peu de psychologie de la <i>minorité dominante.</i> Tout cela, enfin, confirme la thèse de Philippe Roger
que le sentier abrupt que suit Justine est une métaphore de la régression de l’économie
sociale. Roland est un sot qui veut s’attacher aux pratiques de la servitude
féodale. Dalville et Saint-Florent sont, eux, les promoteurs de la nouvelle économie, d’accord sur la société sadienne
qu’inaugure le régime capitaliste de production associée à l’industrie.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Lucida Grande";">Mais la régression
sociale n’est que le revers de la régression psychique. Dalville fait des <i>primitifs
de la révolte </i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">des pervers polymorphes (inceste, sodomie, meurtre). La fausse monnaie
est un assaut non seulement contre la société établie, mais aussi contre son
symbole d’autorité : la figure du Père. Considérant </span><span style="font-family: "Lucida Grande";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEic_owuVEEDoGltivjZZNuIRPi4opzSFZdD6Uw1Wa1KVpCzemdCm5Pn-5VuO1sZEgFxZdLZ2zrIsFe3d5POUjIZlmlWNINEUaPojLQwTR7-ZoRuEELIcBQtDx_TX2VPWcW-Is208zchGsQ/s1600/S1993-06407_ecu.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEic_owuVEEDoGltivjZZNuIRPi4opzSFZdD6Uw1Wa1KVpCzemdCm5Pn-5VuO1sZEgFxZdLZ2zrIsFe3d5POUjIZlmlWNINEUaPojLQwTR7-ZoRuEELIcBQtDx_TX2VPWcW-Is208zchGsQ/s1600/S1993-06407_ecu.jpg" height="240" width="320" /></a>que l’effigie apporte
une plus-value à la monnaie, sa contrefaçon devient un crime de lèse-majesté en
singeant la <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEic_owuVEEDoGltivjZZNuIRPi4opzSFZdD6Uw1Wa1KVpCzemdCm5Pn-5VuO1sZEgFxZdLZ2zrIsFe3d5POUjIZlmlWNINEUaPojLQwTR7-ZoRuEELIcBQtDx_TX2VPWcW-Is208zchGsQ/h120/S1993-06407_ecu.jpg">figure du Roi.</a> La propagande est déviée de son but. Elle annule la
légitimité du pouvoir et de son représentant aussi bien sur terre que dans les
cieux. La fausse monnaie est une gifle à la figure même de Dieu, et c’est ainsi
que le droit féodal le concevait et celui de l’Ancien Régime encore plus, d’où
les supplices dont étaient frappés les condamnés. Passé de la monarchie à la
nation n’enlève rien au crime sinon que la lèse-majesté touche aussi bien la
figure du Père (l’État) que celle de la Mère (la Nation). N’est-il pas
symptomatique que </span><span style="font-family: "Lucida Grande";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjO-URdJtKi-0mWFliGX_j0ZAB6yZq-yYhHa5VFXukTMvVHwZ62vDc6UClErlSkA1fzD_rdUz9rRyufVGE_udpIGuHJp7pOED1phgxgy4NgiiGX4obV0ViPCeMMWNw-q7qnQ-HUaDfKIyY/s1600/SilverCertificate1Dollar.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjO-URdJtKi-0mWFliGX_j0ZAB6yZq-yYhHa5VFXukTMvVHwZ62vDc6UClErlSkA1fzD_rdUz9rRyufVGE_udpIGuHJp7pOED1phgxgy4NgiiGX4obV0ViPCeMMWNw-q7qnQ-HUaDfKIyY/s1600/SilverCertificate1Dollar.jpg" height="264" width="320" /></a>les États-Unis, qui portent à la fois sur leurs <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjO-URdJtKi-0mWFliGX_j0ZAB6yZq-yYhHa5VFXukTMvVHwZ62vDc6UClErlSkA1fzD_rdUz9rRyufVGE_udpIGuHJp7pOED1phgxgy4NgiiGX4obV0ViPCeMMWNw-q7qnQ-HUaDfKIyY/h120/SilverCertificate1Dollar.jpg">billets </a>la
figure du Père (Washington; <i>In God we trust</i></span><span style="font-family: "Lucida Grande";">) et la devise de
la Nation (le grand sceau des États-Unis avec la devise <span class="st"><i>E
Pluribus Unum</i></span><span class="st">), aient été parmi les plus contrefaits?
Bernard Oudin écrit ainsi : «De nos jours, la devise imprimée suivant les
techniques les plus perfectionnées est évidemment le dollar, mais c’est aussi
la plus imitée. Son rôle de moyen de paiement international lui a valu d’être
également falsifié à une échelle internationale. Le boom sur le dollar a
commencé immédiatement après la guerre. En 1946, 65 000 faux dollars ont été
retirés de la circulation aux États-Unis par le Service Secret ; il y en
eut trois millions dès 1948 et la progression n’a fait que se poursuivre
depuis» (B. Oudin. <i>Op. cit. </i></span><span class="st">p. 406).</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="st"><span style="font-family: "Lucida Grande";">L’expression de la
haine des figures parentales et de leur substitution par le fétichisme
monétaire ne fait qu’asseoir davantage le capitalisme sur la destrudo. D’abord,
au niveau économique, en fragilisant le cours des monnaies sur le marché. Ensuite,
en faisant progressivement disparaître les antiques figures affectives du </span></span><span class="st"><span style="font-family: "Lucida Grande";">Père-État et de la Mère-Nation pour les remplacer par des figures de propagande
privée qui représentent des grandes banques ou des compagnies de crédit.
Enfin, en permettant que la spéculation, en haussant la </span></span><span class="st"><span style="font-family: "Lucida Grande";"><span class="st"><span style="font-family: "Lucida Grande";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhm5lbkikezDOmYUUBVrNFt_UPrsjz9if20aVg0IJt2RCm4PQewRnLlkpNRdqdQmQvHmubbu2vdTclmk6ikdFrBMPDR2MBquTSZPTH-iTMRJvWWO0ZL0F02dMYZS__BxRq5qykBMr6vAkw/s1600/crise-2.gif" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhm5lbkikezDOmYUUBVrNFt_UPrsjz9if20aVg0IJt2RCm4PQewRnLlkpNRdqdQmQvHmubbu2vdTclmk6ikdFrBMPDR2MBquTSZPTH-iTMRJvWWO0ZL0F02dMYZS__BxRq5qykBMr6vAkw/s1600/crise-2.gif" height="303" width="320" /></a></span></span>valeur marchande des
monnaies, opère une «mutation» alchimique semblable à celle dont usait Philippe
le Bel, c’est-à-dire non plus en «rognant» les pièces, mais en élevant à des
taux impossibles à traduire en biens réels, des «actions», des «papiers», des
«fonds» ou des «valeurs» qui suffisent non seulement à déstabiliser les cours
nationaux ou même mondiaux, mais à entraîner l’ensemble de l’économie mondiale
dans une catastrophe financière comme cela a été le cas en <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhm5lbkikezDOmYUUBVrNFt_UPrsjz9if20aVg0IJt2RCm4PQewRnLlkpNRdqdQmQvHmubbu2vdTclmk6ikdFrBMPDR2MBquTSZPTH-iTMRJvWWO0ZL0F02dMYZS__BxRq5qykBMr6vAkw/h120/crise-2.gif">2008</a>. La réaction
des États, d'abord en fournissant le soutien financier aux banques privées à même les fonds communs tirés de la
perception de taxes et d’impôts pour les maintenir à flots, ensuite par des
politiques conservatrices néo-libérales de restreindre les services publiques
indispensables au Souverain Bien des collectivités, illustre parfaitement une situation conforme au
discours que tient Saint-Florent à Justine.</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="st"><span style="font-family: "Lucida Grande";">Les scandales
financiers qui touchèrent la France et certains autres pays européens durant
l’Entre-deux-Guerres témoignent des conséquences de la déstabilisation
financière entraînée par le traité de Versailles de 1919 et que craignait déjà
Keynes lors de ses recommandations aux négociateurs. La guerre </span></span><span class="st"><span style="font-family: "Lucida Grande";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhtHPR2GBYqZQkczfhOt6FfFBdHKXDLg8zW06-KcMVC6XB8dYmYdxNQD-3k90bRIwAOSp0NgGbP1PrPOlCcg9MDB4JETSoC1uHGrJCU8jYBQkyKGAakTwmffqX4fzpqez5Bn1U3DP4QhrQ/s1600/Gide_1893.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhtHPR2GBYqZQkczfhOt6FfFBdHKXDLg8zW06-KcMVC6XB8dYmYdxNQD-3k90bRIwAOSp0NgGbP1PrPOlCcg9MDB4JETSoC1uHGrJCU8jYBQkyKGAakTwmffqX4fzpqez5Bn1U3DP4QhrQ/s1600/Gide_1893.jpg" height="400" width="288" /></a>avait été gagnée
par les puissances atlantiques, mais la paix fut perdue et prépara le lit pour
une guerre encore plus ignoble et plus sanglante. Les complots internationaux
en vue d’inonder des marchés de fausses monnaies ne furent pas rares, même si
la plupart ne parvinrent pas à déstabiliser l’économie. À elle seule, la crise
de 1929 suffit à plonger le monde dans la pire épreuve financière jamais
connue jusqu’alors et qui s'étira jusqu'au déclenchement de la Seconde Guerre
mondiale. Chaque nation eut ses affaires criminelles concernant la fausse
monnaie. Il n’est pas innocent qu’<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhtHPR2GBYqZQkczfhOt6FfFBdHKXDLg8zW06-KcMVC6XB8dYmYdxNQD-3k90bRIwAOSp0NgGbP1PrPOlCcg9MDB4JETSoC1uHGrJCU8jYBQkyKGAakTwmffqX4fzpqez5Bn1U3DP4QhrQ/h120/Gide_1893.jpg">André Gide</a>, dont l’oncle, Charles, était un
économiste avéré et représentant de la banque protestante en France, intitula l'un de ses
romans <i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj7ZLu8weJQtKpI-wF88YID1gC5BkYQQVAYZBGwfYLeL9VSGN8eOE_Z8H0NSb7ofdv60uaXcHTyWc931IGvFfwmuJHY97wWF9hkZCPBvWbuJDXfl37d6XcpHgq1VT0SCWPeMuAUL_6eMz4/h120/les-faux-monnayeurs_32066_18740.jpg">Les Faux-Monnayeurs</a> </i></span></span><span class="st"><span style="font-family: "Lucida Grande";">(1925). La fausse
monnaie ici ne consiste pas en pièces ou en billets, mais en sentiments vrais
et faux. Bernard, égaré par des découvertes intimes sur ses origines, éprouve
des sentiments intenses pour un oncle, Édouard, qui éprouve des sentiments
réciproques mais secrets pour le jeune homme. Se confiant à son ami Olivier,
celui-ci devient terriblement jaloux et par dépit, se laisse séduire par un
pervers, écrivain à la mode, riche, dandy et amateur de garçons tout autant
qu’il se révèle un être cynique et manipulateur. On comprend tout de suite que la vraie
monnaie, c’est la relation pudique et sincère entre Bernard et son oncle Édouard.
Le cynique Passavant profite plutôt des états d’âme d’Olivier, qu’il convoite
depuis un certain temps, pour se l’accaparer et </span></span><span class="st"><span style="font-family: "Lucida Grande";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj7ZLu8weJQtKpI-wF88YID1gC5BkYQQVAYZBGwfYLeL9VSGN8eOE_Z8H0NSb7ofdv60uaXcHTyWc931IGvFfwmuJHY97wWF9hkZCPBvWbuJDXfl37d6XcpHgq1VT0SCWPeMuAUL_6eMz4/s1600/les-faux-monnayeurs_32066_18740.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj7ZLu8weJQtKpI-wF88YID1gC5BkYQQVAYZBGwfYLeL9VSGN8eOE_Z8H0NSb7ofdv60uaXcHTyWc931IGvFfwmuJHY97wWF9hkZCPBvWbuJDXfl37d6XcpHgq1VT0SCWPeMuAUL_6eMz4/s1600/les-faux-monnayeurs_32066_18740.jpg" height="315" width="400" /></a>l’entraîner par sa mauvaise
influence dans l’<i>hybris</i></span></span><span class="st"><span style="font-family: "Lucida Grande";">. La relation entre
le comte de Passavant et le jeune Olivier est présentée alors comme la fausse
monnaie. On retrouve ici le caractère de Dalville à travers la personnalité
d’Olivier qui devient brutal, détestable aux yeux de ses meilleurs amis; s’en
rend compte et se laisse aller dans une dépression morbide sans être capable de
se ressaisir. Le faussaire Passavant détruit celui qui s’est laissé duper par
sa séduction mensongère. Au cours d’une soirée donnée dans un club littéraire,
Olivier se donne en spectacle en se saoulant et se ridiculisant aux yeux des
littéraires présent avant de sombrer dans une torpeur éthylique. De son côté,
l’oncle Édouard finit par avouer son sentiment pour Bernard et l’oncle et le
neveu vivent leur passion amoureuse en toute liberté. La morale de la nouvelle
est donc assez simple. Gide a utilisé son penchant homosexuel pour faire
éclater les valeurs traditionnelles et familiales. Dénonçant l’hypocrisie et
les dissimulations de la société bourgeoise, il dévoile, à sa façon, le désir
mimétique qu’il associe à la fausse monnaie de liens mensongers, singerie de la sincérité
de la vraie relation qui lie un couple, pourtant à la fois homosexuel et incestueux. </span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="st"><span style="font-family: "Lucida Grande";">Mais c’est Georges
Rémi – <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjB5jdXS2VzzWrmDE_rLq2SOqHzkxdLRISHMzmAjhZF8db6ciN8RfxcavZam2OFTEzClGf_CL_T8Gz_ITGoqg3tY4UZDeuN30REpMr-Yg5zbO1RuuuW6sQCmtaf1JxRguNhYWAnGBdK0iE/h120/herge1979.jpg">Hergé </a>– qui, dans un album des aventures de Tintin et Milou, a su le
mieux </span></span><span class="st"><span style="font-family: "Lucida Grande";">exploiter l’actualité des faux-monnayeurs de l’Entre-deux-Guerres. Dans l’album
<i>L’Île noire </i></span></span><span class="st"><span style="font-family: "Lucida Grande";">(paru en feuilleton dans <i>Le Petit Vingtième </i></span></span><span class="st"><span style="font-family: "Lucida Grande";">en
avril-juin 1938, puis en album couleur en 1943 sous l’Occupation, </span></span><span class="st"><span style="font-family: "Lucida Grande";"><span class="st"><span style="font-family: "Lucida Grande";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjB5jdXS2VzzWrmDE_rLq2SOqHzkxdLRISHMzmAjhZF8db6ciN8RfxcavZam2OFTEzClGf_CL_T8Gz_ITGoqg3tY4UZDeuN30REpMr-Yg5zbO1RuuuW6sQCmtaf1JxRguNhYWAnGBdK0iE/s1600/herge1979.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjB5jdXS2VzzWrmDE_rLq2SOqHzkxdLRISHMzmAjhZF8db6ciN8RfxcavZam2OFTEzClGf_CL_T8Gz_ITGoqg3tY4UZDeuN30REpMr-Yg5zbO1RuuuW6sQCmtaf1JxRguNhYWAnGBdK0iE/s1600/herge1979.jpg" height="320" width="287" /></a></span></span>enfin
totalement redessiné en 1965), le héros et son fidèle compagnon sont entraînés,
après de multiples aventures mortelles, dans un château délabré isolé dans un
lac écossais où travaillent de faux-monnayeurs. Benoît Peeters insiste sur l’originalité du récit qui, s’apparentant aux romans et aux films policiers de
l’époque (en particulier ceux d'Hitchcock), «<i>repose essentiellement sur la
confrontation de deux univers réputés incompatibles. Le premier est le monde
des techniques les plus modernes et les plus sophistiquées, qui jouent dans
l’album un rôle fondamental. Le second – issu de la littérature fantastique et
d’épouvante – fait appel à des mythes plus anciens : l’île (mystérieuse),
le château (en ruine…) et surtout la “bête”</i></span></span><span class="st"><span style="font-family: "Lucida Grande";">» (B. Peeters. <i>Le
monde d’Hergé, </i></span></span><span class="st"><span style="font-family: "Lucida Grande";">s.v. Casterman, 2004, p. 55). On connaît les
vantardises du chef rexiste – le mouvement fasciste belge – Léon Degrelle qui
aimait évoquer son amitié avec Hergé et s’identifier au personnage de Tintin.
L’album se meut, en effet, dans le <i>Zeitgeist</i> de l'époque (et non spécifiquement nazi) </span></span><span class="st"><span style="font-family: "Lucida Grande";">où l’archaïsme rejoint par de multiples points le futurisme. C’est ce que nous
dit Peeters lorsqu’il soulève la «<i>confrontation de deux univers réputés
incompatibles</i>». Ce qui ne veut nullement dire que l’intrigue, en elle-même,
soit porteuse d’une propagande nazie.</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="st"><span style="font-family: "Lucida Grande";">Contrairement au
roman de Gide, les faux-monnayeurs ne sont rien de plus ici que des
faux-monnayeurs. Michaël Farr, pour sa part, parle d’un article du <i>Crapouillot
</i></span></span><span class="st"><span style="font-family: "Lucida Grande";">de février 1934 où il serait mention d’un certain
</span></span><span class="st"><span style="font-family: "Lucida Grande";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg8ekZ6U0eiuXK85n9Y2rDi2SoN92t5yyyWNnGREVdOcg5e95lwcAhgT1fXfnkzsHMDo_c2fFzIXpnjm9SUdL3bCLzeXY0pdRPM6Lix9WHY1nZlbdAogyv96AgAdNPRtRKOz-KKAgBKd6s/s1600/bdc3bdf8eb.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg8ekZ6U0eiuXK85n9Y2rDi2SoN92t5yyyWNnGREVdOcg5e95lwcAhgT1fXfnkzsHMDo_c2fFzIXpnjm9SUdL3bCLzeXY0pdRPM6Lix9WHY1nZlbdAogyv96AgAdNPRtRKOz-KKAgBKd6s/s1600/bdc3bdf8eb.jpg" height="320" width="281" /></a><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg8ekZ6U0eiuXK85n9Y2rDi2SoN92t5yyyWNnGREVdOcg5e95lwcAhgT1fXfnkzsHMDo_c2fFzIXpnjm9SUdL3bCLzeXY0pdRPM6Lix9WHY1nZlbdAogyv96AgAdNPRtRKOz-KKAgBKd6s/h120/bdc3bdf8eb.jpg">Georg Bell</a>, un Écossais naturalisé allemand et vivant en Allemagne. «<i>Lié au
parti nazi, il avait trempé dans une affaire de contrefaçon de roubles visant à
déstabiliser l’Union soviétique. Brouillé avec ses protecteurs, menaçant de
tout révéler, Bell s’était enfui en Autriche où les nazis, l’ayant retrouvé, le
liquidèrent en avril 1933</i></span></span><span class="st"><span style="font-family: "Lucida Grande";">» (M. Farr. <i>Tintin
Le rêve et la réalité, </i></span></span><span class="st"><span style="font-family: "Lucida Grande";">s.v. Éditions Moulinsart, 2001, p.
71). C’est Bell qui aurait servi de modèle au méchant de l’album, le docteur J.
W. Müller, un médecin aliéniste allemand installé dans le sud-est de
l’Angleterre, dans le Sussex, appartenant à une organisation de faux-monnayeurs dont
le but est d’inondé l’Europe de fausses monnaies. Profitant de la popularité de
l’actualité écossaise – les reportages sur le monstre du Loch Ness – Hergé
avait là toute une série de matériau suffisant pour créer un album enlevant et
sans perdre haleine. <i>L’île noire </i></span></span><span class="st"><span style="font-family: "Lucida Grande";">est probablement
l’album le plus «cinématographique» de l’ensemble des œuvres d’Hergé.</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="st"><span style="font-family: "Lucida Grande";">Que peut-on comprendre de ce passage d'Hergé dans le monde des faux-monnayeurs? Peut-on aller
aussi loin que Sade ou Gide dans la perversité prêtée à ceux-ci? Ou l’affaire serait-elle purement anecdotique? </span></span><span class="st"><span style="font-family: "Lucida Grande";">Certes, Farr rappelle qu’«<i>au
milieu des années 1930, les progrès des techniques d’impression avaient
considérablement facilité la contrefaçon des billets de banque. À la fin de la
Seconde Guerre mondiale, d’ailleurs, les nazis, qui en avaient fait un
instrument de guerre </i></span></span><span class="st"><span style="font-family: "Lucida Grande";"><i><span class="st"><span style="font-family: "Lucida Grande";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiynvBqU8wCvygAPFRPrwyiFSK1uwFGnPVuslc3bSzRD02bW54MDeZZymcmJBqFEvX7NClGzCyDnliSVmW1IMZIKnwksoPmcChvTGfDMlbErhQiMCyOV87ivDYDgI9doesOb0EsHXmOPPs/s1600/ile_noire.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiynvBqU8wCvygAPFRPrwyiFSK1uwFGnPVuslc3bSzRD02bW54MDeZZymcmJBqFEvX7NClGzCyDnliSVmW1IMZIKnwksoPmcChvTGfDMlbErhQiMCyOV87ivDYDgI9doesOb0EsHXmOPPs/s1600/ile_noire.jpg" height="400" width="307" /></a></span></span>économique, avaient probablement imprimé plus de livres
sterling que la Banque d’Angleterre, sans cependant atteindre leur but, ruiner
l’économie britannique</i></span></span><span class="st"><span style="font-family: "Lucida Grande";">» (M. Farr. <i>Ibid. </i></span></span><span class="st"><span style="font-family: "Lucida Grande";">p.
71). On dira guère plus sur l’aspect politique de<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiynvBqU8wCvygAPFRPrwyiFSK1uwFGnPVuslc3bSzRD02bW54MDeZZymcmJBqFEvX7NClGzCyDnliSVmW1IMZIKnwksoPmcChvTGfDMlbErhQiMCyOV87ivDYDgI9doesOb0EsHXmOPPs/h120/ile_noire.jpg"> </a><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiynvBqU8wCvygAPFRPrwyiFSK1uwFGnPVuslc3bSzRD02bW54MDeZZymcmJBqFEvX7NClGzCyDnliSVmW1IMZIKnwksoPmcChvTGfDMlbErhQiMCyOV87ivDYDgI9doesOb0EsHXmOPPs/h120/ile_noire.jpg">L’île noire</a>. </i></span></span><span class="st"><span style="font-family: "Lucida Grande";">Pierre
Skilling, auteur d’une étude politique des albums de Tintin, <i>Mort aux tyrans!,
</i></span></span><span class="st"><span style="font-family: "Lucida Grande";">expédie l’album en un court paragraphe : «<i>Dans</i></span></span><span class="st"><span style="font-family: "Lucida Grande";"> L’île
noire<i>, pas de politique ni de rencontre significative avec l’Autre. Le
reporter découvre en sol britannique un réseau de faux-monnayeurs mené par un
autre “méchant” notoire, le docteur J. W. Müller, une autre crapule
internationale qui manipule les humains et les États à son profit : fausse
monnaie, fabrication de guerre (dans l’</i></span></span><span class="st"><span style="font-family: "Lucida Grande";">Or noir<i>),
collaboration avec Rastapopoulos dans le trafic d’armes et d’esclaves (</i></span></span><span class="st"><span style="font-family: "Lucida Grande";">Coke
en stock<i>)… L’île noire se trouve en Écosse. Pour se fondre avec les
Écossais, Tintin portera le traditionnel kilt et la casquette écossaise, que
beaucoup d’Écossais portent encore, si l’on en croit les images qu’Hergé nous
présente</i></span></span><span class="st"><span style="font-family: "Lucida Grande";">». (P. Skilling. <i>Mort aux tyrans!</i></span></span><span class="st"><span style="font-family: "Lucida Grande";">,
s.v. Nota Bene, 2001, p. 140). Il semble que M. Skilling ait passé un regard
plutôt rapide sur l’album, le considérant comme moins évocateur que le
précédent, <i>L’oreille cassée </i></span></span><span class="st"><span style="font-family: "Lucida Grande";">ou le suivant, <i>Le
sceptre d’Ottokar.</i></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br />
<span class="st"><span style="font-family: "Lucida Grande";">Pour le
psychanalyste Serge Tisseron, <i>L’île noire </i></span></span><span class="st"><span style="font-family: "Lucida Grande";">est le dernier
album des aventures de Tintin de la période «pré-familiale». Ici, les liens entre Tintin et Milou se maintiennent au niveau de l’enfance : la confusion
entre l’homme et l’animal au point que l’un devient identique à l’autre. Ainsi,
en <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhEZvaV8c7qjwHtgNC6QuWZY8tVNbt2ugWVxWXQ15meRgqGkV_fg3quL1rYVpboddw2d2PeDIfaekCzCFGmYXKULc5GsOR0tpml2uUEJSn-Ks6KtewjnGvCkpz9yDJAA9-BCJBfXmje1mY/h120/images.jpg">Milou </a>se révèle-t-il un penchant </span></span><span class="st"><span style="font-family: "Lucida Grande";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhEZvaV8c7qjwHtgNC6QuWZY8tVNbt2ugWVxWXQ15meRgqGkV_fg3quL1rYVpboddw2d2PeDIfaekCzCFGmYXKULc5GsOR0tpml2uUEJSn-Ks6KtewjnGvCkpz9yDJAA9-BCJBfXmje1mY/s1600/images.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhEZvaV8c7qjwHtgNC6QuWZY8tVNbt2ugWVxWXQ15meRgqGkV_fg3quL1rYVpboddw2d2PeDIfaekCzCFGmYXKULc5GsOR0tpml2uUEJSn-Ks6KtewjnGvCkpz9yDJAA9-BCJBfXmje1mY/s1600/images.jpg" height="263" width="400" /></a>sérieux pour l’alcool, tout comme Tintin
adore se travestir afin de passer inaperçu dans les milieux où il se trouve
menacé. Porté essentiellement par le </span></span><span class="hps"><span style="font-family: "Lucida Grande";"><i>familienroman </i></span></span><span class="hps"><span style="font-family: "Lucida Grande";">de
la faune tintinesque, Serge Tisseron trouve dans <i>L’île noire </i></span></span><span class="hps"><span style="font-family: "Lucida Grande";">les
indices de ce qui se développera ultérieurement dans les albums d‘Hergé. Bref,
il y trouve ce qu’il était venu y chercher, sans pousser plus loin son enquête.
Par contre, Jean-Marie Apostolidès mène une enquête psychanalytique complète. L’importance
que Freud et Lacan accordent au fétichisme de l’argent ne lui échappe pas :
«<i>Hergé reprend ici, sur un mode léger, le problème de l’inflation des
valeurs par la reproduction illégale, c’est-à-dire sans équivalent intérieur,
des signes d’échanges. Malgré leur apparence respectable, les bandits n’ont pas
plus d’âme que leurs billets n’ont d’encaisse en métal précieux. Le docteur Müller
cache sous les manières d’un notable de province des pratiques crapuleuses qui
nuisent à la société</i></span></span><span class="hps"><span style="font-family: "Lucida Grande";">» (J.-M. Apostolidès. <i>Les
métamorphoses de Tintin, </i></span></span><span class="hps"><span style="font-family: "Lucida Grande";">Paris, Seghers,
1984, p. 101). Il y a là le rappel du travail subversif de la société que représente
le faux-monnayage et que n’a pas retenu Skilling. Wronzoff, le comparse du Dr. Müller,
de son château gothique écossais bien nommé Ben More («Ben Mort»), «<i>répand
la terreur, la mort et les faux billets, qui sont la mort de l’économie. Il a
mis sur pied un réseau international de trafiquants et utilise les moyens modernes
de communication pour étendre sa puissance, par vagues concentriques, à partir
de l’île</i></span></span><span class="hps"><span style="font-family: "Lucida Grande";">» (J.-M. Apostoldès. <i>Ibid. </i></span></span><span class="hps"><span style="font-family: "Lucida Grande";">p.
101). Apostolidès insiste sur l’effet de <i>doppelgänger </i></span></span><span class="hps"><span style="font-family: "Lucida Grande";">entre
Tintin et Milou du bon côté </span></span><span class="hps"><span style="font-family: "Lucida Grande";"><span class="hps"><span style="font-family: "Lucida Grande";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjpvQXMDmX3dg5KI_YxZ74rYHkliD9SZLRqixIhDevbuILVBYcYirVfeXOObgGsUvO4ykatYIT8XD49PHip4l-fSilsYGagzD-i9u6phOO9VP9HARsSYe_dKkv_K3iEAOxcE0QolKjFFnE/s1600/studio-herge-studio-herge-fran-l-ile-noire-2565868.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjpvQXMDmX3dg5KI_YxZ74rYHkliD9SZLRqixIhDevbuILVBYcYirVfeXOObgGsUvO4ykatYIT8XD49PHip4l-fSilsYGagzD-i9u6phOO9VP9HARsSYe_dKkv_K3iEAOxcE0QolKjFFnE/s1600/studio-herge-studio-herge-fran-l-ile-noire-2565868.jpg" height="283" width="400" /></a></span></span>du miroir, et Wronzoff et <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgELAlXDzBtmc7_iajiP91_h6eVPjDZAxxdPzMAI0ewgYzzyYtnv-A_2nmtjT8PGJKqhCnbpFMTAEJGgYJNXDFfqfUQL5C_d2rc6x6HBXEcG9gDNU_d9AG0R15whIOA7ueIfDzbGw8YeLE/h120/studio-herge-studio-herge-fran-l-ile-noire-2565868.jpg">Ranko</a>, le gorille dont
les cris intimident les Écossais, du côté sombre. Revenant plus récemment sur
ce point, Apostolidès développe son hypothèse : <i>«Wronzoff appartient à
la bande de faux monnayeurs; son statut est peu clair. Au commencement, il
apparaît comme un simple comparse. On peut croire pendant la première partie
que le docteur Müller dirige la bande; il a l’autorité d’un chef et le
caractère inquiétant qui accompagne les puissances du Mal. Mais, dès que Tintin
débarque sur l’île, Wronzoff acquiert le statut d’une figure d’autorité. Même
le docteur Müller lui obéit. C’est non seulement lui qui prend la tête, il
contrôle aussi la Bête, ce gorille dont les cris effraient les habitants de la
côte. En suivant l’hypothèse de Ludovic Schuurmann, nous avons dit que Ranko
était l’expression du refoulé sexuel de Wronzoff. Le gorille est une force inconsciente
tenue en laisse par Wronzoff, mais qui se déchaîne dès que le maître lâche la
bride</i></span></span><span class="hps"><span style="font-family: "Lucida Grande";">». (J.-M. Apostolidès. <i>Dans la peau de Tintin, </i></span></span><span class="hps"><span style="font-family: "Lucida Grande";">s.v.
Les Impressions nouvelles, Col. Réflexion faites, 2010, pp. 140-141).</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="hps"><span style="font-family: "Lucida Grande";">Ce Wronzoff ne peut
nous empêcher de penser à Dalville dans <i>Les Infortunes de la vertu. </i></span></span><span class="hps"><span style="font-family: "Lucida Grande";">La
description physique de l’un pourrait évoquer, de façon sans doute moins
bestiale, le dessin de l’autre. Mais, chez Sade, la Bête et Wronzoff sont une
seule et même entité. La bête n’est pas le refoulé du faux-monnayeur, mais bien
son identité patente. En ce sens, l’hypothèse retenue par Apostolidès nous
forcerait à conclure que Dalville, </span></span><span class="hps"><span style="font-family: "Lucida Grande";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg9kM4OK9Xm8pD-DPVpuHrW6eqn3_1as3eNn2djBwMqj6CE_hmrrPYpnVDzBNaQRFRwgfZxniIbzG6FH1LnpfT-1VXBgHqk7CYucAsJo0FcQxWSenWzV2rYuis3FfSc4b-IVal9WnAdOKk/s1600/chaboute-hommage_%C3%A0_herg%C3%A9___l_ile_noire~OM2e6300~10051_20120331_2094_202.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg9kM4OK9Xm8pD-DPVpuHrW6eqn3_1as3eNn2djBwMqj6CE_hmrrPYpnVDzBNaQRFRwgfZxniIbzG6FH1LnpfT-1VXBgHqk7CYucAsJo0FcQxWSenWzV2rYuis3FfSc4b-IVal9WnAdOKk/s1600/chaboute-hommage_%C3%A0_herg%C3%A9___l_ile_noire~OM2e6300~10051_20120331_2094_202.jpg" height="302" width="400" /></a>comme tous les libertins qui tourmentent la
vertu de Justine, ne sont que les projections refoulées par l’incons-</span></span><br />
<span class="hps"><span style="font-family: "Lucida Grande";">cient de Justine, et
Dieu n’aurait donc pas tort de la foudroyer comme il le fait (à partir de la
bouche et du sexe) à la fin du roman! Ainsi les «méchants», dans les albums de Tintin, ne seraient que le
double refoulé de Tintin en tant que mauvais fils et Milou son Surmoi défaillant. N’est-ce
pas dans ce chapelet de <i>condensations</i></span></span><span class="hps"><span style="font-family: "Lucida Grande";"> qu’opère le faux-monnayage? Tintin <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg9kM4OK9Xm8pD-DPVpuHrW6eqn3_1as3eNn2djBwMqj6CE_hmrrPYpnVDzBNaQRFRwgfZxniIbzG6FH1LnpfT-1VXBgHqk7CYucAsJo0FcQxWSenWzV2rYuis3FfSc4b-IVal9WnAdOKk/h120/chaboute-hommage_%C3%A0_herg%C3%A9___l_ile_noire~OM2e6300~10051_20120331_2094_202.jpg">cabotant </a>le long des rives rocheuses de l’île noire irait à la rencontre de son refoulé; le huis-clos entre les forces du bien et celles du mal s’enferme dans une mentalité de garnison où la morale du dessinateur décide en bout de ligne lesquelles vont finir par gagner, mais d’un album à l’autre, la compulsion du combat tragique qui se déroule à l’intérieur de l’artiste reprend le dessus.</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="hps"><span style="font-family: "Lucida Grande";">Nous ne pouvons pas
nous empêcher de penser à <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjRWKqOnNZJgzD9Ax0VqVuIgTvybYhzXqYyvIu9t469ei8YLkg0F0YWRWSIKbeRQQje7mGVuOAryt2zMGf9NsxpXW3hkPpShYD80ZqMZanRC8kyZjCvnGI_6ESlGdsgGXSn97fs0s5efZA/h120/1163740-herge_muller_01.jpg">Müller </a>et Wronzoff lorsque nous lisons ce passage du
critique littéraire Pol Vandromme, critique de droite du milieu du XXe siècle,
lorsqu’il écrit cette analyse du </span></span><span class="hps"><span style="font-family: "Lucida Grande";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjRWKqOnNZJgzD9Ax0VqVuIgTvybYhzXqYyvIu9t469ei8YLkg0F0YWRWSIKbeRQQje7mGVuOAryt2zMGf9NsxpXW3hkPpShYD80ZqMZanRC8kyZjCvnGI_6ESlGdsgGXSn97fs0s5efZA/s1600/1163740-herge_muller_01.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjRWKqOnNZJgzD9Ax0VqVuIgTvybYhzXqYyvIu9t469ei8YLkg0F0YWRWSIKbeRQQje7mGVuOAryt2zMGf9NsxpXW3hkPpShYD80ZqMZanRC8kyZjCvnGI_6ESlGdsgGXSn97fs0s5efZA/s1600/1163740-herge_muller_01.jpg" height="285" width="320" /></a>«méchant» dans l’œuvre d’Hergé, qui pourrait
tout aussi bien s’adresser aux libertins assassins de Sade : «<i>Aussi les
plus intéressants d’entre eux, sont-ils les habiles, les roués, les virtuoses
du mensonge social. Ici encore, nous pressentons que le clan de la crapule est
organisé comme le clan des hommes qui vivent selon l’ordre établi. Dans notre
univers, les êtres qui pratiquent avec le plus de subtilité et de grâce les
délicatesses du savoir-vivre sont ceux qui ont le plus d’aptitude à la
discipline, qui dérobent leurs sentiments et leurs pensées avec le plus de
naturel. Bref, les gens qui portent le masque sans en avoir l’air. Qu’on
appelle cet art de la feinte, hypocrisie ou self-control, peu importe – et il
doit entrer dans cette combinaison autant de ruse que de maîtrise de soi.
Pareillement, dans la pègre, les gens du monde, les </i></span></span><span class="hps"><span style="font-family: "Lucida Grande";"><i>salonnards sont des
personnages qui savent se tenir à l’écart, susciter des conventions rassurantes,
se vêtir de probité candide et de lin blanc. J’ajoute que ce sont eux surtout
qui doivent </i></span></span><span class="hps"><span style="font-family: "Lucida Grande";"><i><span class="hps"><span style="font-family: "Lucida Grande";"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgj5GICfDy49CIfewVnyykhlfmRuxSypuhgqfB9GPrkAJ8jhjYbo1yy-oYzaOC6KtOfscWJwUYFIkPs6DNJK7PzpsQAV11bKEJzZMh2kye77DvdBTOaYuzwNnqeBABpOS8_SrCP202VimQ/s1600/tintin_contre_les_mechants_by_luke_kage-d4dxoq9.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgj5GICfDy49CIfewVnyykhlfmRuxSypuhgqfB9GPrkAJ8jhjYbo1yy-oYzaOC6KtOfscWJwUYFIkPs6DNJK7PzpsQAV11bKEJzZMh2kye77DvdBTOaYuzwNnqeBABpOS8_SrCP202VimQ/s1600/tintin_contre_les_mechants_by_luke_kage-d4dxoq9.jpg" height="400" width="280" /></a></i></span></span>duper leurs semblables : ils ont plus de noirceurs à cacher,
plus de malfaisances à rendre imperceptibles. Ils prennent plus de risques :
ce n’est pas seulement l’intégrité d’une situation mondaine qu’ailleurs faut
défendre, c’est leur vie même. Pour eux, il n’y a pas d’autre choix : ou
le maintien du mensonge ou la chute dans l’abîme</i></span></span><span class="hps"><span style="font-family: "Lucida Grande";">»
(P. Vandromme. <i>Le monde de Tintin, </i></span></span><span class="hps"><span style="font-family: "Lucida Grande";">Paris, Gallimard, 1959,
pp. 185-186). Tintin, comme Justine, fier de son bon droit car il est du côté
de l’ordre moral, ne s’embarrasse pas des doutes exprimés dans le roman d’André
Gide. Paul Vandromme : «<i>Peut-être même qu’Hergé incline à croire que l’on
ne réussit selon l’ordre du monde, que l’on n’occupe les postes de commandement
que dans la mesure où l’on ne s’est pas souvent embarrassé de scrupules. Chaque
grande <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgZiN510aK30tRzRxJ2ZY1_WdT_u0TRsweBERO72bUgUV3TU5yxFInnZMk3_UF3iz6Wn1y_ad549KlMf3dVF2x0Mq6mtG7rYxcz0NkrOIW6EyEeoPvlsU8tCxrjZ6vxr_m9cpfHtUbiY4A/h120/tintin_contre_les_mechants_by_luke_kage-d4dxoq9.jpg">carrière </a>est encombrée de quelques victimes. Pour arriver le plus vite et
le plus haut, l’on culbute, l’on piétine et même l’on écrase, par excès d’impatience.
Mais, en règle générale, les hommes s’assoupissent rapidement. La fatigue les
engloutit et ils savourent leur succès. Une petite partie de leur existence est
consacrée à obtenir ou, le plus souvent, à arracher les moyens de leur
réussite; la grosse partie, à s’étourdir des mollesses, des consolations de
prestige ou de vanité que cette réussite entraîne. Nos ambitions </i></span></span><span class="hps"><span style="font-family: "Lucida Grande";"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEisoDjayo0TWDsYhB12ailGKa5OxqcfurXu3mRo06dyUtIHwN0a9cRN-a1JKBa_PlTFr4CF0u5EZE7PotSlhz_fpJIwWRiq71ezKnZzvWcNis2rNA6ZjRqDHB5AXOdFqIQSCnJE2xWVaJc/s1600/Wronzoff.png" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEisoDjayo0TWDsYhB12ailGKa5OxqcfurXu3mRo06dyUtIHwN0a9cRN-a1JKBa_PlTFr4CF0u5EZE7PotSlhz_fpJIwWRiq71ezKnZzvWcNis2rNA6ZjRqDHB5AXOdFqIQSCnJE2xWVaJc/s1600/Wronzoff.png" height="212" width="320" /></a>finalement
sont limitées. Nous sommes assez timides ou assez sages pour savoir jusqu’où
nous pouvons aller trop loin. Nous ne sommes des hommes de gang que par
intermittence, et presque par nécessité. Mais les hommes de gang authentiques
sont saisis par une avidité qui ne s’apaise jamais, et par une audace qui n’est
jamais effrayée de ses témérités. Ce sont des gaillards qui n’abdiquent pas,
qui ne s’enfoncent pas, à un certain moment, dans une retraite paisible. Par
là, ils attirent Tintin. Ils mettent à saccager pour étendre leur puissance la même
ardeur, la même résolution que Tintin met à protéger les faibles contre leurs
mauvais coups</i></span></span><span class="hps"><span style="font-family: "Lucida Grande";">» (P. Vandromme. <i>Ibid. </i></span></span><span class="hps"><span style="font-family: "Lucida Grande";">pp.
186-187). En cela, la description du caractère va aussi bien à Müller et
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEisoDjayo0TWDsYhB12ailGKa5OxqcfurXu3mRo06dyUtIHwN0a9cRN-a1JKBa_PlTFr4CF0u5EZE7PotSlhz_fpJIwWRiq71ezKnZzvWcNis2rNA6ZjRqDHB5AXOdFqIQSCnJE2xWVaJc/h120/Wronzoff.png">Wronzoff </a>qu’à Dalville et Saint-Florent.</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="hps"><span style="font-family: "Lucida Grande";">En conclusion, la
fausse-monnaie est l’irruption de l’inconscient collectif du refoulé de la
vraie monnaie, c’est-à-dire sa valeur instable et généralement surfaite, l’épreuve
de l’<i>oscillation </i></span></span><span class="hps"><span style="font-family: "Lucida Grande";">de la vraie monnaie, la plus-value
symbolique qui hisse des pièces de toc au niveau des valeurs humaines les plus
sacrées. Les faux-monnayeurs sont, de même, l’aveu du refoulé de la bourgeoisie
qui, depuis le capitalisme industriel, vit de l’exploitation salariale à la
limite de l’esclavage, où corps et âme sont vendus par le travailleur à son
</span></span><span class="hps"><span style="font-family: "Lucida Grande";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEihU4OG284OG7Zf52VbgK8xiobeUU0ms6CrqMXx8Oyx-fXUywzL5cK6lfVCAh7psEuL8f1WSntjm_WArepTl3gpy7pxo5V_WjfpC4nsUeSBET10eM0OVkviXHU7aTYHD4zVER2xlhTcaPw/s1600/C0662A1.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEihU4OG284OG7Zf52VbgK8xiobeUU0ms6CrqMXx8Oyx-fXUywzL5cK6lfVCAh7psEuL8f1WSntjm_WArepTl3gpy7pxo5V_WjfpC4nsUeSBET10eM0OVkviXHU7aTYHD4zVER2xlhTcaPw/s1600/C0662A1.jpg" height="300" width="400" /></a>embaucheur/débaucheur pour enrichir son «tyran» aux dépens de son bien-être et
de son authenticité personnelle, et tout ça sous une apparence fausse de liberté et de consensus. Issus généralement du <i>lumpenproletariat, </i></span></span><span class="hps"><span style="font-family: "Lucida Grande";">les
faux-monnayeurs sont la face sombre de la bourgeoisie d’ordre, honnête et
scrupuleuse. Voilà pourquoi la maréchaussée vient à bout de Roland et retourne
Justine dans l’enfer de la corruption de son corps et la résistance défaillante
de son âme. D’un autre côté, Tintin vengeur de Justine, procède à l’<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEihU4OG284OG7Zf52VbgK8xiobeUU0ms6CrqMXx8Oyx-fXUywzL5cK6lfVCAh7psEuL8f1WSntjm_WArepTl3gpy7pxo5V_WjfpC4nsUeSBET10eM0OVkviXHU7aTYHD4zVER2xlhTcaPw/h120/C0662A1.jpg">arrestation</a> du gang de faux-monnayeurs et ramène la Bête déchaînée au zoo de Glasgow où
elle amusera les visiteurs de ses mimiques et de ses cris qui ne feront plus
peur à personne. Hergé anti-Sade? Hergé, la vengeance des «honnêtes gens» sur
les libertariens qui sécrètent les bandits à cravate parmi nos modernes <i>traders</i></span></span><span class="hps"><span style="font-family: "Lucida Grande";">? C’est
du moins la conclusion de François Martineau : «<i>À côté de ce
faux-monnayage artisanal, la police commença de découvrir des bandes de
faussaires puissamment organisées et résolues à fabriquer de la fausse monnaie
à une grande échelle; ces bandes, aux ramifications internationales, ne
faisaient qu’appliquer à la matière les principes de gestion capitaliste qui
avaient fait le succès des grands capitaines d’industrie : études de
marché, parcellisation et spécialisation des tâches, cloisonnement de l’exécution
et de la production de masse</i></span></span><span class="hps"><span style="font-family: "Lucida Grande";">» (F. Maritineau. <i>Op.
cit. </i></span></span><span class="hps"><span style="font-family: "Lucida Grande";">p. 323).</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span class="hps"><span style="font-family: "Lucida Grande";">Et tel qu’inauguré
par le scandale Enron et les condamnations de fripouilles telles Kenneth Lay, Bernard
Madoff et Conrad Black, le XXIe siècle n’annonce rien de bon pour la solidité
du réseau financier mondial et les faux-monnayeurs ne sont pas prêts d’arrêter
de se mordre à la gorge comme dans le tableau peint par William Bouguereau voilà plus d’un siècle</span></span><span class="hps"><span style="font-family: "Hoefler Text Ornaments";">⌛</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: right;">
<span class="hps"><span style="font-family: "Lucida Grande";">Montréal</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: right;">
<span class="hps"><span style="font-family: "Lucida Grande";">15 février 2014</span></span><span style="font-family: "Lucida Grande";"></span></div>
</div>
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